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ESSAI SUR LA NOTION DECYBERCRIMINALIT
Par
Mohamed CHAWKI
Membre du Conseil dEtat
Doctorant en Droit Pnal de lInformatique Lyon III
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La cybercriminalit est la troisime grande menace pour les
grandes puissances, aprs les armes chimiques, bactriologiques,et nuclaires
Colin ROSE
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INTRODUCTION
1. Les nouvelles technologies, en particulier linformatique et la tlmatique, ont une place
importante dans la vie conomique, et la quantit de transactions et changes mens par
lintermdiaire dInternet1 est en spectaculaire progression2. Si ces nouvelles
technologies3participent de manire positive au dveloppement de la vie conomique,
elles prsentent aussi de nouveaux moyens de commettre des infractions daffaires, ce
qui fait apparatre des dangers non ngligeables, vue limportance quelles ont
dsormais acquise4
.De mme, les infractions informatiques ont le plus souvent un caractre
international, alors que les informations en elles-mmes sont des donnes rgies par le
droit national5. Dans cette optique, les flux dinformations parcourant librement les
autorits charges de lenqute sont, elles, strictement lies par leur comptence
1Le mot Internet est compos du prfixe Inter qui indique un lien entre deux lments et le mot Net qui est traduit de langlais par rseau. Internet est alors un lien entre deux ou plusieurs rseaux informatiques,un rseau de rseaux. En fait, il sagit du plus grand rseau informatique de la plante. Il regroupe une
multitude de rseaux rgionaux, gouvernementaux et commerciaux. Tous ces rseaux discutent entre eux par lebiais du mme protocole de communication, TCP/IP (transmission Control Protocol Over Internet Protocol). Laconnexion est effectue par lutilisation de lignes, des cbles, et des satellites comme joint des lignestlphoniques. Contrairement aux appels tlphoniques traditionnels, qui transmettent linformation par le circuitcommutation. LInternet transmet linformation par la paquet commutation ; dans ce mode, lescommunications sont changes aux petits signaux. Apres ils sont envoys aux paquets de bnficiaire avecarrivant leur destination par les routes diffrentes, la communication est alors reconstruite la fin du rcepteur.Sur ces points voir K. HAFNER : Where Wizards Stay Up Late : The Origins of the INTERNET (N.Y.,TOUCHSTONE) , [1996] p. 12; J. NAUGHTON: A Brief History of the Future: From Radio Days to InternetYears in a Lifetime( N. Y. , WoodStock) , [ 1999] p. 140; A. BRIGGS: A Social History of the Media: FromGutenberg to the Internet( Cambridge, Polity Press) , [ 2002] pp. 311 et s.; Selon une tude ralise par lAftel(Association franaise de tlmatique), la France comptait en 1998 plus dun million dutilisateurs dInternet. Lenombre dordinateurs raccords au rseau mondial est pass de 198 000 ordinateurs en juillet 96 321 000 en
juillet 97, soit une progression annuelle de 62 %. Au niveau global, lInternet avait plus de 100.000 million desutilisateurs et accessible par plus de 100 Etats. Voir: Austin Free-Net volunteer;An Introduction to the Internet.Disponible sur : (2/3/2001),et (6/11/2004).2P. M. REVERDY: La Matire Pnale LEpreuve Des Nouvelles Technologies (Thse, Universit ToulouseI), [2005], p. 793 On parle souvent de nouvelles technologies de linformation et de la Communication (N.T.I.C.) ;Cependant il semble que ladjectif nouvelle doit tre abandonn. En effet, en raison de la place quoccupelinformatique dans notre vie quotidienne et ce depuis plusieurs annes, il semble peu appropri demployerladjectif nouvelle , mme sil est vrai que lon se surprend encore user de cet adjectif pour dsigner lecontinent amricain (Nouveau Monde) alors que sa dcouverte remonte plusieurs sicles. Voir S. El ZEIN, op.cit.p. 153 ; A. TOFFLER : La Troisime Vague (Londres, Casserole), [1981] pp.13 et s.4Ibid.
5
Cit par S. El ZEIN : LIndispensable Amlioration des Procdures Internationales pour Lutter Contre laCriminalit Lie la Nouvelle Technologie in M.-C. PIATTI : Les Liberts Individuelles A lEpreuve desNouvelles Technologies de lInformation (Lyon, Presse Universitaires de Lyon), [2001], p. 153.
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territoriale nationale et par le principe de souverainet6. Chaque lgislateur essaie soit de
se protger sur son territoire, soit dabdiquer sa comptence lgislative face ces actes
illicites, soit dobserver et de lgifrer aussi peu que possible, ce qui constituer une
solution efficace7. Cependant, cette situation est insatisfaisante, car elle plonge les
internautes8dans un rseau de normes multiples, source dinscurit juridique9.
Ainsi, organiser la lutte contre la cybercriminalit, cest tenir compte de lensemble de
ces paradoxes. Il est ncessaire de considrer les intrts de chacun afin de parvenir un
quilibre. Les pays qui, pour lutter contre la cybercriminalit, tentent de restreindre
lusage dInternet comme moyen pour commettre des infractions, sopposent aux
Internautes qui brandissent ltendard de la libert de circulation de linformation au
niveau mondial10.
Afin dapprhender ce phnomne, il est important dlaborer une dfinition
pratique de ce quest la cybercriminalit. Cependant, cette notion est mconnue, peu ou
6 Le choix de la loi applicable (la dtermination de la comptence lgifrer) est appel prendre une grandeimportance dans le contexte du cyberespace et de lexpansion du droit priv. Mme si un tribunal est comptentin personam et ratione loci, les rgles sur le choix de la loi applicable peuvent exiger que le litige soit tranch
par une autre juridiction qui serait comptente ratione materiae. Chaque pays possde son propre droitinternational priv. Les variations qui existent dun pays lautre sont prcisment ce qui distingue chaque
corpus de rgles de droit international priv du droit international public. Il est noter aussi que Industrie Canadaa commandit en juillet 1996 une tude prliminaire sous le titre lespace cyberntique nest pas une terre sansloi sur la responsabilit lie aux contenus dinformation sur Internet des prestataires de services dInternet(PSI), de babillards lectroniques, de groupes de discussion, et dautres services connexes. Ltude fournit uneanalyse sur la faon dont sapplique la loi canadienne la responsabilit lie au contenu dinformation surInternet dans les domaines suivants : droit dauteur et marques de commerce, vie prive et diffamation,obscnit, pornographie juvnile et littrature haineuse. Elle a conclut que la rvolution technologie quiprsentait divers dfis dapplication, dexcution et de respect des lois, et que sil y aurait des modifications sur
les lgislations actuelles, elles devraient intervenir le moins possible . Elle a conclu aussi que le lgislateurdevrait mettre en quilibre les intrts des utilisateurs, dune part, et dautre part, ceux des auteurs tout en
prservant la libert dexpression . S. El ZEIN, op. cit. ; G. SAGHEER : LInternet et le Droit Pnal (Le Caire,Dar El Nahda El Arabia), [2002] p.50 et s. Sur ces points voir : A. SALAMA: The Concise in PrivateInternational Relations Law(Le Caire, Dar Al Nahda Al Arabia), [ 1987] p.230; F. A. RIAD et Al TORJOMAN:
Conflits des Lois (Le Caire, Dar Al Nahda Al Arabia), [ 1998] p.134; J. J. Abdel RAHMAN:Droit InternationalPriv (Le Caire, Al Alamia Press), [ 1956] p.535-538; G. GRAINGER : Libert dExpression et Rglementationde lInformation dans le Cyberspace : Perspectives et Principes dune Coopration Internationale dans ceDomaine, dans Les Dimensions Internationales du Droit du Cyberespace ( Paris, UNESCO Economica), [2000] ; J. HUET : Le Droit Applicable dans les Rseaux Numriques, dans G. CHATILLON (dir) : Le DroitInternational de lInternet (Bruxelles, Bruylant), [ 2002].7 Cit par S. El ZEIN, op. cit., voir N. GAUTHRAUD: Internet, le Lgislateur et le Juge (Paris, Gaz. Pal.),[1996].8 Conseil dEtat : Internet et les Rseaux Numriques (Paris, La Documentation Franaise), [1998], p. 254.Lutilisateur ou intervenant consulte ou change des informations partir de son ordinateur qui est connectau serveur informatique de son fournisseur daccs Internet ou par une ligne tlphonique classique ou par un
rseau cbl. VoirIbid, p. 250. Voir galement C. ANDERSON: Toward A Fair Network Access Rate PolicyFor Rural Broadband Service Providers (JCLP), v. 14.1; J. LARRIEU: LInternationalit et Internet (Lamy
Droit des Affaires), [fvrier 2002].9 Cit par S. El ZEIN, op. cit. voir aussi C. CUTAJAR : La Loi pour la Scurit Intrieure (Paris, D.), [2003].10 Cit par S. El ZEIN, op. cit.p. 154.
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pas dfinie, son tendue, ses causes ne sont pas clairement tablies11. Les raisons sont
multiples12, dont la plus prsente est certainement la frilosit vis--vis des N.T.I.C13. Les
personnes concernes nont pas de relles connaissances de la cybercriminalit, soit
parce quelles considrent que celle-ci est trop complique et hsitent donner des
dfinitions, ou des solutions un problme qui change de forme rapidement, soit au
contraire parce quelles la sous-estiment, phnomne classique dans les politiques de
scurit des Etats14et des entreprises. Pour ces raisons, notre article sinterroge sur la
notion de cette criminalit. Il commence par conceptualiser la cybercriminalit (Section
1), puis faire une distinction entre cette dernire et les criminalits apparentes
(Section 2).
