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M~decine et Maladies Infectieuses. 1972 - 2 - 3 - 105-116 .Action de divers antiseptiques sur quelques bact6ries hospitali res M. PUJOL**, C. MOREL** et F. FREYMUTH ** Depuis la d#couverte du monde bacl~rien et de son role dans la pathologie humaine, les recherches se sont constamment poursuivies pour am#liorer les moyens de pr~venir et combattre I'infection. Dans cette lutte contre I'infection, cer- taines substances chimiques, les antiseptiques, jouent un r61e important. Un anti- septique, au sens strict du mot, est une substance qui prdvient ou arr#te la crois- sance des germes, soit en inhibant leur activitd, soit en les d#truisant. Parmi les substances antibactdriennes, il faut grossierement distinguer deux categories: d'une part les antibiotiques, d'autre part les antiseptiques. Si, ~ I'ori- gine, les antibiotiques dtaient des substances antibactdriennes secr~t6es par des micro-organismes vivants, actuellement quelques antibiotiques sont des produits de synthese dont la formule est proche des antibiotiques naturels. Aussi, antisep- tiques et antibiotiques ne se diffdrencient-ils que par I~ur mode d'action. Les anti- biotiques agissent ~ dose faible, a I'dchelle moldculaire, en interf~rant au niveau d'une ou plusieurs etapes mdtaboliques de la bact~rie. D'ob leur action sp~cifique sur la cellule bactdrienne et, souvent m~me, sur une categorie particuli6re de bactdries, respectant I'organisme infect& Cette action ~ dose faible permet de plus leur utilisation par voie interne, orale ou parent#rale. A I'opposd les antiseptiques agissent de fa?on globale, par des processus physiques ou physico-chimiques, sur la cellule bacterienne (seuls certains anti- biotiques polypeptidiques ont une activit~ comparable au niveau de la membrane bactdrienne). Cette action est peu specifique et touche routes les cellules vivantes qui se trouvent au contact de I'antiseptique. Malgr6 les progr6s r6alis6s qui ont diminu6 con- sid6rablement la toxicite de ces substances, la dose efficace est souvent proche de la dose toxique et leur usage est plus sp6cialement r6serv6 aux appli- cations externes, aux traitements Iocaux. On donne g6n6ralement le nom d'antiseptique aux substances antibact6riennes utilis6es sur les tissus vivants et I'on appelle d~sinfectant celles qui sont employ6es sur le materiel inerte. En fait, cette distinction est assez artificielle car la plupart des d6sinfectants peu- vent 6tre utilis6s sur les tissus, Iorsqu'ils sont suffi- samment dilu6s pour att6nuer leur toxicit6. Bien que I'antibioth6rapie ait pris une place pr6- pond6rante dans ia therapeutique anti-infectieuse, les antiseptiques gardent de nombreuses applications dans ]e traitement des 16sions locales et un r61e ca- pital dans la pr6vention de I'infection. Dans l'eu- phorie qui a suivi les premieres ann6es de I'antibio- therapie, on a parfois eu tendance & n6gliger les pr6- cautions d'aseptie et d'antisepsie. Malheureusement, tr6s rite, les germes s'adaptent et sont a61ectionn6s en fonction de leur resistance aux antibiotiques. II est donc de plus en plus evident qu'il vaut mieux pr6- venir I'apparition de I'infection que d'avoir & la traiter. Si I'asepsie est importante en mati6re de chirurgie quotidienne, elle devient vitale dans le traitement d#s grands br~16s et dans certains domaines a la pointe * Manuscrit re~.u & la r6daction le 15 octobre 1971. ** Laboratoire de Microbiologie, Centre Hospitalier, 14- Caen. de I'actualit6, comme celui des greffes oQ les immu- nodepresseurs rendent !e patient particuli6rement r6- ceptif & I'infection. De multiples sp6cialit6s & vis6e antiseptique s'of- frent au praticien et du fait m6me de cette multipli- cit6 le choix est souvent difficile. Ce choix d6pend bien entendu de I'usage d6sir6 et I'on ne s'adresse pas au m6me produit pour d~sirffecter un local, des instruments de chirurgie ou pour nettoyer une plaie, un champ op6ratoire. D'autre part les germes ne pr6- sentent pas tous la m6me sensibilit6 et Iorsqu'il a'agit de d6truire un germe particulier, il faudrait en toute Iogique pratiquer un ,, antiseptogramme ,, pour tester la sensibilite aux antiseptiques qu'il est possible d'utiliser. II est bien 6vident que cet ,, antisepto- gramme ,> n'es~ pas realisable dans la pratique jour- nali6re et & d6faut il nous a sembl6 int6ressant de faire un bilan de la sensibilit6 actuelle d'un certain nombre de germea & quelques antiseptiques utilises de fa?on courante. II semble en effet que cette sen- sibilit6 ne soit pas stable mais ait subi des modifica- tions depuis le d6but de leur emploi. La diminution de la sensibilit6 de germes & I'hexachloroph6ne par exemple a d6j& 6t6 aignal6e par plusieurs auteurs (4). Pour que ce travail puisse trouver I'application pratique imm6diate & laquelle il tend, nous avons d6fini les concentrations actives en les comparant chaque lois & celles de quelques sp6cialit6s commer- ciales (arbitrairement choisies) dans lesquelles se trouve I'antiseptique 6tudi& De sorte que le lecteur peut voir rapidement si tel ou tel produit employ6 105

Action de divers antiseptiques sur quelques bactéries hospitalières

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Page 1: Action de divers antiseptiques sur quelques bactéries hospitalières

M ~ d e c i n e e t M a l a d i e s I n f e c t i e u s e s . 1972 - 2 - 3 - 105-116

.Action de divers antiseptiques sur quelques bact6ries hospitali res

M. PUJOL**, C. MOREL** et F. FREYMUTH **

Depuis la d#couverte du monde bacl~rien et de son role dans la pathologie humaine, les recherches se sont constamment poursuivies pour am#liorer les moyens de pr~venir et combattre I'infection. Dans cette lutte contre I'infection, cer- taines substances chimiques, les antiseptiques, jouent un r61e important. Un anti- septique, au sens strict du mot, est une substance qui prdvient ou arr#te la crois- sance des germes, soit en inhibant leur activitd, soit en les d#truisant.

