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Maladies vectorielles et stratégies de lutte :

exemple du Paludisme

Philippe Grellier

Muséum National d’Histoire Naturelle

UMR7245 CNRS/MNHN – MCAM Molécules of Communication and Adaptation des Microorganismes

Equipe : Parasites et Protistes Libres (PPL)

grellier@mnhn.fr

2

PLAN

• I- Les maladies à transmission vectorielle

• II- Rappels de Parasitologie

• III- Le Paludisme, agents, vecteurs, cycle biologique

• IV- Arsenal chimiothérapeutique et le grave problème des chimiorésistances

• V- Lutte vectorielle

• VI- Où en est-on du vaccin contre le paludisme?

• VII- Mondialisation et changements globaux

Nombre de décès dus à des maladies infectieuses

en 2012 par million de personnes

Les agents infectieux (bactéries, virus, champignons, parasites) sont à

l’origine encore d’environ 20 millions de morts par an dans le monde sur les

57 millions de décès dus à des maladies (2016)

“Disability-adjusted life year” du aux maladies infectieuses

par 100 000 habitants

“Disability-adjusted life year (DALY)” ou année de vie corrigée du facteur d’incapacité (AVCI): mesure du poids d’une maladie, exprimée comme le nombre cumulé d’années perdues dues à la maladie, à l’invalidité et à la mort prématurée qui en résultent.

= YLL + YLD years of life lost years with disability

Les maladies à transmission vectorielle

Maladies infectieuses transmises par des vecteurs qui assurent une

transmission active (mécanique ou biologique) d’un agent infectieux (virus,

bactérie, parasite) d’un vertébré vers un autre vertébré. Elles sont responsables

de plus de 17% des maladies infectieuses, et provoquent plus d’un million

de décès chaque année.

Vecteurs : arthropodes hématophages (moustiques, acariens) et certains

gastéropodes d’eau douce.

• Moustiques

Aedes : Chikungunya, Dengue, Fièvre jaune, Zika…

Anopheles: Paludisme

• Culex: Filarioses, Encéphalite japonaise, Fièvre à virus West Nile…

• Phlébotomes : Leishmanies..

• Tiques: Encéphalites, Maladie de Lyme, Rickettsioses, Borrélioses…

• Réduves: Maladie de Chagas

• Mouche tsé-tsé: Maladie du sommeil

• Puces : Peste, Rickettsioses

• Simulies: Onchocercose

• Escargots aquatiques: Schistosomiase

https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/vector-borne-diseases

Agents de maladies parasitaires

Trypanosoma cruzi Trypanosoma brucei Schistosoma spp

Plasmodium falciparum

Leishmania spp.

Giardia lamblia

Dracunculus medinensis

Brugia malayi

Impact global des maladies parasitaires

Maladies parasitaires Cas/an Morts/an

Paludisme 198 000 000 584 000

Cryptosporidiose 276 000 000 100 000

Leishmaniose 10 000 000 51 600

Trématodoses alimentaires 16 000 000 7000

Schistosomoses/Bilharzioses 252 000 000 11 700

Helminthiases 439 000 000 900

Amibiases 297 600 000 55 000

Filariose lymphatique 36 000 000 300

Ascaridiose 819 000 000 900

Toxoplasmose (congénitale) 190 000 –

Trichurose 465 000 000 900

Onchocercose 30 000 000 –

Trypanosomose africaine 37 000 9 100

Maladie de Chagas 5 700 000 10 300

Cysticercose 1 400 000 1 200

Trichomonase 2 760 000 –

Somme 2 848 687 000 832 900

WHO; the Global Burden of Disease studies 2013; Pullan et al. Parasite & Vectors 2014; Brooker et al. Int. J. Parasitology 2011; Torgerson, Trends in Parasitology 2014. http://faculty.ucmerced.edu/kjensen5/index.php

WHO 2016

Virus

Virus

Bacteria

Bacteria

Bacteria

Bacteria

Parasite

Parasite

Parasite

Parasite

Parasite

Parasite

Parasite

Parasite

Parasite

Parasite

Parasite

17 Maladies Tropicales Négligées 11 dues à Des parasites

Parasite / Hôte Organismes liés par des relations trophiques, spatiales et

interspécifiques Relation obligatoire pour le parasite aux niveaux spatio-temporel et énergétique au détriment de l’hôte. La relation hôte-parasite est complexe : les deux espèces, à chaque génération, exercent l’une sur l’autre des pressions sélectives. Chaque fois que l’hôte s’adapte, le parasite est contraint de s’adapter et réciproquement (Théorie de la reine rouge de Leigh Van Valen (1973)).

