libsysdigi.library.illinois.edulibsysdigi.library.illinois.edu/OCA/Books2013-03/...— Epistolœ super cura democriti. Aristôteles. » — De mundo liber, ad Alexandrum. Traducido

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031

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MAY 2 1 1993

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http://archive.org/details/labibliothquedumOObibl

LA BIBLIOTHQUE

DU

MARQUIS DE SANILLANE

CALON-SUR-SAON IMPRIMERIE FRANAISE ET ORIENTALE DE E. BERTRAND

LA BIBLIOTHQUE

DU

MARQUIS DE SANTILLANE

PAR

mwmr

OF THE

MARIO SGHIFF W1VERS.tyof.ll.noi8,

ARCHIVISTE-PALEOGRAPHE LVE DIPLM DE L'COLE DES HAUTES TUDES

PARIS (2 e )

LIBRAIRIE EMILE BOUILLON, EDITEUR

67, RUE DE RICHELIEU, AU PREMIER

1905

(TOUS DROITS RSERVS)

BIBLIOTHQUE

DE L'COLE

DES HAUTES TUDES

PUBLIEE SOUS LES AUSPICES

DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES

CENT CINQUANTE-TROISIME FASCICULE

LA BIBLIOTHQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE PAR MARIO SCHIFF

ARCHIVISTE-PALOGRAPHE LVE DIPLM DE L'COLE DES HAUTES ETUDES

PARIS (2-) LIBRAIRIE EMILE BOUILLON, DITEUR

67, RUE DE RICHELIEU, AU PREMIER 1905

(TOUS DROITS RSERVS)

*"*> r^ y- jr^i -! K"*rv

A M. Alfred MOREL-FATIO

qui m'a fait connatre l'espagne ET A

D. Marcelino MENNDEZ Y PELAYO

QUI ME LA FAIT AIMER

Je ddie ce livre,

Florence, mars 1905,

A V*/ A i^-i* W>i-4

BOOKSTACKS OEEICB

Sur l'avis do M. A. Morel-Fatio, directeur- adjoint des Confrences de philologie romane, et de MM, G. Paris et E. Chtelain, commissaires res- ponsables, le prsent mmoire a valu M. Mario Schiff le titre ' Elve diplm de la Section d'his- toire et de philologie de V Ecole pratique des Hautes Etudes.

Paris, le 3 novembre 1901.

Le Directeur-adjoint de la Confrence, Sign: A. Morel-Fatio

Les Commissaires responsables, Sign : G. Paris.

E. Chtelain.

Le Prsident de la Section, Sign : G. Monod.

REMOTE STORA

BOOKSTA r tCE

AVANT-PROPOS

HWIVERSip

Le 14 aot 1884 les dputs espagnols votrent une loi autorisant le Ministre de l'instruction publique acqurir la bibliothque des ducs cTOsuna ei de l'In- fantado(l).A partir de cette poque, cette clbre collection est incorpore la Bibliothque Nationale de Madrid (2).

On sait que Pancien fonds de la bibliothque de

1. En 1841, la mort de D. Pedro AJcntara de Toledo, trei- zime duc de l'Infantaclo, le titre de L'Infantado et les biens de cette maison passrent l'an des fils de sa nice, D. Pedro Tellez Giron, onzime duc d'Osuna, et, aprs la mort de celui-ci, son frre D. Mariano Tellez Giron, douzime duc d'Osunaet quinzime duc de l'Infantado (D. Francisco Fernndez de Bthencourt, Historie genealgica de la monarquia espanola, Madrid, 1900, t. II, p. 605 et suiv.).

(( D. Mariano Tellez Giron, hritier... de biens immenses et de )) titres innombrables, a, par de folles prodigalits et une admi- nistration dplorable, ananti pour toujours ce patrimoine prin- )) cier, d la runion sur une seule tte de plusieurs des plus riches et des plus clbres majorats de la vieille Espagne. Ce )) douzime duc d'Osuna est mort en son chteau de Beauraing )) (Belgique) le 2 juin 1882 (Morel-Fatio, tudes sur l'Espagne, deuxime srie, p. 195-196).

2. Les manuscrits restrent tous la Bibliothque Nationale de Madrid; des imprims, on ne retint que ce qui manquait la pre- mire des collections espagnoles, le reste fut distribu aux autres bibliothques de Madrid et des bibliothques de province,

XII BIBLIOTHEQUE Dl MARQUIS DE SANTILLANE

PInfantado comprend les manuscrits que Don [fligo I ,opez de Mendoza, marquis de Santillane ei comte du Real de Manzanares, avait runis dans son chteau de Guadalajara. Amador de losRios a tudi cette bi- bliothque dans un important appendice de son dition des uvres d'Ifiigo Lopez de Mendoza(l). L'dition des uvres du Marquis est un des meilleurs travaux de Fauteur de YHistoHa Crtica, niais son lude de la bibliothque de Guadalajara laisse beaucoup dsirer. Los Rios confond souvenl les uvres ou les auteurs cits par Santillane avec les manuscrits (jiie celui-ci a rellement eus sous les yeux, e1 rien chez lui ne spare l'hypothse du fait dmontr. Toutefois il faut admirer la multiplicit des connaissances dont il fait preuve . Si sa reconstitution de la bibliothque du Marquis ne nous satisfait pas, il n'est que juste de reconnatre qu'il a t le premier la tenter, et c'est lui que nous devons l'ide du travail que nous avons entrepris. Comme il a tudi les manuscrits de la bi- bliothque de l'Infantado cinquante ans avant nous, il a eu la bonne fortune d'y voir encore des volumes disparus depuis et pour lesquels nous avons trouv bon de citer textuellement ses notices. Nous lui devons aussi la conservation d'un certain nombre d'anciennes

1. Obras de Don Inigo Lopez de Mendoza, ?narqus de Santi- llana,ahorapor vez primera compiladas de loscdices originales, ilustradas con la vida del autor, notas y commentarios por Don Jos Amador de los Rios, Madrid, 1852. La Tabla alfabtica de los autores mencionados en estas obras occupe les pages 591 645 et compte cxviii paragraphes ; elle porte le sous-titre de Biblioteca del Marqus de Santillana.

AVANT-PROPOS XIII

cotes; qui se trouvaient sur les feuillets de garde de manuscrits relis plus tard pour le duc d'Osuna par le relieur Binet, feuillets que ce dernier a supprims. Il existe deux inventaires sommaires des manuscrits de la bibliothque Osuna. L'un est indit : il fut dress par les conservateurs du dpartement des manuscrits de la Bibliothque Nationale de Madrid lors de l'ac- quisition de ce nouveau fonds. L'autre a t imprim; son auteur est Don Jos Maria Rocamora, ex-conser- vateur de la bibliothque du duc d'Osuna et de rinfantado (1). Ces deux inventaires sont insuffisants et le second est souvent erron ; ils nous ont cependant beaucoup servi. En les comparant entre eux, nous sommes arriv trouver les cotes de presque tous les manuscrits antrieurs au XVI e sicle que conser- vait la bibliothque Osuna (2) .

1. Catlogo abreolaclo de los manuscritos de la biblioteca del Excmo. Sehor Du que de Osuna Infantado, hecho por el conser- vador de ella don Jos Maria Rocamora, Madrid, 1882. Les nu- mros de ce catalogue reproduisent la cote Osuna moderne (chiffres arabes). Partout o nous avons trouv la cote ancienne (Plut. N, etc.), nous l'avons releve; enfin nous donnons la cote que portaient les manuscrits de la Bibliothque Nationale de Madrid au moment o nous les avons tudis (1896-1897): ces cotes ont t rcemment remplaces par une numrotation suivie qui com- prend tout le dpt, mais on a eu soin de dresser des tables de concordance qui permettent de retrouver les volumes cits d'aprs l'ancien classement. Les trois manuscrits qui ont fait partie de la bibliothque des ducs d'Osuna et de l'Infantado, et qui ont t acquis par la Bibliothque Nationale de Paris, ne sont pas men- tionns dans le catalogue de Rocamora. Ils proviennent de Bel- gique (Cf. Notice ix, ms. D., p. 60 ; Notice xlix, ms. # C, p. 328, Ibidem, ms. *I, p. 340).

2. Nous avons pu, grce l'obligeance de M. Paz y Mlia, chef du Dpartement des manuscrits de la Bibliothque Nationale de

\l\ BIBLIOTHEQUE DU MARQUIS DE SANtILLANE

Nos recherches d'inventaires anciens de cette bi- bliothque ont t vaines (1). Nous ne pouvons citer ici que les Noiicias de la Biblioteca del Duque de Osuna y del Infantado, pour nous pou intressantes et qui ont t imprimes dans le tome CIX de la Co- leccton de Documentos inditos para la historia de Espana(2)] elles datent d'une poque o les titres d'Osunaet de l'Infantado taient encore spars el no nous renseignent que trs sommairement sur l'tal de la bibliothque qui nous occupe. 11 est; en outre, propos de remarquer que, par le mariage de D. Pedro d'Alcantara Tellez Giron, marquis de Penafiel, neu- vime duc d'Osuna, avec Dona Maria Josefa Pimen- tel, douzime comtesse de Benavente, mariage effectu en 1771 (3), des livres ayant fait partie de la biblio-

Madrid, examiner les fiches de l'inventaire sommaire, et parmi ces fiches figure celle d'un manuscrit demeur jusqu'ici introu- vable et qui est ainsi dcrit dans Rocamora : N. 126. Hegesip- )) pus. De bello judaico et urbis Hierosolymitana (sic) excidio. Hippocrates. Epistol super cura democriti. Aristteles. De mundo liber, ad Alexandrum. Traducido del griego al )) latin.... Siglo XV. Encuadernacin de la poca. ))

1. Les Archives des ducs d'Osuna et de l'Infantado sont la pro- prit des cranciers du dernier duc. Lors de notre sjour Ma- drid, les chargs d'affaires de la liquidation faisaient dresser un inventaire sommaire des pices. Nous avons obtenu l'autorisation d'entrer dans les archives, mais l'absence d'ordre y rendait les recherches impossibles. Nos efforts pour retrouver les liasses de papiers des archives de l'Infantado ont t inutiles, tout ce qui avait trait au marquis de Santillanc ayant disparu. Los Rios avait encore vu ces papiers. Les retrouvera-t-on ? L'inventaire sommaire a t achev depuis, mais il n'a pas encore t publi.

2. Madrid, 1894, p. 463-477.

3. Morel-Fatio, tudes sur l'Espagne, deuxime srie, p. 122, note 1.

AVANT-PROPOS XV

thque des comtes de Benavente (1) auraient pu passer dans celle des ducs d'Osuna(2). Toutefois, parmi les manuscrits que nous avons examins, il n'en est qu'un que nous puissions dsigner comme provenant coup sur de la bibliothque du chteau de Benavente, et celui-l n'a pas fait partie de l'ancien fonds de la bi- bliothque Osuna (3) .

La premire des pices imprimes dans le tome CIX de la Coleecion de Documentos inditos contient l'histoire sommaire de la bibliothque del Eoccmo Sr. Duque de Osuna, desde su establecimiento Jiasta la muerie de su primer Director D. Manuel de Uriarte. Nous n'y trouvons rien qui ait trait l'an- cien fonds de cette collection. On y mentionne l'achat

1. Fray Liciniano Saez, Demostracion histrica del verdadero valor de todas las monedas que corrian en Castilla durante el reynado del sehor Don Enrique III. Madrid, 1796. Note XIII. On trouve l un inventaire de la librairie du chteau des comtes de Benavente.

2. Dans la bibliothque particulire de Don Marcelino Menndez y Pelayo Santander, nous avons examin des manuscrits pro- venant de la maison d'Astorga et qui pourraient avoir fait partie de la bibliothque des comtes de Benavente.

