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Les mariages internationaux en Corée du Sud. Albane Léonard Directeur de mémoire : Mme Chabal Pôle International de Management, Master 1 Master Management International, parcours Echanges internationaux, option Echanges avec l’Asie

Les mariages internationaux en corée du sud

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Etude sur l'historique des mariages internationaux, leurs caractéristiques, et l'intégration des conjoints étrangers.

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Page 1: Les mariages internationaux en corée du sud

Les mariages internationaux en Corée

du Sud.Albane Léonard

Directeur de mémoire : Mme ChabalCo-directeur de mémoire : Mme Travert

Pôle International de Management, Master 1 Master Management International,parcours Echanges internationaux, option Echanges avec l’Asie

Faculté des Affaires Internationales, Université du Havre2011

Page 2: Les mariages internationaux en corée du sud

Table des matières

Table des matières.............................................................................................................2

Index des tableaux.............................................................................................................3

Avant propos......................................................................................................................4

Introduction.......................................................................................................................6

Historique du mariage international en Corée du Sud.......................................................8

De 1953 au début des années 1990, les prémices du mariage international en Corée..8

La décennie 1990 ou l’apogée du mariage sino-coréen ..............................................12

Les années 2000 et le boom des agences matrimoniales.............................................17

Quel degré d’intégration pour les épouses étrangères ?.................................................22

Couple binational, couple en danger ?.........................................................................22

La difficile intégration à la société coréenne................................................................26

Le rapport aux institutions et aux services qu’elles proposent....................................30

Enjeux et solutions pour une meilleure intégration.........................................................33

Enjeux liés à la bonne intégration des épouses étrangères..........................................34

Les réponses gouvernementales aux problèmes d’intégration....................................37

Les initiatives individuelles à destination des familles internationales.........................40

Conclusion .......................................................................................................................43

Annexes.........................................................................................................................................45

Bibliographie ...................................................................................................................48

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Page 3: Les mariages internationaux en corée du sud

Index des tableaux

Tableau 1: Ratio homme/femme selon l'âge et le milieu de résidence.............................14Tableau 2: Nombre de mariages internationaux 1991-2008.............................................16Tableau 3: Evolution du nombre d'épouses étrangères, 1991-2008..................................20Tableau 4: Niveau d'éducation des hommes selon le pays d'origine de leur femme.........24Tableau 5: Age des femmes selon leur pays d'origine......................................................25Tableau 6: Age des hommes selon le pays d'origine de leur épouse.................................25Tableau 7: Niveau d'éducation des femmes selon leur pays d'origine..............................28Tableau 8: Emploi des épouses étrangères selon leur pays d'origine................................29Tableau 9: Pourcentage d’utilisation des programmes de soutien aux couples internationaux..................................................................................................................31Tableau 10: Pourcentage de cas d'avortement..................................................................34Tableau 11: Raisons de l'avortement................................................................................35

3

Page 4: Les mariages internationaux en corée du sud

Avant propos

Ayant passé un an en Corée, j’ai eu la chance de pouvoir vivre une

multitude d’expériences qui ont aiguisé ma curiosité à propos du fonctionnement

de la société de ce pays. Parmi toutes ces expériences celle qui m’a le plus marqué

a été que pour la première fois de ma vie j’ai été une « étrangère ». J’avais certes

été une touriste dans plusieurs pays auparavant, mais cela ne m’avait jamais

marqué dans la mesure où c’était une situation temporaire et que je me considérais

moi-même comme une touriste. Quand je suis allée en Corée, les choses étaient

différentes. J’étais partie seule, avec l’envie de découvrir ce pays qui m’attirait et

persuadée que mon intégration ne serait qu’une question de semaines, d’un mois

ou deux tout au plus. Une fois sur place, j’ai vite déchanté. Que ce soit à

l’université où sur les listes d’élèves seuls mon prénom et la mention « étrangère »

étaient inscrits, dans la rue où certaines personnes me montraient du doigt en

s’écriant « oh une étrangère », ou même parmi mes camarades pour qui j’étais

toujours « l’amie étrangère », j’ai compris que l’étiquette « étrangère » me collait

à la peau et qu’il serait difficile de m’en débarrasser.

Quand le temps du choix des sujets de mémoire est arrivé, c’est donc tout

naturellement que je me suis tournée vers un sujet traitant de l’intégration des

étrangers en Corée. Ce thème étant trop large, je l’ai restreint en choisissant

d’étudier le mariage international et l’intégration des conjoints étrangers. Le

travail n’a pas été facile dans la mesure où le développement du mariage

international est un phénomène récent en Corée. Il y n’y a donc encore que peu de

documents – livres, thèses, articles, etc- traitant de ce sujet, et il est difficile de

prendre du recul par rapport à ce phénomène. De plus la majorité de ces

documents sont rédigés en coréen, ce qui a été le principal problème lors de mes

recherches. En effet il existe des rapports ministériels et des études assez

complètes sur ce sujet, mais ne maîtrisant pas la langue j’ai souvent été obligée de

me contenter d’extraits en anglais, ou d’autres rapports moins étoffés, en anglais

eux aussi.

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Page 5: Les mariages internationaux en corée du sud

Par ailleurs, lorsque j’ai commencé ce travail j’avais dans l’idée

d’interviewer quelques couples bi-nationaux, ce qui s’est révélé finalement

difficile dans la mesure où ils sont très discrets et que là encore la barrière de la

langue existait. J’ai donc renoncé à ce projet et ai préféré utiliser des interviews

réalisées par des journalistes ou des professeurs d’université que j’ai trouvées dans

différentes publications. Un peu déçue au début par la tournure qu’ont pris mes

recherches, j’ai finalement réalisé que cette solution me permettait d’avoir un

panel plus élargi et donc plus objectif que ce que j’aurai pu trouver par moi-

même. J’ai néanmoins eu l’occasion de discuter avec quelques couples franco-

coréens ou américano-coréens, mais cela n’a pas directement aidé à la rédaction

de mon mémoire dans la mesure où les couples de ce genre sont extrêmement

minoritaires en Corée et que leur expérience diffère radicalement de celle de la

majorité des couples bi-nationaux.

Enfin je voudrais remercier les personnes qui ont contribué, d’une manière

où d’une autre à la réalisation de ce projet, en particulier Mr Yang qui m’a aidé à

dans mes recherches dans les publications en coréen.

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Page 6: Les mariages internationaux en corée du sud

Introduction

L’homogénéité ethnique et culturelle, que l’on peut définir comme étant la

présence d’une seule ethnie et culture au sein d’un groupe d’individus donné, est

une notion chère au peuple Coréen et qui semble encore bien le caractériser

aujourd’hui. En effet au premier abord le nombre d’étrangers présents en Corée

parait insignifiant et il est encore fréquent de passer plusieurs jours sans

apparemment croiser d’étrangers dans les lieux publics. Cependant lorsqu’on

s’attarde sur le sujet on s’aperçoit qu’en fait le nombre d’étrangers présents sur le

territoire, bien que relativement faible par rapport à celui des autres pays de

l’OCDE, est supérieur à ce que l’on pourrait croire. Selon un article du Chosun

Ilbo paru en 20071, la Corée compte maintenant plus d’un million d’étrangers sur

son territoire, dont 724 967 présents avec un visa d’une durée supérieure à 90

jours, soit environ 18 fois plus qu’en 1980 où ils n’étaient que 40 519. Cela

montre donc que le pays tend à s’ouvrir de manière constante sur l’extérieur en

accueillant sur son territoire des personnes de pays et cultures différentes.

Cependant cette transformation fulgurante soulève la question de

l’intégration des étrangers à la population coréenne, accepter les étrangers sur un

territoire est une chose, les intégrer à la population originelle en est une autre. Ce

problème étant assez large du fait de la variété des raisons de migration et des

circonstances de celle-ci, il était nécessaire de se concentrer sur une catégorie de

migrants précise. En effet, il est difficile d’étudier de la même manière

l’intégration d’un soldat américain et celle d’un ouvrier pakistanais, dans la

mesure où ils ne sont pas du tout confrontés aux mêmes situations dans leur vie

quotidienne et qu’ils n’ont pas non plus le même degré d’interaction avec les

Coréens.

Ce mémoire est donc centré sur la question du mariage international et de

la place qui est accordée au conjoint étranger au sein de la famille et plus

généralement de la société coréenne. Ce choix se justifie dans la mesure où, d’une

part, de plus en plus d’étrangers décident de se marier avec un citoyen coréen et

1 http://english.chosun.com/site/data/html_dir/2007/08/27/2007082761012.html

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Page 7: Les mariages internationaux en corée du sud

de résider en Corée du Sud, et d’autre part, ces couples et leur descendance

fragilisent l’homogénéité ethnique et culturelle du pays. L’étude se fonde

principalement sur les recherches d’un certain nombre de sociologues coréens et

américains dont les publications traitent, généralement, d’un point précis de la

question des mariages internationaux en Corée, comme du fonctionnement des

agences matrimoniales à portée internationale2 ou de l’implication de l’Etat coréen

et des gouvernements locaux dans la formation et le suivi des mariages

internationaux3. Un rapport4 publié en 2010 par le Ministry of Gender Equality

and Family (여성가족부) traitant des familles multiculturelles ainsi qu’une étude

menée par le professeur Seol5 auprès de 945 familles, en 2005 ont servi de base

pour les sources statistiques. La méthode utilisée pour ce mémoire consiste donc à

dégager les informations principales de ces différentes publications et à les

illustrer grâce à des exemples précis tirés d’articles de journaux, notamment, afin

d’évaluer la situation actuelle des conjoints étrangers et de leur famille et

d’étudier leurs perspectives d’avenir.

Pour cela le mémoire est divisé en trois axes majeurs. Le premier consiste

en une description de l’évolution de la nature du mariage international en Corée

depuis la fin de la Guerre de Corée, en mettant en avant les raisons, aussi bien

politiques qu’économiques et sociales, qui ont entraîné cette évolution. Le second

axe est lui consacré aux problèmes liés à cette modification de la nature du

mariage international, que les problèmes viennent du conjoint étranger ou coréen.

Enfin, le dernier axe souligne les enjeux qui découlent de ces mariages

internationaux et de leur mauvaise gestion ainsi que les réponses apportées par les

différents gouvernements concernés et les individus eux même.

2 SEOL Donghoon, “International Matchmaking Agencies in Korea and Their Regulation Policies”, Asia Culture Forum 20063 LEE Hyekyung, “International Marriage and the State in South Korea” in Citizenship Studies, janvier 20084 Ministry of Gender Equality and Family, 다문화가족의 해체 문제와 정책과제, 20105 SEOL Donghoon, Foreign Wives’ Life in Korea:Focusing on the Policy of Welfare and Health, 2005

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Page 8: Les mariages internationaux en corée du sud

Historique du mariage international en Corée du Sud

Selon la légende, le roi Kim Suro, fondateur du royaume de Geumgwan

Gaya au second siècle après Jésus Christ6, a pris pour épouse une princesse

indienne. Pourtant, pendant les siècles qui ont suivi, on recense très peu de

mariages internationaux et il n’y a pas eu de tradition « diplomatique » qui

consistait, comme au sein des familles royales européennes, à marier les

descendants royaux de deux pays afin de renforcer les liens entre les deux

royaumes concernés. A l’exception de quelques mariages d’amour légendaires,

comme celui du roi Kim Suro, ou celui du prince Hodong7, le mariage avec des

étrangers n’a pas été populaire en Corée jusqu’à une période récente. On peut

expliquer cela par deux raisons principales, la première tenant de la volonté

historique du peuple coréen et de son gouvernement de préserver l’homogénéité

ethnique et culturelle du pays, et la seconde tenant justement du fait qu’à part

quelques cas bien spécifiques, la majorité des unions entre un étranger et un

Coréen ont eu lieu en temps de guerre, quand le pays était envahi, ce qui ne

véhicule pas une image positive du mariage international. Les choses ont

commencé à changer à partir de la fin de la guerre de Corée. On distingue donc

trois périodes, la première allant de la fin de la guerre jusqu’au début des années

1990, la seconde couvrant les années 1990 et enfin la troisième commençant au

début des années 2000 jusqu’à aujourd’hui.

