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Bulletin trimestriel d’information du rĂ©seauImmigration DĂ©veloppement DĂ©mocratie

n° 39 - janvier-mars 2014 - 2 euros

infos

DOSSIERProjet fédérateur :

en avant !

IDDvous adresseses meilleursvƓux pourl’annĂ©e 2014

Au sommairede ce numéro

3 ActualitésAgenda / Diasporas marocaines /IDD Infos évolue / Visa pour le voyage

4 ÉvĂ©nementDroit Ă  l’éducation pour tous : lesmobilisations des associations issuesde l’immigration marocaine

6 RĂ©flexionsUne rencontre pour repartir ensembleHommage Ă  Nelson Mandela

7 DOSSIERNouveau projet fédérateur : quellesambitions, perspectives et activités ?

11 Actualité du réseauConcours photo IDD / Association DadghD Dine pour le développement / ATMF-BHL / FAF-MF / Khamsa / MCDA

16 Parcours militantMohammed Bazza, de l’ATMF BHL à IDD

Ă©ditoL’annĂ©e 2013 restera une annĂ©e marquĂ©e par des Ă©vĂ©ne-ments importants : des personnages estimĂ©s nous ont quit-tĂ©s, notamment StĂ©phane Hessel, Albert Jacquard et plusrĂ©cemment Nelson Mandela. Ils continueront Ă  Ă©clairer notreexistence pour un monde meilleur. L’annĂ©e 2013 a par ail-leurs connu de graves atteintes aux droits humains Ă  traversle monde, y compris aux portes de l’Europe oĂč des centainesde migrants perdent leur vie en mĂ©diterranĂ©e Ă  quelquesmĂštres de la terre ferme. Le drame de Lampedusa, le 3 oc-tobre dernier, oĂč plus de trois cents hommes, femmes, en-fants ont pĂ©ri au large de cette Ăźle sans que les gardes cĂŽtesitaliens ne cherchent Ă  les secourir, restera une honte aufronton de la politique menĂ©e par l’Union europĂ©enne. Cettepolitique aveugle qui se barricade derriĂšre des murs visibleset invisibles contre des migrants Ă  la recherche d’une viemeilleure, ne peut produire que des drames humains ettransformer la MĂ©diterranĂ©e – mer d’échanges culturels,commerciaux et sociaux depuis l’antiquitĂ© – en un immensecimetiĂšre marin. L’annĂ©e 2014 aura aussi son lot de dĂ©tresseset d’injustices, mais aussi de conquĂȘtes sociales des peuplespour la dignitĂ©, la libertĂ© et une vie dĂ©cente.Au niveau de notre rĂ©seau IDD, l’annĂ©e 2013 a Ă©tĂ© une annĂ©ede transition vers des programmes de dĂ©veloppement soli-daire plus ambitieux, et ce malgrĂ© les difficultĂ©s que connaĂźtle secteur associatif dans sa globalitĂ©, liĂ©es Ă  la crise imposĂ©epar les milieux financiers et dont sont victimes les popula-tions pauvres et les structures d’accompagnement social.Cette nouvelle annĂ©e ouvre de meilleures perspectives dansle cadre du projet fĂ©dĂ©rateur triennal, qui mobilisera lesĂ©nergies des associations membres d’IDD au Nord commecelles des associations partenaires au Sud.L’actuel numĂ©ro de la rentrĂ©e 2014 donne une idĂ©e de la ri-chesse et de la diversitĂ© des actions menĂ©es et Ă  venir. C’estnotre modeste contribution pour un monde meilleur.Meilleurs vƓux 2014 !

Abdallah ZniberPrĂ©sident d’IDD

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LES ASSOCIATIONS MEMBRES DU RÉSEAU IDD EN FRANCERÉGION ESTATMF BHL – Association des travailleurs maghrĂ©binsde France - Bassin houiller lorrain (Saint-Avold – 57)03 87 92 30 53 – [email protected] 54 – Espace de solidaritĂ© associative et de for-mation (MaxĂ©ville – 54)03 83 97 03 16 – [email protected] ici et ailleurs (VandƓuvre-lĂšs-Nancy – 54)09 54 24 17 82 – [email protected] – Migrations et co-dĂ©veloppement Alsace(Rixheim – 68)03 89 44 52 13 – [email protected] (VandƓuvre-lĂšs-Nancy – 54)03 83 56 92 70 – [email protected]

PARIS et RÉGION PARISIENNEAAT – Association des ami(e)s de Taourirt(Paris)01 39 78 95 12 – [email protected] (Gennevilliers – 92)01 47 94 71 93 – [email protected] – FĂ©dĂ©ration des associations deFiguig Maroc-France (Aubervilliers – 93)06 63 97 13 55 – [email protected] /[email protected] MAIT (Villetaneuse – 94)06 14 84 40 04 – [email protected] ET HORIZONS (Argenteuil – 95)06 67 09 58 74 – [email protected]

RÉGIONSOUEST etNORDCRÉPUSCULE(Angers – 49)06 09 89 32 38 – [email protected] 2 RIVESFRANCO-MAROCAINES(Tourcoing – 59)03 20 26 72 38 –[email protected]

actualités

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GUIDEVisa pour le voyageParce que de nombreuxjeunes souhaitent se lancerdans un projet de sejour al’etranger, souvent avec unedimension de solidarite in-ternationale, le CCFD-Terresolidaire publie une versionrenouvelee du guide pĂ©da-gogique Visa pour le voyage.Un voyage solidaire n’estpas une fin en soi, mais uneetape qui s’inscrit dans uneperspective plus globaled’engagement citoyen et de solidarite internationale. Bien prepare et suivi d’untravail de restitution, un projet de sejour a l’etranger peut devenir une veritableexperience d’education au developpement et se reveler un tremplin pour desengagements futurs, source de changements ici et la-bas. Cette nouvelle versiondu guide s’accompagne d’un site Internet dedie a la demarche, qui propose tousles contenus du guide ainsi que des fiches pedagogiques supplementaires, donneacces a des ressources multimedias, et offre la possibilite de laisser des com-mentaires et de proposer des animations.Site : www.visapourlevoyage.org

L’agenda du trimestre

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janvierCourant janvier : sortie du couvre-passeport de citoyennetĂ©â€ˆuniversellewww.o-c-u.org

Du 24 au 26 : rencontre nationaled’IDD - Consolider le rĂ©seau pourmieux s’approprier l’avenir, Ă  Mehdia,Kenitra (Maroc)Informations : 01 55 79 09 34

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fĂ©vrierSamedi 1er et dimanche 2 : formationa la demarche Visa pour le voyageVoir brĂšve ci-contre

Jeudi 20 : Journée mondiale de lajustice socialewww.un.org/fr/events/socialjusticeday

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marsSamedi 1er et dimanche 2 : assemblĂ©egĂ©nĂ©rale d’IDD Ă  ParisInformations : 01 55 79 09 34

Samedi 8 : Journée internationale desdroits des femmeswww.un.org/fr/events/womensday

Samedi 22 : JournĂ©e mondiale del’eauwww.un.org/fr/events/waterday

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avrilSamedi 7 : Journée mondiale de lasantéwww.who.int/world-health-day/fr

Du 18 au 20 : troisiĂšme Ă©ditiondu Forum social mondial Maghreb /Machreq sur les migrations

REVUEDiasporas marocainesPeut-on parler de diaspora marocaine ou de « communautĂ© transnationale » pourqualifier la prĂ©sence de plus de 3,5 millions de ressortissants marocains dans plusde 30 pays d’accueil ? CoordonnĂ© par Rachid Alaoui, socio-Ă©conomiste Ă  l’InstitutEthique & DiversitĂ©, ce nouveau numĂ©ro de la revue Hommes et migrations inter-

roge les diffĂ©rentes dynamiques qui contribuentĂ  constituer des diasporas marocaines Ă  traversles aspects les plus novateurs de ces migrationsdans le monde depuis une dĂ©cennie. Les destina-tions gĂ©ographiques, les profils des migrants, lesrecompositions identitaires et culturelles dans lespays d'accueil, sont analysĂ©s comme des leviersefficaces pour les rĂ©seaux d'Ă©changes transnatio-naux. Les diasporas marocaines Ă  l'Ă©tranger par-ticipent au dĂ©veloppement de leur pays d'originesur de nouvelles bases et attendent que les rĂ©-formes engagĂ©es par l'État marocain en matiĂšrede citoyennetĂ© transnationale se concrĂ©tisent.Infos : www.hommes-et-migrations.fr

IDD Infos Ă©volue !PortĂ© par une nouvelle dynamique de communication interne au sein d’IDD, lebulletin adopte quelques Ă©volutions. Si les rubriques ne changent pas, la pagi-nation s’étoffe en fin de numĂ©ro de 4 nouvelles pages dĂ©diĂ©es Ă  l’actualitĂ© desassociations du rĂ©seau. Les pages « ÉvĂ©nement » et « RĂ©flexions » passent endĂ©but de numĂ©ro, en compagnie, dĂšs le prochain numĂ©ro (printemps 2014),d’une nouvelle rubrique consacrĂ©e au nouveau projet fĂ©dĂ©rateur. Plus que ja-mais, nous comptons sur les associations du rĂ©seau pour nous transmettre lesinformations qu’elles souhaitent partager.