Equilibre dynamique Course perpétuelle aux armements

1:Tout caractère permettant au parasite d’augmenter la probabilité de rencontre de l’hôte est sélectionné dans le génome du parasite et inversement. 2: Tout caractère permettant à l’hôte d’augmenter la probabilité de détruire ou d’endommager le parasite est sélectionné dans le génome de l’hôte et inversement.

Rappels de Parasitologie

Co-évolution entre le parasite et son hôte

Quels défis doivent relever les parasites ?

Accroître leur capacité de rencontre/pénétration dans l’hôte ou la cellule hôte ( stratégies d’invasion)

Assurer toutes leurs fonctions vitales (ex. nutrition) en s’adaptant aux conditions environnementales dont ressources. Adaptations si plusieurs hôtes…

Se maintenir dans l’hôte ou l’organe, le temps d’assurer la transmission de leur patrimoine génétique à leur descendance, malgré les réponses de défense de l’hôte

Défenses de l’hôte • Réactions inflammatoire et tissulaire • Réponses immunitaires à médiation cellulaire ou humorale • Encapsulement • Protection génétique de l’hôte • Influence des hormones de l’hôte sur le parasite

Défenses du parasite contre les réactions de l’hôte • Modulation du système immunitaire • Destruction des anticorps et du complément • Camouflage antigénique • Polymorphisme antigénique • Variation antigénique • Échappement aux systèmes de destruction intracellulaire • Modifications de la cellule hôte pour échapper au système immunitaire

Cycles biologiques plus ou moins complexes

Hôte obligatoire : Hôte intermédiaire (forme asexuée), Hôte définitif (forme sexuée)

Hôte non obligatoire : Hôte paraténique ou hôte d’attente, Hôte réservoir

Cycle biologique de Diphyllobothrium latum (Cestode)

3 hôtes obligatoires, 1 facultatif

Trypanosoma cruzi

Les parasites co-évoluent avec l’homme

depuis très longtemps

Découverte de lésions typiques de la maladie de

Chagas qui sont positives en PCR pour T. cruzi dans

des momies précolombiennes, d’environ 9000 ans,

indiquant que la maladie de Chagas est probablement

aussi “vieille” que la présence de l’homme aux

Amériques.

Leishmania spp.

Momies égyptiennes et

Nubiennes (4000y BC,

L. donovani)

Céramique colombienne ancienne montrant la mutilation du nez et de la lèvre

supérieure caractéristiques d’une leishmaniose muqueuses à L. braziliensis.

Les parasites ont eu et ont

toujours un impact important sur

l’histoire humaine.

Ex : Le paludisme a été le plus

important risque sanitaire pour les

troupes américaines dans le

Pacifique Sud pendant la 2ème

guerre mondiale, avec plus de 500

000 soldats infectés.

Quinine Cinchona sp.

Bark

Le contrôle des médicaments contre les

maladies infectieuses constitue une

arme stratégique pendant les périodes

de conflits. Ex : Quinine et les extraits du

Cinchona

Le Paludisme ou Malaria

Parasites responsables : Plasmodium falciparum mortel Plasmodium vivax latence hépatique Plasmodium ovale latence hépatique Plasmodium malariae (72h) Plasmodium knowlesi Les Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax sont les plus répandus.

Le Plasmodium falciparum est le plus mortel.

Ces dernières années, on a enregistré aussi certains cas humains de

paludisme à Plasmodium knowlesi – un paludisme du singe rencontré

dans certaines zones de forêts d’Asie du Sud-Est.