De 1953 au début des années 1990, les prémices du mariage

international en Corée

La première période étudiée débute donc avec la fin de la guerre de Corée

et le mariage entre soldats américains et femmes coréennes. Au sortir de la guerre

6 Encyclopédie Nate : http://100.nate.com/dicsearch/pentry.html?s=B&i=119393&=427 Le prince Hodong était le fils du roi Deamushin de Koguryo au 1er siècle après JC. Lors d’un voyage dans le pays voisin de Nangnang, ennemi de Koguryo, il tomba amoureux de la princesse et se maria. Quelques années après son père lui demanda d’organiser avec l’aide de sa femme le sabotage du tambour magique qui servait à prévenir Nangnang des attaques ennemies, ce qu’il fit. Lorsque le roi de Nangnang s’aperçu de la trahison il tua sa fille, mais cela n’empêcha pas la victoire de Koguryo.

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Page 9: Les mariages internationaux en corée du sud

les troupes américaines ne sont pas toutes retournées aux États-Unis. Au contraire,

elles se sont installées dans différentes bases aux quatre coins du pays, participant

à la reconstruction et à la formation de l’armée nationale coréenne. Bien que

rejetées par une certaine partie de la population aux sentiments nationalistes, les

bases américaines ont attiré les Coréens dans la mesure où elles proposaient du

travail, chose non négligeable dans un pays qui, en 1953, était totalement détruit

et avait un niveau de développement comparable à celui de l’Ethiopie.

C’est cet aspect de la présence américaine qui a permis le rapprochement

entre les soldats et leurs futures épouses. En effet, comme l’explique le professeur

Shin dans un article de l’International Journal of Korean studies 8, beaucoup de

femmes se sont soudainement retrouvées seules ou responsables du soutien

financier de la famille, puisque beaucoup d’hommes –traditionnellement

responsables- étaient morts, mutilés ou portés disparus à cause de la guerre. La

présence des bases américaines a donc facilité l’accès au travail d’un grand

nombre de femmes issues de milieux ruraux ou ouvriers. En effet, non seulement

les bases américaines offraient du travail aux femmes coréennes, mais les soldats

américains étant à l’époque plus riches que le reste de la population coréenne, une

sorte de synergie se créait autour des bases facilitant ainsi le développement des

petits commerces, notamment des bars et des restaurants, à proximité des quartiers

américains. Bien que peu payés, ces emplois offraient de nombreux avantages,

notamment le fait d’avoir accès au dollar et à des produits détaxés, entre autres

choses.

Cependant ces emplois étaient extrêmement mal vus par le reste de la

population. Le statut social d’une travailleuse de « GI towns » était plus ou moins

égal à celui d’un esclave. Cela s’explique par deux raisons. La première est que

traditionnellement une femme doit limiter au maximum ses contacts avec les

individus de sexe masculin, membres de la famille exceptés, or dans le cas des

travailleuses des « GI towns » le contact avec des hommes, étrangers, était

permanent. La seconde raison est que parallèlement au commerce traditionnel, le

8 SHIN Euihang, "Effects of the Korean War on Social Structures of the Republic of Korea", in International Journal of Korean studies, Spring/Summer 2001, p144

9

Page 10: Les mariages internationaux en corée du sud

commerce du sexe s’est développé autour des bases américaines, causant donc un

phénomène d’assimilation : les jeunes femmes travaillant autour de la base

avaient, aux yeux des autres habitants, aussi peu de vertu que les prostituées, et ce

quelque soit leur véritable emploi. Ces deux raisons ont eu pour effet d’apporter le

déshonneur sur la famille quand il y en avait une, et de réduire les chances pour

ces femmes de trouver un mari.

Tout cela combiné fait que les soldats américains sont devenus pour ces

femmes coréennes esseulées et plus ou moins déshonorées un moyen de se marier,

de construire une famille, et d’échapper à la pauvreté puisque les soldats

américains rentraient au pays une fois leur service terminé. Du côté des soldats

américains, beaucoup ont d’abord vu les Coréennes comme des compagnes

temporaires, des partenaires sexuelles. Cependant il s’est avéré pour un certain

nombre de soldats américains non mariés qu’elles pourraient faire de bonnes

épouses. En effet elles ne posaient pas beaucoup de questions à propos de la

famille de soldats, et étaient, du fait de leur éducation très confucéenne, dociles.

Le mariage entre Coréennes et soldats américains est donc devenu assez répandu.

Entre 1941 et 1980, 45 551 femmes coréennes ont été admises sur le territoire

américain en tant qu’épouse de citoyen des États-Unis9. Cette pratique a continué

après les années 1980 et on estime à environ un millier le nombre de mariages

entre Coréennes et soldats américains10 célébrés chaque année. Cependant les

couples quittent généralement la Corée assez rapidement, à la fin du service du

mari.

Les mariages entre soldats américains et femmes coréennes ont donc été

les premiers mariages internationaux signifiants  en Corée du Sud, cependant, il

est difficile d’évaluer leur impact sur la société coréenne ainsi que le niveau

d’intégration du conjoint étranger dans la mesure où les couples ne vivent pas,

dans leur majorité, sur le territoire coréen.

A partir des années 1980 c’est un autre type de mariages internationaux

qui s’est développé, cependant cette fois ci les unions ne se sont pas faites 9 SHIN Euihang, "Effects of the Korean War on Social Structures of the Republic of Korea", in International Journal of Korean studies, Spring/Summer 2001, p14710 Ibid, p50

10

Page 11: Les mariages internationaux en corée du sud

spontanément comme cela est le cas pour les mariages entre Coréennes et soldats

américains. Au contraire, les mariages des années 1980 ont été l’initiative d’un

homme, Moon Sunmyung, le chef de l’Église de l’Unification.

L’Église de l’Unification est un mouvement religieux fondé en 1954 en

Corée du Sud par le révérend Moon Sunmyung. Le mouvement s’est rapidement

développé en Corée du Sud, puis à l’étranger, notamment au Japon et aux États-

Unis grâce à l’envoi de missionnaires. Parmi les préceptes prêchés par le

révérend, l’amour interracial et le pardon des erreurs du passé11 ont conduit à la

deuxième vague de mariages internationaux en Corée du Sud. En effet, à partir

des années 1980 le révérend Moon, déjà connu pour ses célébrations de mariage

en masse, commença à organiser la rencontre, par l’intermédiaire de l’Église, de

Japonais et Coréens par à des fins matrimoniales. Le point culminant de ce projet

est le mariage de masse en 1988 de 2500 couples nippo-coréens à Séoul. Dans la

majorité des cas les couples sont composés d’un homme coréen et d’une femme

japonaise, tous les deux de niveau social et d’âge équivalents. Le but officiel de

l’opération est de promouvoir la paix entre deux pays au passé conflictuel et

douloureux. Selon un site consacré au révérend Moon12,

Le Japon et la Corée ont un long et douloureux passé de nations ennemies et ces

couples ont ouvert la voie à une nouvelle manière de résoudre un conflit vieux comme le

temps en gagnant le cœur de chacun d’entre eux, de leurs beaux parents et de leur

famille étendue, en étant des modèles pour l’avenir d’un monde en paix.

Ce modèle de mariage à des fins idéologiques a connu son apogée dans les

années 1980 et s’est étendu à d’autres pays, principalement à la Thaïlande et aux

Philippines dans les années 2000. Cependant leur nombre reste relativement

limité dans la mesure où ce type de mariage ne concerne qu’un groupe religieux

précis et minoritaire, aussi bien en Corée qu’au Japon.

Pendant les quarante années qui suivirent la Guerre de Corée, le pays a

donc connu l’apparition d’un nouveau type de mariage unissant un citoyen coréen

à un citoyen étranger. Pourtant, du fait de leur nombre limité et du manque

11 http://www.reverendsunmyungmoon.org/works_family.html12 Ibid

11

Page 12: Les mariages internationaux en corée du sud

d’information sur le sujet, il est difficile d’étudier en profondeur l’intégration des

étrangers et les conséquences pour le pays. Ce n’est qu’à partir des années 1990

que le phénomène va se généraliser et devenir une préoccupation

gouvernementale.

La décennie 1990 ou l’apogée du mariage sino-coréen 

A partir du début des années 1990 un problème social de taille a

commencé à se faire sentir dans une société où le mariage est une étape

déterminante de la vie d’un individu : de nombreux jeunes hommes des milieux

ruraux n’arrivaient plus à trouver de femmes pour se marier. En effet, dans

certaines zones rurales on compte en 1990 plus de 187 hommes pour 100 femmes

pour la classe d’âge 20-24 ans, pour les classes d’âges suivantes, le ratio

homme/femme est certes moins élevé, mais toujours supérieur au taux naturel

(voir Tableau 1).

12

Page 13: Les mariages internationaux en corée du sud

Tableau 1 : Ratio homme/femme selon l'âge et le milieu de résidence 13 14 .

Eup Myeon1960 106.50 100.49 101.63 110.231970 106.06 92.81 104.94 125.801980 104.12 89.49 109.72 151.611990 109.15 96.55 124.37 187.702000 111.44 105.84 122.66 161.821960 92.00 83.10 87.47 97.311970 99.04 99.63 93.04 99.571980 99.98 98.00 97.87 108.051990 99.46 96.49 99.23 123.152000 100.87 98.46 98.61 130.721960 87.68 85.96 85.12 89.051970 102.25 109.05 100.82 95.701980 105.53 105.79 106.15 104.441990 103.77 102.70 107.09 109.432000 102.13 100.61 102.80 117.601960 94.29 99.54 93.50 91.721970 97.44 103.77 98.59 91.861980 102.83 107.34 103.66 92.401990 106.13 105.72 111.55 105.602000 102.32 100.16 112.65 114.21

Age 20-24

Age 25-29

Age 34-39

Age 30-34

RuralAge Année Total Urbain

Ce phénomène n’est pas nouveau, mais il est en constante aggravation par

rapport aux décennies précédentes pour trois raisons. La première est que le

déficit d’hommes causé par la guerre de Corée s’est résorbé. Ensuite, les couples

coréens ont traditionnellement préféré avoir des garçons car ils restent avec la

famille une fois mariés, ce qui n’est pas le cas de la fille qui va avec sa belle

famille. Cette remarque est d’autant plus vraie dans les familles d’agriculteurs où

le travail de la terre est considéré comme un travail d’homme. De plus les

avancées de la médecine ont permis aux familles de connaître le sexe de l’enfant

avant la naissance, engendrant des avortements sélectifs, ce qui a creusé le déficit

de femmes. Enfin la dernière raison est d’ordre économique, le travail se faisant

rare dans les campagnes, beaucoup de jeunes femmes ont profité du

13 SEOL Donghoon, "Women Marriage Immigrants in Korea: Immigration Process and Adaptation", 2005, p3614 Eup : Villages ruraux, Myeon : Petites villes

13

Page 14: Les mariages internationaux en corée du sud

développement économique pour trouver du travail dans les industries puis dans

les services, quittant ainsi le milieu rural et se mariant en ville.

