Upload
duonghanh
View
237
Download
2
Embed Size (px)
Citation preview
Article scientifique
Analyse diachroniquede l’occupation des terreset caractéristiques de la végétationdans la commune de Gabi(région de Maradi, Niger)
Ali Mahamane1,2
Saadou Mahamane1
Bakasso Yacoubou1
Abassa Issaka3
Aboubacar Ichaou4
Karim Saley1
1 Département de biologie,Faculté des sciences,Université Abdou Moumouni,BP 10662,NiameyNiger<[email protected]><[email protected]><[email protected]>2 Laboratoire de botanique systématiqueet phytosociologie,Université libre de Bruxelles (ULB),CP 169,50, avenue Franklin Delano Roosevelt,B-1050 BruxellesBelgique<[email protected]>3 Ministère de l’Hydraulique,de l’Environnement et de la Lutte contrela Désertification,BP 578,NiameyNiger<[email protected]>4 Institut national de la rechercheagronomique du Niger (Inran),BP429,NiameyNiger<[email protected]>
RésuméLa commune de Gabi est localisée dans la région de Maradi, au centre sud de la républiquedu Niger. Elle couvre une superficie de 79 052 hectares et renferme les principales réservesfoncières et forestières de cette région. Le but du présent travail est d’analyser l’évolution del’occupation des terres et de caractériser les principaux descripteurs du milieu qui présidentà la structure actuelle des communautés végétales. L’analyse de la dynamique de l’occupa-tion des terres est faite sur la base de l’interprétation de photographies aériennes de 1972et d’une image satellitale de 2005. Il ressort de l’analyse de ces images de profondestransformations intervenues depuis 31 ans, en liaison avec la dynamique de la végétation.L’analyse comparative montre une avancée du front agricole qui se traduit par unediminution des surfaces couvertes par la savane arbustive plus ou moins arborée. Lasuperficie de cette unité varie de 31 822 hectares en 1972 à 15 667 hectares en 2005,soit une réduction de 20 % et une extension des zones de cultures sous parc arboré quipassent de 1 690 hectares en 1972 à 9 042 hectares en 2005, soit une augmentation de9 %. La topographie comme la disponibilité des ressources hydriques jouent un rôleprépondérant sur la dynamique des communautés végétales. C’est ainsi que les individusde gros diamètres se répartissent essentiellement dans les bas-fonds à meilleur bilanhydrique. Après cette analyse comparative du mécanisme de colonisation agricole de laforêt, nous montrons l’importance de la relation de ces milieux avec des enjeux environne-mentaux actuels et la nécessité de produire de nouveaux indicateurs pour l’usage de laforêt. Enfin un dispositif de suivi à long terme est proposé suivant la méthodologie du Réseaud’observatoires de surveillance écologique à long terme (Roselt).
Mots clés : agroforesterie, composition floristique, déforestation, espèce forestière,étude diachronique, imagerie satellitaire et géomatique, Niger, occupation dessols, végétation
AbstractDiachronic analysis of land cover in the Gabi District (Maradi region, Niger) andcharacteristics of vegetation
The District of Gabi is located in the Maradi region in the southern central region ofthe Niger Republic. It covers a surface of 79,052 ha and comprises the principallandreserves and forests of this region. The aims of this work are to analyze the generalevolution of land use in the District and to characterize its main particularitiesaffecting the present structure of plant communities. This analysis of land useTirés à part : A. Mahamane
Sécheresse 2007 ; 18 (4) : 296-304
doi:10.1684/sec.2007.0105
296 Sécheresse vol. 18, n° 4, octobre-novembre-décembre 2007
dynamics requires the interpretation of aerial photographs from 1972 brought up todate by satellite datum from 2005. The study shows the deep transformations thathave occurred over the past 31 years in connection with the natural dynamics of thevegetation. This diachronic analysis shows a projection of the same agriculturalactivities which have resulted in a reduction of the tree savannah/shrub savannahfrom 31,822 ha in 1972 to 15,667 ha in 2005, a reduction of 20%, accompaniedby an extension of the agricultural zones which has passed from 1,690 hectare to9,042 hectares in 2005, an increase of 9%. The topography and the availabily ofhydrological resources play an important role in plant community dynamics. Largediameter individuals are thus found mainly in the lower areas where there is a goodhydrological state. After this comparative review of the agricultural mechanism ofcolonization of the tree savannah/shrub savannah, we show the importance of therelationship between vegetation and current environmental risks and the need toproduce new indicators for the use of the forest. This study made it possible tocharacterize the initial situation and to identify the questions which will be deepenedby investigations within the framework of the device of long-term monitoringaccording to the Roselt (Réseau d’observatoires de surveillance écologique à longterme, Long Term Ecological Monitoring Observatories Network) methodology.
