Upload
lamkhanh
View
222
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
β-Lactamines Introduction aux cephalosporines
Dr Florence ADER
SMIT CHU de Lyon Inserm U1111–Centre International de Recherche en Infectiologie (CIRI)
ATB « irremplaçables » car proposés dans toutes les recommandations ou presque
Pneumonies communautaires Pneumonies nosocomiales Infections urinaires hautes Méningites Maladie de Lyme Etc…
ATB dont l’usage « intensif » est à l’origine de l’émergence de résistances
Entérobactéries et résistances naturelles Les entérobactéries sont naturellement résistantes aux pénicillines G et M, en fonction des résistances supplémentaires aux autres β-lactamines, elles sont classées en 4 groupes
Pression de sélection ATB et impact écologique
Foyer infectieux
(1 pop° microbienne)
Flore commensale
(microbiote intestinal) des milliers de pop°
microbienne
± Concentrations sub-inhibitrices ± Fort inoculum ± Tissu profond/matériel ± Dysimmunité locale
Emergence d’un mutant de la population microbienne
± ATB oraux ou à élimination biliaire ± Agression muqueuse/mucite ± Alimentation entérale
Dysbiose Sélection de mutants résistants au
sein de différentes populations microbiennes
Microbiote intestinal: - en majorité de bactéries
anaérobies strictes; - 102 à 103 fois plus
nombreuses que les aérobies et anaérobies facultatives.
- « Entérotypes »
Gradient
Exemples du rôle des C3G dans l’émergence des résistances La résistance bactérienne est le principal effet indésirable des antibiotiques
Pression de sélection hors cible bactérienne = IMPACT ECOLOGIQUE Usage massif des C3G et des FQ = émergence des entérocoques dans la flore digestive è usage massif des GP = émergence des ERV
Pression de sélection sur la cible bactérienne = DIFFUSION de la résistance enzymatique Emergence des Entérobactéries BLSE sur un mode de diffusion épidémique en milieu hospitalier « On insistera sur le caractère particulièrement sélectionnant des C3G et des FQ. »
Recommandations relatives aux mesures à mettre en œuvre pour prévenir l’émergence des entérobactéries BLSE et lutter contre leur dissémination –
HCSHP 2010 http://www.hcsp.fr/explore.cgi/hcspr20100202_enterobactBLSE.pdf
C3G versus entérobactéries BLSE
CMI ≥ 2 corrélées à l’échec clinique
Les taux d’incidence des entérobactéries productrices de BLSE (E. coli et, à un moindre degré, de K. pneumoniae), ont beaucoup augmenté en France depuis les années 2000 (de 1 à 6% de bactériémies à E. Coli BLSE entre 2001 et 2008 en France) è sur-utilisation des carbapénèmes. Les entérobactéries BLSE sont aussi résistantes à d’autres familles d’antibiotiques (AMS, FQ, Cotrimoxazole).
Dernier recours Dispensation contrôlée
Point 1: Bactéries jugées problématiques : EBLSE, les ERV et les EPC (particulièrement KPC). Point 2: la forte implantation des EBLSE est due :
- remaniement de la flore anaérobie digestive sous l’effet d’une utilisation d’ATBs à large spectre (dysbiose);
- colonisation facilitée ensuite par des bactéries ayant archivées les critères de la résistance des EBLSE.
Point 3: il est à craindre pour le futur que ces flores colonisées par les EBLSE fassent le lit d’une colonisation par des EPC.