3. C'est le manuscrit Ii-73 delaBiblioth. Nat.de Madrid (Cf. Ro- camora, n67etR. Menndez-Pidal, La Leyenda de los infantes de Lara, p. 394, Q). Ce volume contient la Crnica de 1344. Une rubrique finale nous donne le nom du copiste et celui du seigneur pour qui il a travaill. Esta primera parte desta coronica de Espaha acabo Manuel Rodrigue^ de Seuilla, por mandado del sehor conde de Benauente, Don Rodrigo Alfonso Pimentel, la cual acabo en la dicha villa de Benauente a quinze dias de maro del nascimiento de nuestro sehor ihu. xpo, de mill e quatrocientos e treynta e quatro ahos (1434). Nicolas Antonio connaissait dj ce manuscrit qui appartenait, lorsqu'il le vit, D. Juan Lucas Corts (Cf. Bibliotheca Vtus, t. II, 1. X, c. m, n 125).

XV'/ BIBLOTIIQUK DU MARQUIS DE SANTILLANE

de muchosy buenos manuscritos I). Isidro de] Olnio et aussi l'acquisition de la bibliothque de D. Miguel Vidal compose d'ouvrages d'histoire el de gnalogie :

a En que habia buenos nobiliarios manuscritos, muchas noticias genealgicas originales de Reyes de Armas de )) Espafla, mas de 30tomos gruesos en folio de otras suyas )) (de D. Miguel Vidal) y una srie de caballeros de las ordenes militares d estos ltimos dos siglos y medio, )) con su ascendencia hasta sus abuelos lomnos, etc.

Don Manuel de Uriarte fut remplac par Don Diego Clemencin, nomm directeur de la bibliothque du duc d'Osuna en fvrier 1798. Le nouveau directeur signale 1 er janvier 1799, un Informe sobre el estado de la Biblioteca del Excmo. S v . Duque de Osuna fines del ano 1798. Clemencin, en rendant compte des travaux qu'il a fait faire en vue de rendre la bi- bliothque accessible au public, selon le dsir du duc, nous donne quelques dtails intressants. Il dit(l) :

(( Al mismo tiempo que Acedo tomaba a su cargo el mo- ' netario, se puso al del otro bibliotecario D. Juan Bautista )) Guitart, la comision de examinai^ clasificar y poner en indice los manuscritos de la Biblioteca, que hacinados )) confusamente segun se habian iclo adquiriendo, apenas )) eran conocidos ni a-un por encima . Por su examen se ha )) reconocido que la Biblioteca pose una coleccion apreciable de manuscritos, pertenecientes en gnerai nuestra his- )) toria, muchos de ellos originales, distinguienclose entre )) los mas importantes de estos ultimos la vida del Car- denal Mendoza, por D. Francisco de Mdina; el libro de

1. Coleccion de documentes, etc., t. CIX, p. 472.

AVANT-PROPOS XVII

)) armas y blasones de Espana de Mossen Diego de Valent ;

)) la esteganografia o arte de la cifra, dirigicla al condestable

)) de Castilla por Luis Valle de la Cerda ; varias obras

)) genealgicas de Pellicer ; gran suma de cartas, ordenes,

)) instrucciones y ofcios de Carlos Vy de la Emperatriz, su

mujer, varios embajadores y ministros. Entre los demas

o manuscritos no originales, son dignos de aprecio dos

)) diarios, uno en italiano y otro en espaol, del gobierno

)) del virey de Npoles, D. Pedro Giron, tercer Duque de

)) Osuna, una coleccion de obras espirituales de San Fran-

)) cisco de Borja escrita en vida del Santo ; las Stiras

de Juvenal y de Persio, hermosamente escritas en

)) vitela (1) ; varios opsculosfilosficos de Ciceron, escritos

)) del mismo modo, que parecen haber sido de Leonardo

)) Aretino(2); una traduction antiquisima del Catilina

)) de Salustio y otra de varios trozos de Vegecio(3),

hecha de rden del rey D. Juan el Segundo, por fray

)) Alonso de San Cristbal, autor que noconociD. Nicolas

)) Antonio ; las cortes del mismo D. Juan el Segundo en

los aios 1430, 1436, 1442 ; las ordenanzas de los Guardias

)) Antiguos de Castilla, bchas por Felipe II; varios papeles

)) curiosos pertenecientes al concilio de Trento y al segundo

)) y cuarto mejicanos; la correspondencia diplomtica de

)) D. Juan de Chumacero, desde Roma, con Felipe IV, y la

)) de D. Luis de Haro, durante las conferencias que pre-

cedieron la paz de los Pirineos ; muchas memorias

relativas los ministros y sucesos del Duque de Lerma,

)) del marqus de Siete Iglesias, del conde Duque de Oli-

)) vares, de D. Jos Patino, del marqus de la Ensenada y

)) del conde de Floridablanca ; varios dictmenes y escritos

)) deD. Melchor de Macanaz, de D. Jos del Campillo, cle

D. Miguel Antonio de la Gndara, de D. Pablo Mora

1. Rocam. n 138 ; Bibloth. Nat. Madrid, Rserv. 8 a -12.

2. Rocam. n 53; Biblioth. Nat. Madrid, Ii-151.

3. Cf. Notice XI, p. 68.

XVIII BIBLIOTHEQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE

)) Xaraba y ciel conde do Campomancs ; infinitos papeles genealogicos, do ellos originales, en especial, registros de )) cdulas de concesion de habites y fmalmente, un sin- )) numro de comcdias de nuestros poetasantiguos, muchas )) de ellas de letra de los mismos autores, como de Lope )) de Vega, Caldcron y otros de los mas famosos, con las enmiendas de su propio pufo, las aprobaciones origi- )) nales de los censores y las licencias para reprsentasse ; )) coleccion que hubo de ser caudal de alguna clbre )) compania cmica del siglo pasado, y que examinacla con )) menudencia ofreceni noticias curiosas y picantes para )) la historia de nuestro Teatro.

Il rsulte de cet Infor me qu'il y avait fort peu de manuscrits d'ancienne littrature dans la bibliothque du duc d'Osuna. Dans cette tude, on a laiss de ct les manuscrits des satires de Perse et de Juvnal et des traits de Cicron qui sont tous deux en latin, mais on a cru devoir retenir le manuscrit contenant les versions castillanes de Salluste et de Vgce, parce que ce volume, quoique n'ayant pas fait partie de la bibliothque de Guadalajara, nous fournit d'in- tressants renseignements sur le mouvement littraire de l'poque qui nous occupe.

Pour runir les matriaux utiles notre tude, nous avons examin tous les manuscrits antrieurs au XVI e sicle provenant de la bibliothque du duc d'Osuna et de l'Infantado. Une fois cette premire slection opre, nous avons soumis chaque volume un minutieux examen et nous avons cart ceux qui portent des noms d'acqureurs, des dates d'achat ou d'autres signes de proprit permettant de con-

AVANT-PROPOS XIX

stater qu'ils sont entrs dans la bibliothque de Guadalajara aprs 1458, date de la mort du marquis de Santillane.

Notre premire pense tait de diviser en trois groupes les manuscrits qui font l'objet de notre tra- vail. Le groupe A devait runir tous les volumes por- tant le nom, les armes, la devise, l'emblme ou la reliure de Don Inig Lopez de Mendoza, premier mar- quis de Santillane, et les ouvrages originaux ou les traductions lui ddies ; le groupe 3, les manuscrits dont les auteurs se trouvent cits dans les uvres d'Inigo Lopez et qu'il a certainement consults, soit dans les exemplaires que nous dcrivons, soit dans d'autres de mme caractre et de la mme poque ; le groupe C, les manuscrits qui ne portent ni les armes ni le nom du Marquis et qu'il n'a pas men- tionns dans ses uvres, mais dont nous avons trouv des exemplaires antrieurs la fin du XV e sicle dans la bibliothque du duc d'Osuna et dont le contenu n'tait pas tranger aux gots ni la curiosit du marquis de Santillane. Nous avons abandonn ce classement, parce qu'il amenait forc- ment des rptitions et qu'il dispersait les manus- crits d'un mme ouvrage ou de diffrents ouvrages dus au mme auteur.

Il nous a paru plus pratique d'adopter, tout en res- pectant le cadre des langues, l'ordre chronologique, Lorsque nous avons le texte original et diffrentes versions en langues vulgaires d'un mme ouvrage, nous plaons celles-ci la suite de l'original et

XX BIBLIOTHEQUE DU MARQUIS DE SANTILLA

nous employons les lettres de l'alphabet pour dsigner les diffrents manuscrits d'un mme auteur. Pour

plus de clart nous avons mis un astrisque en tte de toutes les notices consacres des manuscrits dont l'tude nous a permis d'affirmer qu'ils ont appartenu au marquis de Santillane. Nous indiquons les initiales enlumines des manuscrits de luxe en nous servant de majuscules grasses, et quand la place des capitales est reste vide nous les rtablissons entre crochets.

Un travail comme celui que nous avons entrepris reste toujours incomplet. Nous ne nous faisons pas d'illusions cet gard. Nous nous bornons souhaiter qu'il puisse tre de quelque utilit aux rudits qui s'occupent de bibliographie espagnole et d'histoire lit- traire. L'impression de ce livre a t longue et la- borieuse; nous avons, pour des raisons de famille, d renoncer en corriger les preuves en Espagne, et souvent des motifs de sant ont entrav la marche de nos travaux. Que le lecteur nous pardonne, s'il trouve, comme c'est notre espoir, que, malgr les taches nombreuses qui le dparent, l'ouvrage que nous lui prsentons ne manque pas de nouveaut.

Il nous est impossible de citer ici tous ceux qui se sont intresss notre tude et qui nous ont aid. Ce- pendant nous ne saurions taire ce que nous devons M. Alfred Morel-Fatio et D. Marcelino Menndez y Pclayo. D. Antonio Paz y Mlia et ses collaborateurs du Dpartement des manuscrits de la Bibliothque Nationale de Madrid ont droit nos plus sincres remerciements. M. le comte de las Navas, biblioth-

AVANT-PROPOS ' XXI

caire du roi d'Espagne, et le Pre Benigno Fernndez del'Escurial nous ont accueilli avec bont; D. Fran- cisco deUhagn a libralement mis notre disposition sa bibliothque particulire. A ces noms nous voulons joindre encore celui d'un ami, qui est dj un matre, D. Ramn Menndez Pidal, dont l'affectueuse com- plaisance nous a t si prcieuse (1).

1. La Bibliografia hispano -latino, clsica que M. Menndez y Pelayo publie dans YRevista de Arcliivos, Bibliotecas y Museos a commenc de paratre quand notre impression tait dj avance. Nous regrettons particulirement de n'avoir pas pu utiliser cette importante publication pour la rdaction de nos notices sur les manuscrits de Boce, de Csar et de Cicron.

INTRODUCTION

CHAPITRE PREMIER

La vie de D. Inigo Lopez de Mendoza

Don Inigo Lopez de Mendoza, premier marquis de Santillane et comte du Real de Manzanares, a t un homme heureux. S'en est il dout, lui qui aimait disserter de mta beata et qui a consacr d'innom- brables strophes au nant de notre terrestre existence ? Il s'est tress une couronne de gloires militaires et potiques; il est mort pleur de tous et comme en odeur de saintet, puisque pour le peuple espagnol il resta longtemps le moraliste par excellence, le (( marquis des Proverbes .