Pour résoudre ce problème le gouvernement lança une politique

d’ouverture, la « Getting Rural Bachelors Married »15 qui consistait à encourager

– par des aides financières notamment- le mariage des célibataires de campagne

avec des jeunes femmes étrangères. Cette politique a pris toute son ampleur à

partir de 1992 quand le gouvernement coréen rétablit officiellement les relations

diplomatiques avec la Chine. Le nombre mariages entre femmes chinoises et

hommes coréens passa alors de 106 en 1991 à 9 271 en 1996, soit une

augmentation de plus de 8600% en cinq ans16. De ce fait, le schéma de base du

mariage international en Corée changea, le nombre de couples homme coréen /

femme étrangère mariés en 1995 étant de 10 365 contre 3 129 mariages entre

femme coréenne et homme étranger. Ce nouveau schéma s’est installé

durablement dans les années qui ont suivi et, depuis 1995, chaque année on

célèbre environ trois fois plus de mariages Coréen/étrangère que de mariages

Corénne/étranger (Tableau 2).

15 KIM Hyunmee, "The State and Migrant Women: Diverging Hopes in the Making of "Multicultural Families" in Contemporary Korea", 2007, p10116 Ministry of Gender Equality and Family, 다문화가족의 해체 문제와 정책과제, 2010, p62

14

Page 15: Les mariages internationaux en corée du sud

Tableau 2 : Nombre de mariages internationaux 1991-2008 17

Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %1991 416 872 411 770 98.8% 5 102 1.2% 0 663 13.0% 4 439 87.0%1992 419 774 414 240 98.7% 5 534 1.3% 2 057 37.2% 3 477 62.8%1993 402 593 396 048 98.4% 6 545 1.6% 3 109 47.5% 3 436 52.5%1994 393 121 386 505 98.3% 6 616 1.7% 3 072 46.4% 3 544 53.6%1995 398 484 384 990 96.6% 13 494 3.4% 10 365 76.8% 3 129 23.2%1996 434 911 418 965 96.3% 15 946 3.7% 12 647 79.3% 3 229 20.2%1997 388 591 376 143 96.8% 12 448 3.2% 9 266 74.4% 3 182 25.6%1998 375 616 363 428 96.8% 12 188 3.2% 8 054 66.1% 4 134 33.9%1999 362 673 352 103 97.1% 10 570 2.9% 5 775 54.6% 4 795 45.4%2000 332 090 320 485 96.5% 11 605 3.5% 6 945 59.8% 4 660 40.2%2001 318 407 303 884 95.4% 14 523 4.6% 9 684 66.7% 4 839 33.3%2002 304 877 289 675 95.0% 15 202 5.0% 10 698 70.4% 4 504 29.6%2003 302 503 277 727 91.8% 24 776 8.2% 18 751 75.7% 6 025 24.3%2004 308 598 273 958 88.8% 34 640 11.2% 25 105 72.5% 9 535 27.5%2005 314 304 271 948 86.5% 42 356 13.5% 30 719 72.5% 11 637 27.5%2006 330 634 291 875 88.3% 38 759 11.7% 29 665 76.5% 9 094 23.5%2007 343 559 305 999 89.1% 37 560 10.9% 28 580 76.1% 8 980 23.9%2008 327 715 291 511 89.0% 36 204 11.0% 28 163 77.8% 8 041 22.2%

Epoux étrangersNombre total de

mariagesAnnée

Mariages coréensMariages

binationauxEpouses

étrangères

17 Ibid, p33-34

15

Page 16: Les mariages internationaux en corée du sud

Le début des années 1990 a donc marqué un tournant dans la conception

du mariage international en Corée dans la mesure où il devenait accessible aux

hommes et où il était encouragé par le gouvernement. En ce qui concerne la

nationalité des épouses, le choix s’est imposé naturellement. En effet afin de

préserver l’homogénéité ethnique et culturelle du pays et de la famille, beaucoup

d’hommes ont choisi de se marier à des Chinoises et principalement des Chinoises

d’origine coréenne, les Joseonjok. Pour un Coréen, se marier à une Chinoise

d’origine coréenne présentait trois avantages notables. D’abord dans beaucoup de

cas la rencontre peut se faire par l’intermédiaire des réseaux familiaux et d’amis,

en effet la majorité des Coréens ayant immigrés en Chine a gardé des liens très

forts avec leur famille en Corée, ce qui facilite le rapprochement des célibataires

des deux pays. De plus, la vie de couple est facilitée par le fait que beaucoup de

Joseonjok maitrisent la langue coréenne et ont reçu une éducation coréenne. Les

problèmes de la barrière linguistique et des incompréhensions d’origine culturelle

ne se posent donc plus. Enfin, en ce qui concerne l’intégration au reste de la

société, elle est également plus facile dans le cas d’un mariage avec une

Joseonjok. Puisqu'elles sont physiquement très ressemblantes aux Coréennes, les

discriminations dues à la différence physique sont limitées, aussi bien pour le

couple que pour sa descendance.

Les motivations des femmes étaient plutôt d’ordre économique. Les

Chinoises d’origine coréenne se mariant à des Coréens venaient en général de

milieux modestes et un mariage en Corée était vu comme une bonne opportunité

d’améliorer leurs conditions de vie. Un autre élément qui a joué un rôle

d’accélérateur du nombre de mariages entre Joseonjok et Coréens est la politique

d’immigration du gouvernement. Dans le cadre de la politique visant à marier les

hommes des campagnes, la Corée à ouvert ses portes en grand aux mariées

Joseonjok, leur offrant même deux « invitations » destinées à faire venir deux

membres de leur famille en Corée. En revanche, en ce qui concerne les Joseonjok

désireux de venir travailler en Corée, il était très difficile d’obtenir des visa, la

Corée fermant ses portes aux travailleurs Joseonjok non-qualifiés en répression de

nombreux abus ayant eu lieu dans les années 1980 quand les Joseonjok allaient

rendre visite à leur famille et restaient ensuite pour travailler au-delà des

16

Page 17: Les mariages internationaux en corée du sud

conditions prévues par le visa. La manière la plus simple d’entrer en Corée pour

une femme Joseonjok était donc de se marier à un Coréen.

Cependant, cette situation n’a pas duré. Le gouvernement s’est rapidement

aperçu que le mariage n’était souvent qu’un prétexte pour venir en Corée et que

beaucoup de femmes quittaient le domicile conjugal une fois indépendantes

financièrement. Par ailleurs, il s’est avéré que beaucoup de femmes étaient

impliquées dans un trafic des invitations. Au lieu d’en faire profiter leur famille,

elles les vendaient en Chine. En conséquence, en 1996, les gouvernements coréen

et chinois ont signé un mémorandum complexifiant la procédure du mariage entre

Chinoises et Coréens. La conséquence directe de ce mémorandum est une chute

du nombre de mariages entre Chinoises et Coréens de 9 271 en 1996 à 3 566 en

200018.

Les années 2000 et le boom des agences matrimoniales.

Encouragé par les politiques gouvernementales comme moyen de résoudre

un problème social national, le déficit du nombre de femmes dans les campagnes,

le mariage international a connu une véritable impulsion dans les années 1990. Sa

popularité a continué de croître dans les années 2000 bénéficiant du soudain

développement des agences matrimoniales à portée internationale.

Les agences matrimoniales ne sont pas un phénomène nouveau en Corée,

cependant jusqu’aux années 1990 elles se limitaient aux rencontres nationales. A

partir des années 1990 certaines agences ont commencé à s’ouvrir sur les

mariages internationaux, principalement avec la Chine. Cependant comme

beaucoup de mariages étaient arrangés par l’entourage des célibataires, leur portée

était encore restreinte. A partir des années 2000, pour répondre à la demande

croissante de femmes étrangères, les agences matrimoniales ont commencé à

étendre leurs services à de nouveaux pays, principalement en Asie du Sud-Est et

dans d’anciennes républiques soviétiques.

18 Ministry of Gender Equality and Family, 다문화가족의 해체 문제와 정책과제, 2010, p36

17

Page 18: Les mariages internationaux en corée du sud

Le nombre d’intermédiaires entre l’homme et sa future épouse varie selon

les agences matrimoniales, pourtant un modèle de base19 se dégage :

Homme coréen – Agence matrimoniale en Corée - Agence matrimoniale étrangère

locale – Recruteur – Femme étrangère

En Corée, l’homme va contacter une agence matrimoniale qu’il va

informer de ses préférences en matière de future épouse. Dans le pays cible, des

jeunes femmes auront préalablement été recrutées et leur « fiche profil » aura été

communiquée à différentes agences matrimoniales locales indépendantes. Les

agences matrimoniales coréennes et locales sont en contact et partagent leurs

informations afin que l’agence matrimoniale coréenne puisse proposer un certain

nombre d’épouses potentielles à ses clients. A l’étranger, les agences

matrimoniales qui proposent des mariages avec des Coréens sont souvent de

petites structures gérées par des immigrants Coréens. Cela facilite la liaison et

évite le recours à des traducteurs indépendants.

En ce qui concerne le processus de rencontre à proprement parler, une fois

inscrit à l’agence matrimoniale coréenne l’homme va avoir la possibilité

d’effectuer un voyage dans le pays qu’il aura choisi, afin de trouver une femme.

Le voyage dure quelques jours pendant lesquels l’homme va rencontrer un

rencontrer un certain nombre de femmes, faire son choix, rencontrer les parents de

sa future femme et finalement se marier. L’étape du mariage est indispensable

pour pouvoir faire venir la femme en Corée. Le mari repart seul en Corée où il

doit effectuer les formalités nécessaire à l’obtention d’un visa pour sa femme.

Cela dure en général trois mois pendant lesquels la femme reste dans son pays et

apprend le coréen.

Ce système de rencontre s’est rapidement popularisé en Corée, notamment

du fait que les gouvernements locaux favorisent cette pratique en distribuant des

subventions aux célibataires répondant à certains critères. Selon une étude de Kim

19 SEOL Donghoon, “International Matchmaking Agencies in Korea and Their Regulation Policies”, Asia Culture Forum 2006, p3

18

Page 19: Les mariages internationaux en corée du sud

Hyunmee20, les célibataires âgés de 35 à 50 ans et travaillant dans les domaines de

la pêche et de l’agriculture peuvent demander des aides allant de 3 à 8 millions de

wons pour trouver une femme à l’étranger. Cette politique de subventions rend

donc accessible le mariage international aux célibataires coréens les plus

défavorisés.

On constatealors (tableau 3) une forte diversification des pays d’origine

des épouses à partir du début des années 2000. En effet, si les Chinoises

représentaient 72% des épouses étrangères en 2001, en 2008 elles ne représentent

plus que 46,3%. Leurs principales concurrentes sont les Vietnamiennes qui

commencent à se marier aux Coréens à partir de l’an 2000 et qui en 2008

représentent 29,4 % des nouvelles épouses étrangères. D’autres pays, non-

représentés dans les années 1990, fournissent aussi des épouses aux Coréens,

rendant le mariage international de plus en plus diversifié.

