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LE CANADA FRANÇAIS - ACTUALITÉ - www.canadafrancais.com - LE JEUDI 4 MAI 2017 A-6 CHARLES POULIN [email protected] L a recette du succès de Chantal Vaillancourt, présidente de Nutrifrance et Personnalité d’affaires de l’année 2017, est plutôt simple. Elle se résume en une phrase très courte: être pas- sionnée par les gens qui l’entourent. Mme Vaillancourt a été nommée Personnalité d’affaires de l’année au Gala de l’Excellence de la Chambre de com- merce et de l’industrie du Haut-Richelieu (CCIHR), mais ce n’est pas seulement l’en- trepreneure dynamique que l’organisme a récompensée. C’est également son impli- cation dans la communauté qu’on voulait souligner. Lorsqu’on lui demande ce qui la pas- sionne, elle répond candidement les affaires, l’action et… les humains. «Je crois que c’est ce qui a fait mon suc- cès, l’importance que je donne aux humains, avance-t-elle. Peu importe qui est la per- sonne devant moi, je m’intéresse à elle. Je lui pose des questions, je tente de trouver des solutions avec elle. Je m’efforce de trou- ver ses plus grandes qualités et faire en sorte qu’elle les exploite. Je veux qu’elle puisse tirer le maximum de qui elle est.» Pour son entreprise, l’équation est simple: un employé inspiré veut dire une entreprise inspirée. Mais elle n’applique pas cette devise qu’au monde entrepreneurial. ÉTOILE Chantal Vaillancourt est bénévole à L’Étoile, pédiatrie sociale en communauté du Haut-Richelieu depuis quelques années. Elle occupe actuellement le poste de vice- présidente sur le conseil d’administration. Elle a choisi cette cause à la suite d’une rencontre avec le docteur Gilles Julien. Le célèbre médecin lui avait alors mentionné qu’il y avait des besoins beaucoup plus criants que l’argent au sein de l’organisme. «Le Dr Julien m’a fait réaliser que les enfants de milieux défavorisés ne fonc- tionnent pas comme ceux de milieux favo- risés, explique-t-elle. Avant, je me disais qu’on pouvait donner une bourse d’études à un enfant et que ça lui permettrait de le sortir de son milieu. J’ai compris qu’il fal- lait tenir compte de toutes les implications autour de l’enfant. Il a fallu que je travaille beaucoup sur moi-même. Mais l’équipe de L’Étoile nous amène toujours à donner le meilleur de nous-mêmes.» L’association avec une cause pour aider les enfants s’est faite naturellement. «Si on veut changer le monde, il faut changer les enfants.» «C’est très gratifiant de poser des gestes concrets qui donnent des résultats concrets, ajoute-t-elle. C’est important dans une société que les gens se trouvent une cause et fassent une différence. Si tout le monde s’impliquait quelque part, nous aurions une société très en santé.» FAMILLE Si son implication et son entreprise sont importantes pour elle, Chantal Vaillancourt souligne que c’est sa vie de famille qui est au centre de ses priorités, ce qui lui donne de l’équilibre au quotidien. Lorsqu’on lui demande quelle est la plus grande réussite de sa vie, elle laisse tomber sans hésitation que c’est sa famille. C’est ce qui lui permet d’aller plus loin dans ses autres projets. C’est d’ailleurs pourquoi elle a vécu toute la gamme des émotions le soir du Gala de l’Excellence. Elle venait de recevoir un honneur incroyable et «une grosse dose d’amour» qui lui faisait vivre un grand bonheur qu’elle ne pouvait partager avec sa mère, décédée il y a quelques semaines. «Ça m’a fait un grand vide, raconte-t-elle. Je n’ai pas pu partager ça avec elle. Vous savez, le regard d’une mère sur son enfant, c’est unique. Mais j’étais déjà sa Personnalité de l’année à ses yeux. Elle était tellement fière de moi.» «En même temps, poursuit-elle, j’ai mon garçon de 21 ans qui me prend dans ses bras et qui me dit “t’es la meilleure maman”. Et j’ai ma fille qui me regarde avec admiration. C’est quelque chose. Ce sont de grandes émotions. C’est un moment où tout l’amour que tu as pu donner prend tout son sens.» ENTREPRISE C’est sa vie de famille qui l’a dirigée vers l’entrepreneuriat. Son père était boulanger et a été en