Vecteur: Moustique femelle du genre Anopheles -> répartition mondiale

Endémie majeure: - Endémique dans + de 90 pays - 40% de la population mondiale exposée - 198 millions de cas cliniques/an - 584 000 décès/an

18

Plasmodium

falciparumvivax

ovalemalariae

19

Plus de 68 espèces connues pour

transmettre le Plasmodium à l’homme

Anopheles gambiae, principal complexe

d’espèces cryptiques vecteur du

paludisme

21

Accès palustre simple : cycles typiques alternant fièvres et tremblements avec sueurs froides et tremblements intenses (éclatement des GR).

Manifestations de l’accès simple : fièvres, frissons, maux de tête (céphalées), douleurs dans les articulations, affaiblissement, vomissements, diarrhées.

Neuropaludisme = paludisme cérébral (P. falciparum): GR infectés obstruent les capillaires profonds (cerveau) fièvres élevées, troubles neurologiques, convulsions, coma, insuffisances rénales, anémies : Hospitalisation en urgence mort

Anémie grave (jeunes enfants) mort

Détresse respiratoire mort

Progression vers la mort :

Individus

infestés (asymptomatiques)

Formes

graves

SUR 500 200 100 2 1

Décès Individus

Infestés (symptomatiques

)

Individus

piqués par des Anophèles infestés

C

O

M

P

L

I

Q

U

E

S

I

M

P

L

E

22

… qui varie entre les pays et également entre régions d’un même pays ! Régions de haute endémie = forte exposition au parasite

La maladie touche surtout les enfants de moins de 5 ans. La maladie est beaucoup moins fréquente chez les plus âgés, bien qu’ils soient porteurs du parasite. Ils sont protégés par une immunité clinique, qui est atteinte beaucoup tard dans les régions de faible endémie.

Régions de faible endémie, épidémie, ou exposition saisonnière Tous les groupes d’âge sont affectés de la même façon car l’immunité clinique ne peut pas s’installer.

Femmes enceintes : risques accrus car immunodéprimées.

Risque supplémentaire pour le fœtus et le nouveau né à la 1ère grossesse, même si immunité clinique paludisme gestationnel.

Risques importants : voyageurs, zone impaludée non-impaludée

Susceptibilité de l’hôte dépend du degré d’endémie

23

Protection génétique de l’hôte

Drépanocytose,

hémoglobinoses C, E

(mutation ponctuelle sur la β-globine)

Thalassémies α, β

(déficit qualitatif de la β-globine)

Ovalocytose

(délétion sur la protéine bande 3)

Déficit en G6PD (enzymopathie)

Antigène Duffy -

2 phases de multiplication intracellulaire – Latence hépatique (P. vivax, P. ovale)

2 stades en contact direct avec le système immunitaire (mérozoïte et sporozoïte)

HOTE DEFINITIF VECTEUR : ANOPHELES FEMELLE

HOTE INTERMEDIAIRE : L’HOMME

Gamogonie

Sporogonie Phase

érythrocytaire

Phase hépatique

25

Charge parasitaire au cours du cycle biologique

Vogel et al., 2010

Prudencio et al., 2006

10-100 sporozoites injectés

70% circulation sanguine

30% vaisseaux lymphatiques

« Gliding » est

essentiel

Interaction CSP-

HSPG stoppe

sporozoites

Traversent alors

cellules de Kupffer

puis hépatocytes…

HSPG : heparan sulfate proteoglycans

Sporozoites traversent plusieurs hépatocytes

Libération de HGF par les hépatocytes

INHIBITION d’APOPTOSE (d’hépatocyte)

1 sporo

10.000 méros !

29

Libération des mérozoites

bourgeonnement de

vésicules = mérosomes !

30

Phase érythrocytaire responsable des effets

pathogènes

Anémies

fièvres

Cytoadhérence !