Parmi les substances antibactdriennes, il faut grossierement distinguer deux categories: d'une part les antibiotiques, d'autre part les antiseptiques. Si, ~ I'ori- gine, les antibiotiques dtaient des substances antibactdriennes secr~t6es par des micro-organismes vivants, actuellement quelques antibiotiques sont des produits de synthese dont la formule est proche des antibiotiques naturels. Aussi, antisep- tiques et antibiotiques ne se diffdrencient-ils que par I~ur mode d'action. Les anti- biotiques agissent ~ dose faible, a I'dchelle moldculaire, en interf~rant au niveau d'une ou plusieurs etapes mdtaboliques de la bact~rie. D'ob leur action sp~cifique sur la cellule bactdrienne et, souvent m~me, sur une categorie particuli6re de bactdries, respectant I'organisme infect& Cette action ~ dose faible permet de plus leur utilisation par voie interne, orale ou parent#rale.

A I'opposd les antiseptiques agissent de fa?on globale, par des processus physiques ou physico-chimiques, sur la cellule bacterienne (seuls certains anti- biotiques polypeptidiques ont une activit~ comparable au niveau de la membrane bactdrienne). Cette action est peu specifique et touche routes les cellules vivantes qui se trouvent au contact de I'antiseptique.

Malgr6 les progr6s r6alis6s qui ont diminu6 con- sid6rablement la toxicite de ces substances, la dose efficace est souvent proche de la dose toxique et leur usage est plus sp6cialement r6serv6 aux appli- cations externes, aux traitements Iocaux. On donne g6n6ralement le nom d'antiseptique aux substances antibact6riennes utilis6es sur les tissus vivants et I'on appelle d~sinfectant celles qui sont employ6es sur le materiel inerte. En fait, cette distinction est assez artificielle car la plupart des d6sinfectants peu- vent 6tre utilis6s sur les tissus, Iorsqu'ils sont suffi- samment dilu6s pour att6nuer leur toxicit6.

Bien que I'antibioth6rapie ait pris une place pr6- pond6rante dans ia therapeutique anti-infectieuse, les antiseptiques gardent de nombreuses applications dans ]e traitement des 16sions locales et un r61e ca- pital dans la pr6vention de I'infection. Dans l'eu- phorie qui a suivi les premieres ann6es de I'antibio- therapie, on a parfois eu tendance & n6gliger les pr6- cautions d'aseptie et d'antisepsie. Malheureusement, tr6s rite, les germes s'adaptent et sont a61ectionn6s en fonction de leur resistance aux antibiotiques. II est donc de plus en plus evident qu'il vaut mieux pr6- venir I'apparition de I'infection que d'avoir & la traiter.

Si I'asepsie est importante en mati6re de chirurgie quotidienne, elle devient vitale dans le traitement d#s grands br~16s et dans certains domaines a la pointe

* Manuscrit re~.u & la r6daction le 15 octobre 1971. ** Laboratoire de Microbiologie, Centre Hospitalier, 14-

Caen.

de I'actualit6, comme celui des greffes oQ les immu- nodepresseurs rendent !e patient particuli6rement r6- ceptif & I'infection.

De multiples sp6cialit6s & vis6e antiseptique s'of- frent au praticien et du fait m6me de cette multipli- cit6 le choix est souvent difficile. Ce choix d6pend bien entendu de I'usage d6sir6 et I'on ne s'adresse pas au m6me produit pour d~sirffecter un local, des instruments de chirurgie ou pour nettoyer une plaie, un champ op6ratoire. D'autre part les germes ne pr6- sentent pas tous la m6me sensibilit6 et Iorsqu'il a'agit de d6truire un germe particulier, il faudrait en toute Iogique pratiquer un ,, antiseptogramme ,, pour tester la sensibilite aux antiseptiques qu'il est possible d'utiliser. II est bien 6vident que cet ,, antisepto- gramme ,> n'es~ pas realisable dans la pratique jour- nali6re et & d6faut il nous a sembl6 int6ressant de faire un bilan de la sensibilit6 actuelle d'un certain nombre de germea & quelques antiseptiques utilises de fa?on courante. II semble en effet que cette sen- sibilit6 ne soit pas stable mais ait subi des modifica- tions depuis le d6but de leur emploi. La diminution de la sensibilit6 de germes & I'hexachloroph6ne par exemple a d6j& 6t6 aignal6e par plusieurs auteurs (4).

Pour que ce travail puisse trouver I'application pratique imm6diate & laquelle il tend, nous avons d6fini les concentrations actives en les comparant chaque lois & celles de quelques sp6cialit6s commer- ciales (arbitrairement choisies) dans lesquelles se trouve I'antiseptique 6tudi& De sorte que le lecteur peut voir rapidement si tel ou tel produit employ6

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Page 2: Action de divers antiseptiques sur quelques bactéries hospitalières

dans des conditions particulieres de temps de contact est actif sur le ou les germes vises.

