24
» P. 17 » P. 23 »  P. 4 CULTURE SPORT » suite page 3 » lire page 5 Pamela White remise à sa place Par Stephen Ralph Henri HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION MERCREDI 22 JUILLET 2015 NUMÉRO 44 WWW.LENATIONAL.HT QUOTIDIEN • 25 gourdes RÉPUBLIQUE D’HAITI ACTUALITÉ Pour le respect de la dignité nationale HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION A u cours de ce déplacement, l’ambassadeur des États-Unis a nié l’existence d’une crise humanitaire sur la frontière haïtiano-dominicaine. Pamela White avait surtout estimé « que tout semble évoluer normalement ». Lesquelles déclarations sont à l’encontre de la lecture des autorités haïtiennes, qui avaient perçu les vagues d’expulsion des immigrants haïtiens de la République dominicaine, à partir de la deuxième partie du mois de juin, comme le début d’une situation de crise humanitaire. Plusieurs milliers de personnes dans les rues pour le respect de la dignité nationale. / Photo : J. J. Augustin Des acteurs de défense des droits humains ont remis l’ambassadeur des États-unis en Haïti à sa place. Pamela Ann White avait déclaré au cours d’un déplacement à la frontière le jeudi 16 juillet, en particulier au niveau de la ville de Ouanaminthe qu’ « il n y a pas encore de crise humanitaire à la frontière ». Pour eux, la diplomate américaine a fait une mauvaise lecture de la situation et devrait cesser d’intervenir dans les questions du pays. Risque d'augmentation des prix des produits pétroliers Par Évens RÉGIS Les fêtes champêtres et les groupes musicaux Par walcam Darell Wesh et Jessica Gélibert en demi-finales par Gérald Bordes

N44

Embed Size (px)

Citation preview

» P. 17

» P. 23

»   P. 4CULTURE

SPORT

» suite page 3

» lire page 5

Pamela White remise à sa place Par Stephen Ralph Henri

HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION

MERCREDI 22 JUILLET 2015 NUMÉRO 44

WWW.LENATIONAL.HT

QUOTIDIEN • 25 gourdesRÉPUBLIQUE D’HAITI

ACTUALITÉ

Pour le respect de la dignité nationale

HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION

Au cours de ce déplacement, l’ambassadeur des États-Unis a nié l’existence d’une crise humanitaire sur la frontière

haïtiano-dominicaine. Pamela White avait surtout estimé « que tout semble

évoluer normalement ». Lesquelles déclarations sont à l’encontre de la lecture des autorités haïtiennes, qui avaient perçu les vagues d’expulsion des immigrants haïtiens de la République dominicaine, à partir de

la deuxième partie du mois de juin, comme le début d’une situation de crise humanitaire.

Plusieurs milliers de personnes dans les rues pour le respect de la dignité nationale. / Photo : J. J. Augustin

Des acteurs de défense des droits humains ont remis l’ambassadeur des États-unis en Haïti à sa place. Pamela Ann White avait déclaré au cours d’un déplacement à la frontière le jeudi 16 juillet, en particulier au niveau de la ville de Ouanaminthe qu’ « il n y a pas encore de crise humanitaire à la frontière ». Pour eux, la diplomate américaine a fait une mauvaise lecture de la situation et devrait cesser d’intervenir dans les questions du pays.

Risque d'augmentation des prix des produits pétroliers

Par Évens RÉGIS

Les fêtes champêtres et les groupes musicaux Par walcam

Darell Wesh et Jessica Gélibert en demi-finalespar Gérald Bordes

2 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

TRIBUNE

La fièvre nationaliste atteint la grande majorité du peuple haïtien jusqu’aux os en apprenant qu’on a pendu l’un

de nos concitoyens sur une place publique en république voisine, qu’on a foulé au pied puis brûlé le bicolore haïtien. Évidemment, ce n’était pas le drame le plus horrible dans l’histoire de ces deux peuples. On se rappelle, en 1937, Trujilio avait fait massacrer des milliers d’Haïtiens. Si on veut énumérer les événements macabres marquant la relation entre ces deux pays, on n’en finira pas.

Mais ce sentiment qui nous anime présentement émane-t-il du réveil d’une conscience patriotique réelle ? Pourquoi sommes-nous intéressés à la conséquence et non aux causes du déluge migratoire des Haïtiens vers la République dominicaine ? Ne serait-ce que cette affreuse situation, allons-nous donc intensément nous intéresser à notre drapeau ? Ces mouvements de protestation ne sont-ils pas une simple démarche cosmétique ? Viseraient-ils à changer l’ordre socio-économique et politique dominant en Haïti pour freiner le départ massif de nos valeureux et courageux concitoyens vers l’étranger ?

Nous sommes un peuple pompier. Nous attendons que le malheur arrive pour décider. Nous ne sommes pas intéressés à la prévention. Qui pis est, nous avons toujours un comportement de feu de paille par rapport au drame. Nous n’attendons que quelques instants pour oublier. C’est ce qui se passe avec les catastrophes, les accidents.

La situation qui se développe en République dominicaine ne nous

laisse pas indifférents. Nous sommes de la frontière nord haïtiano-dominicaine, et nous avons travaillé tout le long de cette frontière, de Dérac à Capotille. Notre observation nous permet de comprendre que l’État haïtien n’a pas le contrôle de son territoire. Alors comment cet État peut-il protéger ses citoyens ou subvenir à leurs besoins s’il n’a pas une meilleure connaissance de leur cadre de vie et de leurs conditions de vie ? La quasi-totalité des Haïtiens vivant sur « les frontières » haïtiano-dominicaines fonctionnent dans des conditions d’extrême pauvreté. Ils n’ont pas accès aux services de base, à aucune infrastructure et équipement. Ils sont livrés à eux-mêmes. Leur survie dépend en grande partie des jardins et du commerce qu’ils effectuent en République dominicaine.

Même sur le plan sécuritaire, l’État ne peut pas sécuriser leur vie et leurs biens. Dans certaines zones de la frontière, comme « Meyak », lorsqu’il ya une tension au niveau de la communauté qui dépasse un certain seuil, selon des témoignages, la population recourt au soldat dominicain pour rétablir l’ordre et la paix. Notre frontière est libre. C’est la désolation totale. Des Dominicains lourdement armés investissent souvent le pâturage des paysans de ces zones et emportent leur bétail, parfois sous prétexte de remplacer les leurs volés. C’est une situation vraiment alarmante.

L’image qu’a Haïti aux yeux des Dominicains est négative. C’est une image de pauvreté, de misère, de saleté, du mauvais… Ils nous rendent responsables de tout ce qui va mal là-bas. Nous sommes discriminés, marginalisés, stigmatisés. Nous sommes victimes de tout propos

raciste et malsain. Je me rappelle avoir entendu à Dajabon, un jour de marché, un Dominicain dire : « Haitiano sucio, vete para fuera (Haïtien sale, rentrez chez vous). » C’est une façon pour nous humilier comme peuple. Tout ceci résulte de nos conditions socio-économiques dégradantes durant ces dernières décennies.

En effet, nous comprenons que le comportement des Dominicains à notre égard émane de la représentation qu’ils se sont faite de nous. De l’image et de la perception qu’ils ont de nous. L’irrespect des Haïtiens là-bas est une construction sociohistorique ayant un ancrage social et politique. L’oligarchie dominante ne fait que transmettre des messages discriminatoires et racistes contre les Haïtiens en développant chez le peuple dominicain un antihaïtianisme.

En dépit de tout, nous ne devons pas nous déresponsabiliser par rapport à ce phénomène. Nous sommes quelque part responsables, nous les élites économiques, politiques et intellectuelles de ce pays. C’est une chance qui nous est offerte pour aboutir à des consensus sociaux via des débats au niveau de l’espace public autour des thèmes d’intérêt général. Il faut déterminer une fois pour toutes ce que nous voulons faire de ce territoire. Allons-nous continuer à construire le sous-développement ou optons-nous désormais pour la croissance, le progrès, la création d’emplois et de richesses, l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres… ?

Pour ainsi dire, les Dominicains arriveront à nous respecter le jour où nous choisirons de changer

l’image de nos villes frontalières, en les dotant d’infrastructures, d’équipements et de services nécessaires, le jour où nous parvi-endrons à diminuer le flux migra-toire par la création d’emplois et de richesses, où nous diminu-erons l’importation des produits de la République dominicaine et d’autres pays en optant pour la compétitivité, la production, l’exportation, le moment où nous choisirons de relancer de manière effective la production nationale, où les citoyens ne seront pas au-dessus des institutions, des lois, des normes, où nous cesserons avec l’impunité, le jour où la sol-idarité, l’entente, le consensus, le vivre ensemble, le compromis orienteront les grandes décisions pour la nation…

En dehors de ces facteurs, nous ne cesserons jamais d’organiser des marches pour protester contre ce que nous pouvons appeler la barbarie, la sauvagerie en République dominicaine.

Les Dominicains continueront à pendre, à poignarder, à fusiller, à empoisonner nos compatriotes, notre drapeau sera toujours souillé de honte, foulé au pied et brûlé par les Dominicains.

Pour changer ce rapport inégalitaire entre Haïti et la République domini-caine, il ne consiste pas d’organiser périodiquement des marches, de lancer des slogans, d’afficher des banderoles un peu partout contre les produits dominicains. Il est question surtout de transformer les conditions de vie des plus pauvres, de porter les forces vives de la nation à s’unir autour d’un projet de société pour mieux aborder les problèmes socio-économiques et politiques...

Les dominicains auront-ils raison un jour de nous respecter ?par Saintony Fanfan, Ecrivain, professeur Licencié en communication, sciences humaines

Jointe par Le National par le biais du service de communication de l’Ambassade, Pamela Ann White ne nie pas ses déclarations antérieures rapportées par des agences d’information, dont AlterPresse et Haïti Press Network. « Nous observons de très près la situation sur la frontière et nous travaillons avec les deux gouvernements pour nous assurer que les droits humains soient respectés », précise l’Ambassadeur au journal Le National.

Le secrétariat exécutif de la Plate-forme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (POHDH) est « surpris de cette déclaration de l’ambassadrice ». Le secrétaire exécutif de la POHDH, Antonal Mortimé, estime que l’ambassadeur White « a fait une mauvaise lecture de la situation ».

En marge d’une conférence organisée dans la matinée du 21 juillet, Antonal Mortimé a évoqué des déplacements que la Plateforme a effectués dans des zones, dont Anse-à-Pitres, Sud-Est, et Belladère dans le département du Centre, entre autres, où des expulsés vivent avec des enfants, dans l’incapacité de se nourrir et dans de mauvaises conditions d’hébergement. D’après Mortimé, la situation de ces gens est « inquiétante et est voisine d’une crise humanitaire ».

Josué Renaud est le président du « New England Human Rights Organization », avec des membres d’organisations de défense des droits humains, il dirige une mission qui collecte des données sur certaines situations préoccupantes dans le pays, telles, les prochaines élections et la situation des expulsés de la République dominicaine. Les déclarations de Pamela White, ne

sont pas étonnantes, d’après Josué Renaud qui accuse l’ambassadeur White d’avoir fait « beaucoup de torts au pays ». Pour le New England Human Rights Organization, l’ambassadeur devrait se taire dans les questions du pays. L’organisation prend « très au sérieux la question de la République dominicaine » et considère que la façon dont les immigrants sont traités n’est pas correcte, et constitue une « violation des droits humains ».

D’autres membres de la mission critiquent la politique de la République dominicaine. La présidente du National Lawyers Guild (NLG) aux États-Unis, Azadeh Shahshahani, dénonce l’actuelle politique de la République dominicaine, en passe de conduire à la déportation de milliers d’individus, dont des natifs dominicains, ce qui est mauvais. Kevin Moran, qui représente le Réseau des Droits humains des États-Unis (US Human Rights Network), croit que la situation qui se développe à la frontière constitue une « crise » parce qu’elle concerne des centaines de milliers de personnes. Pour Moran, il est faux qu’il n’y ait pas une crise à la frontière haïtiano-dominicaine. Il déplore la dénationalisation des natifs dominicains, par l’arrêt 168-13 de la cour constitutionnelle de Saint-Domingue.

L’arrêt est adopté le 23 septembre 2013. Il dénationalise tous les natifs dominicains nés de parents étrangers sur le sol dominicain à partir de 1929. Il marque le début d’un fort mouvement de chasse contre les immigrants, en particulier les Haïtiens, sur le sol dominicain.

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 3ACTUALITÉ

Le pied au solL’immeuble de la Cour de cassation est l’une des meilleures réalisations postséisme de

l’actuelle administration gouvernementale. Cette appréciation est faite suivant une vue

de l’extérieur. En attendant toute visite guidée de l’intérieur, nous maintenons l’argument

que cette construction laisse espérer une meilleure appréhension de l’espace, de la ville

et de son histoire.

Bien que les lignes triangulaires de la façade principale renvoient à une conception de

l’architecture grecque - maintenue pendant des siècles à travers toute l’Europe comme

le modèle à suivre - avec son réseau de colonnades, les couleurs et l’atmosphère qui se

dégagent de l’immeuble continuent l’harmonie de l’environnement immédiat. Placé dans

la proximité de la place du Marron Inconnu, la teinte du bâtiment reprend en leitmotiv

l’aspect de pierre naturelle, de ciment brut et de patine de bronze de l’homme à la conque

marine qu’on dirait sorti tout droit des ateliers de Michel-Ange. Feu Albert Mangonès peut

se féliciter dans sa tombe d’avoir donné le ton, la teinte ou la note chromatique qui détend

l’esprit dans une ville si tourmentée.

Le bâtiment à trois étages ne provoque pas le stress hérité du tremblement de terre. Il

semble, malgré son caractère hellénique, mieux adapté au classicisme d’un Champ de

Mars un peu bousculé de gaité et de psychédélisme depuis le kiosque Occide Jeanty à

l’avenue de la Liberté en passant par la place Henry Christophe. La Cour de cassation, vue

de l’extérieur, est à l’opposé de l’esthétique du carnaval des couleurs vives et de celle de la

fissure chaotique exprimée par les céramiques cassées qu’on impose avec un autoritarisme

qui ne dit pas son nom.

L’immeuble semble s’adapter à une sagesse de l’empereur Dessalines qui marchait les

pieds nus pour apprendre le sol du territoire : ses accalmies, ses énervements telluriques,

ses surfaces de production agricole et ses zones de défenses stratégiques. À Marchand-

Dessalines, selon une biographie du Père de la patrie exposée sur les murs du Bureau

d’ethnologie, il exigeait que les bâtiments publics soient construits à deux étages. Une

légèreté de l’habitat qui manque par ces temps de bovarysme urbain. On craint que nos

pesanteurs matérielles n’aient trop de poids sur notre fragile surface géologique.

On ne s’empressera pas de dire que la coopération Sud-Sud, avec les frères du royaume

du Soleil levant, montre plus de modestie et de savoir-faire qui fait un pari sur le long

terme, car il reste à découvrir l’immeuble de l’intérieur et avoir des précisions techniques

des ingénieurs qui l’ont construit. Avant que nos juges entrent en toute quiétude dans leur

palais modernisé, la transparence devra être de rigueur. Cela rassurera ceux qui vont faire

appliquer les lois de la République.

L’exemple de l’érection, sans clameur ni trompette, de la Cour de cassation fait espérer que

les relations bilatérales ne sont pas seulement que des intérêts financiers, mais reposent

aussi sur la finalité humaine du support à une nation physiquement affaiblie. Cela nous

porte à la déduction que face à la pompe des grandes villes occidentales, nous ne devons

pas atteindre des Babel, la tête dans les nuages, mais plutôt, des « cases » fonctionnelles,

ayant le pied au sol.

Pierre Clitandre

Édito

Pamela White remise à sa place Par Stephen Ralph Henri

HAÏTI / RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION

L’ambassadeur des États-unis en Haïti, Pamela Ann White. / Photo : J. J. Augustin

» suite de la première page

WWW.LENATIONAL.HT

10, RUE GABART · PÉTION-VILLE

EMAIL: [email protected]@LENATIONAL.HT

[email protected](509) 4611-1010 / 3214-5554

PROPRIÉTAIRE : LE NATIONAL. SA

DIRECTEUR : JEAN GARDY LORCY

DIRECTION ARTISTIQUE :FABRICE LAFLEUR

RÉDACTEUR EN CHEF : GARY VICTOR

RÉDACTEUR EN CHEF ADJ :

HENRI ALPHONSE

SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : JACQUES DESROSIERS

[email protected]

CONSEILLER À LA RÉDACTION : PIERRE CLITANDRE

SECTION ACTUALITÉ : LIONEL EDOUARD

SECTION CULTURE : DANGELO NÉARD

SECTION ECONOMIE : HENRI ALPHONSE

SECTION SPORTS : GERALD BORDES

SECTION SOCIÉTÉ : JOE ANTOINE JN-BAPTISTE

RÉDACTEURS : NOCLÈS DEBRÉUS,

CADET JEAN MICHEL, STÉPHANIE BALMIR,

EDDY LAGUERRE, KENSON DÉSIR, REYNOLD ARIS,

SCHULTZ LAURENT JUNIOR WALTER CAMEAU

PHOTOGRAPHES : JEAN JACQUES AUGUSTIN, RUBEN CHÉRY

CORRECTEURS : JEAN ERIC FOUCHÉ, FRANTZ CLERGÉ,

JACKSON JOSEPH

GRAPHISTE : JUNIOR ADME

CARICATURISTE : FRANCISCO SILVA

DISTRIBUTION : PIERRE PAUL EMMANUEL

ADMINISTRATION : RACHELLE COMPÈRE

•••••••••••••

IMPRIMÉ EN HAÏTI PAR LES ÉDITIONS DES ANTILLES S.A

4 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

ACTUALITÉ

HAÏTI / DÉPRÉCIATION DE LA GOURDE

Risque d'augmentation des prix des produits pétroliers

Par Évens RÉGIS

Des organisations de la société civile, notamment la Confédération des travailleurs et travailleuses

des secteurs public et privé (CTSP), dénoncent des manœuvres des autorités du pays en vue de procéder à une éventuelle augmentation du prix du carburant. Dans une interview accordée au National, Méhu Changeux, président du CTSP, a confirmé qu’effectivement, le ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI) et celui des Affaires sociales et du Travail (MAST) se sont déjà entretenus avec l’organisation qu’il dirige pour essayer de s’harmoniser sur ce point. Il a par ailleurs informé que le ministère de l’Économie et des Finances (MEF) caresse aussi l’idée d’entrer en pourparlers avec le CTSP, toujours sur le même sujet. « La position du CTSP est, et sera toujours contre toute augmentation du prix du carburant », a-t-il rassuré.

