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Avis relatif aux risques liĂ©s du port des bagues et alliances 12/05 La Commission de la sĂ©curitĂ© des Consommateurs, (Le 15 dĂ©cembre 2005) VU le code de la consommation, notamment ses articles L. 224-1, L. 224-4, R. 224 - 4 et R. 224-7 Ă  R. 224-12 VU la saisine d’office n° 05-005 ConsidĂ©rant que : I. La saisine En dĂ©cembre 2004, les spĂ©cialistes français et Ă©trangers de la chirurgie de la main, rĂ©unis Ă  Paris pour le 40Ăšme congrĂšs de la SociĂ©tĂ© Française de la chirurgie de la main, ont rappelĂ© que les traumatismes de la main, estimĂ©s Ă  1 400 0000 par an en 2002[1], dont 620 000 graves, surviennent aujourd’hui deux fois plus souvent au cours des accidents de la vie courante qu’au travail. Ils ont en particulier mis en garde le public sur le danger potentiel que reprĂ©sentait le port de bagues fermĂ©es et d’alliances, causes majeures de traumatismes irrĂ©versibles de la main par arrachage ou cisaillement des chairs et qui entraĂźnent, dans la moitiĂ© des cas, la perte de tout ou partie du doigt. InformĂ©e de cette situation par un article paru dans « Le quotidien du mĂ©decin », la Commission de la sĂ©curitĂ© des consommateurs a dĂ©cidĂ©, lors de sa sĂ©ance plĂ©niĂšre du 20 janvier 2005 de s’autosaisir du danger potentiel du port de bagues et d’alliances. II. L’analyse de risques II.1. L’accidentologie La connaissance du nombre et des causes des accidents de la main et du poignet survenant annuellement en France est difficile en raison de la diversitĂ© des sources dont elles Ă©manent, parfois fort divergentes. Le systĂšme EPAC[2] ne recense que les patients ayant transitĂ© par les services d’urgences gĂ©nĂ©ralistes ou soignĂ©s pour des interventions bĂ©nignes. Les chiffres qu’il produit doivent donc ĂȘtre complĂ©tĂ©s par ceux Ă©manant des rĂ©seaux spĂ©cialisĂ©s. En effet, en cas de traumatisme grave, les services de secours dirigent directement les accidentĂ©s de la main vers le centre d’urgences ‘mains’ le plus proche du lieu de l’accident (clinique de la main ; « S.O.S. mains ») qui Ă©laborent, Ă  travers le rĂ©seau de la FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des services d’urgences mains (FESUM), leurs propres statistiques.

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Page 1: Avis relatif aux risques lis du port des bagues et

Avis relatif aux risques liés du port des bagues et alliances 12/05

La Commission de la sécurité des Consommateurs,

(Le 15 décembre 2005)

VU le code de la consommation, notamment ses articles L. 224-1, L. 224-4, R. 224 - 4 et R. 224-7 Ă  R. 224-12

VU la saisine d’office n° 05-005

Considérant que :

I. La saisine

En dĂ©cembre 2004, les spĂ©cialistes français et Ă©trangers de la chirurgie de la main, rĂ©unis Ă  Paris pour le 40Ăšme congrĂšs de la SociĂ©tĂ© Française de la chirurgie de la main, ont rappelĂ© que les traumatismes de la main, estimĂ©s Ă  1 400 0000 par an en 2002[1], dont 620 000 graves, surviennent aujourd’hui deux fois plus souvent au cours des accidents de la vie courante qu’au travail. Ils ont en particulier mis en garde le public sur le danger potentiel que reprĂ©sentait le port de bagues fermĂ©es et d’alliances, causes majeures de traumatismes irrĂ©versibles de la main par arrachage ou cisaillement des chairs et qui entraĂźnent, dans la moitiĂ© des cas, la perte de tout ou partie du doigt.

