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UNIVERSITÉ DE PARIS I - PANTHÉON - SORBONNE
THÈSE POUR L’OBTENTION DU DOCTORAT EN SCIENCES DE GESTION
Conforme au nouveau régime défini par l’arrêté du 30 mars 1992
ETUDE DES PROCESSUS DE FORMATION DE L’ATTITUDE ENVERS
LA MARQUE : UN ESSAI DE MODÉLISATION INTÉGRANT UNE
VARIABLE PSYCHOLOGIQUE, LA CONFIANCE EN SOI.
Une application en situation de pré-test publicitaire pour des produits de grande
consommation .
Présentée et soutenue publiquement le jeudi 2 décembre 1999 par
Stéphanie HERAULT
COMPOSITION DU JURY
Directeur de recherche M. Pierre GREGORY Professeur à l’Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne. Rapporteur M. Pierre - Louis DUBOIS Professeur à l’Université de Paris II - Panthéon - Assas. Rapporteur M. Marc FILSER Professeur à l’Université de Bourgogne. Suffragant Mme. Claire OPSOMER Professeur à l’Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne. Suffragant M. Alexandre STEYER Professeur à l’Université de Paris I - Panthéon-Sorbonne.
L’Université de Paris I - Panthéon - Sorbonne n’entend donner aucune approbation ou improbation
aux opinions émises dans cette thèse. Ces opinions doivent être considérées comme propres à leur auteur.
Remerciements
A en croire les nombreux témoignages convergents de personnes ayant traversé cette étape difficile mais ô combien enrichissante, toute recherche doctorale est ponctuée de phases d’enthousiasme, de doutes, voire, dans certains cas, de découragement. Cette thèse n’échappe pas à cette règle générale, les difficultés rencontrées n’entamant cependant en aucun cas la satisfaction et la joie procurées par l’achèvement de ce travail. La formalisation de cette contribution n’aurait certainement pas été possible sans les encouragements quasi-quotidiens de personnes qui, à des titres différents, ont participé au déroulement et surtout au bon achèvement de cette recherche. Mes remerciements et une profonde reconnaissance s’adressent en premier lieu à M. Pierre Grégory, directeur de cette recherche doctorale, qui par son soutien, sa disponibilité ainsi que ses précieux conseils a pu rendre possible l’aboutissement de ce travail. Je le prie de bien vouloir trouver, en ces quelques mots, l’expression d’une sincère gratitude pour son attention rigoureuse et bienveillante ainsi que pour la confiance qu’il a su me témoigner dans des moments décisifs. Mes remerciements et une profonde reconnaissance s’adressent également particulièrement à Mme Claire Opsomer qui, après le D.E.A. de Marketing de l’Université de Paris I, m’a encouragée à entamer cette recherche doctorale et qui, à maintes occasions, m’a assurée d’un soutien extrêmement précieux, notamment dans certains moments difficiles... Que M. Alexandre Steyer trouve également, en ces quelques mots, l’expression de mes sincères remerciements pour son inestimable soutien, ses conseils précieux et sa totale disponibilité, en particulier tout au long de l’étape de traitement des données de cette recherche. Qu’il veuille bien me pardonner de l’avoir, parfois, quelque peu "harcelé". Messieurs les Professeurs Pierre-Louis Dubois et Marc Filser ont accepté d’être les rapporteurs de ce travail doctoral. Je les prie de bien vouloir trouver en ces quelques mots l’expression de mes remerciements et de ma profonde reconnaissance. Une recherche doctorale se nourrit considérablement d’échanges fructueux effectués entre chercheurs soumis parfois à des interrogations ou à des préoccupations proches, que ces collègues soient ou non issus de la même discipline. L’Observatoire de Stratégies d’Entreprises Sorbonne (O.S.E.S), dirigé par M. Pierre Grégory, centre fédérateur des laboratoires de recherches en Gestion de l’Université de
Paris I, accueille ainsi de nombreux collègues qui, par leur gentillesse et leur intérêt vis-à-vis de ce travail, ont grandement favorisé le "climat" entourant cette recherche. Mes remerciements s’adressent ainsi au sein de l’O.S.E.S. à Etienne Bressoud, Camille Chamard, Hoda Djadda, Anne Krupicka, Stéphane Mallet, Caroline Rouen, Patrick Simon et Thibaut Zimmer, doctorants en Marketing, à Mathilde Gollety, Maître de Conférences, à Eric Campoy, chercheur en Gestion des Ressources Humaines ainsi qu’à Lahcen Zmamou, doctorant en Finance. Catherine de la Fouchardière et Lydie-Marie Lavoisier, chercheurs en Marketing et fortement présentes pendant ces années de recherche doctorale, m’ont par leur gentillesse, régulièrement rassurée et encouragée. Qu’elles trouvent en ces quelques mots l’expression de mon amitié sincère et veuillent bien excuser, à plusieurs reprises, mon absence de disponibilité. Pour avoir eux-mêmes effectué une recherche doctorale, les conseils et le soutien précieux de Nathalie Guichard et de Jean-Marc-Lehu, Maîtres de Conférences à l’Université de Paris I, ont été d’une aide inestimable. Qu’ils sachent combien j’ai été extrêmement sensible à leur intérêt et qu’ils trouvent en ces quelques mots l’expression de ma reconnaissance et d’une sincère affection. Que Mme Berrho, Mlle Delatorre, Mme Fazilleau et Mme Perrot, responsables administratives, soient également remerciées pour leur gentillesse, leur intérêt et leurs encouragements réguliers. Ces remerciements ne pourraient être complets sans mentionner le soutien d’amis proches qui, parfois dubitatifs, ont su néanmoins me "supporter" tout au long de ces années et m’encourager fortement vers le bon achèvement de cette recherche. Enfin, et de manière incontestable, cette thèse n’aurait pu être achevée sans un soutien quotidien et des encouragements incessants de mes parents qui, avec Elodie, ont par une présence et une confiance permanentes conjointement supporté voire porté cette thèse à son achèvement. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma profonde reconnaissance et de mes remerciements infinis. Ce travail leur est légitimement dédié ...
I
SOMMAIRE
INTRODUCTION GÉNÉRALE .......................................................................................... 1
PREMIÈRE PARTIE - L’ATTITUDE ENVERS LA MARQUE, FORMATION ET POUVOIR
PRÉDICTIF : SYNTHÈSE DE LA LITTÉRATURE
CHAPITRE I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive
de la formation du comportement .............................................................................. 14 I - Fondements théoriques ....................................................................................... 14
II - Modélisation de l’approche cognitive de formation de l’attitude et de
l’intention sous influence publicitaire ................................................................. 20
III - Médiation de l’acceptation ................................................................................... 25 Synthèse du chapitre I ................................................................................................. 41
CHAPITRE II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers
une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation
favorable envers la marque .......................................................................................... 43 I - Vers une identification progressive de médiateurs cognitifs et affectifs liés à
l’annonce ............................................................................................................... 47
II - Articulation des variables médiatrices des effets de la publicité sur la
variable d’efficacité Ab : la suprématie de l’hypothèse de médiation duale
dans un contexte de pré-test publicitaire ............................................................ 67
III - Une mise à jour progressive des variables modératrices des
mécanismes de changement d’attitude ............................................................... 74 Synthèse du chapitre II ............................................................................................... 100
CHAPITRE III - Confiance en soi et persuasion ........................................................ 102
Préambule ....................................................................................................................... 105
I - Clarification sémantique de la notion de confiance ........................................... 106
II - La notion de force ................................................................................................ 110
III - La notion de confiance en publicité.................................................................... 123 Synthèse du chapitre III .............................................................................................. 145
II
DEUXIÈME PARTIE - CONSIDÉRATIONS CONCEPTUELLES ET MÉTHODOLOGIQUES
RELATIVES A L’ÉTUDE DE LA CONFIANCE EN SOI AU SEIN DES PROCESSUS DE
PERSUASION PUBLICITAIRE
CHAPITRE IV - Conceptualisation ............................................................................. 148 I - Intérêt et objectifs de la recherche doctorale ..................................................... 148
II - Cadre conceptuel .................................................................................................. 156
III - Formulation des hypothèses de recherche ......................................................... 190 Synthèse du chapitre IV .............................................................................................. 221
CHAPITRE V - Méthodologie relative aux instruments de mesure ........................ 222 I - Opérationalisation des construits ........................................................................ 222
II - Protocole expérimental ....................................................................................... 244
III - Critères scientifiques de validation des structures sous-jacentes aux
instruments de mesure ......................................................................................... 258
CHAPITRE VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de
recherche ....................................................................................................................... 266 I - Un recours aux équations structurelles : une exigence induite par la
nature particulière des construits mobilisés par cette recherche doctorale ..... 266
II - Les analyses multi-groupes : validation du statut modérateur des variables
étudiées ................................................................................................................ 272
III - Critères d’évaluation de la qualité d’un modèle ................................................ 275 Synthèse des chapitres V et VI ................................................................................... 283
TROISIÈME PARTIE - ANALYSE DE LA CONFIANCE EN SOI EN SITUATION D’IMPACT
PUBLICITAIRE : ETUDE EMPIRIQUE
CHAPITRE VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure ............. 285 I - Validation des variables "amont" ........................................................................ 289
II - Validation des déterminants des routes persuasives .......................................... 302
III - Validation des échelles destinées à mesurer l’aspect évaluatif des
médiateurs d’efficacité publicitaire ...................................................................... 313
Synthèse du chapitre VII - .......................................................................................... 333
III
CHAPITRE VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses
de recherche .................................................................................................................. 334 I - Validation des hypothèses préalables ................................................................ 335
II - Validation conjointe du postulat de médiation et de l’articulation théorique
entre composants non évaluatifs des variables d’efficacité publicitaire ........... 354
III - Validation des hypothèses relatives à l’influence modératrice de la
confiance en soi .................................................................................................... 365
Synthèse du chapitre VIII - ........................................................................................ 395
CONCLUSION GÉNÉRALE .............................................................................................. 397 I - Contributions de la recherche doctorale ............................................................ 397
II - Les limites de la recherche .................................................................................. 413
III - Quel avenir pour l’étude de la confiance en soi au sein des processus de
persuasion publicitaire ? ....................................................................................... 416
Bibliographie ................................................................................................................................... 420
Annexes ............................................................................................................................................ 453
Liste des tableaux ........................................................................................................... 459
Liste des figures 1 ........................................................................................................................... 466
Table des matières ......................................................................................................................... 468
1 La numérotation des tableaux et figures suivra la règle suivante : un premier chiffre en caractère romain spécifiera le chapitre de la thèse, le numéro suivant qualifiera le numéro du tableau ou de la figure correspondante. A titre d’exemple, le tableau III.7 correspond au septième tableau du chapitre III, la figure VI.13 qualifie la treizième figure du chapitre VI.
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Omniprésente dans notre société, la publicité représente l’un des outils de
communication privilégié par les entreprises pour promouvoir leur offre auprès de
publics ou cibles prédéterminés. Parmi les possibilités offertes aux annonceurs désireux
de faire connaître, faire aimer et/ou de faire acheter les produits et services qu’ils
commercialisent (Lavidge et Steiner, 1961), la publicité télévisée conforte sa deuxième
place au sein des médias favoris (derrière la presse) comme en témoigne l’importance
des investissements publicitaires qui lui sont alloués (Tableau i1).
Tableau i1 : Investissements publicitaires au sein des cinq grands médias
Investissements et part du média en
1997
Investissements et part du média en
1998
Progression des investissements
1998/1997
Presse 27.9 2 40.4 %
30.9 41 %
+ 11 %
Radio 7.1 10.2 %
8.1 10.7 %
+ 14 %
Télévision 25.1 36.2 %
26.3 34.9 %
+ 5 %
Affichage 8.6 12.4 %
9.4 12.5 %
+ 10 %
Cinéma 0.6 0.8 %
0.7 0.9 %
+ 13 %
Si les dépenses en communication ont connu une certaine décélération depuis le
début des années 90, les observateurs notent une certaine reprise de l’activité
publicitaire depuis ces deux dernières années3 et en particulier au cours du premier
semestre de 1999, les investissements publicitaires bruts4 ayant progressé de 10.4 % sur
cette période. Cette relative décélération après une période de croissance soutenue ne
2 Exprimés en milliards de francs. 3 Source Sécodip, Pige Publicitaire Quantitative. 4 Ce cumul a été établi sur les trois médias suivants : la presse, la radio et la télévision.
2
doit pas occulter l’importance réelle de ce marché. Les sommes investies par des
entreprises appartenant à des secteurs aussi variés que les services, l’alimentation ou
encore la distribution et représentant des investissements bruts de plusieurs milliards de
francs, justifient la préoccupation affirmée des annonceurs de disposer de systèmes
s’appuyant sur une connaissance approfondie des modalités d’action de la publicité et
permettant une mesure, a priori et/ou a posteriori, de l’efficacité des annonces et des
campagnes de communication. En souhaitant apprécier un certain "retour sur
investissement" de la publicité, ces annonceurs sont conduits à privilégier de manière
schématique deux types d’outils capables de contrôler l’efficacité des annonces et des
campagnes créées :
9 les pré-test publicitaires, plutôt focalisés sur la capacité de l’annonce
étudiée à donner à l’individu une envie ou une intention d’acheter le
produit ou le service communiqué à la suite de l’exposition à
l’annonce ;;
9 les post-tests qui apprécient, après mise en oeuvre de la campagne,
l’importance des ventes engendrées par le stimulus publicitaire.
La dichotomie évoquée précédemment, et relative à l’objectif sous-jacent au
système de contrôle choisi, reflète précisément les deux pans de recherche regroupant
les travaux académiques menés depuis plus d’un demi-siècle et portant sur la publicité :
9 Plutôt issues de la psychologie, un ensemble de contributions
théoriques et empiriques se sont attachées à comprendre les processus
par lesquels un individu reçoit, interprète et in fine, est convaincu par
un message publicitaire ;
9 Les travaux et études en Marketing ont plutôt, quant à eux, cherché à
déterminer l’influence "quantitative" de la publicité en mesurant, via
des outils technologiques adéquats (les panels "scannérisés"), l’impact
3
de cette variable du mix sur le comportement d’achat des
consommateurs (Assmus, Farley et Lehman, 1984 ; Hollis, 1995).
Ces deux pans de recherche, largement dominés par des travaux d’origine nord-
américaine, se sont considérablement enrichis depuis ces trente dernières années, les
réflexions théoriques et travaux empiriques effectués ayant ainsi permis de contribuer à
une meilleure compréhension des modalités d’action de la publicité. Découlant dans un
premier temps d’un ensemble de modélisations à vocation générale et descriptive
permettant de mettre à jour le cheminement psychologique d’un individu soumis à
l’influence d’un stimulus publicitaire (modèles de l’école de Yale), les recherches en
communication persuasive ont bénéficié, à partir des années 80, de développements
plus approfondis, notamment depuis les travaux et les postulats fondateurs émis par
Petty et Cacioppo (1981a, 1986a) ou par Chaiken (1980). Ces différentes contributions
qui ont clarifié les processus de persuasion en mettant en évidence l’existence non pas
d’un unique processus mais de plusieurs modalités d’action de la publicité ont en
conséquence permis d’affiner la compréhension du processus de persuasion publicitaire
sur les deux points suivants :
9 Des "médiateurs" du processus, c’est à dire des variables qui
interviennent entre l’exposition au stimulus et la réponse, constituent
les éléments par l’intermédiaire desquels s’exerce l’influence de la
publicité sur l’individu-récepteur ;
9 Certaines conditions précises permettent d’expliquer la contribution
respective de ces variables intermédiaires d’efficacité puisque des
variables dites "modératrices" (Barron et Kenny, 1988) différencient
les modalités d’impact de la publicité sur l’individu.
4
La recherche sur les processus de persuasion publicitaire s’est donc structurée
depuis une vingtaine d’années, un certain consensus reflétant aujourd’hui la position des
chercheurs et praticiens :
9 L’attitude favorable envers la marque (Ab) et l’intention d’achat
positive de la marque (Ib) communiquée permettent d’apprécier
l’efficacité d’une publicité et ce, préalablement à la mise en oeuvre du
comportement à proprement parler ;
9 Des variables dites "intermédiaires" ou "médiatrices" de nature
cognitive et affective influencent, via des mécanismes psychologiques
précis, ces deux variables d’efficacité de nature pré-conative que ce
soit leur formation ou leur changement. Le rôle de l’annonce est en
outre affirmé, en particulier depuis l’émergence du construit
d’"attitude envers l’annonce" (Aad), puisqu’il est stipulé que l’individu
peut être conduit à reporter sur la marque des impressions positives
ressenties envers certains des éléments qui constituent la publicité ;
9 Des facteurs liés à l’individu ou aux conditions mêmes de l’exposition
publicitaire permettent de comprendre le cheminement psychologique
qui a conduit l’individu à évaluer favorablement la marque, objet de la
communication.
Chercheurs et praticiens sont aujourd’hui quasiment unanimes pour reconnaître
qu’une annonce publicitaire efficace doit avoir pour conséquence une modification
favorable et durable de l’attitude envers la marque, objet de la communication. Si la
compréhension du rôle et de l’importance des différents construits intermédiaires
d’efficacité a ainsi considérablement progressé ces vingt dernières années comme nous
venons de le souligner, des chercheurs en communication persuasive ont récemment
5
avancé l’idée que les postulats fondateurs des recherches en communication persuasive
relatifs à l’attitude méritaient d’être réexaminés avec attention. Les cadres théoriques
fondateurs et les recherches menées depuis le début des années 80 se sont en effet
majoritairement focalisés sur l’évaluation de la marque. Une publicité est dite "efficace"
si elle conduit l’individu à évaluer favorablement la marque, objet de la communication.
Cependant, peut-on encore parler d’efficacité si ce même individu déclare ne pas être du
tout certain de son opinion ? Cette incertitude de réponse ne risque-t-elle pas de limiter
l’efficacité de la publicité en rendant instable et donc in fine peu durable, l’évaluation
favorable de la marque ? Certains chercheurs ont dès le début des années 70 partagé
cette position en introduisant la notion de "négation" de l’attitude et en qualifiant de
"non-attitudes" les prédispositions créées avec incertitude (Converse, 1970 ; Day, 1970 ;
Warland et Sample, 1973). En conséquence, l’efficacité d’une publicité doit-elle encore
aujourd’hui s’apprécier sur le seul critère de l’évaluation ? Ainsi, la seule prise en compte
de l’évaluation ne représente-t-elle pas une vision quelque peu partielle des objectifs
assignés à une communication persuasive ? Ne faudrait-il pas en fait s’orienter vers une
approche plus globale et prendre en compte également d’autres caractéristiques
attitudinales, dont la certitude associée à la réponse pourrait faire partie ?
De nombreux chercheurs en psychologie sociale considèrent que le jugement
d’un individu à l’égard d’un objet ou d’une situation peut s’appréhender au travers de
deux composantes que sont l’évaluation (valence) et la force (strength) (Krosnick et al.,
1993 ; Berger et Alwitt, 1994 ; Pomerantz et al., 1995). Si les cadres de référence en
communication persuasive précisent bien dès l’origine que le cheminement
psychologique poursuivi par l’individu lorsqu’il est exposé à une communication
persuasive conditionne la "force" de l’attitude créée selon trois critères (durabilité,
résistance et caractère prédictif), les postulats fondateurs demeurent relativement muets
dès lors qu’il s’agit de préciser de manière claire ce que sous-entend précisément la
notion de force. De manière parallèle aux travaux en communication persuasive et dans
6
une perspective d’approche modératrice de la relation attitude -comportement, se sont
donc développées des recherches visant à préciser certaines caractéristiques attitudinales
susceptibles de refléter la force du construit d’attitude.
L’étude de ces caractéristiques dites "non évaluatives" n’en est cependant encore
qu’aux prémisses en communication persuasive comme le déplorent Zuwerink et
Devine (1996) ou encore Sengupta et al. (1997). Certains chercheurs à l’instar de Areni
et Lutz (1988) avancent bien l’idée qu’il convient, pour juger de l’efficacité d’une
annonce, de distinguer ce qui relève de l’évaluation de ce qui relève de considérations
non évaluatives, comme la certitude associée à la réponse. Cependant, à l’exception de
quelques travaux récents et plutôt parcellaires en communication persuasive qui
intègrent les avancées théoriques et empiriques relatives à l’étude de l’influence de la
publicité sur l’aspect évaluatif et non évaluatif des médiateurs de persuasion
(Venkatraman et al., 1990 ; Laczniak et Muehling, 1993), peu de contributions
permettent de comprendre aujourd’hui le rôle des aspects non évaluatifs au sein du
processus de formation et/ou de changement de l’attitude envers la marque. Trois
interrogations majeures peuvent être posées :
9 Les réflexions théoriques et les travaux empiriques relatifs à la notion
de "force" d’une attitude permettent-ils d’affirmer sans ambiguïté que
les aspects non évaluatifs et l’aspect évaluatif de l’attitude représentent
deux composantes bien distinctes du construit d’attitude ?
9 La confiance de l’individu dans son attitude et définie par Howard
(1989) comme “le degré de certitude que le consommateur ou la consommatrice
possède sur son évaluation de la marque” représente aux yeux des
chercheurs et comme nous l’avons précédemment précisé, l’une des
composantes non évaluatives de l’attitude. Cet aspect permet-il, au
même titre que la composante évaluative, d’expliquer les modalités
d’impact d’une communication persuasive ? La question est ici de
7
savoir quel rôle cette variable exerce au sein du processus de
formation et/ou de changement de l’attitude envers la marque. S’agit-
il d’une variable médiatrice, d’une variable modératrice ou bien encore
se peut-il que ce construit assume cette double fonction ?
9 La notion de confiance dans une réponse émise à la suite de
l’exposition à une annonce publicitaire appelle naturellement la notion
plus "globale" de "confiance en soi". Ainsi, l’on ne peut a priori
négliger l’influence que pourrait avoir ce trait de personnalité sur la
manière d’évaluer la marque, objet de la communication. Cependant,
si certains facteurs individuels psychologiques comme le besoin de
cognition (Cacioppo et Petty, 1982, 1984 ; Haugtvedt et Petty, 1989 ;
Smith, Haugtvedt et Petty, 1994 ; Falcy, 1997) ou encore le besoin de
stimulation optimal (Falcy, 1997) rencontrent les faveurs de la
communauté scientifique, la variable de confiance en soi n’a que trop
rarement fait l’objet de recherches en communication persuasive, et à
plus forte raison en France. On trouve néanmoins la notion de
confiance au sein de recherches en marketing ou en comportement du
consommateur (Dubois et Sirieix, 1999 ; Guibert, 1999 ; Gurviez,
1998).
L’ensemble des considérations précédentes souligne la pertinence qu’il y a à
étudier la confiance en soi pour rendre compte des processus de formation de
l’attitude envers la marque dans une volonté de juger de l’efficacité d’une publicité.
Pour être efficace, une publicité ne doit-elle pas conduire l’individu à évaluer
favorablement et de manière confiante la marque, objet de la communication ? En
suivant la position de Sengupta et al. (1997) qui considèrent que la prise en compte de
cette variable représente “[...] l’un des challenges fondamentaux de la recherche en persuasion
publicitaire [...]” et compte tenu du peu de recherches dont nous disposons aujourd’hui
8
sur la réalité que recouvre la notion de confiance en soi ainsi que sur son rôle explicatif
potentiel des mécanismes de persuasion, cette contribution poursuit deux objectifs
fondamentaux :
9 Apporter une clarification sémantique de la notion de confiance en soi :
en effet, avoir confiance en soi implique-t-il nécessairement le fait que
l’on évalue de manière confiante la marque, objet de la communication?
La question de la nature de la relation entre le trait de personnalité de
l’individu et la composante non évaluative de l’attitude mérite un
examen attentif fondé sur la littérature mais aussi sur l’expérimentation.
Nous nous attacherons donc à préciser de manière théorique les
éléments permettant de répondre à ces différentes questions et à
apprécier empiriquement la robustesse des postulats émis.
9 Comprendre le rôle de la confiance en soi au sein des processus de
persuasion : à la lumière des recherches antérieures et de notre propre
réflexion théorique sur l’influence que peut exercer la confiance en soi
sur l’attitude envers la marque, nous chercherons à asseoir le statut
méthodologique de ce construit. Compte tenu de cet objectif, qui
s’appuie sur une modélisation du processus de persuasion publicitaire,
nous chercherons dans un premier temps à articuler entre elles les
variables médiatrices du processus de formation et/ou de changement
de l’attitude envers la marque. Il conviendra également de préciser
l’influence, au sein de ce schéma, de variables se situant en "amont" des
processus de persuasion et susceptibles d’expliquer le cheminement
psychologique ou "route" empruntée par l’individu pour se forger une
attitude envers la marque et une intention d’achat.
9
Cette contribution possède en premier lieu un intérêt conceptuel lié à la
définition même du construit d’attitude. Si Petty et Cacioppo (1981a) définissent
l’attitude de manière globale comme “un sentiment général et durable, positif ou négatif à propos
d’un objet ou d’une personne [...]”, de nombreuses autres définitions proposées par les
chercheurs associent très fréquemment également le qualificatif de "durable" ou de
"prédictif" au concept d’attitude. Or, comme nous l’avons précédemment souligné, les
psychosociologues posent que la confiance représente une caractéristique non
évaluative pouvant être à l’origine de ces propriétés. En conséquence, intégrer ce
construit au sein des processus de persuasion et comprendre son rôle permettrait de
préciser les conditions liées à l’individu ou à la publicité permettant de conclure que
l’attitude favorable envers la marque obtenue est bien susceptible de “[...] guider le
comportement” de manière effective comme le souligne Kraus (1995).
L’intégration de la confiance en soi au sein des processus de persuasion nécessite
que soit effectuée une mise en oeuvre adéquate de ce construit ou des différents
concepts sous-jacents et ce, conformément aux opérationalisations antérieures ou à
notre propre réflexion sur le sujet. Des choix précis de mesure des autres variables
mobilisées par cette recherche doctorale et relatives à la fois aux éléments endogènes
d’un modèle général de persuasion et aux facteurs exogènes liées à l’individu (besoin de
cognition) ou à la publicité (implication publicitaire) viendront en outre enrichir l’intérêt
méthodologique de cette contribution.
Dans la mesure où la publicité constitue aux yeux des individus une source
biaisée d’information mais in fine de nature à “[...] influencer un public [...]” (Grégory,
1994), étudier les conditions (liées à l’individu ou à la publicité elle-même) par lesquelles
survient un fort degré de conviction dans l’attitude envers la marque permettrait de
fournir aux agences de publicité et aux annonceurs un ensemble de recommandations
10
managériales utiles pour concevoir des publicités susceptibles d’influencer de manière
effective les individus dans une optique comportementale.
Compte tenu des objectifs ainsi que des contributions attendues de cette
recherche, il semble nécessaire de passer par une démarche scientifique classique de
modélisation de l’influence de la publicité s’appuyant sur une réflexion relative aux
acquis et voies d’investigation futures suggérées par les travaux théoriques et empiriques
dédiés à l’étude de la variable de confiance en soi.
L’articulation de cette recherche doctorale rencontre cette exigence puisque
seront successivement développées :
9 Une première partie, synthèse de la littérature existante, qui se
décomposera en trois chapitres destinés à offrir un panorama des
recherches entreprises en communication persuasive. Cet exposé nous
permettra de mettre en exergue un ensemble de variables supposées
intervenir entre l’exposition de l’individu à une communication
persuasive et sa décision d’acheter la marque communiquée en
mettant précisément en lumière des variables "médiatrices" et des
variables "modératrices" de l’effet de la publicité. Le dernier chapitre
de cette revue de la littérature consacré dans son intégralité à l’étude
de la confiance en soi au sein des processus persuasifs soulignera un
ensemble de voies d’investigation possibles au sein desquelles prend
place cette contribution doctorale ;
9 Une deuxième partie, coeur de notre réflexion et décomposée en
trois chapitres nous permettra, via une réflexion sur le statut
conceptuel et méthodologique de la confiance en soi de proposer in
fine différentes modalités de persuasion potentielles ainsi qu’un
11
ensemble d’hypothèses permettant de valider les postulats de
recherche émis. Les choix méthodologiques retenus relatifs à la mise
en oeuvre des construits mobilisés ainsi que ceux destinés à confirmer
les hypothèses de travail permettront de définir plus précisément les
différentes critères ayant présidé à la collecte et au traitement des
données ;
9 Deux volets caractériseront une troisième partie consacrée à la
présentation des résultats de cette contribution doctorale ; la
validation des instruments de mesure ainsi que la validation des
hypothèses de recherche nous permettront de mettre en lumière les
apports, limites et voies d’investigation possibles de cette recherche,
notamment ses implications managériales.
Nous nous attacherons ainsi à apporter des éléments de réponse à une question
dont la littérature scientifique, comme la pratique du contrôle des effets de la publicité,
justifient le caractère essentiel : la réduction de l’attitude à sa seule composante
évaluative ne limite-t-elle pas le pouvoir explicatif des modèles de persuasion, leur
capacité à rendre compte de la réalité de la communication persuasive et de son
efficacité ?
12
Les recherches en communication persuasive menées depuis le début des années
50, fortement dominées par des contributions théoriques nord-américaines peuvent être
classifiées selon leur appartenance à trois grandes périodes distinctes. A partir des
premières réflexions de Lapiere (1934) sur les attitudes et surtout entre 1950 et 1970,
ont émergé un ensemble de travaux destinés à offrir une première approche de la
modélisation de l’influence de la publicité sur l’individu ;; les années 1970 et 1980 ont été
marquées par une formalisation des approches précédentes au sein d’une vision
fortement cognitive et raisonnée du comportement humain. Les années 80 introduisent,
au sein des mécanismes de persuasion, un ensemble de variables et de ressorts
psychologiques appartenant plutôt à un registre "affectif".
Cette revue de la littérature sans reprendre exactement cette décomposition s’en
inspire néanmoins fortement. En effet, de manière schématique, les recherches en
comportement du consommateur et en communication persuasive se sont
historiquement orientées vers :
9 L’identification d’un ensemble de variables permettant d’expliquer le
comportement ainsi que l’influence de stimuli (dont la publicité fait
partie) sur ces actions ;
9 L’identification d’un ensemble de facteurs permettant d’expliquer la
plus ou moins forte contribution de ces variables à l’explication du
comportement.
Ainsi, cette première partie s’articulera de la manière suivante :
9 Un premier chapitre consacré à l’approche cognitive de la formation
du comportement permettra d’affirmer le rôle central de l’attitude
envers la marque au sein des processus de persuasion (chapitre I) ;
9 Un deuxième volet dédié à la présentation d’une alternative à
l’approche précédente conduira in fine à présenter un ensemble de
13
conditions favorisant la contribution des variables endogènes d’un
modèle théorique de persuasion tel que l’avancée des connaissances
depuis le début des années 80 le propose (chapitre II) ;
9 La confiance en soi représentant la variable centrale de cette
contribution doctorale, la présentation des recherches l’intégrant fera
en conséquence l’objet d’un chapitre spécifique (chapitre III).
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
14
I - FONDEMENTS THÉORIQUES
L'étude des processus de décision d'achat des individus qui représente
probablement l'un des domaines de recherche les plus féconds en comportement du
consommateur a offert aux chercheurs un ensemble de mécanismes et de variables à
l'origine de l'action de l'individu. Cependant, le comportement humain est gouverné par
tant de facteurs qu'il serait vain de vouloir prendre en compte la totalité des
caractéristiques individuelles ou environnementales susceptibles de l'induire. La
difficulté de la mise en oeuvre d'une telle démarche sur le plan opérationnel a ainsi
conduit les chercheurs à adopter une approche de hiérarchisation des variables qui
influencent le comportement. Selon Filser (1994, p.5), “l'analyse du comportement s'oriente
donc vers la sélection des variables les plus importantes, c'est à dire la simplification de l'analyse et la
prise en compte des relations entre ces variables d'une part, entre ces variables et le comportement
ensuite”. Les années 60, largement dominées par cette optique ont vu se développer de
nombreuses modélisations à caractère général s'efforçant de décrire le processus de
décision en intégrant, au sein d’un cadre fédérateur, les apports de l'économie, de la
psychologie et de la sociologie. Cette approche a induit un enrichissement des
connaissances dans le domaine de la compréhension des processus de décision d'achat
des individus en offrant une possibilité de mesure des paramètres pris en compte.
I.1. - Synthèse des modèles intégrateurs de comportement du consommateur
La première phase de modélisation, initiée à la fin des années cinquante et très
influencée par une conception systémique du comportement, a fait émerger des
modélisations générales qui, en remplissant deux fonctions majeures5 (conceptuelle et
opérationnelle), ont permis de servir de support au test empirique de la validité des
relations entre des déterminants pressentis au comportement. Si l’on trouve, en
marketing, un nombre extrêmement important de tels modèles, ceux de Nicosia (1966),
5 Ces fonctions rejoignent la définition d’un modèle par Kotler (1983) comme "la spécification d'un ensemble de variables et de leurs inter-relations, destinée à représenter un système ou un processus réel en intégralité ou en partie".
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
15
de Howard et Sheth (1969) et de Engel, Kollat et Blackwell (1978) méritent, par leurs
contributions respectives, un léger développement.
Le modèle élaboré par Nicosia (1966) et proposé par son auteur en application
au cas des nouveaux produits illustre parfaitement les principes généraux d'un modèle
intégrateur relativement simple puisqu'il analyse le processus par lequel un message
publicitaire agit sur les préférences et le comportement d'achat du consommateur
comme en témoigne la figure I.1. Notons ici que, bien que classifié dans la littérature
dans la catégorie des modèles de comportement du consommateur au sens large, il s'agit
plutôt d'une conceptualisation du processus de traitement de l'information publicitaire.
Figure I.1. : Version simplifiée du modèle de Nicosia (1966)
Si le modèle de Nicosia dans sa version intégrale propose une perspective
originale en concevant ce processus de manière continue, il est également parmi les
premiers à subir de vives critiques d’ordre conceptuel et opérationnel, les chercheurs
ayant souligné l’absence d’explication, par le modèle, du déroulement de chaque étape
ainsi que son incapacité à fournir un outil managérial pertinent (Engel, Kollat et
Blackwell, 1973).
Créé en 1968 et ayant depuis fait l'objet de perfectionnements réguliers, le
modèle de Engel, Kollat et Blackwell (1978), à la différence du modèle précédent, peut
être qualifié de modèle général du comportement du consommateur puisqu'il n’étudie
pas l’influence d’un stimulus particulier. Les auteurs mettent l'accent sur la description
des procédures de choix adoptées par l'individu en distinguant, comme le souligne la
figure I.2., trois catégories d'étapes traversées par le consommateur : les étapes qui
précèdent la décision, la décision, les événements survenant après la décision.
Exposition Attitude Recherche et
évaluation Motivation Décision Action
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
16
Figure I.2. : Version simplifiée du modèle d'Engel, Kollat et Blackwell (1978)
Bien que n’ayant jamais fait l’objet d’une validation empirique intégrale6, ce
modèle introduit deux aspects théoriques pertinents pour analyser le comportement du
consommateur :
9 En identifiant des variables qui influent sur le processus de décision
d’achat7;
9 En mettant en évidence l'existence d'un processus de nature séquentielle :
le processus de décision d'achat est décomposé en cinq phases
(reconnaissance d'un problème, recherche d'informations, évaluation des
possibilités, achat et évaluation post-achat).
6 En revanche, les relations entre les différentes étapes du processus de décision identifiées par ce modèle ont induit de nombreux travaux dédiés à l'explication des comportements de consommation. 7 Elles sont classées en trois catégories : les caractéristiques de l'individu, les caractéristiques de l'environnement social du consommateur et les facteurs situationnels.
ETAPES DU PROCESSUS
D'ACHAT Evaluation post-achat
Achat
Evaluation des
possibilités
Recherche d'informations
Reconnaissance d'un problème
Variables exogènes
- Facteurs d'environnement
- Caractéristiques individuelles
- Facteurs situationnels
Intention
Affect
Croyances
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
17
Howard et Sheth (1969) affinent la compréhension du consommateur sur deux
points :
9 Leur conception admet en effet pour la première fois l'existence de
différents processus de décision mis en oeuvre par le consommateur
selon les situations qu'il ressent : trois types de résolution de problème
qui correspondant à trois niveaux d'intensité de l'activité cognitive
déployée par un individu en matière de recherche d'informations sont
envisagés (Tableau I.1.).
Tableau I.1. : Alternatives de résolution de
problème proposées par Howard et Sheth (1969)
Nature de la résolution de problème
Caractéristiques de la situation d'achat
Intensité de l'activité
cognitive8
Résolution extensive
Produits nouveaux Absence de préférence pour une marque Critères de choix mal définis
forte
Résolution limitée
Marques connues Absence de préférence nette pour une marque Critères de choix bien définis
moyenne
Comportement routinier
Marques connues Nette préférence envers une marque Critères de choix clairs
faible
9 Les auteurs distinguent trois niveaux de réponses comportementales :
les réponses cognitives, les réponses affectives et les réponses conatives9
(Figure I.3.) : cette contribution a constitué un apport majeur pour
l'analyse de l'impact d'une communication persuasive en ouvrant la voie
8 Par intensité cognitive, il faut comprendre "niveau" de la recherche d'informations. 9 Les réponses cognitives sont définies comme un enrichissement des connaissances du consommateur à l'égard du produit ; les réponses affectives offrent une mesure de l'orientation globale (favorable ou défavorable) de l'individu envers le produit ; les réponses conatives comprennent l'intention comportementale et le comportement proprement dit.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
18
aux recherches dédiées à la mesure de l'impact de la publicité sur les
niveaux de réponse cognitifs et affectifs.
Figure I.3. : Version simplifiée du modèle de Howard et Sheth (1969)
Le nombre de variables introduites dans la version complète de ce modèle a
rendu difficile la mesure de toutes les interrelations présupposées par leurs auteurs.
Quelques tentatives de validation partielle n'ont en outre pas donné lieu à des résultats
très concluants (Farley et Ring, 1970, 1974)10.
I.2. - Apports et limites des modèles globaux de comportement du consommateur
En se fondant sur un ensemble de critères précis permettant d’apprécier la
validité d’un modèle (Zaltman, Pinson et Angelmar, 1973 ;; Zaltman et Wallendorf,
1983), les chercheurs en comparant les trois modèles précédents soulignent que si les
modèles de Howard et Sheth (1969) et de Engel, Kollat et Blackwell (1978) sont les plus
complexes, ils sont également ceux dont la capacité heuristique a été de loin la plus
importante. Selon Filser (1994, p.29), “Les apports des modèles intégrateurs d'analyse du
comportement se situent davantage dans leur capacité à susciter des recherches empiriques que dans leur
validation elle-même”. Ainsi, le pan de recherche consacré à l'analyse de la formation des
10 La direction des relations de causalité entre les variables du modèle est confirmée ; cependant, les auteurs font remarquer que les résultats de validation des hypothèses énoncées par Howard et Sheth (1969) ne sont pas statistiquement significatifs.
Stimuli Variables endogènes
RÉPONSES
Achat
Intention d'achat
Attitude
Connaissance
Attention
Variables exogènes
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
19
attitudes a-t-il par exemple considérablement progressé grâce au modèle de Howard et
Sheth (1969).
Bien que variables dans la définition et l'articulation des relations entre certaines
variables qu'ils intègrent, les modélisations à vocation générale mettent en lumière deux
points fondamentaux :
9 Ces modèles globaux11 reposent tous explicitement sur l'hypothèse
selon laquelle le comportement d'un individu n'est pas conçu comme
un acte isolé mais qu'il représente en réalité un processus dynamique
au sein duquel l'acte observable (l'achat du produit) ne constitue qu'un
moment ;
9 Il existe un consensus sur le rôle central accordé à l'attitude et à
l'intention au sein du processus de décision : les différents modèles
conçoivent en effet l'attitude comme un déterminant indirect du
comportement via son influence sur l'intention. De manière
congruente à la définition de Barron et Kenny (1988)12, les chercheurs
ont ainsi posé le rôle médiateur de l'intention dans le processus de
formation du comportement.
Howard (1994) propose une synthèse de l’ensemble des connaissances dans le
domaine de la modélisation du processus de formation de l’attitude et de l’intention en
proposant la version simplifiée suivante (Figure I.4.) :
11 Les modèles globaux ne s'intéressent pas uniquement à la décision d'achat ; certains à l'instar de celui de Nicosia (1966) ou de Howard et Sheth (1969) prennent également en compte l'intervention de stimuli. 12 Les auteurs proposent de considérer une variable médiatrice comme "une variable qui intervient entre le stimulus et la réponse".
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
20
Figure I.4. : Version simplifiée d'un modèle général de comportement du consommateur
(Howard, 1994)
Cette formalisation possède le mérite, en addition à une représentation claire des
relations de causalité entre variables, de préciser de manière explicite trois déterminants
au comportement :
9 Un antécédent direct : l'intention
9 Deux antécédents indirects via leur impact sur l'intention : l'attitude et
la confiance13.
II - MODÉLISATION DE L'APPROCHE COGNITIVE DE FORMATION DE L’ATTITUDE ET
DE L’INTENTION SOUS INFLUENCE PUBLICITAIRE
Les chercheurs en publicité, unanimes pour reconnaître que l'objectif ultime
d'une communication persuasive est d'induire un comportement favorable envers le
produit ou le service, objet de la communication, ont dans un premier temps considéré
que :
9 L'individu ne passe pas d'un état de désintérêt total à l'égard d'un
produit (ou d'un service) à celui d'acheteur (ou d'utilisateur) convaincu
en une étape instantanée. Le simple bon sens suggère l'existence
d'étapes intermédiaires ;
9 La mesure de l'effet de la publicité sur les ventes n'a pas de sens
puisque la définition même des stratégies marketing dicte aux
entreprises de mener des actions conjointes sur différents éléments du
13 Nous reviendrons dans la suite de notre revue de la littérature sur la définition ainsi que sur le statut du construit de confiance, cette variable s’inscrivant en effet au coeur de la problématique de cette recherche doctorale.
Reconnaissance de la marque
Achat
Confiance
Intention
Information
Attitude
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
21
mix (Colley, 1961 ; Wolfe, Brown et Thompson, 196214) ; l'attitude de
cette époque la plus courante à ce sujet est reflétée par les propos de
Wolfe (1957, cité par Kotler, 1967) qui n'estime pas “[...] raisonnable
d'utiliser les résultats des ventes comme base de mesure de l'efficacité de la publicité,
sauf lorsque la publicité est la force dominante, lorsque les autres facteurs affectant les
ventes demeurent relativement constants et lorsque les résultats de la publicité se
reflètent très vite sur les expéditions et la facturation. Lorsque ces conditions
n'existent pas, on doit généralement utiliser d'autres instruments de mesure”.
Sur la base de ces réflexions, les recherches en communication persuasive se
sont concentrées dans les années 60 sur la modélisation de l'influence de la publicité sur
les variables dites "intermédiaires" d’efficacité et non sur le comportement à
proprement parler : l'attitude et l'intention représentant deux antécédents majeurs du
comportement15, il convient pour modifier les comportements d'induire, chez le
récepteur, un changement d'attitude favorable et une intention d'achat positive. Pour
cette raison, l'ensemble des travaux sur les mécanismes de persuasion publicitaire se
retrouvent sous le vocable de "mécanismes de changement d'attitude".
La recherche en communication persuasive, à l’instar des contributions offertes
en comportement du consommateur, a vu émerger un ensemble de modèles visant à
décrire l'action publicitaire. La contribution principale de ces modélisations réside dans
la proposition, par les chercheurs, d’une explication du processus de formation de
l’attitude et de l’intention dans un contexte d’exposition à une communication
persuasive.
14 in Kotler (1967), p.577. 15 Cf. paragraphe précédent.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
22
Deux étapes majeures ponctuent cette aire de recherche :
9 Les années 60, marquées par la conception séquentielle du
comportement du consommateur, ont vu émerger des modèles
qualifiés de "hiérarchiques" ayant en commun de décomposer le
processus de persuasion en plusieurs étapes ; ces modèles vivement
remis en cause, notamment sous l'impulsion des travaux de Palda
(1966), ont néanmoins servi de base aux développements ultérieurs ;
9 En effet, en mettant en exergue certaines limites aux modèles d'étapes,
les chercheurs ont décidé de porter leur attention sur la
compréhension d'une étape particulière du processus séquentiel. La
compréhension des étapes de réception (McGuire, 1968, 1976) et
d'acceptation (Greenwald, 1968 ; Fisbein et Ajzen, 1978) ont ainsi
constitué une priorité des recherches menées au cours des années 70.
II.1. - Vision cognitive de compréhension des effets d’une communication
persuasive : l’approche hiérarchique de l’influence du stimulus publicitaire
Trois points majeurs caractérisent les modèles de hiérarchie des effets de la
communication. Ils ont en effet en commun de postuler que :
9 L’individu est un être actif : la conception sous-jacente aux modèles
qualifiés de modèles à "flux simples" (Shannon et Weaver, 1949) est
abandonnée au profit de l’idée selon laquelle un individu exerce une
certaine activité mentale lorsqu'il est exposé à une communication
persuasive ;
9 Un mécanisme d'apprentissage permet d'expliquer la persuasion
(Doob, 1947) ;
9 L’ordre séquentiel est unique : mise en évidence par Lavidge et Steiner
(1961), la prédominance d’une vision purement cognitive des
processus d’influence publicitaire pose la séquence suivante de
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
23
hiérarchie des effets de la communication : cognitif - affectif - conatif
(Tableau I.2.). Dans cette perspective, l'objectif de la publicité consiste
à exercer une influence sur un certain niveau de la hiérarchie, cet effet
combiné à celui des autres variables marketing devant conduire à
l'objectif final de la publicité : un accroissement des ventes. Selon
certains chercheurs qui considèrent le processus de persuasion
publicitaire sous une perspective de traitement de l'information,
l'existence d'une étape au sein du processus dépend directement de
celle de l'étape précédente16 : ainsi, le fait d'être attentif à une
information ne peut avoir lieu sans exposition à l'information en
question ; de même, la compréhension de cette information ne peut
exister sans attention, etc. (McGuire, 1968, 1976).
Tableau I.2. : Quelques exemples de modèles hiérarchiques (inspiré de Barry, 1987)
Lewis (1900)
Colley (1961) Lavidge et Steiner (1961)
Schwartz (1969)
Howard et Sheth (1969)
Holbrook (1975)
Engel, Kollat et Blackwell
(1978)
McGuire (1978)
Attention
Intérêt Désir
Action
Notoriété
Compréhension Conviction
Action
Notoriété
Connaissance Attrait
Préférence Intention d'achat
(conviction) Achat
Exposition Attention Rétention
Changement d'attitude
Achat
Attention
Compréhension Attitude Intention
Achat
Attention Perception Mémoire Attitude Intention
Exposition Attention
Compréhension Acceptation Rétention
Exposition Perception
Compréhension Acceptation (étape de changement d'attitude)
Rétention Recherche
d'information et rappel
Décision Action
II.2. - Les limites aux modèles d’étapes
Les chercheurs, dans un premier temps focalisés sur l’étape de la réception
(attention et compréhension), ont cherché à valider le rôle médiateur de cette étape au
sein de l’effet d’une communication persuasive sur le changement de l’attitude. Ces
16 McGuire envisage cinq facteurs explicatifs de la probabilité d'occurrence d'une étape : les facteurs liés à la source, les facteurs liés au message, les facteurs liés au récepteur, les facteurs liés au canal d'émission et les facteurs qualifiant l'objectif de la communication.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
24
tentatives de validation se sont cependant révélées décevantes17. A la lumière des
résultats obtenus, il est en effet apparu que les variables d'attention et de
compréhension ne représentaient pas des conditions suffisantes à un changement
d'attitude favorable. Par exemple, Haskins (1964) fait remarquer que s'il y a bien un
apprentissage et un souvenir de la publicité, ces indicateurs ne suffisent pas pour
expliquer une modification éventuelle de l'attitude18. La faiblesse explicative du postulat
de réception a in fine conduit les chercheurs à s'intéresser à d'autres étapes du processus
persuasif. Se sont alors développées un ensemble de recherches visant à :
9 Etablir le rôle médiateur de la phase d’acceptation au sein du processus
de persuasion ;
9 Comprendre le processus de formation des variables constitutives de
cette étape : si les modèles hiérarchiques ont le mérite de formaliser
les relations liant l'ensemble des déterminants du comportement, ils
laissent cependant dans l'ombre les mécanismes psychologiques qui
conduisent l'individu à accepter ce qui est véhiculé par le message
publicitaire. Dans cette perspective, de nombreuses recherches se sont
focalisées sur le processus de formation de l’attitude et de l'intention,
déterminants postulés respectivement indirects et directs du
comportement d’un individu. Ce pan de recherche se trouve
largement dominé par la contribution de Fishbein.
17 Eagly et Chaiken (1993) attribuent ces échecs à deux raisons principales : 9 Une raison d'ordre conceptuel : McGuire (1978) par exemple aborde le concept de réception d'une manière trop partielle puisqu'il délaisse la composante d'attention au profit de la compréhension. 9 Une raison d'ordre méthodologique : trois aspects limitent la validité des expérimentations entreprises : la difficulté d'isoler la phase de réception, l'impossibilité de contrôler l'ensemble des facteurs qui composent la situation d'exposition et qui jouent sur l'importance relative de la phase de réception au sein du processus et la difficulté qu'il y a à obtenir, en situation de laboratoire, des niveaux de réception faibles. 18 En recensant 17 études menées entre 1954 et 1963, ce chercheur note que 13 d'entre elles font état d'une absence de relation entre le changement de connaissance et le changement d'attitude ou de comportement.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
25
III - MEDIATION DE L’"ACCEPTATION" :
La compréhension du processus de formation de l’attitude et de l’intention s’est
considérablement enrichie grâce à l’hypothèse de médiation de l’acceptation (Figure I.5.)
qui a induit :
9 La proposition de modèles de persuasion s'appuyant sur une approche
cognitive de traitement de l'information publicitaire ;
9 La reconnaissance de l’influence potentielle de "réactions" d’ordre
cognitif survenant pendant l'exposition au stimulus publicitaire ;
9 Des contributions empiriques sur le rôle de ces réactions au sein des
mécanismes de persuasion.
Figure I.5. : Formalisation de la médiation de la phase d’acceptation
III.1. - Les modélisations proposées
Trois approches fondent la théorie de la médiation de l’acceptation :
9 Initiée par Greenwald (1968), l’approche par les réponses cognitives
pose le rôle médiateur de ces variables au sein du processus de
formation et/ou de changement d’attitude dans un contexte de
persuasion publicitaire ;
9 Une deuxième perspective affirme le rôle médiateur des croyances en
offrant le modèle de "structure cognitive" (McGuire, 1960 ; Fishbein,
1963 ; Anderson, 1981) ;
9 En soulignant les apports et limites respectifs aux deux approches
précédentes, les chercheurs adoptent une vision unifiée de formation
de l'attitude et de l'intention en combinant, via un modèle de
RÉACTIONS COGNITIVES EMISES
PENDANT L'EXPOSITION
PROCESSUS DE FORMATION ET DE
CHANGEMENT D'ATTITUDE
Exposition
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
26
"réponse/structure" cognitive, les deux conceptions précédemment
évoquées.
III.1.1. - Le modèle de réponse cognitive
III.1.1.1. - Postulats
Contrairement aux modèles de Yale, la priorité est désormais de se focaliser sur
ce qui est dit dans le message et de considérer que :
9 L’activité cognitive exercée par l’individu pendant l’exposition
publicitaire est à l'origine de la production de pensées spontanées ;
9 Ces pensées ou "réponses cognitives" sont médiatrices de la formation
et/ou du changement d'attitude (Greenwald, 1968 ; Wright, 1973,
1980) : selon cette perspective, les réponses cognitives après
exposition représentent les antécédents de l'attitude ; elles sont
également et de ce fait responsables de l'intensité du changement
d'attitude (Figure I.6.).
Figure I.6. : Le modèle de réponse cognitive
Les individus comparent l'information présentée à leurs structures de
connaissances existantes, produisant ainsi une série de pensées
"primaires", formant des catégories de réponses cognitives.
Exposition Réponses cognitives Attitude (ou changement
d'attitude)
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
27
III.1.1.2. - Les catégories de réponses cognitives
La nature intrinsèque des réponses cognitives impose que l'on utilise comme le
souligne Wright (1973) une méthodologie de recueil adéquate ou "méthode des protocoles
verbaux". Des juges indépendants chargés de s'attacher au sens véhiculé par les pensées
venues à l’esprit de l’individu pendant l’exposition et d’effecteur un recodage de ces
variables distinguent, de cette façon, quatre catégories de réponses :
9 Les pro-arguments : ils correspondent aux affirmations qui convergent
avec les croyances initiales de l'individu ;
9 Les contre-arguments19 : une dissonance entre le message et le système
de croyances initial est à l’origine de la production de ce type de
pensées ;
9 Les interrogations envers la source : elles apparaissent lorsque les
individus perçoivent un biais provenant de la source ;
9 Les états de curiosité20.
Wright (1973) précise que certains facteurs situationnels influencent la nature et
la quantité de réponses cognitives émises. Les résultats de recherches consacrés à l’étude
de l’influence de quatre d'entre eux (la distraction, la répétition, l'implication et la nature
du message) ont permis de mettre en évidence que :
9 La quantité de réponses cognitives émises durant l’exposition
publicitaire est influencée par :
L’implication (Petty et Cacioppo, 1979a, 1979b) ;
La répétition publicitaire (Cacioppo et Petty, 1979b) ;
La nature du message : Calder, Insko et Yandell (1974) ainsi que
Petty et Cacioppo (1984) montrent qu’un nombre important
d’arguments présents dans le message publicitaire encourage la
production de pensées favorables et défavorables. 19 Ils constituent, selon Wright (1973), les meilleurs prédicteurs de l'attitude. 20 Cette dernière catégorie a été peu reprise dans les recherches intégrant la mesure des réponses cognitives.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
28
9 La nature des réponses cognitives générées dépend de :
L’implication : Petty et Cacioppo (1979a, 1979b) montrent que la
présence d’arguments convaincants associée à un degré d’implication
élevé favorisent la persuasion en augmentant la production de pensées
favorables ; a contrario, une implication élevée vis-à-vis d’un message
aux arguments faibles inhibe la persuasion en favorisant la production
de pensées défavorables ;
La répétition publicitaire : dans un premier temps, le nombre de
réponses cognitives favorables augmente, puis on assiste au cours du
temps à une augmentation des contre-arguments (Cacioppo et Petty,
1979). Calder et Sternthal (1980) confirment ce résultat uniquement
dans le cas de produits inconnus ; en effet, ces chercheurs mettent en
évidence que la répétition publicitaire induit une augmentation des
pensées négatives dans le cas d’un produit familier ;;
La nature du message : en effectuant un classement de messages en
trois catégories (message avec une forte argumentation, message avec
une faible argumentation, message original mais faible), Petty et
Cacioppo (1979a, 1979b) affirment la "suprématie persuasive" du
message "forte argumentation" sur les deux autres types de message
qui induit un appauvrissement numérique des contre-arguments et
une augmentation de la production de pensées favorables.
III.1.1.3. - Validation de la théorie de la médiation des réponses cognitives
Si certains travaux mettent en évidence un ensemble de conditions favorisant la
nature et la quantité de réponses cognitives émises, les résultats des contributions visant
à valider empiriquement la réalité d’une médiation du processus de persuasion par les
réponses cognitives se révèlent plutôt décevants. Une absence de consensus émerge en
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
29
effet de l'ensemble des contributions mesurant l’influence de ces réponses sur
l'attitude21 qui ont parallèlement envisagé :
9 Une médiation forte des réponses cognitives au sein du processus
d’influence du stimulus publicitaire sur l'attitude (Mitchell et Olson,
1981 ; Olson, Toy et Dover, 1982 ; Hastak et Olson, 1989) ;
9 Une médiation faible (Olson, Toy et Dover, 1982) ;
9 Une absence totale de médiation : pour certains, les réponses
cognitives ne sont pas à l'origine de la formation et/ou du
changement d'attitude (Belch, 1982 ; Gardner, Mitchell et Russo,
1985).
L'absence de consensus clair sur le statut médiateur des réponses cognitives au
sein des mécanismes de formation et/ou de changement d'attitude a conduit les
chercheurs à envisager la possibilité que d'autres variables puissent remplir ce rôle de
manière moins ambigüe. Des limites d’une explication de la formation de l’attitude par
les réponses cognitives a donc émergé l’approche de modélisation de la structure
cognitive de l'individu.
III.1.2. - Le modèle de structure cognitive
La structure cognitive d'un individu consiste en un “réseau constitué d'une part de
l'ensemble des concepts appris par un individu sur une marque et d'autre part, par les associations-
connexions établies entre ces concepts” (Olson, Toy et Dover, 1982). Cette définition ainsi que
les hypothèses sous-jacentes à la théorie de médiation de la structure cognitive ont
permis de faire évoluer les connaissances sur deux points :
9 C'est l'évolution de la structure cognitive (comparaison avant/après
exposition) qui devient l'élément déterminant du changement
21 Pour une synthèse des corrélations moyennes rencontrées dans la littérature entre réponses cognitives et changement d'attitude, le lecteur pourra se reporter à Miller et Colman (1981), Methodological issues in analyzing the cognitive mediation of persuasion. Cognitive Responses in Persuasion. Laurence Erlbaum.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
30
d'attitude. L'exposition publicitaire conduit l'individu à traiter
l'information présentée pour élaborer de nouvelles croyances donnant
lieu à une nouvelle structure cognitive (Figure I.7.) : une
communication persuasive est donc susceptible d'influencer
positivement les attitudes et les intentions grâce à son effet direct sur
la force et/ou l'évaluation des croyances (Kaplan, 1972 ; Olson et
Dover, 1978). La suprématie des croyances au sein du processus de
persuasion publicitaire est ainsi affirmée.
Figure I.7. : Le modèle de structure cognitive (Olson et Dover, 1978)
9 La volonté de comprendre le processus de formation de la structure
cognitive et donc de l'attitude et de l’intention a conduit les chercheurs
à proposer des théories alternatives de formation de ces antécédents
directs et indirects du comportement. Dans ce cadre s'inscrit
notamment la contribution de Fishbein (1963) plus connue sous le
vocable de "Théorie de l'action raisonnée".
III.1.2.1. - Théories relatives à la formation et/ou au changement de la structure
cognitive d’un individu : une domination nette de la contribution et des postulats de
Fishbein
Comprendre la façon dont les croyances se combinent pour former la structure
cognitive d'un individu et donc son attitude a probablement constitué l’objectif de
recherche le plus fécond et le plus controversé depuis le début des années 70. L’enjeu
qu’une telle problématique implique a fait émerger de nombreuses théories dites
"combinatoires" qui n'ont pas toutes reçu un écho équivalent au sein des milieux
académiques. Si les théories probabilogiques (McGuire, 1960 ; Wyer, 1970) ou encore
Exposition Intention Attitude Croyances Comportement
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
31
celle de l'intégration de l'information (Anderson, 1981) s'inscrivent bien dans ce cadre
explicatif, les chercheurs ont nettement privilégié la théorie "attente-valeur" ou "théorie de
l'action raisonnée" de Fishbein (1963) qui a eu le mérite d’offrir :
9 Une explication privilégiée dans les années 70 à la formation des
attitudes et des intentions ;
9 Un point de départ au développement des recherches destinées à
identifier un ensemble de conditions favorisant la validité explicative
et prédictive des modèles de formation de l’attitude et de l’intention.
Ryan et Bonfield (1975) font remarquer que les différentes appellations
rencontrées dans la littérature22 pour qualifier les modèles dits "combinatoires" reflètent
des théories basées sur une structure similaire. De manière simplifiée, ces modèles
posent trois déterminants au comportement23 :
9 Les conséquences attendues du comportement ;
9 L'espoir que le comportement permettra d'atteindre ou d'éviter ces
conséquences ;
9 L'évaluation de ces résultats.
Le modèle initial de Fishbein (1963) ainsi que sa version étendue (Fishbein,
1967) qui s'inscrivent dans le cadre de la théorie "attente-valeur" reposent sur le triple
postulat suivant :
9 L’existence d’une activité cognitive importante : il est postulé que les
individus réfléchissent toujours aux conséquences de leurs actions ;
22 On trouve : les modèles instrumentaux (Atkinson, 1964 ; Vroom, 1964), les modèles d'attente-valeur, les modèles d'apprentissage social (Rotter, 1954), les modèles d'utilité, etc. 23 Wilkie et Pessemier (1973) notent dans leur revue de la littérature que de nombreux modèles d'attitude se fondent sur une conceptualisation de ce type.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
32
9 L'attitude d'un individu à l'égard d'un objet dépend :
des évaluations des différentes caractéristiques (ou attributs) de
l'objet ;
de la probabilité qu'un attribut soit associé à l'objet.
9 L'intention d'un individu de se comporter d’une certaine manière
dépend de :
de son attitude envers l’objet ;;
d'une composante normative qui reflète l'influence de
l'environnement social sur le comportement.
III.1.2.2. Modélisations de l’attitude et de l’intention
Fishbein (1963, 1967) conçoit la formation de la structure cognitive et donc de
l’attitude de la manière suivante (Equation 1) :
Ao = b ai ii
n
¦
1
avec : Ao : attitude envers l'objet bi : croyance que l'objet possède la caractéristique i ai : évaluation de la caractéristique n : nombre de croyances saillantes
Le modèle étendu de Fishbein (1967, 1972 ; Fishbein et Ajzen, 197524) établit la
manière dont les composants cognitifs se combinent pour former l'intention dont
l'équation 2 et la figure I.8. offrent respectivement une formulation mathématique et
une représentation synoptique.
24 Fishbein et Ajzen (1975) en proposent une version définitive après plusieurs révisions.
(Equation 1)
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
33
B a BI = wo b aii
n
i ¦
1 + w1 NB MCj
j
k
j ¦
1
avec : B : comportement BI : intention d'accomplir ou de ne pas accomplir le comportement spécifique (probabilité subjective) bi : croyance que la réalisation du comportement conduit au résultat i ai : aspect évaluatif de bi NBj : croyance normative : croyance d'une jième personne sur la réalisation du comportement par l'individu MCj : motivation individuelle de se conformer ou de ne pas se conformer aux attentes du jème individu. n : nombre de résultats saillants k : nombre de personnes ou de groupes pertinents wo et w1 : coefficients de régression déterminés empiriquement
Figure I.8. : Le modèle étendu de Fishbein
Bass et Tarlarzyck (1972) adaptent le modèle de Fishbein au domaine du
comportement du consommateur en proposant la formulation suivante (Equation 3).
Abk = W Bik ibki
n
¦
1
avec : Abk : attitude de l’acheteur k envers la marque b Wik : importance de l'attribut i pour l'acheteur k Bi bk : évaluation de la marque b sur la caractéristique i par l'acheteur k n : nombre d'attributs déterminants
Le modèle de Fishbein appliqué au comportement du consommateur suggère
ainsi certaines alternatives pour modifier l'attitude d'un individu envers une marque :
9 Lutz (1975) suggère de modifier les croyances, de réévaluer un attribut
ou encore d’introduire une nouvelle combinaison croyance/attribut en
prenant en considération un nouvel attribut ;
9 Sur le plan pratique, ce modèle permet, selon Boyd, Ray et Strong
(1972), de mettre à jour cinq stratégies publicitaires possibles : une
action dirigée vers l'image de marque, un dépositionnement de la
(Equation 2)
Attitude
Norme subjective
Intention Comportement
(Equation 3)
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
34
concurrence en réduisant l'attrait pour les autres marques, l’ajout d’un
critère de choix, un accroissement de l'importance d'un critère
préexistant ou encore une segmentation par les attentes.
III.1.2.3. - Validation de la théorie d’"attente-valeur"
Bien qu’un examen minutieux de la littérature souligne la variation importante
d'une recherche à l'autre des résultats portant sur les corrélations entre les attitudes et
les intentions ou entre les intentions et les comportements, il existe un consensus
académique autour de la réalité d'existence de relations positives entre ces variables
comme en témoigne le tableau I.3., validant ainsi l’utilité prédictive du modèle d’attente-
valeur (Sheppard, Hatwick et Warshaw, 1988).
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement 35
Tableau I.3. : Synthèse des corrélations entre attitudes- intentions et intentions- comportement
Auteurs Intention et/ou comportement Corrélation entre attitude et intention (r) Corrélation entre intention et comportement (r)
Ajzen (1971) Ajzen et Fishbein (1970) Ajzen et Fishbein (1974) Bagozzi (1981) Bonfield (1974) Budd (1986) Davidson et Jaccard (1979) Davidson et al. (1985) Fishbein et Ajzen (1980) Juster (1966) Harrell et Bennett (1974)25 Lutz (1973a) Lutz (1973b) Miniard, Obermiller et Page (1982) Ryan (1974) Ryan (1978) Ryan (1982) Ryan et Bonfield (1980) Warshaw (1980)
Wilson, Mathews et Harvey (1975)
Choix d'une alternative Choix d'une alternative Envoi d'instructions durant un jeu de laboratoire Don de sang Achat de jus de fruits Utilisation de cigarettes Décision d'avoir un enfant dans les 2 ans Vote aux élections municipales Achat d'une marque de bière Achat de différents biens Prescription26 Achat de places de football Achat d'une marque de détergent fictive Achat d'une marque de boisson sans alcool Achat d'une marque de dentifrice Achat d'une marque d'automobile Achat d'une marque de dentifrice Achat d'une marque de dentifrice Souscription d'un crédit Achat d'un détergent Achat d'un shampooing Achat d'une marque de boisson sans alcool Achat d’une marque de dentifrice
0.82 0.89 0.76 0.28
- - - -
0.75 - -
0.23 0.64
- 0.47 0.76 0.66 0.71 0.47
0.62 à 0.7427 -
0.66 0.67
0.80 0.85 0.69 0.45 0.4 0.45 0.41 0..3
- 0.43
0.2528 - -
0.929 -
0.49 - - - - -
25 Les auteurs précisent que les coefficients de régression ne sont pas standardisés, empêchant ainsi toute comparaison possible.
26 Les auteurs ont relaté les résultats pour différentes marques. Dans un souci de simplification ne sont présentés ici que les corrélations obtenues pour une seule marque.
27 La recherche porte sur 6 marques de dentifrices.
28 Il s’agit de la moyenne des corrélations obtenues pour une grande variété de produits à partir de données de panels de 16000 individus.
29 Ce coefficient représente la corrélation entre le choix et l'intention d'achat la plus forte parmi les différentes marques selon la procédure de Wilson et al. (1975).
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
36
L’examen de la littérature fait apparaître des corrélations :
9 Plus faibles dans la littérature marketing qu'en psychosociologie : selon
Ryan et Bonfield (1975), la psychologie sociale offre des sujets
d'investigation plus centraux30 pour les individus que le marketing,
conduisant à la formation d'attitudes "centrales" induisant une relation
de causalité plus forte entre l'attitude et le comportement (Bonfield,
1974 ; Ryan, 1974) ;
9 Globalement faibles en marketing : les postulats théoriques sont mis en
doute : certains chercheurs contestent le caractère nécessairement
"extensif" du processus de traitement de l’information conduisant à
une prise de décision telle que la conçoit Fishbein.
Si de nombreux travaux empiriques confirment bien l’hypothèse de la médiation
de l’acceptation, un examen minutieux de certains choix d'opérationalisation et de
procédures expérimentales fait apparaître des limites d'ordre conceptuel et
méthodologique, posant ainsi la question de la validité du modèle d'"attente-valeur"
(Chaiken et Strangor, 1987). Comme le souligne Jaccard (1980), des travaux destinés à
valider le lien attitude-comportement semblent plutôt valider la prédictivité de l’attitude
sur l’intention :
9 Le comportement n'est pas observé en tant que tel mais plutôt
opérationalisé par une intention de se comporter ;
9 La mesure du comportement est si temporellement rapprochée de
celle de l'intention dans certaines recherches (problème de
simultanéité des mesures) qu'il s'agirait plutôt d'une procédure du type
"test-retest"31 destinée à vérifier la fiabilité des mesures plutôt que de
30 Les croyances en matière de religion ou encore en matière de comportement routier entrent dans la formation d’attitudes plus "centrales", perçues comme plus importantes que les croyances des individus à l'égard du dentifrice, par exemple. 31 Selon Evrard, Pras et Roux (1997, p.591), une technique test-retest est une “technique d’amélioration de la fiabilité d’une mesure visant à interroger les mêmes sujets à des moments différents avec le même instrument”.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
37
la mesure de la force d'une relation entre deux variables (Wilson,
Matthews et Harvey, 1975). Ryan et Bonfield (1980) soulignent eux
aussi le caractère artificiel de la situation de test en faisant ainsi
remarquer que l'on aurait en quelque sorte mesuré deux fois le
comportement.
9 Liées aux raisons ci-dessus, des corrélations fortes entre l'attitude et
l'intention pourraient provenir de la volonté du répondant de
répondre aux items de manière consistante.
En addition à ces limites d'ordre opérationnel, certains chercheurs ont souligné à
l’instar de Lutz (1975) la faiblesse des relations causales ainsi que la prédiction quasi-
nulle de l'attitude dans un modèle visant à expliquer l'intention d'achat d'un individu à
partir de son attitude et d'une composante normative. Les critiques émises à l’encontre
de la théorie de l’action raisonnée ont ainsi conduit Fishbein et ses collègues (Ajzen et
Fishbein, 1977 ; Fishbein, 1980) à préciser certaines conditions qui favorisent une forte
utilité prédictive du modèle d’attente-valeur : l’intention, telle que conceptualisée par
Fishbein (1967) prédit bien le comportement dès lors que :
9 L'intention ne se modifie pas avant la réalisation du comportement ;
9 Les opérationalisations de l'attitude et du comportement respectent le
principe de correspondance : les auteurs précisent qu'une attitude ou un
comportement comprend 4 éléments : l'action, la cible envers laquelle
l'action est dirigée, le contexte dans lequel s'accomplit l'action, le moment
auquel elle se réalise. Les faibles corrélations obtenues dans la
littérature peuvent ainsi être dues à un non respect du principe de
correspondance, suggérant ainsi que le changement d'attitude est une
condition insuffisante à un changement de comportement.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
38
Seuls les comportements qui correspondent à l'attitude32 sont
susceptibles d'être modifiés (Ajzen et Fishbein, 1977). Les auteurs
proposent en conséquence que l’intention de se comporter (BI)
dépend de l’attitude envers l’acte (Aact) dont la formulation
mathématique s’énonce comme suit :
Aact = b aii
n
i ¦
1
L'ensemble des résultats émanant de la littérature ne parvenant pas à valider sans
ambiguïté la théorie de l'action raisonnée de Fishbein, certains chercheurs en
s’interrogeant sur ses principes fondateurs ont mis en lumière la non prise en compte de
la structure cognitive de l'individu avant exposition au stimulus publicitaire. Or, ce
construit, au coeur du postulat du modèle de structure cognitive, devrait comme le
souligne Kapferer (1986) être pris en compte en communication persuasive car
“l'attitude préalable exerce un effet d'inertie qui atténue considérablement l'impact attitudinal des
nouveaux messages”. En outre, en considérant que l’approche par les réponses cognitives
contient également des aspects pertinents en communication persuasive, les chercheurs
ont donc combiné les deux approches précédemment évoquées et proposé le modèle de
"réponse/structure" cognitive.
III.1.3. - Le modèle combiné de réponse/structure cognitive
Lutz et Swazy (1977) en soulignant les apports et faiblesses respectifs des deux
approches précédentes (modèle de réponse et modèle de structure) synthétisent leur
complémentarité théorique au sein d'un modèle unifié de réponse/structure cognitive
dont la figure I.9. offre une représentation synoptique. Pour ces auteurs, un tel
32 Le principe de correspondance de Fishbein et Ajzen (1977) peut être vu comme un cas particulier de “l'hypothèse de contigüité” de Guttman (1957, 1959). Selon ce dernier, une variable peut être analysée en terme de structure de facette sous-jacente : l'action, la cible, le contexte, le moment représentent les facettes et leurs niveaux de généralité représentent les éléments de facette. L'hypothèse de contiguïté postule que “la corrélation entre deux variables augmente avec la similarité des éléments de facette qui les définissent” (Guttman, 1957, p.130).
(Equation 4)
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
39
rapprochement se trouve justifié puisque “les modèles de structure cognitive peuvent pallier au
problème de codage et de validité des construits inhérents au modèle de réponses cognitives, alors que le
modèle de réponses cognitives peut être très utile en élargissant l'éventail des modalités de réponses
possibles et en insufflant une orientation processus à des modèles de structure”.
Figure I.9. : Le modèle unifié de "réponse/structure" cognitive (Lutz et Swazy, 1977)
Cette conception de formation de l'attitude offre deux avancées majeures :
9 Les réponses cognitives qu'un individu émet au sujet d'un produit
représentent les antécédents de ses croyances à l’égard du produit ;
Olson, Toy et Dover (1982) partagent cette hypothèse dans leur
modèle combiné de réponse cognitive/structure cognitive dont la
figure I.10. offre une représentation "générique" ;
Figure I.10. : Une approche combinée de formation de l'attitude
Information externe Structure cognitive
9 Deux théories mises à jour par les modèles hiérarchiques (réception et
acceptation) sont pour la première fois intégrées au sein d'une même
conceptualisation.
Structure cognitive avant
communication
Exposition
Attitude avant communication
Réponses cognitives
Exposition
Attitude
Perception des croyances
Dérogation envers la source
Croyances
Acceptation des croyances
arguments
contre-arguments
impact sur la structure cognitive
Attitude après
communication
Intention Achat
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
40
La complexité du modèle de Lutz et Swazy (1977) rend cependant sa validation
intégrale difficile à mettre en oeuvre sur un plan opérationnel. Les ambitions dans ce
domaine se sont donc limitées à la contribution principale du modèle : l’existence d’une
influence des réponses cognitives sur les croyances. Les recherches effectuées
n'aboutissent pas à un consensus clair, l'importance de la médiation n’étant pas
clairement établie : Olson, Toy et Dover (1982) valident une médiation modeste des
réponses cognitives sur les croyances tandis que Hastak et Olson (1989) obtiennent de
fortes relations causales entre ces variables. Le caractère partiel de la validation de
l’influence des réponses cognitives sur les croyances ainsi que l'absence de convergence
sur la force de cet effet ont conduit les chercheurs à envisager la possibilité que d'autres
facteurs puissent se trouver à l'origine de la formation des croyances et donc des
attitudes et des intentions. Ce constat de relatif échec de la théorie de
"réponse/structure" cognitive à expliquer de manière satisfaisante la formation des
attitudes constitue l’un des points d’origine à la mise en doute d'une explication
purement cognitive aux mécanismes de formation et/ou de changement d'attitude et
d'intention.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
41
SYNTHÈSE DU CHAPITRE I -
Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du
comportement
Une approche cognitive des processus de décision a longtemps été offerte par
les chercheurs tant en comportement du consommateur qu'en communication
persuasive comme la seule explication possible aux mécanismes de changement
d’attitude et de comportement. Les recherches menées jusqu'à la fin des années 70 ont
en effet postulé que l'action était initiée par un processus de traitement de l'information,
suivi par l’évaluation de cette information, la formation d'une attitude pour conduire à la
formation d'une intention et d'une action. La séquence cognitif - affectif - conatif
constitutive du paradigme cognitif a en effet sous-tendu :
9 l'ensemble des modélisations générales fournissant une description simplifiée des
différents facteurs et étapes à l'origine de l'action : les modèles intégrateurs de
comportement du consommateur (Howard et Sheth, 1969 ; Engel, Kollat et Blackwell,
1978) ainsi que les modèles traditionnels de hiérarchie des effets de la communication
(Lavidge et Steiner, 1961 ; McGuire, 1978, ...) fondent ainsi l'approche cognitive de la
formation du comportement ;
9 les explications avancées aux ressorts psychologiques mis en oeuvre au cours de ces
processus multi-étapes : les théories de l'apprentissage constituent l’explication
privilégiée par les chercheurs aux mécanismes de formation et/ou de changement
d'attitude.
Chapitre I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive de la formation du comportement
42
SYNTHÈSE DU CHAPITRE I (suite)
9 Les différentes théories explicatives des processus de formation et/ou de changement
des déterminants du comportement : le modèle de réponse cognitive, le modèle de
structure cognitive ainsi que le modèle unifié combinant les deux approches
(Greenwald, 1968 ; Fishbein, 1963, 1967 ; Lutz et Swazy, 1977) posent en effet la
suprématie des réponses cognitives et des croyances portant sur les attributs du produit
(variables de nature cognitive) au sein des processus de persuasion publicitaire.
Cependant, la mise en lumière des faiblesses révélées par une approche supposée
exclusivement cognitive a laissé entrevoir la possibilité que d'autres mécanismes et
variables puissent expliquer l’efficacité d’une communication persuasive.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
43
Les années 70 ont vu l’affirmation, au sein du processus de formation et/ou de
changement d’attitude, du rôle médiateur de variables relevant principalement de
mécanismes cognitifs de traitement de l'information-produit véhiculée par le message
publicitaire. Cependant, certains chercheurs soulignent l’incapacité des modèles
cognitifs à retranscrire “l'ensemble des cheminements pouvant être poursuivis par les
individus”(Derbaix et Pham, 1989), les différentes théories mettant en exergue
l'importance du traitement de l'information et des réactions d’ordre cognitif portant sur
le produit ne semblant en effet pouvoir expliquer que partiellement l’attitude envers la
marque communiquée33.
Au regard de ces limites, les chercheurs ont envisagé d'autres sources
d'explication possibles aux mécanismes de formation et/ou de changement des attitudes
dans un contexte d’exposition à une communication persuasive. Sans pour autant
remettre en cause la réalité des médiateurs précédemment identifiés, ils arguent
néanmoins du fait que “la démarche cognitiviste” (Bourgeon et Filser, 1995) n'offre qu'une
explication partielle aux mécanismes mentaux sous-jacents susceptibles d'opérer. De
cette préoccupation est née :
9 La reconnaissance, par les chercheurs, d'autres médiateurs des effets
publicitaires : à la suite des travaux de Petty et Cacioppo (1981a, b) ou
de Chaiken (1980), certains mécanismes de persuasion ne découlant
pas du traitement des informations portant sur les caractéristiques du
produit ont été mis à jour : l'annonce devient un élément central au
même titre que les informations-produit pouvant ainsi contribuer à
l'efficacité de la publicité sur le critère de la formation d'une attitude
favorable envers la marque communiquée ; des "routes" théoriques de
persuasion incluant un mécanisme d’ordre affectif sont ainsi mises à
jour ainsi que trois médiateurs aujourd'hui unanimement reconnus (I). 33 Wright (1973) montre ainsi que les réponses cognitives expliquent 43% des attitudes en situation de forte implication mais seulement 17% en situation de faible implication.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
44
9 L’interrogation des chercheurs en ce qui concerne l’articulation des
variables d’efficacité au sein d’une modélisation à visée descriptive des
effets des communications publicitaires (II);
9 L’interrogation des chercheurs autour des conditions qui permettent
de valider l’existence de "routes" de persuasion en expliquant les
contributions respectives de ces différents médiateurs : la recherche de
variables "modératrices" des processus de formation et/ou de
changement d’attitude a ainsi focalisé l’attention de la communauté
académique depuis le début des années 80 (III).
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
45
La conception fortement "raisonnée" de la formation des attitudes et des
intentions selon l’approche de Fishbein (1963) a été mise en doute par certains
psychosociologues qui voient une absence de réalisme dans l’hypothèse d’une activité
cognitive intense de l’individu en toutes circonstances. Selon eux, une approche
purement cognitive et consciente du comportement ne permet pas d’expliquer certaines
actions menées par les individus dans leur vie courante. Des chercheurs ont donc
postulé que les attitudes pouvaient également guider certains actes via un mécanisme
relativement automatique s’appuyant sur une faible quantité d'informations sur l'objet
de l'attitude (Wright, 1975 ; Bettman, 1979 ; Sheluga, Jaccard et Jacoby, 1979 ; Meyer,
1981 ; Fazio, 199034).
En considérant les modèles cognitifs sous un angle théorique, Derbaix (1975)
fait remarquer qu'ils postulent tous l'existence d'une relation de causalité entre
l'assimilation du message ou sa compréhension puis les changements d''attitude et les
changements des comportements : l’ordre séquentiel unique part des effets cognitifs
pour aller aux effets affectifs puis conatifs. Cependant, l'hypothèse théorique sous-
jacente à ce schéma causal a été vivement remise en cause (Palda, 1966 ; Greenwald,
1968 ; McGuire, 1968, 197435), conduisant ainsi les chercheurs à proposer une
alternative. En effet, il apparaît que sous certaines conditions, certains cheminements
psychologiques différents de ceux d'un mécanisme d'apprentissage opèrent. En prenant
ainsi le contre-pied des théories traditionnelles de l'apprentissage, certains chercheurs à
l'instar de Krugman (1965) ou de Ray et al. (1973) ont postulé l'existence de hiérarchies
différentes présentées au sein du tableau II.1.
34 La conception initiale de Fazio était plus tranchée puisque ce chercheur n’envisageait pas la possibilité que le comportement puisse se produire selon un processus raisonné. 35 McGuire (1968, 1974) conclut que le mécanisme d'apprentissage sous-jacent aux modèles traditionnels de hiérarchie des effets de la communication n'apparaît que dans certaines situations : lorsque les individus sont impliqués, lorsque des produits sont clairement différenciés et lorsque le produit est en début de cycle de vie. Palda (1966), Greenwald (1968) et Wright (1972) indiquent que la réponse cognitive ne précède pas toujours l'attitude ou l'action.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
46
Tableau II.1. : Alternative à la séquence cognitif- affectif- conatif (inspiré de Ray et al., 1973)
Hiérarchie Séquence Niveau d'implication
Type de produits Sources de la communication
Position du produit dans
son cycle de vie
de l'apprentissage
cognitif
affectif
conatif
fort
produits clairement
différenciés
importance des mass
médias
premiers stades
de la
dissonance de Festinger (1957)
conatif
affectif
cognitif
fort
produits similaires
importance du
contact personnel
début de maturité
de l'implication
minimale de Krugman (1965)
cognitif
conatif
affectif
faible
produits perçus
comme semblables
importance des
médias de diffusion : radio, télévision.
fin de la maturité
Dès la remise en cause des modèles cognitifs, les chercheurs ont ainsi laissé
entrevoir la possibilité qu'il puisse y avoir différentes séquences de persuasion : la réalité
de l'existence de "routes" persuasives est ainsi suggérée. Ce n'est qu'à partir des travaux
de Chaiken (1980) ou de Petty et Cacioppo (1981a) que l’existence de ces routes ainsi
que l’existence de médiateurs cognitifs et affectifs ne portant pas sur le produit se
formalisent réellement.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
47
I - VERS UNE IDENTIFICATION PROGRESSIVE DE MÉDIATEURS COGNITIFS ET
AFFECTIFS LIÉS À L’ANNONCE
I.1. - La mise en évidence de "routes" de formation et/ou de changement d’attitude
En addition à une "route" à dominante cognitive identifiée par les recherches
menées dans les années 60 et 70, Chaiken (1980) ainsi que Petty et Cacioppo (1981a)
proposent de considérer qu'il existe une alternative à un mode de persuasion relevant
d’un effort cognitif intense de la part de l'individu. Les modélisations proposées par ces
auteurs :
9 Offrent une alternative pertinente et une perspective certainement plus
réaliste36 au paradigme cognitif ;
9 Se trouvent à l'origine de la mise à jour, en communication persuasive,
de l'influence d'autres variables médiatrices que les seules réponses
cognitives ou croyances portant sur le produit communiqué.
Si le modèle ELM de Petty et Cacioppo (1981a, 1986a) représente sans conteste
une "référence" en communication persuasive, le modèle de Chaiken (1980) a quant à
lui suscité un moindre engouement au sein des milieux académiques.
I.1.1. - Le modèle ELM de Petty et Cacioppo (1981a)
Le modèle ELM ou modèle de "probabilité d'élaboration" (Elaboration Likelihood
Model) postule que :
9 Deux mécanismes éventuellement coexistants et fonction de la
probabilité d’élaboration de l’individu sont susceptibles d’être à l’origine
de la formation ou du changement d’attitude ;; définie par les auteurs
comme “le degré avec lequel un individu génère des pensées relatives aux arguments
36 Les modèles cognitifs reposent sur l'hypothèse selon laquelle les individus traitent nécessairement l'information contenue dans le message de manière très active. Or, dès 1955, Simon établit que l’être humain possède une capacité limitée de traitement des informations. Haugeland (1981) ainsi que Card, Moran et Newell (1983) rejoignent cette conception par leurs recherches visant à mettre en exergue le caractère limité de la mémoire à court terme.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
48
sur le produit ou la position défendue dans le message communiqué”, cette
probabilité est-elle même conditionnée par l’intensité de deux variables :
la motivation et la capacité à traiter l'information. Sans proposer de
définition exacte de ces déterminants, Petty et Cacioppo (1981a)
proposent cependant une liste de facteurs individuels et situationnels
susceptibles de favoriser le degré d'élaboration (Tableau II.2.).
Tableau II.2. : Liste non exhaustive de déterminants du degré d'élaboration
Antécédents de la motivation à traiter l'information
Antécédents de la capacité à traiter l'information
y Besoin de cognition y Conséquences perçues y Pertinence personnelle y Importance du produit y Nombre d'individus présentant les arguments du message y Etc.
y Distraction y Facilité de compréhension du message y Familiarisation avec le problème y Répétition du message y Expérience préalable avec le produit y Etc.
9 Les deux modes de persuasion sont retenus sous le vocable de "route
centrale" et "route périphérique" de changement d'attitude. D'abord
envisagées comme mutuellement exclusives, les auteurs proposent
plutôt de considérer qu'elles constituent les extrémités d'un continuum37 :
les processus centraux et périphériques pouvant coexister voire être
complémentaires. Selon cette perspective, l'attitude peut ainsi être
modifiée principalement :
via une route centrale caractérisée par un fort degré d'élaboration et
donc un traitement cognitif intense par l'individu des arguments
contenus dans le message. La compréhension et l'apprentissage de
l'information (Hovland, Janis et Kelley, 1953) ainsi que l'évaluation,
l'élaboration et l'intégration de l'information pour engendrer des
37 La reconnaissance par les auteurs de la possibilité d'existence de niveaux modérés d'élaboration a nuancé leur première conception d' une mutuelle exclusivité des modes de traitement de l'information.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
49
croyances (Fishbein et Ajzen, 1975 ; Anderson, 1981 ; Petty, Ostrom et
Brock, 1981) constituent des variables centrales du mécanisme
persuasif.
via une route périphérique à faible degré d'élaboration : à la suite de la
reconnaissance par de nombreux auteurs de la difficulté qu'il y a pour
l'individu à effectuer un effort cognitif intense pour traiter toutes les
communications persuasives auxquelles ils sont soumis (Robertson,
1971 ; Miller et al., 1976), Petty et Cacioppo (1981a) mettent en
évidence un mode parallèle de traitement qualifié de traitement
"périphérique" c'est à dire jugé secondaire pour la persuasion. Est
considéré comme indicateur périphérique “toute variable susceptible d'affecter
la persuasion et qui ne soit pas un argument”38.
La nature du mode de persuasion conditionne la nature de l’attitude formée
(Figure II.1.). Si la route de persuasion "centrale" favorise des attitudes supposées
stables au cours du temps et fortement prédictrices du comportement ultérieur, un
mode de persuasion "périphérique" donne naissance en revanche à des attitudes non
durables et mauvaises prédictrices du comportement, certainement en raison de la faible
intensité de l'effort cognitif alloué à ce processus de traitement de l'information. En
conséquence, des attitudes formées selon un mode central seront plus difficiles à
modifier que celles découlant d'une persuasion périphérique. L’hypothèse selon laquelle
la prédictivité de l’attitude sur l’intention dépend de l’intensité du traitement de
l’information a été validée par Petty, Cacioppo et Schuman (1983) qui confirment à
cette occasion la réalité d'une coexistence d'un double processus de formation et de
changement d'attitude39.
38 Les auteurs précisent qu'il peut s'agir de facteurs liés à la source (expertise, attractivité) ou bien d'éléments d'exécution comme les couleurs, la musique, le scénario, le nombre d'arguments présentés, etc. 39 En manipulant l'implication (faible versus forte), la qualité des arguments communiqués (arguments forts versus faibles) ainsi que la source (célèbre versus non célèbre), les auteurs montrent que les corrélations entre attitudes et intentions s'élèvent respectivement à 0.36 pour les sujets faiblement impliqués contre 0.59 pour les
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
50
Figure II.1. : Le modèle ELM de Petty et Cacioppo (1986a)
I.1.2. - Le modèle systématique/heuristique de Chaiken (1980) : une explication
d’ordre théorique à la formation des déterminants motivationnels du traitement de
l'information
Initialement proposé par Chaiken (1980) et enrichi par Eagly et Chaiken (1984,
1993), le modèle systématique versus heuristique de traitement de l'information considère
à l'instar du modèle ELM qu'il existe, pour l'individu, deux façons de se forger une
attitude à la suite de l'exposition à un stimulus publicitaire : à un traitement qualifié de
"systématique", basé sur les arguments du message, est opposé un mode "heuristique"
qui “minimise le traitement de l'information et se concentre sur le rôle de règles simples ou heuristiques
cognitives dans la médiation du changement d'attitude” (Chaiken, 1980).
individus fortement impliqués, l'impact des arguments communiqués est plus important pour les individus fortement impliqués, celui de la source n'est obtenu qu'en situation de faible implication.
Communication persuasive
Motivation à traiter l'information
Capacité à traiter l'information
Nature du traitement cognitif
Changement de structure cognitive
(favorable / défavorable)
ATTITUDE CENTRALE durable, résistante et
prédictrice du comportement
Présence d'indicateurs périphériques
(caractéristiques de la demande, de la source...) ?
non
non
ATTITUDE PÉRIPHÉRIQUE temporaire, peu stable, mauvaise prédictrice du
comportement
oui
non
maintien de l'attitude inititale
oui
oui
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
51
Si le mode systématique de Chaiken (1980) s'apparente à la route "centrale" du
modèle ELM, le mode heuristique diverge de la route "périphérique", les heuristiques
cognitives ne recouvrant pas la même réalité que les indicateurs périphériques définis
par Petty et Cacioppo (1981). Ainsi, contrairement à McGuire (1976) et à l'instar des
avancées en matière de procédures de choix en comportement du consommateur, le
modèle systématique/heuristique postule qu'il existe des procédures réduites de
traitement de l'information : un souci de simplification anime ainsi l'individu qui se
trouve conduit à évaluer ainsi superficiellement le message à l'aide de règles de décision
simples, acquises par observation ou par expériences passées. Ces postulats sont dérivés
de l'approche heuristique du jugement selon laquelle les individus se fondent sur des
règles heuristiques simplificatrices pour former un jugement dans une situation
d'incertitude (Tversky et Kahneman, 1983)40. Ce n'est plus l'indicateur périphérique en
tant que tel qui sert ici de base à la formation de l'attitude et de l’intention mais plutôt
l'interprétation que l'individu en fait en ayant recours à des heuristiques cognitives
comme par exemple l'heuristique des scripts catégoriels d'Abelson (1976) qui repose sur
la fiabilité des experts : “un expert est crédible”41.
L'originalité du modèle de Chaiken est de clairement préciser les ressorts
motivationnels à l'origine de la nature du traitement de l'information. Deux hypothèses
principales fondent en effet cette théorie :
9 L'hypothèse de moindre effort
9 L'hypothèse de "suffisance" : les individus souhaitent obtenir un
certain niveau de confiance dans leur jugement : Chaiken (1980)
suggère ainsi que la confiance représente un heuristique médiateur des
effets de la communication persuasive sur l’attitude.
40 Certains travaux ont démontré la propension naturelle qu’ont les individus à recourir à un mode heuristique de jugement (Kahneman et Tversky, 1973 ; Tversky et Kahneman, 1974 ; Kahneman et al., 1982 ; Ginossar et Trope, 1987). 41 Eagly et Chaiken (1989) précisent que les heuristiques cognitives peuvent concerner la source ("les individus sont d'accord avec les gens qu'ils aiment") ou encore le message ("longueur implique force").
