L'Occupation Austro-Bulgare en Serbie (1918.) - Mileta Novakovitch

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    L'OCGUPATION AUSTRO-BULGAREEN SERBIE

    CHAPITRE ICONSIDRATIONS GNRALES

    Le territoire du royaume de Serbie fut entire-ment occup par l'ennemi dans les derniers moisde Tanne igiB. La vaillante arme serbe, quiavait tenu tte aux Autrichiens depuis aot 19 14et leur avait inflig les sanglantes dfaites du Tseret du Roudnik, dut cder en 1916 devant uneattaque dirige de trois cts et mene par des forcesd'une supriorit numrique crasante. C'est grce une forte accumulation d'artillerie lourde renduepossible par la retraite russe de l't 1916, grce la flonie bulgare qui apporta un appoint de troiscent mille baonnettes, grce enfin la dloyautdu roi Constantin de Grce qui oublia qu'il taitl'alli de la Serbie, que le marchal Mackensen putmenacer les troupes serbes d'un encerclementcomplet et les obliger ainsi une retraite vers leOCCUPATION

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    2 L OCCUPATION AUSTRO-BULGARE EN SERBIEsud, retraite qui les emmena hors de leur pays,dans les montagnes d'Albanie. En deux mois, lestroupes allemandes, autrichiennes et bulgaresoccuprent tout le territoire de la Serbie, mais endpit de tous leurs efforts, le gros de l'armeserbe russit leur chapper et viter le dshon-neur de la capitulation.La Serbie occupe fut dpartage entre les admi-

    nistrations autrichienne et bulgare. Aprs desngociations longues et laborieuses, l'Autriche con-serva sous son administration le territoire situ l'ouest de la Morava, c'est--dire les dpartementsde Belgrade, Smederevo, Ghabatz, Valivo, Oujits,Tchatchak, Roudnik, Kragouyvatz, Krouchvatz,Novi Pazar, Mitrovitza, Pripoli. Tous les autresdpartements, toute la partie orientale de la Serbiedu nord ainsi que toute la Macdoine serbe, furentsoumis l'administration bulgare.

    C'tait un partage en rgle de tout le territoireserbe. Ce partage cependant ne pouvait treque provisoire. Quoique priv de son territoire,l'Etat serbe continuait exister, reprsent parson gouvernement et son arme. La guerre se pro-longeant et l'tat serbe, quoique manquant d'un deses lments constitutifs, n'tant pas ananti, lesoccupants ne pouvaient invoquer aucun titre leurconfrant la souverainet et transformant l'occupa-tion du territoire en un tat de choses dfinitif.On est tomb d'accord en effet depuis longtempssur le caractre qui doit tre attribu toute occu-

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    CONSIDRATIONS GENERALES 3pation de territoire ennemi au cours'd^une guerre.Aprs des ttonnements et des discussions assezconfuses, la doctrine du droit international a tunanime, au dix-neuvime sicle, proclamer quel'invasion totale ou partielle d'un territoire ne peutpas avoir pour effet direct et immdiat de rempla-cer le gouvernement vaincu par le vainqueur, aussilongtemps que la lutte se prolonge. L'envahisseurn'est pas substitu juridiquement au gouvernementde l'tat envahi. La prise de possession du ter-ritoire de l'un des belligrants par l'autre, critBonfls, est un pur fait, un tat des choses essen-tiellement provisoire qui donne au belligrant en-vahisseur le pouvoir et les moyens d'accomplir surce territoire des actes utiles aux fins de la guerre.A la conclusion de la paix, cet tat de fait dispa-ratra ou se transformera en un droit dfinitif deproprit. Lning disait avec justesse que, quelque

    intense que soit le dsir de conserver les territoiresoccups et de les annexer, avec quelque certitudeque l'ennemi puisse compter qu'il forcera sonadversaire vaincu consentir la cession par untrait de paix, il n'a, jusqu' la conclusion de lapaix ou l'anantissement de son adversaire,d'autres droits que ceux qui dcoulent de sa pos-session (*).Dans le rglement annex la Convention sur

    (i) Lning dans la Bvue de Droit international et de Lgisla-tion compare, t. IV, p. 634.

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    GONSIDER.\TIONS GENERALESCes rgles ont t admises dans la pratique

    internationale et appliques gnralement daris lesguerres modernes, mme avant la runion de laconfrence de La Haye. On aurait d d'autant plussupposer, aprs la signature des conventions de1899 ^* ^9^1 > ^^'i^ "'y aurait plus d'exceptionspossibles. En fait, les Japonais dans la guerre de1904- 1906, les nations balkaniques dans les guerresde 19 12 et 191 3, ont respect les principes.Malheureusement, les occupants de la Serbie ont

    cru devoir passer outre aux principes explicitementreconnus non seulement par la doctrine et la pra-tique, mais aussi par les traits qu'ils avaient eux-mmes signs et ratifis, ils ont aussi peu respectles rgles de l'occupation que les autres. La Bul-garie a os soutenir, par exemple, malgr l'exis-tence d'un gouvernement et d'une arme serbes etau moment o ses rgiments pliaient sous lesattaques des fantassins serbes sur le front de Mo-nastir, que la Serbie n'existait plus comme tat etqu'elle n'tait plus qu'une conception gogra-phique 1 II faut reconnatre que nulle part l'ennemin'a eu moins d'gards et de scrupules, nulle partil n'a viol le droit des gens d'une faon aussiabsolue et n'a poursuivi tel point son uvre deterreur et de dvastation qu'en Serbie.Non seulement, les soldats et officiers ont com-mis toutes sortes d'atrocits au fur et mesure deleur avance, assassinant les habitants sans dfense,tuant les prisonniers, achevant les blesss, com-

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    mellanl des viols et pillant tout sur leur passage de tels faits ont caractris la conduite de nosennemis sur tous les fronts, mais, fait encore plusgrave, la mise hors la loi de la population du terri-toire occup s'est prolonge, a t rige en sys-tme et approuve par les plus hautes autorits dertat occupant, mme alors qu' l'envahisseurmilitaire s'tait substitue une administration rgu-lire, ayant soi-disant pour but d'organiser lesterritoires occups et d'y tablir l'ordre et lascurit.

    Si Ton a introduit un certain ordre et une cer-taine organisation dans les provinces occupes,c'est uniquement pour mieux les exploiter. On asaign le pays blanc et on a trait les habitantsen esclaves, et jamais, mme aux poques lesplus recules, un conqurant ne se conduisit plusbrutalement envers la population subjugue. Lesoccupants considraient la Serbie occupe commeun territoire conquis dfinitivement et, dsirant sel'assimiler le plus rapidement possible, ils s'ap-pliquaient enlever et dtruire tout vestige del'ancienne indpendance et tout ce qui se distin-guait par un caractre national (cole, livre, gra-vure, monument historique, archives, antiquits).Pour empcher toute rsistance et pour dmoraliserla population, on emmenait du pays toutes lespersonnes qui, soit par leur rang social, soit parleur valeur intellectuelle ou morale, pouvaientexercer quelque influence sur leur entourage.

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    CONSIDERATIONS GENERALES 7Aprs les avoir interniS dans des camps de con-centration o la mauvaise nourriture aussi bienque les conditions hyginiques concouraient mettre en danger leur sant et mme leur vie, ondclarait leurs proprits vacantes et on les ven-dait aux enchres. Comble de cynisme, on disaitque ces proprits avaient t abandonnes par lespropritaires, et cependant c'est par force queceux-ci avaient t interns.De mme qu'en Pologne et en Roumanie, on s'ef-

    forait de faire retomber sur le pays occup lessouffrances et la gne provenant de la disette. Onaccaparait toutes les rcoltes que le sol riche etfertile de la Serbie prodiguait gnreusement et onne laissait mme pas la population subjugue leminimum ncessaire sa subsistance. En outre,par les contributions, les souscriptions forces l'emprunt, la dprciation arbitraire de la monnaie,les confiscations de biens, on appauvrissait rapide-ment tous ceux qui possdaient quelque chose, etayant ruin par cette exploitation systmatique lemonde commerant, industriel et agricole serbe,on colonisait le pays par toute une arme de cher-cheurs de fortune allemands, hongrois ou bulgaresqui s'assuraient le monopole de la vie conomiquedu pays.

    Enfin, poussant la conception de la conqutedfinitive jusqu' ses consquences extrmes, onenrlait par force les hommes valides trouvs dansle pays et on les obligeait combattre contre leur

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    8 l'occupation austro-bulgare en SERBIEpropre patrie. En Pologne, on a cherch des sub-terfuges pour masquer celle opration, crant arti-ficiellement un tat de Pologne, mnageant lesapparences. En Serbie, au contraire, l'opration derecrutement s*est faite carrment et ouvertement.La Bulgarie a dclar que les Serbes des provincesoccupes taient en fait des Bulgares qu'elle a d-livrs du joug serbe et que, en leur qualit de Bul-gares, ils ne demandaient pas mieux que de s'en-rler dans l'arme bulgare. Les bourreaux de Sofiareprsentaient comme bulgares mme les terresclassiques du serbisme, les provinces o la raceserbe est la plus pure et la nationalit serbe la plusconsciente. Ce mensonge impudent a t le mieuxdmenti par le fait que les prtendus Bulgares sesont rvolts pour chapper au recrutement bul-gare. Une vritable insurrection avait surgi Pro-koupli et s'tait tendue jusqu' Nich, qui avaitfailli tomber un moment au pouvoir des insurgs.Ce cri de dsespoir a t touff dans des flots desang, comme si le sol serbe n'en avait pas t djpar trop imprgn. Des cantons entiers ont tmassacrs et incendis la suite de cette meute.

    Il ne sera question ici que de quelques faits sail-lants et mettant bien en lumire le caractre del'occupation ennemie. Aprs avoir expos lesmoyens employs pour dnationaliser le pays,nous nous occuperons des dportations et du r-gime impos aux interns, nous dmontrerons pardes preuves que le recrutement a t appliqu par

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    CONSIDRATIONS GENERALES Qles Bulgares toutes les parties du pays occup etnous terminerons par un expos de l'exploitationconomique du pays.En esquissant ainsi, en quelques traits gnraux,le dur rgime auquel la Serbie est soumise depuisdeux ans, nous ne prtendons pas dresser un rqui-sitoire complet contre les Etats ennemis et leursagents. Pour pouvoir tablir ce rquisitoire et le-ver cette accusation en rgle, il faudrait connatrede nombreux faits criminels qui restent encoreignors de nous. Ce n'est qu'en roccupant le ter-ritoire que les autorits serbes pourront tablir,par divers moyens d'instruction judiciaire, un bilande la plupart des crimes commis. Mais les quelquesfaits qui sont parvenus notre connaissance suffi-sent pour nous donner une ide de ce qui se passedans les provinces occupes.

