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« Le thymus sur le divan »: sémiologie
normale et pathologique
M. Jolibert, S. Coze, P. Cassagneau
B. Maurel, C. Muller, V. Vidal
JM. Bartoli, G. Moulin, JY. Gaubert
Service d’imagerie médicale et interventionnelle
CHU Timone - Marseille
« Le thymus sur le divan »: sémiologie
normale et pathologique
Anatomie
Fonction
Thymus « normal »
Circonstances de découvertes d’une lésion thymique
Classification histologique de l’OMS
Diagnostics différentiels
En pratique
Anatomie
Organe du médiastin antéro-supérieur et antéro-
moyen
2 lobes issus de la migration et de la fusion des
3èmes poches endobranchiales
Une médulla et un cortex entourés d’une capsule
d’où partent des travées conjonctives le découpant
en lobules
Vascularisation: branches des artères thyroïdienne
inférieure, thoracique interne et thymo-thyroidienne
Art Thymiques sup
Fonction du thymus
Véritable « usine » permettant la différentiation et
la maturation des lymphocytes T à partir de
cellules précurseuses synthétisées dans la
moelle osseuse hématopoïétique
Organe lymphoépithélial
A la 10ème semaine de gestation, colonisation du tissu épithélial
thymique par des cellules lymphoïdes provenant du foie et de la
moelle osseuse hématopoïétique
Thymus « normal »
Involution graisseuse avec l’âge
Reliquat visible jusqu’à 40-45 ans
Epaisseur maximale (plan axial)
18mm avant 20 ans
13mm après 20 ans
Forme triangulaire, bords droits ou concaves
Signal IRM
T1 > signal des muscles
T2 ≈ signal des muscles
Patiente de 14 ans
Patiente de 31ans
Circonstances de découverte d’une
anomalie thymique Fortuite
Signes spécifiques - Syndromes parathymiques: myasthénie, hypogammaglobulinémie,
erythroblastopénie sont les plus fréquents
- Altération de l’état général si lésion maligne
- Gynécomastie (20% des tumeurs malignes à cellules germinales)
Symptomatologie locale par compression - Douleur,
- Dyspnée, toux,
- Syndrome cave supérieur
Classification histologique de l’OMS
des lésions thymiques
1. Tumeurs épithéliales
2. Tumeurs neuroendocrines
3. Tumeurs germinales
4. Tumeurs lymphoïdes
5. Tumeurs stromales
6. Lésions pseudotumorales
7. Tumeurs métastatiques
8. Tumeurs cervicales d’origine thymique
1. Tumeurs épithéliales
Les thymomes
- de bas grade
- de haut grade
Les carcinomes thymiques: type C Cellules épithéliales malignes
Type A Composés de cellules épithéliales fusiformes tumorales sans atypie ni lymphocytes tumoraux
Type AB Similaires au type A mais avec quelques foyers de lymphocytes tumoraux
Type B Comportent des cellules épithéliales épithélioides
- B1: ressemblent à un cortex thymique normal avec des régions voisines de la médullaire thymique
- B2: présentent des cellules épithéliales néoplasiques éparpillées avec des noyaux vésiculaires
- B3: principalement composés de cellules épithéliales avec une atypie modérée
1.1 Classification
Thymomes
- Tumeurs les plus fréquentes du médiastin antérieur
- 40-50 ans, ♀>♂
- La myasthénie est le syndrome parathymique le plus fréquemment associé
- 15% des patients atteint d’une myasthénie ont un thymome
- 30 à 40% des patients ayant un thymome ont une myasthénie
Carcinomes thymiques
- 6ème décennie, ♂+++
- Symptomatologie locale +++
- Syndromes parathymiques rares
1.2 Epidémiologie
1. Tumeurs épithéliales
Les tumeurs du thymus. Perrottin et al. EMC
1.3 Stadification
Classification de Masaoka basée sur le degré d’extension
D’autres classifications sont disponibles dont certaines basées sur des critères de résection chirurgicale
Corrélation entre intensité de fixation au 18F-FDG PET et malignité de la tumeur?