L. H. Bannister et al. 2000

Parasitology Today, vol. 16:427-433

Invasion de l’hématie par Plasmodium falciparum

Chitnis et Blackman Parasitol. Today 2000

Langreth G. S. et al. 1998 The J. of Protozoology, 25 (4) : 443-452

Young schizonte stage of Plasmodium falciparum with food vacuole and hemozoin

Food Vacuole

Hemozoin

36

Capillary binding

Silamut et al., 1999

Maier et al., 2009

kilo-base

Knob structure

Cooke B. M. et al. 2000 Parasitology Today, 16 (10) : 416-420

=> Variation antigénique

Les différents domaines des protéines pfEMP-1 ont des capacités d’adhésion préférentielles pour certains récepteurs de cellules humaines (endothéliales, du placenta)

Taux de « switch »

de cette

cytoadhérence :

2 % par génération

38

Arsenal thérapeutique :

Une grande diversité

structurale de

molécules actives

contre Plasmodium :

• La plupart sont des

molécules de synthèse

• Des molécules

remarquables

d’origine naturelle :

Quinine/quinidine et

Artémisinine

Quinine

Quinoléine

Quinidine

Chloroquine, 1934 Amodiaquine

Méfloquine Halofantrine

(1940; 1980)

Mépacrine

Artémisinine (Qinghaosu) Artééther Artéméther

Tétracycline Clindamycine

Atovaquone Sulfadoxine

Proguanil

Cycloguanil

Pyriméthamine Triméthoprim

Pyronaridine

Antimalarial drug resistance

ACTs-tol SE Asia

Ekland & Fidock, Int J Parasitol, 2008 Dondorp et al., 2009

40

Pf-CRT: Pf chloroquine resistance transporter : vacuole digestive

Mutation K76 T

(1 cas K76 I)

Joue un rôle central

Dans la résistance à la CQ

Mais d’autres positions sont

impliquées

Carlton et al., 2001. Current Opinion in Microbiology 4: 415-420.

FV

cytoplasm

75

74

72

97

371

41

Artesimia annua Plante de la médecine traditionnelle chinoise >2000 ans Extraits actifs sur Plasmodium (1971)

Principe actif (1975) Action rapide, non-toxique,

Efficace sur les souches CQR Courte ½ vie, peu soluble

* CoartemR [artemether/lumefantrine] ; CoarsucamTM [amodiaquine/artesunate]

1. artémisinine 2. DHA 3. arteméther 4. arteether 5. artesunate

1. artémisinine 2. DHA 3. arteméther 4. arteether 5. artesunate

1. Artemisinine 2. DHA 3. Artemether 4. Arteether 5. Artesunate

ARTEMISININE et ses DERIVES

qing hao Youyou Tu

2015 Prix Nobel

42

½ vie plasmatique des

antipaludiques

Artémisinine

Quinine

Pyriméthamine

Chloroquine

Méfloquine

Ex : Artémisinine / Méfloquine

Artémisinin Derivative / Lumefantrine ; Amodiaquine…

White, 2004, J. Clinical Investigations

Recommandations actuelles de l’OMS

Associations : ½ vie courte + ½ vie longue

ACTs

Depuis 2009, une émergence

de parasites résistants à

l’artémisinine est observée

en Asie du sud-est.

Development Translational

Approved Preclinical Phase I Phase II Phase III

Art+lumefantrine

Coartem-D

Amodiaquine+

Art-Coarsucam

Azithromycin +

Chloroquine

DihydroArt +

piperaquine

Eurartesim

Pyronaridine +

Art - Pyramax

Art+mefloquine

(Brazil)

Artesunate

+ ferroquine

Fosmidomycin

+clindamycin

Methylene blue

+ amodiquine

Ozonide OZ277

+piperaquine

Artemisone

Tinidazole

(nitroimidazole)

SAR97276

Choline analog

MK 4815 4-Pyridone

Tafenoquine

Trioxaquine Hybride AQ -

trioxane

Trioxolane

CRDI 97/78

AQ13

Isoquine

Ozonide

OZ439

Pyridones

(+) Mefloquine

Novartis

2 compounds Global antimalarial drug

development pipeline

From: Olliaro & Wells, 2009,

Clinical Pharmacol.Therap., 85, 584

Mirincamycin

45 I. Denholm et al. 2002 SCIENCE

Augmentation de la résistance du vecteurs aux insecticides

46

Lutte contre les vecteurs Méthodes d’assainissement Méthodes chimiques (insecticides) Education - Protections individuelles (moustiquaires, répellants) Lutte biologique

Protection/introduction des auxiliaires naturels/exotiques Introduction d’agents entomopathogènes (biopesticides)