    Les exemples, quoique isols, sont nombreux etnous renseignent suffisamment sur la gravit dessouffrances de la Serbie occupe, et, s'il est trop ttpour tablir la liste des crimes devant servir debase aux sanctions et rparations justes et nces-saires, il est de notre devoir de livrer ds mainte-nant la plus large publicit ce triste tableau del'anantissement systmatique et scientifique d'unenationalit et d'un Etat en plein vingtime sicle.Il faut que l'opinion publique connaisse et juge dsmaintenant les procds ignobles de nos ennemiset leur mpris absolu des rgles du Droit. Aux hor-reurs commises dans le nord-est de la France et en

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    10Belgique, celles perptres en Pologne, il fautajouter les crimes et le rgime de terreur subis parla Serbie. Ayant occup la majeure partie de laSerbie, les Bulgares y font des atrocits qui sur-passent mme celles que les Turcs avaient infligesaux Armniens. C'est l'extermination de la racequ'ils poursuivent, afin de pouvoir repeupler pardes immigrants bulgares les villages devenus d-serts et d'largir ainsi les limites ethniques de laBulgarie. Plus savants et plus pratiques, les Autri-chiens respectent la vie des habitants, ont la ma-nire plus douce, mais s'efforcent par tous lesmoyens de dmoraliser le peuple, de lui enlever lesentiment d'indpendance et de nationalit. LesBulgares veulent conqurir un territoire dpeuplen massacrant les habitants et en achevant ainsil'uvre de la famine et des maladies, tandis queles Autrichiens, en gens plus expriments et plushabiles, n'liminent pas la population parce qu'ilsse croient forts de l'assimiler par des procdsdans lesquels ils sont passs matres. Les uns et lesautres agissent au mpris des rgles les plus l-mentaires du droit des gens et violent les Conven-tions de La Haye qu'ils avaient eux-mmes discu-tes et signes.En attendant le rglement final des comptes,

    l'heure des sanctions et rparations, il faut que l'o-pinion publique se fasse, ds maintenant, une ideexacte de la manire d'agir de nos ennemis. Et nonseulement l'opinion publique des belligrants, mais

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    CONSIDRATIONS GNRALES I Iaussi et surtout celle des neutres. Que de bellesoccasions manques dans cette guerre par les neu-tres et dans lesquelles ils auraient pu jouer un rleplein d'honneur et d'lvation ! C'est aux neutresqu'incombait la surveillance de l'application desConventions de La Haye auxquelles ils ont tous col-labor et qu'ils avaient signes. En signant l'actefinal du i8 octobre 1907, ils avaient reconnu quetous les membres de la socit des nations civili-ses taient solidaires, et que les Conventions de-vaient tre appliques dans l'intrt de tous. Etcependant, lorsque la grande guerre actuelle aclat, ils ont failli leur rle de gardiens du droitinternational et ils n'ont pas eu la conscience nettede leurs devoirs. Leur indiffrence et leur ngli-gence ont certainement encourag nos ennemis persvrer dans la violation systmatique des prin-cipes du droit international, leur impassibilit enface des crimes allemands a compromis srieuse-ment la valeur pratique des Conventions qui cepen-dant, au moment o elles avaient t rdiges, sem-blaient rpondre aux vux et aux sentiments detout le monde civilis.

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    CHAPITRE II {')LA DNATIONALISATION

    La dnationalisation a t applique systmati-quement dans toutes les provinces serbes occupeset ds le dbut de l'occupation. Tout ce qui portaitTempreinte de la nationalit serbe a t perscut,proscrit ou dtruit. On doit constater cependantque les moyens employs par les Bulgares se dis-tinguent par leur brutalit et leur caractre absolu,tandis que les Autrichiens ont montr une certainetolrance, quoique trs limite. Le but chez les unset chez les autres tait d'ailleurs le mme.

    (i) Nous ne fatiguerons pas le lecteur par la citation des sourcesauxquelles nous devons nos informations. 11 suffira de dire quenous avons t renseign par nos ennemis eux-mmes, dont lesjournaux nous ont document comme plaisir sur la situationdans les provinces occupes. Ce sont, soit des informations sur iesfaits isols, soit des reproductions d'arrts ou d'ordonnances ma-nant de l'Administration autrichienne et bulgare. Nous avons putrouver de ces informations dans tous les journaux de Sofia. LaGazette de Belgrade, organe officieux du gouvernement gnj-alaulrichien de Serbie, abonde aussi en renseignements sur l'tat deschoses en Serbie. Les journaux de Vienne et de Budapest enfinnous ont servi aussi comme une source assez prcieuse.

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    LA DNATIONALISATION l3

    a) Dans les provinces soumises a l'administrationAUTRICHIENNELes Autrichiens ont commenc par fermer toutes

    les coles nationales serbes et par fonder leurplace des coles o Ton enseigne sans doute enserbe, mais d'aprs le programme gnral descoles de Hongrie. L'instruction publique a trorganise de fond en comble sous la suprme di-rection d'un Hongrois, Janos Farago, ancien ins-pecteur d'Acadmie de Bacs-Bodrog. Quoique denombreux instituteurs et professeurs serbes, n'ayantpu s'chapper, fussent rests en Serbie, personned'entre eux n'a t rattach aux coles nouvelle-ment cres, parce que, comme on l'affirmait dansune lettre parue au Berliner Tageblatt, ils ne pr-sentaient pas des garanties suffisantes de loyaut.A leur place, on a pris des instituteurs de Hongrieconnaissant le serbe et disposs excuter la ror-ganisation de l'enseignement dans un esprit anti-serbe.

    L'enseignement des langues allemande et hon-groise a t dclar obligatoire dans toutes lescoles en Serbie. Il faut faire remarquer cependantqu'en Autriche-Hongrie mme, avant la guerre, onn'imposait pas l'enseignement obligatoire de l'alle-mand ou du hongrois dans les coles primairesd'autres nationalits.Pour rprimer davantage le sentiment national

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    l4 l'occupation austro-bulgare en SERBIEon a impos tous les lves Funiforme militaireautrichien. On rpte aux enfants tous les joursque leur souverain lgal est l'empereur d'Autriche qui ils doivent attachement et fidlit. On s'efforceainsi de profiter du bas ge des lves pour leurformer une me et une mentalit qui en feront debons citoyens autrichiens. On est all d'ailleursmme plus loin dans cette voie : deux mille gar-ons ont t choisis et isols de leurs familles dansle camp d'internement de Braunau, o des moinesautrichiens se sont chargs de les germaniser etd'en faire de futurs champions de l'ide autrichienneen Serbie.Ces quelques faits dmontrent dj nettementl'esprit dans lequel les autorits autrichiennes ad-ministrent le territoire occup. Contrairement auxrgles gnralement admises, ils se considrentbien comme matres et se conduisent comme si leterritoire leur ft acquis dfinitivement. En ensei-gnant dans les coles que le souverain lgal de laSerbie est dsormais l'empereur d'Autriche, ilsviolent manifestement le principe que, jusqu' laconclusion du trait de paix ou la fin des hostilits,le souverain lgal demeure celui dont le territoirea t occup.Pour touffer le sentiment national, les Autri-

    chiens vont plus loin. Paralllement la propa-gande scolaire, ils travaillent supprimer tout cequi pourrait rappeler aux Serbes leurs devoirs pa-triotiques, leur histoire et leurs aspirations natio-

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    LA oiNATIONLISATION l5nales. De nombreux ouvrages patriotiques ouhistoriques ont t mis l'index et saisis partouto on a pu les trouver. On a rafl les recueils deposies nationales parce que ces posies glorifientle pass serbe, et des peines svres ont atteinttous ceux qui n'avaient pas voulu livrer aux auto-rits les livres en leur possession. On a mis l'in-dex aussi les uvres des potes Branko Raditch-vilch et Yovan Yovanovitch Zma, uvres les pluspopulaires de toute la littrature serbe et quiavaient t librement rpandues jusqu'alors parmiles Serbes d'Autriche-Hongrie eux-mmes. Presquetoutes ces uvres avaient t mme imprimes etpublies dans les villes de Hongrie mridionale, Novi Sad et Karlovci qui sont les centres intellec-tuels des Serbes de Hongrie. Et aprs avoir laissimprimer et rpandre librement ces ouvrages pen-dant plus de cinquante ans, les autorits austro-hongroises ont dcouvert, tout coup, que cespotes avaient exalt et glorifi le pass serbe etaspir l'unit nationale. L'unit des Serbes dansl'indpendance est symbolise sans doute chezRaditchvitch dans un pome o il nous cite lesSerbes de toutes les provinces runis dans un koloou danse nationale. C'est bien anodin, mais cela asuffi pour dterminer la confiscation de tous les vo-lumes de ses posies, qui par ailleurs sont surtoutlyriques et sans allusions aux problmes nationauxet politiques. Oui, mais Branko et Zma sont lesdeux meilleurs potes, ayant crit dans la langue

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    l6 L OCCUPATION AUSTRO-BULGARE EN SERBIEserbe la plus pure et Ton dsire priver le peupleserbe des lectures qui, tout en tant rcratives,relvent son me et le fortifient dans la consciencede sa nationalit.Quoi d'tonnant alors si les Autrichiens ont jug

    ncessaire d'enlever de Serbie tout ce qui vraimentpossdait quelque importance au point de vue del'histoire et de la vie nationales? On n'a pas laissun seul monument ni un seul document, les collec-tions du muse national et du muse ethnographiquede Belgrade ont t disperses, et tous les objets devaleur transports Vienne.

    Ces procds sont cependant condamns parl'article 56 de la Convention de La Haye, et de lafaon la plus formelle : Toute saisie, destructionou dgradation intentionnelle de monuments histo-riques, d'oeuvres d'art et de science, est interdite etdoit tre poursuivie. Il est esprer que les auto-rits serbes, lorsqu'elles auront roccup leurs ter-ritoires, procderont une enqute srieuse quitablira, comme pour les autres infractions etcrimes commis par l'ennemi, les faits dans tousleurs dtails, et posera ainsi une base pour lespoursuites et pour les restitutions ou indemnits.Nous devons remarquer,. en attendant, que mmeles Prussiens en 1870, qui cependant dj alors nefaisaient pas grand cas des prescriptions du droitdes gens, ont respect les belles collections artis-tiques des environs de Paris. Blcher en 181 5 auraitbien voulu dtruire certains monuments de Paris

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    LA DNATIONALISATION I7qui blessaient son chauvinisme germanique en vo-quant les clbres victoires de Napolon, mais lesAnglais s'y sont opposs. Mme ces poques ant-rieures aux confrences de La Haye, on avait doncrespect les monuments et collections historiquesou artistiques, et plus forte raison on aurait d lefaire actuellement, aprs la signature des Conven-tions de La Haye...La saisie ou destruction des collections histo-riques et artistiques et des monuments, de mmeque toutes les mesures de dnationalisation, doittre svrement condamne parce qu'elle ne rpond aucune ncessit militaire et constitue un' actepurement arbitraire, une violence qui n'est qu'unabus brutal de la force. Le cas qui nous occuperentre bien dans le cadre des mesures entreprisespour dnationaliser le pays. Il s'agissait surtoutd'enlever tout ce qui aurait rappel la populationla lutte pour la libration de la Serbie et l'indpen-dance du pays, afin qu'il ne restt rien qui pt ali-menter le sentiment national si vif.Aprs avoir dnationalis les coles et saisi les

    exemplaires des livres patriotiques et populairesqui se trouvaient chez les particuliers, aprs avoirsaisi aussi les collections publiques et supprimles monuments, on est all encore plus loin danscette voie, et on n'a mme pas voulu tolrer l'al-phabet cyrillique. Cet alphabet a t interdit de lafaon la plus rigoureuse. Dans toutes les villes, lesnoms des rues crits en caractres cyrilliques ont

    OCCUPATION

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    r8 I/OCCUPATION AUSTRO-BULGARE EN SERBIEt remplacs par des inscriptions en caractreslatins, dans toutes les imprimeries on a refondu lescaractres cyrilliques en caractres latins. L'im-pression des livres en caractres cyrilliques a tinterdite et non seulement les actes administratifssont crits en caractres latins, mais les censeursattachs aux bureaux des postes ont Tordre formelde dchirer toute lettre ou carte qui serait criteen caractres c^Tilliques.