Stade I Tumeur macroscopiquement encapsulée sans envahissement microscopique capsulaire
Stade IIa Envahissement macroscopique du tissu graisseux voisin ou de la plèvre médiastinale
Stade IIb Envahissement microscopique capsulaire
Stade III Envahissement macrosopique des organes voisins
Stade IVa Métastases pleurales ou péricardiques
Stade IVb Métastases hématogènes ou par voie lymphatique
1. Tumeurs épithéliales
5% de métastases si thymome/ 50 à 65% si carcinome thymique lors du diagnostic
Utility of 18FDG-PET for differentiating the grade of malignancy in thymic epithelial tumors. Endo et
al. Lung Cancer 2008
La caractérisation en imagerie des différentes tumeurs épithéliales est
difficile mais certains signes sémiologiques au scanner et en IRM
permettent d’orienter le diagnostic
- Les contours: réguliers/irréguliers
- Le contenu: calcifications, composante nécrotique ou kystique, composante
hémorragique, la présence de septas fibreux
- La présence d’une capsule
- Le rehaussement: homogène/hétérogène
- L’envahissement vasculaire
- La présence d’adénopathies
1.4 Apports de l’imagerie dans la caractérisation?
1. Tumeurs épithéliales
Thymic epithelial tumors: Comparison of CT and MR imaging findings of low-risk thymomas, high-risk thymomas, and thymic
carcinomas. Sadohara et al. EJR 2006
Does CT of Thymic Epithelial Tumors Enable Us to Differentiate Histologic Subtypes and Predict Prognosis? Ueon et al. AJR 2004
Signes présents plus fréquemment dans les carcinomes thymiques que
dans les thymomes de bas grade
1.4 Apports de l’imagerie dans la caractérisation?
Un envahissement vasculaire
thrombose
et/ou englobement >180°
Une irrégularité des contours Des remaniements nécrotiques et
kystiques
hypodenses, hypoT1, franc hyperT2
1. Tumeurs épithéliales
Un rehaussement hétérogène
Des adénopathies médiastinales
petit axe supracentimétrique
T1 avec
saturation de la
graisse Gd -
T1 avec
saturation de la
graisse Gd +
1. Tumeurs épithéliales 1.4 Apports de l’imagerie dans la caractérisation?
Des signes en IRM sont plutôt en faveur d’un thymome de bas grade
La présence d’une capsule
continue >2/3 du périmètre, fine < 2mm d’épaisseur, hypo T1
La présence de septas fibreux
en hypo ou hyper signal divisant la tumeur en lobules
Un rehaussement homogène
Des contours réguliers
1. Tumeurs épithéliales 1.4 Apports de l’imagerie dans la caractérisation?
* *
* *Thymic epithelial tumors: Comparison of CT and MR imaging findings oflow-risk
thymomas, high-risk thymomas, and thymic carcinomas. Sadohara et al. EJR 2006
Enfin certains signes n’ont aucune valeur
La présence de calcifications
La présence d’un épanchement pleural
Les remaniements hémorragiques
La présence d’une capsule au scanner
hypo ou hyperdense
T1 FS
1. Tumeurs épithéliales 1.4 Apports de l’imagerie dans la caractérisation?
*
Traitement chirurgical = traitement de référence
+/- compléter par une chimio et une radiothérapie
Dans 25% des cas améliorations des symptômes si myasthénie associée
Facteurs pronostics: Classifications de l’OMS et de Masaoka, résection
chirurgicale complète, taille > 8cm
Pas d’influence des syndromes parathymiques
Médiane de survie: 24 mois pour les carcinomes
Médiane de survie à 10 ans pour les thymomes tous stades confondus
76% si résection complète / 28% si résection incomplète
10 à 30% de récidives même après résection complète (8 ans en moyenne)
locales ou loco-régionales: plèvre, péricarde, poumons
1. Tumeurs épithéliales 1.5 Prise en charge
Patient de 55 ans
Lésion thymique à contours irréguliers, se
rehaussant de façon hétérogène
Envahissement du TABC et de l’artère carotide
commune gauche
Métastases sternale et pulmonaire
Carcinome thymique
Patient de 45 ans, lésion thymique tissulaire relativement homogène à contours irréguliers