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
52
En rejoignant les conceptions de Simon (1976) ou de Taylor et Fiske (1978), il
est fait l'hypothèse que les individus "économisent" leurs efforts de traitement de
l'information en ne s'engageant dans un traitement cognitif intense que lorsque le
traitement heuristique ne leur permet pas de se forger des attitudes "acceptables". Le
recours à l'un ou l'autre des modes de traitement de l'information provient donc d'un
arbitrage effectué par l'individu. Pour comprendre ce processus, Eagly et Chaiken
(1993) proposent de visualiser un continuum de confiance sur lequel vont se positionner
les individus (Figure II.2.).
Figure II.2. : Représentation du continuum de confiance
Légende :
NC1 : niveau de confiance réel 1 NC2 : niveau de confiance réel 2 NCd : niveau de confiance désiré
La motivation de l’individu à traiter l'information contenue dans le message
dépend ainsi du différentiel existant entre le niveau de confiance réel et le niveau de
confiance désiré42. A titre explicatif, deux modes de traitement sont illustrés par la figure
II.2. puisque : ß cas n° 1 : NC1-NCd < 0 Ö mode systématique
ß cas n° 2 : NCd-NC2 < 0 Ö mode heuristique
Si un traitement limité permet à l'individu d'obtenir, dans son attitude, un niveau de
confiance qu'il juge acceptable, un mode heuristique sera alors privilégié (cas n°2) ; si au
contraire ce mode limité n'induit pas un niveau de confiance suffisant, l'individu
s'engage alors dans un mode extensif de traitement des informations ou mode
"systématique" (cas n°1) ; de manière intéressante, cette conception propose de
42 Les auteurs soulignent que les seuils de confiance (réelle et désirée) sont fonction de caractéristiques individuelles et situationnelles.
faible niveau de confiance
niveau de confiance élevé
NC1 NC2 NCd
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
53
considérer que l’individu tente de se diriger en premier lieu vers un mode de traitement
des informations limité.
Peu de recherches ont été dédiées à la validation des théories énoncées par le
modèle systématique/heuristique à l'exception des travaux menés par les auteurs eux-
mêmes, l'engouement que ce modèle aurait pu susciter étant quelque peu occulté par
celui qu’a provoqué, dans la même période, le modèle ELM. Les auteurs valident
cependant :
9 La réalité d'existence des deux modes de traitement de l'information43 ;
9 Une influence de la nature du changement d'attitude sur certaines des
qualités attitudinales44.
Si les modèles ELM et systématique/heuristique ne mentionnent pas
explicitement l'existence de médiateurs cognitifs liés à l'annonce elle-même, ils en
suggèrent néanmoins fortement l'existence en raison de la reconnaissance, au sein du
processus de persuasion, de l'importance d'éléments autres que les caractéristiques du
produit ; en effet, que ce soit sous la perspective de la route "périphérique" du modèle
ELM ou de celle du traitement "heuristique" de Chaiken, ces deux conceptions
avancent l'idée selon laquelle des éléments autre que les arguments du message peuvent
être à l’origine de la formation ou du changement d’attitude.
I.2. - L’identification de médiateurs cognitifs liés à l’annonce
L'identification par les chercheurs de médiateurs d'ordre cognitif liés à l'annonce
ne date pas des années 80. Fishbein et Ajzen (1975) avaient en effet précédemment
envisagé la possibilité qu'un individu puisse acquérir des croyances inférées à partir des
43 Eagly et Chaiken (1993) montrent que l'influence du caractère sympathique du communiquant est plus importante en situation de faible implication, les opinions des individus étant fortement déterminées par leurs réponses aux arguments du message en situation de forte implication. 44 Chaiken (1980 montre en mesurant les attitudes à t et à t+10 jours que le mode de traitement systématique engendre des attitudes plus durables.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
54
attributs du produit mais également à partir d'autres éléments contenus dans l'annonce.
Engel, Kollat et Blackwell (1978) partagent cette hypothèse en envisageant que des
éléments contenus dans l'annonce peuvent venir renforcer l'impact persuasif d’une
communication.
Ces médiateurs connus sous le vocable de réactions cognitives portant sur
l’annonce sous-entendent deux concepts distincts : des pensées spontanées (ou
réponses cognitives) ou des croyances. Si les procédures méthodologiques associées à
leur mesure sont différentes45, leur conceptualisation a historiquement convergé vers la
reconnaissance que ces réponses cognitives doivent être appréhendées selon l’objet sur
lequel elles portent. Ainsi, les chercheurs distinguent-ils au sein de ces variables ce qui
relève du message de ce qui relève des facteurs non liés au message. Ont ainsi été mis à
jour :
9 Les croyances à l’égard du message et les croyances à l’égard de
l’exécution (Edell et Burke, 1987 ; Burke et Edell, 1989 ; Holbrook et
Batra, 1987 ; Derbaix, 1995).
9 Les réponses cognitives relatives au message et les réponses cognitives
relatives à d’autres éléments caractérisant l’annonce46 tels que :
l’exécution (Lutz, MacKenzie et Belch, 1983 ; Gardner, 1985 ;
MacKenzie, Lutz et Belch, 1986 ; Homer, 1990 ; Miniard, Bhatla et
Rose, 1990) ;
les qualités physiques de l’annonce ou encore des éléments liés à la
source (Lutz, MacKenzie et Belch, 1983 ; MacKenzie, Lutz et Belch,
1986).
45 Nous reviendrons sur la problématique de la mesure de ces réactions cognitives lorsque nous présenterons l’opérationalisation des concepts mobilisés par cette recherche doctorale (Chapitre IV). 46 Greenwald (1968) montre que la nature et le contenu d’une annonce expliquent les réponses cognitives de l’individu.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
55
Les contributions empiriques sur ces construits affirment leur statut de variables
"médiatrices" des effets publicitaires en validant :
9 Une influence de certains éléments d’exécution sur l’attitude envers la
marque (Petty et Cacioppo, 1981a) ;
9 Une influence indirecte d’indicateurs présents dans l’annonce sur
l’attitude : Chaiken et Eagly (1983) montrent en effet que les
heuristiques cognitives (qui reposent sur des indicateurs
périphériques) exercent une influence sur l’attitude sous certaines
conditions énoncées par Chaiken (1980)47.
Si le modèle de Chaiken (1980) semble ouvrir la voie à une meilleure
compréhension des déterminants motivationnels à l'origine du type de traitement de
l'information opéré par l'individu, il reste relativement muet dès qu'il s'agit de prendre
en compte des mécanismes d'ordre affectif. La vision fortement cognitive du modèle
(traitement cognitif intense versus recours à des heuristiques cognitives) n'intègre pas en
effet la possibilité que le mode heuristique puisse contenir des processus de nature
affective. Cette remarque explique probablement en partie le faible engouement des
milieux académiques pour ce modèle puisque, parallèlement à cette théorie, certains
chercheurs commencent à poser clairement la pertinence d’une approche affective de
formation de l’attitude (ou de son changement) dans un contexte d’exposition à un
stimulus publicitaire (Zajonc, 1980).
47 Ces conditions peuvent être l'intensité de l'implication ou encore selon Chaiken (1980), la disponibilité, l’accessibilité et la fiabilité des règles de décision.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
56
I.3.- L’identification de (Aad) ou la reconnaissance par les chercheurs d’un
processus de nature affective
La remise en cause du paradigme cognitif bien qu'amorcée dans les années 70
par certains résultats de recherche plutôt décevants a surtout eu lieu au début des
années 80 lorsque Zajonc (1980) ouvre une nouvelle perspective à la compréhension du
processus de formation des attitudes en montrant que :
9 Dans la mesure où des réactions affectives peuvent précéder des
réactions de nature cognitive, la vision hiérarchique traditionnelle est
sérieusement mise en question ;
9 Les réactions affectives déclenchées par un stimulus peuvent dépendre
d'un système non cognitif.
I.3.1. - La notion d'affectif
Longtemps réduite à celle d'attitude, la notion d'affectif regroupe en fait sous le
même vocable de "réactions affectives" un ensemble de concepts dont l'influence au
sein des mécanismes de persuasion diffère. Derbaix et Pham (1989) distinguent ces
réactions selon 10 critères (Tableau II.3.).
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
57
Tableau II.3. : Typologie des réactions affectives (Derbaix et Pham, 1989)
Type d'affect/ Caractéristiques
Emotion choc Sentiment Humeur Tempérament Préférence Attitude Appréciation
Exemples surprise, peur fierté, jalousie gaieté optimisme classement de stimuli prédispositions évaluation de candidat
Cible ou stimulus stimulus spécifique stimulus spécifique cible et stimulus non spécifiques
cible et stimulus non spécifiques
cible spécifique cible spécifique cible spécifique
Intensité somatique
forte moyenne faible à moyenne faible à moyenne moyenne faible faible
Durabilité très brève moyenne moyenne longue moyenne moyenne brève
Fréquence des expériences somatiques
toujours parfois à souvent parfois à souvent souvent parfois rarement rarement
Fréquence d'expression somatique
souvent fonction des contraintes sociales
fonction des contraintes
sociales
souvent parfois rarement rarement
Volonté de contrôle de l'expression
peut être forte peut être forte peut être forte assez faible peut être forte peut être forte peut être forte
Possibilité de contrôle de l'expression
faible assez faible assez faible assez faible peut être faible élevée élevée
Probabilité d'expérience
subjective élémentaire
élevée assez élevée faible moyenne forte moyenne forte
Importance des éléments cognitifs
amont
très faible forte moyenne moyenne faible à moyenne forte très forte
Processus cognitifs en aval
parfois à souvent souvent souvent souvent souvent importants en cas de dissonance
cognitive
souvent
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
58
Les construits de cette typologie ont suscité un attrait variable de la part des
chercheurs. Si les recherches portant sur les processus de persuasion affectifs ont en
effet privilégié les émotions, les sentiments, l'humeur et l'attitude, c'est d’abord
l'apparition du construit d'attitude envers l'annonce (Aad) qui a favorisé cet engouement
et donc amorcé le pan de recherche dédié à la compréhension des mécanismes de
persuasion non cognitifs. La reconnaissance unanime de son statut de "médiateur des
effets publicitaires" justifie que soient successivement présentés48 :
9 Une clarification sémantique et structurelle de ce construit ;
9 Les théories explicatives de son influence sur la variable d’efficacité
publicitaire : l’attitude envers la marque.
I.3.2. - Clarification sémantique et structurelle de Aad
Lutz (1985) définit l'attitude envers l'annonce comme “une prédisposition à répondre
de manière favorable ou défavorable à un stimulus publicitaire particulier lors d'une occasion
d'exposition particulière”. MacKenzie et Lutz (1989) soulignent la congruence de cette
définition avec celle de Fishbein et Ajzen (1975) concernant une "attitude" tout en
faisant cependant remarquer qu'elle demeure relativement muette sur l’essence
intrinsèque (cognitive versus affective) du concept. Motivés par un souci de précision,
certains chercheurs qualifient Aad de :
9 “Réaction”, supposant ainsi une vision affective (Lutz, MacKenzie et
Belch, 1983 ; MacKenzie, Lutz et Belch, 1986 ; Derbaix, 1995) ;
9 En parlant de “jugement évaluatif” ou d'“évaluation” de l’annonce (Mitchell
et Olson, 1981), d'autres sont partisans d'une approche plus cognitive
du concept.
48 Derbaix (1995) souligne que bien qu'ayant été identifiée comme une variable de nature affective, la conception même d'une attitude résultant de processus de nature cognitive et affective impose que l'on distingue cette réaction "affective" des autres "Réactions Affectives Déclenchées par l'Annonce (R.A.D.A)". En effet, les RADA peuvent constituer des antécédents à la formation de Aad.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
59
L'absence de consensus clair qui prévaut en matière de définition se retrouve de
manière logique dès lors qu'il s'agit de préciser la structure sous-jacente au concept.
Deux hypothèses concurrentes sont en effet avancés : elles concernent respectivement
le nombre et la nature des dimensions de Aad :
9 Des chercheurs considèrent Aad comme un construit bi-dimensionnel49
(Shimp, 1981 ; Miniard, Bhatla et Rose, 1990 ; Olney, Holbrook et
Batra, 1991) :
une dimension cognitive est formée de “jugements évaluatifs”
concernant l'annonce ;
une dimension affective regroupe l'ensemble des sentiments
provoqués par l'annonce et ressentis par l'individu pendant
l'exposition à la communication persuasive.
9 En prenant le contre-pied de l'école précédente, les partisans de
l'approche unidimensionnelle postulent, en concevant Aad comme une
évaluation "globale" de l'annonce, que ce construit peut en conséquence
être reflété par une unique dimension50 (Mitchell et Olson, 1981 ;
Lutz, MacKenzie et Belch, 1983 ; Edell et Burke, 1987 ; Burke et
Edell, 1989 ; Mittal, 1990). Selon cette perspective, les éléments à
l'origine de Aad constituent des antécédents au construit (Lutz, 1985).
Deux contributions majeures ont permis d'identifier un ensemble d'antécédents
à Aad. Partisans de l’approche unidimensionnelle, Lutz, MacKenzie et Belch (1983) 49 Certaines praticiens mettent en évidence la multi-dimensionnalité de Aad. Biel (1990) ainsi que Biel et Bridgewater (1990), en effectuant une Analyse en Composantes Principales à partir d'une liste de 26 adjectifs extraits d'une revue extensive de la littérature, indiquent que Aad s'organise autour de cinq dimensions comprenant des éléments de nature cognitive et affective : - dimension "ingéniosité" : intelligente, imaginative, amusante, originale, stupide, "pas fade". - dimension "qui a un sens" : vaut la peine qu'on s'en souvienne, efficace, difficile à oublier, pas hors de propos, réaliste, crédible, convaincante, informative. - dimension "énergie" : vivante, "qui bouge", attrayante, bien faite. - dimension "qui prend à rebrousse poils" : trop vue, usée, irritante, familière, idiote. - dimension "convivialité" : chaleureuse, douce, sensible. 50 L'item servant de mesure pouvant être "aime beaucoup/n'aime pas du tout".
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
60
clarifient le processus de formation de l'attitude envers l'annonce en postulant que
(Figure II.3.) :
9 Aad, construit global, possède deux types d'antécédents : des
antécédents directs51 et des antécédents indirects52 ;
9 Les antécédents directs de Aad se répartissent le long d'un continuum
allant du processus central au processus périphérique : plus
l'implication est élevée, plus l'on se dirige vers un processus central
(Petty et Cacioppo, 1981a).
Figure II.3. : Les antécédents de Aad (Lutz, MacKenzie et Belch, 1983)
En distinguant l'implication par rapport au message de l'implication par rapport
à l'exécution (Baker et Lutz, 1987), les auteurs postulent que le degré d'activité des
51 Les déterminants de 1er ordre. 52 Les déterminants de 2d ordre dont l'influence sur Aad s'établit indirectement via les déterminants de 1er ordre.
Processus central Processus périphérique
Ecart perçu produit/message
Crédibilité de l'annonceur
Profil de réaction
Crédibilité de la Publicité
Réponses cognitives par
rapport à l'exécution
Crédibilité de
l'annonce Perceptions
de l'annonce
Expérience passée et information
Nature de l’exposition Encombremen
t Contexte
d’exposition
Perceptions de la Publicité
Perceptions de l'annonceur Différences
individuelles Contexte
d'exposition
Attitude envers
l'annonceur
Attitude envers la Publicité en
général Humeur
Aad
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
61
déterminants de 1er ordre dépend du degré d'implication dans l'exécution : ainsi, en
situation de forte implication par rapport à l'exécution, on s'attend à un traitement plus
central des caractéristiques d'exécution et donc à une plus grande contribution de ces
éléments à l'explication de Aad.
MacKenzie et Lutz (1989) en testant une version partielle du modèle initialement
proposé par Lutz, MacKenzie et Blech (1983) ont ainsi confirmé comme en témoigne la
figure II.4. que Aad possède des antécédents d'ordre cognitif et affectif.
Figure II.4. : Modèle partiel de MacKenzie et Lutz (1989)53
Ce modèle met ainsi en lumière :
9 Des antécédents d'ordre cognitif
9 Le statut des croyances à l'égard de l'annonce en tant que variable
médiatrice des effets de la publicité est confirmé :
les perceptions de l'annonce sont en effet définies par les auteurs
comme les perceptions du stimulus publicitaire incluant des facteurs
d'exécution et excluant les perceptions de la marque ; elles incluent de ce
fait les croyances portant sur l'annonce elle-même ; 53 Ne sont représentées au sein de cette figure que les relations de causalité pour lesquelles des relations positives et statistiquement significatives ont été obtenues par les auteurs.
Crédibilité de la publicité en
général
Crédibilité de l'annonceur
Crédibilité de l'annonce
Perceptions de l'annonce
Attitude envers l'annonceur
Attitude à l'égard de la publicité en général
Perceptions de la marque
Aad
Ab
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
62
la crédibilité de l'annonce qui dépend de trois construits majeurs (écart
perçu entre ce que dit la publicité et les caractéristiques réelles de la
marque, crédibilité de la publicité en général et crédibilité de l'annonceur)
influence fortement Aad.
9 L'influence d'un élément de nature cognitive (la crédibilité) portant sur
la publicité en général et l'annonceur est validée.
9 Des antécédents d'ordre affectif par la reconnaissance d'une influence directe de
l'attitude envers l'annonceur54 sur Aad ainsi qu'un effet indirect via un impact sur les
perceptions de l'annonce est mis à jour.
Ce modèle en intégrant des antécédents à Aad de nature différente suggère que
l'on mesure séparément ces déterminants (Madden, Allen et Twible, 1988). Lutz (1985)
confirme cet impératif en précisant qu'en situation de pré-test publicitaire, on pourrait
s'attendre à ce que Aad soit fortement déterminé par des évaluations cognitives. Zajonc
(1980) rejoint cette hypothèse en affirmant que des attitudes formées à la suite d’une
expérience indirecte de l’individu avec le produit (exposition à une annonce) sont
susceptibles de reposer plus fortement sur des antécédents de nature cognitive que sur
des antécédents d’ordre affectif, les individus étant conduits dans ce cas à se fonder sur
une représentation abstraite de l’objet pour forger leur attitude. A contrario, une situation
naturelle d'exposition au stimulus publicitaire laisse présager une domination des
réactions de nature affective puisque, “le consommateur est considéré comme consacrant peu de ses
capacités cognitives à l'annonce” (Lutz, 1985).
54 Cette variable définie comme “une prédisposition acquise à répondre d'une façon favorable ou défavorable à un annonceur” (Lutz, 1985) reflète les informations et l'expérience acquise au cours du temps par l'individu.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
63
I.3.3. - Mécanismes psychologiques sous-jacents
Comprendre le rôle de Aad dans l'efficacité publicitaire exige que l'on s'interroge
sur les processus mentaux explicatifs de son influence médiatrice. Animés d'une volonté
de clarification du mécanisme d'impact de Aad, les chercheurs ont donc avancé plusieurs
hypothèses.
I.3.3.1. - L’adaptation de la théorie du conditionnement classique à l'approche
affective de la persuasion
La théorie du conditionnement classique qui s'inscrit dans le cadre plus large des
théories traitant des mécanismes d'apprentissage introduites par le médecin russe Pavlov
(1849-1934) offre une explication pertinente aux mécanismes de persuasion publicitaire
s'appuyant sur une médiation importante de Aad. Brewer (1974) définit le mécanisme de
conditionnement classique comme “l'association répétée d'un stimulus conditionné avec un
stimulus inconditionné qui va permettre au stimulus conditionné d'engendrer une réponse conditionnée de
façon automatique et inconsciente”55. L’hypothèse d’occurrence d'un processus de
conditionnement "affectif" a été soulignée par de nombreux chercheurs en
communication persuasive qui ont montré qu'il existait un transfert de l'annonce à la
marque (Mitchell et Olson, 1981 ; Shimp, 1981 ; Lutz, 1985 ; MacKenzie, Lutz et Belch,
1986 ; Biel et Bridgewater, 199056 ; Madden et Ajzen, 1991). Selon cette perspective, la
publicité peut persuader un individu sans exercer d'impact sur son système cognitif ; les
réactions affectives ou une attitude favorable envers l'annonce sont transférées à l'objet
de la communication, la marque, indépendamment des effets que le message peut
exercer sur la structure cognitive de l'individu en ce qui concerne les attributs du
produit. Cette théorie explicative de l'impact de Aad sur Ab souffre cependant d'une
absence de convergence au sein des milieux académiques puisque les recherches
55 Dussart (1983) souligne les aspects fondamentaux de cette théorie en affirmant que “les deux concepts clé du conditionnement classique sont la répétition et la contiguïté : le stimulus conditionné doit être fréquemment répété en contiguïté avec le stimulus non conditionné pour établir une association avec la réponse”. 56 Les auteurs simplifient le mécanisme de transfert des évaluations positives de Aad à Ab en affirmant que “si nous aimons l'annonce, nous sommes plus enclins à aimer la marque”.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
64
orientées vers la seule poursuite de la validation de l’hypothèse de conditionnement ont
successivement et de manière concurrente envisagé sa réalité (Stuart, Shimp et Engle,
198757 ; Gorn, 1982 ; Allen et Janisweski, 1989) ainsi que sa non réalité (Allen et
Madden, 198558 ; Gresham et Shimp, 198059). Cette absence de consensus60 a conduit
les chercheurs à envisager d'autres sources d’explication parmi lesquelles figure l’effet
d’exposition.
I.3.3.2. - La théorie de l'effet d'exposition
L'effet d'une communication persuasive peut, à l'instar d'un processus de
conditionnement, se ressentir sur Ab sans qu'il y ait eu d’impact sur la structure
cognitive de l'individu. Plus précisément, certains chercheurs ont montré que
l'exposition au stimulus (effet d'exposition) accroît l'attrait pour ce stimulus (Aad) (Zajonc,
198061) : un tel résultat s’il remet en premier lieu fortement en cause la validité des
modèles traditionnels de hiérarchie des effets de la communication, comme nous
l’avons déjà souligné, a surtout fondé la théorie de l’effet d’exposition, qui depuis son
affirmation, s’est enrichie du postulat majeur suivant : l’exposition publicitaire
conditionne, de manière inconsciente :
9 Une augmentation du degré de familiarité : l'exposition répétée d'un individu à
un stimulus facilite le traitement de l'information et augmente le degré de familiarité de
57 La recherche menée par les auteurs a porté sur des publicités inconnues pour des nouveaux produits. Gresham et Shimp (1985) ont montré que le conditionnement classique ne peut pas opérer si les individus ont une connaissance préalable des stimuli. 58 Les auteurs échouent en effet dans leur tentative de réplication de l'expérimentation de Gorn (1982) en utilisant des morceaux humoristiques (stimulus inconditionné) et des stylos (stimulus conditionné). 59 Les auteurs ont eu recours à des publicités émotionnelles (stimulus inconditionné) et à une marque connue (stimulus conditionné). 60 Selon McSweeney et Bierley (1984), cette absence de convergence pourrait provenir des conditions même d'expérimentation. Les auteurs recommandent donc de respecter une procédure adéquate dès lors qu'il s'agit de démontrer la réalité d'existence d'un mécanisme de conditionnement classique : présenter le stimulus conditionné avant le stimulus inconditionné, utiliser un groupe de contrôle, utiliser des stimuli nouveaux, faire jouer les effets de répétition. 61 Zajonc (1980) propose une explication purement affective à ce résultat.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
65
l'individu vis-à-vis de l'objet qui induit une attitude plus favorable envers cet objet
(Zajonc et Markus, 1982) ;
9 La réduction de l’incertitude entourant l’objet : l'"affect" envers un stimulus
devient de plus en plus positif au fur et à mesure que le stimulus devient plus familier et
réduit de ce fait l’incertitude. Biel (1990) rejoint cette position en précisant que les
annonces appréciées reçoivent une meilleure exposition ; si un consommateur apprécie
une annonce publicitaire lors de la première exposition, il aura moins tendance à
l'éviter62 lors d'une prochaine occasion d'exposition.
La théorie du simple effet d'exposition n'a pas été validée par les recherches
académiques. Elle constitue cependant une explication intéressante à l'impact de la
répétition des expositions publicitaires sur le processus de formation des attitudes.
I.3.3.3. - La conceptualisation de Aad en tant que croyance
Cette approche propose de considérer que Aad représente un ensemble de
croyances spécifiques portant sur des concepts différents de celui de "croyances-
produit". Selon Mitchell et Olson (1981), les individus peuvent élaborer des croyances63
à propos de n'importe quel concept dont ils ont une représentation cognitive64 : les
manipulations expérimentales de l'annonce peuvent ainsi conduire les individus à
envisager des croyances sur des concepts différents de celui d’"attributs" du produit
(Calder, 1978). Ainsi, il se peut que :
9 Aad représente des croyances sur des attributs non mesurés par le
questionnaire expérimental mais cependant reflétés par Aad ;
62 L'auteur fait ici référence au phénomène de "zapping" (uniquement possible en situation naturelle d'exposition) et à un phénomène de filtrage (conscient ou inconscient) ayant pour conséquence de biaiser la perception, par l'individu, de l'annonce à laquelle il est exposé. 63 Elles sont définies comme des “associations subjectives faites par les individus entre leurs représentations cognitives”. 64 Les auteurs donnent l'exemple suivant : “Un consommateur exposé à une annonce publicitaire pour les mouchoirs en papier X pourrait croire, sans que l'on sache pourquoi, que ces mouchoirs sont fabriqués par l'entreprise Z”.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
66
9 Aad représente l'attribut "publicité" de la marque communiquée. En se
référant à la définition de la mémoire sémantique de Anderson (1976)
comme un “réseau d'associations entre les représentations cognitives”, alors un
ensemble de croyances sur un produit est une mémoire à structure
sémantique ; si l'on suppose en outre que la représentation de la
marque est associée, dans la mémoire du consommateur, à une image
visuelle de l'annonce, Mitchell et Olson (1981) concluent que Aad
représente une croyance portant sur l'image visuelle de la publicité
associée à la marque. Biel (1990) partage cette interprétation en
précisant que pour des catégories de produit où les avantages
fonctionnels des différentes marques en concurrence sont plutôt
similaires, les consommateurs discriminent les marques sur la base de
la considération de l’attribut "publicité".
En l'absence d'un consensus clair sur les mécanismes mentaux sous-jacents à la
formation de Aad, les chercheurs ont envisagé la possibilité que la formation de cette
attitude puisse dépendre de facteurs liés à l'individu ou à l'annonce. L'identification des
conditions d'apparition d'un mécanisme persuasif plutôt qu'un autre a ainsi permis à
Lutz (1985) ou encore à Miniard et al. (1990) de proposer plusieurs alternatives
d’articulation entre variables médiatrices du processus de persuasion.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
67
II - ARTICULATION DES VARIABLES MÉDIATRICES DES EFFETS DE LA PUBLICITÉ SUR LA
VARIABLE D'EFFICACITÉ Ab : LA SUPRÉMATIE DE L’HYPOTHÈSE DE MÉDIATION DUALE
DANS UN CONTEXTE DE PRE-TEST PUBLICITAIRE
Bien que MacKenzie, Lutz et Belch (1986) aient enrichi la compréhension du
processus de persuasion en incluant dans leur modélisation l'intention d'achat (Ib)
comme variable d'efficacité déterminée par Ab, les hypothèses avancées à l’origine par
Lutz (1985) et sous-jacentes à son modèle de médiation duale servent de référence, au
sein des milieux académiques, en ce qui concerne l’articulation, dans un modèle général
de persuasion, des relations de causalité entre variables d’efficacité publicitaire. Ce
modèle a en effet enrichi la compréhension des effets publicitaires par :
9 La reconnaissance de facteurs individuels à l’origine du mode de
persuasion (implication de l'individu et situation d'exposition) (Lutz,
1975 ; Lutz, MacKenzie et Belch, 1983) ;
9 La proposition d’un cadre validé dans des situations de pré-test
publicitaire (MacKenzie, Lutz et Belch, 1986 ; Homer, 1990 ; Brown
et Stayman, 1992 ; Deharveng, 1993).
9 L’affirmation, dans un contexte de pré-test, de la double nature de
l’influence de Aad au sein du mécanisme de persuasion :
un effet direct sur Ab ;
un effet indirect65 via une influence sur les cognitions liées à la
marque (Cb) (Figure II.5.).
65 MacKenzie, Lutz et Belch (1986) ainsi que MacKenzie et Lutz (1989) valident l'hypothèse de médiation duale tout en obtenant une absence de relation entre Cb et Ab : le protocole expérimental retenu (pré-test avec une unique exposition) ainsi que le nombre de marques envisagées (marque nouvelle appartenant à une seule catégorie de produits) expliquerait selon MacKenzie, Lutz et Belch (1986) cette absence de relation de causalité.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
68
Figure II.5. : Le modèle de médiation duale de Lutz (1985)
Légende :
AAd : attitude envers la publicité en général Cad : cognitions sur l'annonce Cb : cognitions sur la marque Aad : attitude envers l'annonce Ab : attitude envers la marque : relation que Lutz pense être nulle ou quasi-nulle : relations que Lutz estime positivement forte
Miniard et al. (1990) proposent une version modifiée de ce modèle en
distinguant au sein de l'annonce ce qui relève du message de ce qui relève des éléments
non liés au message (Figure II.6.).
Figure II.6. : Hypothèse de médiation duale modifiée par Miniard et al. (1990)
Légende : Cnc : cognitions sur l'annonce (message excepté) Cc : cognitions sur le message Cb : cognitions sur la marque Aad-nc : attitude envers l'annonce (message excepté) Aad-c : attitude envers le message Ab : attitude envers la marque Ib : intention d'achat de la marque
Selon Lutz, cette hypothèse est validée si l'individu très impliqué est en outre
exposé à une annonce distinctive. Ce mécanisme met clairement en évidence la
complémentarité des routes de persuasion identifiées par le modèle ELM de Petty et
Cacioppo (1981a, 1981 b), l'individu traitant activement à la fois les informations
AAd
Cad
Cnc
Cb
Cc
Aad
Aad-nc
Ab
Ab
HYPOTHÈSE DE MÉDIATION DUALE
Implication forte Annonce distinctive ou
prétest publicitaire
Cb
Aad-c
Ib
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
69
communiquées et les éléments périphériques. Cependant, toutes les situations
d'exposition ne correspondant pas nécessairement à ce cas de figure, Lutz (1985) a donc
envisagé trois autres mécanismes possibles (Figure II.7.).
Figure II.7. : Caractéristiques de la situation d'exposition et processus de persuasion
(Lutz, 1985)
Légende : AAd : attitude envers la publicité en général Cad : cognitions sur l'annonce Cb : cognitions sur la marque Aad : attitude envers l'annonce Ab : attitude envers la marque : relations que Lutz pense être nulles ou quasi-nulles : relations que Lutz estime positivement fortes
De nombreuses recherches ont validé ces trois mécanismes de persuasion
publicitaire. Plus précisément, ont été mis en lumière :
9 La prépondérance de Aad dans l'explication de Ab en cas de transfert
pur : en addition à la validation d'une relation directe et non
réciproque de Aad vers Ab66 (Shimp, 1981 ; Gardner, 1985 ; Moore et
Hutchinson, 1983, 1985), des recherches ont mis en évidence
l’intensification de la relation entre Aad et Ab67 en situation de faible
implication (Mitchell et Olson, 1981 ; Park et Young, 1983). Dans ce
cas en effet, l'individu consacre peu de ses capacités cognitives au
66 MacKenzie, Lutz et Belch (1986) qualifient cette relation de “tranfert des sentiments”. 67 Au détriment de la force de la relation entre les croyances sur les attributs du produit et Ab. En cas d'implication "cognitive" élevée, l'influence de Aad sur Ab serait cependant inexistante.
AAd
Cad
Cb
Aad
Ab
TRANSFERT PUR
faible implication annonce non distinctive
situation typique d’exposition TV
TRANSFERT LIE AU CONTEXTE
faible implication annonce distinctive ou
prétest publicitaire
PERSUASION FONDÉE SUR LE MESSAGE
forte implication annonce non distinctive
AAd
Cad Aad
Cb Ab
AAd
Cad Aad
Cb Ab
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
70
traitement des informations communiquées par l'annonce non
distinctive ; des antécédents de Aad autres que les cognitions sur
l’annonce sont donc susceptibles de jouer un rôle important ;;
9 Un mécanisme de persuasion "périphérique" en cas de transfert lié au
contexte : en cas de faible implication lors d'un pré-test publicitaire,
l'annonce est rendue distinctive par la situation non naturelle
d'exposition et conduit ainsi l'individu à traiter activement les éléments
périphériques de l'annonce, mettant ainsi en lumière la route
"périphérique" du modèle ELM ;
9 La possibilité d'une absence de médiation de Aad en cas de
persuasion fondée sur le message : en cas de forte implication et
lorsque l'annonce est peu distinctive, l'individu traite activement les
informations communiquées par l'annonce, les éléments d'exécution
n'exerçant ici qu'une influence périphérique (Petty, Cacioppo et
Schumann, 1983) : dans ce cas, la médiation s'établit comme suit : les
cognitions liées à l'annonce sont susceptibles d'exercer une influence
indirecte et forte sur Ab via leur impact sur les cognitions liées à la
marque.
La contribution de Lutz, MacKenzie et Belch (1983 ; MacKenzie, Lutz et Belch,
1986) se situent quant à elles dans la proposition de deux hypothèses originales (Figure
II.8.). En addition à l’incorporation de l’intention d’achat, les auteurs postulent en effet
les deux impacts suivants :
9 Une influence réciproque entre Aad et Ab ;
9 Une hypothèse d’influence indépendantes de Aad et de Ab sur Ib.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
71
Figure II.8. : La contribution de Lutz, MacKenzie et Belch (1983)
Légende : AAd : attitude envers la publicité en général Cad : cognitions sur l'annonce Cb : cognitions sur la marque Aad : attitude envers l'annonce Ab : attitude envers la marque Ib : intention d'achat de la marque
L’hypothèse de médiation réciproque envisage deux cas de figure :
9 L'individu est soumis à une première exposition publicitaire pour une
marque nouvelle : dans ce cas, on peut s'attendre à une relation forte
de Aad sur Ab ;
9 L'individu connaît la marque communiquée : l'existence d'une
expérience préalable envers la marque laisse envisager que l'attitude
envers la marque pré-exposition puisse exercer une influence forte sur
les réactions des consommateurs au stimulus publicitaire (Burke et
Edell, 1984 ; Messmer, 1979).
L’hypothèse d’influences indépendantes pose que les deux attitudes (Aad et Ab)
influencent Ib, variable d’efficacité, de manière indépendante (Howard, 197768). Les
recherches dédiées à la validation de cette hypothèse novatrice n'ont pas permis
d'aboutir à un consensus clair.
68 Howard (1977) considère que Aad représente un input à la décision d'achat au même titre que peuvent l'être des facteurs situationnels comme la disponibilité du produit en magasin, le prix, etc.
Cad
Cb
Aad
Ab
MEDIATION RECIPROQUE
INFLUENCES INDEPENDANTES
Cad Aad
Cb Ab Ib Ib
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
72
9 Bettman (1981)69, Einhorn et Hogarth (1981), Gorn (1982)70 ainsi que
Biehal, Stephens et Curlo (1992) obtiennent bien une relation directe
entre Aad et le choix de la marque ;
9 Duncan et Nelson (1985), Muehling (1987), Machleit et Wilson (1988),
Muehling et Laczniak (1988), Stayman et Aaker (1988), Kamins et al.
(1989), Miniard et al. (1990), Yi (1990a) obtiennent bien une influence
de Aad sur Ib ;
9 Cependant, Shimp et Yokump (1982)71 ainsi que Chattopadhyay et
Nedungadi (1990) concluent à l'invalidation de l'hypothèse d'influences
indépendantes.
La problématique de la nature de la relation entre Aad et Ib (existence possible
d’une relation directe) n’est donc pas encore résolue, pas plus que celle entre Aad et la
variable d'efficacité finale d'une communication persuasive : les ventes. Des études
appliquées menées sur le continent nord-américain n'offrent en effet pas non plus de
consensus sur ce dernier point :
9 Certaines confirment l'importance de la médiation de Aad au sein du
processus de persuasion (Biel, 1990 ; Biel et Bridgewater, 1990 ;
Spaeth et al., 1990 ; Appel, 1992 ; Walker et Dubitsky, 1994). Une
étude de grande envergure conduite pour le compte de l'Advertising
Research Foundation (ARF) par Haley et Baldinger (1991) conclut
que Aad (mesuré par l'agrément72 envers l'annonce) représente la 69 Cette recherche ainsi que celle de Einhorn et Hogarth (1981) précisent que la formation d’une attitude envers la marque ne constitue pas forcément un précurseur au choix de la marque, suggérant ainsi qu’un individu peut choisir une marque, sans différencier les marques entre elles, sur la seule base de son attitude envers l’annonce autrement dit sans avoir même formé d’attitude envers la marque communiquée. 70 Si l'auteur identifie bien une forte propention des individus à sélectionner le produit associé à une musique évaluée de manière favorable, 38% des sujets sont cependant incapables de fournir une explication à leur choix : une forte proportion de l'échantillon a ainsi été persuadée en n'accordant finalement que peu de considérations aux qualités du produit. 71 Les auteurs mettent cependant en évidence, dans une étude utilisant des données de consommation de sodas, l'existence d'une relation positive entre Aad et la fréquence d'achat. 72 L'agrément est mesuré au moyen d'une simple échelle de sympathie envers l'annonce.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
73
variable la plus fortement prédictrice des comportements d'achat : en
étudiant six des variables les plus communément employées par les
praticiens des sociétés d'études spécialisées dans les pré-tests
publicitaires, les auteurs montrent la supériorité de l'agrément sur le
changement d’attitude envers la marque qui parvient à prédire les
ventes dans 87% des cas.
9 D'autres tempèrent l'enthousiasme suscité par les résultats de l’ARF :
Rossiter et Eagleson (1994) en particulier affirment que l'importance
de l'agrément a été surestimée en raison d'un certain laxisme entourant
les critères statistiques ; en réexaminant ces résultats, ces auteurs
affirment que c’est le changement d'attitude envers la marque73
(différence entre l’attitude envers la marque après exposition et
l’attitude envers la marque avant influence publicitaire) qui apporte la
contribution la plus importante à l'explication des ventes.
Les différents modèles présentés, s’ils ne sont pas validés sans ambiguïté, offrent
cependant le mérite de suggérer un ensemble de conditions à l’origine de modalités de
persuasion diverses. C’est également cet objectif qui sous-tend l’engouement des
milieux académiques pour les variables dites "modératrices" des processus de
persuasion.
73 Un changement d’attitude ne peut avoir lieu que dans le cas où la marque est connue des individus.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
74
III - UNE MISE À JOUR PROGRESSIVE DES VARIABLES MODERATRICES DES MÉCANISMES
DE CHANGEMENT D’ATTITUDE
Les cadres théoriques fondateurs des recherches en communication persuasive
ont dès l’origine de leur formulation postulé que la nature de la route de persuasion
empruntée conditionne la nature de l’attitude et par là même, la force de la relation qui
unit l’attitude à l’intention et au comportement (Chaiken, 1980 ;; Petty et Cacioppo,
1986a, 1986b ; Chaiken, Liberman et Eagly, 1989 ;; Eagly et Chaiken, 1993). C’est sous
ce postulat que s’inscrit l’ensemble des contributions théoriques et empiriques destinées
à identifier et à mesurer l’influence de variables présupposées "modératrices" des
processus de persuasion publicitaire qui, selon Baron et Kenny (1986) “affecte[nt] la
direction et/ou la force de la relation entre une variable indépendante et une variable dépendante” 74.
Deux grandes catégories de variables "modératrices" coexistent au sein de la
littérature :
9 Des variables individuelles liées à la situation d'exposition ou au
produit, largement étudiées par les chercheurs en communication
persuasion et qui ont permis de :
mettre à jour le concept d'implication publicitaire et de comprendre
la nature de son impact sur le processus de formation ou de
changement d’attitude (III.1.) ;
clarifier les mécanismes persuasifs en proposant un ensemble
d'antécédents aux concepts d'ordre motivationnel introduits par Petty
et Cacioppo (1981a, 1986a), Chaiken (1980) et réaffirmés par les
contributions de MacInnis et Jaworski (1989) et de MacInnis,
Moorman et Jaworski (1991) (III.2.) ;
74 Cet impact s’effectue selon MacKenzie et Spreng (1992) de trois manières possibles : si l'on considère par exemple deux variables médiatrices d'un changement d'attitude, une variable modératrice peut affecter la relation de causalité en modifiant le niveau moyen des variables médiatrices sans changer l'intensité de la relation, en modifiant la force de la relation causale sans modification du niveau moyen des variables ou bien en cumulant ces deux moyens d'action.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
75
9 Des variables individuelles de nature stable, constituant les traits de
personnalité des individus (III.3.).
L'intérêt pour les variables modératrices des mécanismes persuasifs a été
largement dirigé vers le concept d'implication. Si les chercheurs ont envisagé que
d'autres facteurs en amont des processus de persuasion puissent venir conditionner la
nature du traitement des informations véhiculées par le stimulus publicitaire, c'est en
premier lieu ce construit qui a suscité le plus vif engouement comme en témoigne le
nombre important des contributions académiques depuis le début des années 80 sur ce
concept issu des travaux en psychologie sociale (Sherif et Cantril, 1957 ; Sherif et
Hovland, 1961).
III.1. - Le concept d'implication
Au cours des trois dernières décennies, les recherches en comportement du
consommateur et en particulier les modélisations à vocation générale75 ont clairement
mis en évidence l'existence d'une diversité des mécanismes de décisions d'achat :
l'identification des facteurs gouvernant l'adoption, par l'individu, d'un certain processus
de choix a ainsi constitué une première contribution au développement des recherches
sur le concept d'implication. De manière analogue, les chercheurs désireux de mieux
comprendre l'efficacité publicitaire se sont rapidement intéressés à l'implication en tant
que variable susceptible de discriminer des modes de traitement publicitaires. Si la
littérature sur ce construit est extrêmement féconde, elle fait également parfois émerger
une absence de consensus à la fois sur un plan conceptuel que sur le plan de la mise en
oeuvre du concept (Derbaix, 1987 ; Costley, 1988 ; Strazzieri, 1994). En effet, les
définitions théoriques ainsi que les mesures utilisées diffèrent tant que Strazzieri (1993)
souligne la réelle confusion qui prévaut dans ce domaine d'investigation : “non seulement
les conceptions varient mais, plus grave, le même mot est utilisé pour désigner, de manière explicite ou
75 Cf. Chapitre I.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
76
non, des phénomènes tout à fait différents”. Après avoir clarifié ce que sous-entend ce
construit, nous nous attacherons à préciser son influence au sein des mécanismes de
persuasion.
III.1.1. - Clarification sémantique
Les divergences constatées au sein de la littérature portent sur plusieurs aspects :
9 Des divergences d'ordre conceptuel sur la réalité de ce que recouvre le
construit d'implication ;
9 En résultante au premier point apparaissent de multiples définitions au
concept.
Andrews, Durvasula et Akhter (1990) en recensant 28 définitions de
l'implication mettent en exergue la multiplicité des qualificatifs associés au construit76.
Les différents vocables recensés par les auteurs spécifient en fait différents objets sur
lesquels semble pouvoir porter le construit. Il est ainsi possible de regrouper les
définitions offertes en fonction de l'objet sur lequel porte l’implication faisant ainsi
émerger trois catégories :
9 L'implication envers le produit (Cohen et Goldberg, 1970 ; Robertson,
1967 ; Lastovika et Gardner, 1979 ; Mitchell, 1981 ; Zaïchkowski,
1985 ; Laurent et Kapferer, 1986) ;
9 L'implication envers une situation ou encore une prise de décision
(Krugman, 1965 ; Mitchell, 1979 ; Antil, 1984) ;
9 L'implication dans un message (Krugman, 1966 ; Petty et Cacioppo,
1981b).
76 Coexistent dans la littérature : ego-involvement (Sherif et Cantril, 1947), reponse involvement (Zimbardo, 1960 ; Houston et Rothschild, 1978), advertising involvement (Krugman, 1966-1967), advertising message/execution involvement (Baker et Lutz, 1987), content processing involvement (Wright, 1973), issue involvement (Petty et Cacioppo, 1981b ; Leippe et Elkin, 1987), product involvement (Lastovicka et Gardner, 1979 ; Bloch, 1981 ; Zaïchowsky, 1985 ; Laurent et Kapferer, 1986), etc.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
77
En addition à des divergences d'ordre sémantique, les chercheurs notent la
pluralité des conceptualisations de l’implication. La classification proposée par Andrews,
Durvasula et Akhter (1990) et regroupant 4 courants de conceptualisation77 distincts
permet de classer les définitions de l'implication selon leur appartenance à trois grandes
catégories : les antécédents de l'implication, l'implication définie comme un état,
l'implication définie comme un processus78 comme en témoigne le tableau II.4.
77 Les auteurs les libellent ainsi : 9 "Stratégies d'attention/traitement" 9 "Implication personnelle/situationnelle" 9 "Implication de l'audience/processus" 9 "Implication produit/durable" 78 Selon les auteurs, les stratégies d'attention/traitement ont permis de mettre en lumière l'implication en tant qu'état ; l'implication personnelle/situationnelle ainsi que l'implication produit/durable ont contribué à la mesure des antécédents de l'implication ; l'implication de l'audience/processus a permis de mettre en lumière l'implication comme un processus.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
78
Tableau II.4. : Un ensemble de définitions offertes au construit d'implication (inspiré de Andrews, Durvasala et Akhter, 1990)
CATÉGORIE AUTEURS DÉFINITIONS
ANTÉCÉDENTS
Sherif et Cantril (1947)
Apsler et Sears (1968)
Wright (1973)
Houston et Rothschild (1978)
Petty et Cacioppo (1981b)
Zaïchowsky (1985)
Celsi et Olson (1988)
9 Ego-involvement : lorsqu'un stimulus ou une situation est reliée par l'individu au contenu de son ego (de manière consciente ou inconsciente).
9 Personal involvement : projection par un individu des conséquences sur sa propre vie
9 Content-processing involvement : l'individu est confronté à une publicité qui lui semble particulièrement pertinente pour une décision imminente.
9 Enduring involvement : reflète la force de la relation entre l'individu et la situation liée au comportement.
9 Issue involvement : degré de pertinence personnelle du message.
9 Implication à l'égard d'un objet (produit, publicité, etc.) : pertinence personnelle envers un objet, basée sur des besoins, valeurs et intérêts.
9 Source situationnelle de pertinence personnelle : une large variété de stimuli spécifiques et d'indicateurs présents dans l'environnement immédiat du consommateur activent ou sont associés à des conséquences, des buts ou à des valeurs pertinentes pour lui.
ETAT
Mitchell (1979, 1981)
Cohen (1983)
Andrews (1988)
Laczniak, Muehling et Grossbart (1989)
9 Une variable d'état individuel et interne reflétant les deux dimensions (intensité et direction) d'un niveau d'excitation, d'intérêt ou de force évoquée par un stimulus ou une situation particulière. L'auteur distingue l'implication dans le message de l'implication dans l'exécution.
9 Etat d'activation dirigé vers une partie du champ psychologique de l'individu.
9 Etat interne et individuel d'excitation possédant des propriétés d'intensité et de direction.
9 Etat motivationnel d'un individu induit par un stimulus ou une situation particulière.
PROCESSUS
Krugman (1966, 1967)
Houston et Rothschild (1978)
Batra et Ray (1983)
Greenwald et Leavitt (1984)
Baker et Lutz (1987)
9 Nombre de "connexions" qu'un individu effectue par minute entre le contenu du stimulus persuasif et le contenu de sa propre vie.
9 Complexité ou étendue des processus cognitifs et comportementaux caractérisant le processus de décision du consommateur, résultante d'une implication situationnelle et durable.
9 Degré et qualité des réponses cognitives induites par le message.
9 Capacité d'attention allouée à un message.
9 Construit motivationnel reflétant le degré d'effort cognitif déployé par le consommateur pour traiter le contenu du stimulus publicitaire (message et éléments d'exécution).
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
79
La pluralité des approches utilisées pour appréhender ce concept a naturellement
fait naître des divergences dans la définition même du construit. Cependant, certains
chercheurs animés d'un souci de clarification soulignent, à l'instar de Valette-Florence
(1989) ou de Derbaix (1987) qu'il existe à présent un consensus autour de la définition
proposée par Rothschild (1984) dont le mérite est de mettre en exergue les trois
approches précédemment évoquées ("antécédents - état - processus") : “L'implication est
un état non observable de motivation, d'excitation ou d'intérêt. Elle est créée par un objet ou une
situation spécifique. Elle entraîne des comportements, certaines formes de recherche de produit, de
traitement de l'information et de prise de décision”.
Les différentes conceptualisations offertes précisent trois catégories principales
d’antécédents de l'implication :
9 Les caractéristiques du consommateur : la connaissance et l’expérience
antérieure du produit, les besoins psychologiques et sociaux, le
concept de soi (Robertson, 1976 ; Houston et Rothschild, 1978). Day
(1970) montre qu'un manque d'information à propos d'une classe de
produit conduit à une implication situationnelle élevée résultante d'une
incertitude importante dans l'achat. De même, un individu possédant
une faible estime de lui est susceptible de développer une implication
contextuelle élevée pour limiter son incertitude ;
9 Le produit : la perception de ses attributs affecte l'importance du
risque perçu dans l'achat et l'usage du produit ; sa signification
symbolique représente un "révélateur" d'une image de soi (Valette-
Florence, 1989) ;
9 Le contexte ou les circonstances d'utilisation : des facteurs
situationnels expliquent le niveau d'implication de l'individu (Belk,
1974 ; Houston et Rothschild, 1978, Valette-Florence, 1989). Lutz et
Kakkar (1975) distinguent les situations objectives et psychologiques
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
80
des situations subjectives, la deuxième orientation étant privilégiée79.
Des recherches ont montré que le contexte social de l'utilisation d'un
produit ainsi que le but recherché exercent une influence sur
l'importance du risque perçu et donc sur la composante situationnelle
de l'implication (Belk, 1974 ; Lutz et Kakkar, 1975). Bloch (1981)
ajoute deux éléments représentant les deux dimensions du risque
(Cox, 1967 ; Bettman, 1973) : l'incertitude (ou probabilité d'erreur) et
l'importance de l'enjeu.
La présentation des différents antécédents de l'implication fait apparaître une
distinction importante pour la compréhension des ressorts psychologiques liés à
l'implication : de nombreux auteurs décomposent en effet l'implication en une
composante durable et une composante situationnelle - ou “contextuelle” - (Houston et
Rothschild, 1978) :
9 L'implication durable se trouve reliée à la fois à l'expérience ou à la
connaissance antérieure du produit mais aussi au système de valeurs de
l'individu.
9 L’existence d’une implication situationnelle résulterait de l’influence
deux sortes de stimuli :
les caractéristiques et le contexte d'utilisation du produit ;
le contexte sociopsychologique entourant l'achat et la consommation
du produit80.
Laurent et Kapferer (1986) ainsi que Valette-Florence (1989) soulignent
l'existence de relations entre ces deux composantes en validant l'hypothèse réaliste d'une
influence de la composante durable sur la composante situationnelle (et non l'inverse)81.
79 L'appréciation d'une situation est en effet supposée variable d'un individu à l'autre. 80 L'exemple d'un achat du type "cadeau" illustre parfaitement cette situation. 81 Valette-Florence (1989) souligne que cette relation peut être négative en fonction des circonstances.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
81
La distinction entre l’implication “cognitive” et l’implication “affective” (Park et
Young, 1986) représente une autre source de divergence des milieux académiques
autour de la conceptualisation de l'implication :
9 L'implication cognitive repose sur des bases utilitaristes et correspond
par exemple à la recherche pour le consommateur du meilleur rapport
entre la qualité et le prix d'un produit ;
9 L'implication affective représente selon Valette-Florence (1989) un
“moyen d'expression des valeurs propres aux individus” (Vaughn, 1980 ;;
Hirschman et Holbrook, 1982).
A leur tour, implication cognitive et implication affective peuvent également
comporter une composante durable et une composante contextuelle.
Si des divergences d’ordre sémantique caractérisent les réflexions des chercheurs
sur le concept d’implication, il apparaît en revanche un plus grand consensus dès lors
qu’il s’agit d’apprécier le rôle de ce construit au sein du processus de persuasion.
III.1.2. - Rôle de l'implication dans un contexte de persuasion publicitaire : la mise
à jour de la nature "modératrice" de l'impact
La mise en évidence du rôle de l'implication dans un contexte de persuasion
publicitaire ne doit pas faire oublier l’étude de ce construit en comportement du
consommateur en général. Bloch (1981)82 met en évidence que l’implication induit deux
types de réponses comportementales :
9 Les réponses courantes, dépendantes de l'implication durable : l'auteur
précise 4 types de manifestations cognitives et comportementales de
l'implication durable :
une recherche et une évaluation de l’information (Summers, 1970) ;;
82 in Valette-Florence (1989).
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
82
un comportement de "leadership d'opinion" (Summers, 1970) ;
une tendance à l'innovativité ou à l'achat de produits nouveaux
(Feldman et Armstrong, 197583 ; Baumgarten et Summers, 197584) ;
et enfin une fréquence et une durée d'utilisation du produit plus
importante (Bogart, 196785 ; Treas et Brannon, 197686).
9 Les réponses relatives à la tâche, résultant d'une implication
situationnelle.
Les chercheurs ont mis à jour la double nature de l’influence de l’implication
dans un contexte de persuasion publicitaire : l’implication, en conditionnant à la fois
l’attention portée au message ainsi que la nature et l’intensité du traitement de
l’information est de ce fait responsable de l’importance relative des différentes variables
médiatrices d’efficacité au sein du processus de persuasion.
III.1.2.1. - Influence cognitive de l'implication
De nombreux chercheurs s'accordent à penser qu'un niveau élevé d'implication
exerce une influence significative sur le traitement des informations contenues dans la
communication et ce, à deux niveaux :
9 L'attention portée au message : en définissant l'implication de
l'audience comme “l'allocation de la capacité d'attention” dédiée à un
message, Greenwald et Leavitt (1984) considèrent ce processus
comme une ressource limitée que l'on sollicite de façon croissante au
fur et à mesure que la difficulté cognitive associée à la tâche augmente,
discriminant ainsi quatre niveaux d'implication croissante :
83 ibid. 84 ibid. 85 ibid. 86 ibid.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
83
la pré-attention87, l’attention focalisée88, la compréhension89 et
l’élaboration90. Il apparaît donc que plus l'individu est impliqué, plus
l'attention dédiée à l'information véhiculée par le message croît, ce que
valident Celsi et Olson (1988).
9 L’intensité et la nature du traitement de l'information
Batra et Ray (1983, 1985) valident l'hypothèse d'une influence de
l'implication sur la nature du traitement effectué par un individu : en
définissant l'implication91 comme “la profondeur du traitement”92 mis en
oeuvre, les auteurs établissent que l'implication détermine la route de
persuasion empruntée :
Une faible implication oriente l'individu vers un traitement
périphérique, le nombre de réponses cognitives relatives à l'exécution
de la publicité étant en effet supérieur à celui des réponses cognitives
portant sur le produit ; de manière générale, on s'attend à ce que le
niveau moyen des variables médiatrices autres que celles portant sur le
produit soit important. L’évaluation des éléments d'exécution, via un
mécanisme d'ordre affectif, conduira à la formation d'une Ab de
nature "hédonique".
Une forte implication conditionne un traitement "central" induisant
une plus grande sensibilité des individus aux arguments du message au
détriment des facteurs d'exécution (Petty et Cacioppo, 1979a ; Petty et
87 Ce niveau n’exerce ni d’influence cognitive (mémorisation) ni d’influence affective (attitude). 88 La répétition de l'exposition au stimulus publicitaire peut conduire via un mécanisme de conditionnement à un changement d'attitude favorable. 89 Des traces mémorielles sont intégrées à la structure cognitive après exposition publicitaire. 90 Ce stade le plus élevé de traitement permet à l'individu de comparer le message à ses structures cognitives préexistantes, de générer ainsi des réponses cognitives qu'il intègre par la suite à son système intitial de croyances. 91 "Message Response Involvement" 92 Batra et Ray (1983) proposent de mesurer ce construit par "la proportion de réponses cognitives évoquées lors de la diffusion de la publicité et portant sur les attributs de la marque".
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
84
Cacioppo, 1981a, 1981b ; Petty, Cacioppo et Schumann, 1983 ;
Gardner, Mitchell et Russo, 1985 ; Celsi et Olson, 1988 ; Miniard et
al., 1990 ; Derbaix, 1995 ; Sengupta, Goodstein et Boninger, 1997).
L'évaluation prépondérante des caractéristiques du produit est à
l’origine de la formation d'une attitude "utilitaire" (Batra et Ray, 1983,
1985).
III.1.2.2. - La modération des processus de formation et/ou de changement de
l’attitude envers la marque
De nombreuses recherches valident le rôle modérateur de l'implication dans le
traitement du message sur la force des relations de causalité envisagées par Lutz (1985)
et Lutz, MacKenzie et Belch (1983). En accord avec la conception de MacKenzie et
Spreng (1992), l’impact modérateur de l’implication peut être appréhendé via l’influence
de ce construit sur les niveaux moyens de certains médiateurs et/ou via son effet sur la
force des relations de causalité entre variables d’efficacité. Il a ainsi été montré que :
9 Une implication forte :
renforce la relation entre les croyances-produit et Ab (Lutz, MacKenzie et Belch,
1983 ; Gardner, 1985 ; Muehling, Laczniak et Stoltman, 1991 ; MacKenzie et
Spreng, 1992) ;
intensifie le lien unissant Aad à Ab (Park et Young, 1986 ; MacKenzie et Spreng,
1992) ; cependant, d'autres recherches montrent que ce lien existe de manière
importante et ce, quel que soit le niveau d'implication93 (Gardner, 1985 ; Batra et
Stephens, 1987, 1994 ; MacKenzie, Lutz et Belch, 1986 ; Mitchell, 1986 ; Homer,
1990) ;
93 Ce résultat a conduit les chercheurs à envisager une décomposition de Aad (Miniard, Bhatla et Rose, 1990). Cette décomposition sera présentée lors de la formulation de notre cadre conceptuel.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
85
renforce la relation entre l’attitude et le comportement 94 (Regan et Fazio, 1975,
1977 ; Fazio et Zanna, 1978a ; Sivacek et Crano, 1982 ; Petty, Cacioppo et
Schuman, 1983 ; Berger et Mitchell, 1989 ; Schuman, Petty et Clemons, 1990) ;
n’exerce aucun impact sur les niveaux moyens des croyances-produit (Laczniak
et Muehling, 1993) ; par contre, une certaine divergence apparaît dans le domaine
de l’influence d’une implication forte sur le niveau moyen de Aad : en effet, si
Chattopadhyay et Nedungadi (1990) ainsi que MacKenzie et Spreng (1992) ne
valident pas cet effet, Laczniak et Muehling (1993) trouvent un résultat en
contradiction à leurs attentes : l’implication dans le message exerce un impact
statistiquement significatif sur Aad.
9 Une implication faible :
influence le niveau moyen des croyances ou réponses cognitives à l'égard de
l'annonce (Chaiken, 1980 ; Petty et Cacioppo, 1981a, 1981b ; Batra et Ray, 1985),
de Aad (Gardner, Mitchell et Russo, 1978 ; Miniard, Bhatla et Rose, 1990) ou des
émotions (Batra et Ray, 1985) ;
intensifie la relation de causalité entre les réactions affectives autres que Aad et
Ab (Batra et Ray, 1983, 1985 ; Batra et Stephens, 1994).
Une absence totale de convergence apparaît dès lors que l'on s'intéresse à la
relation entre Aad et les croyances-produit puisque certains invalident l’effet modérateur
de l'implication sur la force de cette relation (Homer, 1990 ; Miniard et al., 1990 ;
MacKenzie et Spreng, 1992), d’autres allant même jusqu’à affirmer l’inexistence même
de ce lien en situation de faible implication (Muehling, Laczniak et Stoltman, 1991).
En conclusion, si l’examen de la littérature sur l’implication met parfois
légèrement en doute l’influence modératrice de ce construit sur certaines des relations 94 Sous condition de forte implication, les corrélations sont comprises entre 0.3 et 0.82 tandis qu'une faible implication engendre des corrélations allant de 0.04 à 0.53.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
86
de causalité entre les variables médiatrices du processus d’influence publicitaire, les
recherches académiques ont tout de même posé le rôle modérateur important que
pouvait exercer cette variable dans le cadre d’une exposition à un stimulus publicitaire. La
place exacte de ce construit au sein des processus de persuasion a également constitué
un point d’interrogation fondamental pour les chercheurs : cette question les a
naturellement conduit à réexaminer l’ensemble des déterminants d’ordre motivationnel
mis en évidence par les modèles ELM de Petty et Cacioppo (1986a) ou
"systématique/heuristique" de Chaiken (1980). En addition aux notions de "motivation"
et de "capacité" mises en exergue par les cadres de référence, la variable d"opportunité"
à traiter les informations contenues dans l’annonce a été introduite, ces trois construits
formant un tout indissociable que l’on retrouve parfois dans la littérature sous le
vocable de "triptyque MCO".
III.2. - Motivation, capacité, opportunité à traiter le message publicitaire : les
antécédents de l’implication publicitaire
Deux contributions majeures à la compréhension du rôle de ce "triptyque" dans
un contexte de persuasion publicitaire sont offertes par les réflexions de MacInnis et
Jaworski (1989) et de MacInnis, Moorman et Jaworski (1991) qui, s'appuyant sur
l'ensemble des postulats théoriques et des résultats des modèles de leurs prédécesseurs,
offrent le cadre intégrateur suivant (Figure II.9.) :
Figure II.9. : Le rôle de MCO dans le processus de persuasion (adapté de MacInnis et
Jaworski, 1989 et de MacInnis, Moorman et Jaworski, 1991)
Motivation
Capacité
Opportunité
Ab
Stabilité Accessibilité Force
Niveau de traitement des informations
Besoins de l'individu
Exposition au stimulus
Processus de formation de
Ab
Réponses cognitives
Réponses émotionnelles
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
87
Ce modèle offre une distinction nette entre :
9 Le niveau de traitement des informations : en définissant le niveau de
traitement comme “la profondeur de compréhension des éléments de la marque”
(Craik et Lockhart, 1972 ; Greenwald et Leavitt, 1984), les auteurs
identifient 6 degrés95 croissants d'élaboration cognitive c'est à dire des
“degrés croissants d'attention au stimulus publicitaire et de mise en oeuvre des
ressources internes pour réfléchir, analyser et comprendre l'information contenue
dans la publicité” (MacInnis, Moorman et Jaworski, 1991) ;
9 Les composantes de l'attitude formée : stabilité, accessibilité et force ;
9 Les variables en amont des processus persuasifs : motivation, capacité
et opportunité.
III.2.1. - Motivation et processus de persuasion
L’action humaine résulte de la conjonction de forces et de freins de nature
psychiques et physiques formant les motivations (Dubois et Jolibert, 1992). Définie
dans un contexte publicitaire comme “le désir de traiter les informations sur la marque contenues
dans la publicité” (MaInnis et Jaworski, 1989), la motivation qui posséderait à l'instar de
l'implication une composante durable et une composante situationnelle96 (Houston et
Rothschild, 1978 ; Celsi et Olson, 1988) explique le processus de changement d'attitude
par l'impact qu'elle exerce sur le traitement de l'information opéré par l'individu. Le
modèle intégrateur postule que la motivation affecte les deux dimensions de ce
traitement : la direction et l'intensité (Bettman, 1979 ; Mitchell, 1981 ; Petty et
Cacioppo, 1986b) :
95 Les six niveaux de traitement de l'information par ordre croissant d'attention et/ou de capacité sont : l'analyse des caractéristiques, la catégorisation basique, l'analyse de sens (évaluation heuristique), l'intégration de l'information, la prise de rôle et les processus constructifs. 96 La composante durable est déterminée par les besoins utilitaires ou expressifs des individus (pour Batra et Ray (1983), elle dépend de la pertinence perçue ou de l'implication dans la catégorie de produit) ; la composante situationnelle est déterminée par l'annonce qui peut venir engendrer ou renforcer la composante durable.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
88
9 Un niveau de motivation très faible engendre la seule prise en compte
d'indicateurs heuristiques contenus dans l'annonce ;
9 Un niveau moyen permet à l'individu d'intégrer l'information contenue
dans l'annonce ;
9 Un niveau très élevé de motivation s'accompagne d'un traitement de
l'information important pouvant conduire l'individu à imaginer des
scenari en se projetant dans l'annonce (MacInnis et Price, 1987).
III.2.2. - Capacité à traiter l'information et mécanismes de changement d'attitude
Définie par MacInnis, Moorman et Jaworski (1991) comme “l'adresse ou la
compétence dans l'interprétation de l'information sur la marque contenue dans l'annonce”, l'influence
de la capacité à traiter l'information sur l'intensité du processus de traitement de
l'information n'a pas abouti à un véritable consensus au sein des milieux académiques :
9 Une capacité faible, en limitant le processus de traitement, oriente
l'individu vers un traitement périphérique correspondant à un degré
d'élaboration moindre (Petty, Cacioppo et Schumann, 1983 ;
Greenwald et Leavitt, 1984)97 ;
9 A contrario, d'autres chercheurs postulent qu'une capacité limitée
intensifie le traitement de l'information via une augmentation de
l'attention accordée à l'annonce98 : en étant plus attentif, l'individu
espère ainsi combler son absence de connaissances (Bettman et Park,
1980).
En revanche, une plus grande convergence apparaît lorsqu'il s'agit de préciser les
éléments déterminant la capacité à traiter l'annonce. MacInnis et Jaworski (1989)
soulignent en effet que des recherches mettent en exergue des facteurs individuels :
97 Selon Sujan (1985) ou Alba et Hutchinson (1987), les structures de connaissance nécessaires pour accomplir des opérations plus complexes soit n'existent pas, soit ne sont pas accessibles. 98 Ce peut être le cas lors de l’exposition à une marque inconnue.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
89
9 Inhibiteurs de la capacité à traiter l'annonce comme une intelligence ou
un niveau d'éducation limités (Anderson et Johlson, 1980), une
connaissance ou une expérience limitée avec le produit (Batra et Ray,
1983 ; MacKenzie, 1986), la complexité d'un message (Yalch et Yalch,
1984) ou encore la distraction (Bither et Wright, 1973 ; Wright, 1975) ;
9 Susceptibles de favoriser la capacité de traitement comme le caractère
favorable du contexte (Edell et Staelin, 1983 ; Kamins et Marks, 1987)
ou encore le recours à des exemples ou à des mots concrets dans le
message de l’annonce (MacKenzie, 1986).
III.2.3. - Influence modératrice de l'opportunité de traiter l'annonce
MacInnis et Jaworski (1989) définissent cette variable comme le fait que “les
circonstances entourant l'exposition à l'annonce sont plus ou moins favorables au traitement des
informations sur la marque” et postulent une influence de l'opportunité de traiter l'annonce
sur l'intensité du processus de traitement des informations. Selon ces auteurs, une
opportunité faible limite les capacités d'encodage, l'individu ne pouvant donc pas
accorder une attention suffisante en vue d'une analyse efficace de l'information.
Certains éléments peuvent concourir à un amoindrissement de l'opportunité à
traiter l'annonce : certaines recherches montrent par exemple que le degré de
distraction99 présent dans l'annonce inhibe le traitement de l'information (MacKenzie,
1986 ; Mitchell, 1981 ; Petty, Ostrom et Brock, 1981).
Bien que les réflexions théoriques de MacInnis et Jaworski (1989) et de
MacInnis, Moorman et Jaworski (1991) n’offrent pas à ce jour de validation empirique
intégrale, ces contributions ont cependant permis d’enrichir la conceptualisation des
99 Un niveau de distraction peut être obtenu grâce à des éléments comme la musique (Park et Koung, 1986) ou par le caractère attractif de la source (Eagly et Chaiken, 1993).
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
90
processus d’influence publicitaire en précisant deux points principaux unanimement
reconnus par la communauté scientifique :
9 La relation entre le triptyque MCO et l’implication publicitaire :
l’intensité du triptyque MCO conditionne le “niveau de traitement des
informations publicitaires” : cette dernière variable représente, compte
tenu de la définition offerte par les auteurs, l’implication de l’individu
dans le traitement des informations contenues dans l’annonce,
autrement dit un reflet possible de l’implication publicitaire ;; ainsi, le
triptyque MCO représente-t-il un antécédent à l’implication
publicitaire.
9 La relation entre les variables en amont des processus de persuasion et
le triptyque MCO : ces variables de nature individuelle ou liées à la
situation d’exposition, dans la mesure où elles sont susceptibles
d’exercer une influence sur la motivation, la capacité et/ou
l’opportunité des individus à traiter les informations véhiculées par le
message, représentent ainsi des antécédents au triptyque MCO.
De manière synthétique, l’articulation entre les variables "amont", le triptyque
MCO et l’implication publicitaire peut être formalisée selon MacInnis et Jaworski (1989)
et MacInnis, Moorman et Jaworski (1991) de la manière suivante : les antécédents de la
motivation, de la capacité et/ou de l’opportunité à traiter l’annonce influencent
l’intensité du triptyque MCO qui à son tour détermine un certain niveau d’implication
dans le traitement des informations de l’annonce publicitaire : ces chercheurs ont ainsi
posé la médiation du triptyque MCO au sein de l’influence des caractéristiques
individuelles ou situationnelles sur le niveau d’implication de l’individu envers le
traitement de l’annonce. Cette dernière relation a fait l’objet de contributions
importantes : de nombreux travaux ont en effet été dédiés à l’étude de l’influence de ces
éléments de nature individuelle caractérisant soit des traits de personnalité soit la
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
91
situation même de l’exposition sur la nature du changement d’attitude en contexte
persuasif.
III.3. - Le rôle des variables "amont"
III.3.1. - Le besoin de cognition
Depuis le début des années 50, l'étude des traits de personnalité, variables
individuelles de nature stable, a constitué un champ de recherche privilégié en
marketing100 (Janis, 1954). Cependant, les travaux dédiés à l'analyse de l'influence de ces
variables sur le comportement ont dans un premier temps donné lieu à des résultats
plutôt décevants101 (Engel, Blackwell et Miniard, 1986 ; Kakkar et Lutz, 1981),
expliquant en partie le relatif désintérêt de la communauté scientifique autour de ces
variables. C’est véritablement sous l’impulsion de Cacioppo et Petty (1982) qu’a été
relancé l’attrait pour ce type de caractéristiques individuelles, en particulier pour celui de
"besoin de cognition". Si l’étude de l’influence de cette variable sur le traitement de
l’information trouve son origine en psychologie sociale dès les années 50 (Cohen,
Stoltland et Wolfe, 1955), Cacioppo et Petty, soucieux de l’influence potentielle de ce
trait de personnalité dans un contexte de persuasion publicitaire ont à la fois apporté
une clarification conceptuelle de ce construit, servant aujourd’hui de référence, mais
également donné une impulsion importante aux recherches portant sur l’influence de
cette variable au sein des mécanismes de changement d’attitude.
III.3.1.1. - Clarification sémantique
Cacioppo et Petty (1982) considèrent que le besoin de cognition ou "besoin
cognitif" représente “la tendance pour un individu à s'engager et à se réjouir d'un effort cognitif
100 De nombreux domaines sont en effet supposés être influencés par la personnalité : le comportement d'achat, le choix des produits, le changement d'attitude (Nicosia, 1966 ; Howard et Sheth, 1969 ; Engel, Kollat et Blackwell, 1978). 101 Kassarjian (1971, cité par Haugtvedt, Petty et Cacioppo, 1983) et Kassarjian et Sheffet (1981, cités par Haugtvedt, Petty et Cacioppo, 1983) font remarquer en outre l’absence de cadre conceptuel solide dans cette aire de recherches.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
92
intense”. En tant que trait de personnalité, cette variable102 permet de discriminer les
individus qui diffèrent en effet dans leur manière de traiter l'information que ce soit au
niveau de la nature des processus engagés ou encore de l'intensité de l'effort cognitif
alloué (Ahmed, 1985 ; Pinson, Malhotra et Jain, 1988). La définition même de ce
construit le classifie naturellement dans la famille des antécédents de la motivation à
traiter l'annonce publicitaire (Cacioppo et Petty, 1984).
Les recherches sur le besoin cognitif ont dans un premier temps mis à jour des
profils caractérisant les personnes à faible et à fort besoin de cognition en fonction
d'éléments psychologiques et socio-démographiques. Ont ainsi été mis en lumière :
9 L'existence d'une relation positive plus ou moins forte entre le besoin
cognitif et l'indépendance et l'ouverture d'esprit ou le niveau scolaire
ou encore la culture d'un individu (Cacioppo et Petty, 1984) ;
9 Un lien négatif entre l'âge ou la condition physique et le besoin cognitif
(Spotts, 1994) ;
9 L'incapacité pour l'anxiété, la capacité d'abstraction et la capacité
verbale à expliquer le besoin de cognition (Cacioppo et Petty, 1984).
III.3.1.2. - Besoin cognitif et processus de persuasion
Les contributions empiriques ont postulé que le besoin cognitif influence:
9 D’une part, l’intensité du traitement de l’information : les individus à fort
besoin cognitif sont susceptibles de traiter les informations de manière plus intense, les
individus à faible besoin cognitif ayant quant à eux tendance à privilégier les éléments
périphériques compte tenu de leur évaluation plus superficielle du message (Cacioppo,
Petty et Morris, 1983 ; Cacioppo et Petty, 1984 ; Cacioppo, Petty, Kao et Rodriguez,
102 Le terme "besoin" n'est pas employé à titre abusif comme le soulignent Cohen, Stoltland et Wolfe (1955) qui montrent que cette variable appartient à la famille des besoins humains puisqu'elle est est d'une part à l'origine de la motivation d'agir vers un but et d'autre part, source de tension lorsque cet objectif n'est pas atteint
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93
1986 ; Haugtvedt, Petty, Cacioppo et Steidley, 1988 ; Batra et Stayman, 1990). Axsom,
Yates et Chaiken (1987) ainsi que Haugtvedt, Petty et Cacioppo (1992) soulignent
cependant qu'un faible besoin de cognition n'est pas nécessairement associé à une faible
motivation à traiter le message : en reprenant le principe de suffisance énoncé par
Chaiken (1980)103, les auteurs font remarquer que les personnes à faible besoin cognitif
posséderont des niveaux de confiance désirée plus élevés que les individus à fort besoin
cognitif, conditionnant ainsi une forte motivation à traiter le message.
9 D’autre part l’importance relative des médiateurs au sein du processus
d’influence publicitaire : de manière congruente à la définition d'un élément dit
"modérateur" (MacKenzie et Spreng, 1992), des différences individuelles en besoin de
cognition influencent :
D’une part, les niveaux moyens de certaines variables médiatrices :
les croyances à l’égard d’un message "factuel"104 (Venkatraman et al.,
1990) ainsi que Ab (Cacioppo et Petty, 1982, 1984 ; Venkatraman et
al., 1990 ; Haugtvedt et Petty, 1992)
D’autre part, la force de la relation de causalité entre l’attitude et le
comportement. Snyder et Swann (1976), Tesser (1978) et Snyder
(1982) attribuent ce résultat au fait que les individus sont plus
susceptibles d'agir en accord avec leurs attitudes s'ils “pensent avant
d'agir”.
103 Pour rappel, ce principe s'énonce comme suit : les individus ont un certain niveau de confiance désiré dans leur jugement, l'intensité et la nature du traitement de l'information étant directement fonction du différentiel entre le niveau de confiance désiré et le niveau de confiance réel. 104 En étudiant deux messages, un message “factuel” versus un message “évaluatif” (Holbrook, 1978 ; Shimp et Preston, 1981), les auteurs ne parviennent pas en effet à valider cette hypothèse dans le cas d’un message "évaluatif". Précisons ici à titre de complément les définitions d’Holbrook (1978, p.547) : un message “factuel” contient “des descriptions logiques et objectivement vérifiables des caractéristiques tangibles du produit” tandis qu’un message “évaluatif” contient “des impressions émotionnelles et subjectives des aspects intangibles du produit”.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
94
III.3.2. - Le degré de connaissance préalable
Compte tenu de la diversité des produits offerts aux consommateurs et de la
variabilité de leur position sur le continuum du cycle de vie, le degré d'expérience passée
avec le produit ou "degré de connaissance préalable" est apparu logiquement, au sein des
milieux académiques, comme une variable susceptible de discriminer les individus. Bien
qu'évoqué dès 1930 en psychologie cognitive, l'intérêt pour ce construit s'est surtout
cristallisé autour des modèles théoriques de persuasion publicitaire (Chaiken, 1980 ;
Petty et Cacioppo, 1986a ; MacInnis et Jaworski, 1989), la variable de degré de
connaissance préalable constituant aux yeux des chercheurs un antécédent à la capacité
de traiter les informations contenues dans l'annonce..
On trouve dans la littérature ce construit sous différentes appellations. Que l'on
parle de "familiarité", de "degré d'utilisation"105 ou encore "d'expertise", tous ces vocables
font explicitement appel à une relation entre l'individu et un produit. Plusieurs
définitions ont été proposées parmi lesquelles figure celle de Marks et Olson (1981) qui
rassemble aujourd’hui les chercheurs autour de la considération que cette variable :
9 Reflète “les représentations cognitives des expériences passées avec le produit,
stockées et organisées en mémoire autour d'une structure cognitive ou schéma relatif
au produit” ;
9 Peut avoir de multiples sources : un apprentissage formel ou informel,
un achat et une utilisation antérieure du produit, les média, etc.
Des divergences apparaissent cependant sur deux points fondamentaux : la
structure sous-jacente au construit ainsi que l’influence de cette variable au sein des
processus de persuasion publicitaire.
105 Il est très souvent fait la distinction entre utilisateurs réels, utilisateurs potentiels et non utilisateurs absolus.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
95
III.3.2.1. - Une absence de consensus structurel
Si Marks et Olson considèrent que ce construit est unidimensionnel, Alba et
Hutchinson (1987) lui octroient plutôt deux dimensions106 : la familiarité, définie
comme “le nombre d'expériences avec le produit accumulées par le consommateur” et l’expertise
considérée comme “la capacité de l'individu à accomplir avec succès des tâches107 relatives au
produit”.
III.3.2.2. - Degré de connaissance préalable et mécanismes de persuasion
publicitaire : nature des divergences relatives à son influence sur le changement
d’attitude
Les divergences constatées appartiennent à deux domaines d’investigation :
l’étude du degré de connaissance préalable sur l’intensité du traitement de l’information
et l’étude de l’influence modératrice de cette variable au sein des processus de
persuasion.
III.3.2.2.1. - Degré de connaissance préalable et intensité du traitement des
informations
L'absence de consensus sur ce point se reflète au travers des trois types de
résultats rencontrés dans la littérature en ce qui concerne la relation entre le degré de
connaissance préalable et la recherche d’informations :
9 L'existence d'une relation négative : deux explications permettraient
d’expliquer ce résultat :
La première considère qu'un individu qui possède une expérience
passée importante avec le produit et donc une très bonne
connaissance de ses différentes caractéristiques, n'éprouve, en
106 Plusieurs méthodologies de recueil ont été envisagées. Les mesures incluent la fréquence d'achat (Anderson, Engledow et Becker, 1979 ; Park et Lessig, 1981), des tests objectifs (Brucks, 1985 ; Sujan, 1985), des mesures d'auto-appréciation (Alba, 1983 ; Moore et Hutchinson, 1985). 107 Les auteurs distinguent cinq tâches : l'effort cognitif, la structure cognitive, l'analyse, l'élaboration et la mémorisation.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
96
conséquence, nul besoin d'acquérir d'information supplémentaire
émanant de sources externes (Newman et Staelin, 1972 ; Moore et
Lehmann, 1980) ;
La conception de Chaiken (1980) offre un autre élément de réponse
à ce résultat : les individus qui possèdent une expérience importante
avec le produit sont à même d'accomplir la tâche de recherche
d'informations de manière plus efficace et plus brièvement et ainsi ne
se privent pas de le faire compte tenu du principe d'économie (souci
permanent de l'être humain d’économiser son effort cognitif) ;;
9 L'existence d'une relation linéaire positive : des chercheurs ont mis en évidence
que le degré de connaissance préalable pouvait encourager la recherche
d'informations en rendant plus facile le traitement d'une nouvelle information
(Jacoby et al., 1978 ; Punj et Staelin, 1983 ; Srull, 1983 ; Johnson et Russo, 1984 ;
Brucks, 1985) ;
9 L’existence d’une relation en "U" inversé : des niveaux modérés de
connaissance entraînent un effort de traitement supérieur aux niveaux faibles et
forts (Bettman et Park, 1980).
III.3.2.2.2. - Influence modératrice du degré de connaissance préalable
Des résultats contradictoires portent respectivement sur l’influence du degré de
connaissance préalable sur les niveaux moyens des variables d’efficacité ainsi que sur
son impact sur la force des relations de causalité entre les médiateurs du processus de
persuasion.
Si l’impact du degré de connaissance préalable sur le niveau moyen des
cognitions portant sur la marque (Marks et Olson, 1981 ; Maheswaran et Sternthal,
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
97
1990) et des cognitions relatives à l’annonce (Alba, 1983 ;; Maheswaran et Sternthal,
1990) a été validé, Rethans, Swazy et Marks (1986) ne parviennent pas à montrer une
influence de cette variable sur les niveaux moyens de Aad.
Des résultats tout aussi contradictoires émergent également des travaux portant
sur l’influence du degré de connaissance préalable sur la force des relations de causalité
puisque les chercheurs ont parallèlement et de manière concurrente validé :
9 Un renforcement de la relation entre Aad et Ab ainsi qu’entre Ab et Ib
dans le cas de marques nouvelles par rapport aux études portant sur
des marques connues, résultat mis en exergue par la méta-analyse
conduite par Brown et Stayman (1992) ; l'influence modératrice du
degré de connaissance préalable, validée par Cox et Locander (1987),
Machleit et Wilson (1988) ou encore par Madden, Allen et Twible
(1988), peut s'expliquer de la manière suivante : pour des marques
connues, les consommateurs possèdent une Ab préalable, exerçant aux
yeux de Kapferer (1986), “[...] un effet d'inertie”, autrement dit une
atténuation importante de l’impact attitudinal d’une nouvelle
communication persuasive ;
9 Un renforcement de la relation entre Aad et Ab ainsi qu’entre Ab et
Ib dans le cas de marques connues (Edell et Burke, 1984, 1986 ;
Gresham et Shimp, 1985 ; Batra et Ray, 1986). Deux explications à ces
deux phénomènes ont été offertes :
la première provient de l'approche de Chaiken (1980) : un degré de
connaissance préalable élevé minimise la recherche et donc le
traitement des informations contenues dans l'annonce au profit d'un
traitement plus périphérique.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
98
la forte quantité d’informations liée à un degré de connaissance
préalable élevé expliquerait quant à elle l’intensification du lien entre Ib
et le comportement (Davidson et al., 1985).
Certains auteurs ne parviennent pas à démontrer l’influence du degré de
connaissance préalable sur la force de la relation de causalité entre Aad et Ab ou sur les
niveaux moyens des éléments médiateurs ( Phelps et Thorson, 1991 ; Okechuku, 1992).
III.3.3. - La distraction
Bien que traditionnellement classée dans la famille des antécédents de la capacité
à traiter le message, la variable de distraction pourrait également constituer un
déterminant de l'opportunité à traiter le message comme le suggèrent Eagly et Chaiken
(1993) qui attribuent en effet à ce facteur situationnel deux effets possibles : une
réception biaisée du message et une contre-argumentation moindre.
A la lumière des contributions dans ce domaine, les chercheurs ne semblent pas
tout à fait converger en ce qui concerne l’impact de la distraction sur la persuasion. En
effet, si certaines contributions montrent que la distraction favorise la persuasion via
une inhibition des réponses cognitives défavorables, par exemple une contre-
argumentation moindre (Festinger et Macoby, 1964 ; Osterhouse et Brock, 1970),
d’autres stipulent que la distraction inhibe l'ensemble des réactions cognitives
dominantes, autrement dit qu'elles soient positives ou négatives (Petty, Wells et Brock,
1976). Ainsi, même si le contenu du message favorise la production de pensées
positives, la distraction affaiblit selon ces derniers auteurs le caractère persuasif de
l'annonce.
En dehors des quelques travaux mentionnés ci-dessus, peu de recherches ont
étudié la distraction dans le domaine de la persuasion. Cependant si l’on se réfère d’une
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
99
part à la conception de Lutz et Kakkar (1975) selon laquelle une situation peut être
“objective” ou “psychologique108”, et d’autre part à la conception de Engel, Blackwell et
Miniard (1990) qui considèrent que la situation de communication reflète “l'environnement
de l'individu lorsqu'il est exposé à une communication de nature personnelle ou impersonnelle”, l’on
peut considérer que si la variable de distraction représente un facteur situationnel
subjectif, la nature du programme préalable reflète a contrario la situation de
communication de manière objective. Cette variable a également donné lieu à quelques
travaux.
III.3.4. - La nature du programme préalable
Les chercheurs en communication persuasive ont mis en évidence que la nature
du programme au sein duquel s'insère l'annonce publicitaire influence :
9 La nature et l'intensité de l'implication de l'individu dans le traitement
des informations contenues dans l'annonce (Park et MacClung, 1986 ;
Celuch et Slama, 1993). Il a été ainsi démontré une relation positive
entre la nature de l'implication (affective versus cognitive) dans le
programme télévisé précédant la diffusion de l'annonce et la nature
ainsi que l'intensité (cognitive versus affective - faible, moyenne, forte)
de l'implication publicitaire. Lord et Burnkrant (1988) montrent
l’influence positive du degré d'implication cognitive dans le
programme sur l’intensité du traitement cognitif de l'annonce.
9 Les réponses cognitives et affectives émises à l'égard de l'annonce
(Goldberg et Gorn, 1987 ; Lord et Burnkrant, 1988).
108 Elle reflète la perception par l'individu de la situation dans laquelle il se trouve.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
100
SYNTHÈSE DU CHAPITRE II -
Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception
cognitive et affective de formation d’une évaluation favorable envers la marque
L’ensemble des contributions des trois dernières décennies a permis de clarifier
de manière considérable les processus de persuasion publicitaire par la reconnaissance :
9 de l’existence, en addition à un mécanisme cognitif, d’un processus de nature
affective à l'origine de la formation de Ab ; la conceptualisation de cette attitude vers
laquelle semble se diriger aujourd’hui la communauté académique est parfaitement
illustrée au travers de sa définition comme “une disposition à agir à l'égard d'un bien (d'un
service ou d'une entreprise) qui résulte de l'organisation des composantes (affectives, cognitives ...) de la
personnalité” (Grégory, 1995) ;;
9 d’une articulation bien précise entre les différents médiateurs d’efficacité publicitaire
(Lutz, 1985 ; MacKenzie, Lutz et Belch, 1986 ; Miniard et al., 1990) ;
9 de mettre à jour des modalités persuasives différentes en fonction de caractéristiques
individuelles ou situationnelles. L’implication de l’individu (dans la catégorie de produit
et dans le traitement des informations véhiculées par l’annonce), son degré de
connaissance préalable de la marque, objet de la communication, ou encore son goût
pour la réflexion (besoin de cognition) constituent autant de facteurs à l’origine d’un
certain cheminement psychologique de l’individu lorsqu’il est exposé à une annonce
publicitaire.
Chapitre II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire : vers une conception cognitive et affective de la formation d’une évaluation favorable envers la marque
101
SYNTHÈSE DU CHAPITRE II (suite)-
Si ces différentes variables n’ont pas suscité un engouement identique au sein
des milieux académiques, leur prise en compte a néanmoins permis de mieux
comprendre la contribution respective de variables dites "intermédiaires" à l’explication
des deux variables d’efficacité publicitaire : Ab et Ib.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
102
L’étude de la compréhension des effets publicitaires, si elle s’est fortement
orientée vers l’influence de la publicité sur le changement d’attitude ne doit plus faire
"l’économie" d’une étude de nature plus "globale" comme se plaisent par exemple à le
souligner Sengupta et al. (1997). Précisément, si l’objectif final d’une publicité est de
conduire à un achat effectif du produit, les chercheurs doivent désormais identifier et
mesurer l’influence de facteurs à l’origine de la non transformation d’une attitude en
action.
Si l’avancée des connaissances dans le domaine de l’identification des variables
modératrices des mécanismes de changement d’attitude a été grandement favorisée par
les chercheurs en communication persuasive, les psychologues contribuent également,
dans un contexte plus large que celui de la compréhension de l’influence du stimulus
publicitaire, à l’identification et à la mesure de l’impact de facteurs susceptibles de venir
perturber l’attitude de l’individu et donc son comportement. C’est en effet au sein de la
problématique de la relation entre l’attitude et le comportement que s’inscrivent des
contributions importantes en vue d’une meilleure étude et compréhension des effets
publicitaires, sous la perspective d’un changement d’attitude non seulement favorable
mais surtout prédictif du comportement d’un individu. Si les cadres de référence en
communication persuasive précisent bien que l’intensité et la nature du traitement des
informations contenues dans une annonce est à l’origine de la "force" de l’attitude
formée selon trois critères principaux (durabilité, résistance et prédictivité), ils
demeurent cependant relativement muets dès lors qu’il s’agit de préciser de manière
claire ce que sous-entend en terme de caractéristiques bien précises la force d’une
attitude. Les recherches sur l’implication nuancent ce propos puisque c’est en
considérant l’implication sous l’angle d’un déterminant de la “centralité” ou de
l’“importance” d’une attitude (et donc de sa force) que les chercheurs en communication
persuasive ont envisagé que cette variable puisse influencer les mécanismes de
persuasion. Cependant, comme nous l’avons déjà souligné, l’attention des chercheurs
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
103
s’est véritablement focalisée sur l’étude de ce construit mais s’est orientée dans une
moindre mesure vers la prise en compte des autres facteurs à l’origine de la force d’une
attitude. Ce sont donc les psychosociologues sous une approche modératrice de la
relation entre l’attitude et le comportement qui ont contribué le plus fortement à
l’identification, en dehors de l’implication, des caractéristiques d’une attitude "forte".
C’est précisément dans cette aire de recherche que s’inscrivent les deux notions
de confiance dans une croyance ou de confiance dans une attitude. Si l’étude du rôle
modérateur de la confiance au sein de la relation attitude-comportement a fait l’objet de
nombreuses investigations, sa prise en compte explicite dans des contributions à
vocation explicative des processus de persuasion publicitaire n’en est aujourd’hui qu’aux
prémisses. Pour cette raison précise, les recherches portant sur l’étude de son influence
sur les mécanismes de changement d’attitude ne sont pas intégrées au sein d’un corpus
théorique fédérateur. Il en est de même de l’influence potentielle d’autres
caractéristiques de force comme le déplorent Pomerantz, Chaiken et Tordesillas (1995).
Nous tenterons néanmoins d’organiser de manière précise les théories et recherches
empiriques dédiées à l’influence de ces caractéristiques de force. Précisons ici que seront
regroupées au sein des mêmes paragraphes à la fois les contributions issues des travaux
en psychosociologie mais aussi celles qui ont été menées exclusivement dans des
contextes de compréhension de l’influence d’un stimulus publicitaire.
Appréhender la notion de confiance en persuasion nécessite également que l’on
s’interroge sur celle d’"estime de soi", les notions de confiance en soi en général, de
confiance dans une croyance ou encore de confiance dans une attitude représentant des
concepts semblant très logiquement interdépendants.
L’ensemble des considérations précédentes nous conduit donc à articuler ce
chapitre de la manière suivante : après avoir précisé le caractère plutôt méconnu et donc
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
104
sous-exploité de la notion de confiance en comportement du consommateur, nous
présenterons :
9 Une clarification sémantique du terme générique de "confiance" (I) ;
9 L’ensemble des contributions offertes dans le domaine de
l’identification des dimensions de "force"109 d’une attitude (II) à
l’exception des notions de "confiance dans une croyance" ou de
"confiance dans l’attitude" qui, compte tenu de la place privilégiée que
la notion de confiance occupe dans notre réflexion, méritent à ce titre
un paragraphe distinct ;
9 Le rôle de la confiance en soi dans le processus de persuasion
publicitaire (III) en abordant successivement deux aspects :
Le statut conceptuel et méthodologique de la confiance dans une
croyance ou dans une attitude ;
L’influence de la confiance en soi, trait de personnalité.