    L'alphabet cyrillique n'est pas le seul en usagechez les Serbes, et prs de la moiti du peuple segert des caractres latins. De mme que l'alphabetcyrillique se rapproche beaucoup de l'alphabetrusse, dont il peut tre considr comme uneforme perfectionne, ayant appliqu strictement largle qu' chaque son doit correspondre un signe,supprimant certaines lettres inutiles et en crantquelques-unes, de mme on a adapt Talphabetlatin la langue serbe en le compltant par deslettres rpondant des sons de la langue serbe quela langue latine ne possdait pas. Les deuxalphabets ont t donc modifis et perfectionnspour servir paralllement la langue serbe. Pour-quoi alors les Autrichiens se sont-ils acharnscontre l'alphabet cyrillique, tout en tolrant lalangue serbe crite en caractres latins? Ils ne pou-vaient invoquer pour cela aucune raison srieuse.On ne peut s'expliquer ce parti pris que par le faitque l'alphabet cyrillique avait t le seul admisofficiellement dans le royaume de Serbie et qu'il

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    LA DEx\ATIONALISATIO? IQtait d'usage courant chez tous les Serbes ortho-doxes. En interdisant l'alphabet cyrillique, les Au-trichiens ont vis plutt le culte orthodoxe que lanationalit.La pratique du culte orthodoxe a t d'ailleurs

    rendue difficile, sinon impossible, par toute unesrie d'autres mesures. La messe orthodoxe a trduite sa plus simple expression. De nombreuxcurs ont t interns en Hongrie sous des pr-textes futiles, et leurd portation s'est faite souventavec une brutalit extraordinaire; des prtres,comme Miloch Rankovitch de Rachka, ont temmens jusqu' Belgrade sous bonne garde et lesmenottes aux mains. On a non seulement perscutles prtres, mais on a essay aussi de dsaffecterles glises de leur but. C'taient les glises que lesofficiers autrichiens choisissaient de prfrencepour les besoins militaires et c'est dans les glisesqu'ils hbergeaient leurs chevaux pendant les op-rations militaires. A Belgrade mme, on avait ins-tall dans l'glise de l'Assomption un bureau del'Administration des Finances, On peut s'imaginerce qui se passe l'intrieur du pays, quand de telsabus ont lieu dans une ville comme Belgrade, oles immeubles ne manquent pas. Par ces procdsindirects, par la perscution des prtres et la rqui-sition des glises pour des buts militaires et admi-nistratifs, la pratique du culte orthodoxe a trendue dans une grande mesure impossible, quoiquela religion, en principe, n'ait pas t interdite.

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    20 l/OCCUPATION AUSTRO-BULGARE EN SERBIEOn a supprim aussi l'usage du calendrier russe

    (julien), calendrier jug insparable de la pratiquedu culte orthodoxe. Fait curieux cependant, touten supprimant le calendrier russe en Serbie mme,on a continu le tolrer en Bosnie et on a autorisl'impression Sarajevo d'un calendrier julien pourl'anne 19 17. Mais le calendrier de Sarajevo nepouvait tre mis en vente qu'en Bosnie; dfense futfaite de l'importer en Serbie.La perscution du culte orthodoxe en Serbie est

    d'autant plus surprenante que ce mme culte, avantla guerre, tait reconnu dans toutes les parties del'Autriche -Hongrie et qu'on ne faisait aucunobstacle l'usage du calendrier russe et de l'al-phabet cyrillique. Tous les Serbes orthodoxes d'Au-triche-Hongrie se servaient de l'alphabet cyrilliqueet cet alphabet tait trait sur un pied d'galitavec l'alphabet latin. Le journal officiel du Gouver-nement autrichien de Bosnie, le Sarayuski List,s'imprimait moiti en caractres cyrilliques, moitien caractres latins. Mme actuellement, l'alphabetcyrillique, de mme que le calendrier orthodoxe,n'est pas dfendu en Bosnie, tout en tant absolu-ment interdit sur le territoire du royaume de Serbie.La perscution du culte orthodoxe ainsi que ducalendrier julien et de l'alphabet c^TiUique ne peuts'expliquer que par deux causes : par la sup-position que l'Eglise orthodoxe est un instruinentpuissant de la propagande du panserbisme et parle dsir de crer des dissentiments entre les Serbes

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    LA DNATIONALISATION 21orthodoxes elles Serbes catholiques. Ceci demandequelques commentaires.Le peuple yougoslave, qui porte trois noms diff-

    rents et s'appelle selon les contres : serbe, croateou Slovne, est de religion diffrente. La majoritest orthodoxe, sans doute, mais il y a un nombretrs important de catholiques, quelques millions,et il faut y ajouter plusieurs centaines de mille demusulmans. Le plus grand mlange au point devue religion se trouve en Bosnie ; en Croatie et enDalmatie c'est l'lment catholique qui est forte-ment prdominant; dans le royaume de Serbie, aucontraire, les catholiques constituaient en face desorthodoxes une infime minorit. Ces diffrences aupoint de vue de la religion ont des causes histo-riques, tant la consquence de l'entre-croisementdes influences de Rome et de Byzance au MoyenAge ; elles ne diminuent en rien la conscience del'unit nationale, et les cathohques de Bosnie, deDalmatie et de Croatie aspirent cette unit ind-pendante au mme degr que les orthodoxes duBanat ou de Serbie. Nanmoins, il est probableque les Autrichiens, en laissant toute libert auxcatholiques et en opprimant le culte orthodoxe, ontespr crer auprs des orthodoxes perscuts uneanimosit contre leurs frres privilgis. Ils ontpeut-tre voulu diviser les Yougoslaves, selon leprincipe traditionnel des Habsbourg, oubliantque les temps sont passs o la religion pouvaitprvaloir sur la nationalit.

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    22 L OCCUPATION AUSTRO-BULGARE EN SERBIELes autorits autrichiennes se sont mfies du

    culte orthodoxe peut-tre aussi parce que le clergorthodoxe chappe l'empire qu'elles peuvent avoirsur h clerg catholique. Aux moments critiques deleur histoire, les Serbes ont souvent cherch leursalut dans la religion ; il tait prsumer que cettefois-ci aussi ils chercheraient dans Tglise la pro-tection ncessaire contre Toppresseur qui momen-tanment leur avait ravi l'indpendance. Et toutnaturellement, l'Eglise orthodoxe, plus indpen-dante en face de Vienne que l'ghse catholique,pouvait les soutenir plus srement dans la dfensede leur nationalit.Quoi qu'il en soit, il est manifeste que les auto-rits autrichiennes se sont appliques, ds l'occupa-tion du territoire, interdire et supprimer toutce qui pouvait soutenir la population du territoireoccup dans sa conscience nationale. Cette cam-pagne a t mene ouvertement et sans aucunscrupule. Elle est cependant nettement contraireaux prescriptions du Rglement de La Haye. L'ar-ticle l\6 dit expressment que les convictions reli-gieuses et l'exercice des cultes doivent tre res-pects. S'il n'a pas impos le respect de lanationaHt, c'est parce que personne n'avait pusupposer que l'Administration de l'Etat occupantoserait violer tel point le principe fondamental ducaractre provisoire de l'occupation pour s'ap-pliquer un travail de dnationalisation. La dna-tionalisation doit tre rprouve comme contraire

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    LA DNATIONALISATION !i3aux principes de justice et de libert mme lors-qu'elle est pratique par un tat sur les territoiresdfinitivement annexs ; plus forte raison doit-elletre interdite et poursuivie quand le territoire n'estqu'occup, puisque ce territoire n'a pas chang desouverain par le fait de l'occupation et que l'occu-pant doit se borner prendre les mesures nces-saires la scurit de son arme et au rtablis-sement de l'ordre et de la vie publics. Enrecommandant le respect des lois en vigueur dansle pays occup, en interdisant certaines atteintesaux droits des habitants beaucoup moins gravesque la perscution de leur nationalit, le Rglementde La Haye a implicitement interdit la dnationa-lisation.

    b) Dans les provinces soumises a l'administrationBULGARE

    Les autorits bulgares aussi se sont appliques dtruire tous les signes extrieurs de la nationalitserbe dans les territoires occups, et elles l'ont faitbeaucoup plus brutalement et plus radicalementque les Autrichiens; l'uvre de dnationalisations'est faite d'une manire absolue et sans les adou-cissements que les Autrichiens y apportaient.Tandis que les Autrichiens n'interdisaient que leslivres ayant une tendance nationale et une influencepatriotique, les Bulgares saisissaient et dtruisaient

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    24 L^OCGUPATION AUSTRO-BULGARE EN SERBIEtous les livres serbes sans exception; tandis queles Autrichiens n'interdisaient que Talphabet cyril-lique, laissant la libert de se servir de Talphabetserbe latin, les Bulgares interdisaient la languemme et obligeaient les habitants changer leursnoms ; et pendant que les Autrichiens ne faisaientque limiter la pratique du culte serbe orthodoxe,les Bulgares le supprimaient radicalement ainsique les coles et les remplaaient par le culte schis-matique bulgare et des coles bulgares.L'uvre de dnationalisation a t commence

    ds l'entre de l'arme bulgare en territoire serbe,par l'assassinat de nombreux prtres serbes. LeLivre Bleu serbe en cite plusieurs exemples dansles annexes 12, 26, 82. Interdiction absolue d'offi-cier a t faite tous ceux qui taient rests envie. On a fini, d'ailleurs, par les interner tous dansles camps de concentration de Sofia, Philippopoliet Rilo. Les paroisses de Serbie ont t alors r-parties entre les prtres bulgares, envoys de Bul-garie par le Saint Synode de Sofia; les provincesserbes occupes furent places totalement sous l'au-torit de l'glise nationale bulgare. On comprendraencore mieux la gravit de cette mesure, quand onsaura que l'Eglise bulgare, institue en 1871 par unsultan turc, n'avait jamais t reconnue par lesautres Eglises orthodoxes et qu'elle avait t traitede schismatique. On blessait gravement le senti-ment religieux de la population serbe en lui impo-sant des prtres ne sachant pas le serbe et appar-

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    LA DENATIONALISATION 20tenant une glise non reconnue, institue uni-quement pour servir d'instrument la propa-gande nationale bulgare.