Thymome B2 stade IIb de Masaoka
Patiente de 46 ans, contexte de myasthénie
Lésion thymimque relativement homogène, à contours réguliers, siège d’une calcification
Thymome de type B1, Masaoka IIa
Patiente de 74 ans
Découverte fortuite d’un thymome de type B2 avec
métastases pleurales
Très rares
Age moyen: 43 ans, prédominance masculine, contexte d’endocrinopathie ou de NEM1 dans 50% des cas
20% associés à des métastases lors du diagnostic (ganglionnaires, pulmonaires, pancréatiques, hépatiques et osseuses)
Difficile à différencier d’un carcinome thymique en imagerie morphologique
Rôle de la scintigraphie à l’Octréotide dans le bilan d’extension
Prise en charge identique à celles des autres tumeurs neuroendocrines
27% de survie à 5 ans et 9% à 10 ans
2. Tumeurs neuroendocrines
Homme de 52 ans
Contexte de NEM1
Lésions thymiques et
pancréatiques fixantes à la
scintigraphie à l’ocrétotide
3. Tumeurs à cellules germinales
Issues de cellules germinales extra-gonadiques
Selon leur degré de développement, on distingue les tumeurs germinales
A différentiation extra-embryonnaire:
- Tératome mature
- Tératome immature
- Tératome à transformation maligne
A différentiation embryonnaire: Tumeurs germinales séminomateuses TGS
Tumeurs germinales non séminomateuses TGNS
- Choriocarcinome
- Tumeurs du sac endodermique
- Carcinome embryonnaire
Tumeurs malignes
Tumeurs bénignes
3.1 Classification
3. Tumeurs à cellules germinales
< 10% des tumeurs médiastinales
2/3 des localisations extra-gonadiques
- 80%: tératomes matures
- 20% : tumeurs germinales malignes
Adulte jeune, ♂>♀
Syndrome de Klinefelter dans les TGNS
Evolution rapide avec envahissement local et métastatique fréquente
dans les TGNS Gynécomastie dans 20% des cas
≠ évolution lente, asymptomatique dans les TGS
° marqueurs tumoraux FP et βHCG dans les TGNS
3.2 Epidémiologie
3. Tumeurs à cellules germinales 3.3 Imagerie
Tératome mature
Lésion bien limitée, possible fine capsule prenant le contraste
Composantes graisseuse (75% des cas), liquidienne (90%), tissulaires et
calcifications (dent) en proportion variable
Niveau liquide/graisse: 10% des cas
≠ tératome malin: contours irréguliers, composante tissulaire +++/composante
graisseuse, remaniements nécrotiques, signes de compression
Tumeurs germinales malignes
Volumineuses tumeurs sans signes sémiologiques spécifiques
Envahissement local et épanchement pleural (25%) dans les TGNS
Lésion ronde, bien limitée, calcifiée en périphérie présentant une composante graisseuse
dont le signal diminue sur la séquence avec saturation de graisse ( ) et une composante
tissulaire se rehaussant après injection ( ) Tératome mature
Type de tumeur Chirugie Chimiothérapie Radiothérapie Survie à 5ans
Tératome
mature
+++
TGNS +++ +++ 45%
TGS +/-
(des masses
résiduelles)
+++ +/-
(des masses
résiduelles)
88%
Tératome
immature
+++ +/- +/-
3. Tumeurs à cellules germinales 3.4 Prise en charge
4. Tumeurs lymphoïdes
Classification
- Lymphomes de Hodgkin +++
- Lymphome de type B à grandes cellules
- Lymphomes lymphoblastiques
Atteinte isolée (rare) ou dans le cadre d’une maladie systémique
Age moyen: 30 ans
Prise en charge chimiothérapie et/ou radiothérapie selon le type de
tumeur et son extension
Intérêt d’une biopsie percutanée si doute avec une lésion nécessitant un
traitement chirugical
4. 1 Classification, épidémiologie, et prise en charge
4. Tumeurs lymphoïdes
Absence de signes radiologiques spécifiques: infiltration glandulaire et/ou
masse polylobée avec signes de compression (syndrome cave supérieur
dans 30% des cas)
Calcifications et remaniements nécrotiques possibles
Hyposignal T1, variable en T2
Diagnostic différentiel difficile entre hyperplasie thymique et infiltration
lymphomateuse
Rôle de la PET-FDG et des séquences de déplacement chimique?