109 Exceptée la notion d’"importance d’une attitude", liée au construit d’implication.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
105
Préambule - La confiance, un concept plutôt méconnu en comportement du
consommateur
Le concept de confiance, plutôt méconnu en comportement du consommateur,
a retenu l’attention des chercheurs de manière plus prononcée :
9 En gestion, dans le domaine des relations inter et intra-entreprises :
selon Gurviez (1998), de nombreux travaux ont étudié le rôle de la
confiance au sein des phénomènes de coordination et de coopération
de nouvelles activités de production (Bonoma et Johnston, 1978 ;
Valla, 1995110) ou celui de l’influence de la confiance entre agents sur
la performance économique des échanges (Usunier, 1990 ; Usunier et
Roger, 1998) ;
9 En Marketing, le rôle de la confiance a été mis en exergue dans le
domaine du développement et du maintien des relations commerciales
entre un producteur et un distributeur (Young et Wilkinson, 1989 ;
Anderson et Narus, 1990 ; Murphy et Gundlach, 1997111).
En comportement du consommateur et en communication persuasive, certains
développements théoriques et recherches empiriques se sont principalement attachés à
expliquer le comportement d’achat par la confiance globale du consommateur dans la
marque (Howard et Sheth, 1969 ; Engel, Blackwell et Miniard, 1986 ; Gurviez, 1998) ou
encore à envisager sous un angle principalement théorique l’influence de la confiance en
soi, trait de personnalité, sur la diversité des modes de traitement de l’information
publicitaire par les individus (Meyers-Levy, 1989 ; Meyers-Levy et Sternthal, 1991).
Ainsi, les recherches en communication persuasive portant sur la confiance dans
les médiateurs cognitifs et affectifs de persuasion ainsi que sur l’influence de la 110 in Gurviez (1998) 111 ibid.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
106
confiance en soi, trait de personnalité se font elles encore rares. Se dessine cependant un
regain d'intérêt des chercheurs en communication persuasive pour cet aspect depuis le
début des années 90, en particulier en ce qui concerne la notion de confiance dans une
croyance ou confiance dans une attitude émise à la suite de l’exposition à une
communication persuasive. Ces deux notions méritent à présent une certaine
clarification sémantique.
I - CLARIFICATION SÉMANTIQUE DE LA NOTION DE CONFIANCE
Coexistent au sein de la littérature un ensemble de qualificatifs associés à la
notion de confiance : on trouve la "confiance en soi", "l'estime de soi", la "confiance dans le
traitement de l'information", la "confiance dans le jugement", "la confiance dans l'attitude", etc. Si ces
différents vocables font explicitement appel à la notion de perception subjective, par
l'individu, de sa capacité de réalisation de diverses tâches, une certaine clarification
sémantique doit être opérée : la relation de ces différentes variables avec le "concept de
soi" permet d’apporter un premier éclaircissement.
I.1. - Relation avec le concept de soi
Selon Kling et al. (1999), l’estime de soi ou la confiance en soi globale doivent
être différenciés de la confiance en soi dans des domaines précis. Ces évaluations
spécifiques représenteraient en fait des mesures du "concept de soi", défini comme un
construit subjectif représentant “la totalité des pensées et des sentiments de l’individu, se référant à
lui-même en tant qu’objet” (Rosenberg, 1979, p.7). Plus simplement, il s’agit de la
perception qu’un individu a de lui-même. De manière générale, le concept de soi permet
d’expliquer les préférences et les choix des consommateurs (Belk, 1988 ; Aaker, 1999)
ainsi que la sélection, l’interprétation et l’intégration d’une information (Kihlstrom,
1981).
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
107
Pour déterminer si une mesure est associée à une confiance en soi globale ou à
un domaine particulier du concept de soi, la cible du jugement doit être considérée : si la
cible est le "soi" dans sa globalité alors la mesure reflète une estime ou une confiance en
soi "globale" ou générale ; si la cible est un domaine spécifique, la mesure reflète une
partie du "concept de soi". Certains chercheurs soulignent en outre l'existence de
relations significatives entre une "estime de soi globale" et des "jugements de soi"
spécifiques (Pelham et Swann, 1989).
I.2. - Confiance en soi globale et confiance en soi spécifique
Un examen minutieux de la notion de confiance au sein de la littérature en
communication persuasive révèle que les chercheurs considèrent en fait deux aspects de
la confiance en soi :
9 Un aspect durable : la confiance en soi peut refléter un trait global de la
personnalité d'un individu (“global confidence”) ou un trait également
durable mais plus spécifiquement liée à une tâche précise lorsque l'on
parle de “confiance dans le traitement des informations” (“specific confidence”)
(Cox et Bauer, 1964 ; Wright, 1975) ; Cox et Bauer (1964) définissent
la confiance en soi “spécifique” comme “la confiance dans la réalisation d'une
tâche spécifique ou dans la résolution d'un problème particulier". Selon la
distinction précédemment évoquée par Kling et al. (1999), la
confiance en soi globale doit être distinguée de la confiance dans le
traitement des informations, plutôt reliée au concept de soi.
9 Un aspect de nature plutôt situationnelle : lorsque l’on parle de
confiance dans une croyance ou de confiance dans une attitude
formée par influence d’un stimulus publicitaire, c’est bien la situation
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
108
d’exposition112 qui conditionne l’existence de telles variables. Il
s’agirait là aussi d’une mesure du concept de soi (Kling et al., 1999).
De manière schématique et dans un souci de clarification, précisons ici que la
littérature existante traitant de la confiance en soi appréhende ce construit à la fois en
tant que trait de personnalité durable et en tant que trait situationnel, les composantes
durables et situationnelles pouvant se rapporter à un aspect global (estime de soi) ou
bien spécifique (confiance dans le traitement de l’information et confiance dans une
évaluation formée à la suite de l’exposition à une communication publicitaire).
Le tableau III.1. présente les diverses conceptualisations ainsi que les références
des principaux travaux qui ont mobilisé ces différents concepts.
112 Tout au moins en partie ;; en effet, l’on peut raisonnablement supposer que la composante durable comme l’estime de soi et à plus juste titre encore la confiance dans le traitement des informations, puissent venir également conditionner le degré de certitude associé dans une évaluation formée sous influence publicitaire.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
109
Tableau III.1. : Principales recherches113 associées aux deux conceptualisations majeures de la notion de confiance
Objet de la confiance Auteurs
CONFIANCE EN SOI, TRAIT DURABLE Confiance en soi générale
Cox et Bauer (1964), Bauer (1970), Wright (1975), Belch (1978), Malhotra (1981), Shrauger (1990), Gleicher et Weary (1991), Maheswaran et Chaiken (1991), Chusmir, Koberg et Stecher (1992), Hong et Zinkham (1995).
Confiance en soi spécifique (confiance dans le traitement des informations)
Cox et Bauer (1964), Wright (1975), Peterson et Pitz (1988), Meyers-Levy (1989), Meyers-Levy et Maheswaran (1991), Darley et Smith (1995), Kempf, Palan et Laczniak (1997).
CONFIANCE DANS LES MÉDIATEURS PERSUASIFS (liée à l'exposition à l'annonce) 9 Confiance dans les croyances-produit 9 Confiance dans Aad 9 Confiance dans Ab
Howard et Sheth (1969), Warland et Sample (1973), Bennett et Harrell (1975), Fazio et Zanna (1978a, 1978b), Smith et Swinyard (1983, 1988), Peterson et Pitz (1988), Yi (1990b), Pieters et Verplanken (1995) ; Swann et Gill (1997). Day (1970), Venkatraman, Marlino, Kardes et Sklar (1990), Laczniak et Muehling (1993), Kempf, Palan et Laczniak (1997). Howard (1977), Sheth (1969), Day (1970), Warland et Sample (1973), Bennett et Harrell (1975), Fazio et Zanna (1978a, 1978b), Chaiken (1980), Laroche et Howard (1980), Cacioppo, Petty et Morris (1983), Smith et Swinyard (1983, 1988), Chaiken et Strangor (1987), Berger et Mitchell (1989), Chaiken, Liberman et Eagly (1989), Howard (1989), Andrews et Shimp (1990), Eagly et Chaiken (1993), Laroche et Sadokierski (1994), Laroche, Kim et Zhou (1995), Laroche et Caron (1995).
113 Il s'agit d'une présentation non exhaustive des principales recherches et contributions théoriques recensées dans la littérature. Soulignons que ces travaux représentent majoritairement des contributions s’appuyant sur des protocoles expérimentaux non publicitaires.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
110
II - LA NOTION DE FORCE
La relative faiblesse de certaines relations causales entre l’attitude et le
comportement a conduit Wicker (1969)114 à conclure, en s’appuyant sur une revue de la
littérature, que “[...] prises dans leur ensemble, ces études suggèrent qu’il est plus probable que les
attitudes n’aient aucun rapport ou n’aient qu’un faible rapport avec le comportement [...] Le plus grand
besoin dans cette aire de recherche est d’opérationaliser et de tester les contributions des facteurs offerts
comme des raisons à l’inconsistance de la relation attitude-comportement”. A l’initiative de
chercheurs en psychologie sociale se sont donc développées des travaux destinés à venir
tempérer cette remarque. En effet, la question n’est plus ici de savoir si les attitudes
prédisent bien les comportements (l’existence d’une relation positive ayant été mise en
lumière par les chercheurs soucieux de valider le modèle étendu de Fishbein)115 mais
d’identifier les facteurs qui contribuent à une plus forte prédictivité des attitudes (Regan
et Fazio, 1977), autrement dit à une corrélation forte entre l’attitude et le
comportement. En addition à des facteurs individuels psychologiques et situationnels,
les chercheurs ont envisagé que la structure même de l’attitude puisse expliquer les
inconsistances observées.
II.1. - La mise en évidence d'un continuum de force
Rosenberg (1968), Day (1970) ou encore Converse (1970) furent parmi les
premiers à parler de “non attitudes”. Selon ces auteurs, une "non-attitude" représente une
prédisposition créée sans "force". Ces auteurs proposent de considérer que la force
d'une attitude est représentée par un continuum : lorsque l'on avance sur ce continuum,
l'association entre l'objet et l'évaluation devient de plus en plus forte. La prédictivité
d'une attitude est donc supposée varier en fonction de la position de l'attitude sur ce
continuum (Fazio et al., 1986 ; Fazio, 1989 ; Fazio, 1995).
114 in Smith et Swinyard (1983) 115 Cf. Chapitre I.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
111
II.2. - Origine des contributions sur le concept de "force" : la conception de Fazio
Validé par Sanbonmatsu et Fazio (1988), la conception de Fazio qui prend la
forme du modèle "MODE" a fortement contribué à l'avancement des connaissances
dans le domaine de l'identification des composantes de force d'une attitude. En effet, en
partant de l’hypothèse selon laquelle tout comportement humain n’est pas associé
systématiquement à une forte délibération ou à une forte réflexion, Fazio (1986) avance
trois postulats majeurs :
9 Le comportement d’un individu est largement fonction de la perception,
par l’individu, de la situation immédiate du comportement ;;
9 De manière parallèle aux chercheurs en communication persuasive
(Chaiken, 1980 ; Petty et Cacioppo, 1986), Fazio (1990, p.92) pose le
rôle central de la motivation et de l’opportunité116 comme les
déterminants au mode de traitement;
9 La variable clé du modèle est l’accessibilité de l’attitude : l’attitude doit
nécessairement être activée de la mémoire de l’individu et donc
accessible pour que le comportement puisse être mis en oeuvre (Figure
III.1.). Figure III.1. : Le modèle de Fazio (1990, p.84)
Défini par “la force de l’association, dans la mémoire de l'individu, entre la
représentation de l'objet de l'attitude et son évaluation”, le degré d’accessibilité
indique selon Fazio (1990, p.81) un degré de force de l’attitude.
116 L’auteur définit la motivation comme la volonté “d’éviter d’atteindre une conclusion invalide” ;; l’opportunité est considérée comme “la pression du temps”.
Activation de l’attitude Perception
sélective
Perceptions immédiates de l’objet
de l’attitude Définition de l’événement
Comportement
Normes Définition de la situation
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
112
En figurant ainsi parmi les premiers à poser de manière explicite le rôle
important de la notion de "force" d'une attitude, Fazio modifie la conception
traditionnelle de ses prédécesseurs : il considère en effet que l’on doit se diriger vers une
vision plus étendue du construit et considérer, en conséquence que l’attitude possède
deux composantes (Fazio et Zanna, 1981 ; Fazio, 1986 ; Berger et Mitchell, 1989 ;
Berger et Alwitt, 1994) :
9 Une composante évaluative formée du jugement global favorable ou
défavorable de l’individu envers un objet ;;
9 Une composante non évaluative qui représente un indicateur de
force de l’évaluation formée.
Si la notion d'accessibilité constitue selon Fazio (1989, p.155) la clé
fondamentale de l’activation du comportement, elle n'est pas la seule variable pouvant
refléter la force d'une attitude. De nombreux travaux ont en effet mis en évidence
d'autres propriétés attitudinales supposées appréhender ce construit de force.
II.3. - Structure du concept de force
S’il existe aujourd’hui un certain consensus académique autour de l’importance
de considérer l’existence d’une composante de "force" associée à l’attitude comme le font
remarquer Berger et Alwitt (1994), les chercheurs ne sont cependant pas parvenus à
envisager une conceptualisation et une mise en oeuvre uniques de ce construit. Les
recherches menées depuis le début des années 70 ont en effet envisagé de nombreuses
variables supposées refléter ce concept. Krosnick et al. (1993) font remarquer que la
notion de "force d’une attitude" “a constitué une métaphore pour décrire les attitudes plutôt qu’un
construit formel”.
Les chercheurs s’accordent à penser qu’une attitude forte est “conséquentielle” par
nature par les propriétés qu’elle possède (Abelson, 1988 ;; Eagly et Chaiken, 1993, 1995 ;;
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
113
Olson et Zanna, 1993 ; Krosnick et al., 1993 ; Chaiken, Pomerantz et Giner-Sorolla,
1995). Une attitude "forte" a donc été définie de manière pragmatique (Krosnick et
Petty, 1994) comme un construit :
9 Elaboré via un processus cognitif intense (Petty et Cacioppo, 1986a ;
MacInnis et Jaworski, 1989 ; MacInnis, Moorman et Jaworski, 1991) ;
9 Fortement résistant au changement (Johnson et Eagly, 1990 ; Zanna,
1993 ; Petty et Krosnick, 1995) ;
9 Persistant au cours du temps ;
9 Et prédictif du comportement (Davidson et al., 1985 ; Fazio,
Sanbonmatsu, Powell et Kardes, 1986 ; Fazio, Powell et Williams,
1989).
La nature pragmatique de cette approche se trouve à l’origine de l’identification
des composants attitudinaux de force : en effet, c’est en validant l’effet de certaines
variables sur au moins l’une des propriétés précédemment énoncées que les chercheurs
ont mis en évidence que la "force" d’une attitude pouvait être notamment appréhendée
via :
9 Son accessibilité en mémoire (Anderson et Bower, 1973 ; Fazio, 1978a,
1978b ; Fazio, Chen, Mcdonel et Sherman, 1982 ; Fazio, Powell et
Herr, 1983 ; Kardes, Sanbonmatsu, Voss et Fazio, 1986 ; Houston et
Fazio, 1989) ;
9 La certitude associée à cette évaluation (Warland et Sample, 1973 ;
Fazio, 1978a, 1978b ; Fazio et Zanna, 1981 ; Davidson et al., 1985 ;
Abelson, 1988 ; Marks et Kamins, 1988 ; Berger, 1992) ;
9 La consistance entre les composants cognitifs et affectifs de l’attitude
(Rosenberg, 1968 ; Norman, 1975 ; Chaiken et Baldwin, 1981 ;
Chaiken, Pomerantz et Giner-Sorolla, 1995 ; Chaiken et Yates, 1985) ;
9 Son extrémité (Schuman et Presser, 1981 ; Judd et Krosnick, 1989).
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
114
Un examen des relations entre ces différentes variables de force a conduit les
chercheurs à conclure que ces différentes qualités attitudinales ne forment pas un
concept unique mais qu’elles représentent au contraire des qualités de force distinctes
bien que corrélées (Raden, 1985 ; Krosnick et al., 1993). Cette conception supporte
donc l’hypothèse de multidimensionnalité du concept (Tableau III.2.).
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
115
Tableau III.2. : La structure du concept de force
AUTEURS NOMBRE DE DIMENSIONS
LIBELLÉ DES DIMENSIONS ET/OU VARIABLES ASSOCIÉES EXEMPLES D’ITEMS
Lastovicka et Gardner (1979)
3
9 Importance normative 9 Engagement 9 Familiarité
Ce produit est très important pour moi personnellement J’utilise ce produit pour m’aider à exprimer mon "moi" intérieur Si je recevais une information n’allant pas dans le sens de mon choix, je maintiendrais ce choix coûte que coûte Je comprends suffisamment bien les caractéristiques des produits pour pouvoir évaluer les marques
Abelson (1988)
3
9 Préoccupation personnelle (importance personnelle, intérêt, implication) 9 Engagement émotionnel (certitude, "affectivité") 9 Elaboration cognitive (aspects liés à la connaissance)
Cette croyance est importante à mes yeux Je me sens extrêmement concerné par le sujet Je ne peux pas m’imaginer changer d’avis Mes croyances sont basées sur le sens moral que les choses devraient avoir Il m’est facile d’expliquer mon point de vue
Wilson et al. (1991)117
3
9 Dimension 1 : Expérience directe 9 Dimension 2 : Accessibilité et extrémité 9 Dimension 3 : Consistance cognitive-affective
Krosnick et al. (1993)
4118
9 Dimension 1 : Accessibilité (expérience directe) 9 Dimension 2 : Consistance cognitive-affective 9 Dimension 3 : Extrémité et certitude 9 Dimension 4 : Importance
Pomerantz, Chaiken et Tordesillas (1995)
2 9 Dimension Implication (implication, importance personnelle) 9 Dimension Engagement (certitude, extrémité)
117 Cités par Pomerantz, Chaiken et Tordesillas (1995). 118 Les auteurs font cependant remarquer l’instabilité factorielle obtenue. En effet, les résultats sont quelque peu variables d’une étude à l’autre.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
116
L'ensemble des travaux destinés à mettre en évidence la structure sous-jacente au
construit de force possèdent certaines similarités conceptuelles :
9 Toutes les analyses factorielles à l'exception de celles menées par
Verplanken (1989, 1991) mettent en évidence la multidimensionnalité
du construit ;
9 Le concept de force semble être reflété par des composants cognitifs
(e.g : la dimension "élaboration cognitive" de Abelson (1988) ou encore la
dimension "familiarité" de Lastovicka et Gardner (1979)) et affectifs,
par exemple, certains items de la dimension "engagement émotionnel" de
Abelson (1988) ;
9 Les variables reflétant la force d’une attitude semblent appartenir à
trois catégories comme le soulignent Boninger, Krosnick et Berent
(1995) :
Les caractéristiques de l’évaluation elle-même (e.g. : extrémité) ;
Les caractéristiques de la structure cognitive dans laquelle l’attitude
est mémorisée (e.g. : accessibilité, consistance cognitive-affective) ;
Les jugements ou perceptions subjectives, par l'individu, de l’attitude
(e.g. : confiance).
Des divergences notables concernent cependant :
9 Le nombre de dimensions sous-jacentes au construit : aucun consensus
ne semble se dégager puisque ce nombre varie entre 1 et 4 selon les
contributions ;
9 Les relations entre la certitude et l'extrémité d'une attitude : Pomerantz
et al. (1995) ainsi que Krosnick et al. (1993) les obtiennent sur le
même facteur contrairement à Lastovicka et Gardner (1979) et à
Abelson (1988).
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
117
Pomerantz et al. (1995) font remarquer que, contrairement à certaines études
antérieures, les deux dimensions qu'ils mettent en lumière conduisent à une structure
plus claire du construit puisqu’elles ne contiennent pas de variables pouvant constituer
soi des antécédents soit des conséquences de chaque dimension. En se fondant sur la
pertinence de leur approche, les auteurs concluent qu'il convient, pour appréhender la
force d'une attitude, de distinguer :
9 Ce qui relève de la certitude ;
9 De ce qui relève de l’importance personnelle et donc de l’implication.
En addition à ce point, les revues de la littérature de Raden (1985) ou de
Krosnick et al. (1993) mettent en outre en évidence la direction et l’intensité des
relations entre ces variables (Tableau III.3.).
Tableau III.3. : Nature de la corrélation (sens et intensité) obtenue entre les dimensions
attitudinales non évaluatives Extrémité Accessibilité Consistance cognitive-
affective
Confiance
positive et faible (McDill, 1959 ; Fazio et
Zanna, 1978a119 ; Pomerantz et al., 1995)
positive et forte (Fazio et Zanna, 1978a, 1978b,
1990)
inexistante (Norman, 1975 ; Fazio et
Zanna, 1978b)
Extrémité
positive et faible (Fazio et Zanna, 1978a ; Powell et
Fazio, 1984 ; Fazio et Williams, 1986 ; Judd et al., 1991)
positive et faible (Fazio et Zanna, 1978a)
positive et forte
(Chaiken et Yates, 1985)
Les différents aspects de force identifiés par les chercheurs ne représentant pas
une unique dimension, ils sont pour cette raison susceptibles d’induire également des
conséquences différentes (Krosnick et al., 1993). Cette raison justifie que la présentation
de trois de ces variables ainsi que celle de la nature de leur influence au sein des
mécanismes comportementaux fassent l’objet de paragraphes distincts.
119 La corrélation obtenue par les auteurs est de l'ordre de 0.31, p<0.001.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
118
Si différentes conséquences sont attribuées à la force d’une attitude (résistance,
persistance, prédictivité), nous mettrons cependant particulièrement en exergue les
recherches qui ont mis en évidence la propriété de prédictivité de l’attitude120.
II.4. - Force et prédictivité
Quatre caractéristiques de force ont été privilégiées par les chercheurs : nous
présenterons ainsi successivement la notion "d’accessibilité", celle de "consistance
cognitive-affective", et celle "d’extrémité", la caractéristique de "confiance" ou de
"certitude" fera quant à elle une présentation plus détaillée au sein d’un paragraphe
distinct.
II.4.1. - L’accessibilité d’une attitude
En comportement du consommateur et de manière très récente, les chercheurs
ont envisagé que les individus utilisent l’accessibilité comme base de leur décision
(Menon, 1993 ; Menon, Raghubir et Schwarz, 1995) et ce, indépendamment du contenu
réel de l’information (Biehal et Chakravarti, 1983 ; Schwarz et al., 1991 ; Wänke et al.,
1996, 1997). Cette notion "d’accessibilité" a été définie par Fazio (1986) comme “la force
de la relation entre l’objet et son évaluation dans la mémoire de l’individu”121.
120 Cette revue de la littérature étant motivée par un souci de concision, nous ne souhaitons pas la surcharger de l’ensemble des théories et recherches empiriques relatives à l’impact de la force de l’attitude sur sa capacité de résistance et de persistance. Bien qu’étroitement liées à la problématique de la relation entre l’attitude et le comportement (selon Eagly et Chaiken (1995), une attitude résistante sera persistante au cours du temps et conduira in fine à induire un comportement consistant), l’étude de ces deux propriétés n’a pas reçu un écho aussi important que celle de la "prédictivité" au sein des milieux académiques, en particulier dans le domaine de l’efficacité publicitaire. Le lecteur intéressé par les recherches dédiées aux mécanismes de persistance et de résistance des attitudes pourra cependant se reporter aux travaux menés notamment par Chaiken depuis le début des années 90. 121 Feldman et Lynch (1988) définissent l’accessibilité comme “la facilité avec laquelle un input peut être extrait de la mémoire”.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
119
L'accessibilité d'une attitude a été opérationalisée de plusieurs façons :
9 Par le temps que cela prend à l’individu de reporter ses attitudes envers
un objet (Fazio, 1986 ; Fazio et Williams, 1986 ; Sanbonmatsu et
Fazio, 1986122 ; Fazio, Powell et Williams, 1989) ;
9 Par la probabilité que l’individu mentionne l’objet en réponse à des
questions ouvertes (Krosnick, 1989) ;
9 Ou encore par la fréquence avec laquelle un individu pense ou discute
de l’objet (Brown, 1974).
De manière congruente avec les postulats théoriques des modèles fondateurs en
communication persuasive, les chercheurs ont postulé que le degré d'accessibilité d'une
attitude modère l'impact de l’attitude sur l’intention et le comportement. Si de
nombreux travaux valident cette hypothèse (Fazio et Zanna, 1981 ; Fazio et al., 1982 ;
Fazio, Powell et Herr, 1983 ; Powell et Fazio, 1984 ; Fazio, Powell et Williams, 1989123 ;
Millar et Millar, 1996), certains résultats obtenus en communication persuasive laissent
présager d’une réelle absence de convergence.
En communication persuasive, le modèle ELM postule que l'accessibilité d'une
attitude modère la relation attitude-comportement. Les mécanismes de formation d’une
attitude via un mode de traitement périphérique présupposent en effet l’absence d’une
association forte dans la mémoire de l’individu entre l’indicateur périphérique et l’objet
de l’attitude (Sengupta, Goodstein et Boninger, 1997) alors qu'un fort degré
d'élaboration est supposé induire une attitude plus accessible (Haugtvedt et Petty, 1992).
Ainsi, Shavitt et al. (1994) montrent que la pertinence d’un indicateur n’exerce pas
d’impact sur la composante évaluative de l'attitude en situation de faible implication.
122 in Fazio, Powell et Williams (1989). 123 Contrairement aux recherches dans ce domaine, la contribution de Fazio, Powell et Williams (1989) porte sur des produits, un comportement réel étant en outre mesuré et non une intention.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
120
Cependant, en s'appuyant sur la conception étendue de l'attitude (une attitude
contient une composante évaluative et une composante non évaluative), certains travaux
mettent en évidence un résultat qui n’avait pas toujours été pressenti de manière
théorique par les cadres fondateurs en communication persuasive : un degré
d'élaboration faible est susceptible d'exercer un impact sur la composante non
évaluative de l'attitude et d'induire ainsi une attitude forte. En effet, Alba, Marmostein
et Chattopadhyay (1992) ainsi que Sengupta et al. (1997) s'ils confirment l'hypothèse de
non influence de l'accessibilité d'un indicateur sur l'extrémité d'une attitude (évaluation)
étendent cependant cette position en affirmant que la pertinence d’un indicateur
périphérique affecte la force d’une attitude en situation de faible implication : en
postulant que les individus sont susceptibles de mémoriser fortement certains
indicateurs périphériques comme le nombre d’attributs de la marque présentés dans
l’annonce, les deux recherches précédemment citées valident l’hypothèse selon laquelle
une situation de faible implication peut conduire à une attitude forte dès lors que
l'indicateur périphérique à l'origine de la formation de l'attitude est très accessible dans
la mémoire de l'individu.
II.4.2. - La consistance cognitive-affective
L’étude de cette variable définie comme le degré de correspondance entre “le
sentiment à propos d’un objet et la croyance sur ses attributs ” (Rosenberg, 1960, 1968) n’a pas
suscité d’engouement, en communication persuasive, à l’exception d’une seule
contribution. Ce construit qui s’inscrit dans une conception bidimensionnelle de
l’attitude124 (Bagozzi, 1978) a cependant donné lieu à de plus importantes contributions
en psychologie sociale.
Selon Rosenberg (1960, 1968), les individus qui possèdent une forte consistance
cognitive-affective possèdent des attitudes “bien articulées” qui reflètent une disposition
124 Une attitude possède une composante cognitive et affective.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
121
claire et stable. Un degré important de consistance cognitive-affective, dépendant selon
les chercheurs du domaine d'investigation et non de l’individu est supposé induire :
9 Une plus grande stabilité de l’attitude (Rosenberg, 1968) ;;
9 Une relation plus forte entre l’attitude et le comportement (Norman,
1975) ;
9 Une plus grande résistance à la persuasion (Rosenberg, 1968 ; Chaiken,
1982125).
Cependant, Fazio (1978a) échoue dans sa tentative de validation de l'effet
modérateur de la consistance cognitive-affective sur la relation entre l'attitude et le
comportement. De même, précisons que sur les trois études conduites par Norman
(1975), une seule met en lumière une différence significative entre des individus à forte
et respectivement à faible consistance cognitive-affective126.
Si les recherches portant sur cette variable n'ont pas permis d'établir sans
ambiguïté l'impact modérateur de ce concept sur la relation entre l'attitude et le
comportement, un certain consensus au sein de la communauté scientifique entoure a
contrario la mise en oeuvre opérationnelle de ce construit ; les chercheurs utilisent en
effet depuis l'émergence de cette variable une procédure d'opérationalisation similaire à
celle employée par Norman (1975). Deux indexes sont comparés : une moyenne des
réponses affectives et une moyenne des réponses cognitives ; la consistance est mesurée
par la différence entre ces deux scores (Fazio, 1978a ; Chaiken et Baldwin, 1981 ;
Chaiken et Yates, 1985).
125 in Chaiken et Yates (1985). Chaiken (1982) montre que les individus possédant une forte consistance dans leurs attitudes génèrent plus de contre-arguments. 126 Les corrélations s'établissent repectivement à 0.47 (groupe "forte consistance") versus 0.28 (groupe "faible consistance).
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
122
II.4.3. - L’extrémité d'une attitude
Définie comme “l'étendue avec laquelle une attitude dévie du point neutre d’indifférence”
(Newcomb, Turner et Converse, 1965) ou par “la propension d’une attitude à s’écarter du point
central de la dimension favorable/défavorable ” (Judd et Johnson, 1981), on trouve également
cette notion sous le vocable de "polarisation" de l’attitude qui mesure la “différence
d’extrémité entre l’attitude obtenue et l’attitude initiale” (Chaiken et Yates, 1985).
Cette composante a retenu l'attention des chercheurs en communication
persuasive dès l'origine des travaux menés dans ce domaine. L'ensemble de la littérature
concernant l'identification des médiateurs des processus de formation ou de
changement d'attitude s'appuie en effet sur l'étude de l'influence du stimulus publicitaire
sur l'extrémité d'une attitude. Nous ne reviendrons donc pas ici sur ce point puisqu'il est
largement développé au sein des chapitres I et II de cette revue de la littérature, de
nombreuses recherches dans ce domaine s’appuyant en effet sur des analyses de
structure de covariance entre variables dont on apprécie l’intensité.
Parallèlement à ces trois variables (accessibilité, consistance cognitive-affective,
extrémité), les chercheurs ont également posé le rôle important de la "confiance" ou
"certitude". Certains chercheurs mettent en effet en évidence l’importance de ce
construit en tant que facteur explicatif de la force d’une attitude (Krosnick et al., 1993 ;
Pomerantz et al., 1995) à prendre en compte au même titre que l’implication. La
pertinence de ce construit de confiance dans l’étude d’un processus (l’influence
publicitaire) qui comporte une composante importante d’incertitude127 (les individus
perçoivent la publicité comme une source d’information "biaisée") justifient que lui soit
consacré l’intégralité du dernier point de cette revue de la littérature.
127 L’incertitude représente l’inverse de la confiance.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
123
III. - LA NOTION DE CONFIANCE EN PUBLICITÉ
L’étude de la confiance en publicité a poursuivi deux directions principales. Eu
égard à la clarification sémantique précédemment évoquée, les chercheurs ont étudié :
9 Le statut conceptuel de la confiance dans une croyance ou dans une
attitude émise à la suite de l’exposition à une communication
persuasive ; quelques contributions sont venues valider l’impact de cet
aspect situationnel ;
9 Le rôle de la confiance en soi, trait de personnalité durable, au sein des
mécanismes de formation ou de changement d’attitude.
III.1. - Confiance dans les aspects évaluatifs des médiateurs d’efficacité et
mécanismes de changement d’attitude
Que ce soit en comportement du consommateur ou en communication
persuasive, l’étude de la composante non évaluative de confiance d’une variable
intermédiaire d’efficacité ne s’inscrit pas au sein d’un véritable "pan" de recherche. Les
recherches en communication persuasive n'ont en effet que trop rarement intégré de
manière explicite ces construits dans les expérimentations menées ces trente dernières
années. Cependant, la compréhension du rôle de la confiance dans l’aspect évaluatif
d’une variable intermédiaire d’efficacité semble aujourd’hui intéresser de plus en
plus les chercheurs soucieux de mieux comprendre l’influence du stimulus publicitaire.
Bennett et Harrell (1975) soulignent qu'“il est probable que nos efforts de mesure des attitudes des
acheteurs soient confondus si l’échantillon des sujets inclut des individus ayant des attitudes mal
définies[...] ainsi que des individus ayant des attitudes bien définies[...]. L’inclusion d’une mesure de
confiance est à recommander dans plusieurs cas”.
III.1.1. - Définitions et nature du construit de confiance dans une évaluation
Pour mettre en évidence que des croyances ou des attitudes ne sont pas toutes
formées de manière identique, Warland et Sample (1973) donnent l'exemple suivant :
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
124
deux individus peuvent déclarer que les impôts sont trop élevés mais différer de
manière importante sur la force de conviction de leur jugement. Les individus peuvent
différer dans ce degré de conviction à la fois dans l’évaluation des caractéristiques d’un
objet (croyances) mais aussi dans l’évaluation globale de l’objet (attitude). Il en est de
même dans le domaine de l’évaluation précise ou globale de l’annonce (croyances à
l’égard de l’annonce et Aad) ou de la marque (croyances-produit et Ab). Si les notions de
"confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce" et "confiance dans Aad" n’ont pas
été véritablement clarifiées ou définies par les chercheurs, les construits de confiance
dans les croyances-produit ou de confiance dans Ab ont bénéficié, en revanche, de
définitions précises.
Le concept introduit par Howard et Sheth (1969) a été défini plus récemment
par Howard (1989, p.34) comme “le degré de certitude que le consommateur ou la consommatrice a
que son jugement quant à l’évaluation de la marque soit correct”128. Bennett et Harrell (1975)
considèrent que la définition de Howard (1989) sous-entend deux conceptualisations
théoriques de la confiance :
9 Un degré de confiance global, fortement lié à la satisfaction provenant
d’une expérience passée positive avec la marque ;;
9 La confiance en tant que capacité, pour l’individu, à évaluer les
caractéristiques d’une marque : si cette deuxième conceptualisation
pose les bases de la notion de "confiance dans une croyance",
soulignons également que c’est dans le cadre de cette
conceptualisation que s’inscrit la notion plus générale de "confiance
dans les aspects évaluatifs des médiateurs de persuasion".
Dans la littérature en psychologie, la confiance dans l’évaluation d’un objet est
donc considérée comme une dimension de force (Fazio, 1978a, 1978b ; Raden, 1985).
128 Traduit de l’anglais.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
125
Warland et Sample (1973) considèrent que la certitude avec laquelle un individu forme
un jugement attitudinal reflète “l’étendue avec laquelle un individu a réellement formé une attitude
envers un objet”. Des chercheurs ont avancé l’idée que la confiance détermine si les
individus “transforment leurs croyances en action”. (Fazio et Zanna, 1978a, 1978b ; Swann et
Ely, 1984 ; Berger et Mitchell, 1989 ; Pieters et Verplanken, 1995).
A l’instar de l’attitude, une croyance peut donc également être émise sur la base
d’un certain degré de conviction. On trouve également dans la littérature la notion de
confiance dans une croyance (“belief confidence”) définie par Bennett et Harrell (1975) ou
comme “un degré de certitude subjective associé au jugement sur les caractéristiques du produit ”.
Cette confiance reflète comme pour l’attitude, un certain degré de conviction de
l’individu (Cantril, 1946 ;; Brim, 1955 ;; Rosenberg, 1960 ;; Bennett et Harrell, 1975).
Il n’existe pas de consensus clair autour de la nature (cognitive versus affective) de
la confiance. En effet, la littérature révèle que les deux qualificatifs sont associés à ce
construit, ce qui montre que les chercheurs n’ont pas encore tranché sur son essence
intrinsèque : certains parlent en effet de “certitude cognitive” (Howard, 1989), d’autres de
"confiance affective"129 (Brim, 1955 ; Bennett et Harrell, 1975 ; Smith, 1982130). Une plus
grande convergence apparaît en revanche sur ses déterminants.
III.1.2. - Les antécédents de la confiance dans un jugement
Les chercheurs ont montré que deux types de facteurs sont susceptibles
d’expliquer des différences de confiance dans un jugement d’ordre cognitif (croyance)
ou affectif (attitude) : des variables individuelles de nature biologique ou psychologiques
ainsi que les caractéristiques de l’information elle-même.
129 Bennett et Harrell (1975) définissent la confiance affective comme “le degré de conviction avec lequel une attitude est formée”. 130 in Smith et Swinyard (1983).
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
126
III.1.2.1. - Les variables individuelles
Deux variables ont donné lieu à des travaux empiriques : le sexe de l’individu et
la perception de son appartenance à un genre. Cette deuxième variable qui représente
un construit psychologique reflète “la perception subjective, par un individu, qu'il possède des
traits de personnalité masculins ou féminins qui peut être ou ne pas être congruente avec le sexe
biologique” (Kempf, Palan et Laczniak, 1997)131.
Quelques contributions ont ainsi permis de montrer que :
9 Les hommes semblent plus confiants que les femmes : plus précisément,
Kempf, Palan et Laczniak (1997) valident l’hypothèse selon laquelle les
hommes sont plus confiants dans leur évaluation de Aad (hors
arguments) ;
9 L'identification à un genre permet d’observer des différences
significatives dans les niveaux de confiance dans les réponses
publicitaires (Coughlin et O'Connor, 1985 ; Jaffe, 1991) ; Kempf, Palan
et Laczniak (1997) valident une influence de l'identification au genre
masculin sur la confiance dans Aad mais ne parviennent cependant pas à
confirmer cet impact pour la confiance dans les croyances-produit.
III.1.2.2. - Les antécédents liés au stimulus
Les chercheurs valident l'influence positive de trois caractéristiques de l'input
"information" sur la confiance de l'individu dans un jugement :
9 La quantité d’information (Oskamp, 1965 ; Sheth et Venkatesen, 1968 ;
Berscheid et al., 1976 ; Dover et Olson, 1977 ; Fazio, 1978a, 1978b ;
131 La considération de cette variable pour rendre compte de mécanismes de persuasion provient du fait que de nombreuses annonces associent souvent explicitement le produit communiqué à des caractéristiques masculines ou féminines. On mesure donc chez l’individu son appartenance à l’une des trois catégories suivantes : masculinité, féminité, caractère androgyne.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
127
Farley, Katz et Lehmann, 1978 ; Davidson, Yantis, Norwood et
Montano, 1985 ; Peterson et Pitz, 1988 ; Smith et Swinyard, 1988) ;
9 La crédibilité de l’information (Fishbein et Ajzen, 1975) ;
9 La consistance de l'information au sein des sources disponibles
(Heslin, Blake et Rotton, 1972 ; Kahneman et Tversky, 1973).
III.I.3. - Processus persuasif et confiance dans les réponses publicitaires
Peu de recherches empiriques ont étudié le rôle de la confiance dans les
réponses publicitaires au sein du processus persuasif. En effet, ce n’est que très
récemment que les chercheurs en communication persuasive ont commencé à adopter
dans leurs travaux la vision "étendue" du construit d'attitude des psychosociologues
(Fazio, 1978a, 1978b) : l’attitude possède une composante évaluative et une composante
non évaluative. Laczniak et Muehling (1993) à la suite de Areni et Lutz (1988) indiquent
que l’on doit séparer, au niveau de l’attitude, ce qui relève de l’évaluation (valence) de ce
qui relève de la certitude ("strength") avec laquelle l’évaluation est formée. Venkatraman
et al. (1990) figurent parmi les premiers à mettre explicitement en évidence dans un
contexte d’exposition publicitaire que les jugements sur un message publicitaire
possèdent deux composantes. Leur analyse descriptive132 révèle en effet les deux
dimensions suivantes du message : son "caractère persuasif " (aspect évaluatif) et la
"confiance" dans le jugement (aspect non évaluatif).
Les résultats obtenus dans les travaux en communication persuasive ainsi que
dans les travaux non exclusivement menés dans un contexte de persuasion publicitaire
permettent de mettre à jour un ensemble de résultats fondamentaux concernant le rôle
de la confiance dans les aspects évaluatifs des variables médiatrices des processus de
persuasion. De manière schématique, les recherches dans ce domaine se sont orientées
vers :
132 Les auteurs ont effectué une analyse en composantes principales.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
128
9 L’étude de la relation entre la confiance et le traitement cognitif du
message ;
9 L’influence modératrice de la confiance au sein du processus de
formation et/ou de changement d’attitude par son impact :
sur les niveaux moyens des médiateurs d’efficacité ;;
sur la force des relations de causalité entre variables d'efficacité ;
9 L'influence de variables se situant en amont des processus de
persuasion (implication, besoin de cognition et répétition publicitaire)
sur l'importance relative de niveaux de confiance dans les réponses
émises à la suite de l'exposition au stimulus.
III.1.3.1. - Influence cognitive de la confiance
Deux aspects ont été étudiés : d’une part, la relation entre la confiance dans une
croyance ou une attitude initiales et l'intensité de la recherche d'informations, d’autre
part, la relation entre la confiance et l’intensité de l’élaboration cognitive. Les chercheurs
ont mis en évidence :
9 L’existence d'une relation négative entre la confiance dans une attitude initiale et
l'intensité de la recherche d'informations. Cependant, certains travaux ne convergent
pas vers ce résultat général.
Howard et Sheth (1969) ainsi que Howard (1989, p.431) postulent
que la confiance est reliée négativement à la motivation : plus la
confiance est faible, plus la recherche d'informations est importante.
Lanzetta (1967)133 établit que l'incertitude subjective (l'inverse de la
confiance) varie directement avec la préférence d'un individu pour une
information supplémentaire. Laroche et Sadokierski (1994) avancent
l'explication suivante : les individus fortement confiants dans leur
attitude sont plus proches du niveau d’équilibre motivationnel en 133 in Howard (1989, p.431). Lanzetta (1967) formule conceptuellement l'incertitude de la manière suivante : H = - pi log2 pi avec : H : quantité d'incertitude ; pi : probabilité d'occurrence de la ième réponse.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
129
accord avec la recherche d’informations (Howard, 1989). Lorsque les
individus approchent cet équilibre, ils ont moins besoin d’information
et ainsi plus susceptibles d’être prêts pour l’action.
Pomerantz et al. (1995) obtiennent cependant une absence de
corrélation entre la dimension "Engagement" du concept de force de
l'attitude (items de certitude et d’extrémité de l’attitude) et la recherche
d’informations. (t = 1.44, n.s).
Des niveaux de confiance faibles ne sont pas forcément à l’origine
d’une augmentation de la recherche d’informations : Urbany, Dickson
et Wilkie (1989) montrent que l’incertitude de connaissance
(incertitude dans l’attitude) a un effet seulement légèrement négatif sur
la recherche d’informations. Les auteurs postulent qu’un faible degré
de confiance est associé à une capacité réduite de compréhension et
d'utilisation d'une nouvelle information.
9 L’existence d’une relation entre la confiance et l’élaboration cognitive : les chercheurs
ont mis en évidence :
Une absence d'influence du degré d'attention sur le niveau moyen de
confiance dans l'attitude : Pomerantz et al. (1995) n’obtiennent pas de
relation entre le degré d'attention et la dimension "Engagement" du
concept de force reflétée par des items de certitude et d'extrémité de
l'attitude.
Une relation négative entre la mémorisation et la confiance dans
l'attitude : Pomerantz et al. (1995) mettent en évidence qu'un fort
engagement de l'individu est associé à une mémorisation décroissante
(t = - 1.82, p<0.1).
Une relation positive entre l'intensité de l'élaboration cognitive et la
confiance dans l'attitude : Pomerantz et al. (1995) obtiennent une
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
130
corrélation significative entre ces deux variables : un plus grand
"Engagement" dans l'attitude est associé à la production de réponses
plus favorables (t = 2.19, p<0.05). Certains chercheurs ont avancé
l'explication suivante : la confiance (dans une croyance ou dans une
attitude), similaire à un engagement de l’individu (Yi, 1990b), induit
une réaction défensive de la part de l'individu sous la forme d'une
contre-argumentation plus intense (Hass, 1981). Ainsi, il est attendu
un effet plus important d’une annonce contenant une croyance
contradictoire sur le changement des croyances de l'individu à l'égard
du produit pour les individus fortement confiants dans leurs
croyances initiales que pour les individus faiblement confiants (Yi,
1990, b).
En outre, selon Pomerantz et al. (1995), l’élaboration cognitive est
médiatrice des effets de la confiance sur la polarisation de l'attitude
comme l’avait établi Tesser (1978) : un fort engagement conduit à une
forte élaboration qui conduit à fort degré d'évaluation de l’attitude.
Selon ces auteurs, leurs résultats suggèrent que l’engagement exerce
son impact via des mécanismes motivationnels (Eagly et Chaiken,
1993) : lorsque les individus sont fortement engagés dans leurs
croyances ou leurs attitudes, ils sont susceptibles d’être motivés de
manière plus importante pour défendre ces convictions. Une telle
motivation est susceptible d’encourager un traitement cognitif sélectif
de l’information (Chaiken, Liberman et Eagly, 1989). Les analyses
factorielles antérieures établissant la structure de la force d'une attitude
et qui ont montré que des items plus affectifs tendent à se charger
avec ceux qui composent la dimension "Engagement" (Lastovicka et
Gardner, 1979 ; Abelson, 1988) vont dans le sens de l'identification
des propriétés motivationnelles de cette dimension.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
131
III.1.3.2. - L’influence modératrice de la confiance
Il existe dans cette aire de recherche de nombreux travaux, non exclusivement
menés dans un contexte de persuasion publicitaire, qui permettent néanmoins d'établir
une influence modératrice de la confiance par l’impact qu’exerce cette variable soit sur
les niveaux moyens des aspects évaluatifs des médiateurs de persuasion soit sur la force
de certaines relations de causalité entre variables d’efficacité (MacKenzie et Spreng,
1992). Ont été en effet mis à jour l’impact modérateur de :
9 La confiance dans les croyances-produit initiale sur les effets d'une
annonce destinée à modifier des croyances existantes (Wright, 1975 ;
Eagly, 1981 ; Yi, 1990b134) ;
9 La confiance dans les croyances-produit sur les niveaux moyens de Ab
(Howard et Sheth, 1969 ; Bennett et Harrell, 1975 ; Dover et Olson,
1977 ; Smith, 1982) ;
9 La confiance dans Ab sur les niveaux moyens de Ib :
Il s'agit probablement du résultat le plus fréquemment mis en
évidence dans cette aire de recherche et ce, principalement en
comportement du consommateur (Howard et Sheth, 1969 ; Fazio et
Zanna, 1978b ; Howard, 1977 ; Laroche et Howard, 1980 ; Laroche et
Sadokierski, 1994135 ; Laroche et Caron, 1995 ; Laroche, Kim et Zhou,
1995) ;
9 La confiance dans Ab sur la force de la relation entre Ab et Ib ou entre
Ab et le comportement : la force d'une attitude selon le critère de
"confiance dans l’attitude" modère l'impact de cette attitude sur
l'intention (Fazio et Zanna, 1978 ; Chaiken et Baldwin, 1981 ; Budd et
Spencer, 1984 ; Budd, 1986) et sur le comportement (Warland et
134 L’auteur fait remarquer la situation de forte implication qui entoure son expérimentation. 135 Les auteurs montrent que l’intention de sélectionner une firme d’investissement est fonction de la confiance dans l’évaluation de la firme. Les auteurs font remarquer la supériorité du pouvoir explicatif de l’intention par la confiance sur celui de l’attitude.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
132
Sample, 1973 ; Davidson et al., 1985 ; Fazio et al., 1986 ; Berger et
Mitchell, 1989 ; Fazio, Powell et Williams, 1989) ; en proposant leur
modèle de traitement de l'information, Smith et Swinyard (1982)
soulignent, en comparant une situation d'expérience directe avec un
produit et une expérience indirecte (publicité) deux aspects
fondamentaux :
Une expérience directe avec le produit induit des attitudes formées
avec plus de confiance. Selon Fazio et Zanna (1981, p.182), “l’expérience
directe produit une attitude mieux définie et créée avec une plus grande confiance
qu’une attitude formée par des moyens plus indirects”. La confiance dans une
attitude basée sur une expérience directe est supposée forte car la
croyance dans la validité d'une expérience sensorielle est si basique, si
fondamentale qu'elle ne peut être remise en question (Bem, 1970) ; a
contrario, la publicité représente une source d'information que l'individu
juge comme "biaisée" ;
La confiance dans l'attitude modère l'impact d'une communication
persuasive : l'acceptation des arguments d'une communication
persuasive est souvent inhibée par une résistance cognitive des
consommateurs prenant la forme d'une dérogation à la source ou de la
production de contre-arguments. Ainsi, lorsque la résistance cognitive
est forte, l'association entre le produit et ses caractéristiques
(accessibilité de l'attitude) ainsi que la confiance dans l'attitude sont
susceptibles d'être faibles (Figure III.2.).
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
133
Figure III.2. : Modèle intégré de réponse à l’information (Smith et
Swinyard, 1982)
En croisant l'engagement comportemental avec la force de l'attitude,
le modèle intégré de réponse à l'information établit certaines
prédictions concernant la force de la relation entre l'attitude et le
comportement (Tableau III.4.).
Tableau III.4. : Force de la relation attitude-comportement selon la nature
du comportement et la force de l'attitude (Smith et Swinyard, 1983)
NATURE DU COMPORTEMENT Essai Engagement
Faible
causalité modérée
causalité faible
FORCE DE L'ATTITUDE
Forte
causalité élevée
causalité forte
Si l'attitude est créée avec peu de confiance (force de l'attitude
faible)136, des corrélations plutôt faibles entre attitude et
comportement sont prédites ; comme le suggèrent Petty et Cacioppo
(1986, p.22), la confiance dans l’attitude est supposée exercer une
influence sur la persistance de l’attitude qui induit elle-même une forte
prédictivité de l'attitude137.
136 Les consommateurs s'engageront alors ou pas dans l'essai du produit. 137 Malheureusement, comme le déplorent Sengupta et al. (1997), aucune recherche n’a été explicitement dédiée à cela. Pelham (1991) montre cependant que la confiance dans une croyance favorise la stabilité de cette croyance au cours du temps.
Source de l’information
Acceptation de l’information
Cognitions Affect Conation
Publicité
Expérience directe
faible
forte
croyances "faibles"
"affect faible"
essai du produit +
croyances " fortes"
+ "affect fort" engagement
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
134
Les consommateurs qui auront créé des attitudes plus fortes seront
beaucoup plus susceptibles de refléter ces sentiments de façon
consistante138 avec leur comportement (Rosenberg, 1960).
III.1.3.3. - Influence de l'implication, de la répétition publicitaire et du besoin de
cognition sur la confiance dans les aspects évaluatifs des médiateurs de persuasion
9 Influence de l’implication publicitaire
Les cadres fondateurs en communication persuasive s’ils pressentent de manière
théorique l’influence que l’implication publicitaire peut exercer sur la force d’une
attitude n’ont pas offert de validation empirique de cette hypothèse. D’autres
contributions sont venues depuis apporter des résultats allant dans le sens de la
reconnaissance que l’implication publicitaire représente un antécédent à la force d’un
aspect évaluatif, selon le critère de confiance. Cependant seule l’influence de
l’implication dans le traitement du message (versus implication dans le traitement des
autres éléments contenus dans l’annonce) a donné lieu à des investigations en outre très
isolées. Ainsi, Laczniak et Muehling (1993) montrent une influence de l’implication dans
le traitement des informations (MacKenzie et Lutz, 1989 ; Andrews et al., 1990) sur :
9 Les niveaux moyens de confiance dans Aad ;
9 Les niveaux moyens de confiance dans les croyances-produit.
138 Les individus ayant formé des attitudes favorables envers le produit s'engageront dans un comportement de faible risque tel que l'essai ; a contrario, les personnes disposant d'attitudes défavorables n'achèteront pas un produit "dévalué" dans leur esprit. Dans ces deux cas, les individus se comporteront en accord (consistance) avec leurs attitudes.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
135
9 La contribution de la confiance à l’explication de l’hypothèse de “the mere-
exposure effect”
Le résultat communément admis au sein du paradigme de recherche nommé the
"mere-exposure effect" (Sawyer, 1981 ; Cacioppo et Petty, 1979 ; Mitchell et Olson, 1981)
est de trouver une relation curvilinéaire (en "U" inversé) entre la fréquence d'exposition
et l'attitude : ainsi, si l'on observe qu'un individu évalue de plus en plus favorablement
l'objet de l'attitude au fur et à mesure que le nombre d'expositions publicitaires croît,
l'on a pu également mettre en évidence qu'il se produit au cours du temps un
phénomène de saturation qui engendre un certain degré d’inattention, voire des
réactions négatives à l’égard du message, inhibant ainsi la formation et/ou le maintien
d’attitudes favorables (Petty et Cacioppo, 1979 ;; Calder et Sternthal, 1980). Cependant, à
l’intérieur de ce paradigme de recherche, certains résultats ont conduit les chercheurs à
s'interroger : en effet, certaines contributions rapportent une influence positive
importante de la fréquence publicitaire sur la notoriété de la marque et l’intention
d’achat de la marque avec une absence d'influence ou une influence très faible sur
l’évaluation de l’attitude (Sawyer, 1974 ;; Ray et al., 1973 ; Aaker et Myers, 1982).
D’autres recherches valident une influence positive de la répétition publicitaire sur la
composante non évaluative de confiance139 (Berger et Mitchell, 1989140). Deux
explications majeures sont proposées :
Le simple fait de répéter une décision attitudinale augmente la
confiance dans la décision (Einhorn et Hogarth, 1981) ;
L’exposition répétée conduit les individus à traiter une plus grande
quantité d’information contenue dans l’annonce, induisant de ce fait
139 Le souci de synthèse qui anime cette revue de la littérature nous conduit à ne pas présenter l’influence de la répétition publicitaire sur les autres dimensions de force identifiées par les chercheurs. Cette influence existe cependant : rappelons ou précisons par exemple que l’influence de la répétition sur l’extrémité de l’attitude (Zajonc, 1968 ; Tesser et Leone, 1977 ; Judd et al., 1991 ) et l’accessibilité de l’attitude (Fazio et al., 1982 ; Smith et Swinyard, 1983 ; Powell et Fazio, 1984) ont également été validées. 140 La recherche de ces auteurs porte sur un produit de consommation (cinq marques de friandises) et sous une condition de forte implication selon la procédure employée par Petty et Cacioppo (1983) pour induire de forts degrés d’élaboration cognitive chez les répondants.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
136
une plus grande confiance dans l’attitude formée. Cette explication
rejoint les travaux qui ont établi l'importance de la quantité
d'informations en tant qu'antécédent de la confiance.
9 Influence du besoin de cognition
En addition à ces deux caractéristiques liées à la situation d'exposition
(implication et répétition publicitaire), l'impact d'un trait de personnalité, le besoin de
cognition, a été étudié. L'attrait pour ce construit141 a motivé Venkatraman et al. (1990)
à envisager l’influence de ce concept sur les niveaux moyens de confiance dans les
croyances à l’égard de l’annonce, impact supposé modéré par la nature de l’annonce :
plus le besoin de cognition augmente, plus la confiance dans l’attitude envers l’annonce
“factuelle” (Holbrook, 1978) est importante ;; par contre, ces chercheurs échouent dans
leur tentative de validation de l’hypothèse selon laquelle plus le besoin de cognition
diminue, plus l’annonce “évaluative” est jugée avec une forte confiance.
Seules ces trois variables (implication, répétition publicitaire et besoin de
cognition) ont donné lieu à quelques recherches sur l'identification de facteurs
susceptibles d'expliquer une variabilité de contribution de la dimension non évaluative
de confiance des croyances ou des attitudes au sein des mécanismes de persuasion. De
manière plutôt schématique, la recherche sur le sujet appelle des contributions
empiriques destinées à :
9 Envisager l’impact de ces variables sur les niveaux de confiance dans
d’autres médiateurs de persuasion ;;
9 Envisager l’influence d’autres variables que les trois précédemment
citées : l’estime de soi ou la confiance dans le traitement des
informations, constituant au même titre que le besoin de cognition des
141 Dans la même veine, Smith, Haugtvedt et Petty (1994) montrent l’influence du besoin de cognition sur une autre composante de force de Ab : son accessibilité.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
137
traits de personnalité des individus, méritent à ce titre d’être intégrées
dès lors qu’il s’agit d’apprécier l’impact d’une communication
persuasive sur la composante de certitude associée aux différents
médiateurs d’efficacité.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
138
La seule analyse du rôle de la confiance en tant que variable de nature
situationnelle ne saurait rendre compte de manière totale de la contribution du construit
de confiance dans le domaine de l'étude des processus d'influence publicitaire. Les
individus se distinguant en effet par un ensemble de traits psychologiques caractérisant
une orientation durable de leur personnalité, leur confiance en eux (en dehors de toute
exposition publicitaire), doit également être étudiée. Cette variable a surtout été prise en
compte jusqu’au début des années 80 en communication persuasive puis s’est trouvée
délaissée au profit d’autres traits de personnalité comme le besoin de cognition. Des
contributions plutôt isolées soulignent néanmoins le regain d’intérêt qu’elle suscite au
sein des milieux académiques depuis le début des années 90.
III.2.- La confiance en soi, trait de personnalité
Shrauger (1990) définit la confiance en soi de manière très générale par “la
sensation qu'un individu a de sa capacité à appréhender diverses situations”. La définition même de
ce concept psychologique classe cette variable au sein des éléments déterminant la
capacité à traiter l'annonce et permettant de discriminer les individus entre eux : le
simple bon sens suggère que tous les individus n'ont effectivement pas le même degré
de confiance en eux. Si un consensus se dégage sur le statut "modérateur" de cette
variable, une certaine divergence conceptuelle émerge de la littérature. Les notions de
"confiance en soi globale" et de "confiance dans le traitement des informations" méritant en effet
une certaine clarification.
A la suite d’une clarification sémantique du construit, nous présenterons ses
antécédents et en dernier lieu l’ensemble des contributions permettant de comprendre
l’influence de la confiance en soi en tant que trait de personnalité au sein des processus
de persuasion publicitaire.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
139
III.2.1. - Clarification sémantique
Wright (1975)142 suggère de distinguer la "confiance en soi" de la "confiance dans le
traitement des informations". Si le premier concept représente la “capacité qu'un individu pense
avoir, à la suite d'observations menées au cours du temps, d'appréhender différents problèmes de la vie
courante”, la confiance dans le traitement des informations supposée "sociale et cognitive"
par l’auteur se définit comme “la capacité d'un individu à juger de manière critique une nouvelle
information”143 : ce type de confiance représente “la confiance que l’on a dans la réalisation
d’une tâche précise ou dans la résolution d’un problème spécifique” (Shuchman et Perry, 1969).
Ainsi, en classifiant les différentes situations d'influence rencontrées par un individu le
long d'un continuum allant des situations très "sociales" aux situations très peu "sociales",
Wright (1975) fait remarquer que les différences pouvant être observées parmi les
réactions émises à la suite de l'exposition à une communication persuasive144 sont
susceptibles d'être mieux expliquées par des différences individuelles en matière de
capacité à traiter les informations contenues dans le message plutôt que par une
confiance en soi globale ou estime de soi.
III.2.2. - Les antécédents de la confiance en soi, trait de personnalité durable
Les chercheurs ont envisagé et validé l'hypothèse selon laquelle des antécédents
de nature biologique comme le sexe de l'individu ou psychologique comme
l’identification à un "genre" précis expliquent des différences en matière de confiance en
soi.
9 Le sexe biologique de l'individu : en marketing, l'utilisation du sexe comme
base d'une segmentation est très ancien. Darley et Smith (1995) rapportent que dès
142 Cox et Bauer (1964) avaient précédemment souligné la pertinence qu'il y a à distinguer la "confiance en soi générale" d’une "confiance en soi spécifique". 143 Selon cet auteur et de manière shématique, un individu peut estimer qu'il a confiance en lui de manière générale mais qu'il a très peu confiance en lui en ce qui concerne son aptitude à traiter l'information provenant de sources comme les mass-média. 144 La situation d'influence d'un individu via son exposition à une communication persuasive émanant d'un média semble très peu "sociale" en comparaison à une situation d'influence inter-personnelle (Zarnoth et Sniezek, 1997).
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
140
1911, J. Walter Thompson souhaitait atteindre chaque segment en établissant des
groupes d’hommes et de femmes pour concevoir les annonces publicitaires et ainsi
optimiser l'impact des communications publicitaires. L’étude de cette variable en
comportement du consommateur provient de la mise en évidence, par les chercheurs,
de l'influence de cette caractéristique individuelle sur l'intensité du traitement de
l'information. En accord avec le “modèle sélectif de traitement de l'information” de Meyers-
Levy (1989 ; Meyers-Levy et Sternthal, 1991), des travaux ont en effet montré que les
hommes ont tendance à utiliser un mode heuristique de traitement, les femmes étant
plus susceptibles de recourir à un mode de traitement extensif de l’information (Eagly,
1978 ; Holbrook, 1986). Cependant, dans des situations où les individus sont motivés
pour s'engager dans un mode de traitement approfondi, la différence entre hommes et
femmes disparaît (Meyers-Levy et Maheswaran, 1991). La littérature dévoile cependant
des résultats plutôt contradictoires en matière d'influence du sexe sur la confiance en
soi. Ont en effet été mis à jour :
Une plus grande confiance en soi des hommes que des femmes
(Lenney, 1977 ; Maccoby et Jacklin, 1974 ; White, DeSanctis et Crino,
1981 ; Andrews, 1987 ; Allgood-Merten et Stockard, 1991 ; Feather,
1991) ;; ce résultat est cependant invalidé par d’autres travaux qui
n’obtiennent aucune différence (Zuckerman, 1985 ;; Simpson et al.,
1990 ; Chusmir, Koberg et Stecher, 1992 ;; Mehta, 1999) ;; d’autres
chercheurs à l’instar de Connell et al. (1994)145 rapportent des niveaux
de confiance au contraire plus élevés chez les femmes. Feingold
(1994) soucieux de trancher sur ce sujet rapporte de sa méta-analyse
que les hommes semblent légèrement plus confiants que les femmes.
Une plus grande confiance des hommes dans le traitement des
informations contenues dans l'annonce que celle des femmes (Meyers-
145 in Kling et al. (1999).
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
141
Levy et Maheswaran, 1991 ; Darley et Smith, 1995 ; Kempf, Palan et
Laczniak, 1997).
9 L'identification, de l'individu, à un "genre" précis : cette variable explique des
différences obtenues en matière de :
Confiance en soi générale : Spence, Helmreich et Stapp (1975) ainsi
que Chusmir, Koberg et Stecher (1992) rapportent que l'identification
à des caractéristiques masculines est plus fortement corrélée à la
confiance en soi que l'identification à des traits féminins ;
Confiance dans le traitement de l'information : les individus
s'identifiant à des traits masculins possèdent une plus grande
confiance dans le traitement de l'information que ceux qui suivent des
schémas féminins (Kempf, Palan et Laczniak, 1997).
Les études utilisant à la fois le sexe biologique et l'identité de genre ont en
général montré que le sexe biologique est un meilleur prédicteur que la variable
"identification à un genre" (Gentry et Doering, 1977 ; Alreck, Settle et Belch, 1982).
III.2.3. - Confiance en soi générale et mécanismes de persuasion
Quelle que soit la conceptualisation retenue (confiance en soi "globale" versus
"spécifique"), les chercheurs s'accordent à penser que la confiance en soi et l'acceptation
du message sont étroitement liées.
III.2.3.1. - Nature de la relation entre la confiance en soi et l'acceptation du
message
Si l’ensemble des recherches sur la relation entre la confiance en soi et la
tendance d'un individu à être persuadé mettent bien en évidence l'existence d'une
relation entre cette variable et l’impact persuasif, il n'existe pas de consensus aujourd'hui
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
142
sur la forme de cette relation. Les travaux menés dans ce domaine avancent en effet
trois hypothèses concurrentes :
9 L'existence d'une relation négative et monotone : les individus qui ont
peu confiance en eux sont plus susceptibles d'être persuadés que les
individus exprimant une estime d'eux-mêmes importante ; une
confiance en soi forte induirait quant à elle une faible acceptation du
message (Berkowitz et Lundy, 1957 ; Asch, 1958 ; Janis et Field, 1959 ;
Bither et Wright, 1973 ; Wright, 1975) en favorisant la production d'une
importante quantité de contre-arguments au message (Wright, 1971146).
Une explication à ce résultat avait été formulée par Cohen dès 1959 qui
considérait que les individus fortement confiants voient dans la
tentative de persuasion sous-jacente à la communication publicitaire
une atteinte à leur ego, préférant donc discréditer le message en guise de
défense ;
9 L'existence d'une relation positive et monotone : les individus fortement
confiants font l'objet d'une plus grande influence du message
publicitaire (Nisbett et Gordon, 1967 ; McGuire, 1969) ; Wright (1975)
invalide cependant la forme de cette relation ;
9 L'existence d'une relation en "U" inversé : l'acceptation du message la
plus élevée est obtenue pour les individus possédant une confiance en
eux moyenne (Nisbett et Gordon, 1967 ; Barach, 1969 ; Cox et Bauer,
1964 ;; Bither et Wright, 1973) ;; Cohen (1959) avance l’explication
suivante : les individus moyennement confiants sont motivés pour
analyser l'information contenue dans le message car elle est susceptible
de les aider à mieux se comporter dans le futur ; dans ce cas, les
individus possédant une confiance en eux faible et forte sont les plus
difficiles à persuader.
146 in Bither et Wright (1973)
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
143
C’est en souhaitant comprendre la raison de l'existence dans certains cas d'une
relation curvilinéaire entre la confiance en soi et l'acceptation du message que les
chercheurs se sont penchés sur la variable de "distraction" au sein des mécanismes
persuasifs. Cependant, dans ce domaine également, les résultats émanant de ces
recherches se trouvent limités par une absence de convergence.
III.2.3.2. - Le rôle de la distraction au sein de la relation entre la confiance en soi et
l’acceptation du message
Sous une perspective de traitement de l'information, McGuire (1968, p.1150)
suggère que la confiance en soi est “[...] positivement reliée à l'attention et à la compréhension
puisque un manque d'estime est communément associé à la distraction, à un manque d'intelligence [...]”.
Bien que non validée de manière empirique, cette proposition a eu le mérite d'offrir un
champ d'application privilégié et pertinent à l'"hypothèse de distraction" initialement
formulée par Festinger et Macoby (1964) et de favoriser ainsi de nombreux travaux sur
l'influence de la distraction au sein de la relation entre la confiance en soi et les
mécanismes de changement d'attitude.
En cas de réception limitée par une forte distraction, il est fait l'hypothèse que
les individus faiblement confiants seront moins enclins à être persuadés compte tenu de
l'inhibition de leur capacité de réception ; les hypothèses émises par Bither et Wright
(1973) rejoignent ce postulat puisque ces chercheurs suggèrent qu'un environnement
exempt de distraction conduit à une relation négative entre la confiance en soi et
l'acceptation du message mais que des niveaux modérés de distraction sont susceptibles
d'induire une relation curvilinéaire (en "U")147. Les auteurs attribuent ce résultat à la
raison suivante : les individus possédant une faible confiance en eux peuvent trouver
difficile de traiter l'information sous une condition de forte distraction : dans ce cas, ils
147 Les chercheurs ont trouvé une relation linéaire parmi les individus exposés à une annonce TV contenant une certaine homogénéité entre la musique et les visuels et une relation curvilinéaire pour deux échantillons de sujets exposés à des annonces contenant différents niveaux de distraction.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
144
sont susceptibles d’opter en conséquence pour un mode de traitement périphérique.
Wright (1975) valide le caractère inhibiteur de la distraction sur la persuasion d’individus
faiblement confiants lors d'une expérimentation portant sur un message audio, dont le
traitement est supposé plus contraint (par la présence d'une forte distraction) que celui
d'un message-presse148.
A la lumière des travaux portant sur l'influence de la confiance en soi au sein des
processus de persuasion, il apparaît que :
9 Peu de convergence caractérisent ces contributions ;
9 Contrairement à d'autres variables modératrices (comme l'implication),
les chercheurs n'aient que très rarement suggéré l’influence de ce
construit sur la variabilité de la force des relations de causalité entre les
médiateurs du processus de persuasion.
Ces deux remarques justifient que soit réexaminé le rôle de la confiance en soi,
trait de personnalité durable, comme une variable susceptible de discriminer les
individus entre eux et par là-même de conditionner l’intensité et la nature du traitement
des informations véhiculées par l’annonce.
148 Les auteurs précisent que la vitesse de transmission de l'annonce audio est pré-programmée, échappant par là-même à un contrôle du récepteur. Par contre, les annonces presse contraignent moins les individus dans leur traitement du stimulus publicitaire.
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
145
SYNTHÈSE DU CHAPITRE III -
Confiance en soi et persuasion
Plutôt méconnu en comportement du consommateur, le concept de confiance a
retenu l’attention des chercheurs de manière plus prononcée en Gestion et en
Marketing par la mise en évidence du rôle de ce construit dans les relations entre agents
économiques (Usunier, 1990 ; Murphy et Gundlach, 1997 ; Usunier et Roger, 1998).
Un examen de la littérature en communication persuasive révèle néanmoins que l’étude
de ce concept, plus précisément celui de la "confiance en soi", a fait l’objet de
développements théoriques et empiriques destinés à clarifier le construit et à en étudier
l’impact potentiel au sein des processus persuasifs. Les recherches menées ont ainsi
permis de :
9 mettre à jour deux composantes à la confiance en soi, une composante
durable, globale ou spécifique (Wright, 1975) et une composante situationnelle liée à un
ensemble de stimuli possibles dont la publicité fait partie ;
9 montrer que la confiance situationnelle représente, au même titre que
l’accessibilité, la consistance cognitive-affective, l’extrémité ou l’importance, une
caractéristique de force pouvant être associée à une évaluation spécifique (croyance) ou
globale (attitude) d’un objet et constituant un déterminant important de la persistance,
de la résistance et/ou de la prédictivité de l’évaluation considérée (Howard, 1989 ;;
Johnson et Eagly, 1990 ; Zanna, 1993 ; Petty et Krosnick, 1995, etc.). Les travaux menés
dans le domaine de la "prédictivité" d’une évaluation se sont majoritairement attachés à
montrer les influences modératrices de la confiance dans les croyances-produit et de la
confiance dans l’attitude envers la marque au sein des processus de formation de Ab et
de Ib (Howard et Sheth, 1969 ; Bennett et Harrell, 1975 ; Smith, 1982 ; Budd, 1986 ;
Laroche et Sadokierski, 1994 ; Laroche et Caron, 1995 ; Laroche et al., 1995 ; etc.) ;
Chapitre III - Confiance en soi et persuasion
146
SYNTHÈSE DU CHAPITRE III - (suite)
9 établir que la composante durable en tant que trait de personnalité durable et
antécédent de la capacité à traiter l’annonce est par là-même susceptible de discriminer
les individus entre eux sur la base d’un traitement de l’information différent. Cependant,
aucun consensus n’émerge de la littérature en ce qui concerne la forme de la relation
entre la confiance en soi et l’acceptation du message puisque les chercheurs ont tour à
tour et de manière concurrente mis en évidence une relation monotone négative,
monotone positive ou une relation en "U" inversé. Une explication possible par la prise
en compte de la distraction au sein de ce schéma n’aboutit pas non plus à une
clarification des mécanismes d’influence de la confiance en soi au sein des processus de
persuasion (McGuire, 1968 ; Bither et Wright, 1973).
Susceptible de discriminer les individus sur la base d’une différence en matière
de traitement et de réponse à l’information, la confiance en soi mérite donc une
attention accrue des chercheurs soucieux d’expliquer l’influence du stimulus publicitaire
sur le processus de formation et/ou de changement de l’attitude envers la marque.
147
A la lumière de la revue de la littérature relative aux processus de formation
et/ou de changement de l’attitude envers la marque sous influence publicitaire, certains
points méritent à nos yeux de faire l’objet d’une réflexion approfondie, dont la finalité
est d’offrir une représentation synoptique, via une modélisation générale du processus
étudié, d’un ensemble de propositions théoriques personnelles qui seront in fine
confrontées à un terrain. Cette deuxième partie qui constitue en effet le coeur de notre
contribution doctorale se voit assignée d’un triple objectif :
9 Etablir la pertinence d’une étude des processus de persuasion
publicitaire par la confiance en soi ;
9 Proposer en conséquence un ensemble d’hypothèses spécifiques ;;
9 Choisir une méthodologie de collecte, de mesure et de validation
adéquate.
Sans reprendre exactement cette articulation sous-jacente, ce triple objectif
oriente néanmoins logiquement la décomposition de cette deuxième partie selon les
trois chapitres suivants :
9 Un premier chapitre a pour vocation de conceptualiser notre
contribution en offrant un cadre théorique ainsi qu’un ensemble de
postulats spécifiques à notre domaine d’investigation (chapitre IV) ;
9 Un deuxième chapitre s’attachera à présenter les choix
méthodologiques relatifs à la mise en oeuvre, à la collecte et à la
vérification de la qualité des concepts endogènes du modèle théorique
de persuasion proposé (chapitre V) ;
9 Le dernier volet de cette partie précisera l’ensemble des aspects
méthodologiques relatifs à la validation des hypothèses de recherche
(chapitre VI).
Chapitre IV - Conceptualisation 148
Après avoir justifié de la pertinence de prendre en compte la confiance en soi au
sein des processus de persuasion publicitaire en soulignant notamment l’intérêt
conceptuel et managérial de cette contribution, nous nous attacherons à présenter notre
réflexion théorique conduisant, in fine, à la formulation d’un corpus d’hypothèses
spécifiques.
I - INTÉRÊT ET OBJECTIFS DE LA RECHERCHE DOCTORALE
Bien que la littérature en communication persuasive rapporte depuis le début des
années 90 des travaux adoptant la conception qu’une attitude doit être appréhendée au
travers de ses deux composantes (aspect évaluatif et aspect non évaluatif de force), cette
idée n’est pas entièrement intégrée aujourd’hui au sein des recherches en
communication persuasive. Il est vrai cependant que les cadres théoriques fondateurs en
communication persuasive avaient dès l’origine considéré que l’intensité et la nature du
traitement des informations véhiculés par l’annonce conditionnaient la force de
l’attitude créée (Chaiken, 1980 ;; Petty et Cacioppo, 1986a). Si de nombreuses recherches
se sont intéressées à la façon dont un message publicitaire vient influencer les deux
variables d’efficacité unanimement reconnues au sein des milieux académiques (Ab et
Ib), une attention considérablement moindre a été accordée à la problématique de la
force d’une attitude comme le soulignent Zuwerink et Devine (1996). Les postulats
sous-jacents à ces modélisations théoriques ont ainsi surtout orienté les travaux de ces
vingt dernières années vers l’identification des variables et des processus de formation
d’une évaluation favorable de la marque plutôt que vers l’identification des conditions
attitudinales favorisant une prédictivité de l’attitude sur l’intention et le comportement
(Tableau IV.1.).
Chapitre IV - Conceptualisation 149
Tableau IV.1. : Les caractéristiques de force d’une attitude : synthèse des définitions, des
mises en oeuvre et méthodologies associées
VARIABLE DÉFINITION SYNTHÉTIQUE ET
AUTEURS À L’ORIGINE DE LA CONCEPTUALISATION
OPÉRATIONALISATION MÉTHODOLOGIE APPROPRIÉE
Accessibilité
Force de la relation entre l’objet et son évaluation
dans la mémoire de l’individu (Fazio, 1986).
Temps de réponse envers une évaluation (Fazio et Williams, 1986 ; Sanbonmatsu et Fazio,
1986 ; Fazio, Powell et Williams, 1989).
Probabilité de mentionner l’objet (Krosnick, 1989).
Fréquence d’activité avec
l’objet (pensée ou discussions à propos de l’objet) (Brown, 1974)
Recueil des réponses assisté par un ordinateur effectuant le calcul du
temps de réponse.
Traitement de questions ouvertes.
Consistance cognitive-affective
Degré de correspondance entre les sentiments et les
croyances sur un objet (Rosenberg, 1968).
Comparaison d’un index de réponses cognitives à un index de réponses affectives et score de différence entre la moyenne
obtenue pour chaque index (Norman, 1975 ; Fazio, 1978a ;
Chaiken et Baldwin, 1981 ; Chaiken et Yates, 1985).
Traitement quantitatif.
Extrémité
Etendue avec laquelle une évaluation dévie du point
neutre d’indifférence (Newcomb, Turner et
Converse, 1965).
Différence entre le point neutre et l’évaluation.
Traitement quantitatif.
Confiance
Degré de certitude associé à l’évaluation d’un objet
(Howard, 1989).
Items de certitude et de confiance (Fazio, 1978a, b).
Méthodologie quantitative de mesure de
variables via des échelles de Likert fréquemment en 7
points.
La mobilisation des chercheurs autour du construit d’implication et de quelques
autres de manière moins prononcée149, si elle nuance légèrement la remarque
précédente, a quelque peu éloigné la communauté académique de la problématique
fondamentale de prédictivité de l’attitude dans un contexte de persuasion publicitaire.
D’autres raisons d’ordre méthodologique et managérial expliquent également que les
149 Les recherches portant sur l’influence du besoin de cognition, du besoin de stimulation optimal, de l’humeur ou encore de la distraction n’ont pas suscité un engouement identique au sein des milieux académiques.
Chapitre IV - Conceptualisation 150
chercheurs n’aient pas étudié plus en détail la notion de "force d’une attitude" dans un
contexte d’exposition publicitaire :
9 Une raison d’ordre conceptuel : il semble qu’aujourd’hui un certain consensus
émane des milieux académiques en ce qui concerne l’unidimensionnalité de la
composante évaluative de l’attitude : l’attitude, composant de nature affective repose sur
des antécédents d’ordre cognitif et affectif ;; pour cette raison, si la variable de
"consistance cognitive-affective" a fait l’objet d’investigations jusqu’à la fin des années
70, son étude en communication persuasive semble quelque peu "dépassée" compte
tenu de la vision bi-dimensionnelle de l’attitude qu’elle présuppose ;;
9 Une raison d’ordre méthodologique : la mesure de l’accessibilité d’une attitude
(autre aspect de force) est difficile à effectuer dans un contexte d’exposition publicitaire.
En effet, la mesure du temps de réponse entre la présentation d’un objet et l’évaluation
de cet objet pour appréhender ce construit nécessite que l’on ait recours à des
ordinateurs dans une situation de pré-test publicitaire, ce qui semble difficile à mettre en
oeuvre sur le plan pratique ;
9 Une raison d’ordre managérial : l’étude des conditions qui favorisent la
prédictivité d’une attitude dans un contexte de persuasion publicitaire peut s’effectuer
sous une triple perspective : la relation attitude comportement peut en effet être
envisagée de trois manières : une étude de la relation attitude-intention, une étude de la
relation directe potentielle entre l’attitude et le comportement ou encore une étude de la
relation entre l’intention et le comportement. L’analyse des deux dernières relations
exige que l’on s’intéresse, en addition à l’intention d’achat (variable de nature pré-
conative) au comportement effectif de l’individu. Malgré le développement en France
depuis le début des années 90 d'outils technologiques comme le "single-source" (Jones,
1995a, 1995b) permettant d'isoler et d'observer des comportements d'achat (données
Chapitre IV - Conceptualisation 151
individuelles) imputables au seul effet de la publicité et de les mettre en parallèle avec
des données publicitaires (données qui ne concernent pas l'individu), l’étude de la
problématique de la relation entre l’impact de la publicité et les comportements des
individus n’est encore que partielle. En effet, si la mise en relation à un niveau agrégé
entre la publicité et les comportements a considérablement progressé grâce à ces outils,
la relation théorique fondamentale entre l’attitude et le comportement (directe ou
indirecte via l’intention) à un niveau individuel reste délicate à mettre en oeuvre sur un
plan opérationnel. Cet objectif de recherche exige en effet le respect d’un critère de
rigueur scientifique incontournable : la mise en relation entre des attitudes et des
comportements observés (et non simplement "déclarés") dans le domaine de la grande
consommation nécessite le recours à un échantillon d’individus unique : cette remarque,
qui semble d’une évidence implacable, se trouve à l’origine de l’impossibilité de mener,
en France, de telles expérimentations : les individus dont on connaît aujourd’hui le
comportement d’achat réel appartiennent en effet à des panels constitués par des
sociétés d’études spécialisées dans le domaine de l’observation des comportements
d’achat (A.C. Nielsen, GfK, Sécodip, etc.) (Opsomer, 1987). Or, si ces sociétés semblent
conscientes de l’enjeu et de l’avantage concurrentiel que représenteraient, pour elles, des
contributions effectuées dans ce domaine, elles semblent encore aujourd’hui réticentes
dès lors que les expérimentations menées sur la relation attitude-comportement exigent
que l’on interroge, sur leurs attitudes, une sous-partie de leurs panels. Pour cette raison,
les processus reliant des variables intermédiaires d'efficacité (Aad, Ab, Ib) à un
comportement d'achat réel demeurent encore sous-explorés dans le domaine de la
grande consommation.
Notre recherche doctorale s’inscrit dans la problématique de prédictivité de
l’attitude sous la perspective de la compréhension de rôle de la force d’une croyance ou
d’une attitude au sein des processus de persuasion. Les travaux portant sur l’étude de
l’influence des caractéristiques de force d’une croyance ou d’une attitude (Raden, 1985 ;;
Chapitre IV - Conceptualisation 152
Krosnick et al., 1993 ; Pomerantz et al., 1995) ont montré que plusieurs dimensions
sont susceptibles de refléter ce construit : l’accessibilité, la consistance cognitive-
affective ainsi que la confiance figurent parmi les composants les plus fortement mis en
lumière par les chercheurs. Nous avons choisi d’appréhender la force d’une croyance ou
d’une attitude selon le critère de confiance pour deux raisons principales :
9 Une raison d’ordre conceptuel : certains cadres de référence en
communication persuasive ont posé le rôle prépondérant de la confiance dans un
contexte de persuasion : la seconde hypothèse fondatrice du modèle
systématique/heuristique de Chaiken (1980) repose sur la reconnaissance du rôle
médiateur de “l’heuristique de confiance” au sein du processus de formation et/ou de
changement d’attitude ;; Sengupta et al. (1997) affirment que “l’un des challenges
fondamentaux de la recherche en persuasion publicitaire est d’incorporer le médiateur "confiance dans
l’attitude" pour étudier les mécanismes de persistance en situation de faible implication” ;;
9 Une raison d’ordre méthodologique : la notion de confiance dans un
jugement, contrairement à celles d’accessibilité ou de consistance cognitive-affective,
représente une variable facile à mettre en oeuvre sur un plan opérationnel. Cette facilité
ne doit cependant pas limiter les contributions qui peuvent être apportées dans le
domaine de l’opérationalisation de ce construit.
Etudier la notion de confiance dans le domaine de la persuasion publicitaire
nécessite en outre d’aborder le construit de confiance sous deux perspectives liées
conceptuellement :
9 La confiance, en tant que trait de personnalité, susceptible de discriminer les
individus entre eux et donc par là même d’expliquer des modalités de persuasion
différentes ;
Chapitre IV - Conceptualisation 153
9 La confiance dans les réponses publicitaires, critère d’efficacité à prendre en
compte au même titre que celui de l’induction d’une évaluation favorable. Nous
entendons donc l’efficacité publicitaire de la manière suivante : une annonce
publicitaire est efficace si elle engendre une attitude favorable et confiante
envers la marque, objet de la communication.
Notre contribution présente à nos yeux un double intérêt :
9 Un intérêt conceptuel
Nous souhaitons éclairer les processus de formation de l’attitude envers la
marque dans un contexte de persuasion publicitaire par :
La mise en évidence au sein des mécanismes d’influence publicitaire d’une
caractéristique individuelle très peu intégrée dans les recherches en communication
persuasive mais qui mérite, au même titre que le besoin de cognition par exemple, d’être
étudiée : la confiance en soi, trait de personnalité durable ; Mehta (1999) fait très
récemment remarquer que “la façon dont les gens pensent et ressentent les choses peut influencer de
manière significative la façon dont ils réagissent au contenu et à l’exécution d’une annonce ainsi qu’au
produit communiqué ” ;;
La prise en compte de deux construits : la confiance dans une croyance et la
confiance dans l’attitude. Smith et Swinyard (1988, p.12) soulignent à ce sujet que “les
études d'efficacité publicitaire devraient mesurer et inspecter la confiance du consommateur dans ses
croyances". Si certains travaux très récents intègrent ces construits dans des contextes
d’exposition à une communication, leur nombre extrêmement restreint ainsi que
l’absence d’un cadre fédérateur des résultats obtenus insufflent une poursuite de
contributions très intéressantes dans ce domaine.
Un réexamen du construit d’attitude : les multiples définitions recensées au
sein de la littérature en psychosociologie associent très fréquemment le qualificatif de
"durable" ou de "prédictif " au concept d’attitude ;; l’incorporation, dans un contexte
Chapitre IV - Conceptualisation 154
persuasif, de conditions favorisant la prédictivité de l’attitude permettrait donc d’étudier
un concept véritablement durable plutôt que situationnel.
Précisons ici que nous allons surtout focaliser notre attention sur le processus de
formation de l’attitude et de l’intention dans un contexte persuasif plutôt que sur celui
de mécanisme de changement d’attitude : l’étude du rôle de la confiance au sein des
processus de persuasion étant relativement récente, les mécanismes psychologiques sont
peu connus : travailler ainsi sur des marques pour lesquelles les individus ont formé à la
fois une attitude préalable mais aussi un degré de confiance dans cette attitude (dont on
peut se demander s’il ne s’agit pas d’une confiance globale dans la marque, résultant
éventuellement de l’expérience avec le produit au cours du temps) aurait ainsi
considérablement complexifié notre démarche. Pour cette raison, nous avons choisi de
travailler sur des marques (et donc des annonces) inconnues en France.
9 Un intérêt managérial
De manière fortement corrélée au dernier point conceptuel, puisqu’ il existe un
délai entre l’exposition au stimulus publicitaire et l’achat effectif, les efforts doivent être
dirigés vers les facteurs à l’origine de la persistance des attitudes afin qu’elles soient,
comme leur définition le suggèrent (Kraus, 1995), susceptibles de “[...] guider le
comportement” de manière effective. En nous rapprochant le plus possible des conditions
naturelles d’exposition publicitaire150, nous souhaitons contribuer à l’avancement des
connaissances dans le domaine de la prédictivité des attitudes formées sous l’influence
d’une communication persuasive c’est à dire dans celui de la prédictivité et donc de la
validation des systèmes de pré-test publicitaires (Embs, 1994). En effet, l’ensemble des
outils commercialisés par les sociétés d’études spécialisées dans l’analyse de l’impact
d’une annonce publicitaire s’appuient sur le postulat théorique suivant : c’est l’évaluation
favorable de l’attitude envers la marque x qui favorise l’achat de cette marque x. Cette 150 Nous expliciterons les éléments qui concourent à favoriser la validité externe de notre recherche au sein du chapitre VI et plus précisément dans le paragraphe consacré à la présentation du protocole expérimental.
Chapitre IV - Conceptualisation 155
affirmation, partiellement remise en cause de manière théorique par l’ensemble des
recherches autour de la notion de "force" de l’attitude, représente à nos yeux une vision
réductrice des objectifs assignés à une annonce publicitaire. En nous appuyant sur des
annonces publicitaires réelles pour des produits de grande consommation, nous
souhaitons mettre en oeuvre une procédure de pré-test qui pose les conditions d’une
attitude réellement prédictrice d’un comportement futur (Weinblatt et Conway, 1996).
Comme le soulignent Fazio, Powell et Williams (1989), “si l’objectif de la publicité est
d’influencer le comportement d’achat, on ne doit pas se sentir concerné uniquement par la valence de
l’attitude résultante[...]” : la force d’une attitude sous ses aspects non évaluatifs doit
également retenir l’attention des praticiens des études publicitaires.
Chapitre IV - Conceptualisation 156
II - CADRE CONCEPTUEL
L’élaboration de notre cadre conceptuel et la formulation de nos hypothèses de
recherche procèdent directement de la définition de l’objectif principal assigné à cette
recherche doctorale : contribuer à l’avancement des connaissances dans le domaine de la
compréhension des processus de persuasion publicitaire par la mise en évidence du rôle
de la confiance dans la formation de l’attitude envers la marque. Nous inscrivons notre
démarche dans celle de la modélisation des effets publicitaires.
II.1. - La notion de confiance en persuasion
II.1.1. - La similitude théorique entre le concept d’implication et celui de confiance
La littérature en communication persuasive appréhende le construit de confiance
en soi de deux manières :
9 La confiance peut représenter un trait durable de personnalité
représentant une capacité globale ou spécifique de l’individu à
appréhender un ensemble de situations de la vie courante (Cox et
Bauer, 1964 ; Wright, 1975 ; Shrauger, 1990).
9 La confiance dans l’aspect évaluatif d’un médiateur de persuasion, si
elle s’apparente à une mesure d’une partie du concept de "soi" par la
nature spécifique de son objet, semble cependant se distinguer
conceptuellement d’un trait de personnalité durable pour cette raison
même : l’objet étant une réponse émise à la suite de l’exposition à un
stimulus publicitaire, on peut raisonnablement supposer que ce
construit puisse varier en fonction de circonstances particulières
entourant la situation d’exposition ;; cette dernière remarque laisse
supposer le caractère fortement situationnel du construit de confiance
dans une réponse publicitaire.
Chapitre IV - Conceptualisation 157
Cette distinction théorique rappelle fortement la distinction opérée par Houston
et Rothschild (1978) qui considèrent que l’implication comporte une composante
durable et une composante situationnelle.
En nous fondant sur les contributions offertes par l’étude du construit
d’implication ainsi que sur les développements théoriques autour de la notion de
confiance en psychologie, nous posons donc que :
9 La confiance en soi représente une orientation psychologique durable de l’individu, reflétant sa
perception nécessairement subjective, d’une capacité globale et/ou spécifique à appréhender sa vie.
9 La confiance dans une réponse publicitaire reflète un aspect situationnel du concept de soi, lié au
stimulus publicitaire.
Nous verrons dans la suite de notre réflexion théorique que la similitude entre le
concept d’implication et celui de confiance ne s’arrête pas au plan de cette
décomposition du construit entre une composante durable et une composante
situationnelle. Sans dévoiler de manière trop importante ce qui constitue le filigrane de
notre cadre conceptuel, nous ferons également émerger une similitude de ces deux
construits en ce qui concerne leur influence au sein des processus de persuasion.
II.1.2. - Définitions, structure et nature
Les contributions en psychosociologie nous permettent de poser les
caractéristiques fondamentales de la confiance de la manière suivante :
9 La confiance représente l’une des composantes du concept
multidimensionnel de "force" (Wilson et al., 1991 ; Krosnick et al.,
1993 ; Pomerantz, Chaiken et Tordesillas, 1995) ;
Chapitre IV - Conceptualisation 158
9 Les individus varient dans leurs niveaux de confiance : un niveau de
confiance peut ainsi être associé à n’importe quel concept
psychologique reflétant la prise de position d’un individu à l’égard
d’un objet, que ce soit une croyance ou une attitude (Cantril, 1946 ;;
Brim, 1955 ; Rosenberg, 1960 ; Warland et Sample, 1973 ; Bennett et
Harrell, 1975 ; Fishbein et Ajzen, 1975 ; Fazio et Zanna, 1978a, 1978b,
1990 ; Peterson et Pitz, 1988 ; Howard, 1989 ; Griffin et Tversky,
1992). Les chercheurs en communication persuasive commencent
ainsi à mesurer un niveau de confiance dans Aad (Yi, 1990a,b ;
Laczniak et Muehling, 1993 ; Sengupta et al., 1997), un niveau de
confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce (Venkatraman et
al., 1990).
9 La confiance est distincte mais éventuellement corrélée (de manière
faible) avec l’aspect évaluatif de l’objet sur lequel elle porte151 (McDill,
1959 ; Warland et Sample, 1973 ; Fishbein et Ajzen, 1975 ; Fazio et
Zanna, 1978a ; Venkatraman et al., 1990 ; Pomerantz et al., 1995).
