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Santé publique 2009, volume 21, n° 1, pp. 11-23 ÉTUDES Correspondance : K. Rouffiac Réception : 20/07/2007 Acceptation : 23/10/2008 Expérience de l’Unité ARPEGES au CHU de Clermont-F errand: évaluation et gestion de la santé au travail du personnel hospitalier The experience of the ARPEGES unit at the university hospital in Clermont-Ferrand: evaluation and management of hospital staff ’s occupational health Karine Rouffiac (1) , Gil Boudet (1), (2) , Isabelle Biat (1) , Dominique Gabrillargues (1) , Brigitte Millot-Theïs (1) , FrédéricDutheil (2) , Annette Jean (1) , Alain Chamoux (1), (2) (1) CHU Clermont-Ferrand, Service Santé Travail Environnement, 58 rue Montalembert,F-63000 Clermont- Ferrand, France. (2) Institut de Médecine du travail, UFR Médecine,Université Clermont 1, Fac Médecine, 28 place Henri Dunant, BP 38,F-63001 Clermont-Ferrand, France. Résumé : Afin de suivre l’évolution en 2002 dela decine vers la santé au travail, le Centre Hospitalier Universitaire de Clermont-Ferrandacréé en 2003 une Unité dAnalyse des Risques Professionnels et dÉvaluation et de Gestion de l’État de Santé (ARPEGES) afin de mieux exploiter les données de la Santéau travail. Les analyses de cette Unité sont essentiellement basées sur unquestionnaire standardisé systématiquement administré au cours des examens annuels de médecine du travail et permettant de recueillir 23 indicateurs de risques professionnels etsanitaires. Le suivi annuel des indicateurs permetune vision collective des problèmes de santé, une meilleure définition des cibles et des moyens daction. Après quatre ans, il montre un bénéfice incontestable des actions préventives et correctives entreprises. Cet instrument de pilotage a modifié la « culturdu Serviceet apparaît aujourd’hui indispensable à ladéfinition de ses orientations. Mots-cs : Risques professionnels - suivi longitudinal - médecine du travail - évaluation de la santé-prévention - risque cardio-vasculaire- troubles musculo-squelettiques. Summary: In 2003, the university hospital in Clermont-Ferrand, France, establishedan AnalysisUnit for Occupational Hazards and Health Status Evaluation and Management (Analyses des Risques Professionels et Evaluation et Gestion de l’Etat de Santé ARPEGES) in ordertomake better use of occupational health data. The units analyses are mostly based on a standardised questionnaire that is systematically completed during the annual occupational medical examinations, which collects information on 23 indicators of occupational and health risks. The annual analysis of the indicators contributesto a comprehensive,collective vision of healthproblems,andabetter definition of the target areas and means for action. After four years of operation, the units products and results demonstrate an indisputable benefit of prevention andcorrective action. This instrument for guidance modified the “culture” of the service,and today it appears essential to the definition of its orientations. Keywords: Occupational hazards - longitudinal follow-up - occupational medicine - health evaluation - prevention - cardio-vascularrisk-musculoskeletal disorders.

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ÉTUDES

Correspondance : K. Rouffiac Réception : 20/07/2007 – Acceptation : 23/10/2008

Expérience de l’Unité ARPEGES au CHUde Clermont-Ferrand :évaluation et gestion de la santéau travail du personnel hospitalierThe experience of the ARPEGES unit at the university hospitalin Clermont-Ferrand: evaluation andmanagement of hospitalstaff’s occupational health

Karine Rouffiac (1), Gil Boudet (1), (2), Isabelle Biat (1), Dominique Gabrillargues (1),Brigitte Millot-Theïs (1), Frédéric Dutheil (2), Annette Jean (1), Alain Chamoux (1), (2)

(1) CHU Clermont-Ferrand, Service Santé Travail Environnement, 58 rue Montalembert, F-63000 Clermont-Ferrand, France.(2) Institut de Médecine du travail, UFR Médecine, Université Clermont 1, Fac Médecine, 28 place HenriDunant, BP 38, F-63001 Clermont-Ferrand, France.