    Mais on ne s'est pas arrt l... On s'est appliqu supprimer tout ce qui avait un caractre nationalnon seulement dans l'glise, mais aussi en dehorsd'elle. Violant le droit de proprit prive, expres-sment reconnu par le Rglement de La Haye, lesautorits bulgares ont pntr dans toutes lesmaisons et ont fait main basse sur tout imprimserbe, que ce ft un livre, un journal, un prospec-tus, n'importe quoi (^). Ordre tait donn d'anan-tir tout ce qui avait t imprim en langue serbe.Dans chaque ville, dans chaque bourgade, onformait de petits bchers avec tous ces livresamasss et on y mettait le feu. Cet accs de fureurune fois apais, on s'est rappel que le papier deces imprims pouvait tre quand mme utile quelque chose, et un jour, on lisait dans VOiitro{^)et dans les autres journaux de Sofia que le ministredu Commerce bulgare avait ordonn de remettreles livres et manuscrits saisis l'Imprimerie Natio-nale de Sofia pour servir de matires brutes lafabrication du papier. Dans cet arrt ministrielles plus hautes autorits bulgares constataientouvertement la destruction des livres et imprims

    (i) On verra plus loin que le pillage ne s'est pas born lasaisi^des livres, loin de l.

    (2) Numro du 26 avril 19 16.

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    26 L^OCGUPATION AUSTRO-BULGARE EN SERBIEserbes et, loin de la dsapprouver, elles s*efforaientau contraire de donner cette destruction quelqueutilit : au lieu de brler les livres purement etsimplement, on en ferait du papier...

    Les monuments historiques qui rappelaient auxSerbes leur pass glorieux, les fondations pieusesdes rois serbes du Moyen Age ne devaient pas treplus respects que le reste. Et cependant, lesTurcs eux-mmes, ayant envahi la Serbie aux qua-torzime et quinzime sicles, et l'ayant dominejusqu'au dix -neuvime sicle, ont cru devoirrespecter ces temples historiques. Les nombreuxmonastres, fonds par les rois serbes, et dont quel-ques-uns taient d'une rare beaut, attestant autantpar leur architecture que par les fresques et antresdcorations murales le got pour les arts et le d-veloppement des arts dans la Serbie du Moyen Age,n'avaient pas t dtruits par les Turcs malgrleur domination de prs de quatre sicles. Sansdoute, par endroits des fanatiques avaient crev lesyeux aux saints des icnes ; il y avait eu des dgts,mais c'tait peu de chose. Les Turcs respectaienten somme la religion des populations soumises.

    Les Bulgares se sont conduits tout autrement. Al'aide de la hache et du marteau, ils ont dmolidans les glises et monastres toutes les inscrip-tions attestant que ces temples avaient t fondspar des rois serbes. Ils supprimaient ainsi, mmel, les signes de la nationalit serbe et enlevaientdans les territoires occups toute trace de serbisme

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    LA DNATIONALISATION 27afin de pouvoir soutenir ensuite plus facilementque ces territoires sont en fait bulgares et nonserbes. En outre, ces monastres se voyaient enle-ver toutes les richesses et tous les ornements qu^ilspossdaient ; on les pillait soit cause de la valeurmme des objets, soit pour supprimer toute reliqueportant des marques de la nationalit serbe ouvoquant le pass serbe.Tout en poursuivant sans rpil la langue et lanationalit serbes, les autorits ont organis unepropagande bulgare intense. Nous avons dj ditque la propagande se faisait dans les glises opartout les prtres serbes avaient t remplacspar des prtres bulgares. Elle se faisait encoreplus par les coles. Elle se faisait enfin par lessalles de lecture, par la diffusion des journaux etlivres bulgares.A la place des coles serbes, qui ont t fermestoutes sans exception et dont les instituteurs ontt interns, on a ouvert partout des coles bul-gares. Une loi spciale a t vote au Sobrani,concernant l'ouverture des coles bulgares dansles provinces occupes. Au cours de la discussionde cette loi, tous les orateurs, appartenant despr.rtis diffrents, ont t d'accord avec le ministrede l'Instruction publique Pechef pour affirmer quela loi avait un but patriotique, la bulgarisation desprovinces occupes. Ce but, on l'avouait publique-ment : la diffrence des Autrichiens qui se con-tentaient d'adapter les coles serbes aux pro-

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    28 l'occupation austro-bulgare en SERBIEgrammes scolaires austro-hongrois et, tout encherchant touffer le sentiment national, respec-taient nanmoins la langue, les Bulgares netolraient mme pas la langue, mais imposaient deforce aux enfants serbes renseignement en languebulgare. Les instituteurs destins ces colestaient prlevs tous en Bulgarie tel point qu'ona fini par faire le reproche au ministre de l'Ins-truction publique de laisser les coles de Bulgariesans instituteurs. La plus grande importance taitattache un enseignement rapide de la languebulgare. On exigeait des enfants non seulement unlangage bulgare impeccable, mais on s'efforaitmme leur apprendre l'accent juste afin que rienne pt trahir leur nationalit serbe. On apprenaitaux enfants chanter et rciter les chansonspatriotiques bulgares ; on leur expliquait la guerreactuelle du point de vue bulgare ; on voulait lespersuader qu'ils taient Bulgares. Voici un extraitde VOutro du 3o mai 191 6, relatant la tourned'inspection du ministre Pechef Alexinatz :

    Nous partmes pour Alexinatz en automobiles.Les ministres Pechef et Dr Dintchef taientaccompagns par le directeur de l'Enseignementsecondaire Siniguerski, par le prfet de Nich,Balaktchief, et par le maire Chkerbatof.

    a Nous visitmes les coles. Elles taient instal-les en deux btiments contenant chacun trois quatre pices. Le corps enseignant est composde deux ou trois institutrices arrives de Bulgarie

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    LA DENATIONALISATION 29et de quelques instituteurs renvoys du front. Nousentrmes dans les classes. Le ministre Pechef lui-mme questionna les enfants. Ils lisaient perfec-tion. Ensuite les enfants chantrent en chur leschants nationaux bulgares tels que Choumi Ma-ritsa C)^ Hadji Dimiter, Tsar Simon, etc.. Le mme journal Oulro dclarait, dans sonnumro du i4 avril 1916, que durant les trois pre-miers mois de roccupalion, le ministre de Tlns-tiniction publique avait russi ouvrir des colesbulgares dans toutes les villes occupes l'excep-tion de Prilep. En certaines villes, on a ouvertmme des classes de lyce. Autant que les circons-tances le permettaient, on ouvrait des coles dansles villages. A la date du 28 mai, on annonaitqu' Prilep aussi une cole bulgare venait des'ouvrir. On continuait donc systmatiquementl'uvre de propagande : Le peuple bulgare arma termin sa tche. C'est le tour maintenant 'desinstituteurs bulgares dans les provinces libresde prparer une base solide pour l'extension dela culture bulgare. (Narodni Prava du 20 maiLa population tait trs rcalcitrante cette cul-

    ture bulgare, et le nombre des enfants envoysdans les coles bulgares ne constituait qu'unefaible minorit. D'aprs le Dnevnik du 10 aot

    (1) Hymne bulgare.

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    30 l'occupation austro-bulgare en SERBIE191 6, le lyce bulgare de Skopli n'avait pugrouper, la fin de Tanne scolaire 19 16, queii4 lves. Bien peu pour une ville de 4o.ooo ha-bitants I Le ministre de l'Instruction publique adcid, crivait VOutro la date du 22 aot 191 6,de ne maintenir les lyces Nich et Skopli quedans le cas o les lves se prsenteraient ennombre suffisant. Les Bulgares n'taient doncpas srs d'avoir le minimum ncessaire pour pou-voir tenir des classes bulgares, et cela dans uneville comme Nich qui compte 26.000 habitants etdans une ville de 4o.ooo habitants comme Skopliqui fait partie de cette Macdoine laquelle lesBulgares avec une audace impudente dnient toutcaractre serbe. Oui, mais le Dnevnik du 3 1 jan-vier 191 7 annonait que seize nouvelles prisonsdpartementales allaient tre cres dans les paysoccups. C'tait la rponse la mauvaise volontavec laquelle le pays se prtait labulgarisation.

    Ce que les coles taient pour les petits, lessalles de lecture devaient l'tre pour les grands. Onen crait un grand nombre et elles devaient servir rpandre dans le peuple la littrature chauvinebulgare. Les Narodni Praua annonaient ds le21 fvrier 19 16 qu'une commission a t dsignepour faire le choix des livres devant tre envoysaux coles et salies de lecture des provinces dela Macdoine et de la Morava. Arnaudof, secr-taire gnral au ministre de l'Instruction publique,a t nomm prsident de cette commission, et

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    LA DNATIONALISATION 3lYordanof Tsonef, Tihof et Stantchef membres. Ala date du 26 mai 191 6, VOatro crivait : i3osalles de lecture ont t ouvertes dans les pro-vinces conquises : i3 dans les chefs-lieux de dpar-tements, 3o dans ceux d'arrondissements et lesautres dans de simples villages. Ds que le Conseildes ministres aura approuv les crdits ncessaires,les livres seront achets et envoys. Il est probableque l'expdition des livres se fera au commence-ment du mois prochain. D'aprs le Mir du10 juillet 1916, quinze nouvelles salles de lecturevenaient d'tre fondes en quelques jours dans lesnouvelles provinces. Et la Zaria du 3 aot 19 16tait informe que le Gouvernement a valu 100.000 levs le crdit ncessaire l'achat des livrespour les salles de lecture des nouvelles provinces.

    Les livres taient choisis surtout dans la littra-ture chauvine bulgare : c'taient des traits d'his-toire bulgare, des tudes des murs et coutumesdu peuple, des recueils de posies patriotiquesbulgares. Pour aguicher le public, on y ajoutaitquelques traductions bulgares des romans de JulesVerne et autres. On crivait mme des livres exprspour la propagande, de petites brochures tendant dmontrer par tout un chafaudage de preuvesradicalement fausses que les villes serbes de Nich,Vrania, Skopli, Pirot, Zayetchar taient histori-quement et ethniquement bulgares. Ces brochuresse vendaient au prix de 10 centimes, et le plus sou-vent on les distribuait gratuitement.

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    32 L OCCUPATION AUSTRO-BULGARE EN SERBIETandis que la clbration du patron scolaire

    serbe saint Sava est absolument interdite, onimpose aux Serbes les ftes nationales bulgares.Les salles de lecture et les coles portent les nomsdes saints ou des grands hommes bulgares. LesSerbes sont mme obligs de transformer leurspropres noms en remplaant la terminaison serbequi est gnralement en itch par la terminaisonbulgare ojlf. Ainsi ceux qui s'appelaient Pavlouitch,Todorovitch, Petrovitch doivent signer dsormaisPavloff, lodoro^, Petroff. Par tous ces moyens, lesBulgares s'efforcent de donner leur cachet tout lepays occupj et bulgariserles futures gnrationsdes provinces serbes. Dans cette hte de nationa-lisation, les Bulgares dclarent dj qu'il n'y a plusaucun Serbe dans les provinces occupes et, ce quiest beaucoup plus grave qu'une simple dclaration,ils tendent obtenir le rsultat dsir en extermi-nant l'lment serbe qu'ils laissent prir par lafamine, par les pidmies, par les excutions enmasse.