Key words: agroforestry, deforestation, diachronic study, floristic composition,forest species, Niger, land use, satellite imaging and geomatics, vegetation
L a commune de Gabi est localiséedans la région de Maradi, au centresud de la république du Niger. C’est
dans cette commune que s’étend le massifforestier de Baban Rafi [1]. Les principalesespèces des massifs forestiers sont Com-bretum nigricans, C. micranthum, C. gluti-nosum, Acacia erythrocalyx et Guierasenegalensis. Ces massifs forestiers fontl’objet d’une pression croissante dans lecontexte d’une population en constanteaugmentation. Avec un taux d’accroisse-ment de 3,3 % par an [2], on assiste à unempiétement progressif du domaine cul-tivé sur la forêt, ce qui a pour conséquenceune régression constante de cette der-nière. L’ampleur du phénomène de dégra-dation a nécessité plusieurs actions dedéveloppement afin d’assister les popula-tions locales dans la recherche de techni-ques de gestion durable de leurs ressour-ces [3-5].C’est cette même commune qui a été rete-nue comme Observatoire du réseau
20
10
20
10
Centre d’endémisme régional sahélien(White, 1993)
Localisation de la commune de Gabi
Centre d’endémisme régional soudanien
Frontières d’États
Fleuve Niger
Niger
Nigeria
Niamey
Burkina Faso
Bénin
Mali
10
GuinéeConakry
100
Figure 1. Carte de localisation du site d’étude en Afrique occidentale caractérisée, d’après laclassification phytogéographique de White (1983), par les centres régionaux d’endémismessahéliens et soudanien.
Tableau I. Unités d’occupation des terres.
Unités d’occupation des terres Superficie (1972)(hectares)
% Superficie (2006)(hectares)
% Dynamique
Cultures pluviales 11 348 14 11 611 15 0Complexe champs-jachères 25 564 32 21 911 28 - 5Zone dépressionnaire 1 708 2 1 536 2 0Galerie forestière 4 008 5 5 769 7 2Jachère arbustive 0 0 5 027 6 6Dépôt sableux colluvions (lit de rivière) 721 1 1 664 2 1Milieu humain 216 0 598 1 0Parc arboré à Acacia albida 1 690 2 9 042 11 9Roche à affleurante à subaffleurante 1 975 2 6 227 8 5Savane arbustive à arborée 31 822 40 15 667 20 - 20Totaux 79 052 100 79 052 100
Sécheresse vol. 18, n° 4, octobre-novembre-décembre 2007 297
OCCUPATIONS DES TERRESDE 1972
(Commune de Gabi)
LEGENDE
UNITES D'OCCUPATION DES TERRES
Village
Complexe champ/jachere
Cultures pluviales
Zone dépressionnaire
Galerie forestière
Dépot sableux colluvions (lit de rivière)
Parc arboré à Acacia albida
Roche à afleurante à subafleurante
Savane arbustive à arborée
Milieu humain
0 3 Km
Information de projection :- Projection UTM- Zone 32- Unité en mètre- Datum (WGS 84)
Source :Image Landsat MSS du 07 Novembre 1972
OCCUPATIONS DES TERRESDE 2006
(Commune de Gabi)
LEGENDE
UNITES D'OCCUPATION DES TERRES
VillageChéneaux d'écoulement
Complexe champ/jachere
Cultures pluviales
Zone dépressionnaire
Galerie forestière
Jachère arbustive
Dépot sableux colluvions (lit de rivière)
Parc arboré à Acacia albida
Roche à afleurante à subafleurante
Savane arbustive à arborée
Milieu humain
Localisation de la communeN
0
N
W E
S
300 Km
Localisation de la communeN
0 300 Km
0 3 Km
Information de projection :- Projection UTM- Zone 32- Unité en mètre- Datum (WGS 84)
Source :Image Landsat ETM+ de Novembre 2005
Données terrain relevées au GPS de 2006
270000 279000 288000 297000
270000Mars 2007
Mars 2007
1440
000
1449
000
1458
000
1467
000 1467000
14580001449000
1440000
279000 288000 297000
270000 279000 288000 297000
270000
1440
000
1449
000
1458
000
1467
000 1467000
14580001449000
1440000
279000 288000 297000
N
W E
S
A
B
Figure 2. Étude diachronique de l’occupation des terres dans la commune de Gabi.A) occupation des terres en 1972 ; B) occupation des terres en 2005.
