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Concours du second degrĂ© – Rapport de jury

Session 2011

AGREGATION INTERNE ET CAER-PA INTERNE

Section : Espagnol

Rapport de jury présenté par

M. Karim BENMILOUD Professeur des universités Président de jury Les rapports des jurys des concours sont établis sous la responsabilité des présidents de jurys

Secrétariat Général

Direction générale des ressources humaines

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CE RAPPORT A ÉTÉ ÉTABLI AVEC LA COLLABORATION DE :

Maritchu FERNANDEZ BUENO

Catherine GUILLAUME Marie-JosĂ© HANAÏ

José IRIARTE Raphaële PLU-JENVRIN

LaurĂšne SANCHEZ

Composition du jury

Président : Karim BENMILOUD, Professeur des Universités, Université Montpellier III

Vice-prĂ©sidentes : Catherine GUILLAUME, IA-IPR, Rectorat d’OrlĂ©ans-Tours Marie-JosĂ© HANAÏ, Professeure des UniversitĂ©s, UniversitĂ© de Rouen SecrĂ©taire du jury : Albin CATTIAUX, IA-IPR, Rectorat de Lille Membres : Claire ANZEMBERGER, Professeure agrĂ©gĂ©e, LycĂ©e Jeanne d’Arc (Nancy) Naima BATAILLE, Professeure agrĂ©gĂ©e CPGE, LycĂ©e Faidherbe (Lille) Louise BENAT TACHOT, Professeure des UniversitĂ©s, UniversitĂ© Paris IV- Sorbonne Michel BERASTEGUI, IA-IPR, Rectorat de Lyon BĂ©atrice BOUTOILLE DONEY, Professeure agrĂ©gĂ©e, LycĂ©e Pasteur (Besançon) FrĂ©dĂ©ric BREVART, IA-IPR, Rectorat de Lille Astrid CHAFFRINGEON, Professeure agrĂ©gĂ©e, LycĂ©e Giocante de Casabianca (Bastia) Chantal CHARTIER, PRAG, UniversitĂ© Paris XII – Val de Marne Samuel FASQUEL, Professeur agrĂ©gĂ©, CollĂšge Gambetta (Lys-lez-lannoy) Maritchu FERNANDEZ, Professeure agrĂ©gĂ©e, LycĂ©e Elie Vignal (Caluire) AmĂ©lie FLORENCHIE, MaĂźtre de ConfĂ©rences, UniversitĂ© Michel de Montaigne – Bordeaux 3 Yannick HERNANDEZ, Professeur agrĂ©gĂ©, LycĂ©e François Arago (Perpignan) JosĂ© IRIARTE, Professeur agrĂ©gĂ©, LycĂ©e des Graves (Gradignan) AgnĂšs LELIEVRE, IA-IPR, Rectorat de Caen Antonio MARTIN SANCHEZ, Professeur agrĂ©gĂ© CPGE, LycĂ©e Montaigne (Bordeaux) Yolanda MILLAN, Professeure agrĂ©gĂ©e, LycĂ©e Pothier (OrlĂ©ans) RaphaĂ«le PLU-JENVRIN, MaĂźtre de ConfĂ©rences, UniversitĂ© Paris III – Sorbonne Nouvelle Fabrice QUERO, MaĂźtre de ConfĂ©rences, UniversitĂ© Michel de Montaigne – Bordeaux 3 Olivier RUAUD, Professeur agrĂ©gĂ©, LycĂ©e La Merci (Montpellier) Ina MarĂ­a SALAZAR, MaĂźtre de ConfĂ©rences HDR, UniversitĂ© Paris IV- Sorbonne LaurĂšne SANCHEZ, Professeure agrĂ©gĂ©e, LycĂ©e François Truffaut (Paris)

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SOMMAIRE

Composition du jury .



 page 2

Modalités des épreuves


 page 4

Bilan statistique ...........



 page 5

Épreuves Ă©crites d’admissibilitĂ©

Composition en langue Ă©trangĂšre 
 page 20

Thùme 






.


 page 27

Version










 page 39

Épreuves orales d’admission

Explication d’un texte en langue Ă©trangĂšre (ELE) : page 46

ExposĂ© de la prĂ©paration d’un cours (EPC) : 

 page 52

Annexe 1 : sujet EPC : 








.. page 60

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Modalités des épreuves

ModalitĂ©s des Ă©preuves Ă  compter de la session 2002 ArrĂȘtĂ© du 21-2-2001 Vu D. n° 72-580 du 4-7-1972 mod.; A. du 12-9-1988 mod. Article 1 - À l'annexe I de l'arrĂȘtĂ© du 12 septembre 1988 susvisĂ© fixant les Ă©preuves de certaines sections du concours externe de l'agrĂ©gation, les dispositions ci-aprĂšs, relatives Ă  la section gĂ©ographie, sont insĂ©rĂ©es entre les dispositions concernant, d'une part, la section lettres modernes, et d'autre part, la section langues vivantes Ă©trangĂšres : Article 2 - À l'annexe II de l'arrĂȘtĂ© du 12 septembre 1988 susvisĂ© fixant les Ă©preuves des sections du concours interne de l'agrĂ©gation, les dispositions relatives Ă  la section langues vivantes sont remplacĂ©es par les dispositions suivantes : Section langues vivantes Ă©trangĂšres A - Épreuves Ă©crites d'admissibilitĂ© 1) Composition en langue Ă©trangĂšre portant sur le programme de civilisation ou de littĂ©rature du concours (durĂ©e : sept heures ; coefficient 1). 2) Traduction : thĂšme et version assortis de l'explication en français de choix de traduction portant sur des segments prĂ©alablement identifiĂ©s par le jury dans l'un ou l'autre des textes ou dans les deux textes (durĂ©e : cinq heures ; coefficient 1). B - Épreuves orales d'admission 1) ExposĂ© de la prĂ©paration d'un cours suivi d'un entretien (durĂ©e de la prĂ©paration : trois heures ; durĂ©e de l'Ă©preuve : une heure maximum [exposĂ© : quarante minutes maximum ; entretien : vingt minutes maximum] ; coefficient 2). L'Ă©preuve prend appui sur un dossier composĂ© d'un ou de plusieurs documents en langue Ă©trangĂšre (tels que textes, documents audiovisuels, iconographiques ou sonores) fourni au candidat. 2) Explication en langue Ă©trangĂšre d'un texte extrait du programme, assortie d'un court thĂšme oral improvisĂ© et pouvant comporter l'explication de faits de langue. L'explication est suivie d'un entretien en langue Ă©trangĂšre avec le jury (durĂ©e de la prĂ©paration : trois heures ; durĂ©e de l'Ă©preuve : une heure maximum [exposĂ© : trente minutes maximum ; entretien : trente minutes maximum] ; coefficient 2) Une partie de cet entretien peut ĂȘtre consacrĂ©e Ă  l'Ă©coute d'un court document authentique en langue vivante Ă©trangĂšre, d'une durĂ©e de trois minutes maximum, dont le candidat doit rendre compte en langue Ă©trangĂšre et qui donne lieu Ă  une discussion en langue Ă©trangĂšre avec le jury. Les choix des jurys doivent ĂȘtre effectuĂ©s de telle sorte que tous les candidats inscrits dans une mĂȘme langue vivante au titre d'une mĂȘme session subissent les Ă©preuves dans les mĂȘmes conditions. Article 3 - L'arrĂȘtĂ© du 23 octobre 1975, modifiĂ© par les arrĂȘtĂ©s des 14 novembre 1979 et 17 septembre 1986, dĂ©finissant les Ă©preuves du concours externe de l'agrĂ©gation de gĂ©ographie est abrogĂ©.

Article 4 - Les dispositions du prĂ©sent arrĂȘtĂ© prennent effet Ă  compter de la session de l'annĂ©e 2002 des concours.

(Publié au BO n° 12 du 22-03-2001)

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Bilan de l'admission

Concours : EAI AGREGATION INTERNE Section / option : 0426A ESPAGNOL Nombre de candidats admissibles : 52

Nombre de candidats non éliminés : 52 Soit : 100.00 % des admissibles.

Le nombre de candidats non éliminés correspond aux candidats n'ayant pas eu de note éliminatoire (AB, CB, 00.00, NV). Nombre de candidats admis sur liste principale : 24 Soit : 46.15 % des non éliminés.

Moyenne portant sur le total général (total de l'admissibilité + total de l'admission)

Moyenne des candidats non éliminés : 0054.91 (soit une moyenne de :09.15/ 20)

Moyenne des candidats admis sur liste principale : 0064.54 (soit une moyenne de :10.76/ 20)

Moyenne portant sur le total des Ă©preuves de l'admission

Moyenne des candidats non éliminés : 32.29 (soit une moyenne de 08.07/ 20)

Moyenne des candidats admis sur liste principale : 0041.53 (soit une moyenne de :10.38/ 20)

Rappel

Nombre de postes : 24 Barre de la liste principale : 0055.50 (soit un total de : 09.25 / 20 ) (Total des coefficients : 6 dont admissibilité : 2 admission : 4 )

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Bilan de l'admission

Concours : EAH ACCES ECHELLE REM.AGREGATION-PRIVE Section / option : 0426A ESPAGNOL Nombre de candidats admissibles : 11

Nombre de candidats non éliminés : 10 Soit : 90.91 % des admissibles.

Le nombre de candidats non éliminés correspond aux candidats n'ayant pas eu de note éliminatoire (AB, CB, 00.00, NV). Nombre de candidats admis sur liste principale :5 Soit : 50.00 % des non éliminés.

Moyenne portant sur le total général (total de l'admissibilité + total de l'admission)

Moyenne des candidats non éliminés :59.04 (soit une moyenne de :09.84/ 20)

Moyenne des candidats admis sur liste principale :0066.93 (soit une moyenne de :11.16/ 20)

Moyenne portant sur le total des Ă©preuves de l'admission

Moyenne des candidats non éliminés : 36.92 (soit une moyenne de :09.23/ 20)

Moyenne des candidats admis sur liste principale :0044.73 (soit une moyenne de :11.18/ 20)

Rappel

Nombre de postes : 5 Barre de la liste principale : 0057.50(soit un total de :09.58/ 20) (Total des coefficients : 6 dont admissibilité : 2 admission : 4 )

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ADMISSIBILITE

RĂ©partition des notes aprĂšs barre

Concours : EAI AGREGATION INTERNE Section / option : 0426A ESPAGNOL

Epreuve MatiÚre Notes Nb. présents

Nb. admissibles

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE < 1 63 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE < 1 63 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 1 et < 2 100 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 1 et < 2 100 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 2 et < 3 55 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 2 et < 3 55 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 3 et < 4 48 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 3 et < 4 48 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 4 et < 5 40 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 4 et < 5 40 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 5 et < 6 44 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 5 et < 6 44 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 6 et < 7 42 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 6 et < 7 42 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 7 et < 8 28 2

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 7 et < 8 28 2

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 8 et < 9 36 4

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 8 et < 9 36 4

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 9 et < 10 21 8

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 9 et < 10 21 8

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 10 et < 11 17 12

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 10 et < 11 17 12

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 11 et < 12 11 9

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 11 et < 12 11 9

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 12 et < 13 8 7

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 12 et < 13 8 7

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 13 et < 14 7 6

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 13 et < 14 7 6

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE >= 15 et < 16 3 3

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101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 15 et < 16 3 3

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 16 et < 17 1 1

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 16 et < 17 1 1

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

Absent 589 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

Absent 589 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

Copie blanche 32 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

Copie blanche 32 0

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ADMISSIBILITE RĂ©partition des notes aprĂšs barre

Concours : EAI AGREGATION INTERNE Section / option : 0426A ESPAGNOL

Epreuve MatiÚre Notes Nb. présents Nb. admissibles

102 TRADUCTION < 1 3 0

102 TRADUCTION < 1 3 0

102 TRADUCTION >= 1 et < 2 3 0

102 TRADUCTION >= 1 et < 2 3 0

102 TRADUCTION >= 2 et < 3 3 0

102 TRADUCTION >= 2 et < 3 3 0

102 TRADUCTION >= 3 et < 4 11 0

102 TRADUCTION >= 3 et < 4 11 0

102 TRADUCTION >= 4 et < 5 21 0

102 TRADUCTION >= 4 et < 5 21 0

102 TRADUCTION >= 5 et < 6 28 0

102 TRADUCTION >= 5 et < 6 28 0

102 TRADUCTION >= 6 et < 7 33 0

102 TRADUCTION >= 6 et < 7 33 0

102 TRADUCTION >= 7 et < 8 52 1

102 TRADUCTION >= 7 et < 8 52 1

102 TRADUCTION >= 8 et < 9 77 2

102 TRADUCTION >= 8 et < 9 77 2

102 TRADUCTION >= 9 et < 10 78 5

102 TRADUCTION >= 9 et < 10 78 5

102 TRADUCTION >= 10 et < 11 91 10

102 TRADUCTION >= 10 et < 11 91 10

102 TRADUCTION >= 11 et < 12 68 10

102 TRADUCTION >= 11 et < 12 68 10

102 TRADUCTION >= 12 et < 13 38 9

102 TRADUCTION >= 12 et < 13 38 9

102 TRADUCTION >= 13 et < 14 26 11

102 TRADUCTION >= 13 et < 14 26 11

102 TRADUCTION >= 14 et < 15 8 2

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102 TRADUCTION >= 14 et < 15 8 2

102 TRADUCTION >= 15 et < 16 3 1

102 TRADUCTION >= 15 et < 16 3 1

102 TRADUCTION >= 16 et < 17 1 1

102 TRADUCTION >= 16 et < 17 1 1

102 TRADUCTION Absent 599 0

102 TRADUCTION Absent 599 0

102 TRADUCTION Copie blanche 2 0

102 TRADUCTION Copie blanche 2 0

ADMISSIBILITE

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RĂ©partition des notes aprĂšs barre

Concours : EAH ACCES ECHELLE REM.AGREGATION-PRIVE Section / option : 0426A ESPAGNOL

Epreuve MatiÚre Notes Nb. présents Nb. admissibles

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

< 1 6 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

< 1 6 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 1 et < 2 18 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 1 et < 2 18 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 2 et < 3 10 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 2 et < 3 10 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 3 et < 4 10 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 3 et < 4 10 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 4 et < 5 9 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 4 et < 5 9 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 5 et < 6 11 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 5 et < 6 11 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 6 et < 7 4 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 6 et < 7 4 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 7 et < 8 9 1

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 7 et < 8 9 1

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 8 et < 9 7 2

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 8 et < 9 7 2

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 9 et < 10 6 2

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 9 et < 10 6 2

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 11 et < 12 5 2

101 COMPOSITION >= 11 et < 12 5 2

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LANGUE ETRANGERE

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 12 et < 13 1 1

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 12 et < 13 1 1

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 13 et < 14 3 2

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 13 et < 14 3 2

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 15 et < 16 1 1

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

>= 15 et < 16 1 1

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

Absent 70 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

Absent 70 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

Copie blanche 2 0

101 COMPOSITION LANGUE ETRANGERE

Copie blanche 2 0

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ADMISSIBILITE RĂ©partition des notes aprĂšs barre

Concours : EAH ACCES ECHELLE REM.AGREGATION-PRIVE Section / option : 0426A ESPAGNOL

Epreuve MatiÚre Notes Nb. présents Nb. admissibles

102 TRADUCTION < 1 3 0

102 TRADUCTION < 1 3 0

102 TRADUCTION >= 1 et < 2 3 0

102 TRADUCTION >= 1 et < 2 3 0

102 TRADUCTION >= 2 et < 3 3 0

102 TRADUCTION >= 2 et < 3 3 0

102 TRADUCTION >= 3 et < 4 3 0

102 TRADUCTION >= 3 et < 4 3 0

102 TRADUCTION >= 4 et < 5 10 0

102 TRADUCTION >= 4 et < 5 10 0

102 TRADUCTION >= 5 et < 6 6 0

102 TRADUCTION >= 5 et < 6 6 0

102 TRADUCTION >= 6 et < 7 6 0

102 TRADUCTION >= 6 et < 7 6 0

102 TRADUCTION >= 7 et < 8 11 0

102 TRADUCTION >= 7 et < 8 11 0

102 TRADUCTION >= 8 et < 9 16 1

102 TRADUCTION >= 8 et < 9 16 1

102 TRADUCTION >= 9 et < 10 8 0

102 TRADUCTION >= 9 et < 10 8 0

102 TRADUCTION >= 10 et < 11 15 3

102 TRADUCTION >= 10 et < 11 15 3

102 TRADUCTION >= 11 et < 12 10 3

102 TRADUCTION >= 11 et < 12 10 3

102 TRADUCTION >= 12 et < 13 2 1

102 TRADUCTION >= 12 et < 13 2 1

102 TRADUCTION >= 13 et < 14 4 2

102 TRADUCTION >= 13 et < 14 4 2

102 TRADUCTION >= 14 et < 15 1 1

102 TRADUCTION >= 14 et < 15 1 1

102 TRADUCTION Absent 70 0

102 TRADUCTION Absent 70 0

102 TRADUCTION Copie blanche 1 0

102 TRADUCTION Copie blanche 1 0 ADMISSION RĂ©partition des notes aprĂšs barre

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Concours : EAH ACCES ECHELLE REM.AGREGATION-PRIVE Section / option : 0426A ESPAGNOL Epreuve MatiÚre Notes Nb. présents Nb. admis

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 4 et < 5 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 4 et < 5 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 4 et < 5 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 5 et < 6 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 5 et < 6 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 5 et < 6 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 6 et < 7 2 1

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 6 et < 7 2 1

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 6 et < 7 2 1

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 7 et < 8 3 2

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 7 et < 8 3 2

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 7 et < 8 3 2

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 8 et < 9 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 8 et < 9 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 8 et < 9 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 12 et < 13 1 1

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 12 et < 13 1 1

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 12 et < 13 1 1

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 15 et < 16 1 1

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 15 et < 16 1 1

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 15 et < 16 1 1

203 EXPOSE PREPARATION COURS

Absent 1 0

203 EXPOSE PREPARATION

Absent 1 0

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15

COURS

203 EXPOSE PREPARATION COURS

Absent 1 0

ADMISSION RĂ©partition des notes aprĂšs barre

Concours : EAH ACCES ECHELLE REM.AGREGATION-PRIVE Section / option : 0426A ESPAGNOL Epreuve MatiÚre Notes Nb. présents Nb. admis

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 6 et < 7 1 0

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 6 et < 7 1 0

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 6 et < 7 1 0

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 7 et < 8 2 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 7 et < 8 2 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 7 et < 8 2 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 9 et < 10 3 0

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 9 et < 10 3 0

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 9 et < 10 3 0

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 11 et < 12 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 11 et < 12 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 11 et < 12 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 12 et < 13 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 12 et < 13 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 12 et < 13 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 16 et < 17 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 16 et < 17 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 16 et < 17 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 17 et < 18 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 17 et < 18 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

>= 17 et < 18 1 1

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

Absent 1 0

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

Absent 1 0

204 EXPLICATION LANG.ETR.TEXTE

Absent 1 0

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16

ADMISSION RĂ©partition des notes aprĂšs barre

Concours : EAI AGREGATION INTERNE Section / option : 0426A ESPAGNOL Epreuve MatiÚre Notes Nb. présents Nb. admis

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 2 et < 3 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 2 et < 3 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 2 et < 3 1 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 3 et < 4 6 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 3 et < 4 6 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

>= 3 et < 4 6 0

203 EXPOSE PREPARATION COURS

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ADMISSION RĂ©partition des notes aprĂšs barre

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ÉPREUVES ÉCRITES D’ADMISSIBILITÉ

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Rapport sur la Composition en Langue Étrangùre

Ă©tabli par RaphaĂ«le Plu-Jenvrin Sujet : ApoyĂĄndose en el estudio del MĂ©xico de los años 1810-1876, analice y comente la opiniĂłn formulada por el historiador Edmundo O’Gorman acerca de la primera constituciĂłn del MĂ©xico independiente, promulgada en 1824 : « [
] aquĂ­ [
] podemos decir que MĂ©xico se lanza desde entonces por la senda de una vida de adaptaciĂłn en vez del camino de una vida de libertad. Tal es, en definitiva, la explicaciĂłn mĂĄs cabal que puede darse del rosario de nuestras revoluciones sucesivas. » Edmundo O’Gorman, « PrĂłlogo », in Fray Servando Teresa de Mier, Ideario polĂ­tico, Caracas, Ayacucho, 1978, p. XXX. Lecture et approche du sujet

Le sujet de « Composition en Langue EtrangĂšre » de la session 2011 de l’AgrĂ©gation interne d’espagnol Ă©tait extrait du prologue de l’Ideario polĂ­tico de Fray Servando Teresa de Mier, rĂ©digĂ© en 1978 par l’historien mexicain Edmundo O’Gorman (1906-1995). Les correcteurs ont observĂ© que certains candidats n’ont pas pris la peine de lire convenablement l’énoncĂ©, attribuant Ă  Edmundo O’Gorman l’autoritĂ© de l’ouvrage citĂ©. Au-delĂ  de cette erreur, imputable Ă  un manque d’attention trĂšs prĂ©judiciable au traitement du sujet dans son ensemble, le jury Ă©tait en droit d’attendre des candidats qu’ils identifient un acteur majeur du processus de l’IndĂ©pendance du Mexique : avant d’ĂȘtre Ă©lu dĂ©putĂ© aux deux CongrĂšs constituants de 1822 et de 1823, Mier s’était distinguĂ© dĂšs 1811 comme un observateur critique et passionnĂ© des dĂ©bats des Cortes de Cadix ; associĂ© de la premiĂšre heure de l’expĂ©dition militaire du jeune officier libĂ©ral espagnol Francisco Javier Mina sur la cĂŽte nord du Golfe du Mexique, il y avait Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ© par les forces royalistes en 1817. Victime d’innombrables pĂ©ripĂ©ties judiciaires et emprisonnĂ© Ă  plusieurs reprises jusqu’en 1822, Mier fut aussi l’un des premiers intellectuels et politiques de l’époque Ă  s’élever contre l’Empire d’Iturbide, en vertu de convictions rĂ©publicaines qui ne l’empĂȘchĂšrent pas de s’opposer aux dĂ©putĂ©s de l’assemblĂ©e constituante de 1823-1824 dans son cĂ©lĂšbre discours dit de las profecĂ­as du 13 dĂ©cembre 1823, par lequel il mit en garde ses collĂšgues contre le danger d’adopter un fĂ©dĂ©ralisme empruntĂ© Ă  la Constitution des Etats-Unis Ă  laquelle les institutions du Mexique n’étaient nullement prĂ©parĂ©es.