11 Selon Messieurs Daniel MARTIN et Frdric-Paul MARTIN le phnomne de la cybercriminalit estactuellement totalement mondial, et la donne est sensiblement diffrente . Et selon M. Colin ROSE, lacybercriminalit est la troisime grande menace pour les grandes puissances, aprs les armes chimiques et
bactriologiques, et le nuclaire . Voir D. MARTIN et F.-P. MARTIN : Cybercrime (Paris, PressUniversitaires), [2001], avant-propos. Voir galement louverture de la runion du G - 8 sur la cybercriminalit Paris [15 mai 2000], disponible sur : (consult le 03/01/2006) ; L. COSTES : La Confrence du G8 sur la Scurit et laConfiance dans le Cyberespace : Un Premier Dialogur (Lamy Droit de lInformatique et des Rseaux), [Bull. act.C) Juin 2000, n 126, p. 1. ; J. ROWLEY:E-Business: Principles and Practice(Palgrave Macmillan), [2002] pp.234 et s.12 En effet une srie de facteurs criminognes sont caractristiques de la cybercriminalit : (a) Il y a tout dabordle niveau dintelligence, dingniosit des cyber-criminels. Il est clair que sintroduire sur un ordinateur distance nest pas dans les possibilits de nimporte qui, le simple deface de site ncessitant quand mme unminimum de connaissance, contrairement au meurtre ou au vol la tire par exemple ; (b) Linfaillibilit delordinateur, ou plutt le fait que son utilisateur le croit infaillible. Pour lanecdote, il est amusant de constaterque cette infaillibilit devient relative devant un client mcontent ; (c) Le faible risque de voir la fraude
dcouverte. En effet, les criminels peuvent facilement supprimer la preuve de leurs mfaits en effaantsimplement les donnes.13 Voir Filipino arrested in Love Bug case(ST. PETERSBURG TIMES ONLINE), [May 9, 2000], disponiblesur (consult le 5/9/2003).14Au niveau gographique et politique, le Vice Prsident des Etats-Unis mettait laccent sur la distinction entreles Etats info-riches , et les info-pauvres , soulignant les abmes en matire dquipement informatique etde rseaux au sein de la population mondiale, la fois lchelle des Etats-Unis, et lchelle mondiale souslinfluence de ceux qui dnonaient la croissance des ghettos sociaux, du rappel de ce que lconomie artificielledInternet tait fonde sur le don, ou par les partisans du cybercommunisme. Le Vice Prsident a dclar : lescouches sociales pauvres semblent condamnes rester hors ligne. Lexclusion du cyberespace aggravera leurs
handicaps. Lillettrisme informatique, si lon peut traduire ainsi computer illiteracy, deviendra un obstacle larecherche demploi. Les crations demplois soprent de plus en plus dans la cyberconomie. En tout tat de
cause, elles se situent trs majoritairement dans les services o les gains de productivit sont attendus du
passage au temps rel . Laisser se dvelopper une exclusion du cyberespace tendra de plus en plus cristalliser des ghettos sociaux . Voir J.M SALMON : Un Monde Grande Vitesse. Globalisation, ModedEmploi (Paris, Seuil), [2000], p. 157.
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SECTION I
LE CONCEPT ET LOBJET DE LA CYBERCRIMINALIT
2. Le terme cybercriminalit demeure difficile conceptualiser, car il nest lobjet
daucune dfinition lgale (A). Ce choix des lgislateurs a conduit la doctrine multiplier les dfinitions de ce terme15, contribuant ainsi rendre plus complexes les
analyses juridiques. En effet, labsence de dfinition lgale de ce terme est source de
confusions, tant au niveau du domaine de la rflexion, quau niveau de lanalyse ou du
vocabulaire choisi. Ces confusions nous ont conduit laborer une dfinition pratique
(B) de ce quest la cybercriminalit, afin dapprhender son phnomne.
A) Labsence de dfinition lgale de la cybercriminalit
3. La cybercriminalit ntant pas dfinie avec rigueur, elle conduit vers des drives
terminologiques. Ainsi, MM. Alterman et Bloch retiennent comme dfinition du dlit
informatique, la dfinition de la cybercriminalit propose par des experts de
lOrganisation pour la Coopration et le Dveloppement Economique (OCDE), savoir
tout comportement illgal ou contraire lthique ou non autoris, qui concerne un
traitement automatique de donnes et/ou de transmissions de donnes 16. Ces juristes,
intgrant dans leur dfinition la notion morale, semblent considrer que le droit pnal nepeut lui seul contenir toute lapproche sanction de lutilisation frauduleuse de
linformatique. Cependant, cette dmarche ne saurait tre retenue dans la mesure o les
chartes de rglement des litiges, telle la charte de lInternet par exemple, ont rvl
leurs limites comme monde alternatif de rglement des conflits. Lapplication de la
norme pnale se pose ainsi comme solution face lchec de ces initiatives17. La
15
Voir infra 5 et suivant.16H. ALTERMAN et A. BLOCH : La Fraude Informatique (Paris, Gaz. Palais), [3 sep. 1988] p. 530.17
Ibid.
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confusion opre par ces auteurs, entre la cybercriminalit et le dlit informatique,
savre symptomatique dune difficult dapprhender cette forme de dlinquance. Ce
constat lgitime lapproche du Professeur Lucas qui considre que la seule dmarche
acceptable consiste rserver lacception de fraude informatique aux hypothses dans
lesquelles la technique informatique est au cur de lagissement incriminable tout en
sachant fort bien quil est parfois difficile disoler le noyau dur de la
priphrie 18.
La ncessaire clarification des actes qui relvent de la cybercriminalit a conduit la
doctrine multiplier les notions dsignant les actes illgaux en rapport avec
linformatique. Cette dmarche a engendr une plthore de dfinitions doctrinales de la
cybercriminalit en Europe (1) et aux Etats-Unis (2).
1. Une plthore de dfinitions adoptes en Europe
4. Aucun texte lgislatif ou rglementaire ne dfinit la cybercriminalit. Toutefois,
certaines notions proches, telles que la criminalit informatique, linfraction
informatique, le dlit informatique ou lusage abusif de linformatique, ont fait lobjet
de dfinitions posant la question de lassimilation ou de la distinction du crime et de lacybercriminalit. Selon le ministre de lIntrieur franais, la cybercriminalit recouvre
lensemble des infractions pnales susceptibles de se commettre sur les rseaux de
tlcommunications en gnral et plus particulirement sur les rseaux partageant le
protocole TCP-IP19, appels communment lInternet20. Selon lO.N.U., la
cybercriminalit doit recouvrir tout comportement illgal faisant intervenir des
oprations lectroniques qui visent la scurit des systmes informatiques et des
donnes quils traitent, et dans une acception plus large tout fait illgal commis au
moyen dun systme ou dun rseau informatique ou en relation avec un systme
informatique 21.
Pour lOffice fdral de la police suisse, la cybercriminalit sentend des
nouvelles formes de criminalit spcifiquement lies aux technologies modernes de
18A. LUCAS : Le Droit de lInformatique (Paris, PUF), [1987] n 413.19 Dsigne les protocoles communs de communication utiliss par lInternet, permettant linterconnexiongnralise entre rseaux htrognes.20Le Ministre de lIntrieur Franais
(consult le 24/11/2004).21Dixime Congrs des Nations Unies, Vienne, sous le titre la prvention du crime et le traitement desdlinquants , [10 17 avril 2000], disponible sur ,(consult le 12/11/2004).
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linformation, et de dlits connus qui sont commis laide de linformatique plutt
quavec les moyens conventionnels 22. Enfin, le Collge canadien de police dfinit la
cybercriminalit comme la criminalit ayant lordinateur 23 pour objet ou pour
instrument de perptration principale 24.
Cependant, ces dfinitions ne sont pas compltement dfinitives : la dfinition
adopte par le ministre de lIntrieur franais vise seulement les infractions diriges
contre les rseaux de tlcommunications. Elle ne recouvre ni les infractions
susceptibles dtre commises sur les systmes informatiques, ni les infractions
directement gnres par le fonctionnement des rseaux informatiques. Il sagit des
infractions portant sur linformation vhicule par le systme informatique comme
lescroquerie, labus de confiance, et les atteintes aux liberts individuelles par la
cration illicite de fichiers nominatifs25. De mme, la dfinition propose par lO.N.U.
utilise le terme comportement illgalpour se rfrer la cybercriminalit. Cependant, un
comportement peut tre considr illgal dans un Etat et lgal dans lautre. Enfin, les
deux dernires dfinitions considres par lOffice fdral de la police suisse, et le
Collge canadien de police utilisent des termes trs larges qui peuvent recouvrir la
cybercriminalit, et la criminalit informatique en mme temps. Ces confusions nous ont
22 Rapport danalyse stratgique, [Octobre 2001].23 En effet, la langue franaise distingue deux mots: l informatique et l ordinateur . En 1965, lAcadmiefranaise dfinissait linformatique comme le support des connaissances conomiques, sociales et scientifiquesen particulier pour les machines automatiques. Ces machines sont les ordinateurs, qui traitent linformation danstous les domaines . Voir N. BLANQUET : La Protection des Programmes dOrdinateurs (Mmoire, Paris II),[1979] p. 6 ; N.KHATER: La Protection Juridique du Logiciel Dans le Cadre de la Proprit Intellectuelle Dansles Pays de Langue Arabe (Thse, Nantes), [1995] p. 2 ; J.-P. GILLI : Le Juriste et lOrdinateur (Paris, Chron.),[1967] p. 47. Dans le domaine informatique, comme dans dautres domaines, on distingue diffrentesgnrations, le passage de lune lautre tant marqu par un saut technologique. La nouvelle gnration estcaractrise par les Robots, disponible sur (04/11/2004). Ce terme a t utilis pour la
premire fois en 1921 par lauteur Karel Capek (1890 -1938) dans une pice de thtre sappele (RossumsUniversal Robots). Lorigine du terme vient du mot Robota, qui signifie le travail forc. Sur ce point voir C.