    Paralllement aux massacres, les Bulgares sontdonc en train, par la dnationalisation absolue etsystmatique, d'assassiner moralement tout unpeuple. Il ne s'agit plus, par consquent, d'uneviolation des rgles du droit international seule-ment; le crime commis par les Bulgares est uncrime contre les droits les plus sacrs de l'homme,ceux qui sont inhrents sa personnalit humaine ;c'est un crime contre la justice et la libert. Malgr

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    LA DNATIONALISATION 33toutes les injustices commises, aucun des allisdes Bulgares n'a atteint ce degr de sauvagerie et deterrorisina l'gard des populations opprimes.Les crimes commis en Serbie resteront une hontequi ne s'effacera jamais du nom bulgare.

    OCCUPATION

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    CHAPITRE IIILES DPORTATIONS

    Pour mieux asservir les populations soumises etpour appliquer plus facilement le systme de dna-tionalisation et d'exploitation conomique, les occu-pants de la Serbie ont recouru aux dportations.On a arrt des dizaines de milliers de personnesqu'on a internes loin du pays, dans des camps deconcentration. En dsorganisant les familles, enemmenant toutes les personnes ayant un certainrang ou une certaine influence, on a voulu dmo-raliser le peuple. Les dportations ont t d'ailleursappliques, comme on ne le sait que trop, en Bel-gique aussi bien qu'en France. Partout, dans lesterritoires occups, nos ennemis ont recouru cesprocds barbares. Rien d'tonnant s'ils l'ont faitaussi en Serbie.

    a) Dans les provinces occupes par les AutrichiensLes dportations ont commenc, dans les pro-

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    LES DPORTATIONS 35rinces occupes par TAutriche, ds le dbut del'occupation. Ds la prise de Belgrade, par exemple(octobre 1916), 5.000 habitants environ, hommes,femmes et enfants, ont t emmens Dobo enBosnie. Enlevs brutalement, poursuivis coupsde crosse, ils n'ont pas t mieux traits une foisarrivs dans le camp de concentration. L'installa-tion tait des plus sommaires, et la nourriture tout fait insuffisante. Les conditions hyginiquestaient si dfectueuses que le typhus exanth-matique fit son apparition dans le camp : la moitides interns en sont morts (').Un mdecin neutre, revenant de la Serbieoccupe, a fait la dclaration suivante au ministrede l'Intrieur serbe, le 10 fvrier 19 16 :

    Les familles de ceux qu'on emmenait de Bel-grade avaient l'habitude de se runir sur le quai dela Save pour voir une dernire fois leurs parentsarrts. Les soldats autrichiens repoussaient alors coups de crosse et mme de baonnette lesfemmes et les enfants qui voulaient embrasser leursmaris ou leurs pres. Je vis moi-mme une femmetomber blesse ; je l'examinai sur-le-champ et luifis le premier pansement.

    a A Toptchider, trois btiments de l'tablisse-ment pnitentiaire serbe avaient t rservs aux(i) Le cholra aussi s'tait dclare dans le camp de Dobo. LesNarodn Novin du 9 juin 19 16 reproduisaient un communiqn

    officiel du Gouvernement de Bosnie et d'Herzgovine, d'aprs lequeli58 personnes internes taient tombes malades et 38 taientmortes du cholra pendant la priode du a3 avril au 6 mai 1916.

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    36 L OCGUPATIOxN AUSTRO-BULGARE EN SERBIEpersonnes arrtes, attendant leur tour de partirpour les camps de concentration. 2.400 Serbesenviron s'y trouvaient groups, pour k plupartprofesseurs, instituteurs, prtres et marchands. Ilstaient tasss dans des chambres qu'on ne chauffaitpas mme par les plus grands froids (c'tait Bel-grade au mois de janvier), et on ne leur donnaitrien boire ni manger. Pick, lieutenant-colonelde rserve austro-hongrois, tait prpos ce d-pt. Le directeur, un commandant allemand dunom de Frantz, tait une brute ; il avait cependantle pouvoir absolu d'envoyer les personnes arrteso bon lui semblait, soit en Autriche, soit enHongrie. Toutes les personnes dportes faisaientleur testament avant de partir.

    Les dportations ont pris des proportions plusgrandes surtout aprs l'entre de la Roumanie enguerre (aot 19 16) et aprs la chute de Monastir(novembre 19 16). Elles se faisaient toujours enmasse. A Belgrade, par exemple, les hommestaient obligs de se prsenter toutes les semainesau commissariat du quartier o on les soumettait une visite mdicale. On en prenait priodiquementun certain nombre pour les diriger dans un campd'internement. De nouveaux contingents venaientainsi constamment combler, dans les camps, lesvides produits par les nombreux dcs.On emmenait les hommes sans distinction d'ge :les vieillards de soixante-dix ans et au-dessustaient dports aussi bien que les autres. On d-

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    LES DPORTATIONS Syportait aussi les femmes et les enfants : despaysannes serbes ont t rencontres dans lescamps d'internement de Braunau et de Heinrichs-grun; quant aux enfants, ils taient groups sur-tout Nagymegyer, Heinrichsgrun et Braunau,Dans ce dernier endroit, de l'aveu des journauxautrichiens eux-mmes (la Reichspost du 6 d-cembre 191 6 et la Belgrader Zeitung du 8 d-cembre 19 16), il se trouve plus de 800 enfants deneuf seize ans. Selon nos informations, le nombretotal des enfants s'lve 2.000, La manire per-fide de nos ennemis a trouv mme l l'occasion dese manifester. On a commenc par annoncer,* enmai 1916, la rouverture des lyces et on invitaitles garons s'inscrire. Leurs inscriptions ontservi ensuite l'laboration des listes conform-ment auxquelles les dportations se sont faites.

    11 est difficile d'tablir le nombre exact des d-ports. Mais si l'on tient compte qu'ils se trouventgroups en neuf endroits diffrents, qui sont ;Aschach, Boldogaszony, Braunau, Nagymegyer,Neszider, Rat, Traulau, Heinrichsgrun et Gsgled,que rien qu' Aschach il y en avait en septembre1916 environ 2.000 et que le grand camp deBraunau en contient 35.000 environ, on doit con-venir que le nombre de dports en Autriche-Hongrie est trs lev et qu'il doit tre comprisentre 5o.ooo et 100.000 (').

    (i) Les Novin de Zagreb (Agram) du aA juin 1916 taient

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    38 l'occupation austro-bulgare en SERBIEOn a emmen des personnes de tout ge et de

    tout rang : parmi les dports se trouvent de trshauts fonctionnaires serbes, des avocats, des ngo-ciants. Trois conseillers d'tat ont t interns :Jivan Jivanovitch et Dobrosav Roujitch (tous lesdeux anciens ministres) Neszider, et Petar Petro-vitch Heinrichsgrun ; le dput Jivoine Tasitch at dport Csgled ; les juges Dragomir Vou-tchkovitch et Milisav Jivkovitch, le premier Aschach, le second Neszider. Comme avocats, onpeut citer Jivan Zlatanovitch Aschach et StvaneKoyadinovitch Neszider; comme professeurs delyce : Michel Grouitchitch Neszider, MiloutineKoutlatchitch Heinrichsgrun et Milan Pavlovitch Aschach. Le chef de section du ministre de l'In-trieur, Dragoutine Todoritch, a t intern Hein-richsgrun o on l'oblige travailler aux champs.Les employs du ministre des Finances Drago-lioub Markovitch et Svetolik Pechitch se trouventle premier Braunau, le second Aschach; TodorBogatintchvitch, employ du ministre de la Jus-tice, est Neszider; l'architecte Yovan Yovanovitch Braunau. Comme ingnieurs on peut citer RadeTomitch Braunau, Mladne Diourovitch et Dra-golioub Lazarvitch Aschach. ,Le D' Bril,mdecin de Belgrade, est Heinrichsgrun; lepharmacien Dragolioub Lazitch, Neszider; lesngociants Stvan Arnaoutovitch, Nikola Pavlo-informs que lA-ooo interns serbes ont t ramens en Serbie pourtre utiliss aux travaux agricoles.

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    LES DPORTATIONS Sqvitch et Yovan Oukropina, Csgled. On remarqueenfin parmi les interns de nombreux prtres.A Csgled se trouvent les prtres Michel Mililch-vitch, Dragomir Ilitch, Paul Stoyanovitch, Dra-guitch Mihalovitch, Lioubomir Popovitch, SergePopovitch ; Neszider, l'igoumne Nicon Lazar-vitch et les prtres Michel Novakovitch et MiletaPopovitch; Aschach, Bogolioub Yovitchitch; Priester-Roem, Sima Boukvitch,

    Les interns sont installs dans des baraques enbois dont chacune peut contenir i5o 200 per-sonnes. Ces baraques, qui par elles-mmes ne sontque des abris insuffisants contre le vent, la pluie etla neige, sont, en outre, peu ou pas chaufTes, sibien que les interns, exposs toutes les intem-pries, souffrent frquemment d'affections pul-monaires. Les principaux camps d'internement Nagymegyer, Boldogaszony, Neszider setrouvent situs au bord du Danube, dans desrgions marcageuses, et le paludisme vient s'a-jouter aux autres maladies, puisant l'organismedj affaibli par les privations continues. Les in-terns se considrent comme heureux s'ils trouventun peu de paille sur le plancher et s'ils ne sont pasobligs de coucher sur le bois mme ; ils trouventparfois des couvertures uses pour s'envelopper.On leur donne comme nourriture de la betteravefourragre et une espce de pain faite avec de lafarine de mas moisie et des chtaignes. A certainsendroits, mme aux prisonniers de guerre, on ne

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    4o l'occupation austro-bulgare en SERBIEdonne pas plus de 200 grammes de pain par jour,et ce pain est fabriqu avec de Tcorce pulvrise,des chtaignes, des glands, de la paille; on ytrouve mme du sable. On mlange tout cela unpeu de pte et on ne 1p fait m^ne pas cuire suffi-samment. On sert un plat de viande une fois parsemaine. Mme aux officiers prisonniers on nedonnait que 180 grammes de pain par jour et dela viande trois fois par semaine. Les interns civilsont partout moins bien traits que les militaires.Depuis qu'on autorise les interns correspondre,par l'intermdiaire de la Croix-Rouge, avec leursfamilles rfugies en France, en Italie et en Suisse,la chose qu'ils rclament instamment est le pain;ils supplient pour qu'on leur envoie du bon pain,celui qu'on leur donne tant immangeable et leurdonnant des maux d'estomac.La nourriture dtestable et trop peu abondante

    qu'on leur donne, les mauvaises conditions hygi-niques de l'installation, les pidmies contre les-quelles intentionnellement on n'entreprend rien,font que les dcs sont trs frquents dans lescamps de concentration. Il y a dans les cimetirespresque autant de tombes que de personnes encorevivantes dans les camps d'interns. Ce sont surtoutles enfants qui succombent par suite de l'absencede soins et de la mauvaise nourriture. A Braunau,les enfants un moment, taient fauchs par unepidmie de dysenterie. Selon certaines infor-mations, il y aurait jusqu' prsent 10.000 morts