Ces deux derniers Ă©lĂ©ments biographiques permettaient aux candidats de saisir le contexte historique d’une question dictĂ©e par Edmundo O’Gorman lui-mĂȘme : Ă  quelle libertĂ© le Mexique pouvait-il prĂ©tendre en 1824, trois ans aprĂšs une indĂ©pendance dont les conditions n’avait pas conduit Ă  l’adoption du rĂ©gime rĂ©publicain de gouvernement que les auteurs de la Constitution de 1824 embrassĂšrent pourtant de façon presque unanime en l’associant Ă  un fĂ©dĂ©ralisme importĂ© de modĂšles extĂ©rieurs ? Cette question Ă©clairait d’elle-mĂȘme les deux notions antagoniques de « libertad » et d’« adaptaciĂłn », qui renvoyaient respectivement au contexte antĂ©rieur Ă  1824 et aux Ă©tapes successives d’une indĂ©pendance acquise dans les

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circonstances laborieuses et complexes de compromis entre les « libertĂ©s » accordĂ©es par la Constitution libĂ©rale de Cadix – garanties par le Plan de Iguala et par la premiĂšre Constitution rĂ©publicaine et fĂ©dĂ©rale – et le maintien de certains piliers institutionnels hĂ©ritĂ©s de l’époque coloniale tels les fueros ecclĂ©siastiques et militaires. En d’autres termes, la diversitĂ© et la complexitĂ© du terrain culturel, idĂ©ologique et institutionnel sous-jacent Ă  la notion d’« adaptaciĂłn » soulignĂ©e par O’Gorman ne pouvait ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e qu’à l’aune d’une rĂ©flexion regroupant successivement l’échec des premiĂšres initiatives libĂ©rales de 1810-1814, le compromis du Plan de Iguala de 1821 et les traits principaux de la Constitution de 1824. Cette rĂ©flexion devait naturellement prendre en compte des idĂ©aux de « libertĂ© » envisagĂ©s par Miguel Hidalgo et JosĂ© MarĂ­a Morelos. On sait que leur implantation progressive en Nouvelle Espagne s’accompagna de l’application ponctuelle – et partielle – d’une Constitution de Cadix dont le Mexique ne put faire l’économie entre 1812 et 1821, bien que les rĂ©formes anticlĂ©ricales introduites en 1820 fussent Ă©cartĂ©es par les Ă©lites de l’époque, plus intĂ©ressĂ©es par l’extension des souverainetĂ©s locales auxquelles le libĂ©ralisme de Cadix avait ouvert la voie que par la rĂ©forme profonde de la sociĂ©tĂ© coloniale
 La recherche et la consolidation de telles prĂ©rogatives expliquaient Ă  leur tour l’adoption, en 1824, du fĂ©dĂ©ralisme comme promesse d’une libertĂ© – ou plus exactement de « libertĂ©s » – qui, en l’occurrence, ne renvoyait pas au sens que lui attribuait O’Gorman. Une libertĂ© illusoire, en somme, et source de nombreux maux, parmi lesquels le « rosario de revoluciones », Ă©voquĂ© Ă  la fin de la citation, ne fut pas le moindre et caractĂ©risa pleinement la pĂ©riode envisagĂ©e par le sujet. Rappelons que les connaissances convoquĂ©es par celui-ci n’étaient pas particuliĂšrement « techniques », mĂȘme si elles exigeaient des candidats une dĂ©marche de lecture et de rĂ©flexion qui devrait ĂȘtre entreprise en amont, dĂšs la publication officielle des programmes. Cette dĂ©marche est capitale car elle les familiarise avec la « problĂ©matisation » de certains aspects fondamentaux de la question et leur permet de mobiliser efficacement, le moment venu, les connaissances indispensables Ă  la comprĂ©hension et au traitement de tout sujet.

L’introduction et le plan

L’opinion de l’historien offrait ainsi – tout en la problĂ©matisant – une description trĂšs complĂšte de la situation telle qu’elle se prĂ©senta en 1824. Une copie le rappelle trĂšs justement en indiquant que « la citaciĂłn de O’Gorman nos lleva a preguntarnos en quĂ© medida el largo proceso de independencia y de construcciĂłn nacional no consagrĂł la libertad de MĂ©xico y [generĂł] tensiones. », avant de proposer un plan illustrant la dĂ©marche d’un(e) candidat(e) soucieux(se) de mettre ses connaissances au service du sujet : une condition qui ne pouvait ĂȘtre remplie que si ces derniĂšres avaient Ă©tĂ© prĂ©alablement mobilisĂ©es dans l’analyse des termes fondamentaux de l’énoncĂ© : l’objectif de ce travail prĂ©alable doit conduire Ă  un exposĂ© clair du lien logique existant entre ces termes et orienter les candidats vers quelques axes de rĂ©flexions susceptibles de les engager dans un projet de dĂ©monstration qu’ils articuleront sous la forme d’un plan.

Les candidats doivent garder Ă  l’esprit que l’analyse de l’énoncĂ©, l’exposition de la problĂ©matique – c’est-Ă -dire de la logique prĂ©sentĂ©e par cet Ă©noncĂ© – ainsi que l’annonce du plan constituent des Ă©lĂ©ments indispensables Ă  toute introduction en ce qu’ils annoncent les axes moteurs de l’ensemble de la dissertation. C’est dans l’introduction que le correcteur comprend que la question a Ă©tĂ© comprise ou au moins abordĂ©e avec sĂ©rieux et qu’il examine la capacitĂ© du candidat Ă  mettre ses connaissances au service de la rĂ©flexion convoquĂ©e par le sujet. De mĂȘme, la formulation claire et prĂ©cise d’un plan offre la garantie que le candidat est conscient de la nĂ©cessitĂ© de « conduire » et de « tenir » les Ă©tapes de ce qu’il entend dĂ©montrer. Cette annĂ©e, les correcteurs ont encore trop souvent lu des introductions confuses et peu abouties, Ă  l’instar de ces copies se limitant Ă  Ă©voquer les « conflits » nĂ©s de processus

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d’adaptation « a las circunstancias » ou en faisant de la Constitution de 1824 – explicitement dĂ©signĂ©e par O’Gorman comme le point de dĂ©part de la « senda de [la] vida de adaptaciĂłn » du Mexique indĂ©pendant – une simple date – ou « hito » – sans apporter davantage de prĂ©cisions et engageant par lĂ -mĂȘme leur travail dans une vĂ©ritable impasse. Certains candidats parvinrent Ă  faire renvoyer la notion d’adaptation aux « circonstances » de l’hĂ©ritage colonial et du poids laissĂ© par celui-ci dans les consciences et dans les institutions. L’approche Ă©tait correcte – quoique incomplĂšte – mais dĂ©jĂ , le mot « circonstances » – trop imprĂ©cis – ne semblait plus appropriĂ© et ne permettait pas d’exposer clairement les trois axes Ă©noncĂ©s par Edmundo O’Gorman comme autant de facteurs explicatifs des mĂ©canismes institutionnels et politiques propres Ă  la pĂ©riode 1824-1876.

Il convenait donc de voir dans la notion d’« adaptaciĂłn » les continuitĂ©s culturelles, politiques et institutionnelles qui marquĂšrent le long processus d’une indĂ©pendance que la Constitution de 1824 scella dĂ©finitivement. L’« adaptaciĂłn » renvoyait Ă©galement au fait que la construction de la nation mexicaine s’édifia au contact de modĂšles extĂ©rieurs dont le texte de 1824 constitua, lĂ  encore, un parfait exemple, dans la mesure oĂč il intĂ©gra divers modĂšles – la Constitution libĂ©rale de Cadix, la constitution rĂ©publicaine et fĂ©dĂ©rale des Etats-Unis – et aboutit Ă  un produit fondamentalement hybride qui ne provoqua pas de rupture brutale vis-Ă -vis de schĂ©mas anciens et ne permit donc pas Ă  la nouvelle nation de s’engager sur la voie d’une « libertĂ© » que l’on pouvait faire remonter Ă  la premiĂšre Ă©tape de l’indĂ©pendance de 1810-1815, sans perdre de vue le fait que – jusqu’à 1856-1857 – la volontĂ© de se libĂ©rer de la tutelle espagnole et de construire les premiers fondements d’une souverainetĂ© et d’une identitĂ© nationales n’impliqua pas de rupture majeure vis-Ă -vis d’une religion catholique conçue comme religion d’Etat ou des modalitĂ©s indirectes de la reprĂ©sentation politique. Rappeler cette premiĂšre Ă©tape du processus de l’indĂ©pendance mexicaine Ă©tait d’ailleurs une excellente façon d’aborder l’ambivalence de la notion de libertĂ© au cours du XIXĂšme siĂšcle : directement inspirĂ©e des LumiĂšres, elle renvoyait, d’une part, Ă  la dĂ©finition de libertĂ©s individuelles que les Constitutions de 1824 et de 1857 – qui les avaient garanties – ne parvinrent gĂ©nĂ©ralement pas Ă  faire respecter au cours du siĂšcle et, d’autre part, Ă  l’idĂ©al libĂ©ral portĂ© par JosĂ© MarĂ­a Morelos dans son cĂ©lĂšbre discours des Sentimientos de la NaciĂłn de 1813, dans lequel la libertĂ© apparaissait comme la consĂ©quence logique d’une Ă©galitĂ© juridique incarnĂ©e dans un État garant de la sĂ©paration et de l’équilibre des pouvoirs. Or, on sait que cette « libertĂ© » ne fut pas inscrite dans la premiĂšre Constitution du Mexique indĂ©pendant – qui avait prĂ©servĂ© les fueros ecclĂ©siastiques et militaires – et ne s’implanta pas davantage dans les faits, en dĂ©pit des efforts dĂ©ployĂ©s plus tard par les auteurs de la Constitution de 1857.

Le rosario de revoluciones Ă©voquĂ© par Edmundo O’Gorman renvoyait aux consĂ©quences diverses de ce processus selon lequel les diffĂ©rentes adaptations du Mexique aux modĂšles extĂ©rieurs – y compris ceux qui, Ă  l’instar du libĂ©ralisme du milieu du siĂšcle, constituĂšrent de puissants vecteurs de rupture – ne permirent pas Ă  la nation d’acquĂ©rir la libertĂ© qu’avaient imaginĂ©e – et sans doute idĂ©alisĂ©e – les premiers acteurs de l’indĂ©pendance. Si les raisons de ces « revoluciones » furent multiples et variĂšrent d’ailleurs souvent au cours des cinq dĂ©cennies envisagĂ©es par le sujet, l’on pouvait en souligner certaines constantes, Ă  condition de savoir exactement ce que l’on entendait par un terme dont les correcteurs ont admis plusieurs acceptions selon les pĂ©riodes envisagĂ©es par les candidats. S’il ne fait aucun doute que le « rosario de revoluciones » renvoyait avant tout Ă  la difficultĂ© de faire coexister au sein de la nouvelle nation des institutions laĂŻques et ecclĂ©siastiques en rivalitĂ© croissante au cours du siĂšcle (le rappel des violentes tensions engendrĂ©es par les initiatives de ValentĂ­n GĂłmez FarĂ­as en 1833-34 et celles de la gĂ©nĂ©ration libĂ©rale des annĂ©es 1850 s’avĂ©rait ici indispensable) il convenait aussi de souligner le rĂŽle moteur des armĂ©es dans les pronunciamientos qui Ă©maillĂšrent le siĂšcle : de Santa Anna Ă  Porfirio DĂ­az, les armĂ©es

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constituĂšrent Ă  la fois la cause et la consĂ©quence de l’instabilitĂ© politique, en vertu des puissantes rivalitĂ©s qui s’exercĂšrent entre le centre et la pĂ©riphĂ©rie et d’un cercle vicieux qui les rendait indispensables au maintien de fueros garantissant un prestige longtemps indissociable de la conception que l’on se faisait alors de l’homme d’Etat providentiel – Santa Anna en constitua la meilleure illustration1 – mais aussi Ă  ces « revoluciones » conduites au nom d’aspirations libĂ©rales en constante progression au cours du siĂšcle. Afin de mettre en relief la conjugaison de ces divers facteurs, il s’avĂ©rait particuliĂšrement judicieux de mentionner la « revoluciĂłn » d’Ayutla qui inaugura, en fĂ©vrier 1854, la longue pĂ©riode d’un libĂ©ralisme dont la lente progression s’exerça sur le terrain d’une instabilitĂ© politique et militaire que seule la dictature de Porfirio DĂ­az – un autre hĂ©ros libĂ©ral des annĂ©es 1850-1860 – finit par juguler. De fait, si le mot renvoyait Ă  des phĂ©nomĂšnes trĂšs divers, il Ă©tait aussi celui qui caractĂ©risait le mieux l’intĂ©gralitĂ© de la pĂ©riode envisagĂ©e par le sujet
 et l’expliquer revenait, logiquement, Ă  corroborer l’opinion d’Edmundo O’Gorman en la situant dans le prolongement de 1824.

En raison de la difficultĂ© de conduire une plan transversal impliquant de traiter simultanĂ©ment l’équation posĂ©e par le sujet et la diversitĂ© des facteurs Ă  analyser sur une pĂ©riode aussi longue, il Ă©tait fortement recommandĂ© aux candidats d’adopter un plan de type chronologique, Ă  l’instar de cette copie plutĂŽt satisfaisante Ă©voquant la pertinence de l’opinion selon laquelle « la ou las sendas de una vida de adaptaciĂłn » s’opposĂšrent Ă  la « libertĂ© » et la façon dont ces modalitĂ©s d’adaptation engendrĂšrent un « rosario de revoluciones ». Tel(le) autre candidat(e) s’est proposĂ© de mettre en Ă©vidence les origines de la Constitution de 1824 et de dĂ©montrer en quoi cette derniĂšre consacra le dĂ©but de ce que l’on croyait ĂȘtre « una vida de libertad », avant d’évoquer « las particularidades de un paĂ­s que le obligaron a distinguirse de algunos modelos y a adaptarse a otros », posant finalement la question de savoir si « el tranquilo camino de una vida de libertad no era [
] una utopĂ­a en el MĂ©xico del siglo XIX » et si cette « vida de adaptaciĂłn » pouvait ĂȘtre analysĂ©e comme « una etapa necesaria para conseguir la libertad ». Une autre trĂšs bonne copie a proposĂ© d’examiner « [los] aspectos [que] tomaron las primeras reivindicaciones [por] la « libertad » [en] MĂ©xico y contra quĂ© se realizaron », avant d’annoncer un deuxiĂšme axe centrĂ© sur la Constitution de 1824 et ses compromis comme autant de facteurs d’ « adaptation » politique, mais aussi de conflits expliquant Ă  leur tour des « revoluciones posteriores » envisagĂ©es comme des « reajustes intitucionales [necesarios y reveladores del] traumĂĄtico intento de [
] MĂ©xico por adaptarse a su realidad. » Quand bien mĂȘme y relĂšverait-on encore quelques maladresses, les exemples qui prĂ©cĂšdent avaient le mĂ©rite d’offrir aux correcteurs l’essentiel des prĂ©-requis mĂ©thodologiques qu’ils Ă©taient en droit d’attendre, Ă  savoir, une bonne comprĂ©hension de la problĂ©matique du sujet et sa prise en compte dans chacune des Ă©tapes du plan annoncĂ©.

Un certain nombre de candidats a cru voir dans l’avĂšnement du libĂ©ralisme des annĂ©es 1850 un argument clĂ© propre Ă  rĂ©futer d’emblĂ©e – c’est-Ă -dire dĂšs l’introduction – le constat sans appel d’Edmundo O’Gorman. D’autres candidats – eux aussi probablement dĂ©sorientĂ©s par le bilan lucide et volontiers iconoclaste qu’il dressait de la Constitution de 1824 – annoncĂšrent une derniĂšre partie consacrĂ©e aux acquis de la RĂ©forme de 1856-1859 sans s’apercevoir que leurs explications – si elles se fondaient sur des connaissances correctes en la matiĂšre – ne pouvaient que les acheminer vers une impasse, comme l’ont illustrĂ© nombre de contradictions et d’incohĂ©rences qu’ils ne parvenait plus Ă  rĂ©soudre dĂšs lors qu’ils se rĂ©fĂ©raient aux limites de la RĂ©forme. Avant de revenir sur cette erreur d’apprĂ©ciation, on signalera ici qu’une dissertation ne doit pas ĂȘtre obligatoirement « disputatoire » – c’est-Ă -dire annoncer une prise de position vis-Ă -vis de l’énoncĂ© – ni proposer ce que l’on appelle traditionnellement une « antithĂšse » du sujet. Il est parfaitement possible de conduire une 1 Un aspect qu’il convenait aussi de replacer dans un siĂšcle caractĂ©risĂ© par les constantes menaces extĂ©rieures que subit le Mexique de 1823 Ă  1867.

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dissertation en expliquant et en argumentant les propos d’un auteur dans la mesure oĂč cette dĂ©marche offre toujours les jalons nĂ©cessaires Ă  la nuance. En l’occurrence, si l’opinion d’O’Gorman ne pouvait raisonnablement ĂȘtre rĂ©futĂ©e, elle pouvait Ă©ventuellement ĂȘtre nuancĂ©e. DĂ©veloppement du sujet

Une dissertation est un exercice codifiĂ© dont certaines rĂšgles Ă©lĂ©mentaires ont Ă©tĂ©, cette annĂ©e encore, trop souvent oubliĂ©es. Signalons tout d’abord l’exigence fondamentale que constitue l’usage d’une langue appropriĂ©e, c’est-Ă -dire d’un lexique, d’une grammaire et d’une syntaxe irrĂ©prochables sans lesquels aucune dĂ©monstration rigoureuse ne saurait ĂȘtre envisagĂ©e. On rappellera aussi dans l’immĂ©diat que l’exercice ne consiste pas Ă  utiliser une citation comme prĂ©texte Ă  un rĂ©cit de l’histoire du Mexique au XIXĂšme siĂšcle. Les correcteurs ont encore observĂ© cette erreur de mĂ©thode dans une quantitĂ© considĂ©rable de copies qui, passĂ©e une introduction vague et incertaine, s’engagĂšrent dans des dĂ©veloppements omettant simplement de rappeler, sinon la problĂ©matique initiale, au moins ses termes principaux. Au moment de rĂ©diger, les candidats doivent avoir conscience que ces longs dĂ©veloppements hors-sujet sont toujours logiquement – et lourdement – sanctionnĂ©s. Une dissertation doit exposer la logique d’une dĂ©monstration, ce qui implique de rĂ©diger de façon aussi rigoureuse que possible un discours cohĂ©rent fait d’enchaĂźnements et de transitions par le biais desquelles on fera « le point » sur les Ă©tapes successives de la dĂ©monstration, gĂ©nĂ©ralement Ă  la fin de chaque partie. Soulignons cependant la difficultĂ© – voire l’impossibilitĂ© – de construire une argumentation sans rĂ©fĂ©rence bibliographique solide : cette annĂ©e, les correcteurs ont ainsi trop souvent dĂ©plorĂ© la pauvretĂ© des corpus utilisĂ©s, ou leur inadĂ©quation, Ă  l’instar de ces candidats ayant justifiĂ© l’ensemble de leurs approches par des citations extraites de l’Ɠuvre d’Octavio Paz El laberinto de la soledad, un essai qui, en dĂ©pit des brillantes images qu’il a laissĂ©es de l’histoire du Mexique2 ne pouvait suffire Ă  lui seul Ă  alimenter la connaissance du sujet. Et ce n’est pas faire injure Ă  cet auteur majeur du XXĂšme siĂšcle que de le rappeler : lui-mĂȘme n’a jamais prĂ©tendu faire Ɠuvre d’historien et, s’il Ă©tait possible et mĂȘme souhaitable de convoquer certaines lignes de son essai pour enrichir l’argumentation, il n’était absolument pas suffisant de faire reposer l’ensemble des connaissances requises sur sa seule lecture. Que cet exemple soit ici l’occasion d’insister sur la nĂ©cessitĂ© de lire au moins deux ouvrages consacrĂ©s Ă  toute question au programme, une lecture que l’on enrichira, si possible, de celle de quelques articles. On a vu prĂ©cĂ©demment que ce travail est indispensable au mĂ»rissement d’une rĂ©flexion que tous les candidats devraient ĂȘtre capables de mettre au service de la comprĂ©hension des sujets et des problĂ©matiques qu’il convoque.

On conclura ce rapport par l’évocation de certaines erreurs d’apprĂ©ciation que de nombreux candidats ont commises Ă  propos du libĂ©ralisme tel qu’il s’est consolidĂ© au Mexique durant la seconde moitiĂ© du XIXĂšme siĂšcle. Rappelons tout d’abord un fait majeur que tout candidat ayant convenablement travaillĂ© la question ne pouvait ignorer : A la fin du XIXĂšme siĂšcle, le libĂ©ralisme fit l’objet d’une relecture et d’une rĂ©Ă©criture officielles – c’est-Ă -dire politiques – indispensable Ă  la consolidation des rĂ©gimes et des gouvernements qui, dĂšs lors, s’en rĂ©clamĂšrent - y compris aprĂšs la RĂ©volution de 1910 – pour se forger une lĂ©gitimitĂ©. Alors que les historiens s’attachent depuis plusieurs dĂ©cennies Ă  « dĂ©poussiĂ©rer » l’ensemble de l’histoire de la seconde partie du XIXĂšme siĂšcle, la lecture de certains faits erronĂ©s que l’on a pu retrouver dans certaines copies donne la mesure des idĂ©es reçues et des anachronismes qu’a pu engendrer une historiographie vieille de plus d’un siĂšcle. Il est ainsi 2 Sur ce point, voir la confĂ©rence de David Brading, Octavio Paz y la poĂ©tica de la historia mexicana, MĂ©xico, Fondo de Cultura EconĂłmica, 2002.

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surprenant de lire encore aujourd’hui que Benito JuĂĄrez prĂ©tendit instaurer une « rĂ©forme agraire » ou « un reparto agrario » : faut-il rappeler que, parmi la gĂ©nĂ©ration libĂ©rale des annĂ©es 1850, seule une minoritĂ© Ă©tait favorable Ă  ce type d’initiative3 ? Plus gĂ©nĂ©ralement, de nombreux candidats se sont complu dans un simplisme trĂšs prĂ©judiciable au traitement du sujet, comme l’illustre la contradiction entre ce que certains ont appelĂ© le « triomphe » du libĂ©ralisme et ses initiatives de « justicia, igualdad y libertad » et les limites de la RĂ©forme sur le terrain des communautĂ©s indiennes
 Sans tirer le moindre commentaire d’un paradoxe exposĂ© de façon aussi flagrante. Cet exemple illustre le manque de maĂźtrise dont ont fait preuve de nombreux candidats vis-Ă -vis d’une pĂ©riode parfois complexe qu’il convenait replacer rigoureusement dans son contexte.

La mĂȘme remarque s’applique au traitement de BĂ©nito JuĂĄrez : comme tout politique et comme tout homme d’État, JuĂĄrez usa de stratĂ©gies et de calculs pour imposer son autoritĂ© et celle de la gĂ©nĂ©ration qui l’accompagnait. De trop nombreuses copies laissent entendre que la « rĂ©action » de JuĂĄrez Ă  la suite de l’intervention française au Mexique « fonda rĂ©ellement la nation », comme s’il s’était agi d’une sorte de miracle par lequel une gĂ©nĂ©ration parvint – on ne sait trop comment d’ailleurs – Ă  instaurer la « libertĂ© ». Il faut Ă©galement rappeler que la guerre de 1846-1848 ne contribua pas Ă  renforcer l’idĂ©e de nation, comme on a pu encore le lire ici et lĂ  : Ă  cette Ă©poque, seuls sept Ă©tats envoyĂšrent des soldats combattre l’armĂ©e nord-amĂ©ricaine, et de nombreux libĂ©raux parmi les plus Ă©minents d’entre eux Ă©voquaient ouvertement les avantages d’une annexion pure et simple du Mexique par les Etats-Unis. De mĂȘme, et pour revenir Ă  1867, seuls la tĂ©nacitĂ© politique et le discours de Benito JuĂĄrez contribuĂšrent Ă  façonner l’image d’un Mexique « uni » contre l’« envahisseur ». Telle Ă©tait effectivement la tĂąche d’un homme qui, dans les circonstances d’alors, ne pouvait asseoir son autoritĂ© qu’en engageant quelques actes symboliques majeurs, comme en tĂ©moignĂšrent l’exĂ©cution de Maximilien et les discours qu’il prononça quelques semaines avant l’élection prĂ©sidentielle de 1867. On rappelle ces Ă©vĂ©nements pour tenter de rectifier les analyses simplistes voire erronĂ©es de la pĂ©riode de la RĂ©forme, mais aussi pour rappeler que, si les Ă©vĂ©nements de 1867 affirmĂšrent l’indĂ©pendance du Mexique vis-Ă -vis des puissances Ă©trangĂšres, tout, ou presque, restait Ă  consolider sur le terrain intĂ©rieur. Plus que de libertĂ©, il eĂ»t Ă©tĂ© plus exact d’évoquer les fondements de la « libertĂ© ». Rien de plus, certes, mais rien de moins : exposĂ© avec la rigueur et la justesse nĂ©cessaires, le libĂ©ralisme des annĂ©es 1856-1872 pouvait ainsi contribuer nuancer les propos d’Edmundo O’Gorman en les situant dans le prolongement du siĂšcle.