affaires toute sa vie. Son frère Gilles, lui, développait les recettes de muf- fins et de biscuits. Et Chantal était désignée pour aller les vendre. «Plus jeune, je voulais devenir psycho- logue dans la vie!, s’esclaffe-t-elle. Mais ma passion pour les affaires a fini par prendre le dessus. Je carbure aux projets!» Elle a ainsi fondé, avec son frère, Nutrifrance en 1991. L’entreprise se spécialise dans la fabrication de pâtes surgelées haut de gamme destinées à la préparation de muffins, gâteaux, bis- cuits et barres nutritives. Les produits de Nutrifrance lui confèrent aujourd’hui une bonne notoriété dans le domaine ali- mentaire. Elle possède des clients comme Sobeys (IGA) et Métro ainsi que les hôtels Hilton à Québec et Omni Mont-Royal à Montréal. L’entreprise accumule les honneurs depuis quelques années. En 2015, elle a remporté le Prix Héritage de l’organisme Répit Québec pour souligner sa contribu- tion à l’évolution de l’industrie du service alimentaire, le Prix innovation en alimen- tation du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), le prix Innovation du Salon international de l’alimentation (SIAL) de Toronto pour sa barre énergétique Omax. ÉQUIPE En plus d’offrir un produit de qualité, l’ingrédient essentiel dans le succès de Nutrifrance est le bien-être de son équipe. «Je crois que la passion de faire en sorte que les gens soient fiers d’eux-mêmes a for- tement contribué à notre réussite, soutient Chantal Vaillancourt. Quand quelqu’un rit aux éclats dans les corridors, je me dis que j’ai réussi. C’est sûr que ça paraît dans nos produits. Lorsque les gens sont heureux et motivés, ils font des gestes en vue de la réalisation de nos objectifs.» C’est l’évolution qui guide Mme Vaillancourt. L’évolution des gens et, conséquemment, de son entreprise. La présidente de Nutrifrance fait appel à un psychologue industriel à raison d’une journée et demie toutes les deux semaines. Elle s’en sert pour changer la culture de l’entreprise, mais aussi pour la faire croître. «Si on fait toujours les choses de la même manière, on ne peut pas penser avoir des résultats différents, fait-elle remarquer. Quand tu as de grandes ambitions, il faut prendre les moyens pour les réaliser. Il faut sortir de sa zone de confort.» En même temps, elle sait que les gens n’ont pas toujours confiance en eux, sur- tout pour poser des gestes de changement significatifs. C’est pourquoi elle tente de renforcer ce sentiment en leur proposant des solutions à leurs problèmes, mais aussi des défis à relever. POSER DES GESTES «Je demande aux gens quelle action ils vont faire demain pour changer la situation, explique Mme Vaillancourt. C’est beau avoir des rêves, mais il y a tellement de tueurs de rêves, des personnes qui vont tenter de te décourager. Si on ne pose pas des gestes tous les jours, ils ne se réaliseront pas.» (Photo TC Media - Rémy Boily) Une Personnalité d’affaires passionnée par les humains ENTREVUE AVEC Chantal Vaillancourt La société serait en meilleure santé si tout le monde s’impliquait dans une cause, estime Chantal Vaillancourt. LE JEU DES questions PROFESSION: Présidente de Nutrifrance. RéALISATIONS: «Avoir réussi ma vie de famille. Elle me motive à réaliser le reste, à aller plus loin.» PASSE-TEMPS: Le nautisme et les voyages. SI VOUS éTIEZ PREMIèRE MINISTRE, QUELLE SERAIT VOTRE PRIORITé? «L’éducation. Je m’arrangerais pour que le système public se rapproche du leadership du privé. Si quelque chose a du succès, on devrait être en mesure de l’appliquer au public.» QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR L’AVENIR? «J’ai toujours eu de grandes lunettes roses. J’ai tendance à voir le bon côté des choses et à me demander ce que je serais capable de mettre en place pour améliorer le monde.» « Je crois que la passion de faire en sorte que les gens soient fiers d’eux-mêmes a fortement contribué à notre réussite. Quand quelqu’un rit aux éclats dans les corridors, je me dis que j’ai réussi. Lorsque les gens sont heureux et motivés, ils font des gestes en vue de la réalisation de nos objectifs. »