Depuis quelques annees dej&, nous avons pu assister & un remaniement de la pathologie infec- tieuse, en milieu hospitalier, remaniement dQ, semble- t-il, & I'extension de I'antibiotherapie qui a selectionne les germes resistants. Si le Staphylocoque se ren- contre encore souvent dans les surinfections, on a vu apparaitre toute une gamme de germes ~ nouveaux ,~, Pyocyanique, Serratia, Enterobacter, Proteus, qui, con- sideres autrefois comme des saprophytes inoffensifs, sont actuellement responsables de bon nombre d'in- fections. Nous avons donc particulierement orient6 notre travail sur I'etude de la sensibil ite de ces germes.

Les antiseptiques etudies ont ete choisis de fagon & presenter un eventail de possibilit6s assez large. IIs ont ete pris parmi les diff6rentes categories et bien entendu ce choix ne presume en rien de la valeur d'autres produits non mentionnes. D'ailleurs depuis cette etude, nous avons eu connaissance de produits nouveaux qui feront ult6rieurement i'objet d'un addi- tif & ce travail.

Avant d'aborder la partie experimentale de ce travail, nous ferons un bref rappel des differentes categories d'antiseptiques dans lesquelles se classent les produits etudies, et du mecanisme de leur acti- vit6 antimicrobienne. II faut signaler d'ailleurs que dans la plupart des cas, ce mecanisme n'est pas connu de faoon precise.

ANTISEPTIQUES ETUDIES

1. LES DERIVES DU CHLORE

Le chlore est Fun des antiseptiques les plus com- muns. Dangereux sous sa forme gazeuse, il est cou- ramment employe sous forme d'hypochlorite de so- dium, de chlorure de ehaux, de chloramine. II agit comme oxydant en liberant de I'oxyg~ne naissant qui est un puissant bactericide.

Parmi ces produits chlores, nous avons choisi deux antiseptiques. Le premier est I 'Hypochlorite de so- dium, sous forme d'eau de Javel, & 12 ~ chlorimetrique. II s'agit surtout d'un desinfeetant utilis6 pour la ste- rilisation des eaux de boissons, de piscines, la desin- fection des Iocaux et objets souilles. L'eau de Javel est utilisee soit pure (12 ~ chlorimetriques), soit dilu6e au 1/50 pour usage ,, domestique ,,.

Le second est la Chloramine sodique du toluene qui agit de la meme fagon par formation d'acide hypo- chloreux puis liberation d'oxyg&ne naissant.

Ce produit est utilise pour le nettoyage des plaies par irrigation ou pansements humides et, & plus grande dilution, en bains de bouche, gargarismes, etc.

2. LE PHENOL ET SES DERIVES

Bien que le Phenol ne soit plus employe en raison de sa toxicite, nous avons tenu & le citer en raison de son rele historique. En effet, il fut employe par Lister en 1867 clans les debuts de la lutte contre I'in- fection microbienne. D'autre part, en 1903, Rideal et Walker proposerent I'utilisation d'une methode stan-

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dard pour tester les antiseptiques. C'est le ,, coeffi- cient phenol ,, qui, pendant Iongtemps, a servi de reference pour I'etude de tout nouvel antibacterien. II s'agit d'une etude en milieu liquide pour determiner la plus forte dilution d'une substance pouvant tuer un germe test dans des conditions de temps determi- nees. Cette dilution est comparee avec la quantite de phenol donnant le meme resultat, dans les memes conditions de temps. Le germe utilise initialement etait Salmonella typhi, en raison du danger de la thy- phofde & cette 6poque. Par la suite, le Staphylocoque dote rut utilise pour le ,, coefficient phenol modifie ,,.

Nous n'avons pas tenu compte de cette methode pour notre travail. En effet, il nous semble qu'il n'est pas possible de comparer les doses actives des anti- septiques : leur emploi est avant tout limite par leur toxicite ou leurs effets irritants et tel produit qui au premier abord peut sembler moins act i f qu'un autre peut tr~s bien compenser ce defaut apparent par une toxicite faible permettant d'en augmenter la concen- tration sans inconvenient. D'autre part, I'activit6 d'un produit antibacterien sur un germe ne presume en rien de son action sur d'autres germes, ce que nous avons eu I'occasion de verif ier maintes fois au cours de notre t ravai l

Si le phenol n'est plus employe, par contre cer- tains de ses derives, tel I'Hexachlorophene, sont tr~s utilises. II s'agit d'un diphenol, appele encore G 11, c'est le 2,2' methylenebis, 3 - 4 - 6 trichlorophenol.

De nombreuses preparations antiseptiques en con- tiennent de plus ou moindres quantites. On le re- trouve meme dans des dentifrices, savons deodorants, voire chewing-gum.

Nous avons pense qu'il serait interessant de faire le point sur son activite antibaeterienne.

Bon nombre d'autres composes sont cennus et leurs utilisations tres diverses, depuis les toenicides comme le Dichloroph~ne (Plathlyse ou G ~) ou desin- fectants comme le Bithionol (Nobacter).

Les composes phenoliques agissent comme un poison de masse, penetrant et detruisant la membrane cellulaire et precipitant les proteines cytoplasmiques. A faible concentration, ils agiraient en inhibant cer- rains systemes enzymatiques.

