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Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 100S (2014) S74–S78 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Travaux de la Société d’orthopédie et de traumatologie de l’Ouest (SOO). Réunion de Tours, juin 2013. Communication Arthroscopie versus arthrotomie dans la prise en charge de l’avulsion du tubercule intercondylaire antérieur du tibia chez l’enfant. Étude rétrospective monocentrique sur 12 cas Arthroscopy versus arthrotomy for managing anterior tibial intercondylar eminence avulsion in children. Retrospective single-centre study of 12 patients C. Franqueville a,, A. Sebilo a , C. Bronfen b , B. Geffard b , C. Hulet a , J.-F. Mallet b a Service d’orthopédie traumatologie, CHU, avenue de la Côte-de-Nacre, 14033 Caen cedex, France b Service de chirurgie pédiatrique, CHU, avenue de la Côte-de-Nacre, 14033 Caen cedex, France info article Mots clés : Éminence intercondylaire Fracture de l’épine tibiale antérieure Arthroscopie Vissage Lac ¸ age résumé L’avulsion du tubercule intercondylaire antérieur du tibia (ATIAT) touche préférentiellement les enfants et les adolescents, avec une incidence de 3 pour 100 000 enfants par an. Sa prise en charge n’est pas consensuelle. Sur les 29 patients suivis pour une ATIAT entre janvier 1986 et février 2012 au CHU de Caen, 12 patients ont eu une prise en charge chirurgicale. L’objectif principal de ce travail était d’évaluer l’intérêt de l’arthroscopie par rapport à l’arthrotomie dans la prise en charge d’une ATIAT chez l’enfant en compa- rant les résultats de l’IKDC entre ces deux voies d’abord. Nous avons donc réalisé une étude rétrospective monocentrique incluant les 12 patients opérés, d’âge physiologique inférieur à 16 ans, avec une ATIAT confirmée par des radiographies. Notre critère de jugement principal était le score IKDC. Nos critères secondaires étaient : les mobilités du genou opéré, la mesure du tiroir antérieur (KT1000) et la survenue de complications. Nous avons également comparé les résultats des différentes techniques de synthèse utilisées (lac ¸ age ou vissage épiphysaire antérograde). Les scores IKDC des patients opérés par arthrosco- pie versus arthrotomie sont respectivement de 92,8 ± 5,9 et 71 ± 16,5 . Cette différence est significative en faveur de l’arthroscopie avec ostéosynthèse par vissage épiphysaire. De plus, la flexion moyenne au dernier recul des genoux opérés par vissage sous arthroscopie versus arthrotomie sont respectivement de 155 ± 14,7 et de 136,9 ± 17,3 . Cette différence est significative en faveur de l’arthroscopie. Les résul- tats comparant les deux techniques d’ostéosynthèse ne retrouvent pas de différence significative pour le score IKDC, la flexion maximale au recul et la mesure du tiroir antérieur (KT1000). Ces résultats sont à tempérer en raison du faible effectif de la population étudiée. Des études de cohortes plus importantes sont nécessaires pour établir définitivement une technique chirurgicale optimale et une prise en charge consensuelle. Niveau de preuve. – IV. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. 1. Introduction L’avulsion du tubercule intercondylaire antérieur (ATIAT) touche plus les enfants et les adolescents que les adultes [1,2]. Son incidence est évaluée à 3 cas pour 100 000 enfants par an [3–6]. Chez l’enfant, cette lésion est le plus souvent isolée, sans lésion liga- mentaire associée contrairement à l’adulte [1,7–9]. Elle est évoquée Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Franqueville). lorsque l’enfant se présente aux urgences après un traumatisme avec : une hémarthrose, une gonalgie et une impotence fonction- nelle du genou. Cette lésion peut passer inaperc ¸ ue alors qu’il s’agit d’une entorse grave [10]. L’ATIAT correspond à un arrachement de l’insertion du ligament croisé antérieur (LCA) avec sa surface pré-spinale. Chez l’enfant, 90 % des lésions du LCA se font par arrachement de la surface pré-spinale et 10 % se situent en plein corps du ligament. Les lésions en plein corps nécessitent une liga- mentoplastie si l’enfant ressent une instabilité [11]. Des lésions méniscales sont associées dans 8 % des cas [10,12,13]. Pour Meyers et McKeever, [1], le pic de fréquence se situe entre 8 et 13 ans, cette http://dx.doi.org/10.1016/j.rcot.2014.02.014 1877-0517/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Arthroscopie versus arthrotomie dans la prise en charge de l’avulsion du tubercule intercondylaire antérieur du tibia chez l’enfant. Étude rétrospective monocentrique sur 12 cas