InformĂ©e de cette situation par un article paru dans « Le quotidien du mĂ©decin », la Commission de la sĂ©curitĂ© des consommateurs a dĂ©cidĂ©, lors de sa sĂ©ance plĂ©niĂšre du 20 janvier 2005 de s’autosaisir du danger potentiel du port de bagues et d’alliances.

II. L’analyse de risques

II.1. L’accidentologie

La connaissance du nombre et des causes des accidents de la main et du poignet survenant annuellement en France est difficile en raison de la diversitĂ© des sources dont elles Ă©manent, parfois fort divergentes. Le systĂšme EPAC[2] ne recense que les patients ayant transitĂ© par les services d’urgences gĂ©nĂ©ralistes ou soignĂ©s pour des interventions bĂ©nignes. Les chiffres qu’il produit doivent donc ĂȘtre complĂ©tĂ©s par ceux Ă©manant des rĂ©seaux spĂ©cialisĂ©s. En effet, en cas de traumatisme grave, les services de secours dirigent directement les accidentĂ©s de la main vers le centre d’urgences ‘mains’ le plus proche du lieu de l’accident (clinique de la main ; « S.O.S. mains ») qui Ă©laborent, Ă  travers le rĂ©seau de la FĂ©dĂ©ration europĂ©enne des services d’urgences mains (FESUM), leurs propres statistiques.

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Ainsi, le systĂšme EPAC ne comptabilise-t-il que 42 accidents liĂ©s au port de bagues et d’alliances pour la pĂ©riode 1999-2003 (soit environ 8 par an), alors que pour la FESUM, le port de bagues et d’alliance serait Ă  l’origine d’environ une amputation par jour, soit environ 350 accidents par an. Ils entraĂźneraient 90 % des arrachements digitaux traitĂ©s dans ses services et 13 Ă  15 % des amputations digitales[3] pratiquĂ©es annuellement.

Ces chiffres sont en concordance avec ceux avancĂ©s par les spĂ©cialistes au plan international qui, depuis les premiers travaux mĂ©dicaux sur ce sujet (1952), s’accordent, pour les pays industrialisĂ©s, sur un ratio moyen de 300 cas par an pour une population de 60 millions d’habitants[4].

En revanche, on constate que la plupart des accidents de la main surviennent aujourd’hui dans le cadre domestique[5] (62 % soit environ 870 000) et reprĂ©sentent 41 % des accidents de la vie courante recensĂ©s, avec une tendance Ă  la hausse du fait du dĂ©veloppement du temps libre et des activitĂ©s de loisir. A l’inverse, dans le monde du travail, grĂące aux progrĂšs accomplis dans la mise en sĂ©curitĂ© des machines et aux nombreuses campagnes de prĂ©vention, le nombre des accidents de la main a considĂ©rablement baissĂ© mais reste constant depuis quelques annĂ©es (environ 530 000 accidents par an). Ils constituent encore la premiĂšre cause d’accidents de travail (27 %).

II.2. Les circonstances des accidents et le profil des victimes

Aujourd’hui, les accidents du travail sont pour la plupart consĂ©cutifs Ă  la manipulation d’outils portatifs (73 % des cas) et essentiellement dus Ă  des fautes d’inattention de l’opĂ©rateur ou d’un tiers (67 %) et non Ă  des dĂ©faillances techniques (2 %). Ils frappent en prioritĂ© des hommes jeunes (Ăąge moyen 31 ans), les nouveaux embauchĂ©s ou les intĂ©rimaires pas ou insuffisamment formĂ©s, et soumis Ă  des cadences de travail Ă©levĂ©es.