Résumé : Afin de suivre l’évolution en 2002 de la médecine vers la santé au travail, le CentreHospitalier Universitaire de Clermont-Ferrand a créé en 2003 une Unité d’Analyse desRisques Professionnels et d’Évaluation et de Gestion de l’État de Santé (ARPEGES) afin demieux exploiter les données de la Santé au travail. Les analyses de cette Unité sontessentiellement basées sur un questionnaire standardisé systématiquement administré aucours des examens annuels de médecine du travail et permettant de recueillir 23 indicateursde risques professionnels et sanitaires. Le suivi annuel des indicateurs permet une visioncollective des problèmes de santé, une meilleure définition des cibles et des moyensd’action. Après quatre ans, il montre un bénéfice incontestable des actions préventives etcorrectives entreprises. Cet instrument de pilotage a modifié la « culture » du Service etapparaît aujourd’hui indispensable à la définition de ses orientations.

Mots-clés : Risques professionnels - suivi longitudinal - médecine du travail - évaluation dela santé - prévention - risque cardio-vasculaire - troubles musculo-squelettiques.

Summary: In 2003, the university hospital in Clermont-Ferrand, France, established anAnalysis Unit for Occupational Hazards and Health Status Evaluation and Management(Analyses des Risques Professionels et Evaluation et Gestion de l’Etat de Santé – ARPEGES) inorder to make better use of occupational health data. The unit’s analyses are mostly based ona standardised questionnaire that is systematically completed during the annualoccupational medical examinations, which collects information on 23 indicators ofoccupational and health risks. The annual analysis of the indicators contributes to acomprehensive, collective vision of health problems, and a better definition of the targetareas and means for action. After four years of operation, the unit’s products and resultsdemonstrate an indisputable benefit of prevention and corrective action. This instrument forguidance modified the “culture” of the service, and today it appears essential to the definitionof its orientations.

Keywords: Occupational hazards - longitudinal follow-up - occupational medicine - healthevaluation - prevention - cardio-vascular risk - musculoskeletal disorders.

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Introduction

La périodicité des examens médicaux de Médecine et Santé au Travail offredes possibilités de suivi longitudinal peu ou insuffisamment exploitées. Lesactions préventives à mettre en place, tant dans la prévention des Accidentsdu Travail (AT) et des Maladies Professionnelles (MP) que dans le maintienou l’amélioration de l’état de santé, nécessitent de disposer d’instruments depilotage : choix des indicateurs (AT, MP, santé) ; recueil systématique et neperturbant pas le fonctionnement du Service ; exploitation des données ;hiérarchisation et ciblage des actions ; évaluation indépendante des actions.

Depuis la mise en place des « Services de Santé au Travail » (Loi n° 2002-73du 17 janvier 2002), la mission première de prévention des risques profes-sionnels de la médecine du travail est désormais clairement élargie à la pré-servation et à la promotion de la santé des salariés. La prise en compte decette nouvelle mission a fait l’objet d’une réflexion de l’ensemble du ServiceSanté Travail Environnement du Centre Hospitalier Universitaire (CHU) deClermont-Ferrand.

Rapidement est apparue la nécessité de disposer d’indicateurs de santésusceptibles de définir des populations cibles en vue d’actions de préventionfutures. Aussi, dès 2003, une Unité Fonctionnelle d’Analyse des RisquesProfessionnels et d’Évaluation et Gestion de l’État de Santé a été créée(UF 4650, ARPEGES). Dotée de deux emplois à plein temps, elle se composed’un statisticien et d’une biologiste formée à l’analyse des risques dans ledomaine de la santé. Cette nouvelle Unité vient en appui des autres UnitésFonctionnelles du Service (3), notamment de l’UF de Médecine et Santé auTravail du Personnel Hospitalier. La mise en place de cette action nouvelle ainévitablement produit un changement de culture et bien des ajustementsont été nécessaires et se poursuivent dans la totalité des UF du Service.

Cette présentation a pour objectif de faire part de la nouvelle organisationmise en place et des premiers résultats d’enquête observés au cours desannées 2004 à 2006 sur quelques indicateurs du suivi du personnel du CHU :stress estimé au travail, Troubles Musculo-Squelettiques (TMS), Indice deMasse Corporelle (IMC), consommation de tabac, risque cardiovasculaire,couverture vaccinale anti-grippale.

Méthodes

Population d’étude

Cette étude intéresse, sur la base du volontariat, l’ensemble du personnelhospitalier du CHU de Clermont-Ferrand, soit, en 2006, 7 679 agents répartissur 6 Sites, vus dans le cadre de l’examen systématique annuel de médecinedu travail. Les examens médicaux annuels sont confiés à quatre binômesmédecin-infirmière, l’un d’entre eux étant particulièrement en charge desmédecins, attachés, internes et étudiants hospitaliers.