298 Sécheresse vol. 18, n° 4, octobre-novembre-décembre 2007
d’observatoires de surveillance écologi-que à long terme (Roselt). Afin de mettre enœuvre un dispositif de surveillance envi-ronnementale pertinente, il s’est avérénécessaire d’analyser l’évolution del’occupation des terres sur un pas de tempsadéquat afin d’apprécier efficacement lestendances dynamiques.L’objectif de ce travail est d’analyser l’évo-lution de l’occupation des terres de la com-mune dans le cadre de la mise en placed’un dispositif de suivi à long terme [6, 7].
Matériel et méthode
Description du siteLa commune de Gabi est localisée dans ledépartement de Madarounfa (13° 12’47,7’’ et 08° 20’ 03,1’’), région deMaradi. Elle couvre une superficie de79 052 hectares et est traversée du nordau sud par le Goulbi Maradi, une rivièresemi-permanente. C’est la commune oùs’étend la forêt de Baban Rafi qui a faitl’objet de plusieurs travaux dont les plusrécents sont ceux de l’organisation nongouvernementale (ONG) Care Internatio-nal, du Projet Aménagement des forêtsnaturelles (PAFN) [3, 4]. La pluviométriemoyenne est de 460 ± 75 mm de 1932 à1994. Les formations naturelles sont cons-tituées par une brousse tigrée dont lesessences principales sont Combretum nigri-cans, C. micranthum et Guiera senegalen-sis. Ces formations appartiennent au centred’endémisme nord-soudanien (figure 1) [8].Trois types de sols y sont rencontrés : lessols ferrugineux lessivés en fer typique sursable faiblement argileux, les sols ferrugi-
neux peu lessivés à marbrure, à concrétionset les placages sablo-argileux issus d’allu-vions à galets. Les concrétions s’associentsouvent à un horizon envahi de larges pla-ges jaunes coiffant un horizon blanc [9].Les parcours pastoraux de la forêt deBaban Rafi ont fait l’objet d’envahissementpar Zornia glochidiata. Des tests de réha-bilitation ont été menés par le PAFN pouraméliorer ces mêmes parcours. La restau-ration a consisté à ensemencer une grami-née (Pennisetum pedicellatum) après scari-fiage. Ces stations ensemencées ont faitl’objet d’évaluation en 2003 et 2004 [3].
Données disponiblesPour la commune de Gabi, nous disposonsde la carte topographique au 1/200 000,des photographies aériennes de 1975,d’une image Landsat ETM de novem-bre 2005 et des données du Projet Amé-nagement des forêts. En effet, le projet amené des activités de restauration des ter-res dégradées en aménageant des demi-lunes, suivies de plantation d’essencesforestières et en procédant à des techni-ques de scarifiage du sol pour améliorer laproductivité biologique des parcours [3].
Analyse des images
• Élaboration de la clef d’interprétationC’est une technique qui tient compted’abord de la démarche utilisée pour laséparation et la description des unités ouclasses. À cet effet, les caractéristiquesspectrales des unités (structure/texture,forme, tonalité et distribution spatiale) sontprises d’abord en compte ainsi que lesinformations récoltées sur le terrain et la
documentation existante sur ce type demilieu. C’est l’approche dirigée ou super-visée qui a été utilisée, sur la base des sitesd’entraînement dûment identifiés.
• Interprétationdes photographies aériennesL’interprétation des photos a consisté en ladélimitation des différentes entités d’occu-pation des terres en fonction des signatu-res spectrales. Les discriminations ontporté sur :– les types de végétation, les zones de cul-ture (jachère, culture pluviale), les coursd’eau, les mares, etc. Toutes ces entités sontprésentées sous forme d’unités polygonales ;– les routes et le réseau hydrographiquesont représentés en unités linéaires.
• NumérisationLa numérisation est effectuée à l’aided’une table à numériser. Il s’agit de trans-former la carte analogique en carte numé-rique. Cette transformation est rendue pos-sible grâce aux logiciels Arc Info -notamment le logiciel Dak automatik surPC. Cette opération consiste à intégrerélément par élément soit sous formelinéaire, surfacique ou ponctuelle.Les classes d’occupation des terres sont pro-duites par couches : une couche du réseauhydrographique, une couche des voies decommunication, une couche des élémentspolygonaux (végétation, cultures, etc.).Les corrections des erreurs ainsi que latransformation des coordonnées de latable en coordonnées réelles sont réali-sées grâce à ce logiciel. Après cette opé-ration, le logiciel Arc View est utilisé pourles autres opérations de traitement jusqu’àla finalisation de la carte.