20 KIM Hyunmee, "The State and Migrant Women: Diverging Hopes in the Making of "Multicultural Families" in Contemporary Korea", in Korea Journal Hiver 2007, p110

19

Page 20: Les mariages internationaux en corée du sud

Tableau 3 : Evolution du nombre d'épouses étrangères, 1991-2008 21

Pays 1991 1996 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Nombre 106 9 271 3 566 6 977 7 023 13 347 18 489 20 582 14 566 14 484 13 203% 16.0% 73.3% 51.3% 72.0% 65.6% 71.2% 73.6% 67.0% 49.1% 50.7% 46.9%Evolution 8646.2% 3264.2% -24.7% 0.7% 90.0% 38.5% 11.3% -29.2% -0.6% -8.8%Nombre 77 134 474 1 402 2 461 5 822 10 128 6 610 8 282% 0.0% 0.0% 1.1% 1.4% 4.4% 7.5% 9.8% 19.0% 34.1% 23.1% 29.4%Evolution 74.0% 253.7% 195.8% 75.5% 136.6% 74.0% -34.7% 25.3%Nombre 224 2 370 819 701 690 844 809 883 1 045 1 206 1 162% 33.8% 18.7% 11.8% 7.2% 6.4% 4.5% 3.2% 2.9% 3.5% 4.2% 4.1%Evolution 958.0% -65.4% -14.4% -1.6% 22.3% -4.1% 9.1% 18.3% 15.4% -3.6%Nombre 1 174 502 838 928 947 980 1 117 1 497 1 857% 0.0% 0.0% 16.9% 5.2% 7.8% 4.9% 3.8% 3.2% 3.8% 5.2% 6.6%Evolution -57.2% 66.9% 10.7% 2.0% 3.5% 14.0% 34.0% 24.0%Nombre 2 19 72 157 394 1 804 659% 0.0% 0.0% 0.0% 0.0% 0.0% 0.1% 0.3% 0.5% 1.3% 6.3% 2.3%Evolution 278.9% 118.1% 151.0% 357.9% -63.5%Nombre 64 118 194 320 504 561 594 745 521% 0.0% 0.0% 0.9% 1.2% 1.8% 1.7% 2.0% 1.8% 2.0% 2.6% 1.8%Evolution 84.4% 64.4% 64.9% 57.5% 11.3% 5.9% 25.4% -30.1%Nombre 240 182 327 345 324 266 271 524 633% 0.0% 0.0% 3.5% 1.9% 3.1% 1.8% 1.3% 0.9% 0.9% 1.8% 2.2%Evolution -24.2% 79.7% 5.5% -6.1% -17.9% 1.9% 93.4% 20.8%Nombre 43 66 183 328 247 332 314 351 492% 0.0% 0.0% 0.6% 0.7% 1.7% 1.7% 1.0% 1.1% 1.1% 1.2% 1.7%Evolution 53.5% 177.3% 79.2% -24.7% 34.4% -5.4% 11.8% 40.2%Nombre 333 1006 962 1 002 969 1 218 1 252 1 136 1 236 1 359 1 354% 50.2% 8.0% 13.9% 10.3% 9.1% 6.5% 5.0% 3.7% 4.2% 4.8% 4.8%Evolution 202.1% -4.4% 4.2% -3.3% 25.7% 2.8% -9.3% 8.8% 10.0% -0.4%Nombre 663 12 647 6 945 9 684 10 698 18 751 25 105 30 719 29 685 28 580 28 163% 100.0% 100.0% 0.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0% 100.0%

Thailande

Ouzbékistan

Autre

Total

Chine

Vietnam

Japon

Philippines

Cambodge

Mongolie

Intéressons nous maintenant aux raisons de la popularité des

Vietnamiennes. Lorsqu’ils se marient à des étrangères les Coréens recherchent

principalement des femmes obéissantes qui pourraient s’occuper de leurs parents

et qui, physiquement, ressemblent à des Coréennes22. Venant d’un pays où

l’empreinte confucéenne est assez forte, les Vietnamiennes font donc partie des

favorites des célibataires coréens, qui croient « acheter des femmes jeunes et

obéissantes »23. Du côté des Vietnamiennes, si le mariage avec des hommes

coréens est intéressant, c’est pour deux raisons. La première est d’ordre

économique, le Vietnam étant un pays économiquement moins développé que la

21 Ministry of Gender Equality and Family, 다문화가족의 해체 문제와 정책과제, 2010, p3622 LEE Hyekyung, "Family Migration Issues in North-East Asia", IOM 2010 World Migration Report, p923 KIM Kyounghee, "Change and Challenge of Korean Family in the Era of Globalization: Centering Transnational Families",2005, p177

20

Page 21: Les mariages internationaux en corée du sud

Corée, on trouve beaucoup de candidates au mariage international dans les

milieux ruraux ou dans les quartiers urbains défavorisés. C’est un moyen

d’améliorer ses conditions de vies, mais aussi celles du reste de la famille dans la

mesure où, dans la majorité des cas, les époux envoient chaque mois une petite

pension à la famille de leur femme. La seconde raison est, elle, d’ordre culturel.

Ces dernières années la culture populaire coréenne –séries télévisées, films,

musique- est devenue extrêmement populaire en Asie et particulièrement au

Vietnam. Cela a permis de véhiculer auprès des jeunes filles une image très

positive de la Corée, et des hommes coréens. Une jeune vietnamienne, sur le point

de se marier à un Coréen, disait en 2007 au New York Times24 :

« Pour être honnête, je ne sais pas grand-chose à propos de la Corée à

part ce que j’ai vu à la télévision […] Mais les paysages coréens sont beaux. Les

hommes coréens paraissent sophistiqués et tendres. Ils ont l’air d’être

responsables et de vivre en harmonie avec les membres de leur famille et leurs

collègues. »

Le mariage international en Corée du Sud a donc connu des débuts timides

des années 1950 aux années 1990 dans la mesure où il était associé à la présence

militaire étrangère sur le territoire et à un groupe religieux sectaire. Il s’est ensuite

rapidement développé dans les années 1990 et 2000 grâce aux politiques

gouvernementales visant à marier les célibataires des campagnes et à l’influence

de la « Vague coréenne » dans les pays voisins. Par ailleurs, au-delà de cette

vague de mariages entre Coréens et femmes de pays moins avancés

économiquement parlant, on trouve aussi en Corée de plus en plus de couples

mixtes dont la rencontre s’est faite naturellement grâce à l’ouverture du pays.

Tous modes de rencontre confondus, le mariage international représente

aujourd’hui plus de 10% des mariages célébrés chaque année en Corée25. La

question de l’intégration du conjoint étranger est donc plus que jamais d’actualité.

24 http://www.nytimes.com/2007/02/21/world/asia/21iht-brides.4670360.html?pagewanted=325 http://coree.aujourdhuilemonde.com/un-mariage-sur-dix-est-international-en-coree

21

Page 22: Les mariages internationaux en corée du sud

Quel degré d’intégration pour les épouses étrangères ?

Cette seconde partie traite donc du niveau d’intégration des conjoints

étrangers, et plus spécifiquement de celui des femmes qui ont immigré pour des

raisons matrimoniales. Les autres conjoints, cadres occidentaux et travailleurs

d’Asie du sud immigrés entre autres, existent mais sont proportionnellement peu

représentatifs et présentent des profils trop différents les uns des autres pour

pouvoir en tirer une étude significative au cours de ce mémoire. Cependant

beaucoup de problèmes soulevés dans cette partie sont également des problèmes

qui touchent ces époux exclus des statistiques. Quelle que soit l’origine du

conjoint étranger, le défi de l’intégration se pose à trois niveaux différents. Au

sein du couple d’abord et de la famille, où les questions de la communication et de

la vie commune sont primordiales. Au sein de la société en général ensuite, où la

perception par les autres et l’accès au travail sont autant de points délicats. Et

enfin au niveau de l’interaction avec les institutions et les services qu’elles

proposent, où la méconnaissance du système est un problème récurrent.

Couple binational, couple en danger ?

Le premier défi d’intégration pour une jeune épouse étrangère réside dans

les relations qu’elle va entretenir avec son époux et avec la famille de celui-ci. En

effet, comme cela a été expliqué dans la première partie, la plupart des jeunes

épouses ne connaissent que très peu de choses au sujet de leur mari et n’ont pas eu

l’occasion de le fréquenter et d’apprendre à le connaître avant le mariage. Au-delà

des différences culturelles communes à tous les couples binationaux, la majorité

des étrangères mariées à des coréens doit faire face à la découverte du mari et ce

alors qu’elles sont dans une position de faiblesse, car loin de chez elles et de leur

famille.

La découverte du mari est donc une étape décisive dans la construction de

ces couples binationaux et dans le processus d’intégration de l’épouse. Cette étape

22

Page 23: Les mariages internationaux en corée du sud

est d’autant plus décisive pour les couples qui se rencontrent par l’intermédiaire

des agences matrimoniales, ils n’ont en effet passé que quelques jours ensemble

avant le mariage, puis, une fois la cérémonie effectuée, les couples restent

plusieurs mois sans se voir, le temps que les démarches administratives

nécessaires à l’entrée de l’épouse étrangère sur le territoire coréen soient

effectuées. L’arrivée en Corée et dans la maison du mari est souvent loin de ce

que s’étaient imaginé les jeunes femmes. En effet, beaucoup d’agences tendent à

présenter les hommes coréens comme des hommes attractifs, gentils, ayant une

bonne situation financière, de façon à motiver les prétendantes. Cette image est

d’autant plus ancrée dans l’esprit des jeunes femmes qu’elle correspond à l’image

véhiculée par les séries télévisées coréennes diffusées dans les pays d’Asie. La

réalité est tout autre. Dans la majorité des cas, les étrangères - à l’exception des

Japonaises qui se marient par l’intermédiaire d’un organisme religieux et dont le

mari n’a pas forcément été rejeté par les Coréennes avant de se tourner vers le

mariage international - se marient à des Coréens au niveau d’éducation qui

dépasse rarement le collège ou le lycée (tableau 4). Or, dans un pays comme la

Corée où l’accent est donné sur l’éducation, l’absence de diplôme universitaire

empêche d’accéder à des postes à responsabilité ou de rejoindre les grands

groupes qui payent le mieux. Selon l’étude du professeur Seol, en 2005 le revenu

mensuel moyen des couples binationaux étaient légèrement inférieur à 1 500 000

wons, soit environ 1000 euros26. Les étrangères épousent donc souvent des

hommes peu éduqués qui gagnent plutôt mal leur vie, et se voient contraintes dans

plus de 50% des cas27 de vivre avec des revenus inférieurs au revenu minimum

nécessaire pour vivre –ce revenu minimum nécessaire pour vivre est évalué

officiellement par l’État coréen. Cette situation est loin de celle qui leur avait été

décrite par les agences matrimoniales ou autres intermédiaires.

26 SEOL Donghoon, "Foreign Wives’ Life in Korea:Focusing on the Policy of Welfare and Health", 2005, p1427 Ibid, p15

23

Page 24: Les mariages internationaux en corée du sud

Tableau 4 : Niveau d'éducation des hommes selon le pays d'origine de leur femme.

Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %

Pas d'éducation / Ecole primaire

650 9.4% 11 8.2% 17 2.5% 59 11.8%

Collège / Lycée 5401 78.5% 96 71.6% 354 51.3% 379 75.6%

Université ou supérieur 828 12.0% 27 20.1% 319 46.2% 63 12.6% 2 100.0%

Ensemble 6879 100.0% 134 100.0% 690 100.0% 501 100.0% 2 100.0%Pas d'éducation / Ecole primaire

964 6.9% 624 6.3% 6 0.6% 76 6.9% 25 6.5%

Collège / Lycée 10719 76.6% 8131 81.9% 327 33.5% 748 68.2% 287 74.7%Université ou supérieur 2318 16.6% 1172 11.8% 643 65.9% 273 24.9% 72 18.8%Ensemble 14001 100.0% 9927 100.0% 976 100.0% 1097 100.0% 384 100.0%Pas d'éducation / Ecole primaire 918 6.5% 279 4.3% 11 1.0% 79 5.4% 103 5.7%

Collège / Lycée 10473 74.7% 5411 82.6% 431 37.8% 1015 69.4% 1421 79.3%Université ou supérieur 2636 18.8% 860 13.1% 697 61.2% 368 25.2% 268 15.0%Ensemble 14027 100.0% 6550 100.0% 1139 100.0% 1462 100.0% 1792 100.0%Pas d'éducation / Ecole primaire 801 6.2% 292 3.6% 6 0.5% 89 4.9% 52 8.0%

Collège / Lycée 9045 70.4% 6577 81.2% 355 31.9% 1220 66.7% 496 76.2%Université ou supérieur 2997 23.3% 1233 15.2% 752 67.6% 521 28.5% 103 15.8%Ensemble 12843 100.0% 8102 100.0% 1113 100.0% 1830 100.0% 651 100.0%

2001

Chine Vietman Japon Philippines Cambodge

2006

2007

2008

De plus, outre la situation économique et sociale des futurs maris, les

agences cachent ou améliorent aussi la personnalité réelle du mari. Loin de

l’image de prince charmant que l’on leur a donnée, il s’avère qu’un certain

nombre de candidats au mariage international sont des hommes violents,

alcooliques, handicapés ou instables28. Il est difficile pour les jeunes femmes de se

rendre compte de ces différents aspects avant de se marier. En effet, lors du

processus de rencontre, elles ne choisissent pas l’homme, c’est l’homme qui les

choisit parmi un certain nombre d’autres candidates. Elles acceptent ensuite de se

marier avec lui, avec pour seules références celles données par l’agence –ou

l’intermédiaire- et l’homme lui-même, références qui s’avèrent différentes de la

réalité dans 20% des cas, 44% dans le cas des agences matrimoniales29. Ce n’est

donc qu’une fois en Corée qu’elles peuvent faire pleinement connaissance et

découvrent les aspects cachés de la personnalité de leur mari.