Second fils de Don Diego Hurtado de Mendoza, amiral de Castille, et de Doua Leonor de la Vega, Don Inigo naquit Carrion de los Condes le 19 aot 1398. Son frre, Don Garcia, mourut en 1403, et l'anne d'aprs, il perdit son pre, g d' peine quarante ans (1). A sept ans, l'enfant tait dj seigneur de Hita

1. Dans le chapitre ix des Generaciones y Semblanzas, le sei- gneur de Batres trace, avec son charme habituel, un portrait ra- pide et certainement fidle de l'Amiral : (< Hombre de muy sotil

XXIV BIBLIOTHQUE DU MARQUIS DE SANTILLA1

et Buitrago, titre qu'il devait illustrer plus tard. L'amiral avait t l'homme le plus riche de Castille. Lui mort, ses parents et ses vassaux tentrent de faire main basse sur son bien. Doia Leonordela Vega sut les en empcher. Avec une indomptable nergie, une vision nette des ralits et une habilet consomme, elle dfendit les droits de ses enfants et leur conserva l'hritage paternel. Prudente, avise, trs tenace, trs intresse, trs dvoue aux siens, Dofia Leonor veilla avec un soin jaloux l'ducation de son fils, ellel'leva pour la lutte, comme le commandaient la tradition et les circonstances, elle l'lcva aussi dans le culte de sa race et prit soin d'orner son esprit en lui faisant donner une instruction brillante et pratique comme la devait avoir alors un jeune homme destin la vie de cour. Nous savons qu'Inigo Lopez passa les annes de son enfance dans la maison de sa grand'- mre maternelle Dona Mencia de Cisneros, veuve de Garcilaso de la Vega, et que c'est l que son esprit s'ouvrit la posie. Fils et petit-fils (1) de

ingenio, bien razonado, muy gracioso en su decir, osado atre- vido en su hablar tanto que el rey Don Enrique el Tercero se

quexaba de su soltura atrevimiento Am mucho a su

)) linage, allg con grande amor a sus parientes, mas que otro grande de su tiempo. Placiale mucho hacer edificios, hizo muy buenas casas, como quier que no por nombre muy franco fuese avido; pero tnia gran casa de caballeros y escuderos. En )) el tiempo dl no habia caballero en Castilla tanto heredado. Nous verrons que ces traits du caractre paternel se retrouvent trs marqus chez le fils.

1. Son grand-pre Pedro Gonzalez de Mendoza, le hros cl'Al- jubarrota, qui mourut pour sauver le roi de Castille et qui, son petit-fils nous le dit lui-mme, (( fio buenas caniones, entre otras :

INTRODUCTION XXV

pote, il ne tarda pas montrer du got pour les vers. Nous savons par lui-mme qu'on parlait litt- rature dans la maison de sa grand'mre. Il y vit sans doute le vieux chancelier Pero Lopez de Ayala, chro- niqueur et pote, qui tait son grand-oncle et qui fut son tuteur, et il est probable que les conseils d'un homme aussi instruit furent prcieux pour Doua Leonor de la Vega. Le Marquis se souvint plus tard des causeries alors entendues et il en parle avec com- plaisance dans sa clbre lettre Don Pedro, conn- table de Portugal : Je me souviens, lui dit-il, quand j'tais encore petit garon et que je vivais chez ma grand'mre Dona Mencia de Cisneros, avoir vu, entre autres livres, un grand volume de chan- sons, pastourelles et dits portugais et galiciens dont la majeure partie tait due au roi Denis de Portu- gai (qui fut, je crois, votre bisaeul). Et ceux qui lisaient ces uvres, les louaient de subtile inven- tion, et les trouvaient composes de mots gracieux et bien sonnants (1).

(( Pero te sirvo sin arte, otra a las monjas de la aydia, quando )) el rey don Pedro tnia el sitio contra Valenia : comiena: A las )) riberas de un rio (Lettre au conntable Don Pedro, XVI, Obras del Marqus, p. 13). De l'amiral son pre, on connat aussi des chansons amoureuses que nous a conserves un chansonnier de la bibliothque particulire du roi d'Espagne.

1. (( Acurdome, Seior muy manifico, seyendo yo en edat non provecta, mas assaz pequeno moo, en poder de mi abuela doua Menia de Cisneros, entre otros libros aver visto un grand vo- lumen de cantigas, serranas, deires portugueses gallegos, de los quales la mayor parte eran del rey don Donis de Portugal )) (creo, Sefior, fu vuestro bisabuelo) ; cuyas obras aquellos que las leian, loavan de inveniones sotiles, de graiosas dules

XXV] BIBLIOTHEQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE

Do cette poque date aussi l'amiti profonde qui le lia, sa vie durant, son cousin Fernand Alvarez de Tolcdo, comte d'Albe, amiti touchante et rare, en un temps o, pour des querelles de parti ou d'intrt, la discorde ravageait les familles. Cette affection pour son cousin fut une des beauts de la vie de Don Ifiigo. Toujours unis, ils agissaient de commun accord, et lorsque le comte d'Albe, suspect au tout-puissant conntable Alvaro de Lima, fut jet en prison, le Marquis refusa de prendre part aux conseils de la cour, pour se retirer Guadalajara, o il composa le Dilogo de Bias contra Fortuna, destin con- soler son cousin dtenu et le fortifier par des consi- drations philosophiques et morales. Cette intimit, faite de mutuel dvouement, frappa leur entourage, et Pedro Diaz de Toledo, chapelain du Marquis, dans son Dudocjo razonamienio en la muerte del Marqus de Santillana, consacre le douzime chapitre l'examen de la question suivante : O Ton tudie combien il y a d'espces d'amiti, combien de vrais amis il y a eu depuis le commencement du monde jusqu'aujourd'hui, et si le Marquis et le Comte peuvent tre mis au nombre de ceux-ci (1).

)) palabras (Lettre au conntable Don Pedro, XV, Obras del Marqus, p. 12.)

1. Aprs avoir numr tous les cas d'amitis clbres que pr- sente l'histoire religieuse et profane, le docte Pedro Diaz conclut rpondant au Comte son interlocuteur : (( E segund lo que se conoce deste Sefior Marqus de vos, bien se puede decir que pods ser puestos por dos amigos fieles, numerarvos contar- )) vos con los de suso escriptos, que vuestra amistana, como la de los suso escriptos, sea conoscida en el prsente siglo por venir . (Paz y Mlia, Opsculos literarios, p. 296).

INTRODUCTION XXVII

Dona Leonor de la Vega, soucieuse de former pour ses enfants une alliance avantageuse et digne de leur naissance, obtint pour son fils la main de Dona Cata- lina de Figueroa et accorda celle de sa fille, Dona Elvira, Gomez Suarez de Figueroa. L'union des enfants de l'amiral Don Diego Hurtado de Mendoza avec les enfants de Don Lorenzo Suarez de Figueroa, grand matre de Saint-Jacques, un des plus puissants seigneurs de son temps, fut dcide le 17 aot 1408, Ocana, o Ton dressa les contrats. Le mariage de Don Inigo avec Dona Catalina, conclu en 1412, ne fut consomm que le 7 juin 1416 Salamanque. Deux ans avant, en 1414, Inigo Lopez de Mendoza, seigneur de Hita et Buitrago, avait dbut clans le inonde en se joignant au cortge des nobles castillans qui accompagnrent l'infant Don Fernand de Castille, el de Antequera, appel s'asseoir sur le trne d'Ara- gon. On clbra cette occasion de grandes et ma- gnifiques ftes, et ce fut alors, sans doute, que Don Inigo fit la connaissance de Don Enrique de Villena, cet homme singulier, qui dut lui inspirer une profonde admiration et qui exera sur lui, au point de vue littraire, une influence considrable. En effet, En- rique de Villena ouvrit au futur marquis de Santillane la voie nouvelle de l'allgorie dantesque, le renseigna sur les lois et coutumes du Consistoire de Toulouse en crivant son intention El Arte de trobar, et traduisit sa demande la Divine Comdie du Florentin et Y Enide de Virgile. Ce long commerce littraire explique la douleur d' Inigo Lopez de Mendoza en

XXVIII BIBLIOTHEQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE

apprenant la mort de celui qui lut un peu son matre. Il consacra sa mmoire un laborieux pome intitul: Defunssion de Don Enriquede Villena, senor dotto r de excellente ingenio. (1)

Ifiigo Lopez de Mendoza ayant atteinl sa majorit, prit possession de l'hritage paternel et s'occupa de rgler des diffrends qui divisaient ses vassaux et de mettre ordre certains dtails de la succession qui avaient motiv des procs. lev par sa mre dans Tide qu'il fallait soutenir toutes les prtentions de sa maison et tendre sans cesse ses domaines, Ifiigo Lopez fut un administrateur modle, et l'intrl per- sonnel le guida, sa vie durant, dans les grandes comme dans les petites choses. C'est pourquoi sa carrire politique offre si peu d'attrait. Le nouveau roi d'Aragon, conseiller fidle et dvou de la reine rgente et tuteur du roi de Castille, mourut en 1416, et deux ans aprs, Catherine mourait aussi, laissant le roi presque encore enfant aux mains des favoris. Jean II avait quatorze ans : rveur aimable, sensible aux jolis vers, affectueux avec ceux qui ne le tour- mentaient pas trop, il fut ds le dbut ce qu'il resta toute sa vie, un tre faible, intelligent d'ailleurs, mais incapable d'aucun effort et indiffrent aux affaires de son royaume. Il eut un seul ami, un seul conseiller

1. Dans ces 180 vers, il y en a trois simples et sentis, ce sont les seuls qu'il convient de citer ici :

Sabida la muerte d'aquel mucho amado Mayor de los sabios del tiempo pressente, De dolor pungido, llor tristemente. ))

(Obras del Marques, p. 248).

INTRODUCTION XXIX

anim d'un vritable idal politique et qui peut-tre aurait pacifi la Castille, si le Roi, qui l'aimait cepen- dant, l'et soutenu dans la tempte.

Les luttes entre Aragonais et Castillans com- mencrent par le coup de main de Tordesillas o l'infant d'Aragon Don Enrique s'empara de la per- sonne du Roi. A Avila fut clbr le mariage de Jean II, roi de Castille, avec l'infante Marie d'Aragon, sur de l'infant Don Juan, le futur roi de Navarre, et de l'audacieux Don Enrique, grand matre de Saint- Jacques. Ce dernier, tenant son cousin le roi de Cas- tille en son pouvoir, le fora de consentir son mariage avec l'infante de Castille Doua Catalina, mariage qui fut clbr Talavera.

Cependant Jean II russit gagner la forteresse de Montalvan, o il se retrancha poursuivi par les sei- gneurs du parti de Don Enrique, qui, n'osant l'attaquer ouvertement, se contentrent de le bloquer pour l'obliger se rendre ; le roi de Navarre accourut son aide avec d'autres vassaux. Alors les partisans du grand matre de Saint- Jacques, parmi lesquels se trouvait Inigo Lopez de Mendoza, gagnrent Ocaia et de l retournrent dans leurs terres. Ceci se passait en 1421. L'anne suivante, Don Enrique, attir Madrid o sigeaient les Cortes, fut arrt et jet en prison. Le seigneur de Hita et Buitrago s'tait pru- demment retir Guadalajara; il n'y fut pas. inquit, et d'ailleurs il s'effora de ne pas attirer l'attention de ses ennemis. Il s'occupa d'affaires de famille, et il partagea ses loisirs entre l'tude, les

XXX 1JIIJLI0TIIEQUE DU MARQUIS DE SANTlLLAtffi

tournois et les ftes, donl plusieurs furent bril- lantes.

La paix relative dont jouit alors la Castille ne fut pas de longue dure L'infant Don Juan, devenu roi de Navarre en 1425, parsuitede la mort du roi Charles, son beau-pre, s'unit son frre Don Alonso, roi d'Aragon, pour obtenir de leur cousin de Castille la libration de Don Enrique, grand matre de Saint- Jacques. A peine celui-ci fut-il sorti de prison, que les troubles recommencrent. Il retrouva ses parti- sans, et dans un conseil tenu Valladolid ceux-ci forcrent le Roi loigner de sa cour le tout-puissant conntable Alvaro de Luna, que la noblesse voyait toujours de mauvais il. Inigo Lopez de Mendoza faisait naturellement partie de cette coalition. Ds que les grands se furent loigns, Jean II rappela le Conntable et tout recommena. En 1428, naissait Guadalajara le sixime enfant du seigneur de Hita et Buitrago, celui qui devait tre un jour le Grand Cardinal d'Espagne. La guerre invitable entre les rois de Navarre et d'Aragon et l'infant Don Enrique d'une part, et le roi Jean II de Castille d'autre part, clata en 1429. Les grands qui se prparaient guer- royer contre les Mores partirent pour la frontire d'Aragon. Jean II s'y rendit lui-mme ; le Conntable l'y avait prcd. Dj l'abstention de Don Inigo Lopez de Mendoza avait t remarque, lorsque se dcidant enfin, videmment contre-gr, il rejoignit le Roi, lui jura fidlit et s'excusa si habilement de son retard qu'il dissipa les soupons du souverain.