Dans la vie courante, toutes causes et tous degrĂ©s de gravitĂ© confondus, les circonstances dans lesquelles surviennent les accidents de la main sont trĂšs variĂ©es. Ceux liĂ©s au port de bagues et d’alliances surviennent rarement dans le cadre de situations « Ă  risques » (manipulation d’outils ou de machines tranchants, sport violent
) mais au contraire dans des situations banales de la vie domestique (mĂ©nage, fermeture d’une portiĂšre de voiture, chute dans la rue, accrochage Ă  un grillage, chute d’un escabeau
.). Les hommes restent deux fois plus touchĂ©s que les femmes :

Parmi les accidents bénins répertoriés dans la base EPAC[6] entre 1999 et 2003, et dont 25 % des victimes sont de jeunes enfants, plus de la moitié sont du type « bague coincée autour du doigt » et surviennent dans des activités de jeu et de loisirs, un tiers surviennent par accrochage à des clous, des grillages, des portes ou portiÚres en mouvement, et moins de 2 % durant des activités sportives ou de bricolage :

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II.3. Les consĂ©quences cliniques Les lĂ©sions digitales rĂ©sultant du port de bagues et d’alliances (aussi appelĂ©es « doigts d’alliance ») sont parmi les accidents de la main les plus graves et les plus difficiles Ă  traiter. En effet, le sectionnement d’un doigt par un objet tranchant occasionne des lĂ©sions vasculaires localisĂ©es dont la rĂ©paration se fait par simple suture avec un taux de succĂšs d’environ 70 %. La traction d’une bague sur un doigt provoque au contraire un phĂ©nomĂšne d’avulsion (ou arrachement) des tissus. Les nerfs, les vaisseaux, les tendons et le systĂšme ostĂ©o articulaire ne cĂšdent pas au mĂȘme niveau, ce qui conduit Ă  un « dĂ©gantement » partiel ou total du doigt selon le matĂ©riau constitutif de la bague, son ajustement au doigt, la violence et l’angle du mouvement :

Ce phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© plus prĂ©cisĂ©ment Ă©tudiĂ© par deux chirurgiens de la main qui ont tentĂ© de mesurer le seuil de rĂ©sistance maximal de doigts porteurs d’un anneau. L’analyse de leurs observations s’appuie sur une classification des lĂ©sions communĂ©ment utilisĂ©e par les spĂ©cialistes[7] : - classe I : atteinte des chairs sans rupture des vaisseaux, nerfs, tendons et articulations ; - classe II A : atteinte des chairs et rupture bilatĂ©rale des vaisseaux ; - classe II B : atteinte des tissus, des vaisseaux, avec rupture partielle des nerfs et des tendons et articulations ; - classe III : dĂ©chaussement complet des chairs autour des articulations ; - classe IV : arrachement complet du doigt. La premiĂšre Ă©tude, rĂ©alisĂ©e en 1998 sous la direction du Dr David M. KUPFER du dĂ©partement de chirurgie plastique et orthopĂ©dique de l’UniversitĂ© de San Diego en Californie[8], consistait Ă  lĂącher sur une hauteur de 23 cm un poids de 66 kgs attachĂ© Ă  un doigt porteur d’un anneau, lui-mĂȘme suspendu par un crochet.