(3) UF 4610 Médecine et Santé au Travail du Personnel Hospitalier ; UF 4620 Consultation de PathologiesProfessionnelles et Environnementales ; UF 4630médecine des écoles ; UF 4640médecine statutaire ; UF 4660Services extérieurs de Médecine et Santé au Travail.

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Questionnaire de Pré-Visite et indicateurs de santé

Le choix des indicateurs de santé à suivre a été effectué par le groupeprojet sur la base de l’expertise des participants, selon leurs pertinencesa priori et l’expérience déjà acquise par le Service de Médecine dePrévention de l’Université d’Auvergne. Les indicateurs retenus relèvent aussibien de Facteurs De Risque (FDR) que de facteurs comportementauxdéterminants de santé. D’emblée est apparue la nécessité d’inclure deuxindicateurs de suivi majeurs pour notre population :– l’appréhension du stress, non seulement en raison de la nouvelleréglementation sur la prise en compte de la santé mentale au travail,mais du fait des réalités professionnelles des équipes de santé au travailde plus en plus souvent confrontées à cette problématique ;

– le risque cardiovasculaire du fait d’une surmortalité prématurée évitablemajoritairement due aux pathologies cardiovasculaires en Auvergne.

Par la suite d’autres indicateurs ont retenu l’attention de l’équipe : lasurveillance de l’Indice de Masse Corporelle (IMC), la couverture vaccinalepour les valences grippe, diphtérie, tétanos, poliomyélite, hépatites A et B,coqueluche, varicelle et variole.

Le questionnaire standardisé systématiquement administré au cours desexamens annuels de médecine du travail permet de recueillir au total23 indicateurs de risques professionnels et sanitaires. L’étude du mode depassation et d’analyse a fait l’objet d’une attention suivie : le recueil devaitêtre systématique afin de réduire au minimum les données manquantes, etexhaustif, c’est-à-dire appliqué à chaque examen médical systématique. Leprincipe de stabilité était énoncé pour autoriser les études comparativeschronologiques. Les nouvelles procédures ne devaient pas nuire aufonctionnement habituel du Service. Face à ces contraintes, la procédureretenue fut de présenter à chaque agent un auto-Questionnaire dit de Pré-Visite (QPV en annexe) à compléter en salle d’attente puis à renseignerchacun pour ce qui le concerne par l’infirmière puis par le médecin, ensuivant le circuit du salarié. À chaque étape, une aide pouvait être apportéeà l’agent pour modifier ou préciser ses réponses.

Le travail de l’Unité ARPEGES repose donc en partie sur l’administration,lors des examens systématiques de Médecine et Santé au Travail, du QPVdont le traitement informatisé a bénéficié de l’avis favorable du ComitéConsultatif sur le Traitement de l’Information en matière de Recherche dansle domaine de la Santé (CCTIRS) et de l’accord de la Commission Nationalede l’Informatique et des Libertés (CNIL).

Moyens de mesure

Chaque binôme médecin – infirmière utilise des matériels similaires :balances et tensiomètres de marque identique écartant un biais de nonhomogénéité des mesures effectuées pour les variables tension artérielle,poids et le calcul d’indicateurs secondaires comme l’IMC.

La perception du stress au travail par les salariés est auto-évaluée surÉchelle Visuelle Analogique (EVA) ; cette technique d’auto-évaluation del’EVA est validée et utilisée par de nombreuses équipes, dont celle deBrumfitt [1].

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La détermination du risque cardiovasculaire s’est effectuée dans unpremier temps par sommation des Facteurs De Risque (FDR) : âge supérieurou égal à 55 ans pour les hommes, pression artérielle systolique supérieureou égale à 140 mmHg ou pression artérielle diastolique supérieure ou égaleà 90 mmHg, cholestérol total supérieur à 6,46 mmol/l, tabagisme quotidien,IMC supérieur ou égal à 30 Kg/m2, diabète et hérédité cardiovasculaire. Leseuil d’intervention retenu était 3 FDR. Par la suite, a été déterminé le RisqueCardio-Vasculaire Absolu (RCVA) pour les 10 années à venir. Le logiciel desaisie et d’exploitation des données intègre un module de calcul du RCVAd’après le modèle d’Anderson utilisant la cohorte de l’étude de Framingham.Le seuil d’intervention est fixé à 15 %.