Alors que le CTSP tire la sonnette d’alarme, le MCI se défend et s’abstient de se prononcer sur la conjoncture. Selon les informations recueillies auprès de la Direction du commerce intérieur, le MCI n’a pas pour mission de statuer sur les prix des produits. Sa fonction entre plutôt dans le cadre d’une observation journalière du marché national, pour ensuite informer la population. Sorel Gillet, le directeur de cet organe spécialisé de l’institution, refuse d’admettre toutes théories spéculant autour des répercussions négatives de l’augmentation du dollar américain sur le secteur énergétique. L’augmentation du dollar par

rapport à la gourde, déclare-t-il, n’affecte en rien le secteur énergétique. Les prix du carburant à la pompe restent inchangés depuis le dernier rapport du MEF, paru le 3 février 2015, a-t-il ajouté. Il soutient que l’augmentation des prix du carburant n’a jamais été envisagée par le MCI.

Des chauffeurs menacent d’augmenter les prix des circuits

Tandis que le MCI se dédouane de toute responsabilité, les accrochages entre chauffeurs et passagers continuent. Des chauffeurs assurant le service de transport public ont menacé à plusieurs reprises d’augmenter les prix des courses. Prétextant la dégringolade de la gourde par rapport au dollar, qui a provoqué des effets négatifs sur le secteur du transport en commun.

D’ores et déjà, certains d’entre eux, plus particulièrement ceux assurant le trajet de Carrefour, cherchent à tirer profit de cette situation. Ils inventent une stratégie pour augmenter le prix de la course, sans que ni les passagers, ni les autorités ne l’aperçoivent. Ils trompent en effet la vigilance des responsables de la circulation, en scindant le circuit. De St-Charles à Marine haïtienne, et de Marine haïtienne au centre-ville, ils obligent les passagers à dépenser 20 gourdes, pour une course qui devait au préalable coûter 15 gourdes, prix fixé par les autorités du ministère de l’Économie et des Finances.

Interrogés par Le National, ils se disent conscients et admettent que le prix du carburant est restée inchangé jusqu’à date. Quand bien même, ils veulent un ajustement au niveau des prix des courses. Dans leurs déclarations, ils rejettent d’un revers de main le dernier rapport du MEF, statuant sur les prix des trajets. Pour eux, ce rapport n’exprime en aucun cas la réalité à laquelle ils font face aujourd’hui.

Ces chauffeurs, qui sont pour la plupart des syndicalistes, s’insurgent déjà contre toute augmentation du prix du carburant, en signalant que cela va peser très lourd, et que les effets ne tarderont pas à se faire sentir.

Davidson Pierre n’y va pas par quatre chemins pour pointer du doigt les autorités compétentes. Selon lui, il n’y a aucune raison valable qui justifie cette hausse inimaginable du dollar américain par rapport à la gourde. Ce sont les autorités, avance-t-il, qui veulent faire leur capital économique et qui ont créé cette crise. Il confie que le prix du carburant n’a pas augmenté, mais c’est comme si c’était le cas, étant donné que l’insignifiante recette journalière des chauffeurs ne peut plus répondre à présent aux exigences de la cherté de la vie, occasionnée par la dévalorisation de la gourde.

À signaler que la gazoline, le diesel et le kérosène se vendent à la pompe, respectivement, à 195, 157 et 156 gourdes. Et on a toujours besoin entre 56 et 59 gourdes pour acheter un dollar américain.

Le débat est ouvert dans certains milieux. Une éventuelle augmentation du prix de la gazoline à la pompe est à envisager, en raison de la dépréciation de la gourde face au dollar américain. Cependant, entre les autorités et les syndicats de transports en commun, déjà, les violons semblent ne pas s’accorder sur la question.

Une éventuelle augmentattion du prix de la gazoline à la pompe est à envisager. / Photo : J. J. Augustin

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 5ACTUALITÉ

Non au génocide moderne organisé, « aba rasis dominiken», « ann fè pwodiksyon nasyonal »,

ont été, entre autres slogans que l’on pouvait remarquer sur les pancartes des manifestants. Ces derniers ont imputé à l’équipe Tèt Kale les mauvais traitements subis par les compatriotes en République dominicaine. Ils ont critiqué avec véhémence la gestion de l’équipe en place qui, disent-ils, sont de mèche avec des hommes d’affaires dominicains. Ce qui les a contraints à garder un profil bas dans ce dossier

au détriment de ces milliers de pères et mères de familles.

Dans cette période de campagne électorale, certains leaders de partis politiques ont été fortement remarqués dans cette marche. Munis de t-shirts aux couleurs de leur structure respective, leurs sympathisants ont scandé les slogans de ces formations politiques. Par moment, des participants sont intervenus pour leur rappeler les vrais objectifs du mouvement.

En signe de contestation et de protestation, les signataires exigent du gouvernement Paul et de l’administration Tèt Kale un ensemble de mesures proportionnelles aux agressions dominicaines. À cet effet, une délégation de représentants d’organisations de la société civile a remis une pétition au Premier ministre, Évans Paul.

Dans cette pétition, les protestataires ont préconisé le dépôt formel du dossier par devant

les instances internationales compétentes conformément aux recommandations faites au gouvernement en date du 25 juin 2015 par les organisations de la société civile (secteurs des droits humains et religieux).

Elle contient la révision de tous les contrats de passation de marchés en cours avec les compagnies dominicaines par l’ajout d’avenant en respectant les exigences de la loi haïtienne et en garantissant entre autres, l’emploi de la main d’œuvre locale, l’inéligibilité des firmes dominicaines à la participation d’autres appels d’offres quelle que soit leur nature.

Ce document prône le développe-ment d’infrastructures universi-taires capables de répondre à la demande haïtienne et la recher-che d’accords académiques avec d’autres pays afin de diminuer progressivement le contingent d’étudiants haïtiens migrant vers la République dominicaine. À cela s’ajoute la fermeture rigou-reuse de la bande frontalière haïtiano-dominicaine toutes les fois que l’exige la conjoncture, l’interdiction de l’importation de produits dominicains en concur-rence souvent déloyale avec ceux cultivés et/ou fabriqués en Haïti.

De plus, ces recommandations concernent la mise en place des mesures incitatives pour le redressement de la production nationale. Elles incluent enfin l’établissement de mécanismes fiables d’identification des personnes expulsées et le refus d’accepter les citoyens (hommes et femmes) rendus apatrides par l’arrêt 168/13 de la Cour constitutionnelle dominicaine.

Le Premier ministre, Évans Paul a donné garantie aux organisations signataires de cette pétition que le gouvernement en prend acte. « Nous allons concerter en urgence sur la nécessité d’apporter une réponse appropriée correspondant aux aspirations du peuple haïtien», rassure-t-il.

Le chef du gouvernement a, par ailleurs, invité les Haïtiens à user de solidarité vis-à-vis des compatriotes rapatriés de la République dominicaine. Il convient de conjuguer les efforts en vue de sauvegarder la dignité du pays sans considération idéologique et politique.

Pour le respect de la dignité nationale

Par Reynold Aris

HAÏTI /RÉPUBLIQUE DOMINICAINE / MIGRATION

À l’initiative des organisations de la société civile, notamment le Collectif 4 décembre, plusieurs milliers d’Haïtiens ont marché dans les rues de Port-au-Prince le mardi 21 juillet 2015. Les organisateurs, par cette initiative, s’engagent à exiger des autorités dominicaines le retrait de l’arrêt 168-13 de la Cour constitutionnelle dominicaine frappant d’apatridie plusieurs milliers de Dominicains d’ascendance haïtienne. A été remis un ensemble de recommandations via une pétition au Premier ministre, Évans Paul dans les locaux de la Primature, au Bicentenaire (Port-au-Prince).

» suite de la première page

Respect pour la dignité nationale. / Photo : J. J. Augustin

Jean Robert Argant remet une lettre au Premier ministre Évans Paul. / Photo : J. J. Augustin

Le ministre des Affaires étrangères a. i. Lener Renaud, s’était voulu rassurant. Lors de son intervention, le mardi

20 juin, dans un des médias de la capitale, il avait affirmé qu’« il n’y a plus de problèmes de livrets de passeports». Le Ministre imputait la responsabilité de la rareté de ce document d’identification et de voyage depuis plusieurs mois aux fournisseurs européens, précisant que les livrets de passeports ne sont pas imprimés en Haïti. Profitant de l’occasion pour présenter ses excuses à la population haïtienne, il informait que, désormais, toutes les dispositions allaient être prises au niveau du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales pour assurer la livraison des passeports.

Cependant, Lener Renaud n’avait aucune information relative au nombre de livrets disponibles. Ce qui permettrait de savoir si l’offre disponible pouvait satisfaire les demandes en cours et celles en souffrance. Le National a tenté sans

succès de joindre au téléphone le ministre de l’Intérieur, M. Ariel Henry, pour plus amples informa-tions.

Peu de livraisons

Une petite visite au Service de l’immigration et de l’émigration a toutefois permis au journal de s’enquérir de la réalité empirique. L’atmosphère au sein de cette institution publique n’a pas changé d’un cran. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du bâtiment, une affluence de gens occupe l’espace pour de multiples raisons : demande de passeports ou pour l’offre de services particuliers. Au sein du bâtiment administratif, c’est le tohu-bohu. Une longue file d’attente. Lenteur administrative et les frustrations s’enchaînent.

Dans une petite salle où est assurée la livraison des passeports, pas moins d’une vingtaine de demandes vont être satisfaites. Il est 12 h 30. Certains d’entre ces personnes

ayant produit leur demande depuis le mois de mars. D’autres ressortent de l’espace frustrées et déçues. Après avoir longuement fait la queue, elles s’entendent dire de revenir dans une semaine. Alors que leur demande remonte à tantôt quatre mois.

Les citoyens désappointés

Dans cette catégorie, une femme s’est confiée au National. Bien qu’elle ait eu recours à une agence de voyage depuis le mois d’avril pour lui faciliter la tâche, son dossier traîne encore. Les responsables de cette agence, déplore-t-elle, sont partis en voyage. Aussi, lâche-t-elle, désespérément : « Je suis venue tenter ma chance. » Rejetant au passage l’idée selon laquelle il y aurait une rareté de livrets depuis plusieurs mois.

Dans cette veine, un homme d’âge mûr crache sa frustration après de longs moments d’attente infructueux. Ayant produit sa demande de passeport au mois de mars, telle ne fut sa déception d’apprendre que la livraison de son document, prévue au mois de juin, a été reportée au mois de juillet.

Et pour comble de son désarroi, ce mardi 20 juillet, il apprend avec consternation que son passeport ne pourra pas lui être livré. Un autre et pénible report lui est assené au visage.

Rareté artificielle ou réelle ?

Au niveau des agences de voyages, les non-dits relatifs à ce calvaire s’expriment ouvertement. Une responsable d’une de ces agences affirme que la rareté de livrets observée depuis plusieurs mois au niveau du Service de l’immigration et de l’émigration est artificielle. Pour les demandes de passeports actuellement, informe-t-elle, les rendez-vous sont, certes, fixés d’ici au mois d’octobre par cet organe de tutelle du ministère de l’Intérieur. Cependant, avoue cette femme qui dit bien connaître le système, si on a de l’argent, le passeport peut être livré dans une quinzaine de jours.

Un autre responsable d’agence confirme au journal que pour toute demande de passeport produite à compter de ce mois, que ce soit en urgence ou en extrême urgence, le délai de livraison est prévu au mois d’octobre. Cependant, il nous livre une autre lecture de la réalité. Selon lui, le problème de rareté est bel et bien réel. En dépit des déclarations officielles, il croit qu’une forte demande absorbe l’offre disponible.

Rappelons que dans le cadre du Programme d’identification et de documentation des immigrants haïtiens (PIDIH) en situation irrégulière en République dominicaine, 2 000 personnes ont pu obtenir un passeport.

6 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

ACTUALITÉ

Beaucoup de demandes, peu de livraisons

Par Jean Michel Cadet

'?l3(����f,(22(.-�#$�/?22$/.132���

Sujet de grande préoccupation depuis plusieurs mois, la rareté de livrets de passeports ne serait plus un problème, à en croire les plus hautes autorités du gouvernement haïtien. La mécanique semble, toutefois, être encore défectueuse. Trois mois d’attente sont nécessaires pour que le Service de l’immigration et de l’émigration livre les passeports. Et très peu de demandes sont satisfaites.

Après avoir reçu les matériels non sensibles produits par la compagnie sud-africaine Lithotech, le Conseil élec-

toral attend l’arrivée des matériels sensibles en provenance de Dubaï (Émirats arabes unis), où est basée la compagnie en charge d’imprimer ces matériels. C’est plus de onze millions de bulletins et de procès-verbaux qui devront être livrés à l’institution élec-torale, pour les législatives du 9 août 2015.

Malgré des doutes persistants chez certains acteurs politiques et le retard enregistré dans le calendrier électoral, le CEP tient jusqu’à présent ses promesses et le processus électoral fait son chemin. La campagne électorale, quoique timide, est lancée. Les

centres de vote sont déjà identifiés et connus. Les matériels non sensiblessontlivrés dans tous les départements, à l’exception du Sud-Est. Actuellement, les examens pour le recrutement des superviseurs sont en correction et les résultats seront communiqués incessamment, selon ce qu’a fait savoir maître Mosler Georges, directeur exécutif du CEP.

Quant à la liste électorale qui devrait être rendue publique trente jours avant les élections, conformément aux dispositions du décret électoral, Mosler Georges dit avoir fait son travail depuis le 9 juillet en procé-dant au tirage au sort pour désigner les partis politiques habilités à sou-mettre au CEP les noms des MBV. Tandis que la liste électorale n’est

pas encore rendue publique, certains politiques, dont l’ancien député de la 49e législature, Acluche Louis Jeune, ont fait mention de certaines irrégularités enregistrées dans la mise en place de la liste des électeurs.

Selon l’ancien parlementaire, des résidents de certaines zones de Dame-Marie, dans la Grand-Anse, auraient été délocalisés à leur insu. Contacté à ce sujet, le directeur exécutif, ne voulant pas intervenir, nous a référés au directeur du registre électoral, Philippe Augustin, qui, à son tour, indisponible, nous a donné rendez-vous au courant de cette semaine pour en discuter. Entre-temps, pour donner un peu de crédibilité au processus électoral, comme ce fut le cas par le passé,

des observateurs étrangers sont déjà à pied d’œuvre dans le pays. Les missions d’observation de l’Union européenne et de l’Organisation des États américains (OEA) sont déjà formées. Le secrétaire général de cette dernière organisation, Luis Almagro, avait nommé le 16 juillet dernier les deux chefs des missions d’observation des élections (MOE) que l’institution enverra en Haïti pour les prochaines élections. L’ancien ministre des Affaires étrangères du Costa Rica, José Enrique Castillo, conduira la mission du 9 août pour les élections législatives alors que, concernant l’élection présidentielle et les municipales du 25 octobre, la mission d’observation sera dirigée par l’ancien ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim.

Les bulletins en Haïti dès le 26 juillet

Par Noclès Débréus

'?l3(���f+$"3(.-2�+f&(2+?3(5$2���

Le Conseil électoral provisoire (CEP) s’apprête à accueillir, le dimanche 26 juillet, les matériels sensibles, constitués des bulletins de vote et des procès-verbaux. Le directeur exécutif, Mosler Georges, en a fait l’annonce dans un entretien au National, ce mardi 21 juillet.

Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations de défense des droits humains (POHDH),

souligne la nécessité pour le pays d’élire de nouveaux parlementaires au cours de l’année 2015. Il juge aussi important de maintenir la date du 9 août, telle que fixée dans le calendrier électoral, pour la tenue des élections législatives. Répondant aux questions des jour-nalistes sur le doute qui plane autour l’organisation effective des scrutins au 9 août, pour élire les nouveaux législateurs, M. Mortimé, qui participait à une conférence de presse dans la matinée du 21 juillet, au local de la POHDH, a souligné qu’ « il serait très intéressant de conserver la date du 9 août », pour organiser ces élections. Ces scrutins constituent une « obli-gation », d’après Antonal Mortimé qui y en voit un moyen de sortir le pays de la période de transition dans laquelle il se trouve depuis la fin du mandat des députés de la dernière législature (49e ) et le dys-fonctionnement du Sénat depuis le deuxième lundi du mois de janvier

2015. Cependant, des membres de divers secteurs dans la société con-tinuent de douter de l’organisation de la première journée électorale pour choisir les nouveaux parlemen-taires. Pour prévenir les possibles troubles à l’issue de l’organisation de cette première journée de vote, le défenseur de droits humains invite le Conseil électoral à prendre « toutes les dispositions pour qu’il n’y ait pas de crise postélectoral ». Des membres d’organismes étrang-ers de défense des droits humains, faisant partie d’une mission d’enquête qui séjourne au pays du 19 au 25 juillet, ont aussi par-ticipé à cette conférence au local de la POHDH. Ces missionnaires se sont penchés sur plusieurs dos-siers brûlants, dont l’organisation des élections, la question de mau-vaises gestions des fonds remis à la Croix-Rouge américaine après le séisme de janvier 2010 et l’affaire de l’expulsion des migrants haïtiens de la République dominicaine. Josué Renaud est le président du New England Human Rights Orga-nization. Il dirige la délégation présentement en Haïti. Intervenant

sur la question des problèmes qui surviennent généralement après l’organisation des élections, Renaud exhorte le Conseil à faire en sorte de « donner les résultats réels, ceux qui reflètent exactement l’expression du vote de la population ». « Il appartient au peuple (haïtien) de choisir sa direction », argue un autre membre de la délégation, Kevin Moran, représentant du Réseau des droits humains des États-Unis (US Human Rights Network). Dans cette même lancée, il souligne que le Réseau est opposé « à toute influence extérieure qui cherche à bloquer ces élections, y compris le gouvernement américain ». La

réalisation d’élections « justes et honnêtes » dans le pays au cours de l’année 2015, tel est son souhait.

La Plateforme a aussi évoqué des irrégularités observées dans l’avancement du processus électoral, notamment le silence sur les élections locales, destinées à élire les dirigeants au niveau communal et des sections communales, le retard pris pour publier la liste des centres de vote et des électeurs. Elle a également déploré les retards dans l’application du calendrier électoral, ce qui est susceptible d’occasionner une diminution du taux de participation de l’électorat.

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 7

La POHDH contre tout report des législatives Par Stephen Ralph Henri

'?l3(���f+$"3(.-2���

Le secrétariat exécutif de la Plateforme des organisations de défense des droits humains (POHDH) souhaite le maintien de la date du 9 août pour l’organisation des prochains scrutins législatifs, alors que des membres d’organisations de défense des droits humains actives à l’échelle internationale, de leur côté, s’opposent à toute influence étrangère pouvant empêcher la tenue de ces élections comme planifiée par les dirigeants haïtiens.

Josué Renaud et Antonal Mortimé. / Photo : Stephen Ralph Henri

8 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

MONDE

Dans l’état actuel des négocia-tions sur le climat, l’accord qui se dessine est insuffisant pour maintenir le réchauffe-

ment de la planète sous 2°C, a déclaré mardi François Hollande, qui a lancé un nouvel appel à la “mobilisation de tous”.

Le président français sera l’hôte de la conférence des Nations unies sur le climat (COP21) prévue à Paris en décembre et considérée comme une des dernières chances de conclure un accord universel sur la réduction des gaz à effet de serre. Il s’adressait à une quarantaine de responsables religieux, d’intellectuels et de « personnalités morales » du monde entier réunis à Paris pour lancer un « Appel des consciences pour le climat » aux dirigeants politiques et aux négociateurs.

Le chiffre de 2°C est considéré par les scientifiques comme le seuil au-delà duquel les dégâts provoqués par le réchauffement climatique seraient irréversibles, y compris sur le plan de la sécurité et de la paix dans le monde.

Or, « avec un accord qui pourrait être celui qu’on entrevoit avec les négociations (actuelles) et avec les contributions qui ont été déposées par chacun des Etats, nous sommes encore au-dessus de 2°C, sans doute 3°C », a dit François Hollande.

Le niveau d’ambition du projet d’accord est un des sujets au menu d’une réunion ministérielle de deux

jours à laquelle les représentants de 52 pays et organisations participent depuis lundi à Paris, pour tenter de donner un coup d’accélérateur politique aux négociations.

Les contributions nationales à la lutte contre le réchauffement, que doivent déposer les 195 pays participants à la COP21 d’ici octobre arrivent en outre au compte-gouttes.

A ce jour, seulement 47 pays, dont les 28 de l’Union européenne, les

Etats-Unis, la Chine et la Russie, ont déposé les leurs.

UN CHOIX ÉTHIQUE

Selon les scientifiques, maintenir le réchauffement sous 2°C signifie pour l’ensemble des pays de la planète renoncer à utiliser 80 % des ressources d’énergies fossiles encore facilement accessibles, a rappelé François Hollande.

Cela suppose que l’usage des énergies renouvelables devienne à

terme la norme, mais pas seulement, a-t-il poursuivi. « Les émissions générées par l’exploitation des terres représentent environ un quart des émissions globales de gaz à effet de serre », a-t-il expliqué. « Mieux gérés, les sols, les surfaces agricoles, les prairies, les zones humides, les forêts peuvent rapidement absorber et stocker sept à 10 gigatonnes d’équivalent carbone et cela chaque année, jusqu’en 2030. »

Cela représenterait la moitié de la réduction des émissions de CO2 nécessaires sur les 10 à 20 années à venir et aurait pour effet de stimuler la fertilité des sols, donc de contribuer à la sécurité alimentaire mondiale, a-t-il fait valoir. « Vivre dignement où l’on est né, ne pas avoir à quitter son pays pour chercher subsistance, c’est aussi la garantie d’un monde plus sûr », a-t-il ajouté. “Voilà ce qui est en jeu (...) Cet enjeu est si grand qu’il exige la mobilisation de tous.”

La question climatique ne se réduit pas à ses dimensions scientifique, technologique, économique et politique, a enfin insisté le chef de l’Etat français. « La cause profonde de la dégradation de l’environnement et du climat, c’est un mode de vie, un mode de production, un mode de consommation, qui n’est plus compatible avec le développement humain. C’est donc un rapport à la planète qu’il faut repenser entièrement et donc un choix éthique qui doit être partagé. »

Hollande juge insuffisants les efforts envisagés sur le climat Sources : Reuters

François Hollande a lancé mardi un nouvel appel à la « mobilisation de tous » pour le climat, jugeant que, dans l’état actuel des négociations, l’accord qui se `iÃÃ��i�iÃÌ���ÃÕvwÃ>�Ì�«�ÕÀ��>��Ìi��À��i�ÀjV�>Õvvi�i�Ì�`i��>�«�>�mÌi�Ã�ÕÃ�Óc°�É*��Ì�\��«À�Ãi��i�Ó£��Õ���iÌ�Óä£xÉ, 1/ ,-É Ì�i��i��>ÕÀi�ÌÉ*���

Des maires du monde entier au Vatican pour dire non à l'esclavage et au réchauffement

Sources : AFP

Une soixantaine de maires de grandes villes dans le monde se sont réunis mardi au Vatican, à l’invitation du

pape François, pour affirmer leur engagement à lutter contre l’esclavage moderne et le réchauffement climatique.

Les maires de Rome, Paris, New York, Madrid ou de Sao Paulo se sont relayés à la tribune pour dénoncer la persistance de l’esclavage dans les sociétés modernes. « L’esclavage existe toujours dans nos villes, y compris ici-même à Rome », a lancé le maire de la capitale italienne Ignazio Marino.

Ancien chirurgien, M. Marino a particulièrement dénoncé le trafic d’organes, dont il assure qu’il est appelé à se développer, tant la demande est forte. Quelque 10 000 opérations sont effectuées chaque année pour extraire des organes, des reins à 75 %, au bénéfice de riches patients dans le monde.

Ces opérations illégales sont essentiellement réalisées en Chine, en Inde et au Pakistan, a-t-il assuré.Mais, a-t-il averti, « l’Afrique est la nouvelle frontière » de ce trafic international. Le maire de Rome a également mis en garde contre la tentation de légaliser ce trafic en autorisant le don d’organes à

but lucratif, comme cela est, selon lui, envisagé aux Etats-Unis. Cette conférence, organisée au Vatican, a aussi entendu le témoignage de deux jeunes mexicaines Karla Jacinto et Ana Laura Perez Jaimes, toutes deux « esclaves » pendant des années dans leur pays. Karla a dès l’âge de 12 ans été contrainte à se

prostituer, enfermée dans un bordel mexicain où elle a fait le compte de ses « clients » jusqu’à sa libération à l’âge de 16 ans: plus de 42 000. Ana Laura a raconté de son côté avoir vécu pendant cinq ans enchaînée et contrainte de travailler parfois 20 heures par jour, jusqu’à ce qu’elle parvienne à s’échapper à l’âge de 23 ans. « Il n’est pas possible que cela existe encore, il n’est pas possible que nous restions aveugles » face à cette situation, a-t-elle lancé.

« Il faut changer nos modes vie», a préconisé de son côté Anne Hidalgo, maire de Paris, appelant à mettre en œuvre une « économie du moindre impact », privilégiant par exemple le recyclage.

Mme Hidalgo s’est félicitée de l’invitation du pape, qui a permis de confronter les expériences de dizaines de maires dans le monde sur des thématiques essentielles, « grande première très utile », a-t-elle dit, lors d’un point de presse.

�i��>�Ài�`i� iÜ�9�À������`i��>Ã�����ÀÃ�`½Õ�i�V��vjÀi�Vi�>Õ�6>Ì�V>���i�Ó£��Õ���iÌ�Óä£x°�É�*��Ì��\�Ƃ�*ÉƂ�*

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 9MONDE

Trois journalistes espagnols portés disparus en Syrie Sources : 20minutes.fr/ avec AFP

Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter s’est efforcé mardi de rassurer les alliés de Washington au Moyen-

Orient au sujet de l’accord nucléaire conclu avec Téhéran, lors d’une tournée régionale qui l’emmène en Israël, Jordanie et Arabie saoudite.

A Jérusalem, il a rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui refuse de se résigner à l’accord historique adopté le 14 juillet, par lequel Téhéran a accepté de réduire ses capacités en échange d’une levée progressive et réversible des sanctions internationales. Les deux hommes, qui se sont salués d’une longue poignée de main, n’ont fait aucune déclaration à l’issue de la rencontre. Mais à son arrivée en Jordanie, M. Ashton Carter a souligné que les Etats-Unis et Israël « ont un engagement commun pour contrer l’influence pernicieuse de l’Iran dans la région ».

Il a toutefois admis que M. Netanyahu « a fait clairement savoir qu’il est désaccord avec nous à propos de l’accord sur le nucléaire iranien. Mais des amis peuvent être en désaccord ». « Nous allons continuer à travailler avec Israël et d’autres partenaires dans la région pour contrer le danger provenant d’Iran comme nous le faisons contre l’organisation de l’Etat islamique », a-t-il ajouté, devant des militaires de six pays engagés dans la coalition antijihadiste. « Cet ennemi (l’EI) doit être défait. Cela sera chose faite parce que les barbares sont toujours vaincus par la civilisation », a-t-il assuré, s’adressant à une poignée de mécaniciens au pied d’un F-16 américain. M. Carter doit ensuite se rendre mercredi en

Arabie saoudite, autre pays inquiet de l’accord conclu avec l’Iran. M. Netanyahu et une écrasante majorité des responsables politiques israéliens, toutes tendances confondues, condamnent l’accord car ses clauses ne sont pas, selon eux, suffisamment strictes pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire et de s’en servir contre Israël, dont les dirigeants iraniens appellent régulièrement à la destruction.

Téhéran, qui ne reconnaît pas l’existence d’Israël, a toujours nié vouloir se doter d’une telle arme.Pour tenter de rassurer son allié, M. Carter a indiqué lundi que les Etats-Unis étaient prêts à muscler leur coopération militaire avec Israël, citant notamment la défense anti-missiles ou la sécurité informatique.Il a aussi assuré qu’Israël, considérée comme la seule puissance nucléaire de la région mais qui maintient l’ambiguïté sur son armement,

restait « la pierre angulaire » de la politique américaine au Moyen-Orient.

Mais Israël n’est pas prêt, pour le moment, à discuter de compensations américaines sous la forme d’une aide militaire accrue, ses efforts étant encore concentrés sur un échec ou au moins un affaiblissement de l’accord, soulignent les commentateurs.

Influencer les Américains

« Israël ne peut pas le dire aussi clairement mais ils ne peuvent pas coopérer avec les Américains concernant les compensations avant le vote du Congrès américain sur l’accord » conclu avec l’Iran, estime Eytan Gilboa, professeur de sciences politiques à l’université de Bar-Ilan, près de Tel-Aviv, spécialiste des relations israélo-américaines. Le Congrès américain à 60 jours à partir de ce lundi pour se prononcer,

et Benjamin Netanyahu, qui compte de nombreux alliés parmi les parlementaires républicains, a lancé des appels pour que ces derniers le rejettent.

La vice-ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Hotovely, a réaffirmé mardi qu’Israël ne se résignait pas à l’accord, au lendemain du feu vert donné à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU à l’accord nucléaire conclu entre l’Iran et les cinq membres permanents du Conseil (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l’Allemagne.

« Cet accord est mauvais et nous allons continuer de nous battre pour changer les choses », a-t-elle déclaré devant une commission parlementaire.

« Au jour d’aujourd’hui Israël veut que le Congrès vote contre l’accord ou contre de nombreuses clauses de l’accord (...) Mais il est probable que l’accord sera voté, et à ce moment-là commenceront les discussions sur toutes sortes de compensations », explique Eytan Gilboa.

Les Etats-Unis fournissent actuellement à Israël environ 3 milliards de dollars d’aide militaire par an, sans compter le financement d’autres projets, comme le système de défense antimissiles Dôme d’acier.

La signature de l’accord avec l’Iran va pousser Washington à accroître son assistance militaire à Israël mais aussi à ses alliés arabes de la région, estime Eytan Gilboa, craignant une course aux armements

Nucléaire : Israël pas prêt à se résigner malgré les assurances américaines Sources : AFP

�i�ÃiVÀjÌ>�Ài�>�jÀ�V>���D��>��jvi�Ãi�ƂÃ�Ì���>ÀÌiÀ�­}®�iÃÌ�>VVÕi�����«>À��i�*Ài��iÀ�����ÃÌÀi��ÃÀ>j��i��i��>���� iÌ>�Þ>�Õ]��i�Ó£��Õ���iÌ�Óä£x�D��jÀÕÃ>�i�°�É�*��Ì�\�«>À�� Ƃ� ���Ƃ�Ƃ ƂÉƂ�*

Trois journalistes espagnols sont portés disparus en Syrie depuis une dizaine de jours, a annoncé mardi la présidente

de la Fédération des associations de journalistes espagnols.

Ils n’ont plus donné de

nouvelles depuis le 12 juillet

« Pour le moment, nous pouvons seulement parler de disparition », a déclaré Elsa Gonzalez sur la chaîne de télévision publique espagnole TVE 24 heures, expliquant que l’on était sans nouvelles des trois hommes depuis le 12 juillet, date à laquelle ils se trouvaient dans la région d’Alep (nord-ouest).

Les trois journalistes indépen-dants, Antonio Pampliega, Jose Manuel Lopez, et Angel Sastre sont arrivés aux alentours du 10 juillet et n’ont plus donné de nouvelles depuis le 12. On ignore s’ils étaient

ensemble et pour quels médias ils travaillaient. Antonio Pampliega a contribué à la couverture texte de l’AFP en Syrie jusqu’en 2013. Jose Manuel Lopez a participé à la couverture photo de l’AFP de plu-

sieurs conflits, dont celui en Syrie jusqu’en 2013.

Des raisons de s’inquiéter

« Il y a d’intenses combats dans

cette région et par conséquent il existe des raisons de s’inquiéter », a encore déclaré la présidente de la FAPE.

La ville d’Alep, la deuxième de Syrie, est divisée depuis la mi-2012 entre rebelles et loyalistes, et vit régulièrement des bombardements. La guerre en Syrie, qui a commencé par des manifestations pacifiques ayant dégénéré après avoir été réprimées dans le sang, a fait plus de 230.000 morts depuis mars 2011.

Régime, rebelles, Kurdes et jihad-istes s’affrontent sur un territoire de plus en plus morcelé.

Mardi, au moins 18 civils ont été tués et des dizaines ont été blessés mardi par le tir d’un « missile sol-sol » des forces du régime syrien sur la Vieille ville d’Alep, a rapporté une ONG.

1�i���õÕji�D�Ƃ�i«�­��À`�`i��>�-ÞÀ�i®��i�ÓÓ�>�×Ì�Óä£Î°�É�*��Ì�\���Õ>��ƂL��>����`�Ƃ�*

10 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

ÉCONOMIE

Cinquante cinq millions de dollars pour la surveillance hydrométéorologique et l'adduction d'eau potable Par Henri Alphonse

L’accord relatif à la mise en œuvre, prochainement, du programme pilote pour la résilience climatique des

Fonds d’Investissement climatique prévoit un montant de USD cinq millions pour le financement des activités programmées. Le projet vise à renforcer la capacité du ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) à fournir des services d’information hydrométéorologique et climatique personnalisés aux agriculteurs et aux intervenants d’urgence pour augmenter la préparation et la résilience du pays aux catastrophes et aux changements climatiques. Sa finalité est d’aider Haïti à mieux « se préparer aux conditions météorologiques extrêmes tels que les inondations, les sécheresses et les ouragans ».

Mary Barton-Dock, l’envoyée spéciale de la Banque mondiale en Haïti, est d’avis que ce projet contribuera à atténuer les contraintes relatives à l’accès aux informations météorologiques indispensables aux agriculteurs « afin qu’ils soient mieux préparés et en mesure de faire face aux chocs agricoles et climatiques ».