INTRODUCTION XXX

La campagne fut brve et heureuse ; Jean II ne tarda pas rentrer dans son royaume, mais par prcaution il laissa des forces derrire lui. Au seigneur de Hita et Buitrago chut la mission de garder la frontire Agreda, o il campa avec neuf cents hommes. C'est pendant cette guerre, durant laquelle il put appliquer ses connaissances thoriques puises dans les ouvrages de stratgie et dans la lecture des histoires, que Don Inigo partit avec trois cents hommes la recherche de Ruy Diaz de Mendoza, un aventurier qui avec ses soldats, mercenaires du roi de Navarre, faisait des incursions clans le pays. La rencontre eut lieu dans les champs d'Araviana, clbres par le souvenir des sept infants de Lara. Inigo Lopez, attaqu par une troupe trois fois plus forte que la sienne, ne recula pas : il combattit, fut dfait et se retrancha avec une poigne d'hommes sur une colline, o sa rsistance fut telle que ses ennemis dcourags repassrent la frontire. Les fatigues de cette campagne n'emp- chrent pas le Marquis de rimer son Deir contra los Aragoheses, et au moins deux serranillas (1) .

1 . Celle qui commence par :

Serranillas de Moncayo

Dios vos cl buen aro entero.

(Obras ciel Marques, p. 464), et qu'il date en disant :

Aunque me vdes tal sayo )) En Agreda soy frontero.

Et une autre qui dbute ainsi :

(( En toda la su montana De Trasmoz Veraton Non vi tan gentil serrana.

XXXII BIBLI0TI1KQUK DU MARQUIS DE SANTILLAN

Une trve ayant t conclue, les Castillans ren- trrent chez eux, et le roi JeaD II confisqua tous les biens que les infants d'Aragon possdaient sur ses terres. Pour s'attacher les grands qu'il savait garder des sympathies pour ses ennemis, il leur distribua li- bralement les seigneuries squestres, et [nigo Lopez de Mendoza fut un de ceux dont le dvouement, quelque peu suspect, reut une ample rcompense. Cela fait, le roi de Castille runit ses vassaux pour marcher contre les Mores de Grenade. Il leur livra la rude et glorieuse bataille de Sierra Elvira laquelle le seigneur de Hita et Buitrago, rest malade Cordoue, ne prit point part personnellement. Ses gens cepen- dant s'y distingurent. Inigo Lopez fit retour Gua- dalajara pour se remettre et c'est l qu'il apprit l'em- prisonnement de plusieurs de ses parents et de ses partisans accuss d'entretenir de secrtes intelligences avec les princes d'Aragon. Inquiet et prudent, comme toujours, il se fortifia dans son chteau de Hita, o il attendit les vnements, rpondant par de vagues propos au Roi et au Conntable qui lui faisaient savoir qu'il n'avait rien craindre. La mort de Doua Leonor de la Vega, survenue en aot 1432, appela Inigo Lo- pez de Mendoza Valladolid, o il eut rgler l'hri- tage maternel conformment au testament que la noble

et o, aprs diverses indications de lieu, le pote s'adresse en ces termes la bergre :

Dixe : Dios te salve, hermana; Aunque vengas d'Aragon, )) Desta seras castcllana.

{Obras del Marques, p. 466;.

INTRODUCTION XXXII

dame fit la veille de sa mort, et en vertu duquel il se voyait investi du titre de Seigneur de la Vega qu'il portera dornavant. En mme temps, il hritait des biens de sa mre dans les Asturies de Santillane et de Santander, biens si souvent contests, dont la posses- sion avait donn tant de fil retordre Dona Leonor et qui devaient lui causer, lui-mme, tant d'en- nuis (1).

L'anne suivante les Cortes tant runies Madrid, le seigneur de la Vega demanda et obtint du Roi l'au- torisation de clbrer un grand tournoi dont lui-mme et son fils an Don Diego furent les mainteneurs avec vingt hommes de leur maison. Alvaro de Luna rpon- dit l'appel avec soixante chevaliers. Cette fte brillante se termina par un banquet auquel Inigo Lopez convia tous les jouteurs et beaucoup d'autres gentilshommes.

Malgr les inimitis qui couvaient impatientes sous la toute-puissance du conntable Don Alvaro, la paix rgnait en Castille. Inigo Lopez de Men- doza, partag entre le culte des Muses et celui de son intrt, allait des unes l'autre, garnissant les rayons

1. Les anciens biographes rptent Terreur commise par Fer- nando de Pulgar dans ses Claros Varones o il est dit, en parlant du marquis de Santillane : Muertos el Almirante su padre, Doua Leonor de la Vega, su madr, quedando bien pequefo de edad, le fueron ocupadas las Asturias de Santillana. Amador de los Rios, dans sa Vida del Marqus de Santillana, rtablit les faits. Il prouve, par des documents tirs des archives de l'Infantado, que Doua Leonor de la Vega administra pendant longtemps le patrimoine de ses enfants et le sien propre et qu'elle mourut en 1432. (Cf. Obras del Marqus, p. lv et lvi, et n. 57 et 58.)

Inig Lopez de Mendoza s'tait rendu lui-mme dans les

XXXIV BIBLIOTHEQUE DU MARQUIS DE SANTILLANK

de sa bibliothque en mme tempsqu'i tendail sesdo- maines et arrondissait ses revenus. En dcembre 1434, la mort lui prit son grand ami Don EnriquedeVillena a el mayor de los sabios del tiempo prsente , et nous avons dj dit combien il le pleura (1). Mais une nouvelle querelle l'arrache ce deuil: la duchesse d'Arjona tant morte, Diego Manrique son parent r- clama son hritage, et s'empara sans faons de l'or et des bijoux de la dfunte. Cela suffit pour faire prendre les armes au seigneur de la Vega, qui n'aima il ni les manires brusques, ni les gestes trop vifs. Heureuse- ment le roi s'en mla temps pour empcher qu'on en vint aux mains. Il squestra les biens de la Du- chesse et remit sa justice le soin de rgler ce diff- rend. Inigo Lopez n'y perdit rien, car il tait au moins aussi habile homme d'affaires que vaillant guerrier. En attendant que la justice fit son uvre, et sans doute dans le dessein de bien disposer le Roi son gard, Inigo Lopez de Mendoza reut les souverains et toute

Asturies de Santillane, pour prter main forte sa mre, au prin- temps de 1430. (Cf. lie. cit., p. lt, document cit dans la note 47). C'est ce voyage sans doute que nous devons la Serranilla qui commence par :

Moueia de Bores

Alla'so la Lama

)) Pusom' en amores.

(Obras del Marques, p. 475).

Menndez y Pelayo croit que cette pastourelle fut certainement crite Libana [A n tologia de Poetas Liricos,t. V, p. xcix).

1. L'anne 1431 est par consquent la date extrme que Ton puisse assigner la composition d' Inigo Lopez de Mendoza, inti- tule : Pregunta de Nobles quefto el Marqu* de Santillana Don Enrique^ Sehor de Villena,

INTRODUCTION XXXV

leur cour dans son chteau de Buitrago avec un grand dploiement de luxueuses rjouissances. Peu aprs survint la nouvelle imprvue du dsastre de Gate o les Gnois capturrent et dfirent, prs de File de Ponza, la flotte aragonaise. Les trois frres Alphonse, roi d'Aragon, Jean, roi de Navarre et l'infant Don Enrique furent faits prisonniers. L'im- pression profonde que cette nouvelle causa en Cas- tille eut un douloureux cho dans le cur du seigneur de la Vega, rest trs aragonais de sympa- thies. C'est alors qu'il conut et commena son pome allgorique, la Comedieta de Pona, auquel il semble avoir travaill pendant longtemps, puisqu'il y prdit les succs et la revanche d'Alphonse V, dont l'entre triomphale Naples n'eut lieu qu'en f- vrier 1443. Dans sa lettre cldicatoire Doua Violante de Prades, date du 4 mai 1444, il dclare que ce pome, quoiqu'il lui eut t plusieurs fois demand par de grands personnages, n'tait point encore jus- que-l sorti de ses mains (1). En 1436, le seigneur de la Vega fta Guadalajara le mariage de son fils an

1. (( Muy noble Seiora : quando aquella batallanavall acaesio erca de Gaieta, la quai fu asy grande que, despues que el rey )) Xerxes fio la puente de naves en el mar Oano, por ventura )) tantas tan grandes naves non se ayuntaron sobre el agua, yo )) comenuna obra, a la quai llam Comedieta de Pona )). . . La quai Comedieta )), muy noble Senora,yo continu fasta que la traxe en fin. certificovos, a, fee de cavallero, que fasta oy jams non ha salido de las mis manos, non embargante que )) por los mayores senores, clespues por otros grandes ornes, mis amigos deste reyno, me sea estada demandada. )) (Prohemio de la Comedieta de Pona, II et III, passim. Obras del Marqus, p. 93, 94).

XXXVI BIBLIOTHEQUE DU MAKQUIS t)E SANTILLAN

Don Diego, le futur duc, de l'Infantado, avec Dofia Brianda do Luna, fille d'une cousine du Conntable; le Roi lui-mme voulul tre le tmoin de cette union. Don lvaro assistait ces ftes, et Jean II put croire un instant que la haine d'un des plus puissants adversaires de son favori s'tait vanouie. C'est cette occasion sans doute que le Roi insista une fois de plus auprs du seigneur de la Vega, dont la renomme littraire tait dj grande, pour obtenir de lui l'achvement du recueil moral des Cent Proverbes et sa ddicace au prince hritier Henri (1). On dit que cet ouvrage fut offert au fils de Jean II dans es premiers mois de 1437 (2). Le succs de ces Pro- verbios de gloriosa dotrina fractuosa ensenana fut si considrable qu'il ne leur manqua mme pas cette conscration des uvres vraiment populaires : la parodie (3).

En 1438, le seigneur de la Vega qui, depuis prs d'un an, guerroyait par ordre du roi de Castille sur la

1. El quai texto penss traher a la vuestra noble memoria, por mostrar notificar la Vuestra Altea las pressentes mora- lidades versos de dotrina, dirigidos 6 diferidos aquella ; )) que non sin cabsa hayan seydo, cmo algunas vees por el muy illustre, poderoso, manifico muy virtuoso sefior rey, don )) Johan segundo, padre vuestro, me fuesse mandado los acabasse de parte suya a la Vuestra Exellenia los prsentasse. (Prologo de los Proverbios, I, Obras ciel Mangues, p. 21).

2. Me m. hist. de Don Alonso el Noble, apnd. 16, p. cxxv, d'aprs Los Rio$, Obras ciel Marqus, p. lxvii, n. 23.

3. Prooerbios de Don Apostol de Castilla para su hijo Don Alonso de Castilla contrahechos los que hizo el Marqus de Santillana . (. Paz y Mlia, Sales espanolas, t. I, Madrid, 1890, p. 235.)

INTRODUCTION XXXVII

frontire de Cor doue et de Jaen, remporta, aid de ses fils, un important succs. Aprs avoir fait d'heu- reuses incursions sur les terres du roi de Grenade il dfit devant Huelma un de ses meilleurs gnraux et s'empara de la place. La chronique de Jean II rap- porte ce sujet qu'il y eut grande discussion entre les contingents divers qui formaient l'arme de Don Inigo pour savoir qui reviendrait l'honneur de planter, le premier, son tendard dans la ville. Pour trancher ce diffrend, Inigo Lopez se souvint de ses lectures, et sa sagesse lui suggra un heureux exp- dient : il prit les tendards, les noua en un faisceau et les fit porter ainsi tous ensemble dans Huelma (1). Le chteau de Bexix tomba galement aux mains du seigneur de la Vega(2). Effrays par l'nergie de ce capitaine, les infidles demandrent une trve qu'Inigo Lopez deMendoza lui-mme fut charg de ngocier. Les prliminaires en furent laborieux, car les condi-

1. En este conbate se ovieron valientemente dos hijos deste )) notable caballero Inigo Lopez de Mendoza, el uno llamado )) Pero Laso, y el otro Inigo de Mendoza: como en Jaen y en todas las cibdades de su obispado se supo como Inigo Lopez estaba sobre Huelma, vino todala gente dlias en socorro suyo, )) como llegaron juntas hubo gran contienda por quai vandera entraria primero : como Inigo Lopez fuese no mnos discreto caballero que esforzado, por los quitar de debate tomo todas las valideras hizolas un haz, y asi juntas las mand meter dentro )) en la villa donde en el dicho combate murieron algunos chris- )) tianos aunque no nombres defacion. (Chron. de Don Juan II, anne 1438, chap. n).