Étude de faisabilité

Les premiers mois de mise en place de ce nouveau dispositif furentconsidérés comme une étude de faisabilité et d’acceptabilité tant de la partdes agents que du personnel du Service. De ce fait, les données recueilliessont très partielles. De mi-octobre à fin décembre 2003, 840 agents de tousles sites du CHU ont été invités à remplir ce QPV. Tous les agents sollicitésont rempli le questionnaire ; l’échantillon [295 hommes d’âge moyen 40 anset 545 femmes d’âge moyen 37,8 ans] inclut toutes les catégoriesprofessionnelles de la population salariée de l’Établissement. Desmodifications itératives du questionnaire ont été apportées au cours de cestrois mois en fonction des incompréhensions ou des difficultés deremplissage identifiés par l’Unité ARPEGES. Cette pré-étude a démontréla faisabilité d’un tel projet : excellente participation des salariés,compréhension des items du questionnaire, pas de perturbation defonctionnement du Service. Depuis, le QPV a peu évolué, exception faite del’ajout de nouveaux indicateurs.

Études spécifiques

Troubles Musculo-Squelettiques (TMS)

Une estimation de la population salariée touchée par les TMS a été lancéeau CHU en 2005 pour une étude à venir. L’observation des TMS permettra dedéterminer le nombre de plaintes, le siège et le rapport avec l’âge. Dans cettephase initiale, ces données sont recueillies systématiquement maisexploitées périodiquement selon les demandes.

Action grippe

Conformément à l’élargissement de la politique de santé du Service, encoordination avec le Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales(CLIN) et le Service d’Hygiène Hospitalière, a été mise en place une séried’actions « vaccin contre la grippe ». Des questionnaires pré et postvaccination anti-grippale sont remis toutes les années aux salariés aumoment de l’acte vaccinal à des fins médicales – détecter les éventuellescontre-indications temporaires ou définitives à la vaccination – et statistiques– dénombrer et identifier les agents vaccinés, recenser les réactions post-vaccinales observées. Il est attaché une importance particulière au recueildes données pour obtenir des résultats fiables et effectuer desrecoupements. Chaque acte vaccinal est considéré validé si le numéro de lot

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et la date sont renseignés. Les questionnaires utilisés pour la campagne anti-grippale permettent de déterminer l’effectif vacciné au sein du CHU par unmédecin du travail, un médecin hygiéniste ou un médecin du Service desoins. Les QPV comportent également une question sur la vaccination anti-grippale et permettent de préciser la couverture vaccinale globale, c’est-à-dire incluant les vaccinations faites hors CHU, l’année n –1.

L’évaluation de cette action a été confiée à l’Unité ARPEGES.

Saisie et exploitation des données

Chaque jour, les QPV complétés sont adressés à l’Unité ARPEGES poursaisie et exploitation. La saisie se fait sur une application ACCESSdéveloppée à cet usage. Ce logiciel d’exploitation des données ne permetqu’une saisie contrôlée excluant les erreurs d’unités telles que pressionartérielle en mm Hg, taille en cm, etc. Le retour au logiciel médical est de plussystématique face à une valeur aberrante. Une seule personne se voit confierla saisie des QPV de façon régulière et discontinue.La saisie des questionnaires relatifs à la grippe s’opère sur Excel (Microsoft

Excel 2003). Le dépouillement de l’ensemble des questionnaires est réalisépar l’Unité ARPEGES. Le traitement statistique des données s’effectue surlogiciel Epi-Info version 6.04. Il repose sur l’utilisation de tests statistiquesparamétriques, Khi2 de Pearson et ANOVA, ou non paramétriques sinécessaire. Le seuil de significativité retenu est de 5 %. Pour chacun desparamètres, l’analyse peut être conduite par âge, par sexe, par catégorieprofessionnelle, par Site, par Service, par travail de jour ou de nuit, etc., cequi offre de meilleures possibilités de définition des cibles d’interventionpréventive.

Résultats

Description de la population d’étude

Au cours des trois années (2004, 2005, 2006), plus de 4 000 personnes ontété vues en consultation par an. Leurs caractéristiques figurent en tableau I.L’exhaustivité varie entre 51 et 62%.

Tableau I : Caractéristiques de la population salariée étudiée au CHU de Clermont-Ferrandde 2004 à 2006

Années

2004 2005 2006

Effectif CHU au 31 décembre de l’année 7 044 7 294 7 679

Taux d’exhaustivité de notre étude * 52,2% 62,2% 51,3%

Effectif 3 676 4 536 3 936

Pourcentage de femmes 73,5 % 76,1 % 77,4 %

Âge moyen (écarts-types) 37,97 ans (11,16) 39,77 ans (10,70) 39,96 ans (10,94)

* taux d’exhaustivité : (effectif ayant répondu × 100) / (effectif total du CHU au 31 décembre de l’année).