Quoi qu’il en soit, s’attarder trop longuement sur la « libertĂ© » acquise par la gĂ©nĂ©ration libĂ©rale sur le terrain des interventions Ă©trangĂšres conduisaient les candidats Ă  s’éloigner considĂ©rablement du sujet. N’oublions pas qu’Edmundo O’Gorman faisait rĂ©fĂ©rence Ă  la « libertĂ© » inspirĂ©e des idĂ©aux d’Hidalgo et de Morelos, idĂ©aux que les libĂ©raux appliquĂšrent en tant qu’acteurs de leur Ă©poque. S’il Ă©tait indispensable de souligner les efforts dĂ©ployĂ©s par cette gĂ©nĂ©ration pour sĂ©culariser les institutions mexicaines, il fallait Ă©galement rappeler que les « idĂ©aux » d’ « Ă©galitĂ© » partagĂ©s par l’ensemble de cette gĂ©nĂ©ration se limitĂšrent prĂ©cisĂ©ment Ă  la suppression des fueros ecclĂ©siastiques et militaires et aux Lois de RĂ©forme de 1859. La gĂ©nĂ©ralisation du suffrage universel fut un Ă©chec sur le terrain complexe des intĂ©rĂȘts des Ă©lites locales – de ce point de vue, la pĂ©riode 1867-1876 fut d’ailleurs riche en « revoluciones » – et on sait que le rĂ©sultat de la mise en vente des biens des corporations ne contribua nullement Ă  la crĂ©ation d’une « bourgeoisie » de petits propriĂ©taires uniformĂ©ment distribuĂ©e sur le territoire. L’adaptation du modĂšle libĂ©ral tel qu’il s’était dĂ©veloppĂ© aux Etats-Unis se heurta Ă  des rĂ©alitĂ©s historiques et locales dont la rĂ©forme n’était finalement souhaitĂ©e que par une minoritĂ© : rappelons que les impĂŽts directs ne furent jamais mis en place, que la 3 Notons au passage que ces termes, issus d’un lexique issu de la rĂ©volution de 1910, Ă©taient largement anachroniques.

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« empleomanĂ­a » si dĂ©criĂ©e par les premiers acteurs de l’indĂ©pendance demeura une rĂ©alitĂ© et que la desamortizaciĂłn contribua Ă  la gĂ©nĂ©ralisation et Ă  la consolidation de la grande propriĂ©tĂ© agraire. C’est alors que la notion d’« adaptaciĂłn » rĂ©apparaissait comme une Ă©vidence au fil des exemples citĂ©s
 Mais, comme l’a trĂšs justement remarquĂ© un(e) candidat(e) : pouvait-il en ĂȘtre autrement ?

De bonnes copies concluaient sur le constat lucide des limites Ă©videntes de cette « libertĂ© » que la premiĂšre Constitution de 1824 n’avait pas garantie. Rappelant opportunĂ©ment la cĂ©lĂšbre citation d’Alfonso Reyes pour qui « MĂ©xico llegĂł tarde al banquete de la civilizaciĂłn occidental », certains candidats Ă©voquĂšrent de façon trĂšs pertinente les nouvelles significations que revĂȘtirait la notion de libertĂ© au terme d’un siĂšcle durant lequel l’adaptation sous toutes ses formes – qu’il s’agisse d’adaptation Ă  des modĂšles idĂ©ologiques et institutionnels extĂ©rieurs ou aux « circunstancias adversas en que la ley opera », pour reprendre le cĂ©lĂšbre euphĂ©misme de Daniel CosĂ­o Villegas – s’était manifestĂ©e comme la condition nĂ©cessaire Ă  l’existence d’une nation nĂ©e de compromis incertains et souvent complexes : ceux-lĂ  mĂȘmes qui avaient entravĂ© les fondements de la « libertĂ© » telle que l’avait envisagĂ©e JosĂ© MarĂ­a Morelos dans une lettre adressĂ©e en 1813 Ă  AndrĂ© Quintana Roo : « Quiero que tenga [la naciĂłn] un gobierno dimanado del pueblo y sostenido por el pueblo
 Quiero que hagamos la declaraciĂłn de que no hay otra nobleza que la de la virtud, el saber, el patriotismo y la caridad ; que todos somos iguales pues del mismo origen procedemos ; que no haya privilegios ni abolengos ; que no es racional, ni humano, ni debido que haya esclavos ; pues el color de la cara no cambia el del corazĂłn ni el pensamiento ; que se eduque a los hijos del labrador y del barretero como a los del mĂĄs rico hacendado, que todo el que se queje con justicia, tenga un tribunal que lo escuche, que lo ampare y lo defienda contra el fuerte y al arbitrario
4 ». Les institutions mexicaines avaient certes considĂ©rablement Ă©voluĂ© en 1876, mais nul ne saurait raisonnablement avancer que les questions abordĂ©es par Morelos plus de 60 ans auparavant avaient Ă©tĂ© rĂ©solues. Elles ne le seraient pas davantage aprĂšs une RĂ©volution que de trop nombreux candidats tendaient encore Ă  idĂ©aliser dans leurs conclusions, dĂ©laissant tout esprit de nuance.

4 CitĂ© dans JosĂ© MarĂ­a Morelos y PavĂłn, Sentimientos de la NaciĂłn precedido por « El Siervo de la NaciĂłn »,de Felipe Garrido, MĂ©xico, Summa Mexicana – Conaculta, 2010, p. 13-14.

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ÉPREUVES ÉCRITES D’ADMISSIBILITÉ

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RAPPORT SUR L’ÉPREUVE ÉCRITE DE TRADUCTION : THÈME

Rapport établi par M. José Iriarte

LE TEXTE PROPOSÉ

Le texte proposĂ© aux candidats lors de cette session Ă©tait empruntĂ© au Voyage en Espagne de ThĂ©ophile Gautier, publiĂ© en 1843. On connaĂźt les multiples facettes de cet auteur plus vraiment romantique et pas encore rĂ©aliste. On retiendra pour le texte qui nous occupe que ce fut un grand voyageur ne rĂ©sistant pas Ă  l’attrait de l’aventure et Ă  ses descriptions souvent pittoresques et journalistiques. On sait en outre que ThĂ©ophile Gautier fut un Ă©crivain aux talents de peintre et qu’il est considĂ©rĂ© au XIXe siĂšcle, comme l’écrivain photographique par excellence On reconnaĂźt dans la page ici proposĂ©e les talents du « daguerrĂ©otype littĂ©raire », tel qu’il s’est lui mĂȘme qualifiĂ© comparant ses descriptions avec des clichĂ©s. Il fait ici partager au lecteur lors de son voyage en Espagne, son arrivĂ©e Ă  Gibraltar aprĂšs avoir traversĂ© l’Andalousie et dĂ©couvert Grenade et Murcie notamment. Reconnu comme « Ă©crivain de la surface », ThĂ©ophile Gauthier veut donner Ă  voir les paysages qu’il dĂ©couvre («on ne sait plus oĂč l’on est ni ce que l’on voit», «à peine l’aperçoit-on».), et ainsi abolir les distances en invitant le lecteur Ă  partager l’image qu’il lui apporte Ă  domicile («Figurez-vous un immense rocher»). Le narrateur nous propose un Voyage dans un fauteuil, vivant (« La santĂ© ne nous ayant trouvĂ© aucune infection, nous fĂ»mes abordĂ©s par les canots».
), pittoresque («les villes moresques», « les Anglais
. charrient leur intĂ©rieur sur leur dos, comme de vrais colimaçons  »), chatoyant de toutes les couleurs (« la verte vĂ©gĂ©tation », « les cottages aux grilles et aux barriĂšres peintes» ), et d’une grande prĂ©cision (« Les promenades et leurs fossĂ©s, leurs portes bĂątardes», «les jardins sont plantĂ©s de frĂȘnes, de bouleaux, d’ormes» ). Tous les traits qui se sont fixĂ©s dans la mĂ©moire de l’auteur reparaissent dans son rĂ©cit avec la fidĂ©litĂ© d’une Ă©preuve photographique, et les sentiments et les pensĂ©es apparaissent au fil des Ă©vocations (« que d’outils il faut pour vivre Ă  ces honnĂȘtes insulaires
.et combien je prĂ©fĂšre
 »).

La plus grande vigilance des candidats Ă©tait donc requise pour identifier la grande implication du narrateur dans ce rĂ©cit et ainsi Ă©viter les erreurs de focalisation. En outre la minutie du regard portĂ© ainsi que la profusion des dĂ©tails exigeait la connaissance d’un lexique diversifiĂ© et prĂ©cis, accessible Ă  des candidats coutumiers des descriptions, et des textes littĂ©raires en gĂ©nĂ©ral. Par consĂ©quent ce passage Ă©tait de nature Ă  permettre aux candidats bien prĂ©parĂ©s de faire la preuve d’une bonne culture gĂ©nĂ©rale, de capacitĂ©s d’analyse d’un texte de style particulier et d’une connaissance de registres lexicaux diversifiĂ©s. REMARQUES GENERALES

Il faut avant tout fĂ©liciter ceux qui ont satisfait tout Ă  fait honorablement, brillamment pour certains, aux exigences de l’épreuve. Nous voudrions cependant rappeler aux candidats malheureux que la maĂźtrise d’un niveau de langue suffisant ne dispense pas de la nĂ©cessitĂ© de se familiariser avec les spĂ©cificitĂ©s de la pratique de la traduction. « Traduire, c’est faire que

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ce qui Ă©tait Ă©noncĂ© dans une langue le soit dans une autre en tendant Ă  l’équivalence sĂ©mantique et expressive des deux Ă©noncĂ©s » (Le Robert). Cette Ă©preuve teste une pratique linguistique qui recouvre le sens de la langue, une maĂźtrise de la grammaire, et la possession d’un bagage lexical riche et nuancĂ©. Il faut par consĂ©quent Ă©viter quelques erreurs de mĂ©thode :

– l’omission : il s’agit d’une faute lourdement pĂ©nalisĂ©e (« consigo », « adelante », « para vivir », « de verdad » ) – les gloses : « las placas metĂĄlicas », « las chapas recortadas y barnizadas », « esos hierros recortados y barnizados »  – le non-respect des registres de langue : «dar con sus huesos » pour « vous tombez subitement » .. – le recours Ă  des traductions fantaisistes pour des termes d’usage somme toute courant : ainsi «colimaçon» a Ă©tĂ© traduit par «transportista »,« albañil »,« escarabajo », « escargote » .. – les rajouts injustifiĂ©s (« ahora estĂĄ en Inglaterra », « uno ya no sabe ni dĂłnde estĂĄ »  – l’emploi quasi systĂ©matique des semi-auxiliaires ou des sur-traductions (« suele vivir como si estuviera en Londres » ) – la traduction gallicisante (« estar en buena salud », « hacer un paso », « bordados de ĂĄrboles », « los canotes » ) – les contournements (« ĂĄrboles » pour « fresnos, abedules, olmos » .)

Afin d’aider les candidats Ă  intĂ©grer les exigences de l’exercice, et de suggĂ©rer les prioritĂ©s

dans le travail de prĂ©paration, nous mettrons maintenant l’accent sur les carences constatĂ©es le plus frĂ©quemment dans les copies :

- la non maĂźtrise d’un lexique d’usage courant : les briques/ les barriĂšres/ les fossĂ©s/ le feuillage
.

- les carences lexicales rĂ©vĂ©lant des carences culturelles : « moresques » rendu par « moras », « morescas », « morunas » 

- les emplois de « ser » et « estar » - les erreurs de focalisation du pronom indĂ©fini : « on ne sait plus », « Ă  peine l’aperçoit-

on » . - la mauvaise traduction du rĂ©flĂ©chi : « ils emportent avec eux », « qu’il traĂźne aprĂšs

lui »  - les prĂ©positions souvent mal employĂ©es : « les fenĂȘtres Ă  guillotine », « les maisons de

briques », « les cottages aux grilles », « il faut pour vivre », « pour ĂȘtre Ă  leur aise », « que de mal ils se donnent pour » 

- l’emploi erronĂ© des dĂ©ictiques : « ces dĂ©coupures de tĂŽles », « ces honnĂȘtes insulaires », « ces recherches » 

- les fautes d’accord de « hacer falta » : «Que d’outils il faut Ă  ces honnĂȘtes insulaires pour vivre » 

- les erreurs d’accentuation : ajout (« brĂșscamente », « ni lo quĂ© » ), ou omission (« uno ya no sabe donde », « este donde este », «paises», ainsi que les accents sur les exclamatifs : « ÂĄcuanto trabajo ! », « ÂĄcuantas herramientas ! » )

- la traduction de la tournure exclamative : « que d’outils », « que de mal »  - les omissions de la ponctuation dans la tournure exclamative - la traduction de la locution concessive : « en quelqu’endroit qu’un Anglais se trouve »

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Pour finir, nous souhaiterions communiquer aux candidats ces quelques conseils maintes fois énoncés dans les rapports.

MĂȘme si le temps est rĂ©duit il est nĂ©cessaire d’opĂ©rer plusieurs lectures minutieuses afin de s’imprĂ©gner du texte, d’en percevoir la tonalitĂ© et d’en dĂ©gager les grandes articulations/ structures. Les erreurs d’interprĂ©tation pourront ainsi ĂȘtre Ă©vitĂ©es.

AprĂšs la rĂ©daction d’un premier jet destinĂ© Ă  s’assurer d’une comprĂ©hension exacte des contenus du texte, il convient de vĂ©rifier la correction syntaxique des propositions de traduction pour ensuite restituer les effets de sens du texte d’origine, chaque langue offrant des caractĂ©ristiques propres dans ses rĂ©alisations discursives d’un mĂȘme contenu sĂ©mantique. Il faudra alors mobiliser expressions lexicalisĂ©es et tournures idiomatiques. Une ultime relecture permettra de porter un regard critique sur la traduction, de rectifier les erreurs d’accentuation, de corriger les fautes d’orthographe ainsi que les Ă©ventuelles fautes d’accord.

Bibliographie : Outre la lecture des rapports des sessions prĂ©cĂ©dentes, vĂ©ritable mine de renseignements sur les attendus de l’épreuve, on pourra consulter les ouvrages suivants : Alarcos Llorach, Emilio, GrĂĄmatica de la lengua española, Real Academia Española, Madrid, Espasa

Calpe, 1999. Bedel, Jean-Marc, Grammaire de l’espagnol moderne, Paris PUF 2002. Belot, Albert, Espagnol Mode d’emploi, Paris, Ellipses, 1997. Camprubi, Michel, Etudes fonctionnelles de grammaire espagnole, Toulouse, PUM, 1990. Colin, J-Paul, Dictionnaire des difficultĂ©s du français, Paris, Dictionnaire Le Robert, 1994. Freysselinard, Eric, Ser y estar, le verbe ĂȘtre en espagnol, Paris, Ophrys, 1998. Gerboin, P. et Leroy, C., Grammaire d'usage de l'espagnol contemporain, Paris, Hachette, 1992. P.J Guinard, Guide du thĂšme espagnol, A. Colin, 1971. P. Salomon, La pratique du thĂšme espagnol, Ophrys 1986. H. Gil et Y. Macchi, Le thĂšme littĂ©raire espagnol, Paris, Nathan, 2000. Gili Gaya, Samuel, Curso superior de sintaxis española, Barcelona, Vox, 1993. Grevisse, Maurice, Le bon usage, Paris, Duculot, 1986. Real academia española, Esbozo de una nueva gramĂĄtica de la lengua española, Madrid, Espasa

Calpe, 1979. Real Academia Española, Asociación de Academias de la lengua española, Diccionario panhispånico

de dudas, Madrid Santillana, ediciones generales, 2005. Dictionnaires unilingues espagnols: Seco Manuel, Diccionario de dudas y dificultades de la lengua española, Madrid Espasa Calpe, 1986 Moliner MarĂ­a, Diccionario de uso del español, Madrid Gredos Real Academia Española, Diccionario de la lengua española Seco Manuel, AndrĂ©s Olimpia, Ramos Gabino, Diccionario del español actual, Madrid Aguilar, 1999 Dictionnaires unilingues français: Alain Rey (dir.), Grand Robert de la Langue française Émile LittrĂ©, Dictionnaire de la langue française Dictionnaires bilingues: Grand dictionnaire bilingue, Paris Larousse 2007 Maraval, M. et Pompidou, L., Dictionnaire espagnol-français, Ed. Hachette. A consulter en ligne: http://www.rae.es

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TRADUCTION PROPOSEE El aspecto de Gibraltar desfasa por completo la imaginaciĂłn, uno ya no sabe dĂłnde estĂĄ ni lo que ve. FigĂșrese una inmensa roca, o mejor dicho una montaña de mil quinientos pies de altura, que de repente surge bruscamente desde mar adentro a una tierra tan llana y tan baja que apenas la vislumbra uno. Por no encontrarnos Sanidad ninguna infecciĂłn, nos abordaron las canoas, y a los quince minutos estĂĄbamos en tierra. El efecto producido por la fisonomĂ­a de la ciudad es de lo mĂĄs raro. Al dar un paso adelante, anda uno quinientas leguas ; es algo mĂĄs que Pulgarcito con sus famosas botas. Hace un momento estaba uno en AndalucĂ­a ; estĂĄ en Inglaterra. De las ciudades moriscas del reino de Granada y de Murcia, de repente da uno con Ramsgate.He aquĂ­ las casas de ladrillo con sus zanjas, sus puertas bastardas, sus ventanas de guillotina, exactamente lo mismo que en Twickenahm o en Richemond. AdentrĂĄndose un poco mĂĄs, encontrarĂĄ uno los cottages de rejas y barreras pintadas. Los paseos y los jardines vienen plantados con fresnos, abedules, olmos y con la vegetaciĂłn verde del norte, tan distinta de esos recortes de chapa barnizada que dan por follaje en los paĂ­ses meridionales. Los ingleses tienen una individualidad tan marcada que son iguales en todas partes y de verdad no sĂ© por quĂ© viajan, porque se llevan consigo todas sus costumbres, y cargan con su hogar en la espalda como autĂ©nticos caracoles. Dondequiera que se encuentre un inglĂ©s, vive exactamente como si estuviera en Londres ; le hacen falta el tĂ©, el bistĂ©, las tartas de ruibarbo, el porter y el jerez de hallarse bien, y los calomelanos de hallarse mal. Mediante las innumerables cajas que arrastra consigo, consigue el inglĂ©s en cualquier lugar el home y el comfort necesarios a su existencia. ÂĄCuĂĄntas herramientas les hacen falta para vivir a esos honrados insulares, cuĂĄnto se esfuerzan por andar cĂłmodos y cuĂĄnto prefiero a esos refinamientos y complicaciones la sobriedad, y la indigencia españolas ! COMMENTAIRE DE LA TRADUCTION 1 L’aspect de Gibraltar dĂ©payse tout Ă  fait l’imagination ; El aspecto de Gibraltar desfasa/ desorienta por completo/ completamente/ del todo/ la imaginaciĂłn La difficultĂ© essentielle de ce passage rĂ©sidait sur la traduction du verbe «dĂ©payser». Nombre de candidats ont ici proposĂ© des traductions tĂ©moignant d’une incomprĂ©hension du texte de dĂ©part ainsi que d’une mĂ©connaissance de l’espagnol : « Evadir », «cambiar de aires », «llevar a » ont Ă©tĂ© lourdement pĂ©nalisĂ©s. « desconcierta », « trastorna », « despista », « distrae », ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme de lĂ©gers faux sens. 2 l’on ne sait plus oĂč l’on est ni ce que l’on voit. uno ya no sabe/ mĂĄs/ dĂłnde estĂĄ/ se encuentra/ ni/ tampoco/ lo que ve/ estĂĄ viendo Une lecture attentive du texte permettait de saisir la grande implication du narrateur dans la description des paysages qu’il dĂ©couvrait. Par consĂ©quent le recours au pronom personnel indĂ©fini de la 3Ăš personne du singulier « uno » s’imposait ici. La traduction par la premiĂšre personne du pluriel constituait bien entendu une lourde erreur de focalisation. L’épreuve de traduction nĂ©cessite une grande prĂ©cision d’analyse afin d’éviter les omissions. Ne plus savoir, c’est ne plus savoir dĂ©sormais. Ainsi l’idĂ©e d’interruption exprimĂ©e par la locution « ne
plus », devait ĂȘtre nĂ©cessairement rendue par l’adverbe « ya ». L’absence d’accent sur le terme interrogatif « dĂłnde » qui s’imposait ici avec l’utilisation du verbe saber qui introduit une question indirecte, a constituĂ© une erreur rĂ©currente
 ainsi que l’utilisation frĂ©quente de la prĂ©position a (a dĂłnde) : elles ont Ă©tĂ© lourdement sanctionnĂ©es.

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A noter les trop nombreuses fautes d’accentuation verbale : « vĂ© » a souvent Ă©tĂ© employĂ© dans les copies. 3 Figurez-vous un immense rocher ou plutĂŽt une montagne de quinze cents pieds de haut FigĂșrese/ imagĂ­nese una inmensa roca/ un inmenso peñón/ peñasco/ mejor dicho/ mĂĄs bien una montaña/ una sierra de mil quinientos pies de altura/ de alto La traduction du verbe « se figurer » pour lequel nous avons bien entendu acceptĂ© « imaginarse », a parfois donnĂ© lieu Ă  de petits faux sens (« pensar ») ou encore Ă  des maladresses comme « hacerse cuenta ». L’interpellation du lecteur par le narrateur et sa volontĂ© de lui faire partager sa dĂ©couverte et sa surprise imposait bien entendu l’emploi de l’impĂ©ratif, ainsi que celui de l’enclise du pronom et de l’accent Ă©crit trop souvent omis. Tout autre emploi que le pronom enclitique de la 3Ăšme personne (singulier ou pluriel) n’était pas recevable ici. (« figuraos » ne pouvait ĂȘtre acceptĂ©). Du point de vue lexical, la traduction de l’unitĂ© de mesure «pied» par «pulgada» constituait un faux sens. 4 qui surgit subitement, brusquement, du milieu de la mer sur une terre si plate et si basse qu’à peine l’aperçoit-on [
] que de repente/ de sĂșbito/ surge / brota/ bruscamente desde mar adentro a una tierra tan llana/ plana y tan baja que apenas la vislumbra/ distingue/ divisa/ uno. De nombreux candidats ont ici Ă©prouvĂ© des difficultĂ©s Ă  se reprĂ©senter le paysage que dĂ©couvrait le narrateur et qu’il voulait partager avec le lecteur. Ceci a donnĂ© lieu Ă  des choix erronĂ©s de prĂ©positions et locutions adverbiales (du milieu/ sur). Ainsi « en medio », « el centro » constituaient des solĂ©cismes, et «desde el» un gallicisme. L’utilisation des prĂ©positions « en » et « sobre » ne traduisait qu’imparfaitement l’intention du narrateur dans son Ă©vocation du paysage. La traduction de « Ă  peine » a aussi posĂ© problĂšme : « a duras penas » (idĂ©e de pĂ©nibilitĂ©), voire « a penas » au lieu de « apenas », locution adverbiale qui traduit la faible quantitĂ© et qui convenait dans le cas prĂ©sent. Nous avons acceptĂ© « brotar » pour « surgir », ainsi que « vislumbrar », « distinguir », « divisar » pour « apercevoir ». Comme dans le second segment l’emploi de « uno » s’imposait ici pour les mĂȘmes raisons. 5 La santĂ© ne nous ayant trouvĂ© aucune infection, nous fĂ»mes abordĂ©s par les canots, et un quart d’heure aprĂšs, nous Ă©tions Ă  terre. Por no encontrarnos / no habiĂ©ndonos encontrado/ detectado/ diagnosticado/ ninguna infecciĂłn/ en habiĂ©ndonos declarado exentos de alguna infecciĂłn/ Sanidad, nos abordaron las canoas/ las lanchas/ los botes, y a los quince minutos/ al cuarto de hora/ estĂĄbamos en tierra/ pisĂĄbamos tierra. La construction française « ne nous ayant trouvĂ© » a une valeur causale traduite le plus fidĂšlement par la prĂ©position espagnole « por ». Nous n’avons pas acceptĂ© la construction « al+infinitif » qui aurait Ă©tĂ© ici dĂ©voyĂ©e de sa valeur temporelle, mais admis « no habiĂ©ndonos encontrado ». « La SantĂ© » renvoie ici aux services de mĂ©decine qui visitent un navire Ă  son entrĂ©e dans le port
 « Sanidad » est le terme correspondant Ă  la rĂ©alitĂ© espagnole : « gubernativa que tiene establecidos sus servicios en las costas y fronteras nacionales » (RAE). Si « salud » constituait un faux sens, « la salud » s’avĂ©rait un gallicisme, et « la santĂ© » ou encore «los mĂ©dicos » ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©s comme des contournements.