Lutte biotechnologique Stimuli visuels et chimiques Lutte autocide ou génétique OGM

LARVIVOROUS FISH : Guppies

RESIDUAL INSECTICIDE HOUSE-SPRAY

Attack on female mosquitoes resting indoors between blood meals

HEALTH EDUCATION

https://www.infogm.org

“Jeudi” 10 avril 2014, le Brésil a autorisé la dissémination commerciale dans

l’environnement du moustique Aedes aegypti transgénique (OX513A) de

l’entreprise britannique Oxitec pour lutter contre la dengue. C’est le premier

animal transgénique qui est autorisé en vue d’être disséminé à grande échelle

dans l’environnement (450 000 moustiques transgéniques relâchés dans la

région de Bahia pendant 27 mois).

Ce moustique transgénique mâle est « stérile ». La descendance est incapable

de se développer sans un antibiotique grâce à un gène dit létal. En

s'accouplant avec des moustiques femelles autochtones, ces mâles créent une

progéniture non viable.

Résultats Inefficacité de la méthode. Une étude publiée dans Nature (10

septembre 2019) montre que ces moustiques OGM ont eu des descendances

fertiles avec des cousins sauvages. Transfert de son génome dans la

population locale inefficacité de la technologie.

Quelles conséquences sanitaires et environnementales?

Le recul du Paludisme de 2000 à 2015

The Global Fund to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria Bill and Melinda Gate foundationRoll Back Malaria PATH Malaria Vaccine Initiative Medicines for Malaria Venture Malaria No More Nothing But Nets IVCC

Le Global Fund a distribué 30 milliards US$ pour des

programmes contre le HIV, la Tuberculose et le Paludisme

- 22 millions de vies sauvées (2002-2016)

- Déclin d’1/3 du nombre de personnes décédées du HIV, TB

et Paludisme depuis 2002

- 9,2 millions de personnes sous traitement antirétroviral

(HIV)

- 15,1 millions de personnes ayant reçu un traitement anti-

TB

- 659 millions de moustiquaires imprégnées distribuées

- 146 millions d’infections à HIV, TB et paludisme évitées (2012-

2015)

Action du Global Fund sur le Paludisme

-Le nombre de morts dû au paludisme réduit de 48% entre 2000 et

2015 = 6.4 millions de morts évitées.

-55 pays en voie de réduire de 75% le poids dû au paludisme.

-21 pays pourraient éliminer le paludisme pour 2020.

Difficultés rencontrées pour la mise au point d’un vaccin: -Stades infectieux libres (zoites) en contact avec le système de défense de l’hôte pendant un temps très cours -Développement par le parasite de moyens d’échappement au système immunitaire de l’hôte (variation antigénique, polymorphisme des antigènes)

CSP

Sporozoite Repeted AA sequences

Circumsporozoitum protein

(NANP)3

Camouflage antigénique

Réponse immune détournée, peu efficace

53

1] Vaccins pré-érythrocytaires (anti-infections)

2] Vaccins érythrocytaires (anti-morbidité / anti-mortalité)

3] Vaccins contre les stades « insecte » (blocage de la transmission)

Vaccin ou vaccins??

Sporos irradiés, 1970 Spf66, 1980… RTS,S

54

D’après Winzeler, 2006, Nature Reviews

Microbiology

« Major Vaccine subunit candidates »

* 47 candidats vaccin en cours, Bernard Meunier, conf. 2007

55

RTS,S / AS02A : un des candidats les plus avancés

(NANP)n + C-Tal de CSP fusionnée à N-Tal du SAg de Hép.B

• Dose adulte : 50µg RTS,S qsp 500µl AS02A

• 3 injections intramusculaires

Tests sur adultes en Gambie (2001)

• 71 % (9 semaines) ; 34% (15 semaines)… 0% (6 mois !!!)