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Résultats d’enquêtes d’observation sur 3 années : exemples de quelques indicateurs

Le tableau II illustre l’évolution entre 2004 et 2006 de quatre indicateursmajeurs : l’évaluation subjective du stress ressenti au travail, l’Indice deMasse Corporelle, le tabagisme et l’hypertension artérielle.Entre 2004 et 2006, le niveau moyen de stress au travail ne connaît pas

d’amélioration significative : 39,9/100 versus 39,5/100 (p > 0,05) ; on noteune progression significative de 3,3% en valeur absolue du taux d’agentsstressés de 2004 à 2005 (p = 6,5.10–4). Dans le même intervalle de temps, laproportion d’agents obèses augmente de 1,2% en valeur absolue (p= 4,1.10–2).D’autres indicateurs connaissent quant à eux une évolution favorable :

Tableau II : Évolution du stress au travail, de l’Indice de Masse Corporelle, du tabagisme et del’hypertension artérielle (HTA) au CHU de Clermont-Ferrand sur 3 séries chronologiques de2004 à 2006

Année 2004 (1) Année 2005 Année 2006p (2) 2005vs. 2004

p (2) 2006vs. 2005

Stress

stressmoyen

estimé au travail / 100(écarts-types)

39,9 (25,3) 39,6 (27,2) 39,5 (21,2) 0,29 (ns)(a)

0,8 (ns)(a)

sujets dits stressés(EVA stress > 60)[Intervalle de confiance]

21,7%[20,4 % – 23,2%]

25,04 %[23,8% – 26,3%]

25,0%[23,6% – 26,3%]

6,5.10–4 (s)(b)

0,94 (ns)(b)

IMC

surpoids25 ≤ IMC ≤29,9[Intervalle de confiance]

22,6%[21,2% – 24,0%]

22,8 %[21,5 % – 24,0%]

21,8 %[20,5 % – 23,1 %]

0,8 (ns)(b)

0,2 (ns)(b)

obésitéIMC ≥30[Intervalle de confiance]

7,2%[6,4 % – 8,1 %]

8,4 %[7,6% – 9,2%]

8,7%[7,9% – 9,7%]

4,1.10–2 (s)(b)

0,6 (ns)(b)

maigreurIMC < 18,5[Intervalle de confiance]

4,6%[3,9 % – 5,3%]

4,1 %[3,6% – 4,7%]

4,6%[4,0% – 5,3%]

0,31 (ns)(b)

0,29 (ns)(b)

Tabagismeau sein de l’échantillonétudié[Intervalle de confiance]

24,9 %

[23,5 % – 26,3%]

22,8 %

[21,6% – 24,1 %]

20,9 %

[19,6% – 22,2%]

0,032 (s)

(b)

0,03 (s)

(b)

HTAtous stades confondus[Intervalle de confiance]

12,9 %[11,8 % – 14,0%]

10,8 %[9,9 % – 11,8 %]

9,6%[8,7% – 10,5 %]

4,6.10–3 (s)(b)

0,07 (ns)(b)

stade 1 - légère[Intervalle de confiance]

10,2%[9,2% – 11,2%]

9,3%[8,5 % – 10,2%]

7,8 %[7,0% – 8,6%]

stade 2 – modérée[Intervalle de confiance]

2,2%[1,7% – 2,7%]

1,3%[1,0% – 1,6%]

1,6%[1,3% – 2,1 %]

stade 3 – sévère[Intervalle de confiance]

0,5 %[0,3% – 0,7%]

0,2%[0,1 % – 0,4 %]

0,1 %[0,05 % – 0,3%]

stade 4 – très sévère[Intervalle de confiance]

0,1 %[0,02% – 0,2%]

0,05 % 0,05 %

(1) Date de mise en place des actions d’incitation et d’aide au sevrage tabagique.(2) Déterminé par ANOVA (a) ou Khi2 de Pearson (b): significatif (s) si p < 0,05 ; non significatif (ns) si p ≥0,05.

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– on note une diminution de 33,9 % en valeur relative du pourcentage defumeurs de 2003 à 2006 liée à la mise en place de multiples actionsd’incitations et d’aide au sevrage tabagique depuis 2004 combinées à lahausse des prix du tabac ;

– le taux d’hypertendus diminue significativement entre 2004 et 2006 :12,9 % versus 9,6% (p = 7,5.10–6).

