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EurosceptismeNotre analyse démontre que les eurosceptiques constituent, au sein du Parlement européen, une force politiqueplus importante mais aussi plus variée sur le plan idéologique, ce qui l’empêche d’apparaître commeune famille unie. Ils expriment leur mécontentement et appellent à une réforme de l’UE, de ses politiques etde ses institutions. Ils sont particulièrement présents dans les groupes d’extrême-gauche et les groupes dedroite plus ou moins modérés. Leurs convictions sont en partie compatibles avec celles des principaux partispolitiques (mainstream). Influents au niveau national, leur poids ne s’est pas pour autant beaucoup renforcéces dernières années.Quant aux europhobes, ils ne représentent que 10% des députés européens. Ils rejettent l’appartenance européenneet appellent à une sortie de l’UE, de la zone euro et/ou de l’espace Schengen. Ils sont en majorité dedroite et pour la plupart issus d’extrême-droite, restant ainsi en marge des systèmes partisans nationaux. Ladivergence de leurs convictions (bien souvent nationalistes) rend difficile la formation d’alliances politiquessolides et durables. Cela explique pourquoi la moitié des partis europhobes sont non-inscrits au PE. Malgréune forte poussée en terme de nombre de sièges, leur impact sur les décisions du PE restera sans doutemoindre que celui des eurosceptiques plus modérés, et clairement beaucoup plus limité que celui des grandspartis « classiques » plus loyaux à l’égard de l’UE.L’examen des données électorales laisse néanmoins penser que la progression du nombre d’europhobes lorsdes élections européennes les inscrit dans un mouvement politique plus large. Les sondages indiquent que cespartis pourraient exercer une influence politique (directe ou indirecte) plus forte sur l’UE via les systèmespolitiques nationaux. L’UKIP constitue un bon exemple de cette influence indirecte : sa montée en puissancea contribué au renforcement de l’euroscepticisme du Parti conservateur au pouvoir. En tant qu’unique Étatmembre comptant à la fois un parti eurosceptique et un parti europhobe parmi les trois plus grands partisnationaux, le Royaume-Uni est dans une situation très particulière, tenté d’opter pour une sortie de l’UE. LES PRINCIPAUXPARTIS POLITIQUESDOIVENT RÉTABLIR LACONFIANCE ET RANIMERL’EURO-ENTHOUSIASME”Si le poids des partis europhobes continue d’augmenter au niveau national,cela pourrait alimenter davantage la tendance à la désintégrationeuropéenne. Sans aller jusqu’à la sortie de l’UE, leur influence pourraitdavantage se faire ressentir au sein du Conseil européen, au cœur même duprocessus de prise de décision. De telles conclusions pourraient devenir obsolètessi les principaux partis politiques mettent à profit les mois et les années àvenir pour rétablir la confiance dans les institutions européennes et faire desefforts visant à ranimer l’euro-enthousiasme par des discours bien construits et,plus important encore, par des résultats politiques et économiques tangibles à la fois aux niveaux national eteuropéen.A
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Promotion Aristide Briand
2006-2008
Cycle International Long
Master en Administration Publique
Mmoire prsent par
Communiquer lEurope
Conception, stratgies et organisation de la politique de communication de la
Commission europenne
Mmoire prsent par M. LEHMANN, Bodo
Sous la direction de : M. Jean-Emmanuel PAILLON Dlgu adjoint linformation et la communication Ministre de la Sant et des Solidarits
21 mai 2007
1
Introduction : Les Europens connaissent mal les politiques communautaires et le fonctionnement des institutions, ce qui risque de dstabiliser la construction europenne. Le rle des mdias est crucial afin de changer la donne. 6
A\ Les relations entre les Europens et la construction europenne ainsi que ses institutions sont caractrises par la mconnaissance, le dsintrt voire un certain scepticisme. 6
B\ Diffrentes approches thoriques explicitent les possibles consquences de ce foss entre citoyens et institutions communautaires et soulignent le rle cl qui revient aux mdias afin de rduire lcart entre ladministration europenne et ses administrs. 8
1. La thorie des systmes sociaux souligne les risques dune telle distance et assigne une responsabilit particulire aux mdias dans le processus de transmission dinformations en direction des citoyens europens. 8
a) La fonction dintgration des mdias 10 b) Les fonctions politiques des mdias : cration dun espace public et socialisation politique 10
2. La position cl des mdias est encore renforce par la thorie de lhirarchie des priorits 11
C\ Puisque la prennit de la construction europenne dpend dune communication claire et comprhensible en direction des citoyens europens, la politique de communication de la Commission europenne revt une importance particulire. 13
I. Diffrentes thories permettent de dcrire le dfi que la Commission europenne devra relever et formulent des prconisations quant au chemin suivre. 15
A\ Une premire approche thorique peut laisser penser que la russite de la politique de communication de la Commission europenne dpend exclusivement de la bonne volont des journalistes. 15
1. Les journalistes comme gardiens dcluse dans un flux continu dinformations 15 2. ... dont les critres de slection suivent une logique fonctionnelle et centre sur les mdias. 16
a) Faciliter le travail rdactionnel des journalistes 16 b) Slectionner des nouvelles qui garantissent une audience maximale 17
B\ Toutefois, la lecture des thories suggre quune politique de communication qui connat ses responsabilits et qui se sert des connaissances sur le fonctionnement des mdias peut russir influencer lagenda mdiatique dans un sens voulu. 20
1. Une organisation de la communication qui dsigne clairement ses fonctions ainsi que ses domaines daction est la condition sine qua non pour toute politique de relations publiques efficace. 21
a) Quatre fonctions fondamentales de toute politique de relations publiques 21 b) Six domaines daction pour remplir ces fonctions 21
2. Se servir des connaissances sur le fonctionnement des mdias afin dinfluencer leur agenda. 22
a) Reprendre les critres de slection des journalistes et sen servir pour faire passer le message 23 b) Se servir des dirigeants dopinion du paysage mdiatique 24
C\ Communiquer dans 27 Etats membres : la politique de communication entre standardisation et diffrenciation. 25
1. La culture de communication oriente vers les mdias 26 2. La culture de communication oriente vers les relations publiques 26 3. La culture de communication politico-partisane 27 4. La culture de communication politico-stratgique 27
2
II. Face une situation juge insatisfaisante, la Commission europenne a redfini les fondamentaux de sa politique de communication et se dote dune structure et doutils nouveaux destins relever le dfi. 30
A\ Partant dun bilan autocritique, la Commission refonde les principes de sa politique de communication et lui assigne de nouveaux objectifs stratgiques. 30
1. Sur la base dun bilan critique de ses activits de communication, la Commission semble se rapprocher dune analyse comparable celle de la thorie des systmes sociaux. 30 2. La nouvelle philosophie et les objectifs stratgiques redfinis de la politique de communication de la Commission europenne placent les citoyens europens au centre de tous les efforts. 31
B\ Deux axes stratgiques de dveloppement ont t retenus par la Commission afin de rendre oprationnels la philosophie et les objectifs stratgiques nouvellement dfinis. 33
1. Soutenir les dbats nationaux afin de faire sortir les questions europennes du microcosme bruxellois. 33
a) Une approche commune mise en uvre dans les Etats membres 33 b) Sadresser aux chelons national, rgional et local 34
2. Prendre des initiatives au niveau communautaire pour mener une politique de communication adapte aux attentes des citoyens. 35
a) Favoriser un dbat public plus vaste 35 b) Promouvoir la participation des citoyens au processus dmocratique 36
C\ La nouvelle approche aux relations publiques est ralise dans un cadre oprationnel clairement dfini. 38
1. La communication est directement attache au plus haut niveau politique de la Commission, ce qui souligne limportance particulire de cette fonction. 38 2. Lorganisation de la Direction gnrale Communication 39
a) Au cur du dispositif : le Service du porte-parole 39 b) La direction A Stratgie 41 c) La direction B Reprsentations et rseaux 42 d) La direction C Outils de communication 43
D\ Communiquer deux publics diffrents journalistes-spcialistes et citoyens 45 1. Le Service du porte-parole communique lattention de journalistes-spcialistes 46 2. tandis que les citoyens europens sont au centre de lattention des autres Directions de la Direction gnrale Communication. 47
III. Grce une prise de conscience politique de limportance dune bonne communication qui a permis de lui assigner des objectifs clairs et grce des responsabilits bien dfinies, la Commission europenne russit sa politique de communication lgard des journalistes et des citoyens. 48
A\ Le rattachement direct de la politique de communication au plus haut niveau politique de la Commission europenne ainsi que la dfinition, par ce dernier, des principes et des objectifs stratgiques claires constitue dsormais un atout dcisif pour la dfinition dune politique de communication cohrente. 48
1. La forte prise de conscience de limportance de la communication par le niveau politique est dcisive car elle permet aujourdhui une programmation en parallle des processus de lgislation et de communication. 49 2. Une politique de communication plus lisible car construite autour dune philosophie plus claire car limite sur quelques objectifs stratgiques. 50 3. Les quatre fonctions fondamentales assignes par la thorie toute politique de relations publiques se retrouvent dans le mandat et les missions assigns la Direction gnrale Communication. 51
3
B\ La dsignation claire des responsabilits au sein de la Direction gnrale Communication est un atout qui permet de garantir la spcialisation des acteurs tout en assurant la cohrence et lunit des messages envoys au grand public. 52
1. Une organisation intelligible qui constitue une traduction fidle de lapproche thorique dans la ralit administrative. 52 2. Afin de garantir la cohrence dans les prises de parole malgr la spcialisation organisationnelle pousse, un systme de coordination a t instaure. 53
C\ Afin de communiquer le plus efficacement possible avec les journalistes, la politique de communication de la Commission europenne suit ainsi plusieurs recommandations donnes par la thorie. 54
1. Souligner les caractristiques des nouvelles intressant les journalistes lorsquelles existent sans pour autant dnaturer le message. 55 2. La Commission se sert de ses connaissances sur le fonctionnement des mdias afin dinfluencer leur ordre de priorits 56
a) La thorie du management des nouvelles 57 b) La thorie sur les dirigeants dopinion 57 c) Illustrer les messages afin de faciliter leur diffusion 57 d) Rpondre aux exigences de qualit des journalistes 58
D\ Dans ses contacts avec les citoyens, la Commission sefforce de diffrencier ses approches communicationnelles, tout en veillant garder lunit du message pour ne pas nuire sa crdibilit. 59
1. Adapter les messages la situation vcue par les citoyens dans les Etats membres sans pour autant envoyer des messages diffrents : la Commission entre standardisation et diffrenciation de sa communication. 59 2. La volont dentrer dans un dialogue plus direct avec les citoyens peut affaiblir la tendance prjudiciable des gouvernements nationaux utiliser la Commission comme bouc missaire. 60
Conclusion : Si la politique de communication de la Commission europenne runit toutes les conditions pour russir, sa tche reste difficile et son fonctionnement peut tre amlior. 62
Sources 66
1. Entretiens 66
2. Bibliographie 66 Introduction 66 Premire partie 67 Deuxime partie 67 Troisime partie 68 Conclusion 68
ANNEXES 69
4
5
On trouvera que la force tant toujours du ct des gouverns, les gouvernants nont rien pour se soutenir que lopinion. Cest sur lopinion seule que le gouvernement est fond.