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    LES DPORTATIONS i^l Nagymegyer, 6.000 Aschach, 12.000 Hein-richsgrun, plus de i.ooo Braunau, prs de 10.000 Boldogaszony; 76 /o des interns Nagymegyerseraient atteints de la phtisie pulmonaire.Nous no possdons pas encore toutes les preuves

    sur la nature des travaux auxquels les Serbesdports ont t astreints. Nous sommes cependant mme d'affirmer qu'ils sont employs destravaux agricoles Braunau aussi bien qu' Hein-richsgrun. A Braunau, on oblige travailler auxchamps mme des personnes qui ne s'en taientjamais occupes, comme le chef de section duministre Dragoutine Todoritch et l'architecteYovan Yovanovitch. Quant aux enfants, ils tra-vaillent dans les champs du couvent de Braunau..Ce qui est plus grave, c'est qu'un nombre im-

    portant de dports sont astreints travailler dansdes mines. Des personnes n'ayant jamais fait cegenre de travail sont asservies des travauxpnibles dans les mines de charbon de Rouchvoprs de Breslau. 5o dports serbes y ont tgravement blesss, un jour, dans un accident demine.6) Dans les provinces occupes par les BulgaresDans les provinces soumises l'administration

    bulgare, les dportations n'ont eu lieu tout d'abordque dans les dpartements qui avaient t annexs la Serbie par le trait de Bucarest de 19 13. Les

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    4a l'occupation austro-bulgare en SERBIEBulgares ont commenc par massacrer la plupartdes notables serbes des villes et villages occups,et ensuite ils ont dport en Bulgarie leursfamilles ainsi que les notables auxquels on avaitpargn la vie.Un mdecin grec, le D"^ Kalistratos, qui taitrest Monastir en 191 5, lors de Toccupation bul-gare, crivait dans la Nea Himra, ceci : Dsque les Bulgares sont entrs dans Monastir, ordrea t donn de dporter Sofia les notables serbes,les prtres et instituteurs surtout. La convictiongnrale est que les personnes n'arriveront mmepas jusqu' Sofia, parce qu'on les tuera en route.Les Bulgares eux-mmes, quand ils veulent direqu'un homme a t assassin, disent en clignantde l'oeil : On l'a emmen Sofia. Un autre sujet neutre a dclar au ministre desAffaires trangres, la date du i5 fvrier 1916 : Un jour, on a embarqu 600 femmes dans deswagons -tombereaux et on les a diriges versKatchanik. Personne ne sait ce qu'elles sontdevenues.

    Le Livre Bleu serbe reproduit dans l'annexen 25 une lettre prive du ip mars 19 16 danslaquelle on lit : Tetovo est dserte. De nombreuxcitoyens ont t dports en BulgariCo

    Et les Narodni Prava, le journal bulgare bienconnu de Sofia, confirmait les faits, la date du25 janvier 19 16 : Un deuxime groupe de5oo d-ports serbes a t dirig de Macdoine sur Sofia.

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    LES DPORTATIONS 4Un grand nombre de prtres se trouvent parmi lesdports.

    Selon des informations qui nous sont parvenuesde sources autorises, presque toutes les famillesserbes de Prizren et de Prichtina ont t dportes.On a emmen 170 familles de Prilep et 70 deKrouchvo. Nous ferons remarquer que ce sontdes villes de la Macdoine de mme que Monastiret Tetovo, des villes pour lesquelles les Bulgaresavaient cependant soutenu qu'elles n'avaient aucunepopulation serbe I Ils ont contest la nationalitserbe des habitants quand il s'agissait d'tablir lecaractre ethnique de la Macdoine, et subitementl'existence de cette population serbe s'est rvlequand il fallait la perscuter !

    Vers la fin de 1916, ordre a t donn dgrouperet d'expdier pour la Bulgarie toute la populationmle de quinze soixante-dix ans des arrondis-sements de Poretch et de Prilep. Ce sont d'ailleursles arrondissements dans lesquels les Bulgares ontmassacr le plus de Serbes. Le nouvel vque deKitchvo, nomm par les Bulgares ds l'occupation,avait cru lui-mme devoir prolester contre cettemesure inhumaine. Dans une dpche adresse auroi Ferdinand, il a dclar qu'un rgime aussi im-pitoyable, inflig la population macdonienne, nepouvait que servir de preuve tout le monde quela Macdoine est de caractre serbe et non bulgare.Sous l'effet de cette dpche, le roi Ferdinand agraci les expulss des arrondissements de Vels,

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    44 l'occupation austro-bulgare en SERBIEPrilep et Poretch; ils taient dj partis pour laBulgarie, lorsqu'on leur communiqua la mesure degrce. Un groupe tait arriv Nich, les autresse trouvaient Vrania, Koumanovo, Vels. Endpit de la grce royale, les perscutions continu-rent dans les trois arrondissements prcits. Laparole royale ne fut pas observe, et 5oo Serbesdes plus influents furent envoys en Bulgarie oils ont t interns aux environs de Sofia.

    Il est impossible de fixer le nombre des dportset de noter tous les villages auxquels la dportationa t applique. Nous sommes cependant mmede fournir, titre d'exemple, les chiffres pourdeux arrondissements : il est d'ores et dj notoireque, dans l'arrondissement de Vels, on a emmen5o familles du village de Bogomil, i4 de Kapinovo,12 de Papradicht, i5 d'Orahov Do, lo de Mou-rech, 12 d'Omorov, i de Martovatz et 6 de Tse-rechniev. Dans l'arrondissement de Brod, on a d-port du village de Belitsa 26 familles, de Stayvo6, de Bresnitsa 6, de Zdouch 8 (les autres famillesserbes de ce village avaient t toutes massacres),de Stpantsi i

    Il n'est pas sans intrt de noter ici la dpositiond'un certain Georges Diaskis, boulanger de Guv-guli, faite au ministre de l'Intrieur serbe, le20 juin 1916. Diaskis, qui avait russi s'chapperde la Bulgarie, a dclar qu'il avait t arrt le27 janvier et que, le i4 fvrier, on l'avait transport Sofia avec 19 autres personnes parmi lesquelles

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    LES DPORTATIONS 45se trouvaient trois femmes (Maria Andonovitch deBogdantsi, Epsa Tchavkan avec sa fillette de sixans, de Guvguli, et Maria X... de Sehovo). Onles obligeait la plupart du temps marcher pied.A Sofia, ils rencontrrent une femme de leur pays,Kata Babounska, avec ses cinq enfants : elle avaitfait partie du convoi prcdent...Ce qui est vident, c'est qu'on ne dportait pasdes personnes isoles, mais des familles entires.

    La dportation se faisait aussi dans un but de colo-nisation : rtat confisquait les proprits desdports et les donnait bail aux musulmans quidemeuraient, aprs la dportation des Serbes, lesseuls habitants et formaient dsormais une popu-lation homogne.

    Les autorits bulgares s'taient contentes audbut, ainsi que nous l'avons dit, de dporter seu-lement la population des provinces annexes laSerbie en igiS. Les Bulgares n'ont pas tardcependant tendre cette mesure aussi aux autresprovinces occupes.Dans les anciennes limites de la Serbie, une

    masse de personnes ont t dportes, et parmielles la plupart des dputs, mdecins et prtres.Pour ne citer que quelques exemples, on a d-port le vice-prsident de la Skoupchtina serbe,le D' Stanoylo Vouktchvitch, l'vque de NichDosithe (intern Philippopoli), les dputs Sve-tozar Hadjitch, Iliya Andilkovitch, Dimitriy Ma-chitch; le conseiller d'tat Lioubomir Kovatch-

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    46 l'occupation austro-bulgare en SERBIEvilch; les prtres Bogdan Grouyitchitch, AvramLichevitch (g de soixante-dix ans), MladnePopovitch de Vrania, Miloutine Kotchitch de Nich,l'archiprtre Jivko Ivanovitch ; les mdecins Dmos-tline Nikolayvitch, chef de l'hpital de Belgrade,Costa Gonstantinovitch, mdecin-chef de Nich,Alexa Stoykovitch de Pirot. On estime que jus-qu' la fin de l'anne 191 6, 10.000 familles environavaient t emmenes des diffrentes provincesserbes occupes par les Bulgares.

    Les dports ont t traits de la faon la plusbrutale. On ne laissait mme pas aux hommes letemps ncessaire pour faire leurs prparatifs devoyage. On ne leur permettait mme pas d'em-porter les objets de premire ncessit.Un neutre qui tait rest Nich aprs l'occupa-tion ennemie, a dclar au ministre des Affairestrangres serbe, la date du 18 fvrier 19 16{Livre Bien serbe, annexe n i5), qu'il a vu emme-ner, la gare de Nich, un colonel serbe en retraite,g de quatre-vingts ans, demi paralyse On netenait aucun compte d'un certificat de mdecindfendant au colonel tout voyage. Sa fille suppliaiten vain de partir avec lui, parce que priv de sessoins, il mourrait certainement. On la repoussaitbrutalement, et on ne lui permettait mme pas dedonner son pre quelques provisions de route...Deux interns, Georges Stokitch, chef de gare,et Douchane Kostitch, chef du bureau des postesd'Egri Palanka, se sont adresss le 29 dcembre

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    LES DPORTATIONS 4?1916 la lgation des Pays-Bas Sofia charge dela dfense des intrts serbes, et se sont plaintsque les autorits bulgares, en les dportant Philippopoli ne leur avaient pas permis d'emporterquoi que ce soit, pas mme de la monnaie. Ils setrouvaient dans la misre la plus complte.A Nich, les citoyens les plus minents ont tarrts dans la rue et emmens sans avoir pu direadieu leurs familles. Avec les paysans de Poretch,c'tait encore pis. Ils ont d partir mal vtus etnu-pieds, malgr un froid intense. Pendant tout letrajet de leur pays jusqu'en Bulgarie on ne leurdonnait comme nourriture que la moiti d'un painpar semaine. Les soldats qui les convoyaient lespoussaient devant eux, comme du btail, coupsde crosse.La faim, le froid et les traitements inhumains

    ont fait mourir nombre de gens avant mme leurarrive au camp d'internement. Arrivs en Bul-garie, la plupart des dports ont t groupsdans une plaine marcageuse entre Sofia et Knajvao on les a installs dans des baraques ou deshuttes, et o ils ont succomb par centaines auxsuites du froid, de la mauvaise nourriture et engnral du traitement cruel (').