Tests sur enfants 6-11 ans et 1-5 ans en Gambie

Tests sur 2022 enfants au Mozambique (2004) sur 6 mois :

• vaccin sûr, bien toléré, immunogène

• protège à 45% contre l’infection, à 30% contre les

pathologies non-compliquées et à 58% contre les formes

sévères de la maladie

LE MONDE | 24.07.2015

Le premier vaccin contre le paludisme

va être autorisé Par Paul Benkimoun

Le Mosquirix (« RTS, S/AS01 »), un vaccin contre le paludisme – et contre

l’hépatite B – de GlaxoSmithKline (GSK), a reçu un avis scientifique favorable

du Comité des produits de santé à usage humain de l’Agence européenne des

médicaments (EMA). Ce candidat-vaccin est le plus avancé en termes d’essais

cliniques, mais n’a fait preuve que de résultats modestes quant à la

protection conférée. GSK n’a pas l’intention de commercialiser en Europe son

vaccin. Il est conçu pour vacciner dans les zones d’endémie les enfants âgés de

6 semaines à 17 mois contre le paludisme. Ici, l’expertise de l’EMA est utilisée

pour servir de base à l’OMS qui va se pencher sur ce dossier pour savoir si elle

formule une recommandation d’utilisation du Mosquirix.

En octobre 2015, l’OMS recommande la mise en œuvre de projets pilote du

vaccin dans un nombre limité de pays africains.

Efficacité pour prévenir un premier épisode clinique du paludisme dans les 12 mois:

•56 % des enfants âgés de 5-17 mois ;

•31 % des enfants âgés de 6 à 12 semaines.

Un vaccin expérimental prometteur contre

le paludisme Le Monde.fr avec AFP | 09.08.2013 à 00h08 • Mis à jour

le 14.08.2013 à 17h29

Des chercheurs américains ont annoncé, jeudi 8 août, des résultats

sans précédent après l'essai clinique d'un vaccin contre le

paludisme, maladie qui fait près de 600 000 morts par an. Ce

vaccin, fabriqué à partir d'un grand nombre de parasites

affaiblis responsables du paludisme et transmis par la femelle du

moustique anophèle, a permis d'obtenir jusqu'à 100 % de protection

chez six des neuf adultes ayant reçu la plus forte dose.

Vaccin développé par le laboratoire Sanaria avec des financements

de l'Institut national américain des allergies et des maladies

infectieuses (NIAD), le Naval Medical Center et d'autres

organismes aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique.

"ON DOIT AUSSI DÉMONTRER QUE CETTE IMMUNISATION

EST DURABLE"

Estimation du risque de transmission du paludisme en 2020 comparé au risque moyen entre 1961 to 1990. Projection basée sur une augmentation de la température globale de 2°F et l’absence d’effort de réduire la propagation du paludisme. Source: Pim Martens, Maastricht University https://www.exploratorium.edu/climate/global-effects/data3.html

1900 2000

Paludisme transfusionnel

Pays endémiques -Forte prévalence dans les dons (30% au Bénin) -Majorité des transfusions implique du sang total -Tests de détection disponibles mais pas utilisés en routine: fastidieux nécessitant du personnel expérimenté (frottis), chers (NAT) nécessitant des infrastructures et des équipements appropriés -Rejet des donneurs infectés approvisionnement non maintenu -Traitement antipaludique recommandé après transfusion

Risques: Emergence de parasites résistants aux antipaludiques Emergence de nouvelles espèces infectant l’homme (zoonoses)

Pays non endémiques -Accroissement du nombre de donneurs infectés (voyageurs, immigrants) -Report systématique des donneurs ayant voyagé dans des régions à risque -Tests de détection non disponibles/établis en routine dans les centres de don de sang Défi: Réduire le taux de rejet du au paludisme sans compromettre un haut niveau de sûreté des produits sanguins Impact des changements climatiques globaux sur le paludisme transfusionnel?