David Hume, Essais et traits
Les hommes politiques et les institutions doivent gagner la confiance des Europens par de bonnes politiques et
par une bonne communication sur ces politiques. Commission europenne
6
Introduction : Les Europens connaissent mal les politiques communautaires et le
fonctionnement des institutions, ce qui risque de dstabiliser la construction
europenne. Le rle des mdias est crucial afin de changer la donne.
En guise dintroduction, il convient de dmontrer lutilit de lobjet choisi pour ce mmoire,
savoir la politique de communication de la Commission europenne. Cette dmonstration
sattache donc rpondre la question pourquoi et dans quelle mesure il peut tre intressant
pour la Commission davoir une politique de communication performante.
Afin de rpondre cette question, il est utile de rappeler que, mme aprs 50 ans de construction
europenne, celle-ci passe trs largement inaperue du grand public (A), une situation qui risque
de remettre en question la prennit de la construction europenne (B). Lapport des mdias tant
jug crucial afin de changer cette situation (C), une analyse de la politique de communication
semble simposer.
A\ Les relations entre les Europens et la construction europenne ainsi que ses institutions sont caractrises par la mconnaissance, le dsintrt voire un certain scepticisme.
Les relations entre les citoyens de lUnion europenne (UE) et la construction europenne ainsi
que ses institutions sont marques par une relative mconnaissance de ses mcanismes de
fonctionnement et par une distance leve entre les citoyens et les institutions voire dun
scepticisme des premiers lgard des seconds.1
En rgle gnrale, lon peut constater une connaissance mdiocre et floue des domaines
daction de lUnion 2 : si les citoyens qui savent que lUE agit dans un domaine donn sont
nombreux, ils sont trs rares avoir une vision globale et complte de laction de lUE. Ce
constat dabsence de connaissances prcises se confirme lorsquon les interroge sur le
fonctionnement de lUE, de ses institutions et leur rle. Ces connaissances sont faibles :
La seule institution ( peu prs) clairement identifie est le Parlement europen :
non pas quon en sache beaucoup sur lui en ralit, mais son nom suggre une
identit et un rle comparables ceux dune assemble parlementaire nationale .
1 Etude Eurobaromtre : Les citoyens europens et lavenir de lEurope. Etude qualitative dans les 25 Etats membres . Bruxelles, mai 2006, Commission europenne, Direction gnrale Communication. 2 Idem, page 10.
7
La Commission est parfois (pas toujours) connue de nom, mais ce quelle est et
ce quelle fait reste nbuleux quil sagisse du mode de nomination des
Commissaires, de son rle institutionnel, de ses relations avec les autres
institutions ou de son fonctionnement.
Le Conseil est quasi-inconnu en tant quinstitution. 3
Pour illustrer cette ignorance, on peut citer les rponses donnes deux questions. Ainsi, en
printemps 2006, un tiers (30 %) des sonds ne connaissait pas le nombre correct dEtats
membres de lUnion europenne ; un tiers galement (33 %) ne savait pas que les dputs
europens taient lus directement par les citoyens europens.4
Cette ignorance sur le paysage institutionnel peut expliquer en partie un certain dsintrt des
Europens lgard de la construction europenne, ses institutions et ses politiques. Ainsi, 34 %
des citoyens europens ont aujourdhui une image neutre de lUE.5 Ce constat est confirm par
le fait que les Europens sont moins passionns par les politiques europennes que par les
politiques nationales : si 22 % des Europens discutent frquemment de sujets de politique
nationale, ils ne sont que 11 % discuter frquemment des sujets de politique europenne.6 35 %
des Europens se dsintressent des questions de politique nationale ; un chiffre qui monte 52
% lorsquil sagit de politiques communautaires.7
Un autre indicateur de la distance qui existe entre les Europens et la sphre communautaire
est lvolution du taux de participation aux lections au Parlement europen qui est en baisse
permanente depuis les premires lections en 1979 : sil slevait encore 63 % en 1979, il
ntait plus que de 45,5 % en 2002.8
Lignorance constate nourrit galement un certain scepticisme des citoyens lgard de lUE :
cette dernire nvoque une image positive quauprs de 46 % des sonds, en baisse de 4 points
par rapport un sondage prcdent.9 Le soutien des Europens lappartenance lUE a
galement baiss ces dernires annes : 53 % des sonds considrent que lappartenance de leur
3 Idem, page 12. 4 Sondage Eurobaromtre : Le futur de lEurope . Bruxelles, mai 2006, Commission europenne, Direction gnrale Communication, pages 142-143. 5 Sondage Eurobaromtre : Eurobaromtre 66. Lopinion publique dans lUnion europenne . Bruxelles, dcembre 2006, Commission europenne, Direction gnrale Communication, page 12. 6 Sondage Eurobaromtre : Le futur de lEurope , pages 80-81. 7 Idem, pages 147-148. 8 Costa, Olivier : Les lections europennes de juin 2004. Perspectives europennes et franaises - article disponible sur http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/37_565-580.pdf. 9 Sondage Eurobaromtre : Eurobaromtre 66. Lopinion publique dans lUnion europenne , page 12.
8
pays lUE est une bonne chose .10 Dans un autre sondage, 43 % des citoyens europens
jugent lUE inefficace , pensant 37 % que trs peu de choses voire rien na t
accompli dans le domaine de lunification conomique de lEurope.11
Ce scepticisme se reflte dans les relations entre les citoyens et les institutions communautaires :
si 52 % des sonds font plutt confiance au Parlement europen, ils sont un tiers (32 %) lui
faire plutt pas confiance .12 La situation est encore plus difficile pour la Commission
europenne, laquelle seulement 48 % des citoyens europens font confiance, contre 31 % qui
sont de lavis oppos.13
B\ Diffrentes approches thoriques explicitent les possibles consquences de ce foss entre citoyens et institutions communautaires et soulignent le rle cl qui revient aux mdias afin de rduire lcart entre ladministration europenne et ses administrs.
La thorie des systmes sociaux montre les risques de cette distance accrue entre les citoyens
et les institutions communautaires et propose de concentrer les efforts sur lamlioration de la
communication (1), une proposition que lon peut galement avancer sur la base de la thorie
de la hirarchie des priorits (2).
1. La thorie des systmes sociaux souligne les risques dune telle distance et assigne une responsabilit particulire aux mdias dans le processus de transmission dinformations en direction des citoyens europens.
Une situation dans laquelle les citoyens ne savent que peu de choses sur les institutions qui les
gouvernent ainsi que sur leur fonctionnement, et qui est caractrise par un dsintrt citoyen
neutre pour le mieux, une attitude sceptique voire hostile pour le pire, ne peut tre soutenable
long terme. Ceci est particulirement vrai dans une dmocratie, o les institutions ne peuvent
exister que si elles sont dmocratiquement lgitimes, c'est--dire que si elles profitent dun
soutien populaire durable. Or, ce nest quen connaissant le fonctionnement de lUnion
europenne et de ses politiques que les citoyens peuvent remplir le rle qui est le leur dans un
systme dmocratique, c'est--dire apporter leur soutien, mais aussi leurs critiques aux
institutions communautaires.
Une information transparente et cohrente des Europens sur la construction europenne, ses
institutions et ses politiques est donc primordiale pour garantir le soutien populaire ncessaire. A
10 Idem, page 6. La question pose aux sonds tait : D'une faon gnrale, pensez-vous que le fait pour votre pays de faire partie de lUE est une bonne chose/ une mauvaise chose/ une chose ni bonne, ni mauvaise . 11 Sondage Eurobaromtre : Le futur de lEurope , pages 100-101. 12 Sondage Eurobaromtre : Eurobaromtre 66. Lopinion publique dans lUnion europenne , page 17. 13 Idem, page 14.
9
cet gard, le rle des mdias de masse et des relations que les institutions europennes
entretiennent avec ces derniers semble particulirement important dans la mesure o les mdias
assurent plusieurs fonctions essentielles pour lexistence durable de la socit europenne.
La thorie des systmes sociaux permet dclairer cette position essentielle des mdias et, par
ricochet, de la politique de communication, dans la mesure o cette thorie dmontre les liens
fonctionnels qui existent entre diffrents sous-systmes dun systme social donn.14
Limage sur lequel se fonde cette thorie est celle dun organisme biologique dont les cellules se
trouvent dans une interdpendance rciproque et apportent des fonctions essentielles pour la
survie de lorganisme ou du systme global. Lobjectif du systme (ou de lorganisme) et de ses
sous-systmes (ou cellules) est dassurer durablement son existence.15
La thorie des systmes sociaux analyse la socit comme un ensemble de systmes et de sous-
systmes o les interactions entre ses membres sont destines assurer le maintien du systme
social global. Ceci suppose que lensemble des sous-systmes dun systme social donn
remplissent les fonctions qui leur ont t assignes. Lorsque un sous-systme ne remplit pas sa
fonction, la stabilit voire la prennit de tout le systme est remis en cause. A cet gard, la
communication joue un rle dterminant :
Des systmes sociaux ne peuvent tre crs et maintenus que si les personnes qui
y participent [] sont lies entre elles par la communication. [] Chaque
fonction [rendue par un sous-systme] doit tre accompagne par des
communications directes ou indirectes. .16
Ce nest donc quen communiquant que les acteurs dun sous-systme peuvent faire comprendre
leurs actes aux acteurs des autres sous-systmes.