    (i) Mme quand il s'agissait des prisonniers de guerre, les Bul-gares n'obbervaient aucune des dispositions du Rglement de LaHaye : plus forte raison les dports taient-ils soumis toutessortes de privations, d'humilialions et de cruauts. Nous possdonsun djcument autieutiiiue qui dmontre le mieux quel point lesprisonniers de guerre et les interns civils taient maltraits. C'est

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    48 l'occupation austro-bulgare en SERBIE

    Nous avons dj dit que les dportations deSerbie n'taient pas une pratique spciale auxoccupants de ce pays et que les Allemands se sont

    une lettre officielle, adresse par le ministre de la Guerre bulgareau grand quartier gnral, et dont une copie est tombe aux mainsdes autorits militaires britanniques sur le front de Salonique. EnToici la teneur :MmiSTRK DB LA GuKRRK

    Chancellerie No 463 Trs urgeut.Sofia, le ao mai 1917.

    Au grand quartier gnral,Chancellerie de campagne,

    KustendiL(r En rponse vrfre message en date du i3 m?. 1917 sub.

    n 28012, d'ordre du ministre de la Guerre, le grand quartiergnral est inform que les bruits rpandus jusqu'au front, d'aprslesquels les prisonniers de guerre et les laboureurs de la circons-cription de la Morava auraient malmen la paisible population pen-dant les travaux des champs, sont faux. Ces nouvelles ont circuldans le royaume, mais l'enqute a dmontr qu'elles taient trsexagres. Jusqu' maintenant, on n'a entendu parler que dequelques cas regrettables survenus : ! prs de Karlovo ; 2 dansl'arrondissement d'Orchani, prs de Novatchan ; 3^ entre Orchaniet Mesdra ; 4 proximit de Vakarel et de Pobit Kamik.

    e Seuls ces quelques cas sont venus la connaissance du minis-tre de la Guerre et du ministre de l'Intrieur. Tout le reste estinvent.

    c En ralit, jusqu' l'arrive des laboureurs et recrues de lacirconscription de la Morava, les vasions serbes taient rares etnon prmdites et n'avaient lieu que la o les prisonniers taientinsuffisamment gards, par exemple auprs des commissions derquisitions, des dpts d'intendance de rserve, ou chez les parti-culiers. Cependant, depuis l'arrive des habitants de la circonscrip-tion de la Morava, les vasions ont t plus frquentes. Le ministrede la Guerre a ordonn alors aux autorits de la circonscriptionmilitaire de la Moraua, de faire apprhender les fugitifs et de

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    LES DPORTATIONS 49servis des mmes procds en France et en Bel-gique. Des dportations en masse ont eu lieu, eneffet, Lille, Roubaix, Tourcoing; des avocats,magistrats, bourgmestres et notables les plusles diriger sur Pachmakli et sur Chiroka Lka, oh ils jureni punisde la bastonnade et soumis aux travaux forcs sur les routes. Enmme temps, on donna tlgraphiquement l'ordre de porter laconnaissance de tous les prisonniers serbes, interns civils etrecrues de la circonscription de la Morava, que chaque fagitijserait fusill, aurait sa maison brle, son bien confisqu et safamille envoye dans la contre de Kerpali. Les camarades dufugitif seront galement punis s'ils ne prviennent pas temps deson intention.

    ('. Le "ministre de la Guerre se propose aussi de transfrer lesprisonniers de guerre serbes et autres de la premire et de lasixime circonscription militaire dans la troisime et dans laquatrime, en les remplaant dans la mesure du possible par desRusses et par des Roumains. Il est ordonn, de mme, que tous lesSerbes placs (donns) chez les particuliers, seront repris dans lesdpts pour tre employs, pendant la fenaison et la moisson, dansles ports et sur les routes et voies Decauville. Il est ordonn, enoutre, que la population bulgare, tout le long de l'ancienne frontireserbo-bulgare, soil arme, et de mme qu' l'intrieur du pays, par-tout o il y a des prisonniers de guerre, partout o il y a desvasions.

    Vu ce qui prcde, le ministre de la Guerre prie le grandquartier gnral de faire savoir aux soldats sur le front que lesbruits alarmants sont sans fondement.

    Sign : Le chef de la Chancellerie du ministre de la Guerre,gnral-major Bradistilof ;

    Le chef de la section de l'inspection du ministre de la Guerre,lieutenant-colonel Dimitrief ;

    fl Le chef de section de la Chancellerie de campagne du grandquartier gnral, lieutenant-colonel Angulof ; L'officier de liaison avec la neuvime division, lieutenant Popof ; L'aide de camp de la premire brigade de la neuvime division,

    lieutenant Mandjoukof.a Cette copie est envoye l'aide de camp du ig^ rgiment Doro-

    stolski. Le Sous-Lieutenant (Illisible^, i

    Les autorits bulgares n'ont donc pas hsit appliquer aux pri-OCCUPATION 4

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    5o l'occupation austro-bulgare en SERBIEmiiients de Belgique ont t aussi arrts et inter-ns loin de leur pays.

    Mais il faut souligner une nuance quant auxtraitements infligs aux dports. Les interns enAllemagne ont t soumis un rgime inhumain ettraits sans doute trs durement, mais, grce uncertain contrle, grce aux protestations inces-santes, on est arriv adoucir de temps en tempsleur rgime. Rien de pareil ne s'est produit dansles camps de concentration en Autriche et en Bul-garie, o aucune mission neutre n'est venue pro-cder une enqute quelconque sur les camps deconcentration. Au contraire, on peut dire mmeque, par suite de l'aggravation de la situation co-nomique du pays en gnral, le rgime des internsest devenu de plus en plus dur, leurs privations deplus en plus svres. La nourriture dtestable,l'absence absolue d'hygine, les pidmies, contresonniers vads et repris les peines les plus svres, quoique l'ar-ticle 8 du Rglement de La Haye prescrive expressment que lesprisonniers vads sont passibles des peines disciplinaires seulementet quoiqu'on admette partout que les tentatives d'vasion doiventtre juges avec la plus grande douceur. Les Bulgares ont menactous les prisonniers de guerre et interns civils de la peine de morten cas d'vasion qui se produirait aprs le 20 mai. Ils sont allsplus loin et ils ont dcrt la destruction de la maison, la confis-cation des biens et la dportation de la famille de chaque fugitif,faisant ainsi retomber la faute sur des innocents. Ils ont enfin rendules camarades du fugitif solidaires avec lui, quoique cette solidaritmanque totalement de fondement. Toutes ces mesures sont si arbi-traires et si cruelles sans aucune ncessit et en violation desconventions internationales qu'elles se passent de commentaireset qu'elles fournissent la meilleure preuve du rgime de tortures queles malheureux Serbes subissent.

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    LES DPORTATIONS Silesquelles par une ngligence criminelle on neragit pas, font que la mortalit dans les campsdes Serbes interns reste toujours trs leve. LesAutrichiens et les Bulgares se gardent bien depublier les listes compltes des personnes dpor-tes; ils ne veulent pas qu'on puisse constater lenombre des dcs et qu'on puisse tablir la propor-tion des dports qui resteront en vie jusqu' lafm de la guerre. Une forte partie de la populationserbe est ainsi condamne, sans avoir commisaucun crime ni dlit et sans aucune ncessitmilitaire, prir dans les camps d'internementautrichiens et bulgares.

    Les dportations ont t faites par les Bulgaressurtout dans un but de dnationalisation. Dansbeaucoup de villages, toute la population serbe at dporte et remplace par des colonies bul-gares. Il est incontestable que les dportationspratiques ainsi uniquement dans un but de dna-tionalisation sont un abus intolrable et crimineldu pouvoir de l'occupant. L'occupant n'ayantqu'un pouvoir de fait et provisoire, strictementlimit par la ncessit d'assurer la vie et l'ordrepublics, ne peut, en aucun cas, abuser de cettesituation momentane pour dporter la populationde la province occupe et pour substituer sa popu-lation propre dans le but de transformer les condi-tions ethniques en sa faveur. On ne devrait mmepas lui reconnatre ce droit sur un territoireannex, parce que dans un tat moderne la natio-

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    52 l'occupation austro-bulgare en SERBIEnalit des habitants doit tre respecte au mmepoint que la religion, et les sujets doivent avoir desdroits gaux sans distinction de race ou de religion.A plus forte raison, doit-on condamner cette pra-tique lorsqu'elle a lieu dans un territoire simple-ment occup ; elle est contraire la fois auxconceptions fondamentales du droit, aux droits derhomme et aux dispositions du droit conventionnelgroupes dans le Rglement de La Haye.

    Les dportations doivent tre condamnes nonmoins svrement lorsqu'elles n'ont pas pour butprcisment la dnationalisation, mais sont surtoutune mesure politique. Mme alors, considressoit comme une mesure de police, soit comme unepeine, elles sont nettement contraires l'article 5odu Rglement de La Haye qui interdit toute peinecollective. Les dportations considres commemesure politique auraient pu, en effet, se justifiersi elles avaient t appliques des personnesisoles coupables de certains actes criminels ; maiscomme elles ont t pratiques en masse, ellesprennent le caractre d'une peine collective ettombent sous le coup de l'article 5o du Rglementde La Haye.. Nous avons constat que les occupants de laSerbie ne se sont pas contents de dporter lapopulation, mais qu'ils ont oblig les personnesdportes travailler; ils les ont soumises mme des travaux trs durs, comme les travaux dans lesmines. Cette pratique est nettement contraire

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    LES DPORTATIONS 53Tarticle 62 du Rglement de La Haye, qui dit quedes rquisitions en nature et des services ne peu-vent tre rclams des communes ou des habitantsque pour les besoins de Tarme d'occupation, etqui ajoute qu'on ne peut pas contraindre la popu-lation prendre part aux oprations de guerrecontre leur patrie. Il est vident que les travauxdans les mines ou dans des champs loigns deplus de i.ooo kilomtres du territoire occup nepeuvent avoir aucun rapport avec les besoins del'arme d'occupation que l'article 62 avait en vue.Il est clair aussi que, dans un tat o toute l'indus-trie presque a t mobilise pour l'alimentation dela guerre, le travail dans n'importe quelle industrieest une participation aux oprations de guerre.L'esprit de l'article 62 d'ailleurs est bien que lesservices et ces rquisitions doivent tre rclamsdans le territoire occup, parce que ses rdacteursn'avaient mme pas admis la possibilit des dpor-tations telles qu'elles ont t pratiques au coursde cette guerre.Nous avons dit plus haut que les dportations

    considres comme mesure politique auraient puse justifier si elles avaient t appliques despersonnes coupables de certains actes criminels.Nous devons ajouter que, dans ce cas, il faudraitque la culpabilit des dports ft bien dmontre.Dans le cas contraire, ce sont les agents de l'auto-rit qui ont ordonn et mis excution la dporta-tion, qui seraient coupables d*arrestation illgale

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    54 l'occupation austro-bulgare en SERBIEet de squestration. Mme dans le cas de dporta-tions en masse, ce n'est pas seulement un dlit dedroit international qui peut tre imput aux auto-rits de rtat occupant ; c'est un crime de droitcommun : l'arrestation illgale et la squestration.Les autorits autrichiennes et bulgares sont res-ponsables sans aucun doute et dans tous les cas oelles ne pourraient pas prouver la culpabilit d'undport, et elles sont responsables doublement, aupoint de vue du droit international et au point devue du droit pnal. Cette responsabilit pnale desagents des Etats occupants donne le droit incon-testable l'tat occup soit de juger ou de punirlui-mme les agents coupables, dans le cas fort peuprobable o il s'en saisirait, soit d'exiger, au mo-ment de la conclusion de la paix, leur punition parl'tat occupant.