FIEVET : Les Robots (Que sais-je ? Puf) [2001] page 19 et s; V. RICHTER : Les Robots de Karel Capek(Prague, Radio Prague), [Janvier 24, 2004], disponible sur ladresse : (consult le04/11/2004). Il est noter aussi que lintelligence artificielle a donn lieu deux courants de pense.Lhypothse forte affirme quune machine universelle de Turing dote dun programme adquat serait le sigedun esprit conscient, comme vous et moi Lhypothse faible prtend, au contraire que cette voie ne peut menerdans le meilleur des cas qu une simulation raliste. Voir J.C. HEUDIN : La Vie Artificielle (Paris, Hermes),[1994], pp. 177 et s; C.REMY : LIntelligence Artificielle (Paris, Dunod), [1994] pp.20 et s; E. M. PETRIU, etT. E. WHALEN: Computer Controlled Human Operators (IEEE Instrumentation Magazine), [Mai, 2002],disponible sur : ; V aussi : B. MURPHY : The computer in Society( Kent, Anthony Blond),[sans date] pp.53-61 ; C. DEVERGIES : LImpact de lUtilisation des Technologies de linformation et laCommunication, dans lEntreprise, sur la Vie Personnelle du Salari (Universit Lille II, Mmoire DESS),[2004].24
Centre canadien de la statistique juridique, disponible ladresse : (11/11/2004).25G. ROMAIN : La Dlinquance Informatique : O en Est-on ? (Scurit Informatique), [Juin 1998], n 20, p. 1.
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conduit nous interroger sur quelques dfinitions adoptes aux Etats-Unis.
2. Une plthore de dfinitions adoptes aux Etats-Unis
5. Aux Etats-Unis, la cybercriminalit forme une grande proportion des dlits examins
par la police 26.Son concept diffre dun Etat lautre, et dun dpartement de police
lautre. Selon le Dpartement de la justice (United States Department of Justice) la
cybercriminalit est considre comme une violation du droit pnal impliquant la
connaissance de la technologie de linformation pour sa perptration, son
investigation, ou ses procdures pnales 27. De son cot, le Code pnal de Californie
(section 502), dfinit une liste dactes illicites qui tombent sous le coup de la
cybercriminalit. Il considre comme cybercriminalit le fait daccder, ou de
permettre intentionnellement laccs, tout systme ou rseau informatique afin a) de
concevoir ou raliser tout plan ou artifice pour frauder ou extorquer ; b) dacqurir de
largent, des biens, ou des services, dans le but de frauder ; c) daltrer, de dtruire, ou
dendommager tout systme, rseau, programme, ou donnes informatiques 28. En
revanche, le Code pnal du Texas (section 33.02) va plus loin. Il considre comme
cybercriminalit, le fait daccder un ordinateur, un rseau, ou un systme
informatique sans avoir lautorisation de son matre29. La confusion opre par ces
lgislations, entre la cybercriminalit et la criminalit informatique, savre
symptomatique dune difficult dapprhender cette forme de dlinquance. Ainsi, M.WALL dclare que le terme cybercriminalit ne signifie plus quun acte illicite qui est
dune faon ou dune autre relatif lordinateur30.
B) La proposition dune dfinition
26E. LAWTA:Law enforcers report spike in cybercrime(USAtoday.com). Disponible sur : (11/11/2004).27
U.S. Department of Justice .28
Code pnal de lEtat de Californie (section 502).29 Code pnal de Texas (section 33.02).30 D. WALL: Crime and the Internet(N.Y., Routledge), [2001], p. 3.
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6. Les exemples prcdents illustrent la difficult et la complexit de ce phnomne.
Tandis que certains dfinitions proposes sont troites et insistent sur le fait que la
catgorie de cette criminalit doit impliquer une opration extrmement consomme
dordinateur dans les circonstances o linfraction ne pourrait pas tre commise, les
autres exemples sont larges et impliquent beaucoup dinfractions qui sont dj classes
comme infractions traditionnelles. Or, une dfinition pratique de la cybercriminalit est
ncessaire afin dapprhender ce phnomne. Cette finalit nous conduit traiter tour
tour le concept du cyberespace (1) ; sa relation avec la dlinquance (2) ; le domaine de
la cybercriminalit (3) ; et enfin, nous proposerons une dfinition pratique pour le but
de notre tude (4).
1. Le cyberespace : mythe ou ralit ?
7. Le cyberespace est le terme forg par le romancier William Gibson31 pour dcrire
un lieu dpourvu de murs au sens concret du terme, voire de dimensions physiques.
Dans ce dernier, les donnes mondiales sont structures sous la forme dun support
visuel32et traversable- conomie fluide de linformation centre sur les lectrodes du
31 Appel aussi infosphre ., il est noter que le prfixe cyber que lon ajoute un mot existant pour entransposer la ralit dans le cyberespace vient du mot grec kubernan signifiant gouverner , mais son sensactuel tire son origine du nom cyberspace, invent en 1984 par lauteur amricain de science-fiction WilliamGIBSON, dans son livre intitul Neuromancer. Dans ses crits, le cyberespace sagissait dun espaceutopique et abstrait o circule linformation. Voir M. DODGE: Mapping Cyberspace(N.Y., Routledge), [2001]
p. 1. voir aussi P. TRUDEL : Les Responsabilits dans le Cyberespace in T. FUENTES CAMACHO : LesDimensions Internationales du Droit du Cyberespace (Paris, Economica), [2000] ; J.BARLOW, un des paroliersde Grateful deadet auteur de la Dclaration dIndpendance du Cyberespace a repris cette expression pourdesigner lespace cr par les rseaux dordinateurs. Voir (visit le08/12/2003). Voir aussi T. JORDON : Cyberpower. The Culture and Policies of Cyberspace and the Internet(Londres, Routledge), [1999], pp. 20-58; B. BENHAMOU: Homo Numericus. Petit Essai de Prospectives pourle Cyberspace [15 mars 2001],
disponible sur (consult le 03/03/2006).32Nous faisons rfrence au terme support puisquil renvoie au droit de la communication qui constitue le cadrede notre recherche. La classification dInternet dans la catgorie juridique des supports de communicationsignifie que lquilibre entre la libert dexpression et du droit des personnes sur Internet sert de fil conducteur notre raisonnement. Mais le cyberespace est plus quun support qui serait tout entier rsum par le seul droit dela communication. Il est aussi un espace, ce quaffirme X. LINANT de BELLEFONDS : le rseau des rseauxavec ses bandeaux, ses rfrencements et tout son appareil la fois merveilleux et cauteleux dencerclement desintelligences faibles est proprement ignor, mais il est vrai que le texte (i.e. la loi de scurit financire du 1 aot2003, loi 2003-706, article 87.1.14, JO, 2 aot 2003) vise toute publicit quel quen soit le support. Mais Internetest-il support ou espace ? Beaucoup comme nous pensent quil sagit dun espace et non dun support, ce quinest pas une dispute byzantine mais une vritable faon dinterpeller les multiples prescriptions de dtails ducode de la consommation. Le consommateur internaute pend-il un risque spcifique qui affranchit totalementloffreur du respect des rgles propres la presse et la tlvision ? Voir G. DECOCQ : Commerce
Electronique, Concurrence et Distribution, Question dActualit (Com. Com. Electr.), [oct. 2003], pp. 14-19 ; S.BRENNER : Toward A Criminal Law For Cyberspace : Distributed Security(B.U.J.SCI. & TECH.L.) ; vol. 10 1; voir S. BERHARD: Comment Scuriser le Rseau : Confiance Mutuelle et Cryptage (RDAI), n 3, [1998].
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commerce transnational, qui fournissent une interface neurologique directe33. Ce type
de cyberespace nexiste pas et ne peut pas exister actuellement. Un tel espace
lectronique est un monde imaginaire34. Dans le monde rel, le cyberespace est lendroit
o les conversations tlphoniques ordinaires ont lieu, o les courriers lectroniques35
vocaux et les messages lectroniques texte sont stocks et changs. Dans cet espace
des graphiques crs par lordinateur sont transmis et transforms, le tout sous la forme
dinteractions, dune part entre les innombrables utilisateurs et dautre part, entre les
utilisateurs et lordinateur lui-mme36.
Le cyberespace se prsente comme un espace indfini. Un espace virtuel 37
dordinateurs tous relis entre eux grce des rseaux quexplorent les cybernautes ,
dont les systmes nerveux sont directement branchs sur les rseaux grce une prise
fixe sur leur crne38. Le cyberespace comporte beaucoup de caractristiques qui
prennent de limportance lorsquon envisage la problmatique de sa rgulation. Il peut
tre considr comme une illusion , cest une hallucination consensuelle 39. Il peut
tre considr aussi comme une ralit, mais une ralit dans un monde virtuel . Un
monde dordinateurs en rseaux de tlcommunications, de logiciels et de donnes
informatiques, avec une prsence sentie dans un monde physique, cest donc une
ralit virtuelle 40.
33UNISCO : Les Dimensions Internationales du Droit du Cyberespace (Paris, Economica), [2000] p. 161 ; voirgalement A. Serge KABLAN : La Normalisation Technique et Juridique des Contrats Electronqiues. Disponiblesur : http://www.forac.ulaval.ca/34 UNISCOIbid.35En effet, le-mail prsente des analogies avec le courrier postal traditionnel, dsormais rebaptis snail mail
par les internautes, du point de vue du secret qui doit entourer les correspondances. Pour envoyer un messagelectronique du destinataire, et, grce lutilisation dun logiciel adquat, ce message sera achemin jusqu la
boite du correspondant. Ce type de communication est donc, rapide et relativement fiable. Bien sur, le degr deconvivialit est moindre devant un cran dordinateur quavec un combin tlphonique, mais les internautesponctuent leurs messages de ce quon appelle les smiles .36L. TRIBE : The Constitution in Cyberspace : Law and Liberty Beyond the Electronic Frontier , disponible sur: (consult le 15/04/2005).37 Selon le philosophe Pierre LEVY Est virtuelle une entit dterritorialise, capable dengendrer plusieursmanifestations concrtes en diffrents moments et lieux dtermins, sans tre pour autant elle-mme attache un endroit ou un temps particulier. Sur la nature de cyberespace voir (14/11/2004).
38 P. TRUDEL : Quel Droit pour la Cyber-Presse ? La Rgulation de lInformation sur Internet (Paris,Lgipresse), [mars 1996] ; voir aussi M. FRISON ROCHE : Le Droit de la Rgulation (Paris, Dalloz), [2001],n 7, p. 610 ; voir aussi E. BROUSSEAU : LAutorgulation Ncessite-t-elle un Cadre Institutionnel ? (RevueEconomique), [octobre 2001], vol. 52, hors srie.39
W. GIBSON :Neuromancien (Paris, Coll. Jai lu), [1992] n 23,25.40UNESCO : Les Dimensions Internationales du Droit du Cyberespace (Paris, Economica), [2000] p. 237.