151 Cette position, si elle semble aujourd’hui unaniment partagée par la communauté scientifique, a dans un premier temps suscité des interrogations vives parmi les chercheurs. En effet, Fishbein (1963, 1967) considère que la première composante de l’attitude est formée de la “force” de la croyance : rappelons que selon cet auteur, une croyance produit représente la probabilité subjective de l’individu quant à l’association d’un attribut à un produit. Dans la mesure où les échelles qui mesurent les croyances-produit utilisent très souvent des items de certitude comme le soulignent Marks et Kammins (1988) ou Smith et Swinyard (1988), les chercheurs ont été conduit à s’interroger précisément sur la question de la nature et de l’intensité de la relation entre la force d’une croyance et la confiance dans une croyance, envisageant même une corrélation parfaite entre ces deux construits. Bien que des résultats plutôt contradictoires aient été mis à jour en ce qui concerne la forme de la relation entre les deux concepts (une relation curvilinéaire en "U" selon Lemon (1968) et Wyer (1973), une relation linéaire pour Berscheid et al. (1976)), les chercheurs convergent a contrario vers un certain consensus en ce qui concerne le degré de dépendance entre les deux concepts : la force d’une croyance et la confiance dans une croyance représentent deux aspects distincts qui peuvent être faiblement corrélés (Brim, 1955 ; Rosenberg, 1960 ; Bennett et Harrell, 1975 ; Fishbein, 1975 ; Smith et Swinyard, 1988). Cette position unanimement partagée aujourd’hui se trouve très bien illustrée au travers des propos suivants : “Deux individus qui estiment la même probabilité subjective [...] peuvent différer quant à la confiance associée à cette probabilité estimée. [...] La confiance dans une croyance peut ne pas être reliée à la probabilité subjective ;; c’est-à-dire, la confiance d’un individu dans une croyance peut être faible ou forte, irrespectivement à sa probabilité subjective.” (Fishbein, 1975, p. 102-103).
Chapitre IV - Conceptualisation 159
Notre démarche associe donc à chaque aspect évaluatif des variables
intermédiaires d’efficacité sa composante non évaluative de confiance. Rappelons la
définition de Howard (1989, p.34) : la confiance dans une attitude représente “le degré de
certitude que le consommateur ou la consommatrice a que son jugement quant à l’évaluation de la
marque soit correct”. Cet auteur considère ainsi trois éléments fondamentaux : il associe un
degré de confiance au jugement évaluatif d’un objet. Dans la mesure où les médiateurs
reconnus du processus de persuasion représentent également des jugements évaluatifs
envers des objets (annonce et marque), nous proposons de considérer que chaque
médiateur possède une composante de confiance. En nous appuyant sur la définition de
Howard, nous considérerons donc, en plus de la confiance dans l’attitude envers la
marque définie par l’auteur, les trois construits suivants :
La confiance dans les croyances à l’égard du produit,
La confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce152,
La confiance dans l’attitude envers l’annonce.
Seule l’intention d’achat n’est pas associée à sa composante de confiance ;; dans
la mesure où nous ne pouvons mesurer le comportement, sa prise en compte ne nous
semble pas pertinente dans une logique d’étude de "prédictivité".
152 Le lecteur pourrait s’étonner de ne trouver ici aucune justification au fait que nous avons choisi d’appréhender les réactions cognitives portant sur l’annonce et sur la marque par le construit de croyances et non par celui de réponses cognitives. La justification d’un tel choix sera présentée au sein du paragraphe consacré à l’opérationalisation des construits mobilisés par notre recherche doctorale.
Chapitre IV - Conceptualisation 160
Nous proposons en conséquence les trois définitions suivantes :
9 La confiance dans les croyances-produit représente un degré de certitude associé à l’évaluation des
caractéristiques du produit, objet de la communication ;
9 La confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce représente un degré de certitude associé à
l’évaluation des différents éléments de la communication publicitaire ;
9 La confiance dans l’attitude envers l’annonce représente un degré de certitude associé à une évaluation
d’ordre affectif153 du stimulus publicitaire.
Précisons en guise de conclusion sur ce point que peu de contributions ont été
offertes pour comprendre la nature inhérente (cognitive versus affective) de la confiance :
nous partageons cependant la conception de Griffin et Tversky (1992) qui posent que la
confiance représente en fait une "croyance" orientant le construit vers une conception
cognitive. L’on pourrait alors se demander l’utilité de mesurer séparément un tel
construit de celui de croyances à l’égard d’un objet (annonce ou produit) en supposant
que l’on adhère à la conception des auteurs sus-cités. Les contributions de Raden
(1985), de Krosnick et al. (1993) ou encore de Pomerantz et al. (1995) nous permettent
de trancher sur cette question : en effet, selon ces auteurs l’intensité d’une attitude est
distincte de la confiance dans cette attitude ;; l’ensemble de ces travaux suggèrent donc la
distinction à effectuer entre l’aspect évaluatif d’une croyance ou d’une attitude
(intensité) et la confiance dans une croyance ou une attitude (aspect non évaluatif). La
conception d’un construit de nature cognitive n’est cependant pas incompatible avec 153 Rappelons ici que les chercheurs semblent s’accorder sur la conception qu’une attitude et donc que l’attitude envers l’annonce (Aad), si elle peut porter sur deux objets différents (message et éléments d’exécution), représente une évaluation globale (Lutz, 1975) et d’ordre affectif du stimulus publicitaire qui repose sur des antécédents de nature cognitive et affective. A ce titre, l’ensemble des contributions théoriques et pratiques qui ont étudié Aad ou l’"agrément" comme le nomment les praticiens et qui ont mis en évidence une multi-dimensionnalité de Aad ont en fait plutôt fait émerger des croyances à l’égard de l’annonce plutôt qu’une évaluation globale de la communication publicitaire.
Chapitre IV - Conceptualisation 161
l’approche suivante : la confiance peut reposer sur des antécédents d’ordre cognitif
et/ou affectif.
II.1.3. - La relation entre la composante durable et la composante situationnelle de
la confiance : sens de l’influence
Valette-Florence (1988 ;; 1989, p.60) émet et valide l’hypothèse réaliste d’une
relation unidirectionnelle entre la composante durable et la composante situationnelle
de l’implication ;; plus précisément, l’auteur montre une influence de la composante
durable de l’implication sur la composante situationnelle et non l’inverse : “Il semble
délicat d’envisager qu’un événement particulier puisse avoir une incidence sur une orientation stable et
continue de l’individu”. Ce point de vue est également partagé par Laurent et Kapferer
(1986, p.45). Valette-Florence précise en outre que rien ne laisse présupposer de
l’existence d’une relation nécessairement positive entre ces deux composantes : selon
l’auteur, elle peut être négative dès lors que “des facteurs circonstanciels iront à l’encontre de la
composante durable”.
En nous fondant sur cette approche, il semble réaliste d’envisager que :
9 Les composantes durables et situationnelles de la confiance en soi sont liées par une
relation unidirectionnelle ;; c’est la confiance en soi, trait de personnalité qui va
influencer la confiance en soi, aspect situationnel et non l’inverse.
II.1.4. - La confiance en publicité : un construit à la fois explicatif mais aussi
conditionné par les déterminants motivationnels à l’origine du mode de persuasion
Les modèles théoriques en communication persuasive intègrent dans leurs
postulats que le “degré d’élaboration" dans le traitement des informations concernant le
produit (Petty et Cacioppo, 1981a) ou encore le “niveau de traitement des informations portant
sur la marque” (Greenwald et Leavitt, 1984 ;; MacInnis, Moorman et Jaworski, 1991)
Chapitre IV - Conceptualisation 162
dépend de variables appartenant au registre motivationnel. Trois variables supposées en
amont des processus de persuasion sont susceptibles d’exercer une influence sur la
nature du mécanisme persuasif via l’impact qu’elles exercent sur l’implication publicitaire
(MacInnis, Moorman et Jaworski, 1991) : la motivation, la capacité et l’opportunité à
traiter l’annonce (triptyque MCO).
La contribution de Chaiken (1980) si elle n’a pas suscité d’engouement au sein
des milieux académiques compte tenu de la vision fortement cognitive du modèle
"systématique/heuristique" offre cependant probablement aujourd’hui l’une des
contributions les plus complètes dans le domaine de la compréhension des
mécanismes d’ordre motivationnel à l’origine de la nature du mécanisme persuasif.
Chaiken (1980) postule en effet que les individus souhaitent obtenir des niveaux de
confiance suffisants dans leurs jugements (seconde hypothèse fondatrice de son
modèle). Le niveau de confiance réel est celui qui est obtenu en premier lieu pendant
l’exposition au stimulus publicitaire. Dans un deuxième temps, la comparaison entre ce
premier niveau de confiance à un certain niveau de confiance désiré154 donne lieu à
l’existence d’un différentiel : ainsi, la motivation de traiter les informations contenues
dans l’annonce dépend-elle selon ce chercheur de la différence qui existe entre le niveau
de confiance réel et le niveau de confiance désiré dans le jugement. Ainsi, la confiance
dans l’aspect évaluatif des variables intermédiaires d’efficacité apparaît-elle comme un
troisième niveau de confiance, que l’on pourrait qualifier de confiance "obtenue" (pour
ne pas créer de confusion avec la notion de confiance "réelle" introduite pas Chaiken)
(Figure IV.1.).
154 Cette conception présuppose que les niveaux de confiance réelle et désirée au sens de Chaiken (1980) sont en fait des états internes transitoires survenant durant l’exposition au stimulus publicitaire. La mise en oeuvre de ces construits semble donc plutôt difficile.
Chapitre IV - Conceptualisation 163
Figure IV.1. : Etapes de formation de la confiance dans l’évaluation d’un objet sous
influence publicitaire
Cette conception nous permet de postuler que la confiance représente à la fois
un antécédent du triptyque MCO (confiance réelle et désirée) mais également une
conséquence de ce triptyque (confiance "obtenue"). Les réflexions théoriques de
MacInnis et Jaworski (1989) ainsi que MacInnis, Moorman et Jaworski (1991) postulent
en outre que le triptyque MCO conditionne l’intensité de l’implication dans le
traitement des informations véhiculées par l’annonce. La question est donc de
déterminer précisément la "position" de l’implication publicitaire par rapport à celle
de la confiance dans les aspects évaluatifs des médiateurs de persuasion.
II.2. - Etude des processus d’influence publicitaire
Conformément à ce qui se dessine en filigrane à notre revue de la littérature,
comprendre les processus d’influence publicitaire nécessite que l’on étudie trois sous-
champs théoriques interdépendants :
9 La problématique de l’articulation entre variables médiatrices
d’efficacité permettant de proposer un modèle de l’influence d’un
stimulus publicitaire ;
9 L’identification des déterminants d’ordre motivationnel aux routes de
persuasion ;
9 L’identification de variables, en amont des processus de persuasion,
permettant de comprendre l’influence des déterminants
motivationnels sur la nature de l’attitude formée.
Exposition Confiance
réelle Confiance
désirée
Etats internes transitoires
Confiance obtenue après
exposition - Ö Motivation, Capacité, Opportunité
Ö
Chapitre IV - Conceptualisation 164
II.2.1. - Articulation des relations entre variables intermédiaires d’efficacité
II.2.1.1. - Un consensus autour de l’hypothèse de médiation duale
Un consensus est à présent établi au sein de la communauté académique autour
de la reconnaissance de l’existence de variables "médiatrices" des processus d’influence
publicitaire. Les chercheurs ont en effet mis en évidence que des variables de nature
cognitive ainsi que des variables de nature affective sont à l’origine de la formation ou
du changement d’attitude envers la marque et de l’intention d’achat, construits
d’efficacité publicitaire unanimement reconnus par les chercheurs et les praticiens du
domaine. En addition à une explication d’origine purement cognitive des déterminants
et des processus psychologiques entourant la formation du comportement humain, les
chercheurs en communication persuasive ont en effet posé et validé le rôle important
que pouvait constituer l’annonce au sein du processus de persuasion. Ont ainsi été
mises à jour 3 catégories principales de variables susceptibles d’expliquer une attitude
favorable envers la marque et une intention d’achat positive dans un contexte de
persuasion publicitaire : les réactions d’ordre cognitif (ou "cognitions") portant sur
l’annonce ;; les cognitions portant sur la marque ;; des médiateurs affectifs155 dont
l’attitude envers l’annonce156.
La compréhension de la façon dont ces construits endogènes s’articulent au sein
d’un modèle général de persuasion a considérablement progressé grâce aux recherches
menées ces trente dernières années. Dans la mesure où nous inscrivons notre 155 Aad ne représente pas le seul construit d’ordre affectif sensé intervenir dans le processus de persuasion. Les recherches menées sur la contribution de "l’affectif" depuis le début des années 80 ont en effet formé un véritable pan de recherche au sein de la littérature tant les contributions sont importantes. Si les réactions affectives déclenchées par l’annonce (autres que Aad) semblent également intervenir au sein de ce processus, nous n’avons pas souhaiter les intégrer dans notre démarche pour deux raisons principales : une intensification certaine de la complexité de notre modèle et des postulats d’ordre théorique formulés par certains auteurs : soulignons en effet que Zajonc (1980) ainsi que Zanna et Rempel (1988) ont montré que des attitudes formées par une expérience indirecte de l’individu avec l’objet de l’attitude (publicité) sont susceptibles d’être plus fortement basées sur des antécédents d’ordre cognitif qu’affectifs, les individus ayant à se fonder sur une représentation abstraite de l’objet pour former leur attitude. 156 Pour "alléger" notre exposé, nous aurons recours dans la suite de nos développements aux trois abréviations suivantes : Aad pour le construit d’attitude envers l’annonce, Ab pour celui d’attitude envers la marque et Ib pour celui d’intention d’achat.
Chapitre IV - Conceptualisation 165
problématique de recherche au sein d’un protocole expérimental s’appuyant sur une
méthodologie de pré-test publicitaire, l’hypothèse de médiation duale de Lutz (1985)
retient plus particulièrement notre attention, puisque validée dans une telle situation
d’exposition. La formulation de Lutz (1985) se révèle néanmoins incomplète dès lors
qu’il s’agit de rendre compte de l’impact d’une communication persuasive sur les aspects
cognitifs, affectifs et conatifs de la personnalité (Grégory, 1995), ce chercheur n’ayant
pas intégré la variable Ib dans son modèle théorique. Dans la mesure où cette variable
représente au même titre que Ab un construit d’efficacité unanimement reconnu par la
communauté scientifique, la contribution de MacKenzie, Lutz et Belch (1983, 1986)
constitue un apport important.
Ces auteurs, en intégrant l’intention d’achat réaffirment en outre la supériorité de
l’hypothèse de médiation duale dans un contexte publicitaire (MacKenzie, Lutz et
Belch, 1986157).
En distinguant au sein de l’annonce ce qui relève de l’argumentation du message
de ce qui relève de l’exécution (Miniard et al., 1990 ;; Derbaix, 1995), l’ensemble des
considérations précédentes et émanant de la littérature en communication persuasive
suggèrent de modéliser le processus de persuasion comme le présente la figure IV.2.
157 Précisons cependant que les auteurs n’obtiennent aucune influence des cognitions portant sur la marque (mesurées par des réponses cognitives) sur Ab. Les auteurs attribuent ce résultat aux caractéristiques de leur protocole expérimental : une exposition unique à une marque inconnue appartenant à une catégorie de produit de faible implication et suggèrent qu’un processus de nature "périphérique" au sens du modèle ELM est susceptible de s’être produit.
Chapitre IV - Conceptualisation 166
Figure IV.2. : L’articulation au sein d’un modèle général des relations entre variables
d’efficacité dans un contexte de pré-test publicitaire : sous-cadre conceptuel n°1
Légende : Cnc : cognitions sur l'exécution de l’annonce (message excepté) Cc : cognitions sur le message (arguments) Cb : cognitions sur le produit Aad-nc : attitude envers l’exécution de l’annonce Aad-c : attitude envers l’argumentation du message Ab : attitude envers la marque Ib : intention d'achat de la marque : covariation des deux composantes de Aad.
De manière simplifiée, ce modèle met en évidence :
9 L’influence directe des cognitions (annonce et marque) sur les attitudes
(annonce et marque) ;
9 Une influence de Aad sur Ab.
directe
et indirecte via les croyances-produit.
9 Une influence directe de Ab sur Ib.
L’hypothèse de médiation duale représente l’une des deux modalités envisagées
par Lutz (1985) permettant de rendre compte de l’influence d’une communication
persuasive au sein d’une situation de pré-test publicitaire. En effet, si le modèle de
médiation duale valide dans un tel contexte, le rôle important que peuvent jouer tous les
médiateurs identifiés, cette hypothèse n’est susceptible en fait de se produire qu’en
situation de forte implication ; Lutz (1985) a également proposé une autre conception
de la nature de l’impact d’une communication persuasive : il s’agit de l’hypothèse de
“transfert lié au contexte”. En cas de faible implication en situation de pré-test, Lutz (1985)
postule que :
Cnc
Cc
Aad-nc
Ab Cb
Aad-c
Ib
Chapitre IV - Conceptualisation 167
9 La route de persuasion qui caractérise une telle situation correspond à
un traitement "périphérique" au sens du modèle ELM, l’individu
évaluant activement les indicateurs périphériques de l’annonce ;;
9 C’est l’évaluation des caractéristiques de l’annonce qui contribue le
plus fortement à l’explication de l’évaluation globale de la marque ;
En guise de synthèse sur ce point, si l’hypothèse de médiation duale met à la fois
en évidence les routes "centrale" et "périphérique", celle de transfert contextuel met
uniquement en lumière un mode de traitement conditionné par une faible intensité de
l’élaboration cognitive à propos des informations concernant les caractéristiques-
produit.
Dans la mesure où une situation de pré-test publicitaire ne conditionne pas
forcément un fort niveau d’implication de l’individu, l’hypothèse de transfert de Lutz
(1985) doit donc également être considérée : en effet, de nombreuses expérimentations
menées dans des contextes de pré-test publicitaire s’entourent de précautions
méthodologiques en faveur d’une validité externe158 importante, rapprochant ainsi le
pré-test à une condition "naturelle" d’exposition TV dont Krugman (1965) souligne
qu’elle correspond à une situation de faible implication, les individus ne se sentant pas
concernés par la publicité159. L’ensemble de ces considérations nous permet donc de
retenir également l’hypothèse de transfert contextuel de Lutz (1985).
L’étude de l’influence de l’implication sur l’articulation entre variables
médiatrices du processus de persuasion ne saurait se réduire à la seule considération de
158 Nous reviendrons plus précisément sur ce critère d’ordre méthodologique au sein du chapitre V. Précisons que l’un des éléments qui concourent à la satisfaction de ce critère peut être le fait d’insérer au sein d’un protocole expérimental un programme préalable permettant d’accueillir un écran d’annonces, rapprochant ainsi fortement cette situation d’une situation "naturelle" d’exposition. 159 Ce chercheur va même jusqu’à postuler que la publicité télévisée est incapable, seule, d’expliquer le changement d’attitude et que c’est l’effet de la répétition qui conditionne réellement ce changement.
Chapitre IV - Conceptualisation 168
l’intensité de l’implication. En effet, eu égard aux recherches menées autour de
l’implication publicitaire, il semble établi que l’objet de l’implication (implication dans le
message/implication dans l’exécution160) soit susceptible également d’expliquer la nature
de Ab. La distinction de l’objet de l’implication n’a pas été effectuée par Lutz (1985) ;; la
complexité théorique qui unit l’implication publicitaire aux "routes" de persuasion selon
l’intensité (faible versus forte) et l’objet de ce construit (implication dans le message versus
implication dans l’exécution) impose que l’on effectue une réflexion approfondie de
cette question ; soulignons également que nous aborderons également la question de
l’essence cognitive versus affective en précisant cependant que nous ne mesurerons pas
précisément cet aspect. Sans dévoiler le contenu du point suivant, précisons au lecteur
que cette réflexion aboutira à l’identification de 6 "routes" de persuasion.
II.2.1.2. - La mise en évidence de 6 "routes" théoriques de persuasion
La synthèse de la littérature révèle une absence de consensus en ce qui concerne
le nombre de routes de formation ou de changement d’attitude. Le tableau IV.2. permet
de présenter la divergence théorique des chercheurs sur ce point.
Tableau IV.2. : Alternatives de formation de Ab dans un contexte de persuasion publicitaire
Auteurs Nombre de routes envisagées
Petty et Cacioppo (1981a) Chaiken (1980) Batra et Ray (1983) Greenwald et Leavitt (1984) Lutz (1985) MacInnis et Jaworski (1989) MacInnis, Moorman et Jaworski (1991)
2 2 3 4 4 6 6
En considérant l’intensité (faible versus forte), l’objet (message versus exécution)
ainsi que sa nature intrinsèque (cognitive versus affective), l’ensemble de la littérature en
160 L’objet de l’implication n’est pas le seul élément permettant d’apprécier la nature de ce contruit ;; les chercheurs ont en effet envisagé que l’implication puisse se distinguer selon son essence cognitive versus affective (Cf. chapitre II).
Chapitre IV - Conceptualisation 169
communication persuasive nous oriente vers la mise en évidence de 6 routes de
persuasion (Tableau IV.3.)
Chapitre IV - Conceptualisation 170
Tableau IV.3. : Caractéristiques du traitement de l’annonce en fonction de l’intensité, de l’objet et de la nature161 de l’implication
IMPLICATION / EXÉCUTION Faible Forte IMPLICATION / MESSAGE
Faible
9 Traitement superficiel des informations relatives aux caractéristiques-produit
Ö Faible contribution162 des croyances-produit
9 Traitement superficiel des indicateurs périphériques Ö Faible contribution des croyances à l’égard de l’annonce
Ø
Rôle important de Aad (mécanisme de conditionnement affectif) Situation de faible implication
9 Faible traitement des informations relatives au produit Ö Faible contribution des croyances-produit 9 Traitement intensif des indicateurs périphériques : Si implication de nature cognitive, alors :
Ö Forte contribution des heuristiques cognitives163 Ö Forte contribution des croyances à l’égard de
l’annonce Si implication de nature affective, alors :
Ö Forte contribution de Aad
Forte
9 Traitement intensif des informations relatives au produit
Ö Contribution importante des croyances-produit 9 Traitement superficiel des éléments d’exécution
Ö Faible contribution des croyances à l’égard de l’annonce et de Aad.
9 Traitement intensif des informations relatives au produit Ö Contribution importante des croyances-produit
9 Traitement intensif des indicateurs périphériques : si implication cognitive,
Ö forte contribution des croyances à l’égard de l’annonce
si implication affective, Ö forte contribution de Aad
Ø Rôle important des cognitions (annonce et marque) et
de Aad (route centrale et route périphérique164) Situation de forte implication
161 Implication cognitive versus affective. 162 à l’explication de Ab. 163 Chaiken (1980) 164 Au sens des routes du modèle ELM (Petty et Cacioppo, 1981a).
Chapitre IV - Conceptualisation 171
En conséquence, 6 modèles potentiels sont envisagés (Figure IV.3.) et
permettent de mettre en lumière six processus alternatifs de formation ou de
changement de l’attitude envers la marque dans un contexte de pré-test publicitaire.
Figure IV.3. : Routes de persuasion et implication publicitaire
Situation de faible implication
(message et exécution)
Implication dans le message faible Forte implication cognitive dans
l’exécution
Implication dans le message faible
Forte implication affective dans l’exécution
Situation de forte implication (message et exécution)
Implication dans le message forte Faible implication cognitive dans
l’exécution
Implication dans le message forte
Faible implication affective dans l’exécution
Légende : Cad-mess : croyances à l’égard du message Cad-exec : croyances à l’égard de l’exécution Aad-mess : attitude envers le message Aad-exec : attitude envers l’exécution Ab : attitude envers la marque Ib : intention d’achat de la marque : influence théoriquement forte : influence théoriquement faible
Remarque : Afin de ne pas surcharger le tableau précédent relatif aux caractéristiques du
traitement de l’annonce en fonction de l’implication (Tableau IV.3.), nous n’avions pas
opéré la décomposition de l’évaluation spécifique (croyances) et globale (attitude) de
l’annonce en fonction de l’objet sur lequel elle porte, à savoir, le message ou l’exécution de
la publicité Cette décomposition est cependant effectuée au sein de la figure IV.3.
Aad-exec Cad-exec Cad-exec
Ab Cb
Cad
Ib Ab Cb
Aad-mess Cad-mess Cad-mess
Ab Cb
Cad
Ib Ab Cb Ab Cb
Cad
Ib Ab Cb Ab Cb Ib Ab Cb
Aad-exec
Ib
Ib Ib Ib
Cb
Cb Cb Cb
Ib Ab
Ib Ab Ib Ab Ib Ab
Aad
Aad Aad Aad Aad-mess
Chapitre IV - Conceptualisation 172
II.2.2. - Confiance et mode de traitement publicitaire : les éléments théoriques en
faveur du statut méthodologique de la confiance dans l’évaluation globale (attitude)
ou spécifique (cognitions) d’un objet (marque et annonce) au sein du processus de
formation de l’attitude envers la marque
Préambule :
Rappelons ce que sous-entend d’une part une variable médiatrice et d’autre part
une variable modératrice : selon Baron et Kenny (1986), une variable médiatrice est une
variable par l’intermédiaire de laquelle s’établit l’influence d’un stimulus sur une réponse.
Selon MacKenzie et Spreng (1992), en envisageant deux variables médiatrices du
processus de formation de l’attitude, une troisième variable peut venir modérer ce
mécanisme : en modifiant le niveau moyen de ces médiateurs sans affecter la force de
leurs relations avec l’attitude, en changeant la force de leurs relations avec l’attitude sans
affecter leur niveau moyen ou encore en cumulant ces deux moyens d’action.
II.2.2.1. - Influence de l’implication publicitaire sur la confiance dans l’aspect
évaluatif des variables d’efficacité
Seront précisés au préalable les points de convergence académique caractérisant
le statut conceptuel de l’implication publicitaire ainsi que son rôle dans l’efficacité de la
publicité.
II.2.2.1.1. - L’implication publicitaire : une convergence académique sur son statut
conceptuel et sa contribution au sein des mécanismes de formation et/ou de
changement d’attitude
La compréhension de la contribution respective des variables d’efficacité au sein
d’un modèle général de persuasion a orienté les chercheurs vers une approche
modératrice consistant à s’interroger sur les facteurs susceptibles de conditionner, pour
les individus, le recours à un type de traitement spécifique des informations contenues
dans l’annonce. Les contributions théoriques fondatrices des modèles d’influence
Chapitre IV - Conceptualisation 173
publicitaire (Chaiken, 1980 ; Petty et Cacioppo, 1981, 1986) si elles ont mis en exergue
des "routes" de persuasion ont de ce fait grandement fondé l’ensemble des travaux
menés depuis le début des années 80 autour du concept d’implication en publicité.
Appréhendée à l’origine comme un "degré d’élaboration", l’implication publicitaire a
depuis fait l’objet d’enrichissements conceptuels et de mise en oeuvre importants.
L’étude de ce construit a longtemps alimenté les débats au sein des milieux
académiques. Une certaine convergence semble aujourd’hui se dessiner au sein des
milieux académiques autour de trois points majeurs : la conceptualisation du construit,
sa relation avec celui de "motivation", l’objet sur lequel il doit porter.
9 Conceptualisation de l’implication
Trois conceptualisations ont en effet été offertes. Si l’implication publicitaire a
été conceptualisée au travers de ses antécédents (Wright, 1973 ; Petty et Cacioppo,
1981b) ou de ses conséquences (Batra et Ray, 1983 ; Baker et Lutz, 1987), il semble que
la conception de l’implication et donc de l’implication publicitaire en tant qu’état
(Mitchell, 1979, 1981 ; Rothschild, 1984 ; Laczniak, Muehling et Grossbart, 1989) soit
nettement privilégiée aujourd’hui.
9 La distinction conceptuelle entre la motivation et l’implication
Si la conception de Mitchell concernant l’implication en tant qu’état semble
obtenir un certain consensus aujourd’hui, la conception de l’implication comme un état
de nature "motivationnelle" comme le précise Mitchell (1981) n’est pas partagée par
d’autres chercheurs qui considèrent que la motivation représente un antécédent de
l’implication dans le traitement des informations concernant la marque (MacInnis et
Jaworski, 1989 ; MacInnis, Moorman et Jaworski, 1991).
Chapitre IV - Conceptualisation 174
9 La décomposition de l’implication publicitaire en fonction de l’objet sur lequel elle
porte
La tendance des chercheurs à distinguer au sein de l’annonce ce qui relève du
message de ce qui relève des éléments d’exécution (Miniard et al., 1990 ; Derbaix, 1995)
a été également observée pour l’implication puisque l’implication publicitaire est de plus
en plus souvent décomposée en fonction des éléments sur lesquels elle porte (Mitchell,
1981 ; Lutz, 1985 ; MacInnis et Jaworski, 1989 ; MacInnis, Moorman et Jaworski, 1991).
Quelle que soit la conceptualisation retenue, les chercheurs convergent vers la
reconnaissance que l’implication publicitaire conditionne de manière directe l’intensité
et la nature de la formation ou du changement d’attitude.
II.2.2.1.2. - Relation entre l’’implication publicitaire et la confiance dans l’aspect
évaluatifs des médiateurs de persuasion
Chaiken (1980) et Petty et Cacioppo (1986a) postulent que le degré d’élaboration
qui correspond à l’intensité de l’implication publicitaire conditionne certaines des
qualités attitudinales de l’attitude formée parmi lesquelles l’on trouve la capacité de
l’attitude à prédire le comportement. Si ces deux modèles n’ont pas validé explicitement
cette hypothèse, une contribution récente a cependant montré une influence de
l’implication publicitaire sur l’une des dimensions de force : la confiance. Dans un
contexte d’exposition à une communication persuasive (presse) pour une marque fictive
de magnétophones, Laczniak et Muehling (1993) montrent au moyen d’un pré-test sur
un échantillon de convenance (étudiants en marketing) que l’implication dans le
message exerce une influence positive sur la confiance dans les croyances-produit et
la confiance dans Aad.
Chapitre IV - Conceptualisation 175
II.2.2.2. - La mise en évidence de l’influence théoriquement modératrice de la
"confiance dans l’évaluation" sur la nature de la route de persuasion publicitaire
De nombreux travaux ont permis de mettre en évidence l’influence modératrice
de la confiance soit via l’influence de la confiance sur les niveaux moyens de certains
médiateurs, ou alors via l’impact de ce construit sur la force de certaines des relations de
causalité entre variables intermédiaires d’efficacité.
Jaccard (1980) souligne que si l’on effectue un examen des travaux dont
l’ambition théorique initiale consistait à valider le lien entre l’attitude et le
comportement, on s’aperçoit que bien souvent l’on valide en fait le lien entre l’attitude
et l’intention165. De manière congruente, les contributions offertes à l’étude de la
modération, par la confiance, de la relation entre l’attitude et le comportement ont en
fait majoritairement validé l’influence modératrice de :
9 La confiance dans Ab au sein de la relation entre Ab et Ib par :
un impact de la confiance dans Ab sur les niveaux moyens de Ib ;
un impact de la confiance dans Ab sur la force de la relation entre Ab
et Ib.
En outre, les chercheurs ont mis en évidence l’influence modératrice de :
9 La confiance dans les croyances-produit sur la relation entre les
croyances-produit et Ab par :
un impact de la confiance dans les croyances-produit sur les niveaux
moyens de Ab ;
un impact de la confiance dans les croyances-produit sur la force de
la relation entre les croyances-produit et Ab ;
165 Nous ne reviendrons pas sur les raisons qui ont conduit Jaccard (1980) à souligner ce point puiqu’elles sont exposées au sein du chapitre I de notre revue de la littérature (cf. chapitre I).
Chapitre IV - Conceptualisation 176
L’ensemble des résultats précédents suggèrent fortement le postulat suivant :
La confiance dans les aspects évaluatifs des médiateurs de persuasion
conditionne la route de persuasion empruntée par l’individu.
En effet, une intensification du lien entre les croyances-produit et Ab ou entre
Ab et Ib caractérise selon de nombreux travaux en communication persuasive la route
"centrale" au sens du modèle ELM. Ainsi, la confiance dans les croyances-produit
semble-t-elle jouer le même rôle que l’implication dans le traitement des informations
véhiculées par le message sur l’impact attitudinal d’une communication persuasive : il
semble en effet que cette variable en intensifiant le lien entre les croyances-produit et Ab
intensifie également le lien entre Ab et Ib.
Ce postulat novateur mérite d’être approfondi dans deux directions :
9 Une vérification de sa solidité conceptuelle à partir de la conduite
d’une expérimentation exclusivement menée dans un contexte
d’exposition publicitaire ;
9 Une étude de ce postulat sous persuasion "non centrale"166 : si
certaines contributions semblent converger vers ce postulat en
situation de forte implication, aucune recherche empirique n’est
disponible pour le vérifier sous condition de faible implication
caractérisant un mode de traitement superficiel de l’annonce. Seraient
ainsi étudiées en plus des deux relations susmentionnées et qui
caractérisent fortement un mode "central" de traitement, d’autres
relations de causalité entre variables intermédiaires d’efficacité. Les
relations entre d’une part les croyances-produit et Ab et d’autre part
166 C’est à dire selon un traitement intensif ou non intensif mais pouvant porter sur des éléments autres que les caractéristiques du produit communiqué.
Chapitre IV - Conceptualisation 177
entre Ab et Ib ne sauraient en effet rendre compte à elles seules de
l’impact d’une communication persuasive : elles ne représentent que
deux des cinq167 relations du modèle de persuasion tel que le propose
notre sous-cadre conceptuel n°1.
L’ensemble de ces remarques souligne déjà fortement la nature des
investigations à mener dans ce domaine168.
II.2.2.3. Synthèse des deux points précédents : vers la formulation d’un postulat
fédérateur
Rappelons de manière synthétique les deux principaux postulats théoriques169
émanant des contributions présentées au sein de notre revue de la littérature et résumés
par les paragraphes II.2.2.1. et II.2.2.2 :
PREMIER POSTULAT : L’implication publicitaire exerce une influence sur la confiance
dans l’évaluation de la marque et de l’annonce (sous-cadre conceptuel n°2).
DEUXIÈME POSTULAT : La confiance dans l’aspect évaluatif conditionne la nature de la
formation ou du changement de l’attitude envers la marque (sous-cadre conceptuel n°1).
167 Cinq relations de causalité caractérisent le modèle si l’on ne tient pas compte de la décomposition des construits de croyances à l’égard de l’annonce et de Aad en fonction de l’objet de l’évaluation. 168 Leur présentation sera opérée de manière synthétique dans notre tableau synthétique IV.4. 169 Bien que toutes les variables d’efficacité n’aient pas été étudiées, nous présentons un postulat général au sein duquel s’inscrivent les deux relations identifiées par Laczniak et Muehling (1993), un postulat représentant à nos yeux une orientation théorique globale émergeant d’un ensemble de contributions théoriques et/ou empiriques.
Chapitre IV - Conceptualisation 178
Le rapprochement170 de ces deux postulats nous conduit très logiquement à
proposer le postulat fédérateur suivant, se situant au coeur de cette contribution
doctorale (Figure IV.4.) :
La confiance dans les aspects évaluatifs des médiateurs de persuasion est médiatrice
des effets de l’implication publicitaire sur la nature du processus de persuasion.
Figure IV.4. : Formalisation du postulat fédérateur
Pour conclure sur l’ensemble des réflexions théoriques relatives à l’étude de la
confiance dans l’aspect évaluatif des médiateurs de persuasion, nous pouvons affirmer
que les chercheurs ont de manière théorique et parfois empiriquement validé la double
nature de ce construit au sein des processus de persuasion publicitaire. A l’instar de la
conception de Baron et Kenny (1986) qu’une variable peut assumer cette double
fonction, il semble en effet établi tout au moins de manière théorique que :
170 Ce rapprochement reflète de manière schématique celui que nous avons opéré au sein de notre revue de la littérature : en effet, dans la mesure où l’enrichissement des connaissances en matière de processus de persuasion provient principalement des travaux menés en psychosociologie, il nous a paru indispensable, dès notre objectif d’étude de la notion de confiance en persuasion établi, de rapprocher les contributions offertes par les psychologues, les chercheurs en comportement du consommateur et les chercheurs en publicité. Sans ce rapprochement de trois pans de la littérature, nous n’aurions probablement pas pû mettre en évidence le double statut théorique de la confiance dans une évaluation à savoir, son rôle présupposé (parfois validé) à la fois médiateur et modérateur des effets d’une communication persuasive.
IMPLICATION PUBLICITAIRE
Confiance dans l’aspect évaluatif des médiateurs
Processus de formation de Ab
(ou nature de la route de persuasion)
Chapitre IV - Conceptualisation 179
La confiance dans l’aspect évaluatif d’une variable intermédiaire d’efficacité
est à la fois médiatrice et modératrice des processus de persuasion :
9 Médiatrice des effets de l’implication publicitaire sur la route de persuasion ;;
9 Modératrice des relations de causalité caractérisant une modélisation à vocation
descriptive des effets du stimulus publicitaire sur Ab par :
L’influence potentielle de la confiance dans les aspects évaluatifs sur les
niveaux moyens des variables d’efficacité ;;
Et/ou l’impact de ce construit sur la force des relations de causalité entre
médiateurs.
L’influence modératrice de la confiance dans une évaluation au sein des
processus de persuasion publicitaire suggère fortement celle de la confiance en soi,
trait de personnalité durable, ces deux composantes de la confiance étant liées de
manière théorique. D’autres variables sont en outre susceptibles de conditionner
l’impact attitudinal d’une communication publicitaire.
Chapitre IV - Conceptualisation 180
II.2.3. - En amont des processus de persuasion
Si les conceptualisations théoriques de MacInnis et Jaworski (1989) et MacInnis,
Moorman et Jaworski (19991) n’ont pas donné lieu, aujourd’hui, à la proposition d’une
mesure de l’intensité du triptyque MCO, les chercheurs ont cependant offert de
nombreuses contributions en ce qui concerne l’identification théorique de variables
susceptibles de conditionner l’intensité de ce triptyque. Un consensus est en effet à
présent établi autour de leur influence sur la nature du changement d’attitude. De
nombreux travaux ont en effet validé l’influence modératrice de variables individuelles
ou de variables caractérisant la situation d’exposition sur les mécanismes de changement
d’attitude dans un contexte de persuasion (besoin de cognition, implication de l’individu
dans la catégorie de produit, etc.).
II.2.3.1. - La confiance en soi, trait de personnalité durable
II.2.3.1.1. - Confiance en soi et impact attitudinal d’une communication publicitaire
La conception de Chaiken (1980) ainsi que les contributions théoriques de
MacInnis et Jaworski (1989) et de MacInnis, Moorman et Jaworski (1991) suggèrent que
la confiance en soi, trait de personnalité durable, antécédent de la capacité171 à traiter
une annonce puisse, via une influence importante du seuil de confiance désiré de
l’individu, conditionner ainsi l’intensité du triptyque MCO et donc l’implication de
l’individu dans le traitement de l’annonce publicitaire.
Aucun enseignement théorique satisfaisant ne peut être cependant extrait de la
littérature en ce qui concerne la relation entre la confiance en soi et l’impact persuasif
d’un message. Les recherches dans ce domaine se trouvent en effet limitées par les
contradictions suivantes : certains affirment qu’une confiance en soi élevée inhibe le
caractère persuasif du message, d’autres obtiennent le résultat inverse, d’autres encore
171 En effet, que l’on parle de "confiance en soi" ou "d’estime de soi", les différentes définitions de ce construit puisqu’elles intègrent toutes la notion de "capacité" de l’individu à appréhender sa vie, confirment le postulat concernant le statut conceptuel de cette variable au sein des processus de persuasion
Chapitre IV - Conceptualisation 181
montrent que les individus fortement et faiblement confiants sont les moins
susceptibles à être persuadés, un impact persuasif maximal étant obtenu pour les
individus possédant une estime d’eux-mêmes moyenne.
Les recherches menées sur l’influence que peut jouer la distraction apportent
une certaine clarification. Selon certains, la distraction est susceptible de limiter la
capacité ainsi que l’opportunité à traiter le message172 : il est fait l’hypothèse que
l’individu qui possède une faible confiance en lui peut trouver difficile de traiter
l’information sous une condition de forte distraction, ces individus étant susceptibles
d’opter dans ce cas pour un traitement "périphérique". Cependant ce résultat est loin
d’être clair. En effet, en reprenant la conception de Chaiken (1980), une confiance en
soi faible intensifie le triptyque MCO par une influence forte sur la motivation à traiter
les informations contenues dans l’annonce, induisant ainsi un processus théoriquement
"central".
Dans la mesure où à la fois la distraction et la confiance en soi ont été posés de
manière théorique comme :
9 Des antécédents à la capacité et à l’opportunité de traitement des
informations ;
9 Des variables non indépendantes,
il paraît en conséquence nécessaire d’étudier conjointement l’influence de ces
deux variables ;; plutôt qu’une étude de l’influence isolée de la confiance en soi, nous
souhaitons mettre à jour l’influence de profils. Il ne s’agit pas ici de profils
psychologiques au sens des regroupements effectués dans de nombreuses
172 La confiance en soi semble de manière théorique influencer à la fois la capacité à traiter l’annonce mais également l’opportunité de le faire. En effet, MacGuire (1968) suggère (cf. chapitre III) que la confiance en soi est positivement reliée à l’attention. Or, selon certains chercheurs, une attention forte favorise l’opportunité de traiter l’annonce (MacKenzie, 1986 ;; Mitchell, 1980 ;; Petty et Brock, 1981) (cf. chapitre II).
Chapitre IV - Conceptualisation 182
expérimentations entre deux traits de personnalité173, mais plutôt d’un croisement entre
deux variables de nature individuelle appartenant à des registres différents. Nous ne
mesurerons pas de manière directe la distraction : nous lui préférons la variable
situationnelle objective d’"implication dans le programme préalable"174 selon deux
modalités : implication forte versus faible.
En conséquence, nos profils théoriques peuvent être caractérisés par la matrice
suivante (Figure IV.5.) :
Figure IV.5. : Profils individuels théoriques en fonction de la confiance en soi et le degré
d’implication dans le programme préalable
Implication faible Implication forte Confiance en soi faible PROFIL N°1 PROFIL N°2 Confiance en soi forte PROFIL N°3 PROFIL N°4
Nous préciserons ces profils à l’occasion de la formulation de nos hypothèses de
recherche.
De manière théorique, l’ensemble des travaux en communication persuasive
suggèrent que la confiance en soi exerce une influence sur l’intensité du triptyque MCO
qui à son tour conditionne l’implication publicitaire et donc la nature de la route de
persuasion. L’introduction théorique, par les chercheurs, du construit de confiance dans
l’évaluation des variables d’efficacité en tant que médiateur des effets de l’implication
publicitaire sur la nature de l’attitude ou du changement d’attitude suggèrent une
influence indirecte de nos profils, via l’implication publicitaire, sur l’aspect situationnel
de la confiance. C’est donc l’influence des profils sur l’implication publicitaire qui sera
étudiée. 173 Certaines contributions se sont par exemple attachées à établir l’influence de profils de personnalité (croisement entre le besoin de cognition, besoin de stimulation optimal) sur la nature du changement d’attitude (Falcy, 1997). 174 Sans dévoiler de manière forte la structure de notre pré-test publicitaire, rappelons ici au lecteur que notre écran d’annonces inconnues s’insère au sein d’un programme télévisé.
Chapitre IV - Conceptualisation 183
II.2.3.1.2. - Nature de la confiance en soi et nature du processus de persuasion
Wright (1975) suggère que la nature de la confiance en soi en tant que trait de
personnalité (globale versus spécifique) est susceptible de modérer l’impact attitudinal de
manière différente. Cet auteur suggère qu’une confiance en soi spécifique est susceptible
de mieux expliquer l’impact de la confiance en soi sur les réponses émises à la suite de
l’exposition publicitaire qu’une estime de soi globale. Nous avons précédemment
indiqué que l’une de ces réponses peut être un certain niveau de conviction de l’individu
dans sa croyance ou dans son attitude. De manière théorique, l’explication suivante
pourrait être avancée : la confiance en soi spécifique à l’instar de la confiance dans une
croyance et une attitude sont beaucoup plus susceptibles d’être reliées entre elles qu’une
estime de soi globale et une confiance dans un médiateur. En effet, confiance spécifique
et confiance dans un médiateur sont toutes deux supposées refléter une partie du
concept de soi175, ce qui n’est pas le cas de l’estime de soi globale (Kling et al., 1999).
II.2.3.2. - Influence du besoin de cognition au sein des processus de persuasion :
une étude de profils psychologiques
Nous souhaitons étudier conjointement la confiance en soi et le besoin de
cognition en tant que variables déterminant des profils psychologiques des individus et
par là-même susceptibles de conditionner fortement la nature du processus de
persuasion. Nous ne souhaitons pas préciser plus avant ce point puisqu’il sera détaillé au
sein de la formulation de nos hypothèses de recherche. Sans dévoiler leur contenu,
précisons cependant que nous avons finalement décidé d’étudier conjointement : la
confiance en soi, le besoin de cognition et l’intensité de l’implication dans le programme
préalable.
175 Cf. chapitre III.
Chapitre IV - Conceptualisation 184
II.2.3.3. - L’implication produit
La communauté académique converge vers la reconnaissance que l’implication et
la confiance représentent deux caractéristiques qui conditionnent la stabilité d’une
attitude et par conséquent, sa plus ou moins forte influence sur l’intention et le
comportement (Day, 1970176 ; Chaiken, 1980 ; Petty et Cacioppo, 1981a ; Krosnick et
al., 1993 ; Pomerantz et al., 1995, etc.). Si l’implication publicitaire est susceptible de
jouer un rôle important, l’implication produit, également.
L’ensemble des contributions théoriques portant sur l’identification, par les
chercheurs, des composantes de force d’une attitude suggèrent fortement que
l’implication et la confiance sont liées. Dans cette optique, l’implication représente au
même titre que l’accessibilité ou la confiance dans une attitude une dimension
attitudinale non évaluative reflétant la force de l’attitude177. Que ce soient Lastovicka et
Gardner (1979), Abelson (1988), Wilson et al. (1991) ou encore Pomerantz et al. (1995),
tous mettent en évidence en étudiant la structure sous-jacente au construit de force que
l’implication représente l’une des dimensions de force d’une attitude. En effet, qu’elles
soient qualifiées d’“importance normative”, d’“importance personnelle” ou d’“implication”, ces
concepts représentent systématiquement des construits distincts des autres qualités
attitudinales de force. Pomerantz et al. (1995) font remarquer à ce sujet qu’il convient,
pour appréhender la force d’une attitude de distinguer ce qui relève de l’implication de
ce qui relève de la certitude, les auteurs n’obtenant en effet que deux dimensions au
concept de force.
176 Cet auteur précise que “l’idée clé des propriétés motivationnelles de l’implication et de la confiance est qu’ensemble, elles déterminent la stabilité d’une attitude que l’on observe”. 177 Les chercheurs appréhendent la force de l’attitude créée par l’implication comme “l’importance” ou la “centralité de l’attitude” pour l’individu (Sherif et Cantril, 1946 ; Krosnick et al., 1993, etc.).
Chapitre IV - Conceptualisation 185
En tant qu’orientations durables de l’individu et donc de nature stable, une
estime de soi globale ou une confiance en soi spécifique (capacité de l’individu à traiter
des informations) ne peuvent être reliées à l’implication produit.
L’implication produit est en revanche susceptible, selon les mêmes mécanismes
que les autres variables "amont" de conditionner la nature du processus de persuasion.
Nous détaillerons ce point au sein de la formulation de nos hypothèses.
L’étude de l’influence des variables se situant en amont des processus de
persuasion s’inscrit au sein de notre sous-cadre conceptuel n°3.
II.3. - Acquis et voies d’investigation futures
Par souci de synthèse, nous proposons :
9 Une représentation synoptique (Figure IV.6.) de notre cadre
conceptuel intégrant les trois sous-cadres que nous avons fait émerger
de notre réflexion sur les processus de persuasion ;
9 Une présentation synthétique des acquis et des zones d’incertitude qui
caractérisent ce cadre conceptuel (Tableau IV.4.).
Chapitre IV - Conceptualisation 186
Figure IV.6. : Cadre conceptuel : Une formalisation des acquis théoriques caractérisant l’étude des processus de formation178 de l’attitude envers la marque dans un contexte de pré-test publicitaire
178 Afin de ne pas surcharger ce cadre conceptuel, un cadre théorique relatif à la décomposition du processus de formation de Ab et non celui de changement d’attitude est proposé compte tenu de l’attention portée à des
marques inconnues. De manière similiare, la décomposition des croyances à l’égard de l’annonce ainsi que celle de Aad en fonction de l’objet sur lequel ces construits portent n’est pas présentée ici.
Variables en amont des processus de persuasion
Traits de personnalité
Besoin de cognition Confiance en soi
Variable situationnelle
Implication dans le programme préalable
Variable exprimant une
relation entre l’individu et le produit
Implication dans la catégorie de produit
Sous-cadre conceptuel n°3
Le rôle médiateur ( "A" ) et modérateur ( "B ") de
la confiance
Sous-cadre conceptuel n°2
L’identification de routes théoriques de persuasion par la force des relations de
causalité entre les médiateurs de persuasion
Sous-cadre conceptuel n°1
Ö
MCO
(Motivation, capacité,
oppotunité à traiter les
informations contenues dans
l’annonce)
Ö
IMPLICATION PUBLICITAIRE
Implication dans le message
Implication dans l’exécution
CONFIANCE
Confiance dans les croyances-
produit
Confiance dans les croyances à
l’égard de l’annonce
Confiance dans Aad
Confiance dansAb.
Ö
........Ö A B
Légende : Ö : "conditionne" Cad : croyances à l’égard de l’annonce ;; Ab : attitude envers la marque Aad : attitude envers l’annonce;; Ib : intention d’achat de la marque
Cb
Cad Aad
Ab Ib
Chapitre IV - Conceptualisation 187
Tableau IV.4. : Synthèse des acquis et des zones d’ombre relatifs à l’étude des processus de persuasion publicitaire
CADRE CONCEPTUEL ACQUIS VOIES D’INVESTIGATION Influence modératrice des variables en amont des processus de persuasion sur la nature du processus de formation de Ab : l’influence de ces variables sur l’implication publicitaire, antécédent de la route de persuasion.
9 Validation de l’influence : de l’implication dans la catégorie de produit. du besoin de cognition de la nature du programme préalable 9 Supposition théorique de l’influence de la confiance en soi 9 Absence de convergences théoriques ou empiriques sur l’étude de la distraction au sein de la relation entre la confiance en soi et l’impact persuasif d’un message.
9 Validation d’une influence de profils individuels (distraction x confiance en soi) sur l’implication publicitaire. 9 Validation d’une influence de profils psychologiques (confiance en soi x besoin de cognition) sur l’implication publicitaire.
Les déterminants d’ordre motivationnel aux processus de persuasion : les éléments concourant à poser la médiation via la confiance de l’influence de l’implication publicitaire sur la nature de la route de persuasion publicitaire.
9 Reconnaissance de l’influence théorique du triptyque MCO sur l’implication publicitaire.
Des considérations théoriques et empiriques fortes en faveur de la médiation, par la confiance, de l’influence de l’implication publicitaire sur la nature de la route de persuasion.
9 Des éléments théoriques et empiriques en faveur de l’existence d’une relation positive entre l’implication publicitaire et la confiance dans une évaluation dans un contexte de persuasion :
Validation de l’influence positive de l’implication dans le message sur : - la confiance dans les croyances-produit ; - Aad. - Influence positive de l’implication dans le message sur la confiance dans Ab supposée fortement de manière théorique. Absence de validation de l’influence de l’implication dans l’exécution sur la confiance dans l’évaluation globale (attitude) ou spécifique (croyances) de l’annonce ou de la marque 9 Des contributions menées dans un contexte non persuasif en faveur de l’existence d’une relation positive entre l’implication et la confiance dans l’évaluation. Validation en comportement du consommateur et en psychosociologie de l’influence d’une forte implication sur la confiance dans Ab
9 Validation, dans un contexte de pré-test publicitaire de l’influence de l’implication publicitaire sur les niveaux de confiance des médiateurs de persuasion.
Chapitre IV - Conceptualisation 188
Tableau IV.4. (suite)
CADRE CONCEPTUEL ACQUIS VOIES D’INVESTIGATION
Articulation des variables d’efficacité et mise en évidence de "routes de persuasion" publicitaires : le rôle modérateur de la confiance dans une évaluation sur la nature ("utilitaire" versus "hédonique"179) de Ab.
9 Validation : de l’hypothèse de médiation duale de Lutz (1985) sous condition de forte implication ; d’une influence de Ab sur Ib (MacKenzie, Lutz et Belch, 1986). dans des contextes de pré-test publicitaire. 9 Absence de consensus clair autour de l’existence d’une relation entre Aad sur Ib. 9 Validation de l’influence de la nature (message/exécution) et du degré (faible/fort) de l’implication sur l’intensité des relations de causalité entre variables médiatrices de la formation de Ib sous influence publicitaire. 9 Reconnaissance théorique du rôle modérateur de la confiance dans une évaluation sur l’intensité de la force des relations de causalité entre variables intermédiaires d’efficacité publicitaire avec : Une validation empirique du rôle modérateur de la confiance dans les croyances-produit sur l’intensité de la relation entre les croyances-produit et Ab. Une validation empirique du rôle modérateur de la confiance dans Ab sur l’intensité de la relation entre Ab et Ib.
9 Validation empirique d’une relation directe et positive entre Aad et Ib en situation de pré-test d’une annonce publicitaire pour une marque inconnue. 9 Validation de l’influence de la confiance sur la route de persuasion : la variable médiatrice pour laquelle le niveau de confiance est le plus élevé conditionne le recours de l’individu à l’une des 6 modélisations envisagées.180
179 Rappelons ici que les chercheurs ont mis en évidence qu’une route "centrale" conduit à la formation d’une attitude "utilitaire" et qu’une route "périphérique" à celle d’une attitude "hédonique" (Cf. chapitre II). 180 Le détail de ce point sera opéré au sein de la formulation de nos hypothèses de recherche.
Chapitre IV - Conceptualisation 189
La présentation précédente de nos voies d’investigation suggère fortement les
deux principaux axes de recherche qui sous-tendent notre contribution : au regard de la
littérature en communication persuasive, en comportement du consommateur et en
psychosociologie, nous proposons de contribuer à l’avancement des connaissances dans
le domaine de la compréhension de l’influence d’un stimulus publicitaire dans une
optique persuasive en formulant un corps d’hypothèses de recherche destinées à :
9 Valider empiriquement notre postulat de médiation, en établissant
l’influence de l’implication publicitaire sur la confiance dans les aspects évaluatifs des
médiateurs de persuasion (Axe de recherche n°1) ;
9 Valider empiriquement le rôle modérateur de la confiance au sein des
processus de persuasion (Axe de recherche n°2) :
Par la validation d’une influence modératrice de la confiance en soi,
trait de personnalité, sur l’impact attitudinal d’une communication
persuasive via l’implication publicitaire ;;
Par la validation d’une influence modératrice de la confiance dans
les aspects évaluatifs médiateurs de persuasion sur la nature de la route
de persuasion.
La formulation explicite de nos hypothèses de recherche constitue le troisième
paragraphe de ce chapitre destiné à présenter l’ensemble des considérations d’ordre
théorique et empiriques, issues de la littérature, qui nous orientent naturellement vers la
proposition de modèles de persuasion.
Chapitre IV - Conceptualisation 190
III - FORMULATION DES HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
Elles appartiennent à trois catégories : un ensemble d’hypothèses préalables, des
hypothèses relatives à notre axe de recherche n°1 (médiation) et enfin des hypothèses
relatives à l’influence modératrice de la confiance en soi au sein des processus de
persuasion (axe de recherche n°2).
III.1. - Les hypothèses préalables
Sans s’inscrire directement au sein de nos objectifs prioritaires de recherche, la
validation de ces hypothèses constitue néanmoins un préalable incontournable à la
validation (voire l’existence) de nos deux axes de recherche ;; elles concernent :
9 L’influence unidirectionnelle de la composante durable de la confiance
en soi sur la composante situationnelle ;
9 Le degré de dépendance entre une évaluation et le degré de certitude
qui lui est associé ;
9 L’articulation des relations entre les composantes évaluatives des
variables d’efficacité.
9 L’articulation des relations entre les composantes non évaluatives des
médiateurs de persuasion.
III.1.1. - Relation entre la confiance en soi, trait durable et la confiance dans les
évaluations publicitaires, aspect situationnel
Nous postulons qu’à l’instar de l’implication, la composante durable de la
confiance en soi exerce une influence sur sa composante situationnelle et non l’inverse.
Dans la mesure où la composante durable peut refléter un trait global (estime de soi) ou
spécifique (confiance dans le traitement des informations), nous postulons en outre que
la confiance dans le traitement des informations exerce sur l’aspect situationnel une
influence plus importante que l’estime de soi. En conséquence, nous formulons les trois
hypothèses suivantes :
Chapitre IV - Conceptualisation 191
H00 : La confiance en soi influence la confiance dans les médiateurs de persuasion181.
H00a : La confiance dans les médiateurs n’influence pas la confiance en soi.
H00b : La confiance dans le traitement des informations exerce une influence plus
importante sur la confiance dans les médiateurs que l’estime de soi globale.
III.1.2. - Le degré de dépendance entre la composante évaluative et la composante
non évaluative d’un médiateur de persuasion
A l’instar des contributions dans le domaine de l’identification des composantes
de force, nous postulons en préalable que le degré de conviction représente un aspect
distinct et éventuellement faiblement corrélé à l’évaluation. Obtenir une faible
corrélation entre ces deux variables suffit à montrer cette indépendance. En
conséquence, nous postulons que :
H01 : La corrélation entre la confiance et l’évaluation est faible182.
III.1.3. - Modèle général de persuasion ou l’articulation entre l’aspect évaluatif des
variables d’efficacité publicitaire
Basées sur l’hypothèse de médiation duale, certaines hypothèses spécifiques et
concernant la possible existence d’une relation directe entre Aad et Ib méritent d’être
posées.
181 Nous vérifierons cette influence sur les quatre niveaux de confiance définis : confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce, confiance dans les croyances-produit, confiance dans Aad et confiance dans Ab. 182 Nous ne détaillerons pas plus précisément cette hypothèse : soulignons cependant que comme pour le point précédent, il s’agit d’étudier cette relation pour les quatre médiateurs suivants : croyances à l’égard de l’annonce, croyances-produit, Aad et Ab.
Chapitre IV - Conceptualisation 192
III.1.3.1. - L’hypothèse de médiation duale de Lutz (1985) enrichie de la
contribution de Mackenzie, Lutz et Belch (1986)
Comme nous l’avons précédemment développé au sein de notre cadre
conceptuel, nous postulons que les variables endogènes d’un modèle général de
persuasion s’articulent selon l’hypothèse de médiation duale enrichie de la contribution
de Mackenzie, Lutz et Belch (1986) en ce qui concerne l’influence de Ab sur Ib. En
conséquence, nous postulons que :
H02 : L’hypothèse de médiation duale "enrichie" reflète l’articulation des relations de
causalité entre les aspects évaluatifs des variables d’efficacité publicitaire.
III.1.3.2. - La problématique de l’existence d’une relation directe entre Aad et Ib
Peu de consensus émerge de la littérature en ce qui concerne l’existence même
de cette relation. Cependant, compte tenu de notre expérimentation, l’on peut
raisonnablement supposer que cette relation puisse exister. En effet, nous travaillons
sur des annonces pour des marques inconnues auxquelles les individus ne sont
exposés qu’une seule fois. Sans dévoiler de manière trop forte notre protocole
expérimental, ces deux éléments (marque inconnue, exposition unique) nous conduisent
à envisager que certains individus puissent effectuer un "raccourci" dans la formation
d’une intention d’achat de la marque. En effet, certaines personnes peuvent ne pas être
suffisamment intéressées et/ou attentives aux caractéristiques spécifiques de l’annonce
et de la marque (croyances à l’égard de l’annonce et croyances-produit) ; il faut envisager
que dans ce cas, comme le suggèrent Mitchell et Olson (1981) ou encore Howard
(1977) ou bien encore des praticiens comme Biel (1990) et Biel et Bridgewater (1990),
l’individu soit susceptible de fonder son intention d’achat sur l’"attribut publicité" de la
marque. Bien que nous ne partagions par la vision multidimensionnelle des attitudes
(Bagozzi, 1982), on pourrait raisonnablement supposer que l’intention d’achat de la
marque puisse refléter la composante d’ordre conatif de Ab ; Ab serait ainsi composé
Chapitre IV - Conceptualisation 193
d’une "composante" affective (Ab) et conative (Ib) ; ainsi, en fonction des circonstances,
on peut envisager une contribution de Aad dans l’explication de la "composante"
affective de Ab ou bien dans sa "composante" conative, Ib. Si l’on reprend la dichotomie
effectuée sur le concept d’implication publicitaire en fonction de l’essence cognitive
versus affective de l’implication, il se pourrait qu’une implication de nature affective
induise une relation positive et forte entre Aad et Ab et qu’une implication cognitive
contribue quant à elle à l’existence d’une relation directe, positive et forte entre Aad et Ib.
Nous ne supposons pas l’exclusivité de chaque relation ;; il semble réaliste d’envisager à
la fois une relation entre Aad et Ab et entre Ab et Ib ; car ces deux routes alternatives
pourraient tout à fait dépendre des individus selon leur propension à être plutôt
"cognitif" qu’"affectif". Cependant, notre situation de pré-test nous conduit à penser
qu’à un niveau global, l’implication risque d’être plus de nature cognitive qu’affective.
L’ensemble des considérations précédentes nous conduit à postuler que :
Aad exerce une influence sur Ib :
indirecte, via son influence sur Ab, et
H02a : directe
En outre, nous pensons que c’est l’objet de l’implication publicitaire (message
versus exécution) qui conditionne fortement l’existence de la relation entre Aad et Ib.
Précisément, les individus sont susceptibles d’effectuer un raccourci important si leur
Aad est fortement déterminée par leur évaluation des caractéristiques du message. En
conséquence, nous postulons que l’objet de l’attitude envers l’annonce modère la
relation entre Aad et Ib :
H02b : La relation entre Aad-mess et Ib est plus intense que la relation entre Aad-exec et Ib.
Chapitre IV - Conceptualisation 194
III.1.4. - Articulation des relations entre aspects non évaluatifs des variables
d’efficacité publicitaire
Nous postulons que l’articulation entre les différents niveaux de confiance au
sein d’un modèle général est identique à celle qui caractérise les variables d’efficacité :
plus précisément, nous postulons que si l’hypothèse de médiation duale permet de
décrire la façon dont une évaluation influence une autre évaluation, cette hypothèse
peut également refléter la façon dont la confiance dans une évaluation influence la
confiance dans une autre évaluation. En conséquence, plutôt qu’un ensemble
d’hypothèses, nous validerons le modèle général suivant (Figure IV.7.) :
Figure IV.7. : Articulation théorique entre aspects non évaluatifs de confiance
Légende : Conf Cad : niveau de confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce Conf Aad : niveau de confiance dans l’attitude envers l’annonce Conf Cb : niveau de confiance dans les croyances-produit Conf Ab : niveau de confiance dans l’attitude envers l’annonce
En conséquence, nous formulons l’hypothèse générale suivante :
H03 : L’hypothèse de médiation duale reflète l’articulation entre les différentes variables
de confiance.
Les hypothèses préalables ayant été formulées, il convient à présent de
développer un ensemble d’hypothèses plus précisément liées à notre problématique de
recherche : le rôle de la confiance en soi au sein des processus de persuasion
publicitaire.
Conf Cad Conf Aad
Conf Cb Conf Ab
Chapitre IV - Conceptualisation 195
III.2. - Etude de l’influence de l’implication publicitaire sur la confiance : les
hypothèses relatives à notre postulat de médiation (axe de recherche et proposition
de recherche n°1)
Rappelons brièvement la conception adoptée au sein de cette recherche sur le
rôle de l’implication publicitaire : conséquence du triptyque MCO, l’implication
publicitaire représente un état non observable qui conditionne la nature (utilitaire versus
hédonique) ainsi que l’intensité de Ab. En plus de ces deux caractéristiques, l’implication
publicitaire conditionnerait la force de Ab selon un critère de confiance associé à cette
évaluation globale de la marque. Notre réflexion théorique nous a conduit à postuler
une influence directe de l’implication publicitaire sur la confiance dans les médiateurs
de persuasion. En outre, l’implication publicitaire exercerait, selon certains travaux, une
influence positive sur la confiance : une implication faible induirait de faibles niveaux
dans certains médiateurs, une implication forte, de forts niveaux de certitude associés à
certaines évaluations. La question est de savoir sur quel médiateur, plus exactement sur
quelle variable de confiance, s’exerce en fait l’influence de l’implication publicitaire
(faible versus forte). En addition à l’intensité, il semble que pour répondre à cette
question, il faille prendre en considération l’objet de l’implication. Ainsi, à la lumière
des travaux menés en communication persuasive et à la suite de notre propre réflexion
théorique, il semble que l’intensité et l’objet de l’implication déterminent conjointement
sur quelle(s) variable(s) de confiance l’implication publicitaire va venir exercer le plus
fortement son influence.
Notre tableau des caractéristiques du traitement de l’annonce en fonction de
l’intensité et de l’objet de l’implication183 nous permet d’avancer les deux postulats
suivants :
183 Cf. Tableau IV.3., p. 170.
Chapitre IV - Conceptualisation 196
Postulat n°1 : L’implication dans le message influence positivement les niveaux de
confiance dans les médiateurs relevant d’un traitement intense des informations
contenues dans l’annonce (croyances à l’égard de l’annonce et croyances-produit).
Postulat n°2 : L’implication dans l’exécution influence positivement les niveaux de
confiance dans les médiateurs liés à l’annonce (croyances à l’égard de l’annonce et Aad).
Ces deux postulats méritent d’être précisés par un ensemble d’hypothèses
spécifiques qui s’inscrivent dans notre première proposition de recherche :
l’intensité et l’objet de l’implication conditionnent l’intensité et la nature (quel
médiateur) de la confiance dans une évaluation.
9 Influence de l’ implication dans le message
Nous postulons que cette influence se fait le plus fortement ressentir sur la
confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce et la confiance dans les croyances-
produit. En traitant intensément l’ensemble des informations véhiculées par l’annonce,
l’individu est ainsi susceptible d’obtenir de forts niveaux de certitude associés à des
évaluations spécifiques de l’annonce et de la marque. En conséquence nous formulons
les hypothèses suivantes :
H1 : L’implication dans le message exerce une influence positive sur la confiance dans
les évaluations spécifiques de l’annonce et de la marque.
H1a: L’implication dans le message influence positivement la confiance dans les
croyances-produit.
H1b : L’implication dans le message exerce une influence positive sur la confiance dans
les croyances à l’égard de l’annonce.
H1c : L’influence de l’implication dans le message est plus forte sur la confiance dans ces
deux médiateurs (croyances publicitaires et croyances-produit) que sur la confiance dans
Aad.
Chapitre IV - Conceptualisation 197
9 Influence de l’implication dans l’exécution
Une forte implication dans l’exécution est supposée induire une forte tendance
de l’individu à avoir recours à des heuristiques cognitives ou bien à traiter de manière
intense les indicateurs périphériques contenus dans l’annonce ;; en conséquence, on
s’attend à une contribution importante des croyances à l’égard de l’annonce et de Aad à
l’explication de Ab. De forts niveaux de certitude associés à ces évaluations spécifiques
et globales de l’annonce sont donc supposées. En conséquence, nous postulons que :
H2 : L’implication dans l’exécution exerce une influence positive sur la confiance dans
les évaluations spécifiques et globales de l’annonce.
H2a : L’implication dans l’exécution influence positivement la confiance dans les
croyances à l’égard de l’annonce.
H2b : L’implication dans l’exécution exerce une influence positive sur la confiance dans
Aad.
H2c : L’influence de l’implication dans l’exécution est plus forte sur la confiance dans
ces deux médiateurs (croyances publicitaires et Aad) que sur la confiance dans les
croyances-produit.
Dans la mesure où notre protocole s’inscrit dans une situation de pré-test
publicitaire, nous pouvons intuitivement présupposer de l’existence d’un processus de
persuasion plutôt prédominé par un traitement cognitif (Zajonc, 1980 ; Zanna et
Rempel, 1988). Nous postulons donc que :
H2d : L’influence de l’implication dans l’exécution se fait plus fortement ressentir sur la
confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce que sur la confiance dans Aad.
Les individus ne peuvent être exclusivement impliqués soit dans le message, soit
dans l’exécution de l’annonce ;; certains peuvent ainsi être faiblement impliqués à la fois
Chapitre IV - Conceptualisation 198
dans le message et dans l’exécution ;; de même, d’autres peuvent traiter très activement à
la fois le message et les éléments d’exécution. En conséquence, deux cas
supplémentaires doivent être étudiés :
9 Une situation de faible implication publicitaire (message et exécution);
9 Une situation de forte implication publicitaire.
Une situation de faible implication publicitaire conduit à la prédominance de Aad
dans l’explication de Ab. Cependant, dans la mesure où une telle situation induit un
traitement superficiel de tous les éléments contenus dans l’annonce, nous postulons que
dans ce cas et conformément aux développement théoriques, les individus ne peuvent
obtenir de forts niveaux de certitude associés à leurs évaluations. Sans renier totalement
l’influence positive que l’implication publicitaire peut éventuellement exercer sur les
niveaux de confiance dans les autres médiateurs de persuasion (Alba et al., 1992 ;
Sengupta et al., 1997184), nous postulons que :
H3 : En situation de faible implication publicitaire, la confiance dans Aad joue un rôle
prépondérant.
H3a : Une faible implication publicitaire influence positivement la confiance dans Aad.
H3b : Les niveaux moyens de confiance dans Aad sont plus faibles que lorsque
l’implication publicitaire est forte.
H3c : La confiance dans Aad est supérieure à la confiance dans les autres médiateurs
persuasifs.
Une situation de forte implication conduit à ce que tous les médiateurs
contribuent fortement à expliquer Ab et Ib. De même, de forts niveaux de certitude
associés à ces aspects évaluatifs sont attendus. Cependant, dans la mesure où nous
présupposons qu’une situation de pré-test est susceptible d’être plutôt dominée par un
mécanisme de nature cognitive plutôt que par un processus affectif, nous pensons que
184 Cf. chapitre III.
Chapitre IV - Conceptualisation 199
les niveaux de confiance dans les croyances-produit et de confiance dans les croyances à
l’égard de l’annonce contribuent de manière plus importante à l’existence d’une Ab
confiante que la confiance dans Aad. Or, puisque la confiance dans les croyances à
l’égard de l’annonce est supposée influencer positivement la confiance dans Aad, nous
pensons in fine que c’est en fait la confiance dans les croyances-produit qui prédomine
dans l’explication de la confiance dans Ab. En conséquence, sans négliger pour autant
l’influence de l’implication publicitaire sur les autres niveaux de confiance, nous
postulons que l’influence d’une forte implication se fait le plus fortement ressentir sur la
confiance dans les croyances produit. Nous postulons en conséquence que :
H4 : En situation de forte implication publicitaire, la confiance dans les croyances-
produit joue un rôle prépondérant.
H4a : Une forte implication publicitaire exerce une influence positive sur la confiance
dans les croyances-produit.
H4b : Les niveaux moyens de confiance dans les croyances-produit sont supérieurs aux
niveaux moyens de confiance dans les autres médiateurs de persuasion.
H4c : Les niveaux moyens de confiance dans les croyances-produit sont supérieurs en
cas de forte implication publicitaire qu’en cas de forte implication dans le message et de
faible implication dans l’exécution.
Afin d’offrir une représentation synoptique de notre postulat de médiation, la
figure IV.8. représente le modèle général sur lequel se fondent les hypothèses
développées.
Figure IV.8. : Modélisation générale reflétant le postulat d’influence de l’implication
publicitaire sur la confiance
Implication / message
Confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce
H1a
H1b
Chapitre IV - Conceptualisation 200
La confiance dans une évaluation n’est pas seulement supposée d’un point de
vue théorique exercer une influence uniquement médiatrice des effets d’une
communication publicitaire ; elle est également supposée modérer les relations de
causalité d’un modèle général de persuasion et mettre ainsi en exergue des "routes" de
formation des variables attitudinales (Ab) et pré-conatives (Ib) d’efficacité.
Implication / exécution
Confiance dans Aad
Confiance dans les croyances-produit
H2a
H2b
Chapitre IV - Conceptualisation 201
III.3. - Les hypothèses relatives à l’influence modératrice de la confiance en soi au
sein du processus de persuasion
L’aspect situationnel (confiance dans une évaluation spécifique et globale de
l’annonce et de la marque) ainsi que la composante durable (trait de personnalité
individuel) sont supposées exercer une influence modératrice au sein des processus de
persuasion publicitaire.
III.3.1. - La mise en évidence de "routes" de persuasion ou l’influence modératrice
de l’aspect situationnel de la confiance en soi.
Les hypothèses relatives à la détermination, via la confiance, de la diversité des
cheminements psychologiques des individus lorsqu’ils sont exposés à une annonce
publicitaire sont très fortement liées aux hypothèses précédentes concernant la variable
de confiance à l’origine de la force de Ab en fonction de l’intensité, de l’objet et de la
nature de l’implication. Ainsi, de manière congruente au paragraphe précédent, notre
deuxième proposition de recherche, à savoir, la détermination, par la confiance,
d’une route de persuasion, inclut les quatre postulats majeurs suivants :
Postulat n°1 : La confiance dans Aad exerce une influence modératrice sur les relations
de causalité d’un modèle général de persuasion.
Postulat n°2 : La confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce modère les
relations de causalité entre variables d’efficacité.
Postulat n°3 : La confiance dans les croyances-produit est modératrice de l’impact
attitudinal d’une communication publicitaire.
Postulat n°4 : La confiance dans Ab modère l’impact d’une communication sur la
variable d’efficacité pré-conative : Ib.
Ces postulats méritent à leur tour d’être précisés par un ensemble d’hypothèses
spécifiques.
Chapitre IV - Conceptualisation 202
9 Postulat n° 1 : Influence modératrice de la confiance dans Aad
Nous postulons que la confiance dans Aad est susceptible d’exercer une influence
modératrice au sein des processus de persuasion de deux manières possibles
(MacKenzie et Spreng, 1992). En conséquence, il est fait l’hypothèse que :
La confiance dans Aad est modératrice des mécanismes de formation de Ab (H5):
En exerçant une influence positive sur les niveaux moyens de Ab (H5a)
et/ou en exerçant une influence sur l’intensité de la relation entre Aad et Ab (H5b) ;
En exerçant une influence positive sur les niveaux moyens de croyances-produit (H5c)
et/ou en exerçant une influence sur l’intensité de la relation entre les croyances-
produit et Ab (H5d)
9 Postulat n° 2 : Influence modératrice de la confiance dans les croyances à
l’égard de l’annonce
A l’instar de la confiance dans Aad, la confiance dans les croyances à l’égard de
l’annonce est supposée modératrice de l’impact attitudinal de la communication
persuasive. En conséquence, nous proposons les hypothèses suivantes :
La confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce modèrent les processus de
persuasion (H6):
En influençant les niveaux moyens de Aad (H6a)
et/ou en exerçant une influence sur la force de la relation entre les croyances à l’égard
de l’annonce et Aad (H6b)
Chapitre IV - Conceptualisation 203
9 Postulat n° 3 : Influence modératrice de la confiance dans les croyances-
produit
Nous postulons que :
La confiance dans les croyances-produit modère les processus de persuasion (H7):
En influençant les niveaux moyens de Ab (H7a)
et/ou en exerçant une influence sur la force de la relation entre les croyances-produit
et Ab (H7b)
9 Postulat n° 4 : Influence modératrice de la confiance dans Ab
Nous postulons que :
La confiance dans Ab modère les processus de persuasion (H8):
En influençant les niveaux moyens de Ib (H8a)
et/ou en exerçant une influence sur la force de la relation entre Ab et Ib (H8b)
Dès lors que l’existence de la relation entre Aad et Ib est démontrée, nous
supposons de manière réaliste et congruente avec notre réflexion antérieure que :
La confiance dans Aad modère les processus de persuasion (H9):
En influençant les niveaux moyens de Ib (H9a)
et/ou en exerçant une influence sur la force de la relation entre Aad et Ib (H9b)
III.3.2. - La problématique du degré de connaissance préalable
De la littérature émergent des résultats contradictoires en ce qui concerne
l’influence du degré de connaissance préalable sur l’impact d’une communication
persuasive. Sans revenir sur ces résultats mais en les intégrant au sein de notre réflexion,
Chapitre IV - Conceptualisation 204
nous postulons que l’exposition des individus à nos marques inconnues est susceptibles
d’induire deux types de comportements concurrents : une intensification de la
motivation de l’individu à traiter l’annonce ou bien une limitation de sa capacité à le
faire.
9 Selon Chaiken (1980), une absence de connaissance antérieure conduit
l’individu à être très motivé pour traiter l’annonce afin d’obtenir de
forts niveaux de confiance dans son jugement. Cette forte motivation
conditionne le fait que l’individu est plus susceptible de traiter
activement le message, en particulier les informations relatives au
produit ;; dans ce cas, on s’attend à ce que les croyances-produit
jouent un rôle important et que ce traitement induise de forts niveaux
de confiance associés à cette évaluation.
9 Une absence de connaissance antérieure, en limitant la capacité de
traitement de l’individu oriente l’individu vers un traitement des
éléments d’exécution induisant ainsi une plus forte implication de
l’individu dans l’exécution. Selon le principe de suffisance de
Chaiken (1980), trois cas sont susceptibles de se présenter :
L’individu obtient de forts niveaux de confiance dans son évaluation
d’abord globale de l’annonce (principe d’économie) ;; Aad et en
particulier Aad-exec lui suffit à se décider.
L’individu n’obtient pas un niveau de confiance dans Aad suffisant
grâce à cette évaluation superficielle ; il éprouve alors le besoin de
traiter plus activement l’annonce, il est donc dans ce cas susceptible
d’élaborer fortement sur les caractéristiques spécifiques de l’annonce,
en particulier sur celles qui concernent l’exécution et d’obtenir de forts
niveaux de confiance dans ses croyances à l’égard de l’annonce ;
Chapitre IV - Conceptualisation 205
Si une évaluation superficielle du message ne lui permet pas
d’obtenir des niveaux de confiance suffisants dans son évaluation
globale (Aad) de l’annonce, alors il va décider de s’orienter vers un
traitement plus approfondi du message à la fois en ce qui concerne
l’argumentation et les caractéristiques du produit véhiculées par
l’annonce. C’est dans ce cas qu’entrent en considération les
croyances à l’égard du message et les croyances-produit.
Ces points de réflexion permettraient de comprendre l’impact du degré de
connaissance préalable. En effet certains auteurs valident cette influence sur les niveaux
moyens des cognitions sur l’annonce (Alba, 1983 ;; Maheswaran et Sternthal, 1990) et la
marque (Marks et Olson, 1981 ; Maheswaran et Sternthal, 1990) mais pas sur Aad
(Rethans, Swazy et Marks, 1986). Notre contribution permettrait donc de comprendre
ce résultat puisque nous postulons en rejoignant la conception de MacKenzie et Spreng
(1992) qu’une connaissance limitée peut influer positivement sur la confiance dans les
croyances à l’égard de l’annonce qui modère la relation entre les croyances à l’égard
de l’annonce et Aad sans obligatoirement influencer les niveaux moyens de Aad
(MacKenzie et Spreng, 1992).
A la lumière de notre propre réflexion relative à l’influence du degré de
connaissance préalable sur le processus de persuasion, il semblerait que quel que soit ce
degré de connaissance préalable, l’intensité de l’implication publicitaire soit renforcée. A
contrario, un doute subsiste sur l’objet de cette forte implication. En effet, l’exposition
d’un individu à une marque inconnue renforce-t-elle son implication dans le message
(principe de suffisance) ou bien son implication dans l’exécution (limitation de la
capacité de traitement du message) ? Nous pensons qu’une situation de pré-test avec
échantillon de convenance (étudiants) et une unique exposition pour une marque
inconnue conduit à une plus grande contribution de l’implication dans l’exécution à
Chapitre IV - Conceptualisation 206
l’explication des processus de persuasion. En conséquence, nous postulons que quel
que soit le produit étudié :
H04: Les niveaux moyens d’implication dans l’exécution sont supérieurs aux niveaux
moyens d’implication dans le message.
III.3.3. - Synthèse des modélisations envisagées relatives à la mise en évidence des
routes de persuasion publicitaire
Nous ne souhaitons pas nous avancer de manière définitive sur l’essence
cognitive versus affective de l’implication publicitaire des individus soumis à notre
protocole expérimental. En effet, si une situation de pré-test publicitaire nous oriente
fortement vers une approche largement dominée par un mécanisme d’ordre cognitif,
l’existence d’un programme préalable ainsi que le fait que le chercheur ait masqué l’objet
réel de l’enquête nous dicte de ne pas trancher de manière trop hâtive sur cette question.
C’est pourquoi, nous envisageons dans notre tableau récapitulatif (Tableau IV.5.) à la
fois l’intensité, l’objet ainsi que la nature cognitive versus affective de l’implication
publicitaire.
Chapitre IV - Conceptualisation 207
Tableau IV.5. : Synthèse générale sur les routes de persuasion
FAIBLE IMPLICATION DANS LE MESSAGE
FORTE IMPLICATION DANS L’EXÉCUTION
9 Si forts niveaux de confiance dans Aad (implication affective et principe d’économie)
9 Si forts niveaux de confiance dans Cad (implication cognitive)
FAIBLE IMPLICATION DANS L’EXÉCUTION Hypothèse de "pur transfert affectif"185
FORTE IMPLICATION DANS LE MESSAGE
FORTE IMPLICATION DANS L’EXÉCUTION Hypothèse de "médiation duale" : forts niveaux de confiance dans Cad et dans Cb 9 Si implication cognitive186 : 9 Si implication affective :
FAIBLE IMPLICATION DANS L’EXÉCUTION
Forts niveaux de confiance dans Cad et dans Cb
Légende :
185 Il se peut ici que l’on obtienne une absence de relation de causalité entre Ab et Ib.
186 Il est possible que ce cas reflète précisément l’hypothèse d’influences indépendantes de MacKenzie, Lutz et Belch (1983), à savoir une absence d’influence de Aad sur Ab.
Aad
Aad
Ib
Cad-exec Aad-exec
Cad-mess
Cb Ab
Aad-mess Cad-mess
Ib Ab Cb
Cb Ib Ab
Cad Aad
Ib Cb
Aad-mess
Ab Ib Ab
Aad
Cb
Cad
Aad
Ib Ab Cb
Cad
Aad
Ö
Ö
Ö
Modèle n°6 Modèle n°3
Modèle n°2
Modèle n°4
Modèle n°5
Modèle n°1
: influence théoriquement forte : influence théoriquement faible
Chapitre IV - Conceptualisation 208
Trois remarques viennent conclure la présentation des routes de persuasion :
9 Ce sont 6 cheminements psychologiques de l’individu soumis à
l’influence du stimulus publicitaire qui sont mis en lumière par notre
réflexion sur les "routes" de persuasion ;
9 Nous privilégions cependant les modèles n°2, 4, 6 (conception d’un
processus de traitement prédominé par un mécanisme cognitif en
situation de pré-test) ainsi que le modèle n°3 qui mérite une précision :
il correspond à une situation d’implication affective mais peut
néanmoins s’appliquer à une situation de pré-test dès lors que l’on
considère que pour une unique exposition à une marque inconnue, il
est possible que l’individu, animé d’un fort souci d’économie de son
effort cognitif (Chaiken, 1980), fonde son évaluation de Ab
uniquement sur la seule considération de l’attribut "publicité" ;; dans ce
cas, on pourrait presque considérer que l’évaluation de Aad représente
en quelque sorte une "croyance" sur la marque et rejoindre ainsi la
conception de Mitchell et Olson (1981). Ainsi, il se peut qu’un
processus de nature cognitive soit sous-jacent à la formation de Ab en
situation de faible implication.
9 Sans dévoiler la nature du traitement des données que nous allons
effectuer, se dessine fortement l’impératif de constituer des groupes187
d’individus en fonction de trois caractéristiques principales :
L’intensité et l’objet de l’implication publicitaire ;;
L’intensité des niveaux de confiance dans les médiateurs
pertinents.
187 Cette démarche d’analyse qui peut sembler très fastidieuse a priori présente l’avantage à nos yeux de clarifier considérablement les processus de persuasion.
Chapitre IV - Conceptualisation 209
III.3.4. - Influence modératrice de la confiance en soi, trait de personnalité durable
La confiance en soi, déterminant de la capacité et de l’opportunité à traiter le
message est théoriquement supposée influencer le mode de traitement des informations
contenues dans une annonce. Cependant, comme nous l’avons largement développé au
sein de notre cadre conceptuel, nous n’étudierons pas la confiance en soi de manière
isolée. Nous souhaitons, et cela se défend d’un point de vue théorique, étudier des
profils d’individus en fonction de leur estime d’eux-mêmes, de leur besoin de cognition
et du degré de distraction au cours du traitement de l’annonce. D’un point de vue
strictement mathématique, si l’on effectue une différenciation de ces variables selon
deux modalités de leur intensité (faible valeur versus forte valeur de la variable), 8 profils
(23) sont possibles ;; cependant, nous pensons que certains profils n’existent que très
faiblement voire sont inexistants au sein de notre échantillon d’individus.
III.3.4.1. - L’identification des profils pertinents
Les variables de confiance en soi et plus précisément la facette spécifique du
construit ainsi que le besoin de cognition mesurent toutes deux un trait de personnalité
durable d’un individu. Un examen des définitions théoriques de ces construits nous
conduit à nous interroger sur leur degré de dépendance. En effet, ces deux variables
semblent toutes deux appréhender la réflexion de l’individu selon deux aspects : si la
confiance dans le traitement des informations représente la capacité de réflexion
(perçue) par l’individu, le besoin de cognition reflète le goût de l’individu pour cette
activité cognitive. Cette remarque se reflète de manière logique au travers des items
employés pour mesurer ces variables puisque certains items de confiance dans le
traitement des informations sont très proches d’items de besoin de cognition. Par
exemple, l’item de confiance dans le traitement des informations “Je suis capable de
résoudre rapidement énigmes et puzzles” (Wright, 1975) et l’item de besoin de cognition “Je
préfère que ma vie soit remplie de puzzles à résoudre” (Cacioppo, Petty et Kao, 1984) ;; l’item “Je
préfère faire quelque chose qui ne me demande pas beaucoup de réflexion plutôt que quelque chose dont
Chapitre IV - Conceptualisation 210
je suis sûr que cela va me demander une certaine capacité de réflexion” du besoin de cognition
intègre même la notion de capacité.
En outre, n’aime-t-on pas particulièrement les choses pour lesquelles l’on pense
avoir des aptitudes particulières ? Ainsi, il se pourrait que l’on aime réfléchir parce que
l’on pense avoir de fortes aptitudes à le faire. Dans cette perspective, la confiance en soi
pourrait donc constituer un antécédent du besoin de cognition. L’hypothèse inverse
peut cependant être également envisagée : en effet, un individu aimant réfléchir peut
être amené à le faire très fréquemment, cette expérience quotidienne venant ainsi
renforcer sa perception de son aptitude à traiter des informations. Ainsi, aucune des
deux variables ne semble constituer d’un point de vue théorique l’antécédent de l’autre.
En conséquence et en nous fondant sur l’ensemble des réflexions précédentes, nous
postulons que :
H05: La confiance dans le traitement des informations et le besoin de cognition varient
dans le même sens.
H05’ : La confiance en soi spécifique est plus fortement liée au besoin de cognition que
la confiance en soi globale.
La validation de ces hypothèses nous permettrait d’affirmer que certains profils
sont beaucoup plus fréquents que d’autres qui peuvent même ne pas exister. Nous
pensons ainsi qu’un individu faiblement confiant en lui possède également un faible
besoin de cognition. A contrario, un individu fortement confiant en lui posséderait un
fort besoin de cognition. En revanche, il paraît peu réaliste de penser qu’un individu
fortement confiant n’ait aucun goût pour la réflexion. De même, un individu très
faiblement confiant ne se réjouit probablement pas beaucoup à l’idée de réfléchir
intensément. Nous vérifierons au sein de notre échantillon si ces deux derniers profils
sont fréquents et privilégions donc, dans le cadre de notre analyse de l’influence de
Chapitre IV - Conceptualisation 211
profils individuels sur l’implication publicitaire, les deux profils de confiance en soi et
de besoin de cognition suivants :
9 Les individus faiblement confiants et possédant un faible besoin de
cognition : PROFIL N°1
9 Les individus fortement confiants et se réjouissant fortement à l’idée
de réfléchir intensément : PROFIL N°2
III.3.4.2. - Les hypothèses relatives aux individus possédant une faible estime
d’eux-mêmes ainsi qu’un faible besoin de cognition
Une faible confiance en soi intensifie l’implication publicitaire ;; l’individu
souhaitant obtenir de forts niveaux de confiance dans son jugement (confiance désirée,
Chaiken, 1980) a en effet besoin de traiter plus activement l’annonce, en particulier les
informations relatives au produit (MacInnis et Jaworski, 1989 ; MacInnis, Moorman et
Jaworski, 1991). Cependant, il n’a pas forcément l’opportunité de le faire puisque les
circonstances entourant l’exposition publicitaire peuvent le contraindre dans son
traitement. La distraction est ainsi susceptible de modérer l’influence de la confiance en
soi sur l’implication publicitaire.
Les recherches intégrant l’implication dans le programme préalable ont montré
une influence de la nature de l’implication dans le programme sur l’intensité et la nature
(cognitive versus affective) de l’implication publicitaire (Park et MacClung, 1986) ainsi
que l’influence du degré d’implication cognitive sur la quantité et la nature des réponses
cognitives émises (Lord et Burnkrant, 1988).
Il se peut en outre que l’intensité de la distraction joue un rôle important : à deux
modalités (faible versus forte), il nous semble préférable d’établir les trois modalités
suivantes : faible, moyenne et forte implication dans le programme préalable.
Chapitre IV - Conceptualisation 212
En considérant l’intensité de l’implication dans le programme préalable (faible,
moyenne et forte), on peut envisager les trois comportements suivants :
9 Confiance en soi faible, besoin de cognition faible et implication
faible dans le programme préalable : l’individu fortement motivé
pour traiter les informations relatives au produit n’étant pas contraint
de le faire pourrait être fortement impliqué à l’égard du message ;;
cependant, son faible besoin de cognition induirait plutôt une
prépondérance de son implication dans l’exécution.
9 Confiance en soi faible, besoin de cognition faible et implication
moyenne dans le programme préalable : l’individu fortement
motivé pour traiter les informations relatives au produit est
légèrement contraint de le faire ; il se trouve en conséquence toujours
plus fortement impliqué dans l’exécution mais de manière moins
intense qu’en cas de faible distraction ;;
9 Confiance en soi faible, besoin de cognition faible et implication
forte dans le programme préalable : l’individu fortement motivé est
cependant fortement contraint dans son traitement et de ce fait dirigé
vers un traitement plus "périphérique" induisant une plus forte
implication dans l’exécution de l’annonce que dans le message.
En conséquence nous formulons les hypothèses suivantes :
Chapitre IV - Conceptualisation 213
H9 : Les individus du profil 1 sont plus fortement impliqués dans l’exécution que dans
le message.
H9a : Une implication faible dans le programme conduit les individus à être plus
fortement impliqués dans l’exécution que dans le message.
H9b : Une implication moyenne dans le programme conduit les individus à être plus
fortement impliqués dans l’exécution mais de manière moins intense qu’en cas de faible
implication dans le programme préalable.
H9c : Une distraction forte conduit les individus à être plus fortement impliqués dans
l’exécution que dans le message et de manière plus intense que dans les deux cas
précédents.
III.3.4.3. - Le cas des individus possédant une forte confiance en eux ainsi qu’un
fort besoin de cognition
Un individu ayant une forte confiance en lui est susceptible d’adopter deux types
de comportements contradictoires que reflètent les résultats issus de la littérature
relative à l’impact attitudinal de la confiance en soi ; il peut
9 S’orienter vers un traitement intensif des informations relatives au
produit car compte tenu de sa forte confiance, cela lui est facile de
traiter une nouvelle information : dans ce cas, son implication dans le
message serait plus forte que son implication dans l’exécution ;;
9 S’orienter vers un traitement superficiel de l’annonce, car compte tenu
de sa forte confiance en lui-même, il estime qu’il n’a pas besoin
d’élaborer de manière cognitivement trop intense, un traitement
superficiel lui permettant d’obtenir, à ses yeux des niveaux de
confiance suffisants ;; dans ce cas, son implication dans l’exécution
serait plus forte que son implication dans le message.
