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De l'essence double du langageAuthor(s): Ferdinand de SaussureSource: Cahiers Ferdinand de Saussure, No. 50 (1997), pp. 202-205Published by: Librairie DrozStable URL: http://www.jstor.org/stable/27758541 .
Accessed: 16/06/2014 19:48
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202 Cahiers Ferdinand de Saussure 50 (1997)
De l'essence double du langage
1)9)
Le continuel ?subtil d?faut des de toutes
les distinctions linguistiques est de
croire qu'en parlant d'un objet ? un
certain point de vue on est dans un poi, de ce fait, dans le dit point de vue;
Rapp oo qui ost dans les neuf dixi?mes des cas c'est justent Ie contrir qui ^
pour une raison tr?s simple:
Rappelons en effet que l'objet en
linguistique n'existe pas ^ con,Der?
n'oxisto quo / du moins quo paga/ ot n'est pas d?termin?, il noxisto ot il n'ost do en lui-m?me. D?s lors parler d'un objet, o'oat oommonoor par invo
que? nommer un objet, e%st oomPonoor parce
n>est pas autre chose que d'invo
quer un point de vue A bief* d?term?.
Apr?s t? avoir donn? un nom,
diotingu? ot d?nomm? un certain objet <[m] livr? non | par 3 | qae livr? | qui | le point de vue> selon A, qui n'a d'exis tence quo sol?n A d absolut que ds l'ordre A, ftetts et qui ne serait pas
m?me une chose d?limit?e hors de l'ordre A; nous noua imaginona qu'on | ? l'instant o? on se transporto dans B on pout subitomont uaor do l'objot pr? o?dont oommo oompoa? il est permis parfois do voir peut-?tre (dans certains
cas) de voir comment /[2] se pr?sente cet objet ?t****?*****, vu selon B.
Mais a oo momont on oublio r?gu li?romt I L'oxistonoo relativo do l'objot
A ce moment est-on dans de point de
D<P)
Le continuel et subtil d?faut de toutes les distinctions linguistiques est
de croire qu'en parlant d'un objet ? un
certain point de vue on est, de ce fait, dans le dit point de vue; dans les neuf dixi?mes des cas c'est justement le contraire qui est vrai pour une raison tr?s simple:
Rappelons en effet que l'objet en
linguistique n'existe pas pour com
mencer, n'est pas d?termin? en lui m?me. D?s lors parler d'un objet, nommer un objet, ce n'est pas autre chose que d'invoquer un point de vue A d?termin?.
Apr?s avoir d?nomm? un certain
objet, livr? le point de vue A, qui n'a d'existence absolument que dans l'ordre A, et qui ne serait pas m?me une chose d?limit?e hors de l'ordre A, il est permis peut-?tre (dans certains
cas) de voir comment /[2] se pr?sente cet objet de l'ordre A, vu selon B.
A ce moment est-on dans de point de vue A ou dans le point de vue Bl
R?guli?rement il sera r?pondu qu'on
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Ferdinand de Saussure: De l'essence double du langage 203
vue A ou ds le point de vue B? R?gu li?rement il sera r?pondu qu'on est dans le point de vue B; mais noua affir mona c'est pafeequ'on a c?d? une fois de plus ? l'illusion des ?tres linguis tiques menant une existence ind?pen dante. La plus difficile, maia la plua ? saisir, mais la plus bien-faisante des v?rit?s linguistiques est de comprendre qu'? ce moment on n'a pas cess? de
<[m] au contraire de> rester fondamentalt
dans le point de vue A, parco <[m] du seul fait> qu'on fait usage d'uno ontit? terme ?e i'orcire A, dont la notion m?me nous ?chapperait selon B.
Ainsi bien des linguistes q*? pense<_ro>nt
<[m] s'te p,aces> r?duire loa ohoaoa ?tre sur \m,e terrain ?et physio logico-acoustique en faisant abs traction du sens du mot pour /[3] en consid?rer les ?l?ments vocaux, e? en? disant que le mot champ au point de vue vocal est identique au mot
chant<:> etet en disant que le mot
paa complot ai on comporte une partie vocale qu'on va consid?rer, plus une autre partie .. etc. Mais d'o? prend-on d'abord qu'il y a- un mot? lequel aura
devra ?tre consid?r? ? <[m] ensuite ?> diff?rents point de vue? On ne tire cette id?e elle-m?me que d'un certain
point de vue, car il m'est impossible <devoir [sic]> d'aooordor que le mot, au milieu de tous les usages qu'on en
fait, soit quelque chose de donn?, ea
lui m?mo et qui s'impose ? moi comme la pr?aonoo la perception d'une couleur
est dans le point de vue B; c'est qu'on a c?d? une fois de plus ? l'illusion des ?tres linguistiques menant une exis tence ind?pendante. La plus difficile ? saisir, mais la plus bienfaisante des v?rit?s linguistiques est de comprendre qu'? ce moment on n'a pas cess? au contraire de rester fondamentalement dans le point de vue A, du seul fait
qu'on fait usage d'un terme de l'ordre
A, dont la notion m?me nous ?chappe rait selon B.