Selon cette approche, la Commission europenne peut tre analyse comme un sous-systme du
systme global socit europenne . En tant quacteur politique central, sa fonction
consisterait dans la production et limposition de normes obligatoires pour lensemble de la
socit europenne. Afin de pouvoir produire ces rsultats et, en mme temps, pouvoir garantir la
prennit du systme global socit europenne , la Commission doit la fois pouvoir
expliquer ses politiques et leur raison dtre et rester ouverte aux exigences et soutiens venant du
14 Schenk, Michael : Kommunikationstheorien . In : Noelle-Neumann, Elisabeth et. al. : Fischer Lexikon, Publizistik, Kommunikationswissenschaft . Frankfurt am Main, 2000, Fischer. 15 Burkart, Roland : Kommunikationswissenschaft . Wien, 1998 Bohlau, page 446. 16 Luhmann, Niklas : Funktionen und Folgen formaler Organisation . Berlin, 1972, Duncker & Humblodt, page 190.
sous-systme opinion publique . La communication ncessaire cette mdiation rciproque
est assure par un troisime sous-systme, savoir le sous-systme mdias .
Systme socit europenne
Sous-systme Commission europenne
Sous-systme opinion publique
exigences et soutiens de la socit civile
Sous-systme mdias
explication des politiques et de leur raison dtre
Ce sous-systme mdias remplit plusieurs fonctions essentielles, permettant par-l dassurer
lexistence durable du systme global socit europenne .
a) La fonction dintgration des mdias
La premire est la fonction dintgration : plus une socit est complexe, plus elle a besoin
dintgrer ses composantes afin de garantir leur cohsion.17 Etant donn que la socit
europenne est une socit hautement complexe avec un risque permanent dloignement voire
de dsintgration de ses composantes, la fonction dintgration, assure par les mdias de masse,
est essentielle afin de garantir sa prennit.
b) Les fonctions politiques des mdias : cration dun espace public et socialisation politique
Sajoutent cette fonction dintgration plusieurs fonctions politiques, au premier rang
desquelles se trouve la fonction de la publicisation18 : en publiant des informations sur les
politiques europennes, en les rendant ainsi accessibles aux citoyens, les mdias crent un espace
public europen.19 Il est impratif que les mdias rendent publics et transparents les conflits et
17 Ronneberger, Franz : Integration durch Massenkommunikation . In : Saxer, Ulrich : Gleichheit oder Ungleichheit durch Massenkommunikation ? Homogenisierung Differenzierung der Gesellschaft durch Massenkommunikation . Mnchen, 1985, lschlger, page 5. 18 Dans ce contexte, on comprend par publicisation le fait dattirer lattention du public sur un sujet donn, de rendre disponible une partie de lespace public pour ce sujet.
10
19 Ronneberger, Franz : Die politischen Funktionen der Massenkommunikation . In : Langenbucher, Wolfgang (Hrsg) : Zur Theorie der politischen Kommunikation. . Mnchen, 1974, Piper, page 199.
11
les dbats socitaux, dans la mesure o, dans le cas idal, la formation de la volont
dmocratique nat de la discussion permanente de tous le membres de la socit en question.20
Tous les participants au processus politique entrent en communication en
publiant leurs programmes, objectifs et intentions []. Mme le gouvernement
doit tre soucieux de justifier ses mesures en public. 21
Limportance de cette fonction de publicisation peut tre souligne par la critique rcurrente
adresse aux institutions communautaires et selon laquelle les politiques europennes seraient
trop souvent labores en secret par des eurocrates et les citoyens mis devant le fait accompli
aprs la prise de dcision dfinitive.
Une deuxime fonction politique essentielle est celle de la socialisation politique et de
lducation politique : tant donn le haut degr de spcialisation et de diffrenciation des
socits contemporaines qui se reflte dans leur systme politique, ce dernier est devenu peu
lisible voire confus, comprenant le risque de tendances dsintgratrices qui peuvent se
manifester, entres autres, par une hausse des taux dabstention lors des lections. Ce constat est
particulirement vrai pour le systme politique communautaire dont la cration sui generis
rend difficile toute comparaison ou tout rapprochement avec les institutions politiques nationales
qui aurait pu faciliter sa comprhension. La fonction de socialisation des mdias consiste donc
initier les citoyens dans ce systme politique et rendre transparent les diffrents rles politiques
(lecteur, militant/ adhrent, homme politique etc.). Ce nest quen se voyant expliquer le
systme politico-institutionnel et les diffrents rles de ce systme que les citoyens peuvent
participer pleinement et activement au processus politique.22 Directement lie cette fonction est
celle de lducation politique qui assigne aux mdias la responsabilit de lducation civique.
2. La position cl des mdias est encore renforce par la thorie de lhirarchie des priorits
La thorie de la hirarchie des priorits ou thorie de lAgenda setting en anglais, permet
galement de mesurer le poids des mdias et danalyser quelle position ces derniers occupent
dans le processus de transmission dinformation. Cette thorie suggre en effet que les mdias
ont un pouvoir dinfluence sur les citoyens, dans la mesure o ils peuvent dterminer ce sur quoi
20 Hundertmark, Gisela : Politisches System und Massenkommunikationssystem . In : Einfhrung in die Kommunikationswissenschaft . 1976, page 202. 21 Ronneberger, Franz : Die politischen Funktionen der Massenkommunikation , page 200. 22 Burkart, Roland : Kommunikationswissenschaft , page 383.
12
les citoyens rflchissent. Ils ont donc le pouvoir de dterminer la hirarchie des priorits ou
lagenda des sujets jugs prioritaires par les rcepteurs.
Si les mdias de masse nont probablement que peu dinfluence sur la direction
et lintensit des attitudes, lon peut supposer quils posent lordre de priorits de
toute campagne politique en influenant limportance accorde un sujet
politique. 23
Il sagit de notre attention lgard, de notre savoir sur et de notre conscience
de problme quant aux vnements, personnes, thmatiques et questions
quotidiennement relats [par les mdias]. 24
Les recherches empiriques ont permis de distinguer trois variantes de cette suppose relation
causale entre lagenda mdiatique et lagenda du public.25 Selon le modle dattention
( awareness model ), le public prend conscience de certains thmatiques lorsque les mdias les
relatent. Ces derniers attirent donc lattention des citoyens sur les sujets en les traitant dans leurs
missions ou dans leurs publications. Le modle de salience soutient que le poids relatif
accord par les journalistes de diffrents sujets (emplacement du message dans le journal,
longueur accord un article etc.) dtermine galement limportance accorde ces mmes
sujets par les rcepteurs des mdias. Le modle des priorits enfin radicalise en quelque sorte
le modle prcdent en assumant que lordre de priorits mdiatique se reflte de manire
inchange dans lordre de priorits des citoyens.26
Si les recherches ultrieures ont attnu voire invalid lhypothse dun impact causal des
priorits mdiatiques sur lordre de priorits des rcepteurs, il nen reste pas moins que lagenda
mdiatique jouit dune certaine influence sur les priorits des rcepteurs.
23 While the mass media may have little influence on the direction or intensity of attitudes, it is hypothesized that the mass media set the agenda for each political campaign, influencing the salience of attitudes toward the political issue. McCombs, Maxwell et Shaw, Donald : The Agenda setting function of mass media . In : POQ Vol. 36/1972, page 176-187. 24 Schenk, Michael : Medienwirkungsforschung . Tbingen, 1987, Mohr, page 194. 25 McCombs, Maxwell : Newspaper vs Television : Mass communication effects across time . In : Shaw, Donald et McCombs, Maxwell : The emergence of American political issues , In : POQ Vol. 43/1979, page 176-187. 26 Burkart, Roland : Kommunikationswissenschaft , page 246.
13
C\ Puisque la prennit de la construction europenne dpend dune communication claire et comprhensible en direction des citoyens europens, la politique de communication de la Commission europenne revt une importance particulire.
Ds lors, il suit que, lorsque les mdias ne relatent pas les sujets traits au niveau
communautaire, ces questions ne peuvent pas occuper une place dans lordre des priorits des
citoyens europens. Par consquent, ces sujets restent des non-sujets pour les citoyens qui ne
sont donc mme pas au courant que ces sujets sont traits au niveau communautaire : faute de
socialisation et dducation politiques par les mdias, les citoyens ne sont pas intgrs dans le
systme politique, ni y a-t-il cration dun espace public. Dans un tel cas, les mdias ne
remplissent pas les fonctions que la thorie des systmes sociaux leur a assign. Par consquent,
la stabilit voire la prennit du systme global seraient, du point de vue de cette thorie, remises
en question.
En effet, on peut ainsi analyser le non des citoyens franais et nerlandais aux referendums
sur la ratification du Trait constitutionnel comme le signal dune dstabilisation du systme
socit europenne la suite dannes voire de dcennies de communication insuffisante.
Ainsi, les critiques les plus acerbes des opposants au Trait constitutionnel portaient trs souvent
non sur des innovations de ce nouveau Trait, mais sur des politiques dj bien tablies depuis
longtemps mais dont les citoyens navaient tout simplement pas conscience, faute den avoir
entendu parler.
