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Kenya : 12 lauréats reçoivent le Prix
Initiative de l’Équateur 2014
Pour la sixième fois, l’Initiative Équateur du PNUD a récompensé les
initiatives locales et autochtones permettant de réduire la pauvreté à
travers la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité. C’était à
l’occasion de la journée internationale de lutte contre la désertification
célébrée le 17 juin dernier sous le thème : « LA TERRE EST NOTRE
AVENIR, PROTÉGEONS LA DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES ».
Le Kenya a été retenu cette année pour la remise du prix qui a mobilisé
les associations lauréates, les Institutions partenaires ainsi que les
médias.
Le Prix Équateur est décerné chaque deux ans à des exemples
remarquables de solutions locales de développement durable pour les
peuples, la nature et les communautés.
On dénombre à ce jour, 152 collectivités locales actives pour la plupart
dans la gestion durable des terres dans les zones arides de l’Afrique sub-
saharienne.
Pour la coordinatrice du Programme de l’Initiative Equateur Eillin De
Ravin, l’ambition de son organisme est voir de plus en plus
d’associations participées à ce concours et pendant plusieurs années.
"D'ici 2030, nous voulons que plusieurs associations participent à ce
prix''. Ajoute-t-elle.
Elle a toutefois lancé un appel aux médias à faire une large diffusion de
cette campagne pour assurer la pérennisation de l'action et créer un
réseautage entre les associations.
La Représentante du PNUD a également précisé ‘’qu’il n’y aucun parti
pris’’ car tous les pays, à travers leur représentation résidente du PNUD,
reçoivent des appels à candidatures.
Ainsi, après examen de plus 200 soumissions, douze associations ont été
retenues par la pertinence de leurs actions et en rapport avec le thème
‘’LA GESTION DURABLE DES TERRES EN AFRIQUE SUB-
SAHARIENNE’’.
Chacune d’elles a reçu un chèque de 5 000 dollars US (Cinq milles
dollars) offert par l'Initiative Equateur du PNUD en partenariat avec
Environnement et Développement du Tiers Monde (ENDA), l'Open
Society Initiative of Southern Africa (OSISA), la Convention des
Nations Unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD) et
généreusement financé par le Fonds Mondial pour l'Environnement
(FEM) soit un cout global de 60 000 Dollars.
Ce sont :
• L'Union des Associations Villageoises de Gestion des Réserves
de Faune Pendjari-Bénin;
• L'Association Zoramb Naagtaaba du Burkina Faso
• Integrated Development in Focus du Ghana;
• La fédération des Unions de producteurs de Laradi Gaskiya
du Niger;
• L'Association des pépiniéristes et planteurs de Tône-Ouest du
Togo;
• L'Association tchadienne des volontaires pour la protection de
l'environnement du Tchad;
• Northern Rangelands Trust du kenya;
• L'Organisation de développement Utooni du Kenya;
• Matumizi Bora ya Malihai Idodi na Pawaga (MBOMIPA)
wildlife Management Area de Tanzanie:
• La Coopérative de Heiveld de l'Afrique du Sud;
• Shewula Trust de Swaziland;
• Le centre de formation agricole Kasisi de Zambie.
Le Prix initiative est un processus visant à identifier des exemples
d'ingéniosité, d'innovation et de leadership locaux en matière de gestion
durable des terres dans les zones arides de l'Afrique subsaharienne.
Il est symbolisé par la ‘’Griffe du Diable’’, un arbre qui tire son nom
dans la forme en crochet aiguisé d’un fruit de nature herbacée vivace.
Cette plante résiste à des conditions difficiles, stocke l’eau et les
éléments nutritifs et peut survivre dans les sables profonds du Kalahari.
Elle est retrouvée en Namibie, au Botswana, en Afrique du Sud, en
Angola, en Zambie, au Zimbabwe et au Mozambique et a des
propriétés médicinales (anti-inflammatoire, analgésique).
La ‘’Griffe du Diable’’ en elle seule, incarne la ‘’Gestion durable des
terres’’. Le choix n’est donc pas fortuit.
Votre site guineerealite.com a recueilli les propos de certains lauréats
lors d’une visite de terrain dans la forêt de KERETA au KENYA à la
veille de la célébration de la vingtième journée internationale de lutte
contre la Désertification.