Au-delà du problème de la méconnaissance de leur mari et de sa situation

économique, les jeunes épouses étrangères, Joseonjok mises à part, doivent

également faire face à la barrière de la langue. En effet, bien que la majorité

28 http://www.nytimes.com/2005/06/23/world/asia/23iht-brides.html?_r=1&pagewanted=229 SEOL Donghoon, "Foreign Wives’ Life in Korea:Focusing on the Policy of Welfare and Health", 2005, p7

24

Page 25: Les mariages internationaux en corée du sud

d’entre elles suive des cours de coréen entre le mariage dans leur pays d’origine et

leur arrivée en Corée, elles ne maîtrisent pas suffisamment la langue à leur arrivée

dans le pays et leur mari n’a généralement aucune connaissance de leur langue

maternelle. Cela engendre de graves problèmes de communication quelque soit la

personnalité et la situation économique de deux époux.

Par ailleurs, la différence d’âge entre les deux époux ne facilite pas la

communication. En effet les hommes en moyenne plus âgés que leur femme de 12

ans (chiffres de 2008 tableaux 5 et 6). Ce chiffre change selon l’origine de

l’épouse et pour les Cambodgiennes par exemple, plus de 18 ans séparent les deux

époux. Cette grande différence d’âge en faveur de l’époux place la femme dans

une situation d’infériorité dans la mesure où culturellement les plus jeunes doivent

respect et obéissance aux plus âgés. Dans les cas où le mari est conservateur, ce

qui est fréquent en Corée chez les hommes d’une quarantaine d’années et peu

éduqués, l’échange entre les deux parties est donc rendu difficile et la volonté de

l’homme s’impose sur celle de la femme.

Tableau 5 : Age des femmes selon leur pays d'origine 30 .

Pays d'origine 2001 2006 2007 2008

Chine 31,5 34,2 33,3 32,5Vietnam 26,0 21,4 22,2 22,2Japon 30,1 31,7 32,2 32,3Philippines 27,7 24,5 24,5 24,1Cambodge 21,5 20,9 21,6 21,8Ensemble 31,0 28,8 29,1 28,2

30 Ministry of Gender Equality and Family, 다문화가족의 해체 문제와 정책과제, 2010,

p40

25

Page 26: Les mariages internationaux en corée du sud

Tableau 6 : Age des hommes selon le pays d'origine de leur épouse 31 .

Pays d'origine de l'épouse

1991 1996 2001 2006 2007 2008

Chine 30,99 37,82 39,73 42,46 42,32 41,67Vietnam - - 36,65 39,14 39,25 39,44Japon 31,29 32,60 32,53 32,66 33,17 33,11Philippines - - 35,41 38,85 39,25 38,93Cambodge - - 35,00 39,30 40,10 40,40Ensemble 31 37 38,82 40,66 40,76 40,31

Dans certains cas, un autre facteur vient compliquer les relations entre les

deux époux. Il s’agit de la présence des parents du mari dans le domicile conjugal.

En effet, parmi les hommes mariés à des femmes étrangères, beaucoup -14% dans

les zones urbaines et 45% dans les zones rurales32- vivent au quotidien avec leurs

parents. Dans la majorité des cas, il incombe à l’épouse de s’occuper de ses

beaux-parents, beaux-parents qui la traitent souvent plus comme une domestique

que comme un membre de la famille du fait de ses origines étrangères, de ses

difficultés à maîtriser le coréen et de son jeune âge –une femme de 40 ans, même

mère de plusieurs enfants, est considérée comme jeune par ses beaux parents, et

donc leur devant respect et obéissance .

L’adaptation à la vie conjugale et à la vie au sein de la belle famille est

donc difficile pour les femmes étrangères mariées à des coréens. En effet, sur tous

les plans évoqués précédemment elles sont en position de faiblesse, notamment du

fait de la méconnaissance de la situation du mari avant le mariage et de la langue,

mais aussi du fait de leur âge et de leur statut d’étrangère. Ces difficultés sont

pour certains couples insurmontables, comme l’attestent de nombreux cas de

divorces (11 692 en 200933). Aux cas de divorces s’ajoutent les fugues des

épouses qui quittent leurs maris, de fréquentes tentatives de suicide, et plus

récemment la tentative de meurtre dont a fait l’objet la mère d’un homme marié à

une jeune Vietnamienne. Malgré cela, environ 57% des épouses étrangères se

déclarent satisfaites de leur situation34.

31 Ibid, p4932 LEE Hyekyung, “International Marriage and the State in South Korea” in Citizenship Studies, janvier 2008, p833 http://www.koreatimes.co.kr/www/news/nation/2011/01/117_80051.html34 http://www.koreaherald.com/national/Detail.jsp?newsMLId=20100318000135

26

Page 27: Les mariages internationaux en corée du sud

La difficile intégration à la société coréenne.

La société Coréenne est une société encore très attachées aux valeurs

traditionnelles et notamment à la notion de communauté. Chaque Coréen

appartient à différents cercles de tailles différentes, mais tous très solides et où la

solidarité entre membres est primordiale. Parmi ces cercles qui font partie

intégrante de la vie des Coréens on trouve la famille, l’école et l’entreprise, entre

autres. Au dessus de tous ces cercles, celui commun à tous les Coréens, le pays,

« notre pays » comme ils l’appellent communément. S’il est possible d’avoir des

amis hors de son cercle, il est en revanche quasiment impossible de s’intégrer à un

cercle quand on ne partage pas les mêmes caractéristiques que les membres (par

exemple avoir étudié à telle ou telle université). A fortiori, pour les épouses

étrangères, s’intégrer à la communauté Coréenne est donc extrêmement délicat.

Les barrières à l’intégration sont nombres pour les épouses étrangères

d’origine non coréenne. La première est la différence physique, facteur de

discriminations au quotidien et frein à l’intégration dans la mesure où il est

évident que la personne n’appartient pas au même cercle. Par exemple à l’école

les mères étrangères auront plus de risques d’être maintenues à l’écart du groupe

des autres mères qu’une mère coréenne. De plus les Coréens tendent à assumer

que les étrangers ne parlent pas leur langue, ainsi, beaucoup d’entre eux n’iront

pas vers la personne étrangère, non pas par volonté délibérée de laisser cette

personne à l’écart, mais plutôt par peur de se trouver dans une situation

embarrassante du fait de problèmes de communication liés à la langue.

Ce phénomène est renforcé dans la mesure où, effectivement, pour les

femmes non-Joseonjok, le problème de la langue est important, surtout dans les

premiers mois, voire premières années après leur arrivée. En effet la majorité de

ces femmes ont arrêté leurs études avant l’université –en 2008 84% des Chinoises,

96,2% des Vietnamiennes et 54,5% des Philippines (tableau 7) – et à l’exception

des Joseonjok qui parlent coréen et de certaines Philippines qui parlent anglais,

27

Page 28: Les mariages internationaux en corée du sud

beaucoup ne parlent que leur langue maternelle, rendant ainsi la communication

difficile avec les Coréens qu’elles côtoient au quotidien.

Tableau 7 : Niveau d'éducation des femmes selon leur pays d'origine 35

Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %Pas d'éducation / Ecole primaire

472 6.9% 0.0% 7 1.0% 4 0.8%

Collège / Lycée 5784 84.6% 102 79.1% 330 48.0% 208 42.1%Université ou supérieur 582 8.5% 27 20.9% 351 51.0% 282 57.1% 2 100.0%Ensemble 6838 100.0% 129 100.0% 688 100.0% 494 100.0% 2 100.0%Pas d'éducation / Ecole primaire

878 6.4% 431 4.5% 3 0.3% 18 1.7% 29 7.8%

Collège / Lycée 11396 83.7% 8976 93.0% 324 33.7% 617 57.2% 335 89.6%Université ou supérieur 1342 9.9% 248 2.6% 635 66.0% 444 41.1% 10 2.7%Ensemble 13616 100.0% 9655 100.0% 962 100.0% 1079 100.0% 374 100.0%Pas d'éducation / Ecole primaire

811 6.0% 226 3.6% 7 0.6% 26 1.8% 111 6.4%

Collège / Lycée 11254 83.1% 5952 93.7% 407 36.3% 854 59.7% 1602 92.2%Université ou supérieur 1476 10.9% 172 2.7% 706 63.0% 550 38.5% 25 1.4%Ensemble 13541 100.0% 6350 100.0% 1120 100.0% 1430 100.0% 1738 100.0%Pas d'éducation / Ecole primaire

741 6.0% 264 3.4% 0.0% 13 0.7% 39 6.4%

Collège / Lycée 9672 78.5% 7167 92.8% 325 29.6% 951 53.8% 560 91.4%Université ou supérieur 1914 15.5% 294 3.8% 774 70.4% 805 45.5% 14 2.3%Ensemble 12327 100.0% 7725 100.0% 1099 100.0% 1769 100.0% 613 100.0%

2008

Chine Philippines Cambodge

2001

2006

2007

Vietman Japon

Enfin, la majorité des épouses d’origine étrangère a un contact limité avec

le monde extérieur. Dans beaucoup de cas les épouses étrangères ont été choisies

pour s’occuper de la maison, des parents, et fournir une progéniture à leurs époux.

Elles sont donc majoritairement cantonnées aux activités d’intérieur, et même si le

taux d’emploi évolue positivement depuis 2001, la majorité d’entre elles (environ

78% des mariées de 2008) ne travaille pas. Cette tendance est notamment

remarquable chez les Vietnamiennes et les Philippines qui présentent

respectivement des taux d’inactivité de 85,4% et 81,9% en 2008 (tableau 8). En

revanche les Japonaises, qui elles ont un niveau d’éducation plus élevé (tableau 7)

sont elles plus indépendantes –environ 48% d’entre elles travaillent en 2008. Les

Chinoises ont, elles aussi, plus de facilité à s’intégrer par le travail car elles

bénéficient du soutient de leurs pairs qui forment une communauté assez soudée.

35 Ministry of Gender Equality and Family, 다문화가족의 해체 문제와 정책과제, 2010, p41-42

28

Page 29: Les mariages internationaux en corée du sud

Tableau 8 : Emploi des épouses étrangères selon leur pays d'origine 36 .

Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %Cadre 90 1.3% 7 5.5% 48 7.1% 17 3.4% 0.0% 162 2.0%Employée de bureau 209 3.1% 5 3.9% 99 14.7% 19 3.8% 0.0% 332 4.1%Vente / services 135 2.0% 5 3.9% 40 5.9% 12 2.4% 0.0% 192 2.4%

Agriculture/pêche 77 1.1% 3 2.3% 3 0.4% 6 1.2% 0.0% 89 1.1%Ouvrière 24 0.4% 8 6.3% 2 0.3% 5 1.0% 0.0% 39 0.5%Travail manuel simple 21 0.3% 7 5.5% 2 0.3% 3 0.6% 0.0% 33 0.4%Inactif 6167 91.7% 93 72.7% 481 71.3% 433 87.5% 2 100.0% 7176 89.4%Ensemble 6723 100.0% 128 100.0% 675 100.0% 495 100.0% 2 100.0% 8023 100.0%

Cadre 194 1.5% 7 0.1% 82 8.7% 40 3.8% 3 0.8% 326 1.3%Employée de bureau 832 6.3% 187 2.0% 192 20.4% 76 7.3% 15 4.0% 1302 5.2%Vente / services 678 5.1% 90 0.9% 67 7.1% 29 2.8% 45 12.0% 909 3.6%

Agriculture/pêche 214 1.6% 981 10.3% 1 0.1% 9 0.9% 99 26.4% 1304 5.2%Ouvrière 101 0.8% 43 0.5% 8 0.9% 12 1.2% 4 1.1% 168 0.7%Travail manuel simple 140 1.1% 34 0.4% 3 0.3% 12 1.2% 7 1.9% 196 0.8%Inactif 11146 83.8% 8184 85.9% 588 62.5% 862 82.9% 202 53.9% 20982 83.3%Ensemble 13305 100.0% 9526 100.0% 941 100.0% 1040 100.0% 375 100.0% 25187 100.0%

Cadre 252 1.9% 27 0.4% 93 8.6% 54 3.9% 3 0.2% 429 1.8%Employée de bureau 1022 7.8% 167 2.7% 244 22.6% 99 7.2% 33 1.9% 1565 6.7%Vente / services 759 5.8% 65 1.0% 89 8.2% 60 4.4% 201 11.6% 1174 5.0%

Agriculture/pêche 193 1.5% 457 7.3% 2 0.2% 9 0.7% 416 24.0% 1077 4.6%Ouvrière 130 1.0% 42 0.7% 10 0.9% 14 1.0% 11 0.6% 207 0.9%Travail manuel simple 162 1.2% 28 0.4% 3 0.3% 8 0.6% 16 0.9% 217 0.9%Inactif 10578 80.8% 5454 87.4% 638 59.1% 1126 82.2% 1051 60.7% 18847 80.1%Ensemble 13096 100.0% 6240 100.0% 1079 100.0% 1370 100.0% 1731 100.0% 23516 100.0%

Cadre 346 2.9% 46 0.6% 137 12.9% 78 4.6% 3 0.5% 610 2.6%Employée de bureau 937 7.7% 177 2.3% 269 25.4% 124 7.4% 17 2.7% 1524 6.6%Vente / services 913 7.5% 121 1.6% 90 8.5% 70 4.2% 75 12.0% 1269 5.5%

Agriculture/pêche 252 2.1% 645 8.4% 0.0% 8 0.5% 99 15.9% 1004 4.3%Ouvrière 165 1.4% 79 1.0% 10 0.9% 14 0.8% 7 1.1% 275 1.2%Travail manuel simple 189 1.6% 52 0.7% 1 0.1% 10 0.6% 7 1.1% 259 1.1%Inactif 9315 76.9% 6530 85.4% 552 52.1% 1379 81.9% 416 66.7% 18192 78.6%Ensemble 12117 100.0% 7650 100.0% 1059 100.0% 1683 100.0% 624 100.0% 23133 100.0%

2006

2007

2008

EnsembleChine Vietnam Japon Philippines Camboge

2001

L’intégration des épouses étrangères consiste donc en un processus long et

compliqué. Face à cela, toutes les épouses ne sont pas égales : selon leur origine

et leur niveau d’études, entre autres, elles doivent faire face à des situations

différentes. L’endroit où elles habitent, la personnalité du mari, de la belle famille

et l’appartenance à un groupe religieux sont d’autres éléments qui influent

également sur la facilité d’intégration pour les épouses. Un mari qui retient sa

femme prisonnière et garde ses papiers pour qu’elle ne s’enfuie pas n’aidera pas

autant à l’intégration de sa femme qu’un mari attentionné qui présentera sa femme

aux femmes de ses amis et à sa famille. De même, une femme accompagnant son

mari à l’église, par exemple, aura plus d’occasions de rencontrer d’autres

36 Ibid, p44

29

Page 30: Les mariages internationaux en corée du sud

personnes et son intégration sera facilitée dans la mesure où elle appartiendra à un

cercle. Cependant ces comportements varient sensiblement d’un couple à l’autre

et il est donc difficile d’en tirer une règle générale.

Le rapport aux institutions et aux services qu’elles proposent.

Le dernier élément permettant d’évaluer le niveau d’intégration des

conjointes étrangères est leur rapport aux instituions et leur facilité d’accès aux

services proposés par ces institutions, notamment les services de santé et les

services de conseil. Cette partie sera principalement fondée sur l’étude réalisée en

2005 sous la direction du professeur Seol auprès de 945 couples binationaux37.

Comme il a été montré dans les parties précédentes, beaucoup de couples

binationaux sont dans une situation précaire. A ce titre, ils peuvent bénéficier, au

même titre que les couples coréens en situation précaire, de services mis en place

par l’État afin d’améliorer leurs conditions de vie. Selon l’étude du professeur

Seol il ressort cependant que la majorité de ces couples n’ont pas effectué les

démarches nécessaires à l’inscription sur les listes de bénéficiaires de ces aides.

En ce qui concerne l’aide financière qu’offre l’assistance publique comme

complément de revenu pour les ménages dont le revenu est inférieur au coût

minimum de la vie, tel qu’il a été estimé officiellement, seuls 10,2% des ménages

interrogés déclaraient en être bénéficiaire (tableau 9). Or dans la même étude, plus

de 50% des ménages interrogés ont déclaré avoir des revenus inférieurs à ce coût

minimum de la vie. La mauvaise utilisation des services proposés ne se limite pas

à l’assistance publique. En effet, de nombreuses formations et services de conseils

sont aussi mis en place par les municipalités, les régions et autres institutions.

Cependant, là encore, seule une petite minorité de femmes et de couples

bénéficient de ces services.

37 SEOL Donghoon, "Foreign Wives’ Life in Korea:Focusing on the Policy of Welfare and Health", 2005

30

Page 31: Les mariages internationaux en corée du sud

Tableau 9 : Pourcentage d’utilisation des programmes de soutien aux couples

internationaux 38

Oui Non Oui Non Oui NonAssistance publique (support financier)

10,2 89,8 3,9 96,1 16,7 83,3

Assistance médicale 11,6 88,4 7,3 92,7 16,2 83,8

Assistance matérielle (nourriture, vêtements,etc.)

7,2 92,8 2,9 97,1 11,8 88,2

Service d'aide à la personne (ménage, repassage, etc.)

5,9 94,1 3,6 96,4 8,4 91,6

Service de livraison de repas

16,3 83,7 9,9 90,1 23,3 76,7

Service relatif au logement (réparations, peinture, etc.)

12,0 88,0 4,5 95,2 19,7 80,3

Conseil pour l'emploi, formations

12,9 87,1 7,2 92,8 18,8 81,2

Service d'aide (psychologue, etc.)

9,7 90,3 8,1 91,9 11,5 88,5

Service d'aide pour l'alcool et autres drogues

4,4 95,6 1,6 98,4 7,4 92,6

Service d'aide pour les violences domestiques

7,5 92,5 6,6 93,4 8,4 91,6

Cours de compréhension du couple/relations familiales

8,6 91,4 2,4 97,6 15,0 85,0

Formation aux techniques parentales

8,5 91,5 3,0 97,0 14,3 85,7

Formation à l'adaptation culturelle

22,4 77,6 7,6 92,4 36,6 63,4

Autres étrangèresChinoises d'origine coréenne

Total

Le problème de l’utilisation de la sécurité sociale, non illustré dans le

tableau 9, est également un problème récurent chez les femmes étrangères mariées

à des Coréens. Selon l’étude du professeur Seol, il ressort que 22% des femmes

paient la totalité de leur frais médicaux, ce pourcentage est plus élevé (30%

environ) chez les étrangères qui ne sont pas des Chinoises d’origine coréenne39.

En ce qui concerne l’utilisation des centres médicaux gratuits, seul 10% des

femmes interrogées en bénéficient. Il ressort ainsi de cette étude qu’en totalité

30% des femmes ne sont pas couvertes par le système de sécurité social officiel.

En conséquence il est fréquent que les épouses étrangères doivent se passer de

soins faute de moyens. Au total 18% des femmes ayant répondu au sondage

38 Ibid, p1639 Ibid, p17

31

Page 32: Les mariages internationaux en corée du sud

déclarent avoir connu cette expérience, les épouses non-Joseonjok étant les plus

touchées.

La raison principale à cette mauvaise utilisation du système d’aide sociale

et de santé est la mauvaise connaissance des aides proposées et de leur

fonctionnement. En effet, pour bénéficier de ces aides il faut effectuer soi-même

la démarche de l’inscription auprès du service concerné. Il est donc nécessaire

d’avoir une bonne connaissance des offres d’aides disponibles ainsi que des

services qui les proposent et de la procédure à suivre pour s’inscrire. Dans de

nombreux cas les femmes ignorent simplement l’existence de tels services. Dans

d’autre cas, en particulier celui de la sécurité sociale, les femmes en ont une image

déformée. En effet, beaucoup d’entre elles croient que ce service est réservé aux

Coréens et que les étrangers en sont exclus. De ce fait elles n’entament pas les

démarches nécessaires à l’inscription et se retrouvent exclue d’un service auquel

elles auraient pourtant droit. Dans d’autres cas, comme celui du revenu

complémentaire de l’assistance publique, la nationalité est effectivement une

barrière à l’obtention de l’aide et après avoir rempli les dossiers nécessaire

beaucoup de familles, bien que pauvres, ne sont pas considérées comme éligibles.

Enfin l’intégration par la naturalisation est restée un problème jusqu’à

2010. En effet jusqu’à cette date la nationalité coréenne était exclusive, c'est-à-

dire que si un étranger souhaitait se faire naturaliser, il devait rejeter sa nationalité

d’origine. De ce fait la majorité des épouses étrangères ne se sont pas fait

naturaliser. Outre les difficultés supplémentaires pour obtenir certaines aides

sociales, cette situation entraînait également une certaine dépendance vis-à-vis du

mari de qui dépend le renouvellement de leur visa.

Les rapports aux institutions et aux aides sociales sont donc compliqués

pour les femmes étrangères du fait de leur mauvaise connaissance du système et

de leur statut d’étrangères. Ces deux éléments limitent sensiblement les aides que

pourraient recevoir les familles et les mettent donc dans une situation où

l’intégration au système n’est partielle, voire inexistante dans certains cas.

Comme pour ce qui concerne l’intégration au sein du couple et de la société, ces

éléments dépendent toutefois de l’origine du conjoint étranger. Parmi les épouses

32

Page 33: Les mariages internationaux en corée du sud

arrivées en Corée par mariage arrangé, les Chinoises, notamment Joseonjok, sont

celles qui s’intègrent le plus facilement bénéficiant du soutien leur communauté.

Les Vietnamiennes, Philippines et autres ressortissantes des pays d’Asie du Sud,

sont elles plus dépendantes de leur mari et mettent plus de temps à s’intégrer. En

ce qui concerne les couples qui se sont rencontrés naturellement et dont le

conjoint étranger vient de pays occidentaux, la question n’a pas été traitée dans

cette partie mais on peut dire que l’intégration est plus facile dans la mesure où ils

sont généralement plus éduqués et évoluent dans des milieux plus aisés. Ils ne

sont donc pas confrontés aux mêmes problèmes et ont l’avantage de connaître leur

conjoint avant le mariage.