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Les rĂ©sultats montrent que dans plus de 90 % des cas, les lĂ©sions causĂ©es par les bagues et alliances se situent en classe II (29 %) et IV (61 %). Sur l’échantillon testĂ© (41 doigts), les lĂ©sions de classe I (10 %) intervenaient Ă  moins de 80 N[9], les premiers arrachements digitaux Ă  111 N. La rĂ©sistance maximale d’un doigt se situait Ă  346 N, avec une moyenne de 154 N. Par ailleurs, les enregistrements filmĂ©s montraient que la peau est l’élĂ©ment le plus rĂ©sistant du doigt. DĂšs que celle-ci cĂšde, le reste du doigt se dĂ©gante ou s’arrache rapidement. De ce fait, bien que moins rĂ©sistants Ă  la traction, les anneaux fins et Ă©troits ou trop ajustĂ©s qui provoquent un phĂ©nomĂšne de cisaillement de la peau Ă  la traction seraient plus dangereux que les anneaux larges et Ă©pais. La seconde Ă©tude, rĂ©alisĂ©e en 2000 par le Dr Thierry DUBERT, chirurgien de la main, en collaboration avec le laboratoire de biomĂ©canique de l’Ecole nationale supĂ©rieure des arts et mĂ©tiers de Paris en 1999[10] donne des rĂ©sultants concordants[11], et analyse deux types de traction : - Ă  vitesse lente[12], aucune lĂ©sion n’est apparue avant une traction de 260 N, 14 % entre 260 et 350 N (en classes II et III) et 86 % au-delĂ  (en classe IV). Pour le Dr DUBERT, auditionnĂ© par la Commission, ce seuil pourrait ĂȘtre, dans les conditions du test et pour des doigts sains, portĂ© Ă  500 N sans risque de lĂ©sions graves ; - Ă  vitesse rapide, un poids attachĂ© Ă  la bague Ă©tant lĂąchĂ© d’une hauteur de 50 cm, aucune lĂ©sion n’est apparue Ă  moins de 5 kgs, mais au-delĂ  de 10 kgs, le doigt s’arrache complĂštement ; Par comparaison Ă  ces rĂ©sultats, la rĂ©sistance des alliances standard (anneau de 3 mm de large), quel que soit l’alliage dont elles sont composĂ©es, est telle qu’il est impossible de les ouvrir mĂȘme avec une traction de 1000 N. Au niveau chirurgical, la rĂ©implantation d’un doigt arrachĂ© n’est rĂ©alisable que si les tissus lĂ©sĂ©s ont pu ĂȘtre conservĂ©s dans de bonnes conditions de froid et d’hygiĂšne et si l’état gĂ©nĂ©ral du patient le permet. A l’exception du pouce, la tentative de replantation n’est pas systĂ©matique. En effet, la difficultĂ© technique est importante car il faut rĂ©aliser de trĂšs longs pontages vasculaires Ă  partir de zones saines et parfois sur des vaisseaux de moins d’un millimĂštre de diamĂštre. Le risque de thrombose est Ă©levĂ© et le taux de survie d’un doigt replantĂ© ne dĂ©passe pas 57 %[13]. Une Ă©tude prĂ©sentĂ©e lors du congrĂšs de chirurgie de la main de dĂ©cembre 2004 Ă  Paris[14], faisait le bilan du suivi de 33 patients soignĂ©s entre 1989 et 2004 pour un « doigt d’alliance » Ă  l’annulaire, provoquĂ©, dans la plupart des cas par un accrochage de l’anneau sur un objet fixe (grillage, portiĂšre). Voici le tableau de synthĂšse qui peut en ĂȘtre dressĂ© :