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le canada français - ACTUALITÉ - www.canadafrancais.com - le jeudi 4 mai 2017A-6

Charles [email protected]

l a recette du succès de Chantal Vaillancourt, présidente de Nutrifrance et Personnalité d’affaires

de l’année 2017, est plutôt simple. Elle se résume en une phrase très courte: être pas-sionnée par les gens qui l’entourent.

Mme Vaillancourt a été nommée Personnalité d’affaires de l’année au Gala de l’Excellence de la Chambre de com-merce et de l’industrie du Haut-Richelieu (CCIHR), mais ce n’est pas seulement l’en-trepreneure dynamique que l’organisme a récompensée. C’est également son impli-cation dans la communauté qu’on voulait souligner.

Lorsqu’on lui demande ce qui la pas-sionne, elle répond candidement les affaires, l’action et… les humains.

«Je crois que c’est ce qui a fait mon suc-cès, l’importance que je donne aux humains, avance-t-elle. Peu importe qui est la per-sonne devant moi, je m’intéresse à elle. Je lui pose des questions, je tente de trouver des solutions avec elle. Je m’efforce de trou-ver ses plus grandes qualités et faire en sorte qu’elle les exploite. Je veux qu’elle puisse tirer le maximum de qui elle est.»

Pour son entreprise, l’équation est simple: un employé inspiré veut dire une entreprise inspirée. Mais elle n’applique pas cette devise qu’au monde entrepreneurial.

Étoile

Chantal Vaillancourt est bénévole à L’Étoile, pédiatrie sociale en communauté du Haut-Richelieu depuis quelques années. Elle occupe actuellement le poste de vice-présidente sur le conseil d’administration.

Elle a choisi cette cause à la suite d’une rencontre avec le docteur Gilles Julien. Le célèbre médecin lui avait alors mentionné qu’il y avait des besoins beaucoup plus criants que l’argent au sein de l’organisme.

«Le Dr Julien m’a fait réaliser que les enfants de milieux défavorisés ne fonc-tionnent pas comme ceux de milieux favo-risés, explique-t-elle. Avant, je me disais qu’on pouvait donner une bourse d’études à un enfant et que ça lui permettrait de le sortir de son milieu. J’ai compris qu’il fal-lait tenir compte de toutes les implications

autour de l’enfant. Il a fallu que je travaille beaucoup sur moi-même. Mais l’équipe de L’Étoile nous amène toujours à donner le meilleur de nous-mêmes.»

L’association avec une cause pour aider les enfants s’est faite naturellement. «Si on veut changer le monde, il faut changer les enfants.»

«C’est très gratifiant de poser des gestes concrets qui donnent des résultats concrets, ajoute-t-elle. C’est important dans une société que les gens se trouvent une cause et fassent une différence. Si tout le monde s’impliquait quelque part, nous aurions une société très en santé.»

Famille

Si son implication et son entreprise sont importantes pour elle, Chantal Vaillancourt souligne que c’est sa vie de famille qui est au centre de ses priorités, ce qui lui donne de l’équilibre au quotidien.

Lorsqu’on lui demande quelle est la plus grande réussite de sa vie, elle laisse tomber sans hésitation que c’est sa famille. C’est ce qui lui permet d’aller plus loin dans ses autres projets.

C’est d’ailleurs pourquoi elle a vécu toute la gamme des émotions le soir du Gala de l’Excellence. Elle venait de recevoir un honneur incroyable et «une grosse dose d’amour» qui lui faisait vivre un grand bonheur qu’elle ne pouvait partager avec sa mère, décédée il y a quelques semaines.

«Ça m’a fait un grand vide, raconte-t-elle. Je n’ai pas pu partager ça avec elle. Vous savez, le regard d’une mère sur son enfant, c’est unique. Mais j’étais déjà sa Personnalité de l’année à ses yeux. Elle était tellement fière de moi.»

«En même temps, poursuit-elle, j’ai mon garçon de 21 ans qui me prend dans ses bras et qui me dit “t’es la meilleure maman”. Et j’ai ma fille qui me regarde avec admiration. C’est quelque chose. Ce sont de grandes émotions. C’est un moment où tout l’amour que tu as pu donner prend tout son sens.»

entreprise

C’est sa vie de famille qui l’a dirigée vers l’entrepreneuriat. Son père était boulanger et a été en affaires toute sa vie. Son frère Gilles, lui, développait les recettes de muf-fins et de biscuits. Et Chantal était désignée pour aller les vendre.