Pour que les mdias puissent remplir leur rle, la communication entre les sous-systmes, cest
dire la politique de communication des institutions communautaires envers les mdias, doit tre
adapte aux besoins de ces derniers. La fonction des communicants professionnels est donc de
fournir aux journalistes les sujets, les informations ainsi que lexpertise ncessaires afin que les
mdias puissent remplir leur fonction. Par consquent, lon peut dire que les mdias ne seraient
pas en mesure dassurer une couverture politique complte sans le travail prliminaire des
communicants professionnels.27
Puisque seuls des citoyens informs peuvent participer la vie dmocratique de manire
responsable et tant donn que la complexit du processus politique communautaire ne permet
pas aux journalistes de satisfaire seuls ces exigences, cette fonction constitutive pour lexistence
durable de la dmocratie doit tre remplie la fois par les communicants professionnels et les
mdias.28 Dans cette logique, il est du ressort du sous-systme Commission de prparer, par
une politique de communication performante, le terrain pour une couverture mdiatique claire et
intelligible sur les politiques communautaires. Ce constat souligne le rle essentiel que jouent les
27 Bentele, Gnter : Politische ffentlichkeitsarbeit . In : Sarcinelli, Ulrich : Politikvermittlung und Demokratie in der Mediengesellschaft . Bonn, 1998, BpB, pages 124-145. 28 Bentele, Gnter : Politische ffentlichkeitsarbeit , page 143.
14
communicants professionnels et il explique pourquoi il peut paratre utile de sintresser, dans
le cadre dun mmoire, pour la politique de communication de la Commission europenne.
Afin danalyser la politique de communication de la Commission europenne, ce mmoire
tudiera dabord diffrentes thories des sciences de la Communication afin den dduire les
principaux enseignements thoriques pour une politique de communication efficace et russie
(I). Il analysera ensuite, dans une approche empirique, les structures et les mcanismes mis en
place par la Commission europenne dans le domaine de la politique de communication afin de
vrifier si les enseignements thoriques ont t mis profit dans la pratique, c'est--dire si les
prconisations donnes par les thories ont t respectes dans la ralit quotidienne par les
communicants professionnels de la Communication (II). Le mmoire semploiera enfin de
comparer les thories la ralit et de comprendre les diffrences entre approches thorique et
pratique (III).
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I. Diffrentes thories permettent de dcrire le dfi que la Commission europenne devra relever et formulent des prconisations quant au
chemin suivre.
Etant donn limportance dune communication claire et transparente des politiques de la
Commission europenne pour lexistence prenne de la construction europenne et la place
particulirement importante que les mdias occupent cet gard, il convient de sinterroger sur
la possibilit qua la Commission europenne dinfluencer les sujets traits par les mdias.
On peut dmontrer que, premire vue, la Commission semble impuissante face la position
primordiale quoccupent les journalistes dans la procdure de slection des nouvelles qui seront
publies dans les mdias (A). Or, les recherches thoriques soulignent galement quune
politique de communication bien organise et qui sache se servir du mode de fonctionnement des
mdias peut permettre la Commission de sortir de sa position de faiblesse (B).
On ne pourrait analyser les relations entre la Commission europenne et les mdias en faisant
limpasse sur sa particularit qui est celle dune organisation supranationale et en omettant les
incidences que cette situation peut avoir sur lorganisation de la politique de communication (C).
A\ Une premire approche thorique peut laisser penser que la russite de la politique de communication de la Commission europenne dpend exclusivement de la bonne volont des journalistes.
Les rsultats des recherches thoriques dans le domaine des sciences de la Communication
semblent suggrer une certaine toute-puissance mdiatique dans les relations entre les
communicants et les journalistes. En effet, ces derniers occupent une position primordiale dans la
slection des nouvelles (1) et organisent ce processus de slection suivant une logique propre (2).
1. Les journalistes comme gardiens dcluse dans un flux continu dinformations La thorie du slectionneur ou du gatekeeper part du constat quil nest pas possible pour
les mdias de relater lensemble des vnements et faits qui se produisent et que, par consquent,
les journalistes sont obligs de slectionner les sujets de leurs articles dun flux dinformations
dbordant. Pour souligner la position cl des journalistes dans le processus de slection des
informations, cette thorie compare le journaliste un gardien dcluse , qui a le pouvoir
douvrir ou de fermer les portes aux informations : ainsi des tudes empiriques ont dmontr que
seulement dix pour cent environ des dpches arrivant dans la rdaction dun journal sont
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effectivement slectionnes et publies dans les journaux ou les missions.29 Il revient donc aux
journalistes de dcider quels sujets entrent dans le circuit mdiatique.
De ce rle pivot du journaliste et des mdias dans le processus de slection et de transmission
des informations, la thorie du slectionneur dduit lhypothse selon laquelle les mdias ne
peuvent pas reproduire une image fidle de la ralit : le processus de slection modifie, que lon
veuille ou non, la perception de la ralit par les rcepteurs qui ne voient de cette ralit que ce
qui a t slectionn par les journalistes. Or, la seule dfinition, faite par le journaliste, dune
partie de la ralit comme vnement mritant dtre relat suppose une interprtation
pralable de la ralit.30
2. ... dont les critres de slection suivent une logique fonctionnelle et centre sur les mdias.
Cette position influente des journalistes pose la question de savoir sur quels critres les
journalistes fondent leurs choix. Car, tant donn la forte concurrence des diffrentes entits
communicantes (administrations locales, rgionales, nationales, communautaires, secteur priv,
organisations non-gouvernementales) et de lvolution permanente de lactualit, il semble
primordial pour la Commission de mieux connatre ces critres de slection et de sen servir afin
de pouvoir adapter sa politique de communication ces critres.
Lanalyse du mode de fonctionnement des mdias fait ressortir que leurs automatismes de
slection tentent dassurer deux objectifs, savoir faciliter le travail quotidien des journalistes et
garantir, de par le choix des nouvelles, une audience maximale.
a) Faciliter le travail rdactionnel des journalistes
Une premire rponse vient de la thorie du slectionneur elle-mme et souligne lexigence
fondamentale quest le critre de qualit de linformation en question. Toute information peu
intressante, de mauvaise prsentation, qui est rdige de manire propagandiste ou qui est trop
longue na que trs peu de chances dtre slectionne par les journalistes.31 Ces critres sont
certes subjectifs. Or, des travaux empiriques ont confirm que ces normes professionnelles
29 White, David Manning : The Gate Keeper : A case study in the selection of News . In : Journalism Quarterly Vol. 27/1950, pages 383-390. 30 S Schulz, Winfried : Die Konstruktion von Realitt in den Nachrichtenmedien. Analyse der aktuellen Berichterstattung. . Freiburg/ Mnchen, 1976, Verlag Karl Alber, page 8. 31 White, David Manning : The Gate Keeper : A case study in the selection of News . Dautres critres de slection peuvent tre souligns, tels que lorientation politico-idologique des journalistes ou de leur rdaction. Dans la mesure o ces critres institutionnels ne peuvent pas tre influencs par les professionnels de la communication de la Commission europenne, ce travail en fait abstraction. Il en est de mme pour les opinions personnelles des journalistes, qui ont galement et cela malgr les normes professionnelles qui devraient les inciter sen dtacher une influence forte sur la slection : tant donn que la Commission europenne ne peut pas influencer ces opinions personnelles, ce mmoire napprofondit pas davantage cette problmatique.
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(comme une bonne prsentation dun communiqu de presse, par exemple) ainsi que des
contraintes organisationnelles (longueur des communiqus de presse ou des dpches)
dterminent effectivement la slection des informations par les journalistes.32
b) Slectionner des nouvelles qui garantissent une audience maximale
Une deuxime thorie permettant danalyser les logiques de slection des journalistes est la
thorie de la valeur des nouvelles . Selon cette thorie, chaque nouvelle a des caractristiques
propres qui la rendent intressante et remarquable du point de vue des journalistes, ces derniers
sachant de manire plus ou moins implicite ce qui rpond aux attentes et aux intrts de leurs
lecteurs, auditeurs ou tlspectateurs.33 Par consquent, ces caractristiques des nouvelles
deviennent pour eux des critres de slection et de traitement des informations : les
caractristiques dune nouvelle dterminent sa valeur journalistique et, par-l, sa dignit dtre
publie . La thorie postule donc un lien systmatique entre les caractristiques de certains
vnements et leur valeur journalistique.
On peut distinguer trois groupes de caractristiques des nouvelles.34 La caractristique
simplicit fait que des nouvelles simples sont prfres des nouvelles complexes. Si une
nouvelle est complexe, lon peut constater une tendance la rduire des structures les plus
simples possibles. Cette premire caractristique permet de saisir un premier problme de
communicabilit des politiques communautaires : ces sujets sont trs souvent hautement
complexes et, en plus, traits dans des procdures ressenties comme complexes, ce qui
complique donc leur couverture mdiatique.
La deuxime caractristique est celle de lidentification : les journalistes tentent de capter
lattention du public en relatant des nouvelles concernant des sujets dj bien introduits auprs
du public. En outre, ils font parler des acteurs connus ou choisissent des vnements disposant
dune proximit gographique, temporelle ou culturelle. En rgle gnrale, les politiques
europennes ne sont pas bien introduits auprs du grand public, les rsultats des sondages
Eurobaromtre cits au dbut de ce travail en tmoignent. Cette situation risque donc
dhypothquer davantage la possibilit des sujets communautaires dentrer dans le circuit
mdiatique.
La dernire caractristique est celle du sensationnalisme , ce qui souligne la tendance
journalistique de faire ressortir des faits dramatiques et motionnels tels que des accidents, des
crimes, des conflits et des crises etc. Des faits dramatiques sont assez rares parmi les sujets
communautaires et leur existence ventuelle dans les mdias risquerait mme de desservir la 32 Schulz, Winfried : Nachricht . In : Noelle-Neumann, Elisabeth et. al. : Fischer Lexikon Publizistik. Massenkommunikation . Frankfurt am Main, 2000, Fischer. 33 Burkart, Roland : Kommunikationswissenschaft , page 275. 34 stgaard, Einar : Factors influencing the flows of news . In : Journal of Peace Research 2/1965, pages 39-63.
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cause europenne : si des nouvelles communautaires caractrises par le sensationnalisme
mergeraient dans les mdias, cela serait plutt le signe dun scandale dans lune des institutions
et donc capable de saper davantage la confiance des Europens dans ces dernires.