Chapitre IV - Conceptualisation 214
Cependant, si l’on considère notre réflexion sur la relation entre la confiance en
soi et le besoin de cognition, nous penchons plus volontiers vers l’hypothèse n°1 :
fortement confiant, l’individu est également supposé se réjouir en cas d’activité de
réflexion. Ainsi, il est fait l’hypothèse que si rien ne vient perturber son traitement, un
individu fortement confiant et fort en besoin de cognition sera plus fortement impliqué
dans le message que dans l’exécution. A contrario, si son traitement est très fortement
contraint, l’individu peut alors être susceptible d’être plus fortement impliqué dans
l’exécution que dans l’annonce.
En conséquence, nous postulons que :
H10 : Les individus du profil psychologique n°2 sont plus impliqués dans le message
que dans l’exécution si leur distraction n’est pas trop importante.
H10a : Une implication faible dans le programme préalable conduit ces individus à être
plus fortement impliqués dans le message que dans l’exécution.
H10b : Une implication moyenne dans le programme préalable conduit les individus à
être plus fortement impliqués dans le message que dans l’exécution mais de manière
moins intense qu’en cas de faible distraction.
H10c : Une distraction forte conduit les individus à être plus fortement impliqués dans
l’exécution que dans le message.
En conséquence, et compte tenu de la définition de nos deux profils
psychologiques, nous postulons que les profils d’individus n°1 et n°2 se comportent de
la même manière selon l’intensité de leur implication dans le programme préalable ;;
cependant, nous postulons que les individus du profil n°1 seront en moyenne plus
fortement impliqués que les individus du profil n°2 et ce, eu égard au principe de
suffisance (Chaiken, 1980) : une faible confiance en soi est supposée intensifier de
manière plus importante l’implication de l’individu dans le traitement de l’annonce car il
Chapitre IV - Conceptualisation 215
a besoin de plus d’attention dédiée à cette activité pour obtenir des niveaux de
confiance qu’il juge acceptables. En conséquence, nous postulons que :
H11 : Les niveaux moyens d’implication publicitaire du Profil n°1 sont supérieurs à ceux
du Profil n°2.
H11a : Les niveaux moyens d’implication dans le message pour le Profil n°1 sont
supérieurs aux niveaux moyens d’implication dans le message du Profil n°2.
H11b : Les niveaux moyens d’implication dans l’exécution pour le Profil n°1 sont
supérieurs aux niveaux moyens d’implication dans l’exécution du Profil n°2.
III.4. - Synthèse des hypothèses de recherche
Le tableau synthétique IV.6. permet de présenter l’ensemble de nos hypothèses
de recherche en distinguant leur appartenance à trois priorités ou axes de recherche
principaux.
Chapitre IV - Conceptualisation 216
Tableau IV.6. : Synthèse des hypothèses de recherche
Axes de recherche Nature de la validation attendue Numéro et intitulé synthétique de l’hypothèse
I - LES HYPOTHÈSES PRÉALABLES : UN PRÉ-REQUIS
INDISPENSABLE AUX POSTULATS DE RECHERCHE
II - POSTULAT DE MÉDIATION
9 Relations entre la composante durable et la composante situationnelle 9 Degré de dépendance entre la composante évaluative et non évaluative 9 Articulation entre aspects évaluatifs des variables d’efficacité Modèle de persuasion basé sur l’hypothèse de médiation duale Existence d’une relation directe entre Aad et Ib 9 Articulation des relations entre variables de confiance 9 Divers 9 Influence de l’intensité et de l’objet de l’implication publicitaire sur la nature et l’intensité des variables de confiance
H00 : Influence positive de la composante durable sur la composante situationnelle H00a : Influence unidirectionnelle H00b : Contribution plus importante de la confiance dans le traitement des informations sur l’aspect situationnel qu’une estime de soi globale. H01 : Faible corrélation entre composante non évaluative et composante évaluative. H02 : Les composantes évaluatives des variables d’efficacité s’articulent selon l’hypothèse de médiation duale de Lutz (1985) enrichie de la contribution de MacKenzie, Lutz et Belch (1986). H02a : Influence positive de Aad sur Ib ; H02b : Influence de Aad-mess plus forte sur Ib que influence de Aad-exec H03 : Hypothèse de médiation duale de Lutz (1985) en ce qui concerne l’articulation des relations entre variables de confiance. H04 : Niveaux moyens d’implication dans l’exécution supérieurs aux niveaux moyens d’implication dans le message. H05 : Co-variation positive de la confiance dans le traitement des informations et du besoin de cognition. H05’ : Plus forte relation entre la confiance dans le traitement des informations et le besoin de cognition qu’entre l’estime de soi globale et le besoin de cognition. H1 : Influence positive de l’implication dans le message sur la confiance dans les évaluations spécifiques de l’annonce et de la marque. H1a : Influence positive de l’implication dans le message sur la confiance dans les croyances-produit. H1b : Influence positive de l’implication dans le message sur la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce H1c : Influence de l’implication dans le message plus forte sur la confiance dans Cb et sur la confiance dans Cad que sur la confiance dans Aad. H1d : Influence de l’implication dans le message sur la confiance dans Aad.
Chapitre IV - Conceptualisation 217
Tableau IV.6. (suite)
Axes de recherche Nature de la validation attendue Numéro et intitulé synthétique de l’hypothèse
II - POSTULAT DE MÉDIATION (suite)
III - POSTULAT DE MODÉRATION
9 Influence de l’intensité et de l’objet de l’implication publicitaire sur la nature et l’intensité des variables de confiance (suite)
9 Détermination par les variables de confiance de "routes" de persuasion publicitaire.
H2 : Influence positive de l’implication dans l’exécution sur la confiance dans les évaluations spécifiques et globales de l’annonce. H2a : Influence positive de l’implication dans l’exécution sur la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce H2b : Influence positive de l’implication dans l’exécution sur la confiance dans Aad. H2c : Influence de l’implication dans l’exécution plus forte sur la confiance dans Cad et la confiance dans Aad que sur la confiance dans les croyances-produit. H2d : Influence plus forte sur la confiance dans Cad que sur la confiance dans Aad.
H3 : Contribution plus importante en situation de faible implication de la confiance dans Aad. H3a : Une faible implication publicitaire influence positivement la confiance dans Aad. H3b : Influence plus faible qu’en cas de forte implication publicitaire. H3c : Influence plus forte sur la confiance dans Aad que sur la confiance dans les autres médiateurs.
H4 : Contribution plus importante en situation de forte implication publicitaire de la confiance dans les croyances-produit. H4a : Influence positive d’une forte implication publicitaire sur la confiance dans les croyances-produit. H4b : Influence plus forte sur la confiance dans les croyances-produit que sur la confiance dans les autres médiateurs. H4c : Influence plus forte de l’implication publicitaire sur la confiance dans les croyances-produit en forte implication message et exécution sur une situation de forte implication message et de faible implication dans l’exécution.
H5 : Influence modératrice de la confiance dans Aad : H5a : sur les niveaux moyens de Ab ; H5b : sur l’intensité du lien Aad - Ab. H5c : sur les niveaux moyens des croyances-produit ; H5d : sur l’intensité du lien croyances-produit - Ab. H5e : sur les niveaux moyens de Ib. H5f : sur l’intensité de la relation entre Aad et Ib.
Chapitre IV - Conceptualisation 218
Tableau IV.6. (suite)
Axes de recherche Nature de la validation attendue Numéro et intitulé synthétique de l’hypothèse
III - POSTULAT DE MODÉRATION (suite)
9 Détermination par les variables de confiance de "routes" de persuasion publicitaire (suite)
9 Etude de la confiance en soi, trait de personnalité durable : influence de profils "confiance x besoin de cognition x implication dans le programme préalable" sur l’implication publicitaire.
H6 : Influence modératrice de la confiance dans Cad : H6a : sur les niveaux moyens de Aad ; H6b : sur l’intensité du lien Cad - Aad. et Ib.
H7 : Influence modératrice de la confiance dans Cb : H7a : sur les niveaux moyens de Ab ; H7b : sur l’intensité du lien Cb - Ab.
H8 : Influence modératrice de la confiance dans Ab : H8a : sur les niveaux moyens de Ib ; H8b : sur la force de la relation de causalité entre Ab et Ib.
H9 : Les individus du profil 1 se caractérisent par une implication dans l’exécution plus forte que l’implication dans le message. H9a : Une faible implication dans le programme oriente l’individu vers un traitement de l’exécution plus important que le traitement du message. H9b : Une implication moyenne l’oriente vers un traitement de l’exécution supérieur au message mais de manière moins intense que dans le cas d’une faible implication dans le programme préalable. H9c : Une forte implication dans le programme préalable l’oriente vers une attention plus importante vers l’exécution mais de manière moins importante que si l’individu est faiblement ou moyennement impliqué dans le programme.
H10 : Les individus du profil 2 se caractérisent par une implication dans l’exécution plus faible que l’implication dans le message si leur distraction n’est pas trop importante. H10a : Une faible implication dans le programme oriente l’individu vers un traitement du message plus important que le traitement de l’exécution. H10b : Une implication moyenne l’oriente vers un traitement du message moins intense que dans le cas d’une faible implication dans le programme préalable. H10c : Une forte implication dans le programme préalable l’oriente vers un traitement des éléments d’exécution plus important que le message.
H11 : Supériorité des niveaux moyens d’implication publicitaire du profil n°1 à ceux du profil n°2. H11a : Supériorité pour l’implication dans le message. H11b : Supériorité pour l’implication dans l’exécution.
Chapitre IV - Conceptualisation 219
Une réflexion approfondie relative à la formalisation des processus de
persuasion publicitaire intégrant une variable psychologique, la confiance en soi, nous
permet de proposer un ensemble d’hypothèses de recherche "génériques" qui se
décomposent très fréquemment en sous-hypothèses associées ;; le nombre d’hypothèses
précisé ci-dessous ne prend pas en compte le niveau de détail des hypothèses
"génériques"188. En conséquence,
9 La validation de 6 hypothèses génériques préalables nous permettra :
D’asseoir le statut conceptuel de la confiance en soi, à la fois en tant
que trait de personnalité durable mais aussi en tant qu’aspect
situationnel fortement déterminé par l’exposition au stimulus
publicitaire ;
De comprendre l’articulation au sein de modèles généraux :
- des relations de causalité entre les variables d’efficacité publicitaire ;;
- des relations de causalité entre leurs composantes non évaluatives.
D’affirmer dans notre situation de pré-test, la prédominance de
l’objet vers lequel se dirige le traitement de l’annonce ;;
De déterminer le nombre de profils psychologiques ("confiance en
soi x besoin de cognition") à prendre en considération.
9 4 hypothèses génériques relatives à notre postulat de médiation nous
permettront d’analyser l’influence de l’implication publicitaire sur la
composante situationnelle de la confiance en soi ;
9 8 hypothèses génériques concernant l’influence modératrice de la
confiance en soi au sein des processus de persuasion publicitaire
mettront en lumière :
188 Si ce niveau de détail est pris en compte, nous dénombrons en fait 45 hypothèses.
Chapitre IV - Conceptualisation 220
des "routes" de persuasion initiées par la confiance dans les
médiateurs de persuasion (5 hypothèses) ;
que des profils individuels ("confiance en soi x besoin de cognition
x implication dans le programme préalable") sont susceptibles de
conditionner des routes de persuasion via l’influence de ces profils sur
l’intensité et/ou l’objet de l’implication publicitaire (3 hypothèses
génériques).
Si la validation des hypothèses de recherche constitue l’objectif final de notre
contribution, elle ne doit pas laisser dans l’ombre la réflexion effectuée sur la mise en
oeuvre des construits mobilisés par notre recherche doctorale. Les choix retenus en
matière d’opérationalisation des concepts ainsi que les critères à prendre en compte
pour apprécier la qualité de nos instruments de mesure font donc l’objet du deuxième
chapitre de cette partie traitant des aspects conceptuels et méthodologiques relatifs à
l’étude de la confiance en soi au sein des mécanismes d’impact attitudinal d’une
communication publicitaire.
Chapitre IV - Conceptualisation 221
SYNTHÈSE DU CHAPITRE IV -
Conceptualisation
Etudier la confiance en soi au sein des processus de persuasion publicitaire si elle
se justifie à la fois d’un point de vue conceptuel et d’un point de vue managérial n’est
pas chose aisée puisque cette variable semble, au regard des recherches antérieures,
constituer à la fois un déterminant mais également un output de l’influence de
l’exposition d’un individu à une communication publicitaire. Une réflexion théorique
approfondie nous permet de proposer à ce construit les deux rôles théoriques suivants :
9 Un rôle médiateur par l’influence de l’implication publicitaire sur les niveaux de
confiance associés aux évaluations de l’annonce et de la marque, qui eux même
induisent un processus de persuasion particulier ;
9 Un rôle modérateur des processus de formation de l’attitude envers la marque, la
confiance dans une évaluation conduisant à une prépondérance de cette évaluation et in
fine à une certaine "route" de persuasion, une route pouvant être définie comme le mode
de cheminement psychologique de l’individu le conduisant, via ses évaluations
spécifiques (croyances) et/ou globales (attitude) de l’annonce et de la marque, à
exprimer une intention d’achat envers la marque communiquée.
9 Un rôle de déterminant de l’implication publicitaire par l’influence qu’exerce, de
manière conjointe à celle d’autres construits pertinents (besoin de cognition et
distraction), la confiance en soi en tant que trait de personnalité non déterminé par le
stimulus publicitaire.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 222
La confirmation ou l’infirmation d’hypothèses de recherche dépend certes
fortement de la définition d’un cadre conceptuel solide mais également du choix
d’instruments de mesure appropriés. Les recherches en communication persuasive ou
en psychologie sociale ont offert de multiples opérationalisations aux différents
construits mobilisés par notre recherche ainsi que différents protocoles pouvant
accueillir les expérimentations proposées. Comme nous l’avons précisé à plusieurs
reprises, nous avons été conduit à effectuer des choix précis en matière de :
9 Mise en oeuvre des concepts ;
9 Nature du protocole expérimental ;
9 Validation de nos instruments de mesure.
Nous présentons donc à présent ces différents choix, fortement dictés par notre
cadre conceptuel.
I - OPÉRATIONALISATION DES CONSTRUITS
Nous aborderons successivement la mise en oeuvre des variables en amont des
processus de persuasion, des déterminants des routes publicitaires et enfin de l’aspect
évaluatif des variables médiatrices caractérisant ces routes.
I.1. - Les variables en amont des processus de persuasion
Trois variables sont retenues : deux variables psychologiques de nature durable -
la confiance en soi et le besoin de cognition - ainsi qu’une variable individuelle de nature
situationnelle, la distraction.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 223
I.1.1. - Opérationalisation de la confiance en soi, trait de personnalité durable
Les contributions de Wright (1975) constituent la base de notre échantillon
d’items reflétant la confiance d’un individu en tant qu’orientation durable de sa
personnalité. Cet auteur a en effet offert deux échelles permettant d’appréhender cette
variable psychologique de deux façons : dans sa globalité en offrant une
opérationalisation de l’estime de soi (GC) ; de manière plus spécifique en introduisant le
concept de "Confiance dans le traitement des informations" (GIPC). Ces deux échelles
supposées unidimensionnelles se composent des items189 suivants :
L’échelle GC190 de Wright (1975)
Je ne me préoccupe pas de ce que les gens pensent de moi (1)
Cela ne me dérange pas d’entrer dans une pièce où des personnes se trouvent en train de discuter (2)
Lorsque je suis en présence d’un groupe d’étrangers, je me sens toujours timide et inférieur (3)
Je suis sûr que mes amis auront un jour du respect pour moi (4)
J’ai souvent cessé de faire quelque chose car je m’en sentais incapable (5)
Je me sens capable de me débrouiller dans la plupart des situations sociales (6)
Je ne laisse pas une première impression favorable aux gens (7)
Je crains souvent que mes réactions aient pour conséquence de donner aux gens une mauvaise opinion de
moi (8)
Dans des discussions en groupe, je pense souvent que mes opinions sont inférieures à celles des autres (9)
Je ne manque pas du tout de confiance en moi (10)
L’item 4 doit probablement être évincé : en effet, un individu peut ne pas être du
tout d’accord avec cette affirmation sans que cela veuille dire qu’il a une grande
confiance en lui ; son désaccord sur cet item pourrait provenir du fait qu’il pense que
ses amis ont déjà du respect pour lui (même s’il n’a pas confiance en lui).
189 Les items de nos différentes échelles de mesure ont fait l’objet d’une double traduction : d’anglais en français puis de français en anglais. 190 “General Confidence”.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 224
L’échelle GIPC191 de Wright (1975)
J’éprouve plus de difficultés à me concentrer que la plupart des gens (11)
Je suis capable de résoudre rapidement énigmes et puzzles (12)
J’ai l’impression que mon esprit fonctionne plus lentement que celui des autres (13)
Je me sens totalement confiant dans ma capacité à juger les messages venant des médias (14)
Je me sens totalement capable de réfléchir rapidement (15)
Lorsque l’on me donne un argument, je repère tout de suite sa faiblesse (16)
Je dois souvent m’arrêter pour réfléchir un instant avant de me décider même pour des choses sans
importance (17)
Très souvent, mon esprit va plus vite que mes mots (18)
Je ne cherche jamais mes mots (19)
Je n’ai pas l’impression d’être vif d’esprit (20)
Les items 15 et 20 nous semblant très proches, nous ne conserverons que l’item
20. De même, des deux items 18 et 19, nous ne retiendrons que l’item 19.
En addition à ces deux échelles, nous avons souhaité recueillir un ensemble
d’items générés pour une échelle plus récente et éventuellement validée dans une
expérimentation en comportement du consommateur.
Un examen des échelles disponibles pour mesurer la confiance en soi globale ou
l’estime de soi nous a conduit à retenir l’échelle de O’Guinn et Faber (1989) qui a été
validée en marketing192 sur deux échantillons de taille importante (386 et 250 individus),
et qui a montré une bonne fiabilité (α = 0.84). Les auteurs n’ont cependant pas analysé
la validité de leur échelle. D’autres instruments de mesure disponibles n’ont pas été
retenus pour les raisons suivantes :
9 Celle de Arora (1985) qui ne contient que 2 items a montré une
fiabilité plutôt faible (α = 0.59) ;
191 "General Information Processing Confidence" 192 Les auteurs ont montré que les acheteurs "compulsifs" semblent avoir une faible estime d’eux-même.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 225
9 L’échelle de Burnett et Bush (1986) en 6 items ne mesure pas
exclusivement la confiance en soi puisqu’elle inclut également des
items de leadership qui pourraient représenter en fait un antécédent de
la confiance en soi ;
9 Les 6 items de l’échelle de Oliver et Bearden (1985) sont très proches
de ceux de O’Guinn et Faber (1989).
9 L’échelle de Eagly (1967) comportant 20 items provenant d’un
échantillon d’items générés par Janis et Field (1959) a été validée par
Bearden, Netemeyer et Teel (1989) dans un contexte de susceptibilité
de l’individu à une influence interpersonnelle.
9 L’échelle de Shrauger (1990) mesure la confiance en soi spécifique
plutôt qu’une estime de soi globale ;; en effet, l’auteur met en évidence
les six dimensions suivantes : la performance académique, la
performance physique, l’apparence, les relations privées, les
interactions sociales et la capacité de discussion avec des gens. Aucun
de ces aspect spécifiques ne concerne la capacité de l’individu à traiter
des informations. En outre, certains items de cette échelle semblent
plutôt mesurer l’humeur de l’individu plutôt que sa confiance en lui ;;
l’item "Aujourd’hui, je me sens plus optimiste et positif que d’habitude"
confirme cette remarque ;; d’autres items de l’échelle lui sont similaires.
En conséquence, l’échelle de O’Guinn et Faber (1989) nous permet de
compléter notre échantillons d’items par les affirmations suivantes :
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 226
L’échelle de confiance en soi de O’Guinn et Faber (1989)
Je me sens souvent inutile (21)
La vie n’est que tension la plupart du temps (22)
A plusieurs reprises, j’ai cessé de faire quelque chose car je m’en sentais incapable (23)
La plupart du temps, j’ai l’impression de mal faire les choses (24)
Je manque certainement de confiance en moi (25)
Une certaine similitude apparaît entre les items 10 de Wright (1975) et 25 de
O’Guinn et Faber (1989) ;; il en est de même des items 5 de Wright (1975) et 23 de
O’Guinn et Faber (1989) ;; en conséquence, et en tenant compte des remarques
intermédiaires, notre échantillon d’items de confiance en soi se compose de :
9 9 items de l’échelle de confiance en soi globale de Wright (1975) ;;
9 8 items de l’échelle de confiance dans le traitement de l’information de
Wright (1975) ;
9 3 items de O’Guinn et Faber (1989).
Dans la mesure où l’échantillon définitif intègre à la fois des items de confiance
en soi globale et des items de confiance en soi spécifique, l’on s’attend fortement à ce
que de nos analyses factorielles émerge la bi-dimensionnalité de la composante durable
de la confiance en soi.
I.1.2. - Opérationalisation du besoin de cognition
Si Cacioppo et Petty (1982) ont offert une échelle composée de 34 items pour
mesurer cette variable unidimensionnelle, Cacioppo, Petty et Kao (1984) proposent une
version "allégée" de cette échelle d’origine présentant une très bonne fiabilité (α = 0.9) ;
les 18 items retenus en outre ont été validés par Batra et Stayman (1990) ainsi que par
Darley et Smith (1993) sur deux échantillons de taille importante (respectivement 251 et
180 individus) et dans des expérimentations en communication persuasive. Les auteurs
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 227
rapportent une bonne fiabilité à leur échelle (α = 0.88 dans les deux cas) mais
n’indiquent aucune information relative à sa validité. Nous retenons donc les items
suivants pour appréhender le besoin de cognition d’un individu, à savoir sa tendance à
s’engager et à se réjouir d’un effort intense de traitement de l’information :
Les 18 items de besoin cognitif de Cacioppo, Petty et Kao (1984)
Je préfère les problèmes complexes aux problèmes simples.
J’aime prendre en charge des situations nécessitant beaucoup de réflexion.
Le fait de réfléchir ne constitue pas pour moi un côté "fun" de la vie.
Je préfère faire quelque chose qui ne demande pas beaucoup de réflexion plutôt que quelque chose dont je
suis sûr que cela va me demander une certaine capacité de réflexion.
J’essaye d’anticiper et d’éviter les situations pour lesquelles j’ai l’impression qu’il va falloir que je réfléchisse
intensément à propos de quelque chose.
J’éprouve de la satisfaction à réfléchir intensément et pendant des heures.
Je réfléchis de manière intense uniquement si nécessaire.
Je préfère réfléchir à des petits projets quotidiens qu’à des projets à long terme.
J’aime les tâches qui demandent peu de réflexion une fois que je les ai faites.
J’aime l’idée de me fonder sur ma réflexion pour avancer.
J’aime beaucoup faire une tâche qui implique la découverte de nouvelles solutions à des problèmes.
Apprendre une nouvelle façon de penser ne m’excite pas beaucoup.
Je préfère que ma vie soit remplie de puzzles à résoudre.
La réflexion abstraite me plaît.
Je préfère une tâche intellectuelle importante et difficile à une tâche importante mais qui ne me demande
pas beaucoup de réflexion.
Je me sens plus soulagé(e) que satisfait(e) après avoir accompli une tâche qui demande un effort intellectuel
important.
Je suis satisfait quand un travail est fait : cela m’importe peu de savoir comment ou pourquoi ça marche.
Je réfléchis souvent sur des questions même lorsqu’elles ne me concernent pas personnellement.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 228
I.1.3. - Mise en oeuvre de la distraction
En reprenant les définitions de Lutz et Kakkar (1975) en ce qui concerne la
nature d’une situation (objective versus psychologique) ainsi que la définition d’une
situation de communication par Engel, Blackwell et Miniard (1990), la distraction
représente une perception psychologique de l’individu de la situation de communication
qu’il vit. Comme nous l’avons précédemment indiqué, nous lui préférons une variable
situationnelle objective : l’implication dans le programme préalable. Cette variable a été
appréhendée par les chercheurs selon deux aspects :
9 Sa nature : implication cognitive versus affective dans le programme
préalable ;
9 Son intensité : implication faible , moyenne ou forte.
Animés d’un souci de simplicité, cette variable sera appréhendée par l’intensité
de l’implication dans le programme préalable selon deux aspects : l’intérêt de l’individu
pour le thème développé dans le programme ; le plaisir qu’il a ressenti lors de sa
diffusion. En conséquence, les 4 items suivants composent l’échelle d’implication dans
le programme préalable :
Les 4 items d’intérêt et de plaisir dans le programme
Cela m’a fait plaisir de voir ce programme.
Le thème développé dans ce "Capital" n’est pas important.
J’ai été intéressé(e) par cette émission.
Les restaurants "Planet-Hollywood", c’est un sujet qui me laisse totalement indifférent.
L’on ne peut préjuger a priori de la structure de cette échelle. En effet, si l’on se
réfère à Laurent et Kapferer (1986), l’on pourrait supposer une bi-dimensionnalité de
l’implication dans le programme selon les deux facettes "intérêt" et "plaisir" ;; cependant,
l’on peut se demander si l’intérêt ne représente pas en fait un antécédent au plaisir ;; dans
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 229
ce cas, il se peut que notre construit soit unidimensionnel. Nos analyses factorielles
nous permettront de trancher sur ce point. Signalons en outre que l’intérêt semble
plutôt de nature "cognitive" alors que le plaisir possède plutôt une essence "affective".
I.2. - Les deux déterminants des routes de persuasion
Nous avons postulé que la confiance dans les médiateurs de persuasion
représente un déterminant direct des routes de formation et/ou de changement
d’attitude tandis que l’implication publicitaire représente un déterminant indirect par
son influence via la confiance. Nous considérons donc que ces deux variables
représentent des déterminants des processus persuasifs.
I.2.1. - Opérationalisation de la confiance dans les médiateurs de persuasion
Comme nous l’avons indiqué au sein de notre cadre conceptuel, seule la
confiance dans l’attitude envers la marque a été réellement définie par les chercheurs. Si
la confiance dans les croyances-produit, la confiance dans les croyances à l’égard de
l’annonce et la confiance dans Aad n’ont pas été clairement définis, ces différents
concepts ont néanmoins été mis en oeuvre dans des expérimentations en psychologie
sociale ou en communication persuasive de manière souvent congruente à
l’opérationalisation de la confiance dans Ab. Le tableau V.1. présente ces différentes
opérationalisations.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 230
Tableau V.1. : Opérationalisations de la confiance dans un médiateur de persuasion
CONSTRUIT
AUTEURS
OPÉRATIONALISATION
(ITEMS)
Confiance dans les croyances-produit
Howard et Sheth (1969) ; Bennett et Harrell (1975) ; Howard (1977) ; Smith et Swinyard (1983, 1988) ; Marks et Kammins (1988) ; Peterson et Pitz (1988) ; Yi (1990b) ; Laczniak et Muehling (1993) ; Laroche, Kim et Zhou (1995).
Certitude Confiance
Confiance dans les croyances à
l’égard de l’annonce
Venkatraman et al. (1990)193
Certitude Confiance
Difficulté du message
Confiance dans Aad
Laczniak et Muehling (1993)194
Certitude Confiance
Confiance dans Ab
Pomerantz et al. (1995) Fazio et Zanna (1978a, 1978b) ; Krosnick et al. (1993) ; Laroche et Howard (1980) ; Cacioppo, Petty et Morris (1983) ; Chaiken et Strangor (1987) ; Berger et Mitchell (1989) ; Laroche et Caron (1995) ; Pomerantz et al. (1995) ; Sengupta et al. (1997) Ladwein (1998)195
Probabilité subjective de changement d’opinion
Certitude Confiance
Certitude du choix Doute sur le choix
Persistance de l’opinion si une situation identique se
présente
De manière synthétique, il semble que la confiance dans un objet a été
opérationalisée par des items reflétant :
9 Un degré de confiance ;
9 Un degré de certitude ;
9 Un degré de difficulté ;
193 Même si les auteurs n’emploient pas explicitement le terme de "croyances à l’égard de l’annonce", celui de "jugements" sur le message nous laisse penser qu’il s’agit bien là de croyances publicitaires et non d’une attitude globale envers l’annonce. 194 Les auteurs mesurent l’attitude envers l’annonce par des échelles bipolaires en 7 point ancrées par des adjectifs qui semblent plutôt refléter des croyances portant sur l’annonce plutôt qu’une attitude globale. 195 Ladwein (1998) en mesurant la confiance dans le choix d’une marque de chaîne HI-FI montre qu’en cas de faible confiance, le jugement de typicalité explique mieux le choix de l’acheteur qu’en cas de confiance forte.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 231
9 La perception par l’individu qu’en cas de situation identique, il se
prononcerait de la même manière.
En addition à ces quatre notions, une mini-enquête qualitative a révélé que les
notions de clarté et d’hésitation pouvaient également refléter pour certains individus un
certain degré de conviction. En conséquence, notre échantillon d’items de confiance est
composé des 6 items suivants :
Items de confiance dans l’ évaluation d’un objet
J’ai éprouvé des difficultés à émettre un avis sur [objet196 ].
J’ai hésité en répondant aux affirmations précédentes.
Je suis confiant(e) dans mes réponses sur [objet].
Si je devais répondre de nouveau à des questions sur [objet], mes réponses seraient exactement les mêmes.
Mon avis sur [objet] est très clair.
Je ne suis pas certain(e) de mes réponses à la question précédente.
I.2.2. - La mise en oeuvre de l’implication publicitaire
Considérée en tant qu’état, l’implication publicitaire a fait l’objet de réflexions
récentes en ce qui concerne la mise en oeuvre de ce construit197 (Laczniak, Muehling et
Grossbart, 1989 ; Andrews, Durvasula et Akhter, 1990 ; Andrews et Shimp, 1990 ;
Miniard et al., 1990 ; MacInnis et Park, 1991 ; Miniard et al., 1991 ; Goodstein, 1994 ;
Laczniak et Muehling, 1993). Il ressort de ces contributions que l’implication est de plus
en plus fréquemment décomposée selon l’objet vers lequel est dirigé l’attention des
individus, à savoir le message ou l’exécution de l’annonce, ces deux composantes
196 L’objet peut être une croyance ou une attitude ;; ce peut être des caractéristiques spécifiques ou globales de l’annonce ou de la marque. 197 Rappelons que l’implication publicitaire a été conceptualisée de trois manières : en plus d’un état, les chercheurs ont mesuré ce concept :
9 Par ses antécédents : l’implication produit (Phelps et Thorson, 1991) ou les motivations ainsi que la capacité de l’individu (Lutz, MacKenzie et Belch, 1983 ;; Batra et Ray, 1986 ;; Andrews, 1988 ;; Celsi et Olson, 1988) ; 9 Par ses conséquences : le nombre de pensées générées (Gardner, Mitchell et Russo, 1985 ; Batra et Ray, 1986 ; MacKenzie, Lutz et Belch, 1986 ; Park et Koung, 1986 ; Madden, Allen et Twible, 1988 ; Homer, 1990 ; Miniard et al., 1991 ; Goodstein, 1993).
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 232
pouvant contenir différents éléments. En reprenant les éléments d’une annonce que
Derbaix (1995) fait émerger de son échelle de croyances publicitaires et en nous fondant
également sur les résultats d’une mini-enquête qualitative, il semble qu’une annonce
possède les éléments suivants :
9 Des arguments : ils peuvent concerner les informations relatives au
produit et développées pendant l’annonce mais également des
arguments employés pour le slogan de la communication ;
9 Un message général : un doute concerne l’appréciation par l’individu
du "message" ; en effet, selon Miniard et al. (1990), une annonce
contient des arguments ("claim") et des éléments qui ne sont pas des
arguments ("non-claim") ; le message peut être entendu par les individus
comme un ensemble d’informations verbales ;; il se peut aussi que le
message contienne pour l’individu à la fois des informations verbales
et non verbales ;
9 Des éléments liés à l’exécution de l’annonce : les personnages, la
musique, les couleurs, le rythme de l’histoire, le scénario,
l’atmosphère, l’énergie de la publicité. Notre enquête qualitative a en
outre révélé que les individus ne faisaient pas de différence entre le
"rythme de l’histoire" et l’"énergie" de la publicité.
Ainsi, l’échelle d’implication publicitaire retenue se compose d’un ensemble
d’items portant respectivement sur le message de l’annonce (arguments et non
arguments) ainsi que sur des éléments d’exécution. De manière congruente à Laczniak
et Muehling (1993), la mesure de ce construit a été précédée de la question suivante : “A
votre avis, dans quelle mesure avez-vous fait attention aux éléments suivants : [...] ”.
Echelle d’implication publicitaire (2 dimensions)
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 233
9 Implication dans le message
Les informations portant sur le produit
Les arguments employés pour le slogan
Le message de cette annonce
9 Implication dans l’exécution
Les personnages
La musique
Les couleurs
Le rythme de l’histoire
Le scénario
L’atmosphère
I.3. - La mise en oeuvre de l’aspect évaluatif des variables médiatrices du processus
de persuasion
Seront successivement appréhendées les mises en oeuvre :
9 Des deux variables d’efficacité : Ab et Ib ;
9 De l’attitude envers l’annonce ;;
9 Des cognitions (annonce et marque).
Une synthèse de la procédure d’opérationalisation des construits de cette
recherche viendra ponctuer ce paragraphe.
I.3.1. - L’opérationalisation des variables d’efficacité : l’intention d’achat de la
marque et l’attitude envers la marque
L’intention d’achat de la marque semble au regard de la littérature bénéficier
d’un certain consensus sur sa mesure : les chercheurs en communication persuasive
opérationalisent en effet très souvent cette variable unidimensionnelle à l’aide d’un item
verbal198 unique reflétant un degré de certitude associé à l’intention déclarée et apprécié
198 Windschitl et Wells (1996) ont comparé des échelles verbales (du type “pas du tout certain ... tout à fait certain”) à des échelles numériques (du type “x % de chance de [...]”) (Bemmaor, 1995) destinées à mesurer une intention. Ces auteurs ont montré que les échelles verbales :
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 234
au moyen d’une échelle de Likert en 7 points. Puisque nous travaillons sur des marques
appartenant à des catégories de produit avec des fréquences d’achat différentes199, il
nous semble pertinent d’introduire cet item par une précision préalable.
Item d’intention d’achat
“ En supposant que vous deviez acheter prochainement un(e) [catégorie de produit], dans quelle mesure pensez-vous que vous
choisiriez la marque [nom] ?” :
Pas du tout certain .......tout à fait certain d’acheter la marque [nom]
La variable d’efficacité Ab a quant à elle souvent été opérationalisée à l’aide de
différentiels sémantiques généralement en 7 points proposés initialement par Osgood,
Suci et Tannenbaum (1957) et très fréquemment utilisés par les chercheurs en
communication persuasive (Rossiter et Percy, 1980 ; Mitchell et Olson, 1981 ; Raju et
Hastak, 1983 ; Batra et Ray, 1986 ; Debevec et Iyer, 1986 ; Gelb et Zinkhan, 1986 ;
Mitchell, 1986 ; Cox et Locander, 1987 ; Munch et Swazy, 1988 ; Sanbonmatsu et
Kardes, 1988 ; Berger et Mitchell, 1989 ; Dröge, 1989 ; Hastak et Olson, 1989 ;
MacKenzie et Lutz, 1989 ; Sujan et Bettman, 1989). Cependant, un examen minutieux
des adjectifs employés pour mesurer Ab révèle que les auteurs ont plutôt mesuré des
croyances-produit qu’une évaluation affective et globale de la marque comme en
témoignent par exemple les items “bonne/mauvaise qualité” (Mitchell et Olson, 1981 ;;
Hastak et Olson, 1989) et “utile/inutile” (Debevec et Iyer, 1986 ;; Batra et Ray, 1986 ;;
Iyer, 1988). Il semble en être de même de l’échelle de Batra et Ahtola (1991) sensée
appréhender les dimensions "utilitaire" et "hédonique" d’une attitude. Les auteurs
mesurent en effet l’aspect hédonique par des items comme “beau/laid”,
“heureux/malheureux”, l ’aspect utilitaire par des items comme “utile/inutile”, “de
9 Sont plus sensibles à des manipulations affectant l’incertitude psychologique d’un individu ;; 9 Sont de meilleurs prédicteurs des préférences individuelles (parmi un ensemble d’alternatives) ;; 9 Prédisent mieux les intentions comportementales.
199 Si les pizzas ou les barres chocolatées bénéficient d’une fréquence d’achat importante, les liquide vaisselle et plus encore les matelas sont des produits achetés beaucoup moins fréquemment par les consommateurs.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 235
valeur/sans valeur”. Certains items de leur échelle semblent cependant mesurer un degré
d’affect global à l’égard de la marque.
Un examen minutieux de l’ensemble des adjectifs employés pour mesurer Ab
nous conduit à sélectionner les trois items suivants souvent utilisés par les chercheurs
en communication persuasive (Rossiter et Percy, 1980 ; Mitchell et Olson, 1981 ; Smith
et Swinyard, 1983 ; Batra et Ray, 1986 ; Mitchell, 1986 ; Cox et Locander, 1987 ;
Kamins et Marks, 1987 ; Munch et Swasy, 1988 ; Berger et Mitchell, 1989 ; MacKenzie
et Lutz, 1989 ; Sujan et Bettman, 1989) et reflétant une variable attitudinale
unidimensionnelle.
Echelle d’attitude envers la marque
Mon opinion vis à vis de la marque [nom] est négative .... positive.
Je n’apprécie pas du tout cette marque ...... j’apprécie beaucoup cette marque.
Cette marque est une mauvaise marque de [catégorie de produit] ..... cette marque est une bonne marque de [...].
I.3.2. - Opérationalisation de l’attitude envers l’annonce
A l’instar de l’attitude envers la marque, de nombreuses recherches en
communication persuasive ont opérationalisé Aad par des adjectifs sensés refléter une
évaluation globale du stimulus publicitaire (Mitchell et Olson, 1981 ; Janiszewski, 1988 ;
Madden, Allen et Twible, 1988 ; Dröge, 1989 ; Hastak et Olson, 1989 ; MacKenzie et
Lutz, 1989). Cependant, comme pour Ab, les items employés ne semblent pas s’adapter :
9 A la définition de Eagly et Chaiken (1993) qui considèrent qu’“une
attitude est une tendance psychologique qui s’exprime par l’évaluation d’une entité
particulière avec des degrés de faveur ou de défaveur”, sous-entendant
fortement le caractère global du construit ;
9 A la conception unanimement partagée par les chercheurs en
communication persuasive qui considèrent qu’une attitude représente
une évaluation d’ordre affectif (Derbaix et Pham, 1989).
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 236
En outre, la décomposition de Aad en fonction de son objet (message versus
exécution) par Miniard et al. (1990) ou encore par Cho et Stout (1993) ainsi que les
différents éléments d’une annonce mis en lumière par Derbaix (1995) nous conduisent à
proposer une échelle de Aad introduite par l’affirmation suivante : “J’ai beaucoup aimé (ou
apprécié)” et mesurée au moyen d’un Likert en 7 points ancrés par les propositions : “Pas
du tout d’accord/tout à fait d’accord”.
Echelle d’attitude envers l’annonce (Aad) (2 dimensions)
9 Attitude envers le message :
J’ai apprécié les informations qui m’ont été données dans la publicité.
J’ai aimé le slogan.
J’ai aimé le message de la publicité.
9 Attitude envers l’exécution :
J’ai aimé les personnages.
J’ai apprécié la musique.
J’ai aimé les couleurs de la publicité.
J’ai été séduit par le rythme de l’histoire.
J’ai apprécié le scénario.
J’ai aimé l’atmosphère de cette publicité.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 237
I.3.3. - Opérationalisation des cognitions
Soulignons en préambule que nous avons préféré appréhender les "Cognitions"
par le concept de "croyances" plutôt que par celui de "réponses cognitives" et ce, quel
que soit l’objet (annonce et marque) pour deux raisons principales :
9 Une raison d’ordre méthodologique : la mesure des pensées générées
par un individu au cours de son exposition à l’annonce nécessitent en
effet un recueil plus délicat que celui des croyances (Wright, 1973 ;
Lutz, 1985). A la méthode des protocoles verbaux, nous préférons
celle de recueil direct des cognitions au moyen de différentiels
sémantiques en 7 points utilisés par certains chercheurs en
communication persuasive comme Edell et Burke (1987) ou
Holbrook et Batra (1987) pour les cognitions portant sur l’annonce.
9 Une raison d’ordre conceptuel : nous pouvons rappeler ici que
certains postulats théoriques ont affirmé l’influence positive des
réponses cognitives sur les croyances, antécédents directs de l’attitude
(Lutz et Swazy, 1977). Même s’il n’existe pas de consensus autour de
la force de la relation qui unit ces deux construits (Olson, Toy et
Dover, 1982 ; Hastak et Olson, 1989), les recherches effectuées ont
cependant établi la validité de cette relation de causalité. Un choix
devant être effectué puisqu’il nous semble complexe de mesurer à la
fois des réponses cognitives et des croyances, il nous semble plus
pertinent de mesurer la variable médiatrice de l’effet des réponses
cognitives sur la structure cognitive de l’individu.
Pour ces raisons, notre choix définitif se porte en ce qui concerne les croyances
à l’égard de l’annonce sur l’échelle de Derbaix (1995) qui, comme nous l’avons déjà
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 238
précisé, reprend la distinction théorique effectuée par d’autres chercheurs (Mitchell,
1986 ; Miniard et al., 1990) autour de la décomposition de ces croyances en :
9 Des croyances à l’égard du message ;
9 Des croyances à l’égard de l’exécution
Notre réflexion préalable nous conduit en outre à ajouter 3 items : une
évaluation du message, une évaluation de la quantité d’informations portant sur le
produit200 et une évaluation du slogan de l’annonce. Ainsi, notre échelle de croyances à
l’égard de l’annonce contient l’ensemble de différentiels sémantiques en 7 points
suivants :
Echelle de croyances à l’égard de l’annonce (Derbaix, 1995 + 3 items) (2 dimensions)
9 Croyances envers le message : Les arguments : - pas convaincants / très convaincants - pas séduisants / très séduisants - faibles / forts - informatifs/pas informatifs - en nombre insuffisant / en nombre suffisant Les informations sur le produit : - en nombre insuffisant / en nombre suffisant. Le slogan : - faible / fort Le message de la publicité : - pas séduisant / séduisant
9 Croyances envers l’exécution : Les personnages : - pas du tout attirants / très attirants La musique : - de mauvaise qualité / de très bonne qualité Les couleurs : - pas belles201 / très belles Le rythme de la publicité : - pas entraînant / entraînant L’histoire : - de mauvaise qualité/ de bonne qualité Le scénario : - pas original / original L’atmosphère de cette publicité : - désagréable / agréable Le dynamisme : - pas important / important
200 La notion d’argument nous semble pouvoir refléter à la fois un argument portant sur le produit mais également des arguments employés pour le slogan : la nécessité de séparer ces deux notions semble donc pertinente. 201 Nous avons préféré l’adjectif négatif de "pas belles" à celui de "laides" ;; même si le premier adjectif ne représente pas exactement l’opposé de "belles" en terme d’intensité de la négation, il semble néanmoins moins "agressant" que celui de "laides". Cette remarque vaut également pour d’autres choix d’adjectifs de cette échelle.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 239
Notre protocole étudiant 4 produits différents, nos échelles de croyances-
produit sont en conséquence spécifiques à l’annonce étudiée. En outre, pour générer
ces items portant sur des marques inconnues, nous avons employé une procédure
similaire à celle de Derbaix (1995) qui propose que les “ croyances se "calquent" sur le contenu
de l’annonce relatif aux attributs de la marque”. Nous avons en outre considéré que les
croyances-produit pouvaient refléter :
9 Des croyances liées à des bénéfices "utilitaires" du produit
communiqué ;
9 Des croyances d’"image".
En effet, en reconnaissant qu’une attitude peut être de nature "utilitaire" versus
"hédonique" (Batra et Ray, 1983, 1985) et en considérant que Ab est déterminée par les
croyances-produit, les chercheurs ont ainsi implicitement reconnu cette double nature
des croyances-produit (Mittal, 1990 ; Batra et Ahtola, 1991202).
L’identification des attributs communiqués ainsi que la classification de ces
croyances dans les deux catégories précédemment énoncées nous a conduit à considérer
des échantillons d’items relatifs aux attributs du produit ;; nous avons employé en outre
le même Likert en 7 points que Derbaix (1995) appréciant la probabilité subjective de
l’individu que la marque possède tel ou tel attribut (Fishbein, 1963).
Sans dévoiler trop fortement notre protocole expérimental, précisons néanmoins
ici que quatre catégories de produit sont appréhendées par une marque pour chaque
classe de produit : un matelas, une pizza préemballée, un liquide-vaisselle et une barre
chocolatée. Sont présentés ci-après les échantillons d’items relatifs à chacun de ces
produits :
202 Nous n’avons pas retenu cette échelle que nous estimons être une échelle de croyances-produit car nous pensons que l’emploi de ces items trop généraux, pouvant de ce fait s’appliquer à n’importe quel produit, induisent une perte d’informations et la génération de croyances imprécises.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 240
Croyances-produit "Matelas" (2 dimensions)
9 Croyances "utilitaires"
Les matelas [nom de marque] sont synonymes de "détente".
On a envie de partager un matelas [nom de marque].
Ce sont des matelas souples.
Les matelas [nom de marque] vous font passer une bonne nuit.
Ce sont des matelas épais.
9 Croyances "d’image"
Les matelas [nom de marque] ne sont pas différents des autres matelas.
Ce sont des matelas de référence.
Les matelas [nom de marque] résistent au temps.
Ces matelas ne sont pas du tout solides.
Cette marque de matelas est une marque "sensuelle".
Croyances-produit "Pizzas préemballées" (2 dimensions)
9 Croyances "utilitaires"
Les pizzas [nom de marque] sont appétissantes.
Ces pizzas sont riches en ingrédients de qualité.
Ces pizzas ne sont pas croustillantes.
Les pizzas [nom de marque] sont faciles à préparer.
Ce sont des pizzas à déguster entre amis.
C’est le genre de pizzas qu’on mange lorsqu’il n’ y a rien d’autre à manger.
Ce sont des pizzas "pâte fine".
Ces pizzas sont copieuses.
9 Croyances "d’image"
Les pizzas [nom de marque] sont des pizzas industrielles.
Ces pizzas ont l’air aussi bonnes qu’au restaurant.
Ce sont des pizzas de référence.
Les pizzas [nom de marque] ne suivent pas du tout la tradition italienne.
Ce sont des pizzas différentes des autres pizzas.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 241
Croyances-produit "Liquide-vaisselle" (2 dimensions)
9 Croyances "utilitaires"
Le liquide-vaisselle [nom de marque] n’abîme pas les mains.
C’est un liquide vaisselle qui dégraisse parfaitement.
Le liquide-vaisselle [nom de marque] est un liquide-vaisselle efficace.
Ce liquide-vaisselle facilite énormément la "corvée" de vaisselle.
Ce liquide vaisselle contient des composants qui respectent l’environnement.
Le liquide [nom de marque] possède une texture agréable.
9 Croyances "d’image"
Le liquide-vaisselle [nom de marque] est une référence en matière de liquide vaisselle.
Ce liquide vaisselle est fabriqué par une entreprise de grande envergure.
Ce liquide-vaisselle n’est pas vraiment différent des autres liquide-vaisselle.
La marque [nom de marque] n’est pas une marque importante de liquide-vaisselle.
Croyances-produit "Barres chocolatées" (2 dimensions)
9 Croyances "utilitaires"
La barre chocolatée [nom de marque] n’est pas très appétissante.
Cette barre chocolatée est riche en ingrédients.
La barre [nom de marque], c’est un très bon produit.
Il y a trop de chocolat dans la barre [nom de marque].
C’est une barre croustillante.
La barre [nom de marque] est une barre chocolatée légère.
9 Croyances "d’image"
[nom de marque] est une marque sympathique.
C’est une marque dynamique.
[nom de marque] est une marque jeune.
La barre [nom de marque] est différente des autres barres chocolatées.
Ce n’est pas une barre chocolatée de référence.
Nous proposons, pour conclure ce point destiné à présenter nos échantillons
d’items originaux reflétant les différents construits mobilisés par notre recherche, que
soit présentée une synthèse de ces choix au moyen du tableau V.2..
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 242
Tableau V.2. : Synthèse sur l’opérationalisation des construits mobilisés par cette recherche
CATÉGORIE CONSTRUITS STRUCTURE THÉORIQUE SOUS-JACENTE
ORIGINE ET CONTEXTE D’UTILISATION DE L’ÉCHELLE
NATURE DE LA PROCÉDURE DE
VALIDATION NÉCESSAIRE
VARIABLES EN AMONT DES PROCESSUS DE
PERSUASION
9 Confiance en soi, trait de personnalité durable
9 Besoin de cognition
9 Implication dans le programme préalable
2 dimensions : Confiance "globale" : 12 items Confiance "spécifique203" : 8 items
1 dimension -18 items
2 dimensions (?) : "Intérêt" : 2 items "Plaisir" : 2 items
Adaptation des échelles de Wright (1975) et de O’Guinn et Faber (1989) - Peu d’utilisations en
marketing. Cacioppo, Petty et Kao (1984) - 1 utilisation en publicité en France (Falcy, 1997). Aucune utilisation de cette échelle précise à notre connaissance.
Etendue
Allégement important et validation simple
Validation simple
DÉTERMINANTS DES ROUTES DE PERSUASION
9 Confiance dans l’évaluation d’un objet
9 Implication publicitaire
1 dimension - 6 items
2 dimensions : Implication/message : 3 items Implication/exécution : 6 items
Personnelle Adaptée des conceptions théoriques de Laczniak, Muehling et Grossbart (1989), Miniard et al. (1990), Laczniak et Muehling (1993) ; Derbaix (1995).
Etendue
Etendue
ASPECTS ÉVALUATIFS DES VARIABLES
INTERMÉDIAIRES D’EFFICACITÉ PUBLICITAIRE
9 Croyances à l’égard de l’annonce
9 Croyances-produit
9 Attitude envers l’annonce
9 Attitude envers la marque
9 Intention d’achat de la marque
2 dimensions : Croyances/message : 8 items Croyances/exécution : 8 items
2 dimensions : Croyances "utilitaires" Croyances "d’image"
2 dimensions : Attitude/message : 3 items Attitude/exécution : 6 items
1 dimension - 3 items
1 dimension - 1 item
Derbaix (1995) + 3 items. Personnelle et spécifique au produit étudié. Personnelle mais néanmoins fortement inspirée par Derbaix (1995) ainsi que par notre mini-enquête qualitative en ce qui concerne les éléments caractérisant chaque dimension.
3 différentiels sémantiques largement utilisés en communication persuasive. Légère adaptation personnelle d’une échelle mono-item très répandue dans la communauté scientifique.
Etendue
Etendue
Etendue
Validation simple
Validation simple
203 Confiance dans le traitement des informations.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 243
Les instruments de mesure précisés, il s’agit de présenter à présent le protocole
expérimental destiné à offrir un cadre de collecte adéquat à ces différents construits.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 244
II - PROTOCOLE EXPÉRIMENTAL
Préambule : des choix dictés par un souci de validité externe
Selon Evrard, Pras et Roux (1997, p.591), la validité externe représente “les
possibilités d’extrapoler les résultats et les conclusions de la recherche à l’ensemble du domaine qui a été
l’objet de l’investigation ou, éventuellement, à un domaine plus vaste”. Cette définition sous-entend
fortement le souci qui doit animer le chercheur lorsqu’il décide de son protocole
d’expérimentation, en particulier dans une recherche portant sur l’influence de la
publicité télévisée sur les consommateurs. Toute recherche ayant pour vocation finale
de fournir un ensemble de recommandations d’ordre managérial, le protocole retenu
par le chercheur en communication persuasive doit donc se rapprocher le plus possible
des conditions naturelles d’exposition des individus à des annonces publicitaires de
manière à limiter un ensemble de biais pouvant provenir d’une situation de
"laboratoire". Conscient de l’impossibilité que nous avons eu de remplir tous les critères
en vue d’une forte validité externe, soulignons cependant que notre recherche possède
les mérites suivants :
9 Un protocole expérimental qui s’appuie sur une méthodologie de pré-
test publicitaire avec une procédure similaire204 à celle qu’utilisent
certaines sociétés d’études spécialisées dans l’analyse de l’impact d’une
communication persuasive sur le consommateur ;
9 L’inclusion d’un programme préalable205 accueillant notre écran
d’annonces testées ;;
9 Un travail sur des marques réelles et non fictives ;
9 Des annonces appartenant à quatre catégories de produit différentes ;
9 Le recours à des annonces publicitaires finalisées206 ;
204 Nos différentes "expériences" avec quelques unes d’entre elles ont offert un avantage : celui d’identifier un ensemble de systèmes de pré-test employés en France. Nos recherches personnelles ont en outre permis de dresser un mini-panorama des systèmes utilisés ;; ils feront l’objet d’une présentation détaillée dans notre chapitre consacré aux implications managériales de cette recherche doctorale. 205 Ce programme préalable n’existe pas toujours dans la pratique professionnelle. 206 Les praticiens utilisent parfois des annonces non finalisées.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 245
9 Un "masquage", par le chercheur, de l’objet réel de l’enquête.
Sans revenir sur les raisons qui nous ont orienté vers le recours à un échantillon
de convenance, précisons ici que notre validité externe se trouve quelque peu limitée
par notre impossibilité de travailler sur des consommateurs réels. Cette remarque
pourrait cependant être tout à fait atténuée en prenant pour référence la méta-analyse de
Brown et Stayman (1992) qui révèle que l’impact modérateur de la nature de
l’échantillon (étudiants versus non étudiants) n’est pas significatif pour les deux relations
de causalité suivantes de l’hypothèse de médiation duale : le lien Aad - cognitions sur la
marque ainsi que le lien Aad - Ab.
II.1. - Choix du programme préalable
Il est précisé aux individus que nous souhaitons recueillir leur opinion globale au
sujet d’une émission télévisée par une évaluation du programme dans ses grandes lignes.
Cette précision permet ainsi d’éviter un effort cognitif trop intense pendant le
programme qui pourrait venir induire une intensification "artificielle" du traitement des
annonces publicitaires. A aucun moment durant le déroulement de cette
expérimentation, il n’est fait mention de publicités.
Si l’existence même de ce programme a été dictée par un impératif de validité
externe, le choix définitif du programme a été effectué selon trois critères principaux : la
nature du programme, son niveau d’intérêt et sa durée.
Afin d’éviter que le contenu du programme ne vienne influencer les perceptions
des annonces testées, nous avons choisi une émission avec un thème éloigné de celui
des produits de grande consommation. En outre, l’utilisation d’un programme existant
en facilitant notre recherche d’émission devait en outre être suffisamment ancien afin
que les étudiants ne s’en souviennent pas trop fortement ;; le programme a été inspecté
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 246
en détail pour déceler tout éventuel anachronisme avec les émissions actuellement
diffusées sur les chaînes télévisées.
Sans être trop fortement impliquant, ce programme devait être suffisamment
intéressant afin que les répondants restent suffisamment attentifs tout au long du
programme, en particulier jusqu’à l’écran d’annonces ;; cependant, ce programme ne
devait pas être trop captivant non plus de manière à éviter une certaine déception des
individus au moment de l’écran publicitaire, cette déception étant susceptible d’affecter
l’évaluation des annonces et des marques communiquées. Le fait de souhaiter obtenir
un certain niveau d’attention des individus ne constitue pas à proprement parler un biais
du protocole. En effet, l’un des pré-requis à l’efficacité est d’induire, chez le récepteur,
un certain niveau d’attention. Les annonceurs sont aujourd’hui de plus en plus soucieux
de ce point ; en témoignent les analyses effectuées par des sociétés spécialisées dans la
mesure de l’audience qui cherchent à savoir les profils d’individus selon les émissions ;;
dans un deuxième temps, les annonceurs sollicitent fortement les sociétés d’achat
d’espaces publicitaires afin qu’elles insèrent leurs annonces à la suite de programmes
bien précis en vue d’une meilleure adéquation cible du programme/composition de
l’écran d’annonces.
In fine, l’ensemble de ces critères nous a permis de retenir un programme au sein
d’une base de données constituée d’environ 150 émissions enregistrées sur les chaînes
hertziennes françaises depuis 8 ans. Nous avons opté pour l’émission Capital ("M6")
consacré aux "Restaurant Planet Hollywood". La longueur de cette émission étant
excessive, un montage207 a été effectué pour réduire ce programme à 8 minutes, suivi de
notre écran d’annonces publicitaires encadrés par les "jingles" annonçant la coupure
publicitaire et ce, afin de crédibiliser notre écran d’annonces télévisées208. Soulignons
cependant que dans la réalité, aucun thème développé dans cette émission n’est 207 Ce montage a été effectué par l’"Association Vidéo" d’une école de commerce située à Paris XVIIè. 208 Le "fondu bleu"que l’oeil remarque entre chaque annonce publicitaire télévisée a été également reproduit.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 247
interrompu de cette façon ;; afin d’apprécier le biais introduit, nous avons interrogé les
étudiants après l’expérimentation sur ce point : seulement 10 individus sur nos deux
échantillons (pré-test et collecte finale) avaient remarqué cette légère modification de
l’émission de "M6".
II.2. - Les annonces télévisées
II.2.1. - Une exposition unique à deux annonces
En raison de contraintes techniques de collecte, nous ne pouvions constituer x
groupes d’individus exposés à une unique annonce ; en conséquence, chaque sous-
échantillon d’étudiants (sessions de pré-test publicitaire effectuées sur des cellules
d’environ 30 étudiants) a été exposé à 2 annonces testées, l’ensemble des conditions
entourant l’exposition (présentation par le chercheur de l’objet de l’enquête, nature des
questionnaires, programme, moment de la coupure du programme) étant identiques. De
manière globale (que ce soit à l’occasion de la phase de pré-test ou au moment de la
collecte finale des données), nous avons travaillé sur les 2 groupes suivants :
GROUPE 1 GROUPE 2
Exposition à :
Annonce marque de pizzas préemballées.
Annonce marque de matelas..
Exposition à :
Annonce marque de liquide-vaisselle.
Annonce marque de barres chocolatées.
Le choix d’exposition unique a été motivé par une double considération :
9 Une considération d’ordre conceptuel : si une modification d’attitude
ne peut a priori s’effectuer à moins de trois expositions publicitaires
(Krugman, 1966), la simple formation d’une attitude ne nécessite
qu’une exposition unique.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 248
9 Une considération d’ordre managérial : de nombreux systèmes de pré-
test sont fondés sur une unique exposition publicitaire que ce soit
pour des marques connues ou pour des nouveaux produit.
II.2.2. - Composition des écrans publicitaires
Deux écrans publicitaires ont été constitués selon des règles identiques :
9 3 annonces par écran ;
9 Une annonce "neutre209" au centre de chaque écran, les annonces
testées se situant donc respectivement en début et en fin d’écran ;;
9 Le choix de deux annonces "neutres" de durée similaire.
L’insertion d’annonces "neutres" relève d’un souci de "crédibilisation" de notre
écran d’annonces ;; en estimant a priori que les étudiants, gros consommateurs de
télévision, peuvent tout à fait comprendre qu’il s’agit là de marques n’existant pas en
France et donc que cet écran ne peut pas être diffusé sur les chaînes françaises, nous
avons décidé de "rompre" toute suspicion éventuelle durant l’exposition à la première
annonce inconnue par l’insertion d’une annonce connue. En outre, les deux marques
connues des individus appartiennent à des catégories de produit différentes des classes
étudiées et ce, afin d’éviter un effet de concurrence210 entre marques.
In fine, notre choix s’est porté sur les deux annonces suivantes :
9 Une publicité pour la montre "Skuba" de la firme Swatch ;
9 Une annonce pour la chaîne "TPS", télévision par satellite.
209 Neutre au sens de "leurre". 210 Ce choix rejoint la pratique professionnellle ; en effet, en France, un même écran ne peut inclure deux marques directement en concurrence sur le même marché.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 249
Nos deux écrans publicitaires s’articulent donc de la manière suivante :
II.2.3. - Le choix des annonces testées
Pour ne pas surcharger notre cadre conceptuel et compte tenu du peu de
recherches effectuées en communication persuasive sur le rôle de la confiance en soi, à
l’étude des mécanismes de changement d’attitude, nous avons préféré une analyse de
l’influence de la confiance sur les processus de formation de l’attitude à la suite de
l’influence du stimulus publicitaire télévisé. Ainsi, travailler sur des marques inconnues
des individus s’est imposé à nos yeux comme un moyen de constituer un premier pas
vers l’enrichissement des connaissances dans ce domaine. Le recours à des marques
connues aurait en effet considérablement complexifié notre démarche par la nécessité
de prendre en compte, en plus de l’ensemble des construits mobilisés par notre
recherche et présentés précédemment :
9 L’attitude de l’individu envers la marque communiquée avant
exposition à la nouvelle annonce211 ;
9 Le niveau de certitude de l’individu dans son évaluation des différentes
caractéristiques de la marque (avant et après exposition) ;
9 Un niveau de confiance dans la marque plus global, reflétant la
satisfaction retirée par l’individu de son expérience avec le produit en
question. 211 Si la marque est connue, un pré-test s’effectue sur des changements de versions d’annonces publicitaires.
Ecran n°1
Ecran n°2
Annonce "pizzas"
Annonce "matelas"
Annonce "TPS"
Annonce "liquide-vaisselle"
Annonce "Skuba"
Annonce "barre chocolatée"
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 250
Le souci de simplification de la démarche ainsi que la volonté de comprendre le
processus étudié selon une première perspective de formation de Ab nous a donc
orienté vers la recherche d’annonces publicitaires pour des marques de produits
inconnues en France. Trouver des annonces finalisées en langue française pour des
marques de grande consommation inconnues en France nous a naturellement orienté
vers un pays européen voisin : la Belgique. Nous avons ainsi collecté212 l’échantillon
d’annonces suivant :
Marques inconnues en France
"BEKA" Matelas
"BOUNTY" Marque d’"essuie-tout" ménager "VITELMA" Eau minérale
"JACQUEMOTTE" Café
"CHA-CHA" Barres chocolatées
"DREFT" Liquide vaisselle
"SILAN" Lessive liquide
"CHAPPI" Aliment pour chien
"RISTORANTE" Pizzas préemballées
"MERISSE" Chocolats fourrés
"AEG" Lave-vaisselle
Notre choix s’est finalement porté sur les annonces "RISTORANTE",
"BEKA", "DREFT", "CHA-CHA" pour les raisons suivantes :
9 Leur homogénéité en terme de durée ;
9 L’absence totale du léger accent que possèdent nos voisins belges ;;
212 Cette collecte s’est faite de deux manières :
9 Par un recueil de collègues chercheurs captant des chaînes belges ; 9 Par une collecte personnelle à Lille, ville française recevant la chaîne belge "RTBF".
Nom de marque Catégorie de produit
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 251
9 Un mode d’exécution similaire à celui que l’on peut rencontrer en
France afin d’éviter de "choquer" les individus sur ce point213 ;
9 Des annonces pour des produits susceptibles de concerner214 les
étudiants ;
9 Une qualité d’enregistrement identique (définition des couleurs et
caractère audible de l’annonce).
Précisons ici que l’ordre d’insertion des annonces n’a pas suivi de règle
scientifique précise ; nous avons en effet décidé de manière intuitive que :
9 Les pizzas et les barres chocolatées étant deux produits plutôt
similaires car susceptibles d’être consommés fréquemment par les
étudiants ne devaient pas en conséquence figurer au sein du même
écran ;
9 La place occupée par ces deux annonces au sein de chaque écran
pouvait peut être expliquer des différences d’impact publicitaire ;; nous
avons donc envisagé de prendre en compte cette différence d’impact
en plaçant :
L’annonce "pizzas" en première position dans notre écran n°1 ;;
L’annonce pour les barres chocolatées à la dernière position de
notre écran n°2.
213 En plus de la difficulté qu’aurait représenté la collecte d’annonces canadiennes, l’exécution des publicités de ce pays s’inspire souvent de celle de leurs voisins américains et détonne ainsi quelque peu de nos exécutions "à la française". 214 Nous avons estimé que de nombreux étudiants étaient susceptibles de vivre seuls et donc d’être concernés par l’utilisation d’un liquide-vaisselle ou par l’achat d’un matelas : une question prélable au sein de notre questionnaire a permis d’observer qu’une partie non négligeable de nos échantillons ne vivait plus chez leurs parents. Nous présenterons cette proportion lors du point consacré à la composition de notre échantillon.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 252
II.2.4. - Description des annonces
Le tableau V.3. offre une description synthétique des quatre annonces choisies
en présentant certains des éléments de la copy-stratégie.
Tableau V.3. : Caractéristiques des quatre annonces choisies
Caractéristiques
Annonce "BEKA" (matelas)
Annonce "DREFT"
(liquide-vaisselle)
Annonce "RISTORANTE"
(pizzas)
Annonce "CHA-CHA" (barre chocolatée)
Durée 30 secondes. 30 secondes. 30 secondes. 27 secondes.
Axe publicitaire
Un matelas évocateur de douceur et de
sensualité
Un liquide-vaisselle d’utilisation rapide et
efficace
Une pizza "généreuse" de
tradition italienne
Une barre chocolatée dynamisante
Scénario général
Un visage de femme légèrement souriant,
languissante ; ses yeux deviennent ceux d’un serpent pendant
2 secondes.
Deux adolescents flirtant sur un canapé mais perturbés par la
présence du petit frère et souhaitant de
retrouver seuls. Le petit frère chargé de ce fait de la "corvée
de vaisselle". Les adolescents surpris
par la rapidité d’exécution.
Une équipe de cuisiniers italiens
s’affairant à la préparation de la
pizza.
Hold-up par deux individus portant des
combinaisons intégrales en cuir (un
homme et une femme).
Leur butin : un coffre de barres "Cha-Cha"
Nature de la démonstration
"produit"
Démonstration verbale
Démonstration technique
(utilisation), visuelle et verbale (voix-off).
Démonstration technique et visuelle
Démonstration visuelle : gros plan
sur la dégustation de la barre chocolatée.
Visualisation du
produit
Aucune
Utilisation du
liquide-vaisselle
Tout au long de la publicité : de la
préparation de la pâte de la pizza à la dégustation du
produit fini par les clients.
Gros plan sur la
barre chocolatée en train de se faire
déguster lentement.
Caractéristiques de l’exécution
publicitaire
Voix-off masculine, douce et sensuelle
presque chuchotante
Humour. Utilisation de bulles
comme pour les bande-dessinées. Voix-off complice
de la victime (le frère).
Pas de musique.
Caractéristiques-produit présentées en
sous-titre. Musique italienne
entraînante. Impression
subjective d’un mouvement de
danse. Pas de voix-off.
Dynamique. Musique "branchée".
Arrêt brutal du rythme de l’annonce
au moment de la dégustation de la barre "Cha-Cha"
(arrêt de la musique) puis reprise du
rythme. Pas de voix-off.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 253
II.3. - Les questionnaires
Deux questionnaires poursuivant deux objectifs bien précis sont venus encadrer
le protocole expérimental :
9 Un questionnaire pré-exposition permettant de recueillir un ensemble
de caractéristiques individuelles non liées au stimulus ;
9 Un questionnaire post-exposition nous permettant d’apprécier l’impact
de l’annonce télévisée par le recueil d’un ensemble de variables
d’efficacité.
II.3.1. - Le questionnaire préalable
Il a pour vocation de mieux connaître nos répondants en mettant en lumière des
profils individuels de nature psychologique ou purement biologiques (sexe, âge, etc.).
Son administration en préalable à l’exposition publicitaire s’impose par
l’influence que pourrait avoir par exemple l’exposition à une marque précise sur la
mesure de l’implication de l’individu dans la catégorie de produit : on peut
raisonnablement supposer que si l’individu a été très intéressé ou a pris beaucoup de
plaisir en voyant une annonce pour une marque appartenant à la classe de produit x
puisse tout à fait "reporter" cet intérêt ou ce plaisir ressentis en appréciant différemment
(par rapport à une situation inverse) les facettes "intérêt" et "plaisir" de l’échelle de
Laurent et Kapferer (1986). Cela ne va pas dans le sens de l’hypothèse de Valette-
Florence (1989) et de Laurent et Kapferer (1986) en ce qui concerne l’influence de la
composante durable de l’implication sur la composante situationnelle et non l’inverse.
Cependant, sans apporter de réponse scientifiquement démontrée sur ce point, nous
nous demandons tout de même de manière intuitive, compte tenu du fait que certains
individus se fondent fortement sur l’attribut "annonce" pour se décider, si la
composante situationnelle de l’implication (à savoir "l’importance" de l’attitude
générée à la suite de l’exposition à une communication persuasive) ainsi qu’une
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 254
expérience bénéfique de l’individu avec la classe de produit ne pourraient pas venir
renforcer quelque peu l’implication-produit tout au moins deux de ses facettes à savoir
les dimensions "intérêt" et "plaisir"215.
Trois variables individuelles ont été mesurées à l’occasion de ce recueil de
variables "pré-exposition" :
9 Une variable exprimant la relation individu/produit : l’implication de
l’individu dans la catégorie de produits ;
9 Deux variables psychologiques : la confiance en soi, trait de
personnalité durable, et le besoin de cognition (Cf. annexe n°1).
Si les différentes échelles d’implication-produit ont été mesurées les unes à la
suite des autres (catégorie de produit par catégorie de produit) tout en mélangeant d’un
produit à l’autre les dimensions et les items, tous les items de nos instruments de
mesure de variables psychologiques ont été mélangés au sein de ce questionnaire
préalable de manière à éviter un “effet de halo” qu’Evrard, Pras et Roux (1997, p.584)
considèrent comme “un biais introduit par la formulation des questions ou par les échelles de
réponses, traduisant une tendance à répondre de la même façon”. Cependant, la quantité
importante des items de confiance en soi et de besoin de cognition (respectivement 20
et 18) nous a conduit à insérer au sein de ce questionnaire d’autres items psychologiques
de manière à "diluer" convenablement nos items de confiance et de besoin cognitif.
Ainsi, bien que cet instrument de mesure psychologique ne représente pas pour nous un
construit mobilisé par notre recherche doctorale, des items de besoin de stimulation
optimal de Mehrabian et Russell (1974) ont été insérés ;; ils mesurent “le point d’excitation
idéal auquel aspire tout individu et qu’il va, à travers son comportement, essayer de maintenir ou de
rétablir” (Falcy, 1997, p.337) via 40 items reflétant les 5 dimensions suivantes :
215 Nous reviendrons sur ce point, plus précisément sur l’influence possible de la composante situationnelle de la confiance sur l’aspect spécifique de la composante durable lorsque nous présenterons nos voies de recherche futures.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 255
changement, stimuli inusuels, risque, sensualité et nouveaux environnements. Nous
n’avons cependant repris qu’une vingtaine d’items de cette échelle.
II.3.2. - Le questionnaire post-exposition
Une distinction doit être opérée entre le questionnaire de pré-test et le
questionnaire de collecte finale ;; à l’instar de ce que qui a été effectué sur les variables
psychologiques, la phase de validation des instruments de mesure a conduit à un
allégement216 du nombre d’items en fonction de règles scientifiques précises217.
Variables selon le nombre d’items qu’ils intègrent, nos différents questionnaires sont
néanmoins semblables en ce qui concerne leur structure, en particulier sur l’ordre de
mesure de nos différentes variables (Cf. annexe n°2). Trois choix principaux caractérisent
ce point :
9 Premier choix : une mesure de Ib, de Ab, de Aad, des croyances à
l’égard de l’annonce et enfin, des croyances-produit selon cet ordre
précis. Ce choix a été motivé par l’objectif théorique suivant : éviter
que l’individu n’effectue une rationalisation a posteriori ; par
exemple, en mesurant en premier lieu les croyances à l’égard de
l’annonce, l’individu peut tout à fait par la suite évaluer globalement
l’annonce (Aad) de manière congruente à son évaluation spécifique des
éléments qui la composent : ce phénomène pourrait ainsi refléter un
effet de halo ;
9 Deuxième choix : Une mesure de la confiance dans chaque
évaluation juste après celle de l’évaluation ;; l’individu pourrait trouver
216 Cet impératif d’allègement nous a été dicté par des contraintes techniques incontournables : si la phase de pré-test a pû s’effectuer sur 1h30 (collecte au sein de nos propres groupes d’étudiants), la phase de collecte finale a quant à elle été effectuée grâce au concours de collègues chargés de travaux dirigés qui ont accepté de "tronquer" leur séance de ¾ d’heures ;; qu’ils en soient vivement remerciés. Pour cette raison, notre questionnaire final devait être allégé par rapport à notre questionnaire de pré-test. D’un questionnaire de 12 pages, nous sommes passés in fine à un questionnaire de 6 pages. 217 Elles seront exposées au sein du III de ce chapitre.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 256
très difficile d’indiquer un degré de conviction dans une réponse
donnée 3 pages auparavant dans le questionnaire ;
9 Troisième choix : Pour ne pas accroître de manière inutile la
difficulté qu’un individu peut ressentir en répondant à un nombre
important de questions concernant deux annonces distinctes, nous
avons décidé de collecter dans un premier temps toutes les réactions
en ce qui concerne la première annonce et dans un deuxième temps
celles qui concernent la deuxième publicité testée.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 257
II.4. - Taille et composition des échantillons
Sans revenir ici sur les raisons qui nous ont orienté vers un échantillon de
convenance composé d’étudiants, précisons cependant que le recours à un échantillon
de cette nature offre certains avantages :
9 Un accès facile ;
9 Un choix précis en fonction de leur cursus universitaire : notre
priorité a été de nous éloigner des étudiants ayant une formation en
Marketing qui auraient ainsi été susceptibles de biaiser nos résultats
en étant prédisposés et/ou fortement intuitifs, par leurs
connaissances, à l’égard du "véritable" thème de notre
expérimentation.
9 Un enthousiasme réel des étudiants envers tout ce qui peut, pour
quelques instants, les détourner de leurs exercices de
mathématiques (...).
Ces étudiants se distinguent selon un ensemble de caractéristiques présentées au
sein du tableau V.4.
Tableau V.4. : Composition de l’échantillon
Nombre d’individus
Age Sexe Niveau d’études
Proportion d’étudiants ne
vivant plus chez leurs parents
PRÉ-TEST 131 [18 . 24] M: 48%
F : 52%
Bac +1 : 50%
Bac +2 : 50% 15.2 %
COLLECTE FINALE
220 [18 . 24] M : 45%
F : 55%
Bac +1 : 62%
Bac +2 : 38 % 27.7 %
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 258
III - CRITÈRES SCIENTIFIQUES DE VALIDATION DES STRUCTURES SOUS-JACENTES AUX
INSTRUMENTS DE MESURE
La validation d’un instrument de mesure s’effectue en trois étapes :
9 La mise en lumière de la structure sous-jacente au concept : que ce
soient pour des instruments de mesure créés par cette contribution ou
bien simplement validés car ayant fait l’objet d’une utilisation large au
sein de la communauté scientifique, le chercheur doit s’assurer que le
construit qu’il mobilise comporte bien le nombre de dimensions
conforme à ses attentes théoriques ;
9 La vérification, par le chercheur, que le construit mobilisé satisfait à
des critères de fiabilité et de validité ;
9 L’appréciation d’une qualité globale de l’instrument de mesure :
puisque ce point précis ainsi que la validation de nos hypothèses de
recherche empruntent largement aux méthodes d’analyses de données
dites de "deuxième génération", la présentation des indices globaux de
qualité d’une échelle ou d’un modèle feront l’objet d’un chapitre
indépendant (Chapitre VI).
III.1. - La mise en lumière de la structure émergente : le recours à des analyses
factorielles
III.1.1. - Principes généraux
Selon Delattre (1994)218, l’objectif d’une analyse factorielle est de “donner une
description synthétique de tableaux de données numériques portant sur un certain nombre d’objets et sur
des variables (caractéristiques, attributs) se rapportant à ces objets”. Plusieurs méthodes d’analyses
descriptives sont disponibles : le recours à une méthode précise dépend de la nature des
variables étudiées : notre utilisation de données "métriques" nous conduit à effectuer
des analyses en composantes principales. Selon Delattre (1994), “partant d’un tableau
218 in Lambin (1994), p.285.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 259
de valeurs numériques où n objets ont été évalués en fonction de p variables [...], on va tenter de résumer
ces informations en un ensemble réduit de combinaisons linéaires de variables initiales [...]. En d’autres
termes, on cherche à dégager un petit nombre de facteurs indépendants entre eux (orthogonaux)
regroupant certains attributs initiaux et contrastant le mieux les différences entre les objets. Ces facteurs
sont appelés les composantes principales [...]”.
III.1.2. - Interprétation des résultats
Une analyse en composantes principales permet au chercheur :
9 De déterminer le nombre de dimensions du construit ;
9 De déterminer les items les plus contributifs des différentes facettes du
construit.
9 La problématique de l’interprétation des résultats d’une ACP réside dans un premier
temps dans le choix du nombre d’axes factoriels à conserver : plusieurs règles de
décision disponibles ont été utilisées dans cette recherche doctorale :
Une règle empirique : dans la mesure où un axe factoriel est une
combinaison linéaire de variables initiales, un axe pertinent doit
fournir une information plus importante que chaque variable initiale :
ainsi, pour conserver un facteur, Evrard et Lemaire (1976, p.117)219
recommandent que son taux d’inertie, indicateur de qualité de la
représentation obtenue et défini comme le rapport entre la variation
de l’axe et la variation totale, soit nettement supérieur à une restitution
"au hasard" : en d’autres termes, la règle empirique consiste à ne
conserver que les axes factoriels dont le taux d’inertie est supérieur à
100/p % où p représente le nombre initial de variables.
219 op. cit. Lambin (1994), p.291.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 260
Une détermination graphique : la courbe représentant le pourcentage
de variance expliquée en fonction du nombre de facteurs permet, en
son point d’inflexion, de déterminer le nombre de composantes à
conserver, la variance expliquée par un axe représentant le rapport
entre la valeur propre de l’axe et le nombre d’axes.
Si ces deux règles sont en fait équivalentes, nous avons privilégié la règle
empirique en ce qui concerne la détermination du nombre de dimensions sous-jacentes
au construit.
9 Le nombre d’axes déterminé, 2 indicateurs permettent d’apprécier la force explicative
d’un item à un facteur :
La communalité de l’item, qui représente “la part de la variance de l’item
expliquée par les facteurs retenus” (Steyer, 1999) : il s’agit de la somme des
carrés des poids factoriels ;
Le "loading" de l’item, c’est à dire la contribution de l’item à
l’explication de l’axe en question, apprécié au moyen du coefficient de
corrélation entre la variable (l’item) et le facteur.
A l’instar du nombre d’axes à conserver, la détermination de la conservation de
tel ou tel item de mesure a fait l’objet de la règle suivante : un item est considéré comme
suffisamment contributif d’un axe si :
Sa communalité est supérieure strictement à 0.5 ;
La valeur absolue 220 de la corrélation de l’item à l’axe x est supérieure
ou égale à 0.6 et inférieure à 0.3 sur les autres axes.
220 Un item peut en effet être corrélé positivement ou négativement à un facteur.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 261
Notre contribution présente les résultats pour chaque instrument de mesure de
deux analyses en composantes principales :
9 Une première ACP effectuée sur nos données de pré-test a permis de
spécifier le nombre de dimensions théoriques à chaque concept et de
déterminer un ensemble d’items à conserver selon les règles énoncées
précédemment ;
9 Une deuxième ACP effectuée sur nos données d’expérimentation
finale et dédiée à la confirmation et donc à la validation sur un
échantillon différent de la structure factorielle du concept (nombre de
dimensions et nature des items par facette émergeante).
En conclusion à ce paragraphe destiné à présenter les règles de décision pour
déterminer la structure des instruments de mesure, précisons les deux points suivants :
9 Velicer et Fava (1987) indiquent que plusieurs analyses factorielles sont
nécessaires dans la mesure où l’ajout ou la suppression d’items
rendent extrêmement sensibles la structure d’un construit, “à moins que
la structure soit claire et simple”. L’invariance d’une structure factorielle
par suppression d’un item rend ainsi compte d’une certaine robustesse
de l’instrument de mesure.
9 Deux méthodes d’ACP sont disponibles au sein du logiciel de
traitement de données SPSS ;; le choix d’une rotation "Varimax" ou
"Oblimin" dépend du degré de corrélation entre les facteurs du
construit : si les facteurs sont corrélés, le chercheur privilégie une
rotation oblique.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 262
III.2. - Les contraintes de fiabilité et de validité
Evrard, Pras et Roux (1997) indiquent qu’une mesure doit être :
9 Fiable
9 Valide
9 Sensible
Selon Perrien, Chéron et Zins (1984), “la fiabilité s’intéresse aux termes aléatoires
contenue dans la mesure et représente le degré avec lequel les instruments de recherche utilisés mesurent de
façon constante le construit étudié. La validité s’intéresse aux termes d’erreur à la fois aléatoires et
constants et se définit comme le degré avec lequel les instruments de recherche utilisés mesurent
parfaitement le construit étudié”.
III.2.1. - La fiabilité
“Concernée par la réduction de la partie aléatoire de l’erreur de mesure”221 (Evrard, Pras et
Roux, 1997), la fiabilité a longtemps été appréciée au moyen de l’α de Cronbach (1951).
Aujourd’hui, les chercheurs semblent lui préférer le coefficient de cohérence interne U
de Jöreskog (1969, 1971), qui se détermine mathématiquement de la manière suivante :
UO
O H
¦
¦¦
( ) var( )
( ) var( ) var( )
ii
n
i ii
n
i
n
A
A
1
2
2
11
Avec :
A : construit var : variance O i : loading de l’item i sur le construit A
H i : erreur de la mesure i n : nombre de mesures du construit
221 Les auteurs précisent qu’une mesure se décompose en divers éléments ("Modèle de la vraie valeur") : la vraie valeur (réprésentation théorique d’une mesure parfaite) et deux termes d’erreur (l’erreur aléatoire et l’erreur systématique).
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 263
Un U de cohérence interne supérieur à 0.9 indique l’excellente fiabilité de
l’instrument de mesure.
III.2.2. - La validité
Evrard, Pras et Roux (1997) distinguent trois types de validité :
9 Une validité “faciale” ou “de contenu” : il s’agit d’apprécier si la mesure
opératoire capture bien les différentes facettes du phénomène étudié.
La mini-enquête qualitative effectuée en préalable à nos analyses
quantitatives a permis d’apprécier ce point222.
9 Une validité de “trait” ou “de construit” : se définissant comme la
capacité des indicateurs à fournir “une bonne représentation du phénomène à
étudier”, elle s’apprécie au moyen des deux indices complémentaires
suivants (Roehrich, 1993) :
La validité convergente : selon Fornell et Larcker (1981), un
instrument de mesure présente une bonne validité convergente si sa
“variance extraite moyenne” indiquée par l’équation 1 est supérieure à 0.5.
222 Nous avons demandé aux individus interrogés de nous indiquer un terme global pouvant refléter l’idée véhiculée par un ensemble d’items présentés.
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 264
UO
O Hvc
ii
n
i ii
n
i
n
A
A
¦
¦¦
( ) var( )
( ) var( ) var( )
2
1
2
11
Avec : A : construit var : variance O i : loading de l’item i sur le construit A
H i : erreur de la mesure i n : nombre de mesures du construit
Nous verrons à l’occasion de la présentation des équations
structurelles que d’autres chercheurs à l’instar de Bagozzi et Yi (1989)
complètent ce critère.
La validité discriminante : appréciant le degré d’indépendance
entre facettes d’un phénomène, Fornell et Larcker (1981) préconisent
qu’un instrument de mesure présente une bonne validité discriminante
si la variance partagée entre les construits est inférieure à la variance
partagée entre les construits et leur mesure ;; en d’autres termes, il faut
que la validité convergente de chaque facette soit inférieure à la
covariance au carré entre les deux facettes, comme l’indiquent les
inéquations 2 :
Les facettes 1 et 2 du construit A sont clairement distinctes si et
seulement si :
U vc1 cov2 (1 ; 2)
et U vc2 cov2 (1 ; 2)
Equation 1
Inéquations 2
Chapitre V - Méthodologie relative aux instruments de mesure 265
Une autre méthode permettant d’indiquer la validité discriminante sera
présentée à l’occasion de la présentation des équations structurelles.
Elle consiste a apprécier une différence de Khi-deux eu égard à une
différence de degrés de libertés entre deux modèles : un modèle
contraint et un modèle libre.
La troisième validité est :
9 La validité “nomologique” ou “prédictive” : selon Evrard, Pras et
Roux (1997), “elle concerne la liaison entre les concepts (et les "construits" qui les
opérationalisent). Il s’agit de savoir si les relations entre les mesures d’un concept et
celles d’autres concepts sont ou non en conformité avec les prédictions issues de la
théorie fondée sur les recherches précédentes”. Ce critère se trouvant à la base
de la formulation de nos hypothèses de recherche, il convient pour
l’apprécier de présenter à présent les outils statistiques permettant de
valider nos hypothèses de recherche.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 266
La nature particulière des construits mobilisés par cette recherche (variables
majoritairement non observables directement) orientent le chercheur vers les équations
structurelles avec variables latentes et erreurs de mesure et plus précisément vers
l’analyse des structures de covariance. Le logiciel AMOS (version conviviale de LISREL
mis au point par Jöreskog et Sörbom (1989)) nous a servi pour :
9 La validation de nos instruments de mesure ;
9 La validation de nos hypothèses de recherche.
I - UN RECOURS AUX ÉQUATIONS STRUCTURELLES : UNE EXIGENCE INDUITE PAR LA
NATURE PARTICULIÈRE DES CONSTRUITS MOBILISÉS PAR CETTE RECHERCHE
DOCTORALE
Les modèles d’équations structurelles, utilisés largement sur le continent nord-
américain depuis le début des années 80 puis en France (Valette-Florence, 1988) et
appartenant aux méthodes d’analyse de données dites de “seconde génération” (Bagozzi,
1989), sont de plus en plus fréquemment privilégiés par les chercheurs en
communication persuasive.
L’étude de variables psychologiques qui ne peuvent être mesurées directement
exige un recours aux équations structurelles avec variables latentes et erreurs de mesure
mais laisse dans l’ombre le degré d’agrégation versus de désagrégation à privilégier pour
valider nos hypothèses. En outre, si nos construits psychologiques se décomposent très
souvent en deux dimensions, rien n’empêche le chercheur d’agréger ces dimensions en
sommant les items qui composent chaque facette ou en effectuant la moyenne de ces
items.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 267
I.1. - Moyenne ou somme ?
La somme plutôt que la moyenne pourrait être préférée par le chercheur pensant
qu’une moyenne induirait une perte d’information en "lissant" quelque peu l’étendue
des variations des variables. Cependant, la somme ou la moyenne donnent le même
résultat. A titre d’exemple, deux individus peuvent obtenir la même moyenne de 4 sur la
facette "attitude envers l’exécution publicitaire" ;; en supposant que cette dimension
comporte 4 items, l’individu n°1 peut avoir évalué les items de la manière suivante : 1
sur l’item 1 ;; 7 sur l’item 2 ;; 3 sur l’item 3 ;; et 5 sur l’item 4 : moyenne = 4. L’individu
n°2 peut avoir évalué tous les items par le score 4 sur chaque item ; de moyenne et de
somme identique, cet exemple montre bien que ces deux individus diffèrent cependant
fortement en ce qui concerne l’intensité de leurs évaluations. Il apparaît donc que si
l’objectif est d’étudier une facette, les résultats sont les mêmes ;; en revanche si l’objectif
du chercheur est d’étudier des variations inter-individus sur des items bien précis, il
devrait en revanche privilégier la somme des items plutôt que la moyenne.
I.2. - Le choix du degré d’agrégation
Dans la mesure où un construit psychologique se présente au moment de sa
mesure de manière totalement désagrégée, Bagozzi et Heatherton (1994) distinguent à
partir de cette désagrégation totale du concept trois autres décompositions possibles en
fonction d’un degré d’agrégation croissant. Coexistent ainsi quatre possibilités offertes
au chercheur (Figure V.1.) :
9 Une désagrégation totale : elle intègre tous les items et toutes les
facettes du construit que l’on n’agrège pas ;;
9 Une désagrégation partielle : chaque dimension est considérée comme
une variable latente, les items sont agrégés (somme ou moyenne) sur
chaque facette ;
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 268
9 Une agrégation partielle : une variable latente globale représente le
construit reflété par x dimensions de la variable observée directement
par l’agrégation des items qui composent ces facettes ;
9 Une agrégation totale : items et dimensions sont agrégés pour offrir un
score unique sensé refléter le construit psychologique.
Figure V.1. : Degrés d’agrégation croissants d’un construit psychologique (inspiré de
Bagozzi et Heatherton, 1994)
Désagrégation totale (1)
Désagrégation partielle (2)
Agrégation partielle (3)
Agrégation totale (4)
Remarques importantes :
Les cercles représentent des variables latentes (non observées directement mais
plutôt reflétées par un ensemble d’indicateurs ou "items" de mesure) ;; les rectangles
représentent des variables mesurées directement : en font donc partie les items ainsi que
les variables latentes agrégées.
Pour ne pas surcharger cette représentation de la modélisation des construits
psychologiques, nous n’avons pas indiqué les erreurs affectées aux variables endogènes
observées directement.
Le choix d’une modélisation précise relève d’un ensemble de considérations
d’ordre conceptuel et méthodologique ;; Bagozzi et Heatherton (1994) comparent ces
Dimension 1 Dimension 2 Dimension 1 Dimension 2
Dimension 1 Somme ou moyenne des
items 1, 2 et 3
CONSTRUIT
Somme ou moyenne des items 1 à 6
CONSTRUIT
Somme ou moyenne des items 1, 2 et 3
item 1 item 2 item 3 item 4 item 5 item 6 Somme ou moyenne des items 4, 5 et 6
Dimension 2 Somme ou moyenne des
items 4, 5 et 6
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 269
différentes alternatives en se fondant sur un ensemble de critères scientifiques
permettant de mettre en lumière les avantages et inconvénients de chaque modélisation
(Tableau V.5.).
Tableau V.5. : Avantages et inconvénients des quatre modélisations d’un construit
psychologique (inspiré de Bagozzi et Heatherton,1994)
Désagrégation totale
Désagrégation partielle
Agrégation partielle
Agrégation totale
Avantages
Estimation approfondie des
différents critères scientifiques pour
chaque item mesuré.
Méthode à privilégier dans le cas
du développement d’instruments de
mesure.
Possibilité d’examen de la
validité discriminante entre facettes du
concept.
Estimation de nombreux paramètres.
Simplicité de la méthode.
Capacité de la modélisation à
restituer l’essence globale du construit
psychologique.
Inconvénients
Dilution du sens global du concept
psychologique.
Complexification de la mise en oeuvre
dans le cas d’un construit multi-facettes et multi-
items par dimension.
Dilution du sens global du concept.
Dilution du sens global du construit
psychologique.
Impossibilité d’apprécier les contributions
respectives des items à une facette précise
(coefficients de régression).
Impossibilité d’analyser les propriétés de
chaque facette.
Impossibilité d’apprécier les contributions
respectives des items à une
facette précise (coefficients de
régression).
A la suite des recommandations des deux auteurs susmentionnés et en raison
d’un ensemble de considérations liées à notre cadre conceptuel et à certaines hypothèses
de recherche bien précises, nous avons choisi d’opter pour la désagrégation totale des
construits psychologiques. Cette modélisation nous permet en effet :
9 De créer et/ou de valider de manière satisfaisante les différentes
échelles de mesure mobilisées au sein de notre contribution en
pouvant apprécier les différents critères scientifiques de fiabilité et de
validité énoncés au sein du chapitre précédent ;
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 270
9 D’apprécier l’influence d’un construit psychologique par l’étude précise
de l’impact de chacune de ses dimensions au sein du phénomène
étudié ; rappelons ici par exemple que nous avons nettement distingué
l’influence théorique de l’implication/message de celle de
l’implication/exécution lorsque nous avons formulé un ensemble
d’hypothèses bien précises concernant l’influence de l’implication
publicitaire sur la confiance dans une évaluation ;; d’autres relations
étudiées au sein de notre contribution relèvent de la même
considération.