Résultats d’études spécifiques : exemples des TMS et de la campagne anti-grippale

Concernant les risques professionnels, on dénote un nombre élevé deplaintes concernant les TMS en 2005. En effet, sur 4 537 personnes, 1 174(26%) expriment une plainte sur au moins une localisation, le nombre totalde plaintes étant de 2 674. Les sièges en sont : lombes 22,6%, épaules12,9 %, poignets 7,1 %, coudes 6 %. Le taux d’attribution par les salariés àune origine professionnelle est élevé : 50%. L’effet âge est particulièrementnet. Le risque relatif de présenter une douleur depuis huit jours croît de façonlinéaire avec l’âge (R2 = 0,99). Entre 20 et 40 ans, le risque est multiplié pardeux et double encore de 40 à 60 ans.La couverture anti-grippale connaît une progression continue favorable

depuis 2004 avec une augmentation de 7,5 % en valeur absolue (tableau II).

Ciblage d’actions de dépistage : l’exemple du risque cardiovasculaire

À partir des critères définis au paragraphe « Moyens de mesure » enpage 13, cent quinze agents ont été dépistés pour risque cardiovasculaireélevé, de 2004 à fin 2006. Vingt salariés ont souhaité bénéficier d’uneconsultation de cardiologie, 2 salariés ont pris contact avec leur généraliste,15 ne se sont pas vu proposer de consultation car se disant déjà suivis sur leplan cardiaque, les salariés restants n’ont pas souhaité bénéficier de laconsultation. Depuis cette constatation, une action forte d’incitation a étémise en place.

Discussion

Participation

La participation des agents est très satisfaisante, l’adhésion est pratique-ment totale. On ne constate que très peu de refus à remplir le QPV : quelquesunités/an.

Tableau III : Évolution de la couverture vaccinale contre la grippe au CHU de Clermont-Ferrandsur données exhaustives de 2004 à 2006.

Année 2004 Année 2005 Année 2006 p* 2005vs. 2004

Couverture anti-grippale

suite aux vaccinations réalisées au CHU 17,4 % 22,6% 24,9 % 1,59.10–16(s)

globale (vaccinations CHU & extérieures)déterminée grâce au QPV [20,3% – 22,6%] [28,2% – 31,1 %] ND

* Déterminé par Khi2 de Pearson : significatif (s) si p < 0,05 ; non significatif (ns) si p ≥0,05.ND : non disponible avant exploitation des données 2007.

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La participation des médecins et infirmières du travail est également bonnemais il est rapporté une certaine lassitude, une baisse de motivation. Lequestionnaire jugé trop long allonge sensiblement le temps infirmier parrapport au temps médecin. Se posent les problèmes d’informatisation et desaisie des QPV.L’augmentation des effectifs de notre population d’étude en 2005 est due

à des doublons rapportés à la mise en place de l’UF de médecine statutaireindépendamment de la médecine du travail. La correction à ce biais a étéapportée en 2006 par l’arrêt de l’administration des QPV au sein de cette UF.

Qualités des données

La connaissance de la santé des salariés et l’impact sur le choix des actionspréventives et correctives entreprises dépendent de la faisabilité de l’étudeet de la qualité des données recueillies.La faisabilité a été démontrée par notre pré-étude en 2003 et confirmée les

années suivantes. La qualité des données recueillies passe dans un premiertemps par l’utilisation de moyens d’évaluation et des mesures homogènes.Elle dépend également de l’absence de doublons. Afin de les éviter, les QPVsont uniquement proposés dans le cadre de l’examen systématique deMédecine et Santé au Travail et en aucun cas lors des consultationsspontanées, des visites consécutives à un accident du travail, des reprisesaprès congé maladie, etc. L’attribution d’un numéro identifiant invariablepour chaque salarié vise également à supprimer ces doublons. Cette mesurea été adoptée en 2007. Le risque persistant d’attribution accidentelle deplusieurs numéros identifiants pour un même agent, notamment lors d’unchangement de secteur et de médecin du travail, nous étudions un contrôlesupplémentaire à la saisie : il s’agit pour chaque agent de mettre en placeune requête informatique comparant, sur 2 années successives, le sexe,l’âge, le poids, la taille et la catégorie professionnelle. Une telle requêtepermettrait de repérer plus facilement les doublons.