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    CHAPITRE IVLE RECRUTEMENT FORG

    Il y a un sentiment sacr qui doit tre respecten toute circonstance et sans tenir compte desavantages militaires que sa violation pourrait pro-curer : c'est le sentiment national, l'amour de lapatrie. Les rdacteurs du Rglement de La Hayes'en taient rendu compte ; aussi ont-ils cru devoirprciser dans l'article 44 qu'il est interdit unbelligrant de forcer la population d'un territoireoccup donner des renseignements sur l'armede l'autre belligrant ou sur ses moyens de d-fense. En outre, dans le dernier alina de l'ar-ticle 23 du mme rglement, on interdisait un bel-ligrant de forcer les nationaux de la partieadverse prendre part aux oprations de guerrediriges contre leur pays, mme dans le cas o ilsauraient t son service avant le commencementde la guerre

    Les rdacteurs de la Convention de La Hayeavaient surtout en vue la participation indirecte

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    56 L OCCUPATION AUSTRO-BULGARE EN SERBIEaux Oprations de guerre telles que la souscriptionforce aux emprunts, les travaux dans les usinesd'armes, la construction des tranches. Dans lesguerres antrieures, il s'tait produit, en effet,quelques exemples o l'occupant avait oblig lapopulation d'un territoire envahi des travaux decette espce. Dans la guerre actuelle, les Gouver-nements ennemis avaient mme oblig les habitantsde nos territoires occups souscrire aux empruntsqui fournissaient aux oppresseurs les moyens deprolonger la lutte. Nous en avons les preuves pourla Serbie occupe par les Autrichiens et nous nousen occuperons plus loin. Tous ces procds departicipation indirecte la guerre avaient t em-ploys, soit avant cette guerre, soit au courant decette guerre, et la Confrence de La Haye les avaitprvus.

    Mais personne ne pouvait supposer qu'il se trou-verait, dans l'Europe contemporaine, un Etat assezbarbare et assez irrespectueux de toute rgle dedroit et de morale, pour obliger les habitants duterritoire ennemi occup combattre contre leurpropre patrie et participer directement la guerre.Et cependant cet abus inou, ce fait sans prc-dent s'est produit, et non pas isolment, mais surtoute l'tendue du territoire serbe occup par lesBulgares. La Bulgarie, signataire des conventionsde La Haye, n'a pas hsit dcrter officiellementdans le territoire serbe occup la mobiUsation detous les hommes en tat de porter les armes. Elle

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    LE RECRUTEMENT FORC 67a enrl ces hommes, elle les a arms et envoysdans les tranches pour combattre contre leurs,propres pres et frres et pour retarder ainsi ladlivrance de leur patrie. Cette violation directe dusentiment national de la population du territoireoccup, qui est Tabus le plus horrible de la forcequ'on puisse imaginer, restera une tache indlbilesur le nom bulgare.Une opration d'une grande envergure comme lerecrutement sur tout un territoire occup ne pou-vait rester cache. Les Bulgares d'ailleurs proc-daient ce recrutement ouvertement et sans aucunedissimulation. Aussi avons-nous pu nous procurerdes preuves en abondance.

    Le Livre Bleu serbe, publi en octobre 191 6,contient dj quelques documents se rapportant aurecrutement. C'est d'abord la dposition d'unsujet neutre J. M., faite au ministre des Affairestrangres serbe, le 18 fvrier 19 16 : Tous leshommes entre dix-huit et soixante ans ont trecruts pour l'arme. On emmne le peuple parforce et on l'oblige travailler sur les roules etchemins de fer. {Livre Bleu, annexe 45.) Dansune lettre prive, envoye le i3 mars 1916 du ter-ritoire occup, on trouve une version diffrente :(( Le Gouvernement bulgare a recrut tous leshommes de vingt-deux trente ans sans exception,dans les territoires occups. {Livre Bleu, annexe46.) Enfin dans l'annexe 47? le Livre Bleu citela lettre d'un fonctionnaire bulgare un parent

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    58 l'occupation austro-bulgare en SERBIErfugi en Grce, dans laquelle, tout en envoyant celui-ci le papier l'autorisant rentrer en Mac-doine, il lui dit qu'il devra, aussitt rentr, se pr-senter aux autorits militaires, tant donn qu'onprocde partout au recrutement.

    Les journaux bulgares sont venus confirmer eux-mmes ces quelques renseignements privs. LePreporetz du 26 septembre 19 16 tait informqu'c( une commission militaire avait commenc sontravail le 16 septembre dans la ville de Resan.Dans toutes les parties des pays bulgares librs sepressent aujourd'hui devant les commissions derecrutement les jeunes gens aptes au service mili-taire. Par leur entre dans les casernes, les forcesde la Bulgarie s'accroissent et avec elles les gagespour son brillant avenir

    L'officieux organe Narodni Prava crivait ladate du 16 octobre 19 16 :

    La Commission dpartementale des recrues Kavadar informe que la visite des recrues ddix-huit dix-neuf ans et de trente-sept cin-quante ans est prolonge jusqu'au 26 du moiscourant. La Commission travaillera dans le chei-lieu du dparlement le 18 et le 19 pour l'arrondis-sement de Guvguli, le 20 et le 21 pour l'ar-rondissement de Doiran et du 22 au 26 pourl'arrondissement de Ngotine.

    La Zaria du 9 dcembre 19 16 disait : Tous lesTurcs et tous les Albanais de Katchanik de vingt quarante ans, qu'ils aient fait ou non leur service

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    LE RECRUTEMENT FORG 69militaire dans l'arme turque, sont tenus de se pr-senter au commandement rgional d'Uskub (Sko-pli) pour tre enrls. D'aprs Vlkdam, le mi-nistre bulgare Gonstantinople, Koloucheff, a rgl,dans des ngociations spciales avec le Gouverne-ment ottoman, cette question de l'enrlement de lapopulation musulmane de la Macdoine.

    Et VOutro du 12 dcembre 191 6 crivait que la police de la capitale invite tous les jeunes gensdes villes et des villages : Katchanik, Orahovatz(dp, de Prizren) et Chtip ainsi que tous les Alba-nais, Turcs et autres qui ont servi ou non dans l'ar-me turque, gs de vingt quarante ans, com-paratre devant les commissions militaires Skopli.En mme temps tous les jeunes gens de la 4i^ classede vingt trente ans qui n'ont pas comparu devantles conseils de revision, ou ceux qui ont t ajour-ns et ceux qui appartiennent la classe 4^ dedix-huit dix-neuf ans de la ville de Katchanik,doivent passer la visite mdicale. Tous les jeunesgens de la classe 1918, natifs de Orahovatz et deson arrondissement, ainsi que tous les jeunes genstudiants, collgiens et autres de Chtip et de sonarrondissement, appartenant la classe 42, doiventse prsenter devant les commissions de recrute-ment. Les contrevenants seront jugs parles tribu-naux militaires

    Le Preporetz, les Narodni Prava et le Mir dui4 fvrier 191 7 publiaient l'avis suivant :

    Des commissions militaires pour la revision

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    6o l'occupation austro-bulgare en SERBIEsanitaire des personnes ges de dix-huit qua-rante ans sigeront : Nich du 20 au 27 mars, Kourchoumlia les 21 et 22 fvrier, Prtchilovitza(dbaptise et dnomme ville du D' Radoslavoff)du II au i5 mars et Vliko Gradicht du 19 au22 mars.

    Et le i5 fvrier, les Narodni Prava annonaientque (( toutes les personnes de dix-neuf quaranteans sont invites se prsenter devant les commis-sions de recrutement qui sigeront du i3 au18 mars Tchoupria, du 2 au 5 mars Jabari, du20 au 28 mars SviloXnatz et du 20 au 28 fvrier Dogni Milanovatz .

    hdi Balkanska Pochta nous apprenait, le 20 f-vrier 191 7, que les dates des sessions des commis-sions avaient t quelque peu modifies :

    a Conformment aux ordres tlgraphiques desprfets des villes du D' Radoslavoff, Kourchoumha,Nich, Tchoupria, Jabari, Svilanatz, Vliko Gra-dicht, Dogni Milanovatz, il est port la connais-sance du public que :

    (( Tous les habitants gs de dix-neuf quaranteans de la ville du D' Radoslavoff (Prtchilovitza) etde ses environs sont tenus de se prsenter devantla Commission militaire qui sigera dans cette villedu 1 1 au i5 mars inclusivement ; de Kourchoumlia,les 20 et 21 fvrier; de Nich et des environs, du21 fvrier au 27 mars; de Vliko Gradicht, du 12au 22 mars; de Tchoupria et des environs, du i3au 18 mars; de Jabari et des environs, les 2, 3, 4

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    LE RECRUTEMENT FORC 6let 5 mars; de Svilanatz et des environs, du 20 au23 fvrier, et de Dogni Milanovatz, du 20 au 2.3 f-vrier. Ceux qui ne comparatront pas seront remisau tribunal militaire et jugs comme insoumis.

    Il faut citer encore le Mir du 17 octobre 19 16qui est inform que 3.000 recrues des arrondisse-ments d'Ochrida, Debar et Strouga sont partiespour Sofia; VOutro du 21 et du 26 octobre 1916qui dit que les recrues de Prichtina et de Frizo-vitch sont dj parties, et VOutro du 11 novembre1916 qui contient l'avis de la Commission de recru-tement de Skopli, invitant se prsenter tous lesjeunes gens de la ville et de l'arrondissement deSkopli, ns en 1896, 1897 et 1898; le mme jour-nal annonce, la date du 12 dcembre, que lesjeunes gens de Katchanik, Orahovatz, Chtip et dudpartement de Prizren ont t recruts, et publiedans son numro du 9 dcembre 1916 Tordre detravail des commissions dans les dpartements dePrichtina, Skopli, Tetovo et Ochrida, commissionsprocdant au recrutement de la classe 191 8. Si-gnalons enfin le numro du i4 dcembre 1916 duMir, annonant les heures de travail de la Com-mission de Prizren, qui doit recruter les jeunesgens de dix-huit et dix-neuf ans du dpartement dePrizren.A ces preuves incontestables, fournies par lapresse ennemie elle-mme, on peut en ajouterd'autres. Les autorits militaires serbes sur lefront de Salonique ont pu identifier, parmi les pri-

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    02 l'occupation austro-bulgare en SERBIEsonniers faits par les troupes serbes aux bulgares,des individus recruts sur le territoire serbe occup.Il se trouve ainsi dmontr que les Bulgares n'ontpas hsit envoyer les cont