Les résultats escomptés font état de 80 techniciens et professionnels environ qui seront formés à l’utilisation des applications de données météorologiques et climatiques. Une plateforme de données ouverte, accessible en ligne, facilitera par ailleurs la consolidation des données recueillies à l’échelle nationale sur l’hydrologie, la météorologie, l’environnement marin et d’autres stations du genre. Quarante

comités de protection civile et agriculteurs municipaux à l’échelle nationale pourront ainsi accéder à « des services d’information améliorés, incluant les alertes précoces et des informations de planification d’urgence ».

Prévention des risques

Une note de presse du ministère de la Communication fait l’exposé des motifs en déclinaison avec la finalité de la démarche. Environ 96 % de la population haïtienne, rappelle-t-elle, vit dans « des zones exposées à deux ou plusieurs risques, y compris les ouragans, les inondations, les tremblements de terre, les glissements de ter-rain et les sécheresses. Le secteur agricole, qui contribue à plus de 25 % du PIB d’Haïti et qui est la principale source de revenus des ménages ruraux, est fortement dépendant de la pluviométrie et particulièrement exposé aux effets du changement climatique, avec seulement 1 % des agriculteurs utilisant l’irrigation ».

La note met l’emphase sur les ris-ques hydrométéorologiques qui ont, au cours de la dernière décen-nie, « touché 1,3 million de per-sonnes, tué plus de 6000 et causé des pertes annuelles moyennes équivalentes à près de 2 % du PIB ». Et le Ministère de rappeler que plus de 70 % des familles rurales a été économiquement affectée par les chocs météorologiques clima-tiques.

Ce programme pilote, en plus de renforcer les capacités de l’unité hydrométéorologique du MARNDR, devrait améliorer les performances

des pouvoirs publics en matière de coordination entre divers organ-ismes gouvernementaux clés dans le secteur, notamment le ministère de l’Environnement (MDE), le Centre national de l’Information géospatiale (CNIGS), la Coordina-tion nationale pour la Sécurité ali-mentaire (CNSA), le Comité inter-ministériel pour l’Aménagement du Territoire (CIAT) et la Direc-tion de Protection civile (DPC) du ministère de l’Intérieur. Ce projet, de cinq ans, sera mis en œuvre par le ministère de l’Agriculture.

50 millions pour la DINEPA

Le second accord signé ce mardi met la Direction nationale de l’Eau potable et de l’Assainissement (DINEPA) en mesure de pro-grammer l’exécution de travaux d’adduction d’eau potable en milieu rural. Ce projet, qui sera financé par la Banque mondiale sur une période de six ans, couvri-ra les départements géographiques du Grand Sud, le Sud, le Sud-Est, la Grand-Anse, les Nippes. Le département du Centre est égale-ment dans la ligne de mire du projet. À l’origine de cette initia-tive, des rencontres de réflexion réunissant les techniciens de la DINEPA, du ministère de la Santé publique (MSSP), de la Banque mondiale.

Les zones aux plus forts taux de prévalence du choléra seront, dans le cadre des interventions planifiées, considérées comme prioritaires. Le Grand Sud a déjà bénéficié, dans le temps, d’un programme du genre et la nouvelle initiative compte y opérer des travaux de consolidation des

résultats précédemment obtenus.Pas question toutefois d’intervenir pour améliorer l’accès à l’eau potable sans se préoccuper de l’assainissement, prévient Benito Dumay, le directeur général de la DINEPA. « Nous espérons pouvoir améliorer les conditions de vie d’une population d’environ 300 000 personnes ». Des travaux d’approvisionnement en eau potable et des activités d’assainissement ponctueront la programmation des interventions envisagées sur le terrain. Ces actions concrètes iront de pair avec des interventions visant le renforcement de la DINEPA et des OREPA, ces Offices régionaux d’Eau potable et d’Assainissement, représentant des structures déconcentrées de la DINEPA et chargés de la prestation du service d’eau potable en milieu urbain ainsi que de la « gestion » des systèmes en milieu rural gérés de fait par des comités d’eau.

La DINEPA et les OREPA, pour mémoire, ont remplacé deux entreprises publiques : la Centrale autonome métropolitaine d’eau potable (CAMEP), qui était responsable de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et le Service national d’eau potable (SNEP), responsable dans le temps pour les villes secondaires et en théorie, les zones rurales.

Une campagne de sensibilisation, visant le changement de comportement des communautés ciblées, viendra accompagner le processus. « Nous n’avons pas encore d’assainissement collectif, nous en sommes encore au stade individuel et nos observations nous conduisent à évaluer l’ampleur du travail à accomplir à cause de cette habitude qu’ont les gens de se soulager à l’air libre », déplore le directeur général de la DINEPA. « Nous espérons ainsi parvenir à éliminer le spectre du choléra qui hante encore diverses localités du pays ».

Haïti, doit-on le rappeler, fait face à des défis considérables dans le secteur d’eau potable et d’assainissement. Une situation caractérisée notamment par un accès presque nul aux services publics et la faiblesse des institutions chargées de l’offre des services sociaux de base. Ce, malgré l’omniprésence des ONG intervenant particulièrement en milieu rural et dans les quartiers défavorisés.

POUR UNE MEILLEURE GESTION DES RISQUES

Les deux accords de dons signés ce mardi 21 juillet en début d’après-midi, en présence de représentants des Pouvoirs publics et de la Banque mondiale font état d’un don de 55 millions de dollars pour renforcer les capacités de l’unité hydrométéorologique du ministère de l’Agriculture et de la DINEPA.

Les conséquences des aléas hydrométéorologiques ont, au cours de la dernière décennie, tué plus de 6000 personnes et

causé des pertes annuelles moyennes équivalentes à près de 2% du PIB. / mma1.org

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 11ÉCONOMIE

INVESTISSEMENTS DIRECTS

La diaspora africaine, une puissance financièrePar Patrick Ndungidi / Huffington Post

Les transferts de fonds sont en constante augmentation en Afrique et constituent une manne financière susceptible de contribuer au développement des économies du continent.

Les transferts de fonds vers l’Afrique connaissent une nette augmentation. Mais les tarifs des sociétés de messagerie

financière restent élevés. En 2014, selon la Banque mondiale, près de 120 millions d’africains ont reçu 60 milliards Usd envoyés par 30 millions d’africains de la diaspora.

Ce montant est supérieur à l’aide publique au développement (56 milliards de dollars en 2014) et aux investissements directs étrangers (50 milliards de dollars).

Les transferts de fonds sont en constante augmentation en Afrique et constituent une manne financière susceptible de contribuer au développement des économies du continent. Pour Patrice Buabua, Secrétaire général de la FIBANK RDC, les flux migratoires sont le principal moteur de cette filière. « Les perspectives démographiques du continent augurent davantage d’opportunités pour ce secteur. La population africaine passera à 2 milliards d’habitants en 2050 contre 830M en 2010. Ces fonds de la diaspora continueront à contribuer aussi bien à la croissance des sociétés de messagerie financière internationale qu’a la situation sociale des africains », explique-t-il.

Contribuer aux économies locales

En effet, les fonds envoyés par les africains sont beaucoup plus destinés à régler des problèmes d’ordre social: soins de santé, frais scolaires, logement, etc. Cepen-dant, Pour Serge Mbay, Directeur Général de « MoneyTrans » en RDC, les transferts de fonds de la diaspora africaine lorsqu’ils sont judicieusement canalisés et gérés, peuvent constituer des capitaux de

départ aux investissements locaux vitaux, susceptibles de résorber la pauvreté.

Dans l’atteinte d’un tel objectif, les banques ont un grand rôle à jouer car le réseau bancaire demeure le principal canal de circulation de ces flux financiers. « Les acteurs du système bancaire ont tout à gagner à conscientiser les récepteurs de ces fonds sur les enjeux de l’épargne. Il faut créer des passerelles bancaires, des produits mixtes destinés à inciter cette catégorie de clients à structurer leur relation avec les banques. En ce sens, l’activité de messagerie financière peut être appréhendée comme un accélérateur de la bancarisation en Afrique », explique le SG de la FIBANK.

Serge Mbay, pour sa part, estime que les pays africains doivent systématiquement organiser la gestion ou la prise en charge de leurs diasporas en leur offrant des possibilités et des facilités d’investissement au pays, avec la garantie d’un minimum de sécu-rité générale. « Il importe aussi de

promouvoir et de soutenir les insti-tutions locales de services qui pro-posent la canalisation judicieuse de ces flux d’argent », précise-t-il.

Juriste et analyste financier, Ma- dimba Kadima Nzuji, propose que les Etats africains puissent créer leurs propres agences de transfert ou qu’ils puissent entrer dans le capital de celles qui sont sur leurs territoires. En outre, préconise-t-il, l’Etat peut obliger les agences de transfert à baisser leurs prix. Ce qui pourrait entraîner une augmenta-tion soit des volumes de transfert, soit des montants envoyés.

Une économie de quatre milliards

A l’heure actuelle, le coût des envois est très élevé en Afrique, avec une moyenne de 12,4 %. Selon la Banque mondiale, baisser le coût des transferts à 5 % pour-rait faire économiser quatre mil-liards de dollars à la diaspora afri-caine. Mais le directeur général de Money Trans explique ces coûts élevés par le fait que les sociétés de MF surtout en Afrique subsa-harienne demeurent physiques,

c’est-à-dire basées sur un service physique et une logistique matéri-elle conséquente. « Cela constitue des charges financières. En outre, si le régime fiscal des pays est con-traignant, il va naturellement les obliger à réajuster leurs tarifs au risque de disparaître », note-t-il.

Selon Patrice Buabua, c’est toute la problématique du risque que représente la zone Afrique (fiscalité inadaptée, tracasseries administra-tives, etc.) qui s’exprime sur le prix de la prestation. « Ces transferts ont un coût relativement élevé certes mais, vu les résultats annu-els des sociétés de MFI, cette situ-ation accrédite aussi la thèse selon laquelle le risque peut être un facteur d’augmentation des profits », nuance le Secrétaire général de la FIBANK. Pour Madimba Kadima Nzuji, l’Etat doit donc soit multi-plier les acteurs par des incitants, soit obliger les agences à baisser les prix.

Dans tous les cas, la diaspora afric-aine demeure une force financière avec laquelle les gouvernements devront compter pour booster les économies locales.

La table ronde « gouvernement »-diaspora congolaise organisée par l’ambassade de la RD Congo en Belgique. / ©

V�i��wÌ>�iÜð�iÌ

RWANDA | RELANCE ÉCONOMIQUE

La Banque mondiale prévoit un taux de croissance de 7,4 % en 2015Source : Xinhua

Selon ces projections, le taux de pauvreté au Rwanda devrait également reculer de 63 % en 2011 à 54 % en 2016, ce

qui signifie que près d’un million d’habitants passeraient au-dessus du seuil de pauvreté.

Le taux de croissance du Rwanda est remonté à 7 % en 2014, après

avoir atteint en 2013 son plus bas niveau depuis 2013, à 4,7%, selon ce rapport.

Cette reprise est notamment attribuable à la consommation des ménages et aux dépenses publiques, ce qui se reflète dans la croissance accélérée du secteur des services.Toutefois, la politique budgétaire

du pays est moins expansionniste ces derniers trimestres. D’un autre côté, les développements sur le plan monétaire sont favorables à l’économie.

Yoichiro Ishihara, économiste en chef et directeur de l’équipe qui a rédigé ce rapport, a indiqué que les prêts bancaires étaient revenus à

leur niveau antérieur à la baisse de l’aide internationale.

« Le faible taux d’inflation et l’appréciation des taux de change effectifs réels sont favorables à une politique monétaire accommodante pour soutenir l’économie par les financements », a déclaré M. Ishihara.

La Banque mondiale prévoit que le taux de croissance économique au Rwanda devrait atteindre 7,4 % en 2015 et 7,6 % en 2016, d’après son Rapport économique mis à jour sur le Rwanda (REU) publié mercredi dernier à Kigali.

12 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

ÉCONOMIE

Au Pérou la lutte des peuples contre des mines dévastatrices Par Alain Sousa / Reporterre

L’EAU OU L’OR

Dans le nord du Pérou, un projet pharaonique de mine d’or baptisée Conga menace les réserves en eau de toute la

région de Cajamarca. Les populations locales luttent pour empêcher son implantation, mais le combat est loin d’être gagné et la répression féroce, comme en témoigne la mort de cinq opposants tués en 2012 dans une manifestation.

« Agua Si, Oro No ! » C’est le cri qui retentit depuis plusieurs années à Celendín, petite ville perdue dans les montagnes du nord du Pérou. Ici, l’agriculture est reine, la région possède de nombreuses ressources en eau. Mais le sous-sol est depuis toujours convoité pour ses ressources en or. La région de Cajamarca héberge déjà la plus grande mine d’or d’Amérique du Sud, Yanacocha, exploitée depuis 1993.

Approuvé en 2010 par le gou-vernement péruvien, le nouveau projet dénommé Conga est situé à quelques dizaines de kilomètres. Le consortium qui souhaite exploit-er la mine est détenu à 51,35 % par Newmont Mining Corporation, une compagnie américaine basée à Denver, Colorado. Suivent un groupe péruvien, Compañía de Minas Buenaventura (CMB, 43,65 %) et International Finance Cor-

poration (IFC, 5 %), une exten-sion de la Banque mondiale. L’investissement prévu approche les 5 milliards de dollars.

Pour les groupes étrangers, venir exploiter l’or au Pérou est extrême-ment intéressant. La main d’œuvre est très bon marché, et le gou-vernement a adopté une série de mesures incitatives pour aider les multinationales à s’implanter, notamment en facilitant l’achat de terres au détriment des droits des communautés.

Nous ne buvons pas d’or !

Le projet aurait dû démarrer en 2014, mais il est toujours en sus-pens grâce à la mobilisation citoy-enne des habitants de Celendín et de la région. Car la mine constitue une grave menace environnemen-tale, notamment pour les res-sources en eau de la région. Le site choisi est placé à l’endroit d’où partent les sources qui alimentent des rivières vers le Pacifique mais également vers l’Amazonie, telle la rivière Marañón, l’une des plus importantes du pays.

Selon l’organisation Front Line Defenders, qui a réalisé une enquête approfondie en 2014, le projet Conga devrait assécher 4 lacs, 27 lagunes, 700 sources

et 60 canaux d’irrigation ! Car la mine nécessitera plus de deux mil-lions de mètres cube d’eau par an pour son fonctionnement. Certes, la compagnie minière a promis la construction de quatre réser-voirs d’eau, censés remplacer les lacs, dont trois seront destinés à fournir l’eau potable pour les populations locales... Une maigre compensation, qui ne restaurera pas l’écosystème original, et qui de plus placera les populations locales directement sous la dépendance de la compagnie minière pour l’accès à l’eau...

Autre problème de taille, le retrait-ement de ces millions de mètres cube d’eau, pour éviter la pollution des nappes. Les exemples ne man-quent pas au Pérou de contami-nations. Selon Hanne Cottyn, de l’association belge Catapa, « 70 % des eaux de la ville de Cajamarca, proche de la mine de Yanacocha, montrent une contamination. A Bambamarca, autre province qui possède plusieurs mines, des pro-blèmes similaires ont été rencon-trés. »

L’impact sur les ressources en eau va au-delà de la seule exploitation de la mine : il existe déjà trois pro-jets de barrage dans la région de Celendín et quatre dans la prov-ince de Cajamarca. Au moins un de ces barrages sera destiné unique-ment à alimenter en énergie le projet Conga en énergie.

La lutte des communautés locales

Les populations locales sont forte-ment mobilisées contre le projet Conga. Au-delà de la menace directe sur les ressources en eau, les habitants ont en mémoire les précédents concernant la mine de Yanacocha, dont de nom-breuses promesses non tenues et autres problèmes de corruption. Et ils restent insensibles aux allégations de développement et d’enrichissement de la province. Les mêmes discours étaient pro-

noncés dans les années 90, lors de l’ouverture de la mine voisine. La région était alors la quatrième région la plus pauvre du Pérou. Après vingt ans d’exploitation de la mine, Cajamarca a dégringolé à la dernière place, devenant la région la plus pauvre du pays, avec 51,9 % de la population qui vit sous le seuil de pauvreté.

Entre les populations et la com-pagnie minière, l’Etat péruvien a clairement choisi son camp. Les défenseurs de l’environnement sont qualifiés de terroristes, des mesures exceptionnelles de sur-veillance et de lois anti-agitateurs sont adoptées. L’Etat n’hésite pas à mettre en place l’état d’urgence après les manifestations les plus violentes, ce qui permet des arres-tations sommaires, la fouille des maisons sans mandat, et autres mesures arbitraires. On assiste également à des mélanges de rôles, avec des policiers qui sont directe-ment rémunérés par la compagnie minière.

La répression ne se limite pas à une restriction des droits civiques et des libertés. En 2012, cinq man-ifestants ont été tués par la police, quatre de Celendín et un de Bam-bamarca, dont un adolescent de 16 ans. Un drame loin d’être unique.

Selon l’organisation Global Witness plus de 57 activistes défenseurs de l’environnement sont morts au Pérou entre 2002 et 2014. Il faut ajouter à ce triste bilan les quatre morts entre mars et mai 2015 à Arequipa, lors de manifestations contre un autre projet de mine.

Ironie de l’Histoire, en 1 533, dans la ville même de Cajamarca, les conquistadors espagnols réclama-ient aux Incas une chambre rem-plie d’or en échange de la vie de leur empereur Atahualpa. Après avoir reçu le colossal trésor, les conquistadors ont tué l’empereur. Aujourd’hui, les Cajamarquinos paient une nouvelle fois de leur vie pour ce métal précieux.