Caractérisation des unitéset mise en placedu dispositif de suivi de la végétationLes différentes unités cartographiques ontété caractérisées sur le terrain à partir derelevés phytoécologiques, en utilisant à lafois l’image brute et la carte provisoire. Lesrelevés ont été réalisés le long de méga-transects suivant la méthode phytosociolo-gique de Braun Blanquet [10]. Ces tran-sects sont orientés suivant la topographie,des bas-fonds vers les plateaux sableuxcorrespondant à un gradient d’humidité etde profondeur du sol.Les relevés phytoécologiques ont concernéles communautés herbacées et ligneuses.Les descripteurs de la strate herbacéeconcernent la phytomasse épigée eng/m2 obtenue en récoltant la biomasse eten la pesant, la hauteur moyenne du tapisherbacé, la composition floristique suivantla méthode des points quadrats et les étatsde surface du sol [11].Sur la base de ces paramètres, la diversitéalpha des stations est calculée à partir de
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
01 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Valeurs propres
Axe
Figure 3. Valeurs propres dans l’analyse du tableau complet.Ces valeurs propres correspondent aux longueurs des gradients représentés par les différents axes factoriels.
Sécheresse vol. 18, n° 4, octobre-novembre-décembre 2007 299
l’indice de Shannon-Weaver en utilisantles fréquences des espèces relevées le longdes lignes de points quadrats [12, 13].Une analyse des correspondances a per-mis de caractériser les principaux groupe-ments végétaux et le lien avec les facteursmésologiques est établi grâce à l’analysecanonique des correspondances [13].
Résultats
Dynamique de l’occupation des terres(land cover) entre 1972 et 2005Au total, 10 unités d’occupation des terressont mises en évidence (tableau 1). Letableau 1 permet de comparer ces unitésentre elles aux deux dates. C’est ainsiqu’entre 1972 et 2005, soit à 34 ansd’intervalle, l’occupation des terres secaractérise par une diminution des surfaces
couvertes par les savanes arbustives plus oumoins arborées (- 20 %) qui représentaientles formations forestières les moins dégra-dées. Aussi, la jachère a connu une régres-sion de l’ordre de 5 % sur ce site. En revan-che, il ressort une extension des parcsarborés à Acacia albida (+ 9 %), desjachères arbustives (+ 6 %) et des surfacesdénudées qui laissent apparaître des pla-ges où la roche affleure plus ou moins (+ 5).Il en est résulté une avancée du front agri-cole qui s’est traduite par un empiétementdes champs cultivés sur la savane arbustiveà arborée (figure 2).
Caractéristiquesdes unités de végétation
• Analyse en composantes principales(ACP) des données floristiquesLa figure 3 donne l’évolution des valeurspropres des axes factoriels de l’ACP des
données constituées par 22 relevés ×92 espèces. Le premier axe est nettementdominant. Les valeurs nous conduisent àretenir 2 axes de l’analyse en composan-tes principales.Signification écologiquedes axes factoriels– Axe 1Sur le côté négatif de l’axe 1, on observeque Diospyros mespiliformis est liée auxstations à meilleur bilan hydrique des bas-fonds ((figures 4 et 5). Elle contribue àstructurer, avec d’autres espèces compa-gnes, les galeries forestières.Sur le côté positif de l’axe 1, Combretummicranthum, C. nigricans, C. glutinosum etTriumfetta pentandra sont liées aux fourrésarbustifs plus ou moins arborés sur desplateaux sableux.Ce premier axe est donc largementinfluencé par la dispersion des espècesliées à la topographie et aux ressources eneau qui présentent une forte contribution àcet axe.– Axe 2Suivant les valeurs négatives de l’axe 2 del’ordination, Isoberlinia doka et Scleroca-rya birrea forment des jachères forestièresen situation de front agricole sur des solsprofonds.Sur le côté positif de l’axe 2 :– Guiera senegalensis se régénère abon-damment sur les sols fortement perturbés ;– Schizachyrium exile, Tripogon minimuset Brachiaria xantholeuca se développentsur les sols peu couverts ;– les plages nues qui se disséminent entreles fourrés sont colonisées par Microchloaindica et Tripogon minimus qui se disper-sent en plaques ou en agrégats. Il s’agitd’espèces qui présentent une affinité mar-quée pour les sols superficiels souventcompactés.Ce second axe est donc largementinfluencé par la dispersion des espècesliées à la profondeur du sol. Il oppose ainsiles savanes arbustives ouvertes sur rochesubaffleurante à affleurante au complexechamps-jachères.