3. 8 HYDROXYQUINOLEINE

Nous avons choisi 6galement le surfate d'hydroxy- quinol6ine qui entre dans la composition de quelques pr6parations antiseptiques, la Mycantine et le Der- macide (sulfate).

Le sulfate d'oxyquinol6ine devrait son action anti- bact6rienne & sa capacite de former des complexes ch61ateurs avec des metaux essentiels au fonction- nement de la cellule bacterienne. On a constate, en effet, que son action est reversee par addition de sels de metaux au milieu de culture.

4. LES DERIVES ORGANO-MERCURIELS

Les sels de mercure agissent en lib6rant des ions m6talliques. Ces ions ont une affinit6 pour les pro- teines eellulaires, se eombinent avec elles et les pr6cipitent.

Page 3: Action de divers antiseptiques sur quelques bactéries hospitalières

Les derives dits organo-mercuriels ont un cation de haut poids moleculaire, qui libere moins facilement les ions mercure. De ce fait, ila sont moins toxiques, moins irritants et la presence de mati~res organiques diminue nettement moins leur activite. IIs agissent de fagon plus specifique, en precipitant les enzymes necessaires & la vie cellulaire ou en se combinant avec leur groupement SH.

Ce mode d'action explique que leur activit6 est pratiquement nulle sur les spores, dans lesquelles les reactions enzymatiques sent extremement reduites.

La Mercuresceine ou Mercurochrome (merbro- mine) est le sel de sodium de la dibromohydroxy- fluoresceine, colorant tres soluble dans I'eau; em- ploy6 en applications locales sous forme de solutions aqueuses & 2 ~ II est tres employe du fait d'absence d'effet irritant et de son prix de revient.

Le Merthiolate est le sel de sodium de I'acide thiosalicylique, peu toxique, soluble dans I'eau. 11 est employ6 sous forme de solutions, pommades, collyres, ovules. II ne denature pas les proteines et polysac- charides et ce fait a conduit & I'utiliser pour la pre- vention biologique dans les serums, vaccins, greffons.

Le Borate de Ph~nyl Mercure se presente sous forrne de solution aqueuse ou alcoolique, solution stable incolore et peu irritante. 11 est utilise pour la desinfection cutaneo-muqueuse et egalement comme protection dans I'industrie, notamment dans les pre- parations aqueuses.

Le Pseudo Butyl Phenol est un derive mineur, ge- neralement associe dans les preparations & du Lau- rylsulfate de sodium, tensio-actif anionique. Nous avons donc associe les deux produits dans notre experience en ajoutant 2 p. 1.000 de laurylsulfate, ce qui facilitait la mise en suspension du sel de mercure.

5. LES AMMONIUMS QUATERNAIRES

lntroduits par Domagk en 1935 dans la th6rapeu- tique antibacterienne, ces corps sont aujourd'hui tr6s largement utilis6s. Ce sont des produits tr6s stables, sans odeur, ni couleur, non toxiques en usage externe aux concentrations usuelles.

Leur mode d'action est mal 6tabli : sur les formes plus 6voluees, invert~bres ou protozoaires, ils agis- sent en alterant les cellules et on pensait que leur action etait due & une activite de surface sur les cel- lules vivantes. Chez les bacteries et les champignons, la morphologie cellulaire n'est pas modifi~e mais les microorganismes traites ne peuvent plus se multiplier dans certains milieux et perdent leur pouvoir patho- gene pour l'animal. Certains auteurs pensent qu'ils agissent en interferant dans la respiration et le meta- bolisme glucidique.

Un des caract6res particuliers des ammoniums quaternaires est leur incompatibilit6 avec un certain nombre de substances qui les inactivent. Ce carac- tere est important & connaitre pour la preparation de solutions antiseptiques, mais egalement pour I'usa- ger : ils sont inactiv&s par les savons et il faudra donc rincer soigneusement la surface cutan6e apres la- vage pour eliminer route trace de savon, avant I'ap- plication d'un ammonium quaternaire. II existe de nom- breux produits inactivant les ammoniums quaternaires et nous ne pouvons en citer que quelques-uns, tels

I'acide borique, I'oxyde de mercure, I'oxyde de zinc, la lanoline, etc.

Nous avons etudie i'action du Bromure de Cetri, monium (tetradonium) et du Bromure de Cethexonium qui sont, tous deux, tres employes. Le Bromure de C@hexonium est utilise sous forme de solutions, pom- mades, collyres, pour la desinfection cutaneo-mu- queuse; le Tetradonium est employe souvent pour I'asepsie du materiel chirurgical. Ce sont deux pro- duits extremement repandus et utilises.

Le Chlorure de Benzethonium et le Chlorure d'Alkyl Ammonium sont des produits secondaires de ce groupe ; ils entrent dans la composition de quel- ques preparations antiseptiques.

6. DIGLUCONATE DE CHLORHEXIDINE

C'est un antiseptique nouveau de formule origi- nale, qui ne s'apparente & aucune famille d'antisep- tiques connue. Get antiseptique qui n'est pas encore commercialis6 en France, nous a paru interessant par son faible pouvoir toxique, I'absence d'effet irritant tant en applications cutanees que muqueuses. II peut 6tre utilis~ aussi bien pour la desinfection des plaies, I'asepsie cutanee ou muqueuse que pour le nettoyage des instruments chirurgicaux.

Son mode d'action sur les germes nous est in- connu et nous n'avons trouve aucune indication sur ce sujet dans la litterature.