La mine constitue une grave menace environnementale, notamment pour les

ressources en eau de la région. / © Reporterre

Le gouvernement mozambicain ne ménage aucun effort pour assurer l’inclusion financière et le développement économique,

a assuré le représentant de la Banque mondiale au Mozambique, Mark Lundell, lors d’une consultation publique sur la stratégie nationale pour l’inclusion financière, organisée vendredi à Maputo.« L’inclusion financière est essentielle pour réduire la pauvreté et favoriser

la croissance économique », a-t-il soutenu, précisant que le Mozambique a fait un « grand pas » en acceptant que la réduction de la pauvreté dépende dans une large mesure d’un processus économique inclusif. Actuellement en Afrique « trois adultes sur quatre n’ont pas de compte bancaire, c’est-à-dire qu’ils n’ont accès à aucune place où ils peuvent garder leur argent en toute sécurité », a fait remarquer Lundell,

expliquant que l’Afrique a encore un « long chemin » à faire avant d’atteindre les niveaux complets d’inclusion financière.

Pour le responsbale de la BM, il est crucial d’accroître le soutien aux Petites et Moyennes Entreprises qui constituent l’une des principales méthodes garantissant l’inclusion financière. « Il y a littéralement des millions d’entreprises micro,

petites et moyennes en Afrique qui sont privées du financement devant leur permettre de se développer, d’accroître leur capacité productive et donc d’aider à porter l’économie et la croissance sociale », a-t-il souligné

La consultation publique sur la stratégie nationale pour l’inclusion financière est initiée par la Banque mondiale.

Elle vise à identifier les principaux obstacles aux services d’assurance et aux marchés financiers, et aux services électroniques des banques au Mozambique. La manifestation a également permis d’aborder les grandes priorités pour améliorer l’éducation financière et la protection des consommateurs mozambicains.

Le Mozambique renforce l'inclusion financière pour réduire la pauvretéSource : Le Magazine du Manager

La Banque mondiale a salué vendredi dernier à Maputo, les efforts du Mozambique visant à réduire sensiblement la pauvreté en renforçant l’inclusion financière.

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 13

14 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

JUSTICE

Cet ouvrage de la juge Jean François arrive à un moment où la question de la réforme de la justice se pose dans

toute son acuité. Le Conseil supérieur du Pouvoir judiciaire (CSPJ) vient de boucler son premier mandat histo-rique. La législation pénale haïtienne est en passe de connaître une réforme majeure. Les tares de la magistrature haïtienne font aujourd’hui partie des préoccupations des candidats aux législatives. Il est donc un fait que le débat sur la réforme de la jus-tice, bien que vieux de plusieurs années, connait en ces temps-ci des dénouements pour le moins prometteurs.

Me. Norah A. Jean François qui enseigne le droit de l’enfant à l’université d’État d’Haïti, s’ajoute aux essayistes et doctrinaires préoccupés par le fonctionnement souvent boiteux du système judi-ciaire haïtien.

Dans un mélange de diagnostics, de constats, de réflexions et de propositions, la magistrate de car-rière dévoile ce qui, à son avis, peut aider Haïti à devenir un vrai

État de droit. Pour elle, sans un système de justice bien pensé, on ne peut espérer vivre dans un État où la règle de droit est la princi-pale boussole. « La magistrature haïtienne doit être dirigée par des autorités légi-times et non par cette petite cli-entèle qui l’avilit, la rabaisse et la réduit au rang de domestique des autres pouvoirs », lit-on en quatrième de couverture. La pro-fesseure s’indigne ainsi à la vue des modes de recrutement au sein de la magistrature haïtienne, de la corruption qui la gangrène et de l’influence qu’elle subit trop souvent de la part des forces poli-tiques.Me. Norah Amilcar Jean François est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages jusqu’ici très utiles aux chercheurs et aux professi-onnels du droit : le droit de suc-cessions et ses implications dans la vallée de l’Artibonite (1990), législation haïtienne en vigueur sur les mineurs (ouvrage publié

en quatre tomes en 2000, 2006, 2008, 2010), un nouveau regard sur l’enfance haïtienne (2007), le droit à l’éducation (2011).Son dernier ouvrage titré « la jus-tice haïtienne en question » com-porte 192 pages et a été édité par l’Imprimeur II. Me. Jean-François ne veut pas rester là, elle promet de poursuivre ses réflexions et questionnements sur la justice haïtienne dans son prochain ouvrage. Entre autres sujets se rapportant à la justice, elle se propose de parler, dans son prochain livre, de l’histoire des cours d’appel de la République. Me. Norah Amilcar Jean François, licenciée en droit, est détentrice d’une maîtrise en administration judiciaire et d’un DES en gouver-nance publique, de l’Université Laval. Elle a suivi plusieurs formations aux États-Unis et en France sur les méthodes alternatives de résolu-tion des conflits.

La juge Norah Jean François remet la justice haïtienne en question Par Eddy Laguerre, av.

Après s’être imposée comme une référence nationale en matière de législation sur les mineurs en Haïti, Me. Norah Amilcar Jean François, juge conseiller à la défense sociale à la Cour d’appel de Port-au-Prince depuis 2002, continue son œuvre d’écrivain dans le domaine juridique. Pour cette année 2015, Me. Jean-François vient de publier un ouvrage intitulé : « la justice haïtienne en question ». Un ouvrage de 192 pages dans lequel elle pose une question de départ à la fois simple, actuelle et fondamentale : peut-on réformer la justice sans les acteurs ?

La juge Norah Jean François / Photo: Ruben Chéry

Rapatrié, réfugié, déporté : quelques différences utiles Par Eddy Laguerre, av.

Dans la foulée des débats et de l’actualité sans cesse changeante sur les relations haïtiano-dominicaines des mots tels : rapatrié, réfugié et déporté, sont, chaque jour, à la une ou dans les titres de l’actualité. Témoin des inquiétudes exprimées par plusieurs experts en matière migratoire quant à la terminologie et à l’usage qui en est fait en ces temps de tensions, nous croyons qu’il est important de nous arrêter sur la portée réelle de chacun de ces mots après avoir apporté, dans un précédent article, de petites précisions sur l’apatridie.

Parce qu’ils ont rapport avec le statut des personnes, ces mots, compte tenu de leurs nuances, sont d’une impor-

tance particulière dans tout processus d’accueil, de catégorisation, de prise en charge ou de suivi juridico-légal en matière migratoire.Entre autres organisations, le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) et le Groupe d’appui aux rapatriés et aux réfugiés (GARR) accordent une importance considérable à l’utilisation d’une terminologie adéquate dans la gestion du dossier haïtiano-dominicain, notamment à la suite de l’arrêt 168-13 de la Cour constitutionnelle dominicaine qui va occasionner, à partir du 1er août prochain, des opérations officielles de déportations de diverses catégories de personnes qui vivaient jusqu’ici au pays de Danilo Medina.

Le mot « rapatrié » dans son sens étymologique réfère tout simplement à un retour à sa patrie. L’UNHCR qui intervient sur ces questions dans plusieurs pays du monde, précise sur son site internet que « pour de nombreuses personnes déracinées, le rapatriement

librement consenti dans la sécurité et la dignité marque le dénouement heureux d’un traumatisme». Le rapatrié peut donc être vu comme celui qui revient dans son pays après avoir vécu, parfois comme « réfugié », sur une terre étrangère. Ainsi dans le dossier dominicain, on peut appeler « rapatriés » uniquement les Haïtiens qui vivaient en République dominicaine et qui reviennent en Haïti soit dans le cadre d’un déplacement spontané, forcé par la nature des choses, soit dans le cadre d’un retour volontaire.

Le réfugié est celui qui pour des raisons politiques, économiques ou en raison de situation de guerre, de tensions internes ou de catastrophes naturelles dans son pays, prend « refuge » sur une terre étrangère. Plusieurs instruments internationaux notamment la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés protègent les droits de ces personnes depuis la reconnaissance de leurs statuts jusqu’à la jouissance effective des droits et privilèges qui en découlent. Selon cette Convention onusienne de 1951, on peut considérer comme réfugiée : « toute personne qui,

craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ». Cette convention part notamment du constat que les réfugiés sont souvent obligés de se déplacer soit suite à des menaces sur leurs vies ou sur leur liberté. Ces personnes vulnérables sont souvent dans l’impossibilité de réclamer la protection de leurs pays. Il est donc important de forcer l’État d’accueil de les protéger, leur reconnaitre un minimum de droits et de privilèges.

Quant au déporté, c’est celui ou celle qui, suite à une décision judiciaire prise contre lui sur sa terre d’accueil où il/elle vivait, est conduit ailleurs ou dans son pays d’origine par les autorités étatiques. La déportation peut concerner une catégorie ou un groupe de personnes, contraint de quitter son territoire, parfois pour s’installer dans des camps caractérisés par le travail forcé. L’histoire du monde retient les juifs comme un exemple de peuple

victime de déportation.Dans le droit pénal haïtien, la peine de bannissement, long-temps prévu par le code pénal, apparait comme un équivalent de la déportation. Mais cette peine afflictive et infamante a rarement été prononcée par les instances judiciaires haïtiennes. En France, cette peine a disparu depuis l’apparition du nouveau code pénal.

En conclusion, s’il faut placer les nuances de ces trois mots dans la perspective du dossier haïtia-no-dominicain, on appellera « rapatriés », les Haïtiens qui revi-ennent en Haïti et « déportés » ceux qui sont ou seront conduits sur la frontière par les soldats dominicains, notamment à partir du 1er août. Dans les deux cas, il peut s’agir de personnes ayant vécu comme réfugiés en Répub-lique dominicaine.

Il demeure que les nuances et complexités liées à chacun de ces statuts ne sauraient être abordées dans un seul article.

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 15SOCIÉTÉ

L'OSAMH : soucieux d'un changement réel du morne l'Hôpital? par Jackson Joseph

Le morne l’Hôpital est l’un des espaces du pays à susciter le plus d’attention au niveau des observateurs avisés. Il

représente un enjeu fondamental pour tous les habitants de l’aire métro-politaine. Presque toutes les sources d’eau qui alimentent Port-au-Prince, Carrefour et beaucoup d’autres zones s’y trouvent. C’est pourquoi les auto-rités étatiques ont décidé de créer, par le biais du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, l’OSAMH, organisme de surveillance et d’aménagement du morne l’Hôpital en octobre 1986. Cette structure éta-tique, ayant pour mission de réhabili-ter et de protéger le morne l’Hôpital, s’est attelée depuis, à cette tache exigeante et difficile. Les pressions foncières, les besoins en logements sont les principaux soucis à contourner par les responsables de l’OSAMH qui sont quotidiennement con-frontés aux irresponsabilités des familles par les constructions anarchiques et toujours en quête de nouveaux sites pour se loger. Ainsi l’urbanisation guette les terrains agricoles de cet espace déclaré d’utilité publique par le décret de novembre 1978, puis zone protégée par la loi du 27 août 1963. D’autre part, les car-rières de sable sont exploitées sans aucune mesure de sécurité et très souvent sans autorisation de l’État.

Voilà les conditions dans lesquelles, les responsables de l’OSAMH accomplissent leur mis-sion de surveiller, de protéger et d’aménager le Morne parfois dans le dénuement, du fait que les moyens manquent souvent pour permettre des interventions efficaces de l’organisme sur le ter-rain.

Le budget de 2013-2014 avait consacré 10 millions de gourdes pour les réalisations des différen-tes activités de l’OSAMH selon le bilan dressé par les responsables.

Annuellement, les initiatives tournent généralement autour des principaux axes qui définissent OSAMH dans la restructuration et la protection des écosystèmes du morne l’Hôpital. Il s’agit pour les responsables de travailler à la conservation du sol et au reboise-ment du bassin de la rivière Bois de Chêne et du littoral de Port-au-Prince jusqu’à Diquini qui con-stitue la principale juridiction de l’OSAMH.

D’autre part, l’Organisme effectue, dans le même temps, des travaux de réhabilitation, de restructura-tion et de protection du morne l’Hôpital par l’entretien de plan-tules en champs, construction de seuils en sacs de terre, con-struction de bassins de rétention, construction de rampes vivantes, plantation de pousses de bambou.

Les différents travaux conduits l’année dernière, ont permis d’aboutir à la réalisation de quatre projets sur six alors que seulement la moitié des fonds prévus soit 5 millions de gourdes ont été décais-sés par le ministère des Finances. En structures anti-érosives près de 3330 m3 de seuils en pierres ont

été construits, 1670m3 de seuils en sacs aussi. On a pu réaliser 10 mille pousses de bambou, 17 900 mètreslinéaires de rampes vivantes érigées, 80 mille essenc-es fruitières et forestières entre-tenues en champs et 100 mille plantules d’essences fruitières et forestières ont été mises en terre. En structures agro-économiques, on a pu distribuer 40 mille dra-geons de bananiers, 40 mille plan-tules de cerisiers et 40 paysans apiculteurs ont été formés.

En ce qui a trait au volet sur-veillance dans le programme de l’OSAMH, l’agronome Montus, principal responsable de cette structure, avoue qu’il s’agit de l’aspect le plus difficile de la mis-sion de l’Organisme qu’il dirige. Cela se traduit, nous dit-il, par un manque d’encadrement et aussi de coopération de la Police natio-nale d’Haïti. « La surveillance est fondamentale.

Sinon tous les efforts consentis pour la réhabilitation du Morne se révèleront vains », explique l’Agronome. Le corps de surveil-lance est constitué en majeure partie par des citoyens, habitants

de la zones de bonne volonté et aussi soucieux de voir un change-ment réel au niveau de Morne l’Hôpital.

Pour cette année 2015, près de six millions de gourdes ont été mis à la disposition de l’OSAMH pour la réalisation de ses projets qui sont déjà à 40 % de réussite suivant ce que rapporte l’agronome Montus qui croit que les travaux devant s’accomplir à morne l’Hôpital sont immenses et pour cela il faut beaucoup de bras. L’Agronome promet le bilan des activités qui doivent clôturer l’année à la fin des deux derniers mois de travaux dans l’agenda de l’OSAMH.

Monsieur Montus est d’avis que beaucoup de résultats ont été obtenus de tous les travaux réali-sés à Morne l’Hôpital. Cependant il reconnait que d’innombrables efforts sont encore nécessaires pour arriver à une réhabilitation effective du Morne et surtout à un changement de mentalité si nous considérons que notre men-talité est la cause primordiale des comportements destructifs sur l’environnement du Morne et d’Haïti en général.

Vue d’une partie du morne Hopital. credit photo cndp.fr

En Haïti, surtout dans l’aire mét-ropolitaine de Port-au-Prince, la pollution sonore est criante. Presqu’à travers toutes les rues

de la capitale, des agents polluants affectent les tympans des riverins, perturbent le quotidien des citoyens. Avec le temps, estime un étudiant de l’école Normale supérieure abordé sur la question, la population finit par s’y habituer. « Elle se résigne, comme d’habitude », lâche-t-il ironiquement. Des agences de publicité disposent de véhicules équipés de lourds appa-reils de sonorisation. Ils sillonnent les rues de la ville à presque toutes les heures du jour. Dans les bus qui font le transport en commun, des milliers de décibels sont placés. À chaque coin de rue, des marchands qui ven-dent des CD diffusent de la musique. Une pratique qui, a certains endroits de la ville, rebondit dans le pays et crée un tohu-bohu infernal.

Dans les stations des bus de Carrefour, de Carrefour- Feuilles, de la Croix-des-Bouquets, c’est le même cas de figure. La musique diffusée arrive parfois à éclipser le vrombissement des moteurs ; la voix des marchands qui crient leurs produits à gorge déployée ; l’action des mécaniciens, des ferronniers qui, à certains coins de rue de la ville, tapent fort un marteau sur un morceau de tôle ou de fer et, des portefaix qui attirent les passants vers un bus. « La musique que nous diffusons attire les passagers », raconte fièrement un chauffeur de bus qui attend des passagers à proximité du stade Silvio Cator.

Les chauffeurs de taxis moto se mêlent également de la partie. Leurs motos sont, désormais, équipées d’appareils sonores. Entre la musique diffusée et le ronronnement du moteur de ces motocyclettes, une véritable cacophonie ponctue l’univers sonore du pays. Selon les motocyclistes, ils sont obligés de mettre de la musique pour ne pas passer inaperçus. « Presque tout le monde aime la musique dans ce pays. Quand il y a de la musique sur une moto, on a plus de chance de trouver des passagers qui sollici-tent notre service», déclarent un jeune motocycliste au carrefour de Delmas 32. Les marchands de « crème maïs », éparpillés à travers toutes les rues accompagnent aussi leurs produits d’équipements sonores. Sur leur parcours, ils diffusent une musique qui peut attirer les clients et les porte à consom-mer davantage de glace. Ils sont présents partout, dans presque tous les coins de rue. Même dans certains quartiers réputés pour leur assombrissement. Ils avouent adopter cette stratégie pour écoul-er mieux et rapidement leurs produits. Passer une journée sans entendre un fameux « krèmmayi, chokola, frèz, 20 goud sèlman », traduirait qu’on n’est pas à Port-au-Prince.

Face à cette situation qui, pour certains, prend de l’ampleur et constitue une grande préoccupa-tion, les solutions, semble-t-il,

ne sont pas pour demain. Les esprits avisés et en quête de tran-quillité s’en plaignent régulière-ment. « Que voulez vous qu’on fasse. On est obligé d’accepter l’inacceptable. Je ne peux pas comprendre pourquoi l’État haï-tien continue à tolérer ces genres de chose dans le pays. On fait du bruit partout. Même devant les hôpitaux. Ah non ! Le pays devi-ent invivable dans tous les sens », se lamente une dame rencontrée devant l’hôpital de l’université d’État d’Haïti qui cherche déses-pérément un médicament pour un patient à la salle des urgences depuis deux jours.