A cette méthode relativement complexe est parfois préférée celle de la
désagrégation partielle (MacKenzie et Lutz, 1989 ; Falcy, 1997). Nous avons dès le
départ rejeté l’éventualité d’une agrégation (partielle ou totale) de nos construits
psychologiques et ce, pour les raisons mêmes qui nous orientent vers la méthode de
désagrégation totale. Concrètement, pour la quasi-totalité de nos concepts, nous avons
donc considéré chaque dimension ainsi que tous les items par facette émergeante.
I.3. - Le cas particulier des croyances-produit
Etudier un modèle général de persuasion en l’appliquant sur des données
concernant plusieurs classes de produits soulève le problème suivant : dans la mesure
où les croyances-produit sont spécifiques à chaque produit étudié, le chercheur se
trouve confronté à l’alternative suivante :
9 Modéliser le processus de persuasion en ne prenant pas en compte les
croyances-produit ;
9 Agréger les croyances-produit et valider les hypothèses sur un modèle
global intégrant cette agrégation ;
9 Modéliser le processus sur chaque produit, conduisant ainsi à tester
quatre modèles.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 271
Nous avons in fine opté pour la troisième solution pour les raisons suivantes :
9 Etudier un modèle de persuasion en ayant préalablement purement et
simplement éliminé les croyances-produit biaise considérablement les
résultats de l’analyse de l’impact attitudinal d’une communication
persuasive puisque deux relations de causalité fondamentales sont
occultées : elles concernent l’influence médiatrice des croyances -
produit au sein de la relation entre Aad et Ab ;
9 La deuxième solution nous est donc apparue, dans un premier temps,
comme la plus pertinente pour rendre compte de manière fidèle du
processus de formation de Ab et de Ib. Dans la mesure où tous nos
produits sont évalués de manière spécifique selon des croyances
utilitaires et des croyances d’image, nous avons donc cherché à
agréger ces items de manière conceptuellement pertinente. Bien que
les items de croyances-produit ne soient pas semblables d’un produit à
l’autre, l’on retrouve certains items d’image au sein de nos quatre
produits. Ainsi, une agrégation pourrait être possible dès lors que :
Les formats des échelles de mesure des croyances-produit sont
homogènes (cette contrainte est respectée puisque tous nos produits
sont évalués sur des échelles de Likert en 7 points) ;
La distribution des items communs entre nos quatre produits est
identique d’un produit à l’autre ;;
Les items communs contribuent de la même manière au reflet de la
latente à laquelle ils sont associés.
Les deux derniers critères n’étant pas respectés à la lumière des histogrammes de
distribution des items étudiés, cette solution est rejetée. En conséquence, nous
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 272
étudierons notre modèle général ainsi que les hypothèses relatives à l’influence
modératrice de la confiance dans une évaluation sur chacun des produits étudiés.
II - LES ANALYSES MULTI-GROUPES : VALIDATION DU STATUT MODÉRATEUR DE
VARIABLES ÉTUDIÉES
De nombreux construits sont supposés influencer fortement le processus de
persuasion ; ainsi, si le chercheur propose un modèle général sensé refléter un
phénomène précis, il peut néanmoins affiner son analyse par la considération que ce
phénomène peut être plus ou moins important en fonction de certaines variables ; ce
peut être par exemple en communication persuasive : le type de publicité ("factuel"
versus "évaluatif"), des caractéristiques liées à l’individu (dépendant ou non du stimulus),
etc.
Notre cadre conceptuel ainsi qu’un ensemble d’hypothèses précises se fonde sur
l’influence théoriquement modératrice d’un ensemble de variables en fonction
desquelles l’importance de l’impact attitudinal d’une communication persuasive est
supposé varier. En conséquence, en nous plaçant dans un premier temps sous une
perspective d’étude dichotomique (intensité faible de la variable modératrice versus
intensité forte de la variable), notre contribution emprunte largement aux analyses
multi-groupes postulant que nos échantillons d’individus ne peuvent être homogènes
et que des différences individuelles en matière d’implication publicitaire, de confiance
en soi (durable et situationnelle), de besoin cognitif ou encore d’implication dans le
programme préalable existent forcément.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 273
II.1. - La détermination du nombre de groupes
Pour ne pas complexifier notre démarche, nous avons décidé dans un premier
temps de ne considérer la plupart de nos construits modérateurs que les deux groupes
suivants : le groupe "faible intensité" de la variable versus le groupe "forte intensité" ;
cependant, et nous y reviendrons à l’occasion de l’exposé des résultats de notre
recherche, nous penchons fortement pour la pertinence d’étudier au moins trois
groupes d’individus ;; en effet, nous pensons de manière intuitive qu’il est possible que
l’influence modératrice de certaines variables ne soit pas validée en raison même de ce
choix dichotomique ; en effet, en formant seulement deux groupes, les individus "forts"
du groupe "faible" se rapprochent ainsi très fortement des individus "faibles" du groupe
"fort" : ainsi, la démultiplication du nombre de groupes d’individus nous semble aller de
pair avec une meilleure discrimination de profils individuels et donc avec une
probabilité plus importante de validation de l’influence modératrice d’une variable. En
conséquence, nous avons décidé, uniquement dans le cas d’une hypothèse modératrice
non validée à l’aide de 2 groupes d’individus, de ne pas conclure trop hâtivement à
l’invalidation de l’hypothèse en question et de la réétudier en formant trois sous-
groupes d’individus. De cette manière, en ayant trois sous-échantillons distincts, les
individus "faibles" se distinguent réellement des individus "forts" sur l’évaluation du
concept.
Le nombre de groupes à privilégier est dans un premier temps déterminé par
une méthode graphique : en sommant les items d’une même facette, la distribution des
observations sur cette dimension est étudiée au moyen d’un histogramme qui permet
ainsi d’appréhender un nombre théorique de profils individuels sur la variable étudiée ;
précisons ici que nous avons effectué cette démarche sur toutes les facettes des
construits étudiés : globalement si de nombreuses variables semblent faire émerger deux
groupes d’individus, certaines sont décomposées en revanche en trois groupes.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 274
II.2. - Les bases scientifiques de formation des groupes
Le nombre de groupes étant déterminé, le chercheur doit se pencher sur la façon
de former les x groupes d’individus à partir d’une détermination empirique des bornes
inférieures et supérieures des intervalles à considérer : l’indicateur statistique pertinent
dépend du nombre de groupes envisagés (Tableau V.6.) et appartient à deux familles
statistiques : les caractéristiques de tendance centrale et les caractéristiques de dispersion
(Grais, 1995). Précisons que lorsque l’on parle d’un intervalle d’individus, il s’agit
d’intervalles de valeurs prises par la variable modératrice étudiée.
Tableau V.6. : Critères statistiques de détermination des intervalles de valeurs d’une
variable
Nombre de
groupes
Nature de l’indicateur statistique
Définition Moyen de détermination de
l’indicateur 2
Médiane
“La médiane est la valeur de la variable statistique qui partage en deux effectifs égaux la série des observations préalablement ordonnée par valeur croissante ou décroissante du caractère” (Grais,
1995, p.85)
Logiciel S.P.S.S.
3
"Tiertiles"223
En ordonnant les observations par valeur croissante (ou décroissante), une distribution
possède deux "tiertiles" (T1 et T2) qui partagent en trois effectifs égaux la série des
observations.
intervalle [ 0 ; T1 [ : ensemble des individus pour lesquels la valeur de la variable est
strictement inférieure à T1 : contient 33% des individus.
intervalle [ T1 ; T2 [ : ensemble des individus pour lesquels la valeur de la variable est comprise entre T1 et T2 (T2 exclus) :
contient 33 % de l’effectif global.
intervalle [T2 ; 7.k ] 224 : ensemble des individus pour lesquels la valeur de la variable
est strictement supérieure à T2 : contient 33% de l’échantillon considéré.
Logiciel S.P.S.S (menu "Partition en
x effectifs")
223 Nous nous excusons d’employer ici un mot qui n’existe pas dans le vocabulaire statistique ;; cependant, en nous fondant sur l’existence des "quartiles" (4 groupes d’effectifs égaux), "déciles" (10 groupes), "centiles" (100 groupes), le terme choisi de "tiertiles" rend explicite le fait qu’il décompose un effectif global en 3 sous-groupes identiques en numérique. 224 La valeur maximale de la variable mesurée via des échelles de likert en 7 points dépend du nombre d’items : elle égale à 7. k avec k : nombre d’items de la facette étudiée.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 275
Dans la mesure où les analyses multi-groupes sont destinées à apprécier la
stabilité versus la variation d’un même modèle sur plusieurs groupes, un ensemble de
critères précis est nécessaire pour apprécier des différences.
II.3. - Critères généraux pour apprécier l’impact modérateur d’une variable
Lorsque l’on étudie une variable modératrice, l’objectif est de montrer qu’un
modèle spécifique à chaque échantillon reflète mieux le processus étudié qu’un modèle
supposé invariant entre les sous-échantillons d’individus. Plusieurs critères sont
disponibles pour montrer la supériorité du premier modèle ; si les chercheurs semblent
privilégier la comparaison d’une différence de F 2 eu égard à une différence de degrés
de liberté en comparant un modèle "libre" à un modèle "contraint"225 (Steiger, Shapiro
et Browne, 1985), d’autres indicateurs sont à présent disponibles. Ils entrent dans la
catégorie des "indices de comparaison de la qualité de plusieurs modèles" et seront donc
pour cette raison présentés à l’occasion du point suivant.
III - CRITÈRES D’ÉVALUATION DE LA QUALITÉ D’UN MODÈLE
La qualité d’un modèle peut s’apprécier :
9 Spécifiquement sur chaque instrument de mesure mobilisé : des
indicateurs disponibles permettent en effet d’apprécier :
La fiabilité et la validité de trait (validité convergente et validité
discriminante) du construit en calculant les entités mathématiques
présentées au sein du chapitre V 226.
La qualité globale de l’échelle par des indices reflétant la qualité de
"mesure".
225 Le modèle "libre" tient compte de différences individuelles ; le modèle "contraint" ignore de telles différences puisque l’on fixe les paramètres à l’identique sur les sous-échantillons ;; cela s’effectue aisément à l’aide d’AMOS en affectant par exemple des lettres (a, b, c, etc.) aux relations de causalité ; par exemple, on spécifie que le lien entre Aad et Ab est égal à "a" pour le groupe "faible" (intensité de la variable modératrice théorique de ce lien) et également à "a" pour le groupe "fort". 226 Cf. chapitre II, pp. 262-263.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 276
9 De manière globale à l’aide d’un ensemble d’indices statistiques
appréciant la qualité des relations de causalité envisagées entre
concepts latents (qualité "structurelle" du modèle) ;
9 Par comparaison avec d’autres modèles : un ensemble d’indices précis
permet ainsi d’apprécier le meilleur modèle parmi un ensemble de
modélisations théoriques envisagées. Précisons que pour comparer
deux modèles sur des indicateurs globaux mais surtout de manière
plus spécifique sur des relations de causalité bien précises, il convient
de "comparer ce qui est comparable" et donc d’effectuer une
comparaison entre coefficients standardisés.
III.1. - Les indices disponibles
Le tableau V.7. présente ces différents indices de manière synthétique et
synoptique ; il a été fortement inspiré par :
9 La clarification opérée par Didellon et Valette-Florence (1996) ;
9 L’ensemble des précisions apportées par Steyer (1999)227.
227 Steyer, A. (1999), Séminaire de modélisation et de traitement de données, Programme doctoral, O.S.E.S., Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne).
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 277
Tableau V.7. : Les indices de validation d’un modèle d’équations structurelles
OBJECTIF
INDICES
NATURE DE L’INDICE VALEURS CLEFS ET/OU ENTITÉS
MATHÉMATIQUES ASSOCIÉES
AVANTAGES
INCONVÉNIENTS
RECOURS À L’INDICE DANS
CETTE RECHERCHE228
Apprécier la qualité
d’adéquation du modèle
aux données
Khi-deux
PNI de Steiger, Shapiro
et Browne (1985) et
PNNI de Mc Donald (1989)
GFI et AGFI de Jöreskog et Sörbom (1984)
Γ1 et Γ2 de Tanaka et Huba
(1985)
Ecart entre la matrice de covariance théorique et la
matrice de covariance réelle.
Indices de non -centralité (normé pour PNNI) : mesure
du degré de "mauvaise adéquation" du modèle.
Mesure du degré de bonne adéquation du modèle :
montant de variance et de covariance expliquées par le
modèle.
Indice de même nature que GFI et AGFI.
3 règles : F 2 le plus petit
possible p229 associée > 0.05. F 2/ddl [ 2 ; 3 ]230
PNI doit être le plus faible possible. PNNI > 0.95 GFI > 0.9. AGFI > 0.9. Γ1 > 0.9. Γ2 > 0.9.
Estimation de l’adéquation à partir de la matrice induite sur la population totale
et non sur celle de l’échantillon. A peu près indépendants de la taille de
l’échantillon.
Indépendants de la taille de l’échantillon.
Indépendants de la taille de l’échantillon
Très proches de GFI et de AGFI mais meilleurs car tiennent compte de la
matrice de covariance empirique sur la population totale et non sur l’échantillon.
Indicateur très sensible à la taille de l’échantillon et au nombre de paramètres du modèle à estimer. Sensible à la complexité du modèle (PNI). PNNI non disponible sous AMOS donc à calculer. Indices sensibles à la complexité du modèle. Calculés à partir de la matrice de covariance de l’échantillon (et non sur la population totale). Indices non disponibles sur AMOS donc à calculer.
oui
PNI : non PNNI : oui
oui
oui
228 Nous justifierons dans la suite de notre développement les raisons qui nous ont conduit à choisir les indices retenus dans notre contribution. 229 Il s’agit de la probabilité associée au F 2 : elle teste sa significativité en indiquant un pourcentage de chances que ce khi-deux soit dépassé. 230 Si l’entité F 2 / ddl < 2 alors une suridentification du modèle (trop de paramètres) reflète un problème de parcimonie ; a contrario, une entité strictement supérieure à 3 révèle une sous-identification du modèle.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 278
Tableau V.7. (suite)
OBJECTIF
INDICES
NATURE DE L’INDICE VALEURS CLEFS ET/OU ENTITÉS
MATHÉMATIQUES ASSOCIÉES
AVANTAGES
INCONVÉNIENTS
RECOURS À L’INDICE DANS
CETTE RECHERCHE
Apprécier la
qualité d’adéquation
du modèle aux données
(suite)
RMR de Jöreskog et
Sörbom (1984)
RMSEA de Steiger et Lind
(1980)
Indicateur de la valeur moyenne des résidus du
modèle
Appréciation de l’erreur moyenne d’approximation
Doit être le plus faible possible.
2 règles : RMSEA < 0.05231 p232 associée la plus grande possible.
Indépendant de la complexité du modèle et de la taille de l’échantillon. Existence d’un intervalle de confiance
associé.
Absence de valeur clef. non
oui
Comparer des modèles
'F2 eu égard à ' ddl
AIC de
Akaike (1987)
BIC de Schwartz (1978)
CAIC de Bozgodan
(1987)
ECVI de Browne et
Cudeck (1989)
Indices issus de la théorie de l’information et liés par
l’inégalité suivante : AIC < CAIC < BIC
ECVI similaire à AIC (à une constante près)
Utilisation de AIC, BIC, CAIC et ECVI dans 2 cas : - Pour comparer pour un même modèle le modèle libre au modèle saturé : chaque indice du modèle libre doit être inférieur à l’indice en question du modèle saturé. - Pour comparer deux modèles : le modèle meilleur est celui pour lequel AIC, BIC, CAIC et ECVI sont les plus faibles.
AIC est indépendant de la taille de l’échantillon.
CAIC peu sensible à la complexité du modèle.
Existence d’un intervalle de confiance pour ECVI qui doit être le plus restreint
possible.
AIC ne peut être utilisé que dans le cas d’une estimation par maximum de vraisemblance.
oui
AIC : non
BIC : non
CAIC : non
ECVI : oui
231 Précisons en outre que Brown et Cudeck (1993) estiment qu’on peut accepter un RMSEA dès lors qu’il ne franchit pas le seuil des 10%. 232 Cette probabilité représente un test de significativité du RMSEA ;; à titre d’exemple, à un RMSEA de 4% avec une probabilité de 2%, le chercheur peut préférer un RMSEA de 6% avec une probabilité de 55%. Cette probabilité associée au RMSEA est fondamentale puisqu’elle indique en quelque sorte une certaine "force" de l’indice obtenu. dès lors qu’il ne franchit pas le seuil des 10%.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 279
Tableau V.7. (suite)
OBJECTIF
INDICES
NATURE DE L’INDICE VALEURS CLEFS ET/OU ENTITÉS
MATHÉMATIQUES ASSOCIÉES
AVANTAGES
INCONVÉNIENTS
RECOURS À L’INDICE DANS
CETTE RECHERCHE
Comparer des modèles (suite)
Indices relatifs de comparaison
NFI et
NNFI233 de Bentler et
Bonett (1980)
CFI de Bentler (1990)
RFI de
Bollen (1989)
IFI de Bollen (1989)
PNFI de James et al.
(1982)
Indices normé et non normé de parcimonie.
Indice de non-centralité.
Indice d’adéquation, très proche du NNFI.
Indice incrémenté, très
proche du NFI.
Indice normé de parcimonie, dérivé du NFI.
Règle commune à tous ces indices : ils
doivent être supérieurs à 0.9 ou le plus proche possible. On préférera le modèle qui présente les NFI, NNFI, CFI, RFI, IFI et PNFI les
plus forts.
Permettent de comparer plusieurs modèles.
Complexifient l’analyse.
NFI et NNFI : oui
CFI : oui
RFI et IFI : non
PNFI : oui
233 AMOS donne cet indice sous l’abréviation "TLI".
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 280
Ces indices passés en revue, certains choix se doivent à présent d’être justifiés.
En suivant les recommandations de Didellon et Valette-Florence (1996) et
conformément aux indications présentées au sein du tableau précédent les indicateurs
suivants ont été retenus (Tableau V.8.).
Tableau V.8. : Indices retenus dans cette recherche
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
INDICES DE COMPARAISON
F 2 et p associée PNNI
GFI et AGFI Γ1 et Γ2
RMSEA et p associée
' F 2 / ' ddl ECVI et intervalle de
confiance associé NNFI CFI PNFI
Ces choix méritent les précisions suivantes :
9 Celui des indices d’adéquation du modèle aux données reflète :
D’une part, les recommandations de Didellon et Valette-Florence
(1996) et les précisions apportées par Steyer (1999) ;
D’autre part, notre volonté d’introduire, en addition au GFI et à
l’AGFI, les indices de Tanaka et Huba (1985) qui, encore peu utilisés
dans la communauté académique, méritent néanmoins d’être mesurés
en raison de la limite des indices "traditionnels" de Jöreskog et
Sörbom (1984) qu’ils lèvent.
9 Certains indices de comparaison n’ont pas été retenus car :
Didellon et Valette-Florence (1996) estiment que d’autres indices
leur sont supérieurs (CAIC préféré au BIC) ;
Certains sont en fait très similaires :
- A l’AIC est préféré l’ECVI qui en outre possède un intervalle de
confiance ;
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 281
- Le RFI et l’IFI seraient redondants au NNFI et au NFI dont ils sont
respectivement très proches.
III.2. - Formulation mathématique des indices retenus et non fournis par le logiciel
d’analyse
Trois indices ne sont pas fournis par AMOS 3.5 : il s’agit des deux indices de
Tanaka et Huba (1985) et de l’indice PNNI de Mc Donald (1989). Didellon et Valette-
Florence (1996) précisent leurs formulations mathématiques de la manière suivante :
9 Indices Γ1 et Γ2 de Tanaka et Huba (1985) :
Γ1 = p
F p2 *
Avec : p : nombre de variables observées directement F * : valeur de la fonction de vraisemblance en son minimum234
Γ2 = 1 1 121 ( )( ( ) )*
p pQ
Avec : p : nombre de variables observées directement Q : nombre de degrés de liberté du modèle
9 Indice PNNI de Mc Donald (1989) :
PNNI = e
F*2
Avec : F * : valeur de la fonction de vraisemblance en son minimum.
En guise de conclusion sur ce point destiné à indiquer les indices retenus au sein
de notre contribution doctorale, nous souhaitons préciser que nous avons utilisé ces
indices :
234 Cette valeur est donnée sous Amos 3.5 par la valeur "f0".
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 282
9 A l’occasion de la procédure de validation des instruments de
mesure, en ce qui concerne les indices globaux d’adéquation des
modèles aux données ;
9 Lors de la validation de nos hypothèses de recherche :
Les indices d’adéquation permettent d’apprécier la qualité de
modèles supposés invariant sur tous les individus ; nos hypothèses
concernant l’articulation au sein d’un modèle général entre les
composantes non évaluatives des variables d’efficacité ainsi que celles
relatives à l’articulation entre les aspects évaluatifs de ces médiateurs
reposent largement sur la prise en compte de ces indicateurs.
Les indices de comparaison nous permettent de comparer un
modèle invariant à un modèle supposé non homogène selon des
caractéristiques individuelles : ils seront donc très utilisés en matière
de validation des influences modératrices de certains construits.
Dans la mesure où les chapitres V et VI traitent majoritairement d’aspects
méthodologiques incluant un choix de critères et d’indices privilégiés au sein de cette
recherche doctorale, il nous semble pertinent de leur offrir une synthèse conjointe.
Chapitre VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de recherche 283
SYNTHÈSE DES CHAPITRES V ET VI -
Aspects méthodologiques relatifs à la validation des instruments de mesure et
des hypothèses de recherche
La confrontation de notre conceptualisation à un terrain a nécessité le double
impératif suivant :
9 Collecter de manière appropriée l’ensemble des variables supposées intervenir dans
un processus de persuasion publicitaire incluant la confiance d’un individu en lui-même
: dans un souci de validité externe, un protocole expérimental s’appuyant sur un pré-test
publicitaire pour des marques inconnues, a permis de mesurer un ensemble de concepts
appréhendés de manière conforme aux recherches antérieures et/ou à notre propre
réflexion théorique ;
9 Choisir des indices pertinents afin d’apprécier :
La qualité des mises en oeuvre opérées selon trois critères majeurs : la fiabilité, la
validité de trait ainsi que l’adéquation du modèle de mesure à des données empiriques ;
La qualité des postulats théoriques et de leurs hypothèses associées par une estimation
de la qualité de la structure des différents volets d’un modèle général de persuasion.
Cette double exigence conditionne fortement la qualité des résultats obtenus que
ce soient ceux relatifs à la validation des échelles de mesure ou ceux qui concernent plus
directement nos hypothèses de recherche.
284
Constituant à nos yeux l’aboutissement de ce travail doctoral et fortement
conditionnée par la qualité des réflexions théoriques menées à la suite de recherches
antérieures ainsi que par les choix méthodologiques retenus, la présentation des résultats
relatifs à l’étude de la confiance en soi au sein des processus de persuasion publicitaire
sera articulée de la manière suivante :
9 Un premier chapitre, pré-requis indispensable à une analyse des
hypothèses de recherche, s’attachera à présenter les résultats relatifs à
la validation des échelles de mesure des concepts mobilisés par cette
recherche doctorale (chapitre VII) ;
9 Un deuxième volet permettra d’apprécier la pertinence des hypothèses
proposées au regard de leur confirmation versus de leur infirmation
(chapitre VIII).
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 285
La validation des échelles de mesure constitue incontestablement une étape
fondamentale de toute contribution doctorale puisqu’elle conditionne de manière non
négligeable les résultats relatifs à la validation des hypothèses de recherche. Conscient
de l’enjeu que cette phase représente, une procédure de validation multi-phases a été
engagée, le nombre précis de phases dépendant du concept étudié.
Le paradigme de Churchill (1979) constitue la trame méthodologique dont nous
nous inspirons fortement pour procéder à la validation de nos instruments de mesure
(Figure VII.1.).
Figure VII.1. : Le paradigme de Churchill (1979) ou les étapes du développement d’une
échelle de mesure
Roehrich (1993) réactualise ce paradigme en ajoutant deux étapes :
9 La nécessité de vérifier, à la suite de la première collecte de données, la
cohérence interne sur chaque dimension émergeant de la phase de
vérification de la structure et d’épuration de l’échelle ;;
Spécification du domaine du construit
Génération d’un échantillon d’items
Collecte de données
Purification de la mesure
Collecte de données
Estimation de la fiabilité
Estimation de la validité
Développement de normes
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 286
9 La précision qu’en addition à la validité de trait, doit être appréciée la
validité nomologique.
La rigueur sous-jacente au paradigme de validation d’un instrument de mesure
s’accompagne d’un alourdissement certain de la procédure. Nous avons suivi cette
démarche tout au moins dans ses grands principes en :
9 Spécifiant à la suite d’un examen de la littérature et/ou de notre mini-
enquête qualitative :
Le statut conceptuel du concept ;
Un échantillon d’items sensé refléter le construit ;;
9 Vérifiant, à l’aide de données de pré-test (collecte n°1) :
La structure sous-jacente au concept ;
La fiabilité ainsi que la validité de trait de l’échelle à la suite de
l’épuration d’un certain nombre d’items si nécessaire ;;
9 Validant au moyen de notre expérimentation finale (collecte de
données n°2) :
La structure factorielle de l’échelle (fiabilité et validité de trait) ;;
La qualité globale de l’instrument de mesure (validité nomologique).
Tous nos concepts ont suivi cette procédure qui, de manière schématique,
comporte les 3 étapes suivantes : une mini-enquête qualitative et deux analyses
quantitatives (Figure VII.2.).
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 287
Figure VII.2. : Les étapes suivies pour valider les échelles de cette recherche doctorale
Chaque résultat sera articulé de manière identique en présentant successivement :
9 Les résultats des analyses factorielles menées en pré-test (et en collecte
finale) ayant pour objectif de mettre à jour (et de valider) la structure
sous-jacente au concept étudié :
9 Les indicateurs de fiabilité et de validité de trait des instruments de
mesure sur les deux collectes de données effectuées ;
9 Les indices reflétant la qualité globale de l’instrument de mesure
obtenus lors de la collecte définitive.
L’ordre retenu pour la présentation de la validation des échelles de mesure
reprend celui qui a présidé à l’opérationalisation des construits mobilisés par cette
recherche doctorale. Ainsi, nous aborderons successivement :
9 La validation des instruments de mesure des construits se situant en
amont des processus de persuasion publicitaire (I) ;
9 La validation des déterminants des routes d’impact attitudinal d’une
communication persuasive (II);
Définition du concept
Mini-enquête qualitative :
Vérification de la validité "faciale" ou "de contenu"
Génération de l’échantillon de base d’items
Pré-test quantitatif :
Structure factorielle Epuration
Fiabilité et validité de trait
Validation quantitative définitive :
Fiabilité et validité de trait Qualité de l’instrument (validité
nomologique)
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 288
9 La validation de la composante évaluative des variables d’efficacité
publicitaire (III).
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 289
I - VALIDATION DES VARIABLES "AMONT"
I.1. - Validation de l’échelle de confiance en soi, trait de personnalité durable
Notre échantillon d’items de base se compose de 20 variables issues de la
littérature et supposées mesurer deux types de confiance en soi (Wright, 1975) :
9 Une estime de soi "globale" ;
9 Une confiance en soi durable mais plus spécifique, reflétant une partie
du concept de "soi".
L’importance que revêt, au sein des mécanismes de persuasion publicitaire, la
phase de traitement des informations véhiculées par l’annonce nous a conduit à mesurer
la facette spécifique de la confiance en soi par la confiance de l’individu dans le
traitement des informations.
Echantillon de base issu de la littérature
Je ne me préoccupe pas de ce que les gens pensent de moi (1) Cela ne me dérange pas d’entrer dans une pièce où des personnes se trouvent en train de discuter (2) Lorsque je suis en présence d’un groupe d’étrangers, je me sens toujours timide et inférieur (3) J’ai souvent cessé de faire quelque chose car je m’en sentais incapable (4) Je me sens capable de me débrouiller dans la plupart des situations sociales (5) Je ne laisse pas une première impression favorable aux gens (6) Je crains souvent que mes réactions aient pour conséquence de donner aux gens une mauvaise opinion de moi (7) Dans des discussions en groupe, je pense souvent que mes opinions sont inférieures à celles des autres (8) Je ne manque pas du tout de confiance en moi (9) J’éprouve plus de difficultés à me concentrer que la plupart des gens (10) Je suis capable de résoudre rapidement énigmes et puzzles (11) J’ai l’impression que mon esprit fonctionne plus lentement que celui des autres (12) Je me sens totalement confiant dans ma capacité à juger les messages venant des médias (13) Lorsque l’on me donne un argument, je repère tout de suite sa faiblesse (14) Je dois souvent m’arrêter pour réfléchir un instant avant de me décider même pour des choses sans importance (15) Je ne cherche jamais mes mots (16) Je n’ai pas l’impression d’être vif d’esprit (17) Je me sens souvent inutile (18) La vie n’est que tension la plupart du temps (19) La plupart du temps, j’ai l’impression de mal faire les choses (20)
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 290
Une mini-enquête qualitative a révélé que :
9 Les individus comprennent mal l’item 13, la notion de “messages des
médias” étant jugée trop imprécise ;;
9 Les items 12, 16 et 17 sont jugés si semblables que les individus
apprécient mal cette redondance, soupçonnant même la “manipulation”
du chercheur ;; de ces 3 items n’a donc été conservé que l’item 17.
Notre échantillon d’items étudiés de manière quantitative s’élève donc à 17 items
de confiance en soi. Si nos analyses factorielles valident bien l’hypothèse théorique de
bi-dimensionnalité de la confiance en soi, notre première analyse quantitative révèle que
de nombreux items possèdent une communalité et/ou une contribution insuffisantes
et/ou incertaines : ainsi, parce qu’ils possèdent une communalité inférieure à 0.5 et/ou
une contribution importante aux deux axes émergeants, nous avons en conséquence
éliminé 9 items.
Les résultats concernant la validation de notre échelle de confiance en soi235 sont
donc reportés par :
9 Le tableau VII.1. qui indique les corrélations entre dimensions, le
pourcentage de variance expliquée par chaque dimension ainsi que les
valeurs propres correspondantes ;
9 Le tableau VII.2. qui établit la structure factorielle, la fiabilité et la
validité de trait de l’échelle obtenue à la suite des deux analyses
quantitatives ;
9 Le tableau VII.3. qui apprécie la qualité globale de l’instrument de
mesure, dont le résultat ne concerne que la collecte de données
définitives236.
235 Cette présentation des résultats en trois temps sera commune à l’ensemble de nos échelles.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 291
Le recours à une ACP avec rotation oblique ainsi que le choix du nombre de
facettes du construit se trouvent justifiés :
9 Par les corrélations obtenues entre les facteurs ;
9 Par les valeurs propres ainsi que le pourcentage de variance expliquée
par chaque dimension.
Tableau VII.1. : Corrélations entre facteurs et contributions, échelle de confiance en soi,
trait de personnalité
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
CORRÉLATIONS ENTRE DIMENSIONS
Dimension 1/ dimension 2 0.28 0.285
POURCENTAGE DE VARIANCE EXPLIQUÉE
Premier facteur
Deuxième facteur
45
20
37.12
17,64
VALEURS PROPRES
Composante 1
Composante 2
2.969
1.383
2.955
1.412
Ces résultats valident la bi-dimensionnalité du concept conformément à nos
attentes théoriques. En outre, les deux dimensions identifiées indiquent une fiabilité et
une validité de trait jugées satisfaisantes (Tableau VII.2.).
236 Nous avons également apprécié cette qualité globale en pré-test mais notre souci de synthèse nous conduit à ne pas présenter ici les indicateurs de qualité intermédiaires obtenus.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 292
Tableau VII.2. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de confiance en
soi
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité237 )
Dimension 1 : Estime de soi "globale"
- Je crains souvent que mes réactions aient pour conséquence de donner aux gens une mauvaise opinion de moi.
- Dans des discussions de groupe, je pense souvent que mes opinions sont inférieures à celles des autres.
- Je ne manque pas du tout de confiance en moi.
- Cela ne me dérange pas d’entrer dans une pièce où se trouvent des gens en train de discuter.
0.62 (0.5)
0.66 (0.51)
0.78 (0.7)
0.74 (0.65)
0.78 (0.62)
0.76 (0.61)
0.8 (0.67)
0.7 (0.6)
Dimension 2 : Confiance dans le traitement des informations
- Je me sens totalement capable de réfléchir rapidement.
- Lorsque l’on me donne un argument, je repère tout de suite sa faiblesse.
- Je suis capable de résoudre rapidement énigmes et puzzles.
- Je n’ai pas l’impression d’être vif d’esprit
0.69 (0.55)
0.74 (0.66)
0.72 (0.63)
0.7 (0.59)
0.84 (0.72)
0.77 (0.64)
0.75 (0.6)
0.78 (0.63)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
Dimension 1 0.72 0.76 Dimension 2 0.75 0.76
VALIDITÉ DE TRAIT
9 Validité convergente (U vc de Fornell et Larcker) dimension 1 dimension 2
0.48 0.48
0.51 0.53
9 Validité discriminante238 cov 2 (1,2) = 0.2
cov 2 (1,2) = 0.12
237 La communalité est indiquée entre parenthèses. 238 Nous avons choisi d’apprécier cet indice au moyen des recommandations de Fornell et Larcker (1981) présentées au sein de la deuxième partie, chapitre V, p.264 . Ainsi, il s’agit de comparer la covariance entre les deux dimensions et la validité convergente de chaque dimension, cette covariance élevée au carré devant être inférieure à la validité convergente de chaque dimension. Nous n’indiquerons donc ici que la valeur de la covariance au carré avec la notation cov 2 (1,2) signifiant : “covariance au carré entre la dimension 1 et la dimension 2”. Précisons au lecteur que l’autre méthode a également été utilisée pour vérifier le résultat obtenu. Sans le préciser pour chaque échelle, nous avons en effet également apprécié cette validité discriminante au moyen de la différence de Khi-deux eu égard à la différence de degrés de liberté. Dans la mesure où la seule différence existant entre un modèle libre et un modèle contraint réside dans la fixation, par le chercheur de la covariance à 1 (signifiant que les dimensions sont les mêmes), la différence de degrés de libertés sera toujours égale à 1. La différence de khi-deux est de 62.78 pour le pré-test et de 176.02 pour les données finales : pour un degré de liberté, la différence de Khi-deux doit être supérieure à 3.84 (d’après les tables de distribution du Khi-deux), ce qui est largement le cas ici.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 293
Soulignons ici que sur nos deux collectes successives, l’item “Je ne manque pas du
tout de confiance en moi” contribue le plus fortement à l’explication de la facette d’estime de
soi.
Les indicateurs globaux révèlent en outre une forte adéquation du modèle aux
données comme en témoigne le tableau VII.3.
Tableau VII.3. : Indices de qualité du modèle de mesure239
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
31.17 (0.06)
0.94
0.98 et 0.95
0.98 et 0.97
0.06 (0.18)
L’ensemble de ces résultats valident donc une structure de la confiance en soi en
deux dimensions reflétées par 8 items.
I.2. - Validation de l’échelle de besoin de cognition
Soucieux d’alléger notre questionnaire définitif en raison de contraintes
techniques, les 18 items de Cacioppo, Petty et Kao (1984) ont été appréciés, comme
ceux des autres échelles de mesure, de manière très stricte en ce qui concerne les indices
de communalité et de poids factoriels jugés acceptables : cette rigueur a conduit à
éliminer 13 items qui ne répondaient pas à ces exigences statistiques. Les 5 items
conservés à la suite de la première analyse quantitative qui en outre confirme
l’unidimensionnalité du construit sont les suivants :
239 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 294
Les 5 items de besoin de cognition
J’aime prendre en charge des situations nécessitant beaucoup de réflexion. Je préfère les problèmes complexes aux problèmes simples. J’aime beaucoup faire une tâche qui implique la découverte de nouvelles solutions à des problèmes. J’éprouve de la satisfaction à réfléchir intensément et pendant des heures. Je réfléchis souvent sur des questions même lorsqu’elles ne me concernent pas particulièrement.
Echelle unidimensionnelle, les notions de "validité discriminante" ou encore de
"corrélation entre facteurs" n’ont en conséquence ici aucun sens. Cette échelle a donc
été appréciée selon sa fiabilité, sa validité convergente et sa qualité globale (Tableaux
VII.4. et VII.5.). Précisons en outre que le facteur émergeant permet d’expliquer 59 %
de la variance totale en pré-test et 61 % à l’occasion de la collecte finale.
Tableau VII.4. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle de besoin
de cognition
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité240 )
- J’aime prendre en charge des situations nécessitant beaucoup de réflexion.
- Je préfère les problèmes complexes aux problèmes simples.
- J’aime beaucoup faire une tâche qui implique la découverte de nouvelles solutions à des problèmes.
- J’éprouve de la satisfaction à réfléchir intensément et pendant des heures.
- Je réfléchis souvent sur des questions même lorsqu’elles ne me concernent pas particulièrement
0.69 (0.5)
0.7 (0.6)
0.62 (0.6)
0.76 (0.5)
0.6 (0.61)
0.73 (0.53)
0.73 (0.54)
0.65 (0.51)
0.71 (0.53)
0.61 (0.51)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
0.7 0.7
VALIDITÉ CONVERGENTE
0.4 0.71
240 La communalité est indiquée entre parenthèses.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 295
La validité convergente se révèle nettement supérieure sur nos données finales.
L’échelle obtenue révèle en outre une forte adéquation du modèle aux données comme
en témoigne les résultats du tableau VII.5.
Tableau VII.5. : Indices de qualité du modèle de mesure241 du besoin de cognition
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
6.57 (0.16)
0.98
0.99 et 0.97
0.99 et 0.98
0.04 (0.49)
I.3. - Validation de l’échelle d’implication dans le programme préalable
Les 4 items de cette échelle révèlent, à la suite d’une ACP avec rotation oblique,
que l’implication dans le programme préalable à la diffusion des annonces publicitaires
représente un concept unidimensionnel dont le facteur identifié explique 70 % de la
variance totale en pré-test et 75 % lors de l’expérimentation finale. Ainsi, comme nous
l’avions souligné à l’occasion de l’opérationalisation de cette variable et comme en
témoignent très souvent des résultats utilisant l’échelle d’implication-produit de Laurent
et Kapferer (1986), les deux facettes "intérêt" et "plaisir" se chargent sur le même
facteur, suggérant ainsi la non distinction de ces deux dimensions. Une analyse de
régression (Tableau VII.6.) menée entre les items de la dimension théorique d’"intérêt"
et l’item de la facette de "plaisir" a en outre révélé que l’intérêt ne représente pas
l’antécédent du plaisir242 ;; de même, le plaisir ne représente pas non plus l’antécédent de
l’intérêt. En effet, l’item de plaisir explique de manière significative chaque item
composant la facette d’intérêt. L’un des items d’intérêt, expliquant quant à lui, le plaisir
241 Tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour chacun d’entre eux. 242 Nous avions suggéré cette hypothèse au sein du chapitre IV de Conceptualisation.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 296
ressenti lors de la diffusion du programme. Rappelons les 4 items qui composent cette
échelle :
Cela m’a fait plaisir de voir ce programme : item 1
Le thème développé dans ce "Capital" n’est pas important : item 2
J’ai été intéressé(e) par cette émission : item 3
Les restaurants "Planet-Hollywood", c’est un sujet qui me laisse totalement indifférent : item 4
Le tableau suivant VII.6. rapporte les résultats des régressions effectuées (dans le
deux sens) entre l’item de plaisir (item 1) et les trois items d’intérêt (items 2, 3 et 4).
Tableau VII.6. : Analyse de régression entre les items d’intérêt et de plaisir de l’implication
dans le programme préalable
Nature de la régression effectuée
Coefficient de régression standardisé243
Test en t
Plaisir Intérêt item 1 - item 2 item 1 - item 3 item 1 - item 4
Intérêt Plaisir
item 2 - item 1 item 3 - item 1 item 4 - item 1
0.291 0.652 0.291
- 0.015 0.654 0.013
5.53 15.66 5.54
- 0.29 13.43 0.26
Cette échelle présente en outre des qualités psychométriques jugées très
satisfaisantes au regard des indicateurs obtenus et reportés au sein des tableaux VII.7. et
VII.8.
243 Sont indiqués en caractères gras les coefficients de régression significatifs.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 297
Tableau VII.7. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
d’implication dans le programme préalable
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité244 )
- Cela m’a fait plaisir de voir ce programme.
- Le thème développé dans ce "Capital" n’est pas important.
- J’ai été intéressé(e) par cette émission.
- Les restaurants "Planet-Hollywood", c’est un sujet qui me laisse totalement indifférent.
0.83 (0.69)
0.81 (0.66)
0.91 (0.83)
0.77 (0.6)
0.75 (0.56)
0.76 (0.58)
0.87 (0.75)
0.73 (0.54)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
0.85 0.76
VALIDITÉ CONVERGENTE
0.54 0.45
Soulignons ici que l’item d’intérêt “J’ai été intéressé(e) par cette émission”
contribue le plus fortement à l’explication de l’implication de l’individu dans le
programme préalable (en pré-test et lors de la collecte définitive), suggérant ainsi la
nature majoritairement cognitive de ce construit.
Fiabilité et validité convergente se révèlent moins satisfaisantes lors de la collecte
finale qu’en pré-test de l’échelle. En dépit de ce résultat, l’échelle obtenue montre
cependant une excellente adéquation du modèle aux données comme en témoigne le
tableau VII.8.
244 La communalité est indiquée entre parenthèses.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 298
Tableau VII.8. : Indices de qualité du modèle de mesure245 de l’implication dans le
programme préalable
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNI et PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
0.05 (0.97)
0.99
0.99 et 0.98
0.99 et 0.98
0.00 (0.85)
I.4. - Validation de l’échelle d’implication dans la catégorie de produit246
L’implication dans la catégorie de produit a été validée au moyen de 12 des 16
items d’origine de l’échelle de Laurent et Kapferer (1986). En effet, 4 items aux
communalités et aux contributions incertaines ont été évincés : 3 items d’intérêt et de
plaisir et un item de probabilité d’erreur. En théorie, cette échelle comporte cinq
facettes : l’intérêt, le plaisir, le signe, l’importance du risque et la probabilité d’erreur.
Cependant, nos analyses factorielles font apparaître un résultat parfois rencontré dans
les recherches intégrant ce construit : les items d’intérêt et de plaisir se regroupent en
effet sur le même facteur. En conséquence, que ce soit en pré-test ou lors de notre
collecte finale, l’implication d’un individu dans une catégorie de produit est reflétée au
travers de quatre dimensions (Tableau VII.9.) qui présentent au regard des indicateurs
obtenus une fiabilité et une validité de trait jugées satisfaisantes.
245 Les test en t de Sudent associés aux items de mesure sont tous supérieurs à 1.96. 246 Le lecteur pourrait s’étonner de voir figurer ici la validation de cette variable qui, pour éviter de surcharger notre recherche, n’a pas donné lieu au développement d’hypothèses spécifiques ;; cependant, l’interprétation des résultats obtenus et reportés au sein du chapitre VIII conduisent à la prendre en considération. En effet, nous montrerons que des différences d’implication-produit peuvent expliquer certains des résultats obtenus.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 299
Tableau VII.9. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle d’implication dans la
catégorie de produit
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
CORRÉLATIONS ENTRE DIMENSIONS
Dimension "intérêt/plaisir"/ dimension "signe" Dimension "intérêt/plaisir"/dimension "importance du risque" Dimension "intérêt/plaisir"/dimension "probabilité d’erreur" Dimension "signe"/dimension "importance du risque" Dimension "signe"/dimension "probabilité d’erreur" Dimension "importance du risque"/dimension "probabilité d’erreur"
0.52 0.45 0.41 0.38 0.35 0.55
0.45 0.39 0.59 0.21 0.12 0.38
POURCENTAGE DE VARIANCE EXPLIQUÉE
Premier facteur
Deuxième facteur
Troisième facteur
Quatrième facteur
26.97
20.28
15.47
10.23
27.91
15.4
12.96
10.3
VALEURS PROPRES
Composante 1
Composante 2
Composante 3
Composante 4
3.117
2.433
1.857
1.228
3.349
1.849
1.555
1.236
Cette échelle présente en outre une fiabilité et une validité de trait jugées
satisfaisantes (Tableau VII.10.).
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 300
Tableau VII.10. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle
d’implication/produit247 PRÉ-TEST COLLECTE
DÉFINITIVE STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité248 )
Dimension 1 : Facette "Intérêt/plaisir" - On peut dire que les pizzas, ça m’intéresse. - Les pizzas, c’est un sujet qui me laisse totalement indifférent. - Pour moi, les pizzas, c’est un peu un plaisir
0.72 (0.57) 0.61 (0.52)
0.87 (0.76)
0.87 (0.77) 0.85 (0.74)
0.6 (0.58)
Dimension 2 : Facette "Signe" - La pizza qu’on achète dit un peu qui on est. - On peut se faire une idée de quelqu’un à la pizza qu’il choisit. - La pizza que j’achète reflète un peu qui je suis.
0.92 (0.88) 0.93 (0.86)
0.94 (0.9)
0.92 (0.86) 0.91 (0.83)
0.9 (0.83)
Dimension 3 : Facette "Importance du risque" - Si après avoir acheté une pizza, mon choix se révélait mauvais, cela m’ennuierait énormément. - C’est très ennuyeux d’acheter une pizza qui ne convient pas. - Quand on choisit une pizza, ce n’est pas grave si on se trompe.
0.8 (0.68)
0.8 (0.64) 0.81 (0.66)
0.83 (0.74)
0.82 (0.76) 0.8 (0.67)
Dimension 4 : Facette "Probabilité d’erreur" - Quand on achète une pizza, on ne sait jamais si c’est celle-là qu’il fallait acheter. - Quand je suis devant un rayon de pizzas, je me sens toujours un peu désorienté(e) pour choisir. - Quand on achète une pizza, on n’est jamais certain de son choix.
0.76 (0.65)
0.79 (0.56)
0.74 (0.64)
0.83 (0.66)
0.79 (0.66)
0.75 (0.72)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
Dimension 1 0.7 0.7 Dimension 2 0.93 0.9 Dimension 3 0.75 0.8 Dimension 4 0.75 0.79
VALIDITÉ DE TRAIT
9 Validité convergente (U vc de Fornell et Larcker) dimension 1 dimension 2 dimension 3 dimension 4
0.5 0.8 0.52 0.49
0.54 0.77 0.58 0.5
9 Validité discriminante
cov 2 (1,2) = 0.12 cov 2 (1,3) = 0.21 cov2 (1,4) = 0.05 cov2 (2,3) = 0.12 cov2 (2,4) = 0.06 cov2 (3,4) = 0.25
cov 2 (1,2) = 0.07 cov 2 (1,3) = 0.05 cov2 (1,4) = 0.01 cov2 (2,3) = 0.06 cov2 (2,4) = 0.02 cov2 (3,4) = 0.23
247 Notre échelle sera illustrée en application à la catégorie de pizzas pour rendre plus explicite la formulation des items. 248 La communalité est indiquée entre parenthèses.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 301
Les indicateurs globaux révèlent en outre une forte adéquation du modèle aux
données comme en témoigne les résultats reportés au sein du tableau VII.11. :
Tableau VII.11. : Indices de qualité du modèle de mesure249 de l’implication dans la
catégorie de produit
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
112.9 (0.00)
0.91
0.96 et 0.93
0.97 et 0.95
0.06 (0.12)
Soulignons néanmoins une faiblesse du premier critère : un fort F 2 associé à
une très faible probabilité.
249 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 302
II - VALIDATION DES DÉTERMINANTS DES ROUTES PERSUASIVES
II.1. - Validation des échelles de confiance en soi situationnelle
Quatre items sont conservés à la suite de la première analyse quantitative, deux
items sur les six que comportait notre échantillon de base n’ayant pas rempli de manière
satisfaisante aux critères de communalité. Cette échelle dont l’unique facteur explique en
pré-test 75 % de la variance totale et 74 % lors de la deuxième analyse quantitative
possède des qualités psychométriques jugées satisfaisantes au regard des résultats que
reportent les tableaux VII.12 et VII.13. Précisons qu’à l’instar de tout construit mono-
facette, aucun critère de validité discriminante ou de corrélation entre facteurs ne peut
être de manière évidente reporté. Signalons en outre que ce construit a été apprécié :
9 De manière globale (tous objets confondus) ;
9 De manière spécifique à l’objet étudié ;;
Tableau VII.12. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle de
confiance dans une évaluation (tous objets confondus)
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité250 )
- Mon avis sur [objet] est très clair.
- Je ne suis pas certain(e) de mes réponses à la question précédente.
- Si je devais répondre de nouveau à des questions sur [objet], mes réponses seraient exactement les mêmes.
- Je suis confiant(e) dans mes réponses sur [objet].
0.91 (0.84)
0.88 (0.72)
0.85 (0.71)
0.81 (0.69)
0.92 (0.81)
0.9 (0.82)
0.88 (0.75)
0.75 (0.62)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
0.85 0.9
VALIDITÉ CONVERGENTE
0.71 0.75
250 La communalité est indiquée entre parenthèses.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 303
Soulignons que c’est l’item de "clarté" qui, tous objets confondus, semble
contribuer le plus fortement à l’explication de la confiance dans une évaluation. Nous
verrons par la suite que ce résultat n’est pas confirmé lorsqu’il s’agit d’analyser cette
variable (la confiance dans une évaluation) spécifiquement à l’objet étudié (Aad, Ab, Cad
et Cb).
Cette échelle révèle en outre une excellente adéquation aux données empiriques
lors de notre collecte finale comme en témoigne les différents indicateurs de qualité
globale reportés au sein du tableau VII.13.
Tableau VII.13. : Indices de qualité du modèle de mesure251 de la confiance dans une
évaluation (tous objets confondus)
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
1.24 (0.48)
0.99
0.99 et 0.98
0.98 et 0.96
0.01 (0.79)
II.1.1. - Validation de l’échelle de confiance dans Ab
A l’instar de ce que nous obtenons de manière globale, l’échelle de confiance
dans l’attitude envers la marque indique une fiabilité, une validité convergente ainsi
qu’une adéquation aux données très satisfaisantes (Tableaux VII.14. et VII.15.). l’unique
facteur identifié explique 69.56 % de la variance totale en pré-test et 61.12 % lors de la
collecte finale.
251 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 304
Tableau VII.14. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle de
confiance dans l’attitude envers la marque
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité252 )
- Mon avis sur [objet] est très clair.
- Je ne suis pas certain(e) de mes réponses aux questions sur la marque [...].
- Si je devais répondre de nouveau à des questions sur [objet], mes réponses seraient exactement les mêmes.
- Je suis confiant(e) dans mes réponses sur [objet].
0.88 (0.78)
0.85 (0.73)
0.78 (0.61)
0.82 (0.68)
0.93 (0.86)
0.94 (0.88)
0.88 (0.78)
0.92 (0.85)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
0.86 0.94
VALIDITÉ CONVERGENTE
0.6 0.8
L’adéquation du modèle de mesure aux données empiriques définitives se révèle
très forte à en juger la valeur des différents indicateurs obtenus (Tableau VII.15.).
Tableau VII.15. : Indices de qualité du modèle de mesure253 de la confiance dans Ab
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
0.1 (0.74)
0.99
0.99 et 0.98
0.99 et 0.95
0.01 (0.84)
252 La communalité est indiquée entre parenthèses. 253 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 305
II.1.2. - Validation de l’échelle de confiance dans Aad
Expliquant 78% de la variance totale en pré-test et 85% de cette inertie sur les
données d’expérimentation, l’unique dimension de ce construit est reflétée par quatre
items significatifs au regard des tests en t associés. A l’instar de l’évaluation globale de la
marque, l’échelle de degré de confiance d’un individu dans son évaluation globale de
l’annonce révèle des indicateurs de fiabilité, de validité (Tableau VII.16.) ainsi que de
qualité globale de l’instrument de mesure très élevés, à la fois sur les données de pré-test
et sur nos données définitives (Tableau VII.17.).
Tableau VII.16. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle de confiance dans l’attitude envers l’annonce
PRÉ-TEST COLLECTE
DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité254 )
- Mon avis sur [objet] est très clair.
- Je ne suis pas certain(e) de mes réponses aux questions sur la publicité [...].
- Si je devais répondre de nouveau à des questions sur [objet], mes réponses seraient exactement les mêmes.
- Je suis confiant(e) dans mes réponses sur [objet].
0.87 (0.75)
0.9 (0.82)
0.85 (0.73)
0.83 (0.69)
0.92 (0.85)
0.95 (0.9)
0.88 (0.77)
0.93 (0.86)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
0.88 0.93
VALIDITÉ CONVERGENTE
0.65 0.78
L’échelle présente en outre une forte adéquation aux données empiriques
comme en témoignent les résultats reportés au sein du tableau suivant VII.17.
254 La communalité est indiquée entre parenthèses.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 306
Tableau VII.17. : Indices de qualité du modèle de mesure255 de la confiance dans Aad
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
3.41 (0.06)
0.99
0.99 et 0.95
0.99 et 0.98
0.04 (0.37)
II.1.3. - Validation de l’échelle de confiance dans les croyances à l’égard de
l’annonce
Les indicateurs obtenus nous permettent d’affirmer que ces indicateurs reflètent
de manière très satisfaisante le degré de certitude associé à l’évaluation spécifique d’une
annonce publicitaire (Tableaux VII.18. et VII.19.). Ils sont en outre supérieurs sur nos
données expérimentales définitives.
255 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 307
Tableau VII.18. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle de
confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité256 )
- Mon avis sur [objet] est très clair.
- Je ne suis pas certain(e) de mes réponses aux questions sur les caractéristiques de la publicité [...].
- Si je devais répondre de nouveau à des questions sur [objet], mes réponses seraient exactement les mêmes.
- Je suis confiant(e) dans mes réponses sur [objet].
0.89 (0.8)
0.92 (0.85)
0.84 (0.7)
0.85 (0.73)
0.94 (0.88)
0.95 (0.9)
0.91 (0.84)
0.92 (0.85)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
0.9 0.95
VALIDITÉ CONVERGENTE
0.6 0.83
L’échelle présente en outre une très forte adéquation aux données empiriques
(Tableau VII.19.).
Tableau VII.19. : Indices de qualité du modèle de mesure257 de la confiance dans Cad
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
1.48 (0.55)
0.98
0.99 et 0.98
0.99 et 0.98
0.03 (0.39)
256 La communalité est indiquée entre parenthèses. 257 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 308
II.1.4. - Validation de l’échelle de confiance dans les croyances-produit
Cette échelle présente des qualités psychométriques très satisfaisantes au regard
des indicateurs obtenus appréciant la fiabilité, la validité convergente ou la validité
nomologique du construit de confiance dans les croyances-produit (Tableaux VII.20 et
VII.21.).
Tableau VII.20. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle de
confiance dans les croyances -produit
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité258 )
- Mon avis sur [objet] est très clair.
- Je ne suis pas certain(e) de mes réponses aux questions sur le produit [...].
- Si je devais répondre de nouveau à des questions sur [objet], mes réponses seraient exactement les mêmes.
- Je suis confiant(e) dans mes réponses sur [objet].
0.89 (0.8)
0.91 (0.83)
0.85 (0.73)
0.87 (0.75)
0.93 (0.87)
0.96 (0.92)
0.88 (0.79)
0.93 (0.86)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
0.9 0.95
VALIDITÉ CONVERGENTE
0.71 0.81
Tableau VII.21. : Indices de qualité du modèle de mesure259 de la confiance dans Cb
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
3.87 (0.14)
0.99
0.99 et 0.97
0.99 et 0.98
0.05 (0.37)
258 La communalité est indiquée entre parenthèses. 259 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 309
Pour conclure sur la validation des échelles de confiance dans une évaluation en
fonction de l’objet étudié, soulignons que si une analyse tous objets confondus fait
apparaître la prépondérance de l’item de "clarté" (Cf. Tableau VII.12.), il semble que ce
soit l’item de "certitude" qui contribue le plus fortement à l’explication de la confiance
dans les croyances-produit, dans les croyances à l’égard de l’annonce, dans Aad et dans
Ab260.
260 Cette remarque se trouve légèrement nuancée pour la confiance dans Ab puisqu’elle ne vaut que pour la validation de l’échelle sur les données définitives. En effet, en pré-test, c’est également l’item de "clarté" qui contribue le plus fortement à l’explication du contruit de "confiance dans l’attitude envers la marque".
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 310
II.2. - Validation de l’échelle d’implication publicitaire
Conformément à nos attentes théoriques, les analyses factorielles effectuées ont
mis en lumière deux dimensions de l’implication publicitaire. Sur les 9 items que
comportaient notre échantillon de base, 2 items aux communalités insuffisantes ont été
évincés. Ces deux indicateurs concernent l’implication dans l’exécution :
l’attention/l’intérêt alloué à la musique et aux couleurs de l’annonce.
Le recours à une ACP avec rotation oblique ainsi que le choix du nombre de
facettes du construit se trouvent justifiés comme en témoigne le tableau VII.22. :
9 Par les corrélations obtenues entre les facteurs ;
9 Par les valeurs propres ainsi que le pourcentage de variance expliquée
par chaque dimension.
Tableau VII.22. : Corrélations entre facteurs et contributions
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
CORRÉLATIONS ENTRE DIMENSIONS
Dimension 1/ dimension 2 0.333 0.473
POURCENTAGE DE VARIANCE EXPLIQUÉE261
Premier facteur
Deuxième facteur
50.229
15.762
48.543
14.618
VALEURS PROPRES
Composante 1
Composante 2
4.018
1.261
3.398
1.023
Les deux dimensions identifiées indiquent une fiabilité et une validité de trait
jugées très satisfaisantes au regard des indicateurs obtenus (Tableau VII.23.).
261 Les chiffres entre parenthèses indiquent les valeurs propres.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 311
Tableau VII.23. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle d’implication
publicitaire
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité262 )
Dimension 1 : Implication dans le message
- Les informations portant sur le produit.
- Les arguments employés pour le slogan.
- Le message de cette annonce.
0.81 (0.67)
0.81 (0.66)
0.68 (0.71)
0.89 (0.74)
0.79 (0.64)
0.6 (0.61)
Dimension 2 : Implication dans l’exécution
- Le rythme de l’histoire.
- Les personnages de cette publicité.
- L’atmosphère.
- Le scénario.
0.88 (0.74)
0.88 (0.71)
0.73 (0.59)
0.78 (0.65)
0.9 (0.74)
0.86 (0.69)
0.8 (0.67)
0.68 (0.5)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
Dimension 1 0.77 0.79 Dimension 2 0.88 0.84
VALIDITÉ DE TRAIT
9 Validité convergente (U vc de Fornell et Larcker) dimension 1 dimension 2
0.6 0.55
0.56 0.51
9 Validité discriminante cov 2 (1,2) = 0.36
cov 2 (1,2) = 0.41
Cette échelle révèle en outre une forte adéquation du modèle aux données
comme en témoignent les résultats reportés au sein du tableau VII.24. Cependant, une
certaine faiblesse de la probabilité associée au F2 peut être mentionnée.
262 La communalité est indiquée entre parenthèses.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 312
Tableau VII.24. : Indices de qualité du modèle de mesure263 de l’implication publicitaire
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
22.97 (0.02)
0.97
0.98 et 0.94
0.99 et 0.98
0.06 (0.25)
A la lumière de l’ensemble de ces résultats ayant trait à la validation des échelles
de mesure des deux déterminants théoriques des processus de formation de l’attitude
envers la marque sous influence publicitaire, les choix relatifs à la mise en oeuvre de ces
construits semblent donc pertinents à la fois en ce qui concerne :
9 La structure factorielle postulée ;
9 Les items permettant de mesurer de manière adéquate les facettes
mises en exergue par nos analyses quantitatives.
La seule validation de nos hypothèses nous permettra en revanche de valider
définitivement les choix opérés en appréciant la validité nomologique des instruments
de mesure.
263 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 313
III - VALIDATION DES ÉCHELLES DESTINÉES À MESURER L’ASPECT ÉVALUATIF DES
MÉDIATEURS D’EFFICACITÉ PUBLICITAIRE
Nous présenterons de manière successive les résultats de la validation des
échelles de mesure de quatre construits endogènes caractérisant notre modèle général de
persuasion (Ab, Aad, les croyances à l’égard de l’annonce et les croyances-produit).
III.1. - Validation de l’échelle d’attitude envers la marque (Ab)
Les 3 items retenus reflètent un construit unidimensionnel qui explique 54 % de
la variance totale en pré-test et 89.14 % lors de l’expérimentation finale. L’échelle
présente d’excellents indicateurs de fiabilité et de validité convergente (Tableau VII.25.),
la qualité globale de l’instrument ne pouvant en revanche être reportée puisque AMOS
3.5 ne permet pas d’apprécier l’adéquation d’un modèle de mesure composé de 3 items
à des données empiriques.
Tableau VII.25. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
d’attitude envers la marque (Ab)
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité264 )
- Mon opinion vis-à-vis de la marque [nom] est négative/positive.
- Je n’apprécie pas/j’apprécie cette marque.
- Cette marque est une mauvaise/bonne marque de [catégorie de produit].
0.88 (0.79)
0.85 (0.73)
0.8 (0.64)
0.95 (0.89)
0.95 (0.89)
0.94 (0.88)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
0.82 0.94
VALIDITÉ CONVERGENTE
0.62 0.84
264 La communalité est indiquée entre parenthèses.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 314
III.2. - Validation de l’échelle d’attitude envers l’annonce (Aad)
Conformément à notre conceptualisation, les analyses effectuées confirment la
bi-dimensionnalité du construit d’attitude envers l’annonce selon les dimensions
"attitude envers le message" et "attitude envers l’exécution". Deux items sont évincés
par communalité insuffisante : il s’agit des items : “ J’ai apprécié la musique” et “J’ai aimé les
couleurs de la publicité”.
Le recours à une ACP avec rotation oblique ainsi que la détermination du
nombre de facettes sous-jacentes au construit se trouvent justifiés par :
9 Les corrélations obtenues entre les facteurs ;
9 Les valeurs propres ainsi que le pourcentage de variance expliquée par
chaque dimension (Tableau VII.26).
Tableau VII.26. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle d’attitude envers
l’annonce
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
CORRÉLATIONS ENTRE DIMENSIONS
Dimension 1/ dimension 2 0.487 0.435
POURCENTAGE DE VARIANCE EXPLIQUÉE
Premier facteur
Deuxième facteur
55.063
15.115
60.778
11.586
VALEURS PROPRES
Composante 1
Composante 2
3.854
1.058
1.604
1.098
Les deux dimensions identifiées indiquent une fiabilité et une validité de trait
jugées très satisfaisantes au regard des indicateurs obtenus (Tableau VII.27.).
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 315
Tableau VII.27. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle d’attitude
envers l’annonce
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité265 )
Dimension 1 : Attitude envers le message “J’ai aimé/apprécié ... : ”
- Les informations portant sur le produit.
- Les arguments employés pour le slogan.
- Le message de cette annonce.
0.66 (0.51)
0.98 (0.53)
0.72 (0.62)
0.76 (0.73)
0.82 (0.81)
0.85 (0.83)
Dimension 2 : Attitude envers l’exécution “J’ai aimé/apprécié ... : ”
- Le rythme de l’histoire.
- Les personnages de cette publicité.
- L’atmosphère.
- Le scénario.
0.83 (0.65)
0.93 (0.71)
0.88 (0.66)
0.79 (0.63)
0.8 (0.67)
0.94 (0.88)
0.87 (0.86)
0.84 (0.79)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
Dimension 1 0.79 0.87 Dimension 2 0.79 0.92
VALIDITÉ DE TRAIT
9 Validité convergente (U vc de Fornell et Larcker) dimension 1 dimension 2
0.57 0.69
0.7 0.75
9 Validité discriminante cov 2 (1,2) = 0.56
cov 2 (1,2) = 0.61
Les indicateurs de fiabilité et de validité de trait sont en outre supérieurs lors de
notre collecte finale.
L’échelle obtenue révèle une forte adéquation du modèle aux données comme
en témoigne le tableau VII.28.
265 La communalité est indiquée entre parenthèses.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 316
Tableau VII.28. : Indices de qualité du modèle de mesure266 de Aad
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
20.17 (0.06)
0.98
0.98 et 0.96
0.99 et 0.98
0.04 (0.62)
III.3. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard de l’annonce (Cad)
A l’instar de l’évaluation globale de l’annonce, l’évaluation spécifique des
caractéristiques de l’annonce s’effectue le long de deux dimensions : “croyances à l’égard du
message” et “croyances à l’égard de l’exécution”. Ces deux dimensions s’apprécient au moyen
des 13 items de C. Derbaix (1995) et de 3 items supplémentaires constituant ainsi notre
échantillon de départ.
Nous avons dû éliminer certains items de l’échelle de C. Derbaix (1995) : en
nous excusant auprès de l’auteur de "tronquer" quelque peu son échelle par la
suppression des 4 items "qualité de l’histoire", "énergie de la publicité", "caractère
informatif des arguments" et "caractère convaincant de l’argument", précisons
que ce choix nous a en fait été imposé par les résultats de notre mini-enquête qualitative
qui révèle en effet les points suivants :
9 Les individus interrogés estiment que l’"énergie" et le "rythme"
représentent la même idée de dynamisme qui peut caractériser
l’exécution d’une annonce télévisée ;;
9 Il ne voient pas de différence entre une "histoire" et un "scénario".
266 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 317
9 Parce que ces mêmes individus ne différencient pas non plus un
"argument" et une "information", ils n’ont en conséquence pas
compris l’item “caractère informatif de l’argument”.
9 Enfin, les individus comprennent mal la différence entre un “argument
convaincant” (resp. “pas convaincant”) et un “argument fort” (resp. “faible”).
De manière similaire à l’implication publicitaire et à l’attitude envers l’annonce,
nos analyses factorielles nous conduisent à évincer 2 items portant sur une évaluation
spécifique des éléments d’exécution : le jugement sur les “couleurs” et celui portant sur la
“musique” de la publicité, ces items ne montrant pas de communalité suffisante (< 0.5).
Ainsi, ces deux éléments ne semblent pas discriminants au regard des résultats obtenus
sur trois de nos échelles : l’implication publicitaire, l’attitude envers l’annonce et les
croyances à l’égard de l’annonce. Un examen de la copy-stratégie des annonces
choisies267 pourrait venir éclairer ces résultats : en effet, deux de nos quatre annonces
n’ont pas de musique et les quatre annonces ne peuvent être caractérisées par des
qualités de couleurs particulières.
L’appréciation des arguments selon leur caractère informatif et leur nombre ne
semblent pas refléter des croyances envers le message au regard des communalités
obtenues. Enfin, l’item supplémentaire portant sur le slogan de la publicité n’est pas
non plus retenu, sa contribution étant identique sur chaque facette du construit.
La corrélation obtenue entre les deux dimensions impose le recours à une ACP
avec rotation oblique (Tableau VII.29.) ; les valeurs propres ainsi que les pourcentages
de variance expliquée en pré-test et lors de l’analyse finale indiquent que le nombre de
ces dimensions se trouve justifié.
267 Cf. Tableau V.3., p.246.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 318
Tableau VII.29. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de croyances à
l’égard de l’annonce
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
CORRÉLATIONS ENTRE DIMENSIONS
Dimension 1/ dimension 2 0.227 0.356
POURCENTAGE DE VARIANCE EXPLIQUÉE
Premier facteur
Deuxième facteur
47.66
17.772
48.531
18.144
VALEURS PROPRES
Composante 1
Composante 2
3.566
1.244
3.397
1.27
Les deux dimensions identifiées indiquent une fiabilité et une validité de trait
jugées très satisfaisantes au regard des indicateurs obtenus (Tableau VII.30.).
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 319
Tableau VII.30. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de croyances à
l’égard de l’annonce
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité268 )
Dimension 1 : Croyances à l’égard du message
- Les informations portant sur le produit (“nombre insuffisant/suffisant”)
- Les arguments employés (“faibles/forts”)
- Le message de cette publicité (“séduisant/pas séduisant”).
0.7 (0.5)
0.77 (0.6)
0.6 (0.77)
0.93 (0.76)
0.75 (0.71)
0.74 (0.78)
Dimension 2 : Croyances à l’égard de l’exécution
- Le rythme de la publicité (“pas entraînant/entraînant”)
- Les personnages de cette publicité (“pas attirants/attirants”)
- L’atmosphère (“désagréable/agréable”)
- Le scénario (“pas original/original”)
0.76 (0.61)
0.75 (0.53)
0.62 (0.5)
0.77 (0.56)
0.83 (0. 7)
0.8 (0.67)
0.84 (0.73)
0.8 (0.67)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
Dimension 1 0.75 0.82 Dimension 2 0.72 0.85
VALIDITÉ DE TRAIT
9 Validité convergente (U vc de Fornell et Larcker) dimension 1 dimension 2
0.51 0.4
0.6 0.58
9 Validité discriminante269 cov 2 (1,2) = 0.38
cov 2 (1,2) = 0.39
L’échelle obtenue révèle en outre une forte adéquation du modèle aux données
comme en témoigne le tableau VII.31.
268 La communalité est indiquée entre parenthèses. 269 La différence de Khi-deux eu égard à la différence de degrés de liberté s’élève à 91.19 en pré-test et à 98.33 lors de l’analyse quantitative finale.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 320
Tableau VII.31. : Indices de qualité du modèle de mesure270 de Cad
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
21.34 (0.05)
0.93
0.98 et 0.96
0.99 et 0.98
0.04 (0.49)
III.4. - Validation des quatre échelles de croyances-produit (Cb)
Conformément à nos attentes théoriques, deux dimensions émergent de nos
analyses factorielles : des croyances "utilitaires" et des croyances "d’image".
III.4.1. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard du matelas "BEKA"
Notre mini-enquête qualitative révèle que les individus ne comprennent pas
l’item d’image “cette marque de matelas est une marque "sensuelle"”. En outre, l’item "utilitaire"
“ce sont des matelas épais” ne présentant pas de communalité suffisante est évincé :
l’absence de visualisation du produit dans l’annonce pourrait logiquement expliquer ce
résultat. Cette échelle bi-dimensionnelle comporte ainsi 4 items par dimension et
présente en outre des indicateurs très satisfaisants.
270 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 321
Tableau VII.32. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de croyances à
l’égard du matelas "BEKA"
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
CORRÉLATIONS ENTRE DIMENSIONS
Dimension 1/ dimension 2 0.327 0.388
POURCENTAGE DE VARIANCE EXPLIQUÉE
Premier facteur
Deuxième facteur
40.47
16.096
41.26
15.56
VALEURS PROPRES
Composante 1
Composante 2
3.568
1.288
3.301
1.245
Conformément à nos attentes théoriques et comme nous l’avons précédemment
souligné, les croyances-produit se distinguent selon leur caractère "utilitaire" ou leur
reflet de "l’image" du produit, les deux dimensions identifiées indiquant en outre une
fiabilité et une validité de trait jugées très satisfaisantes au regard des indicateurs obtenus
(Tableau VII.33.).
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 322
Tableau VII.33. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de croyances à
l’égard du matelas "BEKA"
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité271 )
Dimension 1 : Croyances "utilitaires"
- Les matelas [nom de marque] sont synonymes de "détente".
- Les matelas [nom de marque] vous font passer une bonne nuit.
- On a envie de partager un matelas [nom de marque].
- Ce sont des matelas souples.
0.7 (0.61)
0.78 (0.5)
0.69 (0.53)
0.65 (0.7)
0.87 (0.75)
0.77 (0.66)
0.67 (0.52)
0.74 (0.5)
Dimension 2 : Croyances "d’image"
- Les matelas [nom de marque] ne sont pas différents des autres matelas.
- Ce sont des matelas de référence.
- Les matelas [nom de marque] résistent au temps.
- Ces matelas ne sont pas du tout solides.
0.63 (0.7)
0.69 (0.62)
0.7 (0.69)
0.66 (0.55)
0.7 (0.64)
0.6 (0.58)
0.67 (0.66)
0.65 (0.5)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
Dimension 1 0.73 0.77 Dimension 2 0.76 0.77
VALIDITÉ DE TRAIT
9 Validité convergente (U vc de Fornell et Larcker) dimension 1 dimension 2
0.4 0.4
0.48 0.46
9 Validité discriminante272 cov 2 (1,2) = 0.36
cov 2 (1,2) = 0.39
L’échelle obtenue se révèle en outre en très forte adéquation avec les données
empiriques comme en témoignent les résultats reportés au sein du tableau VII.34.
271 La communalité est indiquée entre parenthèses. 272 La différence de Khi-deux eu égard à la différence de degrés de liberté s’élève à 4.5 en pré-test et à 36.85 lors de l’analyse quantitative finale.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 323
Tableau VII.34. : Indices de qualité du modèle de mesure273 des croyances à l’égard du
matelas "BEKA"
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
19.75 (0.41)
0.91
0.95 et 0.9
0.99 et 0.98
0.02 (0.65)
III.4.2. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard des pizzas "RISTORANTE"
L’item utilitaire “ce sont des pizzas "pâte fine"” a été évincé par le chercheur à la
suite de la considération suivante : de nature trop subjective et de ce fait largement
fonction de préférences individuelles, la mesure de cette variable peut venir biaiser celle
des croyances-produit. En outre, les 2 items indiquant la praticité du produit (“facile à
préparer” et “que l’on mange lorsqu’il n’ y a rien d’autre”) présentant tous deux des
communalités inférieures à 0.5 (respectivement de 0.26 et 0.38) ne sont pas en
conséquence conservés.
273 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 324
Tableau VII.35. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de croyances à
l’égard des pizzas "RISTORANTE"
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
CORRÉLATIONS ENTRE DIMENSIONS
Dimension 1/ dimension 2 0.489 0.408
POURCENTAGE DE VARIANCE EXPLIQUÉE
Premier facteur
Deuxième facteur
48.796
12.056
46.349
11.01
VALEURS PROPRES
Composante 1
Composante 2
4.88
1.206
4.171
1.05
Les deux dimensions identifiées indiquent une fiabilité et une validité de trait
jugées satisfaisantes au regard des indicateurs obtenus (Tableau VII.36.).
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 325
Tableau VII.36. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de croyances à
l’égard des pizzas "RISTORANTE"
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité274 )
Dimension 1 : Croyances "utilitaires"
- Les pizzas [nom de marque] sont appétissantes.
- Ces pizzas ne sont pas croustillantes.
- Ce sont des pizzas à déguster entre amis.
- Ces pizzas sont copieuses.
- Ces pizzas sont riches en ingrédients de qualité.
0.81 (0.65)
0.72 (0.61)
0.74 (0.62)
0.73 (0.62)
0.79 (0.64)
0.84 (0.73)
0.67 (0.5)
0.74 (0.52)
0.73 (0.51)
0.75 (0.53)
Dimension 2 : Croyances "d’image"
- Les pizzas [nom de marque] sont des pizzas industrielles.
- Ce sont des pizzas de référence.
- Ces pizzas ont l’air aussi bonnes qu’au restaurant.
- Les pizzas [nom de marque] ne suivent pas du tout la tradition italienne.
- Ce sont des pizzas différentes des autres pizzas.
0.82 (0.64)
0.8 (0.65)
0.75 (0.62)
0.74 (0.52)
0.74 (0.51)
0.91 (0.73)
0.79 (0.77)
0.63 (0.52)
0.62 (0.64)
0.65 (0.66)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
Dimension 1 0.7 0.7 Dimension 2 0.73 0.79
VALIDITÉ DE TRAIT
9 Validité convergente (U vc de Fornell et Larcker) dimension 1 dimension 2
0.43 0.39
0.44 0.48
9 Validité discriminante275 cov 2 (1,2) = 0.34
cov 2 (1,2) = 0.36
Notons cependant que la validité convergente se révèle plutôt en deçà du seuil
théorique d’exigence puisqu’elle s’établit à moins de 0.5 que ce soit en pré-test ou lors
de l’expérimentation finale pour les deux facettes de croyances-produit. En dépit de
cette remarque, l’échelle obtenue révèle en outre une forte adéquation du modèle aux
données (Tableau VII.37.).
274 La communalité est indiquée entre parenthèses. 275 La différence de Khi-deux eu égard à la différence de degrés de liberté s’élève à 18.56 en pré-test et à 20.78 lors de l’analyse quantitative finale.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 326
Tableau VII.37. : Indices de qualité du modèle de mesure276 des croyances à l’égard des
pizzas "RISTORANTE"
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
18.41 (0.14)
0.9
0.93 et 0.9
0.98 et 0.96
0.06 (0.34)
III.4.3. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard du liquide-vaisselle
"DREFT"
La mini-étude qualitative a révélé que les individus ne pouvaient se prononcer
convenablement sur l’item d’image “ce liquide-vaisselle [nom de marque] est fabriqué par une
entreprise de grande envergure”, ce résultat pouvant s’expliquer par la faible connaissance des
acteurs de ce marché par les individus. Deux items reflétant des croyances "utilitaires"
ont en outre été évincés, leur communalité ayant été jugée insuffisante : il s’agit des deux
variables appréciant le produit sur un critère d’efficacité : “le liquide-vaisselle [nom de
marque] est un liquide-vaisselle efficace” et “ce liquide vaisselle facilite énormément la "corvée» de
vaisselle”. Le manque d’expérience des individus composant notre échantillon peut venir
expliquer ce résultat.
Les corrélations entre les deux dimensions conduisent :
9 Au recours, en pré-test, à une ACP sans rotation oblique ("Varimax") ;
9 Au recours, sur les données d’expérimentation finale, à une ACP avec
rotation oblique ("Oblimin").
276 Précisons en outre que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé, supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 327
Tableau VII.38. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de croyances à
l’égard du liquide-vaisselle "DREFT"
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
CORRÉLATIONS ENTRE DIMENSIONS
Dimension 1/ dimension 2 4.31. 10 -2 0.463
POURCENTAGE DE VARIANCE EXPLIQUÉE
Premier facteur
Deuxième facteur
33.121
24.1
44.385
15.001
VALEURS PROPRES
Composante 1
Composante 2
1.968
1.24
3.107
1.05
Les deux dimensions identifiées indiquent une fiabilité et une validité de trait
jugées très satisfaisantes au regard des indicateurs obtenus (Tableau VII.39.).
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 328
Tableau VII.39. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de croyances à
l’égard du liquide-vaisselle "DREFT"
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité277 )
Dimension 1 : Croyances "utilitaires"
- Ce liquide vaisselle contient des composants qui respectent l’environnement. - C’est un liquide vaisselle qui dégraisse parfaitement.
- Le liquide-vaisselle [nom de marque] n’abîme pas les mains.
- Le liquide [nom de marque] possède une texture agréable.
0.61 (0.51)
0.79 (0.68)
0.69 (0.62)
0.67 (0.59)
0.73 (0.57)
0.69 (0.64)
0.67 (0.55)
0.66 (0.51)
Dimension 2 : Croyances "d’image"
- Le liquide-vaisselle [nom de marque] est une référence en matière de liquide vaisselle.
- Ce liquide-vaisselle n’est pas vraiment différent des autres liquide-vaisselle.
- La marque [nom de marque] n’est pas une marque importante de liquide-vaisselle.
0.61 (0.51)
0.63 (0.52)
0.75 (0.57)
0.87 (0.76)
0.65 (0.51)
0.86 (0.76)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
Dimension 1 0.75 0.77 Dimension 2 0.74 0.75
VALIDITÉ DE TRAIT
9 Validité convergente (U vc de Fornell et Larcker) dimension 1 dimension 2
0.45 0.43
0.55 0.49
9 Validité discriminante278 cov 2 (1,2) = 0.42
cov 2 (1,2) = 0.28
L’échelle obtenue révèle en outre une forte adéquation du modèle aux données
comme en témoignent les résultats obtenus et reportés au sein du tableau VII.40.
277 La communalité est indiquée entre parenthèses. 278 La différence de Khi-deux eu égard à la différence de degrés de liberté s’élève à 15.56 en pré-test et à 19.71 lors de l’analyse quantitative finale.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 329
Tableau VII.40. : Indices de qualité du modèle de mesure279 des croyances à l’égard du
liquide-vaisselle "DREFT"
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
4.74 (0.78)
0.98
0.98 et 0.96
0.99 et 0.98
0.01 (0.87)
III.4.4. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard des barres chocolatées
"CHA-CHA"
Notre mini-enquête qualitative révèle que l’item "utilitaire" “il y a trop de chocolat
dans la barre CHA-CHA” ne doit pas être conservé en raison de son caractère trop
subjectif. En outre, deux croyances d’image reflétant le dynamisme et le degré de
sympathie induits par la marque, semblant mal compris par les individus, ont en
conséquence été épurés de notre échantillon de variables.
Tableau VII.41. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de croyances à
l’égard des barres chocolatées "CHA-CHA"
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
CORRÉLATIONS ENTRE DIMENSIONS
Dimension 1/ dimension 2 0.335 0.268
POURCENTAGE DE VARIANCE EXPLIQUÉE
Premier facteur
Deuxième facteur
52
20
45.22
15.251
VALEURS PROPRES
Composante 1
Composante 2
3
1.05
3.498
1.22
279 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 330
Les deux dimensions identifiées indiquent une fiabilité et une validité de trait
jugées très satisfaisantes au regard des indicateurs obtenus (Tableau VII.42.).
Tableau VII.42. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de croyances à
l’égard de la barre chocolatée "CHA-CHA"
PRÉ-TEST COLLECTE DÉFINITIVE
STRUCTURE FACTORIELLE (poids factoriels et communalité280 )
Dimension 1 : Croyances "utilitaires"
- La barre chocolatée [nom de marque] n’est pas très appétissante.
- La barre [nom de marque], c’est un très bon produit.
- Cette barre chocolatée est riche en ingrédients.
- C’est une barre croustillante.
- La barre [nom de marque] est une barre chocolatée légère.
0. 62 (0.58)
0. 72 (0.66)
0.75 (0.57)
0.78 (0.58)
0.72 (0.55)
0.65 (0.61)
0.74 (0.54)
0.78 (0.59)
0.73 (0.51)
0.72 (0.5)
Dimension 2 : Croyances "d’image"
- Ce n’est pas une barre chocolatée de référence.
-[nom de marque] est une marque jeune.
- La barre [nom de marque] est différente des autres barres chocolatées.
0.66 (0.52)
0.7 (0.65)
0.61 (0.51)
0.85 (0.77)
0.6 (0.5)
0.85 (0.66)
FIABILITÉ (U de cohérence interne de Jöreskog)
Dimension 1 0.7 0.72 Dimension 2 0.72 0.76
VALIDITÉ DE TRAIT
9 Validité convergente (U vc de Fornell et Larcker) dimension 1 dimension 2
0.33 0.39
0.41 0.45
9 Validité discriminante281 cov 2 (1,2) = 0.01
cov 2 (1,2) = 0.24
L’échelle obtenue révèle en outre une forte adéquation du modèle aux données
comme en témoignent les indicateurs obtenus (Tableau VII.43.).
280 La communalité est indiquée entre parenthèses. 281 La différence de Khi-deux eu égard à la différence de degrés de liberté s’élève à 8.12 en pré-test et à 19.84 lors de l’analyse quantitative finale.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 331
Tableau VII.43. : Indices de qualité du modèle de mesure282 des croyances à l’égard des
barres chocolatées "CHA-CHA"
INDICES D’ADÉQUATION DU MODÈLE AUX DONNÉES
F 2 ( p)
PNNI
GFI et AGFI
Γ1 et Γ2
RMSEA ( p)
4.96 (0.83)
0.97
0.98 et 0.95
0.99 et 0.98
0.01 (0.89)
Pour conclure ce chapitre destiné à présenter la validation de nos instruments de
mesure, le tableau VII.44. présente les structures définitives des construits mobilisés
ainsi que l’épuration effectuée à partir des échantillons d’origine.
282 Précisons en outre ici que tous les items de mesure se révèlent significatifs au regard du test t de Sudent qui leur est associé et qui est supérieur à 1.96 pour tous les items.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 332
Tableau VII.44. : Composition des échelles définitives
CATÉGORIE CONSTRUITS EPURATION EFFECTUÉE A PARTIR DE L’ÉCHANTILLON DE BASE
STRUCTURE DÉFINITIVE
VARIABLES EN AMONT DES PROCESSUS DE
PERSUASION
9 Confiance en soi, trait de personnalité durable
9 Besoin de cognition
9 Implication dans le programme préalable
Elimination de : - 8 items d’estime de soi
- 4 items de confiance dans le traitement des informations
- 13 items de besoin de cognition
2 dimensions : Confiance "globale" : 4 items Confiance "spécifique283" : 4 items
1 dimension -5 items
2 dimensions (?) : "Intérêt" : 2 items "Plaisir" : 2 items
DÉTERMINANTS DES ROUTES DE PERSUASION
9 Confiance dans l’évaluation d’un objet
9 Implication publicitaire
Elimination de : - 2 items
- 2 items d’implication/exécution
1 dimension - 4 items
2 dimensions : Implication/message : 3 items Implication/exécution : 4 items
ASPECTS ÉVALUATIFS DES VARIABLES
INTERMÉDIAIRES D’EFFICACITÉ PUBLICITAIRE
9 Croyances à l’égard de
l’annonce
9 Croyances-produit
9 Attitude envers l’annonce
9 Attitude envers la marque 9 Intention d’achat de la marque
Elimination de : - 5 items de croyances/message
- 4 items de croyances/exécution
fonction des produits
- 2 items d’attitude/exécution
2 dimensions : Croyances/message : 3 items Croyances/exécution : 4 items
2 dimensions : Croyances "utilitaires" Croyances "d’image"
2 dimensions : Attitude/message : 3 items Attitude/exécution : 4 items
1 dimension - 3 items 1 dimension - 1 item
283 Confiance dans le traitement des informations.
Chapitre VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure 333
SYNTHÈSE DU CHAPITRE VII -
Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure
Une mini-enquête qualitative associée à deux analyses quantitatives ont permis
de confirmer et/ou de mettre à jour la structure ainsi que la qualité globale
d’instruments de mesure destinés à refléter un ensemble de variables exogènes et
endogènes d’un modèle général de persuasion publicitaire.
Comportant au maximum deux dimensions, les mises en oeuvre adoptées
rencontrent globalement de très bonnes exigences scientifiques en matière de validité
faciale, de fiabilité, de validité de trait ainsi qu’en ce qui concerne l’adéquation globale
du modèle de mesure à des données empiriques. Ces différentes échelles confortent à la
fois les recherches antérieures mais aussi nos propres réflexions théoriques relatives à la
structure ainsi qu’à la composition des facettes émergeantes.
L’ensemble des résultats relatifs à la qualité de ces instruments de mesure
constitue la condition nécessaire à la bonne validation des postulats de recherche et des
hypothèses qui leur sont associées.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 334
Nous présenterons successivement :
9 Les hypothèses préalables (I) relatives :
au statut conceptuel de la confiance en soi ;
à l’articulation au sein d’un modèle général des aspects évaluatifs des
variables d’efficacité publicitaire ;
à la relation entre la confiance en soi et le besoin de cognition ;
9 Les hypothèses relatives au postulat de médiation et à l’articulation des
relations entre variables de confiance : ces hypothèses seront
présentées conjointement puisqu’elles s’intègrent au sein d’un modèle
global dont nous offrirons une représentation schématique (II) ;
9 Les hypothèses relatives à l’influence modératrice de la confiance en
soi, trait de personnalité global (III).
Précisons en outre que les résultats seront analysés et commentés eu égard aux
travaux antérieurs et/ou à notre propre réflexion théorique (Cf. Chapitre IV -
Conceptualisation).
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 335
I - VALIDATION DES HYPOTHÈSES PRÉALABLES
Un ensemble d’hypothèses qui ne s’inscrivent pas directement dans nos deux
postulats principaux de recherche (postulat de médiation et postulat de modération de
la confiance en soi) constituent néanmoins un préalable incontournable à la
compréhension des mécanismes de persuasion intégrant la confiance en soi. Elles
concernent :
9 La relation entre la composante durable et la composante
situationnelle en ce qui concerne le sens de la relation de causalité qui
unit ces deux construits ainsi que la facette de confiance en soi à
l’origine de la plus forte explication de l’aspect situationnel ;;
9 Le degré de dépendance entre l’aspect évaluatif et l’aspect non
évaluatif d’un médiateur ;;
9 L’articulation, au sein d’un modèle général, des relations entre
variables d’efficacité publicitaire ;;
9 La relation qui unit la confiance en soi, trait de personnalité et le
besoin de cognition.
I.1. La relation entre les composantes durables et situationnelles de la confiance en
soi
I.1.1. - L’influence de la composante durable sur la composante situationnelle
Notre première hypothèse concerne l’influence qu’exerce la confiance en soi,
trait de personnalité durable sur le degré de certitude que l’individu associe à chaque
aspect évaluatif des variables d’efficacité publicitaire. Quatre médiateurs de l’effet du
stimulus publicitaire sur l’intention d’achat de la marque ayant été identifiés, il s’agit
d’analyser l’influence de la confiance en soi sur la confiance dans chacun de ces
médiateurs. En outre, puisque nous travaillons, dans le cadre de la validation de ces
hypothèses précises, sur une désagrégation totale de la confiance en soi, nous
préciserons les coefficients de régression concernant les deux facettes du construit :
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 336
confiance durable globale (estime de soi) et confiance durable spécifique (confiance
dans le traitement des informations).
Tableau VIII.1. : Résultats de l’influence de la composante durable sur la composante situationnelle
Relation de causalité Coefficient de
régression standardisé284
Valeur du t de Student
associé Influence de la confiance en soi globale sur : la confiance dans Ab la confiance dans Aad la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce la confiance dans les croyances-produit
0.127 0.071 0.09
-0.069
1.7 0.99 1.23
- 0.48 Influence de la confiance dans le traitement des informations sur : la confiance dans Ab la confiance dans Aad la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce la confiance dans les croyances-produit.
0.151 0.279 0.226 0.262
1.99 3.58 2.94 1.68
A la lumière de ces résultats, les conclusions majeures suivantes peuvent être
effectuées :
9 La confiance en soi globale n’influence aucun des aspects non
évaluatifs des différents médiateurs de persuasion ;
9 La confiance dans le traitement des informations influence :
Positivement la confiance dans trois variables d’efficacité : les
croyances à l’égard de l’annonce, Aad et Ab ;
Lorsque cette influence existe, elle semble plutôt faible au regard des
coefficients obtenus, le coefficient de régression le plus fort s’élevant à
0.279.
Notre postulat de similitude théorique entre la confiance en soi et l’implication
semble donc validé, tout au moins partiellement. En effet, seule une facette de la
composante durable de la confiance en soi exerce une influence sur certains aspects non
284 Les chiffes indiqués en gras représentent les coefficients de régression standardisés significatifs, c’est à dire ceux dont le test t associé est supérieur à 1.96.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 337
évaluatifs des variables d’efficacité publicitaire. Ainsi, il apparaît que contrairement aux
résultats obtenus par Valette-Florence (1988) pour l’implication, l’estime de soi
n’influence pas le degré de certitude dans une évaluation publicitaire ;; en outre, parce
que l’évaluation publicitaire dépend en grande partie du traitement des informations
véhiculées par l’annonce, il semble logique que la facette spécifique de la confiance en
soi durable et concernant précisément cette activité influence le degré de certitude dans
l’évaluation spécifique et globale de l’annonce ainsi que l’évaluation globale de la
marque. En revanche, il nous semble étonnant que la confiance dans le traitement des
informations n’influence pas de manière significative la confiance dans les croyances-
produit.
En conséquence, les deux hypothèses H00 et H00b sont partiellement validées.
I.1.2. - La direction de la relation de causalité
Si la composante durable exerce bien une influence positive sur des aspects
situationnels de confiance en soi, l’inverse en revanche n’est pas démontré puisque tous
les test en t appréciant la significativité des relations de causalité entre la confiance dans
les médiateurs de persuasion et les deux facettes de confiance en soi durable se révèlent
inférieurs à 1.5. L’hypothèse préalable H00a est ainsi validée. En conséquence se trouve
ici soulignée la similitude entre la confiance et l’implication puisqu’à l’instar de Valette-
Florence (1988) en ce qui concerne l’implication, la composante situationnelle de la
confiance en soi n’influence pas la composante durable du construit.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 338
I.2. - Le degré de dépendance entre l’évaluation et le degré de certitude associé à un
médiateur d’efficacité
Selon Wonnacott et Wonnacott (1991, p.187), la covariance entre deux variables
X et Y permet d’indiquer leur degré de dépendance ;; la corrélation représente en outre
le rapport entre la covariance entre X et Y et le produit de leurs écarts types ; ainsi, la
corrélation apprécie-t-elle également ce degré de dépendance mais sur une échelle
différente de celle de la covariance. Il convient donc, pour apprécier le degré de
dépendance entre deux variables, de mesurer leur covariance ou leur corrélation, le
coefficient de corrélation étant ici privilégié.