7. LES HUILES ESSENTIELLES

Cette categorie de produits etudies groupe des antiseptiques de formule complexe, & base d'huiles essentielles. Leur composition exacte n'est pas com- muniquee par le laboratoire et nous les avons donc etudi6s globalement sans separer les produits actifs.

Le Savogerm, savon chirurgical (solution liquide).

Le Neosanigerm, solution antiseptique employee pour la desinfection des Iocaux et du materiel.

Le Paragerm colloidal, employ6 pour la d6sinfec- tion des mains, de la peau et muqueuse et des petits instruments de chirurgie.

Le tableau I resume I'eventail des produits exa- mines.

METHODES D'ETUDE

Les activites bacteriostatique et bactericide ont et6 etudieea sur quelques germes i8oles en milieu hospitalier.

1. ACTIVITE BACTERIO,STATIQUE

La C.M.I., ou Concentration Minima Inhibitrice des differents produits examines a 6te recherchee par di- lution en milieu liquide.

Une premiere serie de determinations avait et6 effectuee en incorporant les antiseptiques dans la gelose maintenue en fusion & 500, puis coulee en boitea. Sur les plaques ainsi realisees, en dilutions croissantes, les germes 6talent ensemenc6s par stries. La lecture avait lieu apres t8 & 24 heures, & 37o, la C.M.I. correspondant & la plus faible concen- tration inhibant la culture.

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Page 4: Action de divers antiseptiques sur quelques bactéries hospitalières

T a b / e a u . ~ :

Oerives du C H L O R E

PHENOL et d(~r ivds

8.HYDROXYQUINOLEINE

ORGANO.MERCURIELS

AMMONIUMS QUATERNAIRES

C H L O R H E X I D I N E d i g l u c o n a t e

HUILES ESSENTIELLES

P R O D U I T S E X A M I N E S

H y p o c h l o r i t e de sodium

C h l o r a m i n e Sod ique du Toluene

Phdnol

H e x a c h l o r o p h e n e

Chlorhydra te

S u l f a t e Or tho .oxyquino ld ine

Mercurescdine

Rora te de p h ~ n y l - m ercure

Ac id e m e r c u r o t h i o l l q u e

Mercurobutol

Produits spec ia l ises

J A V E L 12 ~

CLONAZONE

EXOFENE Sol. PH/SOHEX VESPHENE

SUNALCOL

MYCANTINE

MERCUROCHROME

M E R F E N E t e i n t u r e

MERSEPTYL sol.

M E R C R Y L - L A U R Y L E

CETAVLON

B I O C I D A N so l .

VOSOL ( so l . a u r i c u l . )

T E R G I C I D E

H I B I T A N E

C o n c e n t r a t i o n max. prdconisee pour U t i l i s a t i o n

C e t r i m o n iurn ( t ~ t r a d o n i u m )

C e t h e x o n l u r n

Ch lo rure de b e n z d t h o n i u m

A l k y l . dirn~ thy l . b e n z y l . a m m o n i u m

PARAGERM ColloTdal

NEO*SANIOERM

SAVOGERM

en rng/ml en d i lu t ion

5O

2 t #

5 30 2,5

20

50

20

0,5

1

10

5

0,2

O, t

0,,2

1 0 0

3 0 0

Ces r~sultats ont et6 compar6s & d'autres obtenus en milieu liquide ; I'antiseptique ~tant incorpor6 & tem- perature ambiante, egalement en dilution. Des diff6- rences importantes, significatives, ont 6t6 notees entre les C.M.I. sur milieu solide et celles en milieu liquide, pour un inoculum standard. La chaleur de la gelose en fusion nous a sembl6 inactiver en partie certains produits.

Seule la m6thode en milieu liquide a ~t~ conserv6e pour etablir les C.M.I. des produits 6tudi6s.

Le milieu utilis6 est le bouillon Trypticase-soja, & pH 7,2, dans un volume final de 5 ml.

L'inoculum obtenu est de 104 & 105 bact~ries/ml de milieu. Les tubes ensemenc6s sont plac6a & 37o, 18 & 24 heures. La C.M.I. est celle correspondant au tube oQ I'on note la plus faible concentration inhibant la culture visible.

En fait nous n'avons d~termin6 la C.M.I. que pour obtenir une valeur d'orientation, afin de rechercher ensuite I'effet bactericide. La C.M.I. ne pr~sente, en efl:et, qu'une valeur pratique tr6s discutable. Les anti- septiques sont utilises, soit pour la d6sinfection, soit pour applications locales ; il est souvent difficile d'ob- tenir un contact prolonge du produit et des bact6- ties ; enfin I'efficacit6 ne peut 6tre jug6e valablement que sur I'effet bact6ricide, en fonction du temps de contact.

2. ACTIVITE BACTERICIDE

Cette activit6 a 6t6 6valu6e en milieu Iiquide sur des gammes de dilutions, comme pr6c6demment. Con-

naissant la valeur de I'inoculum & I'aide de boites t6- moins (10 '4 & 10 ~ bact6ries/ml) on d~termine les con- centrations bact6ricides en prelevant, apr6s des temps de contact variables, dans les tubes de la gamme et repiquage sur milieu d6pourvu d'antisep- tique, puis s6jour ~ 37% pendant 24 heures.

Les temps de contact retenus pour I'etude de I'effet bact6ricide sont 5, 15 et 60 minutes, 2 et 24 heures.

Ainsi ont 6t6 mesur~es les C.,M.B., ou Concentra- tions Minima Bactericides.