« Avec le passage du commissaire zokiki au Parquet de Port-au-Prince, nou te komanse rale yon souf ak koze sa. Après son départ, aucun suivi n’a été fait pour pérenniser la décision du commissaire. Je ne peux pas comprendre pourquoi aucune politique de suivi n’est adoptée dans ce pays. An ayiti, genle pa gen anyen ki bon ki dire », a laissé entendre la dame.

Les églises protestantes de la place participent également à la pollution sonore du pays. Elles continuent encore à perturber le sommeil des résidents des quartiers où elles se situent. Après une rude journée de travail, on rentre chez soi pour se reposer. « C’est à ce moment qu’un pasteur fait allumer ses équipements pour lancer une veille de nuit. C’est dégoutant », scande un jeune homme qui habite à proximité

de la faculté des Sciences humaines. « Le plus déconcertant, on ne peut pas demander à ce pasteur de réduire le volume des ses appareils. Tout moun se chèf pa bo isit. Yo fe sa yo vle, jan yo vle. Pèsonn pa ka di yo anyen », a-t-il poursuivi.

Selon une étude publiée par l’OMS, en 2011, les nuisances sonores, en Europe Occidentale, sont à l’origine, chaque année, de nombreux cas de maladie. En une année, souligne le document publié, environ 1 700 000 personnes trouvent la mort. La pollution sonore est à la base de cette déchéance. Elle provoque près de 61 000 cas de maladies cardiovasculaires ; 45 000 cas de troubles cognitifs (détérioration de la mémoire et des facultés mentales) et 903 000 cas de perturbations du sommeil.

Bien avant cette étude, en 2007, l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail avait découvert que la pollution sonore est à l’origine de nombreux troubles tant physiques que psychiques.

En tenant compte des résultats de l’étude menée par l’Organisation mondiale de la santé et de la réalité qui s’impose quotidiennement aux Port-au-princiens vivant dans l’aire métropolitaine, il y a lieu de se demander s’ils ne sont pas tous atteints de troubles physiques et psychiques ? L’État Haïti, est-il conscient de l’ampleur du problème ? Quelle stratégie à adopter pour freiner la pollution sonore dans le pays ?

16 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

SOCIÉTÉ

Halte à la pollution sonore en Haïti Par Ritzamarum ZÉTRENNE et Joe Antoine Jn-Baptiste

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 17CULTURE

Les fêtes champêtres et les groupes musicaux Par walcam

D’aucuns pensent que les fêtes champêtres com-mencent avec l’été ou les grandes vacances en Haïti.

Mais ils se trompent lourdement, car ces festivités se passent toute l’année.Il n’y a pas un mois de l’année où l’on ne retrouve pas une commune d’Haïti en fête. Dès le mois de jan-vier, il y a la fête des Rois, célébrée de façon grandiose dans plusieurs communes. Le 10 janvier, c’est la Saint-Guillaume à La Chapelle, commune de l’Artibonite. Les orchestres Septentrional et Tropicana sont toujours au ren-dez-vous pour les soirées tradi-tionnelles. Ces deux orchestres du Nord font le tour du pays chaque année pour honorer des contrats. Il y a le grand rendez-vous du 19 mars aux Côtes-de-Fer avec ces deux orchestres et d’autres groupes musicaux dans la com-mune.Pour les « caravachers », ça com-mence au mois d’avril avec la fête patronale de Saint-Marc. Ensuite,

ils se rendent le 1er mai à Jacmel pour la Saint-Jacques et Saint-Philippe. Le 8 mai, on les retrouve à Saint-Michel de l’Attalaye, dans l’Artibonite.Cette année encore, des groupes musicaux comme 509, Zenglen, Nu Look, Klass, Harmonik, Gabel, 5 Etwal, Carimi, T-Vice et la star J-Beatz ont déjà des affiches à travers le pays. Pour la plupart de ces groupes musicaux, les fes-tivités vont commencer après les élections législatives du 9 août, afin d’éviter les feux croisés de ces

joutes électorales qui s’annoncent chaudes.Mais, dès le lundi 3 août, pour la fête de Saint-Dominique à Marigot, Gabel et Harmonik vont donner le ton après Kreyòl la et l’orchestre Tropicana, qui seront deux jours avant dans la commune.Ces groupes musicaux ne seront pas là seulement pour les fêtes champêtres, il y a aussi des con-certs un peu partout qu’ils vont animer. L’un d’eux est le festival Bikini qui aura lieu le 2 août, sur la côte des Arcadins. Dans tout

cela, il y a des bals traditionnels à Port-au-Prince et dans les villes de province. Pour l’anniversaire de T-Vice, par exemple, le 2 août, le rendez-vous habituel est à Moulin sur mer avec Nu Look comme groupe invité. Dans le Nord, plus précisément au Cap-Haïtien, il y a la traditionnelle « Soirée des pèlerins », organisée chaque année au cours de la deuxième quinzaine du mois de juillet par les deux ténors de la cité chris-tophienne. Les orchestres Sep-tentrional et Tropicana, chacun dans leur night-club, invitent un autre groupe musical pour ouvrir les festivités champêtres. Cette activité a été initiée par feu le maestro Hulric Pierre-Louis dans les années soixante-dix.Cette année, un promoteur se penche sur la fameuse soirée dan-sante 22/22 (22 août) qui avait l’habitude d’attirer la grande foule à Pétion-Ville mais qui, souvent, péchait dans l’organisation. Alors, allons-nous amuser !

Un film documentaire sur la Citadelle Laferrière PAR ÉLISÉE DÉCEMBRE

« Ce film a été conçu comme un puissant outil de promotion du patrimoine historique et culturel du peuple haïtien, et

contribuera au développement d’une vision plus positive d’Haïti, de son histoire et de sa culture, en se démar-quant des images négatives et sensa-tionnelles généralement diffusées », explique l’ex-ministre de la Culture Daniel Élie.

D’une durée de vingt-deux min-utes, il est destiné à un large

public. Il s’adresse aux élèves, étudiants, professeurs, à tous ceux, Haïtiens ou étrangers, qui s’intéressent à l’histoire, à l’architecture et au patrimoine d’Haïti, aux touristes, aux visit-eurs et au public en général.

Le film se base sur la connais-sance approfondie du sujet par ses principaux réalisateurs, Daniel Élie et Philippe Châtelain, tous deux architectes restaurateurs, et puise dans le riche fonds docu-mentaire accumulé pendant les trente-cinq dernières années. Il présente les dimensions his-toriques et techniques de cet important élément du patrimoine historique de notre pays et fait ressortir l’extraordinaire richesse que représente la formidable col-lection de pièces d’artillerie du XVIIIe siècle qui s’y trouve ras-semblée.

« Ce film documentaire, affirme le réalisateur Daniel, se veut un outil de communication ayant pour objectif d’informer et de former le plus large public possible sur l’importance de la Citadelle Henry et du site fortifié de Ramiers pour la culture haïtienne régionale et mondiale. Il vise à divulguer des informations pertinentes sur l’histoire de ces monuments his-

toriques, ainsi que les richesses esthétiques, techniques et sym-boliques qui leur sont associées. D’une importante portée commu-nautaire, ce film vise à renforcer l’idée de patrimoine universel de ces monuments historiques et à faire ressortir la nécessité de leur préservation pour leur transmis-sion aux générations futures ».

Avec les voix d’Emmelie Prophète et d’Esmeralda Milcé pour la version française « Citadelle Musée » représen-te deux siècles d’histoire, vingt-deux semaines de tournage et vingt-deux minutes de pure passion historique. Une version anglaise est adaptée par les voix de Régine René et Guerda Romain Châtelain pour une meilleure distribution du film.

Synopsis

« La Citadelle Henry abrite la plus grande collection connue de bouches à feu du XVIIIe siècle. Composée pour la plupart de pièces françaises, on y retrouve aussi des tubes anglais, esp-agnols et italiens. La quasi-totalité de ces canons, mortiers ou obusiers, en fonte ou en bronze, ont été gagnés sur l’ennemi dans les champs de bataille par l’armée indigène commandée d’abord par Toussaint Louverture puis par Jean Jacques Dessalines. Il est émouvant de se rappeler

que la majorité de ces pièces a été amenée à Saint Domingue par l’armée expéditionnaire envoyée par Napoléon Bonaparte et a donc servi durant la guerre de l’Indépendance de 1802-1803. Après la déroute de l’armée française et la proclamation de l’indépendance d’Haïti, le 1er Janvier 1804, pour faire face à un éventuel retour offensif des Fran-çais, le commandant en chef Des-salines ordonna aux commandants de départements l’édification d’ouvrages fortifiés sur les plus hautes montagnes pour con-trôler les passes donnant accès à l’intérieur des terres. Le général Henry Christophe, qui deviendra roi sous le nom d’Henry Ier (1806-1820), entreprit la construction de cet extraordinaire ouvrage militaire, audacieux, inventif et atypique.

Il réunit à la Citadelle Henry un formidable trophée de guerre pour rappeler aux futures généra-tions les prouesses que l’union, le courage et la détermination sont capables d’accomplir. Plus qu’un ouvrage de défense, Henry Christophe érige un monument, ayant pour fonction essentielle de réhabiliter la fierté d’un peuple que l’esclavage avait réduit à l’état de bêtes de somme ».

Citadelle Laferrière. Cette forteresse haïtienne classée comme patrimoine de l’humanité par l’Unesco depuis 1982, ne cesse d’attirer des regards sur sa beauté. Pour confirmer sa pérennité, l’Institut de sauvegarde du patrimoine national (ISPN) et Moun Studio ont réalisé « Citadelle Musée », un film documentaire qui présente l’histoire de la Citadelle Henry. C’est l’hostellerie du Roi Christophe au Cap-Haïtien qui accueillera la grande première de « Citadelle Musée », le 23 juillet prochain. Ensuite, il sera projeté au Campus Henry Christophe à Limonade le 24 juillet, et à la Bibliothèque nationale d’Haïti, le jeudi 30 juillet 2015, à compter de 11 h 00 a. m. à la salle Aubelin Jolicœur.

Citadelle Laferrière. / Photo : en.wikipedia.org

CITADELLE MUSÉE

Une ambiance de fêtes champêtres . / Photo : Walcam

18 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

CULTURE

« Oyé René Philoctète, notre poète à nous» Par Carl-Henry PIERRE

Nous voici dans la résidence du poète René Philoctète. Près de la barrière, des bouts de mots attirent notre atten-

tion : « René pa janm san chapo, 20 ans déjà, li pa fèt pou peyi san chapo». L’espace où vivait le poète est attray-ant. Pas besoin de dire qu’il y a des fleurs, que des tableaux habillent les murs tel un musée. De parler de ces objets d’art bien taillés par les ateliers de Noailles. De cette école Poupiyou (kindergarten et garderie) dirigée par la famille Philoctète qu’on trouve en la résidence. Pas besoin de dire non plus que bientôt, en cet espace, il y aura un collège qui portera le nom du poète. Là-bas, les gens vont et viennent, se parlent en silence. Et puis de la douce musique faite de poésie gagne notre tympan comme pour nous dire que le poète René est autour de nous.

Dans la salle d’exposition de son fils peintre Richard Philoctète, on tombe sur une version du roman « Le peuple des terres mêlées ». Bizarrement on a pu constater que ce roman avait un autre titre : « Les pieds bots de l’amour ». En feuilletant ce dernier et en le com-parant au roman qui a été publié, les variations du texte nous sau-tent aux yeux. « Le peuple des

terres mêlées » a pour incipit : « Depuis cinq heures du matin, un oiseau (à la vérité, on ne sait quoi) tourne dans le ciel d’Elias Pina, petite ville frontière domini-caine. » Et l’incipit de la version « Les pieds bots de l’amour est ce qui suit : « Depuis plus de deux heures, un oiseau - à la vérité on ne sait quoi - tourne en rond dans le ciel du village frontalier dominicain Elias Pina. » On est aussi tombé sur les deux tomes de son roman inédit « Entre les saints des saints ». Et comme incipit du tome I nous lisons : « Trouvaille devine la mer à sa transpiration lourde. À peine une bouffée sur la pierraille de la grève. Il ne sau-rait pas où le ciel commence, s’il n’y avait, au fond, jusque là-bas, une étoile qui tremble. Il soup-çonne un voilier à deux brasses du rivage. Des formes alignées, muettes, y embarquent. Des fois, un oiseau de mer crie, humani-sant le paysage, sinon Trouvaille se serait cru, ce soir, à La Saline, d’un autre côté de la vie ».

À la page 192 du manuscrit « Entre les Saints des saints », René Philoctète montre qu’il s’attachait à un certain mûrissement de

l’œuvre. Il écrivait à ladite page : « La station de gazoline de Texaco », puis il entoure le mot « gazoline » pour le remplacer par « essence ». Ainsi l’œuvre se renouvelle chaque fois. Tout cela se fait, en juillet 1993. En voyant le manu-scrit, nous pensons à « Île en île » où l’on fait erreur concernant le titre du roman. Au lieu d’écrire « Entre les saints des saints », on écrit « Entre les seins des saints ».

Quand la poésie est chantée

Cette activité de commémoration a été animée dans un premier temps par les ateliers Franck Fouché. Les acteurs, Cajou, Rolph, etc., chantent poésies, surtout celles de René Philoctète. Des brides de texte du poète étaient au rendez-vous. Les textes de : Caraïbe « écrire pour être deux, pour être mille », de Ces îles qui marchent « le soleil que j’ai bu est froid comme la mort », Tambours du soleil… une ambiance de « tire Kont », avec des mots de vie « fè lanmou ayizan o, fè lanmou ». Et dans un deuxième temps, quand la nuit est réellement tombée, le groupe Batwèl musicalement fait

de l’espace une harmonie pasto-rale, comme dirait André Gide. Il commence avec une chanson dans laquelle il y a ces mots : « Sa fè m lapèn o pou m antere sole. » Il est déjà dix heures, ça chante encore dans la résidence du poète. Il faut surtout mettre l’accent sur la fête, le vin, les mets, etc. Le rire gagnait l’espace de fond en comble, une façon de dire que «René n’est pas mort et pas la peine de s’attrister ».Amis, lecteurs, élèves, autorités, autant de gens étaient présents à cette commémoration. L’ancien député Jean Tolbert Alexis, le min-istre Victor Benoit, l’avocat Blaise, l’ancien élève Louis Jean Jocelyn, Marc Exavier, etc., tout ce beau monde était là. « Un immense poète d’une très grande générosi-té. Son nom même, comme par hasard, est emblématique du destin de l’homme et d’Haïti aban-donnée sur une île avec sa bles-sure et l’odeur de cette blessure, et son art », a déclaré le philos-ophe Bérard Saint-Natus. « Il était un grand nageur, un ami de la dive bouteille », nous a fait savoir le poète Widly Jean. Et selon Syto Cavé, « René Philoctète était un frère, un ami, un poète ».

Le poète René Philoctète est mort le 17 juillet 1995. Et ce vendredi 17 juillet 2015 a ramené les vingt ans de sa mort. Pour marquer cette date, sa famille a organisé une activité de commémoration en sa résidence située au 8, route nationale # 3, Santo 13, de 10 h a. m. à 10 h p. m.

Et puis, il y a ce couple qui vit dans un camion rougePar Dangelo Néard (notre envoyé spécial en Europe)

S’il y a une course à laquelle nous sommes tous inscrits, c’est celle de la stabilité. Une stabilité qui passe par le grand besoin de tenir en contrôle total tous les paramètres de notre vie. On cherche à tout diable : travail, confort, logement, voiture, enfant, la ville idéale. Tous, nous allons vers cette danse qui n’en est pas une, parce qu’elle est fixe, coulée dans le béton, bardée d’habitudes. Et puis, il y a Chiara et Jay qui disent un gros mot à tout ça, et qui décident de vivre dans un camion ; un camion tout particulier parce qu’il est au fait une galerie d’art.

Chiara est une jeune Britan-nique qui fut dans une autre vie web designer, galeriste et professeure d’histoire de

l’art, spécialisée dans l’enseignement du cinéma. Mince, la taille élancée avec les yeux tamarin, Chiara cor-respond au profil de ce que Gabriel Garcia Marquez aurait appelé une sylphide. Son sourire est une source d’allégresse. Sa conversation est empreinte de beaucoup de générosi-tés. Elle vivait jusque-là à Londres et se confectionnait, au pas des normes établies, un petit univers constitué par les cours qu’elle donnait, les sites internet qu’elle dessinait et sa passion du cinéma.Jay est suisse. Il est artiste-plastici-en. À Londres, où il faisait sa vie, à côté de son atelier, de ses exposi-tions, il organisait aussi des stand-up comédies. Dans son humeur, son rire facile et sa présence s’assemble tout ce qui rend quelqu’un sympathique et aimable. Ouvert au monde, grand connaisseur du 7e art, ça tombe sous les yeux comme une lapalissade, Jay est dans la vie pour en faire un lieu où des velléités de création, des rencon-tres humaines peuvent s’ajouter à des

hasards pour constituer une sphère de bonheur pour tous. Un jour, ils se sont rencontrés

Et un jour, je ne saurai vous dire lequel, ils se sont rencontrés, se sont aimés, ont eu une enfant qui s’appellera Del-phine et ils se sont dit « pourquoi pas » ? Et là, il faut le dire et le faire, alors que Delphine n’est au monde que depuis dix mois, ils décident de laisser Lon-dres, d’abandonner confort et sécurité et de prendre les routes de l’Europe dans un camion, un camion rouge. Pas un de ces camping-cars ultramod-ernes et équipés de tout un bataclan sanitaire haut de gamme, non… ils aménagent un camion normal, sans espace de restauration, télévision, sans toilettes et sans douche. Leur projet s’appelle The Red Van. Ce red van sera leur habitation principale, leur studio de travail et une galerie d’art. Si vous osez, comme moi, leur demand-er comment ils font, Jay vous répondra qu’il faut sortir de la dictature de la douche, en prendre un tous les trois jours, ça ne tue personne. Chiara vous

dira que lorsqu’elle se mouche à Lon-dres, le rendu noirâtre dans le mouch-oir est un indicateur majeur du degré de pollution et depuis deux semaines qu’elle est embarquée dans ce projet, quand elle se mouche, elle voit des merveilles dans le blanc du mouchoir.