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« detectar », « diagnosticar » ont Ă©tĂ© acceptĂ©s pour traduire le verbe « trouver ». En rĂšgle gĂ©nĂ©rale les candidats n’ont Ă©prouvĂ© que peu de difficultĂ©s Ă  traduire « les canots » (nous avons acceptĂ© « lanchas », « botes » et pĂ©nalisĂ© « barcos » comme un lĂ©ger faux sens), mais le verbe « aborder » et sa construction ont constituĂ© un rĂ©el obstacle de traduction.. Traduit par « acostar » il a conduit Ă  des non-sens : « nos acostaron las canoas », « fuimos acostados por las canoas », « fuimos abarcados por las canoas ». « Las barcas abordaron », « fuimos abordados », « fuimos arrimados », « nos aproximaron » constituaient bien entendu autant de contresens. La construction « fuimos abordados », souvent rencontrĂ©e s’avĂ©rait un gallicisme. Nous avons apprĂ©ciĂ© l’utilisation de la prĂ©position a suivie de l’article dĂ©fini « a los quince minutos », « al cuarto de hora », pour exprimer le terme de la pĂ©riode Ă©coulĂ©e et bien entendu acceptĂ© « despuĂ©s » ou encore « mĂĄs tarde ». L’expression « Ă  terre » est rendue par « en tierra » en espagnol
 nous avons acceptĂ© « pisar tierra » mais lourdement sanctionnĂ© « sobre tierra ». 6 L’effet produit par la physionomie de la ville est des plus bizarres. El efecto producido por/ que produce/ la fisonomĂ­a/ fisionomĂ­a de la ciudad es de lo(s) mĂĄs raro(s)/ singular/ extraño Ce segment ne prĂ©sentait pas de difficultĂ© particuliĂšre Ă  l’exception de la formule superlative adverbiale que certains ont essayĂ© de contourner. « De lo mĂĄs » locution adverbiale dĂ©terminait ici l’adjectif « raro », ou « extraño ». « Sumamente raro », « extrañísimo » ont Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ©s. Bien entendu nous avons acceptĂ© les deux possibilitĂ©s « fisonomĂ­a » et « fisionomĂ­a ». 7 En faisant un pas, vous faites cinq cents lieues ; c’est un peu plus que le Petit Poucet avec ses fameuses bottes. Al dar/ dando/ un paso adelante, anda/ hace/ recorre/ camina/ uno quinientas leguas ; es algo/ un poco/ mĂĄs que Pulgarcito con sus famosas botas. « Dar un paso » s’avĂ©rait ici la meilleure traduction pour « faire un pas » (cf. MarĂ­a Moliner), mais imposait l’utilisation de l’adverbe « adelante » dont l’omission a Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement sanctionnĂ©e. Pour la seconde utilisation du verbe « faire », nous avons acceptĂ© « hacer », « andar », « recorrer », « caminar », mais considĂ©rĂ© « cruzar », comme un lĂ©ger faux sens et « hacer un paso » comme un gallicisme. Nous avons constatĂ© les difficultĂ©s Ă  traduire « Le Petit Poucet » pourtant conte trĂšs connu en Espagne (Pulgarcito/ Pulgarcillo/ Garbancito). Nous avons sanctionnĂ© les refus de traduire « Le Petit Poucet », les barbarismes « Pulguecito », les traductions pour le moins fantaisistes « El Gato »  ainsi que l’utilisation de l’article dĂ©fini « el Pulgarcito ». Si la traduction de l’unitĂ© de mesure a donnĂ© lieu Ă  des barbarismes lexicaux (« leguos » ), nous avons constatĂ© avec surprise qu’à ce niveau « cinq cents » constitue un obstacle et soit rendu par « cinco », « quince mil »  La traduction du possessif « ses » par l’article « las famosas » a Ă©tĂ© lĂ©gĂ©rement sanctionnĂ©. 8 Tout Ă  l’heure vous Ă©tiez en Andalousie ; vous ĂȘtes en Angleterre. Hace un momento/ un rato/ hace poco/ estaba uno en AndalucĂ­a ; estĂĄ / se encuentra/ en Inglaterra La traduction de « Tout Ă  l’heure » a constituĂ© une difficultĂ© de traduction pour de nombreux candidats. Nous avons acceptĂ© « hace un momento », « hace un rato », « hace poco », mais

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considĂ©rĂ© comme un solĂ©cisme « hacĂ­a un rato », « al rato », et lourdement pĂ©nalisĂ© les non sens comme « un rato atrĂĄs », « la hora precedente ». Nous renvoyons Ă  l’analyse du segment 2 pour toutes les erreurs de focalisation de l’impersonnel, nombreuses Ă©galement dans ce passage. 9 Des villes moresques du royaume de Grenade et de Murcie, vous tombez, subitement Ă  Ramsgate ; De las ciudades moriscas del reino de Granada y de Murcia, de repente/ de sĂșbito/ da uno con/ cae uno en/ Ramsgate L’utilisation de la prĂ©position « desde » en lieu et place de « de » constituait ici un solĂ©cisme. Le terme « moresque » dont on se doit d’attendre une traduction exacte de la part d’hispanistes, pour faire partie intĂ©grante de la culture espagnole, a donnĂ© lieu Ă  des faux sens graves : « moras », « morunas », « morescas »  De mĂȘme, nombre de candidats Ă©prouvent des difficultĂ©s Ă  traduire « royaume » et proposent « reinado » considĂ©rĂ© ici comme un faux sens pour « reino ». Le verbe « tomber » pouvait ĂȘtre ici rendu par « caer en » (MarĂ­a Moliner : « Llegar a cierto sitio sin haberse propuesto ir a Ă©l ») ou « dar con »  « topar » a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un faux sens, « se cae » comme un faux sens grave, « dar con sus huesos » au-delĂ  du faux-sens constituait une faute de registre, et « caer a » a Ă©tĂ© lourdement sanctionnĂ©. 10 voici les maisons de briques avec leurs fossĂ©s, leurs portes bĂątardes, leurs fenĂȘtres Ă  guillotine, exactement comme Ă  Twickenham ou Ă  Richmond. He aquĂ­ / aquĂ­ estĂĄn/ las casas de ladrillo(s) con sus zanjas, sus puertas bastardas, sus ventanas de guillotina, exactamente lo mismo que/ igual que/ en Twickenham o en Richemond. La traduction de ce passage nĂ©cesitait essentiellement une bonne maĂźtrise du lexique. Les faux sens ont Ă©tĂ© nombreux : « cuneta », « fosa » pour « fossĂ© » ainsi que « puerta corrediza » ou « falsa puerta » pour « portes bĂątardes »  sans compter les gloses « las puertas que deslizan » Les fautes de prĂ©position ont aussi Ă©tĂ© frĂ©quentes. La prĂ©position « de » dans « casas de ladrillo » introduit un complĂ©ment de matiĂšre, qui Ă©voque une qualitĂ© essentielle et ne peut comme l’ont fait nombre de candidats ĂȘtre traduite par « con ». La formule « voici » a souvent Ă©tĂ© traduite Ă  juste titre par « he aquĂ­ »  Ă  noter que «he» fonctionne ici comme un impĂ©ratif et ne peut en aucun cas adopter une autre forme verbale comme l’ont proposĂ© certains candidats « aquĂ­ han »  Comme il s’agissait ici de marquer l’identitĂ© de ces maisons, nous avons bien entendu acceptĂ© « aquĂ­ estĂĄn ». 11 Allez un peu plus loin, vous trouverez les cottages aux grilles et aux barriĂšres peintes. AdentrĂĄndose un poco mĂĄs, encontrarĂĄ uno los cottages/ las casas de campo/ de rejas y (de) barreras pintadas Les erreurs de focalisation comme dans les prĂ©cĂ©dents passages ont Ă©tĂ© ici les erreurs les plus constatĂ©es
 et nous avons lourdement sanctionnĂ© les propositions de traduction comme « id un poco mĂĄs lejos », « id un poco mĂĄs allĂĄ », « vĂĄyase mĂĄs lejos » qui tĂ©moignaient d’une rĂ©elle incomprĂ©hension du texte. L’utilisation de l’impĂ©ratif a donnĂ© lieu Ă  des erreurs grossiĂšres de conjugaison (« vaye usted ») contre lesquelles nous ne saurions trop mettre en garde les candidats Ă  ce niveau !

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Pour le mot d’origine anglaise « cottage », nous avons acceptĂ© « cottage », « casas de campo », considĂ©rĂ© comme de lĂ©gers faux-sens « cortijo », « finca », « casonas » , et pĂ©nalisĂ© plus sĂ©vĂšrement les gloses « tĂ­picamente inglesas ». La description de ces cottages imposait en espagnol l’utilisation de la prĂ©position « de » (« los cottages de rejas » ), qui introduit un complĂ©ment exprimant un trait bien caractĂ©ristique. Par consĂ©quent nous avons sanctionnĂ© l’utilisation, trĂšs frĂ©quente dans les copies, de la prĂ©position « con » en lieu et place de « de ». 12 Les promenades et les jardins sont plantĂ©s de frĂȘnes, de bouleaux, d’ormes, et de la verte vĂ©gĂ©tation du Nord, Los paseos y (los) jardines vienen plantados con/ estĂĄn plantados de/ fresnos/ flejas/ flejares/, abedules, olmos/ negrillos/ y con / de la vegetaciĂłn verde del norte, Il fallait ici maĂźtriser le lexique spĂ©cifique de quelques essences pourtant relativement courantes. Nombre de candidats ont fait ici la preuve de leurs connaissances
 mais beaucoup ont adoptĂ© des stratĂ©gies de contournement (« ĂĄrboles diferentes/ variados/
 ») bien entendu pĂ©nalisĂ©es. Nous avons acceptĂ© les traductions « venir plantados con
 » et « estar plantados de » ,cette derniĂšre attestĂ©e par MarĂ­a Moliner
, mais refusĂ© « hay plantados », « estĂĄn bordeados », « tienen plantados »  La place de l’adjectif dans l’expression « verte vĂ©gĂ©tation » a souvent posĂ© problĂšme. Nous rappelons qu’en espagnol les adjectifs qui dĂ©signent une qualitĂ© ou un Ă©tat (adjectif de couleur par exemple) sont placĂ©s aprĂšs le nom. Par consĂ©quent la construction pourtant rĂ©currente dans les copies, « verde vegetaciĂłn » ne pouvait ĂȘtre acceptĂ©e. 13 si diffĂ©rente de ces dĂ©coupures de tĂŽle vernie qu’on fait passer pour du feuillage dans les pays mĂ©ridionaux. tan distinta/ diferente/ de esos recortes de chapa barnizada que dan por/ hacen pasar por follaje en los paĂ­ses meridionales/ del sur. Une analyse prĂ©cise du texte a permis aux meilleurs candidats d’identifier la connotation quelque peu pĂ©jorative du dĂ©monstratif « ces dĂ©coupures », imposant ici le choix de « esos » dont Bedel nous dit que « sa relative imprĂ©cision lui confĂšre parfois une connotation pĂ©jorative ». MarĂ­a Moliner atteste la construction « Hacer pasar por » pour l’expression française « faire passer pour » dont la traduction a souvent posĂ© problĂšme et donnĂ© lieu Ă  des propositions insolites : « que se las dan de.. », « que suelen imitar
 », « que hacen las veces de 
 », « que hacen de hojas »  moins insolite mais pas plus acceptable : « presentarse como », « parecerse a » ; « dicen 
.», « llaman
. » ont Ă©galement Ă©tĂ© lourdement sanctionnĂ©s. La traduction de « dĂ©coupures de tĂŽle » a Ă©galement posĂ© de nombreux problĂšmes et nous engageons les candidats Ă  faire preuve de bon sens afin d’éviter les gloses ou encore les traductions fantaisistes comme « lĂĄminas de cinc », « lĂĄminas cortadas », « recortes de lata/ de alambre »  La traduction est un travail de prĂ©cision
 et l’omission frĂ©quente de l’accent de « paĂ­ses » tĂ©moigne de la nĂ©cessitĂ© pour un grand nombre de candidats de reprendre les fondamentaux de cet exercice. 14 Les Anglais ont une individualitĂ© si prononcĂ©e qu’ils sont les mĂȘmes partout,

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Los ingleses tienen una individualidad tan marcada/ distinguible/ pronunciada/ que son iguales/ los mismos/ en todas partes Nous rappellerons ici que, contrairement au français, en espagnol les substantifs dĂ©signant une nationalitĂ© s’écrivent avec une minuscule. Par consĂ©quent «los Ingleses» a Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement sanctionnĂ©. Nous avons acceptĂ© l’adjectif « distinguible », ou encore le participe passĂ© « pronunciada » (« muy perceptible o de forma muy definida », MarĂ­a Moliner) pour « une individualitĂ© prononcĂ©e »  mais « fuerte » constituait un faux-sens grave au mĂȘme titre que « individualismo » pour « individualitĂ© ». L’emploi de « ser » s’imposait ici et les emplois de « seguir », « quedar » ont Ă©tĂ© lourdement pĂ©nalisĂ©s. Bien entendu le texte exigeait ici la locution « en todas partes » (et non « por todas partes »), Bedel prĂ©cisant que l’emploi des prĂ©positions se fait selon leur valeur respective dans les complĂ©ments de lieu : « en » s’utilisant lorsqu’il n’y a pas de mouvement, ce qui est le cas ici. 15 et je ne sais vraiment pas pourquoi ils voyagent, y de verdad/ la verdad es que/ de veras/ realmente/ no sĂ© por quĂ© viajan, La traduction de l’adverbe ne posait pas ici de difficultĂ© particuliĂšre et si nous avons acceptĂ© « de verdad », « la verdad es que », etc., les formes « la verdad », « la verdad que » ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©es. La prĂ©sence ici de la question indirecte a constituĂ© un rĂ©el obstacle pour un trop grand nombre de candidats Ă  ce niveau qui utilisent la conjonction « porque » ou encore « porquĂ© », en lieu et place de la formule interrogative « por quĂ© ». Nous avons constatĂ© et pĂ©nalisĂ© sur ce segment autant les nombreux rajouts comme « en absoluto », ou encore « empeñarse », que les omissions de « vraiment »  et nous ne saurions trop recommander aux candidats la plus grande rigueur et la plus grande prĂ©cision. Enfin nombreux sont les candidats qui omettent l’accentuation verbale du verbe « saber » ! 16 car ils emportent avec eux toutes leurs habitudes, porque/ ya que/ puesto que/ se llevan consigo todas sus costumbres/ todos sus usos/ hĂĄbitos, Le texte imposait l’utilisation du verbe llevar Ă  la forme pronominale ainsi que la forme du pronom personnel « consigo » trop souvent ignorĂ©e ici
 nous avons par consĂ©quent lourdement sanctionnĂ© la traduction « con ellos » et considĂ©rĂ© comme un refus de traduction l’omission de « consigo ». L’utilisation frĂ©quente du verbe « traer » pour « emporter » a Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ©e comme un contresens. 17 et charrient leur intĂ©rieur sur le dos, comme de vrais colimaçons. y cargan con/ acarrean su hogar en la(s) espalda(s)/ a cuestas/ como autĂ©nticos/ verdaderos/ caracoles. Le verbe « charrier » pouvait ĂȘtre rendu par « acarrear » ou « cargar con »  mais nous avons considĂ©rĂ© comme des faux sens « transportar », « arrastrar », « llevarse »  L’utilisation de la prĂ©position « a » devant « el hogar » a bien entendu Ă©tĂ© lourdement sanctionnĂ©e. « a cuestas » (« aplicado a cargas que lleva una persona sobre los hombros y las espaldas » : MarĂ­a Moliner), ainsi que « la(s) espalda(s) » constituaient ici les meilleures possibilitĂ©s pour « sur le dos » , « el hombro » trĂšs souvent utilisĂ© ne pouvant ĂȘtre acceptĂ©. Les meilleurs candidats ont bien utilisĂ© « su hogar » pour « leur intĂ©rieur »  ; « el interior » ou encore « la casa », « la vivienda » constituant Ă  des degrĂ©s divers autant de faux-sens.

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La tournure « de vrais colimaçons » qui met en relief la particularitĂ© de ces Anglais pouvait ĂȘtre traduite par « autĂ©nticos », « verdaderos »  mais en aucune maniĂšre par « caracoles de verdad ». L’omission de « de vrais », a souvent Ă©tĂ© constatĂ©e et bien sĂ»r pĂ©nalisĂ©e. Enfin la maĂźtrise d’un lexique de base s’est souvent avĂ©rĂ©e insuffisante et la traduction de « colimaçon » a souvent posĂ© problĂšme : « escarabajos », « caracolos »  18 En quelque endroit qu’un Anglais se trouve, Dondequiera que se encuentre/ estĂ© donde estĂ©/ se encuentre donde se encuentre/ un inglĂ©s estĂ© donde estĂ© La locution relative concessive « dondequiera » (« donde quiera ») a Ă©tĂ© ici utilisĂ©e par les meilleurs candidats, suivie du mode subjonctif. On pouvait aussi, dans un espagnol plus moderne, rĂ©pĂ©ter le verbe « estar » ou « encontrarse » au subjonctif en reliant les deux formes verbales identiques par le relatif « donde » (Bedel). Nous avons lĂ©gĂ©rement pĂ©nalisĂ© « cualquiera que sea », « sea cual sea el lugar »  et relevĂ© des fautes rĂ©dhibitoires Ă  ce niveau comme « cualquier sea », « cual sea el lugar »  A noter que la traduction erronĂ©e de la formule concessive a largement hypothĂ©quĂ© l’explication des choix de traduction qui portaient sur ce passage. 19 il vit exactement comme s’il Ă©tait Ă  Londres ; vive exactamente como si estuviera/ estuviese en Londres ; Ce segment ne prĂ©sentait pas de difficultĂ© de traduction particuliĂšre. Nous avons essentiellement relevĂ© et pĂ©nalisĂ© des rajouts et des « libertĂ©s » prises par rapport au texte (« Ă©l vive », « Ă©ste vive », « suele vivir » ), et des choix de traduction tĂ©moignant d’une erreur d’analyse du texte, voire d’une stratĂ©gie d’évitement de traduction de l’auxiliaire « estar » (« sigue », « sigue viviendo » ). La subordonnĂ©e de comparaison introduite par « como si » suivi du subjonctif imparfait a constituĂ© un obstacle pour certains (« tal y como si estuviera en Londres » ). 20 il lui faut son thĂ©, ses rumsteaks, ses tartes de rhubarbe, son porter et son sherry s’il se porte bien, et son calomel s’il se porte mal. le hacen falta el tĂ©, el bistĂ©/ bistec, las tartas de ruibarbo/ rabĂĄrbaro, el porter y el jerez de hallarse bien/ de estar bien/ de encontrarse bien /, y los calomelanos de hallarse/ estar/ encontrarse mal Se posait ici la question de l’accord du verbe Ă  sujets multiples. Bedel conseille d’accorder le verbe au pluriel et c’est le choix que nous avons fait ici, « le hacen falta ». L’énumĂ©ration des habitudes alimentaires des Anglais qui nĂ©cessitait la maĂźtrise d’un lexique spĂ©cifique a constituĂ© ici la difficultĂ© essentielle de traduction rencontrĂ©e par les candidats dans ce passage. A noter que certains termes offraient plusieurs possibilitĂ©s de traduction : « el bistec/ el bistĂ© », « el ruibarbo/ el rabĂĄrbaro », « el calomel/ los calomelanos », toujours employĂ© au pluriel. Les stratĂ©gies d’évitement (« la fruta », « el alcohol », « la cerveza » ) ainsi que les barbarismes lexicaux ont Ă©tĂ© frĂ©quemment relevĂ©s. La construction infinitive (« de encontrarse », « de estar » ) pour exprimer la condition Ă©mise ici, s’avĂ©rait le meilleur choix de traduction rencontrĂ© dans les copies les plus performantes. L’expression française « bien/ mal se porter » traduite par « portarse bien/ mal » s’avĂ©rait un lourd contresens, et l’expression « estar en buena salud » un gallicisme trop frĂ©quemment rencontrĂ©. A noter enfin que nous avons acceptĂ© l’utilisation du possessif mĂȘme si elle ne s’impose pas en espagnol.

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21 Au moyen des innombrables boĂźtes qu’il traĂźne aprĂšs lui, Mediante/ gracias a/ por medio de/ las innumerables cajas que arrastra consigo, Les possibilitĂ©s Ă©taient nombreuses ici de traduire « au moyen de »  Ă  condition d’éviter les fautes lourdes de construction frĂ©quemment rencontrĂ©es comme « con el medio de »  Le verbe «arrastrar » s’imposait pour traduire « traĂźner », et les traductions « llevar tras sĂ­ » ou encore « las cajas que le siguen » ont Ă©tĂ© trĂšs sĂ©vĂ©rement sanctionnĂ©es. Comme dans le segment 16 la forme du pronom personnel « consigo » s’imposait. 22 l’Anglais se procure en tous lieux le home et le comfort nĂ©cessaires Ă  son existence. consigue el inglĂ©s / el inglĂ©s consigue / se procura/ se proporciona/ en cualquier lugar/ en todas partes / el home y el comfort necesarios a/ para/ su existencia. La traduction du verbe « se procurer » offrait de nombreuses possibilitĂ©s mais « abastecerse », « suministrar », « obtener », ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©s comme des faux sens graves. Dans cette phrase MarĂ­a Moliner valide l’utilisation des deux prĂ©positions « Necesarias para » et « necesarias a » (« generalmente « para » y, con complemento nominal en frases literarias o de sentido trascendental, « a » ») 23 Que d’outils il faut pour vivre Ă  ces honnĂȘtes insulaires, ÂĄCuĂĄntas/ la de/ quĂ© de/ herramientas/ utensilios/ les hacen falta a/ necesitan para vivir esos honrados/ honestos/ insulares/ isleños La tournure exclamative a souvent posĂ© problĂšme aux candidats qui ont frĂ©quemment omis la rĂšgle de la ponctuation et du point d’exclamation renversĂ© en dĂ©but de phrase, ainsi que la nĂ©cessaire accentuation des mots exclamatifs. Enfin l’adjectif exclamatif doit s’accorder en genre et en nombre avec le nom qu’il dĂ©termine, ce que nombre de candidats ont nĂ©gligĂ©. La forme «tantas herramientas » a souvent Ă©tĂ© rencontrĂ©e et bien sĂ»r sanctionnĂ©e. L’expression de la nĂ©cessitĂ© non personnelle « es necesario », ou encore « es preciso », ne pouvait pas ĂȘtre acceptĂ©e compte tenu du sens du texte
 et nous avons exigĂ© au contraire l’expression de la nĂ©cessitĂ© personnelle : « hacerles falta », « necesitar ». Nous avons relevĂ© de nombreuses fautes d’accord dans la construction de la forme « hacer falta » qui bien entendu exigeait un pluriel. Les candidats qui n’ont pas perçu la description fortement subjective de cette Ă©vocation ont commis de frĂ©quentes erreurs dans le choix des dĂ©ictiques : « estos » et plus grave « aquellos », ne pouvaient ĂȘtre acceptĂ©s. 24 que de mal ils se donnent pour ĂȘtre Ă  leur aise, cuĂĄnto se esfuerzan/ cuĂĄnto trabajo se toman/ por andar cĂłmodos / cuĂĄnto les cuesta/ estar a gusto/ sentirse cĂłmodos/ estar a sus anchas. « Esforzarse por », « tomarse el trabajo de », « costar », Ă©taient ici recevables
 mais nous avons sanctionnĂ© les constructions utilisant « el empeño » ou « el esfuerzo » Compte tenu de la notion d’effort, l’utilisation de la prĂ©position « por » s’imposait dans cette phrase, et non « para » comme l’ont fait beaucoup de candidats. 25 et combien je prĂ©fĂšre Ă  ces recherches et Ă  ces complications la sobriĂ©tĂ© et le dĂ©nuement espagnols !