3. BACTERIES EXAMINEES

L'etude n'a porte, pour des raisons pratiques, que sur des bacteries hospitalieres fr6quemment isol6es, soit au niveau des lesions de surinfection, soit dans Fair, les poussi~res ou les appareils medicaux. Ellee nous ont paru ~tre un bon 6chantillon des responsa- bles de I' ,, Hospitalisme ,, : - - Staphylocoque, dit pathog6ne,

Streptocoque D, Colibacille,

- - K l e b s i e l l a ,

- - E n t e r o b a c t e r c l o a c a e ,

- - S e r r a t i a ,

- - P r o t e u s v u l g a r i s ,

- - P r o t e u s m o r g a n i i ,

P r o v i d e n c i a ,

- - P s e u d o m o n a s a e r u g i n o s a .

111

Page 5: Action de divers antiseptiques sur quelques bactéries hospitalières

Ces dix souches ont ~te choisies arbitrairement ; nous n'avons, en effet, pratiquement jamais observ~ de variations importantes de la sensibilit6 de souches diff~rentes & I'int~rieur d'un m6me genre bact~rien, dans un premier temps exp6rimental.

Aucune !evure, aucun champignon, n'ont 6t~ exa- mines.

RESULTATS ET D I S C U S S I O N *

I. DERIVES CHLO'RES

1. Hypochlorite ,de Sodium (dilution d'une solution m~re & 12o chlorim6trique, concentration de I'eau de Javel ordinaire). Ce produit agit 6galement sur ies germes Gram + et les germes Gram - - .

La concentration bact@icide, m~me en dee temps de contact tr~s brefs, est peu diff6rente de la concen- tration inhibitrice. La concentration utilis~e habituel- lement (celle qui est recommand6e sur les sachets du commerce), d'un verre pour 8 litres d'eau, c'est- &-dire l j50 environ, ne suffit pas & d@ruire les germes et m~me & inhiber leur pousse, mais en doublant cette dose, on obtient un effet bact6ricide tres rapide puis- qu'& 1/25 tous les germes sont d6truits en 15 minutes de contact. II s'agit donc d'un excellent d6sinfectant que I'on peut utilieer avec avantage, pour les Iocaux, sols et instruments contamin6s. Son usage sur lee t~guments est limit~ par ses effets irritants, sur lee metaux par son pouvoir oxydant.

2. La Chloramine sodique agit 6galement sur les germes Gram + et Gram - - . A la concentration maxi- mum conseill~e, il faut un contact d'une heure pour obtenir un effet bact6ricide. Par contre, & une concen- tration de 0,25 mg/ml, qui est utilis6e pour garga- rismes, irritations vaginales, etc., I'efficacit~ est nulle, il n'existe m6me pas d'inhibition de pousse de germes.

II. PHENOL ET DERIVES

1. Phenol : I'activit6 s'exerce de mani~re pratique- ment identique sur les Gram + et les Gram - - .

m6me en diminuant le temps de contact de 24 heu- res & 5 minutes, lee C.M.B. varient au maximum de 5 & 20: mg ;

enfin la C.M.B. en 24 heures et la C.M.I. sont aux erreurs exp6rimentales pres, identiquee. La C.M.I. est tr6s proche des C.M.B.

2. Hexachlorophene �9 on est surpris de constater que la transformation du ph6nol en hexachloroph6ne a compl~tement modifi6 les effete :

d'une part I 'hexachloroph~ne est nettement plus actif que le ph6nol sur les germes Gram + ;

*Les concentrations minima inhibitrices en 24 h e t Jes concentrations minima bact6ricides apr6s 5, 15, 60, 120 mi- nutes et 24 h ont 6t~ pr~sent6es par I'auteur dans 10 tableaux qu'il n'a pas 6t6 possible de reproduire ici. Les lecteurs int6ress6s peuvent les demander & I'auteur. (Note de la R6daction.)

- - mais d'autle part I'efficacit6 sur les germes G r a m - - est tr6s diminuee. A tel point que les concentrations lee plus elev~es des sp~cialit6s commerciales sont insuffisantes pour d~truire les bact6ries Gram - - , quelle que soit la dur~e du temps de contact.

Nous n'avons d'ail leurs p as r6ussi & d6terminer les concentrations bactericides, car nous 6tions par- venus & un point de saturation rendant impossible la mise en suspension d'une plus grande quantit~ d'hexachlorophene.

Nous avons eu I'occasion de v6rif ier de faqon tout & fait fortuite cette inefficacit6 de I'hexachloro- phone sur les Gram - - , en trouvant en suspension dane un antiseptique que nous devions essayer, un Pseudomonas et un Enterobacter. Ces germes ont ~t6 mis en 6vidence dans deux 6chantil lons du m~me produit, de provenance tout & fait diff6rente.

III. 8 HYDROXYQUINOLEINE

En ce qui concerne le sulfate d'hydroxyquinol~ine, il existe u~e diff6rence importante entre la C.M.I. des germes Gram + et celle des germes Gram - - . Par contre, !es concentrations actives deviennent simi- laires Iorsque le temps de contact diminue; pour obtenir un effet bactericide sur tous les germes avec les sp6cialit6s dont la concentration est la plus ~le- vee (50 mg/ml), il est necessaire d'uti l iser un temps de contact d'une heure. Le m~me effet est obtenu en 2 heures avec une concentration de 20 mg/ml.

Quant & la concentration de 1 mg/ml, elle n'a qu'un effet inhibiteur et encore, plusieurs germes comme les Proteus ou le pyocyanique echappent & cet effet.