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Page 1: Arthroscopie versus arthrotomie dans la prise en charge de l’avulsion du tubercule intercondylaire antérieur du tibia chez l’enfant. Étude rétrospective monocentrique sur 12 cas

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Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 100S (2014) S74–S78

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

ravaux de la Société d’orthopédie et de traumatologie de l’Ouest (SOO). Réunion de Tours, juin 2013. Communication

rthroscopie versus arthrotomie dans la prise en charge de l’avulsionu tubercule intercondylaire antérieur du tibia chez l’enfant. Étudeétrospective monocentrique sur 12 cas

rthroscopy versus arthrotomy for managing anterior tibial intercondylarminence avulsion in children. Retrospective single-centre study of 12 patients

. Franquevillea,∗, A. Sebiloa, C. Bronfenb, B. Geffardb, C. Huleta, J.-F. Malletb

Service d’orthopédie traumatologie, CHU, avenue de la Côte-de-Nacre, 14033 Caen cedex, FranceService de chirurgie pédiatrique, CHU, avenue de la Côte-de-Nacre, 14033 Caen cedex, France

i n f o a r t i c l e

ots clés :minence intercondylaireracture de l’épine tibiale antérieurerthroscopieissageacage

r é s u m é

L’avulsion du tubercule intercondylaire antérieur du tibia (ATIAT) touche préférentiellement les enfantset les adolescents, avec une incidence de 3 pour 100 000 enfants par an. Sa prise en charge n’est pasconsensuelle. Sur les 29 patients suivis pour une ATIAT entre janvier 1986 et février 2012 au CHU de Caen,12 patients ont eu une prise en charge chirurgicale. L’objectif principal de ce travail était d’évaluer l’intérêtde l’arthroscopie par rapport à l’arthrotomie dans la prise en charge d’une ATIAT chez l’enfant en compa-rant les résultats de l’IKDC entre ces deux voies d’abord. Nous avons donc réalisé une étude rétrospectivemonocentrique incluant les 12 patients opérés, d’âge physiologique inférieur à 16 ans, avec une ATIATconfirmée par des radiographies. Notre critère de jugement principal était le score IKDC. Nos critèressecondaires étaient : les mobilités du genou opéré, la mesure du tiroir antérieur (KT1000) et la survenuede complications. Nous avons également comparé les résultats des différentes techniques de synthèseutilisées (lacage ou vissage épiphysaire antérograde). Les scores IKDC des patients opérés par arthrosco-pie versus arthrotomie sont respectivement de 92,8 ± 5,9◦ et 71 ± 16,5◦. Cette différence est significativeen faveur de l’arthroscopie avec ostéosynthèse par vissage épiphysaire. De plus, la flexion moyenne audernier recul des genoux opérés par vissage sous arthroscopie versus arthrotomie sont respectivementde 155 ± 14,7◦ et de 136,9 ± 17,3◦. Cette différence est significative en faveur de l’arthroscopie. Les résul-tats comparant les deux techniques d’ostéosynthèse ne retrouvent pas de différence significative pour le

score IKDC, la flexion maximale au recul et la mesure du tiroir antérieur (KT1000). Ces résultats sont àtempérer en raison du faible effectif de la population étudiée. Des études de cohortes plus importantessont nécessaires pour établir définitivement une technique chirurgicale optimale et une prise en chargeconsensuelle.Niveau de preuve. – IV.

© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

. Introduction

L’avulsion du tubercule intercondylaire antérieur (ATIAT)ouche plus les enfants et les adolescents que les adultes [1,2]. Son

ncidence est évaluée à 3 cas pour 100 000 enfants par an [3–6].hez l’enfant, cette lésion est le plus souvent isolée, sans lésion liga-entaire associée contrairement à l’adulte [1,7–9]. Elle est évoquée

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (C. Franqueville).

http://dx.doi.org/10.1016/j.rcot.2014.02.014877-0517/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

lorsque l’enfant se présente aux urgences après un traumatismeavec : une hémarthrose, une gonalgie et une impotence fonction-nelle du genou. Cette lésion peut passer inapercue alors qu’il s’agitd’une entorse grave [10]. L’ATIAT correspond à un arrachementde l’insertion du ligament croisé antérieur (LCA) avec sa surfacepré-spinale. Chez l’enfant, 90 % des lésions du LCA se font pararrachement de la surface pré-spinale et 10 % se situent en plein

corps du ligament. Les lésions en plein corps nécessitent une liga-mentoplastie si l’enfant ressent une instabilité [11]. Des lésionsméniscales sont associées dans 8 % des cas [10,12,13]. Pour Meyerset McKeever, [1], le pic de fréquence se situe entre 8 et 13 ans, cette
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C. Franqueville et al. / Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 100S (2014) S74–S78 S75

de l’épine tibiale antérieure modifiée par Zaricznyj et Gaudernak.

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Tableau 1Répartition des avulsions selon Meyers et Gaudernak.

Type de fracture Gaudernak et Meyer A B

Type II 0 (0 %) 1 (8 %)

Fig. 1. Classification selon Meyers et Mc Keever de l’avulsion

athologie n’existant pas avant l’âge de 7 ans. Pour Lechevalier [10],’âge de survenue de cette lésion est habituellement supérieur à0 ans, bien que quelques cas soient décrits chez des enfants plus

eunes, à partir de 6 ans. La classification radiographique la plusouramment utilisée est celle de Meyers et Mc Keever [1,14]. Elleomprend trois types selon le déplacement du fragment osseux.lle a été modifiée par Zaricznyj [2] qui ajoute un quatrième typeorsque l’avulsion est comminutive. Zifko, B. et Gaudernak, T. [15],joute des sous-types à la classification de Meyers selon la taille duragment (Fig. 1) : le stade A pour les petits fragments et le stadepour les gros fragments. Quatre types sont donc décrits et répar-

is en sous-types A ou B selon le déplacement du fragment et learactère comminutif :

le type I correspond à une fracture sans déplacement ;le type II se traduit par un soulèvement antérieur en « bec decanard » avec continuité postérieure du massif des épines ;le type III est caractérisé par un soulèvement complet du fragmentavec solution de continuité et parfois une rotation de celui-ci ;le type IV correspond à un fragment comminutif.

La prise en charge de l’ATIAT dépend de l’âge, du type d’avulsion,ais également de l’expérience du chirurgien. Elle n’est pas

onsensuelle [16,17]. Le type I est traité par immobilisation etes types II, III et IV sont traités chirurgicalement par ostéosyn-hèse [1,10,18–22]. L’objectif principal de ce travail était d’évaluer’intérêt de l’arthroscopie par rapport à l’arthrotomie dans la prisen charge d’une ATIAT chez l’enfant en comparant les résultats de’IKDC entre ces deux voies d’abord. Notre intérêt était centré sure résultat fonctionnel des patients opérés et présentant un stadeI, III ou IV selon Meyers et Mc Keever.

. Matériel et méthodes

Il s’agissait d’une étude rétrospective monocentrique incluantous les patients âgés de moins de 16 ans pris en charge pour uneTIAT entre janvier 1986 et février 2012 au CHU de Caen dans leervice de chirurgie pédiatrique. Ils étaient identifiés à partir desonnées informatiques fournies par le CHU. Les critères d’inclusiontaient un âge physiologique inférieur à 16 ans, la confirmationadiographique d’une ATIAT, classée type II, III ou IV selon lalassification de Meyers et une prise en charge chirurgicale. Sur

es 29 dossiers d’ATIAT, 12 patients ont été opérés et inclus dans’étude. La population étudiée se composait de 8 filles (66 %) etgarcons (33 %). L’âge moyen des patients était de 11,3 ± 2,7 ans

7–15 ans). Un cas (8 %) avait une avulsion type II selon Meyers

Type III 0 (0 %) 9 (75 %)Type IV 1 (8 %) 1 (8 %)

et McKeever, 9 cas un type III (75 %) et 2 cas un type IV (17 %).Selon la classification de Gaudernak, on retrouve 1 stade A (8 %)et 11 stades B (92 %). (Tableau 1). L’âge lors de l’accident, le sexe, lemécanisme de l’accident, la classification des fractures, la techniquechirurgicale, le matériel d’ostéosynthèse, le type d’immobilisation,la présence d’une chirurgie secondaire ont été recueillis. Toutesles radiographies disponibles pré- et postopératoires ont été exa-minées afin d’évaluer la réduction de la fracture, la position dumatériel et la maturité du squelette sur la fermeture de la physedu fémur et du tibia sur les clichés préopératoires.