Le camion de toutes les possibilités

Dans le camion rouge, ils installent cui-sine, chambre et galerie d’art, oui gal-erie d’art ! Voilà tout le projet… courir sur les routes du monde, refuser les autoroutes qui mènent vers les grandes villes, entrer de préférence dans des villages, des zones rurales éloignées, et se mettre à peindre les odeurs qui mouillent leurs peaux. Chiara et Jay veulent mettre des taches de couleurs sur leur découverte du monde. Et Del-phine (leur fille de dix mois) se prête au jeu, au-delà de la puissance du bleu de ses yeux ; elle touche, met dans sa bouche, crie, rit ; elle apprend le lan-gage du monde et celui de l’art. Chiara et Jay ont fait de leur camion, non seulement leur lieu de vie mais aussi un espace de créativité, d’innovation et de partage, au sein

duquel les populations locales des bleds qu’ils visiteront pourront venir se ressourcer, apprécier et prendre connaissance de leur démarche artis-tique respective. Ils proposent une galerie-d’art-camion.

Un cinéma loin du cinéma

Et pendant tout le périple, Jay filme. Il a quatre caméras. Il ne fera pas un film holly ou bollywoodien. Il fera un film-expérience, il fait une vidéo d’art. Durée du film : treize ou qua-torze heures. Il sera projeté sur quatre ou cinq écrans différents en même temps. À ne pas en croire ses oreilles et ses yeux. Sans montage, Jay veut être dans la reddition pure. Ce film mettra le point sur la relation mère-fille, l’influence que cette relation a sur un travail d’artiste. Ce film mettra les lumières sur son travail personnel comme artiste-peintre, sur les gens qu’ils rencontreront, mais par-dessus tout ce film aura pour sujet lui-même. Oui, un film de treize heures n’est pas un film comme tous les films, c’est un film qui toise les salles de cinéma et qui se donnera à voir tikal pa tikal dans le camion rouge.

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 19CULTURE

Un mois de réflexion sur le massacre des braceros haïtiens en République dominicainePar Schultz Laurent Junior

Avec des extraits d’articles de la presse internationale qui ont relaté ce massacre et à travers une bibliographie

riche de plus de cinquante ouvrages, la BNH veut, à sa façon, honorer la mémoire des disparus. Ces ouvrages décrivent la situation de nos compa-triotes dans les bateys, racontent les relations entre les deux pays, abordent la question migratoire, les rapatrie-ments d’Haïtiens par la République dominicaine, mettent sous les feux des projecteurs les relations entre les deux pays et expliquent minutieuse-ment les évènements de 1937.

Selon l’historienne Suzy castor - l’auteure de l’ouvrage « Le mas-sacre de 1937 et les relations haïtiano-dominicaines », le 2 octo-bre 1937, la petite ville frontière dominicaine Dajabon recevait la visite du président dominicain Rafael Leonidas Trujillo.

À cette occasion, le « généralissime » était l’hôte d’honneur de Dona Isabel Mayer, une entremetteuse connue. Grande propriétaire terri-

enne, elle exerçait une forte influ-ence politique dans la région. Ce soir-là, après avoir fêté son arrivée à la résidence de Dona Isabel, le généralissime harangua la foule qui se pressait dans la rue pour l’acclamer.

Comme il fallait s’y attendre, il aborda dans son discours le pro-blème haïtien et déclara : « J’ai appris que les Haïtiens volent de la nourriture et du bétail aux fermi-ers. Aux Dominicains qui se plaig-nent de ces dépravations de la part des Haïtiens qui vivent parmi eux je réponds nous règlerons cette affaire. D’ailleurs, nous avons déjà commencé. Environ trois cent Haïtiens ont été tués à Vanica. Et nous devons continuer à résoudre ce problème ».

Les paroles du « Benefactor » étaient le prélude d’une vague de violences et de crimes par des centaines de gardes dominicains. La chasse aux Haïtiens avait déjà commencé. Dans plus de 60 local-ités, sans la moindre distinction

de statut, de sexe ou d’âge, entre le 2 et le 4 octobre, les Haïtiens qui résidaient en République Dominicaine furent recherchés, dénoncés, poursuivis, traqués et assassinés. À Dajabon et Monte Christi, deux villes situées à prox-imité de la frontière, plus de 2 000 hommes avaient été jetés en pâture aux requins. Au total 20 000 de nos frères ont disparu lors de ce génocide ».

Cette exposition permet égale-ment de réfléchir sur les con-séquences de cet évènement qui a une certaine incidence dans les relations que nous entreten-ons avec la République dominic-aine aujourd’hui. Sténio Vincent, qui dirigeait le pays à l’époque, a relaté dans son œuvre « À la découverte d’un pan de l’histoire d’Haïti » : « Les chemins tourmen-tés des relations haïtiano-domini-caines passent inévitablement par l’épineuse question des frontières. Cette question a fait couler beau-coup d’encre et de sang tant en Haïti qu’en République domini-

caine. Il s’agit surtout des rela-tions conflictuelles génératrices de peurs, de haines, d’animosités envenimées du côté dominicain par un discours démagogique, rac-iste et fielleux qui n’a pas toujours eu l’approbation des populations de part et d’autre de la frontière. » (P. 155.)

Parmi les ouvrages exposés à la Bibliothèque nationale, il faut citer « Zafra » de Daniel Supplice, « Le massacre de 1937 et les relations haïtiano-dominicaines » de Suzy Castor, « Le conflit des frontières haïtiano-dominicaines » d’Arthur de Matteis, « Trujillo y Haïti » de Bernado Vega, « Panorama des relations haïtiano-dominicaines » de Georges Michel.

Sans oublier des ouvrages de Jean Price-Mars, René Philoctete, Edwige Danticat qui ont écrit respectivement « La République d’Haïti et la République domini-caine », « Le peuple des terres mêlées » et « La récolte douce des larmes ».

La Bibliothèque nationale d’Haïti (BNH) organise à la salle Aubelin Jolicœur de l’institution, du 10 juillet au 10 août 2015, une grande exposition d’articles et de livres d’auteurs haïtiens et étrangers sur le massacre perpétré du 2 au 4 octobre 1937 sur les Haïtiens en République dominicaine. Par cette exposition, la BNH entend permettre de regarder au-delà de l’actualité pour mieux comprendre la situation à laquelle sont confrontés aujourd’hui les Haïtiens qui vivent de l’autre côté de l’île.

Schwarzenegger pose un lapin à François Hollande Sources : lefigaro.fr

L’acteur américain a décliné ce mardi l’invitation de François Hollande à Paris au «Sommet des consciences pour le

climat». Ceci intervient à cinq mois de la Conférence sur le climat qui se déroulera dans la capitale en décem-bre 2015.

Terminator prend le pas sur l’écologie... Au dernier moment, Arnold Schwarzenegger, pourtant très engagé dans les questions climatiques, a décliné l’invitation de François Hollande au Sommet des consciences pour le climat qui s’est déroulé hier mardi.

Il a préféré rester à Los Angeles pour assurer la promotion de Ter-minator: Genisys

En tant qu’ex-gouverneur de Cali-fornie, l’acteur américain devait participer à cette réunion en com-pagnie du président de la Répub-lique française.

«Schwarzy» est à la tête d’une asso-ciation de régions qui lutte contre le réchauffement climatique. R20

[Régions pour le climat] est une organisation non gouvernemen-tale qui milite pour la réduction

des émissions de carbone, en lien avec des élus locaux de tous les pays.

�i�V�iv�`i��½�Ì>Ì�>Û>�Ì�ÀiXÕ��½>VÌiÕÀ�>�jÀ�V>���i��ÛÕi�`i��>�V��vjÀi�Vi�ÃÕÀ��i�V���>Ì�`i�Óä£x°�É�*��Ì��\��iw}>À�°vÀ

Il a suffi de la célèbre introduc-tion de Lauryn Hill sur Ready or Notpour que la foule soit déjà aux anges. Au milieu du tube des

Fugees, son ancien groupe, Wyclef Jean s’est mis à improviser vocale-ment.

Le célèbre rappeur américain d’origine haïtienne a salué son ami acteur-humoriste Dave Chappelle (qui se produisait en salle hier soir) et Arcade Fire, avec qui il partage la cause du bien-être d’Haïti. Le musicien a affirmé qu’il ne prendrait jamais sa retraite comme Jay Z. Il a averti la foule qu’il allait passer de l’anglais au créole en passant par des bribes de français.Après avoir rappelé qu’il avait brigué la présidence d’Haïti, il a empoigné une guitare pour reprendre No Woman No Cry de Bob Marley. Il a délaissé son instrument pour danser comme un enfant. Parmi la foule, des drapeaux d’Haïti. Au terme d’une soirée chaleu-reuse, plus que généreuse et festive à souhait (pour ne pas dire frénétique), Wyclef Jean a fait plaisir à tous ses publics pour le coup d’envoi du fes-tival Haïti en folie dans le cadre de Juste pour rire. Celui des Fugees, de ses tubes pop, de ses albums solos, et de la communauté haïtienne. Un beau carnaval.La star a garni son spectacle de repris-es et de tubes, qu’il a métamorphosés selon son inspiration du moment. De la bombe rap Thug Angels (transformée en hymne des Caraïbes avec Wyclef au conga) à 911, Gone Till November (dont beaucoup de spectateurs fredon-naient le refrain par coeur).Du répertoire des Fugees, il a aussi offert un pot-pourri de Fu-Gee-La et Killing Me Softly. Il a repris un deux-ième titre de Marley, Redemption Song, qu’il a mixé avec Knockin’ on Heaven’s Door de Bob Dylan. Il a interpellé le maire Denis Coderre, qui devait être parmi la foule, pour pouvoir faire du bruit jusqu’à une heure du matin. Il a reçu sur scène sa protégée, Nikki Yanofsky, dont il réalisera le prochain album. La chanteuse montréalaise a fait découvrir à la foule toute la puis-

sance et l’émotion de sa voix avec le classique I’d Rather Go Blind, popu-larisé par Etta James.Wyclef s’est bombé le torse à souhait, rappelant qu’il figurait sur le tout pre-mier succès de Beyoncé avec Destiny’s Child, No, No, No. Mais l’intimité qu’il avait avec le public rachète le fait d’avoir fait trop reluire (malgré sa grande qualité) son curriculum vitae musical. Ah, la bravade habituelle des rappeurs! Mais sa bravade à lui était certes méritée. Quelle ambiance quand il chantait des hymnes haïtiens avec un drapeau d’Haïti sur la tête et le chandail du Canadien de Montréal de P.K. Subban sur le corps.Après Hips Don’t Lie (tube de Shakira sur lequel il figure), il a fait danser des enfants sur scène. Il a invité les spectateurs à trouver un partenaire pour danser le konpa. Il a rendu un hommage à Cuba avec une reprise diablement efficace de Guantanamera. Il a parlé de son mentor Busta Rhymes quand il était jeune à Brooklyn.Il s’est offert un solo de basse avec un chandail de l’Impact sur le dos, avant de dévoiler une chanson de son nouvel album, Clefication. Le titre: Rich Girl, où figure Pusha T, chanson pendant laquelle il a fait monter sur scène la première équipe haïtienne de hockey « [qu’il ait] vue de [sa] vie». Puis le spectacle s’est conclu en party dansant dans un hommage à la musique noire avec un pot-pourri allant des Jackson Five à House of Pain. Retenu par les spectateurs, Wyclef Jean a pris un bain de foule, gravissant même l’échelle de la structure en métal où se trouvaient les éclairagistes. Quel party! À 22 h 45, il a demandé «une extension de 20 minutes».«Il y a de l’amour ici», a-t-il crié avant une reprise de Smells Like Teen Spirit de Nirvana.Un musicien, ce Wyclef Jean, qui a appris à chanter dans l’église de son père avant d’apprendre le jazz, mais aussi un mélomane qui affectionne tous les styles. Et un red-outable animateur de foule (qui devait terminer la soirée à trois heures du matin derrière les platines). Rarement a-t-on vu une foule aussi heureuse-

ment agitée sur la place des Festivals.

Haïti en folie

Pour ceux qui se demandent pourquoi Wyclef Jean, qui ne donne pas dans l’humour, se produisait à Juste pour

rire, précisons qu’il donnait plutôt le coup d’envoi du 9e festival Haïti en folie, qui se tient dans le cadre du festival de Gilbert Rozon (qui entend néanmoins multiplier de plus en plus les formes d’art dans sa programma-tion de rue, incluant la musique, ce qui empiète sur d’autres festivals).«Nous collaborons avec Juste pour rire depuis trois ans», explique Fabienne Colas, présidente d’Haïti en folie.«Wyclef, c’est un rêve devenu réalité. C’est plus haut que ce que l’on aurait pu espérer. Il donnera le plus gros show extérieur de cet été à Montréal», plaide-t-elle.Haïti en folie se poursuit au cours des prochains jours. Parmi la programma-tion musicale du parc La Fontaine, soulignons les spectacles, vendredi, du porte-parole Wesli après Vox Sambou avec Nomadic Massive. Au programme samedi: Rara Soley, Toto Laraque en compagnie de Son Band, et une célé-bration du 60e anniversaire de la musique konpa avec Ralph Boncy et DJ Jean Nonez.Enfin, Dany Laferrière prendra part jeudi soir à une discussion à la Grande Bibliothèque sur son intronisation à l’Académie française.

20 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

Wyclef Jean : quelle fête montréalo-haïtienne !Par Emilie Coté / La Presse

Le spectacle de l’été sur la place des Festivals? Peut-être bien. C’est nul autre que Win Butler qui a présenté Wyclef Jean, hier soir, sur une place des Festivals bondée de spectateurs par une soirée d’été parfaite. «Une légende», a dit le chanteur du groupe montréalais Arcade Fire.

Performance de Wyclef Jean au spectale Haïti en folie à Montréal.../ Photo : La Presse

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 21SPORT

OMNISPORT / MJSAC

TENNIS / COMPÉTITION

La « Coupe de la présidence » est lancée ! par Kenson Désir

Pour mieux évaluer le niveau du tennis haïtien ! par Kenson Désir

Pour contextualiser l’initiative, le ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC), Jimmy Albert, a

expliqué que plusieurs centaines de jeunes à travers les dix départements du pays auront l’occasion de particip-er sainement à une variété d’activités sportives, tout en rapprochant les dif-férentes fédérations sportives de son ministère.

« La coupe de la présidence est un projet réfléchi par le ministère de la Jeunesse des Sports et de l’Action civique de concert avec les fédérations impliquées et financé par la présidence. Elle est mise sur pied pour faciliter la pratique du sport aux jeunes et permettre aux riverains de la zone d’avoir des activités de récréation saine durant la période estivale. », a précisé le ministre Albert.

Financée à hauteur de 14 millions de gourdes par la présidence, cette compétition multisports facilitera la connexion des jeunes dans une ambiance sportive. M. Albert a rap-pelé que ce projet ne se fait pas au hasard. « Ce grand projet exprime, un peu plus, notre détermination de dynamiser tous les secteurs d’activités du ministère.

Je remercie tous les représentants de la présidence qui ont accepté de financer ce projet à un moment où les moyens financiers se font rares », a reconnu Jimmy Albert.

Plusieurs disciplines sportives : football, basketball, volleyball, athlétisme, boxe et jeu de dames seront présentent sous la supervi-sion du MJSAC. Le président de

la Fédération haïtienne de boxe amateur, Pierre Eddy Daniel, s’est dit heureux de ce grand projet qui facilitera aux jeunes l’accès à la pratique du sport, mais aussi le retour de la caravane de boxe « La quatrième édition de cette caravane de boxe de la coupe de la présidence débutera ce samedi 25 juillet sur la place de Saint-Anne (Port-au-Prince).

Après plus de deux ans d’absence, cette compétition est de retour pour le plus grand bien des amants du noble art. Des boxeurs filles et garçons de 13 ans jusqu’au niveau sénior participeront à plus d’une dizaine de matches, joueront pen-dant plusieurs semaines sur les dif-férentes places publiques du pays », réjouit Pierre Eddy Daniel

Il va profiter pour concrétiser plu-sieurs aspects de sa politique pour la boxe haïtien. « Notre objectif sera de toucher les couches les plus vul-nérables de la société. De créer une activité qui peut servir à diminuer la violence dans les quartiers défa-vorisés.

Dans le passé, cette initiative nous a permis de découvrir de très grands talents, comme Évens Pierre. Ce sera l’occasion pour la boxe de découvrir de nouveaux talents dans la perspective d’une sélection natio-nale, mais aussi d’initier d’autres jeunes dans la pratique de la boxe » a fait savoir Pierre Eddy Daniel.