• Caractéristiquesdes groupements végétauxStructure du peuplement ligneuxLa figure 6 montre que les ligneux sont detaille plus grande dans les bas-fonds où lesressources en eau sont bonnes (figure 6A).La densité des ligneux est égale à250 pieds à l’hectare. La régénération esttrès peu représentée. La savane arbustiveplus ou moins arborée renferme des indivi-dus qui présentent une allure bimodale,avec une dominance des sujets de petitsdiamètres (figure 6B). La densité peutatteindre 1 190 individus par hectare.En savane arbustive ouverte, la densitédes ligneux est de 1 300 individus par
Complexe champs-jachèresSavane arbustive à arboréeGalerie forestièreSavane arbustive ouverte sur roche afleurante à subafleurante
Achyaspe
Kyllwelw
1,0
- 0,
8
- 0,6 1,0Espèces
Relevés
Sporfest
Cyanlana
Dactaegy
Bracxant
Casstora
Acacatax
Zorngloc
Guiesene
Tripmini
Micrindi Triupent
Evolalsi
Combmicr
Combnigr
ArisadscEnglgrac
PolycoryPolyeryaEragtrem
Schiexil
Boscsene
Combglut
EndoterrIsobdoka
GrewflavPandheud
BlepmadeAmpeafriGardsoko
Cassobtu
Indinumm
Caradalz
Scle birAnogleoc
LannmicrPennthyp
Diosmesp
Acacalbi
Vignungu
Balaaegy
PiliretiAcacatax
Combfrag
Aspaafri
AcaceythCasssieb
LannacidAcacmacr
Ipominvo Peribica
Cassmime
Pennpedi
Axe
2 (
17 %
)
Axe 1 (28,3 %)
Figure 4. Analyse en composantes principales (ACP) du tableau floristique (92 espèces x 22 relevés).
300 Sécheresse vol. 18, n° 4, octobre-novembre-décembre 2007
hectare, avec cependant des tiges depetits diamètres comparativement à lasavane arbustive plus ou moins arborée(figure 6C). Cette densité diminue dans leschamps cultivés où les peuplementsligneux sont constitués par des parcs àAcacia albida et Piliostigma reticulatum(figure 6D).Phytomasse herbacéeLa phytomasse herbacée calculée est illus-trée par la figure 7. Cette phytomasse estplus importante en front agricole et lessites dégradés qui ont fait l’objet de restau-ration par des demi-lunes. Elle est relative-ment faible en savane arbustive plus oumoins arborée et pour les parcelles qui ontfait l’objet de scarifiage. Le complexechamps-jachères se caractérise par une
productivité qui est relativement impor-tante (figure 8). Dans les microdépressionsdes demi-lunes, la concentration des eauxde ruissellement permet une revégétalisa-tion intense (figure 9).Diversité alpha des stationsLa figure 10 traduit un gradient dans lesvaleurs de l’indice de Shannon-Weaverdes champs cultivés vers la savane arbus-tive plus ou moins arborée. La diversitéalpha ainsi calculée est plus élevée enbrousse tigrée suivie du front agricole etdes champs cultivés. Elle est moyennedans les stations qui ont fait l’objet derestauration par l’aménagement des demi-lunes [3]. Cette diversité est plus faiblepour les stations qui ont fait l’objet descarifiage.
Discussion
Impacts déterminés par l’évolutiondes conditions climatiquesLa figure 11 donne l’évolution de la pluvio-métrie entre 1932 et 1992 pour la régionde Maradi. Au cours de cette période de59 ans, la pluviométrie varie en dents descie avec une tendance générale à ladiminution. Le déficit pluviométrique quien résulte entraîne la rareté, voire la dispa-rition, des espèces pérennes et une multi-plication des annuelles. Il serait aussi à labase de la contraction des bandes devégétation suite au dépérissement de plu-sieurs essences sensibles [14, 15].Les états de surface ont connu égalementune importante évolution à travers l’appa-rition de croûtes algales qui réduisent for-tement l’infiltration (figure 12). Cette zoneest qualifiée de zone à risque élevé dedésertification [16]. Cette dernière se tra-duit par une dégradation du potentiel bio-logique. Ainsi, l’évolution du climat influesur la dynamique des ressources [17, 18].
Expansion agricolecomme cause principaledu déboisementDans la zone de la forêt de Baban Rafi, lesdéfrichements agricoles sont très fréquents[5]. Ils consistent en la mise en culture desurfaces croissantes. Les superficies cou-vertes par les cultures pluviales sous parcarboré y ont connu une expansion remar-quable. Cette augmentation de la densitédes arbres dans les champs est déterminéeen partie par les actions de restaurationopérées par les acteurs du développementrural [5].