L’intervention a été réalisée par arthrotomie de septembre1989 à mars 2011 pour 8 cas et par arthroscopie de novembre2009 à février 2012 pour 4 cas. L’ostéosynthèse utilisait soit un vis-sage (une ou deux vis), soit un lacage. Les vis étaient purementépiphysaires ainsi que le lacage afin d’éviter de léser le cartilagede croissance. La fracture était considérée comme réduite si l’écartentre le fragment et le plateau tibial était inférieur à 2 mm. Ce cri-tère de réduction a été évalué sur les radiographies de contrôle.L’amplitude articulaire a été mesurée à 3 mois, 6 mois, 1 an et audernier recul. Sept patients ont pu être recontactés. Ils ont tous étérevus en consultation par un examinateur indépendant. Nous avonspu ainsi calculer le score IKDC, mesurer l’amplitude articulaire audernier recul et mesurer la laxité antérieure à l’aide du KT 1000.Les résultats statistiques ont été analysés par les logiciels Excel,Statview et Graphpad.

Sur les 12 patients, 5 (42 %) ont été perdus de vue et n’ont paspu être recontactés au dernier recul. Ils avaient tous été opéréspar arthrotomie, quatre d’entre eux avaient eu un lacage. Dans lapopulation étudiée, tous les patients avaient un cartilage de crois-sance ouvert. Le recul moyen au dernier recul était de 1,8 ± 1,7 ans(0,5–7 ans) (Fig. 2). Le mécanisme d’avulsion était : un accident dela voie publique (AVP) en moto dans 2 cas (17 %), une activité spor-tive (vélo, ski, athlétisme) dans 7 cas (58 %), un accident domestiquedans 3 cas (25 %). Le délai moyen entre le traumatisme et la chirur-gie était de 7,3 ± 9,5 jours (1–35 jours) (Fig. 3).

La synthèse chirurgicale a été réalisée par un vissage épiphy-saire antérograde chez 8 enfants (67 %) (Fig. 4) et par un lacage avectunnel épiphysaire chez 4 enfants (33 %). Huit enfants (67 %) ont eu

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S76 C. Franqueville et al. / Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 100S (2014) S74–S78

Fig. 2. Répartition délai dernier recul.

Fig. 3. Répartition du délai de prise en charge chirurgicale.

Fig. 4. Radiographie de profil : ostéosynthèse par vissage antérograde de type IIIB.

Tableau 2Répartition entre les techniques de synthèse et la voie d’abord.

Technique chirurgicale Arthroscopie Arthrotomie Total

Vissage 1 (33 %) 4 (33 %) 8 (67 %)Lacage 4 (33 %) 0 (0 %) 4 (33 %)Total 8 (67 %) 4 (33 %)

Fig. 5. Comparaison du score IKDC : arthroscopie versus arthrotomie.

une arthrotomie. Quatre d’entre eux ont eu un lacage et 4 un vis-sage. Quatre enfants (33 %) ont eu une arthroscopie. Ces derniersont tous eu un vissage (Tableau 2). Les techniques chirurgicalesemployées en fonction du type de fracture sont résumées dans leTableau 3. Dans 25 % des cas, une incarcération de la corne anté-rieure du ménisque médial a été objectivée lors de l’opération. Cesménisques n’étaient pas lésés, ils ont pu être repositionnés correc-tement.