RÉGIONSOUEST etNORDCRÉPUSCULE(Angers – 49)06 09 89 32 38 – [email protected] 2 RIVESFRANCO-MAROCAINES(Tourcoing – 59)03 20 26 72 38 –[email protected]

Le 23 novembre dernier, le rĂ©seau IDD dĂ©diait une journĂ©e aux en-jeux du droit Ă  l’éducation pour tous, dans le cadre de la Semainede la solidaritĂ© internationale. Animations, ateliers, table-ronde, ontpermis d’aborder cette question, cruciale au Maroc comme ail-leurs, dans un souci de pĂ©dagogie plus que d’exhaustivitĂ©.

Ă©vĂ©nementDroit Ă  l’éducation pour tous :les mobilisations des associationsissues de l’immigration marocaine

Les enjeux de l’initiativeLa journĂ©e consacrĂ©e par IDD au Droit Ă  l’éducation pour tous Ă©tait l’occasion de rappeler l’ambition Ă©ducative des actions so-lidaires du rĂ©seau IDD dans les villages ruraux du Maroc. Plus que jamais, le rĂ©seau IDD considĂšre en effet que la dĂ©mocratieest une condition indispensable au dĂ©veloppement humain et solidaire, et que la dĂ©mocratisation des consciences passe avanttout par l’accĂšs Ă  l’éducation tout au long de la vie, une Ă©ducation de qualitĂ© qui permette Ă  chacun de vivre dignement et departiciper pleinement Ă  la gestion de la chose publique en connaissance de ses droits et de ses responsabilitĂ©s.Avec pour toile de fonds une logique de solidaritĂ© transnationale et de responsabilitĂ© citoyenne lĂ -bas et ici, cette journĂ©e, quis’inscrivait Ă©galement dans le projet « Les OMD pour les OMD », a permis de valoriser l’apport des associations issues de l’im-migration dans le dĂ©veloppement de l’éducation au sein des villages marocains, en lien avec les enjeux du deuxiĂšme Objectif dumillĂ©naire pour le dĂ©veloppement (OMD) : Assurer l’éducation primaire pour tous. Cette rencontre permettait Ă©galement desouligner la façon dont les impacts de nos actions en termes de citoyennetĂ©, ici en France, viennent enrichir les actions lĂ -bas.À un an de la fin des OMD, le bilan que l’on peut dĂ©jĂ  dresser de ce processus s’avĂšre trĂšs mitigĂ©, et l’éducation reste une desprioritĂ©s de l’ONU dans l’« agenda post-2015 ». Au Maroc, des mesures politiques ont permis d’amĂ©liorer le systĂšme Ă©ducatif,mais des inĂ©galitĂ©s spatiales et socio-Ă©conomiques persistent dans l’accĂšs Ă  l’éducation pour tous.Face Ă  ces constats et au regard des scĂ©narios de dĂ©veloppement post-2015 qui se profilent au niveau mondial et au Maroc,il apparaĂźt essentiel pour IDD de contribuer Ă  la rĂ©flexion sur le rĂŽle des associations issues de l’immigration. L’enjeu est defaire Ă©merger des pistes de rĂ©flexions et des recommandations pour une Ă©ducation formelle et non formelle accessible Ă  tous.La mise en Ɠuvre par IDD du nouveau projet fĂ©dĂ©rateur au Maroc et en France (voir dossier pp. 7 à 10), tout comme son im-plication dans le projet « Les OMD pour les OMD » portĂ© par le GRDR Ă  l’échelle europĂ©enne, nourriront la dynamique asso-ciative du rĂ©seau et donneront aux associations issues de l’immigration ainsi qu’à leurs partenaires associatifs villageois lesmoyens d’agir avec plus d’efficience et d’efficacitĂ© dans les territoires, lĂ -bas comme ici.

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Le dĂ©roulement de la journĂ©eDe 11h jusqu’à 18h30, la rencontre a fait sesuccĂ©der ateliers, table ronde, thĂ©-palabre,projections, animations, expositions... Deux« ateliers en mouvement » ont abordĂ©, pourle premier les questions sensibiliser, s’appro-prier, approfondir, pour le second les dimen-sions tĂ©moigner, valoriser les projets, prendreconscience pour mieux agir. La table ronde quiclĂŽturait la journĂ©e Ă©tait consacrĂ©e quant Ă  elleaux perspectives post-2015, autour de l’inter-rogation « Quelles recommandations pour l’ac-cĂšs Ă  l’éducation pour tous au Maroc ? ».Voici un retour synthĂ©tique sur ces trois tempsforts de la journĂ©e du 23 novembre.

TABLE RONDEQuelles recommandations pour l’accĂšs Ă l’éducation pour tous au Maroc ?Trois interventions ont introduit les Ă©changes. Abdellatif Mor-tajine (IDD / Khamsa / Plate forme euro-marocaine MDCD) ad’abord Ă©voquĂ© la vision de la gouvernance mondiale en ma-tiĂšre de migrations et d’éducation. Puis Ali El Idrissi (groupemarocain de rĂ©flexions sur l’enseignement public) a apportĂ©des Ă©lĂ©ments chiffrĂ©s quant Ă  l’état des lieux de l’éducation auMaroc. Enfin Nicole Soye (pĂŽle Maroc du Groupement des re-traitĂ©s Ă©ducateurs sans frontiĂšres – GREF) est intervenue surla dĂ©perdition scolaire en tant que phĂ©nomĂšne social et struc-turel au Maroc.À partir de ces prises de paroles, la table ronde a mis en pers-pective les expĂ©riences et les actions menĂ©es par des associa-tions issues de l’immigration dans la dynamique plus globaledes enjeux internationaux et nationaux du droit Ă  l’éducationpour tous. Il s’agissait de rĂ©flĂ©chir ensemble sur la façon dontles acteurs associatifs de dĂ©veloppement local peuvent influersur les enjeux internationaux qui sont Ă  l’Ɠuvre, et d’ĂȘtre forcede changement sur le plan Ă©ducatif au Maroc.Dans le domaine de l’éducation, la situation au Maroc prĂ©-sente deux versants : un versant prometteur au regard desavancĂ©es sur le plan politique et institutionnel, avec notam-ment la mise en Ɠuvre de la Charte de l’éducation et de la for-mation et la crĂ©ation d’une direction de l’éducation informelleau sein du MinistĂšre de l’éducation national ; mais aussi unversant plus alarmant, si l’on considĂšre les insuffisances en in-frastructures scolaires et les incohĂ©rences en matiĂšre d’orga-nisation et de contenus pĂ©dagogique au plan national – desconstats d’autant plus inquiĂ©tants qu’ils se concentrent dansles zones rurales, oĂč l’analphabĂ©tisme persistant alimente desformes d’exclusions sociales endĂ©miques ayant des rĂ©percus-sions sanitaires, environnementales, Ă©conomiques et socialesfortes.Quatre recommandations ressortent de cette journĂ©e :1. Se positionner en qualitĂ© d’intermĂ©diaires, de facilitateurset de mĂ©diateurs dans le cadre des processus de concertationau niveau local et dans le cadre des coopĂ©rations internatio-nales franco-marocaines.2. Plaider en faveur d’une reconnaissance des associations is-sues de l’immigration dans les instances de participation et dedĂ©cision concernant le dĂ©veloppement local.3. Inscrire de maniĂšre durable les actions en faveur de l’éducationdans les politiques publiques, Ă  l’échelle locale et nationale.4. Poursuivre les actions de dĂ©veloppement en faveur del’amĂ©lioration des conditions de vie des Ă©lĂšves : constructiond’infrastructures, accĂšs Ă  l’école, crĂ©ation de passerelles entreĂ©ducation formelle et informelle.

Atelier en mouvement n° 1Ce groupe s’est penchĂ© sur la question de l’appropria-tion des thĂšmes et des rĂ©flexions.La question de la sensibilisation a Ă©tĂ© abordĂ©e Ă  tra-vers un exercice de micro-trottoir sur les OMD, destinĂ©Ă  tester la percĂ©e de ces derniers dans l’opinion pu-blique. Partis Ă  la rencontre des habitants d’Aubervil-liers, les jeunes bĂ©nĂ©voles de JadIDD ont recueilli lesparoles de douze personnes, six femmes et sixhommes. Si la majoritĂ© d’entre eux ne connaissaientpas les OMD, ils les ont qualifiĂ©s de « nĂ©cessaires »,« utiles », « nobles », « inscrits dans un esprit de soli-daritĂ©â€ˆentre les pays ».Le « jeu des OMD » a ensuite permis de croiser la dy-namique des OMD au niveau mondial avec les connais-sances et les expĂ©riences des associations du rĂ©seauau Maroc.Un dernier temps de discussion Ă©tait dĂ©diĂ© Ă  l’étatd’avancement des OMD au Maroc, du point de vue ins-titutionnel et du point de vue de la sociĂ©tĂ© civile, etplus spĂ©cifiquement sur l’OMD 2 « Éducation primairepour tous ».