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Le cyberespace est un espace complexe comprendre41. Il est la fois naturel et
artificiel. Naturel car sa source est naturelle : le monde rel. En mme temps il est un
espace artificiel. Tout dabord, le langage utilis est artificiel - celui des mathmatiques-
en commenant par le codage fondamental (0,1) et en finissant par des quations
mathmatiques de plus en plus labores42. Ces quations sont comme le germe dune
infinit dimages dont la plupart nont pas de correspondance dans le monde naturel. Le
cyberespace est aussi artificiel parce quil rsulte dune technologie sophistique, mise
en oeuvre par ltre humain43.
Le cyberespace agit comme un transformateur du rel en imaginaire44, et du rel
en imaginaire. Une vritable transformation, relle, imaginaire est possible grce
linformation quantique, par exemple, la substitution de largent substantiel (papier) par
la monnaie informatique nest quune illustration lmentaire de cette transformation
dune grande gnralit45. cet gard, il nest ni dtermin ni indtermin, il permet la
mise en jeu de la notion de niveau de ralit et de la logique du tiers inclus. Il est
potentiellement un espace transculturel, et transnational, cest donc lespace du choix
humain46.
41
Voir dans ce sens L. LESSIQ : Code and Other Laws of Cyberspace(N.Y., Lessig), [1999] p. 65.42 Disponible sur:Le concept CET (consult le 05/06/2006); voir galementD. COSTELLO et S. LIN: Error Control Coding: Prentice-Hall Computer Applications in ElectricalEngineering Series(Londres, Prentice Hall), [1982].43
Ibid.44 B. MURPHY, op.cit. pp.53-82; L. SHYLES: Deciphering Cyberspace: Making the Most of DigitalCommunication Technology(Dover, Sage), [2002] p.179; J.PREECE: Online Communities: Designing Usabilityand Supporting Sociability (N. Y., Wiley), [2000] p.345; D. PARREY: Criminalit Informatique (Mmoire,Universit Paris II), [2004]; M. BRIAT: La Fraude Informatique: Une Approche de Droit Compar ( R.D. P.C.),[ 1985], p. 307.45Le concept CET,prcit.46 Voir Ibid,cela nous conduit sinterroger sur louvrage de M. Benedict ANDRESON consacr
l imaginaire national . Pour cet auteur, les nations sont des communauts imagines , mais imaginessuivant un style particulier : limaginaire national. En proposant de considrer la nation comme une forme decommunaut imagine, Anderson entend mettre en vidence le fait que lidentification nationale participe ces
processus didentifications collectives qui se rfrent des groupes abstraits car mme les membres de la pluspetite des nations ne connatront jamais la plupart de leurs concitoyens [...] bien que dans lesprit de chacun
vive limage de leur communion . Partant du mme constat, on peut tre tent dopposer la fiction de lacommunaut nationale des communauts relles fondes sur linter-connaissance. Benedict Anderson, pour sa
part, considre qu au-del des villages primordiaux o le face--face est la rgle et encore..., il nest decommunauts quimagines , tout comme il nest de socits quimagines. Sans doute parler de socitsimagines parat moins paradoxal, puisque la notion de socitest lexpression dune conception artificialistedu social. En revanche, la notion de communaut imagine est, en quelque sorte, en porte--faux avec lareprsentation traditionnelle de la communautcomme la forme dorganisation sociale la plus naturelle qui soit.Cette opposition entre deux modles idal-typiques dorganisation sociale, lun enracin dans la nature (la
communaut), lautre fondamentalement artificiel (la socit), qui nest rien dautre que la rinterprtation de laphilosophie antique, traverse lhistoire de la pense politique occidentale. Voir B. ANDERSON: ImaginedCommunities: Reflections on the Origin and Spread of nationalism(Londres, Verso), [1991] pp. 37 46, et 83
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Le cyberespace ne rsulte pas dune conception consciente globale, et nest
certainement pas guid par une ide simple ou un plan. Cest un rseau o des
ides disparates sont constamment faonnes en de nouvelles fonctions, de nouvelles
structures, de nouveaux protocoles qui sont ajouts au systme existant. Cest un
systme sans principes de base ni formats de conception dfinis et immuables47.
Ainsi, nous pouvons affirmer que :
La rvolution des N.T.I.C. a neutralis lespace et le temps, en crant un
nouvel espace virtuel : le cyberespace48. Ce dernier, son tour, a rendu
lintraction culturelle et sociale une ralit globale qui constitue une partie
intgrale de cultures nationales distinctives.
Le cyberespace a transform le rle Etat-Nation et sa souverainet49. Il a men
la prolifration des nouveaux acteurs transnationaux et des modles
institutionnels50 tels que lInternet Society (ISOC)51, Internet Corporation for
Assigned Names and Numbers (ICANN) 52, et lInternet Engineering Task
Force(IETF)53.
112.47 Voir sur ce point C. HEBRARD : Le Village Virtuel 3D (Mmoire, Montpellier 3), [2000] p. 4 et s ; B.DEFFAINS : Economie et Ordre Juridique de lEspace Virtuel, dans E. BROUSSEAU, N. CURIEN (dir),Economie de lInternet (Revue Economique) hors srie, [ 2001] ; voir aussi J. DIONIS Du Sjour, rapport n 612fait au nom de la commission des affaires conomiques, de lenvironnement et du territoire sur le projet de loi (n 528) pour la confiance dans lconomie numrique. Disponible sur (consult le 03/03/2006) ; A. JOYANDET et P. HERISSON, LEntre dans laSocit de lInformation, rapport dinformation n 436, mission commune de linformation sur lentre dans lasocit de linformation, septembre 1997. Disponible sur 48Voir P. GAUTIER : Rvolution Internet : Le Ddoublement de lEcrit Juridique (Paris, Le Dalloz), [2000], n12, p. V ; P. LEVY : Essai Sur la Cyberculture : LUniversel Sans Totalit (Rapport), [sans date] ; Le Temps :Comment lIntelligence Collective Peut Surgir Sur le Net (Entretien avec Pierre Lvy), [22 fvrier 2001.49Sur le rle Etat-Nation et sa souverainet voir J. ABDEL RAHMAN :Les Principes de Droit InternationalPriv (Le Caire, Al Alamia Press), [1956] p.535-538 ; M. FAHMY :Les Principes de Droit International Priv
(Le Caire, Moassassat Al Thaqafa Al Jameeih), [1978] pp. 512-513 ; E. ABDALLAH : Droit InternationalPriv(Le Caire, Dar Al Nahda Al Arabia), [1980] pp. 539-542.50 Tout dabord, comme la philosophe Hannah Arendt le rappelle dans LImprialisme, pour le moment, unmonde qui serait au dessus des nations nexiste pas. Elle croit cependant la possibilit dun gouvernement
mondial. Mais cest pour aussitt attirer lattention sur le risque du totalitarisme intgral quil comporterait :
Il est tout a fait concevable et mme du domaine des possibilits pratiques de la politique, quun beau jour, une
humanit hautement organise et mcanise arrive conclure le plus dmocratiquement du monde cest--dire la majorit quune humanit en tant que telle aurait avantage liquider certaines de ses parties . P.QUEAU : Pour une Politique du Cyberespace (Paris, Odile-Jacob), [2000], p. 15.51LInternet society a t fonde en 1992. Son objectif est la promotion et la coordination dInternet. Autoritmorale et technique, elle runit les fonds et lgalise les processus de standardisation. Elle comptait en 2000 prsde 8.000 membres dans 125 pays. Des grandes entreprises mondiales y participent. Elle est organise en chapitredans chaque pays. Voir Le Monde Interactif, [28 juin 2000].52
Organisation but non lucratif cre en 1998. Elle a remplac lInternet Assigned Numbers, fonde parJonathan Postel. Elle gre lunicit et la rpartition des noms de domaine. Elle sapprte grer le curtechnique du rseau depuis son absorption de lAuthority Root Server. Elle est compose de 19 membres.
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Le procd continu dinteraction culturelle et dchanges dinformations dans
le cyberespace, facilit et acclr par les tendances contemporaines de la
mondialisation54, a rendu la culture dans un tat continu du flux. Les modles
culturels traditionnels sont de plus en plus transforms par le rseau Internet55.
La navigation dans le cyberespace est devenue un nouveau type de navigation.
Une navigation dans la profondeur de la nature virtuelle , en interaction
avec les internautes eux-mmes56. Cette navigation peut tre considre
comme la source dun nouveau type dimaginaire, qui influence la perception
et qui par son rle, alimente cet imaginaire.