Seydou Kaboré, Agroéconomiste, Responsable de la Cellule
Aménagements Fonciers de l’Association Zoramb Naagtaaba
(AZN) du Burkina
Faso.
Mariame Sampebgo & Seydou Kaboré –Association AZN
« Ce n’est pas le désert qui avance, mais c’est la foret qui recule »
soutient le lauréat du Burkina Faso
Avec pour objectif de restaurer les terres dégradées, l’Association AZN
regroupe 10 villages au niveau desquels, les membres ont réintroduit de
nouvelles méthodes agricoles traditionnelles ‘’LE ZAI ‘’. Il s’agit de
créer de petits trous pour retenir l’eau de pluie tout en y mettant des
compostes. « Avec cette méthode, en une saison, la terre aride peut être
récupérée» précise Seydou Kaboré.
Ils font également du reboisement, de l’aménagement de bassin d’eau,
de l’élevage de bétails, de périmètres de bocages, l’aménagement de
pépinières en arbres locaux pour la vente et le reboisement mais aussi
des plantes fruitiers. A indiqué Mariame Sampebgo, une des
pépiniéristes de l’association.
Mariame Sampebgo, pépiniériste de l’association AZN
Avec ces techniques, les rendements de sorgho ont triplé et des espaces
mis en place pour apprendre aux agriculteurs, des techniques d’étang et
de haie qui permettent d’améliorer la productivité.
En 2013, la productivité végétale à augmenter de 55% et les ventes ont
augmenté de 153% par rapport à 2012.
L’Association a aménagé des clôtures électriques solaires pour protéger
les cultures contre les herbivores.
Comme toutes les associations, l’AZN rencontre des difficultés
financières et bénéficie difficilement de subventions. « Nous
bénéficions quand même d’exonération au niveau des matériels
agricoles » conclut Seydou Kaboré. Avant d’inviter les lecteurs à visiter
leur site pour plus de détails techniques. Il s’agit de : www.azn-guie-
burkina.org et www.eauterreverdure.org .
Grargou Nambingou de l’association AVIGREF (Associations
villageoises de Gestion des Réserves de faune) du Bénin.
Évoluant dans la zone du Biosphère de Pendjari au Nord-Ouest du
Bénin, l’association AVIGREF s’implique dans la promotion de la
culture biologique et équitable notamment celle du coton. Elle lutte
également contre l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides qui
ont des effets néfastes sur les cultures et la santé humaine. « Nous
travaillons pour faire la promotion de l’économie locale. Nous avons
aussi fait des études après qu’on ait constaté que des insectes
mourraient dès qu’ils s’approchaient des champs de riz. Nous nous
sommes posés la question de savoir si le riz issu de ce champ n’était
pas infecté avec les pesticides. Des recherches faites par l’association
Grargou Nambingou, AVIGREF
ont finalement prouvé que l’eau ainsi que le riz étaient tous atteints. »
Ajoute NAMBIGOU.
Depuis, l’Association s’investit dans la culture du coton biologique qui,
malgré le faible rendement, est de bonne qualité, donc est préféré par les
consommateurs. L’association a créé une chaine de marché durable
(supply chain*) pour plus de 450 groupes de producteurs car « le coton
bio peut être vendu à un prix élevé et les agriculteurs n’ont plus à se
soucier d’absorber les couts liés à l’utilisation des engrais chimiques »
précise le représentant de l’Association lauréate.
L’association a réussi a augmenté le taux de participation des femmes à
68% et conserver l’économie locale comme l’exige la convention de
Une membre de l’Association AVIGREF
RIO en ces points : conservation de nature, de l’économie et
l’implication des femmes.
Des efforts consentis ont également permis de réhabiliter des terres
polluées.
Mahamat Ahmat ABBAS, Coordinateur de l’Association
Tchadienne des volontaires pour la protection de l’Environnement
(ATVPE) –TCHAD.