Ainsi bien des linguistes penseront s'?tre plac?s sur le terrain physiolo gico-acoustique en faisant abstraction du sens du mot pour /[3] en consid?rer les ?l?ments vocaux, disant que le mot
champ au point de vue vocal est iden
tique au mot chant ; en disant que le mot comporte une partie vocale qu'on va consid?rer, plus une autre partie ..
etc. Mais d'o? prend-on d'abord qu'il y a un mot lequel devra ?tre consid?r? ensuite ? diff?rents point de vue? On ne tire cette id?e elle-m?me que d'un certain point de vue, car il m'est im
possible de voir que le mot, au milieu de tous les usages qu'on en fait, soit
quel-que chose de donn?,
et qui s'impose ? moi comme la
perception d'une couleur.
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204 Cahiers Ferdinand de Saussure 50 ( 1997)
Le fait est que tant que Von
parle du mot a, du mot b, ou simplent du mot, on reste fondamentalnt dans le donn?
MORPHO-LOGIQUE, en d?pit de tous les points de vue qu'on pr?tend introduire, parce que le mot <[m+r] est 1 disticti qui> rel?ve de l'ordre d'id?es
morphologiques, et qu'il n'y a pas de
distinctions .. w . .. . , ? linguistiques independantes<i_> d 1 oorto
T.s.v.p. /[4]
49) A quel titre cette distinction
morphologique du mot interviendrait
elle, partieuli?rmt ds comme l'unit? donn?e dans une discussion physiolo gico-acoustique<??alors m?me
qu'on convient de d?truire
im@?diatmt
C'est ainsi qu'on ne cesse en
linguistique do or?or un objet a qui oxioto selon A, de consid?rer dans l'ordre B des objets qui existent selon
A e, mais pas selon B; dans l'ordre
<C__A> des objets b qui existent selon
<C_B> mais pas selon <C_A>, etc.. Pour chaque ordre en effet, on ?prouve le besoin de d?terminer l'objet<,_;> invoquant un autre ordre; ^[m+r] ot on 00 figuro aloro avoirs maio l'erreur oot do no pao voir qu'on tourno dang un immonoo cor?lo vioioux?do tollo fa?on qu'il n'y a et ,e d?termi on recourt machinalement pour lo d?torminor ? un ?afre <[m] 2d> ordre <iue,con<iue5 parce qu'il n'y a pas d'autre moyen offert en l'absence totale d'entit?s concr?tes:
/[5]
Le fait est que tant que l'on parle du mot a, du mot b, ou simplement du
mot, on reste fondamentalment dans le donn? MORPHOLOGIQUE, en d?pit de tous les points de vue qu'on pr?tend introduire, parce que le mot est une
distinction qui rel?ve de l'ordre d'id?es morphologiques, et qui'l n'y a
pas de distinctions linguistiques ind?
pendantes. T.s.v.p./[4]
49) A quel titre cette distinction
morphologique du mot interviendrait
elle, comme l'unit? donn?e dans une
discussion physiologico-acoustique, alors m?me qu'on convient de d?truire imm?diatement []
C'est ainsi qu'on ne cesse en lin
guistique de consid?rer dans l'ordre B des objets qui existent selon A, mais
pas selon B; dans l'ordre A des objets b qui existent selon B mais pas selon
A, etc.. Pour chaque ordre en effet, on
?prouve le besoin de d?terminer l'ob
jet; et pour le d?terminer on recourt machinalement ? un second ordre
quelconque, parce qu'il n'y a pas d'autre moyen offert en l'absence totale d'entit?s concr?tes: /[5]
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Ferdinand de Saussure: De l'essence double du langage 205
5cp) ?ternellement donc le grammairien
ou le linguiste prend pour entit? con er?te nous donne pour entit? concr?te, et pour entit? absolue servant de base ? ses op?rations, l'entit? abstraite et rela tive qu'il vient do d?gagerd,imcntcr dans un chapitre pr?c?dent.
a pas d'autre moyen offert en l'ab sence totale d'entit?s concr?tes: /[5]
Immense cercle vicieux, qui ne
peut ?tre bris? qu'en oo rondt olniro mont oompto uno fois pour toutes, du n?ant do touto distinction linguistique hors do la d?termination oxaoto du
substituant une fois pour toutes en
linguistique lo POINT DE VUE oommo la discussion des points de vue ? celle des ?faits?, puisqu'il n'y a pas la moindre trace de fait linguistique. hors d'un point do wo donn? o'ost ? ?ke <[m] pas> la moindre possibilit? d'apercevoir ouded?terminer un fait linguis tique hors del'adoption pr?alable d'un
point de vue1.
5(p) ?ternellement donc le grammairien
ou le linguiste prend pour ontit? con et?te nous donne pour entit? concr?te, et pour entit? absolue servant de base ? ses op?rations, l'entit? abstraite et rela tive qu'il vient do d?gager
d inventer dans un chapitre pr?c?dent.
Immense cercle vicieux, qui ne
peut ?tre bris? qu'en substituant une fois pour toutes en linguistique la dis cussion des points de vue ? celle des
?faits?, puisqu'il n'y a pas la moindre trace de fait linguistique, pas la
moindre possibilit? d'apercevoir ou de d?terminer un fait linguistique hors de l'adoption pr?alable d'un point de vue.
11 texte non suivi; <[m]> texte en marge; <[m+r]> marge avec renvoi au lieu d'insertion; mmm texte barr?; <a_b> correction de a en b. - T.s.v.p. Tourner s'il vous pla?t.
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