La causalit dans le cyberespace est diffrente de celle, locale, rgissant le
niveau macrophysique et de celle, globale, rgissant le niveau quantique57. La
Voir (consult le 12/12/2004).53 Il sagit dun groupement libral et informel de bnvoles. Il est supervis par lInternet Engineering SteeringGroup, et par lInternet architecture Board. Il est responsable de lvolution des standards Internet Il est divis ensix domaines dapplication : Applications Area, Operations et Management Area, Routing Area, Security Area,Transports Area,etUsers Services Area.54 P. LEVY, op. cit. ; B. STERN : Vers la Mondialisation Juridique ? Les Lois Helms-Burton et dAmatoKennedy (Paris, RGDIP), [1996], p. 979-1003. En effet, La mondialisation, ce nest pas simplementlamplification des changes, cest la mise en comptition des systmes conomiques et sociaux. Toute la
question est de savoir si ce phnomne est de nature valoriser le systme non marchand (culturel) des socits
ou si au contraire de la prise en compte des systmes sociaux dans la comptition conduira considre ceux-cicomme des cots . Z. LAIDI : Malaise dans la Mondialisation (Paris, Textuel), [2001], p. 45-47 ; voirgalement S. BERGER : Notre Premire Mondialisation (Paris, Seuil), [2003] ; L. YAGIL : Internet et les Droitsde la Personne (Paris, les d du Cerf), [2006] ; Le Temps : Comment lIntelligence Collective Peut Surgir Sur le
Net (Entretien avec Pierre Lvy), [22 fvrier 2001].55Selon M. Gibson, la cyberculture se vit fantastiquement dans le cyberespace comme un dpassement deslimites et tout particulirement des frontires du corps et de la chair qui sont encombrants dans les voyages . Etselon M. LEMOS la cyberculture est la jonction paradoxale entre la technique et la culture. Cette liaison estun des enjeux important de nos socits actuelles. Il ne sagit pas dune culture rationalise mais pluttlappropriation de la technique par la culture. Selon cet auteur la cyberculture est un : Ensemble dattitudesnes partir du mariage entre les technologies informatiques et les mdias de communication. Cet ensemble
dattitudes est le produit dun mouvement socioculturel pour apprivoiser et humaniser les nouvelles
technologies . Pour le philosophe Pierre LEVY la cyberculture nest pas la culture des fanatiques dInternet
cest une transformation profonde de la notion mme de culture. Il dclare : Et cest difficilement sparable desautres transformations sociales que nous connaissons depuis 20 25 ans: lurbanisation galopante; la montedu niveau dducation; la mondialisation conomique; le dveloppement des contacts entre cultures. Lhumanit
est en train de se rencontrer elle-mme. Internet est pour moi une espce de matrialisation de luniversel sans
totalit, cest quil ny a pas de centre du rseau, il ny a pas de sens unique. Chaque fois que vous avez unnouveau noeud dans le rseau, un nouveau site, un nouveau groupe de discussion, un nouvel abonn, vous avezune nouvelle source dhtrognit et de diversit. Depuis dix ans, vous avez de plus en plus de langues, dethmes abords, de pays concerns. Cest un processus absolument passionnant observer . Cette culture estdonc lunion de la culture poste moderne et du dveloppement des NTIC. Linstitutionnalisation setransforme en tribalisme, le contrat en objectifs ponctuels, la positivit en non-finalit et lutopie en quotidien le
plus urgent. Sur ces points voir M. GIBSON, op. cit.p. 57 ; C. HEBRARD,prcit, voir aussi sur ce point J.HUET : Quelle Culture dans le Cyber-Espace et quel Droits Intellectuel pour cette Cyber-Culture (Paris,Chron.), [1998] p. 185 ; Le Temps : Comment lIntelligence Collective Peut Surgir Sur le Net (Entretien avec
Pierre Lvy), [22 fvrier 2001] ; C. HEBRARD,prcit.5657Voir aussi sur la localisation de linfraction : M. PUECH : Droit Pnal Gnral (Litec, Paris), [1988], p. 148 et
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causalit dans le cyberespace est une causalit en boucle ouverte, due
linterface homme-cyberespace-temps. Ltre humain dcouvre en lui-mme
un nouveau niveau de perception grce son interaction avec lordinateur, et
lordinateur affine ses potentialits par linteraction avec ltre humain58.
Ainsi, le cyberespace peut apparatre comme un nouveau monde, un continent
inconnu dcouvrir sans limites restrictives apparentes59.
2. Lvolution de la dlinquance dans le cyberespace
8. Par rapport au cyberespace, nous tmoignons dune vritable mtamorphose de
lensemble du systme international. Dune part, la naissance dun nouveau systmejuridique qui implique un changement des relations juridiques transnationales60, et
dautre part, le dveloppement des N.T.I.C. qui leur tour ont men lapparition de
nouveau type de dlinquance que lon nomme informatique .
Le mot dlinquant renvoie tymologiquement au terme latin delinquere
signifiant commettre une faute61. En droit pnal, le dlinquant est dfini comme
lauteur dune infraction pnale, qui peut faire lobjet dune poursuite de ce chef62.
Dans ce sens, le dlinquant informatique serait la personne qui commet un dlit
149 ; Le Temps : Comment lIntelligence Collective Peut Surgir Sur le Net (Entretien avec Pierre Lvy), [22fvrier 2001].58 Dans cette optique la United States District Court for the Northen District of California a dclare le 7novembre 2001 dans larrt Yahoo que : le rseau Internet permet doffrir toute information, tout produit outout service chaque internaute et de transformer les espaces juridiques nationaux en frontire de papier.59Ce nouvel espace dexpression humaine, en devenir de civilit mondiale, est en perptuel mouvement. Or, cemouvement erratique comporte un danger. Car justement le temps de la rflexion nous est compt, relve leConseil dEtat qui rsume avec une prcision prospective minutieuse, lampleur des dfis politiques, sociaux et
juridiques lancs par le dveloppement des nouvelle technologies de linformation et de la communication : les
rseaux numriques transfrontires induisent une modification substantielle des modes de rgulation habituelsdes pouvoirs publics ( notamment en ce que) : la rglementation dorigine tatique doit dsormais se combiner
avec lautorgulation des acteurs, cest--dire lintervention de ceux-ci pour dlivrer les principes de la rgle de
droit dans des environnements non prvus par celle-ci et pour agir de faon prventive contre la commission
dinfractions ( ensuite en ce que) compte tenu des limites inhrentes toute initiative purement nationale, la
coopration internationale des Etats est ncessaire pour faire respecter lordre public dans un espace largement
domin par linitiative prive. En dautres termes, Internet et les rseaux introduisent une double indpendanceentre acteurs publics et privs et entre Etats eux-mmes, ce qui rend toute politique en la matire trs complexe
laborer et mettre en uvre . Voir J.-P. MIGNARD, op. cit. p. 25.60P. ALLOT : The Emerging Universal Legal System(International Law Forum du Droit International), [2001]3(1), p. 14. ; L. MARTINEZ: The Emerging International Legal Regime for Cyberspace: Implications forEastern/ Central Europe (Caroline du nord, Confrence), [5-10 juin 1996], disponible sur (19/11/2004).61
J.-F. CASILE : Le Code Pnal LEpreuve De La Dlinquance Informatique (Thse, Aix-Marseille), [2002],p. 17.62S. GUINCHARD et alii: Lexique des Termes Juridiques (Paris, Dalloz), [2001].
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informatique63. Certains auteurs (ROSE et PARKER)64, cartent la notion de dlinquant
informatique, au profit de celle de criminel informatique ou de fraudeur informatique.
De son cot, M. LUCAS prfre le terme dlinquance informatique au terme de
fraude informatique , du fait de lharmonie qui sopre entre le sens littral du mot
dlinquant et son sens juridique65. La connaissance de la dlinquance informatique
demeure trs difficile, cause de son htrognit. Au vu de certaines tudes
effectues66, la dlinquance informatique se diffre de la dlinquance classique, car
cette primaire se compose de dlinquants spcialiss jeunes par hypothse, considrs
comme employs modles occupant un poste de confiance dans la direction dune
entreprise. Gnralement motivs par le caractre du jeu et du dfi quapporte lide de
tromper lordinateur67.
Pour les auteurs, les dlinquants en informatique sont insensibles aux valeurs qui
nont pas dincidences matrielles. Lclatement de la relation binaire auteur-victime
engendre labsence de scrupule. Le dlinquant en informatique ne bnficie pas de
limage strotype du dlinquant classique, qualifi de respecter par son statut social et
son niveau culturel. La dlinquance informatique tant peu violente, elle npouvante
pas les victimes. Dans cette optique, M. ROSE distingue : (a) lutilisateur qui recherche
le profit dun capital financier ; (b) les destructeurs qui composent une frustration
professionnelle ou personnelle et qui ne commettent que dans le but de nuire aux
entreprises ou aux organisations ; et (c) lentrepreneur qui vise lactivit ludique et le
dfi des agressifs qui compensent une frustration personnelle ou professionnelle68. De
son cot M. BOLONGA isole quatre types de dlinquants : (a) lutilisateur qui recherche
le gain financier ; (b) lutilisateur qui recherche une reconnaissance sociale ; (c)
lutilisateur qui recherche la perte du sens des ralits ; et enfin (d) lutilisateur ayant un
comportement idologique, qui veux se venger de la socit69
.
63J.-F. CASILE, op. cit.p. 17.64 P. ROS : La Criminalit Informatique (Paris, Collection Que-sais-Je ? PUF), [1987] ; D.-B. PARKER :Combattre la Criminalit Informatique (Paris, OROS), [1985] p. 18 ; J.-F. CASILE, op. cit.p. 17.65A. LUCAS : Le Droit de lInformatique (PUF), [1987] n 413.66 G. CHAMPY : La Fraude Informatique (Thse, Aix-Marseille), [1990] ; A. FRYDLENDER : La FraudeInformatique, Etude Phnomnologique et Typologique Applique au Contexte Franais (Thse, Paris 9),[1985] ; S. JERRAI : La Fraude Informatique (Thse, Montpellier), [1986].67S. JERRAI. op. cit. p.18.68
P. ROSE : Menaces Sur les Autoroutes de lInformation (Paris, LHarmattan), [1996] p. 15.69 G.-J. BOLOGNA : An Organizational Perspective on Enhancing Computer Security (Commuincation auCongres Securicom), in D. MARTIN: La Criminalit Informatique (Paris, PUF), [1997] p.68.