Des niveaux de confiance sont associés à quatre variables d’efficacité : les
croyances-produit, les croyances à l’égard de l’annonce, Aad et Ab. Dans la mesure où
nous pouvons travailler sur des concepts totalement désagrégés, treize coefficients de
corrélations reflétant ce degré de dépendance ont été estimés (Tableau VIII.2.).
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 339
Tableau VIII.2. : Corrélations entre aspect évaluatif et aspect non évaluatif d’une variable
d’efficacité publicitaire
Relation
Coefficient de corrélation285
Valeur du t de Student
associé Entre Ab et la confiance dans Ab
Entre Aad et la confiance dans Aad : - Entre Aad-mess et la confiance dans Aad - Entre Aad-exec et la confiance dans Aad Entre les croyances à l’égard de l’annonce et la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce - Entre les croyances/message et la confiance dans les croyances publicitaires - Entre les croyances/exécution et la confiance dans les croyances publicitaires Entre les croyances-produit286 et la confiance dans les croyances-produit - Produit n°1 : matelas - Entre la dimension utilitaire et la confiance - Entre la dimension d’image et la confiance - Produit n°2 : pizzas - Entre la dimension utilitaire et la confiance - Entre la dimension d’image et la confiance - Produit n°3 : liquide-vaisselle - Entre la dimension utilitaire et la confiance - Entre la dimension d’image et la confiance - Produit n°4 : barre chocolatée - Entre la dimension utilitaire et la confiance - Entre la dimension d’image et la confiance
0.226
0.375 0.334
0.228
0.293
- 0.234 - 0.153
0.324 0.213
0.197 0.148
0.075 0.075
1.39
3.18 1.93
1.85
2.25
- 1.47 - 1.11
2.34 1.63
1.36 1.03
0.54 0.65
De manière synthétique, il apparaît que :
9 Certains aspects évaluatifs et non évaluatifs sont indépendants : c’est le
cas pour l’attitude envers la marque, les croyances à l’égard du
message et les croyances produit (à l’exception des croyances
utilitaires concernant les pizzas).
285 Nous indiquons en gras les coefficients pour lesquels le test en t associé est significatif. 286 Puisque nous travaillons ici sur des relations isolées et non pas inclues dans un modèle général de persuasion, nous préférons apprécier le degré de dépendance entre l’aspect évaluatif et l’aspect non évaluatif des variables d’efficacité à un niveau totalement désagrégé ;; nous agrégerons en revanche ces construits intermédiaires au moment où il s’agira de vérifier la validité nomologique des relations de causalité induites par l’influence modératrice de la confiance dans un médiateur.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 340
9 Lorsque la corrélation est significative (elle existe bien), elle est positive
et plutôt faible puisqu’elle s’élève au maximum à 0.375.
Ces résultats confirment les travaux antérieurs ayant montré que la confiance
dans une évaluation était distincte (ce que prouvent les coefficients de corrélation non
significatifs) ou éventuellement faiblement corrélée avec l’aspect évaluatif de l’objet sur
lequel elle porte (McDill, 1959 ; Warland et Sample, 1973 ; Fishbein et Ajzen, 1975 ;
Fazio et Zanna, 1978a ; Venkatraman et al., 1990 ; Pomerantz et al., 1995).
Précisons cependant ici que le niveau de confiance associé aux construits
bidimensionnels de cette recherche doctorale est apprécié globalement et donc associé
aux deux facettes de chacune des variables d’efficacité publicitaire ;; ce choix
d’opérationalisation, sur lequel nous reviendrons à l’occasion de la conclusion générale,
limite donc quelque peu les enseignements qui peuvent être dressés des résultats relatifs
à la relation entre la composante évaluative et la composante non évaluative d’un
médiateur de persuasion.
Ces différents résultats nous permettent ainsi de valider partiellement
l’hypothèse H01.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 341
I.3. - Proposition d’un modèle général de persuasion : l’hypothèse de médiation
duale de Lutz (1985) enrichie
Sans revenir de manière trop détaillée sur notre hypothèse globale concernant
l’articulation entre variables endogènes d’un modèle général de persuasion publicitaire,
précisons cependant que nous postulons que :
9 L’hypothèse de médiation duale de Lutz (1985) enrichie de la relation
de causalité entre Ab et Ib (MacKenzie, Lutz et Belch, 1986) constitue
la base de notre modèle ;
9 Une relation directe et positive entre Aad et Ib est envisagée.
Comme nous l’avons indiqué précédemment, pour valider cette hypothèse
globale, nous devons apprécier le modèle postulé sur chaque produit étudié en raison de
l’impossibilité que nous avons d’agréger les items de croyances-produit287.
I.3.1. - La relation entre Aad et Ib
Les résultats concernant la relation potentielle entre l’attitude envers l’annonce et
l’intention d’achat de la marque sont reportés au sein du tableau VIII.3.
287 Cf. Chapitre VI, p.271.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 342
Tableau VIII.3. : Résultats relatifs à l’existence d’une relation directe entre Aad et Ib
Relation de causalité Coefficient de régression standardisé288
Test en t
Annonce 1 - Aad-mess - Ib - Aad-exec - Ib Annonce 2 - Aad-mess - Ib - Aad-exec - Ib Annonce 3 - Aad-mess - Ib - Aad-exec - Ib Annonce 4 - Aad-mess - Ib - Aad-exec - Ib
0.345 0.221
- 0.07 - 0.028
0.155 - 0.069
0.007 0.099
3.6 1.99
- 0.54 - 0.27
1.34 - 0.64
0.11 1.43
Mis à part pour l’annonce 1 portant sur les matelas "BEKA", uniquement en ce
qui concerne l’influence de l’attitude envers le message sur l’intention d’achat, l’attitude
envers l’annonce ne semble pas influencer directement l’intention d’achat de la marque.
Ainsi, l’invalidation de l’hypothèse H02a sur trois des quatre annonces étudiées confirme
les résultats de Lutz, MacKenzie et Belch (1983) ainsi que ceux de Rossiter et Eagleson
(1994) mais ne vont pas dans le sens de certains travaux qui obtiennent bien une
relation causale entre Aad et Ib (Stayman et Aaker, 1988 ; Kamins et al., 1989 ; Miniard et
al., 1990 ; Yi, 1990, etc.). En outre, comme la méta-analyse de Brown et Stayman (1992)
le souligne, on aurait pu s’attendre à un tel impact dans la mesure où la télévision
semble favoriser un traitement périphérique de l’annonce. Cependant, l’unique
exposition télévisée à une annonce inconnue pourrait également expliquer ce résultat.
En effet, une unique exposition peut ne pas suffire aux individus pour fonder leur
intention d’achat sur leur évaluation globale de l’annonce, le processus de formation de
Ib dans une situation de pré-test résultant probablement d’un traitement plus important
des informations relatives au produit. C’est en effet la suprématie d’un processus de
nature cognitive qui est supposé dans une telle situation (Zajonc, 1980).
288 Sont indiqués en gras les coefficients de régression standardisés significatifs.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 343
Le résultat inverse obtenu pour l’annonce 1 semble intéressant au regard de la
spécificité de cette annonce. Elle concerne un produit jugé moyennement impliquant
pour notre échantillon d’individus289, suggérant ainsi que l’explication principale à ce
résultat ne peut résulter de la seule prise en compte cette variable. Cependant, tout en
restant prudent dans notre interprétation dans la mesure où nous n’étudions ni ne
mesurons explicitement la variable "nature de l’annonce", nous pouvons néanmoins
préciser que la réalisation de cette publicité diffère quelque peu des exécutions des trois
autres annonces : en effet, cette publicité ne présente aucune visualisation du produit ni
de description de ses caractéristiques tangibles ;; le simple bon sens ainsi qu’un examen
minutieux de cette annonce290 confirment l’idée du chercheur sur le caractère fortement
émotionnel associé à cette réalisation. En conséquence, les individus ne disposant pas
d’une quantité d’informations importantes sur le produit se dirigent naturellement vers
une évaluation de l’annonce, expliquant ainsi l’explication, pour cette annonce, de
l’intention d’achat par l’attitude envers l’annonce ;; de manière plus étonnante, les
individus se fondent néanmoins également sur leur évaluation du message pour se
décider, mais de manière moins importante que l’évaluation de l’exécution. En
conséquence se trouve validée l’hypothèse H02b relative à une plus forte influence de
Aad-mess sur Ib que de Aad-exec.
289 Un score moyen d’implication-produit a été calculé pour chacun des 4 produits étudiés. 290 Cf. Tableau V.3., p.252.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 344
I.3.2. - Les indicateurs de qualité globale du modèle de persuasion fondé sur
l’hypothèse de médiation duale enrichie de la relation de causalité entre Ab et Ib
Quel que soit le produit, l’hypothèse de médiation duale relative à la
formalisation des relations de causalité entre l’aspect évaluatif des variables endogènes
d’un modèle général de persuasion H02 est validée comme en témoigne la bonne
adéquation du modèle aux données empiriques (Tableau VIII.4.) en dépit d’un *2
(équivalent de l’AGFI) parfois légèrement inférieur à 0.9 (annonces 1 et 3) et d’un
RMSEA systématiquement supérieur à 0.5, tout en restant inférieur à 0.1 (Brown et
Cudeck, 1993).
Tableau VIII.4. : Résultats relatifs à la qualité de l’articulation, au sein d’un modèle
général de persuasion, entre les composantes évaluatives des variables d’efficacité
publicitaire
Annonce F2 (p)
PNNI
GFI et AGFI
*1 et *2
RMSEA (p)
Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
725.46 (0) 541.68 (0) 466.21 (0) 457.08 (0)
0.78 0.91 0.89 0.92
0.91 et 0.86 0.88 et 0.84 0.87 et 0.83 0.9 et 0.86
0.9 et 0.88 0.94 et 0.9 0.89 et 0.85 0.91 et 0.9
0.09 (0.03) 0.07 (0.13) 0.06 (0.04) 0.07 (0.12)
Ainsi, d’un point de vue général, c’est à dire sans prendre en compte l’influence
potentiellement modératrice de certaines variables, tous les médiateurs retenus
(croyances-produit, croyances à l’égard de l’annonce et attitude envers l’annonce)
expliquent le processus de formation de l’attitude envers la marque et de l’intention
d’achat. Certaines disparités existent cependant : elles concernent la contribution de
chaque facette de la variable médiatrice à l’explication des variables d’efficacité.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 345
I.3.3. - Les relations de causalité entre construits latents : importance et
significativité
Si notre modèle général présente de très bons indicateurs globaux d’adéquation,
un examen plus minutieux des relations de causalité entre les variables endogènes du
modèle révèle en outre que de nombreuses relations de causalité sont significatives et
positives (Tableau VIII.5.). Cependant, en rappelant que chaque variable médiatrice est
décomposée selon deux dimensions, il nous faut cependant souligner que certaines
facettes ne semblent pas exercer d’influence comme en témoigne le test de significativité
associé aux coefficients de régression obtenus.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 346
Tableau VIII.5. : Relations de causalité entre construits latents du modèle général de
persuasion
Relation de causalité Coefficient de régression standardisé291
Valeur du test en t
Croyances publicitaires - Aad
Cad-mess - Aad-mess
annonce 1 annonce 2 annonce 3 annonce 4 Cad-exec - Aad-exec
annonce 1 annonce 2 annonce 3 annonce 4
0.793 0.967 0.788 0.782
0.843 0.847 0.775 0.745
3.67 5.01 2.13 3.74
5.07 3.66 6.45 5.29
Aad - Ab Aad-mess - Ab
annonce 1 annonce 2 annonce 3 annonce 4 Aad-exec - Ab
annonce 1 annonce 2 annonce 3 annonce 4
0.325 0.584 0.247
- 0.005
0.155 0.196 0.221 0.306
2.65 2.99 2.03
- 0.04
1.13 1.49 2.05 2.29
Aad - Croyances-produit Aad-mess - Cb-util
annonce 1 annonce 2 annonce 3 annonce 4 Aad-exec - Cb-im
annonce 1 annonce 2 annonce 3 annonce 4
0.541 0.626 0.494 0.307
0.577 0.524 0.270 0.713
2.9 4.3 2.67 1.71
3.98 2.34 1.52 4.31
Croyances-produit - Ab
Cb-util - Ab
annonce 1 annonce 2 annonce 3 annonce 4 Cb-im - Ab
annonce 1 annonce 2 annonce 3 annonce 4
0.609 0.326 0.292 0.056
0.569 0.243 0.167 0.544
3.07 2.54 2.01 0.74
4.54 2.36 1.31 2.65
Ab - Ib
annonce 1 annonce 2 annonce 3 annonce 4
0.561 0.762 0.622 0.888
5.96 8.06 5.01 13.27
291 Les coefficients de régression significatifs sont mentionnés en caractère gras.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 347
Les deux dimensions des croyances publicitaires influencent chaque facette
correspondante de l’attitude envers l’annonce pour les 4 produits étudiés. Nous
reviendrons sur ce résultat à l’occasion de la présentation des limites de notre
contribution dans la mesure où nous l’affectons aux mises en oeuvre très proches des
croyances-publicitaires et de Aad que nous avons opérées.
Si globalement les relations de causalité entre Aad et Ab, Aad et les croyances-
produit ou entre les croyances-produit et Ab existent bien, certaines facettes de ces
construits ne semblent pas exercer d’influence sur les facettes correspondantes des
médiateurs qu’elles déterminent. Ces résultats méritent donc d’être commentés plus en
détail.
9 Influence de Aad sur Ab
L’attitude envers la marque n’est pas expliquée par l’attitude envers le message
pour le produit 4 (barres-chocolatées). Les individus évaluent ainsi globalement la
marque sur la base d’une évaluation globale des éléments d’exécution de l’annonce. Ce
résultat pourrait provenir du fait qu’aucune argumentation n’est véhiculée au travers de
cette annonce, les individus ne pouvant ainsi se fonder sur des informations précises
concernant le produit pour évaluer globalement la marque, objet de la communication.
L’attitude envers la marque n’est pas expliquée par l’attitude envers la réalisation
publicitaire pour les produits 1 et 2. Pour le produit 1 (matelas "BEKA"), dont
l’annonce serait plutôt de type "émotionnel" comme nous l’avons précédemment
souligné, les individus fondent leur intention d’achat sur une attitude envers la marque
induite par une évaluation globale du message publicitaire. L’inexistence d’une relation
entre Aad-exec et Ab se fait donc au profit de celle qui existe entre Aad-exec et Ib. Cette
relation pourrait être expliquée en partie par le score moyen d’implication dans
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 348
l’exécution qui se révèle significativement supérieur au score moyen d’implication dans
l’exécution toutes annonces confondues292.
Pour le produit 2 (pizzas "RISTORANTE"), seule l’évaluation globale du
message de l’annonce entre dans la formation de Ab. L’implication-produit à l’égard des
pizzas obtient un score moyen à fort, pouvant en partie expliquer ce résultat. De même,
l’implication dans le message se révèle significativement plus forte que le score moyen
d’implication dans le message obtenu toutes annonces confondues, pouvant ainsi
également expliquer la forte contribution de Aad-mess à l’explication de Ab.
9 Influence de Aad sur les croyances-produit
Les deux facettes du construit d’attitude envers l’annonce (message et exécution)
influencent les facettes correspondantes de croyances-produit (croyances utilitaires et
d’image) pour les produits 1 et 2.
En revanche, si l’évaluation globale du message véhiculé par l’annonce
"DREFT" (liquide-vaisselle, produit 3) explique la formation des croyances utilitaires
portant sur ce produit, l’attitude envers l’exécution n’explique pas la formation des
croyances d’image (qui, en outre, n’entrent pas dans la formation de Ab). L’implication
des individus dans l’exécution de cette annonce pourrait expliquer ce résultat puisque le
score moyen sur ce construit se révèle significativement beaucoup plus faible pour cette
publicité eu égard au score moyen obtenu toutes annonces confondues.
A l’instar de l’annonce 3, l’attitude envers le message n’entre pas dans la
formation de croyances "utilitaires" (qui, en outre, n’expliquent pas la formation de Ab)
292 Le test spécifique de comparaison de différences de moyennes ne sera pas exposé ici afin de ne pas surcharger notre exposé des résultats. En revanche, nous effectuerons un développement de ce test de significativité à l’occasion de la présentation des résultats concernant l’influence de profils psychologiques sur l’intensité et l’objet de l’implication publicitaire en fonction de l’implication de l’individu dans le programme préalable.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 349
pour le produit 4 (barres chocolatées "CHA-CHA"). Deux éléments peuvent venir
expliquer ce résultat :
9 En premier lieu, l’absence au sein de l’annonce d’une argumentation
relative aux caractéristiques du produit communiqué : les individus
semblent ainsi avoir fondé leur évaluation spécifique de la marque
(croyances-produit) sur une évaluation des caractéristiques d’exécution
de l’annonce puisque l’annonce ne comporte pas d’éléments ayant trait
au message publicitaire ;
9 En second lieu et venant corroborer le point précédent, le fort score
moyen d’implication dans l’exécution de la publicité "CHA-CHA"
pourrait expliquer ce résultat, les individus semblant être donc plus
enclins à évaluer superficiellement l’annonce publicitaire via une
appréciation de ses caractéristiques d’exécution.
Afin de clarifier l’ensemble des cheminements psychologiques opérés par les
individus sur les quatre annonces étudiées, nous proposons la figure VIII.1. permettant
d’articuler les relations de causalité entre les variables endogène de notre modèle général
de persuasion pour chaque produit et fondé sur l’hypothèse de médiation duale de Lutz
(1985) enrichie de la contribution de MacKenzie, Lutz et Belch (1986) (relation causale
entre Ab et Ib).
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 350
Figure VIII.1.: Formalisation du processus de formation de Ab et de Ib
Annonce "BEKA" (matelas)
Annonce "RISTORANTE" (pizzas)
Annonce "DREFT" (liquide-vaisselle)
Annonce "CHA-CHA" (barre chocolatée)
Légende : Cad-mess : croyances à l’égard du message Cad-exec : croyances à l’égard de l’exécution Aad-mess : attitude envers le message Aad-exec : attitude envers l’exécution Cb-util : croyances utilitaires Cb-im : croyances d’image Ab : attitude envers la marque Ib : intention d’achat de la marque
Une première appréciation des contributions respectives de Aad et des
croyances-produit à l’explication de Ab peut être effectuée mais elle sera réellement
approfondie à l’occasion de l’analyse de l’influence modératrice de construits
spécifiques. Ainsi, dans la mesure où les coefficients de régression autorisent les
comparaisons (coefficients standardisés) et en effectuant la moyenne des coefficients
obtenus sur les quatre annonces, les résultats obtenus et reportés au sein du tableau
VIII.6. permettent de mettre en lumière le cheminement psychologique que les
individus semblent avoir opéré pour former une attitude envers la marque
communiquée.
Ib Ab Cb-util
Cad-exec Cad-mess Cad-mess
Cad-exec
Cad-mess Cad-exec Cad-exec
Cad-mess
Cb-im Ab Ib
Aad-exec
Cb-util Cb-im Cb-im
Cb-util
Ab Ib
Ab Ib
Aad-mess Aad-exec
Aad-mess
Aad-mess Aad-exec
Aad-mess Aad-exec
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 351
Tableau VIII.6. : Coefficients de régression moyens
Relation de causalité Coefficient de régression (moyenne sur certaines
annonces293) Croyances-produit - Ab - croyances utilitaires - Ab - croyances d’image - Ab
0.409 0.452
Aad - Ab - Aad-mess - Ab - Aad-exec - Ab
0.385 0.263
Ces résultats confirment l’hypothèse générale associée à une situation de pré-test
publicitaire qui stipule qu’une telle condition expérimentale conduit à la prédominance
d’un processus de formation de Ab et de Ib d’ordre cognitif sur un processus de nature
affective (Zajonc, 1980 ; Zanna et Rempel, 1988). En effet, les croyances-produit
semblent contribuer, en moyenne, de manière plus importante à l’explication de
l’évaluation globale de la marque que l’attitude envers l’annonce ;; Aad n’explique, pour
sa part, l’intention d’achat que pour un seul des produits étudiés (produit 1) alors que la
relation de causalité entre Ab et Ib se révèle significative et en outre forte pour les quatre
annonces testées (les coefficients de régression prennent en effet des valeurs comprises
entre 0.561 et 0.888).
Pour conclure, précisons que si l’hypothèse préalable H02 de médiation duale se
trouve validée, il en est de même de l’hypothèse H04 relative à un plus fort niveau
moyen de l’implication dans l’exécution publicitaire que les niveaux moyens
d’implication dans le message. La dernière hypothèse préalable (présentée au sein du I
de ce chapitre294) concerne quant à elle la relation entre la confiance en soi durable et le
besoin de cognition.
293 Les coefficients non significatifs n’ont pas été pris en compte pour le calcul de la moyenne. 294 Nous présenterons l’hypothèse préalable relative à l’articulation entre composantes non évaluatives au sein d’une modélisation à caractère général au sein du II de ce chapitre.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 352
I.4. - La polarité de la corrélation entre la confiance en soi et le besoin de cognition
Dans la mesure où la confiance en soi, trait de personnalité durable, s’apprécie
par l’estime globale de l’individu en lui-même ainsi que par sa capacité perçue de
traitement des informations, nous apprécierons en conséquence le signe de la
corrélation qui unit chacune de ces facettes au construit unidimensionnel de besoin de
cognition (Tableau VIII.7.).
Tableau VIII.7. : Corrélation entre la confiance en soi durable et le besoin de cognition
Relation Coefficient de corrélation
Test en t associé
Entre l’estime de soi et le besoin de cognition 0.397
4.41
Entre la confiance dans le traitement des informations
et le besoin de cognition
0.208 3.55
L’intensité et la polarité des coefficients de corrélation obtenus justifient :
9 Que l’on étudie conjointement au sein d’un profil psychologique la
confiance en soi et le besoin de cognition, ces deux aspects bien
qu’indépendants se trouvant positivement corrélés ;;
9 Que l’on privilégie en conséquence, sur les 4 profils possibles, les deux
groupes d’individus suivants : le groupe faiblement confiant et faible
également en besoin de cognition ainsi que le groupe de forte intensité
sur ces deux construits psychologiques. Nous vérifierons cependant a
posteriori que les deux autres groupes ne concernent qu’une faible
proportion de notre échantillon total.
Les résultats obtenus et reportés au sein du tableau VIII.7. nous permettent de
valider sans ambiguïté l’hypothèse H05 relative à une co-variation positive entre la
confiance dans le traitement des informations et le besoin de cognition ; en revanche,
l’hypothèse H05’ stipulant que cette relation positive s’établit plus fortement entre la
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 353
composante durable et spécifique de la confiance en soi (confiance dans le traitement
des informations) et le besoin de cognition, qu’entre l’estime de soi et le besoin de
cognition se trouve invalidée au regard de la valeur des coefficients de régression
standardisés. Ce résultat paraît étonnant puisque notre réflexion théorique nous avait
conduit à mettre en exergue une certaine similitude conceptuelle et de mise en oeuvre
des construits psychologiques de confiance dans le traitement des informations et de
besoin de cognition295. L’on aurait effectivement pu légitimement s’attendre à d’une
part, une plus forte valeur du coefficient de corrélation entre la confiance dans le
traitement des informations et le besoin de cognition que celle obtenue et d’autre part, à
une supériorité de ce coefficient sur celui qui unit l’estime de soi au besoin de cognition.
Un élément de réponse pourrait provenir de la faible discrimination des facettes qui
composent la confiance en soi durable ; or, les résultats relatifs à la structure de cette
échelle, en particulier ceux qui concernent le coefficient de corrélation entre les deux
dimensions et la validité discriminante du construit, ne permettent pas d’expliquer
l’invalidation de l’hypothèse H05’, les deux dimensions émergeantes se révélant
clairement distinctes bien que légèrement corrélées296.
295 Cf. Chapitre IV, p.209. 296 Cf. Tableaux VII.1 et VII.2, pp. 291-292.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 354
II - VALIDATION CONJOINTE DU POSTULAT DE MÉDIATION ET DE L’ARTICULATION
THÉORIQUE ENTRE COMPOSANTS NON ÉVALUATIFS DES VARIABLES D’EFFICACITÉ
PUBLICITAIRE
Nous souhaitons valider conjointement :
9 L’influence de l’implication publicitaire sur la confiance dans les
médiateurs de persuasion via un ensemble d’hypothèses spécifiant
cette influence en fonction de l’objet de l’implication publicitaire et de
la nature de l’aspect non évaluatif ;;
9 L’hypothèse de médiation duale en ce qui concerne l’articulation des
composants non évaluatifs d’efficacité publicitaire.
Ainsi, le modèle général sur lequel s’appuie ces hypothèses spécifiques peut être
représenté à l’aide de la figure VIII.2. de la manière suivante :
Figure VIII.2. : Modélisation générale permettant de valider les hypothèses relatives à
l’influence de l’implication publicitaire sur la confiance et les hypothèses relatives à
l’articulation des composantes de confiance
Implication / message
Implication / exécution
Confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce
Confiance dans Aad
Confiance dans les croyances-produit
Postulat de médiation Hypothèse de médiation duale appliquée aux composantes de confiance des variables d’efficacité publicitaire
Confiance dans Ab
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 355
II.1. - L’adéquation du modèle aux données
Une première analyse relative à la qualité globale de notre formalisation
conjointe (postulat d’influence de l’implication publicitaire sur la confiance et hypothèse
relative à un modèle de relations de causalité entre aspects de confiance des médiateurs
de persuasion) est rendue possible à la lumière des résultats obtenus et reportés au sein
du tableau VIII.8.
Tableau VIII.8. : Indicateurs globaux du modèle d’influence de l’implication publicitaire
sur la confiance dans les médiateurs de persuasion
F2 (p)
PNNI
GFI et AGFI
*1 et *2
RMSEA (p)
535.348 0.9 0.91 et 0.89 0.94 et 0.91 0.05 (0.14)
La très forte adéquation de notre modèle général aux données empiriques valide
donc conjointement un postulat de recherche ainsi qu’une hypothèse préalable. Notre
contribution repose en effet sur un premier postulat de recherche visant à établir
l’influence de l’implication publicitaire sur la confiance dans les médiateurs de
persuasion. Ce postulat se trouve validé par les résultats susmentionnés. De même, nous
confirmons l’hypothèse préalable H03 relative à l’articulation entre variables de
confiance selon la même philosophie que celle qui caractérise l’articulation entre les
composantes évaluatives (hypothèse de médiation duale).
II.2. - Validation des hypothèses relatives à l’influence de l’implication publicitaire
sur la confiance dans l’aspect évaluatif d’un médiateur de persuasion
Ces hypothèses n’intégrant pas l’aspect évaluatif des croyances-produit, nous
chercherons à les valider en conséquence toutes annonce confondues. Rappelons en
outre qu’elles se fondent sur les 4 profils d’individus suivants : les individus fortement
impliqués dans le message et faiblement impliqués dans l’exécution (groupe n°1), les
individus a contrario fortement impliqués dans l’exécution et faiblement impliqués dans le
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 356
message (groupe n°2), les individus faiblement impliqués dans le traitement de
l’annonce (groupe n°3) et les individus fortement impliqués à la fois en ce qui concerne
le traitement des éléments liés au message et ceux relatifs à l’exécution de l’annonce
(groupe n°4).
Les résultats concernant les coefficients de régression standardisés obtenus ainsi
que leur degré de significativité sont rapportés par le tableau VIII.9.
Tableau VIII.9. : Résultats relatifs aux hypothèses d’influence de l’objet de l’implication
publicitaire sur la nature de la variable de confiance
Groupe n° 1 Groupe n°2 Groupe n°3 Groupe n°4 Relation de causalité Coefficient de régression standardisé et valeur du test en
t297 Influence de l’implication/message : Sur la confiance dans les croyances-produit. Sur la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce. Sur la confiance dans Aad. Influence de l’implication/exécution : Sur la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce. Sur la confiance dans Aad.
0.346 (1.03)
0.994 (2.62)
0.616 (2.62)
0.98 (0.86)
0.92 (0.86)
- 0.174 (- 0.93)
- 0.88 (-1.52)
0.912 (2.52)
0.897 (3.75)
0.877 (3.74)
0.005 (0.03)
0.003 (0.02)
0.456 (2.77)
- 0.084 (- 0.55)
- 0.002 (- 0.03)
0.579 (4.56)
0.221 (1.99)
0.452 (2.01)
0.82 (0.22)
0.94 (0.22)
L’ensemble de ces résultats indiquent qu’une forte implication dans le message
influence positivement la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce (hypothèse
H1b validée) et la confiance dans Aad (hypothèse H1d validée), l’influence sur la
confiance dans Cad se révélant plus forte que celle qu’exerce l’implication sur Aad
(hypothèse H1c partiellement298 validée) mais différente selon l’intensité de l’implication
297 La valeur du test en t est indiquée entre parenthèses. Sont mentionnés en caractère gras les coefficients de régression significatifs. 298 Cette hypothèse impliquait également un autre médiateur de confiance.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 357
dans l’exécution. L’influence de l’implication dans le message sur la confiance dans Cad
se révèle en effet nettement plus importante pour les individus faiblement impliqués
dans l’exécution que pour ceux qui ont été fortement impliqués. L’influence de
l’implication publicitaire sur la confiance dans Aad se révèle en outre la plus forte pour
les individus faiblement impliqués dans le message et fortement impliqués dans
l’exécution.
En revanche, si l’implication dans l’exécution est faible, la seule forte implication
dans le message n’influence pas la confiance dans les croyances-produit, invalidant en
conséquence l’hypothèse H1a. De même, et de manière logique, si l’implication dans le
message est faible et quelle que soit l’intensité de l’implication dans l’exécution,
l’implication publicitaire n’influence pas la confiance dans les croyances-produit.
L’hypothèse H4a est a contrario validée puisqu’une forte implication publicitaire (message
et exécution) influence positivement la confiance dans les croyances-produit.
Une forte implication dans l’exécution exerce une influence différente en
fonction de l’intensité de l’implication dans le message puisqu’en cas d’implication faible
dans le message, l’implication dans l’exécution influence la confiance dans les croyances
à l’égard de l’annonce (validation de l’hypothèse H2a) alors qu’elle ne les influence pas si
l’implication dans le message est forte. Que l’implication dans le message soit faible ou
forte, l’implication dans l’exécution influence positivement la confiance dans Aad
(validation de l’hypothèse H2b). Seule une situation de forte implication (message et
exécution) induisent une influence de l’implication publicitaire sur la confiance dans les
croyances-produit, validant ainsi l’hypothèse H4a (mais invalidant l’hypothèse H1a).
L’hypothèse H2c ne peut être étudiée puisqu’en cas de forte implication dans l’exécution
et de faible implication dans le message, l’implication publicitaire n’influence pas la
confiance dans les croyances-produit.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 358
Conformément à nos attentes, l’implication publicitaire influence positivement la
confiance dans Aad (validation de l’hypothèse H3a) mais de manière plus forte qu’en cas
de forte implication, invalidant ainsi l’hypothèse H3b. L’implication publicitaire
n’influençant pas la confiance dans les autres médiateurs en cas de faible implication,
l’hypothèse H3c se trouve en conséquence confirmée.
En situation de forte implication (message et exécution), l’influence de
l’implication publicitaire se fait le plus fortement ressentir sur la confiance dans les
croyances-produit que sur la confiance dans les autres médiateurs et ce, conformément
à nos attentes théoriques (validation de l’hypothèse H4b) ;; l’hypothèse H4c relative à une
comparaison de l’influence de l’implication publicitaire sur la confiance dans les
croyances-produit entre les groupes 1 et 4 ne peut être étudiée puisqu’elle découle de
l’hypothèse H1a.
Afin de clarifier l’ensemble des résultats obtenus, rappelons en conclusion que :
9 L’implication dans le message influence positivement :
la confiance dans les croyances-produit uniquement dans le cas
d’une forte implication dans le message et dans l’exécution ;;
la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce, quel que soit
le degré d’implication dans l’exécution mais uniquement dans le cas
d’une forte implication dans le message ;;
la confiance dans Aad quels que soient l’intensité et l’objet de
l’implication publicitaire, cette influence se révélant très intense
lorsque l’individu est fortement impliqué dans l’exécution et
faiblement impliqué dans le message ;
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 359
9 L’implication dans l’exécution influence positivement :
la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce uniquement
dans le cas d’une forte implication dans l’exécution et d’une faible
implication dans le message ;
la confiance dans Aad seulement si l’individu se trouve faiblement
impliqué dans le traitement des informations et fortement impliqué
dans celui qui concerne les caractéristiques d’exécution de l’annonce
publicitaire.
Les résultats suivants concernent le second volet du modèle formalisé par la
figure VIII.2.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 360
II.3. - Validation de l’hypothèse générale relative à l’articulation au sein d’un
modèle général des relations entre les aspects non évaluatifs des médiateurs
d’efficacité
II.3.1. - Indicateurs globaux de la qualité du postulat émis
Pour apprécier cette qualité globale, nous avons dû relever ces indicateurs
globaux sur un modèle intégrant uniquement l’articulation entre les aspects non
évaluatifs de confiance des construits d’efficacité publicitaire (Tableau VIII.10.).
Tableau VIII.10. : Indicateurs globaux du modèle relatif à l’articulation des variables de
confiance
F2 (p)
PNNI
GFI et AGFI
*1 et *2
RMSEA (p)
200.51 (0) 0.78 0.94 et 0.9 0.96 et 0.94 0.06 (0.12)
II.3.2. - Contributions respectives de chaque composante de confiance dans
l’explication de la confiance dans Ab
Cette contribution a été appréciée dans un premier temps à un niveau global,
toutes annonces confondues et quel que soit le niveau d’implication publicitaire
(Tableau VIII.11.) et dans un deuxième temps de manière plus spécifique en fonction
de l’intensité et de l’objet de l’implication publicitaire (Tableau VIII.12.).
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 361
Tableau VIII.11. : Résultats relatifs à l’articulation entre aspects non évaluatifs des
médiateurs de persuasion toutes annonces confondues
Relation de causalité
Coefficient de régression
standardisé299
Valeur du test en t
Confiance dans Cb - confiance dans Ab. 0.255 3.83
Confiance dans Cad - confiance dans Aad. 0.837 18.08
Confiance dans Aad - confiance dans Cb. 0.315 6.12
Confiance dans Aad - confiance dans Ab. 0.476 8.78
De manière globale, notre hypothèse préalable H03 relative à l’articulation entre
les aspects de confiance des médiateurs d’efficacité publicitaire et s’appuyant sur la
philosophie sous-jacente à l’hypothèse de médiation duale de Lutz (1985) se trouve, au
regard de la significativité des différentes relations de causalité, confirmée. La
contribution des différentes variables de confiance à l’explication de la certitude de
l’individu dans son évaluation globale de la marque mérite d’être examinée plus en
détail.
La certitude d’un individu dans son évaluation globale de l’annonce contribue de
manière plus importante à sa certitude dans l’évaluation globale de la marque que son
degré de conviction associé à son évaluation spécifique des caractéristiques du produit
communiqué. Ce résultat pourrait être expliqué par deux éléments : l’implication dans la
catégorie de produit et le fait que les marques soient inconnues des individus. Sur les
quatre produits étudiés, si deux d’entre eux connaissent des scores moyens d’implication
dans la catégorie de produit relativement forts (barres chocolatées et matelas) par
rapport aux deux autres produits (faible implication à l’égard des liquide vaisselle et
implication moyenne à l’égard des pizzas), ces niveaux d’implication-produit demeurent
intermédiaires puisqu’ils s’établissent autour de cinq300 (en moyenne toutes facettes
d’implication confondues) au maximum. En conséquence, il semblerait que la
299 Sont mentionnés en caractère gras les coefficients de régression significatifs. 300 Rappelons que l’implication-produit à l’instar des autres construits mobilisés par notre recherche s’évalue au moyen d’une échelle de Likert en 7 points.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 362
contribution de la confiance dans Aad à l’explication de la confiance dans Ab puisse
prédominer sur celle de la confiance dans les croyances-produit dans la mesure où
l’intérêt des individus dans la catégorie de produit n’est pas très importante. En outre,
l’unique exposition à une marque inconnue pourrait ne pas suffire pour engendrer des
niveaux de certitude suffisants dans les croyances-produit. De manière schématique et
selon un mode similaire qui sous-tend certains travaux antérieurs en communication
persuasive en ce qui concerne les aspects évaluatifs des médiateurs de persuasion, un
processus de type "périphérique" pourrait également refléter les cheminements
psychologiques conduisant l’individu vers la certitude dans son évaluation globale de la
marque.
Soulignons en outre que nous reviendrons sur le résultat relatif au très fort
coefficient de régression obtenu entre la confiance dans Cad et la confiance dans Aad
(0.837) à l’occasion de la présentation des limites de cette recherche au sein de la
conclusion générale.
Si l’articulation des variables de confiance peut s’apprécier à un niveau général,
elle peut également se différencier selon l’intensité et l’objet de l’implication publicitaire
comme en témoignent les résultats reportés au sein du tableau VIII.12. Les quatre
groupes précédemment présentés sont repris afin de présenter l’articulation entre
variables de confiance :
9 Pour le groupe 1, fortement impliqué dans le message et faiblement
impliqué dans l’exécution ;;
9 Pour le groupe 2, fortement impliqué dans l’exécution et faiblement
impliqué dans le message ;
9 Pour le groupe 3, faiblement impliqué (message et exécution) ;
9 pour le groupe 4, fortement impliqué (message et exécution).
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 363
Tableau VIII.12. : Résultats relatifs à l’articulation entre aspects non évaluatifs des
médiateurs de persuasion par groupe d’implication publicitaire (objet et intensité)
Relation de causalité
Coefficient de régression
standardisé301
Valeur du test en t
Confiance dans les croyances-produit - confiance dans Ab. Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4
0.201 0.206 0.144 0.225
2.47 1.57 1.23 2.56
Confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce - confiance dans Aad. Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4
0.917 0.807 0.909 0.772
7.69 8.155 9.18 10.11
Confiance dans Aad - confiance dans les croyances produit. Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4
0.153 0.128 0.288 0.306
1.1 0.9 1.99 2.94
Confiance dans Aad - confiance dans Ab. Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4
0.459 0.394 0.611 0.393
3.65 3.05 4.72 3.96
Cette analyse de l’articulation entre les aspects non évaluatifs de confiance en
fonction de l’intensité et de l’objet de l’implication publicitaire se trouve légitimée par
l’existence de certaines relations de causalité non significatives, qui n’apparaissaient pas
à un niveau global (quels que soient l’intensité et l’objet de l’implication publicitaire).
Ainsi, quelle que soit l’intensité et l’objet de l’implication dans le message, le
degré de certitude associé à l’évaluation globale de l’annonce détermine la confiance
dans Ab. De même la confiance dans les croyances publicitaires influence positivement
la confiance dans Aad. Ainsi, que ce soit en situation de faible ou de forte implication, la
certitude dans Aad joue un rôle important dans la détermination de la confiance dans Ab.
Ce résultat rappelle fortement celui qui concerne l’aspect évaluatif de Aad. En effet,
rappelons que des recherches ont montré la contribution importante de Aad que ce soit
en situation de faible ou de forte implication (Gardner, 1985 ; Batra et Stephens, 1987,
301 Sont inscrits en caractère gras les coefficients significatifs.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 364
1994 ; MacKenzie, Lutz et Belch, 1986 ; Mitchell, 1986 ; Homer, 1990). Les résultats
reportés au sein du tableau VIII.12. ainsi que ceux relatifs à la relation entre Aad et la
confiance dans Aad (Cf. Tableau VIII.2.) justifient parfaitement cette forte contribution
de la confiance dans Aad à l’explication de la confiance dans Ab et ce, quel que soit
l’intensité de l’implication publicitaire. Soulignons en outre que c’est en situation de
faible implication (message et exécution) que cette influence se fait le plus fortement
ressentir.
En revanche, l’influence de la confiance dans les croyances-produit sur la
confiance dans Ab ainsi que l’impact de la certitude dans Aad sur la confiance dans les
croyances-produit dépendent de l’intensité et de l’objet de l’implication publicitaire
puisque :
9 Une faible implication dans le message rend inexistante la relation de
causalité entre la confiance dans les croyances-produit et la confiance
dans Ab, et ce, quelle que soit l’intensité de l’implication dans
l’exécution.
9 Si l’implication publicitaire est forte dans le message et faible dans
l’exécution et a contrario faible dans le message et forte dans
l’exécution, alors le degré de certitude associé à Aad n’influence pas
celui qui se trouve être associé aux croyances-produit, l’influence de la
confiance dans Aad sur la confiance dans les croyances-produit
n’existant que si l’implication publicitaire est soit faible soit forte, mais
sur les deux facettes à la fois.
L’ensemble de ces résultats suggèrent certaines implications managériales sur
lesquelles nous reviendrons au sein de la conclusion générale.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 365
III - VALIDATION DES HYPOTHÈSES RELATIVES À L’INFLUENCE MODÉRATRICE DE LA
CONFIANCE EN SOI
Nous présenterons successivement :
9 Les résultats liés à la détermination par la confiance dans une
évaluation de la plus ou moins forte contribution de cette évaluation
dans la formation de l’attitude envers la marque ;;
9 Les résultats liés à l’influence de profils psychologiques intégrant la
confiance en soi et le besoin de cognition sur l’intensité et l’objet de
l’implication publicitaire en fonction du degré de distraction de
l’individu.
III.1. - La détermination, via le degré de certitude associé à une évaluation, des
"routes" de formation des variables d’efficacité publicitaire
Conformément à nos postulats théoriques seront présentés ici les résultats des
hypothèses concernant la détermination, par des degrés de confiance associés aux
médiateurs d’efficacité, du processus de formation de l’attitude envers la marque.
III.1.1. - De la nécessité de recourir à une agrégation des construits endogènes
La procédure de validation de nos instruments de mesure a permis d’établir que
certains des construits endogènes de notre modèle général de persuasion comportent
deux dimensions : les individus évaluent en effet par exemple l’annonce que ce soit de
manière spécifique (croyance) ou de manière globale (attitude) sur un ensemble
d’éléments ayant trait soit au message véhiculé soit à l’exécution de la publicité en
question. Cependant, pour des contraintes d’administration du questionnaire, il n’a pas
été possible de demander pour chacune de ces facettes un niveau de confiance associé :
c’est en effet une mesure d’un niveau de certitude global sur chaque construit qui a été
collectée. Apprécier l’influence modératrice de la confiance dans une évaluation
nécessite que la confiance et l’évaluation soient en conséquence mesurées à un même
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 366
niveau de correspondance, en particulier en ce qui concerne l’objet sur lequel porte à la
fois l’évaluation ainsi que le niveau de certitude associé. En conséquence, la validation
des hypothèses relatives à l’influence de la confiance dans un médiateur de persuasion
au sein des processus de formation de l’attitude envers la marque a nécessité une
agrégation totale des construits de croyances à l’égard de l’annonce, d’attitude envers
l’annonce et de croyances-produit. Conscient des limites qu’une telle modélisation
soulève302, ce choix nous est en fait imposé par l’étude de notre deuxième postulat de
recherche relatif à l’influence modératrice de la confiance dans les médiateurs de
persuasion sur les routes de formation de l’attitude envers la marque.
III.1.2. - Rappel concernant les trois étapes de validation d’une hypothèse de
"modération"
L’influence modératrice de la confiance dans un médiateur a été appréciée de
trois manières et ce, en nous basant sur la conception de MacKenzie et Spreng (1992)
en ce qui concerne les modalités de l’impact modérateur d’une variable :
9 Dans un premier temps, cet impact a été établi via un ensemble
d’indices permettant d’affirmer qu’un modèle qui tient compte de
différences individuelles sur ce critère permet de mieux expliquer
l’attitude envers la marque et l’intention d’achat ainsi que l’articulation
entre variables intermédiaires d’efficacité, qu’un modèle supposé
invariant sur les deux sous-échantillons formés. Cet impact est en
outre apprécié pour chaque annonce testée, nos items de croyances-
produit étant dissemblables d’un produit à l’autre303. Nous
considérons que l’influence modératrice est démontrée dès lors que 4
302 Nous reviendrons sur ce point au sein de la conclusion générale. 303 En dépit du caractère redondant qu’un tel choix peut induire, nous avons décidé d’indiquer systématiquement pour chaque tableau présentant les indices globaux, les indicateurs du modèle contraint, afin de faciliter la comparaison des deux modèles. Les indices du modèle contraint sont nécessairement identiques quelle que soit la variable modératrice étudiée puisqu’ils reflètent en fait l’adéquation de l’hypothèse de médiation duale aux données empiriques et ce, pour chaque annonce testée.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 367
des cinq indices globaux choisis rencontrent les exigences
scientifiques. Si ces résultats obtenus permettent de valider cette
influence modératrice, nous nous attachons dans un deuxième temps
à rechercher les coefficients de régression standardisés qui se révèlent
différents d’un modèle à l’autre en libérant progressivement tous les
paramètres imposés sur le modèle "contraint" ;
9 Les coefficients de régression standardisés respectivement pour le
groupe "faible intensité" de la variable modératrice versus le groupe
"forte intensité" sont comparés afin de permettre de montrer
l’intensification (versus l’inhibition) de la relation de causalité étudiée si
le coefficient diffère d’un groupe à l’autre, tout en étant positif (versus
négatif) ;
9 Dans un troisième temps, nous présenterons les résultats concernant la
deuxième modalité d’impact d’une variable modératrice ;; rappelons en
effet qu’un modérateur de la relation entre une variable intermédiaire
et par exemple l’attitude envers la marque peut venir influencer les
niveaux moyens de cette attitude.
Précisons en outre à titre explicatif que deux groupes d’individus ont été formés
selon la valeur de la médiane calculée sur la distribution de la somme des items de
confiance dans le médiateur persuasif. Ces valeurs appartenant donc à l’intervalle [4 ;;
28] (4 items de confiance sont mesurés au moyen d’échelles de Likert en 7 points) sont
présentées au sein du tableau VIII.13.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 368
Tableau VIII.13. : Valeurs de la médiane de la distribution de la somme des items de
confiance dans quatre variables intermédiaires d’efficacité
Annonce Confiance dans
les croyances-produit
Confiance dans les croyances à
l’égard de l’annonce
Confiance dans l’attitude
envers l’annonce
Confiance dans l’attitude envers
la marque
Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
14.5 20 21 20
18 20 22 20
17 20 22
20.5
13 16 17 20
III.1.3. - Présentation des résultats
Nous présenterons successivement les résultats relatifs :
9 A la validation globale de l’influence modératrice de chaque variable de
confiance ;
9 Aux processus de formation des croyances-produit, de l’attitude envers
l’annonce, de l’attitude envers la marque et de l’intention d’achat en
fonction du degré de certitude associé au médiateur pertinent.
III.1.3.1. - Validation globale de l’influence modératrice théorique
III.1.3.1.1. - Influence modératrice de la confiance dans les croyances-produit :
indicateurs globaux de l’impact
Quelle que soit l’annonce, la différence de F2 eu égard à la différence de degrés
de liberté est significative puisque pour une différence de 7 degrés de libertés, la
différence de F2 entre le modèle libre et le modèle contraint est supérieure à 14.07. Les
exigences scientifiques sont également respectées pour les autres critères à l’exception
toutefois du PNFI qui se révèle parfois supérieur pour le modèle contraint.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 369
Tableau VIII.14. : Indicateurs globaux concernant l’influence modératrice de la confiance
dans les croyances-produit
Modèle
F2 (ddl)
ECVI et intervalle de confiance associé
NNFI
CFI
PNFI
Libre Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
29.16 (26) 46.28 (26) 34.86 (26) 32.82 (26)
0.98 [0.98 ; 1.18] 1.31 [1.18 ; 1.65] 1.61 [1.45 ; 2.16] 1.11 [0.98 ; 1.36]
0.99 0.98 0.98 0.98
0.99 0.9 0.9 0.97
0.65 0.6 0.65 0.65
Contraint Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
46.03 (33) 70.25 (33) 79.86 (33) 49.38 (33)
1.13 [0.94 ; 1.59] 1.36 [1.35 ; 1.65] 1.73 [1.43 ; 1.89] 1.22 [1.04 ; 1.52]
0.9 0.91 0.92 0.94
0.96 0.91 0.89 0.97
0.66 0.62 0.67 0.64
La confiance dans les croyances-produit exerce une influence modératrice au
sein du processus de formation de l’attitude envers la marque puisque de manière
globale, les différents indices du modèle libre sont meilleurs à ceux du modèle supposé
invariant sur les deux sous-groupes étudiés (Tableau VIII.14.), validant ainsi l’hypothèse
générique H7.
III.1.3.1.2. - Influence modératrice de la confiance dans les croyances à l’égard de
l’annonce : indicateurs globaux de l’impact
Quelle que soit l’annonce, la différence de F2 eu égard à la différence de degrés
de liberté est significative puisque pour une différence de 7 degrés de libertés, la
différence de F2 entre le modèle libre et le modèle contraint est supérieure à 14.07. Les
exigences scientifiques sont également respectées pour les autres critères à l’exception
toutefois du PNFI qui se révèle comme précédemment parfois supérieur pour le
modèle contraint.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 370
Tableau VIII.15. : Indicateurs globaux concernant l’influence modératrice de la confiance
dans les croyances à l’égard de l’annonce
Modèle
F2 (ddl)
ECVI et intervalle de confiance associé
NNFI
CFI
PNFI
Libre Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
31.03 (26) 52.69 (26) 63.21 (26) 34.31 (26)
1.12 [0.97; 1.35] 1.37 [1.14 ; 1.69] 1.79 [1.48 ; 2.21] 1.26 [1.07 ; 1.55]
0.96 0.92 0.9 0.96
0.97 0.91 0.91 0.96
0.642 0.602 0.612 0.65
Contraint Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
46.03 (33) 70.25 (33) 79.86 (33) 49.38 (33)
1.13 [0.94 ; 1.59] 1.36 [1.35 ; 1.65] 1.73 [1.43 ; 1.89] 1.22 [1.04 ; 1.52]
0.9 0.91 0.92 0.94
0.96 0.91 0.89 0.97
0.66 0.62 0.67 0.64
A l’instar de la variable de confiance précédente, une différence de niveau de
certitude associé aux évaluations spécifiques de l’annonce semble expliquer des
processus alternatifs de formation de l’attitude envers la marque et de l’intention d’achat
(Tableau VIII.15.). L’hypothèse générique H6 est donc validée.
III.1.3.1.3. - Influence modératrice de la confiance dans l’attitude envers l’annonce :
indicateurs globaux de l’impact
Quelle que soit l’annonce, la différence de F2 eu égard à la différence de degrés
de liberté est significative puisque pour une différence de 7 degrés de libertés, la
différence de F2 entre le modèle libre et le modèle contraint est supérieure à 14.07. Les
exigences scientifiques sont également respectées pour les autres critères à l’exception
toutefois du NNFI qui se révèle à deux reprises (annonces 3 et 4) supérieur pour le
modèle contraint.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 371
Tableau VIII.16. : Indicateurs globaux concernant l’influence modératrice de la confiance
dans Aad
Modèle
F2 (ddl)
ECVI et intervalle de confiance associé
NNFI
CFI
PNFI
Libre Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
31.43 (26) 42.53 (26) 51.72 (26) 28.56 (26)
1.07 [0.976 ; 1.31] 1.42 [1.18 ; 1.75] 1.51 [1.48 ; 1.65] 1.12 [1.08 ; 1.35]
0.95 0.94 0.88 0.92
0.97 0.91 0.91 0.96
0.62 0.57 0.65 0.78
Contraint Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
46.03 (33) 70.25 (33) 79.86 (33) 49.38 (33)
1.13 [0.94 ; 1.59] 1.36 [1.35 ; 1.65] 1.73 [1.43 ; 1.89] 1.22 [1.04 ; 1.52]
0.9 0.91 0.92 0.94
0.96 0.91 0.89 0.97
0.66 0.62 0.67 0.64
La confiance dans l’attitude envers l’annonce modère les processus de
persuasion publicitaire comme en témoigne la supériorité du modèle libre par rapport
au modèle contraint (Tableau VIII.16.). Se trouve en conséquence validée l’hypothèse
générique H5.
III.1.3.1.4. - Influence modératrice de la confiance dans l’attitude envers la marque :
indicateurs globaux de l’impact
Quelle que soit l’annonce, la différence de F2 eu égard à la différence de degrés
de liberté est significative puisque pour une différence de 7 degrés de libertés, la
différence de F2 entre le modèle libre et le modèle contraint est supérieure à 14.07. Les
exigences scientifiques sont également respectées pour les autres critères à l’exception
toutefois du NNFI qui se révèle supérieur pour le modèle contraint sur l’annonce 2.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 372
Tableau VIII.17. : Indicateurs globaux concernant l’influence modératrice de la confiance
dans Ab
Modèle
F2 (ddl)
ECVI et intervalle de confiance associé
NNFI
CFI
PNFI
Libre Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
28.37 (26) 48.59 (26) 32.45 (26) 16.98 (26)
1.12 [0.98 ; 1.37] 1.58 [1.31 ; 1.95] 0.94 [0.78 ; 1.89] 0.844 (0.71 ; 1.04]
0.95 0.89 0.92 0.97
0.95 0.86 0.91 0.97
0.64 0.62 0.65 0.69
Contraint Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
46.03 (33) 70.25 (33) 79.86 (33) 49.38 (33)
1.13 [0.94 ; 1.59] 1.36 [1.35 ; 1.65] 1.73 [1.43 ; 1.89] 1.22 [1.04 ; 1.52]
0.9 0.91 0.92 0.94
0.96 0.91 0.89 0.97
0.66 0.62 0.67 0.64
Des différences en matière de conviction à l’égard de Ab permettent d’améliorer
la prédictivité de cette attitude sur l’intention comme en témoignent les indices de
comparaison recensés au sein du tableau VIII.17., validant ainsi l’hypothèse générique
H8 relative à l’influence modératrice de la confiance dans Ab sur le processus de
formation de Ib et venant ainsi confirmer de nombreuses recherches antérieures
consacrées à cet impact précis (Fazio et Zanna, 1978 ; Chaiken et Baldwin, 1981 ; Budd
et Spencer, 1984 ; Budd, 1986, etc.).
L’influence modératrice de la confiance dans une évaluation étant confirmée, il
s’agit à présent d’étudier plus précisément les processus de formation des variables
d’efficacité publicitaire en tenant compte de cet impact et en étudiant en conséquence :
9 la variabilité de l’intensité des relations de causalité entre les variables
endogènes d’un modèle de persuasion fondé sur l’hypothèse de
médiation duale ;
9 l’influence directe que ces éléments modérateurs sont susceptibles
d’exercer sur l’aspect évaluatif des construits publicitaires.
Nous aborderons en conséquence et successivement :
9 Le processus de formation de l’attitude envers l’annonce ;;
9 Le processus de formation des croyances-produit ;
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 373
9 Le processus de formation de l’attitude envers la marque et de
l’intention d’achat.
III.1.3.2. - Etude des processus de formation des variables d’efficacité publicitaire
Précisons en guise de préambule que les différents tableaux de résultats reportés
dans ce paragraphe comprennent les coefficients de régression mentionnés en caractère
gras en cas de significativité, accompagnés de la valeur du test en t associé et indiqué
entre parenthèses.
III.1.3.2.1. - Formation de l’attitude envers l’annonce
En suivant notre hypothèse globale concernant l’articulation au sein d’un modèle
général de persuasion entre variables d’efficacité publicitaire, l’attitude envers l’annonce
possède comme antécédent les croyances publicitaires. Nous étudions donc l’influence
du niveau de certitude associé aux croyances à l’égard de l’annonce sur :
9 D’une part, l’intensité du lien entre les croyances à l’égard de l’annonce
(Tableau VIII.18.) ;
9 D’autre part, les niveaux moyens d’attitude envers l’annonce (Tableau
VIII.19.).
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 374
Tableau VIII.18. : Résultats relatifs à l’influence de la confiance dans les croyances à
l’égard de l’annonce sur l’intensité des relations de causalité304 entre les variables
endogènes d’un modèle général de persuasion
Relation de causalité Groupe faible confiance dans les croyances à l’égard de
l’annonce
Groupe forte confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce
Croyances publicitaires - Aad
Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
0.618 (5.26) 0.669 (5.82) 0.661 (5.62) 0.607 (4.89)
0.745 (7.02) 0.759 (7.01) 0.832 (3.29) 0.783 (6.67)
Quelle que soit l’annonce, la confiance dans les croyances publicitaires exerce
une influence sur la force de la relation de causalité entre les croyances publicitaires et
Aad. Cette relation de causalité déjà forte sans que soit prise en compte la distinction des
individus en fonction de leur degré de confiance associé aux évaluations spécifiques de
l’annonce semble s’intensifier légèrement comme en témoigne la différence des
coefficients de régression obtenus entre le groupe faible et le groupe fort, validant ainsi
l’hypothèse H6b.
Tableau VIII.19. : Influence de la confiance dans les croyances publicitaires sur l’attitude envers l’annonce
Relation de causalité Coefficient de
régression standardisé305
Valeur du test en t associé
Confiance dans Cad - Aad 0.154 2.21
La confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce si elle influence
positivement Aad exerce un impact relativement faible comme en témoigne la valeur du
coefficient de régression. Ce résultat valide néanmoins l’hypothèse H6a.
304 Les coefficients de régression significatifs sont mentionnés en caractère gras. 305 Il est indiqué en caractère gras s’il est significatif.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 375
III.1.3.2.2. - Formation des croyances-produit
Les croyances-produit se trouvent déterminées par l’attitude envers l’annonce eu
égard à l’hypothèse de médiation duale. En conséquence, il s’agit d’apprécier la capacité
de la confiance dans Aad à :
9 expliquer des différences en terme d’intensité de la relation Aad - Cb ;
9 et/ou à influencer l’aspect évaluatif des croyances-produit.
Tableau VIII.20. : Résultats306 relatifs à l’influence de la confiance dans Aad sur la
contribution de Aad à l’explication de la formation des croyances produit
Relation de causalité Groupe faible confiance dans Aad
Groupe forte confiance dans Aad
Aad - croyances-produit
Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
0.228 (4.07) 0.227 (4.29) 0.157 (0.35) 0.431 (3.53)
0.531 (4.01) 0.312 (1.99) 0.353 (4.71) 0.487 (3.48)
Le lien entre Aad et les croyances-produit s’intensifie si les individus sont
fortement confiants dans leur évaluation globale de l’annonce pour trois des produits
étudiés. L’hypothèse H5d se trouve en conséquence validée sur trois de nos annonces.
En revanche, Aad n’influence pas les croyances-produit pour les individus
faiblement confiants dans Aad pour l’annonce concernant le liquide-vaisselle "DREFT".
Tableau VIII.21. : Influence de la confiance dans Aad sur les croyances-produit
Coefficient de régression standardisé
Valeur du test en t associé
- 0.067 - 1.2
A la lumière des résultats reportés au sein du tableau VIII.21., la confiance dans
Aad n’exerce pas d’influence significative sur les croyances-produit, invalidant ainsi
l’hypothèse H5c.
306 Les coefficients de régression significatifs sont indiqués en gras.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 376
III.1.3.2.3. - Formation de l’attitude envers la marque et de l’intention d’achat
La présentation parallèle du cheminement psychologique poursuivi par l’individu
pour former son attitude envers la marque et son intention d’achat de la marque nous
paraît fondée dans la mesure où ces deux variables représentent deux mesures
d’efficacité pré-conatives.
III.1.3.2.3.1. - L’explication de Ab en fonction de la certitude de l’individu dans son
évaluation spécifique de la marque et globale de l’annonce
L’attitude envers la marque possédant deux antécédents que sont les croyances-
produit (Cb) et l’attitude envers l’annonce (Aad), nous présentons en conséquence les
résultats relatifs à l’influence modératrice de la confiance dans les croyances-produit sur
l’intensité de la relation Cb-Ab ainsi que les résultats concernant la force du lien entre Aad
et Ab en fonction du degré de certitude associé à Aad (Tableau VIII.22.).
Tableau VIII.22. : Résultats relatifs au processus de formation de Ab en fonction de la
confiance dans les croyances-produit et de la confiance dans Aad
Relation de causalité Groupe faible confiance dans les croyances-produit
Groupe forte confiance dans les croyances-produit
Cb - Ab Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
0.49 (2.91) 0.435 (3.97) 0.43 (2.39) 0.41 (3.48)
0.59 (4.51) 0.482 (3.4) 0.51 (2.51) 0.68 (3.68)
Relation de causalité Groupe faible confiance dans
Aad Groupe forte confiance dans
Aad Aad - Ab Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
0.305 (138) 0.32 (2.21) 0.47 (3.04) 0.221 (1.57)
0.352 (2.02) 0.47 (3.92) 0.52 (2.12) 0.375 (2.91)
La confiance dans les croyances-produit exerce une influence modératrice sur
l’intensité du lien entre les croyances-produit et Ab (Tableau VIII.22.), validant ainsi
l’hypothèse H7b. Cette intensification est cependant variable d’une annonce à l’autre ;; si
cette intensification est plutôt moyenne pour les annonces 1, 2 et 3, c’est pour l’annonce
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 377
"CHA-CHA" que cet impact modérateur se fait le plus fortement ressentir, suggérant
ainsi l’importance de ce construit modérateur dans l’explication de Ab par les croyances-
produit pour ce type de produit et d’annonce.
La confiance dans Aad exerce une influence modératrice sur le lien Aad - Ab en
l’intensifiant dans le cas d’un fort degré de certitude associé à l’évaluation globale de
l’annonce pour les annonces 2 et 3. Dans le cas d’une faible confiance dans Aad, la
relation de causalité entre Aad et Ab n’existe pas pour les annonces 1 et 4. Ces deux
annonces possédant en commun une réalisation basée sur une faible argumentation et
sur une exécution du type "évaluatif", ces deux éléments pourraient être à l’origine de ce
résultat. Nous validons en conséquence partiellement l’hypothèse H5b.
Tableau VIII.23. : Influence de la confiance dans les croyances-produit sur les niveaux
moyens de Ab
Coefficient de régression standardisé
Valeur du test en t associé
0.001 0.08
Tableau VIII.24. : Influence de la confiance dans Aad sur les niveaux moyens de Ab
Coefficient de régression standardisé
Valeur du test en t associé
- 0.124 - 0.12
Ni la confiance dans les croyances-produit ni la confiance dans Aad n’influencent
Ab, invalidant ainsi les hypothèses H5a et H7a.
III.1.3.2.3.2. - Formation de l’intention d’achat
L’intention d’achat se trouve en théorie seulement déterminée par l’attitude
envers la marque. Nous n’avons en effet pas pu montrer que quels que soient les
individus, l’attitude envers l’annonce peut contribuer à expliquer une intention d’achat
au même titre que peut l’être la prédisposition globale de l’individu à l’égard de la
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 378
marque, à l’exception toutefois du résultat obtenu sur l’annonce 1. Cependant, et cela
constitue le principe même de l’influence modératrice d’une variable, il se peut que
l’influence de Aad sur Ib ne soit pas significative dès lors que les individus ne sont pas
différenciés sur la base de leur degré de certitude associé à l’évaluation globale de
l’annonce et en revanche le devienne pour l’un des sous-groupes étudiés. En
conséquence, nous apprécierons les capacités de Ab et de Aad à expliquer Ib en fonction
du degré de certitude associé à chacun de ces déterminants théoriques de l’intention
d’achat. Tableau VIII.25. : Résultats relatifs à l’explication de Ib
Relation de causalité Groupe faible confiance dans Aad
Groupe forte confiance dans Aad
Aad - Ib
Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
0.316 (2.74) - 0.158 (- 1.27) - 0.033 (- 0.22)
0.077 (0.79)
0.382 (2.81) 0.077 (0.677) 0.119 (1.021) 0.159 (1.98)
Relation de causalité Groupe faible confiance dans Ab
Groupe forte confiance dans Ab
Ab - Ib
Annonce 1 Annonce 2 Annonce 3 Annonce 4
0.675 (5.41) 0.712 (5.56) 0.473 (3.26) 0.725 (8.751)
0.816 (6.5) 0.798 (6.38) 0.861 (5.85)
0.894 (13.79)
A la lumière de ces résultats, l’hypothèse H8b relative à l’influence modératrice
de la confiance dans Ab sur la force de la relation de causalité entre Ab et Ib se trouve
validée, ce résultat allant dans le sens des travaux antérieurs, comme nous l’avons
précédemment souligné.
L’un des résultats relatifs à l’influence modératrice de la confiance dans Aad sur
la force de la relation entre Aad et Ib semble intéressant. En effet, si cette influence
modératrice est invalidée pour les annonces 2 et 3, elle est en revanche validée pour
l’annonce 1 et partiellement validée pour l’annonce 4. Nous avions précédemment
montré l’influence de Aad sur Ib pour l’annonce 1. En revanche, cette influence n’existait
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 379
pas à un niveau global pour l’annonce 4. Ainsi, en tenant compte du degré de certitude
associé à l’évaluation globale de l’annonce, nous mettons ici en évidence une influence,
certes faible, mais tout de même existante (légèrement significative) entre Aad et Ib pour
les individus fortement confiants dans Aad pour l’annonce 4. L’hypothèse H5f relative
à l’influence modératrice de la confiance dans Aad sur la relation entre Aad et Ib ne se
trouve en conséquence que partiellement validée.
Tableau VIII.26. : Influence de la confiance dans Aad sur les niveaux moyens de Ib
Coefficient de régression standardisé
Valeur du test en t associé
0.056 1.23
L’hypothèse H5f se trouve invalidée sur nos données empiriques.
Tableau VIII.27. : Influence de la confiance dans Ab sur les niveaux moyens de Ib
Coefficient de régression standardisé
Valeur du test en t associé
0.099 1.78
L’inexistence de l’influence de la confiance dans Ab sur les niveaux moyens de Ib
à un niveau général (Tableau VIII.27.) n’allant pas dans le sens des résultats obtenus
dans les recherches antérieures (Howard et Sheth, 1969 ; Fazio et Zanna, 1978b ;
Howard, 1977 ; Laroche et Howard, 1980 ; Laroche et Sadokierski, 1994 ; Laroche et
Caron, 1995 ; Laroche, Kim et Zhou, 1995), nous avons souhaité réétudier cette
hypothèse sur nos 4 groupes d’individus formés sur la base de l’objet et de l’intensité de
l’implication publicitaire.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 380
Tableau VIII.28. : Résultats relatifs à l’influence de la confiance dans Ab sur Ib en fonction
de l’intensité et de l’objet de l’implication publicitaire
Profils d’implication publicitaire
Coefficient de régression et valeur du test en t
307associé Groupe 1 Groupe 2 Groupe 3 Groupe 4
0.052 (0.39) 0.085 (0.61)
- 0.249 (- 1.82) 0.356 (2.02)
Seul le groupe 4 (forte implication/message et forte implication/exécution)
révèle une influence de la confiance dans Ab sur Ib. L’hypothèse H8a se trouve en
conséquence partiellement validée.
307 Elle est indiquée entre parenthèses.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 381
III.2. - L’influence de la confiance en soi, trait de personnalité durable : une étude
de profils individuels de confiance en soi, de besoin de cognition et d’implication
dans le programme préalable
Préambule : Justification des profils étudiés et nature de l’analyse de données
Rappelons brièvement que les hypothèses préalables H05 et H05’ ont permis de
mettre à jour une co-variation positive de la confiance en soi et du besoin de cognition
et de légitimer ainsi notre décision de porter notre attention sur les profils d’individus
d’intensité équivalente sur les deux variables (intensité faible pour les deux construits
versus intensité forte pour les deux construits). En outre, le tableau VIII.29. confirme ce
résultat en indiquant les proportions d’individus concernées par les deux profils non
pris en considération.
Tableau VIII.29. : Effectifs des profils psychologiques non retenus
Profil Pourcentage des individus reflétant le profil psychologique
Individus possédant une faible confiance en eux et un
fort besoin de cognition
Individus possédant une forte confiance en eux et un faible
besoin de cognition
9 %
8 %
Ces profils s’ils existent bien sont néanmoins largement minoritaires puisqu’ils
concernent à eux deux moins d’une cinquantaine d’individus de notre échantillon
total308.
308 Soulignons cependant qu’un échantillon de taille plus importante aurait probablement conduit à une plus forte représentation de ces deux profils non retenus, cependant certainement encore minoritaires eu égard aux profils n°1 et 2.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 382
Les hypothèses relatives à l’influence de profils psychologiques sur l’intensité et
l’objet de l’implication publicitaire en fonction de l’intensité de l’implication de
l’individu dans le programme préalable nécessitent que l’on effectue des comparaisons
entre les moyennes obtenues :
9 Soit entre deux variables sur un même échantillon d’individus dès lors
qu’il s’agit de comparer les niveaux d’implication dans le message aux
niveaux d’implication dans l’exécution ;;
9 Soit sur une même variable mais sur deux groupes d’individus
différents si l’on souhaite établir la différence d’évaluation d’une
facette précise en fonction du profil psychologique.
En conséquence, l’ensemble des hypothèses concernant l’influence de la
confiance en soi en tant que trait de personnalité nécessitent que l’on effectue différents
tests de significativité de différence de moyennes. Evrard, Pras et Roux (1997) indiquent
que le choix du test dépend de la taille de l’échantillon ;; un effectif inférieur à 30
individus oriente le chercheur vers un test en t (test de Student), une analyse de
différence de moyenne sur un effectif supérieur à 30 le conduit en revanche à avoir
recours à un test en z, qui suit une loi normale ; dans la mesure où au delà de 30
individus, la distribution de t suit approximativement une loi normale, les deux tests
donnent alors un résultat identique, en conséquence de quoi nous nous référerons dans
les deux cas (n<30 ou n>30) à la loi de Student. C’est la comparaison des entités A et B
(Tableau VIII.30.) à une valeur déterminée de la loi de Student (1.96 pour 1 degré de
liberté) qui permettra d’établir la significativité de la différence de moyennes. Précisons
en outre que ces comparaisons sont possibles car toutes nos variables sont mesurées au
moyen d’un format d’échelles identique, à savoir des Likert en 7 points.
Précisons en outre que contrairement aux autres analyses multi-groupes
effectuées, l’étude de la distribution de la variable d’implication dans le programme
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 383
préalable nous dicte de constituer 3 groupes d’individus respectivement faiblement,
moyennement et fortement impliqués dans le programme précédant l’exposition à
l’annonce testée.
Tableau VIII.30. : Les entités mathématiques nécessaires pour comparer deux moyennes
Nature de la comparaison de moyennes Entité mathématique correspondante
Comparaison de moyennes sur deux variables différentes sur un même
échantillon.
A = x x
n
2 1
21
22
V V
avec :
x1 : moyenne de la première variable
x2 : moyenne de la deuxième variable V21 : variance de la première variable V22 : variance de la deuxième variable n : taille de l’échantillon
Comparaison de moyennes sur une variable mais sur deux échantillons
d’individus différents.
B = x x
n n
2 1
21
1
22
2
V V
avec :
x1 : moyenne de la variable sur le premier groupe d’individus
x2 : moyenne de la variable sur le deuxième groupe d’individus V21 : variance de variable au sein du premier sous-échantillon V22 : variance de la variable au sein du deuxième sous-échantillon n1 : effectif du premier groupe n2 : effectif du deuxième groupe
De manière globale, nous cherchons à montrer que les individus du profil 1 sont
plus fortement impliqués dans l’exécution et qu’a contrario, les personnes fortement
confiantes et fortes en besoin de cognition (profil 2) seront plus fortement impliquées
dans le message que dans l’exécution. Des hypothèses spécifiques à chaque profil
psychologique sont en outre étudiées. D’un point de vue méthodologique, les moyennes
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 384
sur les construits étudiées seront comparées à l’aide de l’entité mathématique C dont la
formulation mathématique est la suivante :
C = x
nV 2
avec :
x : moyenne sur le sous-échantillon étudié
V 2 : variance du sous-échantillon n : effectif du sous-échantillon
Cette entité mathématique représente en quelque sorte une moyenne corrigée
des effets de la variance et de l’effectif de la sous-population considérée.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 385
III.2.1. - Résultats relatifs au profil n°1 : un groupe d’individus caractérisés par une
faible confiance en eux et un faible besoin de cognition
L’objet des hypothèses formulées sur ce groupe est de montrer d’une part que
ces individus se caractérisent par une plus forte implication dans l’exécution que dans le
message et que d’autre part, l’intensité de cette implication dépend du niveau
d’implication dans le programme préalable.
Le tableau VIII.31. reporte les principaux indices statistiques nécessaires aux
différentes comparaisons de moyennes à effectuer.
Tableau VIII.31. : Indices statistiques pour le profil psychologique n°1
Niveau d’implication dans le programme préalable
Moyenne Variance
Faible
- Implication/message - Implication/exécution
Moyenne
- Implication/message - Implication/exécution
Forte
- Implication/message - Implication/exécution
11.28 17.72
11.83 17.77
11.22 18.45
18.45 22.73
12.61 21.49
21.65 23.39
Pour chaque groupe d’implication dans le programme préalable et pour chaque
facette d’implication publicitaire, l’entité mathématique C a été formée. Les résultats
obtenus sont reportés au sein du tableau VIII.32.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 386
Tableau VIII.32. : Valeurs pour l’entité mathématique C pour le profil psychologique n°1
Niveau d’implication dans le programme préalable
Valeur de C obtenue
Faible
- Implication/message - Implication/exécution
Moyenne
- Implication/message - Implication/exécution
Forte
- Implication/message - Implication/exécution
13.89 19.67
17.94 20.64
12.05 19.07
Les résultats reportés au sein du tableau VIII.32. nous permettent d’affirmer
sans ambiguïté que, quelle que soit l’intensité de l’implication dans le programme
préalable, une personne peu confiante et faible en besoin de cognition est plus
fortement impliquée dans l’exécution que dans le message, ce résultat validant ainsi :
9 l’hypothèse générique H9 ainsi que l’hypothèse H9a ;
9 le premier volet de l’hypothèse H9b stipulant que les individus
moyennement impliqués dans le programme préalable sont plus
fortement impliqués dans l’exécution que dans le message.
En revanche, le deuxième volet de l’hypothèse H9b se trouve invalidé puisque les
individus moyennement impliqués dans le programme préalable sont plus fortement
impliqués dans l’exécution que les individus faiblement impliqués dans le programme.
Le premier volet de l’hypothèse H9c concernant la plus forte implication dans
l’exécution que dans le message des individus fortement distraits (C=19.07 versus
C=12.05) est validé ; le deuxième volet de cette hypothèse se trouve également validé
puisque l’intensité de cette implication dans l’exécution est moins importante pour les
individus fortement impliqués dans le programme préalable que pour les individus
faiblement ou moyennement impliqués dans l’émission en question (C=19.07 versus
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 387
C= 19.67 et C=20.64). En conséquence, l’hypothèse H9c se trouve validée dans sa
totalité.
III.2.2. - Résultats relatifs au profil n°2 : un groupe d’individus caractérisés par une
forte confiance en eux et un fort besoin de cognition
Nous cherchons à montrer que les individus de ce profil seront plus fortement
impliqués dans le message que dans l’exécution lorsque la distraction est faible ou
moyenne et en revanche plus fortement impliqués dans l’exécution lorsque la distraction
est forte.
Tableau VIII.33. : Indices statistiques pour le profil psychologique n°2
Niveau d’implication dans le programme préalable
Moyenne Variance
Faible
- Implication/message - Implication/exécution
Moyenne
- Implication/message - Implication/exécution
Forte
- Implication/message - Implication/exécution
11.35 17.81
11.4 19.17
12.12 19.24
21.9 21.43
18.66 21.52
17.36 28.77
Pour chaque groupe d’implication dans le programme préalable et pour chaque
facette d’implication publicitaire, l’entité mathématique C a été formée. Les résultats
obtenus sont reportés au sein du tableau VIII.34.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 388
Tableau VIII.34. : Valeurs pour l’entité mathématique C pour le profil psychologique n°2
Niveau d’implication dans le programme préalable
Valeur de C obtenue
Faible
- Implication/message - Implication/exécution
Moyenne
- Implication/message - Implication/exécution
Forte
- Implication/message - Implication/exécution
13.93 22.1
15.83 24.79
16.19 19.97
Les résultats reportés au sein du tableau VIII.34. nous permettent d’affirmer
sans ambiguïté que, quelle que soit l’intensité de l’implication dans le programme
préalable, une personne fortement confiante et forte en besoin de cognition est plus
fortement impliquée dans l’exécution que dans le message, ce résultat invalidant ainsi
l’hypothèse générique H10 ainsi que l’hypothèse H10a. L’hypothèse H10b n’a pas de
raison d’être puisque les individus du profil psychologique n°2 moyennement impliqués
dans le programme préalable sont plus fortement impliqués dans l’exécution que dans le
message. En revanche, l’hypothèse H10c relative à une plus forte implication des
individus du profil psychologique étudié dans l’exécution que dans le message est
validée.
III.3. - Comparaison des deux profils psychologiques en matière d’intensité de
l’implication publicitaire
Il s’agit de montrer que les individus du profil 1 montrent une plus forte
intensité de leur implication publicitaire que les individus du profil 2. Précisons en
premier lieu que les différences obtenues ne sont pas significatives au regard de l’entité
mathématique B calculée.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 389
Une comparaison directe de l’entité mathématique C pour les deux groupes
d’individus différenciés par leur confiance en eux-mêmes et leur besoin de cognition
confirme l’invalidation des hypothèse H11 et H11b comme en témoignent les résultats de
l’entité mathématique C précédemment présentés et reportés au sein du tableau VIII.35.
Tableau VIII.35. : Moyennes corrigées d’implication publicitaire pour les profils
psychologiques n°1 et n°2
Niveau d’implication dans le programme préalable
Valeur de C obtenue pour le profil n°1
Valeur de C obtenue pour le profil n°2
Faible
- Implication/message - Implication/exécution
Moyenne
- Implication/message - Implication/exécution
Forte
- Implication/message - Implication/exécution
13.89 19.67
17.94 20.64
12.05 19.07
13.93 22.1
15.83 24.79
16.19 19.97
En effet, l’intensité de l’implication dans l’exécution est supérieure pour les
individus du profil psychologique n°2.
En conséquence, nous ne pouvons valider l’hypothèse globale selon laquelle une
faible confiance en soi (associée à un faible besoin de cognition) intensifie l’implication
publicitaire lorsque l’implication de l’individu dans le programme préalable est faible ou
moyenne. Notons cependant un résultat intéressant : l’implication dans le message des
individus moyennement distraits est plus intense que l’implication dans le message des
individus fortement distraits, ce résultat allant dans le sens de certains travaux antérieurs
ayant montré que l’impact d’une communication persuasive sur l’individu était plus
important en cas de distraction moyenne (Nisbett et Gordon, 1967 ; Barach, 1969 ; Cox
et Bauer, 1964 ; Bither et Wright, 1973). Ce résultat précis nous permet de valider
partiellement l’hypothèse H11a.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 390
De même, la comparaison des moyennes corrigées entre les profils n°1 et 2 nous
permet de conclure que nos résultats vont dans le sens des recherches antérieures qui
ont montré que les individus possédant une faible confiance en eux optent pour un
mode de traitement périphérique (dirigé vers l’exécution et induisant de ce fait une plus
forte implication dans l’exécution que dans le message) dès lors que leur capacité de
traitement des informations contenues dans l’annonce se trouve contrainte par une
certaine distraction (Wright, 1975). En revanche, il semble qu’en l’absence de
distraction, ces individus à l’instar de ceux qui possèdent une forte confiance en eux,
sont également plus fortement impliqués dans l’exécution. Ce résultat ne va pas dans le
sens de notre réflexion théorique fondée sur les contributions de Chaiken (1980) ou de
MacInnis et Jaworski (1989, 1991). En effet, nous avons postulé que le manque de
confiance en soi pouvait exercer une influence sur l’intensité du traitement des
informations véhiculées par l’annonce via un impact sur le tryptique MCO. Une
explication possible pourrait être l’intéraction qu’est susceptible d’exercer ici la variable
de degré de connaissance préalable. Rappelons que peu de consensus caractérise, au sein
de la littérature, les résultats concernant l’influence du degré de connaissance préalable
sur l’intensité de la recherche ou du taitement des informations. Nos résultats semblent
pencher vers l’hypothèse totalement inverse de celle de Chaiken (1980) à savoir que le
caractère inconnu de la marque et l’unique exposition à l’annonce rendent difficiles pour
l’individu le traitement des informations, cet individu s’orientant alors vers un
traitement dirigé vers les caractéristiques d’exécution de l’annonce. Les résultats
reportés au sein du tableau VIII.35. ainsi que la prise en compte des deux
caractéristiques précises des annonces étudiées et sus-mentionnées nous rappprochent
ainsi des résultats obtenus par certains chercheurs quant à l’existence d’une relation
linéaire et positive ou d’une relation en "U" inversé entre le degré de connaissance
préalable et l’intensité de la recherche d’informations (Jacoby et al., 1978 ; Bettman et
Park, 1980 ; Punj et Staelin, 1983 ; Johnson et Russo, 1984).
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 391
La validation de nos hypothèses reportée au sein du tableau suivant VIII.36. doit
en outre s’accompagner d’une analyse plus globale permettant de mettre en relation les
différents postulats de recherche étudiés. Cette analyse qui permettra de mettre en
lumière les contributions, les limites et les voies d’investigation futures induites par
notre contribution doctorale se trouve exposée au sein de la conclusion générale de
cette recherche.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 392
Tableau VIII.36. : Synthèse de la validation des hypothèses de recherche
Axes de recherche
Numéro et intitulé synthétique de l’hypothèse
Résultat concernant l’hypothèse (validée totalement, validée
partiellement, invalidée ou non étudiée309)
I - LES
HYPOTHÈSES PRÉALABLES : UN
PRÉ-REQUIS INDISPENSABLE
AUX POSTULATS DE RECHERCHE
II - POSTULAT DE
MÉDIATION
H00 : Influence positive de la composante durable sur la composante situationnelle H00a : Influence unidirectionnelle H00b : Contribution plus importante de la confiance dans le traitement des informations sur l’aspect situationnel qu’une estime de soi globale. H01 : Faible corrélation entre composante non évaluative et composante évaluative. H02 : Les composantes évaluatives des variables d’efficacité s’articulent selon l’hypothèse de médiation duale de Lutz (1985) enrichie de la contribution de MacKenzie, Lutz et Belch (1986). H02a : Influence positive de Aad sur Ib ; H02b : Influence de Aad-mess plus forte sur Ib que influence de Aad-exec H03 : Hypothèse de médiation duale de Lutz (1985) en ce qui concerne l’articulation des relations entre variables de confiance. H04 : Niveaux moyens d’implication dans l’exécution supérieurs aux niveaux moyens d’implication dans le message. H05 : Co-variation positive de la confiance dans le traitement des informations et du besoin de cognition. H05’ : Plus forte relation entre la confiance dans le traitement des informations et le besoin de cognition qu’entre l’estime de soi globale et le besoin de cognition. H1 : Influence positive de l’implication dans le message sur la confiance dans les évaluations spécifiques de l’annonce et de la marque. H1a : Influence positive de l’implication dans le message sur la confiance dans les croyances-produit. H1b : Influence positive de l’implication dans le message sur la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce H1c : Influence de l’implication dans le message plus forte sur la confiance dans Cb et sur la confiance dans Cad que sur la confiance dans Aad. H1d : Influence de l’implication dans le message sur la confiance dans Aad. H2 : Influence positive de l’implication dans l’exécution sur la confiance dans les évaluations spécifiques et globales de l’annonce. H2a : Influence positive de l’implication dans l’exécution sur la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce.
partiellement validée. validée. partiellement validée. partiellement validée. validée. invalidée (sauf pour l’annonce n°1).
validée. validée. validée validée. invalidée. invalidée. validée. partiellement validée. validée. validée.
309 Les hypothèses non étudiées correspondent à des hypothèses qui n’ont pas de sens, certaines des hypothèses qui leur sont associées ayant été invalidées.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 393
Tableau VIII.36. (suite)
Axes de recherche
Numéro et intitulé synthétique de l’hypothèse
Résultat concernant l’hypothèse (validée totalement, validée
partiellement, invalidée ou non étudiée)
II - POSTULAT DE MÉDIATION (suite)
III - POSTULAT DE
MODÉRATION
H2b : Influence positive de l’implication dans l’exécution sur la confiance dans Aad. H2c : Influence de l’implication dans l’exécution plus forte sur la confiance dans Cad et la confiance dans Aad que sur la confiance dans les croyances-produit. H2d : Influence plus forte sur la confiance dans Cad que sur la confiance dans Aad. H3 : Contribution plus importante en situation de faible implication de la confiance dans Aad. H3a : Une faible implication publicitaire influence positivement la confiance dans Aad. H3b : Influence plus faible qu’en cas de forte implication publicitaire. H3c : Influence plus forte sur la confiance dans Aad que sur la confiance dans les autres médiateurs. H4 : Contribution plus importante en situation de forte implication publicitaire de la confiance dans les croyances-produit. H4a : Influence positive d’une forte implication publicitaire sur la confiance dans les croyances-produit. H4b : Influence plus forte sur la confiance dans les croyances-produit que sur la confiance dans les autres médiateurs. H4c : Influence plus forte de l’implication publicitaire sur la confiance dans les croyances-produit en forte implication message et exécution sur une situation de forte implication message et de faible implication dans l’exécution. H5 : Influence modératrice de la confiance dans Aad : H5a : sur les niveaux moyens de Ab ; H5b : sur l’intensité du lien Aad - Ab. H5c : sur les niveaux moyens des croyances-produit ; H5d : sur l’intensité du lien croyances-produit - Ab. H5e : sur les niveaux moyens de Ib. H5f : sur l’intensité de la relation entre Aad et Ib.
validée. non étudiée. invalidée. validée. invalidée. validée validée. validée. non étudiée.
validée. invalidée. partiellement validée (2 annonces sur 4)
invalidée. partiellement validée (3 annonces sur 4).
partiellement validée (1 annonce sur 4)
partiellement validée.
Tableau VIII.36. (suite)
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 394
Axes de recherche
Numéro et intitulé synthétique de l’hypothèse
Résultat concernant l’hypothèse (validée totalement, validée
partiellement, invalidée ou non étudiée)
III - POSTULAT DE MODÉRATION (suite)
H6 : Influence modératrice de la confiance dans Cad : H6a : sur les niveaux moyens de Aad ; H6b : sur l’intensité du lien Cad - Aad. et Ib. H7 : Influence modératrice de la confiance dans Cb : H7a : sur les niveaux moyens de Ab ; H7b : sur l’intensité du lien Cb - Ab. H8 : Influence modératrice de la confiance dans Ab : H8a : sur les niveaux moyens de Ib ; H8b : sur la force de la relation de causalité entre Ab et Ib. H9 : Les individus du profil 1 se caractérisent par une implication dans l’exécution plus forte que l’implication dans le message. H9a : Une faible implication dans le programme oriente l’individu vers un traitement de l’exécution plus important que le traitement du message. H9b : Une implication moyenne l’oriente vers un traitement de l’exécution supérieur au message mais de manière moins intense que dans le cas d’une faible implication dans le programme préalable. H9c : Une forte implication dans le programme préalable l’oriente vers une attention plus importante vers l’exécution mais de manière moins importante que si l’individu est faiblement ou moyennement impliqué dans le programme. H10 : Les individus du profil 2 se caractérisent par une implication dans l’exécution plus faible que l’implication dans le message si leur distraction n’est pas trop importante. H10a : Une faible implication dans le programme oriente l’individu vers un traitement du message plus important que le traitement de l’exécution. H10b : Une implication moyenne l’oriente vers un traitement du message moins intense que dans le cas d’une faible implication dans le programme préalable. H10c : Une forte implication dans le programme préalable l’oriente vers un traitement des éléments d’exécution plus important que le message.
H11 : Supériorité des niveaux moyens d’implication publicitaire pour le profil n°1 à ceux du profil n°2. H11a : Supériorité pour l’implication dans le message. H11b : Supériorité pour l’implication dans l’exécution.
validée. validée. validée. validée. invalidée. validée. validée. partiellement validée (1 groupe sur 4).
validée. validée. validée. partiellement validée. validée. invalidée. invalidée. non étudiée. validée. invalidée. partiellement validée. invalidée.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 395
SYNTHÈSE DU CHAPITRE VIII -
Résultats relatifs à la validation des hypothèses de recherche
Trois axes de recherches ont accueilli un ensemble d’hypothèses dont la
proportion d’hypothèses validées nous permet de conforter globalement notre réflexion
théorique relative à l’étude de la confiance en soi au sein des mécanismes de formation
de l’attitude envers la marque et de l’intention d’achat.
9 La validation des hypothèses préalables nous permet d’asseoir le statut conceptuel de
la confiance en soi par la mise en évidence que :
seule la facette spécifique de la composante durable de ce construit détermine, dans
certains cas, la composante situationnelle, la relation unissant les deux composantes de
la confiance en soi étant en outre unidirectionnelle ;
la philosophie sous-jacente à l’hypothèse de médiation duale permet d’expliquer non
seulement l’articulation entre les aspects non évaluatifs des médiateurs de persuasion
mais aussi l’articulation entre les variables de confiance associées à ces évaluations
spécifiques et globales de l’annonce et de la marque ;;
les aspects évaluatifs et non évaluatifs (mesurés par la confiance) des médiateurs de
persuasion sont indépendants sinon faiblement corrélés.
Précisons ici que 6 hypothèses préalables sont validées, 3 ne le sont que de
manière partielle et enfin que 2 hypothèses sont invalidées.
9 La validation des hypothèses relatives à notre postulat de médiation permet
d’affirmer que, dans de nombreux cas, l’implication publicitaire exerce son influence sur
les "routes" de persuasion publicitaire via l’impact positif ressenti sur la confiance dans
certains des aspects évaluatifs, la nature de ces variables de confiance dépendant de
l’intensité (faible versus forte) et de l’objet (message versus exécution) de l’implication
publicitaire.
Chapitre VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses de recherche 396
SYNTHÈSE DU CHAPITRE VIII - (suite)
Précisons que 8 hypothèses sont validées, 1 hypothèse ne l’est que partiellement,
3 hypothèses sont invalidées et enfin que 2 hypothèses n’ont pu être étudiées.
9 Des hypothèses liées à l’influence modératrice de la confiance en soi nous permettent
de valider :
l’influence modératrice de la confiance dans les médiateurs de persuasion sur les
niveaux moyens des variables d’efficacité et/ou sur la force des relations de causalité
entre les variables endogènes du modèle de persuasion (MacKenzie et Spreng, 1992) par
la validation totale de 8 hypothèses et la validation partielle de 5 hypothèses (3
hypothèses étant néanmoins invalidées).
l’influence qu’exercent des profils psychologiques d’individus (confiance en soi x
besoin de cognition) sur l’intensité et l’objet de l’implication publicitaire en tenant
compte du degré d’implication dans le programme préalablement à l’exposition aux
annonces publicitaires testées : 4 hypothèses validées, 2 hypothèses partiellement
validées et 4 hypothèses invalidées (1 hypothèse n’a pu en conséquence être étudiée)
rendent légitime la poursuite des travaux dans ce domaine précis.
Ces résultat méritent d’être commentés dans une perspective plus globale, les
hypothèses invalidées suggérant en outre les limites de cette contribution et/ou des
voies d’investigation futures. Ces différents points font précisément l’objet de notre
conclusion générale.
Conclusion générale 397
CONCLUSION GÉNÉRALE
Notre recherche se caractérise par des points forts mais également par certaines
limites, ces deux aspects ouvrant la voie à un certain nombre d’investigations futures.
I - CONTRIBUTIONS DE LA RECHERCHE DOCTORALE
Elles se révèlent à nos yeux de triple nature : nous pensons en effet avoir
contribué à l’avancement des connaissances dans le domaine de l’étude des processus de
persuasion publicitaire sur un plan conceptuel, sur un plan méthodologique ainsi que
sur un plan managérial.