Limites de l’étude et perspectives d’amélioration

Notre étude comporte certaines limites :– le taux d’exhaustivité imparfait, proche de 50% mais stable, s’expliquepar le non respect de la convocation à l’examen médical, par unesurcharge de travail ou l’absence ponctuelle des infirmières ou médecinsdu travail pour cause de maladie. Si ces facteurs sont répartis de façonaléatoire, il est possible d’espérer une bonne représentativité deséchantillons des années n, n + 1, etc. Nous n’avons pas, durant cettepremière phase, mis en place de stratégie d’échantillonnage ni decontrôle de représentativité du fait de l’importance de l’échantillon parrapport à la population (50%). L’observation des séries chronologiquesa pour objet principal de dégager les priorités du Service et la précisionobtenue paraît suffisante pour ce pilotage. Elle apporte déjà deséléments d’information précieux notamment lorsque les tendances sontstables ou peuvent être corroborées de façon concordante par d’autressources d’information ;

– les données manquantes provenant du fait que certains items du QPV nesont pas, ou mal renseignés par les salariés sont exclues de l’analyse,variable par variable ;

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– les erreurs de saisie sont possibles du fait de l’absence d’une deuxièmelecture ;

– la double saisie sur l’application spécifique et sur le dossier médicalinformatisé accentue la charge de travail et induit un sentiment delassitude déjà notable. Nos premiers résultats encourageant à déve-lopper l’analyse, un nouvel outil informatique est en cours de définition.Il permettra de minimiser les erreurs de saisie, d’effectuer une saisieunique et d’améliorer les fonctionnalités notamment d’exploitation desdonnées. Cette application pourra être déployée vers d’autres Servicesde Médecine et Santé au Travail. Une saisie directe de la partie salariéedu QPV très controversée au sein de l’équipe, sera évaluée à titre pilotepar la mise en place d’une borne interactive au niveau de l’espace « InfoSanté » du Service Santé Travail Environnement ;

– cette action pouvant susciter une certaine lassitude du fait de sa péren-nité, il nous paraît indispensable d’accroître le retour d’information desrésultats obtenus vers les médecins et infirmières du travail pour renfor-cer leur motivation. Pour les salariés qui semblent aujourd’hui avoir bienadopté cette pratique, le retour d’information également justifié, seraamplifié par l’intranet et l’implantation de bornes interactives dansl’enceinte du Service.

Contribution au processus de décision de choix des actions sanitaires du Service

La comparaison d’année en année des indicateurs sanitaires permet d’unepart d’évaluer l’impact des actions préventives et correctives entreprises etleur réajustement éventuel, d’autre part de détecter les indicateursdéfavorables nécessitant la mise en œuvre d’actions. La démarche en est lasuivante : indicateur → diagnostic → prise de conscience → décision →

action → réévaluation.

Les observations de l’Unité ARPEGES ont conduit à une prise de conscienceen 2003 d’un taux de fumeurs beaucoup trop élevé pour un centre hospitalierpuisqu’égal au taux national tous publics de l’année et ainsi a favorisé lamise en place des actions collectives d’aide au sevrage chez les volontaires.Le suivi téléphonique post sevrage assuré à 6 mois et 1 an par l’UnitéARPEGES a conduit à la mise en place d’actions individuelles.

Le même constat a pu être fait vis-à-vis du faible taux de vaccination anti-grippale. Cette observation a engendré la mise en œuvre d’une série decampagnes de vaccination actives. L’analyse par l’Unité ARPEGES a permisde déterminer les actions les plus efficaces pour améliorer la couverturevaccinale, à savoir information sur Site et vaccination antigrippale surSite [2]. Par ailleurs, un tableau de bord par Service en fonction du risqueprofessionnel et du risque nosocomial désigne chaque année les Sites desfutures campagnes d’information.

La première campagne de dépistage et de prise en charge du risque cardio-vasculaire a été lancée en 2004. L’Unité ARPEGES a montré que le faibleeffectif dépisté sur la présence d’au moins 3 FDR était lié à une connaissanceimparfaite de la cholestérolémie des agents (13,2 % des dossiers renseignésen 2005), dosage non systématique en médecine du travail. Une réflexion surles modalités de dépistage de l’hypercholestérolémie fut conduite. En 2005,une campagne de dépistage de l’hypercholestérolémie a été initiée, en