A p r o p o s de I'~tude de la sensibilite en fonction du temps de contact, il faut signaler que nous avons assez peu d'informations sur les modifications que subissent les antiseptiques appliqu6s sur les tissus. Selon quelques exp6riences, il semble que leur acti- vite d6croisse en fonction du temps.

Des essais faits sur le Staphylocoque et des anti- septiques mercuriels ont montrej que ces antisepti- ques persistent environ 8 heures in situ, sous forme active vis-&-vis du Staphylocoque. Bien entendu, il doit y avoir des variations, selon I'antieeptique et le germe. II nous semble que, pour 6tre valable, un anti- septJque cutan6 doit tuer les germes en 2 heures au maximum (& moins qu'il ne soit utilis6 sous forme de pommade, compresse, formes sous lesquelles son activit6 doit 6tre prolong6e). Au-del& de ce temps, la concentration dolt decroitre progressivement, m6me s'il persiste encore du produit sous forme active.

IV. DERIVES ORGANO-MERCURIELS

1. L'antiseptique mercuriel le plus commun, la Mercuresceine ou Mercurochrome, agit 6galement sur les germes Gram + et Gram ~ .

Une concentration tr6s faible, nettement inf6rieure & celle employee habituellement, suffit & inhiber la pousse de t o u s l e s germes. Mais il n'existe pas de limite nette entre la dose inhibitrice et la dose bact6- ricide, en 2 heures. De m6me Iorsque le temps de contact diminue, une 16g6re augmentation de la con- centration permet de d~truire lee germes.

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A la concentration usuelle de 20 mg/ml, les germes sent tu6s apres un contact de 15 minutes. Nous avons donc I& un antiseptique cutane efficace et de grand int6rSt, 6tant donn6 son faible prix de revient, ses effets peu irritants et sa persistance sur la peau sous une forme active, pendant plusieurs heures.

2. Nous raisons lea m6mes constatations quant I'effet du Borate de Phenyl Mercure. Le produit, & une concentration de 0,25 mg (donc inf6rieure aux con- centrations commerciales), d6truit t o u s l e s germes 6tudi6s apr~s un contact de 5 minutes.

3. L'Acide mercurethielique et le Chloromercure- pseudebutylphenol ou mercurobutol exigent un temps de contact de 2 heures pour detruire les germes; mais Fun et I'autre sent inhibiteurs & des concentra- tions beaucoup plus faibles, d'oQ I'efficacit6 de I'acide mercurothiolique comme protecteur biologique dans les vaccins, plasmas, g61ose d'immunodifl:usion.

V. AMMONIUMS QUATERNAIRES

1. Bromure de Cetrimonium ou T~tradenium (Ce- tavlon) : il existe un effet inhibiteur plus marque sur lea germes Gram + que sur les germes Gram - - . De m~me I'effet bactericide eat sup6rieur sur les germes Gram +. Cependant, pour un temps de con- tact de 5 minutes, les doses efficaces se rapprochent. Aux concentrations usuelles (5 et 10 mg/ml), un temps de contact de 5 minutes suffit & tuer tous les germes, y compris le pyocyanique malgr6 sa sensibilit6 moindre.

2. Bremure de Cethexonium �9 on note qu'il existe une faible difference entre la concentration inhibi- trice et la concentration bactericide en 5 minutes pour la plupart des germes.

II agit & dose plus faible sur les germes Gram + que sur les germes Gram ~ . Lea concentrations usuelles (5 mg et 1 mg/ml) scnt largement suffisantes pour d6truire les germes en un temps tr~s bref.

3. Chlorure de Benzethonium.. on note un effet inhibiteur plus marqu6 sur les germes Gram + que sur lea germes Gram - - ; mais par centre un effet bactericide 6gal sur les deux sortes de germes, ainsi qu'une r6sistance particuli~re du Providencia et du Pseudomonas Iors des temps de contact peu pro- Iong~s.

A la concentration usuelle, il faut un contact de 2 heures pour que soient d~truits tous lea germes etu- dies. Le produit utilis~ en solution auriculaire semble donc d'une efficacit6 tout-&-fait satisfaisante.

4. Alkyl Dimethyl Benzyl Ammonium: ce produit provoque la destruction de tous les germes en un temps de contact de deux heures & la concentration usuelle. Comme pour les deux produits pr~c6dents, on note une r~sistance plus ~lev~e du pyocyanique ( tous les autres germes sent tu6s apr~.s un contact de cinq minutes, seul le Pseudomonas exige un con- tact de deux heurea pour 6tre d~truit).

VI. DIGLUCONATE DE CHLORHEXIDINE

L'examen de nos r~sultats ne montre pas de diffe- rence d'action sur les germes Gram + et les germes Gram - - . Mais on note des differences de sensibilit~

individuelle ; c'est ainsi que le Staphylocoque et I'Es- cherichia coil semblent ~tre particulierement sensibles et tu6s rapidement & la concentration usuelle.

Par contre les Proteus et le ProvJdencia sont beau- coup moins sensibles et il faut une concentration ~le- v6e pour obtenir un effet bactericide rapide. A la concentration usuelle recommand6e, il faut un temps de contact de deux heures. Ce r6sultat en fait un antiseptique tout & fait valable & priori.

VII. HUILES ESSENTIELLES

Les produits antiseptiques agissent dans I'en- sembie de fagon satisfaisante, pour des temps de contact relativement brefs.