Focus 1. Céphalosporine 1ère génération
DCI Voie et rythme d’adm° Posologies (fn rénale normale)
Adultes Enfants Cefalexine PO x3-4/j 1 à 4g/j 50-100 mg/kg/j Cefapirine IM-IV x3-4/j 2 à 6g/j 50-100 mg/kg/j Cefazoline IM-IV x2-3/j 2 à 6g/j 50-100 mg/kg/j Cefradine PO x3-4/j 2g/j 50-100 mg/kg/j Cefadroxil PO x3-4/j 2 à 4g/j 50-100 mg/kg/j Cefaclor PO x3/j 750 mg/j 20-40 mg/kg/j Cefatrizine PO x2/j 1g/j 15-25 mg/kg/j
Diffusion satisfaisante dans de nombreux tissus (foie et voies biliaires, os et articulations, poumon...) mais INSUFFISANTE dans le LCR et en intracellulaire Demi-vie : 90-150 min Élimination urinaire sous forme inchangée (80-100%)
Spectre utile
Active sur : 1. Cocci à Gram positif (streptocoques, staphylocoques oxa-S), 2. BGN non producteurs de B-lactamases, 3. certaines bactéries anaérobies
Inactive (résistance naturelle) sur : entérocoques, Listeria, staphylocoques oxa-R, entérobactéries du groupe 3 (Enterobacter, Serratia, Morganella,...), BGN non fermentaires (A. baumanii, P. aeruginosa,...), bactéries à développement intracellulaire (Legionella, Coxiella, Rickettsia etc…)
Indications
1. Antibioprophylaxies en chirurgie pour les formes injectables
2. Exacerbations aigues de bronchite chronique
3. Angines à streptocoque β hem. gp A (SBHA)
Focus 2. Céphalosporine 2ème génération
DCI Voie et rythme d’adm° Posologies (fn rénale normale)
Adultes Enfants C2G
Cefamandole IM-IV x3-4/j 3 à 6g/j / Cefuroxime IM-IV x3-4/j 2 à 6g/j / Cefuroxime axetil PO 2x/j 500 mg à 1g/j /
Cephamycines Cefoxitine IM-IV x3-4/j 3 à 6g/j / Cefotetan IM-IV x2-3/j 2 à 6g/j 30-60 mg/kg/j
Diffusion satisfaisante dans de nombreux tissus (foie et voies biliaires, os et articulations, poumon...) mais INSUFFISANTE dans le LCR et en intracellulaire
Spectre utile
Active sur : 1. Cocci à Gram positif (streptocoques, SAMS), 2. BGN non producteurs de B-lactamases ou producteurs de
pénicillinase. Activité plus étendue sur entérobactéries/C1G. 3. certaines bactéries anaérobies
MAIS ≈ 68% de E. coli EBLSE sont sensibles à la cefoxitine (resistance trimethoprim/sulfamethoxazole et ciprofloxacine) Inactive (résistance naturelle) sur : entérocoques, Listeria, SARM, entérobactéries gp3 (Enterobacter, Serratia, Morganella,...), BGN non fermentaires (A. baumanii, P. aeruginosa,...), bactéries à développement intracellulaire
Point focus Cefoxitine
R. Lepeule et al AAC 2012;56:1376-81
PHRC National 2014
COLIFOX Essai randomisé, contrôlé, ouvert de non infériorité de la céfoxitine versus ertapénème dans le traitement des infections urinaires à Escherichia coli producteurs de BLSE. Multicentrique = 25 centes
Indications
1. Antibioprophylaxies en chirurgie pour les formes injectables
2. Exacerbations aigues de bronchite chronique
3. Angines a streptocoque B Hem. du gp A
4. OMA
5. Sinusites aigues de l’adulte.
Focus 3. Céphalosporine 3ème génération
Focus 3. Céphalosporine 3ème génération è C3G orales
DCI Voie et rythme d’adm° Posologies (fn rénale normale)
Adultes Enfants Cefixime PO x2-3/j 400 à 600mg/j 8 mg/kg/j Cefpodoxime proxetil PO x2/j 200 à 400mg/j / Cefotiam hexétil PO x2/j 400mg/j /
Céfixime : • Cystite aiguë compliquée, en probabiliste et en documenté • Pyélonéphrite, en relais et sur antibiogramme Cefpodoxime proxétil : • Otite moyenne aiguë de l'adulte et de l'enfant, • sinusite aiguë bactérienne de l'adulte et de l'enfant, • angine à streptocoque A de l'adulte et de l'enfant, è En cas d'allergie aux pénicillines de type hypersensibilité retardée • Exacerbation de BPCO (EABC) Céfotiam hexétil : • sinusite aiguë bactérienne de l'adulte et de l'enfant, • angine à streptocoque A de l'adulte et de l'enfant, è En cas d'allergie aux pénicillines de type hypersensibilité retardée • Exacerbation de BPCO (EABC)
Indications
Point de synthèse C3G orales
La biodisponibilité des C3GO < C1GO Prise fractionnée en 2x/j Conséquence: les concentrations sériques et tissulaires des C3GO
sont régulièrement sub-inhibitrices
Prudence dans la prescription des C3GO dans les infections pneumococciques, notamment OMA de l’enfant
A réserver plutôt à des infections SANS critères de sévérité Exacerbations de BPCO, IU basses, PNA en relai de forme IV
Focus 3. Céphalosporine 3ème génération è C3G injectables