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y cuĂĄnto prefiero a esos refinamientos/ atildamientos/ y complicaciones la sobriedad / la austeridad/, y la indigencia españolas ! Au-delĂ  de la forme exclamative et du choix du dĂ©ictique, questions que nous avons dĂ©jĂ  abordĂ©es, les difficultĂ©s Ă©taient ici essentiellement lexicales : la notion de dĂ©nuement a notamment posĂ© problĂšme. Une analyse un peu poussĂ©e du texte devait permettre d’identifier les notions exprimĂ©es par « la austeridad », « la indigencia »  nous avons hĂ©las plus souvent rencontrĂ© « el despojo », « el desprendimiento », ou encore la « desnudez » 

La justification des choix de traduction portait cette annĂ©e sur l’épreuve de thĂšme. Nous renvoyons les candidats Ă  la lecture des conseils formulĂ©s pour cet exercice dans les rapports des sessions prĂ©cĂ©dentes. Nous regrettons au terme de cette session la relative nĂ©gligence dans le traitement de cette partie, souvent omise ou encore escamotĂ©e dans les copies. Lorsqu’elle est traitĂ©e, force est de constater qu’elle se rĂ©duit trop frĂ©quemment Ă  une glose superficielle de la traduction, Ă  des explications succinctes, Ă  des approximations dans le maniement des termes qui rĂ©vĂ©lent en outre une mĂ©connaissance des catĂ©gories grammaticales Ă©lĂ©mentaires. Nous engageons par ailleurs les candidats Ă  faire preuve de discernement dans le choix des Ă©lĂ©ments qui feront l’objet d’une analyse dans le segment proposĂ©. Les tentatives d’analyse exhaustive de l’ensemble des Ă©lĂ©ments soulignĂ©s s’avĂšrent le plus souvent confuses et contre-productives. Justesse descriptive et finesse d’analyse d’élĂ©ments choisis Ă  bon escient suite Ă  une analyse fine du segment, sont les clĂ©s de la rĂ©ussite de cette partie de l’épreuve. En quelque endroit qu’un Anglais se trouve On attendait ici l’identification de l’adverbe de lieu « dondequiera », antĂ©cĂ©dent du relatif. Il Ă©tait bien entendu nĂ©cessaire de prĂ©ciser que la locution concessive formĂ©e Ă  l’aide de « quiera » suivie du subjonctif rend ici la formule concessive française « oĂč que ». il vit exactement comme s’il Ă©tait Ă  Londres Il convenait ici de cibler la locution « como si » et de prĂ©ciser qu’elle allie l’expression de la maniĂšre (« como »), et de la condition (« si »). Il fallait bien entendu expliquer que conforme Ă  l’expression de l’irrĂ©el du prĂ©sent et du passĂ© dans les phrases conditionnelles, elle exige l’emploi du subjonctif imparfait. que de mal ils se donnent pour ĂȘtre Ă  leur aise, et combien je prĂ©fĂšre Ă  ces recherches et Ă  ces complications la sobriĂ©tĂ© et le dĂ©nuement espagnols ! Les explications attendues ici de la formule exclamative Ă©taient bien entendu liĂ©es aux choix de traduction des candidats. CuĂĄnto Selon les choix de traduction du segment, il fallait prĂ©ciser qu’il porte toujours un accent (exclamatif). Il exprime en outre la quantitĂ© et correspond gĂ©nĂ©ralement au français « combien », « que de » ou Ă  l’adverbe « comme » employĂ© dans sa valeur quantitative. EmployĂ© comme adverbe il est invariable et prĂ©cĂšde directement le verbe, employĂ© comme adjectif ou pronom il s’accorde en genre et nombre avec le substantif qu’il dĂ©termine ou remplace. QuĂ© de Bien entendu il convenait de prĂ©ciser qu’il ne s’agit pas d’un gallicisme. Dans cette construction exclamative il porte toujours un accent. Il exprime la quantitĂ© et correspond gĂ©nĂ©ralement au français « combien », « que de ». Enfin cette construction peut remplacer « cuĂĄnto » devant un nom pluriel ou un singulier collectif.

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ÉPREUVES ÉCRITES D’ADMISSIBILITÉ

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RAPPORT SUR L’ÉPREUVE ÉCRITE DE TRADUCTION : VERSION

Ă©tabli par Mmes Maritchu Fernandez Bueno et LaurĂšne Sanchez Le texte de Francisco Ayala (1906-2009) proposĂ© Ă  l’épreuve de version de la session

2011 est tirĂ© de la nouvelle d’ouverture de l’Ɠuvre Ă©ponyme Historia de macacos (1955), composĂ©e de six rĂ©cits de tonalitĂ© comico-grotesque dont l’action se dĂ©roule sur trois continents diffĂ©rents. La palette d’abord lĂ©gĂšre de ces Ă©crits s’assombrit progressivement pour clore le recueil avec une facture tragique marquĂ©e, caractĂ©ristique d’une vision nĂ©gative et pessimiste de l’homme et de l’existence. Satire de la vie des fonctionnaires des colonies, la nouvelle dont est issue le passage Ă  traduire se dĂ©lecte Ă  dĂ©peindre avec force humour l’hypocrisie morale de la bourgeoisie, en grande partie constituĂ©e d’expatriĂ©s caricaturaux qui cherchent Ă  tromper l’ennui. L’auteur dĂ©crit sans ambages un monde factice dĂ©pourvu de scrupules oĂč prĂ©dominent toutes sortes d’ambitions et de coups bas. Les apparences de cet univers bureaucratisĂ© travestissent et dĂ©truisent la vĂ©ritĂ© et l’authenticitĂ© des rapports humains.

L’extrait rapporte, via un narrateur intra-diĂ©gĂ©tique, les effets provoquĂ©s sur les

commensaux par le discours choc de Robert, directeur des ExpĂ©ditions et des Embarquements, prononcĂ© Ă  la fin de son dĂźner de dĂ©part pour la mĂ©tropole en compagnie de Rose, sa pseudo-Ă©pouse, seule prĂ©sence fĂ©minine au cours de cet Ă©vĂ©nement aux prĂ©tentions mondaines. L’auditoire regroupe les nombreux amants de la dame qui s’imaginent avoir tour Ă  tour raillĂ© le soi-disant mari et bafouĂ© son honneur pendant des mois. L’apparente victime rĂ©vĂšle alors ĂȘtre au courant de tout, que la femme considĂ©rĂ©e comme une dame, certes un peu lĂ©gĂšre, n’est en rĂ©alitĂ© qu’une prostituĂ©e avec qui cette pseudo-victime (Robert) a passĂ© un accord. Ils ont tous deux tirĂ© une jolie somme (qui contribue Ă  payer les agapes de leurs invitĂ©s) de la gĂ©nĂ©rositĂ© des multiples amants dont le statut rĂ©el Ă©tait finalement celui de clients. Le passage Ă  traduire Ă©voque les rĂ©actions encore Ă  chaud et outrĂ©es au lendemain de la rĂ©vĂ©lation, vĂ©ritable coup de thĂ©Ăątre oĂč, blessĂ©s dans leur orgueil, les trompeurs ont dĂ©couvert ĂȘtre les trompĂ©s, les vĂ©ritables dindons de cette farce bien difficile Ă  digĂ©rer.

S’il prĂ©sentait quelques difficultĂ©s lexicales ponctuelles, cet extrait ne posait pas dans son ensemble de problĂšmes de comprĂ©hension importants. La traduction requĂ©rait nĂ©anmoins une bonne maĂźtrise de la langue française, afin d’éviter les solĂ©cismes et les non-sens qui ont parsemĂ© de nombreuses copies. Une mĂ©connaissance des deux systĂšmes linguistiques, parfois trĂšs inquiĂ©tante, est trop souvent apparue, tant au niveau de la grammaire, de la conjugaison que du lexique de base ; ces graves insuffisances ont donnĂ© lieu Ă  des productions dont le niveau ne correspond pas Ă  celui d’un concours d’agrĂ©gation. La simple inversion sujet-verbe est de maniĂšre rĂ©currente source d’erreur : elle n’est possible qu’en cas de pronom et il ne faut pas oublier de le relier au verbe par un trait d’union sinon la phrase est grammaticalement incorrecte et dĂ©pourvue de sens. Par ailleurs, la structure interro-nĂ©gative a souvent Ă©tĂ© malmenĂ©e : la multiplication des nĂ©gations ou leur absence a rendu la production incomprĂ©hensible. Les diverses lacunes linguistiques sont inĂ©vitablement accompagnĂ©es d’un manque de rigueur dans l’exercice de la traduction, tĂąche qui demande un entraĂźnement et une rĂ©flexion sĂ©rieux et rĂ©guliers de maniĂšre Ă  Ă©viter les erreurs grossiĂšres et les omissions. Enfin, pour Ă©radiquer les hispanismes et les barbarismes qui affectent les diverses catĂ©gories

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grammaticales, nous rappelons la nĂ©cessitĂ© de lire dans les deux langues des textes de styles diffĂ©rents, de registres variĂ©s et de frĂ©quenter rĂ©guliĂšrement les prĂ©cieux outils que sont les grammaires et les dictionnaires, indispensables Ă  une maĂźtrise satisfaisante de la langue que l’on veut parler, Ă©crire et enseigner. Il faut nĂ©anmoins signaler de bonnes versions, Ă©crites dans une langue correcte au niveau de la syntaxe et de l’orthographe et rĂ©digĂ©es Ă  la suite d’un travail de recherche fructueux.

En ce qui concerne l’aspect temporel du passage Ă  traduire, plusieurs lectures auraient dĂ»

mettre en Ă©vidence qu’il s’agissait d’un rĂ©cit rapportĂ© par un narrateur depuis son prĂ©sent ; ces faits racontĂ©s avaient des causes (qui se situaient donc dans un passĂ© plus lointain du narrateur) ayant entraĂźnĂ© des consĂ©quences dans ce passĂ© (le futur dans le passĂ©, plus proche du prĂ©sent du narrateur, voire du lecteur) ; les conditionnels avaient ainsi des valeurs de futur dans le passĂ© mais parfois aussi d’hypothĂšse dans le passĂ©.

Les conjonctions, qu’elles soient copulatives, disjonctives ou adversatives, ont posĂ© problĂšme et conduit Ă  des faux-sens, voire des contresens. Tout comme les adverbes ou locutions de temps qui devaient ĂȘtre apprĂ©hendĂ©s dans leur contexte.

La consultation du rapport de version de 2010 ne peut que compléter la lecture de celui-ci

dans le rappel des qualitĂ©s fondamentales indispensables pour produire une traduction convenable. Le texte Un mazazo capaz de aturdir a un buey: eso habĂ­a sido la revelaciĂłn de Robert. Su famoso discurso nos habĂ­a dejado tontos. Ya, ya irĂ­an brotando, como erupciĂłn cutĂĄnea, las ronchas que en cada uno levantarĂ­a tan pesada broma; pues –a unos mĂĄs y a otros menos– Âża quiĂ©n no habĂ­a de indigestĂĄrsele el postre que en aquella cena debimos tragarnos? Cuando al otro dĂ­a, pasado el estupor de la sorpresa y disipados tambiĂ©n con el sueño los vapores alcohĂłlicos que tanto entorpecen el cerebro, amaneciĂł la gente, para muchos era increĂ­ble lo visto y oĂ­do; andĂĄbamos todos desconcertados, medio huidos, rabo entre piernas. Tras vueltas, reticencias y tanteos que ocuparĂ­an las horas de la mañana, sĂłlo al atardecer se entrĂł de lleno a comentar lo sucedido; y entonces, ÂĄquĂ© cosas peregrinas no pudieron escucharse! Por lo pronto, y aunque parezca extraño (yo tenĂ­a miedo a los excesos de la chabacanerĂ­a), aunque parezca raro, la reacciĂłn furiosa contra la mujer, de que Ruiz Abarca ofreciera en el acto mismo un primer y brutal ejemplo, no fue la actitud mĂĄs comĂșn. Hubiera podido calcularse que ella constituirĂ­a el blanco natural de las mayores indignaciones, el objeto de los dicterios mĂĄs enconados; pero no fue asĂ­. La perfidia femenina –corroborada, una vez mĂĄs, melancĂłlicamente– no sublevaba tanto como la jugarreta de Robert, ese canalla que ahora –pensĂĄbamos– estarĂ­a burlĂĄndose de nosotros, y riendo tanto mejor cuanto que era el Ășltimo en reĂ­r. Durante meses y meses nos habĂ­a dejado creer que le engañåbamos, y los engañados Ă©ramos nosotros: esto sacaba de tino, ponĂ­a rojos de rabia a muchos. Pues, en verdad, la conducta del señor director de Expediciones y Embarques resultaba el bocado de digestiĂłn mĂĄs difĂ­cil; pensar que se habĂ­a destapado con desparpajo inaudito –mejor aĂșn, con frĂ­o y repugnante cinismo– como un chulo vulgar, rufiĂĄn y proxeneta, suscitaba oleadas de rabia y tardĂ­o coraje, quizĂĄs no tanto por el hecho en sĂ­ como por la vejaciĂłn del chasco. Francisco Ayala, Historia de Macacos (1955), Madrid, ClĂĄsicos Castalia, 1995, p. 99-100.

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Dans le détail : Examinons quelques passages critiques du texte. Un mazazo capaz de aturdir a un buey: eso había sido la revelación de Robert. Su famoso discurso nos había dejado tontos.

‱ Des faux-sens sont apparus dĂšs le dĂ©but de la version car certains candidats ignorent que le suffixe –azo signifie “un coup de” ; le terme exprime le choc provoquĂ© par la violente dĂ©claration publique de Robert.

‱ Eso habĂ­a sido la revelaciĂłn : Traduire par « voilĂ  ce qui avait Ă©tĂ© » est une construction syntaxique erronĂ©e qui conduit Ă  un vĂ©ritable non-sens et rĂ©vĂšle un manque de maĂźtrise des bases grammaticales Ă©lĂ©mentaires de la langue cible.

‱ Dejado tontos : « nous avait abasourdis » mais pas « laissĂ©s abasourdis » (car on peut

abasourdir). En revanche, on accepte « nous avait laissĂ©s pantois » (car on ne peut pas pantoir
). Il ne fallait pas interprĂ©ter « nous avait laissĂ©s idiots, imbĂ©ciles, abrutis », etc., mais bien le sens de « sans voix », mĂ©dusĂ©s, stupĂ©faits.

Ya, ya irĂ­an brotando, como erupciĂłn cutĂĄnea, las ronchas que en cada uno levantarĂ­a tan pesada broma; pues –a unos mĂĄs y a otros menos– Âża quiĂ©n no habĂ­a de indigestĂĄrsele el postre que en aquella cena debimos tragarnos? La construction de cette longue phrase pouvait poser problĂšme et bien des agrĂ©gatifs ont eu tendance Ă  modifier la place des segments, s’éloignant ainsi du style du texte source.

‱ on peut concevoir qu’un candidat peine quelque peu sur la traduction de certains mots : chabacanerĂ­a, desparpajo, peregrinas,
 En revanche, ne pas connaĂźtre les diffĂ©rentes valeurs possibles de ENTONCES (temporel/consĂ©cutif) ou PUES (consĂ©cutif/causal), est inacceptable Ă  ce niveau. Beaucoup d’agrĂ©gatifs perdent des points sur ces mots d’usage courant dont ils ignorent de toute Ă©vidence les diverses valeurs. Dans le texte d’Ayala, il n’y avait aucun doute possible quant Ă  la traduction de ces termes ; une traduction erronĂ©e rĂ©vĂšle une maĂźtrise insuffisante des nuances et des finesses de la langue.

‱ « ya, ya irĂ­an brotando » : il s’agit d’une certitude, d’un Ă©vĂ©nement futur perçu comme

inĂ©luctable. La rĂ©pĂ©tition de “ya” renforce cette idĂ©e. Il ne fallait en aucune maniĂšre y interprĂ©ter une dĂ©termination, une indication de moment comme « dĂ©jĂ  » (contre-sens) ou « bientĂŽt » (proximitĂ©). Il Ă©tait possible de traduire par : « c’était certain, bien certain » ou « oui, c’était certain ».

‱ La phrase Ă©tant au passĂ©, il fallait rĂ©tablir le passĂ© dans la principale « c’était certain » (et non « c’est certain »). Des erreurs de perception et de concordance des temps sont Ă  proscrire Ă  ce niveau car elles rĂ©vĂšlent une mauvaise appropriation du systĂšme de conjugaison qui fait sombrer le texte dans le non-sens.

‱ La comparaison como erupciĂłn a souvent Ă©tĂ© omise faisant de « erupciĂłn » un sujet ! En outre, il ne s’agit pas d’irruption mais d’éruption. Ces regrettables confusions de sons et de sens traduisent une connaissance trĂšs approximative de la langue cible.

‱ Haber de : il fallait comprendre : qui parmi nous allait pouvoir/aurait pu Ă©chapper Ă  l’indigestion?

‱ Aquella cena :la valeur emphatique de l’adjectif dĂ©monstratif devait ĂȘtre rendue en français. ‱ Levantar ronchas : mortificar, causar pesadumbre (DRAE). MĂ©taphorique, l’expression

lexicalisée se poursuit avec brotar et devient filée.

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Quelques remarques concernant les temps: Comme il a Ă©tĂ© dit, c’était la vraie difficultĂ© du texte. Mais l’observation sensĂ©e du contexte

permettait au candidat d’éviter les Ă©cueils et de reconstituer l’enchaĂźnement des actions narrĂ©es. L’un des points qui a posĂ© le plus de problĂšmes Ă©tait le conditionnel dont il fallait analyser l’emploi. Le narrateur raconte dans son prĂ©sent des Ă©vĂ©nements passĂ©s en annonçant leurs consĂ©quences dans ce passĂ©. Ce futur dans le passĂ© est rendu par le conditionnel : irĂ­an brotando, levantarĂ­a, ocuparĂ­an. Remarquons, au passage, qu’un candidat qui analysait correctement la valeur de futur dans le passĂ© de « irĂ­an brotando » ne pouvait pas traduire YA par dĂ©jĂ , ce qui aurait rendu la traduction absurde.

Cuando al otro día, pasado el estupor de la sorpresa y disipados también con el sueño los vapores alcohólicos que tanto entorpecen el cerebro, amaneció la gente, para muchos era increíble lo visto y oído;

‱ al otro dĂ­a a souvent Ă©tĂ© traduit par l’hispanisme inacceptable « Ă  l’autre jour » ou encore « l’autre jour ». On est en droit d’exiger la traduction Ă©lĂ©mentaire « le lendemain, le jour suivant ».

‱ La proposition participe marque toujours une action antĂ©rieure Ă  celle de la proposition principale mais le français n’accepte pas le participe tel quel en tĂȘte de phrase. Il l’introduit souvent par « une fois
 » : (une fois) la stupeur passĂ©e
 et non pas « passĂ©e la stupeur ». Le y supposait la mĂȘme construction pour la suite du texte : « et les vapeurs d’alcool dissipĂ©es ».

‱ Con el sueño : la prĂ©position con pose souvent des problĂšmes de rendu, car elle supporte rarement une traduction littĂ©rale (bien souvent, elle disparaĂźt tout simplement). Dans le cas prĂ©sent, cette erreur entraĂźnait un contresens puisque cela signifie que le sommeil s’était dissipĂ© lui aussi. Il fallait bien Ă©videmment comprendre que c’était grĂące au sommeil que tout s’était dissipĂ© (les vapeurs d’alcool, etc.).

‱ AmaneciĂł la gente : on ne pouvait pas accepter ici le passĂ© composĂ© (il Ă©tait Ă  proscrire de l’ensemble du texte).

andĂĄbamos todos desconcertados, medio huidos, rabo entre piernas. AndĂĄbamos : bon nombre de candidats ignorent l’expression trĂšs courante de « andar +adjectif » et ont traduit littĂ©ralement et de maniĂšre regrettable le verbe.

‱ Medio huidos : Si la proposition « Ă  moitiĂ© fuyants » a Ă©tĂ© acceptĂ©e, celles de « moitiĂ© fuyant(s) » ou « fuyant(s) Ă  moitiĂ© » ne l’ont pas Ă©tĂ©. L’expression avait le sens de « dĂ©semparĂ©s, dĂ©stabilisĂ©s ».

‱ Huido (DRAE) : « dĂ­cese del que anda receloso o escondiĂ©ndose por temor de algo o a alguien »

‱ rabo entre piernas: la queue entre les jambes/l’oreille basse/montrant pavillon bas.

Tras vueltas, reticencias y tanteos que ocuparían las horas de la mañana, sólo al atardecer se entró de lleno a comentar lo sucedido; y entonces, ¥qué cosas peregrinas no pudieron escucharse!

‱ Peregrinas, extraño, raro : il faut anticiper les rĂ©pĂ©titions. Il s’agit de choses Ă©tranges, bizarres, singuliĂšres
 et aucunement de « pĂšlerins ».

‱ Tanteos : une fois encore, certains agrĂ©gatifs font montre d’une connaissance trĂšs relative de la langue, ici l’espagnol : les copies ont montrĂ© de maniĂšre assez rĂ©currente une grave confusion « tanteo/intento » (basĂ©e sur une vague proximitĂ© sonore).

‱ Ocuparían (voir la valeur du conditionnel ci-dessus).

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Por lo pronto, y aunque parezca extraño (yo tenĂ­a miedo a los excesos de la chabacanerĂ­a), aunque parezca raro, la reacciĂłn furiosa contra la mujer, de que Ruiz Abarca ofreciera en el acto mismo un primer y brutal ejemplo, no fue la actitud mĂĄs comĂșn.

‱ Pas de difficultĂ©s si ce n’est le sens de chabacanerĂ­a. ‱ Il s’agit de la femme en question dans le texte : le français traduit par « cette femme ». ‱ Ofreciera : un agrĂ©gatif ne peut ignorer la valeur de plus-que-parfait de l’indicatif que peut

revĂȘtir un imparfait du subjonctif en –RA (il renoue ainsi avec une de ses valeurs passĂ©es qui resurgit depuis quelques annĂ©es sous la plume de certains Ă©crivains et journalistes). Une fois encore, l’observation critique du contexte permettait d’éviter des choix de temps incompatibles avec le bon sens.

Hubiera podido calcularse que ella constituirĂ­a el blanco natural de las mayores indignaciones, el objeto de los dicterios mĂĄs enconados; pero no fue asĂ­.

‱ Fasse l’objet : « ĂȘtre l’objet des railleries », « faire l’objet de critiques » (invectives, outrages) (Cf. Le Robert).

‱ Blanco : la mĂ©connaissance du sens adĂ©quat et courant de ce terme a entraĂźnĂ© des regrettables non-sens du type : « blanc ».

La perfidia femenina –corroborada, una vez mĂĄs, melancĂłlicamente- no sublevaba tanto como la jugarreta de Robert, ese canalla que ahora –pensĂĄbamos- estarĂ­a burlĂĄndose de nosotros, y riendo tanto mejor cuanto que era el Ășltimo en reĂ­r.

‱ « en ce moment – pensions-nous – » pour « ahora ». Le « ce » français exprime le « ici et

maintenant » du lecteur ; il est donc totalement Ă  proscrire ; cette impossibilitĂ© de traduction est d’autant plus marquĂ©e que la narration au style indirect rapporte des Ă©vĂ©nements passĂ©s. Il est plus que souhaitable que les candidats maĂźtrisent les emplois des dĂ©ictiques dans les deux langues.