Atelier en mouvement n° 2Cet atelier a permis aux associations de prĂ©senter leursactions et leurs projets dans le domaine de l’éducationau Maroc, en revenant sur les fondamentaux qui gui-dent leur action associative : les raisons pour les-quelles elles s’engagent, en particulier dans ledomaine de l’éducation.La plupart des associations ont exprimĂ© leur profondeenvie d’agir pour changer les mentalitĂ©s et ont Ă©voquĂ©leurs activitĂ©s et l’énergie qui les anime comme un leit-motiv au changement social et culturel.Mais les participants ont cherchĂ© avant tout Ă  fairepartager des informations et des messages sur desproblĂšmes rĂ©currents qui se posent dans les villagesau Maroc. Ces problĂšmatiques rĂ©flĂ©tent, dans la ma-joritĂ© des cas exposĂ©s, des situations complexes – descomplexitĂ©s qui font que, parfois, les choses stagnent,traĂźnent, poussant finalement les populations Ă  aban-donner le combat pour leurs droits. Ab

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Mandela vivra !

Le 5 dĂ©cembre dernier, Nelson Mandelanous a quittĂ©s. Le monde entier lui arendu hommage, y compris ceux quil’ont combattu en favorisant la crĂ©ationet la mainmise de l’apartheid sur un peu-ple qui a rĂ©ussi en dĂ©finitive Ă  casser leschaĂźnes de cette forme d’esclavage mo-derne. Mandela a Ă©tĂ© le symbole dupeuple sud-africain. Mais au-delĂ , il adonnĂ© une belle leçon de gĂ©nĂ©rositĂ© etd’Histoire Ă  ses propres geĂŽliers. Les es-claves d’hier sont capables de donner lemeilleur en favorisant la crĂ©ation d’unesociĂ©tĂ© multiculturelle, basĂ©e non passur l’appartenance ethnique, raciale oureligieuse, mais sur l’adhĂ©sion Ă  un pro-jet de sociĂ©tĂ© d’égalitĂ©, de libertĂ© et dedĂ©mocratie. Alors que le monde actuel s’oriente deplus en plus vers des schĂ©mas d’exclu-sion et de rejet de l’Autre, Mandela nouslaisse un message d’avenir : celui quetoutes les formes de racisme sont Ă  ban-nir, car elles mĂšnent les peuples vers desimpasses meurtriĂšres. La seule alterna-tive est le combat pour l’avĂšnement desociĂ©tĂ©s basĂ©es sur la justice sociale,l’égalitĂ© des droits, la reconnaissancedes diversitĂ©s culturelles comme enri-chissement mutuel, et non pas l’enfer-mement sur soi. Son message et son action Ă©clairent leprĂ©sent et l’avenir.

Abdallah Zniber

Les retrouvailles prochaines, au Maroc, de l’ensemble du rĂ©seau, auront pour toilede fond trois concepts portĂ©s par le nouveau projet et chers Ă  IDD : la ruralitĂ©, la dĂ©-mocratie participative et le rĂŽle des migrants dans le dĂ©veloppement socioculturel,Ă©conomique et politique, au Nord comme au Sud. Dans cette optique, la rencontrepoursuit un triple objectif : de convergence des dĂ©finitions et des contours de cestrois concepts pour tous les membres du rĂ©seau ; d’appropriation du projet locale-ment et globalement ; de mise en place d’une stratĂ©gie d’action permettant d’avancerensemble dans la rĂ©alisation du projet.

La ruralitĂ©Comme dans de nombreux pays Ă  travers le monde, la ruralitĂ© a beaucoup Ă©voluĂ© auMaroc. Longtemps perçue de maniĂšre nĂ©gative, elle bĂ©nĂ©ficie aujourd’hui, du fait desproblĂ©matiques urbaines, d’une nouvelle attractivitĂ© qui, pour s’affirmer, doit s’ac-compagner de mesures permettant de prĂ©server le cadre rural, d’amĂ©liorer la qualitĂ©de vie des habitants et de leur garantir l’accĂšs aux droits fondamentaux. Ceci engen-dre des exigences en termes notamment de services, qu’ils soient publics ou privĂ©s.Encourager le dĂ©veloppement du monde rural, c’est donc d’abord favoriser l’accĂšs Ă des services et des infrastructures de base (Ă©ducation, commerces, soins, transports,culture, etc.), mais aussi apporter un soutien au dĂ©veloppement Ă©conomique de cesterritoires qui recĂšlent de nombreux atouts.

La dĂ©mocratie participativeL’une des Ă©volutions naturelles de la dĂ©mocratie est l’avĂšnement de la dĂ©mocratieparticipative. Tous les observateurs s’accordent pour dire que la dĂ©mocratie reprĂ©-sentative fige la contribution des citoyens dans le geste Ă©lectoral. Les mouvementsde rue et les manifestations montrent les limites des pouvoirs accordĂ©s par les popu-lations aux Ă©lus. Dans la mesure oĂč la nouvelle Constitution marocaine pose pourprincipe que le peuple est la source unique et exclusive de la souverainetĂ©, il est nĂ©-cessaire de faire confiance aux individus et Ă  leurs capacitĂ©s Ă  ĂȘtre Ă  la source de lasagesse publique, de l’équitĂ© collective et du savoir. Le dĂ©veloppement humain d’unterritoire ne peut ĂȘtre pĂ©renne si les habitants et les collectivitĂ©s de ce territoire nesont pas au cƓur du processus. C’est aussi dans cette perspective que l’école doitĂȘtre refondĂ©e et repensĂ©e pour prĂ©parer et accompagner les parcours personnels etles besoins collectifs, et former des citoyens conscients de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.

La place des migrantsAu vu des bouleversements rapides que connaĂźt le monde, le Maroc est devenu uneterre d’émigration, au mĂȘme titre que les pays « dĂ©veloppĂ©s », tout en restant uneterre d’immigration. La place et le rĂŽle des migrants marocains, aussi bien que celledes migrants au Maroc, est Ă  redĂ©finir Ă  tous les niveaux : socioculturel, Ă©conomiqueet politique. Il est admis que la solidaritĂ© est la traduction politique de la fraternitĂ©.L’action des migrants et de leurs associations pour un dĂ©veloppement solidaire nesera plus efficace et plus pertinente qu’à condition que leur participation soit recon-nue et qu’une place importante leur soit accordĂ©e.

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réflexions

Du 24 au 26 janvier prochains aura lieu Ă  Mehdia(Maroc) une rencontre des associations françaises etmarocaines d’IDD, dans le cadre du lancement du nouveau projet fĂ©dĂ©rateur (voir le dossier central). Ceseront lĂ  les premiĂšres lignes d’un nouveau chapitredans l’histoire du rĂ©seau.

Une rencontre pourrepartir ensemble HommageHommage

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DOSSIER

Fruit d’une dĂ©marche lancĂ©e il y a plus d’un an, le nouveau projet durĂ©seau, Partenariat entre associations et collectivitĂ©s locales de France et duMaroc : la dĂ©mocratie participative pour un dĂ©veloppement humain et soli-daire au Maroc, a obtenu le soutien de l’Agence française de dĂ©veloppement(AFD). Ce projet triennal marque une nouvelle Ă©tape importante dans laconsolidation du rĂ©seau en France et au Maroc. L’heure est venue de faire lepoint sur les diffĂ©rentes dĂ©clinaisons opĂ©rationnelles de ce projet dense etambitieux, porteur de nombreux enjeux non seulement pour le rĂ©seau, maisĂ©galement pour imaginer et expĂ©rimenter de nouvelles approches en termesde dĂ©veloppement solidaire.

Nouveau projet fédérateur :quelles ambitions,perspectives et activités ?

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DOSSIER

La jeunesse : le potentiel et le dĂ©fidu MarocPlus de la moitiĂ© de la population marocaine a au-jourd’hui moins de 25 ans ! Cette jeunesse reprĂ©senteun vĂ©ritable potentiel pour le pays, mais c’est aussi undĂ©fi Ă  relever car la situation des jeunes est inquiĂ©tanteet leurs revendications sont nombreuses.Tout d’abord, le taux d’activitĂ© chez les 15-24 ans estseulement de 33,7 %, d’aprĂšs les chiffres diffusĂ©s en2012 par le Haut-commissariat au plan (HCP), soit unjeune actif sur trois. Ceux qui poursuivent leurs Ă©tudesĂ  l’universitĂ© ne sont pas pour autant Ă©pargnĂ©s par lechĂŽmage. Les jeunes sont d’ailleurs prĂ©sents dans diffĂ©-rents mouvements sociaux, comme celui des « diplĂŽ-mĂ©s chĂŽmeurs », afin d’exiger la reconnaissance deleurs diplĂŽmes par l’État et des emplois correspondantĂ  leurs compĂ©tences. Ces dynamiques rallient de plusen plus les jeunes ruraux, qui sont les plus touchĂ©s. Les jeunes se sont Ă©galement fortement investis dansles actions du Mouvement du 20 fĂ©vrier qui, Ă  l’instardes autres mouvements du Printemps dĂ©mocratique auMaghreb en 2011, ont exprimĂ© les attentes de la popu-lation en termes de rĂ©formes dĂ©mocratiques et d’accĂšsaux droits. En effet, de maniĂšre explicite, les manifes-tants rĂ©clamaient haut et fort le respect de leur dignitĂ©et de leur soif de libertĂ© et de justice, ainsi que leur rejetdu Makhzen, le systĂšme d’autoritĂ© en vigueur depuisplusieurs siĂšcles dans le pays. La prise en compte des attentes et des revendicationsdes jeunes, diffĂ©rentes de celles de leurs aĂźnĂ©s Ă  l’heured’Internet et de la mondialisation, est un dĂ©fi Ă  relever.Cela peut gĂ©nĂ©rer des rapports sociaux dĂ©sĂ©quilibrĂ©sou tendus, au sein des familles mais aussi dans la so-ciĂ©tĂ©.

Le rĂ©seau IDD s’engage dans un projet trĂšs ambi-tieux et porteur de prĂ©occupations qui sont aucƓur des combats qui ont toujours animĂ© le rĂ©-seau. Cette nouvelle aventure, qui durera trois ans,est une occasion de consolidation du rĂ©seau, dedynamisation des engagements individuels et col-lectifs, de partage et d’ouverture sur d’autres ex-pĂ©riences et d’autres modes de fonctionnement etd’action.Ce nouveau projet collectif tombe Ă  point nommĂ©pour redonner du souffle aux associations, dansun contexte politique incertain, un climat socialtendu et une situation Ă©conomique trĂšs difficile. Ilconstitue, en France comme au Maroc, une rĂ©-ponse associative pour sortir par le haut de cettesituation critique.Si les institutions sont fragilisĂ©es et contestĂ©es, lesvaleurs modernes affaiblies et les injustices tou-jours plus criantes, l’action citoyenne se doit demettre en place des solutions alternatives et deprendre des initiatives qui rĂ©inventent le vivre en-semble et redonnent confiance en soi-mĂȘme,confiance en l’autre et confiance dans les cadrescollectifs fondĂ©s sur un contrat social qui protĂšgeet Ă©mancipe les ĂȘtres humains.

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Un projet aucƓur du rĂ©seau

Il est dans l’essence d’IDD, en tant que rĂ©seau, de permet-tre Ă  l’ensemble de ses associations membres de vivre devraies dynamiques collectives. Depuis la crĂ©ation du rĂ©seauĂ  l’aube de l’an 2000, diffĂ©rents projets se sont succĂ©dĂ©s,concourant Ă  crĂ©er un « esprit IDD » fondĂ© sur des orien-tations politiques, stratĂ©giques et opĂ©rationnelles parta-gĂ©es, et Ă  dĂ©velopper les compĂ©tences des associationsmembres, au Maroc comme en France, liant ainsi en per-manence rĂ©flexion et action – chacune nourrissant l’autre.Les bibliothĂšques rurales sont sans doute le projet le plusemblĂ©matique du rĂ©seau, mais on peut tout autant consi-dĂ©rer les deux chartes Ă©laborĂ©es par IDD1 comme les fruitsd’une vision et d’une ambition communes Ă  tous les mem-bres du rĂ©seau.

Les antĂ©cĂ©dents du nouveau projetDepuis 2010, IDD s’est lancĂ© dans deux projets successifs,mieux connus dans le rĂ©seau sous le nom gĂ©nĂ©rique, maistrĂšs explicite, de « projets fĂ©dĂ©rateurs ». Ceux-ci ambition-naient notamment, Ă  partir d’un certain nombre d’activitĂ©s(principalement de rencontres et de formations), de ren-forcer les capacitĂ©s des acteurs marocains en termes de dĂ©-veloppement local, sur fond d’égalitĂ© entre les femmes etles hommes et de promotion de la jeunesse. Ces projetsont effectivement permis aux acteurs marocains de se for-mer et de s’outiller et, ce faisant, ont lancĂ© sur le terrainune nouvelle gĂ©nĂ©ration d’animateurs associatifs rompusaux enjeux du dĂ©veloppement, au montage de projets, auxtechniques de communication.C’est sur l’ensemble de ces acquis que repose le nouveauprojet du rĂ©seau IDD, Partenariat entre associations et col-lectivitĂ©s locales de France et du Maroc : la dĂ©mocratie par-ticipative pour un dĂ©veloppement humain et solidaire auMaroc, Ă©laborĂ© avec l’IFAD (Institut de formation desagents de dĂ©veloppement – Rabat) et le CCFD-Terre soli-daire (Paris). « Ce partenariat, indique Christiane DardĂ©(IFAD), c’est aussi la construction en commun de ce nouveauprojet, pas Ă  pas, durant deux annĂ©es ».

1 La Charte du développement culturel adoptée en 2000, etla Charte pour un développement solidaire adoptée en 2008

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Des activitĂ©s multi-dimensionnellesCe nouveau projet explore diffĂ©rents enjeux, allant du ren-forcement des capacitĂ©s des acteurs de dĂ©veloppement Ă une plus grande implication des populations (en particulierles jeunes et les femmes) dans le dĂ©veloppement de leurterritoire, en passant par la promotion de la dĂ©mocratie par-ticipative locale et de la concertation, et par l’expĂ©rimenta-tion Ă  l’échelle communale de modĂšles de dĂ©veloppementparticipatifs.

Ces enjeux se dĂ©clinent en quatre grands types d’objectifset d’activitĂ©s :

‱ Le renforcement des capacitĂ©s des acteurs de dĂ©veloppe-ment au niveau communal, Ă  travers 4 sessions de formationau niveau national au Maroc, 6 sessions de formation enFrance, 8 sessions de formations territoriales au Maroc (Ă raison de 2 dans chaque pĂŽle gĂ©ographique) et 13 ateliersd'Ă©changes d’expĂ©riences thĂ©matiques ou territoriaux.

‱ L’implication et la mobilisation des populations grĂące Ă des missions d’accompagnement (renforcement de l’anima-tion des espaces communautaires et appui aux activitĂ©s), Ă une UniversitĂ© d'Ă©tĂ© de jeunes et Ă  20 missions d’échangesde jeunes.

‱ La concertation et la rĂ©partition des rĂŽles entre acteursdu dĂ©veloppement, Ă  travers des missions d’accompagne-ment Ă  la crĂ©ation et au renforcement des espaces deconcertation, 3 visites-Ă©tudes d’expĂ©riences (France / Maroc/ Mali) et 8 rĂ©unions de validation des processus (Maroc).

‱ La crĂ©ation et la diffusion de « modĂšles de dĂ©mocratieparticipative communale » Ă  partir de formations et de mis-sions « communication » (blogs et web-radios), d’un travailde suivi-Ă©valuation du projet, de publications et de sĂ©mi-naires (Ă  mi-parcours et final).

Les principes transversaux mis en avant sont la participationtant des femmes que des jeunes, et le fait de conduire ceprojet en parallÚle en France et au Maroc, de maniÚre à ré-pondre aux attentes exprimées par le réseau sur les deuxrives de la Méditerranée.

Les femmes et le dĂ©veloppementLes femmes du milieu rural marocain ont Ă©tĂ© fortementmarginalisĂ©es politiquement, socialement et Ă©conomi-quement. L’enjeu est actuellement de leur donner uneplace concrĂšte dans le dĂ©veloppement. Actrices Ă©cono-miques Ă  part entiĂšre, notamment dans l’agriculture etdans le secteur informel, porteuses de la transmission dessavoirs entre les gĂ©nĂ©rations et souvent gardiennes desliens familiaux dans les zones Ă  forte Ă©migration, lesfemmes constituent le vecteur du changement dans lepays. Mais leur rĂŽle n’est cependant pas vraiment re-connu, que ce soit dans la sphĂšre privĂ©e ou dans le sec-teur associatif, car la place qui leur est accordĂ©e au seindes instances dirigeantes est trop faible. Sur le plan poli-tique, elles sont Ă©galement peu prĂ©sentes dans lesconseils communaux, au Parlement ou au gouvernement,et cela malgrĂ© des actions de discrimination positive,dont un quota de 30 % des postes d’élus rĂ©servĂ©s auxfemmes au niveau national depuis 2011.Abde

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Renforcer la vie associativeLa spĂ©cificitĂ© de ce nouveau « projet fĂ©dĂ©rateur » est des’attaquer aux difficultĂ©s des associations aussi bien fran-çaises que marocaines. L’équilibre repose donc sur la satis-faction des besoins propres Ă  chaque aire gĂ©ographique,tout en favorisant une vision partagĂ©e d’un dĂ©veloppementlocal qui s’appuie davantage sur les citoyens. Dans le projet,explique Christiant DardĂ©, « les associations marocainessont Ă  la fois bĂ©nĂ©ficiaires des formations et de l’accompa-gnement, et acteurs majeurs du changement attendu. Ellessont les intermĂ©diaires privilĂ©giĂ©s pour faire le lien entre leshabitants, les groupes cibles et les responsables commu-naux. Elles devraient ĂȘtre aptes Ă  mobiliser et influencer lesuns et les autres pour une meilleure Ă©coute, concertation,participation, et au final un dĂ©veloppement qui rĂ©pondemieux aux attentes des citoyens. » Pour Emmanuelle Ben-nani (CCFD-Terre solidaire), « ce qui est motivant, c’est d’ai-der les acteurs marocains Ă  sortir de la logique "top-down".Les changements d’attitude vont venir du local. Les popula-tions doivent avoir voix au chapitre. Les associations localespeuvent mobiliser les gens, les pouvoirs publics. (...) Noussommes dans un contexte de dĂ©veloppement local dans lecadre de la dĂ©centralisation au Maroc. » L’idĂ©e centrale, rĂ©-sume Mohamed El Hadi (ATMF-BHL), est de « profiter duprojet fĂ©dĂ©rateur pour impliquer les communes ici et lĂ -bas,pour monter des projets dans le cadre de la coopĂ©ration dĂ©-centralisĂ©e ». Comment, Ă  prĂ©sent, avancer de concert ? Ily a tout d’abord un impĂ©ratif d’information afin que l’en-semble du rĂ©seau, de part et d’autre de la MĂ©ditĂ©rranĂ©e,parte sur les mĂȘmes bases. « Nous nous sommes rendus surplace au Maroc en juin dernier afin d’expliquer le projet Ă nos partenaires ainsi qu’aux prĂ©sidents de communes », ex-plique Mohamed El Hadi. La prochaine Ă©tape, dĂ©cisive, serala grande rencontre du rĂ©seau Ă  Mehdia (Maroc), du 24 au26 janvier, afin de lancer le projet en partageant les rĂ©-flexions de tous les membres du rĂ©seau (voir p. 6).

Des partenaires prĂ©cieuxLe montage du projet a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en Ă©troite collaborationentre IDD et l’IFAD, et avec l’accompagnement Ă©troit duCCFD-Terre solidaire, deux partenaires historiques d’IDD, fi-dĂšles et proches du rĂ©seau. Ce partenariat ne va pas s’arrĂȘ-ter lĂ , puisque les deux associations sont associĂ©es audĂ©roulement mĂȘme du projet. Mais, explique EmmanuelleBennani, « le projet, c’est IDD qui le mĂšne avec l’IFAD. LeCCFD aura plutĂŽt un rĂŽle de "titilleur" », notamment en in-terrogeant sa mise en Ɠuvre. Il sera donc plutĂŽt impliquĂ©dans la gouvernance du projet et son suivi administratif. Deson cĂŽtĂ©, « l’IFAD assurera principalement la formation endirection des associations partenaires d’IDD et des respon-sables communaux (...), mais aussi des reprĂ©sentants des as-sociations membres du rĂ©seau IDD, prĂ©cise Christiane DardĂ©.Les femmes et jeunes seront parmi les cibles prioritaires. (...)L’IFAD assurera Ă©galement le suivi mĂ©thodologique des ex-pĂ©rimentations de concertation communale rĂ©alisĂ©es parIDD et contribuera au suivi et Ă  l’évaluation de tout le pro-cessus. » En fin de parcours, « un manuel de formation seraĂ©ditĂ© Ă  destination de tous les acteurs qui souhaiteront ex-pĂ©rimenter ces modĂšles de dĂ©veloppement participatif ».Pour l’IFAD, le projet permettra aussi de « travailler avec lesassociations et certains de leurs bĂ©nĂ©voles et volontaires quel’IFAD a formĂ©s auparavant. Les liens et la confiance mu-tuelle Ă©tablie avec eux au fil du temps, leur histoire et leurparcours commun depuis plus de quatorze ans, vont enrichirencore la dynamique et font Ă©galement toute la force du dĂ©fiĂ  relever. » Un autre enjeu, plus spĂ©cifique aux associationsfrançaises du rĂ©seau, sera de leur permettre de « mieuxcomprendre les nouveaux enjeux au Maroc », souligne Em-manuelle Bennani.

Faire grandir IDDLes trois annĂ©es qui s’ouvrent seront cruciales pour l’asso-ciation IDD elle-mĂȘme. « L’enjeu, estime Emmanuelle Ben-nani, est de permettre la montĂ©e en puissance d’IDD en tantque tel. (...) Au bout de ces trois ans, IDD volera de ses pro-pres ailes. » Ce projet incarne donc l’ñge de la maturitĂ© del’association. « Souplesse », « compĂ©tences », « autono-mie », « partage des responsabilitĂ©s », « confiance », sontquelques-uns des mots-clĂ©s qui pourraient le mieux dĂ©finirle dĂ©fi Ă  relever par le rĂ©seau. Ils sonnent comme une exi-gence, afin d’ĂȘtre Ă  la hauteur des ambitions. De ce point devue, conclut Emmanuelle Bennani, « les six premiers moisseront cruciaux ».

Raphaël MÚge

Pour l’accĂšs aux droits fondamentauxdans les zones rurales marocainesLes zones rurales marocaines, situĂ©es au-delĂ  de l’axestratĂ©gique de la cĂŽte Atlantique (Casablanca /Rabat / Tanger), dans les zones enclavĂ©es du pays, ontlongtemps Ă©tĂ© oubliĂ©es par les politiques publiquesmarocaines et considĂ©rĂ©es comme le « Maroc inutile».Ces territoires connaissent un dĂ©ficit aux plans Ă©cono-mique et social, qui se caractĂ©rise par le manque d’in-frastructures de base (Ă©tablissements scolaires etuniversitaires, services de santĂ©, et services publicsplus gĂ©nĂ©ralement).Cette situation limite considĂ©rablement l’accĂšs des po-pulations Ă  leurs droits fondamentaux : le droit Ă  l’édu-cation, le droit au travail, ou encore le droit Ă  la santĂ©ne sont pas assurĂ©s, et les jeunes et les femmes sontles plus touchĂ©s. Le dernier rapport du PNUD sur le dĂ©-veloppement humain en 2011 a d’ailleurs classĂ© leMaroc au 130Ăšme rang mondial de l’Indice de DĂ©velop-pement Humain (IDH), ce qui reprĂ©sentait un net reculde son classement mondial.

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ATMF-BHLFestival du film arabe

À l’occasion du 24Ăšme festival du film arabe de Fameck, l’ATMF-BHL qui, depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ , dĂ©localise les projec-tions dans tout le bassin houiller lorrain, a nouĂ© un partenariatavec le centre social ASBH afin d’apporter une nouvelle di-mension culturelle et innovante. Le partenariat avec cette as-sociation disposant d’infrastructures permettant l’accueil deces sĂ©ances de projections-dĂ©bats, a pour objectifs de valori-ser la culture d’origine et de porter Ă  la connaissance du grandpublic, dans diffĂ©rentes villes du bassin houiller, des aspectsmĂ©connus du monde arabe. Avec l’aide des membres del’ATMF-BHL et des responsables et salariĂ©s de l’ASBH, dix pro-jections de films ont ainsi Ă©tĂ© organisĂ©es sur diffĂ©rents sites,suivies de dĂ©bats avec diffĂ©rents intervenants.Les jeunes des collĂšges R. Schumann de Hambourg-Haut etA. Fournier de Freyming-Merlebach ont ainsi assistĂ© Ă  la pro-

jection du film saoudien Wadjda, qui s’est prolongĂ©e par une discussion passionnĂ©e avec Mme Mejdaoui, ethnologue,et M. El Maloui, enseignant de langue et de culture d'origine (ELCO) et membre de l’ATMF-BHL. Le 12 octobre, c’estĂ  Forbach que le public a pu Ă©changer avec M. Galloro, directeurdes Ă©tudes du Laboratoire de sociologie, aprĂšs la projection de Latrace des pĂšres. Et le 19 novembre, Ă  l’occasion de la projection dufilm algĂ©rien Yema, le public du centre social de Creutzwald a par-tagĂ© un temps de dĂ©bat avec les bĂ©nĂ©voles de l’ATMF-BHL, la prĂ©si-dente du festival et la vice-prĂ©sidente de la FĂ©dĂ©ration des ƓuvreslaĂŻques (FOL), organisatrice du festival.Ces nombreux Ă©vĂ©nements ont permis des Ă©changes trĂšs densesavec les habitants du bassin houiller. Cette rĂ©ussite renforce le par-tenariat entre l’ATMF-BHL et l’ASBH et promet une nouvelle colla-boration avec Le Carreau Ă  Forbach.Site : http://atmf.bhl.free.fr

actualitédu réseau

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Ces cinq pages sont dĂ©diĂ©es aux activitĂ©s des membres du rĂ©seau IDD en France et au Maroc, dontelles reflĂštent la vitalitĂ©. Dans ce numĂ©ro : le festival de cinĂ©ma de l’ATMF-BHL, le sĂ©minaire de la

FAF-MF sur le rĂŽle des migrants dans le dĂ©veloppement de l’Oriental, le projet portĂ©â€ˆpar MCDA au-tour de l’apiculture, les activitĂ©s de l’association Dadgh D Ddine, et les diffĂ©rents projets de Khamsa...

CONCOURS PHOTOLes enfants en chemin (Mohamed Bougezda)En amont de la journĂ©e du 23 novembre sur le droit Ă  l’éduca-tion pour tous (voir pp. 4-5), IDD avait lancĂ© un concours photopour illustrer le thĂšme de cette journĂ©e tout en tĂ©moignant del’engagement des associations du rĂ©seau sur cette question.C’est le clichĂ© ci-joint (qui illustre Ă©galement la couverture de cebulletin), pris par Mohamed Bougezda (association Les deuxrives) et intitulĂ© Les enfants en chemin, qui a Ă©tĂ© choisi.

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FĂ©dĂ©ration des associationsde Figuig Maroc-FranceSĂ©minaire sur le rĂŽle des migrantsdans le dĂ©veloppement de laRĂ©gion de l’OrientalComment dynamiser l’action des migrants dans le dĂ©ve-loppement de la RĂ©gion de l’Oriental ? Cette derniĂšre esten effet l’une des rĂ©gions du Maroc dont la diaspora estla plus importante. C’est cette richesse humaine, disper-sĂ©e dans les grandes villes du Maroc et dans plusieurspays d’Europe, qu’il s’agit de mobiliser pour agir avec ellesur le dĂ©veloppement du territoire de l’Oriental.

À cette fin, l’association Migrations & DĂ©veloppement etla FĂ©dĂ©ration des Associations de Figuig Maroc-Franceont organisĂ© Ă  Figuig, les 29 et 30 octobre derniers, avecl’appui de l’Agence de l’Oriental, de l’ADS, et de la Com-mune de Figuig, un sĂ©minaire qui a rassemblĂ© des asso-ciations de migrants originaires de l’Oriental, ainsi quedes associations de dĂ©veloppement local venant des dif-fĂ©rentes provinces de l’Oriental. Avec les administrations(notamment le ministĂšre de l’Agriculture) et les collecti-vitĂ©s locales, ces organisations ont rĂ©flĂ©chi ensemble au-tour des questions suivantes : - Comment intĂ©grer les initiatives collectives et indivi-duelles des migrants dans les plans et stratĂ©gies aux ni-veaux tant local que rĂ©gional et national ?- Comment bĂątir une coordination entre migrants et lesacteurs locaux ? Pendant deux journĂ©es de rĂ©unions et de visites de ter-rain, plus de 130 participants1 ont Ă©changĂ© sur leurs pra-

tiques et sur les collaborations qui pouvaient se tisserentre acteurs locaux et associations de migrants. Des travaux, il est ressorti les conclusions suivantes : - Les associations de migrants, les associations locales etles Ă©lus locaux de l’Oriental doivent se concerter sur lesprojets pour que chacun se trouve valorisĂ© dans les ac-tions de dĂ©veloppement : quand chacun agit sur son ter-rain, il n’y a pas de contradiction entre les intĂ©rĂȘtsrespectifs des Ă©lus, des associations de migrants et desassociations locales.- Les Plans Communaux de DĂ©veloppement (PCD) sontun bon outil pour impliquer les migrants de la communedans les projets communaux. Cependant, les migrantssont en demande d’information sur les PCD.- Les associations de migrants originaires de l’Oriental ontbesoin de renforcer leurs capacitĂ©s pour soutenir des pro-jets de dĂ©veloppement dans leur village ou ville d’origine.- Des journĂ©es de travail et de rĂ©flexion sont Ă  prĂ©voir surle soutien que les migrants peuvent apporter pour lacommercialisation des produits du terroir (la PlateformeEuro-marocaine Migration-DĂ©veloppement-CitoyennetĂ©-DĂ©mocratie se penchera sur la question) sur les marchĂ©sintĂ©rieurs (Maroc) et extĂ©rieurs (international) : les mi-grants de l’intĂ©rieur peuvent agir sur le marchĂ© national,les migrants internationaux sur les marchĂ©s Ă  l’exporta-tion.- Le projet de crĂ©er un collectif ou une structure de coor-dination des associations de migrants agissant sur le dĂ©-veloppement de l’Oriental est sur la table. - Il a Ă©tĂ© proposĂ© de faire de la journĂ©e du migrant (le 10aoĂ»t), dans chaque commune, un moment de rencontreentre associations de migrants, Ă©luEs et associations dedĂ©veloppement local, pour favoriser les partenariats,synergies et convergences nĂ©cessaires Ă  l’élaboration etla mise en place de projets communs.- Il est proposĂ© d’organiser un autres sĂ©minaire sur lemĂȘme thĂšme en 2014, qui pourrait se tenir dans uneautre ville de l’Oriental.Site : www.faf-mf.org1 Parmi ces 130 personnes, Ă©taient prĂ©sents les reprĂ©sentants de 14associations de migrants (France, Belgique, Hollande) et de 18 asso-ciations de dĂ©veloppement local marocaines (Oujda, Jerada, Nador,Taourirt, Figuig), des Ă©lus locaux (dont l’ajointe au maire d’Aubervillierset le PrĂ©sident de la Commune de Figuig), des responsables des ad-ministrations dĂ©centralisĂ©es, et des Ă©tudiants de l’UniversitĂ© d’Oujda.

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actualité du réseau

KHAMSAUne coopĂ©ration pour lapetite enfanceKhamsa a initiĂ© il y a quelques mois un projet decoopĂ©ration dĂ©centralisĂ©e entre le Conseil gĂ©nĂ©ralde Meurthe-et-Moselle et la province de Sidi Kacemau Maroc. PortĂ© par l’association Khamsa en Franceet par la Fondation de Had Kourt pour le dĂ©velop-pement au Maroc, ce projet est axĂ© sur les problĂ©-matiques liĂ©es Ă  l’enfance. Dans le cadre de cettecoopĂ©ration, un plan annuel de formations Ă  Ă©tĂ© misen place Ă  Sidi Kacem pour amĂ©liorer les compĂ©-tences des acteurs de la petite enfance sur place, etune structure de coordination et d’audit a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e.Une psychologue française a Ă©tĂ© Ă©galement embau-chĂ©e pour apporter son aide et ses compĂ©tencesdans cette rĂ©gion oĂč les moyens humain autour dela protection de l’enfance sont trĂšs limitĂ©s. Confiantdans la rĂ©ussite de cette coopĂ©ration, le gouverne-ment marocain s’est engagĂ© pour la bonne rĂ©alisa-tion de ce projet. Il est important de prĂ©ciser que lalĂ©gislation marocaine est dĂ©jĂ  trĂšs complĂšte dans cedomaine mais, comme souvent au Maroc, ce sontles moyens humains et matĂ©riels qui manquent leplus pour passer de l’écrit au concret.Site : http://association-khamsa.blogspot.com

KHAMSAProjet École pour tousLe prochain chantier École pour tous se dĂ©roulera du 25 avril au 10 mai prochains. Il aura pour cadre l’école Benim-guild, dans la commune Iquaddar (province d’El Hajeb, rĂ©gion de Meknes Rachidia Tafilalet). L’école, qui accueilleactuellement trois instituteurs et 79 enfants, dont 31 filles, sur six niveaux, a besoin d’ĂȘtre reliĂ©e en eau et en Ă©lec-tricitĂ©. Les deux salles de classe seront Ă©galement isolĂ©es, et un systĂšme de chauffage est actuellement Ă  l’étudepour que les enfants puissent suivre les cours dans de bonnes conditions, dans cette rĂ©gion oĂč les hivers sont froids.Enfin, une bibliothĂšque / salle multimĂ©dia sera amĂ©nagĂ©e dans l’école, ainsi que des aires de jeux et des espacesverts. Les acteurs locaux, dont l’association Espace Citoyens, se mobilisent dĂ©jĂ  pour que ce projet puisse voir le jour.Site : http://association-khamsa.blogspot.com

MCDAUne apiculture moderne, productive et gĂ©nĂ©ratrice de revenusLa population d'Ouled Ftata (province de Khouribga), commune rurale situĂ©e dans une rĂ©gion semi-aride entre600 et 850 m d'altitude, est constituĂ©e de petits Ă©leveurs – petits paysans trĂšs pauvres, cultivateurs et, trĂšs rĂ©-cemment, producteurs de lait. Dans cette zone, l'apiculture reste trĂšs alĂ©atoire et d'usage principalement familial.Mais le paysage alentours s'est quelque peu modifiĂ© ces derniĂšres annĂ©es dans les alentours, avec la plantationd'oliviers et l'expĂ©rimentation du « goutte Ă  goutte », qui a fait tĂąche d'huile Ă  Ouled Ftata. La sollicitation en 2007d'un jeune apiculteur amateur, et l'intĂ©rĂȘt de plusieurs apiculteurs locaux, sont Ă  l'origine de cet ambitieux projetportĂ© par l'Association Dar AĂŻt El Had El Maati Ă  la MIR (Maison des initiatives rurales), initiĂ© et soutenu par MCDAet l'École nationale d'agriculture (ENA) de MekhnĂšs, et cofinancĂ© par la Fondation OCP. Sur la suggestion d’un

professeur de l'ENA, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de dĂ©velopperl'arboriculture mellifĂšre en complĂ©ment de la floreexistante, trĂšs riche en dĂ©but de saison. Les arbresdoivent en effet prolonger les rentrĂ©es de pollens etde nectars indispensables aux abeilles, et apporterleur lot dans l'Ă©quilibre du paysage d'Ouled Ftata.La structure de la ruche traditionnelle ne permet pasĂ  l'apiculteur de visualiser l’état gĂ©nĂ©ral de cettederniĂšre, et donc de prendre les dispositions nĂ©ces-saires Ă  son entretien et son maintien. Dans detelles conditions, la rĂ©colte annuelle demeure alĂ©a-toire : celle-ci est en moyenne de 1 Ă  2 kg et aumieux de 5 Ă  6 kg par ruche.

Les principales diffĂ©rences entre la ruche tradition-nelle et la ruche Ă  cadre rĂ©sident dans la prĂ©serva-tion du lieu de vie de la colonie, et dans unrendement annuel de plus de 15 kg de miel parhausse, avec la possibilitĂ© de rajouter des haussessupplĂ©mentaires. Si l'environnement mellifĂšre lepermet, plusieurs rĂ©coltes pourront donc avoir lieudans l'annĂ©e, cette activitĂ© devenant dĂšs lors rĂ©mu-nĂ©ratrice. L'acquisition de connaissances complĂ©-mentaires est nĂ©anmoins indispensable pour mieuxconnaĂźtre cet environnement. Une formation pra-tique sera dispensĂ©e par un apiculteur profession-nel, tandis que des formations plus thĂ©oriquesseront dĂ©livrĂ©es par des apiculteurs amateurs mem-bres de MCDA. Un horticulteur professionnel est parailleurs chargĂ© de former des apprentis pour pro-duire des boutures et semis. Enfin, un local mielleriepermettra d'extraire et mettre en bocaux le mielproduit, permettant Ă  la filiĂšre miel d'Ouled Ftatade se dĂ©velopper. Une histoire Ă  suivre...Contact : [email protected]

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FĂ©dĂ©ration des associationsde Figuig Maroc-FranceSĂ©minaire sur le rĂŽle des migrantsdans le dĂ©veloppement de laRĂ©gion de l’OrientalComment dynamiser l’action des migrants dans le dĂ©ve-loppement de la RĂ©gion de l’Oriental ? Cette derniĂšre esten effet l’une des rĂ©gions du Maroc dont la diaspora estla plus importante. C’est cette richesse humaine, disper-sĂ©e dans les grandes villes du Maroc et dans plusieurspays d’Europe, qu’il s’agit de mobiliser pour agir avec ellesur le dĂ©veloppement du territoire de l’Oriental.

À cette fin, l’association Migrations & DĂ©veloppement etla FĂ©dĂ©ration des Associations de Figuig Maroc-Franceont organisĂ© Ă  Figuig, les 29 et 30 octobre derniers, avecl’appui de l’Agence de l’Oriental, de l’ADS, et de la Com-mune de Figuig, un sĂ©minaire qui a rassemblĂ© des asso-ciations de migrants originaires de l’Oriental, ainsi quedes associations de dĂ©veloppement local venant des dif-fĂ©rentes provinces de l’Oriental. Avec les administrations(notamment le ministĂšre de l’Agriculture) et les collecti-vitĂ©s locales, ces organisations ont rĂ©flĂ©chi ensemble au-tour des questions suivantes : - Comment intĂ©grer les initiatives collectives et indivi-duelles des migrants dans les plans et stratĂ©gies aux ni-veaux tant local que rĂ©gional et national ?- Comment bĂątir une coordination entre migrants et lesacteurs locaux ? Pendant deux journĂ©es de rĂ©unions et de visites de ter-rain, plus de 130 participants1 ont Ă©changĂ© sur leurs pra-

tiques et sur les collaborations qui pouvaient se tisserentre acteurs locaux et associations de migrants. Des travaux, il est ressorti les conclusions suivantes : - Les associations de migrants, les associations locales etles Ă©lus locaux de l’Oriental doivent se concerter sur lesprojets pour que chacun se trouve valorisĂ© dans les ac-tions de dĂ©veloppement : quand chacun agit sur son ter-rain, il n’y a pas de contradiction entre les intĂ©rĂȘtsrespectifs des Ă©lus, des associations de migrants et desassociations locales.- Les Plans Communaux de DĂ©veloppement (PCD) sontun bon outil pour impliquer les migrants de la communedans les projets communaux. Cependant, les migrantssont en demande d’information sur les PCD.- Les associations de migrants originaires de l’Oriental ontbesoin de renforcer leurs capacitĂ©s pour soutenir des pro-jets de dĂ©veloppement dans leur village ou ville d’origine.- Des journĂ©es de travail et de rĂ©flexion sont Ă  prĂ©voir surle soutien que les migrants peuvent apporter pour lacommercialisation des produits du terroir (la PlateformeEuro-marocaine Migration-DĂ©veloppement-CitoyennetĂ©-DĂ©mocratie se penchera sur la question) sur les marchĂ©sintĂ©rieurs (Maroc) et extĂ©rieurs (international) : les mi-grants de l’intĂ©rieur peuvent agir sur le marchĂ© national,les migrants internationaux sur les marchĂ©s Ă  l’exporta-tion.- Le projet de crĂ©er un collectif ou une structure de coor-dination des associations de migrants agissant sur le dĂ©-veloppement de l’Oriental est sur la table. - Il a Ă©tĂ© proposĂ© de faire de la journĂ©e du migrant (le 10aoĂ»t), dans chaque commune, un moment de rencontreentre associations de migrants, Ă©luEs et associations dedĂ©veloppement local, pour favoriser les partenariats,synergies et convergences nĂ©cessaires Ă  l’élaboration etla mise en place de projets communs.- Il est proposĂ© d’organiser un autres sĂ©minaire sur lemĂȘme thĂšme en 2014, qui pourrait se tenir dans uneautre ville de l’Oriental.Site : www.faf-mf.org1 Parmi ces 130 personnes, Ă©taient prĂ©sents les reprĂ©sentants de 14associations de migrants (France, Belgique, Hollande) et de 18 asso-ciations de dĂ©veloppement local marocaines (Oujda, Jerada, Nador,Taourirt, Figuig), des Ă©lus locaux (dont l’ajointe au maire d’Aubervillierset le PrĂ©sident de la Commune de Figuig), des responsables des ad-ministrations dĂ©centralisĂ©es, et des Ă©tudiants de l’UniversitĂ© d’Oujda.

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Association Dadgh D Dine pour le DĂ©veloppement(Douar Ait Taleb, Souk El Khmis Dades, Tinghir)

Une annĂ©e foisonnanteVoici un aperçu en images d’une annĂ©e riche en activitĂ©s.

Participation au Village des enfants « copain du Monde »Une dĂ©lĂ©gation marocaine composĂ©e de trois enfants et d’un accom-pagnateur a participĂ©, du 9 au 23 aoĂ»t, au village des enfants « copainsdu Monde » 2013 organisĂ© par le Secours populaire français.

RĂ©alisation d’un filmEn collaboration avec son association partenaire Ă  Paris, l'associationa rĂ©alisĂ© un film Ă©ducatif qui a Ă©tĂ© projetĂ© au siĂšge local de l'associa-tion, puis en aoĂ»t Ă  l’occasion d’un festival de films.

14 septembre – Distribution de livres et cahiersL'association a distribuĂ© des livres et des cahiers aux Ă©lĂšves de l’écoleAit Hammou.

6 octobre – Participation au Forum des Alternatives MarocL’association Ă©tait prĂ©sente Ă  ce Forum qui avait pour thĂšme « le dia-logue parallĂšle pour une rĂ©elle place de la sociĂ©tĂ© civile dans laconstruction de la dĂ©mocratie ».

8 octobre – ExposĂ© sur l’agricultureAssurĂ© par Mohamed Messoudi, cet exposĂ© portait sur le projet de« Maroc vert », les produits locaux et les moyens utilisĂ©s pour augmen-ter la production.

9 novembre – Excursion Ă  vĂ©loLa commission des sorties et excursions de l’association a organisĂ© unerandonnĂ©e cycliste Ă  travers les champs, les Kasbahs, le dĂ©sert, jusqu’ausiĂšge local de l’association.

12 novembre – Rencontre avec les reprĂ©sentants de l’associa-tion AP2i (Paris) Ă  propos de projet CinĂ©MouvantCe cinĂ©ma itinĂ©rant ira de village en village pour projeter des films Ă  celleset ceux qui ne sont jamais allĂ©Es au cinĂ©ma ou n'y vont pas souvent.

8 et 10 dĂ©cembre – Organisation d’une fĂȘte pour les enfantset les femmes

Site de l’association :http://associationdadghddine.azurewebsites.net

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KHAMSARegards de migrantsKhamsa vient de publier Regards de Migrants, re-cueil de tĂ©moignages et de parcours d’une dizainede migrants de Nancy et de ses environs.

actualité du réseauKHAMSADes activités tous azimuts pour la Semaine de la solidarité internationale

Le samedi 23 novembre dernier, Khamsa clĂŽturait sa Se-maine de la solidaritĂ©â€ˆinternationale en participant Ă  lajournĂ©e sur le Droit Ă  l’éducation pour tous organisĂ©e parle rĂ©seau IDD. Cette semaine de la solidaritĂ© sans fron-tiĂšres avait commencĂ© le week-end prĂ©cĂ©dent par le mar-chĂ© du monde solidaire de Nancy, organisĂ© par le collectifassociatif LorSud et le Conseil gĂ©nĂ©ral de Meurthe et Mo-selle. Ce marchĂ©, qui rassemble pas moins de 80 associa-tions de toute la rĂ©gion Lorraine, mĂȘle vente de produitsartisanaux et activitĂ©s de sensibilisation Ă  la solidaritĂ© in-ternationale et au dĂ©veloppement. FidĂšle Ă  ce rendez-vous depuis sa crĂ©ation, Khamsa y tenait un stand oĂč,entre des produits de l’artisanat marocain et les derniĂšres

publications de l’association, on pouvait fleurir de quelques pensĂ©es solidaires un arbre Ă  palabres conçu par lecĂ©lĂšbre calligraphe marocain Mohammed Qarmad, qui s’est rendu disponible pour les enfants de la ville de Van-dƓuvre en les accueillant dans des ateliers de calligraphie organisĂ©s par l’association. Le matin mĂȘme, c’est aulycĂ©e Emmanuel HĂ©rĂ© de Laxou, partenaire de Khamsa lors des chantiers Écoles pour tous, que les Ă©lĂšves ont Ă©tĂ©sensibilisĂ©s aux problĂ©matiques liĂ©es Ă  l’éducation autour de projections-dĂ©bats. Certains lycĂ©ens ont d’ailleursrejoint l’association pour se mobiliser lors de ses diverses activitĂ©s. Toujours dans le cadre de la Semaine de la so-lidaritĂ©â€ˆinternationale, l’association Khamsa a Ă©galement organisĂ© une table ronde sur la question du systĂšmeĂ©ducatif marocain, en prĂ©sence de M. Moulay Ali El Idrissi, membre du groupe de rĂ©flexion sur l’école publiquemarocaine. Cette rencontre Ă©tait prĂ©cĂ©dĂ©e de la prĂ©sentation d’un recueil de tĂ©moignages et d’une exposition,Regards de migrants. Cette semaine chargĂ©e en participation et en mobilisation a montrĂ© qu’il Ă©tait possible derĂ©unir de nombreuses personnes autour de causes solidaires. On aimerait que cette semaine dure un peu pluslongtemps...Site : http://association-khamsa.blogspot.com

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KHAMSAProjet – Les migrants dans les OMDLes Objectifs du millĂ©naire pour le dĂ©veloppement sontactuellement observĂ©s Ă  la loupe par l’ONU, dans l’op-tique d’avancer sur les orientations post-2015. Dans cettedynamique, Khamsa, comme d’autres acteurs, s’est mo-bilisĂ©e pour que les droits des migrants soient reconnuset gĂ©rĂ©s Ă  un niveau mondial, et non Ă  l’échelle de chaquepays, avec les politiques rĂ©pressives qui en dĂ©coulent.L’ONU, estimant que les questions liĂ©es Ă  la migrationsont transversales aux autres OMD, n’a pas estimĂ© utiled’inscrire ces problĂ©matiques dans les nouvelles orienta-tions post-2015. C’est dans ce contexte que Khamsa, as-sociĂ©e Ă  ses partenaires (LorSud, l’ATMF et le Mouvementpour une alternative non-violente de Nancy), a organisĂ©le 18 dĂ©cembre dernier, journĂ©e internationale des mi-grants, une confĂ©rence sur le thĂšme de la gouvernancemondiale des migrations. Lors de cette confĂ©rence, LucasMartin, directeur du CIEMI (Centre d’informations etd’études sur les migrations internationales) et PedroVianna, rĂ©dacteur en chef de la revue Migrations SociĂ©tĂ©,ont abordĂ© les questions suivantes : quelles sont les mi-grations dans le monde ? Quelles sont les tentatives derĂ©gulation mises en place ? Quelles alternatives ? Et nous,citoyens, associations, que pouvons-nous faire ?Site : http://association-khamsa.blogspot.com

Fonds régional dedéveloppement dela vie associative

parcoursmilitant

De l’ATMF-BHL Ă  IDDMohammed, tu as Ă©tĂ© parmi les membresfondateurs du rĂ©seau IDD en France, peux-tunous rappeler les conditions de crĂ©ation durĂ©seau ?Le rĂŽle positif de l’immigration en France etau Maroc, les diffĂ©rents projets de dĂ©velop-pement et de solidaritĂ© des associations is-sues de l’immigration, les difficultĂ©s querencontrent ces associations au Maroc : ces

Ă©lĂ©ments ont dĂ©bouchĂ© sur plusieurs questions. J’en citerai deux : commentaider et organiser ces associations de solidaritĂ© issues de l’immigration Ă  ac-complir leurs missions ? Le dĂ©veloppement est- il possible sans la dĂ©mocratie ?Moi ainsi que d’autres personnes et associations nous sommes attelĂ©s Ă  la rĂ©-flexion pour rĂ©pondre Ă  ces questions. Fin 1998 est nĂ©e l’idĂ©e de s’organiserpour susciter la rĂ©flexion et l’échange entre associations et avec diffĂ©rents par-tenaires. DĂ©but 1999, nous avons crĂ©Ă© le rĂ©seau Immigration DĂ©veloppementDĂ©mocratie, alors composĂ© de huit associations et de quelques personnes res-sources. Un groupe de travail d’appui au projet s’est constituĂ© pour travaillersur trois axes : santĂ©, dĂ©veloppement culturel, infrastructures. Au mois de juin1999, j’ai rĂ©digĂ© avec Abdallah Zniber le premier bulletin IDD Infos, qui en estaujourd’hui Ă  son 39Ăšme numĂ©ro. En septembre 1999, nous avons lancĂ© le projet« 10 villages, 10 bibliothĂšques pour l’an 2000 ». Cette idĂ©e est devenue rĂ©alitĂ©grĂące Ă  la mobilisation de l’ensemble du rĂ©seau en France et au Maroc. Depuis,ce projet a pris de l’ampleur, devenant la rĂ©fĂ©rence principale des actions durĂ©seau IDD.

Tu es de nouveau membre du bureau d'IDD. Comment vois-tu l'Ă©volution durĂ©seau IDD et ses perspectives d'avenir ?IDD permet de mettre en valeur le dynamisme et le potentiel des associationsmembres issues de l’immigration. Notre Ă©volution naturelle est de renforcerdes dĂ©marches participatives, dĂ©mocratiques, dans les projets des associationsmembres, avec une meilleure prise en compte du genre et une vĂ©ritable im-plication des citoyens. L’autre axe prioritaire est de contribuer au dĂ©veloppe-ment des partenariats entre les diffĂ©rents acteurs de dĂ©veloppement(associations issues de l’immigration et collectivitĂ©s), ici et lĂ -bas, dans la luttecontre les exclusions et les inĂ©galitĂ©s et pour un dĂ©veloppement humain soli-daire. Un autre axe est de tisser davantage de liens avec des organisations im-portantes aux niveaux europĂ©en et international et avec des collectivitĂ©sterritoriales en France et au Maroc.

Quels sont les projets qui te tiennent Ă  coeur ?Je suis plus favorable aux projets liĂ©s Ă  l’éducation et aux initiatives Ă©cono-miques Ă  finalitĂ© sociale qui participent Ă  la construction d'une nouvelle façonde vivre et de penser l'Ă©conomie, en plaçant l’humain au centre du dĂ©velop-pement Ă©conomique et social.

Propos recueillis par Abdallah Zniber

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ISSN : 2268-0748

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Mohammed Bazza