Lauréat du Prix PNUD/UNSO en 1998 pour Meilleure pratique en
technique traditionnelle de lutte contre la désertification et d’atténuation
En chapeau : Mahamat ABBAS, Association ATVPE TCHAD
des sécheresses, et en 2001 du Prix Sultan QABOOS décerné par
l’UNESCO pour la préservation de l’environnement, l’ATVPE créé en
1996, est à son 3ième
prix avec l’Initiative Equateur.
Son objectif est de promouvoir une meilleure pratique de la fertilisation
des sols et promouvoir le droit des femmes sur les terres. Elle s’implique
entre autres dans : la formation à la restauration des écosystèmes, la
préparation des épisodes de sécheresse et l’agroforesterie.
Avec les efforts déployés, plus de 135 femmes ont pu bénéficié de
parcelles. « Nous avons négociés avec les chefs locaux des droits
fonciers des parcelles dégradées afin que des femmes assument leur
gestion pour les restaurer et les rendre plus productives » ajoute
Mahamat ABBAS.
Cette association tchadienne conçoit également des cuisinières solaires
pour les femmes et forme les plus jeunes pour servir d’Ambassadrices
au sein de leur communauté d’origine pour sensibiliser la population à la
conservation de l’environnement et les droits fonciers pour les femmes.
Ces différentes actions de l’AVTPE ont permis de réduire l’émigration,
et l’exode rural en particulier chez les jeunes.
BOUNELE Kouman SAlifou, Environnementaliste, de l’Association
des Pépiniéristes et planteurs de Tône-Ouest, Lauréat du TOGO.
L’élevage de champignons et la promotion de l’agriculture familiale
sont les principaux objectifs de cette association composée
d'environnementalistes de métier pour la plupart. Il s'agit de la mise en
place des plantations communautaires. Objectif : "100 Maisons = 100
plantations''.
"Avec cette technique, plusieurs familles ont commencé à gagner leur
vie" soutient Salifou BOUNELE.
C'est suite au constat alarmant de la dégradation des terres, la baisse des
rendements agricoles, au taux élevé de pauvreté résultant de plusieurs
décennies de culture sur brulis, que cette association est née.
Salifou Kouman BOUNELE, Association des Pépiniéristes et Planteurs de Tône-Ouest
Elle s'implique également dans l'introduction de nouvelles méthodes de
compostage, de culture de bois et de champignons pour préserver
l'écosystème, améliorer la fertilité des sols, promouvoir l'agriculture
biologique et réduire les incendies pendant la saison sèche et freiner
l'exploitation forestière clandestine.
Avec ces nouvelles méthodes, les recettes locales ont doublé et les
revenus tirés sont investies dans l'éducation dans plus de 90 villages,
ainsi que la santé et les soins aux enfants des localités.
A date, 17 communautés ont bénéficié de reboisement avec comme
impact, l'amélioration du couvert forestier.
Parlant des pays riches en biodiversité qui n'utilisent pas durablement
leurs ressources, le spécialiste en Environnement a ajouté avant de
conclure que: "C'est parce que ces pays en ont de trop qu'ils gaspillent
et ne connaissent pas l'importance ni quoi en faire. Nous au Togo,
nous avons des terres hyper-arides, c'est pourquoi on arrive à innover
pour avoir des terres humides". Comme pour tirer la sonnette d'alarme
aux populations, gouvernants et exploitants de modérer leur utilisation
des ressources car, elles pourront finir par l'action de l'homme.
"Nous associations qui militons pour l'environnement ne bénéficions
d'aucune promotion de la part de nos gouvernements respectifs.
Pourtant nous méritons qu'ils nous accompagnent, qu'ils travaillent
avec nous. Mais nous sommes souvent considérés comme des
''ennemis''. En critiquant certaines choses on pense que c'est le
pouvoir et la mal gouvernance qu'on dénonce''. Déplore t-il.
Propos recueillis par
Chérif Fatoumata
Depuis Nairobi
Pour Guineerealite.com & conakry-life.com
*Supply chain Management : gestion de la chaîne logistique en français, est un savoir-faire
d'application qui vise une mise en œuvre ou une gestion opérationnelle, soit le respect sur le terrain de
l'enchaînement des tâches (illustré par le terme de « chaîne »), ainsi que le bon fonctionnement du «système
logistique» , tel que fixé par le «cahier des charges logistique» de l'organisation concernée.