Des recherches plus approfondies ont permis daller plus loin et de distinguer quinze
caractristiques de nouvelles dans six dimensions qui dfinissent la valeur journalistique dune
nouvelle.35 Plus une nouvelle runit ces caractristiques, plus elle a des chances dtre
slectionne par les mdias. Or, lon peut voir que les sujets communautaires ne rpondent que
rarement ces exigences journalistiques, rendant ainsi le travail des communicants de la
Commission plus difficile.
1. Temps :
Cette dimension comprend deux caractristiques dun vnement : dure (des vnements
courts ont une valeur journalistique leve tandis que des vnements dune dure suprieure
une semaine ont une valeur journalistique limite) et ge de lvnement (un sujet dj bien
tabli dans et par les mdias a une valeur journalistique leve alors quun nouveau sujet nen a
quune rduite).
Chacune des deux caractristiques ne semble que difficilement valoir pour des informations
manant de la Commission europenne. En rgle gnrale, son activit c'est--dire
llaboration, la mise en uvre et le contrle du respect de la lgislation communautaire
sinscrit dans la dure. Etant donn la complexit du fonctionnement de la prise de dcision
communautaire (ou au moins le fait que le public le ressent ainsi) ainsi que les faibles
connaissances des Europens sur le fonctionnement institutionnel communautaire, la probabilit
quun sujet soit dj bien tabli dans les mdias et auprs du public est trs faible.
2. Proximit :
La dimension proximit comprend les facteurs proximit gographique (ce qui est plus
proche profite dune valeur journalistique plus leve), proximit politique (plus les relations
conomiques sont importantes avec le lieu o un vnement a lieu, plus la valeur journalistique
dune nouvelle provenant de ce lieu sera leve), proximit culturelle (quelle est limportance
des liens linguistiques, religieux, littraires et scientifiques avec lendroit dorigine de la
nouvelle ?) et pertinence (le public vis est-il concern par lvnement ?).
Pour cette dimension encore, la possibilit que des sujets communautaires entrent dans le
circuit mdiatique semble rduite, dans la mesure o ces sujets ne rpondent que difficilement
35 Schulz, Winfried : Die Konstruktion von Realitt in den Nachrichtenmedien. Analyse der aktuellen Berichterstattung. . Freiburg/ Mnchen, 1976, Verlag Karl Alber.
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lune de ces exigences : au lieu dtre caractris par une proximit gographique, conomique
et/ ou culturelle, ces sujets se distinguent par une localisation diffuse dans lensemble de lUE ce
qui rend difficile tout raisonnement en termes de distance ou de proximit et ce qui fait que les
citoyens ne se sentent pas ncessairement concerns par les politiques europennes.
3. Statut :
Cette dimension se rsume par le critre de centralit qui sinterroge sur limportance
politico-conomique, scientifique et, le cas chant, militaire de la rgion concerne. Etant donn
que les impacts politiques, conomiques et scientifiques du travail de la Commission europenne
sont souvent levs, cette dimension peut expliquer pourquoi certains sujets communautaires
peuvent entrer dans le circuit mdiatique.
4. Dynamique :
La dimension dynamique englobe des caractristiques telles que surprise (le moment o
lvnement surgit, son volution et le rsultat de lvnement ont-ils t attendus ?) et
structure (sagit-il dun vnement complexe ou intelligible et facile comprendre ?).
Cette catgorie permet galement de faire ressortir les problmes que peut prouver la
Commission europenne communiquer ses politiques. En effet, ces dernires ne surgissent que
trs rarement par surprise et les ngociations gnralement bien rodes dont elles font lobjet
font quune volution surprenante et inattendue constitue une exception rare. En outre, et en
croire cette thorie, la complexit du processus dcisionnel communautaire devrait rendre les
journalistes encore plus hsitants relater ces informations auprs dun public qui ne sy connat
gure.
5. Valeur :
Cette dimension comprend les caractristiques conflit (quel est le degr dagressivit des
vnements politiques ?), criminalit (dfinie comme le degr dillgalit des actes en
question), dgts (humains, matriels ou financiers, mais aussi checs) et russite (dans le
sens dun progrs dans les domaines politique, conomique ou culturel, suscit par lvnement
en question).
Etant donn que toute la logique institutionnelle communautaire vise viter les conflits ou au
moins les rduire un minimum ncessaire afin de pouvoir procder une prise de dcision
sans heurts, cette catgorie semble galement souligner quil peut y avoir une certaine
inadaptation des sujets communautaires tre relats dans les mdias. Il en est de mme pour les
deux autres caractristiques de cette dimension, criminalit (qui ne fait pas partie du
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fonctionnement normal du processus communautaire) et dgts (ici encore, laction
communautaire vise plutt les viter ou rparer ; elle nen est quexceptionnellement
concerne).
6. Identification :
Cette dernire dimension comprend les caractristiques personnalisation (quel est le degr de
relations personnelles entre lvnement et le public vis par les mdias) et ethnocentrisme
(dans quelle mesure le pays o la nouvelle sera publie est-il concern par lvnement ?).
Si la dernire caractristique pourrait plaider pour une certaine facilit de communiquer de la
part de la Commission europenne, dans la mesure o ses politiques concernent potentiellement
un grand nombre de citoyens europens, le fait que le centre dcisionnel se trouve loin des
citoyens risque de relativiser cet avantage, tant donn que les citoyens ne se sentent
quindirectement concerns. Ce dernier constat c'est--dire lloignement ressenti du centre
dcisionnel des personnes concernes mais aussi le fait que les institutions communautaires
souffrent dune notorit faible36 expliquent pourquoi la caractristique personnalisation ne
semble que difficilement pouvoir jouer pour relater les sujets communautaires dans les mdias de
masse.
Cette conceptualisation, qui donne des valeurs journalistiques diffrentes aux nouvelles en
fonction de leurs caractristiques, fait ressortir lun des problmes que la Commission
europenne rencontre lorsquelle communique lattention des mdias : dans la plupart des cas,
les nouvelles manant de cette institution (comme celles des autres institutions communautaires)
ne rpondent peu voire aucune des caractristiques numres. En consquence, il y a une
certaine inadaptation des sujets communautaires aux critres de slection journalistiques, ce
qui crerait des difficults certaines pour les communicants professionnels de la Commission de
faire entrer de tels sujets dans le circuit mdiatique.
B\ Toutefois, la lecture des thories suggre quune politique de communication qui connat ses responsabilits et qui se sert des connaissances sur le fonctionnement des mdias peut russir influencer lagenda mdiatique dans un sens voulu.
Si les recherches empiriques ont jusqu maintenant confirm lhypothse selon laquelle les
mdias ne pouvaient pas reproduire fidlement toute la ralit et rien que la ralit, quils
reprsentaient toujours et ncessairement une ralit slective, peu prcise et tendancieuse, bref,
36 Etude Eurobaromtre : Les citoyens europens et lavenir de lEurope. Etude qualitative dans les 25 Etats membres , page 12.
21
une ralit construite, la question se pose de savoir comment cette procdure de slection peut
tre influence par les communicants selon leurs intrts : comment la Commission doit-elle agir
pour que les sujets et politiques communautaires entrent davantage dans les mdias europens,
quelles sont ses fonctions ? Sur la base des travaux thoriques mens en la matire, lon peut
montrer que deux exigences sont primordiales cet gard, lune tant dirige vers lorganisation
interne de la politique de relations publiques (1), lautre se concentrant sur le produit prpar
par les communicants (2).
1. Une organisation de la communication qui dsigne clairement ses fonctions ainsi que ses domaines daction est la condition sine qua non pour toute politique de relations publiques efficace.
Afin dexposer la rponse donne par les thories la question de lorganisation de la politique
de communication, il convient de dfinir les fonctions que toute politique de relations publiques
devrait assumer (a), ainsi que les domaines daction dans lesquels elle doit sactiver (b).
a) Quatre fonctions fondamentales de toute politique de relations publiques
On peut en effet distinguer quatre fonctions cls qui, prises ensembles, contribuent une
politique de relations publiques37 performante permettant de prsenter une organisation donne
au public, de la positionner, dexpliquer ses politiques et de crer lacceptation et la confiance
pour cette organisation et ses actes. Il sagit de la gnration de sujets, de leur interprtation, leur
valuation ainsi que de la dcision quand les informations sur un sujet donn seront transmises
aux journalistes. Ces fonctions reprsentent les exigences minimales que la politique de relations
publiques devra satisfaire afin dinfluencer les mdias dans un sens voulu et afin de garantir la
prservation du systme social global.
b) Six domaines daction pour remplir ces fonctions
Les fonctions essentielles des relations publiques dans le processus mdiatique tant dfinies, la
question se pose dsormais de savoir quelles tches leur incombent. La littrature distingue six
domaines daction :38
- Planification et analyse : il sagit de la prparation dune stratgie de communication
ainsi que des objectifs de la politique de communication, de la dfinition des publics cls,
ventuellement en segmentant les publics afin de les traiter selon leurs besoins respectifs,
dtablir un calendrier pour les activits de communication, et dvaluer les activits ;
37 Dans le cadre de ce travail, le terme relations publiques dfinit les relations entre une institution, ici la Commission europenne, et ses diffrents publics cibles. 38 Bentele, Gnter : Politische ffentlichkeitsarbeit , page 139.
22
- Rgulation (prventive) de conflits par lanticipation de crises pouvant surgir et leur
prparation en termes de politique de communication ;
- Observation de lenvironnement de lorganisation, analyse et interprtation de lvolution
de lopinion publique ;
- Information et critique internes : relater auprs du niveau politique les critiques et
demandes des journalistes lgard de leur communication afin de lamliorer et de
renforcer la crdibilit de lorganisation ;
- Conseiller le niveau politique sur la politique de communication et lopportunit de
prendre des mesures de communication ;
- Information externe : ralisation de la stratgie de communication ainsi que des mesures
de communication routinires, cration de limage que lorganisation veut vhiculer.