‱ Le conditionnel de « estarĂ­a » n’équivaut pas seulement Ă  un futur dans le passĂ©, c’est un futur d’hypothĂšse dans le passĂ©. A l’époque des faits, les personnages qui durent « digĂ©rer » le dessert estimaient que Robert devait ĂȘtre en train de se moquer d’eux. C’est « pensĂĄbamos » qui commande cette valeur hypothĂ©tique.

‱ la coordination par Y interdit de traduire par « en riant ». Il faut sous-entendre « y estarĂ­a riendo » : il devait ĂȘtre en train de se moquer de nous et de rire d’autant mieux qu’il Ă©tait le dernier Ă  rire.

Durante meses y meses nos había dejado creer que le engañåbamos, y los engañados éramos nosotros: esto sacaba de tino, ponía rojos de rabia a muchos.

‱ Ce passage signifie : « Il nous avait laissĂ© croire qu’il Ă©tait notre dupe, et en rĂ©alitĂ© nous Ă©tions la sienne ». Ici, on ne pouvait accepter le faux-sens « il nous avait fait croire ».

‱ Le y est adversatif : alors que
 On ne peut mĂ©connaĂźtre cette valeur trĂšs classique de y facilement repĂ©rable et Ă©vidente grĂące Ă  l’environnement contextuel.

‱ Rendre verts de rage ou rouges de colĂšre. Il fallait Ă©viter de croiser les expressions.

Pues, en verdad, la conducta del señor director de Expediciones y Embarques resultaba el bocado de digestiĂłn mĂĄs difĂ­cil; pensar que se habĂ­a destapado con desparpajo inaudito –mejor aĂșn, con frĂ­o y repugnante cinismo- como un chulo vulgar, rufiĂĄn y proxeneta, suscitaba oleadas de rabia y tardĂ­o coraje, quizĂĄs no tanto por el hecho en sĂ­ como por la vejaciĂłn del chasco.

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‱ Mejor aĂșn : Le sens du texte espagnol est celui de « pire encore », que le français exprime donc par un Ă©clairage opposĂ© : Robert n’est pas juste un « sans-gĂȘne », il n’a pas simplement « un aplomb, un toupet, un culot inouĂŻ ». Il va au-delĂ , il fait « mieux encore ».

‱ Gigolo signifie « greluchon, amant, amoureux, soupirant, dandy ». Le gigolo est un homme entretenu ; le souteneur l’est aussi mais la diffĂ©rence est le type de rapport qui rĂ©git la relation. La femme se prostitue pour lui. Le « chulo » est vraiment une frappe, une gouape, une canaille, un dĂ©linquant ; d'ailleurs l'expression populaire est « un chulo putas ». Nous avons cependant acceptĂ© la traduction « gigolo ».

‱ Resultaba : Le simple verbe « ĂȘtre » ne pouvait suffire Ă  traduire l’espagnol de maniĂšre satisfaisante.

‱ Coraje : Des deux sens possibles « colĂšre » et « courage », il fallait retenir le premier, comme le contexte le fait clairement apparaĂźtre. La formulation redondante (ici sous forme de doublet) que l’on retrouve chez les classiques espagnols trĂšs « frĂ©quentĂ©s » par Ayala et les gens de sa gĂ©nĂ©ration, rejoint celle de rythme ternaire « chulo, rufiĂĄn y proxeneta ».

Proposition de traduction

Un coup de massue Ă  assommer un bƓuf : tel avait Ă©tĂ© l’effet de la rĂ©vĂ©lation de Robert. Son fameux discours nous avait [tous] abasourdis. Oui, c’était certain on verrait surgir chez chacun d’entre nous, telle une Ă©ruption cutanĂ©e, les boutons que ne manquerait pas de provoquer cette aussi misĂ©rable plaisanterie ; car, Ă  des degrĂ©s divers, lequel d’entre nous aurait-il pu Ă©chapper Ă  l’indigestion d’un dessert tel que celui que nous dĂ»mes avaler lors de ce mĂ©morable dĂźner ? Le lendemain, lorsque les gens Ă©mergĂšrent, une fois la stupeur provoquĂ©e par la surprise passĂ©e et les vapeurs d’alcool qui embrument tant le cerveau dissipĂ©es grĂące Ă  une nuit de sommeil, bon nombre d’entre nous avions du mal Ă  croire ce qu’il avait vu et entendu ; nous Ă©tions tous dĂ©contenancĂ©s, quelque peu dĂ©semparĂ©s, la queue entre les jambes. AprĂšs bien des louvoiements, des rĂ©ticences et des tĂątonnements qui allaient occuper toute la matinĂ©e, ce ne fut que le soir venu que l’on commenta sans dĂ©tours ce qui s’était passĂ© ; et alors, que d’extravagances n’entendĂźmes-nous pas ! Dans un premier temps, pour Ă©trange que cela paraisse (je craignais quant Ă  moi les excĂšs de grossiĂšretĂ©), pour curieux que cela paraisse, la violence de la rĂ©action envers cette femme, dont Ruiz Abarca nous avait fourni sĂ©ance tenante un premier exemple brutal, ne fut pas l’attitude la plus communĂ©ment partagĂ©e. On aurait pu imaginer qu’elle deviendrait la cible dĂ©signĂ©e des plus grandes indignations, qu’elle ferait l’objet des insultes les plus virulentes ; mais il n’en fut rien. La perfidie fĂ©minine – une fois de plus tristement vĂ©rifiĂ©e – n’était pas aussi rĂ©voltante que le tour pendable de Robert, cette canaille qui Ă  ce moment-lĂ  – pensions-nous – devait ĂȘtre en train de se moquer de nous, et de rire d’autant plus qu’il Ă©tait le dernier Ă  rire. Durant des mois et des mois, il nous avait laissĂ© croire que nous le bernions, alors que les bernĂ©s, c’était nous : de quoi faire sortir de nos gonds et rendre verts de rage bon nombre d’entre nous. Car, en vĂ©ritĂ©, le comportement de monsieur le directeur des ExpĂ©ditions et Embarquements s’avĂ©rait le morceau le plus dur Ă  avaler ; et songer qu’avec un aplomb inouĂŻ – ou plutĂŽt avec un cynisme froid et rĂ©pugnant – il s’était montrĂ© sous son vrai jour, tel un vulgaire souteneur, malfrat et proxĂ©nĂšte, suscitait des accĂšs de rage et de colĂšre rĂ©trospective, peut-ĂȘtre moins pour le fait en lui-mĂȘme que pour l’humiliation causĂ©e par ce mauvais tour.

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Ouvrages recommandés : JAMMES Robert, GORSSE Odette, Vingt six versions espagnoles, traduites et commentées,

Toulouse, Presse universitaire du Mirail, 1991. PÉREZ Joseph, PELORSON Jean-Marc, Guide de la version espagnole, Paris, A. Colin, 1996. BOUCHER Jean, Fort en version, Rosny, BrĂ©al, 2001. DEGUERNEL Alain, LE MARC’HADOUR RĂ©mi, La version espagnole. Licence/Concours,

Paris, Nathan, 1999-2001. Nouveau Bescherelle (Le). L’art de conjuguer, Paris, Hatier, 1980. GREVISSE Maurice, Le bon usage, Paris, De Boeck-Duculot, 1993. Vocabulaire orthographique. 50 000 mots du français courant, Paris, Larousse, 1983.

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ÉPREUVES ÉCRITES D’ADMISSION

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RAPPORT SUR L’ÉPREUVE ORALE DE :

EXPLICATION EN LANGUE ETRANGÈRE

établi par Mme Marie-José Hanaï5

Pour la session 2011 de l’agrĂ©gation interne d’espagnol, les textes au programme concernĂ©s par l’explication en langue Ă©trangĂšre ont Ă©tĂ© extraits : du traitĂ© de Francisco de Quevedo, Discurso de las privanzas, avec un passage du chapitre VIII ; du recueil Ă©laborĂ© par JesĂșs Silva Herzog, De la historia de MĂ©xico, 1810-1938. Documentos fundamentales, ensayos y opiniones, avec un passage d’un manifeste de Benito JuĂĄrez du 15 juillet 1867 ; et du roman de Leonardo Padura, La neblina del ayer, avec deux passages de la premiĂšre partie.

Organisation de l’épreuve. Commençons simplement par rappeler l’organisation et

les exigences gĂ©nĂ©rales de cette Ă©preuve orale. Le candidat dispose de trois heures de prĂ©paration : un exemplaire du texte Ă  Ă©tudier lui est fourni, avec indication de la pagination correspondant Ă  l’édition inscrite au programme – sans que l’ouvrage dans son intĂ©gralitĂ© soit consultable –, ainsi que du passage Ă  lire pendant la prestation ; un dictionnaire unilingue est mis Ă  sa disposition.

La partie orale elle-mĂȘme se dĂ©compose en trente minutes maximum pendant lesquelles le candidat mĂšne librement son explication ou commentaire sans ĂȘtre interrompu, et vingt minutes maximum d’entretien, toujours en langue Ă©trangĂšre, avec le jury6. Une utilisation judicieuse des trente premiĂšres minutes est Ă©videmment souhaitĂ©e : une explication ou un commentaire trop court (vingt minutes ou moins) dessert le candidat, et dans l’autre sens, le jury se permettra d’avertir celui-ci au bout de vingt-cinq minutes s’il craint que l’exercice ne puisse ĂȘtre accompli dans le temps imparti. Cette gestion du temps doit faire l’objet d’un entraĂźnement rĂ©pĂ©tĂ©.

Quant Ă  la durĂ©e effective de l’entretien qui suit, elle ne prĂ©juge en rien de la notation ; le jury revient sur les propositions du candidat, afin d’en demander un approfondissement, Ă©ventuellement une correction, mais ne saurait amener celui-ci Ă  dire ce qu’il n’a pas su dire. Les qualitĂ©s que le candidat doit dĂ©ployer lors de cet entretien sont l’écoute et la capacitĂ© Ă  reprendre la parole afin d’amĂ©liorer ou prĂ©ciser son premier discours, sans se contenter de rĂ©pĂ©ter ce qu’il aura dĂ©jĂ  dit. L’observation gĂ©nĂ©rale faite par le jury cette annĂ©e souligne l’attitude positive des candidats, leur ouverture et leur volontĂ© de rĂ©pondre aux questions, voire leur aptitude Ă  Ă©changer et leur vivacitĂ© d’esprit ; nĂ©anmoins, un manque de prĂ©cision et de dĂ©veloppement dans les rĂ©ponses a trahi quelquefois une absence d’approfondissement dans l’étude de la question au programme ou de maĂźtrise des outils thĂ©oriques et mĂ©thodologiques Ă  mobiliser dans l’interprĂ©tation du texte.

Le dĂ©bit, l’audibilitĂ©, la prononciation, la correction et la richesse de la langue sont apprĂ©ciĂ©s tout au long de la prestation devant le jury : il faut donc veiller Ă  ne pas se 5 J’intĂšgre dans ce rapport les prĂ©cieuses observations que m’ont fournies mes collĂšgues membres du jury. 6 Les dix minutes restantes du passage du candidat devant le jury sont occupĂ©es par le thĂšme oral.

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relĂącher en laissant Ă©chapper des formules relevant d’un registre non appropriĂ© (ex. : « vale »), Ă  s’écouter soi-mĂȘme et ne pas hĂ©siter Ă  se corriger, mais il faut aussi entretenir tout au long de la prĂ©paration Ă  cette Ă©preuve orale un lexique ample et prĂ©cis sans ĂȘtre inutilement jargonnant. Les commissions de la session 2011 ont apprĂ©ciĂ© un niveau en langue globalement satisfaisant, malgrĂ© certains Ă©cueils qu’il convient de signaler : les modes dans les subordonnĂ©es, les constructions prĂ©positionnelles et la tournure rĂ©flĂ©chie.

Rappelons enfin que l’épreuve est un exercice de communication orale, qui doit prouver la capacitĂ© du candidat Ă  bĂątir un discours sans lire des notes Ă©crites pendant le temps de la prĂ©paration, ce qui a Ă©tĂ© encore trop souvent le cas. S’il est comprĂ©hensible que l’introduction soit rĂ©digĂ©e pour offrir plus d’assurance au dĂ©but de la prise de parole, il faut, dĂšs ces premiers instants, savoir se servir trĂšs ponctuellement de ces notes comme d’une trame de guidage et non cĂ©der au dĂ©faut de la lecture orale.

MĂ©thode. Le premier temps de l’épreuve, oĂč le candidat dĂ©veloppe son explication

du passage proposĂ©, se doit de rĂ©pondre aux critĂšres acadĂ©miques de clartĂ©, de cohĂ©rence et d’attention au texte dĂ©jĂ  largement signalĂ©s pour ce type d’exercice.

La lecture des lignes indiquĂ©es se fait au moment que le candidat juge le plus opportun, mais disons qu’il est gĂ©nĂ©ralement bienvenu de placer cette Ă©tape Ă  la fin de l’introduction ou, dans le cas d’une explication linĂ©aire, lorsque le candidat aborde le passage en question. RĂ©pĂ©tons que cette phase de l’épreuve n’est pas anecdotique car la lecture est un indicateur de la bonne comprĂ©hension du texte, elle ne doit pas ĂȘtre hĂ©sitante, ni monotone ou neutre, ni non plus grandiloquente.

Respecter l’organisation Ă©quilibrĂ©e en trois parties de l’exercice repose sur une rigueur mĂ©thodologique et a pour but de mettre en valeur le texte proposĂ©. L’introduction est destinĂ©e Ă  situer ou contextualiser, Ă  Ă©noncer les lignes principales qui guideront l’explication, enfin Ă  annoncer l’organisation de celle-ci. La nature du texte proposĂ© guide le candidat quant Ă  la phase d’ouverture de cette introduction : les extraits de La neblina del ayer de Leonardo Padura demandaient Ă  ĂȘtre situĂ©s dans l’économie du roman afin d’en Ă©clairer l’intĂ©rĂȘt stratĂ©gique et la signification ; le passage du Discurso de las privanzas de Quevedo, qui devait ĂȘtre Ă©galement replacĂ© dans l’ensemble du traitĂ©, ainsi que le manifeste de Benito JuĂĄrez appelaient une contextualisation historique prĂ©cise qui montre les enjeux politiques et sociaux de la pĂ©riode oĂč ces discours s’inscrivent. Cette partie de l’introduction rĂ©vĂšle la capacitĂ© du candidat Ă  mobiliser sa connaissance gĂ©nĂ©rale des diverses questions, connaissance qui, de fait, sera rĂ©utilisĂ©e tout au long de l’explication. Des lectures approfondies des Ɠuvres au programme permettent la maĂźtrise indispensable de la structure gĂ©nĂ©rale d’une Ɠuvre et/ou d’une situation historique, et elles sont une condition prĂ©alable Ă  la mise en relation correcte du texte avec son contexte. Globalement, le jury a pu apprĂ©cier une connaissance satisfaisante de la pĂ©riode du XIXe siĂšcle mexicain, ainsi que du traitĂ© de Quevedo et du roman de Padura dans leur ensemble. Mais le SiĂšcle d’Or espagnol continue Ă  poser des difficultĂ©s pour ĂȘtre apprĂ©hendĂ© dans ses enjeux idĂ©ologiques et sociaux : la comprĂ©hension de la position de Quevedo par rapport au machiavĂ©lisme et Ă  l’érasmisme a Ă©tĂ© quelquefois confuse et l’évolution de la sociĂ©tĂ© ainsi que du rĂŽle des conseillers du roi, qui aboutit au statut de favori auprĂšs de Philippe III, mal envisagĂ©e.

La proposition des axes de lecture du texte doit ĂȘtre prĂ©cise, pointue, car toute l’explication devra s’y rattacher et l’un des critĂšres d’apprĂ©ciation renvoie Ă  la rĂ©alisation du projet annoncĂ© dans l’introduction : le candidat doit Ă  tout moment maĂźtriser son discours, prouver qu’il a constamment Ă  l’esprit les objectifs fixĂ©s dĂšs l’introduction. Trop de candidats se sont contentĂ©s d’énoncĂ©s trĂšs vagues, trop gĂ©nĂ©raux, pouvant ĂȘtre appliquĂ©s Ă  n’importe quel passage du roman de Padura par exemple, ou balayant trop largement le

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systĂšme de la privanza. L’établissement d’axes de lecture doit tendre Ă  mettre en valeur le texte proposĂ©, Ă  en marquer l’originalitĂ©, la force, la fonction.

Le candidat termine son introduction en prĂ©cisant la mĂ©thode choisie, ce qui est liĂ© Ă  la description globale du texte dans ses lignes de force. Cette mĂ©thode n’est pas imposĂ©e, mais disons que l’explication linĂ©aire est particuliĂšrement indiquĂ©e s’il s’agit d’un texte littĂ©raire alors que le commentaire thĂ©matique, qui, en s’appuyant sur des remarques de forme, recompose le texte, est prĂ©fĂ©rable dans le cas d’un document de civilisation. RĂ©pĂ©tons que ces indications ne sauraient ĂȘtre systĂ©matiques, mais Ă  l’oral, un commentaire composĂ© d’un texte littĂ©raire fait souvent passer Ă  cĂŽtĂ© de certains mots Ă  expliquer plus prĂ©cisĂ©ment et efface la dynamique qui fait progresser un rĂ©cit ; de l’autre cĂŽtĂ©, une explication linĂ©aire d’un document de civilisation mĂšne souvent Ă  la paraphrase sans parvenir Ă  dĂ©gager les axes principaux.

Une bonne introduction, bien ciblĂ©e, ouvre donc la porte du texte. L’étude de celui-ci dans son dĂ©tail doit rĂ©pondre aux attentes suscitĂ©es en effectuant des choix judicieux en fonction du projet de lecture. Il s’agit en effet d’opĂ©rer des choix de lecture et d’outils pertinents, et mĂȘme une explication linĂ©aire ne signifie pas qu’il faille tout dire, se perdre dans les dĂ©tails. Le temps imparti Ă  l’épreuve ne permettant pas une explication exhaustive, il faut repĂ©rer dans le texte, lors de la prĂ©paration, tous les Ă©lĂ©ments qui serviront au mieux ce que l’on entend dĂ©montrer et les faire rĂ©sonner entre eux tout au long de l’analyse, en veillant Ă  ne pas tomber dans la contradiction, ce qui s’est parfois produit pour l’extrait du Discurso de las privanzas, tout en Ă©tant attentif aux jeux de la progression d’un discours, qu’il soit idĂ©ologique ou fictionnel.

Enfin, la conclusion doit ĂȘtre une synthĂšse Ă©nergique des points forts de l’explication et ouvrir des perspectives. Les candidats ont assez souvent su Ă©laborer une conclusion substantielle, mais il faut signaler aussi des conclusions mal conçues, sans doute faute de temps Ă  la fin de la prĂ©paration : il faut s’attacher Ă  Ă©tablir une vĂ©ritable correspondance entre ce bilan et tout ce qui a prĂ©cĂ©dĂ©, car une conclusion qui vaudrait pour n’importe quel extrait d’une Ɠuvre n’est pas pertinente.

De façon gĂ©nĂ©rale, il convient de revenir sur des erreurs dans l’utilisation des outils mĂ©thodologiques qui font vite dĂ©river l’exercice vers une mauvaise apprĂ©hension du texte. Nous insisterons sur l’importance de distinguer les approches face Ă  un document de civilisation et Ă  un texte de littĂ©rature. Dans le premier cas, on peut exiger des candidats une prĂ©sentation fine d’un contexte historique prĂ©cis qui serve la comprĂ©hension et l’analyse. Cela ne veut pas dire qu’il ne fallait pas exploiter les procĂ©dĂ©s rhĂ©toriques et littĂ©raires, abondants chez Quevedo, mais qu’il fallait hiĂ©rarchiser intelligemment les prioritĂ©s. Certains candidats l’ont fait, en montrant, par exemple, une vraie connaissance de ce que l’on appellerait aujourd’hui le personnel politique. Ce n’était pas sans importance dans une question sur le favori du roi. Par ailleurs, l’analyse des textes littĂ©raires prĂ©sente deux Ă©cueils : le survol et la plongĂ©e en profondeur. Dans le premier cas, le candidat rappelle sans cesse ce qu’il veut dĂ©montrer mais n’approfondit pas assez, et finalement l’analyse linĂ©aire devient thĂ©matique, avec des idĂ©es, souvent empruntĂ©es Ă  des Ă©tudes critiques, qui reviennent sans cesse, mais le texte n’est pas vraiment exploitĂ©, donc interprĂ©tĂ©. De fait, un certain nombre de candidats a plaquĂ© des grilles de lecture sur les extraits du roman de Padura sans se rĂ©fĂ©rer vĂ©ritablement au texte Ă  analyser. Dans le deuxiĂšme cas, le candidat plonge dans les figures de style et rĂ©duit le sens Ă  quelques ingrĂ©dients qui apparaissent ici ou lĂ  sans rendre compte de l’économie gĂ©nĂ©rale du rĂ©cit. À l’inverse, les meilleurs candidats sont ceux qui ont su aller au plus prĂšs du texte pour en faire ressortir au mieux les enjeux de sens et de forme.

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Les sujets 2011. Nous proposons maintenant non pas une explication ou un commentaire détaillé des extraits proposés à la session 2011, mais une présentation des points essentiels attendus par le jury pour chacun de ces textes.

‱ Francisco de Quevedo, Discurso de las privanzas, Capítulo VIII : “De cómo ha de

asegurar de sĂ­ a los pequeños, y de cĂłmo se ha de asegurar de los grandes”, Pamplona, EUNSA, 2009, p. 236-237. DĂ©coupage de l’extrait : “El privado que tiene el pueblo temeroso [
] hacerse no señor, sino compañero de todos.”

Il convenait de rappeler dans l’introduction que ce traitĂ©, exemple de littĂ©rature politique rĂ©digĂ© entre 1606 et 1608 et dĂ©diĂ© Ă  Philippe III, marque l’entrĂ©e du jeune Quevedo Ă  la cour, Ă  un moment qui correspond Ă  une cĂ©sure entre une pĂ©riode bĂ©nie de privanza pour Lerma et le dĂ©but de critiques dont celui-ci fait l’objet. Ce passage du chapitre VIII traite des moyens de se maintenir au poste de privado Ă  travers un discours thĂ©orique et des allusions historiques ; il s’y dessine la position ambiguĂ« de Quevedo face au machiavĂ©lisme, ce qui n’a pas toujours Ă©tĂ© bien perçu (machiavĂ©lisme des anti-machiavĂ©liens), et la tension entre la morale chrĂ©tienne et le rĂ©alisme politique.

Ce texte invitait Ă  une approche linĂ©aire par ses caractĂ©ristiques oratoires et dĂ©monstratives, ce qui permettait de ne pas tourner en rond en utilisant un commentaire thĂ©matique, mais la philosophie politique devait rester au premier plan de l’étude et de l’argumentation. Il s’agissait de ne pas tomber dans le piĂšge d’une explication rhĂ©torique et peu vĂ©ritablement analytique qui n’aboutissait qu’à de la paraphrase ou Ă  du dĂ©layage sur les figures employĂ©es. Suivre la progression du texte permettait de mettre en Ă©vidence la fragilitĂ© de la position du privado face aux envieux et au peuple, puis la rĂ©futation de Machiavel, qui ouvre la voie Ă  des conseils sur la bonne gouvernance, pour aboutir Ă  une rĂ©flexion sur la dialectique compĂ©tence/loyautĂ© et la fonction de ministre.

‱ Benito Juárez, “Manifiesto expedido al establecer nuevamente el Gobierno

Nacional su residencia en la ciudad de MĂ©xico, 15 de julio de 1867”, in JesĂșs Silva Herzog, De la historia de MĂ©xico, 1810-1938. Documentos fundamentales, ensayos y opiniones, MĂ©xico, Siglo XXI Editores, 1980, p. 106-107. DĂ©coupage de l’extrait : “En nombre de la Patria agradecida [
] las autoridades elegidas por el pueblo.”