2. La prise de Bexix, dont les histoires ne parlent pas, est affirme par le texte d'un privilge du roi Jean, dat de 1448, qui se trouvait dans les Archives de l'Infantado (caj. 9, leg. I, num. 16, cit par Los Rios, Obras ciel Marqus, p. lxix, n. 27).

XXXVIII BIBLIOTHQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE

lions poses par [fiigo taienl exceptionnellement dures. Cependanl ses amis lui firent savoir que son absence prolonge Laissait libre jeu ses ennemis et que ses biens comme ses droits n'taient pas absolu- ment respects. Press de mettre ordre ses affaires, il accorda au roi More une trve de trois ans, qui fut signe le 11 avril 1439. Aprs quoi, il regagna au plus vite Guadaljara pour protester contre la conduite du Roi et du Conntable son garcLTrs occup, durant son expdition sur la frontire de Cordoue et de Jaen, le seigneur de la Vega n'oubliait cependant pas ses tudes. Durant son absence, il fit excuter le rema- niement castillan d'une version aragonaise des His- toires de Paul Orose (1). Et dans ses uvres nous trouvons une serranilla compose videmment cette poque (2).

Il tait revenu juste temps pour prendre part aux

1. Cf. Notice XXIX, ms. *B, p. 166.

2. Celle qui commence:

Entre Torres Canena

)) A erca de Salloar,

o Falle moa de Bedmar,

Sanct Jullan en bun estrena.

Et plus loin, le pote prcise mieux encore les circonstances et les lieux :

Dixe : Non vades sennera, Sefiora, que esta maiana Han corrido la ribera, Aquende de Guadiana Moros de Valdepurchena De la guarda de Abdilbar, Ca de vervos mal passar )> Me sria grave pena.

(Ohms dl Marqus, p. 470).

INTRODUCTION XXXIX

guerres civiles qui allaient nouvellement se dchaner avec une extraordinaire violence. Elles commencrent par une coalition de nobles, la tte desquels s'taient mis l'infant Don Enrique et le roi de Navarre, dans le dessein de chasser de la cour le conntable Alvaro de Lima dont la puissance constituait pour eux un danger perptuel. Exil pour un temps, le Conn- table ne tarda pas rejoindre le Roi. Cependant les nobles obtinrent le mariage du prince Don Enrique avec Blanche de Navarre, fille du roi de ce pays. Ils espraient que cette union donnerait au roi Jean de Navarre plus d'ascendant sur son cousin de Castille et que l'influence de Don Alvaro en serait diminue.

Inigo Lopez de Mendoza fit partie de la dputation des grands seigneurs envoys la rencontre de l'in- fante Dofia Blanca. A cette occasion, il rima une chan- son pour la jeune princesse et une serranilla (1). Les mcontents gagnrent leur cause le prince Henri et sa mre, semant ainsi la discorde dans la

1. La chanson commence par :

(( Quanto mas vos mirarn, Muy excellente prinesa, Tanto mas vos loarn.

Tal navarra nin franesa )) Nunca vieron, nin vern.

(Obras dcl Marques, p. 447).

Et la (( serranilla qui reflte ses impressions de voyage la frontire du pays Navarrais dbute ainsi :

De Vytoria me parti a

Un dia desta semana,

Por me passar Alegria.

{Obras dcl Marques, p. 477).

XL mULIOTHEQUE DU MARQUIS DK SANTILLANE

famille mme de l'infortun Jean II. Pour frapper Ifiigo Lopez de Mendoza et pour dtacher le prince Elenri du groupe de ses ennemis, le Roi son pre lui donna Guadalajara. Comme on pouvait s'y attendre, lo soigneur do la Vcga refusa de livrer la ville, et sa rancune contre le Conntable, dont il devina l'inten- tion, ne fit que grandir.

Dans cette mme anne 1441, Inigo Lopez s'em- para d'Alcal de Henares. Ceci amena des repr- sailles, dont le rsultat fut une rencontre prs du Torote o les troupes de Juan Carillo de Toledo rem- portrent sur celles du seigneur de la Vega et o ce dernier fut dangereusement bless.

Les nobles, soutenus par la reine et par le prince Henri, forcrent Jean II d'approuver la sentence par laquelle ils condamnaient Alvaro de Lu'na se retirer de la cour pendant six annes. Inigo Lopez de Men- doza fut charg de rester auprs du roi, durant l'exil du Conntable, afin de veiller aux intrts de la no- blesse. Mais Jean II, nergique sur ce seul point, rappela Don Alvaro et annula la sentence que la coa- lition des grands l'avait forc d'accepter. Les mcon- tents se retirrent alors dans leurs terres, et Inigo Lopez revint Guadalajara. Deux ans aprs, le roi de Castille, fait prisonnier par Jean de Navarre, appela ses vassaux son secours. Ce fut qui aurait l'appui du seigneur de Guadalajara ; des deux cts pour prix de ses services, on lui offrait la possession dfi- nitive des tats des Asturies de Santillane, dont une partie avait t cde au comte de Castaneda en 1438

INTRODUCTION XLI

pendant qu'Inigo Lopez se battait contre les Mores sur la frontire de Jaen. Le prince Henri s'tant r- concili avec son pre, Ifligo Lopez jugea plus pru- dent et plus avantageux de prter main forte au prince. Il runit ses hommes, et en juillet 1444, se joignit Burgos aux partisans du prince et du roi de Castille. Celui-ci fut rapidement dlivr et pour s'assurer rat- tachement des seigneurs qui taient accourus la voix de son fils, il fit pleuvoir sur eux les bnfices et les donations. Don Inigo, outre la confirmation du dcret qui lui assurait les valles des Asturies de Santillane, obtint la cession de l'Alcazar de Guadalajara. L'anne 1445 mit nouvellement en prsence le roi de Castille et ses cousins. La bataille d'Olmedo fut un grand triomphe pour les armes castillanes ; Jean II et son fils Henri, entours de leurs partisans, au premier rang desquels brillaient le Conntable et le seigneur de la Vega, dfirent aprs une lutte acharne l'infant Don Enrique et le roi de de Navarre. Le premier alla mourir Calatayud des suites de ses blessures, le se- cond se retira dans son royaume, et le roi de Castille essaya de gagner les sympathies des grands qui les avaient soutenus, en leur pardonnant. Dans cette m- morable lutte, le Conntable a^na la grand'matrise de Saint-Jacques et le seigneur de la Vega les titres de marquis de Santillane et de comte du Real de Manzanares. Mais cette victoire n'assura pas la paix. Le roi d'Aragon leva des troupes pour soutenir les prtentions du roi de Navarre son frre et de ses par- tisans. Les Aragonais entrrent en Castille, les Cas-

XLll BIBLIOTHQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE

tillans en Aragon, et des deux cts des chteanx furent pris. En aot 1117, l'archevque de Tolde Alonso Carillo de Aeufla el le marquis deSantillane reconquirent pour Jean II la forteresse de Torija. De leurct, ceux d'Aragon prirent le chteau de Pefla deAlcazar prs de Soria. Ces escarmouches de pari et d'autre auraient amne une guerre srieuse, et dj Jean II s'y prparai!, si les troubles intrieurs et les bruits de ligues hostiles au Conntable, et par con- squent au Roi, n'avaient rappel celui-ci Valladolid. Cependant le second mariage du rai de Castille avec Dona Isabel de Portugal ngoci par Don Alvaro fut clbr avec pompe Madrigal. Inigo Lopez y assista et sa muse lui dicta une chanson l'adresse de la jeune reine (1), qui, trompant les esprances du Conntable, devait, entre les mains de ses ennemis, devenir l'ins- trument de sa ruine.

Pour couper court la conjuration menaante des nobles, le Roi, le prince Henri et Don Alvaro de Lima dcidrent de jeter en prison les chefs de l'opposition. Le 11 mai, Alonso Pimentel, comte de Benavente, Fernan Alvarez de Toledo, comte d'Albe, Henri, frre de l'amiral, Pedro et Suero de Quiilones furent arrts. Le marquis de Santillane, inquiet pour lui- mme et trs irrit de la prison de son cousin et frre

1. Cancion la seiora Ryna :

a Dios vos faga virtuosa, Reyna bienaventurada, Quanto vos fio i'ermosa, etc.

(Obras del Marques^ p. 450J.

INTRODUCTION XLIII

d'armes, le comte d'Albe, se retira Guadalajara, o, nous l'avons vu, il composa pour consoler son parent le (( Dialogue deBias contre la Fortune . C'est aussi entre 1445 et 1449 (1) qu'il a d crire sa clbre lettre Don Pedro, conntable de Portugal, un des plus cu- rieux monuments de l'histoire littraire du XV e sicle. La coalition des nobles ne tarda pas s'organiser de nouveau, le prince Henri et le roi de Navarre y adhrrent et le Marquis fut, avec Pero Fernandez de Velasco, comte de Haro, plac la tte du mouvement. L'habile Conntable sut djouer les projets de ses ennemis, il provoqua la dfection du roi de Navarre auquel, pour ce faire, il offrit de srieux avantages. La reprise des hostilits contre l' Aragon et la Navarre attira l'attention sur les frontires o Jean II jugea prudent d'envoyer des capitaines parmi lesquels se trouvait Inigo Lopez de Mendoza, qui reprit la forte- resse de Torija tombe une seconde fois aux mains de l'ennemi. De retour Guadalajara, il y reut une lettre du comte de Placencia qui lui demandait aide et secours contre le Conntable. Le marquis de San- tillane donna deux cents lances son fils Diego Hur-

1. Lorsque Inigo Lopez de Mendoza crivit cette lettre, il tait dj marquis de Santillane, comme l'indiquent les rubriques des manuscrits qui nous ont conserv ce trait. En 1445, le Conntable avait 16 ans et pouvait fort bien s'adresser Santillane pour lui demander un chansonnier. Le pre du Conntable, l'infant Don Pedro, duc deCombre, mourut la bataille d'Alfarrobeira (1449). Comme Amador de los Riosl'a observ (Obras del Marqus, p. xc), Inigo Lopez, dans sa lettre, parle de l'infant Don Pedro comme d'une personne vivante, par consquent cette lettre a t crite avant 1449.

XLIV BIBLIOTHEQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE

tado, qui s'unit Don Alvaro de Estufiiga, fils du comte, qui en avait trois cents, e1 Ions deux mar- chrent sur Valladolid pour* s'emparer de la personne du Conntable. Celui-ci, averti temps, se rfugia Burgos auprs de Jean II, qui, sous la pression des nobles et de la reine, avait consenti laisser tendre un pige son favori ; mais au dernier mo- ment il eut des remords et tenta de le faire vader. Le Conntable ne voulut pas profiter de l'occasion et, peut-tre pour frapper d'effroi ses adversaires, tua le jour du vendredi saint de l'anne 1453 Alonso de Vivero, grand trsorier du Roi. Le 5 avril, la maison o demeurait Alvaro de Lima fut cerne et, aprs une faible rsistance, le Conntable, auquel un billet du Roi promettait qu'on respecterait sa personne, se rendit. Son procs, perdu d'avance, fut vivement con- duit, car les grands craignaient encore de voir Jean II les priver du fruit de leurs efforts. Le 5 juillet Luna fut excut Valladolid. Don Inigo Lopez prta main-forte au Roi pour conqurir les villes et les ch- teaux des terres de Don Alvaro, puis il se retira Guadalajara afin de mditer sur le nant des choses humaines. C'est ce moment que Santillane crivit le Doctrinal des Favoris , rquisitoire pas- sionn o la rancune personnelle perce sous les consi- drations philosophiques et morales. Le marquis de Santillane n'a vu en Don Alvaro de Luna qu'un cour- tisan gorg de richesses, il n'a pas su deviner en lui le seul homme dont l'nergie et le sens politique au- raient pu faire du rgne de Jean II autre chose qu'une

INTRODUCTION XLV

poque do guerres civiles et de mesquines compti- tions. Lui, qui tant de fois a demand Dante des vers imiter ou paraphraser, n'a pas mme song appliquer au Conntable du roi Jean II les strophes magnifiques qu'Alighieri consacre Pierre dlia Vigna, le malheureux et fidle chancelier de Fr- dric II :

F son colui che tenni ambo le chiavi )) Del cuor di Federigo, e che le volsi, )) Serrando e disserrando, si soavi

)) Che dal segreto suo quasi ogni uom tolsi. )) Fede portai al gloroso ufizio, Tanto ch' io ne perdei le vene e i polsi (1).