2. Se servir des connaissances sur le fonctionnement des mdias afin dinfluencer leur agenda.
La description des fonctions et des domaines daction de toute politique de relations publiques a
soulign la place centrale quincombe la ncessit des communicants de russir faire passer
leur message auprs des journalistes pour que leurs nouvelles entrent dans le circuit mdiatique.
Lobjectif du management des nouvelles ou du news management est dinfluencer lordre
de priorits journalistique, c'est--dire de dfinir les sujets qui seront exposs par les mdias,
mais aussi den influencer linterprtation et lvaluation faites par les journalistes.39 En effet,
une telle stratgie jette les bases permettant dabord aux journalistes, puis aux rcepteurs de juger
les politiques dune organisation donne. 40
A cet gard, la connaissance des critres de slection journalistiques et du mode de
fonctionnement des mdias est primordiale. En effet, cette expertise peut permettre aux
communicants de se servir de ces critres dterminant la valeur journalistique pour faire entrer
leur message dans le circuit mdiatique. Cette approche postule que lon peut mettre en scne
la ralit et, par-l, influencer de lextrieur le processus de slection des journalistes (a). Un tel
impact sur les journalistes peut galement tre atteint si les communicants sadressent
prioritairement des mdias prestigieux qui donnent le ton dans le paysage mdiatique (b).
39 Pfetsch, Barbara : Politische Kommunikation in der modernen Demokratie. Eine Bestandsaufnahme . Stuttgart, 2006, Universitt Hohenheim. Disponible sur : http://www.uni-hohenheim.de/medienpolitik/Oe&PK-Band1.pdf. 40 Iyengar, Shanto : News that matters : Television and American Opinion . Chicago, 1987, University of Chicago Press.
23
a) Reprendre les critres de slection des journalistes et sen servir pour faire passer le
message
Selon cette approche, la politique est avant tout de la communication et une politique russie est
avant tout une communication soigneusement planifie et conduite.41 Ses aspects cls seraient la
connaissance professionnelle et approfondie des logiques de slection et de production des
nouvelles, la capacit de crer des vnements parfaitement mis en scne et adapts aux besoins
des journalistes (quels horaires, quelles images, adaptation aux camras), un management
stratgique des sujets et des vnements avec comme but la capacit de dterminer lordre du
jour mdiatique pour limiter les liberts laisses aux slectionneurs dans les rdactions et enfin la
capacit de rduire le rle des mdias au transport de symboles motionnels et de messages
adapts aux publics cls.42 Pour influencer la slection des nouvelles par les journalistes, les
communicants peuvent soit organiser des vnements susceptibles dattirer lattention des
mdias sur une information donne, soit se servir de la connaissance des mcanismes de
slection journalistiques afin de donner leurs nouvelles les caractristiques leur permettant
dtre slectionnes par les journalistes.
Un moyen pour influencer la slection faite par les journalistes est la cration de pseudo-
vnements , c'est--dire des vnements qui nauraient pas eu lieu spontanment et
indpendamment dune ventuelle couverture mdiatique (comme par exemple un tremblement
de terre ou un accident davion). Ces pseudo-vnements ont t planifis et arrangs avec
lobjectif principal dinciter les journalistes den parler dans leurs mdias respectifs.43 La
recherche empirique a permis de dfinir les principaux outils utiliss par les communicants afin
dinfluencer lagenda mdiatique :44
- Des formes directes de communication (les pseudo-vnements au sens propre du terme)
telles que des entretiens publics, des confrences, des discours, mais aussi des clbration
de certains vnements ou encore des manifestations ;
- Des instruments spcialiss des relations publiques : communiqu de presse, confrence
de presse, photo de presse, interviews, entretiens en off , articles dans les journaux ;
- Des publications utilises afin de sadresser des publics cibles (plaquettes, affiches,
livres, rapports annuels).
41 Plasser/Sommer : Politische ffentlichkeitsarbeit in informationsgesellschaftlichen Demokratien . In : Dorer, Lojka : ffentlichkeitsarbeit. Theoretische Anstze, empirische Befunde und Berufspraxis der Public Relations. Studienbcher zur Publizistik- und Kommunikationswissenschaft. Band 7 . Wien, 1991, Braumller, page 93. 42 Ailes, Roger : You are the message . New York, 1989, Doubleday. 43 Boorstin, Daniel J : The Image : A guide to pseudo-events in America . New York, 1961, Vintage Books. 44 Bentele, Gnter : Politische ffentlichkeitsarbeit , page 140.
24
Si ces outils dcrivent la manire dans laquelle le message sera vhicul, ils ne disent rien sur les
caractristiques de ce dernier. Lanalyse empirique du fonctionnement du management des
nouvelles montre que les caractristiques suivantes reprennent au mieux les critres de
slection dfinis par la thorie de la valeur des nouvelles et dj exposs ci-dessus :45
- la personnalisation de la politique ;
- le ngativisme et la dramatisation symbolique des sujets politiques ;
- la planification cible et la mise en uvre des cadres dinterprtation et linfluence du
contexte dans lequel la communication de sujets politiques a lieu.
b) Se servir des dirigeants dopinion du paysage mdiatique
Une autre possibilit pour la Commission europenne dorganiser son travail de relations
publiques peut tre, dun point de vue thorique, le choix de concentrer les efforts de
communication sur certains mdias. Cette approche peut tre dduite du concept des dirigeants
dopinion ou opinion leaders .
Ce concept sinterroge sur limportance de la communication interpersonnelle au sein du
processus de la communication de masse. Plusieurs caractristiques dcrivent les dirigeants
dopinion .46 Ils nutilisent pas ncessairement davantage les mdias que la moyenne, mais ils
les utilisent de manire plus attentive et se souviennent mieux de ce quils ont lu, vu et entendu,
se laissant en consquence guider davantage par les mdias que par la communication
interpersonnelle. En outre, ils sintressent plus de sujets que les non-dirigeants et ils font
preuve dune connaissance plus approfondie de ces sujets. Puisquils ont galement davantage
damis et de connaissances que la moyenne, ils sont plus souvent sollicits par ces derniers.47
Lors de leurs entretiens avec leur environnement, les dirigeants dopinion ont tendance
tenter de convaincre les autres de leurs opinions personnelles.
Ce constat a tabli limage dun flux de communication de deux tages ( two-step-flow of
communications ) :
Cela suppose que les ides stendent souvent de la radio et de la presse
vers les dirigeants dopinion et de celles-ci vers les parties moins actives de
la population. 48
45 Pfetsch, Barbara : Politische Kommunikation in der modernen Demokratie. Eine Bestandsaufnahme , page 15. 46 Burkart, Roland : Kommunikationswissenschaft , page 206. 47 Noelle-Neumann, Elisabeth : Wirkung der Massenmedien auf die Meinungsbildung . In : Noelle-Neumann, Elisabeth et. al. : Fischer Lexikon, Publizistik, Kommunikationswissenschaft . Frankfurt am Main, 2000, Fischer, page 539. 48 This suggests that ideas often flow from radio and print to the opinion leaders and from them to the less active sections of the population. Lazarsfeld, Paul : The peoples choice : How the voter makes up his mind in a presidential campaign . New York, 1948, Columbia University Press.
25
Cette approche suppose donc que les mdias de masse ne russissent pas entrer directement en
contact avec une grande partie de la population, mais que leurs messages sont dabord reus
par les dirigeants dopinion (cest le premier des deux tages) qui les transmettent ensuite aux
rcepteurs dont lutilisation des mdias est moins active. Par consquent, lopinion dfinie et
dfendue par les dirigeants dopinion a une influence dterminante sur lopinion publique. Si
ceci ne veut pas dire que leur opinion prvaudra de manire systmatique, lon peut nanmoins
constater quune nouvelle opinion publique ne saura simposer sans le soutien et le porte-
parolat des dirigeants dopinion.49
Or les recherches empiriques ont montr que les concepts des dirigeants dopinion et du
flux de communication de deux tages ne se limitent pas uniquement aux rcepteurs des
mdias de masse. On les retrouve galement au sein du systme mdiatique o il y a des mdias
et des journalistes particulirement en vue. Ils se distinguent par leur capacit dfinir les sujets
cls, dterminer une valuation positive ou ngative dun sujet voire de changer sa perception
par le public. En outre, ils sont cits rgulirement par dautres journalistes et par dautres
mdias.50
Il sensuit quil peut tre utile pour une organisation donne de privilgier le contact avec ces
mdias dirigeants dopinion et des dirigeants dopinion . Une telle approche faciliterait la
prise de contact avec ces rcepteurs dans la mesure o ces deux publics ont, de par leurs
caractristiques particulires, dj une connaissance plus importante des questions europennes
et donc une capacit et une facilit plus leves dchiffrer les informations provenant de la
Commission europenne. En outre, des informations diffuses par les dirigeants dopinion et/
ou des mdias de ce type bnficient dune plus grande crdibilit et sont donc reprises plus
facilement par dautres mdias (ou cru par des individus) que si elles manaient de la
Commission europenne elle mme : le soupon de propagande ne sy installe pas.
En consquence, il semble quil peut tre une piste prometteuse pour la Commission de
privilgier des mdias dirigeant dopinion dans sa politique de communication.
C\ Communiquer dans 27 Etats membres : la politique de communication entre standardisation et diffrenciation.
Lensemble des thories et concepts analyss et prsents jusque-l font limpasse sur le fait que
la Commission europenne agit dans un contexte particulier. En effet, contrairement aux
administrations publiques nationales qui, en gnral, ne communiquent quen direction des
49 Noelle-Neumann, Elisabeth : ffentliche Meinung . In : Noelle-Neumann, Elisabeth et. al. : Fischer Lexikon, Publizistik, Kommunikationswissenschaft . Frankfurt am Main, 2000, Fischer, page 372. 50 Noelle-Neumann, Elisabeth : Wirkung der Massenmedien auf die Meinungsbildung , page 555.