Pour sa part, Yves Jean Bart, dit Dadou, président de la Fédération haïtienne de football, croit que c’est un projet qui va révolutionner la période estivale

des footballeurs haïtiens. « Par manque d’activités sportives, la période estivale constitue un problème pour le football en Haïti, pourtant c’est le moment où tous les footballeurs sont disponibles. La coupe de la présidence va nous servir de prétexte pour mettre sur pied un tournoi formel pour nos footballeurs. Ce sera une compétition où toutes les villes pourront participer en fonction des critères définis par la Fédération haïtienne de football (FHF) », a relaté, d’entrée de jeu, Yves jean Bart.

Il a ajouté en guise de précision que tous les participants du tournoi de football vont se doter d’une licence provisoire décernée par la FHF. Pour

éviter de grands déplacements, Il y aura plusieurs phases dans la compétition. « En fonction de la situation géographique des équipes, on débutera la compétition par une phase régionale. Les équipes issues de la première phase croiseront le fer dans une phase interrégionale, pour aboutir à la phase nationale qui se jouera à Port-au-Prince.

J’invite toutes les villes qui ne sont pas affiliées à la Fédération (Mare-Rouge, Jean-Rabel, la côte Sud) à saisir cette occasion pour participer et déposer la base de leur affiliation », conclut Dadou, qui a rappelé que les compétitions d’été ont une importance capitale pour le développement du sport dans le pays.

« On a l’habitude d’organiser cette compétition à la fin de chaque année, mais cette fois, on a choisi de l’organiser en

août du fait que nous avons voulu avoir une plus grande participation des jeunes non engagés dans les activités scolaires. En plus, l’élection présidentielle est prévue à la fin de l’année. Pour réaliser ce tournoi, on a l’assistance et le support de la Fédération haïtienne de tennis (FHT). Avec l’implication de ladite Fédération, la compétition prend un caractère officiel. Seulement ceux, qui

y sont affiliés, pourront participer à ce tournoi de tennis », a fait savoir Rénélio Exéant, le coordonnateur du tournoi. Monsieur Exéant a expliqué que le tennis n’a pas un championnat régulier. Cette activité va permettre aux meilleurs tennismen de mettre leurs talents en évidence. « Nous avons une seule compétition de tennis pendant l’année, c’est le moment d’évaluer nos athlètes. Pour cette raison, nous avons ouvert le cadre à beaucoup plus de jeunes, ainsi qu’aux anciennes gloires du tennis

haïtien. Les catégories U-12 filles et garçons, Junior, débuteront le huit août, pour découvrir encore de nouveaux talents et vitaliser le tennis haïtien. Une semaine plus tard, on donnera le coup d’envoi des autres catégories, Open, 40 ans et plus, 55 ans et plus », a précisé Rénélio Exéant. D’autre part, le responsable a informé que les joueurs n’auront pas à payer pour prendre part au tournoi. Au contraire, ils recevront des primes alléchantes à la fin de la compétition. « Les participants n’auront rien à payer pour participer

à la compétition. Nous attendons participation les tennismen de plusieurs villes notamment ceux de Petit-Goâve et de Jacmel qui sont toujours avec nous. Les champions de la catégorie Open recevront de l’argent et des trophées, mais, quant aux autres, ils n’auront que des trophées ».a-t-il ajouté.

Rénélio Exéant a rappelé que les jeunes gagnants de la compétition pourront éventuellement représenter le pays dans des compétitions internationales.

Le ministre Jimmy Albert et le président de la FHB Pierre Eddy Daniel. Photo : Ruben Chéry

Sous le haut patronage de la présidence, le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l’Action civique (MJSAC) annonce l’organisation de la « Coupe de la présidence » du 25 juillet au 30 août 2015, avec la participation de plusieurs fédérations sportives. Durant plus d’un mois, des disciplines sportives telles : football, basketball, volleyball, athlétisme, boxe et Jeux de dames seront en compétition dans plusieurs régions du pays

De concert avec la Fédération haïtienne de tennis, la Sogener et le groupe Jean Vorbe ont annoncé l’organisation d’un tournoi national de tennis pour le huit août prochain au Cercle Bellevue (Bourdon).Cette compétition de tennis se déroulera en catégorie U-12 filles et garçons, junior, Open, en vue de détecter de jeunes talents et créer un espace de compétition aux tennismen haïtiens.

22 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015

SPORT

FOOTBALL

Le président de la FHF fait le point sur la Copa America centenario et sur le Mondial 2018 par Gérald Bordes

D’après les informations recueillies, Haïti pourrait disputer un match de barrage afin de valider

son billet pour la Copa America centenario de 2016. Mais le président de la Fédération haïtienne de football (FHF), Yves Jean-Bart a informé que cette grande compétition spéciale est dans l’impasse suite au problème de corruption qui gangrène l’instance suprême du football.

« D’abord il faudra que la Copa du centenaire voie le jour, ce qui n’est pas évident pour le moment. Mais on a bon espoir que la passion du football tellement forte fera surmonter les difficultés auxquelles font face les deux entités organisatrices (la Concacaf et la Commebol) pour concrétiser cet événement inédit... Il faut sortir du flou que constitue les problèmes judiciaires frappant les deux agences de financement (Trafic sport et Full play). Pour le moment on est dans l’expectative puisque toute la structure organisatrice et toute la charpente sont affectées. La coupe du Centenaire a été l’un des événements ayant, selon la justice américaine, l’élément de base de la crise de la FiFA et du football mondial. Ce handicap sera peut être surmonté, nous le souhaitons vivement car on sait comme il serait dommage d’annuler ce grand événement de l’été 2016 », a informé le président de la FHF.

Si la compétition se réalisera, le grand problème sera la façon de déterminer les 5e et 6e qualifiées de la zone Concacaf sachant que les États-Unis, le Mexique, le Costa

Rica et la Jamaïque ont déjà validé leur billet. Le président Jean-Bart a apporté des explications sur ce dossier brûlant tout en précisant que la Concacaf n’avait pas prévu ce scénario. « Si le problème est résolu concernant la Copa spéciale, il faudra déterminer les deux derniers représentants de la Concacaf. Si l’on est d’accord que le Panama, demi-finaliste, prend la première place disponible, Il va falloir élire le 6e et dernier qualifié entre Trinidad, Cuba et Haïti. Le règlement de la compétition n’avait pas prévu ce détail. La Concacaf devra trancher.

Certains parlent de barrage ou d’un éventuel triangulaire qui serait difficile à placer dans le calendrier international en raison du calendrier qui va occuper toutes les dates de la FIFA des éliminatoires de la coupe du monde Russie 2018 après le tirage au sort du 26 juillet », a-t-il mentionné.

D’après le numéro un du football haïtien, le choix serait penché vers le Trinidad parce que la sélection trinitéenne a le meilleur résultat d’ensemble sur les autres candidats. Mais le hic dans cette affaire est que le Trinidad n’ayant pas rencontré les mêmes adversaires qu’eux, les résultats généraux restent très relatifs.

« On verra mieux lorsque la Concacaf et la Commebol se remettront au travail ce qui n’est pas le cas mais, avouons que ce ne sera pas facile. Car, personne n’est plus disposé à accepter les solutions partisanes du récent

passé comme par exemple le choix de la Jamaïque pour participer à la Copa America 2015 alors qu’elle n’avait pas été qualifiée pour la Gold Cup 2013 », a martelé Yves Jean-Bart.

Au cours de la participation d’Haïti à la XIIIe édition de la Gold Cup, la Sélection haïtienne a inscrit seulement deux buts et a loupé plusieurs occasions de but. Plus d’un dit que le football haïtien a une carence dans son secteur offensif. Le président de la FHF n’est pas de cet avis mais, admet qu’il faut plus d’attaquants au foot haïtien. « Nous avons quand même marqué deux fort jolis buts et les occasions n’ont pas manqué dans tous nos matches. Ce n’est donc pas un problème d’attaquants réellement. Par contre je sens et c’est clair qu’il nous faut des joueurs “plus offensifs “ dans le sens que nous devons développer plus de stratégie offensive et travailler pour plus d’automatisme en attaque. Cela passerait plutôt par plus de temps de jeu et de travail, plus de matches de préparation.

Pour conclure il faudrait un peu de tout... plus de joueurs offensifs surtout dans l’élaboration du jeu et aussi et surtout un vrai budget pour avoir les possibilités de jouer huit à neuf matches par saison », a-t-il signalé.

À la question si la porte de la Sélection était fermée aux deux joueurs (Jean Jacques et Jeff) qui ont abandonné l’équipe lors de la Gold Cup ? Le président Jean-Bart en bon diplomate donnait une

réponse équivoque en disant que la FHF doit prendre connaissance du rapport pour effectuer une analyse. « N’allez pas si vite en besogne. Le comité de la FHF doit prendre connaissance du rapport en préparation et ensuite analyser froidement sans émotion en tenant compte de la gravité de l’infraction, des risques qu’elle peut devenir contagieuse, de la nécessité d’arriver au respect de l’équipe nationale et du pays en tenant compte aussi de beaucoup de facteurs qui seront consignés dans le rapport et tout ceci sans émotion aucune dans l’intérêt de l’équipe nationale et de la discipline qui est indispensable à son succès », a-t-il précisé.

Le 26 juillet prochain, la FIFA va organiser en Russie le tirage au sort des éliminatoires du Mondial 2018. Durant la première semaine du mois de septembre, Haïti devra entrer en lice au 3e tour des éliminatoires mais il faut beaucoup de moyens économiques pour avoir une sélection compétitive si on veut participer à la phase finale en 2018 en terre russe. « La Coupe du monde est une compétition très coûteuse. Malgré le talent, le savoir-faire en football vous devez constater qu’au bout du compte, ce sont toujours les grosses écuries qui montent sur le podium autant dire qu’une équipe qui n’a pas de ressources solides ne va nulle part et les dirigeants rumineront toujours des regrets.

Ce n’est pas par accident que l’Allemagne dont l’économie est en santé a les clubs désormais les plus riches. Si nous avions le budget de huit millions dollars américains de la Jamaïque ou de Trinidad nous pourrons espérer de grandes choses pour cette campagne. C’est d’ailleurs dans cette idée que nous remuons ciel et terre pour sensibiliser, motiver puisque comme vous venez de le constater, nous avons tout : de bons joueurs, un bon encadre-ment technique, la passion, la détermination sauf des moyens pour réaliser au moins le quart de préparation des autres. Conscient du problème nous faisons preuve de créativité pour diminuer l’effet des carences criantes et des besoins », a conclu le président de la Fédération haïtienne de football (FHF) qui espère jouer des match-es amicaux comme la sélection de 1974 avait fait en rencontrant le Pérou, les USA, l’Équateur, l’Uruguay, le Santos du Brésil, le Racing d’Argentine, Chelsea, Volv-erhampton, Moenchengladach.

Après l’élimination des grenadiers en quarts de finale de la XIIIe édition de la Gold Cup, plus d’un pense qu’Haïti pourrait disputer un match de barrage face à son homologue trinidadienne. Dans le souci d’avoir plus d’informations nous avons rencontré Yves Jean-Bart, président de la Fédération haïtienne de football (FHF) sur ce dossier et sur la participation d’Haïti aux éliminatoires du Mondial 2018 et surtout, sur la carence d’attaquants à laquelle est confronté le foot haïtien.

Yves Jean-Bart, président de la FHF. / Photo : Ruben Chéry

Considéré comme l’un des meilleurs éléments de l’équipe haïtienne, le capitaine des grenadiers,

auteur d’un parcours extraordinaire avec le bicolore national, veut être positif quant aux éliminatoires de la Coupe du monde Russie 2018, malgré le mauvais résultat obtenu par la sélection nationale face à la Jamaïque (0-1).

« Je suis très déçu du résultat mais, content puisque, pas mal d’équipes ont été surprises par le jeu qu’on a produit.

Je suis content qu’Haïti ait une belle image même si on est éliminé mais, tout le monde a l’impression qu’on est sorti la tête

haute. On a su concurrencer des formations comme les États-Unis, le Honduras et maintenant, il faut qu’on soit positif concernant nos prochains matchs à jouer bientôt », a-t-il précisé.

Interrogé sur le but encaissé par une erreur défensive au début du match, Johny Placide a rejeté toutes les critiques et a parlé d’un manque de lucidité de la part du défenseur.

« Beaucoup de choses sont prises en compte sur le but que la sélection a encaissé. C’est le foot, il faut qu’il y ait un vainqueur et un vaincu. On a fait une grave erreur défensive et moi aussi, je suis responsable de ce qui est

arrivé.», a-t-il informé.

À propos de l’avenir de l’équipe nationale haïtienne, le dernier rempart du stade de Reims est certain qu’il y a plein d’espoir.

« Bien-sûr qu’il y a beaucoup d’espoir ! Tout le monde a vu ce qu’on est capable de faire.

Maintenant, j’aimerais que le peuple haïtien, les gens qui sont à l’extérieur et les journalistes continuent à nous soutenir », a fait savoir Johny Placide qui a profité pour calmer l’esprit de chaque haïtien avec cette petite phrase « Je serai toujours à la disposition des grenadiers si on veut bien faire appel à moi. »

Après leurs éliminations en haltérophilie, en lutte et en natation, à la XVIIe édition des Jeux panaméricains qui

se déroule à Toronto, les athlètes de l’athlétisme commencent à dessiner une trajectoire pour Haïti dans ces Jeux. Ce mardi 21 juillet deux athlètes haïtiens ont décroché leur billet pour les demi-finales.

Darell Wesh est qualifié pour les demi-finales des Jeux panaméricains en terminant 6e de son groupe avec un temps 10 secondes 24 centièmes. Ce mercredi, à 6 h 30 p.m., au stade d’athlétisme panaméricain/para panaméricain CIBC, il essaiera

d’obtenir sa place pour la finale. Il y aura sept autres concurrents et il sera au premier couloir. En 400m haies, ce mardi 21 juillet, la jeune Jessica Gélibert, 20 ans, a décroché son billet pour les demi-finales de sa catégorie avec un temps de 57 secondes 58 centièmes. Elle s’est classée en 5e position. Ce mercredi, au stade d’athlétisme panaméricain/para panaméricain CIBC, elle courra avec sept autres concurrentes pour une place en finale. Il faut préciser que la meilleure performance de Jessica a été la troisième place aux 400 m haies des championnats juniors panaméricains d’athlétisme 2013.

MERCREDI 22 JUILLET 2015 N0 44 | 23SPORT

Fil Info Football

Drogba préfère Montréal

L’avenir de Didier Drogba semble se préciser. Entre les deux clubs qui l’ont contacté, la préférence de l’attaquant ivoirien irait à l’Impact Montréal plutôt qu’à Chicago Fire.

Le président de la commission des réformes �MNLL��SQ�R�OQNBG@HMDLDMS�

Le président de la commission de la FIFA, chargé de proposer des réformes, sera « nommé très prochainement », mais ce ne sera pas l’ex-secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, évoqué à un certain moment pour ce poste, a indiqué une source proche de la FIFA, mardi. Ce groupe de travail composé de dix membres et un président doit présenter «un rapport succinct» sur les projets de réforme lors du prochain comité exécutif qui se tiendra en septembre. Dans cette optique, le président de ce groupe « doit être nommé très prochainement », selon cette source. Cette personnalité indépendante sera nommée par le président Blatter et les confédérations, a précisé cette source.

Ludogorets éliminé, le Partizan passe

Ludogorets dit déjà adieu à la Ligue des champions. Les Bulgares, qui avaient atteint la phase de groupe la saison dernière et tenu tête à Liverpool et à Bâle, ont été éliminés par les Moldaves de Milsami dès le deuxième tour préliminaire. Déjà battus à l’aller à domicile (1-0), ils se sont de nouveau inclinés (2-1), mardi, alors que leurs adversaires ont passé les vingt dernières minutes du match en infériorité numérique. Plus tôt dans la journée, le Partizan Belgrade s’est tranquillement qualifié sur la pelouse des Géorgiens de Dila Gori (2-0, 1-0 à l’aller). Toutes les rencontres de ce deuxième tour n’ont pas encore été disputées.

NBA

La summer league pour les Spurs

San Antonio s’est imposé en finale de la summer league de Las Vegas contre Phoenix (93-90). Becky Hamon à la tête de l’équipe devient également la première femme titrée en NBA. Les Spurs se sont imposés grâce à Kyle Anderson (15 pts), MVP de la compétition, ainsi qu’à Treveon Graham (22 pts). et Jontathan Simmons (23 pts). Simmons a d’ailleurs été élu meilleur joueur du match.

Tennis

Coupe Davis : Suisse-Pays-Bas en barrages

Ce mardi avait lieu le tirage au sort des barrages d’accession au groupe mondial de la coupe Davis, qui se dérouleront en même temps que les demi-finales (Grande-Bretagne-Australie et Belgique-Argentine), du 18 au 20 septembre. Tenante du titre, la Suisse défendra sa place à domicile face aux Pays-Bas, tandis que la République Tchèque se rendra en Inde.

GOLD CUP 2015

ATHLÉTISME /JEUX PANAMÉRICAINS TORONTO

« L'échec d'Haïti est une déception et un contentement à la fois», dixit Johny Placidepar Benson Petit-Clair

Darell Wesh et Jessica Gélibert en demi-finalespar Gérald Bordes

Le portier Johny Placide, capitaine de la Sélection haïtienne de football. / Photo : lequipe.fr

Jessica Gélibert a remporté la médaille de bronze au 17e édition des Championnats panaméricains juniors d’athlétisme en août 2013.

Le portier de la Sélection nationale haïtienne, Johny Placide a donné ses impressions sur l’échec d’Haïti aux quarts de finale de la Gold Cup 2015 qui, pour lui, est une déception et du même coup un contentement en raison du jeu surprenant produit par les grenadiers.

24 | N0 44 MERCREDI 22 JUILLET 2015