Alphonse, roi d'Aragon, ayant appris le supplice de Don Alvaro de Luna, envoya un ambassadeur au roi de Castille pour le prier de conclure avec lui un traite de paix. Jean II chargea Inigo Lopez de Mendoza et quelques autres seigneurs de se mettre d'accord et de ngocier cette affaire. Mais le Roi, dont la sant tait branle depuis quelque temps, mourut Valladolid le 20 juillet 1454 (2). Son fils Henri lui succda et ce fut lui qui fit la paix avec les rois d'Aragon et de Navarre,

1. Inferno, chant XIII, vers 58 63;

2. Nous savons que Jean II souffrait de fortes fivres intermit- tentes, ce qui fournit au marquis de Santillane le sujet de son trange composition, Sobre la quartana del Sehor Rey Don Johan II :

a Porque la que nunca venga Al senor rey se le vaya, Conertemos una arenga, Tal que de menos non tenga, Nin de nias nada non aya.

(Obras del Marques, p. 264).

XLVI BIBLIOTHEQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE

moyennant le renoncement de la part de ceux-ci e1 de Don Enrique, fils de l'infant Don Enrique d'Aragon, toutes leurs prtentions sur des tats on des dignits on Castille. Avant mme que Ton et procd son cou- ronnement, Henri IV avait dj fait remettre en libert le cousin du marquis de Santillane, Fernand Alvarez de Toleclo. Puis le Roi runit les Cortes Cuellar pour y proclamer son intention de combattre les infidles qui depuis longtemps n'avaient plus t inquits. Il par- tit en 1455 la tte d'une arme considrable o figu- raient aussi Inigo Lopez de Mendoza et ses fils, suivis de leurs vassaux. La campagne tait peine engage que le Roi, satisfait de ces premiers succs, revint en Castille. Le marquis de Santillane, par Sville etGua- dalupe, o il alla en plerinage, regagna Guadalajara. Il apprit son retour la mort de son fils Don Pedro Las so de la Vega, et la fin de cette mme anne 1455 il perdit sa femme Dofla Catalina de Figueroa. L'anne suivante priva le Marquis d'un de ses meilleurs amis, le pote Juan de Mena, auquel il leva, dit-on, un somptueux tombeau dans l'glise de Torrelaguna (1). En 1457, le Roi pensa reprendre la guerre contre les Mores; il demanda au Marquis de l'accompagner, mais celui-ci le pria de l'excuser, car il se sentait vieux et il voulait se prparer la mort. Il prit encore part une runion de nobles pour attirer l'attention du Roi

1. Cf. Tomas Antonio Sanchez : Noticias pava la vida de Don Inigo Lopez de Mendoza, XXX et XXXI [Coleocion de poesas castellanas anteriores al siglo X V, t. I). On sait le grand cas que Juan de Mena faisait du Marquis comme pote, rudit et guerrier. Il nous en a laiss un vibrant tmoignage dans La Co-

INTRODUCTION

XLVII

sur les dsordres qui dsolaient la Cas tille. Henri IV leur promit de convoquer les Cortes afin de chercher un remde aux maux qu'ils lui signalaient. Ce fut l le dernier acte de la vie publique du marquis de San- tillane qui rendit son me Dieu le 25 mars 1458.

Don Inigo Lopez de Mendoza tait de taille moyenne, ses membres taient proportionns, et beaux les traits de son visage. C'tait un homme fin et avis et de si grand coeur que les grandes choses ne pou- vaient le troubler comme les petites ne savaient lui plaire. Son maintien et son discours taient gnreux et magnanimes. Il parlait trs bien, et jamais on ne l'entendait dire un mot qui ne ft noter, soit pour la doctrine, soit pour le plaisir. Il tait courtois et pr- venant envers tous ceux qui venaient lui, particulire- ment pour les hommes de science Il tait

fort sobre. Sa vie durant, il eut deux occupations

ronacion, long pome consacr au Marquis, o Juan de Mena raconte qu'il le vit couronner par les Muses. Ce pome doit avoir t compos lors de la glorieuse expdition du Marquis sur la fron- tire de Jaen.

XLI

(( A la que vi en continente

De mayor autoridad

Demand muy mansamente

Quin era aquel mereciente

De tanta felicidad.

)) Respondi con gran falago :

)) A quien tu ves que hago

Tan gran despensa de honor

)) Es de Mendoza senor,

De la Vega, y de Buytrago. >

XLII Yo dixe : Nunca Dios quiera Ca yo le dexe bien sano, )) Capitan de la frontera, Quando la vez postrimera Meti Huelmasaco rnano* Mas habed miedo por Dios )) De decir tal cosa vos, Ni al prsente Dios lo mande, Ca sria dano tan grande Quai no fu an tes de nos,

XLVIII BIBLIOTHQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE

favorites, Fart militaire et l'tude. Et si les armes n'empchaient pas L'tude, l'tude n'empitai! pas sur 1(3 temps qu'il consacrait s'entretenir, avec les che- valiers et les cuyers de sa maison, de la forme des armes ncessaires pour la dfense, et des armes ncessaires pour l'attaque, et de la faon de frapper l'ennemi, et comment il fallait disposer les batailles et les camps, comment il fallait assiger el dfendre les forteresses et des autres choses que recjuierl l'exer- cice de la chevalerie. Ces sujets lui taient agrables par la grande habitude qu'il en avait depuis son en- fance. Et pour que les siens sussent par exprience ce qu'ils entendaient par thorie, il ordonnait d'ex- cuter des joutes et autres exercices guerriers dans sa maison, afin que ses hommes accoutums aux armes souffrissent moins des fatigues de la guerre(l) . Avant tout autre, il introduisit dans son pays beaucoup d'accoutrements nouveaux et d'insignes de chevalerie, beaucoup de nouveaux appareils de guerre, et non content de les faire venir de l'tranger, il y ajoutait et les corrigeait, et lui-mme inventa d'autres choses

1. Voir Fernando de Pulgar, Claros varones, tit. IV, et Juan de Lucena qui, dans son De vita beata, fait dire l'vque de Burgos : (( El Marqus jams las desnuda (las armas), saluo quandoviste la toga: en armas extrenuo, disertissimo en letras, sy en lo uno trabaia, descansa en lo al ; ni las armas sus estu- dios, nilos estudios empachan sus armas (Paz y Mlia, Opus- culos Uterarios,p. 133).

Le Marquis lui-mme dans la prface de ses Proverbes exprime cette mme ide que les vertus militaires sont compatibles avec le got des tudes, et il le fait en ces termes : La sienia non )> embota el fierro de la lana, nin face floxa el espada en la mano del cavallero )) (Obras ciel Marqus, p. 24) .

INTRODUCTION XLIX

qui causaient un grand tonnement tout le monde et que beaucoup imitrent(l). ((C'tait un vaillant cheva- lier, dit encore Pulgar, avant Faction sage et mesur, et une fois qu'il l'avait engage intrpide et audacieux ; cependant son audace n'tait pas sans circonspection et

jamais sa prudence ne se mla la moindre crainte

Il gouvernait avec habilet les gens d'armes de sa capitainerie et savait tre pour eux la fois seigneur et compagnon. Il n'tait ni hautain dans le comman- dement, ni familier dans les rapports quotidiens. Car il avait une humilit intrieure qui le faisait ami de Dieu et au dehors il savait conserver l'autorit nces- saire pour se faire estimer des hommes. Ses soldats l'aimaient parce qu'il leur tait , comme Marius le disait de lui-mme, conseiller quand il fallait agir et compagnon dans le pril(2) .

Energique et doux la fois, il avait dans la vie prive une attitude plus franche et plus sympathique que dans la vie publique. Dissimul en politique, si bien qu'on ne peut distinguer nettement si sa versatilit tient son rel attachement pour les fils de Don Fer- nando de Antequera, ou bien s'il n'est pouss changer

1. Voyez la prface que Diego de Burgos a mise en tte du Trlunfo ciel Marqus (Appendice 2, p. 463).

2. Gomez Manrique, Cancionero, t. II, p. 8, dit. Paz y M- lia. Manrique a ddi Pedro Gonzalez de Mendoza, vque de Calahorra, le pome qu'il a intitul: El plant o de las virtudes e poesia por el magnifico senor don Ihigo Lopez de Mendoa, marqus de Santillana e conde del Real, conpuesto por Gomez Manrique, su sobrino . Dans sa ddicace en prose Manrique parle des vertus du Marquis et de son caractre avec motion et sinc- rit.

IV

L BIBLIOTHEQUE DU MARQUS DE SANTILLANE

de parti que par haine pour Alvaro de Luna, il est, dans sa vie prive, d'une moralit suprieure qui lui vaul l'estime de ses contemporains. En matire litt- raire^ son honntet est parfaite; il es1 scrupuleux dans l'indication de ses sources, et jamais il n'esl tent, comme par exemple Leonardo Bnini(l) ou Juan de Lucena(2),de sparer des plumes du paon. En par- lant de l'amour do la vrit avec son grand ami l'vque de Burgos, il s'crie : Foi de chevalier, Hic est d'un philosophe 1 el non d'un enfant la villanelle qui dit :

Mme si je savais d'en mourir, )) La vrit je veux la dire (3).

S'il n'a pas toujours su rsister aux tentations vul- gaires de la vie, s'il s'est laiss emporter par la colre ou par la luxure (4), on peut affirmer qu'il ne s'y est jamais complu et que les joies de l'tude remportaient pour lui sur le plaisir, comme l'amour conjugal l'em-

1. On sait que Leonardo Bruni n'tait pas scrupuleux. Son De Bello italico aclvevsus Gothos drive de Procope, qu'il ne cite pas, et ses Commentaria de primo bello punico drivent de Polybe qu'il ne cite pas davantage.

2. M. Paz y Mlia dans ses Opusculos literarios, remarque, en parlant du De vita heata de Juan de Lucena, que l'auteur castil- lan a non seulement imit mais encore suivi pas pas le Dia- logus de felicitate vit, ddi au roi Alphonse d'Aragon par Bar- tolomeo Fazio (/. c, p. ix).

3. En le de cauallero, de philosophe*, no de rapaz, es aquel villancete :

Si supiese de morir % la cerdat quiero de.zir.

{De cita beata, L c.,p. 163).

4. Fernando de Pulgar, Claros varones, tit. IV,

INTRODUCTION Ll

portait dans son cur sur l'amour buissonnier. Il aimait sa femme qui fut vraiment la dame de ses pen- ses et laquelle il adressait ses vers. Elle lui donna sept fils et trois filles. Inigo Lopez de Mendoza leva ses enfants avec sollicitude. On ne lui connat pas de btard, chose rare en son temps. S'il veillait surtout l'instruction civique et militaire de ses fils, s'il prit soin de leur faire apprendre de bonne heure ce qu'il souffrait lui d'ignorer ( 1 ) , il ne fut pas moins tendrement attach ses filles auxquelles il a ddi un dlicieux mllancico (2). On le voit dans cette pice, fier de leur beaut, et un peu jaloux de ceux qu'elles aimeront. Et lorsque, dans le dialogue De vita beata, le pote Juan de Mena, voyant le Marquis entour de ses fils et de ses petits-enfants, demande l'vque de Burgos s'il ne croit pas que le bonheur soit dans la paternit,

1. Fernando de Pulgar (Claros ccu-ones, tit. IX), dit de Diego Hurtadode Mendoza, fils an du Marquis: Era nombre bien )) instruto en las letras latinas, tnia tan buena memoria, que pocas cosas se le olvidaban de lo que en la Sacra Escriptura avia leido.))Onsait l'enthousiasme de Don Inigo Lopez pour les tudes de son fils Pedro Gonzalez et les services qu'il lui demandait.