26
citoyens de leur Etat, le public vis par la Commission est ncessairement plus grand : il englobe
lensemble des citoyens europens, c'est--dire les citoyens des 27 Etats membres de lUnion
europenne. Ce constat pose la question si une politique de communication uniforme peut tre
adapte aux modes de fonctionnement, aux cultures journalistiques et aux exigences des
diffrents systmes mdiatiques dans lensemble des Etats membres.
La littrature en la matire laisse en effet penser que la culture de communication politique
nest pas la mme dans lensemble des Etats membres et quil ny a donc pas une culture de
communication politique europenne unique.51 Selon ces tudes, la culture de communication
politique, dfinie comme les relations spcifiques entretenues entre les porte-paroles politiques
dune part et les journalistes dautre part, changerait dun pays lautre. Elle serait dabord
influence par la constitution du systme mdiatique, qui est dfinie par la politisation des
mdias, leur (in-)dpendance politique, financire et/ ou conomique lgard des pouvoirs
publics ainsi que par des traditions journalistiques. En outre, la culture de communication
politique serait dtermine par les processus politiques respectifs dans les diffrents Etats,
entendus comme lorganisation du systme de gouvernement, le rle des partis politiques et des
groupes de pression.
Lorsque lon croise ces deux facteurs (systmes mdiatique et politique), on obtient quatre
cultures de communication politiques diffrentes.
1. La culture de communication oriente vers les mdias Cette catgorie est caractrise par une forte distance entre les porte-paroles politiques et les
journalistes qui explique quaucun mcanisme social nexiste pour tablir des liens de confiance
entre ces deux acteurs. En outre, lon peut constater une forte dpendance des acteurs politiques
de la communication des mdias qui sexplique par un paysage politique caractris par des
faibles partis politiques. Par consquent, les acteurs politiques acceptent les rgles du
fonctionnement mdiatique comme leurs propres rgles afin dtre en mesure de communiquer
aux mdias. Eu gard la faiblesse des partis politiques, cette acceptation est mme considre
comme la condition sine qua non toute communication politique.
2. La culture de communication oriente vers les relations publiques Cette culture est dfinie par les bonnes relations et une proximit motionnelle entre les
journalistes et les professionnels des relations publiques politiques. Journalistes et porte-paroles
51 Pfetsch, Barbara : Politische Kommunikation in der modernen Demokratie. Eine Bestandsaufnahme , page 21.
27
saccordent que la production de messages politiques suit la logique mdiatique. Leur bonne
entente explique une politique de communication qui na gure dinfluence idologique, et qui
met laccent sur le consensus symbolique.
3. La culture de communication politico-partisane Dans cette catgorie, ce sont les calculs de pouvoir des partis et/ ou gouvernements concurrents
qui influencent trs largement la politique de communication. Grce des relations sociales et
politiques troites entre les porte-paroles et les journalistes, les premiers russissent relativement
facilement dterminer les sujets, le moment de leur couverture par les mdias voire lvaluation
par ces derniers. La communication suit ici les rgles des acteurs politiques, ft-ce au prix dune
perte dautonomie des mdias.
4. La culture de communication politico-stratgique Cette culture, caractrise par la coexistence de la dominance dune logique politique, dune
part, et une grande distance entre les mdias et les porte-paroles politiques dautre part, gnre
une situation obligeant les porte-paroles utiliser des mesures stratgiques afin de pouvoir
communiquer leurs messages : ils comprennent les relations publiques comme une ressource
stratgique politique et se servent de leur connaissance technique sur la production et les effets
de messages politiques pour atteindre leurs objectifs spcifiques et court-termistes. Les porte-
paroles politiques tentent dinstrumentaliser les mdias tout en utilisant les rgles du jeu
mdiatique.
Au-del de ces quatre modles qui dcrivent les relations entre les communicants et les
journalistes et qui soulignent les diffrences qui peuvent exister entre les diffrents Etats
membres de lUnion europenne, lon peut citer dautres facteurs qui montrent que lefficacit
des relations publiques peut tre tributaire de son adaptation aux conditions nationales,
diffrentes dun Etat lautre. En font partie le systme politique et conomique52, la culture
dune nation53 ainsi que le systme mdiatique et le niveau de dveloppement dun Etat donn.
52 Vercic, Dejan : Global and Specific Principles of Public Relations : Evidence from Slovenia . In : Culbertson, Hugh : International Public Relations. Administration comparative analysis . Mahwah, New Jersey, 1996, Lawrence Erlbaum Associates. 53 Sriramesh, Krishnamurthy : Societal Culture and Public Relations . In : Grunig, James : Excellence in public relations and communication management . Hillsdale, New Jersey, 1992, Lawrence Erlbaum Associates.
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Etant donn que lon peut donc distinguer au moins quatre modles diffrents de relations entre
les porte-paroles et les journalistes ainsi que de nombreux facteurs influenant les relations entre
le systme politique et le systme mdiatique, on peut sinterroger si une organisation
supranationale comme la Commission europenne peut communiquer selon un modle uniforme
ce qui serait beaucoup plus simple, dun point de vue structurel et organisationnel ou sil est
ncessaire de dvelopper un programme de relations publiques adapt chaque Etat membre de
lUnion europenne.
Ces deux types idaux de relations publiques internationales standardisation et diffrenciation
ont t analyss par la littrature.54 On entend par relations publiques internationales
lapproche qui labore un programme de relations publiques propre chaque pays destinataire
(diffrenciation). Etant donn que ces relations publiques internationales sont adaptes la
situation spcifique de chaque pays (conditions politique, conomique et culturelle notamment),
elles permettent de sadresser aux rcepteurs dune manire adquate et adapte.
A loppos, les relations publiques globales sont bases sur une approche qui transcende les
frontires nationales. Elle essaie de faire ressortir les points en commun au-del des frontires
gographiques ou culturelles et de dvelopper, sur cette base, un programme de relations
publiques standardis et qui soit universellement applicable. Lobjectif est de standardiser non
seulement la stratgie, mais aussi la prsentation et la communication des messages. Lavantage
de cette approche rside dans son universalit permettant de dvelopper une image unique et
cohrente et de crer des synergies. Afin de pouvoir dfinir une politique de relations publique
standardise, des principes universellement valables de relations publiques doivent tre connus.
Des tudes ont montr quil peut y avoir une conception universelle dune relation publique
excellente . Celle-ci serait dfinie par lindpendance organisationnelle du service relations
publiques , limportance accorde une formation approfondie en relations publiques des
communicants ainsi que par une communication symtrique et bilatrale entre lorganisation en
le public.55
Une solution intermdiaire entre ces deux ples extrmes, et qui est considre comme la plus
prometteuse par la littrature, est dnomme diffrenciation standardise : les programmes
globaux de relations publiques labors dans cette logique doivent tre diffrencis pour
rpondre aux particularits nationales, mais ils doivent ltre le moins possible afin de prserver
54 Huck, Simone : Wie global ist internationale PR ? Zu den Defiziten eines jungen Forschungsfeldes . Stuttgart, 2001, Universitt Hohenheim. Larticle est disponible sous http://www.media.uni-hohenheim.de/html/akademie/wissenstransfer/wie_global_ist_pr.html. 55 Wakefield, Robert : Preliminary Delphi research on international public relations programming. Initial data supports application of certain generic/ specific concepts . In : Moss, Danny : Perspectives on Public Relations Research . London, New York, 200, Routledge.
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lunit du message. Pour la mme raison, les programmes globaux de relations publiques seront
le plus standardis possible. Or lon voit donc quil sagit l de dterminer un point sur un
continuum entre diffrenciation et standardisation , une dcision qui devrait tre fonde
sur une approche qui prenne en compte les objectifs stratgiques du communicant mais aussi les
rsultats de lanalyse empirique de la situation journalistico-mdiatique (quelle culture de
communication politique ?) sur le terrain, c'est--dire dans les diffrents Etats membres.
Ce travail thorique permet de tirer plusieurs enseignements. Il souligne dabord la position
fondamentale quoccupent les journalistes dans le processus de slection des informations et
donc dans la cration de publicit. Par consquent, les professionnels des relations publiques sont
obligs de convaincre ces gardiens dcluse douvrir les cluses pour laisser passer leurs
informations. Si la position des journalistes peut donc sembler dterminante premier regard,
lanalyse des thories permet, dune part, dtablir certains critres qui doivent tre respects afin
de russir la politique de communication et, dautre part, de mieux comprendre les logiques de
slection tablies par les journalistes. En effet, la connaissance de ces logiques par les
professionnels en communication peut faciliter la tche ces derniers.
Enfin, le travail thorique souligne un second dfi que les communicants de la Commission
devraient relever pour russir leur mission, c'est--dire dorganiser une communication dans un
cadre international. L encore, les thories donnent des conseils pratiques aux acteurs.
Sur la base de ces recommandations thoriques, il convient de dcrire, dans une approche
empirique, la ralit de la politique de communication de la Commission europenne.
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II. Face une situation juge insatisfaisante, la Commission europenne a redfini les fondamentaux de sa politique de communication et se dote
dune structure et doutils nouveaux destins relever le dfi.
Aprs une approche thorique qui a permis de voir comment les relations publiques devraient
tre organises afin de pouvoir rpondre aux exigences qui leur ont t assignes, il convient de
sinterroger sur la question de savoir comment la Commission europenne a organis sa politique
de communication. Ainsi, lon constate un bilan trs auto-critique des politiques de
communication menes jusque-l et une relle volont de changer de cap afin de parvenir un
meilleur soutien populaire des institutions et politiques europennes. Cette ncessaire
redfinition des objectifs de la politique de communication a permis dtablir une nouvelle
approche stratgique cette politique de communication (A). De cette nouvelle stratgie
dcoulent deux axes de pousses pour laction en la matire (B). La Direction gnrale
Communication a t rorganise afin de pouvoir mieux rpondre aux nouvelles attentes (C).
Dans ce cadre totalement rvis et modernis, la Direction gnrale Communication est
dsormais en mesure de remplir ses fonctions et de communiquer ses deux publics cl (D).
A\ Partant dun bilan autocritique, la Commission refonde les principes de sa politique de
communication et lui assigne de nouveaux objectifs stratgiques.