Critères généraux sur les spectres
OUI: - BGN mais avec une couverture de spectre particulière pour
chacune - Cas particulier du BGN non fermentant Pseudomonas
aeruginosa = C3G dédiées - Streptococcus pneumoniae, y compris de sensibilité diminuée
pénicilline (PSDP) NON:
BGN Anaérobies (Bacteroides fragilis) Listeria Staphylocoque (sauf ceftaroline) Entérocoques Intracellulaires
Principales indications thérapeutiques
1. Infections localisées ou systémiques à BGN 2. Infections à Streptococcus pneumoniae, PSDP inclusivement 3. Fièvre chez le neutropénique 4. Pneumopathies bactériennes à pneumocoque (ceftriaxone) ou BGN 5. Exacerbations de bronchite chronique (2ème intention) 6. Infections urinaires graves et/ou à BMR 7. Infections nosocomiales/liées aux soins, ± en association un aminoside 8. Suspicion clinique de Purpura Fulminans (ceftriaxone) 9. Borréliose/Lyme: formes secondaires (neuroborreliose) et tertiaire
(ceftriaxone) 10. Fièvre typhoïde (ceftriaxone) 11. En association à la fosfomycine dans certaines infections documentées à
Staphylococus aureus oxa-R sensible à la fosfomycine (méningites, ostéites)
Distinction arbitraire entre les C3G injectables suivantes:
C3G SANS activité sur P. aeruginosa Cefotaxime, Ceftriaxone C3G AVEC activité anti-P. aeruginosa Ceftazidime C3G à « très large spectre » Cefepime C3G AVEC activité anti-staphylococcique Ceftaroline
C3G SANS activité sur P. aeruginosa Cefotaxime, Ceftriaxone
Cefotaxime Ceftriaxone T½ vie (h) 1 8 Liaison protéines (%) faible faible
Elimination U inchangée Biliaire
Biliaire++
U inchangée Grossesse/allaitement OUI OUI Adaptation fn rénale < 5 mL/min = /2 < 5 mL/min = 1 inj°/48h Adaptation fn hptq Non Non
Dialysables è EER: injection après la dialyse Surveillance biliaire sous Ceftriaxone
C3G AVEC activité anti-P. aeruginosa Ceftazidime
Caractéristiques PK/PD IV/IM, pas de résorption digestive T ½ vie : 1-2h Fixation aux protéines faible à modérée d’où dialysable 50-100% Bonne diffusion tissulaire, Os, Oeil et LCR inclusivement Élimination urinaire (à 80-90% sous forme inchangée) Indications Infections graves dues à bactéries sensibles, notamment Pseudomonas aeruginosa, y compris méningites = ATB réservé. NEUTROPENIE FEBRILE Doses et maniement Posologie adulte : 3-6 g/j Posologie enfant : 50-100 mg/kg/j En 3-4 adm°/j, ou en perfusion continue après une dose de charge de 2 g Adapter la posologie en cas d'insuffisance rénale pour clairance créatinine < 50 mL/min
C3G à « très large spectre » Cefepime Caractéristiques PK/PD IV/IM, pas de résorption digestive T ½ vie: 2h Élimination urinaire (à 85% sous forme inchangée) Indications Infections graves, notamment nosocomiales, à bactéries sensibles, en particulier :
bactériémies pneumonies pyélonéphrites épisodes fébriles chez les patients neutropéniques infections biliaires
Doses et maniement Posologie adulte : 2-6 g/j En 2-3 adm°/j Adapter la posologie en cas d'insuffisance rénale (clairance créatinine < 50 mL/min)
Relative stabilité vis-à-vis des céphalosporinases Place particulière vis-à-vis des entérobactéries du gp 3 ayant déréprimé leur céphalosporinase chromosomique Epargner l’utilisation des carbapénèmes.
C3G AVEC activité anti-staphylococcique Ceftaroline (confère cours nouveaux ATB)
Caractéristiques PK/PD IV, pas de résorption digestive T ½ vie: 2-4h Élimination urinaire (à 88% sous forme inchangée) Spectre/Indications Nouvelle céphalosporine dont le spectre rejoint celui des C2G cephamycines, mais avec une activité sur les staphylocoques oxa-R AMM: Infections compliquées de la peau et des tissus mous, et pneumonies communautaires Doses et maniement Posologie adulte : 600 mg x 2/j Adapter la posologie en cas d'insuffisance rénale (clairance créatinine < 50 mL/min)
Conclusion Famille INDISPENSABLE Famille TEMPS-DEPENDANTE Famille SOUS PRESSION (réservoir des entérobactéries, BMR, EBLSE) Schématiquement, prescription dans 2 situations : • Majoritaire: situation requérant une approche probabiliste de 1ère
ligne en milieu H = importance critique d’y associer la démarche de documentation de la part des praticiens è dispensation (auto-)contrôlée
• Minoritaire : maladie bactérienne identifiée (Lyme, Typhoïde, Syphilis, etc…) où prescription recommandée sur des durées contrôlées.