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Sur cet Ă©chantillon, un tiers des patients ont donc dĂ©finitivement perdu leur doigt, cinq ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une replantation rĂ©ussie, et 90 % ont gardĂ© des sĂ©quelles fonctionnelles importantes. En effet, lorsque les tendons sont atteints ou si le doigt est arrachĂ© Ă  sa base, il reste plus ou moins raide aprĂšs intervention, ce qui entraĂźne Ă©galement une perte de force et de mobilitĂ© des autres doigts. C’est pourquoi, notamment pour les travailleurs manuels, les chirurgiens doivent parfois arbitrer entre prĂ©judice esthĂ©tique et fonctionnalitĂ©. A ce titre, tous les doigts ne prĂ©sentent pas le mĂȘme intĂ©rĂȘt fonctionnel. L’annulaire est considĂ©rĂ© comme un doigt « mineur » qui ne sert qu’à verrouiller la prĂ©hension. L’index, le majeur et surtout le pouce sont essentiels. La perte de ce dernier constitue une indication absolue de rĂ©implantation digitale, mĂȘme au moyen d’un autre doigt ou d’un orteil (hĂ©tĂ©ro replantation). Il n’est pas inutile de rappeler que les lĂ©sions de la main, intervenant dans des activitĂ©s oĂč les victimes n’ont pas l’impression de s’ĂȘtre mises en danger sont psychologiquement traumatisantes, d’autant qu’elles laissent, outre des sĂ©quelles fonctionnelles, des prĂ©judices esthĂ©tiques importants. III. Le marchĂ© des bagues et alliances Dans le secteur de la bijouterie, les conditions de production et de distribution ont profondĂ©ment Ă©voluĂ© ces derniĂšres annĂ©es, notamment avec l’introduction des technologies numĂ©riques, le dĂ©veloppement des importations et la distribution dans des rĂ©seaux franchisĂ©s ou en grande surface, mais on distingue toujours deux marchĂ©s : III.1. La bijouterie-joaillerie Les premiĂšres bagues seraient apparues dĂšs l’ñge du bronze. TrĂšs tĂŽt leur ont Ă©tĂ© associĂ©s, comme au cercle, une valeur symbolique ou un pouvoir magique. Dans l’antiquitĂ©, la bague, selon sa valeur est signe de distinction sociale ou d’appartenance Ă  un groupe. Au moyen Ăąge, elle symbolise l’autoritĂ© temporelle ou spirituelle, porte armoiries et devient sceau. A la Renaissance, la bague s’enrichit et devient parure, elle se porte Ă  plusieurs doigts, s’orne de pierres, de perles, se cisĂšle. Aujourd’hui, on regroupe sous l’appellation de bijouterie-joaillerie l’ensemble des montres, bijoux et accessoires rĂ©alisĂ©s en mĂ©taux prĂ©cieux garantis par un titre lĂ©gal (or pour les deux tiers, argent, platine et plaquĂ© or), pierres prĂ©cieuses et perles. Quatre millions de bagues en or (23 % des bijoux en or) et trois millions et demi de bagues en argent (23 % des bijoux en argent) sont vendues chaque annĂ©e. Elles restent des objets de valeur (prix d’achat moyen 299 euros) et gardent encore un fort pouvoir symbolique d’engagement (bague de fiançailles) ou d’appartenance (armoiries des chevaliĂšres) et se transmettent de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. La bague d’alliance ou alliance revĂȘt un caractĂšre particulier. PortĂ©e au quatriĂšme doigt de la main gauche[15], elle symbolise l’éternitĂ©, la fidĂ©litĂ© et la constance des sentiments du couple dont elle atteste l’engagement. Elle est destinĂ©e, Ă  ce titre, Ă  ĂȘtre portĂ©e en permanence[16]. L’usage s’en est gĂ©nĂ©ralisĂ© au XVIĂšme siĂšcle. De nos jours, les modĂšles, aprĂšs avoir Ă©tĂ© simplifiĂ©s Ă  l’extrĂȘme au milieu du XIXĂšme siĂšcle, avec l’apparition des "joncs" et "demi joncs" se diversifient de nouveau. Les ventes sont Ă©galement rĂ©parties entre alliances simples, alliances deux ors et empierrĂ©es. Ces alliances sont fabriquĂ©es industriellement dans 90 % des cas et il s’en Ă©coule environ 500 000 piĂšces par an. III- 2 La bijouterie fantaisie Le marchĂ© du bijou fantaisie recouvre des produits trĂšs divers dans leur forme et dans les matĂ©riaux utilisĂ©s. Les bagues fantaisie qui ne reprĂ©sentent que 10 % des ventes, sont en mĂ©tal peu prĂ©cieux,