«Plus jeune, je voulais devenir psycho-logue dans la vie!, s’esclaffe-t-elle. Mais ma passion pour les affaires a fini par prendre le dessus. Je carbure aux projets!»

Elle a ainsi fondé, avec son frère, Nutrifrance en 1991. L’entreprise se spécialise dans la fabrication de pâtes surgelées haut de gamme destinées à la préparation de muffins, gâteaux, bis-cuits et barres nutritives. Les produits de Nutrifrance lui confèrent aujourd’hui une bonne notoriété dans le domaine ali-mentaire. Elle possède des clients comme Sobeys (IGA) et Métro ainsi que les hôtels Hilton à Québec et Omni Mont-Royal à Montréal.

L’entreprise accumule les honneurs depuis quelques années. En 2015, elle a remporté le Prix Héritage de l’organisme Répit Québec pour souligner sa contribu-tion à l’évolution de l’industrie du service alimentaire, le Prix innovation en alimen-tation du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), le prix

Innovation du Salon international de l’alimentation (SIAL) de Toronto pour sa barre énergétique Omax.

Équipe

En plus d’offrir un produit de qualité, l’ingrédient essentiel dans le succès de Nutrifrance est le bien-être de son équipe.

«Je crois que la passion de faire en sorte que les gens soient fiers d’eux-mêmes a for-tement contribué à notre réussite, soutient Chantal Vaillancourt. Quand quelqu’un rit aux éclats dans les corridors, je me dis que j’ai réussi. C’est sûr que ça paraît dans nos produits. Lorsque les gens sont heureux et motivés, ils font des gestes en vue de la réalisation de nos objectifs.»

C ’est l ’é volut ion qui guide Mme Vaillancourt. L’évolution des gens et, conséquemment, de son entreprise.

La présidente de Nutrifrance fait appel à un psychologue industriel à raison d’une journée et demie toutes les deux semaines. Elle s’en sert pour changer la culture de l’entreprise, mais aussi pour la faire croître.

«Si on fait toujours les choses de la même manière, on ne peut pas penser avoir des résultats différents, fait-elle remarquer. Quand tu as de grandes ambitions, il faut prendre les moyens pour les réaliser. Il faut sortir de sa zone de confort.»

En même temps, elle sait que les gens n’ont pas toujours confiance en eux, sur-tout pour poser des gestes de changement significatifs. C’est pourquoi elle tente de renforcer ce sentiment en leur proposant des solutions à leurs problèmes, mais aussi des défis à relever.

poser des gestes

«Je demande aux gens quelle action ils vont faire demain pour changer la situation, explique Mme Vaillancourt. C’est beau avoir des rêves, mais il y a tellement de tueurs de rêves, des personnes qui vont tenter de te décourager. Si on ne pose pas des gestes tous les jours, ils ne se réaliseront pas.»

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Une Personnalité d’affaires passionnée par les humainsEntrEvuE AvEc Chantal Vaillancourt

la société serait en meilleure santé si tout le monde s’impliquait dans une cause, estime Chantal Vaillancourt.

lE jEu dEsquestionsProfEssion: Présidente de Nutrifrance.

réAlisAtions: «avoir réussi ma vie de famille. elle me motive à réaliser le reste, à aller plus loin.»

PAssE-tEmPs: le nautisme et les voyages.si vous étiEz PrEmièrE ministrE, quEllE sErAit votrE Priorité? «l’éducation. Je m’arrangerais pour que le système public se rapproche du leadership du privé. si quelque chose a du succès, on devrait être en mesure de l’appliquer au public.»quEl rEgArd PortEz-vous sur l’AvEnir? «J’ai toujours eu de grandes lunettes roses. J’ai tendance à voir le bon côté des choses et à me demander ce que je serais capable de mettre en place pour améliorer le monde.»

« je crois que la passion de faire en sorte que les gens soient fiers d’eux-mêmes a fortement contribué à notre réussite. quand quelqu’un rit aux éclats dans les corridors, je me dis que j’ai réussi. lorsque les gens sont heureux et motivés, ils font des gestes en vue de la réalisation de nos objectifs.»