Enjeux et solutions pour une meilleure intégration

Face au nombre croissant de mariages internationaux et aux enjeux que

représentent une intégration réussie pour les épouses étrangères et leur famille, le

gouvernement coréen a commencé à prendre des mesures destinées à favoriser

l’adaptation de ces épouses étrangères à la société coréenne. L’étude menée par le

professeur Seol en 2005, réalisée sur demande du Ministry of Health and Welfare

a été la première à souligner les problèmes d’intégration et les difficiles conditions

de vie des épouses étrangère. Cette étude a servi de point de départ à une certaine

remise en cause du système existant en 2005. En conséquence, même si certaines

mesures prises depuis 2005 peuvent bénéficier à tous les couples binationaux

quelque soit le sexe et le pays d’origine du conjoint étranger, la majorité est quand

même principalement, voire exclusivement, destinée aux couples dont l’épouse est

étrangère et est arrivée en Corée dans le cadre d’une migration pour mariage.

Cette partie consiste donc à définir dans un premier temps les enjeux liés à

l’intégration des épouses étrangères et de leur famille avant de voir quelles ont été

les mesures mises en œuvre pour faciliter cette intégration.

33

Page 34: Les mariages internationaux en corée du sud

Enjeux liés à la bonne intégration des épouses étrangères.

Avant toute chose, il convient de rappeler que la raison de cette rapide

augmentation du nombre de mariages entre homme coréen et femme étrangère –

originaire d’un pays moins développé que la Corée- est principalement due à

diverses politiques nationales ou locales dont le but est de marier les célibataires

des régions rurales qui ne peuvent pas trouver d’épouse coréenne. Cette

intervention de l’Etat dans la sphère privée s’est faite, non pas pour augmenter le

bien être des citoyens, mais à des fins nationalistes. En facilitant le mariage avec

des étrangères, l’Etat coréen cherche principalement à protéger des régions qui se

dépeuplent et des secteurs d’activité qui n’attirent plus les étudiants. Le principal

enjeu d’une bonne intégration des épouses étrangères est donc la réussite de ce

projet gouvernemental. En effet, cette politique ne peut donc être un succès que si

les épouses étrangères s’intègrent à leur environnement et font des enfants.

Dans le cas où l’intégration ne se fait pas de manière concluante, l’une des

conséquences peut être l’absence de désir d’avoir des enfants pour les couples

binationaux. Un des outils pour mesurer cette absence de désir d’avoir des enfants

est le taux d’avortement et l’étude des raisons pour lesquelles l’avortement a été

pratiqué. Les tableaux suivants, extraits de l’étude de 2005 menée par le

professeur Seol montre que l’avortement est un acte assez répandu chez les

couples binationaux dans la mesure où 20,2 % des répondants on déclaré avoir

déjà eu recours à l’avortement (tableau 10). Les couples sino-coréens vivant en

milieu urbain sont les plus touchés par ce phénomène. Cependant le taux

d’avortement n’est pas négligeable non plus dans les couples dont l’épouse est

d’une autre origine. Et bien que les couples ruraux, ceux visés par les politiques

du gouvernement, soient les moins enclins à avorter, 14% d’entre eux répondent

avoir déjà eu recours à ce procédé.

34

Page 35: Les mariages internationaux en corée du sud

Tableau 10 : Pourcentage de cas d'avortement 40

Chinoises d'origine coréenne

Autres étrangères

Chinoises d'origine coréenne

Autres étrangères

825 324 288 75 138Oui (%) 20,2 22,2 21,1 19,1 14,0Non (%) 79,8 77,8 78,9 80,9 86,0

(Unité: personnes, pourcentage)Milieu ruralMilieu urbain

Total

En ce qui concerne les causes de ces avortements, l’avortement spontané

est la raison principale. Cependant, si l’on s’intéresse aux couples vivant dans les

milieux ruraux et dont l’épouse n’est pas d’origine coréenne, on s’aperçoit que la

seconde raison d’avorter est la peur d’avoir un enfant métisse (tableau 11). Ce

phénomène est d'autant plus alarmant qu'il sous entend que le choix d’avorter

dépend directement de la mauvaise intégration des étrangers à la société coréenne

et de la peur qu’ont les parents ont pour leurs futurs enfants du fait de leurs

origines étrangères. On peut relativiser ce fait en soulignant que sur la totalité des

avortements pratiqués chez les couples binationaux cela ne représente qu’une

petite proportion. Cependant, en mesurant l’avortement, on ne prend en compte

que les cas où la femme est déjà tombée enceinte. Il est fort probable que de

nombreux couples partagent la même peur mais que grâce à l’utilisation de

moyens de contraception ou pour des raisons religieuses où autres, ils n’aillent pas

jusqu’à avorter.

40 Ibid, p20

35

Page 36: Les mariages internationaux en corée du sud

Tableau 11 : Raisons de l'avortement 41

Chinoises d'origine coréenne

Autres étrangères

Chinoises d'origine coréenne

Autres étrangères

198 94 64 14 26

Avortement spontané

29,0 25,8 31,3 48,2 24,7

Choix du mari 4,3 3,8 4,7 0,0 7,2

Choix de la famille

1,6 1,9 0,0 0,0 4,9

Pas le bon moment

21,0 19,1 29,0 7,2 15,5

Déjà trop d'enfants

2,8 1,4 5,9 3,6 0,0

Peur d'avoir un enfant métisse

3,4 1,9 0,0 0,0 18,6

Raisons de santé 5,9 6,0 3,2 26,6 1,0

Fœtus déformé 5,6 6,4 3,2 7,2 7,6

Autres raisons 26,5 33,6 22,7 7,2 20,5

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

(Unité: personnes, pourcentage)

Total

Milieu urbain Milieu rural

On remarque aussi qu’au sein de ces mêmes couples vivant en milieu

rural, la décision d’avorter a été prise dans plus de 12% des cas par le mari ou la

belle famille (tableau 11). Cela donne une idée de la place qu’est celle de l’épouse

étrangère au sein de son couple et de sa belle famille.

Les couples ruraux, principalement concernés par les politiques

gouvernementales, sont donc ceux pour qui l’avortement est le plus influencé par

les mauvaises conditions d’intégration de la femme étrangère au sein de sa famille

et de la société coréenne. Il est donc indispensable que leur intégration soit

facilitée pour ne pas freiner la réussite des politiques visant à re-dynamiser les

régions rurales par l’augmentation du nombre de naissance.

L’autre enjeu principal de l’intégration des épouses étrangères et du bon

déroulement du mariage international dans sa globalité est la poursuite de ce

phénomène. En effet le système de mariage par l’intermédiaire des agences

matrimoniales commence à être remis en cause, aussi bien par certaines

41 Ibid, p20

36

Page 37: Les mariages internationaux en corée du sud

associations en Corée que dans les pays d’origine des épouses, comme le Vietnam

et le Cambodge. Le mauvais traitement des femmes, qui ont plus tendance à être

traitées comme de la marchandise que comme des êtres humains, ainsi que leurs

difficultés à s’intégrer dans leur pays d’accueil sont les principales raisons de cette

remise en cause du système.

Le point d’orgue de cette contestation a été la décision de l’Etat

cambodgien d’interdire, à partir de Mars 2010 et pour une durée indéterminée, les

mariages entre Cambodgiennes et ressortissants coréens qui se feront par

l’intermédiaire des agences matrimoniales. Cette décision a été prise suite à

l’arrestation d’une entremetteuse qui avait aligné 25 jeunes mariées potentielles

pour un célibataire coréen venu spécialement dans le but de se marier. L’État

cambodgien a justifié cette mesure par le non respect des hommes coréens de

l’obligation de passer un mois complet au Cambodge avant de se marier –la

majorité des tours de sélection d’une mariée durent en effet moins d’une

semaine42.

Afin d’éviter que de telles mesures soient prises dans d’autres pays,

notamment au Vietnam d’où viennent la majorité des épouses étrangères des

célibataires des milieux ruraux, il est donc nécessaire que des régulations plus

strictes soient prises en ce qui concerne le marché du mariage à l’étranger.

Les réponses gouvernementales aux problèmes d’intégration

Pour répondre à ces problèmes l’État coréen a progressivement mis en

place des mesures destinées à favoriser l’intégration des épouses étrangères à leur

environnement. L’objectif principal est donc de favoriser l’intégration de

l’épouse étrangère en lui donnant les moyens de comprendre la culture coréenne

et de s’y adapter. En 2006, une réunion nationale a eu lieu entre le président de

l’époque Roh Moohyun et quatorze branches des différentes administrations

gouvernementales. A l’issue de cette réunion le « Grand Plan » est entré en

42 http://english.chosun.com/site/data/html_dir/2010/03/22/2010032200462.html

37

Page 38: Les mariages internationaux en corée du sud

vigueur et un nouveau ministère, le Ministry of Gender Equality and Family

(MGEF) a été créé. Ce ministère a pour rôle de coordonner les différentes

politiques touchant les couples binationaux et leurs enfants. La mission de ce

nouveau ministère se divise en sept parties.

La première consiste en une régulation des agences matrimoniales et la

protection des futures épouses avant leur entrée en Corée. La transparence des

pratiques des agences matrimoniales, notamment au niveau des informations sur

le mari données aux futures épouses, ainsi que la prévention des atteintes aux

droits de l’homme sont les priorités définies par le « Grand Plan » en matière de

régulation des agences matrimoniales.

La seconde partie consiste à soutenir les victimes de violence domestiques.

Jusqu’à l’instauration de cette mesure il était facile pour les maris d’établir une

sorte de chantage à la carte de séjour43, notamment en cas de séparation.

Désormais en cas de divorce les épouses étrangères peuvent rester sur le territoire

si elles prouvent que la séparation est liée à une faute du mari. Elles ne sont plus

considérées comme sans-papiers jusqu’à ce que la cour rende ses conclusions.

Parallèlement à cela, un système de refuges et de service téléphonique ont été mis

en place pour les femmes battues.

Le troisième point du « Grand Plan » consiste à l’aide à l’installation et à

l’adaptation pour les épouses récemment arrivées. Dans les faits cela consiste

principalement à la mise en place de formations culturelles et linguistiques aussi

bien dans le cadre de cours classique que par l’intermédiaire de la télévision et

notamment de l’EBS (Educational Broadcasting System). Dans certains quartiers

des programmes de tutorat sont aussi mis en place, et les jeunes mariées sont

confiées à des familles du quartier pour faciliter leur intégration.

La quatrième politique est elle consacrée à l’intégration des enfants de ces

couples binationaux et vise à les protéger des discriminations. Pour cela il est

43 Pour obtenir le visa destiné aux époux étrangers (Residency Visa, F2), visa qui doit être renouvelé régulièrement, la personne doit non seulement prouver son mariage avec un ressortissant Coréen, mais elle doit également être soutenue par son époux lors de sa demande de visa –soutient écrit et signé.

38

Page 39: Les mariages internationaux en corée du sud

prévu que des changements soient apportés dans les livres scolaires quant aux

contenus qui impliquent une certaine discrimination raciale. Des programmes

destinés spécialement aux enfants des familles binationales vont également être

mis en place.

La cinquième étape consiste à améliorer l’accès des épouses étrangères au

système de sécurité sociale. Ainsi, depuis le 1er janvier 2007, les femmes

étrangères mariées à des coréens pauvres et ayant des enfants en bas âge peuvent

recevoir les aides de base prévues par l’Etat telles le revenu complémentaire et

l’accès gratuit aux soins. Pour les femmes répondant à ces critères, la question de

la nationalité ne se pose plus puisque ces services leur sont accessibles sans

qu’elles se fassent naturaliser.