3. Résultats

3.1. Score Fonctionnel IKDC

Le score IKDC évaluait la présence de douleurs, de dérobement,d’épanchement articulaire du genou opéré durant les 4 dernièressemaines précédant la consultation. Il évaluait également quellesactivités le patient pouvait faire avec et sans gêne (sensationd’instabilité, gonflement, douleurs). Neuf actions de la vie quoti-dienne étaient classées de 1 à 5 selon la difficulté d’exécution. Enfin,le genou opéré était noté dans sa globalité de 0 à 10 avant l’avulsionet au dernier recul. La note la plus basse pour chaque item était 1.La somme minimale était de 19 et la somme maximale était de 116.Le score IKDC était calculé selon cette formule : IKDC = ([sommedes réponses-19]/116) × 100. Le score maximal IKDC était 100 etéquivalait à un niveau d’activité journalière et sportive sans limiteet absence de tout symptôme. Les scores IKDC des patients opérés

par arthroscopie versus arthrotomie étaient respectivement de92,8 ± 5,9◦ et 71 ± 16,5◦ (Fig. 5). Cette différence était significa-tive en faveur de l’arthroscopie avec ostéosynthèse par vissageépiphysaire (p < 0,05). Il n’existait pas de différence significative du

Tableau 3Répartition des types d’ostéosynthèse selon les types de fracture.

Classification fracture Vissage Lacage Total

IIB 1 0 1IIIB 7 2 9IVA 0 1 1IVB 0 1 1

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iroir antérieur mesuré par le KT-1000 avec une traction supérieure134 Newton entre les genoux sains 8 ± 3,4 mm et les genoux

pérés 7,7 ± 2,8 mm au dernier recul. Il n’existait pas de différenceignificative si l’on comparait la mesure du KT-1000 au dernierecul entre l’arthroscopie 9 ± 2,9 mm et l’arthrotomie 6 ± 1,7 mm.

noter qu’aucun genou controlatéral n’avait eu de pathologieu accident et pouvait être considéré comme sain. En revanche,a comparaison entre le vissage et le lacage n’avait pas pu êtrealculée en raison des perdus de vue.

.2. Mobilités au dernier recul

Les mobilités ont été mesurées en consultation au dernier recull’aide d’un goniomètre en flexion et extension maximales. La

exion moyenne au dernier recul des genoux opérés par vissageous arthroscopie était de 155 ± 14,7◦. La flexion moyenne au der-ier recul des genoux opérés par vissage sous arthrotomie était de36,9 ± 17,3◦ (Fig. 6). Cette différence était statistiquement signi-cative (p < 0,02). Le flexum moyen au dernier recul des genouxpérés par vissage sous arthroscopie était de 2 ± 4◦. Le flexumoyen au dernier recul des genoux opérés par vissage sous arthro-

omie était de 4 ± 5,7◦. Cette différence n’était pas statistiquementignificative. Il n’existait pas de différence significative pour leexum au dernier recul entre une immobilisation postopératoiren extension et en flexion de 30◦.

.3. Réduction de la fracture

La fracture était considérée comme réduite si l’écart entre leragment et le plateau tibial était inférieur à 2 mm. Ce critère deéduction était évalué sur les radiographies de profil de contrôle.’analyse des radiographies postopératoires montrait une réduc-ion anatomique de la fracture dans 50 % des cas. Il n’existait pas deifférence significative entre l’arthroscopie et l’arthrotomie pour laualité de la réduction postopératoire. De même, il n’existait pas deifférence significative entre le lacage et le vissage pour la qualitée la réduction postopératoire. Le score fonctionnel IKDC en fonc-ion des critères de réduction n’était pas statistiquement significatifu dernier recul.

.4. Complications

Aucun patient vissé sous arthroscopie n’a été repris chirur-

icalement. En revanche, 3 des 4 patients vissés par arthrotomie75 %) ont été repris chirurgicalement. Deux patients pour arthro-yse devant la présence d’un flexum de genou à 5 mois et 7 mois etn patient pour l’ablation des vis d’ostéosynthèse à 2 ans.

ig. 6. Comparaison flexion maximale au dernier recul : arthrotomie versus arthro-copie.