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Associ au dveloppement de lordinateur, le dlit informatique ne voit le jour qu
la fin des annes cinquantes70. Cependant, le premier dlit li linformatique et
identifi comme tel puis poursuivi au niveau fdral, aurait t ralis en 196671. En
France, lune des premires tudes relatives la fraude informatique a t ralise fin
des annes soixante-dix par un groupe de travail de lAssociation franaise de
normalisation (AFNOR)72. Ensuite en 1980, lInstitut des Sciences Criminelles de la
Facult de Droit de Poitiers a publi son tude sous Le Droit Pnal Spcial N de
lInformatique .Dans cette optique, lon peut considrer la dlinquance informatique
comme un phnomne rcent li au dveloppement technologique et lutilisation des
ordinateurs. Lmergence des rseaux informatiques transnationaux a men la
naissance des pirates informatiques ou des hackers73. Ce dveloppement de technologie
des tlcommunications a substitu la dlinquance informatique la dlinquance
informationnelle , ou la criminalit informatique la cybercriminalit . Cela a
permis aux dlinquants de sortir du champ dincrimination des infractions lies
70 K. BEAVER:Hacking for Dummies(Canada, Wiley), [2004].71V.GOLUBEV: Computer Crime Fighting Problems. Voir egalement M. CLEMENTS: Virtually Free fromPunishement until Proven Guilty: The Internet, Web-Cameras and the Compelling Necessity Standard
(RICHMOND JOLT), vol. XII, Issue 1, [ 2005].Disponible sur (consult le 19/11/2004).72AFNOR : Scurit Informatique, protection de donnes (Paris, Eyrolles), [1983].73Les hackerssont des passionns dinformatique qui inventent et innovent pour le plaisir, non au service duneinformation ou dune entreprise. Le sens de pirates informatiques souvent donn au terme est tendancieux etinjustifi. Voir M. CASTELLS: La Galaxie Internet (Paris, Fayard), [2001], p. 10; voir galement le NewHackers Dictionary: Who Enjoys Explorating the Details of Programmatic Systems and How to Stretch their
Capabilities, disponible sur . Le phnomne est encore perucomme attractif et inoffensif, notamment par les adolescents du monde entier qui voient en lui une formedespiglerie, a form of mischief , voir S. BIEGEL : Beyond our Control ? Confronting the Limits of ourLegal System in the Age of Cyberspace(Londres, MIT Press), [2001], p. 63. Voir galement B. J. FOX: Hackersand the US Secret Secrvice, disponible sur (consult le 12/02/2004).Mais sa perception peut changer en fonction de lapprciation des dangers croissants dans le monde : There are
growing concerns worldwide regarding the danger of cyberterrorism, cyberattacks and cyberwars (S.BIEGEL, op. cit.p. 62. Voir aussi N. SHER: The Weapons of Infowar (The Jerusalem Report), [8 juin 1998].Cette volution est sensible dans le discours du Prsident Clinton. Des initiatives de piratage peuvent tre prises
pour saboter le rseau lectronique amricain avec des codes de destruction informatique, afin de paralyserlinfrastructure informatique dont dpendent les rseaux bancaires et financiers : Twarting hackers armed withdestructive computer codes and terrorists intent (...) We will developp better ways of shaing infomation between
public and private sectors so that we better prepare for possible cyber-attacks I. BRODIE: Clinton AgendaTargets Terrorist Hackers ( Londres, The Times), [20 janvier 1999]; T. HINNEN: The Cyber Front in the Waron Terrorism; Curbing Terrorist Use of the Internet ( 5 COLUM. SCI. & TECH. L. REV.), [ 15 decembre,2003]. [ Le 26 septembre 2002, les rdacteurs du journal Hackers Voice dont le numro doctobre avait poursujet principal une faille de scurit affectant les sites dune dizaine de grandes banques franaises ont tinterpells. Ils ont t gards vue. Selon le directeur de publication de ce journal, Hackers Voice a pourprincipe de contribuer donner aux citoyens les moyens de critiquer eux-mmes, lorsque cest ncessaire, le
fonctionnement des rseaux dont ils sont clients et utilisateurs (...) mais notre alarmisme dessert peut-trelinformation que nous voulons faire passer, C. SPINELLI : Des Hackers Citoyens Passent une Nuit en Garde Vue (Paris, le Monde), [3 octobre 2002].
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linformatique et dentrer dans le champ dincrimination des infractions lies au
cyberespace. Dans ce dernier, les systmes informatiques correspondent gnralement
tous les composants fonctionnels dun ordinateur74. Ils voluent entre deux lments : le
matriel et le logiciel75. Ce dernier traite automatiquement les informations lesquelles
sont changes par les rseaux76.
Les systmes informatiques sont tous relis entre eux grce aux rseaux de
tlcommunication77. Ces rseaux permettent aux systmes informatiques de partager
les programmes, les donnes et les matriels priphriques78. Dans notre tude, les
rseaux de tlcommunications seront aussi regroups dans une catgorie avec les
rseaux informatiques. Aujourdhui, le rseau Internet est un exemple type dun rseau
informatique o les ordinateurs sont connects et sont capables dchanger les donnes
entre eux79. La gnralisation de laccs linformatique de rseau, et notamment
lInternet, a uniformis les diffrentes formes de dlinquance informatique du fait de
deux critres constants, savoir le caractre transnational de linfraction et latteinte
linformation. Par consquent, la probable utilisation des systmes informatiques par la
dlinquance traditionnelle, et la probable mutation de la dlinquance informatique en
une dlinquance de linformation , laisse supposer que la dlinquance
traditionnelle deviendra informatique par les moyens quelle utilisera. cet
gard, on peut identifier une grande varit dagissements dlictueux au sein du
cyberespace. Il est, dune part, devenu le vecteur dun certain nombre dinfractions
74M. SMITH et P. KOLLOCK: Communities in Cyberspace(N.Y, Routledge), [1999].75R. WHITE et T. DOWNS:How Computers Work(Corporation), [2002].76
Ibid.77A. TANEBAUM: Computer Networks(N.Y, PH, PTR), [2003].78
Dictionnaire Encyclopdique Bilingue de la Micro-informatique (Microsoft), [1998] p.46 ; J. HILDEBERT :Dictionnaire Franais Anglais Anglais Franais de lInformatique (Paris, Pocket), [2004].79 La technologie avait imprim sa marque, son rythme et lampleur de linvention. En huit ans et demidexistence, le backbone tait pass dune capacit de 6 nuds avec 56 kps la connexion 21 nuds avec45 Mbps. LInternet tait dsormais constitu de 50.000 rseaux locaux sur les cinq continents, dont environ29.000 aux seuls Etats-Unis. Il tait devenu un rseau transfrontire. Le nombre dutilisateurs dInternet pouvaittre valu entre 80 et 100 millions dInternautes en 1998 contre un millier seulement en 1990. En 1996, le traficsur Internet sest accru de 30% par mois, 85.000 noms de domaines ayant t mensuellement enregistrs. Grce lefficacit de la recherche et aux moyens mis en uvre (environ 200 millions de dollars entre 1986 et 1995), laqualit des protocoles dveloppes sur Internet ne faisait plus dbat, et lorsquen 1990, le rseau APRANET futdfinitivement dmantel, le protocole TCP/IP avait dfinitivement supplant, ou tout au moins marginalis,toutes les autres initiatives mondiales. La maturit technique dInternet, le succs du Web qui commenait se
profiler, ainsi que louverture des rseaux aux services commerciaux et la concurrence, constituent les
ingrdients fondamentaux de la recette dInternet auprs du grand public. Cest cette mutation qui a conduit lesinstances normatives lchelon et international sen saisir. Voir Conseil dEtat : Internet et les RseauxNumriques, op. cit. ; L. COHEN-TANUGI: Le Nouvel Ordre Numrique (Paris, Odile-Jacob), [1999], p. 150.
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classiques tout en amplifiant leur porte (a), et dautre part, il est lobjet
dinfractions dites informatiques(b).
a) Le cyberespace: instrument actif qui favorise la commission de linfraction
9.Compte tenu de lventail des nouvelles technologies mises la disposition des
personnes malveillantes et qui font une large place lingniosit dune part et de la
spcificit des dlits informatiques dautre part, lusage des N.T.I.C pour commettre des
nouvelles infractions est devenu un phnomne international. Internet a fait fleurir une
multitude dinfractions lies la circulation de linformation telle que les violations du
droit dauteur80
, les violations de vie prive et du secret des correspondances81
, lesdlits de presse et de diffamation82, etc83.
La pdophilie est un exemple particulirement saisissant de criminalit ayant pris de
lampleur grce au cyberespace84. Les pdophiles peuvent reproduire des informations
ou des photos, lanonymat y est prserv, la distribution de documents est simple et la
quantit de matriaux que lInternet peut transporter est sans limites. Le cyberespace
sert aussi pour la diffusion duvres protges par le droit de la proprit intellectuelle,
et donc la contrefaon et le march de copies illicites dans le domaine de la musique, dela vido et des logiciels85. Lmergence des systmes dchanges de fichiers sur le
rseau Internet, le dveloppement de sites pirates et la dmocratisation des graveurs
facilitent ces actes illicites. Dans une affaire, le Tribunal de Grande Instance de Nanterre
a condamn pour proxntisme un individu qui diffusait des messages sur le rseau
Internet afin dattirer des clients potentiels au bnfice dune personne se livrant la
80 TGI Paris : [14 aot 1996], (D.), [1996], p. 490, note P.-Y. GAUTHIER. La jurisprudence franaise sestrefuse considrer que le homepage dun dlinquant constituait un domicile virtuel protg parlintimit de la vie prive. Dans la mesure o il y a mise disposition du public, par un procd decommunication, de signes, dcrits, dimages, de sons ou de messages de toute nature qui nont pas le caractrede correspondance prive, il sagit dune communication audiovisuelle.81TGI Privas : [3 septembre 1997], (Expertises), n 213, p. 79 note du Professeur J. FRAYSSINET.82S. JASSERME : La Diffamation sur Internet : Aspects Spcifiques au Rseau ( Memoire de DESS, UniversitParis II), [ 2001], voir aussi J.-M. DETAILLEUR, LEvolution de la presse crite dans la perspective desnouvelles technologies multimdias, rapport au ministre de la communication, 15 dcembre 1994, Lgicom, n8,1995.83 Voir dans cette optique Cass. crim. [17 janvier 2006], (http://www.foruminternet.org), (consult le03/03/2006).84
S. El ZEIN, op. cit.p. 159.85 Ibid et voir aussi C. KUNER: European Data Privacy Law and Online Business (N.Y, Oxford UniversityPress), [2003], p. 39.
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prostitution86. Aussi, le piratage sur le rseau Internet peut mme impliquer des
ordinateurs sans que les propritaires de ceux-ci ne sen aperoivent87. Le piratage qui,
auparavant, ncessitait la comprhension de codes informatiques complexes, est
dsormais laffaire dun simple clic de souris. Selon de rcentes estimations, prs de 220
millions deuropens dont 22 millions de franais disposent dun accs Internet,
ouvrant ainsi aux pirates informatiques un march en pleine expansion88.