I.1. - Les contributions d’ordre théorique : une synthèse des principaux résultats
Nous aborderons successivement les principaux résultats relatifs à la validation
du statut conceptuel de la confiance en soi ainsi que ceux ayant trait plus
particulièrement à la compréhension des processus de persuasion publicitaire.
I.1.1. - Le statut conceptuel de la confiance en soi
Cette recherche doctorale avait notamment pour objectif de clarifier
conceptuellement le concept de confiance en soi et de valider empiriquement certaines
hypothèses relatives aux relations liant les différentes composantes du construit. Ainsi,
comme notre réflexion personnelle le présupposait et à la lumière de nos résultats, le
construit de confiance en soi doit être appréhendé en tenant compte de deux éléments
majeurs :
9 L’objet de cette confiance : s’agit-il d’une confiance en soi globale ou
d’une confiance en soi spécifique, plutôt liée à une partie du concept
de "soi" qu’au "soi" dans sa globalité ?
9 Le caractère durable versus situationnel de la confiance en soi : mesure-
t-on une orientation durable d’un trait de personnalité de l’individu ou
Conclusion générale 398
bien cette confiance n’est-elle pas déterminée en grande partie par la
situation d’exposition publicitaire, par exemple ?
Nos résultats suggèrent que la confiance en soi, en tant que trait de personnalité
à caractère durable, peut exercer une influence sur les niveaux de certitude associés aux
variables d’efficacité publicitaire, composante d’ordre situationnel de la confiance. En
outre et conformément à nos attentes, cette influence s’effectue de manière
unidirectionnelle, ce résultat venant valider la similitude théorique existant entre le
concept de confiance en soi et celui d’implication. Précisons néanmoins que c’est
l’aspect spécifique du trait de personnalité, à savoir la confiance dans le traitement des
informations, qui exerce cette influence. Remarquons ici que ce résultat se trouve en
accord avec la vision de certains chercheurs qui voient dans le processus de persuasion
publicitaire un mécanisme de traitement des informations de la part des individus.
Conformément à la littérature et/ou à notre propre réflexion théorique, la
personnalité même de l’individu est ainsi susceptible de déterminer le caractère persuasif
de l’annonce puisque la capacité perçue de l’individu dans le traitement des informations
influence de manière non négligeable la confiance dans trois variables d’efficacité : les
croyances publicitaires, l’attitude envers l’annonce et l’attitude envers la marque.
I.1.2. - Les contributions relatives à la compréhension des processus de formation
de l’attitude envers la marque
Nous ne reviendrons pas ici sur les hypothèses préalables de notre recherche
précisant notamment le statut conceptuel de la confiance en soi, ce point ayant en effet
été largement développé au sein du chapitre VIII, mais plus précisément sur la
compréhension des processus de persuasion publicitaire par la prise en compte de la
confiance en soi, à la fois sa composante durable reflétant une orientation stable d’un
Conclusion générale 399
trait psychologique caractérisant l’individu mais également son aspect situationnel, lié à
la perception et à l’acceptation du message publicitaire véhiculé par l’annonce. En
conséquence, nous souhaitons mettre ici en perspective et de manière parallèle les trois
pans de résultats suivants :
9 Les résultats relatifs à l’influence des profils psychologiques sur
l’intensité et l’objet de l’implication publicitaire ;;
9 Les résultats relatifs à l’influence de l’implication publicitaire (intensité
et objet) sur la confiance dans les médiateurs de persuasion ;
9 Les résultats qui concernent l’influence modératrice de la confiance
dans l’aspect évaluatif des médiateurs de persuasion sur les
cheminements psychologiques poursuivis par les individus pour
former leur attitude envers la marque et leur intention d’achat de la
marque dans une situation de pré-test publicitaire avec exposition
unique à une marque inconnue.
De manière globale, la situation de pré-test telle que nous l’avons définie a induit
et ce, quels que soient les profils psychologiques des individus et quelle que soit
l’intensité de leur implication dans le programme préalable, une implication publicitaire
dans l’exécution de l’annonce supérieure à l’implication des individus dans le traitement
des informations véhiculées par la publicité. Ce résultat se trouve en contradiction avec
l’une de nos hypothèses qui stipule, en suivant le postulat de Zajonc (1980), de Zajonc
et Markus (1982) ou de Zanna et Rempel (1988) qu’une telle situation se trouve
prédominée par un processus d’ordre cognitif. Précisons néanmoins ici qu’un examen
effectué à l’occasion de la validation, sur nos données empiriques, de l’hypothèse de
médiation duale de Lutz (1985) nous a permis de montrer la supériorité (toutes
annonces confondues) des croyances-produit sur l’attitude envers l’annonce dans
l’explication de l’attitude envers la marque. Cette contradiction nous autorise à penser
qu’il n’existe pas nécessairement d’incompatibilité entre ces deux résultats. En effet, une
Conclusion générale 400
implication dans l’exécution supérieure à l’implication dans le message ne signifie en
effet pas que les individus ne traitent pas également les informations relatives au produit
et contenues dans l’annonce. Ce résultat va dans le sens du postulat de la
complémentarité des modes de traitement effectués par les individus. En reprenant les
conceptions de Petty et Cacioppo (1981) ou de Chaiken (1980) dont les contributions,
certes enrichies depuis (MacInnis et Jaworski, 1989 ; MacInnis, Moorman et Jaworski,
1991), constituent néanmoins aujourd’hui encore deux références importantes en
communication persuasive, il semblerait que nous ayons mis en évidence la
complémentarité des "routes" de persuasion, qui, à un niveau global semblent
prédominées par un processus de nature cognitive, sont néanmoins parfois caractérisées
par un processus de formation de Ab et de Ib ne résultant pas nécessairement d’un mode
de traitement intensif des informations. A en juger par la formalisation du processus de
formation de Ab et de Ib pour chacune des annonces étudiées (Cf. Figure VIII.1.), la
situation de pré-test publicitaire caractérisant notre protocole expérimental n’a pas
toujours donné lieu à la prépondérance des médiateurs cognitifs sur les médiateurs
d’ordre affectif au sein du processus de persuasion. En effet, si les annonces
"RISTORANTE" (pizzas) et "DREFT" (liquide-vaisselle) semblent induire un
traitement complémentaire à la fois des informations-produit et des caractéristiques de
l’annonce dont l’importance respective semble difficile à apprécier, les expositions aux
annonces "BEKA" (matelas) et "CHA-CHA" (barres chocolatées) semblent quant à
elles avoir conduit l’individu à former son attitude envers la marque communiquée
majoritairement en fonction de son évaluation globale de l’annonce publicitaire. Le fait
de n’avoir qu’une exposition en outre à une marque inconnue peut expliquer ce résultat,
les individus ne disposant pas d’informations suffisantes sur les produits étudiés, soit
parce qu’ils manquent d’expérience (matelas), soit parce que les annonces en question
ne contiennent pas d’argumentation précise relatives aux caractéristiques du produit
communiqué (les deux annonces BEKA et CHA-CHA relèvent de cette considération).
Conclusion générale 401
Quel que soit le profil psychologique étudié, c’est donc, comme nous l’avons
précédemment souligné, l’implication dans l’exécution qui prédomine sur l’implication
dans le message. En addition à ce résultat, nous avons montré que l’implication dans le
message et l’implication dans l’exécution n’influencent pas exactement les mêmes
variables de confiance associées aux médiateurs d’efficacité publicitaire. Ainsi, nous
avons montré qu’en cas de forte implication dans l’exécution et de faible implication
dans le message, l’implication publicitaire influence principalement :
9 la confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce ;;
9 la confiance dans Aad ;
Dans la mesure où notre situation de pré-test semble avoir conduit les individus à être
plus fortement impliqués dans l’exécution de l’annonce et au regard des résultats
concernant les influences modératrices de la confiance dans Cb et de la confiance dans
Aad sur l’intensité des relations de causalité d’un modèle général de persuasion, il semble
que l’influence modératrice de la confiance dans Aad soit plus forte que celle de la
confiance dans Cb puisqu’elle intensifie de manière plus importante les relations de
causalité étudiées en agissant d’une part sur la relation Aad-Cb et d’autre part, sur la
relation Aad-Ab.
I.2. - Les contributions méthodologiques
De manière incontestable et parce que la pertinence d’une telle variable se trouve
affirmée par les résultats de notre recherche doctorale, prendre en compte la confiance
en soi, à la fois dans sa composante durable mais également dans son aspect
situationnel déterminé par l’influence du stimulus publicitaire constitue à nos yeux un
apport novateur dans le domaine de la compréhension du processus de formation de
l’attitude envers la marque s’appuyant sur une méthodologie de pré-test publicitaire.
Parce que les recherches relatives à l’influence de la publicité sur l’individu cherchent à
appréhender les mécanismes psychologiques à l’origine de la persuasion de l’individu,
intégrer la variable de "confiance en soi" se trouve parfaitement légitimé par le fait que
Conclusion générale 402
l’individu juge très souvent cette source d’information (la publicité) comme biaisée (en
comparaison avec d’autres sources d’information telles que l’expérience directe avec le
produit). En nous basant sur nos résultats, qui méritent néanmoins certaines voies
d’investigation futures, cette contribution met en exergue un déterminant des routes de
persuasion (la confiance dans l’évaluation) qui, bien qu’étudié dans certains travaux
antérieurs, n’avait pas cependant fait l’objet d’une étude conjointe avec l’autre
déterminant reconnu des "routes de persuasion" : l’implication publicitaire (Falcy,
1997). Proposer deux échelles de mesure permettant d’appréhender ces concepts encore
trop rarement intégrés dans les recherches en communication persuasive comme le
souligne Mehta (1999) mais qui permettent de mesurer un réel degré de conviction à
la suite de l’exposition à une communication persuasive nous semble ainsi un moyen
d’améliorer les procédures employées visant à mesurer un ensemble de construits
supposés intervenir au sein du processus d’influence publicitaire. Les deux échelles de
confiance en soi créées (confiance en soi en tant que trait de personnalité durable et
confiance en soi situationnelle) possèdent, en addition à une facilité d’administration en
raison du faible nombre d’items qu’elles intègrent, de satisfaire à des exigences
psychométriques révélées par une procédure de validation conforme aux préconisations
antérieures (Churchill, 1979).
I.3. - Les enseignements de cette recherche sur le plan pratique
A l’instar de toute contribution doctorale, les résultats mis en lumière et relatifs
au rôle de la confiance en soi au sein des processus de persuasion publicitaire se doivent
d’être confrontés aux préoccupations d’ordre managérial des professionnels concernés
par la mesure des effets de la publicité. Trois publics peuvent être intéressés par ces
implications d’ordre pratique :
9 Les annonceurs qui, en gérant de nombreuses marques sur divers
marchés parfois très encombrés, ont pour objectif principal de mettre
Conclusion générale 403
en adéquation leur stratégie de communication publicitaire à une cible
spécifique de la manière la plus efficace possible ;
9 Les sociétés d’études spécialisées dans les pré-tests publicitaires qui,
tout en s’adressant à des annonceurs-clients désireux de mesurer
l’effet des annonces créées, semblent aujourd’hui soucieuses d’intégrer
à leurs systèmes de pré-test, des variables jugées pertinentes par la
communauté scientifique comme par les praticiens pour rendre
compte de l’efficacité des annonces publicitaires, cette préoccupation
leur servant en quelque sorte de "faire-valoir" de leur "savoir-faire"
méthodologique, permettant ainsi de mettre en valeur leur systèmes de
pré-tests par rapport à ceux de leurs concurrents ;
9 Les agences de publicité, qui tout en suivant les recommandations des
annonceurs, sont in fine libres en matière de création publicitaire
notamment en ce qui concerne le choix des éléments ayant trait à
l’exécution de la publicité.
I.3.1. - Les implications managériales pour les annonceurs
Toute entreprise ayant décidé de communiquer envers une cible précise se doit
de concevoir une stratégie de communication précisant notamment de manière claire
d’une part, les objectifs poursuivis par l’annonce publicitaire et d’autre part, une
définition précise de la cible à laquelle s’adresse la publicité.
- Une précision des objectifs assignés à l’annonce publicitaire
Si l’objectif final d’une annonce publicitaire est de conduire l’individu à acheter
le produit et à en juger par certains exemples issus de la pratique, les annonceurs fixent
très souvent des objectifs qualifiés d’"intermédiaires". Ainsi, un annonceur peut décider
de créer une annonce publicitaire afin d’augmenter la notoriété spontanée et/ou assistée
de la marque, de modifier l’image de la marque, de faire essayer le produit, de décider le
Conclusion générale 404
consommateur à changer d’opinion à l’égard de la marque, d’inciter le consommateur à
utiliser plus souvent le produit, etc.
A la lumière des contributions récentes en communication persuasive et comme
nous l’avons précédemment indiqué, deux variables d’efficacité semblent privilégiées :
l’attitude envers la marque et l’intention d’achat. Ainsi, une publicité est jugée efficace si
elle conduit l’individu à évaluer favorablement la marque et à exprimer une intention
d’achat positive. Comme nous l’avons précisé à l’occasion de la définition de la
problématique associée à cette contribution doctorale et comme le révèlent nos
résultats, le seul critère de l’évaluation des éléments qui composent une publicité
(facteurs liés à l’annonce et éléments concernant la marque) se révèlent insuffisants pour
rendre compte des effets du stimulus publicitaire. En effet, en mettant en évidence
l’influence modératrice que peut jouer la composante situationnelle de la confiance en
soi sur les relations de causalité entre les médiateurs reconnus de persuasion publicitaire,
il apparaît que la force de persuasion associée à l’annonce dépend du degré de certitude
associé aux variables intermédiaires d’efficacité. Sans reprendre les résultats mis en
évidence, rappelons simplement l’un d’entre eux : une attitude envers la marque
déterminera d’autant plus une intention d’achat que les individus se sentent confiants
dans leur évaluation globale de la marque. Ainsi, il apparaît que le pouvoir prédictif de
l’attitude envers la marque sur l’intention d’achat doive s’apprécier en tenant compte du
degré de certitude associé à l’évaluation globale de la marque. Le critère de formation
d’une évaluation favorable pourrait ainsi être complété par un critère de confiance dans
l’évaluation, permettant ainsi de rendre compte de manière plus fidèle d’une capacité de
l’annonce à persuader les individus et levant par là-même le problème soulevé par
certains chercheurs de la création de "non attitudes", c’est à dire des attitudes créées
sans force et donc in fine peu durables et donc peu favorables à un comportement
d’achat effectif de la marque considérée. Ainsi, en addition à des objectifs désormais
traditionnels de formation et/ou de changement d’attitude favorable envers la marque
Conclusion générale 405
communiquée et d’intention d’achat positive, il semble pertinent que les annonceurs
associent explicitement un objectif de "confiance " à des objectifs portant sur les seuls
aspects évaluatifs des variables intermédiaires d’efficacité. L’annonceur pourrait ainsi
libeller cet objectif de la manière suivante : “Cette publicité doit donner au consommateur une
opinion favorable de notre marque ainsi qu’une intention d’acheter notre produit ;; cet individu doit en
outre exprimer cette opinion envers notre marque de manière confiante”.
- Une qualification plus précise de la cible concernée par la publicité
Dans la mesure où la personnalité même de l’individu est susceptible d’exercer
une influence sur l’un des déterminants des processus de formation de l’attitude envers
la marque communiquée (l’implication publicitaire), connaître précisément le coeur de
cible à la fois selon des critères désormais classiques de sexe et d’âge mais aussi selon
des tendances psychologiques devient un impératif incontournable pour les annonceurs
désireux d’optimiser l’efficacité de leurs annonces. En effet, en mettant en évidence que
les traits de personnalité des individus peuvent conditionner l’objet vers lequel se trouve
majoritairement dirigée l’attention ou l’intérêt des individus (implication dans le message
versus implication dans l’exécution de l’annonce), les annonceurs pourraient ainsi fournir
des recommandations plus précises aux agences de publicité chargées de concevoir les
annonces. Ainsi, apprécier des caractéristiques psychologiques du coeur de cible
(confiance en soi, besoin de cognition, etc.) permettrait de fixer de manière plus claire les
impératifs relatifs à la conception des annonces et notamment ceux qui ont trait à la
nature de l’annonce : par exemple, et comme nos résultats le suggèrent, si le coeur de
cible est constitué d’individus peu confiants en eux-mêmes et plutôt peu avides de
réflexion, il semble peu pertinent de concevoir des annonces publicitaires de type
"informationnel" dans la mesure où ces individus semblent plus attirés ou faire plus
attention à des éléments liés à l’exécution de la publicité qu’au message véhiculé par
l’annonce. A terme, en qualifiant de manière plus précise la cible à laquelle s’adresse
l’annonce et en étudiant plus précisément l’influence de ces profils psychologiques au
Conclusion générale 406
sein des processus de persuasion en fonction des marchés, les annonceurs qui souvent
gèrent de nombreuses marques sur divers marchés de grande consommation ou dans
d’autres catégories de produit pourraient ainsi disposer de véritables bases de données
leur permettant d’associer des cheminements psychologiques de persuasion à des cibles
définies selon de multiples critères (âge, sexe, traits de personnalité, etc.).
I.3.2. - Les implications managériales pour les sociétés d’études spécialisées
Le développement important des sociétés d’études spécialisées en France dans le
pré-test des annonces publicitaires provient incontestablement de l’accroissement des
enjeux d’ordre économique de la publicité. Comme nous l’avons précisé au sein de
notre introduction générale, l’importance des sommes investies justifie que les
annonceurs souhaitent minimiser les risques financiers liés à la diffusion d’une annonce
publicitaire inefficace. De nombreuses sociétés d’études spécialisées dans les pré-test
des annonces publicitaires existent en France. Si l’objectif qu’elles poursuivent toutes
consiste à fournir aux annonceurs un éclairage pertinent sur les mécanismes d’influence
des publicités sur les individus, les différents systèmes commercialisés diffèrent
cependant sur plusieurs points. Afin d’apprécier les implications de cette recherche
doctorale pour les sociétés d’études, nous proposons donc en préalable un bref
panorama des principaux outils commercialisées par les acteurs de ce secteur
professionnel. A la lumière du tableau c1, il apparaît que les méthodologies de pré-test
varient principalement sur trois critères principaux :
9 Le contexte d’exposition publicitaire : tous les systèmes n’intègrent pas
nécessairement un programme télévisé, préalablement à la diffusion
des annonces publicitaires testées. Les individus interrogés sont en
outre parfois "forcés" dans leur(s) exposition(s) ;
9 Le moment de la collecte des variables : si certains systèmes collectent
immédiatement durant le test les différentes variables d’efficacité,
Conclusion générale 407
d’autres en revanche introduisent un délai entre l’exposition au stimulus
publicitaire et la mesure des différentes variables ;
9 La nature des variables d’efficacité mesurées : tout en soulignant que
certaines variables sont communes, c’est probablement dans ce
domaine que se révèlent les disparités les plus importantes, chaque
système se devant de fournir une offre différenciée de celle des
concurrents dans le secteur des études publicitaires.
Conclusion générale 408
Tableau c1 : Bref panorama des systèmes de pré-tests publicitaires310
Entreprise et nom du système de pré-test
publicitaire
Degré de développement
de l’annonce
Contexte d’exposition publicitaire
Moment de la collecte
des variables
Principales variables mesurées
GFK MARKETING SERVICES "Ad*Vantage/Act"
Finalisée ou non
Simulation de programme TV,
2 expositions
Immédiat
Mémorisation assistée et spontanée, restitution, agrément, image de
marque, jugements des éléments de communication, persuasion (perçue
et passage de la marque dans l’ensemble évoqué) et diagnostic
approfondi. INFRATEST BURKE "Ad-Visor 2"
Finalisée
1 exposition
forcée
Délai de 24
heures
Rappel, restitution, image, degré d’association de la création
publicitaire à la marque, implication, intention d’achat, diagnostic.
IPSOS "Pre-vision"
Finalisée ou non
Simulation de programme TV,
1 ou 2 expositions
Délai de 3
jours
Reconnaissance, agrément, intention d’achat, diagnostic spécifique.
MILLWARD BROWN FRANCE "Link Test"
Finalisée ou non
Expositions forcées, 3
expositions
Immédiat
Impact, compréhension, agrément, implication, perception du message,
attribution, persuasion, intérêt, diagnostic approfondi.
RESEARCH INTERNATIONAL "Publitest"
Finalisée ou non
Exposition forcée, écran
publicitaire puis exposition au spot seul pour
diagnostic
Immédiat
Impact, mémorisation, compréhension, évaluation du message publicitaire, image du produit, évaluation du produit, intention d’achat, diagnostic.
SOFRES "Adjust"
Finalisée ou non Programme puis exposition
Immédiat Impact, restitution, mise en évidence des liens entre les éléments
d’exécution et les avantages consommateurs perçus, incitation à
l’achat. TMO CONSULTANTS "Buy Test"
Finalisée ou non
Une exposition forcée au sein ou non d’un écran
Immédiat
Appréciation des éléments de communication, rappel, impact, image de la marque, persuasion
perçue, diagnostic.
Comme en témoigne la présence au sein de ces outils de variables d’efficacité de
nature cognitive et affective, reflétant ainsi la prise en compte des praticiens des
avancées de la recherche en communication persuasive ainsi que l’intérêt explicitement
manifesté par certains d’entre eux pour les contributions doctorales à vocation
explicative des processus de persuasion publicitaire311, les sociétés d’études spécialisées 310 Cette synthèse non exhaustive de quelques uns des systèmes de pré-test existant en France trouve son origine dans les documents commerciaux collectés auprès de ces sociétés spécialisées tels qu’ils étaient établis au troisième trimestre de l’année 1997. 311 Deux thèses récentes en communication persuasive ont par exemple été développées en collaboration avec l’entreprise GfK Marketing Services (Deharveng, 1995 ;; Falcy, 1997).
Conclusion générale 409
semblent désireuses d’intégrer au sein de leur outils les avancées récentes des chercheurs
de ce domaine. Ainsi, notre contribution doctorale pourrait intéresser ces sociétés
d’études spécialisées souhaitant identifier et mesurer de nouvelles variables susceptibles
d’expliquer le processus de persuasion de l’individu à la suite de l’exposition à un
stimulus publicitaire. En effet, l’implication mesurée explicitement par deux systèmes
("Ad-Visor 2" d’Infratest Burke et "Link Test " de Millward Brown France) ne
concerne en fait que la catégorie de produit. Or, à la lumière des recherches antérieures
sur le concept d’implication publicitaire ainsi que de nos propres résultats, il semble à
présent établi que cette variable joue un rôle important au sein des processus persuasifs
en tant que déterminant de routes de formation d’une attitude favorable envers la
marque communiquée via l’influence qu’elle exerce sur la confiance de l’individu sur ses
évaluations globales (attitude) ou spécifiques (croyances) de l’annonce et de la marque.
A l’heure où les annonceurs semblent très désireux d’obtenir l’assurance que leurs
annonces publicitaires seront à même de conduire les individus à acheter la marque,
objet de la communication, mesurer d’une part l’implication publicitaire et d’autre part,
le degré de confiance dans les réponses des individus pré-testés (dont cette recherche et
d’autres contributions ont pu montrer l’importance dans une logique de prédictivité de
l’attitude envers la marque sur l’intention d’achat ou le comportement) semble donc
tout à fait pertinent.
En outre, l’introduction d’un programme télévisé préalablement à la diffusion de
l’annonce testée est à recommander de manière systématique puisque cette recherche
doctorale comme d’autres travaux menés en communication persuasive montrent
l’influence que la distraction de l’individu peut jouer au sein des processus de
persuasion. De manière plus générale, valider les systèmes de pré-test publicitaires en
tant qu’outils susceptibles de fournir une image fidèle de la capacité de la publicité à
influencer l’individu nécessite que ces systèmes reposent sur une méthodologie la plus
proche possible des conditions naturelles d’exposition publicitaire.
Conclusion générale 410
I.3.3. - Les implications managériales pour les agences de publicité
Les résultats obtenus par cette recherche doctorale pourraient guider le
processus créatif du publicitaire sur trois points :
9 Une orientation de la création de la publicité en fonction des
caractéristiques de la cible ;
9 Les choix à retenir en matière de création publicitaire pour des
nouveaux produits ;
9 La formation d’une évaluation favorable et confiante de l’attitude
envers la marque.
- Créer des publicités en fonction des caractéristiques de la cible
Comme nous l’avons précédemment souligné à l’occasion de la présentation des
implications managériales pour les annonceurs, la stratégie créative des agences de
publicité doit qualifier de manière précise la cible à laquelle s’adresse l’annonce que ce
soit en terme de sexe, d’âge ou encore de tendances psychologiques, certaines de ces
variables agissant comme des déterminants d’ordre motivationnel pour traiter les
informations véhiculées par le message publicitaire. Ainsi, rappelons le, un public
composé d’individus plutôt peu confiants en eux-mêmes et peu avides de réflexion sera
attiré ou fera plus attention aux éléments d’exécution de l’annonce qu’au message en lui-
même. Cela suggère donc de créer, pour ce type d’individus, des publicités à caractère
plus fortement "émotionnel" qu’"informationnel". De manière plus générale, les
agences de publicité doivent qualifier le plus précisément possible les individus
composant le coeur de cible puisque ces individus diffèrent dans leur façon de se forger
une attitude envers la marque, reflétant ainsi la diversité des "routes" de persuasion
pouvant exister.
Conclusion générale 411
- Création publicitaire pour les nouveaux produits
Quatre publicités pour des marques inconnues ont servi d’application à cette
recherche doctorale. Les individus n’ayant aucune connaissance de ces marques, il
s’agissait pour eux en quelque sorte de nouveaux produits commercialisés en France.
Dans la mesure où les individus n’avaient préalablement à l’exposition à l’annonce
aucune information sur ces différentes marques, on aurait pû s’attendre à ce que la
formation de leur attitude envers la marque résulte principalement d’un traitement
exclusivement cognitif des informations véhiculées par l’annonce. Cependant, à la
lumière des résultats obtenus, il apparaît que le cheminement psychologique de
l’individu pour se forger une attitude envers la marque puisse également emprunter une
route à caractère plus "périphérique", même si l’individu dispose d’informations sur le
produit, mettant ainsi en lumière l’influence d’autres variables, dont l’implication
produit peut faire partie. Ainsi, les annonces publicitaires pour des nouveaux produits
peuvent s’orienter vers la conception d’annonces ne s’appuyant pas nécessairement sur
des créations à caractère exclusivement "informatif", permettant en outre aux créatifs
des agences de publicité de concevoir des publicités différentes et par là-même
susceptibles de retenir l’attention de consommateurs très fortement sollicités par la
publicité.
- La formation d’une évaluation favorable et confiante de l’attitude envers la marque
Dans la mesure où l’implication publicitaire détermine les niveaux de certitude
associés aux variables d’efficacité publicitaire, créer des attitudes confiantes nécessite
que les individus aient été suffisamment attirés ou aient suffisamment fait attention aux
éléments qui composent la publicité. Ainsi, en ayant au préalable identifié le mode de
cheminement psychologique des individus composant la cible, les créatifs pourraient
ainsi déterminer plus précisément le ou les éléments à mettre particulièrement en valeur
afin d’induire chez le récepteur une attitude envers la marque élaborée de manière
confiante. Si le coeur de cible est composé d’individus plus enclins à traiter les éléments
Conclusion générale 412
d’exécution de l’annonce que le message, introduire par exemple dans certaines
publicités des individus jugés comme des "experts" par la cible pourraient venir
renforcer leur confiance dans leur opinion.
De manière plus générale, et sans que soit "bridée" la création publicitaire, les
annonces publicitaires doivent s’orienter vers des créations favorisant la certitude des
consommateurs dans leurs attitudes, condition à l’origine d’un caractère plus prédictif
de cette variable d’efficacité. Ceci pourrait notamment passer par des créations
publicitaires dans le domaine de la grande consommation plus "crédibles" aux yeux des
consommateurs.
Conclusion générale 413
II - LIMITES DE LA RECHERCHE
Toute contribution doctorale doit être soumise à la critique, cette recherche
n’échappant pas à cette règle puisque certaines limites d’ordre conceptuel et
méthodologique viennent inhiber nos apports.
II.1. - Les limites d’ordre conceptuel
Comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises, l’on observe une tendance des
chercheurs, à juste titre, à décomposer certains construits précis selon l’objet sur lequel
ils portent, à savoir le message ou l’exécution. Ainsi, croyances publicitaires, évaluation
globale de l’annonce ou encore implication publicitaire n’échappent pas à ce consensus
académique. Ce positionnement conceptuel dont découle une conséquence directe sur
le plan de la mise en oeuvre des construits se trouve à l’origine de la principale limite
d’ordre théorique de cette contribution.
La mesure de la composante non évaluative d’une variable d’efficacité devrait
elle aussi rendre compte de la distinction : un niveau de certitude associé à chaque
facette étudiée (facette/message et facette/exécution) permettrait ainsi de préciser
l’influence modératrice de la confiance dans chaque facette sur les relations de causalité
d’un modèle général de persuasion basé sur un ensemble de variables endogènes
prenant compte de cette décomposition. En raison de notre choix d’opérationalisation,
notre souci de travailler sur des construits psychologiques désagrégés n’a pu être
respecté en ce qui concerne notre postulat de modération. Précisons néanmoins que
cette mise en oeuvre nous a semblé incompatible avec nos contraintes techniques
d’administration du questionnaire, en particulier en ce qui concerne la taille et de
manière directement corrélée, le temps nécessaire au déroulement du pré-test et de
l’expérimentation finale312.
312 Rappelons sur ce point que le pré-test s’est déroulé sur une durée de 1h30 ;; notre expérimentation finale ne devant pas quant à elle excéder ½ heure.
Conclusion générale 414
II.2. - Les limites d’ordre méthodologique
A l’instar du point précédent, trois remarques viennent limiter notre recherche
sur un plan méthodologique :
9 Le choix de deux marques "neutres" différentes peut avoir introduit un
léger biais au sein de notre protocole expérimental, les différents
groupes d’échantillons d’étudiants se différenciant sur ce point
puisque exposés à l’une ou l’autre des annonces neutres ;;
9 La mesure de l’implication dans la catégorie de produit au sein du
premier questionnaire et donc de manière préalable à l’exposition
publicitaire peut avoir quelque peu avivé l’intérêt de l’individu pour les
différentes catégories de produit étudiées. Une solution possible aurait
pu consister à mélanger des items d’implication produit pour une
classe testée à des items mesurant l’implication de l’individu pour une
catégorie de produit non étudiée. Précisons néanmoins que ce choix,
si retenu, aurait considérablement "alourdi" le questionnaire pré-
exposition, qui, rappelons-le, intègre en addition aux 48 items
d’implication-produit (12 items pour l’échelle et 4 classes de produit)
un ensemble d’items relatifs à des caractéristiques psychologiques et
socio-démographiques de l’individu (confiance en soi, besoin de
cognition, sexe, âge, etc.) ;
9 Comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises et révélé par les
coefficients de régression très élevés obtenus entre Cad et Aad, notre
choix d’opérationalisation de l’attitude envers l’annonce pourrait être
sujet à interrogations. En effet, il semble que la mise en oeuvre
consistant à évaluer de manière affective chaque élément contenu dans
l’annonce et ayant trait soit au message, soit à l’exécution, ait conduit à
Conclusion générale 415
une proximité arbitraire et à une absence de discrimination des
concepts de croyances publicitaires et d’attitude envers l’annonce. A
ce niveau de désagrégation probablement trop élevé, pourrait être
préféré une mise en oeuvre de Aad par 2 items d’ordre affectif évaluant
respectivement le message et l’exécution de l’annonce. Ce choix qui
semble préférable d’un point de vue théorique n’est pas sans souligner
certaines difficultés d’ordre méthodologique, les équations
structurelles par estimation du maximum de vraisemblance
n’autorisant pas en effet la validation d’un construit (variable latente)
reflétée par deux indicateurs (items).
Conclusion générale 416
III - QUEL AVENIR POUR L’ÉTUDE DE LA CONFIANCE EN PERSUASION ?
Cette contribution doctorale constitue, comme nous l’avons souligné à plusieurs
reprises, une première contribution dans le domaine de l’étude de la confiance en soi au
sein des processus de persuasion publicitaire. Pour cette raison, de nombreuses voies
d’investigation potentielle demeurent inexplorées et méritent, pour leurs implications
théoriques, conceptuelles et managériales des recherches futures. De manière
schématique, trois directions possibles peuvent être poursuivies :
9 Etudier l’influence du stimulus publicitaire nécessite que l’on s’interroge
sur les critères permettant de discrimer les annonces entre elles. En
addition à la nature même du produit communiqué, la nature de
l’annonce appréhendée selon son caractère "factuel" versus "évaluatif"
pourrait expliquer des processus alternatifs d’impact de la composante
situationnelle de la confiance en soi. Etudier si des différences de
niveau de certitude dans les évaluations publicitaires peuvent résulter
de l’influence de la nature de l’annonce peut s’avérer pertinent au
regard de l’influence démontrée que cette variable peut exercer au sein
des processus de persuasion. Il a en effet été montré que pour certains
individus, l’information “factuelle” est plus persuasive que
l’information “évaluative” (Holbrook, 1978 ;; Shimp et Preston, 1981).
9 En suivant la même démarche que celle que nous avons opérée et en
inscrivant une expérimentation au sein d’un protocole expérimental de
type pré-test publicitaire, une réflexion peut être menée sur la
modélisation de l’influence de la confiance en soi dans le cas de
marques connues des consommateurs ;; l’existence d’une attitude
envers la marque et de croyances-produit préalablement à l’exposition
publicitaire nécessite de s’interroger précisément sur la façon dont la
confiance associée à ces deux médiateurs ainsi que la confiance
Conclusion générale 417
globale dans la marque (liée à la satisfaction procurée par une
expérience positive avec le produit) peuvent venir influencer des
niveaux de certitude associés aux variables d’efficacité publicitaire.
Dans ce cas, le chercheur doit s’attacher, en plus d’une étude de la
prédictivité potentielle des construits mobilisés à comprendre
précisément les phénomènes de résistance dans le domaine du
changement d’attitude. Signalons sur ce point que très peu de travaux
en communication persuasive se sont en effet concentrés sur les
processus psychologiques conduisant à la résistance à l’exception de
certaines contributions offertes par Eagly et Chaiken (1995),
Pomerantz, Chaiken et Tordesillas (1995) ou encore par Chaiken,
Giner-Sorolla et Chen (1996). Point fondamental de la problématique
de la prédictivité des attitudes, le postulat de résistance fonde de
nombreux cadres théoriques servant de référence en communication
persuasive et établissant à l’instar du modèle ELM ou du modèle
"systématique/heuristique" que le processus de changement d’attitude
conditionne la résistance ou la persistance de l’attitude formée, ces
deux conditions menant in fine à une forte prédictivité des attitudes.
Ainsi, il ne semble pas suffisant de juger de l'efficacité de traitements
expérimentaux ou de campagnes publicitaires seulement par le
montant de changement d'attitude qu'elles produisent. De manière
schématique et à titre d’exemple pratique, à une campagne A
produisant 6 unités de changement d'attitude qui décline rapidement
peut être préférée une campagne B ne produisant que 2 unités de
changement qui persistent au cours du temps.En conséquence, étudier
le rôle que la confiance préalable exerce au sein des phénomènes de
résistance des attitudes sous influence du stimulus publicitaire constitue
Conclusion générale 418
une voie d’investigation possible et contribuant à une meilleure
compréhension de la prédictivité des attitudes.
9 Appréhender la notion de "force" d’une évaluation par un niveau de
certitude ou de confiance associés à l’objet constitue l’une des mises
en oeuvre possibles du construit. Le construit de force pouvant
cependant être reflété par d’autres caractéristiques, une
conceptualisation plus globale de ce concept reflété313 en conséquence
par des indicateurs d’extrémité, de consistance cognitive-affective, de
certitude et d’importance pourrait constituer une manière intéressante
d’étudier l’influence du stimulus publicitaire sur la force d’une attitude.
Pourraient ainsi être mis en exergue les postulats fondateurs de Petty
et Cacioppo (1981, 1986) de Chaiken (1980) ou de MacInnis et
Jaworski (1989) en abordant le concept de force, non pas de manière
partielle, mais dans une vision plus globale. L’absence de convergence
des chercheurs relative à ce que recouvre la notion de force d’une
croyance ou d’une attitude (s’agit-il de la polarisation de l’évaluation,
de son accessibilité, du niveau de confiance associé, de son
importance, etc. ?) pourrait ainsi être levée en considérant qu’une
attitude forte doit posséder l’ensemble de ces caractéristiques
attitudinales.
Une telle mise en oeuvre du concept de "force de l’évaluation"
pourrait en outre permettre au chercheur d’apprécier l’importance
respective de ces différentes caractéristiques au sein des processus de
formation et/ou de changement de l’attitude envers la marque sous
influence publicitaire.
313 D’un point de vue méthodologique, une variable latente reflétée par des items représentant les différentes caractéristiques de force pourrait ainsi être créée.
Conclusion générale 419
L’intégration de la confiance en soi au sein des processus de persuasion nous a
ainsi notamment permis, en adoptant une vision étendue du concept d’attitude par la
prise en compte de l’une de ses dimensions non évaluatives, de rendre compte de la
réalité de la communication persuasive et de son efficacité en mettant en lumière
différentes modalités d’impact du stimulus publicitaire en fonction du degré de
conviction d’un individu dans ses réponses concernant la communication persuasive.
Les différents résultats mis en lumière par cette contribution doctorale nous permettent
ainsi de conclure que la prise en compte de la confiance en soi améliore le pouvoir
explicatif des modèles de persuasion.
Bibliographie 420
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Annexes 453
ANNEXE N°1 : QUESTIONNAIRE EXPERIMENTAL PRÉ-EXPOSITION Code anonyme : Age : --------- ans Sexe : Masculin Féminin Niveau d’études : Bac +1 Bac +2 Je vis chez mes parents : oui non Pour nous aider à mieux vous connaître, voici des affirmations d’ordre général vous concernant. Répondez le plus spontanément possible en entourant le chiffre qui traduit le mieux votre opinion compte tenu de la signification reportée en haut du tableau. Cela ne me dérange pas d’entrer dans une pièce
où se trouvent des gens en train de discuter.
1
2
3
4
5
6
7
J’aime prendre en charge des situations nécessitant beaucoup de réflexion.
1
2
3
4
5
6
7
Je me sens totalement capable de réfléchir rapidement.
1
2
3
4
5
6
7
Dans des discussions de groupe, je pense souvent que mes opinions sont inférieures à
celles des autres.
1
2
3
4
5
6
7
J’éprouve de la satisfaction à réfléchir intensément et pendant des heures.
1
2
3
4
5
6
7
Je n’ai pas l’impression d’être vif d’esprit 1 2 3 4 5 6 7
Je crains souvent que mes réactions aient pour conséquence de donner aux gens une mauvaise
opinion de moi.
1
2
3
4
5
6
7
J’aime beaucoup faire une tâche qui implique la découverte de nouvelles solutions à des
problèmes.
1
2
3
4
5
6
7
Lorsque l’on me donne un argument, je repère tout de suite sa faiblesse.
1
2
3
4
5
6
7
Je ne manque pas du tout de confiance en moi. 1 2 3 4 5 6 7
Je préfère les problèmes complexes aux problèmes simples.
1
2
3
4
5
6
7
Je suis capable de résoudre rapidement énigmes et puzzles.
1
2
3
4
5
6
7
Je réfléchis souvent sur des questions même lorsqu’elles ne me concernent pas
particulièrement
1
2
3
4
5
6
7
pas du tout d’accord
pas d’accord
un peu en désaccord
ni d’accord ni pas
d’accord un peu d’accord d’accord
tout à fait d’accord
Annexes 454
Voici à présent une série d’affirmations concernant les pizzas en général. Indiquez-nous votre degré d’accord ou de désaccord avec chacune des propositions ci-dessous en entourant le chiffre qui traduit le mieux votre opinion.
Pour moi, les pizzas, c’est un peu un plaisir 1 2 3 4 5 6 7
La pizza qu’on achète dit un peu qui on est. 1 2 3 4 5 6 7
Si après avoir acheté une pizza, mon choix se révélait mauvais, cela m’ennuierait énormément.
1
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Quand on achète une pizza, on ne sait jamais si c’est celle-là qu’il fallait acheter.
1
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Les pizzas, c’est un sujet qui me laisse totalement indifférent.
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On peut se faire une idée de quelqu’un à la pizza qu’il choisit.
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On peut dire que les pizzas, ça m’intéresse. 1 2 3 4 5 6 7
Quand je suis devant un rayon de pizzas, je me sens toujours un peu désorienté(e) pour choisir.
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Quand on achète une pizza, on n’est jamais certain de son choix.
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7
La pizza que j’achète reflète un peu qui je suis. 1 2 3 4 5 6 7
C’est très ennuyeux d’acheter une pizza qui ne convient pas.
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7
Quand on choisit une pizza, ce n’est pas grave si on se trompe.
1
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[ Notre recherche portant sur 4 catégories de produit (les pizzas pré-emballées, les liquide-vaisselle,
les matelas et les barres chocolatées), le questionnaire pré-exposition comporte également 36 autres items
reflétant l’implication-produit pour les trois autres classes de produit étudiées. Par souci de synthèse, nous ne
faisons pas figurer les trois autres tableaux d’items.]
pas du tout d’accord
pas d’accord
un peu en désaccord
ni d’accord ni pas
d’accord un peu d’accord d’accord
tout à fait d’accord
Annexes 455
ANNEXE N°2 : QUESTIONNAIRE EXPERIMENTAL POST-EXPOSITION314
Vous venez de voir une publicité pour les pizzas "RISTORANTE". En supposiant que vous deviez acheter prochainement une pizza pré-emballée, dans quelle mesure pensez-vous que vous choisiriez cette marque, c’est à dire la marque "RISTORANTE" ? Le chiffre 1 signifie que vous n’êtes pas du tout certain de le faire, le chiffre 7, que vous être tout à fait certain de le faire. Les chiffres intermédiaires servent à nuancer votre jugement. Pas du tout certain 1 2 3 4 5 6 7 Tout à fait certain (d’acheter une pizza "Ristorante")
Nous souhaitons à présent connaître votre avis sur la marque "RISTORANTE". Veuillez-entourer le chiffre qui traduit le mieux votre opinion. Les différents chiffres intermédiaires vous permettent de nuancer votre réponse. Mon opinion vis-à-vis de la marque "RISTORANTE" est :
Négative 1 2 3 4 5 6 7 Positive Je n’apprécie pas du tout cette marque 1 2 3 4 5 6 7 J’apprécie beaucoup cette marque "Ristorante" est une mauvaise "Ristorante" est une bonne marque marque de pizzas 1 2 3 4 5 6 7 de pizzas Vous venez de nous donner vore opinion sur la marque "RISTORANTE". A présent, indiquez-nous vore degré d’accord ou de désaccord avec les affirmations suivantes en entourant le chiffre qui traduit le mieux votre avis compte tenu de la signification reportée en haut du tableau. Mon avis sur la marque "Ristorante" est très clair. 1 2 3 4 5 6 7
Je ne suis pas certain(e) de mes réponses aux questions sur la marque "Ristorante".
1 2 3 4 5 6 7
Si je devais de nouveau répondre à des questions sur la marque "Ristorante", mes réponses seraient
exactement les mêmes.
1
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Je suis confiant (e) dans mes réponses sur la marque "Ristorante".
1 2 3 4 5 6 7
314 Afin de ne pas surcharger la présentation de ce questionnaire et dans la mesure où les items sont identiques d’une annonce à l’autre (sauf pour les croyances-produit), nous ne présenterons ici que le questionnaire complet post-exposition concernant l’annonce pour les pizzas "RISTORANTE".
pas du tout d’accord
pas d’accord
un peu en désaccord
ni d’accord ni pas
d’accord un peu d’accord d’accord
tout à fait d’accord
Annexes 456
A présent, nous aimerions avoir votre avis non plus sur la marque "Ristorante" mais sur la publicité pour cette pizza. Voici donc une série d’affirmations qui concernent cette publicité. Il vous suffit, pour répondre, d’entourer le chiffre qui reflète le mieux vore opinion.
J’ai apprécié les informations portant sur le produit.
1 2 3 4 5 6 7
J’ai aimé l’atmosphère de la publicité. 1 2 3 4 5 6 7
J’ai aimé les arguments employés pour le slogan. 1 2 3 4 5 6 7
J’ai apprécié le message de cette annonce. 1 2 3 4 5 6 7
J’ai apprécié le rythme de l’histoire. 1 2 3 4 5 6 7
Je n’ai pas aimé le scénario. 1 2 3 4 5 6 7
J’ai apprécié les personnages de cette publicité. 1 2 3 4 5 6 7
Vous venez de nous donner votre avis sur cette publicité. A présent, indiquez-nous vore degré d’accord ou de désaccord avec les affirmations suivantes en entourant le chiffre qui traduit le mieux votre avis compte tenu de la signification reportée en haut du tableau.
Je ne suis pas certain(e) de mes réponses aux questions sur la publicité "Ristorante".
1 2 3 4 5 6 7
Mon avis sur la publicité "Ristorante" est très clair. 1 2 3 4 5 6 7
Je suis confiant (e) dans mes réponses sur la publicité "Ristorante".
1 2 3 4 5 6 7
Si je devais de nouveau répondre à des questions sur la publicité "Ristorante", mes réponses seraient
exactement les mêmes.
1
2
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6
7
A présent, concernant toujours cette publicité, nous vous demandons de juger les différents éléments comme la couleur, les personnages, etc. Pour ce faire, nous vous demandons de bien vouloir entourer le chiffre qui correspond le mieux à votre opinion. Par exemple, si l’on vous demande de juger la durée de la publicité sur le critère :
"trop courte 1 2 3 4 5 6 7 trop longue" le chiffre 1 signifie que vous la trouvez trop courte, le chiffre 7 que vous l’estimez trop longue, les chiffres intermédiaires permettant de nuancer votre réponse. - Les informations sur le produit : en nombre insuffisant 1 2 3 4 5 6 7 en nombre suffisant
- Le rythme de la publicité : pas entraînant 1 2 3 4 5 6 7 entraînant
- le message de cette publicité : séduisant 1 2 3 4 5 6 7 pas séduisant
- Le scénario : pas original 1 2 3 4 5 6 7 original
- les arguments employés : faibles 1 2 3 4 5 6 7 forts
- Les personnages de cette publicité : pas attirants 1 2 3 4 5 6 7 attirants
- l’atmosphère : désagrable 1 2 3 4 5 6 7 agréable
pas du tout d’accord
pas du tout d’accord
pas d’accord
pas d’accord
un peu en désaccord
un peu en désaccord
ni d’accord ni pas
d’accord
ni d’accord ni pas
d’accord
un peu d’accord
un peu d’accord
d’accord
d’accord
tout à fait d’accord
tout à fait d’accord
Annexes 457
Vous venez de nous donner votre avis sur les différents éléments de la publicité "Ristorante" comme la couleur, les personnages. A présent, indiquez-nous vore degré d’accord ou de désaccord avec les affirmations suivantes en entourant le chiffre qui traduit le mieux votre avis compte tenu de la signification reportée en haut du tableau.
Je ne suis pas certain(e) de mes réponses aux questions sur les éléments de la publicité
"Ristorante".
1
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7
Si je devais de nouveau répondre à des questions sur les différents éléments de la publicité
"Ristorante", mes réponses seraient exactement les mêmes.
1
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5
6
7
Mon avis sur les différents éléments de la publicité "Ristorante" est très clair.
1 2 3 4 5 6 7
Je suis confiant (e) dans mes réponses sur les éléments de la publicité "Ristorante".
1 2 3 4 5 6 7
Nous aimerions à présent connaître votre avis sur le produit de cette publicité : les pizzas "Ristorante". Indiquez-nous dans quelle mesure vous pensez que ces pizzas possèdent les différentes caractéristiques énoncées en entourant le chiffre qui reflète le mieux votre opinion, compte tenu de la signification reportée en haut du tableau. Les cases intermédiaires servent à nuancer votre réponse. Pour moi,
Les pizzas "Ristorante" sont appétissantes. 1 2 3 4 5 6 7
Ces pizzas ont l’air aussi bonnes qu’au restaurant. 1 2 3 4 5 6 7
Ce sont des pizzas à déguster entre amis. 1 2 3 4 5 6 7
Ces pizzas sont copieures. 1 2 3 4 5 6 7
Ce sont des pizzas différentes des autres pizzas. 1 2 3 4 5 6 7
Ces pizzas sont riches en ingrédients de qualité. 1 2 3 4 5 6 7
Les pizzas "Ristorante" ne suivent pas du tout la tradition italienne.
1 2 3 4 5 6 7
Ces pizzas ne sont pas croustillantes. 1 2 3 4 5 6 7
Les pizzas "Ristorante" sont des pizzas industrielles.
1 2 3 4 5 6 7
Ce sont des pizzas de référence. 1 2 3 4 5 6 7
pas du tout d’accord
très improbable
pas d’accord
un peu en désaccord
ni d’accord ni pas
d’accord un peu d’accord d’accord
tout à fait d’accord
très probable
Annexes 458
Vous venez de nous donner votre avis sur les pizzas "Ristorante". A présent, indiquez-nous vore degré d’accord ou de désaccord avec les affirmations suivantes en entourant le chiffre qui traduit le mieux votre avis compte tenu de la signification reportée en haut du tableau.
Je suis confiant (e) dans mes réponses sur les pizzas "Ristorante".
1 2 3 4 5 6 7
Je ne suis pas certain(e) de mes réponses aux questions sur les pizzas "Ristorante".
1
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Si je devais de nouveau répondre à des questions sur les pizzas "Ristorante", mes réponses seraient
exactement les mêmes.
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Mon avis sur les pizzas "Ristorante" est très clair. 1 2 3 4 5 6 7
Revenons quelques instants sur la publicité que vous venez de voir pour les pizzas "Ristorante". Nous aimerions savoir dans quelle mesure vous avez fait attention ou vous avez été attiré(e) par les différents éléments de cette publicité. Pour cela, il vous suffit d’entourer le chiffre qui traduit le mieux votre opinion. N’oubliez pas que les cases intermédiaires vous permettent de nuancer votre opinion !
Les informations portant sur le produit. 1 2 3 4 5 6 7
Le rythme de l’bistoire. 1 2 3 4 5 6 7
Le message de cette publicité. 1 2 3 4 5 6 7
Le scénario. 1 2 3 4 5 6 7
Les arguments employés pour le slogan. 1 2 3 4 5 6 7
L’atmosphère de la publicité. 1 2 3 4 5 6 7
Les personnages de cette publicité. 1 2 3 4 5 6 7
L’écran de publicités que vous venez de voir était précédé du Capital portant sur les restaurants "Planet’ Hollywood". Nous souhaitons connaître votre opinion sur ce programme.
J’ai été intéressé(e) par cette émission. 1 2 3 4 5 6 7
Le thème développé dans ce "Capital" n’est pas important.
1 2 3 4 5 6 7
Les restaurants "Planet-Hollywood", c’est un sujet qui me laisse totalement indifférent.
1 2 3 4 5 6 7
Cela m’a fait plaisir de voir ce programme. 1 2 3 4 5 6 7
pas du tout d’accord
pas du tout attention ou pas du
tout attiré(e)
pas du tout d’accord
pas d’accord
pas d’accord
un peu en désaccord
un peu en désaccord
ni d’accord ni pas
d’accord
ni d’accord ni pas
d’accord
un peu d’accord
un peu d’accord
d’accord
d’accord
tout à fait d’accord
très attention ou très
attiré(e)
tout à fait d’accord
Liste des tableaux 459
Tableau i1 : Investissements publicitaires au sein des cinq grands médias ..... 1
Tableau I.1. : Alternatives de résolution de problème proposées par Howard
et Sheth (1969) ................................................................................... 17
Tableau I.2. : Quelques exemples de modèles hiérarchiques
(inspiré de Barry, 1987) ..................................................................... 23
Tableau I.3. : Synthèse des corrélations entre attitudes- intentions et intentions-
comportement .................................................................................... 35
Tableau II.1. : Alternative à la séquence cognitif-affectif-conatif
(inspiré de Ray et al., 1973) .............................................................. 46
Tableau II.2. : Liste non exhaustive de déterminants du degré d'élaboration .... 48
Tableau II.3. : Typologie des réactions affectives (Derbaix et Pham, 1989) ...... 57
Tableau II.4. : Un ensemble de définitions offertes au construit d'implication
(inspiré de Andrews, Durvasala et Akhter, 1990) ......................... 78
Tableau III.1. : Principales recherches associées aux deux conceptualisations
majeures de la notion de confiance ............................................... 109
Tableau III.2. : La structure du concept de force .................................................... 115
Tableau III.3. : Nature de la corrélation (sens et intensité) obtenue entre les
dimensions attitudinales non évaluatives ....................................... 117
Tableau III.4. : Force de la relation attitude-comportement selon la
nature du comportement et la force de
l'attitude (Smith et Swinyard, 1983) ...................................................... 133
Tableau IV.1. : Les caractéristiques de force d’une attitude : synthèse des
définitions, des mises en oeuvre et méthodologies associées ...... 149
Tableau IV.2. : Alternatives de formation de Ab dans un contexte de persuasion
publicitaire .......................................................................................... 168
Tableau IV.3. : Caractéristiques du traitement de l’annonce en fonction de
l’intensité, de l’objet et de la nature de l’implication ..................... 171
Tableau IV.4. : Synthèse des acquis et des zones d’ombre relatifs à l’étude des
processus de persuasion publicitaire ............................................... 187
Tableau IV.5. : Synthèse générale sur les routes de persuasion ............................. 207
Tableau IV.6. : Synthèse des hypothèses de recherche ........................................... 216
Liste des tableaux 460
Tableau V.1. : Opérationalisations de la confiance dans un médiateur de
persuasion ........................................................................................... 230
Tableau V.2. : Synthèse sur l’opérationalisation des construits mobilisés par
cette recherche ................................................................................... 242
Tableau V.3. : Caractéristiques des quatre annonces choisies .............................. 248
Tableau V.4. : Composition de l’échantillon ........................................................... 257
Tableau V.5. : Avantages et inconvénients des quatre modélisations d’un
construit psychologique (inspiré de Bagozzi et
Heatherton, 1994) ............................................................................ 269
Tableau V.6. : Critères statistiques de détermination des intervalles de valeurs
d’une variable .................................................................................... 274
Tableau V.7. : Les indices de validation d’un modèle d’équations
structurelles ........................................................................................ 277
Tableau V.8. : Indices retenus dans cette recherche .............................................. 280
Tableau VII.1. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de
confiance en soi, trait de personnalité durable ............................. 291
Tableau VII.2. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de
confiance en soi ................................................................................. 292
Tableau VII.3. : Indices de qualité du modèle de mesure de la confiance en soi .. 293
Tableau VII.4. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
de besoin de cognition ...................................................................... 294
Tableau VII.5. : Indices de qualité du modèle de mesure du besoin de
cognition ............................................................................................ 295
Tableau VII.6. : Analyse de régression entre les items d’intérêt et de plaisir de
l’implication dans le programme préalable .................................... 296
Tableau VII.7. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
d’implication dans le programme préalable ................................... 297
Tableau VII.8. : Indices de qualité du modèle de mesure de l’implication dans le
programme préalable ........................................................................ 298
Tableau VII.9. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle
d’implication dans la catégorie de produit ..................................... 299
Liste des tableaux 461
Tableau VII.10. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle
d’implication/produit ....................................................................... 300
Tableau VII.11.: Indices de qualité du modèle de mesure de l’implication dans la
catégorie de produit .......................................................................... 301
Tableau VII.12.: Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
de confiance dans une évaluation (tous objets confondus) ......... 302
Tableau VII.13.: Indices de qualité du modèle de mesure de la confiance dans
une évaluation (tous objets confondus) ........................................ 303
Tableau VII.14. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
de confiance dans l’attitude envers la marque ............................... 304
Tableau VII.15. : Indices de qualité du modèle de mesure de la confiance dans
Ab ........................................................................................................ 304
Tableau VII.16. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
de confiance dans l’attitude envers l’annonce ............................... 305
Tableau VII.17. : Indices de qualité du modèle de mesure de la confiance dans
Aad ....................................................................................................... 306
Tableau VII.18 : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
de confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce ............... 307
Tableau VII.19. : Indices de qualité du modèle de mesure de la confiance dans
Cad ....................................................................................................... 307
Tableau VII.20. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
de confiance dans les croyances -produit ....................................... 308
Tableau VII.21. : Indices de qualité du modèle de mesure de la confiance dans
Cb ........................................................................................................ 308
Tableau VII.22. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle
d’implication publicitaire ................................................................. 310
Tableau VII.23. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle
d’implication publicitaire .................................................................. 311
Tableau VII.24. : Indices de qualité du modèle de mesure de l’implication
publicitaire ......................................................................................... 312
Tableau VII.25. : Structure factorielle, fiabilité et validité convergente de l’échelle
d’attitude envers la marque (Ab) ...................................................... 313
Liste des tableaux 462
Tableau VII.26. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle d’attitude
envers l’annonce ............................................................................... 314
Tableau VII.27. : Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle
d’attitude envers l’annonce ............................................................... 315
Tableau VII.28. : Indices de qualité du modèle de mesure de Aad ........................... 316
Tableau VII.29. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de
croyances à l’égard de l’annonce .................................................... 318
Tableau VII.30.: Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de
croyances à l’égard de l’annonce...................................................... 319
Tableau VII.31. : Indices de qualité du modèle de mesure de Cad ........................... 321
Tableau VII.32. : Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de croyances
à l’égard du matelas "BEKA" ......................................................... 321
Tableau VII.33.: Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de
croyances à l’égard du matelas "BEKA" ........................................ 322
Tableau VII.34.: Indices de qualité du modèle de mesure des croyances à
l’égard du matelas "BEKA" ............................................................. 323
Tableau VII.35.: Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de croyances
à l’égard des pizzas "RISTORANTE" .......................................... 324
Tableau VII.36.: Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de
croyances à l’égard des pizzas "RISTORANTE" ......................... 325
Tableau VII.37.: Indices de qualité du modèle de mesure des croyances à l’égard
des pizzas "RISTORANTE" .......................................................... 326
Tableau VII.38.: Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de croyances
à l’égard du liquide-vaisselle "DREFT" ........................................ 327
Tableau VII.39.: Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de
croyances à l’égard du liquide-vaisselle "DREFT" ....................... 328
Tableau VII.40. : Indices de qualité du modèle de mesure des croyances à l’égard
du liquide-vaisselle "DREFT" ........................................................ 329
Tableau VII.41.: Corrélations entre facteurs et contributions : échelle de croyances
à l’égard des barres chocolatées "CHA-CHA" ............................. 329
Tableau VII.42.: Structure factorielle, fiabilité et validité de trait de l’échelle de
croyances à l’égard de la barre chocolatée "CHA-CHA" ............. 330
Liste des tableaux 463
Tableau VII.43.: Indices de qualité du modèle de mesure des croyances à l’égard
des barres chocolatées "CHA-CHA" .............................................. 331
Tableau VII.44. : Composition des échelles définitives ............................................. 332
Tableau VIII.1. : Résultats de l’influence de la composante durable sur la
composante situationnelle ............................................................... 333
Tableau VIII.2.: Corrélations entre aspect évaluatif et aspect non évaluatif
d’une variable d’efficacité publicitaire ............................................. 339
Tableau VIII.3. : Résultats relatifs à l’existence d’une relation directe entre
Aad et Ib ................................................................................................ 342
Tableau VIII.4. : Résultats relatifs à la qualité de l’articulation, au sein d’un modèle
général de persuasion, entre les composantes évaluatives des
variables d’efficacité publicitaire ...................................................... 344
Tableau VIII.5. : Relations de causalité entre construits latents du modèle général
de persuasion...................................................................................... 346
Tableau VIII.6. : Coefficients de régression moyens .................................................. 351
Tableau VIII.7. : Corrélation entre la confiance en soi durable et le besoin de
cognition ............................................................................................. 351
Tableau VIII.8. : Indicateurs globaux du modèle d’influence de l’implication
publicitaire sur la confiance dans les médiateurs de persuasion . 355
Tableau VIII.9. : Résultats relatifs aux hypothèses d’influence de l’objet de
l’implication publicitaire sur la nature de la variable de
confiance ............................................................................................. 356
Tableau VIII.10. : Indicateurs globaux du modèle relatif à l’articulation des variables
de confiance ....................................................................................... 360
Tableau VIII.11.: Résultats relatifs à l’articulation entre aspects non évaluatifs des
médiateurs de persuasion toutes annonces confondues .............. 361
Tableau VIII.12.: Résultats relatifs à l’articulation entre aspects non évaluatifs des
médiateurs de persuasion par groupe d’implication publicitaire
(objet et intensité) .............................................................................. 363
Tableau VIII.13.: Valeurs de la médiane de la distribution de la somme des items
de confiance dans quatre variables intermédiaires d’efficacité .... 368
Liste des tableaux 464
Tableau VIII.14.: Indicateurs globaux concernant l’influence modératrice de la
confiance dans les croyances-produit ............................................. 369
Tableau VIII.15.: Indicateurs globaux concernant l’influence modératrice de la
confiance dans les croyances à l’égard de l’annonce ..................... 371
Tableau VIII.16.: Indicateurs globaux concernant l’influence modératrice de la
confiance dans Aad ............................................................................. 371
Tableau VIII.17.: Indicateurs globaux concernant l’influence modératrice de la
confiance dans Ab .............................................................................. 372
Tableau VIII.18.: Résultats relatifs à l’influence de la confiance dans les croyances
à l’égard de l’annonce sur l’intensité des relations de causalité
entre les variables endogènes d’un modèle général
de persuasion...................................................................................... 374
Tableau VIII.19.: Influence de la confiance dans les croyances publicitaires sur
l’attitude envers l’annonce ................................................................ 374
Tableau VIII.20.: Résultats relatifs à l’influence de la confiance dans Aad sur la
contribution de Aad à l’explication de la formation des croyances
produit................................................................................................. 375
Tableau VIII.21.: Influence de la confiance dans Aad sur les croyances-produit ..... 375
Tableau VIII.22. : Résultats relatifs au processus de formation de Ab en fonction
de la confiance dans les croyances-produit et de la confiance
dans Aad ............................................................................................... 376
Tableau VIII.23. - Influence de la confiance dans les croyances-produit sur les
niveaux moyens de Ab ...................................................................... 377
Tableau VIII.24. - Influence de la confiance dans Aad sur les niveaux moyens
de Ab .................................................................................................... 377
Tableau VIII.25. : Résultats relatifs à l’explication de Ib .............................................. 378
Tableau VIII.26. : Influence de la confiance dans Aad sur les niveaux moyens de
Ib .......................................................................................................... 379
Tableau VIII.27. : Influence de la confiance dans Ab sur les niveaux moyens de
Ib .......................................................................................................... 379
Tableau VIII.28. : Résultat relatifs à l’influence de la confiance dans Ab sur Ib en
fonction de l’intensité et de l’objet de l’implication publicitaire . 381
Liste des tableaux 465
Tableau VIII.29. : Effectifs des profils psychologiques non retenus ......................... 382
Tableau VIII.30. : Les entités mathématiques nécessaires pour comparer deux
moyennes ............................................................................................ 383
Tableau VIII.31. : Indices statistiques pour le profil psychologique n°1 ................... 385
Tableau VIII.32. : Valeurs de l’entité mathématique C pour le profil psychologique
n°1 ...................................................................................................... 386
Tableau VIII.33. : Indices statistiques pour le profil psychologique n°2 ................... 387
Tableau VIII.34. : Valeurs de l’entité mathématique C pour le profil psychologique
n°2 ...................................................................................................... 388
Tableau VIII.35. : Moyennes corrigées d’implication publicitaire pour les profils
psychologiques n°1 et n°2 ............................................................... 389
Tableau VIII.36. : Synthèse de la validation des hypothèses de recherche ............... 394
Tableau c1 : Bref panorama des systèmes de pré-tests publicitaires ............... 406
Liste des figures 466
Figure I.1. : Version simplifiée du modèle de Nicosia (1966) ......................... 15
Figure I.2. : Version simplifiée du modèle d'Engel, Kollat et
Blackwell (1978) ............................................................................... 16
Figure I.3. : Version simplifiée du modèle de Howard et Sheth (1969) ......... 18
Figure I.4. : Version simplifiée d'un modèle général de comportement du
consommateur (Howard, 1994) .................................................... 20
Figure I.5. : Formalisation de la médiation de la phase d’acceptation ........... 25
Figure I.6. : Le modèle de réponse cognitive ..................................................... 26
Figure I.7. : Le modèle de structure cognitive (Olson et Dover, 1978) ......... 30
Figure I.8. : Le modèle étendu de Fishbein ...................................................... 36
Figure I.9. : Le modèle unifié de "réponse/structure" cognitive
(Lutz et Swazy, 1977) ....................................................................... 39
Figure I.10. : Une approche combinée de formation de l'attitude .................... 39
Figure II.1. : Le modèle ELM de Petty et Cacioppo (1986) .............................. 50
Figure II.2. : Représentation du continuum de confiance ..................................... 51
Figure II.3. : Les antécédents de Aad (Lutz, MacKenzie et Belch, 1983) .......... 60
Figure II.4. : Modèle partiel de MacKenzie et Lutz (1989) ................................ 61
Figure II.5. : Le modèle de médiation duale de Lutz (1985) .............................. 68
Figure II.6. : Hypothèse de médiation duale modifiée par Miniard
et al. (1990) ......................................................................................... 68
Figure II.7. : Caractéristiques de la situation d'exposition et processus de
persuasion (Lutz, 1985) ................................................................... 69
Figure II.8. : La contribution de Lutz, MacKenzie et Belch (1983) ................. 71
Figure II.9. : Le rôle de MCO dans le processus de persuasion (adapté de
MacInnis et Jaworski (1989) et de MacInnis, Moorman et
Jaworski (1991)) ................................................................................. 86
Figure III.1. : Le modèle de Fazio (1990, p.84) ..................................................... 111
Figure III.2. : Modèle intégré de réponse à l’information (Smith et Swinyard,
1982) .................................................................................................... 133
Figure IV.1. : Etapes de formation de la confiance dans l’évaluation d’un objet
sous influence publicitaire ................................................................ 163
Liste des figures 467
Figure IV.2. : L’articulation au sein d’un modèle général des relations entre
variables d’efficacité dans un contexte de pré-test publicitaire :
sous-cadre conceptuel n°1 ............................................................... 166
Figure IV.3. : Routes de persuasion et implication publicitaire ........................... 171
Figure IV.4. : Formalisation du postulat fédérateur .............................................. 178
Figure IV.5. : Profils individuels théoriques en fonction de la confiance en soi
et le degré d’implication dans le programme préalable ................ 182
Figure IV.6. : Cadre conceptuel : Une formalisation des acquis théoriques
caractérisant l’étude des processus de formation de l’attitude
envers la marque dans un contexte de pré-test publicitaire ......... 186
Figure IV.7. : Articulation théorique entre aspects non évaluatifs de
confiance ............................................................................................. 194
Figure IV.8. : Modélisation générale reflétant le postulat d’influence de
l’implication publicitaire sur la confiance ....................................... 200
Figure V.1. : Degrés d’agrégation croissants d’un construit psychologique
(inspiré de Bagozzi et Heatherton, 1994) ....................................... 268
Figure VII.1. : Le paradigme de Churchill (1979) ou les étapes du
développement d’une échelle de mesure ........................................ 285
Figure VII.2. : Les étapes suivies pour valider les échelles de cette recherche
doctorale ............................................................................................. 287
Figure VIII.1. : Formalisation du processus de formation de Ab et de Ib ............ 350
Figure VIII.2. : Modélisation générale permettant de valider les hypothèses
relatives à l’influence de l’implication publicitaire sur la confiance
et les hypothèses relatives à l’articulation des composantes de
confiance ........................................................................................... 354
Table des matières I
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GÉNÉRALE ..................................................................................... 1
PREMIÈRE PARTIE - L’ATTITUDE ENVERS LA MARQUE, FORMATION ET
POUVOIR PRÉDICTIF : SYNTHÈSE DE LA LITTÉRATURE
CHAPITRE I - Le rôle central de l’attitude au sein de l’approche cognitive
de formation du comportement .............................................................................. 14
I - Fondements théoriques ....................................................................................... 14
I.1. - Synthèse des modèles intégrateurs de comportement du consommateur ... 14
I.2. - Apports et limites des modèles globaux ........................................................... 18
II - Modélisation de l’approche cognitive de formation de l’attitude
et de l’intention sous influence publicitaire ........................................................ 20
II.1. - Vision cognitive de compréhension des effets d’une communication
persuasive : l’approche hiérarchique de l’influence du stimulus publicitaire ........... 22
II.2. - Les limites aux modèles d’étapes ..................................................................... 23
III - Médiation de l’acceptation ............................................................................. 25
III.1. - Les modélisations proposées .......................................................................... 25
III.1.1. - Le modèle de réponse cognitive .................................................................. 26
III.1.1.1. - Postulats ....................................................................................................... 26
III.1.1.2. - Les catégories de réponses cognitives ..................................................... 27
III.1.1.3. - Validation de la théorie de la médiation des réponses cognitives ........ 28
III.1.2. - Le modèle de structure cognitive ................................................................ 29
III.1.2.1. - Théories relatives à la formation et/ou au changement de la structure
cognitive d’un individu : une domination nette de la contribution et des
postulats de Fishbein .................................................................................................... 30
III.1.2.2. - Modélisations de l’attitude et de l’intention ............................................ 32
III.1.2.3. - Validation de la théorie d’"attente-valeur" .............................................. 34
III.1.3. - Le modèle combiné de réponse/structure cognitive ............................... 38
Table des matières II
Synthèse du chapitre I .............................................................................................. 41
CHAPITRE II - Formalisation des processus de persuasion publicitaire :
vers une conception cognitive et affective de la formation d’une
évaluation favorable envers la marque ................................................................. 43
I - Vers une identification progressive de médiateurs cognitifs et affectifs
liés à l’annonce ............................................................................................................ 47
I.1. - La mise en évidence de "routes" de formation et/ou de changement
d’attitude ......................................................................................................................... 47
I.1.1. - Le modèle ELM de Petty et Cacioppo (1981) ............................................. 47
I.1.2. - Le modèle systématique/heuristique de Chaiken (1980) : une explication
d’ordre théorique à la formation des déterminants d’ordre motivationnels du
traitement de l’information .......................................................................................... 50
I.2. - L’identification des médiateurs cognitifs liés à l’annonce .............................. 53
I.3. - L’identification de l’attitude envers l’annonce (Aad) ou la reconnaissance par
les chercheurs d’un processus de nature affective .................................................... 56
I.3.1. - La notion d’affectif ........................................................................................... 56
I.3.2. - Clarification sémantique et structurelle de Aad.............................................. 52
I.3.3. - Mécanismes psychologiques sous-jacents ..................................................... 63
I.3.3.1. - L’adaptation de la théorie du conditionnement classique à l’approche
affective de la persuasion ............................................................................................. 63
I.3.3.2. - La théorie de l’effet d’exposition ................................................................. 64
I.3.3.3. - La conceptualisation de Aad en tant que croyance..................................... 65
II - Articulation des variables médiatrices des effets de la publicité sur
la variables d’efficacité Ab : la suprématie de l’hypothèse de médiation
duale dans un contexte de pré-test publicitaire .................................................... 67
III - Une mise à jour progressive des variables modératrices des mécanismes
de changement d’attitude .......................................................................................... 74
III.1. - Le concept d’implication ................................................................................. 75
Table des matières III
III.1.1. - Clarification sémantique ............................................................................... 76
III.1.2. - Rôle de l’implication dans un contexte de persuasion publicitaire :
la mise à jour de la nature "modératrice" de l’impact ............................................... 81
III.1.2.1. - Influence cognitive de l’implication ......................................................... 82
III.1.2.2. - La modération des processus de formation et/ou de changement
d’attitude ......................................................................................................................... 84
III.2. - Motivation, capacité, opportunité à traiter le message publicitaire :
les antécédents de l’implication publicitaire ............................................................... 86
III.2.1. - Motivation et processus de persuasion ....................................................... 87
III.2.2. - Capacité à traiter l’information et mécanismes de changement
d’attitude ........................................................................................................................ 88
III.2.3. - L’influence modératrice de l’opportunité de traiter l’annonce ................ 89
III.3. - Le rôle des variables "amont" ........................................................................ 91
III.3.1. - Le besoin de cognition .................................................................................. 91
III.3.1.1. - Clarification sémantique ............................................................................ 91
III.3.1.2. - Besoin cognitif et processus de persuasion ............................................ 92
III.3.2. - Le degré de connaissance préalable............................................................. 94
III.3.2.1. - Une absence de consensus structurel ...................................................... 95
III.3.2.2. - Degré de connaissance préalable et mécanismes de persuasion
publicitaire : nature des divergences relatives à son influence sur le
changement d’attitude ................................................................................................... 95
III.3.2.2.1. - Degré de connaissance préalable et intensité du traitement des
informations ................................................................................................................... 95
III.3.2.2.2. - Influence modératrice du degré de connaissance préalable ............... 96
III.3.3. - La distraction .................................................................................................. 98
III.3.4. - La nature du programme préalable ............................................................. 99
Synthèse du chapitre II ............................................................................................ 100
Table des matières IV
CHAPITRE III - Confiance en soi et persuasion .................................................... 102
Préambule : La confiance, un concept plutôt méconnu en comportement
du consommateur ......................................................................................................... 105
I - Clarification sémantique de la notion de confiance .................................... 106
I.1. - Relation avec le concept de soi .......................................................................... 106
I.2. - Confiance en soi globale et confiance en soi spécifique ................................ 107
II - La notion de force ............................................................................................... 110
II.1. - La mise en évidence d’un continuum de force .................................................. 110
II.2. - Origine des contributions sur le concept de "force" : la conception
de Fazio ......................................................................................................................... 111
II.3. - Structure du concept de force .......................................................................... 112
II.4. - Force et prédictivité ........................................................................................... 118
II.4.1. - L’accessibilité d’une attitude .......................................................................... 118
II.4.2. - La consistance cognitive-affective ................................................................ 120
II.4.3. - L’extrémité d’une attitude .............................................................................. 122
III - La notion de confiance en publicité ............................................................. 123
III.1. - Confiance dans les aspects évaluatifs des médiateurs d’efficacité et
mécanismes de changement d’attitude ....................................................................... 123
III.1.1. - Définitions et nature du construit de confiance dans une évaluation ... 117
III.1.2. - Les antécédents de la confiance dans un jugement ................................... 125
III.1.2.1. - Les variables individuelles ......................................................................... 126
III.1.2.2. - Les antécédents liés au stimulus ................................................................. 126
III.1.3. - Processus persuasif et confiance dans les réponses publicitaires ............ 127
III.1.3.1. - Influence cognitive de la confiance ......................................................... 128
III.1.3.2. - L’influence modératrice de la confiance ................................................. 131
III.1.3.3. - Influence de l’implication, de la répétition publicitaire et du besoin
de cognition sur la confiance dans les aspects évaluatifs des médiateurs de
persuasion ...................................................................................................................... 134
III.2. - La confiance en soi, trait de personnalité ..................................................... 138
III.2.1. - Clarification sémantique ............................................................................... 139
Table des matières V
III.2.2. - Les antécédents de la confiance en soi, trait de personnalité durable ... 133
III.2.3. - Confiance en soi générale et mécanismes de persuasion ........................ 141
III.2.3.1. - Nature de la relation entre la confiance en soi et l’acceptation du
message .......................................................................................................................... 141
III.2.3.2. - Le rôle de la distraction au sein de la relation entre la confiance en
soi et l’acceptation du message .................................................................................... 143
Synthèse du chapitre III .......................................................................................... 145
DEUXIÈME PARTIE - CONSIDÉRATIONS CONCEPTUELLES ET MÉTHODOLOGIQUES
RELATIVES A L’ÉTUDE DE LA CONFIANCE EN SOI AU SEIN DES PROCESSUS DE
PERSUASION PUBLICITAIRE
CHAPITRE IV - Conceptualisation ........................................................................ 148
I - Intérêt et objectifs de la recherche doctorale ................................................ 148
II - Cadre conceptuel ................................................................................................. 156
II.1. - La notion de confiance en persuasion............................................................. 156
II.1.1. - La similitude théorique entre le concept d’implication et celui
de confiance ................................................................................................................... 156
II.1.2. - Définitions, structure et nature ..................................................................... 157
II.1.3. - La relation entre la composante durable et la composante situationnelle
de la confiance : sens de l’influence ............................................................................ 161
II.1.4. - La confiance en publicité : un construit à la fois explicatif mais
aussi conditionné par les déterminants motivationnels à l’origine du mode
de persuasion ................................................................................................................. 161
II.2. - Etude des processus d’influence publicitaire ................................................. 163
II.2.1. - Articulation des relations entre variables intermédiaires d’efficacité ....... 164
II.2.1.1. - Un consensus autour de l’hypothèse de médiation duale ....................... 164
II.2.1.2. - La mise en évidence de 6 "routes" théoriques de persuasion ................ 168
II.2.2. - Confiance et mode de traitement publicitaire : les éléments théoriques
en faveur du double statut méthodologique de la confiance dans l’évaluation
Table des matières VI
globale (attitude) ou spécifique (cognitions) d’un objet (marque et annonce) au
sein du processus de formation de l’attitude envers la marque............................... 172
II.2.2.1. - Influence de l’implication publicitaire sur la confiance dans l’aspect
évaluatif des variables d’efficacité ............................................................................... 172
II.2.2.1.1. - L’implication publicitaire : une convergence académique sur son
statut conceptuel et sa contribution au sein des mécanismes de formation
et/ou de changement d’attitude .................................................................................. 172
II.2.2.1.2. - Relation entre l’implication publicitaire et la confiance dans l’aspect
évaluatif des médiateurs de persuasion....................................................................... 174
II.2.2.2. - La mise en évidence de l’influence théoriquement modératrice de
la "confiance dans l’évaluation" sur la nature de la route de persuasion
publicitaire ...................................................................................................................... 175
II.2.2.3. - Synthèse des deux points précédents : vers la formulation d’un postulat
fédérateur ....................................................................................................................... 177
II.2.3. - En amont des processus de persuasion ....................................................... 180
II.2.3.1. - La confiance en soi, trait de personnalité durable ................................... 180
II.2.3.1.1. - Confiance en soi et impact attitudinal d’une communication
publicitaire ...................................................................................................................... 180
II.2.3.1.2. - Nature de la confiance en soi et nature du processus de
persuasion ....................................................................................................................... 183
II.2.3.2. - Influence du besoin de cognition au sein des processus de
persuasion : une étude de profils psychologiques ..................................................... 183
II.2.3.3. - L’implication- produit ................................................................................. 184
II.3. - Acquis et voies d’investigation futures ........................................................... 185
III - Formulation des hypothèses de recherche ................................................. 190
III.1. - Les hypothèses préalables ............................................................................... 190
III.1.1. - Relation entre la confiance en soi, trait durable et la confiance dans
les évaluations publicitaires, aspect situationnel ........................................................ 190
III.1.2. - Le degré de dépendance entre la composante évaluative et la
composante non évaluative d’un médiateur de persuasion .................................... 191
III.1.3. - Modèle général de persuasion ou l’articulation entre l’aspect évaluatif
des variables d’efficacité publicitaire ........................................................................... 191
Table des matières VII
III.1.3.1. - L’hypothèse de médiation duale de Lutz (1985) enrichie de la
contribution de MacKenzie, Lutz et Belch (1986) .................................................... 192
III.1.3.2. - La problématique de l’existence d’une relation directe entre Aad
et Ib. ................................................................................................................................. 192
III.1.4. - Articulation des relations entre aspects non évaluatifs des variables
d’efficacité publicitaire .................................................................................................. 194
III.2. - Etude de l’influence de l’implication publicitaire sur la confiance :
les hypothèses relatives à notre postulat de médiation (axe de recherche et
proposition de recherche n°1) ..................................................................................... 195
III.3. - Les hypothèses relatives à l’influence modératrice de la confiance en soi
au sein du processus de persuasion............................................................................. 201
III.3.1. - La mise en évidence de "routes" de persuasion ou l’influence
modératrice de l’aspect situationnel de la confiance en soi .................................... 201
III.3.2. - La problématique du degré de connaissance préalable............................. 203
III.3.3. - Synthèse des modélisations envisagées relatives à la mise en
évidence des routes de persuasion publicitaire ......................................................... 206
III.3.4. - Influence modératrice de la confiance en soi, trait de personnalité
durable ............................................................................................................................ 209
III.3.4.1. - L’identification des profils pertinents ..................................................... 209
III.3.4.2. - Les hypothèses relatives aux individus possédant une faible estime
d’eux-mêmes ainsi qu’un faible besoin de cognition ................................................ 211
III.3.4.3. - Le cas des individus possédant une forte confiance en eux
ainsi qu’un fort besoin de cognition ........................................................................... 213
III.4. - Synthèse des hypothèses de recherche .......................................................... 215
Synthèse du chapitre IV ........................................................................................... 221
CHAPITRE V - Méthodologie relative aux instruments de mesure ............... 222
I - Opérationalisation des construits ..................................................................... 222
I.1. - Les variables en amont des processus de persuasion...................................... 222
I.1.1. - Opérationalisation de la confiance en soi, trait de personnalité durable ... 223
I.1.2. - Opérationalisation du besoin de cognition .................................................. 226
Table des matières VIII
I.1.3. - Mise en oeuvre de la distraction .................................................................... 228
I.2. - Les deux déterminants des routes de persuasion ........................................... 229
I.2.1. - Opérationalisation de la confiance dans les médiateurs de persuasion .... 229
I.2.2. - La mise en oeuvre de l’implication publicitaire ............................................ 221
I.3. - La mise en oeuvre de l’aspect évaluatif des variables médiatrices du
processus de persuasion .............................................................................................. 233
I.3.1. - L’opérationalisation des variables d’efficacité : l’intention d’achat de la
marque et l’attitude envers la marque ........................................................................ 233
I.3.2. - Opérationalisation de l’attitude envers l’annonce ....................................... 235
I.3.3. - Opérationalisation des cognitions .................................................................. 237
II - Protocole expérimental ..................................................................................... 244
Préambule : Des choix dictés par un souci de validité externe ............................... 244
II.1. - Choix du programme préalable ........................................................................ 245
II.2. - Les annonces télévisées ................................................................................... 247
II.2.1. - Une exposition unique à deux annonces .................................................... 247
II.2.2. - Composition des écrans publicitaires .......................................................... 248
II.2.3. - Le choix des annonces testées ...................................................................... 249
II.2.4. - Description des annonces ............................................................................. 252
II.3. - Les questionnaires ......................................................................................... 253
II.3.1. - Le questionnaire préalable ............................................................................ 253
II.3.2. - Le questionnaire post-exposition .................................................................. 255
II.4. - Taille et composition des échantillons ............................................................ 257
III - Critères scientifiques de validation des structures sous-jacentes
aux instruments de mesure ...................................................................................... 258
III.1. - La mise en lumière de la structure émergente : le recours à des
analyses factorielles ....................................................................................................... 258
III.1.1. - Principes généraux ......................................................................................... 258
III.1.2. - Interprétation des résultats ........................................................................... 259
III.2. - Les contraintes de fiabilité et de validité ...................................................... 262
III.2.1. - La fiabilité ....................................................................................................... 262
Table des matières IX
III.2.2. - La validité ........................................................................................................ 263
CHAPITRE VI - Méthodologie relative à la validation des hypothèses de
recherche ...................................................................................................................... 266
I - Un recours aux équations structurelles : une exigence induite par la
nature particulière des construits mobilisés par cette recherche doctorale 266
I.1. - Moyenne ou somme ? ........................................................................................ 267
I.2. - Le choix du degré d’agrégation ........................................................................ 267
I.3. - Le cas particulier des croyances-produit .......................................................... 270
II - Les analyses multi-groupes : validation du statut modérateur de
variables étudiées ...................................................................................................... 272
II.1. - La détermination du nombre de groupes ...................................................... 273
II.2. - Les bases scientifiques de formation des groupes ....................................... 274
II.3. - Critères généraux pour apprécier l’impact modérateur d’une
variable .......................................................................................................................... 275
III - Critères d’évaluation de la qualité d’un modèle ...................................... 275
III.1. - Les indices disponibles .................................................................................... 276
III.2. - Formulation mathématique des indices retenus et non fournis par le
logiciel d’analyse ............................................................................................................ 281
Synthèse des chapitres V et VI .............................................................................. 283
TROISIÈME PARTIE - ANALYSE DE LA CONFIANCE EN SOI EN SITUATION
D’IMPACT PUBLICITAIRE : ETUDE EMPIRIQUE
CHAPITRE VII - Résultats relatifs à la validation des échelles de mesure .. 285
I - Validation des variables "amont" .................................................................... 289
I.1. - Validation de l’échelle de confiance en soi, trait de personnalité durable .... 289
I.2. - Validation de l’échelle de besoin de cognition ................................................. 293
I.3. - Validation de l’échelle d’implication dans le programme préalable .............. 295
I.4. - Validation de l’échelle d’implication dans la catégorie de produit ............... 298
Table des matières X
II - Validation des déterminants des routes persuasives ................................ 302
II.1. - Validation des échelles de confiance en soi situationnelle ........................... 302
II.1.1. - Validation de l’échelle de confiance dans Ab ............................................... 303
II.1.2. - Validation de l’échelle de confiance dans Aad ............................................. 305
II.1.3. - Validation de l’échelle de confiance dans les croyances
à l’égard de l’annonce .................................................................................................... 306
II.1.4. - Validation de l’échelle de confiance dans les croyances-produit ............. 308
II.2. - Validation de l’échelle d’implication publicitaire ............................................ 310
III - Validation des échelles destinées à mesurer l’aspect évaluatif
des médiateurs d’efficacité publicitaire ............................................................... 313
III.1. - Validation de l’échelle d’attitude envers la marque (Ab) ............................. 313
III.2. - Validation de l’échelle d’attitude envers l’annonce (Aad) ............................ 314
III.3. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard de l’annonce (Cad) .............. 310
III.4. - Validation des quatre échelles de croyances-produit (Cb) ........................... 320
III.4.1. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard du matelas "BEKA" ........ 320
III.4.2. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard des pizzas
"RISTORANTE" .......................................................................................................... 323
III.4.3. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard du liquide-vaisselle
"DREFT" ....................................................................................................................... 326
III.4.4. - Validation de l’échelle de croyances à l’égard des barres chocolatées
"CHA-CHA" .................................................................................................................. 329
Synthèse du chapitre VII - ...................................................................................... 333
CHAPITRE VIII - Analyse des résultats émanant du test des hypothèses
de recherche ................................................................................................................. 334
I - Validation des hypothèses préalables ............................................................ 335
I.1. - La relation entre les composantes durables et situationnelles de la
confiance en soi ............................................................................................................ 335
I.1.1. - L’influence de la composante durable sur la composante situationnelle .. 335
I.1.2. - La direction de la relation de causalité ........................................................... 337
Table des matières XI
I.2. - Le degré de dépendance entre l’évaluation et le degré de certitude associé
à un médiateur d’efficacité ........................................................................................... 338
I.3. - Proposition d’un modèle général de persuasion : l’hypothèse de médiation
duale de Lutz (1985) enrichie ..................................................................................... 341
I.3.1. - La relation entre Aad et Ib ................................................................................. 341
I.3.2. - Les indicateurs de qualité globale du modèle de persuasion fondé sur
l’hypothèse de médiation duale enrichie de la relation de causalité entre
Ab et Ib ........................................................................................................................... 344
I.3.3. - Les relations de causalité entre construits latents : importance et
significativité ................................................................................................................. 345
I.4 - La polarité de la corrélation entre la confiance en soi et le besoin de
cognition ........................................................................................................................ 352
II - Validation conjointe du postulat de médiation et de l’articulation
théorique entre composants non évaluatifs des variables d’efficacité
publicitaire .................................................................................................................... 354
II.1. - L’adéquation du modèle aux données ............................................................. 355
II.2. - Validation des hypothèses relatives à l’influence de l’implication
publicitaire sur la confiance dans l’aspect évaluatif d’un médiateur de
persuasion ...................................................................................................................... 355
II.3. - Validation de l’hypothèse relative à l’articulation au sein d’un modèle
général des relations entre les aspects non évaluatifs des médiateurs
d’efficacité ..................................................................................................................... 360
II.3.1. - Indicateurs globaux de la qualité du postulat émis .................................... 360
II.3.2. - Contributions respectives de chaque composante de confiance
dans l’explication de la confiance dans Ab ................................................................. 360
III - Validation des hypothèses relatives à l’influence modératrice de la
confiance en soi ........................................................................................................... 365
III.1 - La détermination, via le degré de certitude associé à une évaluation, des
"routes" de formation des variables d’efficacité publicitaire ................................... 365
III.1.1. - De la nécessité de recourir à une agrégation des construits
endogènes ...................................................................................................................... 365
Table des matières XII
III.1.2. - Rappel concernant les trois étapes de validation d’une hypothèse
de "modération" ........................................................................................................... 366
III.1.3. - Présentation des résultats ............................................................................ 368
III.1.3.1. - Validation globale de l’influence modératrice théorique ...................... 368
III.1.3.1.1. - Influence modératrice de la confiance dans les
croyances-produit : indicateurs globaux de l’impact ............................................... 368
III.1.3.1.2. - Influence modératrice de la confiance dans les croyances à
l’égard de l’annonce : indicateurs globaux de l’impact ............................................ 369
III.1.3.1.3. - Influence modératrice de la confiance dans l’attitude envers
l’annonce : indicateurs globaux de l’impact .............................................................. 370
III.1.3.1.4. - Influence modératrice de la confiance dans l’attitude envers la
marque : indicateurs globaux de l’impact .................................................................. 371
III.1.3.2. - Etude des processus de formation des variables d’efficacité
publicitaire ..................................................................................................................... 373
III.1.3.2.1. - Formation de l’attitude envers l’annonce ............................................ 373
III.1.3.2.2. - Formation des croyances-produit ........................................................ 375
III.1.3.2.3. - Formation de l’attitude envers la marque et de l’intention d’achat .. 376
III.1.3.2.3.1. - L’explication de Ab en fonction de la certitude de l’individu dans
son évaluation spécifique de la marque et globale de l’annonce ............................ 376
III.1.3.2.3.2. - Formation de l’intention d’achat ....................................................... 377
III.2. - L’influence de la confiance en soi, trait de personnalité durable : une étude
de profils individuels de confiance en soi, de besoin de cognition et d’implication
dans le programme préalable ....................................................................................... 381
Préambule : Justification des profils étudiés et nature de l’analyse de données .... 381
III.2.1. - Résultats relatifs au profil n°1 : un groupe d’individus caractérisés par
une faible confiance en eux et un faible besoin de cognition .................................. 385
III.2.2. - Résultats relatifs au profil n°2 : un groupe d’individus caractérisés par
une forte confiance en eux et un fort besoin de cognition ...................................... 387
III.3. - Comparaison des deux profils psychologiques en matière d’intensité
de l’implication publicitaire ......................................................................................... 388
Synthèse du chapitre VIII - .................................................................................... 395
Table des matières XIII
CONCUSION GÉNÉRALE ............................................................................................ 397
I - Contributions de la recherche doctorale ........................................................ 397
I.1. - Les contributions d’ordre théorique : une synthèse des principaux
résultats ........................................................................................................................... 397
I.1.1. - Le statut conceptuel de la confiance en soi .................................................. 397
I.1.2. - les contributions relatives à la compréhension des processus de formation
de l’attitude envers la marque ..................................................................................... 398
I.2. - Les contributions méthodologiques .................................................................. 401
I.3. - Les enseignements de cette recherche sur le plan pratique ............................ 402
I.3.1. - Les implications managériales pour les annonceurs ................................... 403
I.3.2. - Les implications managériales pour les sociétés d’études spécialisées ...... 406
I.3.3. - Les implications managériales pour les agences de publicité ..................... 410
II - Limites de la recherche .................................................................................... 413
II.1. - Les limites d’ordre conceptuel ......................................................................... 413
II.2. - Les limites d’ordre méthodologique ................................................................ 414 III - Quel avenir pour l’étude de la confiance en persuasion ? ...................... 416
Bibliographie .................................................................................................................. 420
Annexes .......................................................................................................................... 453
Liste des tableaux ......................................................................................................... 459
Liste des figures ............................................................................................................ 466
Table des matières ......................................................................................................... 468