ue et traumatologique 100S (2014) S74–S78 S77

4. Discussion

Le traitement optimal des fractures de type II, III et IV restecontroversé [2,23]. Il est généralement admis que les fracturesde type III et IV nécessitent un traitement chirurgical. Dans lalittérature, aucune étude sur la prise en charge de l’ATIAT chezl’enfant avec évaluation des résultats fonctionnels (score IKDC)n’a démontré la supériorité de l’arthroscopie sur l’arthrotomie[1,4,12,14,17,18,24–30]. Les résultats de notre étude objectiventau contraire un meilleur score fonctionnel IKDC au dernier reculchez l’enfant opéré par arthroscopie (p < 0,05). Ceci peut être expli-qué, d’une part, par l’amélioration du matériel d’ostéosynthèse et,d’autre part, par la progression de la maîtrise des techniques arthro-scopiques. Ensuite, l’analyse des résultats montre que la flexionmaximale est significativement meilleure lorsque l’ostéosynthèsepar vis est faite sous arthroscopie comparée à l’arthrotomie(p < 0,02). Ce résultat pourrait s’expliquer par un encombrementmoins important des têtes de vis d’ostéosynthèse, qui sont désor-mais enfouies, d’autre part, le vissage permet une compressiondu foyer de fracture. Des études ont montré que la morbiditéde l’arthrotomie est plus importante que celle de l’arthroscopie[24,31–37]. Dans l’étude de Hunter et Willis [38], il existe un tauxplus élevé de reprises chirurgicales avec une fixation par vis. Aprèsanalyse, chez les 8 patients que nous avons pu suivre jusqu’à cejour, les 3 patients qui ont été repris chirurgicalement pour arthro-lyse avaient eu un vissage par arthrotomie. Aucun des vissages sousarthroscopie n’a été repris. Dans une étude clinique de Hunter etWillis [38], les scores IKDC avec un lacage sont meilleurs qu’avec unvissage. Tsukada et al. [39] ont constaté que la fixation par vis avaitmoins de translation tibiale antérieure que la fixation par suture.Dans notre étude, nous n’avons pas pu comparer les scores IKDC duvissage versus lacage car ces derniers ont tous été perdus de vue.D’un point de vue technique, le lacage se prête plus à un traite-ment pour fracture type IV comminutive [40], alors que le vissageest plus aisé pour une fracture de sous-type B selon Gaudernak.Cette tendance est retrouvée dans notre étude. Le type de fixationdépend du type de fracture. Les fractures de types II et IIIB sont plu-tôt ostéosynthésées par vissage. En revanche, les fractures de typeIV sont plutôt ostéosynthésées par lacage. Bong et al. [41] ont trouvéque les sutures FiberWire (Arthrex) avaient une force équivalente àune vis de 4 mm canulée avec rondelle. Certains auteurs suggèrentque l’arthroscopie serait équivalente à l’arthrotomie en termes destabilité du genou sur le long terme [18,19,26,27,31,42–45]. Aprèsanalyse des mesures du tiroir antérieur au dernier recul sur lesgenoux opérés, nous n’avons pas mis en évidence une différencesignificative entre l’arthroscopie et l’arthrotomie. Nous avons puremarquer, que le tiroir antérieur était parfois inférieur au côté sainchez 2 enfants traités par vissage (un patient par arthrotomie et unpatient par arthroscopie), sans signification statistique. Dans sonétude, De Courtivron et al. [46] ne retrouve pas de corrélation signi-ficative entre la qualité de la réduction du déplacement et la laxitérésiduelle. Après analyse des résultats, nous ne retrouvons pas nonplus de corrélation significative entre la qualité de la réduction dela fracture et la mesure du tiroir antérieur avec le KT-1000 sur lesgenoux opérés au dernier recul. Le type d’immobilisation postopé-ratoire (amovible ou rigide), sa durée et son angulation n’ont pasmontré de différence significative sur les mobilités à 3 mois, 6 mois,1 an et au dernier recul.

5. Conclusion

Cette étude constituée d’une faible cohorte nous permet de pen-ser que l’arthroscopie a un bénéfice réel dans la prise en chargede l’ATIAT chez l’enfant. Une plus grande cohorte serait néces-saire pour permettre de confirmer ces résultats. L’arthroscopie

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[45] May JH, et al. ACL tibial spine avulsion: mid-term outcomes and rehabilitation.

78 C. Franqueville et al. / Revue de chirurgie orth

râce à son caractère moins traumatisant, sa possibilité d’explorerieux l’articulation devrait supplanter l’arthrotomie pour prendre

n charge l’ATIAT chez l’enfant et l’adolescent. Le mode de fixationeut être choisi en fonction du type de fracture. Des études prospec-ives avec de plus grandes cohortes et des séries multicentriques duait de la rareté de ces lésions sont nécessaires afin de déterminere mode de fixation optimale sous arthroscopie en fonction du typee fracture.

éclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en rela-ion avec cet article.

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