Pour le Paragerm, & la concentration de 1/200, un temps de contact de quinze minutes suffit & detruire tous les germes, exception faite du Pseudomonas qui semble particulierement resistant ([1/100 bactericide en 24 heures, 1/200 simplement inhibiteur).

La m~me constatation est & faire pour le Save- germ (savop chirurgical), tres efficace puisque en 5 mi- nutes, emp,~oy6 pur, il tue' tous les germes, exceptS, I& encore, le pyocyanique.

Enfin le N~osangerm, & la concentration de 1/300 conseillee, tue toua lea germes en cinq minutes, saul pyocyanique et Klebsiella.

Donc si ces d~sinfectants peuvent donner enti6re satisfaction, pour une d6sinfection g~n6rale, il faudra s'en mefier Iorsque le Pseudomonas eat en cause.

CONCLUSIONS

Apres avoir examin6 la sensibilit6 de quelques germes & divers antiseptiques d'usage courant, nous voudrions d6gager de cette etude quelques consid6- rations g6n~rales.

Nous avons not6 qu'il n'existe pas de limite nette entre I'effet bacteriostatique et I'effet bactericide chez les antiseptiques. A partir d'une ;certaine concentra- tion 6quivalente & la C.M.I., I'augmentation progres- sive de la dose permet d'obterdr un effet bact6ricide en 24 heures, puis en des temps plus courts, si la concentration augmente. Autrement dit, tout antisep- tique peut 6tre bact6ricide. L'effet obtenu eat fonction de la concentration et du temps de contact. La bac- tericidie r6sulte d'un 6quilibre entre ces deux don- n6es. Pour un antiseptique donn6, une diminution du temps de contact peut 6tre compens~e par une aug- mentation de la concentration. Bien entendu pour les applications sur les rev6tements cutan6o-muqueux, I'utilisation sera limit6e par lea effets irritants et toxi- ques et il faudra donc voir si, aux concentrations re- commandoes, I'antiseptique choisi est actif dans lea limites de temps valables.

Si I'effet inhibiteur des antimicrobiens est plus marqu6 sur les germes Gram -I- que sur lea germes Gram ~ , il n'existe pas de dif-1:6rences notables entre les effets bactericides. Nous devons cependant r une exception pour I'hexachloroph6ne qui agit & dose tr6s faible sur les Gram +, alors qu'il eat sans effet aucun sur les germes Gram - - , aux concentrations r~alis6es dans les pr6parations du commerce. Cet

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antiseptique mis & part, nous n'avons pas not6 de diff6rence importante entre les deux types de germes. Par contre, pour la plupart des antiseptiques existent des variations individuelles de sensibilit6 d'un germe & I'autre. Nos essais ont utilise pour chaque germe une dizaine de souches sans noter de diff6rence ap- pr6ciable & I'int6rieur de chaque esp~ce, mais il n'est cependant pas exclu qu'& I'interieur d'une m6me es- p~ce 6mergent des r~sistances. C'est pourquoi nous pensons que, si les indications que nous donnons ici suffisent dans la pratique courante, !orsqu'il s'agit de cas particuliers (service de pr~matur6s, de brQles, de chirurgie, oQ pr6domine parfois un germe donn6) oQ I'antisepsie ;cue un r61e primordial, il est souhaitable

de rechercher la sensibilit6 de ce germe & plusieurs antiseptiques utilisables afin d'employer I'antimicro- bien adapt&

Enfin, il faut bien signaler que les r6sultats que nous donnons ici sont obtenus exp6rimentalement in vitro. Et, bien entendu, si nous nous sommes plac6s dans les meilleures conditions de contact et de per- sistance de I'antiseptique, in vivo interviennent d'au- tres facteurs, tels la pr6sence de substances organi- ques et le pH de la peau et des muqueuses, qui modi- fient I'action des antiseptiques. Nous nous proposons donc d'~tudier ult6rieurement cette action in vivo dans des conditions se rapprochant le plus possible des conditions naturelles.

RESUME La proliferation actuelle inqui6tante de certaines bacteries responsables d'infections & I'h6pital a motiv6 cette 6rude. Ce travail a 6tr men6 dans un esprit de syst6me, sur !e plan strictement exp6rimental.

Apr~s un bref rappel de ta nature et du mode d'action de quelques antisep- tiques d'usage courant, les r6sultats sont exprimes sous forme de tableaux.

Ont 6t6 6tudi6es : la concentration minima inhibitrice et la concentration minima bact6ricide en 5, 15, 60, 120 minutes et 24 heures. Ces r6sultats sont sore- ment criticables car obtenus in vitro, en milieu liquide, donc dans des conditions 61oign6es des conditions d'utilisation.

II apparait clairement que les bact6ries les plus diff icilement atteintes sont les bact6ries & Gram +, avec des variations plus ou moins importantes d'un pro- duit & I'autre.

Une 6tude in vivo sera men6e dans un deuxieme temps.

SUMMARY The authors have been concentrating on this piece of work because of the present disquieting proliferation of some bacteria which have been the cause of infection in this hospital.

After having spoken briefly about the nature and mode of action of some current antiseptics, they have summed up the results of their experiments in tables. They have been studying the minima bacteriastatic concentration and the minima bactericidal concentration in 5, 15, 60, 120 minutes and 24 hours. These results can be questioned because they have been obtained in ,, in vitro ,,, in liquid culture medium, consequently in conditions which are different from the actual ones.

It is obvious that the bacteria which are the most difficult to be distroyed are the Gram negative ones, which are more or less important according to the anti- septic. Another study ,~ in vivo ,~ will be made later.

B I B L I O G R A P H I E

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