Selon ltude ralise parBusiness Software Alliance (BSA) le 7 juillet 2004 sur les
taux de piratage de logiciels dans le monde en 2003, cette infraction atteint un taux de
37% dans lUnion Europenne. Son cot pour les diteurs nationaux et internationaux a
galement t chiffr puisque la valeur des logiciels pirats dpasse 9,7 milliards de
dollars. Ltude a montr aussi que 45% des logiciels utiliss par les entreprises taient
pirats89. Pourtant, les tribunaux nhsitent plus condamner durement les
contrevenants. Le 13 fvrier 2002, le Tribunal de grande instance de Paris a condamn
le crateur dun site web payer 15 000 de dommages et intrts lAgence France
Presse (AFP) et ses journalistes pour la reproduction de leurs photographies. Dans
lespce, le site francefun.com avait reproduit cinq photographies protges dans une
base de donnes de lAFP intitule Image Forum , et dont laccs tait rserv aux
abonns dtenteurs dun code confidentiel. Les clichs illustraient des vnements
dramatiques de lactualit et taient accompagns, sur le site litigieux, de
lgendes relevant de lhumour noir. Lagence avait estim que la reproduction des
images portait atteinte aux droits patrimoniaux et moraux des photographes (articles L.
122-4 et L. 121-1 du Code de la proprit intellectuelle). De son ct, le crateur du site
invoquait lexception de parodie et de caricature accorde, lorsque loeuvre a t
divulgue, par larticle L. 122-5 du Code de la proprit intellectuelle.
Le Tribunal a dclar dans son jugement que la contrefaon tait bien tablie aumotif principal que :
Les photographies en cause ont t largement diffuses dans le cadre de reportages relatifs des faitsmarquants de lactualit () ; que leur reproduction pure et simple, que la lgre altration de leurcontour ne vient pas attnuer, ne permet pas dviter le risque de confusion avec luvre premire alors
86 TGI Nanterre, 12me ch., [18 mai 2000], Ministre public c. Jacques L., Comm. Com. Electr. [Novembre2000], p. 21. Commentaire de Jean Christophe GALLOUX.87
S. EL ZEIN, op. cit.88Ibid, p. 158.89Voir BSA [7 juillet 2004], disponible ladresse : (19/11/2004).
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que celle-ci, intacte, demeure charge de son sens premier nonobstant les lgendes qui peuvent y treassocies 90.
De mme, le 20 janvier 2004 la Cour dappel de Douai a entirement confirm un
jugement rendu par le Tribunal de Grande Instance de Lille, qui avait dclar la socit
NDI (RCS de Roubaix Tourcoing) en liquidation, et M. Luc Olivier Lefebvre, grant,
coupable des dlits de contrefaon de marque, de contrefaon de logiciels, ainsi que du
dlit de tromperie91. Il sagissait dune affaire dexportation et de reconditionnement de
produits Microsoft, depuis le march canadien en violation des termes des licences. M.
Luc Olivier Lefebvre a t condamn une peine de 8 mois demprisonnement avec
sursis, ainsi qu une amende de 3 000 euros92. La socit NDI a t condamne une
amende de 5000 euros. Enfin, la Cour a confirm la condamnation payer Microsoft
Corporation la somme de 100000 euros titre de dommages et intrts93. Enfin, un
internaute a t condamn au printemps 2005 par le tribunal de grande instance de Paris
pour avoir mis disposition quelque 2 288 bandes dessines sur Internet94. Il a t
condamn verser au Syndicat national de ldition un euro symbolique au titre de
rparation du prjudice subi par lensemble de la profession. Le jugement est dfinitif,
lhomme ayant renonc faire appel de cette dcision.
b) Le cyberespace: instrument passif favorisant la perptration de linfraction
10. Le cyberespace apparat comme un objet de linfraction ou comme un instrument passif
et linfraction rsulte de ce que le bnficiaire des informations fournies par le
cyberespace ou de la prsentation qui rsulte de son fonctionnement est sans droit pour
les obtenir. Ds lors, il est possible de se trouver confront deux hypothses : dans la
premire, les informations contenues dans les ordinateurs seront utilises de faon
illicite, alors que la seconde hypothse concernera le cas de lutilisation abusive de cetespace virtuel. Des cas concernant la destruction dordinateurs, ainsi que des donnes
ou des programmes quils contenaient. Dans cette optique le Tribunal de Grande
Instance de Paris a considr le fait daccder au rseau cartes France Tlcoms o un
90 Condamnation dun Site Pour Contrefaon de Photographies de lAFP , [5 mai 2002], disponible sur (19/11/2004).91 Voir : Microsoft France disponible ladresse suivante :. (12/11/2004).92
Ibid.93Ibid.
94Disponible sur (consult le 03/03/2006).
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individu avait utilis des numros dune carte appartenant autrui afin d obtenir des
services de tlcommunication, comme un fait qui tombe sous laccs illicite aux
systmes 95. De mme, se rend coupable daccs frauduleux un S.T.A.D., ainsi que
dintroduction frauduleuse de donnes dans ce mme systme, celui qui met en uvre
un programme sniffer 96 lintrieur dun serveur connect au rseau Internet97.
De mme, il tait reproch quatre tudiants de stre introduits frauduleusement
sur le serveur de leur universit et davoir cr et diffus des logiciels malveillants98.
Ds lors que lintrusion sur le serveur na pas t faite sous la surveillance dun
enseignant mais en violation de la charte informatique signe par les tudiants, laccs
frauduleux a t caractris. Une amende avec sursis a t prononce. En revanche, pour
les poursuites contre les logiciels malveillants, le mandement de citation au visa du
nouvel article 323-3-1 du code pnal a t annul : les faits reprochs ntaient pas
prciss dans la citation99.
3. Le domaine de la cybercriminalit
11. Ladjonction de prfixe cyber qui a tendance apparatre de manire excessive
chaque utilisation dun concept classique lInternet, la criminalit , permet de
retenir deux sortes de relations entre la criminalit et les rseaux de
tlcommunications100. Dans un premier temps, la criminalit peut tre en relation
directe avec un rseau de tlcommunication, cest--dire que la loi incrimine
directement un acte qui, si le rseau de tlcommunication nexistait pas, lacte ne
pourrait pas tre ralis. On pense en lespce au piratage des rseaux tlphoniques
pour effectuer des appels tlphoniques gratuits 101.
95TGI Paris - 12 me Chambre [26 juin 1995], (L.P.A), [1 mars 1996] p. 4 n 27 note Alvarez.96Le sniffing consiste introduire, au niveau dun serveur par lequel transitent de nombreuses donnes, un
programme informatique spcifique, qualifi de renifleur qui a pour fonction de capturer des donnes.Lintroduction dun tel programme suppose donc, pralablement, dacceder frauduleusement un systme detraitement automatis de donnes, ainsi que dy introduire de nouveau lments logiques, ce qui constitue lesdlits rprims par les articles 323-1, al. 1 et 323-3 du Code pnal.97TGI Paris 1ech. 16 dcembre 1997 inA. BENSOUSSAN et Y. BREBAN : Les Arrts Tendances de lInternet(Paris, Herms), [2000], p. 45.98 TGI Vannes, ch. correctionnelle, 13 juillet 2005, Min. public et Universit de Bretagne Sud c. divers tudiants,
jugement 1148, 2005. Disponible sur (consult le 03/03/2006).99
Ibid.100
Voir Office L.F. Quebec, disponible sur : (consultle 12/01/2006).101A. BENSOUSSAN : Les Tlcoms et le Droit (Paris, Hermes), [1996] pp. 447-483.
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Dans un second temps, la criminalit peut tre en relation indirecte avec un rseau
de tlcommunication, cest--dire que le rseau de tlcommunication se comprend
comme un outil ou un moyen pour commettre linfraction102. On pense par exemple
laccs illicite un systme informatique, ou lenvoi des virus via le rseau Internet.
La cybercriminalit au sens strict du terme sentend donc de lensemble des infractions
commises contre ou par un systme informatique effectu travers un rseau de
tlcommunication.103 Elle requiert obligatoirement lintervention directe ou indirecte
dun rseau de tlcommunication pour commettre linfraction104. Tous les actes
perptrs contre lassurance de la confidentialit, de lintgrit, ou de la disponibilit des
donnes ou des oprations de traitement, sont commis dans un environnement
lectronique impliquant un rseau de tlcommunication sont considrs comme une
cybercriminalit105. Maintenant la plupart des ordinateurs - et par la nature mme de la
cybercriminalit - tous les ordinateurs qui sont impliqus dans ce genre dinfractions
sont connects un rseau de tlcommunication lequel peut tre un rseau local, global
ou les deux ensembles.
4. La dfinition propose
12. La cybercriminalit peut tre dfinie comme : toute action illicite associe linterconnexion des systmes informatiques et des rseaux de tlcommunication, o
labsence de cette interconnexion empche la perptration de cette action illicite106.
Sous cette dfinition, nous pouvons identifier les quatre rles que joue le systme
informatique dans les actes illicites :
Objet : Des cas concernant la destruction de systmes informatiques, ainsi que
des donnes ou des programmes quils contenaient, ou encore la destruction
dappareils fournissant lair climatis, llectricit, permettant aux ordinateurs
de fonctionner.
102Ibidp 484 et s.
103J.-F. LE COQ : La Cybercriminalit (Mmoire D.E.A., Montesquieu Bordeaux IV), [2002] p. 8.104D.SHINDER: The Scene of the Cybercrime (SYNGRESS), [2002] p. 94.105Voir dans ce sens la dfinition propose par le ministre de lintrieur franais,prcit.106 La notion dinterconnexion est au cur du processus douverture la concurrence des services decommunications lectroniques. Pour tre effective, une telle concurrence doit imprativement passer par unaccs tout rseau ouvert au public. La directive 2002/19/CE du 7 mars 2002 fixe donc deux principesfondamentaux au rgime de laccs et de linterconnexion, qui font la matire des deux premiers paragraphes de
larticle L. 34-8 du CPCE : linterconnexion ou laccs dune part, les exploitants de rseaux ouverts au publicdautre part. Linterconnexion ou laccs font lobjet dune convention de droit priv entre les partiesconcernes, convention qui est communique lART (CPCE et T. art. L. 34-8-1).