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collaboration avec les Laboratoires Pfizer, avec dans un premier temps,798 agents dépistés. Le seuil d’intervention a été fixé à 15 % de risquecardiovasculaire absolu. La prise en charge médicale consiste à réaliser unbilan cardiologique : consultation spécialisée, ECG de repos, ECG HauteAmplification, échocardiographie, épreuve d’effort si jugée pertinente. Leconstat secondaire en 2006 d’une faible participation aux consultations deprévention cardiologique proposées a fait évoluer notre concept de prise encharge du risque cardio-vasculaire. Depuis 2007, tous les sujets à risque sontsystématiquement convoqués. Ce changement d’attitude nous semble éthi-quement et professionnellement justifié. D’une part, ne pas réaliser lesexplorations utiles pourrait être assimilé à une perte de chance pour les per-sonnes concernées. D’autre part, le fait que le médecin du travail, dépositairede la santé et responsable de la définition de l’aptitude, doive légitimementvérifier l’absence de maladie cardiovasculaire évolutive, renforce le bienfondé de cette position.

Orientations futures

Compte tenu des résultats obtenus, une évolution insensible des indi-cateurs de stress et de l’Indice de Masse Corporelle, le Service Santé TravailEnvironnement envisage de prioriser ses actions futures sur ces deux problé-matiques.L’IMC est un déterminant important de l’état de santé. Son évolution

actuelle préoccupante doit être observée au niveau du collectif afin de ciblerla population la plus exposée et de décider ou non la mise en place dedifférents modes de prise en charge. Un autre axe de réflexion concerne doncla mise en œuvre d’une action de prévention primaire concernant l’activitéphysique et la nutrition.

Le risque stress a déjà fait l’objet de sessions d’information vers différentspublics, d’analyse ponctuelle par Service à risque, de mise en place deconsultations de souffrance psychique au travail. Une réflexion plus globaletenant compte des récentes directives nationales est nécessaire.Suite aux observations réalisées, d’autres actions sont en cours de

réflexion dans l’Institution. C’est le cas pour les TMS. Une analyse est encours par Site et par catégorie professionnelle afin de cibler les publics et dedéfinir précisément les contenus de formation. Des programmes ciblés« épaules », « rachis », selon les Services (blanchisserie, brancardage, blocsopératoires, etc.) en remplacement des formations générales actuelles« geste et posture », pourront ainsi être proposés. De plus, l’effet âgeparticulièrement net pose problème du fait de l’allongement de la durée detravail. Le fait de disposer de signe d’alerte très en amont devrait permettred’anticiper et d’accentuer la politique de prévention de l’Établissement.

Conclusion

L’Unité ARPEGES constitue un instrument de pilotage devenu indispen-sable pour l’actualisation permanente des orientations du Service aussibien en matière de prévention des risques professionnels, qu’en matièred’amélioration continue de la santé des agents. Ces deux objectifs perma-nents de notre Institution visent à diminuer les coûts sociaux en maladie, en

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absentéisme et en souffrance de l’ensemble du personnel, sachant que lescontraintes ne cessent de s’alourdir avec l’intensification du travail d’unepart, et l’allongement de la durée des carrières donc le vieillissement d’autrepart. La nécessité d’une action conjointe de l’Unité ARPEGES et des autresUnités du Service Santé Travail Environnement au bénéfice de l’ensemble del’Institution, apparaît déjà à la lecture de ces premiers résultats.

REMERCIEMENTS

À tout le personnel du Service Santé Travail Environnement du CHU de Clermont-Ferrand, auGroupement Régional de Santé Publique (GRSP) et au Fonds National de Prévention d’Éducationet d’Information Sanitaires (FNPEIS) qui ont permis la réalisation d’une telle étude ; auxlaboratoires Pfizer pour leur partenariat dans le cadre de notre campagne de dépistage del’hypercholestérolémie et leur participation aux journéesmondiales sans tabacmenées par notreService ; à l’Unité de coordination de tabacologie, au Comité de Lutte contre les InfectionsNosocomiales (CLIN) & au Service d’Hygiène Hospitalière de notre Établissement et à la LigueDépartementale de Lutte contre le Cancer qui contribuent activement à nos actions éducatives etpréventives ; et bien sûr, à l’ensemble des salariés du CHU, acteurs principaux de cette étude.

BIBLIOGRAPHIE1. Brumfitt SM, Sheeran P. The development and validation of the Visual Analogue Self-Esteem Scale (VASES).

Br J Clin Psychol 1999; 38 (Pt 4): 387-400.

2. Chamoux A, Denis-Porret M, Rouffiac K et al. Étude d’impact d’une campagne active de vaccination anti-grippale du personnel hospitalier du CHU de Clermont-Ferrand.Med Mal infect 2006 ; 37 ; 144-50.

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Annexe

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