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alliages d’étain, d’aluminium ou de laiton. On trouve Ă©galement des bijoux en matĂ©riaux naturels (bois, Ă©cailles, cuir, fibres vĂ©gĂ©tales, pierres semi-prĂ©cieuses) ou synthĂ©tiques (verres, strass, tissus, rĂ©sines, fils nylon). A cĂŽtĂ© des oeuvres de crĂ©ateurs qui peuvent atteindre des prix non nĂ©gligeables (100 euros en moyenne) et qui sont distribuĂ©es par des professionnels regroupĂ©s au sein de la BOCI[17], une partie non nĂ©gligeable de la production de bijoux fantaisie, souvent d’importation (anneaux en argent gravĂ©s, chevaliĂšres ciselĂ©es, bagues de pouce, bagues articulĂ©es) est commercialisĂ©e Ă  des prix modiques dans des boutiques indĂ©pendantes ou sur les marchĂ©s, oĂč ils sont accessibles Ă  une clientĂšle jeune, masculine comme fĂ©minine. Pour la reprĂ©sentante de la BOCI auditionnĂ©e par la Commission, les bagues fantaisie ne prĂ©senteraient pas autant de risque pour le consommateur que les bagues et alliances de bijouterie joaillerie. En effet : - contrairement aux bijoux en or, le bijou fantaisie revĂȘt rarement une valeur symbolique. C’est souvent un achat pour soi, souvent « coup de cƓur », avant d’ĂȘtre un cadeau. Il reste accessoire Ă  la tenue vestimentaire dont il suit les tendances de la mode en terme de couleurs, de formes et de matiĂšres et n’a pas vocation Ă  ĂȘtre portĂ© de façon continue, dans les activitĂ©s de la vie courante, ni dans la durĂ©e ; - les supports sont le plus souvent en alliage d’étain dont la rĂ©sistance Ă  la traction est la plus faible de tous les types d’alliages utilisĂ©s en bijouterie (cf. annexe n° 1 § II) ; - pour des raisons de rentabilitĂ© Ă©conomique, la plupart des bagues fantaisie sont produites en petite sĂ©rie, en une seule taille ajustable grĂące Ă  l’utilisation de supports ouverts qui s’élargissent sous l’effet d’une traction violente et ne prĂ©sentent de ce fait que peu de danger pour le porteur. III-3 RĂ©glementation et normes III.3.1. La fabrication des bagues et alliances Pour prĂ©server la libertĂ© de ses crĂ©ateurs, la profession a toujours Ă©tĂ© rĂ©ticente Ă  l’adoption de textes rĂ©glementaires et normatifs encadrant la fabrication des bijoux. Ceux qui existent concernent essentiellement la qualitĂ© des produits mis sur le marchĂ© et la protection du consommateur contre les transactions frauduleuses : - le dĂ©cret n° 84-693 du 16 juillet 1984 relatif Ă  la garantie du titre des matiĂšres et ouvrages en platine, en or ou en argent, ainsi que les textes concernant le marquage et le contrĂŽle de ces obligations par les autoritĂ©s ; - la norme NF EN 28654 d’aoĂ»t 1993 : « couleurs des alliages d’or – dĂ©finition, gammes de couleurs et dĂ©signation », ainsi que toutes celles relatives au dosage en mĂ©taux prĂ©cieux (or, argent, platine, palladium) de certains alliages utilisĂ©s en bijouterie ; - la norme NF EN 28653 de juin 1993 : « Bijouterie – grandeurs de bague- dĂ©finition – mesurage et dĂ©signations ». Par ailleurs, deux textes traitent plus spĂ©cifiquement de la sĂ©curitĂ© des articles de bijouterie face au risque d’allergie des porteurs Ă  certains composants : - l’arrĂȘtĂ© du 18 juillet 2000[18] qui limite l’usage du nickel et de ses composĂ©s dans les articles de bijouterie et d’habillement directement en contact avec la peau pour prĂ©venir les phĂ©nomĂšnes allergiques ; - la norme NF EN 1810 d’octobre 1998 complĂ©tant la directive 97/24/CE sur le contrĂŽle de la teneur en nickel de certains bijoux. Pour les autres risques, en particulier ceux liĂ©s Ă  la nature des matiĂšres utilisĂ©es[19], Ă  leur rĂ©sistance et Ă  leur forme, les bagues et alliances relