2
UNIVERSIDADE FEDERAL DE GOIÁS FACULDADE DE LETRAS DEPARTAMENTO DE LÍNGUAS E LITERATURAS ESTRANGEIRAS CENTRO DE AVALIAÇÃO DE SUFICIÊNCIA EM LÍNGUA ESTRANGEIRA 50 ANOS PROVA DE SUFICIÊNCIA EM LÍNGUA FRANCESA – 18-10-2013 Alice Munro, reine de la nouvelle, nobélisée "Lisez Munro ! Lisez Munro !", s'écriait en 2004 l'écrivain Jonathan Franzen dans un article désormais célèbre du New York Times. Il faut croire que cette injonction a fini par résonner jusqu'à Stockholm. En attribuant, jeudi 10 octobre, le prix Nobel de littérature à la Canadienne de langue anglaise Alice Munro – qui a annoncé en juin qu'elle arrêtait d'écrire –, l'Académie suédoise récompense pour la treizième fois une femme. Mais surtout, elle couronne une championne incontestée de la nouvelle et braque ainsi pour la première fois le projecteur médiatique sur un genre littéraire trop souvent considéré comme mineur. LAISSER TOUT DERRIÈRE SOI, FUGUER En général, ses personnages sont des femmes dont les itinéraires cabossés semblent plus ou moins nourris de sa propre expérience. Mais creusés de façon si profonde, ciselés de façon si subtile, qu'ils en deviennent universels. Dans Fugitives (éd. L'Olivier, 2008), l'héroïne de la première nouvelle, Carla, découvre à ses dépens que l'on ne façonne pas son destin comme de la glaise. Que notre libre arbitre nous joue parfois de curieux tours. Alors qu'elle fuit son mari et projette de mener une existence neuve dans un lieu neuf, Carla comprend que Clark, même s'il n'est plus là, refuse de s'effacer. Dans ce recueil, il n'est question que de cela : échapper à l'enfer conjugal, laisser tout derrière soi, fuguer. Cela peut se faire en sautant dans un bus ou un train, en roulant à travers la forêt ou même en s'enfonçant dans la maladie. Mais cela fait toujours écho à un thème central chez Munro : fuir pour aller vers soi. Avec, dans le cas d'une femme- écrivain, la réprobation de l'entourage social, le couple qui tangue, les griefs des enfants, de la famille, de tous ceux qui détestent la différence. Au fil des quatorze recueils qui composent l'oeuvre de Munro – dont chez Albin Michel Amies de ma jeunesse (1992), Les Lunes de Jupiter (1989) ou Un peu, beaucoup, pas du tout (Rivages 2004), qui a inspiré le film Loin d'elle réalisé en 2006 par Sarah Polley –, on voit défiler le paysage canadien. Avec ses rochers et ses lacs. Avec la neige et l'eau partout. Sur cette trame, Munro brode des motifs bien à elle. Elle dit l'importance des objets (un portique en plastique, un barbecue, un vélo d'appartement) ou des mythes (Orphée, Déméter). Et aussi celle des grands auteurs anglophones (Shakespeare, Tennyson), qui viennent brouiller les pistes entre cultures populaire et savante. "PETITES GENS, GRANDS SENTIMENTS" Objets, images, traces : tout cela éclaire, en contrepoint, les paysages intérieurs des héroïnes. Mais la lumière n'est jamais totale. Munro sait qu'un bon livre est celui qui sème les points d'interrogation. Son écriture repose d'abord sur l'énigme. Celle des conduites humaines dont il faut bien tacher de percer le sens. "Petites gens, grands sentiments", a résumé le comité Nobel pour justifier son choix. Il aurait pu ajouter "mystère immense". C'est la profondeur de ce mystère, alliée à la limpidité du style, qui font la puissance de cette oeuvre. Oui, Franzen a raison. Il faut lire Alice Munro. Florence Noiville http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/10/10/le-nobel-de-litterature-est-decerne-a-alice-munro_3493589_3214.html. Accès le 15 octobre 2013. (Texte adapté).

2013 gabarito fra 18 10

Embed Size (px)

Citation preview

UNIVERSIDADE FEDERAL DE GOIÁS FACULDADE DE LETRAS

DEPARTAMENTO DE LÍNGUAS E LITERATURAS ESTRANGEIRAS CENTRO DE AVALIAÇÃO DE SUFICIÊNCIA EM LÍNGUA ESTRANGEIRA

50 ANOS

PROVA DE SUFICIÊNCIA EM LÍNGUA FRANCESA – 18-10-2013

Alice Munro, reine de la nouvelle, nobélisée

"Lisez Munro ! Lisez Munro !", s'écriait en 2004 l'écrivain Jonathan Franzen dans un article désormais célèbre du New York Times. Il faut croire que cette injonction a fini par résonner jusqu'à Stockholm. En attribuant, jeudi 10 octobre, le prix Nobel de littérature à la Canadienne de langue anglaise Alice Munro – qui a annoncé en juin qu'elle arrêtait d'écrire –, l'Académie suédoise récompense pour la treizième fois une femme. Mais surtout, elle couronne une championne incontestée de la nouvelle et braque ainsi pour la première fois le projecteur médiatique sur un genre littéraire trop souvent considéré comme mineur.

LAISSER TOUT DERRIÈRE SOI, FUGUER

En général, ses personnages sont des femmes dont les itinéraires cabossés semblent plus ou moins nourris de sa propre expérience. Mais creusés de façon si profonde, ciselés de façon si subtile, qu'ils en deviennent universels.

Dans Fugitives (éd. L'Olivier, 2008), l'héroïne de la première nouvelle, Carla, découvre à ses dépens que l'on ne façonne pas son destin comme de la glaise. Que notre libre arbitre nous joue parfois de curieux tours. Alors qu'elle fuit son mari et projette de mener une existence neuve dans un lieu neuf, Carla comprend que Clark, même s'il n'est plus là, refuse de s'effacer.

Dans ce recueil, il n'est question que de cela : échapper à l'enfer conjugal, laisser tout derrière soi, fuguer. Cela peut se faire en sautant dans un bus ou un train, en roulant à travers la forêt ou même en s'enfonçant dans la maladie. Mais cela fait toujours écho à un thème central chez Munro : fuir pour aller vers soi. Avec, dans le cas d'une femme-écrivain, la réprobation de l'entourage social, le couple qui tangue, les griefs des enfants, de la famille, de tous ceux qui détestent la différence.

Au fil des quatorze recueils qui composent l'œuvre de Munro – dont chez Albin Michel Amies de ma jeunesse (1992), Les Lunes de Jupiter (1989) ou Un peu, beaucoup, pas du tout (Rivages 2004), qui a inspiré le film Loin d'elle réalisé en 2006 par Sarah Polley –, on voit défiler le paysage canadien. Avec ses rochers et ses lacs. Avec la neige et l'eau partout.

Sur cette trame, Munro brode des motifs bien à elle. Elle dit l'importance des objets (un portique en plastique, un barbecue, un vélo d'appartement) ou des mythes (Orphée, Déméter). Et aussi celle des grands auteurs anglophones (Shakespeare, Tennyson), qui viennent brouiller les pistes entre cultures populaire et savante.

"PETITES GENS, GRANDS SENTIMENTS"

Objets, images, traces : tout cela éclaire, en contrepoint, les paysages intérieurs des héroïnes. Mais la lumière n'est jamais totale. Munro sait qu'un bon livre est celui qui sème les points d'interrogation. Son écriture repose d'abord sur l'énigme. Celle des conduites humaines dont il faut bien tacher de percer le sens. "Petites gens, grands sentiments", a résumé le comité Nobel pour justifier son choix. Il aurait pu ajouter "mystère immense". C'est la profondeur de ce mystère, alliée à la limpidité du style, qui font la puissance de cette oeuvre. Oui, Franzen a raison. Il faut lire Alice Munro. Florence Noiville

http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/10/10/le-nobel-de-litterature-est-decerne-a-alice-munro_3493589_3214.html. Accès le 15 octobre 2013. (Texte adapté).

1. Por que, segundo Florence Noiville, é necessário ler a obra de Alice Munro? (1,5)

Porque seus escritos abordam o enigma da conduta humana. Segundo Florence Noiville, é a profundidade do mistério aliada à limpidez do estilo que tornam potente sua obra. 2. Por que a premiação de Alice Munro surpreendeu? (1,0) Porque essa escritora se dedica ao conto, frequentemente considerado um gênero literário menor. 3. Quais são os temas recorrentes do conjunto da obra dessa escritora

canadense? (1,5) Os temas recorrentes são a condição feminina e a fuga em direção a si. 4. Traduza o fragmento abaixo para o português. (6,0)

Dans Fugitives, l'héroïne de la première nouvelle, Carla, découvre à ses dépens que l'on ne façonne pas son destin comme de la glaise. Que notre libre arbitre nous joue parfois de curieux tours. Alors qu'elle fuit son mari et projette de mener une existence neuve dans un lieu neuf, Carla comprend que Clark, même s'il n'est plus là, refuse de s'effacer.

Dans ce recueil, il n'est question que de cela : échapper à l'enfer conjugal, laisser tout derrière soi, fuguer. Cela peut se faire en sautant dans un bus ou un train, en roulant à travers la forêt ou même en s'enfonçant dans la maladie. Mais cela fait toujours écho à un thème central chez Munro : fuir pour aller vers soi. Avec, dans le cas d'une femme-écrivain, la réprobation de l'entourage social, le couple qui tangue, les griefs des enfants, de la famille, de tous ceux qui détestent la différence.

Em Fugitivas, a heroína do primeiro conto, Carla, descobre às suas custas que não se modela o destino como argila. Que nosso livre arbítrio às vezes nos prega peças curiosas. Enquanto ela foge de seu marido e planeja levar uma existência nova em um lugar novo, Carla compreende que Clark, mesmo que ele não esteja lá, recusa-se a se apagar. Nesta coletânea, não se trata apenas disso: escapar do inferno conjugal, deixar tudo atrás de si, fugir. Isso pode ser feito entrando em um ônibus ou em um trem, rolando pela floresta ou mesmo se entregando a uma doença. Mas isso faz eco a um tema central na obra de Munro: fugir para ir em direção a si. Com, no caso de uma mulher-escritora, a reprovação do círculo social, o casal que oscila, as queixas das crianças, da família, de todos os que detestam a diferença.