Impact de l’approvisionnementen bois-énergie des centres urbainsL’exploitation incontrôlée du bois-énergieexerce une pression notable sur la forêt deBaban Rafi. Pour remédier à cette situa-tion, les services forestiers ont mis en placedes marchés ruraux de vente de bois-énergie à partir desquels les populationssont formées aux techniques d’exploitationet de restauration. Le marché rural est uneinstitution et une structure commerciale.C’est un site de vente de bois-énergie gérépar une structure locale de gestion (SLG)agréée par l’Administration de l’environ-nement. Il est approvisionné par une zoned’exploitation limitée d’un communaccord entre la population locale, la SLGet l’Administration de l’environnement.C’est aussi le moyen de lancer un proces-sus de négociation interne et externe pourdéfinir les règles d’appropriation des res-sources renouvelables de l’espacevillageois.
0,8
Sidacord
bio
pla s
Brachamo
CasstoraBracxantDactaegy
CyanlanaDigihori
SporfestAchyaspe
Tripmini KyllwelwZorngloc
Guiesene
Casssieb Eragtrem
Cencbifl Acacnilo
Acacalbi
Pilireti
Vignungu
Bauhrufe
DiosmespAzadindi
Pennthyp
TriupentEvolalsi
MicrindiCombmicrEragtrem
PennpediBorrscab
CassobtuPolyerya
Polycory GrewflavCassmime
PandheuaIndinumm
BlepmadeHibisp
CaradalzCommerec
Peribida
AcacmacrScle bir
Lannmicr
AnogleocAmpeafri Ipominvo
GardsokoCasssieb
AcaceythAcacatax
LannaciaCombfrag
Endoterr
- 0,
6
- 0,4
Espèces
1,0
st1
pnspppf
I
e ro
dess
a
bom
m ydec
fa
pt dep
ship
Variables environnmentales
Axe
2 (
10,8
%)
Axe 1 (14,6 %)
Figure 5. Analyse factorielle multiple des espèces et des paramètres mésologiques.Texture sol : a : sol argileux, l : sol limoneux, s : sol sableux ; hc : horizon cultural, dess : croûtede dessiccation, st1 : croûte structurale à un micro-horizon, bio : croûtes biologiques ; dec :croûte de décantation ; pt : placage de termites ; bat : croûte de battance ; ero : croûtesd’érosion.Topographie : pla : sol plat ; pf : pente faible ; pn : pente notable ; dep : dépression ; bom :bombement.Profondeur du sol : spp : sol peu profond ; smp : sol moyennement profond ; sp : sol profond.Érosion : fa : érosion faible ; my : érosion moyenne.
Sécheresse vol. 18, n° 4, octobre-novembre-décembre 2007 301
Trois marchés ruraux existent dans la com-mune de Gabi. Il s’agit des marchésruraux de Gabi, Chirgué et Dantaro. Ces
marchés ruraux ont pour rôle d’assurerune exploitation durable des ressourcesforestières.
Proposition de dispositif de suiviLe dispositif de suivi envisagé comportedeux mégatransects [13] prenant encompte le maximum d’unités d’occupationdes terres existantes dans les terroirs villa-geois de la commune.Le premier transect est situé dans le terroirde Dan Taro : coordonnées du point dedépart : 13° 09’ 12’’ de latitude Nord et6° 58’ 28’’ de longitude Est et le pointd’arrivée : 13° 09’ 04’’ de latitude nord et6° 58’ 12’’ de longitude Est, soit une lon-gueur de 1 110 mètres.Quant au second transect, il s’étend dansle terroir de Chirgué. Il a pour coordon-nées de point de départ 13° 09’ 12’’ delatitude Nord et 6° 58’ 28’’ de longitudeEst et 13° 09’ 06’’ de latitude Nord et 6°58’ 12’’, soit une longueur de3 335 mètres.Les paramètres retenus pour le suivi à longterme comprennent la biomasse herba-cée, la structure des populations ligneuses,
500
450
400
350
300
250
200
150
100
50
00,5 2,5 5 10 20 40 80 100 140 160 180 200 220 240 260 >26060
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
00,5 2,5 5 10 20 40
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
80 100 140 160 180
Savane arbustive à arborée
200 220 240 260 >26060
0,5 2,5 5 10 20 40 80 100 140 160 180 200 220 240 260 >26060
700
600
500
400
300
200
100
00,5 2,5 5 10 20 40 80 100 140 160 180 200 220 240 260 >26060
Bas-fonds
Effectifs par classe et par hectare Effectifs par classe et par hectare
Effectifs par classe et par hectareEffectifs par classe et par hectare
Complexe champs-jachèresSavane arbustive ouverte sur roche afleurante à subafleurante
Bornes supérieures des classes de diamètre (cm) Bornes supérieures des classes de diamètre (cm)
Bornes supérieures des classes de diamètre (cm) Bornes supérieures des classes de diamètre (cm)
A B
C D
Figure 6. Structure démographique des essences ligneuses par classes de diamètre et par station.A) bas-fonds ; B) savane arbustive plus ou moins arborée ; C) savane arbustive ouverte ; D) complexe champs-jachères.