Rassi et al., 2010 Lancet 275:1388

Estimation du nombre d’immigrants infectés par Trypanosoma cruzi vivant dans les pays non endémiques

-Absence de test universel standardisé d’une infection à T. cruzi -Tests de détection non disponibles ou établis en routine dans la plupart des centres de don de sang

Plasmodium knowlesi: Emergence d’un 5ème parasite

responsable du paludisme humain

Parasite de singes: principalement Macaca fascicularis (Asie

du sud-est)

Vecteurs: Anophèles du groupe Leucosphyrus, nombreux,

anthropophiles, Anopheles hackeri, A. balabacensis, A. latens…

Décrit par Sinton et Mulligan (1932) - cycle érythrocytaire de 24h

Connu pour être capable d’infecter l’homme par transfusion de sang de singes infectés

(Knowles,1932)

Utiliser pour traiter les patients atteints de neurosyphilis pathogénèse chez

l’homme, fortes fièvres récurrentes pouvant conduire à la mort

remplacer par P. vivax

Peu pathogène chez le macaque, mais mortel chez le macaque rhésus

(Macaca mulatta). Symptomatologie similaire à P. falciparum chez l’homme.

Infection par seulement 10 parasites

Macaque rhésus : Modèle expérimental d’étude du paludisme grave

• 1965: Première infection zoonotique naturelle reconnue (Malaisie)

décrite à l’époque comme une infection à P. falciparum/P. malariae

• 1968: Démonstration que cette espèce peut être transmise naturellement à

l’homme par piqure d’une anophèle

• 1971: 2ème cas décrit de transmission naturelle en Malaisie

Quelques cas décrits…

• 2004: Singh et al. Etude moléculaire, détection par PCR de 208

échantillons de sang de patients diagnostiqués pour un paludisme à

Plasmodium malariae ou P. falciparum 57, 7% P. knowlesi.

• 2008: Cox-Singh et al., 12 hôpitaux malaysiens, 960 échantillons de sang

27,7% infectés par P. knowlesi dont 85,7% diagnostiqués pour P. malariae.

• 2009: Daneshvar et al. 10% des patients infectés par P. knowlesi

développent une infection sévère, avec une issue fatale dans 1-2% des

cas.

• 2009: Lee et al., PCR sur collections de frottis sanguins de patients

diagnostiqués à P. malariae en 1996, état de Sarawak, Malaisie

97,2% P. knowlesi.

• 2011: 1er cas diagnostiqué en France

Singh et Daneshvar 2013

P. knowlesi ne semble pas constituer un pathogène émergent pour l’homme mais

plutôt à l’origine d’une zoonose jusqu’à très récemment ignorée suite à des similitudes

morphologiques avec P. malariae.

Découverte d’une grande diversité des

Plasmodium chez les grands singes africains

Impact de la diversité des Plasmodium de grands

singes africains sur l’Homme?

Dynamique des échanges parasitaires

intra et inter-espèces?

Le potentiel rôle de réservoir des grands singes

dans la maladie palustre humaine?

Y a-t-il une possibilité d’émergence de Plasmodium de

grands singes chez l’Homme ?

Outbreak of human malaria caused by Plasmodium simium in the Atlantic

Forest in Rio de Janeiro: a molecular epidemiological investigation Brasil et al., 2017, Lancet GlobHealth, 5: e1038-46

P. vivax

Patients infectés par P. simium: P. vivax-like parasite de primates

non humain, localement enzootique dans la forêt Atlantique de l’état de Rio de Janeiro

Nouvelle transmission zoonotique?

Aedes albopictus (Culicidae) ou moustique tigre

- 4 mm de long

- Vol préférentiellement à l’aube et au

crépuscule, peut rester actif une bonne partie de

la journée

- Agressif, anthropophile, se déplace en suivant

les voies terrestres, devenu quasi urbain

- Affectionne les points d’eau autour des

habitations

- Vecteur d’arbovirus d’importance médicale

(virus de dengue, chikungunya, Zika)

- Œufs très résistants à la dessiccation

(facilement transportable), entre en diapause en

hiver (vie ralentie) et éclosion au printemps avec

l’augmentation luminosité et température.

Les virus se conservent dans l’œuf en diapause

(réservoir)

- Considéré comme une espèce envahissante

(originaire des forets tropicales d’Indonésie)

Changements climatiques – augmentation des

températures

- Migration vers les régions plus au nord de

l’Europe

- Cas de plus en plus nombreux de dengue et

de chikungunya autochtones dans le sud de

l’Europe

- Risque de disparition de la phase de

diapause transmission toute l’année

2004 2007

2013

2018 2016

2010

Risques d’épidémie de la dengue en Europe