2. Vulanico hecho por el Marqus de Sant'dlana unas trs Jijas sut Jars.

I II

Por una gentil floresta Por mirai' su feimosura

De lindaa flores rosas Destas trs gentiles damas,

Vide trs damas fermosas Yo cobrime cordas ramas,

Que de amores i han reqesta. Metime s la verdura.

)) Yo con voluntat muy presta La otra con grand tristura

Me llegu a conosellas : Comen de sospirar

Comen la una dlias, deir este cantar

Estacanion tan honesta : Con muy honesta messura : )) Aguardan mi; La nina que amores lia,

Nunca taies guardas vi. Sola, como dormira?

LU BIBLIOTHQUE ti MARQUIS De SANTILLANK

et que le docte prlat rpond en numrant toutes les souffrances que peut procurer la famille el rappelle ail

pote la mort douloureuse du quatrime fils de leur hte, le Marquis s'crie : Que Dieu te pardonne, Juan de Mena, comme je te pardonne!... En pensant me faire plaisir, tu m'as valu de nouvelles souf- frances ; tu voulais me glorifier et tu as raviv ma blessure. Oh, mon trs doux fils Don Pero Lasso ! Quand je me souviens de toi, j'oublie tes frres, j'ou- blie mes petits-enfants et la douleur de ta mort tue toute ma gloire ! Et il n'est pour mon me autre con- solation que de penser que je te reverrai sans plus craindre que tu meures. Je t'en prie, oh Juan de Mena, n'affirme pas ce que tu ignores. Foi de loyal chevalier, je te dis que ces fils que tu vois, s'ils me font perdre un cheveu blanc, m'en font blanchir cent: je serais moins heureux sans eux, c'est certain, mais aussi je souffrirais moins, Dieu le sait(l). ))

(( Vous devez Dieu beaucoup de reconnaissance, disait Inigo Lopez son vieux serviteur Anton Zo- rita, il vous a donn une compagne sage, fidle,

m IV

(( Por no les faer turbana Desque ya ovieron cantado

Non quise yr mas adelante Estas senoras que digo,

)) A las que con ordenana Yo sali desconsolado,

Cantavan tan consonante. Como orne sin abrigo.

Laotra con buen semblante Elias dixeron : Amigo,

Dixo : Senoras de estado, Non soys vos el que buscamos ;

)) Pues las dos aveis cantado, Mas cantat, pues que cantamos :

A mi conviene que cante : Sospirando yvala nina

Dejatlo, al villano pne; E non por mi.

Vngueme Dios dlie. Que yo bien se lo entendi.

{Orbas del Marques, p, 461). 1. De ri la beata, L S" Matthei.

Fol. I en marge: Ad beatissimum patrem et summum pontificem Nicolaum quinturn Georgii Trapezuntii in tra- (lucdonein LX[V] librorurn Chrysosiomi super Matheum prefacio. Nous avons rtabli Le V qui a d tre rogn, l< i s chiffres ayant t crits sur l'extrme bord du feuillet.

La prface de Georges de Trbizonde commence par: Jus- sisti beatissime pater ut sexaginta quinque beati Johannis Chrysostomi libros..., et finit au v e du mmo feuillet par a quare hiis omissis Chrysostomum Ipsum jam audia- mus.

Georgesde Trbizonde a soin de nous avertir, dans sa pr- face, d ce qu'il ne commence sa traduction qu'au livre XXVI: Deinde quia viginti quinque, ut- dictum est, libri abAniano qui temporum suorum eloquentissimus fuit... ita sunt ornate atque eleganter traducti ut nichil addi, nichil detralii, nichil mutari posse uideatur.

Fol. 2 : Beati Johannis Crysostomi liber XXVI super Matheum incipit fliciter. Le texte commence par l'ho- mlie (livre) XXVI, le numro des homlies se trouve en titre courant au verso de tous les feuillets,, dans la marge d'en haut.

Fol. 226. Explieit: a pacis atque curas.

Au bas du mme feuillet on lit : dficit una exortacio.

Le verso du premier feuillet, le second tout entier et le recto du troisime, en tte du volume, sont occups par la table des rubriques marginales; c'est la table des homlies. Les fol. 1 v et 2 sont d'une autre main que le reste de la table.

Les deux feuillets de la fin contiennent la table des textes de saint Matthieu groups par livres, ces textes sont sou- ligns en rouge dans le manuscrit, il y a aussi sur le dernier feuillet des renvois diffrents passages.

VIII IIISTORIA DE PRAELIIS

(Osuna: Plut. IL Lit. M, n34; Rocam. n4; Bibliot. Nat. Madrid, Ii-3)

Liber de gestis Aleandri i Macedonis, appel commun- ment Historia de praeliis, tire du Pseudo-Callisthnes et traduite en latin par rarchiprtre Lo 1 .

Manuscrit de 16 feuillets de vlin, 1 feuillet de vlin blanc au commencement et 1 la fin, ce dernier porte deux notes, non foliot. Rgl 41 lignes. criture du XIV e sicle. Rubriques, capitales rouges et bleues. Format 280 x 220 mm . Reliure de l'poque, en peau. Au dos : Alexan- dride Gestis, et sur une tiquette de parchemin fixe sur le plat suprieur: Alexandre en latin. L'ouvrage est in- complet.

Fol. 1: Incipit liber de gestis Aleandri Macedonis, Rubrica.

Incipit : Sapientissimi quippe Egiptii scientes mensuram terre undasque maris et celestium ordinem. . .

Fol. 16 v. Explicit: Quia si bene consideramus illa mater...

Au verso du fol. blanc de la fin, on lit la recette suivante: a Para la muela que esta foraclada toma miel, cal biua e pi- mienta, mescla todo en uno e amasado fas como una me- chuela e metela dentro en el agujero e mortificara luego el dolor. ))

Et au-dessous : Vasco Fernandes seruiclor de la casa del Duque de Bregana lieua cargo de me despachar en corte una notaria.

1. Cf. Paul Meyer, Alexandre le Grand dans la littrature fran- aise du moyen ge. Tome II: Histoire de la lgende, p. 34, 5.

IX

CICERON

(Osuna: Plut. II. Lit. N, n" 1 ; Rocam. n52; Bibliot. Nat. Madrid, Hh-70)

1. Cicron, Orationes. 2. Discours concernant le couron- nement de l'empereur Frdric III et ses raports avec Rome. En latin.

Manuscrit de 248 feuillets, 1 feuillet blanc au commen- cement et 1 la fin, vlin lin, non foliot. Nombre de lignes variable. criture de la deuxime moiti du XV e sicle. Capitales en or et couleurs, miniatures dans les grandes lettres, encadrements, pas de rubriques. Format 316 x 217 mm. Reliure de maroquin rouge excute pour le duc d' Osuna.

I. Fol. 1. Incipit: a Quamque michi semper frequenscons- pectus uester multo jocundissimus hic autem locus ad agendum amplissimus. . .

Fol. 248. Explicit : scelerum penas luat. Datum, etc. Ce manuscrit contient des plaidoyers et des discours de Cicron.

1. Fol. 1-8. Discours en faveur de la loi Manilia.

2. Fol. 8-21. PourMilon.

3. Fol. 21-34. Pour Cn. Planchas.

4. Fol. 34-46. Pour P. Sylla.

5. Fol. 46-50. Pour Archias.

6. Fol. 50-53 v. Remerciement Csar pour le rappel de Marcellus.

7. Fol. 53v-58 v. PourLigarius.

3. Fol. 58 v-64. Discours pour le roi Djotarus.

IX. CICRON 57

9. Fol. 64-90. Pour A. Cluentius.

10. Fol. 90-102 v. Pour P. Quintius.

11. Fol. 102 v-116 v. Pour L. Flaccus.

12. Fol. 116 v-120 v. Discours de Cicron au peuple, aprs son retour.

13. Fol. 120 v-126. Discours de Cicron au snat, aprs son retour.

14. Fol. 126 v-133. Discours de Quintus Cicron son frre M. Tullius, sur la ptition du consulat.

15. Fol. 133-137. Incipit : Si quando inimicorum im- petum propulsare ac propellere... A la fin : Explicit oratio Tullii, pridie qua iret in exilium. Petrus de C. scripsiL

16. Fol. 137-139 v. Discours de Cicron au peuple, aprs son retour. Ne commence pas par le commencement : Quod precatus a loue Optimo, mais par une des premires phrases : ((Quiritesetsinichilesthominimagis optandum...

17. Fol. 139v-161 v. Pro domo sua.

18. Fol. 161 v-165. Discours contre Vatinius.

19. Fol. 165-175. Pour M. Celius.

20. Fol. 175, la fin au fol. 191. Pour \

Sextus Roscius d'Armnie. J les feuillets sur

21. Fol. 181, la fin au fol. 219. Discours surf \ e * quel * sont

' > cents ces trois

les provinces consulaires. ( discours sont in-

22. Fol. 219, la fin au fol. 180 v. Discours ] tervertis. sur la rponse des Haruspices. )

23. Fol. 191-207. Pour Murena.

24. Fol. 207-219. Pour C. Balbus.

25. Fol. 238-240 v. Discours pour P. Sextius (incomplet).

II. Fol. 241 ? place en blanc pour la rubrique. Incipit : (( Sunt quos inuicta te stare (?) Rex Romane uides uenerandus uicecamerarius, illustris Senator.Conseruatores magnifici et magistratus urbis ceteri, cum quibus populus Romanus, ad salutandum te, nos ciues suos misit, meque jussit apud te gaudium quod eis aduentus tuus actulit detegere , etc., etc.

a Gaudet Auguste princeps Romanus populus, exultt et gloriatur, quod te Imperatorem habere et intra urbem cer- nere sibi contigit .

Fol. 242 v. Explicit: et Nicolaus quintus Romanus

58 BIBLIOTHQUE M MAKnilS DE SANTILLANE

Pontifes et Federicus fcertius Imperator Romanue Inco- lumes erunt. Qui ambo ut ad centesimum ei amplius inco- lumes peruniatii annum optamus. Suplieesque precamur adeoqui trinus ol unus benedictus esl in aecula, amen.

Ce discours qui clbre le couronnement de l'empereur Frdric III (1440), est suivi de la bndiction du pape Eugne IV envoye Frdric III.

Fol. 24o. Incipit : Sanctissimus ac deo acceptissimus pontifex summus, dominus noster, dominus Eugenius, tue oelsitudini, tuis pririoipibus, tuo Regno, benedictionis gra- tiam imparti tu r..,

Si solus huic oneri summissimus essem, uel si propter ariam domesticam autpriuatam causamoraturus,accederem cristianissime Regum a Sanctissimo ptre nostro Eugenio qui nos uonire jussit impetrare curassem ut alium quem- piam elegantioris ingeniiacfacundioris eloquii transmisissel qui forcioribus argumentis... m

Fol. 246. Explicit : liberabis dignam mercedem acci- pies. )) Finis.

Fol. 246 v est occup par la lettre, si souvent copie au moyen ge de Publius Lentulus, prfet de Jude, au snat, o il est parl de la personne du Christ.

Fol. 246 v 248 sont crits d'une autre main que tout le reste du manuscrit. Ces feuillets contiennent une lettre de Frdric III au roi de France pour l'inviter entreprendre une croisade contre les Turcs.

Incipit: Federicus, diuina fauente clementia Romanorum imperator semper augustus, serenissimo principi Karolo, dei gratia Francorum rgi, fratri nostro carissimo salutem et amores. . .

Explicit : scelerum penas luat. Datum, etc.

B

(Osuna : Plut. III. Lit. M, n 6 ; Rocam. n n 50; Bibliot. Nat. Madrid, Hh-181)

Cickhon, De Ovatore. En latin.

Manuscrit de 65 feuillets, plus 2 blancs au commencement, vlin, non foliot. Rgl 38 lignes. criture italienne du

IX. CICRON 59

XV sicle. Le premier feuillet de garde porte la cote Osuna, el au-dessous: Orationes de oratoribus ad Brut um. Fol. 1 et fol. 41 v, grandes initiales en or et couleurs. Format 272 X 182 mm . Reliure de maroquin plein, au dos : Cirer o dialogi de Oratore Orator.