La sixième politique est une politique de grande ampleur dans la mesure

où son objectif est de faire prendre conscience au peuple coréen de l’importance

de devenir une société multiculturelle. Dans les faits, des campagnes publicitaires

ont été menées pour montrer que de plus en plus de couples comportaient un

membre étranger. Les expressions « biracial » et « mixed blood » jusqu’à lors

communément employés même dans les textes du gouvernement, sont désormais

jugée comme impliquant une certaine discrimination raciale et ont été remplacés

par d’autres plus politiquement corrects.

La septième et dernière mesure du « Grand Plan » consiste étudier

d’avantage les familles binationales et à prendre les mesures nécessaires pour

faire en sorte que le nombre de familles exclues des programmes d’aide diminue.

Par exemple le MGEF disposait en août 2006 de 21 centres destiné à l’aide aux

familles internationales. En moins de six mois 30 nouveaux centres ont été créés à

travers le pays afin de servir plus de personnes.44

De plus à l’initiative de certaines municipalités, les candidats au mariage

international par l’intermédiaire des agences matrimoniales doivent à présent

effectuer une courte formation théorique sur le mariage international, la façon de

44 LEE Hyekyung, “International Marriage and the State in South Korea” in Citizenship Studies, janvier 2008, p18

39

Page 40: Les mariages internationaux en corée du sud

traiter sa femme et de mener à bien la vie de couple. Ces formations sont gratuites

et souvent obligatoires pour les hommes qui reçoivent une aide financière de la

ville ou de la région pour payer les frais d’agence et de voyage dans le pays de

leur épouse.

Enfin l’une des mesures les plus symboliques a été prise en mai 2010, il

s’agit d’une révision du Code de la Nationalité. Cette modification, applicable

depuis le 1er janvier 2011 constitue une avancée considérable pour les épouses

étrangères et leurs enfants. Jusqu’à la modification de cette loi, la nationalité

coréenne relevait du droit du sang et était exclusive, l’étranger marié à un Coréen

pouvait donc devenir Coréen –après deux ans de résidence dans le pays- à la

condition de se défaire de sa nationalité d’origine. Les enfants des couples

binationaux avaient eux la double nationalité jusqu’à leur majorité. A cette date ils

devaient renoncer à l’une des deux nationalités. Depuis le 1er janvier 2011, les

époux étrangers de ressortissants coréens ont la possibilité de demander la

nationalité coréenne sans renoncer à leur nationalité d’origine, à condition de ne

jamais se prévaloir de cette dernière sur le territoire coréen. Il en est de même

pour les enfants des couples binationaux qui n’ont plus à choisir lors de leur

majorité.

Les initiatives individuelles à destination des familles internationales.

Au-delà des mesures prises par l’Etat coréen pour faciliter l’intégration des

épouses étrangères et des enfants des couples binationaux, de nombreuses

initiatives individuelles ont également œuvré dans le même sens.

Grâce à la facilité d’accès à internet, de nombreuses épouses étrangères ont

créé leur blog sur la toile. Dans ces blogs elles font part de leurs conditions de vie,

des difficultés d’intégration, débattent de la situation des mariées étrangères en

général et surtout dispensent des conseils destinés aux nouvelles arrivées. Ces

blogs sont ainsi un moyen efficace de faire connaître les services

gouvernementaux au sein des communautés d’expatriés et ainsi d’en faciliter

40

Page 41: Les mariages internationaux en corée du sud

l’accès des épouses étrangères lorsqu’elles ne maîtrisent pas la langue ou que leur

mari n’est pas assez informé. Le blog Surviving Korea45, écrit en anglais par une

femme originaire des Philippines et mère d’un enfant, est un bon exemple du

genre d’informations que s’échangent les épouses étrangères. A travers ses

expériences personnelles, cette femme informe régulièrement se compatriotes et

les autres épouses étrangères des nouveautés en matière de services ou de

législation.

Une autre Philippine fait parler d’elle en Corée. Il s’agit de Jasmine Lee,

mariée en 1995 à un marin coréen qu’elle avait rencontré un an et demi

auparavant alors qu’il était en escale dans sa ville natale alors qu’elle était encore

étudiante. Arrivée sur le territoire coréen l’année de son mariage, elle a du faire

face au rejet de sa belle famille qui ne comprenait pas pourquoi leur fils s’était

marié à une étrangère. Devenue mère peu de temps après le mariage elle a passé

les dix premières années de sa vie en Corée à s’occuper de sa famille. Connue

pour avoir participé au programme télévisé « Love in Asia » qui suit des familles

internationales dans leur quotidien, elle a également donné des cours de coréen en

tagalog à la télévision sur la chaîne EBS. Aujourd’hui elle est membre de

l’association Waterdrop - association fondée par des épouses étrangères pour aider

leurs pairs à s’intégrer - et donne régulièrement des conférences sur le sujet des

familles internationales et s’attache à démontrer l’importance que d’intégrer ces

familles à la société coréenne. Elle a notamment participé au G20 en Novembre

2010 et est régulièrement consultée par le gouvernement sur les questions liées au

mariage international.

Parmi ces personnes qui contribuent à faire entendre la voix des familles

multinationales en Corée, le footballeur Hines Ward est sans doute celui qui a

réalisé la plus grosse performance médiatique. Né à Séoul d’un père afro-

américain et d’une mère coréenne, il a passé sa vie aux États-Unis. En 2006, grâce

à la victoire de son équipe au Superbowl, il est devenu le premier Coréen-

américain à remporter cette compétition, étendant ainsi sa célébrité à son pays

natal. Cette année là, il retourna en Corée pour la première fois depuis le départ de

45 http://www.chersurvivingkorea.blogspot.com/

41

Page 42: Les mariages internationaux en corée du sud

ses parents. Son arrivée fut très remarquée et il profita de son statut pour soulever

la question de l’intégration des enfants nés de parents de deux nationalités en

Corée. Il choisit d’encourager le débat et la réforme politique, et son action fut

l’un des facteurs ayant poussé à la création du « Grand Plan » en 2006. Avant son

retour aux États-Unis il créa aussi la fondation qui porte son nom et dont le but est

d’œuvrer à l’intégration des enfants binationaux en Corée.

Ces trois cas d’initiatives individuelles ne sont que des exemples parmi

tant d’autres. Que ce soit à travers des associations caritatives, des programmes au

sein de groupes religieux, ou en faisant du bénévolat dans les services

gouvernementaux destinés aux étrangers, l’implication des femmes étrangères

dans l’amélioration des conditions de vie de leurs semblables est grandissante. En

effet la solidarité entres membres d’une même communauté est un facteur décisif

de l’intégration des épouses étrangères et contribue bien souvent à sortir ces

femmes et leurs enfants de la solitude et à les aider à surmonter les difficultés

qu’ils peuvent rencontrer au quotidien en leur donnant des conseils tirés

d’expériences vécues.

42

Page 43: Les mariages internationaux en corée du sud

Conclusion

Phénomène relativement récent en Corée, le mariage international s’est

fortement développé à partir des années 1990 pour répondre à un problème

social : le déficit de femmes dans les campagnes. Encouragé par des politiques

gouvernementales, le développement des réseaux d’agences matrimoniales, ajouté

à l’attrait économique généré par la Corée dans les pays voisins, le mariage

international a pris un aspect commercial où le Coréen se retrouve en position

d’acheteur et l’étrangère tient lieu de produit.

Ces pratiques, souvent peu respectueuses de la dignité humaine et peu

soucieuses des conditions de réussite d’un mariage heureux, la méconnaissance de

la langue coréenne par les épouses étrangères, ainsi que la réticence de la société

coréenne à l’accueil des étrangers, constituent autant de barrières à l’intégration

des épouses étrangères.

Depuis 2005 environ, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ces

abus. De ce fait, progressivement, le Gouvernement coréen met en œuvre des

mesures visant à réguler le marché du mariage international et à favoriser

l’intégration des épouses étrangères à leur nouvel environnement. En outre, les

étrangères mariées aux Coréens s’organisent aussi en communautés soudées où

règne l’entraide.

Si aujourd’hui le mariage international est un phénomène connu des

Coréens, il n’en demeure pas moins une exception palliative à connotation

négative. Les hommes ayant recours aux agences matrimoniales sont souvent

considérés avec mépris car n’ayant pas réussi à épouser une Coréenne. De plus,

les Coréens se mariant avec une étrangère rencontrée naturellement doivent eux

aussi affronter les critiques d’une population qui ne comprend pas que l’on puisse

délibérément se marier à un étranger.

Cette situation a-t-elle vocation à perdurer ?

Il est fort probable que dans les années à venir le mariage international

parvienne progressivement à être reconnu comme une situation respectable : la

43

Page 44: Les mariages internationaux en corée du sud

Corée s’ouvre, les Coréens voyagent, les étrangers sont de plus en plus nombreux

à venir étudier ou travailler en Corée, ainsi des couples binationaux se forment de

plus en plus fréquemment en dehors des réseaux d’agences matrimoniales,

améliorant l’image du mariage international en Corée.

En parallèle à l’intégration des épouses étrangères, le principal challenge

en la matière pour la Corée sera donc, à l’avenir, de percevoir le mariage

international comme un élément porteur d’opportunités pour le pays. Il faudra

donc réussir à passer du mariage international au mariage multiculturel, où la

culture étrangère est valorisée au même titre que la culture coréenne.

44

Page 45: Les mariages internationaux en corée du sud

Annexes

Publicités d’agence matrimoniale

Publicité vantant les qualités des épouses Vietnamiennes : leur ressemblance avec

les Coréennes, leur beauté, leur jeune âge, leur bonne odeur…

Publicité déclarant que les Vietnamiennes ne s’enfuient jamais.

45

Page 46: Les mariages internationaux en corée du sud

Campagne gouvernementale pour l’intégration des épouses étrangères

Publicité montrant l’intégration des épouses étrangères à la société coréenne

affichée à la station de métro de la gare de Séoul en 2011.

Note de synthèse concernant les modifications du code de la nationalité coréen.

46

Page 47: Les mariages internationaux en corée du sud

Extrait de la note de synthèse publiée par l’ambassade de France en Corée.

L’original de la note de synthèse ainsi que la version en langue anglaise du texte

de loi sont disponibles sur le site de l’ambassade de France en Corée :

http://www.ambafrance-kr.org/spip.php?article1108

« 2) Révision du 4 mai 2010 : introduction de la possibilité de conserver deux

Nationalités

2.a. Cas des étrangers qui acquièrent ou sont réintégrés dans la nationalité

coréenne

La révision du code de la nationalité introduit à l’article 10 la possibilité d’être

binational, pour les catégories de personnes suivantes, à la condition qu’elles

prêtent serment par écrit de ne pas se prévaloir de leur autre nationalité

lorsqu’elles évoluent sur le territoire coréen. Ce serment doit être prêté dans

l’année qui suit l’obtention de la nationalité coréenne. Il est reçu uniquement en

Corée, dans les bureaux des services de l’Immigration.

Catégories de personnes concernées :

- Les étrangers ayant acquis la nationalité coréenne à raison du mariage et de la

résidence en Corée ;[…]

2.b. Cas des enfants binationaux

Les enfants de couples mixtes auront désormais la possibilité de conserver les

nationalités de leurs deux parents. En effet les articles 12 et 13 du code de la

nationalité prévoient qu’une personne ayant acquis plusieurs nationalités avant

l’âge de 20 ans peut, au choix :

- comme avant la réforme, renoncer à son autre nationalité avant d’atteindre

l’âge de 22 ans,

- ou bien, avant l’âge de 22 ans, déclarer son intention de choisir la nationalité

coréenne auprès du ministère de la Justice, après avoir prêté serment de ne pas se

prévaloir de son autre nationalité en territoire coréen.

=> le fait d’exprimer ce choix de faire primer la nationalité coréenne dispense

l’intéressé de renoncer à son autre nationalité. »

47

Page 48: Les mariages internationaux en corée du sud

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