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Support : Un systme informatique peut tre le lieu ou le support dune
infraction, ou un ordinateur peut tre la source ou la raison dtre de certaines
formes et sortes davoirs qui peuvent tre manipuls sans autorisation. Outil: Certains types et certaines mthodes dinfraction sont complexes pour
ncessiter lutilisation dun systme informatique comme instrument. Un
systme informatique peut tre utilis de manire active comme dans le
balayage automatique de codes tlphonique afin de dterminer les bonnes
combinaisons qui peuvent tre utilises plus tard pour se servir du systme
tlphonique sans autorisation.
Symbole : Un systme informatique peut tre utilis comme symbole pourmenacer ou tromper. Comme, par exemple, une publicit mensongre de
services non existants, comme cela a t fait par plusieurs clubs de rencontres
informatiss.
SECTION II
LA DISTINCTION DE LA CYBERCRIMINALIT ET LES
CRIMINALITS APPARTENTES
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13. Les tentatives de dfinition de la cybercriminalit, ont montr comment ce phnomne
est vaste , complexe et touche beaucoup de domaines. Certains auteurs dsignant les
dlinquants, ou qualifiant les actes quils ralisent, commettent parfois des confusions
de sens, en dsignant sous la terminologie de pirate tous les dlinquants en
informatique107. Ainsi, il convient daborder dans cette partie la distinction de la
cybercriminalit et les criminalits apparentes. Il sagit dune distinction relative aux
termes juridiques (A), et dune distinction relative aux auteurs de linfraction (B).
A) La distinction relative aux termes juridiques
14. Dans la prsente communication, la cybercriminalit est entendue dans un sens largecomme dsignant toute infraction qui, dune manire ou dune autre, implique
lutilisation des technologies informatiques. De mme, les notions de criminalit
informatique , dlinquance informatique , criminalit de haute technologie sont
souvent employes indiffremment. Notre tude tablira une destination entre la
cybercriminalit et la criminalit informatique (1), la criminalit en col bloc (2), et la
criminalit de haute technologie (3).
1. La cybercriminalit et la criminalit informatique
15. Bien que les notions de criminalit informatique et de cybercriminalit sont
troitement lies, il existe nanmoins une distinction entre les deux conceptions108.
Ainsi, la criminalit informatique reprsente linfraction gnrique, dont la
cybercriminalit est une variante109. Cette dernire est une forme particulire de la
criminalit informatique, forme qui ne sexprime que sur et travers le rseau de
tlcommunication, contrairement aux autres dlits informatiques qui ne ncessitent pasdintraction avec le rseau de tlcommunication110.
La complexit de ce type de criminalit sest alors prsente, les diffrents auteurs
utilisant chacun sa propre dfinition. Collard fait dailleurs remarquer quaucune
107P. BLANCHARD: Pirates de lInformatique, Enqute sur les Hackers Franais (Addison Wesley), [1995].108 P. DELEPELEERE: Hackers, lAutre Monde (Mmoire), [2001 2002].109
Ibid.110 Voir P. DELEPELEERE, op. cit.; E. CESAY: Digital Evidence and Computer Crime (Londres, AcademicPress), [2000] pp.9 et s.
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systme informatique et/ou de tlcommunication. De mme, la violation du droit exclusif du dtenteur dunprogramme informatique protg, dans lintention de lexploiter commercialement et de le mettre sur lemarch, ou laccs dans un systme informatique et/ou de tlcommunication ou linterception dun telsystme, fait sciemment et sans autorisation du responsable du systme, en violant les rgles de scurit oudans une intention malhonnte ou nuisible
118
.Cette dfinition distingue laccs dans un systme informatique de lexercice dune
influence sur les donnes quil contient. Elle intgre au mme niveau dans la criminalit
informatique, la contrefaon et son exploitation commerciale dans un logique de march.
Elle met en vidence les ventuelles atteintes au droit de la concurrence dans ce domaine.
Dans le mme sens, ROSENBLATT a dfinit la criminalit informatique comme : Une
activit illicite visant altrer, modifier ou effacer les informations inclus dans
lordinateur
119
. Aussi, M. GRABOSKY considre que la criminalit informatiquerecouvre les illgalits impliquant des systmes informatiques comme instruments ou
cibles des infractions 120. En Allemagne, la dfinition la plus utilise est celle du groupe
de travail qui runit les chefs des services denqute criminelle des Etats allemands et
lOffice fdral des enqutes criminelles. Il sagit de tous les phnomnes dans le cadre
desquels le traitement lectronique des donnes est le moyen et/ou fait lobjet dun acte
donnant des raisons de souponner une infraction pnale 121.
Cependant, nous pensons avec M. DELEPELEERE que voit que ces dfinitions sont
trop vagues pour constituer des dfinitions officielles de rfrence122. En effet, si on se
rfre, par exemple, la dfinition adopte en Allemagne, elle dfinit la criminalit
informatique sur la base de faits qui ne sont pas avrs, sur lesquels porteraient
simplement des soupons. Dautres auteurs ont adopt des dfinitions exigeant la
connaissance de la technologie de linformation. Selon M. D. TOMPSON la criminalit
informatique est la criminalit commise par un auteur ayant une connaissance de la
technologie de linformation .
Enfin, des auteurs regroupent sous le vocable de criminalit informatique, plusieurs
dlits. Cest le cas du Conseil de lEurope qui recense dans son Rapport final dactivit
sur la criminalit informatique en relation avec lordinateur les dlits que le droit
europen doit rprimer. Il sagit de : (a) la fraude, (b) le faux en informatique, (c) le
118O.C.D.E : La Fraude Lie lInformatique : analyse des Politiques Juridiques (Paris), [1986] p. 72.119M. ALEXANDER., inM. D. ROSTOCKER et R. H. RIENS: Computer Jurisprudence Legal Responses tothe Information Revolution(N.Y., Ocena), [sans date] p. 104.120P. GRABOSKY : Computer Crime in a Borderless World (Annales Internationale de Criminologie), [2000]
Vol. XXXVIII n 1/2 p. 67.121W. SCHREIBER : La Dlinquance Assiste par Ordinateur (R.I.P.C), [1997] 51 me anne, n 464 p.9.122
Prcit.
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sabotage, (d) la reproduction non autorise dun programme informatique protg, (e)
lespionnage, (f) laltration des donnes et des programmes informatiques , (g) les
dommages affectant des donnes et des programmes 123. De son cot, M. MANDELL
distingue (a) lusage dun ordinateur pour commettre des actes illgaux lesquels fourniront
des avantages financiers, et (b) les menaces visant lordinateur lui-mme, cest le cas du
vol des matriels ou des logiciels, ou le sabotage et le piratage informatique124.
Ainsi, il convient de saffirmer que la cybercriminalit et la criminalit informatique
ont deux domaines diffrents. La criminalit informatique reprsente toute action
illicite perptre laide dopration lectronique contre la scurit dun systme
informatique ou de donnes quil contient, quelque soit le but vis125, alors que la
cybercriminalit au sens strict du terme sentend de lensemble des infractions commises
laide ou contre un systme informatique connect au rseau de tlcommunication. La
cybercriminalit quant elle, a un domaine plus tendu puisque outre les atteintes contre
les biens informatiques ralisables au moyen de lInternent. Elle recouvre galement
nombre dinfractions contre les personnes et les biens qui peuvent tre commises sur le
rseau. Dans cette optique, la criminalit informatique et la cybercriminalit ont un
domaine commun lorsque des infractions informatiques sont commises par lusage du
rseau de tlcommunication. Mais toute infraction informatique nest pas forcment
commise au moyen dun rseau de tlcommunication. Et toute infraction commise au
moyen dun rseau de tlcommunication nest pas systmatiquement une infraction
informatique.
2. La cybercriminalit et la criminalit en col blanc
16. Cest lauteur amricain SUTHERLAND qui a le premier mit en vidence la
dlinquance en col blanc white collar crime dans son tude (white collar criminality
123Conseil de lEurope : Rapport Final dActivit Sur la Criminalit Informatique en Relation avec lOrdinateur(Comit europen pour les problmes criminels), [avril 1989] pp. 27-55.124
S.MANDELL: Computer, Data Processing and Law(St. Paul, Minnesota, West Publishing), [1984] p. 155.125 N. EL CHAER : La Criminalit Informatique devant la Justice Pnale (Thse, Poitiers), [2003] p. 19 ; voiraussi P. AUVRET : La Dtermination des Personnes Responsables (Paris, Gaz. Pal.), [mai 2002].
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1939)cherchant les raisons des diffrences de taux de criminalit suivant les nations.
Selon lui, il sagissait de criminalit des classes suprieures en lien avec leurs affaires,
leur culture et leur milieu professionnel126. De son cot, H. EDELHERTZ a propos une
dfinition, acceptable en 1970, quand il dcrit la criminalit en col blanc comme : Un
acte illgal perptr sans le recours la contrainte physique usant de la dissimulation
ou lartifice, afin dobtenir de largent ou des proprits, viter un paiement ou de perte
de largent ou pour obtenir des affaires ou des avantages personnels 127. Il ressort de
cette dfinition quun systme informatique est loutil parfait pour une telle criminalit
qui agit par dissimulation , sans contraintes physiques . Cependant, il y a souvent
une confusion entre la criminalit en col blanc et la cybercriminalit. Une des raisons
est fournie par la fraude. Tandis que quelques auteurs classent la cybercriminalit sous
la catgorie de la criminalit en col blanc (LEVI et COMER), dautres comme
PARKER, trouve que la cybercriminalit diffre de la criminalit en col blanc, comme
cette dernire diffre de la criminalit de la rue128.
MM. CLINARD et QUINNEY129 voient que la criminalit en col blanc peut tre
considre comme ayant lieu trois niveaux. Le premier concerne la criminalit
dentreprises,