600
500
400
300
200
100
0paa Fragr brty Padl Pasca
Biomasse fraîche (g/m2)
Types d’occupation des sols
Figure 7. Variation de la phytomasse herbacée en fonction des types d’occupation des terres.Paa : parc à Acacia albida ; fragr : front agricole ; brty : savane arbustive plus ou moins arborée ; padl : parcelleà demi-lune ; pasca : parcelle scarifiée.
302 Sécheresse vol. 18, n° 4, octobre-novembre-décembre 2007
les états de surface du sol, les indices dediversité alpha et bêta, la pluviométrie, etles quantités de bois prélevées par lespopulations locales.
Conclusion
Après analyse de l’occupation des terres,l’étude a permis de caractériser la situationde référence des principales unités d’occu-pation des terres. Cet état initial se caracté-rise par une occupation progressive desformations forestières par les cultures.Aussi, les résultats de la structure des essen-ces ligneuses montrent une forte influencedes conditions mésologiques des stationssur la taille des sujets. Dans les bas-fondsbien approvisionnés en eau, les ligneuxsont de gros diamètre mais avec de faiblesdensités contrairement aux plateauxsableux où les ligneux sont de petit diamè-tre avec cependant de fortes densités.La phytomasse herbacée est plus impor-tante dans le front agricole caractérisé parla dominance des jachères au sein des-quelles les herbacées croissent plus facile-ment. Cette phytomasse est appréciablepour les milieux qui ont fait l’objet deréhabilitation par des demi-lunes qui ontété plantées d’essences ligneuses et ense-mencées de graminées et légumineuses.La diversité alpha est meilleure en broussetigrée typique et en front agricole contrai-rement aux zones qui ont été scarifiées.Cette technique de restauration des terresdégradées ne donne pas de résultats signi-ficatifs puisque le sol travaillé est aussitôtcompacté de nouveau en surface, ce quiannihile encore les processus de reconsti-tution du tapis herbacé.Trois principaux facteurs du milieu déter-minent la dynamique des ressources végé-tales : i) le climat qui se caractérise pardes années à pluviométrie déficitaire deplus en plus fréquentes ; ii) l’emprise agri-cole entraînée par l’augmentation de lapopulation ; et iii) l’exploitation incontrô-lée du bois-énergie pour alimenter les cen-tres urbains, dont la ville de Maradi. Eneffet, c’est l’exploitation incontrôlée dubois-énergie de ces peuplements quientraîne une régression du couvert de lavégétation ligneuse au profit des sols nus.En revanche, si les prélèvements sont orga-nisés à partir de marchés ruraux de ventede bois-énergie, on pourrait aboutir à uneexploitation durable de ces mêmes res-sources forestières.Le dispositif de suivi à long terme proposépermet de caractériser les milieux sensi-bles et ceux qui ont fait l’objet de restaura-tion suivant un pas de temps adéquatdéfini en fonction de la nature des descrip-teurs. Les indicateurs retenus concernentl’évolution de la productivité forestière,
Figure 8. Complexe champs-jachères.
Bourreletde la demi-lune
Microcuvettede la demi-lune
Plant de Acacia nilotica
Figure 9. Demi-lune de restauration.
paa
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0Fragr brty Padl Pasca
Indices de Shannon-Weaver
Types d’occupation des terres
Figure 10. Variation de l’indice de diversité alpha en fonction des types d’occupation des terres.Paa : parc à Acacia albida ; fragr : front agricole ; brty : brousse tigrée typique ; padl : parcelle à demi-lune ;pasca : parcelle scarifiée.
Sécheresse vol. 18, n° 4, octobre-novembre-décembre 2007 303
celle de la phytomasse herbacée, les indi-ces de diversité alpha et bêta, les états desurface du sol, etc. Les résultats positifs quidécouleront du suivi seront discutés avecles communautés locales en vue de leurvalorisation. ■
Références
1. Ministère de l’Hydraulique et de l’Environne-ment. Schéma directeur d’approvisionnement enbois – énergie de Maradi. Niamey : Projet Éner-gie II, 1993.