Fol.Incipit: Cogitanti michi sepe numro et memoria... Fol. 62. Explicit : obsequi uerecundia negancli scri- bendi me inprudentiam suscepisse. Explicit liber de Ora- tore ad Brutum. Fol. 65 v blanc.

(Osuna: Plut. V. Lit. N, n 39; Rocam. n 51; Bibliot. Nat. Madrid,

Reserv. 5a, 22)

Cicron, 1. De Officiis. 2. De Amicitia. 3. De Paradoxis, 4. De Senectute, En italien.

Manuscrit de 168 feuillets, plus 1 blanc, vlin, rgl 30 lignes. criture et dcoration florentines du XV e sicle. Format 275 X 190 mm. Reliure moderne.

Fol. 1, encadrement de style toscan, avec les quatre heaumes, la devise Dius et vos et, en bas, l'cu d'armes dlnigo Lopez de Mendoza. Belle initiale enlumine con- tenant le portrait de Cicron avec son nom : Marco Tullio Cicrone.

I. Rubrique en lettres capitales : Incomincia un libro di Marco Tullio Cicrone clecto de Officiis, ad Marco suo

Jgliuolo, da certo volgarizzato.

Incipit: [A]duengha Dio, o Marco figiiuolo, che gia uno anno auendo tu udito Cratippo et questo in Athene...

Livre II, fol. 42 ; livre III, fol. 68.

Explicit du De Officiis : essere piu caro se tu ti ral- legherrai di tali precepti et miei ricordi. Finis.

II. Rubrique en lettres capitales : Incomincia el libro di Marco Tulio Cicrone dlia amicitia, da lui composto.

Incipit fol. 101 : [Q]uinto Mutio Augurio Sceuola era usato di raccontare. . .

60 BIBLIOTHQUE DI MARQUIS DE SANTILLANE

Explicit : pensate o crediate nelle cose essore migliore che(l)la amistade. Finis.

Rubrique en lettres capitales: Finisceil libro composto da Marco Tulio cica-onc, in volgare decto dlia amicitia, ad Actico suo amicissimo. Laus Deo.

III. Rubrique en lettres capitales : Incomtncia il libro

del 't le paradoxe composto da Marco Cicrone, ad Bruto, da altrui volgarizatOt

Fol. 131.1ncipit: [18]pesse uolte, o Bruto, io conobbi che quand o Catonc. .

Explicit: ma anchora poueri el mendichi. Finis.

Rubrique en lettres capitales: Qui Jinisce il libro chia- mato dlie paradoxe composto da Marco Tullio Cicrone, ad Bruto .

IV. Rubrique en lettres capitales : Incomtncia il libro chiamato la Senectu composto da M. T. Cicrone, ad Ac- tico, da altrui volgarizzato.

Fol. 144. Incipit : [Sje io alquanto, o Tito, taiuto et lie- uoti la molestia che...

Fol. 168. Explicit : cheuoi possiate lodare prouati in facti quelle cose le quali uoi hauete udito clame.

Rubrique en lettres capitales : Finiscie il libro dlia Senectu, composto da Marco Tullio Cicrone, el quale insieme col libro degli ufficii, paradoxe, e suto tradocto, nella magnificacitta di Firenze, di latino in lingua toscana, ad petitione del magnifico et generoso caualiere messere NicJiolops (1) (Iigo Lopez) de Mendoza marchese di Sanctig/iana.

D

(Osuna : Plut. III. Lit, M, n 7; Bibliot. Nat. Paris. Fonds Italien,

n u 1703)

Cicron, Tusculanes.Rn italien.

Manuscrit de 162 feuillets de vlin . Rgl 27 lignes. criture ronde du XV e sicle. Encadrement avec, dans le bandeau infrieur, un mdaillon. Format 268x189 mm.

1. Il est vident qu'ici le rubricateur pensait Niccol .

IX. CICRON 61

Reliure de cuir tympanis avec encadrements dors sur ais de bois, tranche dore avec incrustation de dessins.

Fol. 1 et 2 blancs. Fol. 3 porte au verso en lettres capi- tales d'or et d'azur cette inscription : Incominciano le Tusculane di Tulio clarissimo Oratove Tradoctedi Latino in Volgare Fiorentino a Pititione di Messere Nugnio Gusmano Ispagnuolo.

Fol. 4. Encadrement florentin, initiale miniature re- prsentant l'auteur tenant son livre.

Incipit : Titre en capitales d'or: Incomincia il proemio di Marco Tullio Cicrone n[e]lle quistioni tusculane felice- m.ente.

Texte : Essendo io, o in tutto o in maggor parte, qualche uolta liberato dalle fatiche dlie difensioni...

Fol. 162. Explicit: alcuno altro alleggerimento non e potuto essere stato trouato.

Titre en rouge: Fine del quinto et ultimo libro dlie questioni tusculane di M. Tul. Cicrone di latino tradocte in volgare toscano, in Firenze MCCCCLVI (1456 .

Livre, I fol. 7-44 v ; livre II, fol. 45-67 ; livre III, fol. 67 v-96 v; livre IV, fol. 96 v-124 v; livre V, fol. 125 la fin.

Ce volgarismmento a t publi Venise, en 1544, par Fausto da Longiano qui Ta retouch, par endroits, pour le moderniser. M. Morel-Fatio, dans l'tude qu'il a consacre Trois manuscrits de la Bibliothque d'Osuna ,dans la Ro- mania, t. XIV, 1885 , en parlant de cette version (p. 102; (1),

1. M. Morel-Fatio, qui cite cet avertissement aux lecteurs, d'aprs Paitoni et Argelati, croit que c'est un fragment de la ddicace de Fausto da Longiano Jrme Pallavicino, seigneur de Cortemaggiore. Cela n'est pas tout fait exact. L'avertissement est distinct de la ddicace, il est plac la dernire page, tandis que l'ptre ddicatoire ouvre le volume. Voici le passage de l'ptre ddicatoire qui a trait la version des Tusculanes et o Guzman n'est pas nomm :

A lo illustrissimo sicjnore e patronc ossercandiss., a'I sig. Hiero- nimo Marchese Pallacicino Slgnore di Cortemaggiore, etc. Il Fausto da Longiano :

E non pure io le sono tenuto de le cose mie proprie, ma anchora dogn'-altra, che per qualunque modo procedesse da m. Cosi sendomi in sorte capitate ne le mani le Tusculane quistioni di M. T. Cice- rone donate le muse Italiane m' ho'avisato, poi ch' elle andavano

(i:J BIBLIOTHQUE DU MARQUIS DE SANTILLANE

cite l'intressant avertissemenl que l'diteur, Fausto da Lon- giano adresse h ses lecteur, La dernire page du petit volume des Tusculanes, p. 144: // Faustoi Lettori : Non f di mio costume giamai per malitia sopprimere i nomi de gV autori de l'opre passateperle mie mani, e menocon la conciatura di qualche paroluccia 6 clausoletta vestirmi de )) gl'altrui honori, levandone il proprio nome de Tau tore, )) riponendovi il mio. Questa interpretatione taie capit in mano di M. Vicenzo Vaugris, corne ne possonp molti far )) fede. Comprendiamo per per congiettura essere stata )) d'un gentil' huomo Fiorentino, ad instanza d'un gentil' huomo spagnuolo, detto il S. Nugno Gosmano, di cui si )) leggevano queste poche parole in castigliano, che suonano )) in lingua nostra: Pregovi, adesso si come allia voila, )) che mi rechiate in lingua vostra le Tusculanedi Cicrone: )) e non per modo parafrastico, ma per viadivera tradot- )) tione, et, in quanto che la lingua il porti, di parola in parola.

Ce passage prouve donc bien que les Tusculanes ont t traduites spcialement la demande de Nufio de Guzman, et nous avons vu qu'il en a t de mme pour les Dclama- tions de Quintilien, dont la version diffre de celle que con- servent plusieurs manuscrits italiens et qui est attribue au notaire Andra Lancia. Moins heureuse que la version des Tusculanes, celle des Dclamations est demeure in- dite. Le adesso si come altra oolta permet d'admettre que

)) vagando senza'l nome certo de'l suo autore, di fregiarle eo'l titolo de'l nome vostro, come che altro non conosca pi degno, pi illustre, pi glorioso. Et in questa guisa io spero che non pure habbia recarlosi sdegno l'autore, se per aventura hoggidi tra vivi si trova, ma se 'n vadi lieto e altiero, che le sue fatiche ricevino cosi largo honore, come lor viene da l'ampiezza de vostri honori. E poi che da la mano mia tanto beneficio consiegue, h ferma credenza, che m n'habbia voler bene, e ringratiare apresso: e in un tratto scuoprirsi, e con ogni humilt inchinarsi a'1 bascio de la felice, egioriosa mano. Ma se questo gcntile spirito, vivendo non vuole dimostrarsi, o pur non lusse pi tra noi, Vengo io in sua vece divotamente ad orerire con le ginocchia itichine i sacri altari dicati la vertu vostra questa pic- ciola fal ica

Da Viuegia Tultimo d'OUobre ne'lXLIIII.

IX. CICERON 63

Nuno avait charg le mme traducteur d'excuter pour lui ces deux travaux.

E

(Rocam. n 54 ; Bibliot. Nat. Madrid, Ii-21)

Cicron, 1. De Officiis, et 2. De Amicitia. En aragonais.

Manuscrit cle 148 feuillets, plus 7 de table et 1 feuillet de garde, portant sur le verso en gros caractres gothiques: Tabula presentis libri de Officiis. Entre la table et le texte 2 feuillets blancs. Papier, foliot et portant en rouge la numration des livres. Rgl 26 lignes. criture du XV e sicle. En marge, trs rares notes. Rubriques des chapitres compltes, espaces en blanc pour les initiales. Format 292x210 mm. Reliure de Binet, initiales du Duc et couronne.

I. Liv. I. Fol. 1-52 : Prologo del primero libro de Officiis. Incipit : [Y]a sia que tu Marco fijo mio por espacio demi anyohas hoydo a Cratipo philosofo, e aquesto en la ciudat de Atenas... Explicit. Fol. 3 : e aposaremos de las fuentes dellos aquello que sera visto a nuestro ju- dicio e arbitrio. ))

Incipit : [E] por tanto, pues toda la futura disputacion es de officio, plasenos an te di finir que es officio la quai cosa me marauillo seyer pretermisa por...

Explicit : mas aquesta question^ segunt va lie dicho, fue por Paniecio pretermitida. E de aqui auant procidamos a otras cosas. ))

Livre II, fol. 52 v-83. Incipit : [E]n que manera, Marco fijo, prociden los officios de lahonestat e de cada unaespecia de virtut . . .

Explicit: e daqui adelant prosigamos e tractemos de las cosas restantes.

Livre III, fol. 83 v-118. Incipit : a [Sjepas, Marco fijo, queCaton^ el quai fuecasi egualensauiesaaPublioCipion...

Explicit : (( si con semeiantes amonestaciones e preceptos tu te alegraras e hauras plazer. .. Ffnito es el tercero libro de Officios. Deo gracias.

&4 BIBLIOTHQUE DU MARQUI3 DE SANTILLANE

Fol. 118 v blanc.

Fol. 119. Pologo del libro de Amicicia. Incipit: Cuinto Nucio augur Ceuola solia muchas vegadas narrarme moral- mente de Gayo Lelio suegro suyo...

Fol. 148. Explicit: que estimedes e reputedes que, excepto aquella, no es cosa mas noble que la amicicia.

Cicron, De Senectute. En italien. Cf. Notice XL1X, ms. Ii-33.

X JULES CESAR

(Osuna : Plut. III. Lit. N, n 1 ; Rocam. n n 49; Bibliot. Nat. Madrid, Ii-37)

Jules Csar, Commentaires, traduits en castillan, par un anonyme, sur la version italienne de Pier Candido De- cembri.

Manuscrit de 125 feuillets, plus 1 au commencement et 1 la fin, papier , foliot, san