Masse résiduelle fibreuse post-thérapeutique en hypoT1 et T2 à différencier
d’une récidive en hyperT2
4. 2 Imagerie
VCS
5. Tumeurs stromales
• Thymolipome:
5 % des tumeurs thymiques
Volumineuse tumeur (jusqu’à 20cm), bien encapsulée, refoulée par les
structures de voisinage (consistance molle)
Contenu graisseux associé à des septas fibreux et à du tissu thymique
• Thymoliposarcome
• Tumeur fibreuse solitaire
• Tumeur rhabdoïde
Prise en charge chirurgicale
6. Lésions pseudotumorales
Hyperplasie thymique vraie et hyperplasie lymphoïde
Kyste thymique
Histiocytose à cellules de Langerhans
6.1 Classification
6. Lésions pseudotumorales
Hyperplasie thymique vraie
- Taille augmentée
- Organisation microscopique normale
- Contexte de stress physiologique (Pneumopathie, corticothérapie, radio et chimiothérapie, sarcoïdose, aplasie, hyperthyroïdie)
- Normalisation en 9 mois
- « Rebond thymique » > 50% taille initiale
6.2 Hyperplasie thymique vraie et hyperplasie lymphoïde
Hyperplasie lymphoïde
- Taille normale ou augmentée
- X° des follicules lymphoïdes des centres germinatifs
- Contexte de myasthénie et de maladies auto-immunes
L’imagerie ne permet pas de faire la différence: on parle de « thymus hyperplasique »
6. Lésions pseudotumorales 6.2 Hyperplasie thymique vraie et hyperplasie lymphoïde
• Elargissement homogène du thymus 18mm avant 20 ans / 13mm après 20 ans
• Conservation de sa morphologie • Absence de masse individualisable
6. Lésions pseudotumorales 6.2 Hyperplasie thymique vraie et hyperplasie lymphoïde
Il est parfois difficile de différencier un thymus hyperplasique d’un
thymome ou d’un lymphome
Importance de ce diagnostic pré-opératoire car la chirurgie est
différente du fait du risque de récidive locale des thymomes
Intérêt des séquences de déplacement chimiques pour différencier
ces lésions pseudotumorales de véritables tumeurs?
– Involution graisseuse du thymus adulte/ absence de graisse dans les tumeurs
– Etude des rapports du signal de la glande thymique/signal des muscles
paravertébraux en phase et en opposition de phase chez 46 patients
– Diminution du signal dans les thymus hyperplasiques au contraire des thymomes
Thymic Hyperplasia and Thymus Gland Tumors: Differentiation with Chemical Shift MR Imaging. Inaoka et al. Radiology 2007
6. Lésions pseudotumorales 6.3 Kyste thymique
< 4% des tumeurs du médiastin
Origine congénitale ou acquis post-chimiothérapie ou thoracotomie
Densité/signal liquidiens, absence de rehaussement
Traitement chirurgical
Kyste post-thymectomie
pour thymome de bas
grade
7. Tumeurs cervicales d’origine
thymique
Du fait de la migration embryologique des 3èmes poches
endobranchiales, l’ensemble des pathologies considérées peut
être retrouvées à l’étage cervical
Absence de particularité sémiologique
8. Tumeurs métastatiques Origines diverses
Par contiguïté dans les néoplasies pulmonaires ou par
dissémination lymphatique pour les autres tumeurs primitives
Patient de 45 ans: métastases thymiques et péritonéales d’un mélanome malin
Diagnostics différentiels
Les lésions du médiastin antérieur
- Lésion thyroïdienne
- Adénopathie
- Kyste et diverticule pleuro-péricardique
- Adénome parathyroidien ectopique
- Kyste bronchogénique
- Tumeur du nerf récurrent gauche
- Lipome
- Lymphangiome
- Kyste hydatique
Adénopathie du site 2R dans
le cade d’une néoplasie rectale
En pratique
Avec signes d’envahissement local
Lymphome
Carcinome thymique ou thymome de haut grade
Tumeurs germinales malignes
Lésion du médiastin antéro-supérieur: origine thymique?
Homme jeune
Penser aux tumeurs germinales (marqueurs
tumoraux: αFP et/ou ßHCG)
Composante tissulaire majoritaire Composante graisseuse
Composante kystique
A contours réguliers
Thymomes
Tératomes
Tératome mature
Thymolipome
Kyste thymique
Remaniements nécrotiques
Apports de l’imagerie
Détection fortuite des lésions thymiques
Affirmer l’origine thymique d’une lésion médiastinale
Rechercher des critères sémiologiques en faveur d’une des lésions
thymiques de la classification de l’OMS en scanner et en IRM (intérêt
des séquences de déplacements chimiques)
Analyser les rapports de la lésion et effectuer un bilan d’extension et
de résécabilité: s’aider des reconstructions 3D et des séquences
coronales et sagittales en IRM
Réaliser une biopsie percutanée en fonction du contexte