2. Plan de développement économique et socialdu Niger. Niamey : ministère du Développementsocial, 1991.
3. Saadou M, Ali M. État des lieux de la diversitévégétale et mise en place du dispositif du suivienvironnemental du Projet Aménagement desforêts naturelles (PAFN) au niveau des massifsprioritaires de Marigouna Bella (Dosso), duGoulbi N’kaba (Mayahi) et de Baban Rafi(Madarounfa). Niamey : PAFN, 2003.
4. Achard F. Impact et contribution des aména-gements mis en œuvre par le PAFN sur la diver-sité des essences ligneuses. Niamey : Projet Amé-nagement des forêts naturelles (PAFN), 2003.
5. Dadi C. La protection de la régénération natu-relle dans la zone du Projet de DéveloppementCommunautaire de Baban Rafi (Maradi) : prati-ques paysannes et impact socio-économique.Diplôme d’études supérieures spécialisées(DESS), Centre régional d’enseignement epécia-
lisé en agriculture (Cresa)- faculté d’agronomie/université Abdou Moumouni, Niamey, 2000.
6. D’Herbès JM. La cartographie de l’occupationdes terres pour l’évaluation des changementsenvironnementaux dans le cadre du programmeRéseau d’observatoires de surveillance écologi-que à long terme (Roselt)/Observatoire du Sahelet du Sahara (OSS). Tunis : OSS ; Institut derecherche pour le développement (IRD), 2002.
7. Réseau d’observatoires de surveillance écolo-gique à long terme (Roselt)/Observatoire duSahel et du Sahara (OSS). Indicateurs écologi-ques Roselt/OSS. Une première approcheméthodologique pour la surveillance de la biodi-versité et des changements environnementaux.Document scientifique n°4. Montpellier : OSS ;Institut de recherche pour le développement (IRD),2004.
8. White F. The ‘Association pour l’étude taxono-mique de la flore d’Afrique tropicale’ (AETFAT)chorological classification of Africa : history,methods and application. Bull Jard Bot Nat Belg1993 ; 62 : 225-81.
9. Gavaud M. Étude pédologique du Niger -Ouest. Tome I. Monographie des sols. Premièrepartie. Dakar : Organisation de recherche scien-tifique et technique d’outre-mer (Orstom), Centrede Hann, 1966.
10. Senterre B, Lejoly J, Sonké B. Analyse dugradient de continentalité et identification decommunautés végétales en forêts denses d’Afri-que centrale par la méthode du méga-transect.Phytocoenologia 2005 ; 34 : 491-516.
11. Casenave A, Valentin C. Les états de surfacede la zone sahélienne : influence sur l’infiltration.Paris : Orstom éditions, 1990.
12. Legendre P, Legendre L. Numerical ecology.Developments in Environmental Modelling1998 ; 20 : 235-45.
13. Lepš J, Šmilauer P. Multivariate analysis ofecological data using CANOCO. Cambridge :University Press, 2003.
14. Ichaou A. Dynamique et productivité desstructures forestières contractées des plateaux del’Ouest nigérien. Doctorat de l’université PaulSabatier de Toulouse III, Spécialité écologie végé-tale et tropicale, Toulouse, 2000.
15. D’Herbes JM, Ambouta JMK, Peltier R. Fonc-tionnement et gestion des écosystèmes forestierscontractés sahéliens. Paris : John Libbey Eurotext,1997.
16. Conseil national de l’environnement pour undéveloppement durable (Cnedd). Programmed’action national pour l’adaptation aux change-ments climatiques. Niamey : Secrétariat exécutifdu Cnedd, 2006.
17. Sharon EN. Climatic and environmentalchange in Africa during the last two centuries.Clim Res 2001 ; 17 : 123-44.
18. Mortimore M, Ba M, Mahamane A, Rostom RS,Serra del Pozo P, Turner B. Changing systems andchanging landscapes : measuring and interpretingland use transformation in African dry lands. DanishJournal of Geography 2005 ; 105 : 101-8.
500
400
300
200
100
(mm)
0
- 100
- 200
- 300
- 400
1932
1934
1936
1938
1940
1942
1944
1946
1948
1950
1952
1954
1956
1958
1960
1962
1964
1966
1968
1970
1972
1974
1976
1978
1980
1982
1984
1986
1988
1990
1992
Figure 11. Écart de la pluviométrie de 1932 à 1992 à la station météorologique de Maradi.Les années négatives correspondent aux années où la pluviométrie est inférieure à la moyenne pour la période(554, 96 mm).
Croûte algale
Figure 12. Tapis herbacé à Tripogon minimus avec développement de croûtes algales.
304 Sécheresse vol. 18, n° 4, octobre-novembre-décembre 2007