Une chronologie rapide mais prĂ©cise des avancĂ©es du libĂ©ralisme et du rĂŽle de JuĂĄrez, des Ă©vĂ©nements guerriers liĂ©s Ă  l’intervention française et au bref Empire de Maximilien, devait ĂȘtre mobilisĂ©e dans l’introduction. L’extrait proposĂ© gagnait Ă  ĂȘtre abordĂ© par la mĂ©thode du commentaire thĂ©matique car une approche linĂ©aire empĂȘchait les candidats de dĂ©gager efficacement les axes majeurs et prĂ©sentait Ă  nouveau le risque de privilĂ©gier une analyse purement rhĂ©torique et/ou de tomber dans la paraphrase. Ces axes se dĂ©clinaient en deux idĂ©es fortement marquĂ©es dans le discours de JuĂĄrez : la RĂ©publique restaurĂ©e, qui impliquait une explicitation des rĂ©fĂ©rences Ă  l’Empire, Ă  la division des Mexicains, Ă  la persistance des dangers intĂ©rieurs et extĂ©rieurs ; la Nation Ă  construire, avec l’exhortation Ă  l’union des Mexicains dans l’idĂ©al libĂ©ral. C’est Ă  travers ces deux axes que le candidat devait souligner la stature d’homme providentiel qu’adopte JuĂĄrez. Une bonne dĂ©finition de concepts politiques (patrie, nation, rĂ©publique) Ă©tait Ă©galement attendue.

Les mauvaises prestations ont Ă©tĂ© dues majoritairement : – au fait que l’analyse formelle du discours a pris le pas sur le sens, – Ă  une analyse pointilliste et au recours Ă  la paraphrase, – Ă  une mauvaise perception de l’implicite ou Ă  son absence (buenos caudillos ; los buenos mexicanos),

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– Ă  une connaissance trop approximative du contexte national/international, ce qui a entraĂźnĂ© des mises en perspective historico-politiques erronĂ©es du discours de JuĂĄrez, – Ă  une approche d’un document historique faussĂ©e par la connaissance a posteriori de l’histoire, qui prĂȘtait Ă  JuĂĄrez des intentions cachĂ©es (parti pris du candidat contre JuĂĄrez prĂ©sentĂ© comme un menteur et un manipulateur) et interprĂ©tait au lieu de commenter rigoureusement le texte.

Les bonnes, voire excellentes, explications ont su dĂ©montrer et mener Ă  leur terme les deux axes prĂ©cĂ©demment mentionnĂ©s, dĂ©gager les forces en prĂ©sence et rĂ©fĂ©rer ce discours Ă  un contexte historique prĂ©cis, mettre en valeur les stratĂ©gies discursives de JuĂĄrez destinĂ©es Ă  construire une stature morale et politique de lui-mĂȘme.

‱ Leonardo Padura, La neblina del ayer, Barcelona, Tusquets Editores, 2005, p. 58-

59. DĂ©coupage de l’extrait : “RevolviĂ©ndose en la cama [
] ÂĄNo jodan!” Signaler la position de cet extrait dans la Cara A du roman, placĂ© sous le signe de

l’oubli (« Vete de mĂ­ »), Ă©tait une façon d’introduire l’interrogation sur le passĂ©, forte source d’attraction pour le personnage de Mario Conde, comme axe principal du texte. À un moment de profond inconfort physique occasionnĂ© par l’excĂšs de nourriture, qui s’oppose aux privations alimentaires (thĂšme filĂ© dans tout le passage, qui commence par une digestion difficile et finit sur une dimension politique symbolisĂ©e par le livre de recettes), Mario Conde enclenche un processus d’enquĂȘte policiĂšre, caractĂ©risĂ© par la volontĂ© de raisonnement logique et dĂ©ductif, pour rĂ©pondre Ă  la fascination irritante qu’exerce sur lui l’image (et non pas la femme en chair et en os) de l’ex-bolerista Violeta del RĂ­o. L’interrogation sur le passĂ© se construit avec la curiositĂ© sur le destin de Violeta et la mise en relation entre ce cas particulier et la situation historique rĂ©volutionnaire de Cuba.

La structure du passage en deux Ă©tapes clairement articulĂ©es invitait Ă  une explication linĂ©aire, qui devait tout d’abord souligner l’influence de l’image de Violeta sur l’imagination et les sens de l’ex-policier, puis le phĂ©nomĂšne de distanciation, de gĂ©nĂ©ralisation, d’historicisation Ă  partir de la situation de Violeta. On attendait du candidat qu’il soit attentif aux procĂ©dĂ©s d’allitĂ©ration et de jeu morphosyntaxique (incapaz, incomodidad, incongruencia ; revelar, desvelar), de construction du discours logique, Ă  l’emploi du style indirect libre, tous ces Ă©lĂ©ments permettant de mettre en lumiĂšre la palette d’outils narratifs et stylistiques convoquĂ©e par l’écriture dans cette confrontation entre le prĂ©sent cubain et le passĂ© historique collectif et individuel.

‱ Leonardo Padura, La neblina del ayer, Barcelona, Tusquets Editores, 2005, p. 94-

95. DĂ©coupage de l’extrait : “3 de noviembre [
] la mĂĄs ingrata soledad.” L’identification de ce texte comme un extrait d’une des lettres adressĂ©es par Nemesia

MorĂ© Ă  Alcides Montes de Oca et glissĂ©es dans l’agencement narratif du roman (ici encore dans la premiĂšre partie, la Cara A tournĂ©e vers le passĂ©) constituait le point de dĂ©part de l’explication. Ces lettres, non lues par Alcides, ni par Mario Conde, mais par le lecteur implicite du roman, reposent sur une stratĂ©gie narrative polyphonique qui Ă©claire de diverses façons l’histoire de Cuba entre les annĂ©es cinquante du XXe siĂšcle et le dĂ©but du nouveau millĂ©naire, ainsi que le destin des personnages qui s’inscrivent dans cette histoire. Les pleins et les creux de la communication Ă©pistolaire jouent sur les ressorts dont dispose le lecteur afin de replacer ces textes dans l’économie gĂ©nĂ©rale du roman et d’accĂ©der ainsi Ă  un statut dĂ©doublĂ© d’enquĂȘteur, rivalisant avec Mario Conde et accompagnant Nemesia MorĂ© dans sa propre enquĂȘte.

Sur fond douloureux de plaintes larmoyantes adressĂ©es Ă  son amant qui l’a finalement abandonnĂ©e, celle qui Ă©crit cette lettre observe, tel un tĂ©moin Ă©garĂ©, les changements qui

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s’opĂšrent dans la population au dĂ©but de la RĂ©volution et essaie d’exprimer son sentiment d’appartenir irrĂ©mĂ©diablement au passĂ©, celui de l’üle et celui de son amour avec un amant absent mais lui aussi ramenĂ© vers ce passĂ© (« Somos cadĂĄveres de ese pasado »). L’assimilation d’un passĂ© rĂ©volu Ă  la mort est mĂ©taphorisĂ©e par la visite au cimetiĂšre, rituel par lequel Nemesia MorĂ© revendique sa place dans une famille oĂč elle sera toujours illĂ©gitime, ainsi que ses deux enfants.

Le projet de lecture pouvait s’articuler en deux axes rĂ©unis autour de la notion de tension : entre d’une part l’actualitĂ© de 1959 et l’avenir qu’il suppose, et d’autre part l’ancrage dans le passĂ© de Nemesia et de sa relation avec Alcides ; entre l’époque vĂ©cue par Nemesia et le prĂ©sent de la diĂ©gĂšse, celui de Mario Conde, marquĂ© par la dĂ©sillusion. L’approche linĂ©aire Ă©tait Ă  privilĂ©gier, accompagnant Nemesia dans sa sortie hors de la maison, son hommage rendu aux morts, sa dĂ©couverte d’un nouveau spectacle urbain, et la rĂ©vĂ©lation et affirmation de son appartenance au passĂ©.

De façon gĂ©nĂ©rale, en ce qui concerne ces deux extraits du roman de Padura, les candidats ayant optĂ© pour des axes thĂ©matiques de lecture ont eu bien du mal Ă  mener Ă  bien leur projet initial et ont eu tendance, au fur et Ă  mesure de leur prestation, Ă  s’éloigner du texte proposĂ© en y substituant un discours gĂ©nĂ©ral sur le roman et les personnages, oubliant, de fait, le principe mĂȘme de l’analyse de texte, laquelle suppose d’expliquer un texte en particulier dans sa structure, sa texture et sa dynamique mĂȘme, et de le mettre en perspective dans l’économie gĂ©nĂ©rale d’une Ɠuvre. Les outils d’analyse des fonctions narratives ont Ă©tĂ© aussi souvent malmenĂ©s, non maĂźtrisĂ©s : les rĂŽles et les identitĂ©s de l’auteur et des narrateurs sont souvent confondus, et les jeux entre les diffĂ©rents discours non exploitĂ©s.

Les meilleures prestations ont Ă©tĂ© celles des candidats ayant dĂ©fini un fil conducteur du texte en y raccordant judicieusement divers Ă©lĂ©ments d’analyse susceptibles de justifier, Ă©tayer leurs propos, comme nous l’avons soulignĂ© plus haut. Le jury a apprĂ©ciĂ© les candidats ayant su mettre les extraits rĂ©ellement en perspective et dĂ©montrer, par une analyse serrĂ©e des passages proposĂ©s, l’articulation histoire individuelle/histoire collective.

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ÉPREUVES ÉCRITES D’ADMISSION

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RAPPORT SUR L’ÉPREUVE ORALE DE :

EXPOSÉ DE LA PRÉPARATION D’UN COURS

Ă©tabli par Mme Catherine GUILLAUME

Texte de rĂ©fĂ©rence : BO n° 12 du 22-03-2001 « ExposĂ© de la prĂ©paration d'un cours suivi d'un entretien (durĂ©e de la prĂ©paration : trois heures ; durĂ©e de l'Ă©preuve : une heure maximum [exposĂ© : quarante minutes maximum ; entretien : vingt minutes maximum] ; coefficient 2). L'Ă©preuve prend appui sur un dossier composĂ© d'un ou de plusieurs documents en langue Ă©trangĂšre (tels que textes, documents audiovisuels, iconographiques ou sonores) fourni au candidat ». Place de l’épreuve dans le concours :

Le coefficient attribuĂ© Ă  cette Ă©preuve est de 2, le mĂȘme que celui qui est attribuĂ© Ă  l’autre Ă©preuve d’admission, l’Explication en langue Ă©trangĂšre (ELE). Les candidats ne doivent donc pas sous-estimer l’importance de l’ExposĂ© de la prĂ©paration d’un cours (EPC), qui constitue l’une des spĂ©cificitĂ©s du concours de l’AgrĂ©gation interne. Trop souvent, et injustement, traitĂ©e par les candidats comme le parent pauvre du concours, elle permet pourtant, lorsque la prestation est bien rĂ©ussie, de mettre en valeur l’expĂ©rience et l’habiletĂ© du professeur telle qu’il la met en Ɠuvre dans la classe. Les candidats ne doivent donc pas la considĂ©rer comme un objet Ă  part, Ă©tranger Ă  leurs pratiques, car les critĂšres d’évaluation du jury en la matiĂšre se fondent sur les exigences actuelles de l’enseignement de la langue espagnole dans l’enseignement secondaire telles qu’elles figurent dans les textes de rĂ©fĂ©rences (consultables sur Eduscol). C’est donc au quotidien, au cours de l’annĂ©e scolaire, que le professeur s’entraĂźne de fait pour prĂ©parer cette Ă©preuve (mĂȘme s’il est vrai que s’ajoute le jour de l’épreuve la contrainte du temps de prĂ©paration, ce qui demande sans nul doute un entraĂźnement prĂ©alable). Imaginer donc pouvoir la rĂ©ussir en ne s’interrogeant que durant quelques heures sur ses contenus est irrĂ©aliste et conduit le plus souvent Ă  des Ă©checs bien regrettables, qui pourraient pourtant ĂȘtre Ă©vitĂ©s si un travail au long cours de rĂ©flexion sur les enjeux didactiques et pĂ©dagogiques du cours d’espagnol Ă©tait conduit avec davantage de rigueur par les professeurs qui se prĂ©sentent. Le jury a pu en effet hĂ©las constater que la familiarisation avec le travail demandĂ© n’est pas gĂ©nĂ©rale : ce constat rĂ©vĂšle une prĂ©paration et un entraĂźnement insuffisants, voire inexistants chez certains candidats ayant « fait l’impasse ». Des prestations de ceux qui rĂ©ussissent cette Ă©preuve se dĂ©gagent pourtant une cohĂ©rence dans les contenus et une aisance dans les propos qui mettent le jury rĂ©ellement en situation d’évaluer la compĂ©tence professionnelle du professeur dans ce qui constitue le cƓur de son mĂ©tier. Nous engageons donc les candidats Ă  prendre la mesure de la juste place Ă  accorder Ă  cette Ă©preuve du concours.

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Quelques commentaires sur la dĂ©finition de l’épreuve et sa prĂ©paration en amont du concours :

Le court texte de rĂ©fĂ©rence qui dĂ©finit l’épreuve pose le postulat d’une dĂ©finition claire du mot « cours ». Or, les professeurs savent bien que la rĂ©alitĂ© prĂ©sente derriĂšre ce mot Ă©volue et se prĂ©cise au fil des annĂ©es. Nous insistons donc sur la nĂ©cessitĂ© de bien connaĂźtre les programmes officiels et l’outil de rĂ©fĂ©rence auquel ils sont adossĂ©s, le CECRL. C’est cette connaissance fine de ces documents sur lesquels ils doivent appuyer leur pratique professionnelle qui leur permettra, alliĂ©e aux fruits qu’ils auront tirĂ©s de leur expĂ©rience de terrain, de proposer au jury des solutions rĂ©alistes et riches pour faciliter aux Ă©lĂšves l’accĂšs aux contenus culturels des dossiers tout en favorisant le dĂ©veloppement de leurs compĂ©tences en langue espagnole.

Traditionnellement, les consignes qui accompagnent ces dossiers demandent aux candidats de construire une sĂ©quence d’enseignement plutĂŽt qu’une sĂ©ance Ă  proprement parler ou un « cours ». Ceci ne saurait interdire aux membres du jury de demander aux candidats d’imaginer des consignes prĂ©cises de mise en activitĂ© des Ă©lĂšves. Le Directoire actuel du concours a souhaitĂ© poursuivre dans la continuitĂ© de ses prĂ©dĂ©cesseurs et a donc conservĂ© l’approche par sĂ©quence. Pour la session 2011, tous les dossiers proposĂ©s, qui concernent le collĂšge ou le lycĂ©e, comportaient les mĂȘmes consignes de mise en Ɠuvre. Celles-ci sont toutefois susceptibles d’évoluer et ne sauraient ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme intangibles. Les candidats en trouveront un exemple, Ă  titre indicatif Ă  la fin de ce rapport, dans le dossier prĂ©sentĂ© (cf. Annexe 1).

Le jury a pu apprĂ©cier pour cette session une assez bonne connaissance des exigences de l’épreuve chez certains candidats. Mais chez d’autres, l’exposĂ© reste trĂšs thĂ©orique, et s’apparente Ă  un catalogue de rĂ©fĂ©rences aux textes officiels et Ă  la terminologie didactique et pĂ©dagogique dont le lien avec la pratique de la classe et ses enjeux ne sont guĂšre maĂźtrisĂ©s. La composition des dossiers :

Nous attirons l’attention des candidats sur la variĂ©tĂ© des supports figurant dans les dossiers : aux textes d’auteurs peuvent ĂȘtre associĂ©s des articles tirĂ©s de la presse actuelle, des documents iconographiques classiques ou contemporains, des chansons, des extraits d’interview, de reportage ou des sĂ©quences filmiques. Pour la session 2011, chaque dossier comportait au moins un document sonore (audio ou vidĂ©o), dont le script Ă©tait ou non fourni. (cf. Annexe 1). La gestion du temps :

Les diffĂ©rentes commissions d’interrogation ont pu constater cette annĂ©e que la majoritĂ© des candidats s’était efforcĂ©e de tenir compte des recommandations qui figurent dans le rapport de la session 2010 : un Ă©quilibre a souvent Ă©tĂ© trouvĂ© entre les diffĂ©rents moments consacrĂ©s Ă  l’analyse des documents et l’explicitation de la façon dont seraient mises en Ɠuvre les consignes donnĂ©es. L’analyse des supports :

Il s’agit d’une Ă©tape fondamentale qui doit cependant rester synthĂ©tique, c’est lĂ  l’une de ses difficultĂ©s : or, trop de candidats ne dominent pas suffisamment bien la technique de

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l’analyse de documents et se contentent de les paraphraser, de les rĂ©sumer, de les dĂ©crire ou de gloser autour de leur thĂšme, oubliant trop souvent l’implication de la forme dans l’expression du sens. Ces remarques sont valables pour tous types de document. Le jury dĂ©plore en effet que certains candidats fassent des contresens ou ne parviennent pas Ă  repĂ©rer et a fortiori Ă  reformuler le point de vue de l’auteur dans un texte argumentatif par exemple.

Que dire Ă©galement du langage filmique gĂ©nĂ©ralement laissĂ© de cĂŽtĂ© malgrĂ© la prĂ©caution prise de ne pas fournir le script de l’extrait ? Les candidats doivent donc s’entraĂźner Ă  repĂ©rer, pour les mettre en Ă©vidence de façon claire et brĂšve, les diffĂ©rentes problĂ©matiques contenues dans les supports de l’épreuve, tout en n’omettant pas de montrer qu’ils en ont perçu et compris le fonctionnement. La rĂ©ussite de cette Ă©tape est fondamentale pour l’efficacitĂ© des autres phases de l’épreuve. Comment en effet bĂątir une approche didactique et une mise en Ɠuvre efficaces si l’on n’a pas compris le sens des supports ? En outre, certaines analyses pourtant pertinentes sont oubliĂ©es lorsqu’il s’agit de mettre la classe en activitĂ© : il est donc trĂšs important de bien baser le travail des Ă©lĂšves sur les axes de sens que le professeur aura retenus. Il n’est en effet guĂšre rĂ©aliste d’avoir une ambition d’exhaustivitĂ© et le professeur-candidat doit faire des choix, tout comme il les ferait habituellement. Cette capacitĂ© Ă  choisir les Ă©lĂ©ments de sens les plus pertinents pour l’apprentissage sont pris en compte par le jury et les choix judicieux valorisĂ©s.

Un dernier point fondamental pour analyser efficacement un document est celui de la prĂ©cision terminologique qui n’est pas toujours Ă  la hauteur du concours : le jury a pu constater cette annĂ©e que ce qui relĂšve de l’humour, de l’ironie, de la parodie, Ă©tait assez mal maĂźtrisĂ©. Un exemple concret : parler de parodie Ă  propos de l’affiche reprenant le tableau de Dali, dans le dossier sur l’écologie, n’était pas appropriĂ© et rĂ©vĂšle une insuffisante maĂźtrise de ces notions, tout aussi importante dans le cadre de cette Ă©preuve que dans celui de l’explication de texte en langue Ă©trangĂšre. LE PLAN DIDACTIQUE :

Le jury a pu parfois s’étonner de voir les plans didactique et pĂ©dagogique mĂȘlĂ©s dans une certaine confusion, sans que les candidats ne semblent avoir conscience de l’importance de l’un et de l’autre, imaginant par exemple une mise en Ɠuvre pĂ©dagogique sans avoir pensĂ© Ă  dĂ©finir des objectifs clairs. Au contraire, certains projets trĂšs intelligemment construits ne parvenaient pas Ă  montrer au jury qu’une concrĂ©tisation dans la classe Ă©tait possible. Nous insistons donc sur l’importance de dĂ©finir des objectifs prĂ©cis, qui puissent ĂȘtre opĂ©rationnalisĂ©s dans une sĂ©quence rĂ©aliste.

Certes, les notions des programmes en vigueur sont assez clairement et prĂ©cisĂ©ment Ă©noncĂ©es par les candidats qui les connaissent gĂ©nĂ©ralement bien. Ceci est un point positif que le jury souligne car le programme reste le texte de rĂ©fĂ©rence pour le professeur. Sa connaissance approfondie est donc un prĂ©-requis indispensable sur lequel appuyer la rĂ©flexion. L’intĂ©rĂȘt des supports :

Il a Ă©tĂ© dans l’ensemble assez bien dĂ©gagĂ© par les candidats qui ont tout de suite repĂ©rĂ© certaines possibilitĂ©s d’exploitation pĂ©dagogique. Toutefois, les dossiers proposĂ©s pour cette session visaient notamment Ă  faire travailler la question des stĂ©rĂ©otypes pour contribuer en cela au renforcement de l’esprit critique et des capacitĂ©s d’analyse des Ă©lĂšves : il faut bien avouer que, sur ce plan, le jury est restĂ© sur sa faim car peu de candidats ont pensĂ© Ă  souligner

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l’importance des stĂ©rĂ©otypes et du travail qui peut ĂȘtre fait en classe pour les dĂ©coder. Nous les encourageons donc Ă  ne pas nĂ©gliger cette dimension lorsqu’ils prĂ©sentent au jury l’intĂ©rĂȘt des supports. Le choix des classes destinataires et l’ordre d’étude des documents :

Il est gĂ©nĂ©ralement assez bien Ă©tayĂ© mais il convient que les candidats Ă©largissent le nombre de critĂšres qui prĂ©sident Ă  leur choix : celui-ci est gĂ©nĂ©ralement basĂ©, et cela est judicieux d’ailleurs, sur une « ressemblance » thĂ©matique entre les contenus du dossier et les notions du programme ainsi que sur la complexitĂ© lexicale des textes, mais reste insuffisant. Il convient en effet parfois d’observer scrupuleusement les contenus pour se rendre compte que tel ou tel texte que le professeur juge « difficile » contient en rĂ©alitĂ© un grand nombre de mots transparents, ou bien qu’il est purement descriptif, ce qui doit inciter Ă  reconsidĂ©rer son Ă©tude en cycle terminal (ou alors seulement comme document « introductif » de la sĂ©quence par exemple). Certes le temps imparti Ă  la prĂ©paration est assez court mais un balayage trop rapide des documents peut conduire Ă  des apprĂ©ciations erronĂ©es et donc Ă  des choix trĂšs discutables. Peuvent Ă©galement jouer un rĂŽle non nĂ©gligeable les apports possibles de l’interdisciplinaritĂ©, qui facilitent souvent l’accĂšs au sens pour les Ă©lĂšves. Nous encourageons donc les candidats Ă  apprendre Ă©galement Ă  jauger du degrĂ© rĂ©el de complexitĂ© d’un support Ă  l’aune des critĂšres du CECRL, sans s’en tenir uniquement Ă  des critĂšres de complexitĂ© linguistique afin d’effectuer des choix parfois diffĂ©rents mais sans aucun doute plus prometteurs par rapport Ă  l’efficacitĂ© de l’apprentissage.

Nous rappelons en outre la prioritĂ© Ă  accorder Ă  la pratique orale de la langue : il conviendra donc que les candidats effectuent le choix de la classe destinataire et ordonnent les supports en fonction des potentialitĂ©s qu’ils offrent pour dĂ©clencher la parole sans s’en tenir uniquement Ă  un ordre « chronologique » comme cela a Ă©tĂ© parfois observĂ© cette annĂ©e.