1. Sur la base dun bilan critique de ses activits de communication, la Commission semble se rapprocher dune analyse comparable celle de la thorie des systmes sociaux.
Le constat de la Commission europenne sur sa propre politique de communication est svre et
sans quivoque. Dplorant la fragmentation persistante des activits de communication , une
mise en uvre inapproprie de ces dernires et le fait que les messages refltent [certes]
des priorits politiques, mais ne rpondent pas ncessairement aux intrts, aux besoins et aux
proccupations des citoyens 56, elle conclut :
Jusquici, la communication est trop souvent reste laffaire de Bruxelles.
Elle sest principalement attele expliquer laction de lUE aux citoyens et
a accord moins dattention aux opinions de ces derniers. [Ils] ont souvent
limpression que les moyens leur permettant de participer au dbat sont
restreints ou inaccessibles. Malgr son importance dterminante et son
amlioration permanente, la communication institutionnelle na
56 Commission europenne : Plan daction de la Commission relatif lamlioration de la communication sur lEurope . Bruxelles, juillet 2005, Commission europenne, page 3.
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manifestement pas suffi combler le foss [entre les citoyens et la
construction europenne]. 57
Dans son analyse de la politique de communication sur les sujets communautaires, la
Commission souligne en outre labsence dune couverture mdiatique rgulire et permanente :
si les journaux nationaux couvrent souvent les grands vnements survenant intervalles
rguliers tels que les Conseils europens, aucune couverture globale des affaires europennes
nest assure entre ces vnements. Les journaux locaux ou rgionaux, particulirement
importants en raison de leur tirage cumul lev, naccordent en gnral quune place limite aux
questions europennes. Quant aux mdias audiovisuels, leur tendance limiter de plus en plus le
temps dvolu linformation politique intensifie la concurrence pour occuper lespace
mdiatique, le rendant ainsi encore plus difficile aux questions europennes dtre relates par
les mdias.58
Tout en soulignant que cette situation de communication difficile ntait pas nouveau, la
Commission la juge intenable, salarmant de lloignement et du sentiment de dsaffection
quprouvent les Europens envers la construction et les politiques europennes. La Commission
affirme quil ny a pas de dmocratie sans communication et que la dmocratie ne peut
prosprer que si les citoyens sont informs de la situation et que leur participation sans rserve
est possible .59 Cette analyse se rapproche donc trs largement de celle qui a t faite
auparavant sur la base de la thorie des systmes sociaux et qui souligne que lchange entre les
diffrents sous-systmes est primordial pour le bon fonctionnement du systme global.
2. La nouvelle philosophie et les objectifs stratgiques redfinis de la politique de communication de la Commission europenne placent les citoyens europens au centre de tous les efforts.
Trois principes fondamentaux guident la dfinition des nouveaux objectifs de la politique de
communication.60 Ainsi, le point de dpart de toute rflexion en la matire est un droit
fondamental : le droit linformation et la libert dexpression qui conduit la dfinition du
premier principe, celui de linclusion. Selon ce principe, tous les citoyens devraient avoir
accs, dans leur propre langue, aux informations relatives aux questions dintrt public. []
Les informations doivent tre rendues largement accessibles par un grand ventail de canaux,
57 Commission europenne : Livre blanc sur une politique de communication europenne . Bruxelles, 1er fvrier 2006, page 4. 58 Idem, page 9. 59 Idem, page 2. 60 Idem, pages 5-6.
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comprenant notamment les mdias et les nouvelles technologies . Etant donn que les
citoyens europens sont issus dorigines sociales et culturelles trs diffrentes , la Commission
demande ce que sa politique de communication respecte lensemble des opinions exprimes
au cours du dbat public afin de garantir un dbat le plus ouvert possible. Ce deuxime
principe la diversit est intimement li au troisime, le principe de la participation, selon
lequel les citoyens devraient avoir le droit dexprimer leurs opinions et dtre entendus, ainsi
que la possibilit de dialoguer avec les dcideurs . La Commission estime que ce dernier
principe est particulirement important au niveau de lUE o les institutions prsentent un
risque accru dloignement par rapport aux citoyens , une analyse qui se rapproche, ici encore,
de celle faite par la thorie des systmes sociaux.
De ces principes fondamentaux dcoulent les objectifs stratgiques assigns la politique de
communication : il sagit dsormais de mettre la communication au service des citoyens
europens, de gagner la confiance des Europens par de bonnes politiques et par une bonne
communication sur ces politiques .61 Selon la Commission, cette approche fondamentalement
nouvelle comprend une transition radicale dune communication sens unique vers un
dialogue renforc, dune communication axe sur les institutions vers une communication axe
sur les citoyens, dune conception venant de Bruxelles vers une dmarche plus dcentralise .62
La communication vise donc instaurer un dialogue entre les citoyens et les responsables
politiques et un dbat, vaste et intensif, sur les politiques europennes.
Cette nouvelle communication contribuera, long terme, lmergence dune sphre publique
europenne, au sein de laquelle les citoyens recevraient les informations et outils dont ils ont
besoin pour participer activement au processus dcisionnel et pour sapproprier le projet
europen .63 Car, juge la Commission dans une approche qui partage les conclusions tires sur
la base de la thorie des systmes sociaux, pour quil y ait renouveau dmocratique, il faut que
les citoyens europens aient le droit de faire entendre leur voix .64 Le feedback populaire sous
forme dexigences et soutiens venant du sous-systme opinion publique est donc considr
comme fondamental pour combler le foss entre les Europens et leurs institutions.
61 Commission europenne : Plan daction de la Commission relatif lamlioration de la communication sur lEurope , page 2. 62 Commission europenne : Livre blanc sur une politique de communication europenne , page 4. 63 Commission europenne : Communication de la Commission au Conseil, au Parlement europen, au Comit conomique et social europen et au Comit des rgions. Contribution de la Commission la priode de rflexion et au-del : Le Plan D comme Dmocratie, Dialogue et Dbat . Bruxelles, 13 octobre 2005, Commission europenne, page 3. 64 Idem, page 4.
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B\ Deux axes stratgiques de dveloppement ont t retenus par la Commission afin de rendre oprationnels la philosophie et les objectifs stratgiques nouvellement dfinis.
La redfinition de la philosophie ainsi que des objectifs stratgiques de la politique de
communication de la Commission entranent ncessairement une nouvelle approche quant leur
mise en uvre. La Commission a dfini deux vecteurs daction destins rendre oprationnels
les objectifs stratgiques : ainsi compte-t-elle mieux ancrer les dbats sur des questions
europennes dans les espaces publics nationaux (1), sans pour autant ngliger sa propre
responsabilit pour amliorer la qualit du dbat (2).
1. Soutenir les dbats nationaux afin de faire sortir les questions europennes du microcosme bruxellois.
La Commission considre que, aujourdhui, la sphre publique dans laquelle se droule la vie
politique en Europe est essentiellement nationale. Si des questions europennes y sont traites,
elles sont trs largement considres sous un angle national et non pas europen : la culture
politique supranationale, englobant des organisations et des groupes politiques paneuropens et
susceptible de crer un espace public europen, nest pas suffisamment dveloppe. Or, tant
donn que de nombreuses dcisions politiques affectant la vie quotidienne des citoyens de lUE
sont adoptes au niveau europen, lEurope en gnral et les politiques communautaires en
particulier doivent trouver leur place dans les sphres publiques nationales, rgionales et locales
existantes.
La Commission souligne quune telle intgration de la dimension europenne dans le dbat
politique national reprsenterait un intrt rel, dans la mesure o une prise en compte accrue des
questions europennes renforcerait ce dbat et ne serait donc pas en concurrence avec ce
dernier.65 Elle compte mettre en uvre deux actions destines mieux ancrer les sujets
communautaires dans les dbats politiques nationaux.
a) Une approche commune mise en uvre dans les Etats membres
Loin de vouloir se substituer aux Etats membres dans lorganisation des dbats nationaux et tout
en reconnaissant que lchelon national demeure le premier point dentre de tout dbat
politique 66, la Commission entend donner une impulsion supplmentaire en proposant une
approche commune aux dbats nationaux sur des politiques communautaires, qui serait mise en
uvre par les reprsentations de la Commission dans les Etats membres.67 Se rfrant ses
65 Commission europenne : Livre blanc sur une politique de communication europenne , pages 4-5. 66 Idem, page 12. 67 Commission europenne : Le Plan D comme Dmocratie, Dialogue et Dbat , page 4.
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objectifs stratgiques en la matire, la Commission souligne la ncessit dorganiser un
processus double sens, consistant, dune part, informer les citoyens sur le rle de lUE et sur
ses politiques et, dautre part, prendre bonne note de leurs attentes quant ce qui devrait tre
fait lavenir.
Afin de favoriser ce dbat avec les citoyens europens dans les Etats membres et pour amliorer
la transparence, la Commission se sert principalement des reprsentations quelle entretient dans
chaque capitale de lUnion europenne ainsi que des huit antennes rgionales dans les plus
grands Etats membres.68 Leur promotion auprs du grand public en tant que principaux points de
contact pour les citoyens doit en faire le lieu dinformation et dchange privilgi entre la
Commission et les citoyens europens, permettant ainsi dtablir un canal de communication
direct entre ladministration et les administrs et vitant de devoir passer par les gouvernements
ou les mdias nationaux. Afin de renforcer ce positionnement, il a t demand aux chefs de
reprsentation de participer rgulirement des sessions dchange avec les citoyens
europens.69
Suivant cette mme logique, le rseau des centres Europe Direct, mis en place par la
Commission en partenariat avec des structures daccueil rgionales et locales sera davantage mis
en valeur : en effet, ces centres permettent de fournir, sur le terrain et de manire dcentralise,
des informations sur lEurope aux citoyens et de mettre en uvre lapproche de la Commission
en matire dactivits de communication.70
En outre, la Commission envisage dorganiser, en coopration avec les Etats membres, une srie
de manifestations rgionales en y associant des ambassadeur
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