Nous signalons Ă©galement ici que la majoritĂ© des candidats semble Ă©tablir une hiĂ©rarchie entre les diffĂ©rents types de support, les extraits filmiques ou audio Ă©tant souvent rĂ©servĂ©s Ă  des tĂąches introductives ou annexes, et leur spĂ©cificitĂ© un peu gommĂ©e. Le jury a pourtant pris soin de ne pas donner les scripts des sĂ©quences filmiques pour Ă©viter que celles-ci ne « disparaissent » au profit de ces derniers, transformant ainsi le travail sur l’image en simple comprĂ©hension de l’écrit. Nous rappelons que tous ces types de supports font (ou devraient faire) habituellement partie de la pratique des professeurs, qui ne devraient donc pas se sentir gĂȘnĂ©s de les retrouver dans un dossier pĂ©dagogique. La problĂ©matisation des contenus du dossier et la dĂ©finition des objectifs d’apprentissage:

Une autre question fondamentale pour construire un projet ambitieux mais rĂ©alisable est celle de la problĂ©matisation des axes de sens contenus dans les documents qui composent les dossiers. Les candidats citent certes les notions des programmes, donnent souvent un titre Ă  la sĂ©quence qu’ils proposent mais ne problĂ©matisent pas la notion ou les notions importantes qu’ils souhaitent travailler avec leurs Ă©lĂšves. Il est en effet, par exemple, beaucoup plus intĂ©ressant d’inciter la classe Ă  rĂ©flĂ©chir et Ă  s’exprimer sur les diverses dimensions de la question Ă©cologique (scientifique, Ă©conomique, mĂ©diatique) comme cela Ă©tait possible Ă  partir des diffĂ©rents supports qui composaient l’un des dossiers proposĂ©s, plutĂŽt que d’envisager uniquement une mise en activitĂ© qui porterait sur « l’écologie », approche qui restreint paradoxalement les choses, Ă  cause d’une thĂ©matique trop vaste pour qu’elle puisse donner lieu Ă  des activitĂ©s rĂ©ellement efficaces.

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Ces considĂ©rations sont indissociables de ce qui relĂšve de la dĂ©finition des objectifs d’apprentissage (ou compĂ©tences visĂ©es) : ceux-ci sont souvent trĂšs imprĂ©cis et hĂ©las limitĂ©s Ă  des questions linguistiques, nommĂ©es d’ailleurs de façon rĂ©vĂ©latrice, « objectifs linguistiques » par les candidats. Il n’est bien entendu pas question d’affirmer ici que l’apprentissage de la langue espagnole fait fi de la compĂ©tence grammaticale mais celle-ci doit retrouver la place qu’elle mĂ©rite, c’est-Ă -dire celle d’outil au service de la reformulation du sens et de la communication. ConsidĂ©rer la dimension grammaticale de la langue comme une fin en soi conduit, et cela a encore Ă©tĂ© constatĂ© pour cette session du concours, Ă  des propositions de mise en Ɠuvre pĂ©dagogique pauvres et trĂšs limitĂ©es. Nous engageons donc les candidats Ă  Ă©largir leur rĂ©flexion Ă  ce propos, en incluant dans leurs objectifs, outre le travail sur la langue, la dimension culturelle (apprendre aux Ă©lĂšves Ă  dĂ©couvrir et comprendre des faits culturels), analytique (apprendre aux Ă©lĂšves Ă  analyser) et communicationnelle (apprendre aux Ă©lĂšves Ă  communiquer pour reformuler du sens). LE PLAN PEDAGOGIQUE : Les stratĂ©gies d’apprentissage :

Une fois les documents du dossier correctement analysés, les axes de sens problématisés

et des objectifs complexes dĂ©finis, il devenait possible de proposer une mise en Ɠuvre pĂ©dagogique cohĂ©rente.

Celle-ci a pourtant assez souvent fait dĂ©faut, les candidats se contentant trop souvent d’énumĂ©rer quelques activitĂ©s langagiĂšres (dont tous ne connaissent d’ailleurs pas encore le dĂ©tail), dĂ©coulant seulement d’objectifs de nature linguistique qui semblent pour un certain nombre de candidats constituer l’unique but du cours d’espagnol. Il est donc important d’inscrire le choix des activitĂ©s langagiĂšres d’entraĂźnement dans la stratĂ©gie globale d’apprentissage. Si telle ou telle activitĂ© langagiĂšre est retenue par le professeur, c’est qu’elle prĂ©sente un intĂ©rĂȘt pour l’apprentissage : ce point, qui paraĂźt Ă©vident, est une pierre d’achoppement pour certains, qui ne semblent pas non plus avoir conscience des interactions entre activitĂ©s langagiĂšres, sans lesquelles la communication est impossible (l’élĂšve Ă©coute pour comprendre puis reformule ce qu’il a compris, etc.).

Ce qui ressort Ă©galement des prestations des candidats pour cette session est que la « tĂąche finale » est presque systĂ©matiquement mentionnĂ©e comme Ă©tant en rĂ©alitĂ© l’objectif de la sĂ©quence mais sans que ne soient crĂ©Ă©es les stratĂ©gies pour y parvenir. Cette « tĂąche finale » est d’ailleurs souvent confondue avec une Ă©valuation de fin de sĂ©quence, autre point sur lequel la rĂ©flexion des candidats doit ĂȘtre approfondie. Si « tĂąche finale » il y a, et pourquoi pas si elle est pertinente, elle ne doit pas « commander » la construction complĂšte de la sĂ©quence par une sorte d’inversion un peu pernicieuse qui subordonne toutes les activitĂ©s des Ă©lĂšves Ă  cette sorte de « climax pĂ©dagogique » ! Ceci ne rend pas, hĂ©las, les choses plus efficaces pour autant : c’est en effet tout au long de la sĂ©quence que les Ă©lĂšves doivent ĂȘtre mis en situation de comprendre et de reformuler, et tout au long de la sĂ©quence qu’ils doivent ĂȘtre amenĂ©s Ă  produire dans la langue cible. EntraĂźnement qui leur permettra d’acquĂ©rir les connaissances, les capacitĂ©s et les attitudes indispensables pour pouvoir ensuite agir de façon autonome face Ă  une situation donnĂ©e. Or, le jury a pu constater que trop souvent l’on ne dĂ©passe pas le stade des bonnes intentions (« les Ă©lĂšves vont comprendre les difficultĂ©s des immigrants », « nous allons introduire le thĂšme » ) qui devraient conduire Ă  des rĂ©alisations (parfois totalement irrĂ©alistes) – («Determina las consecuencias a nivel nacional de la

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emigraciĂłn », sic) –. Nous ne saurions d’ailleurs que conseiller aux professeurs-candidats de vĂ©rifier la faisabilitĂ© des tĂąches demandĂ©es avant de les proposer pour des Ă©lĂšves.

L’épineuse question du repĂ©rage des difficultĂ©s et des propositions pour y remĂ©dier reste d’actualitĂ©. La notion de « difficultĂ© » des supports est d’ailleurs tout Ă  fait subjective si elle n’est pas rĂ©fĂ©rencĂ©e aux grilles du CECRL. Sans doute serait-il plus positif de parler d’aide au repĂ©rage des complexitĂ©s. Ce repĂ©rage est en tout cas gĂ©nĂ©ralement d’ordre linguistique et trĂšs peu souvent d’ordre culturel. Peu de candidats pensent Ă  l’importance des prĂ©-requis qui sont pourtant fondamentaux. Jetant un regard essentiellement « nĂ©gatif » sur le support, les candidats oublient de s’appuyer sur les Ă©lĂ©ments facilitateurs, limitant la comprĂ©hension Ă  une Ă©lucidation lexicale rĂ©solue par quelques notes ou pire, par une longue Ă©tape de questions/rĂ©ponses pour traduire le lexique manquant. La lecture Ă  haute-voix est Ă©galement considĂ©rĂ©e parfois comme un moyen de faciliter la comprĂ©hension. Nous engageons donc les candidats Ă  approfondir leur rĂ©flexion quant Ă  cette Ă©tape stratĂ©gique sans se limiter aux Ă©cueils lexicaux ou grammaticaux.

La question de la variété est également à travailler, les propositions des candidats se

rĂ©vĂ©lant trop uniformes et peu crĂ©atives, essentiellement des exercices de type « vrai-faux ». Nous employons Ă  dessein le mot « exercice » car nombre de mises en activitĂ© proposĂ©es n’ont qu’un lien lointain avec le sens des supports et les candidats envisagent souvent une simple « correction » qui ne permet guĂšre d’atteindre les objectifs annoncĂ©s. Il ne s’agit donc pas tout Ă  fait de tĂąches : pour que cela en fĂ»t, il faudrait davantage de prĂ©cision dans la construction des consignes et notamment un lien explicite avec le sens pour que le jury puisse comprendre exactement ce que le professeur attend des Ă©lĂšves surtout en termes de production dans la langue.

La variĂ©tĂ©, non pas comme une fin en soi mais comme facteur favorisant les apprentissages, passe Ă©galement par celle du choix des formes sociales de travail : le jury a pu constater un recours excessif voire systĂ©matique pour certains au travail par binĂŽme ou/et par atelier, et donc des choix souvent discutables au regard des objectifs poursuivis. Par exemple, un groupe dĂ©crit Ă  l’autre l’une des deux petites photos reprĂ©sentant les effets du rĂ©chauffement climatique, de la pollution sur l’environnement, l’autre groupe n’ayant pas, bien sĂ»r, la photo sous les yeux. Pourquoi pas, mais les candidats Ă©prouvent des difficultĂ©s Ă  dĂ©finir la plus-value d’un tel type de travail et les objectifs poursuivis par ce biais. Il existe parfois une confusion entre mise en groupe et mise en activitĂ©, mais faire vivre la perspective actionnelle dans la classe ne nĂ©cessite pas forcĂ©ment une organisation en binĂŽmes ou en groupes plus importants.

En ce qui concerne l’enchaĂźnement des activitĂ©s et donc le dĂ©roulĂ© d’une progression, les candidats se contentent souvent de les juxtaposer sans que celles-ci ne servent un projet prĂ©cis. Du coup, la question fondamentale du dĂ©veloppement de l’autonomie de l’élĂšve n’est gĂ©nĂ©ralement pas abordĂ©e. L’effet produit est celui d’une accumulation de courtes mises en activitĂ©s gĂ©nĂ©ralement silencieuses, suivies d’une correction au tableau. Nous incitons donc les candidats Ă  faire preuve de davantage de crĂ©ativitĂ© sans perdre de vue le projet d’ensemble.

Nous rappelons Ă©galement que le « travail Ă  la maison » fait partie intĂ©grante de la sĂ©quence : il est regrettable de le voir utilisĂ© pour terminer ce qui n’a pas pu ĂȘtre fait en classe (« si l’on n’a pas le temps de terminer, les Ă©lĂšves finiront chez eux » ) ou ĂȘtre centrĂ© principalement sur l’expression Ă©crite. LĂ  encore, en fonction de ce qui a Ă©tĂ© travaillĂ© durant la sĂ©ance et de ce qu’il souhaite obtenir, le professeur devra faire des choix et varier les activitĂ©s langagiĂšres. La fameuse « trace Ă©crite » est gĂ©nĂ©ralement citĂ©e mais sans que les

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candidats en voient toujours l’utilitĂ©. Il faut donc s’interroger Ă  la fois sur la pertinence de sa construction durant la sĂ©ance et celle de sa mĂ©morisation.

Mentionnons enfin l’utilisation des TICE, qui apparaissent parfois au dĂ©tour d’un projet. C’est un dĂ©but encourageant et nous incitons les professeurs Ă  ne pas hĂ©siter Ă  proposer des travaux en salle multimĂ©dia ou en laboratoire de langue par exemple. (Rappelons tout de mĂȘme qu’utiliser les TICE ne se limite pas Ă  projeter la version numĂ©risĂ©e d’un support !). La diffĂ©renciation pĂ©dagogique

Absente des propositions des candidats, elle est pourtant au cƓur de l’évolution actuelle

des techniques d’apprentissage, toutes disciplines confondues : prendre en compte la diversitĂ© des potentiels des Ă©lĂšves en s’appuyant sur ce qu’ils savent et savent faire au lieu d’imposer Ă  tous un schĂ©ma et une approche uniques constitue une piste trĂšs intĂ©ressante sur laquelle nous engageons les candidats Ă  rĂ©flĂ©chir sĂ©rieusement. Cette rĂ©flexion est Ă  conduire en lien avec celle sur l’évaluation, notamment diagnostique. Prolongations et interdisciplinaritĂ© :

Quelques propositions pertinentes permettant de croiser les regards ont Ă©tĂ© faites mais dans l’ensemble les prolongations interdisciplinaires sont peu souvent envisagĂ©es. Ce point est Ă  renforcer. L’évaluation :

Les consignes figurant dans les dossiers demandaient de prĂ©ciser les Ă©valuations prĂ©vues. Il faut bien avouer que cette question est restĂ©e l’un des Ă©lĂ©ments les plus fragiles des prestations Ă©coutĂ©es, les candidats connaissant mal les diffĂ©rents types d’évaluation, qui est souvent limitĂ© Ă  la notation de la tĂąche finale, utilisĂ©e comme Ă©valuation sommative. Ceci est trĂšs incomplet car les propositions, trop limitĂ©es, ne permettent pas d’évaluer les Ă©lĂšves dans les cinq activitĂ©s langagiĂšres d’entraĂźnement. L’évaluation diagnostique reste peu connue et n’a pratiquement jamais Ă©tĂ© mentionnĂ©e, ce qui a pour consĂ©quence une prise en charge trĂšs limitĂ©e de la diversitĂ© des Ă©lĂšves. Certains candidats ont toutefois fait l’effort de proposer des critĂšres mais ceux-ci sont restĂ©s assez confus. L’on voit donc que cette partie de l’épreuve exige encore du travail chez les candidats qui doivent se cultiver sur cette question et rĂ©flĂ©chir Ă  ce que peut ĂȘtre une Ă©valuation dite « positive » c’est-Ă -dire qui cherche Ă  mesurer ce que l’élĂšve sait faire au lieu de pointer ses lacunes. La communication :

Les candidats, dans leur ensemble, ont fait preuve d’une grande courtoisie et d’une bonne ouverture d’esprit. Toutefois, la langue utilisĂ©e n’est pas toujours correcte et le registre parfois inappropriĂ©, ce qui n’est pas admissible. Rappelons aux candidats que le niveau d’expression en langue française est aussi Ă©valuĂ©. Le mĂ©tier de professeur Ă©tant Ă©minemment communicationnel, le jury regrette Ă©galement que quelques candidats soient rivĂ©s Ă  leurs notes ce qui est assez dommageable pour des professeurs qui doivent, dans le quotidien de leur classe, Ă©duquer aussi les Ă©lĂšves aux attitudes et savoir-ĂȘtre propres au code de l’oral.

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Conclusion

Cette Ă©preuve, qui constitue une sorte de miroir de la pratique professionnelle des candidats est certes difficile, notamment par l’exigence de mise en situation artificielle qu’elle impose. Les candidats ne doivent toutefois pas oublier que les critĂšres d’évaluation du jury sont basĂ©s sur les axes qui doivent guider leur pratique au quotidien. Nous les incitons justement Ă  utiliser cet atout d’ĂȘtre en terrain connu et Ă  ne pas hĂ©siter Ă  introduire des Ă©lĂ©ments issus de leur pratique lors de l’épreuve, il en existe certainement chez chacun de tout Ă  fait recevables.

Enfin, le jury peut donner les conseils suivants aux candidats : – s’entraĂźner Ă  dĂ©gager rapidement les axes de sens contenus dans les supports sans

oublier l’aspect formel – ĂȘtre au clair sur les notions en lien avec l’analyse de document quel que soit son type – ĂȘtre prĂ©cis Ă  la fois dans les termes utilisĂ©s et dans la dĂ©finition des diffĂ©rents

Ă©lĂ©ments constitutifs de la sĂ©quence – faire preuve de bon sens, de rĂ©alisme tout en restant ambitieux Certains candidats ont fort bien rĂ©ussi, cette Ă©preuve n’est pas infaisable si l’on veut

bien la considérer comme un élément qui prolonge et permet au jury de reconnaßtre et de valoriser une pratique professionnelle efficace.

(Voir Annexe 1 : pages suivantes)

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AGREGATION INTERNE D’ESPAGNOL

SESSION 2011

EPREUVE ORALE D’ADMISSION

ExposĂ© de la prĂ©paration d’un cours suivi d’un entretien

DurĂ©e de l’exposĂ© : 40 minutes maximum DurĂ©e de l’entretien : 20 minutes maximum

Composition du dossier : 3 documents. Document A : Javier VILLÁN, Y vinieron las suecas, ediciones Akal, S.A 2002, pp. 11-12. Document B : Bernardo VERGARA, Los ilegales, El Jueves, n° 1509, del 26 de abril al 2 de mayo de 2006. Document C : Un extrait du film Carlos Iglesias, Un franco, catorce pesetas, Espagne, 2006. [ NB : SCRIPT DU DOC. C NON FOURNI AU CANDIDAT LE JOUR DE L’ORAL] Consignes : TOUTES LES PROPOSITIONS DEVRONT ETRE JUSTIFIEES PAR LE CANDIDAT Vous envisagez de construire une sĂ©quence d’enseignement Ă  partir des documents qui composent ce dossier. AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© briĂšvement l’analyse de ces documents, vous en dĂ©gagerez l’intĂ©rĂȘt. Vous prĂ©ciserez la classe destinataire et la notion du programme retenues. Vous prĂ©senterez ensuite les objectifs que vous avez dĂ©finis pour cette sĂ©quence et l’ordre dans lequel vous Ă©tudieriez ces documents en fonction de ces objectifs. Vous spĂ©cifierez les activitĂ©s langagiĂšres choisies et les raisons de votre choix. Vous expliciterez les stratĂ©gies retenues pour la mise en Ɠuvre pĂ©dagogique de cette sĂ©quence et l’évaluation des acquis des Ă©lĂšves en donnant (en espagnol) quelques exemples de tĂąches. Enfin, vous prĂ©senterez les prolongements que vous envisageriez.

[4 pages numérotées de 1/4 à 4/4]

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Document A Las fronteras se habĂ­an ampliado gracias a la emigraciĂłn. Y dentro de ese movimiento que liberĂł a España del paro y la indigencia, Alemania era la tierra de promisiĂłn. Yo, SebastiĂĄn Villegas Zapata, sabĂ­a lo que allĂ­ ocurrĂ­a por las noticias que me enviaban dos antiguos compañeros de escuela con los cuales me carteaba. “Vente para Alemania”, repetĂ­an. Seguro que en Alemania no ataban los perros con longanizas. Mas, para quienes habĂ­an salido del pueblo con una mano delante y otra detrĂĄs, era lo mĂĄs parecido al paraĂ­so. Leyendo entre lĂ­neas, se descubrĂ­a que esas cartas triunfales ocultaban lo peor: la soledad. Con cierta inocencia autosatisfecha manifestaban el ascenso de clase en relaciĂłn a los que se quedaban en España, pero silenciaban las penurias afectivas y las dificultades laborales que rodeaban sus vidas. A poco que hurgaras en ellas, salĂ­a a flote lo peor de los desclasados: un resentimiento pequeño burguĂ©s de triunfo, desdeñoso con los descamisados que quedaban atrĂĄs: una perpetua insatisfacciĂłn. Sobre estos fundamentos se revitalizĂł en aquellos años la depauperada economĂ­a española. Ésas eran las huestes celtibĂ©ricas que andaban por Europa, tristes ejĂ©rcitos de proletarios que, cĂ©ntimo a cĂ©ntimo, iban aperruñando unos ahorros para volver a España con un paso mĂĄs de dignidad. No conquistaron nada, pero fueron la vĂĄlvula de escape por la que se abriĂł la presiĂłn social de un paĂ­s insostenible: exportaron paro y trajeron divisas. Esa labor de apuntalamiento del rĂ©gimen aportĂł una contrapartida: entre los emigrantes, gracias a la agitaciĂłn de las gentes del exilio, creciĂł la mala planta del comunismo y otras doctrinas disolventes. O sea que salĂ­an de su pueblo franquistas y volvĂ­an rojos. Esto lo sospechaban las autoridades, pero mientras siguieran llegando marcos o francos y la agitaciĂłn se produjese fuera, no importaba demasiado. Yo creo que, en parte, las ideas democrĂĄticas en España, ademĂĄs de con la muerte de Franco, tienen algo que ver con esos flujos migratorios, interiores o exteriores. SegĂșn decĂ­an el Salustiano y el Salva en sus cartas, Alemania era Jauja. Para otros, la Jauja serĂ­a Francia o Suiza, seguro. Pero Alemania era el objetivo primordial. Y los alemanes, reencarnaciĂłn de dioses. VeĂ­as a los alemanes en Canet de Mar y tampoco era para tanto, la verdad. A mĂ­ no me parecĂ­an ni mejores ni peores que los españoles, excepto que estaban mejor alimentados; y eran altos, rubios y guapos. Ellas sobre todo. Lo mĂĄs chocante era que la fortaleza fĂ­sica de las mujeres era acompañada de cierta fragilidad y delicadeza, eso que en España llamĂĄbamos feminidad. O sea, tacto de seda, mirada de melocotĂłn. Eran esbeltas, pero no fornidas. VestĂ­an muy mal, eso sĂ­: mĂĄs la dejadez en el vestir debĂ­a de ser cosa de las vacaciones. La indumentaria, por otra parte, importaba poco. A la postre, casi todo el dĂ­a andaban medio desnudas y, aunque se vistieran para irse de sarao nocturno, enseguida volvĂ­an a desnudarse. Los pueblos costeros eran entonces como Sodoma y Gomorra; mucho mĂĄs de lo que en sus cartas no decĂ­an del extranjero mis amigos. Lo que me contaban de allĂ­ podĂ­a ser humo; lo de aquĂ­ era realidad de carne y hueso. Pero las cartas sonaban tan bien, expresaban tal exaltaciĂłn, que me imaginaba a mis paisanos como dos generales con Europa rendida a sus pies de proletarios.

Javier VILLÁN, Y vinieron las suecas, ediciones Akal, S.A 2002, pp. 11-12.

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Document B

Bernardo VERGARA, Los Ilegales, El Jueves, n° 1509, del 26 de abril al 2 de mayo de 2006

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Document C Script Suiza 1960 [Intercambios en alemĂĄn] El catalĂĄn, de pie: ÂżVosotros sois dos españoles que querĂ©is trabajar en la fĂĄbrica? MartĂ­n, sentado: Coño, pero Âżeres español? El catalĂĄn: De Barcelona. MartĂ­n: ÂżY quĂ©? ÂżHay trabajo en la fĂĄbrica? El catalĂĄn: Depende. ÂżQuĂ© sabĂ©is hacer? MartĂ­n: Somos mecĂĄnicos fresadores. Marcos, sentado: Oficiales de primera. El catalĂĄn: Bueno eso de que sois oficiales de primera ya lo veremos. Es lo que decĂ­s todos. MartĂ­n: Claro que lo vamos
 a ver. Ése es el tercero de su promociĂłn en la Paloma. Marcos: El segundo. El catalĂĄn: A mĂ­ me da igual. Si os interesa tenĂ©is que estar mañana a las siete y media en la fĂĄbrica. Enseñando sus camisas blancas. ÂĄCambiaos de boda! TenĂ©is que pasar un reconocimiento mĂ©dico y luego una prueba. ÂĄAh!, el tiempo que habĂ©is estado aquĂ­ sin trabajar lo paga la fĂĄbrica. [Gracias]. Ya arreglo yo con la Dueña. Voz off de Pilar que estĂĄ leyendo una carta de MartĂ­n, la primera: “Querida Pilar: Los dĂ­as aquĂ­ pasan volando. SegĂșn llegamos nos hicimos
 nos hicieron una prueba en la fĂĄbrica y enseguida empezamos a trabajar. La fĂĄbrica es muy grande y hay muchos extranjeros sobre todo italianos. Nos hemos hecho amigos de uno que se llama Tonino y que chapurrea el español. Españoles sĂłlo hay uno, un catalĂĄn pero no hemos hecho muy buenas migas. Esto es muy limpio y bonito, pero muy aburrido. Del trabajo a la pensiĂłn. Es muy barata para lo que ganamos. EstĂĄ muy limpia y se come bien, pero raro. Echo de menos los huevos fritos con chorizo, las lentejas o un cocidito de los tuyos. Lo del dinero es verdad: un franco cada catorce pesetas, asĂ­ que salimos por unas 13.000 pesetas al mes.” Pilar: ÂĄQuĂ© barbaridad! “Antes de que nos demos cuenta tenemos pagado el piso ya verĂĄs. Dales recuerdos a mis padres y a mi hermana Luisa. Y no te olvides de ver la inmobiliaria que tienen los recibos del dinero que les he mandado. Un beso para todos, con todo el cariño de MartĂ­n”. Extrait du film de Carlos Iglesias Un franco, catorce pesetas, Espagne, 2006.


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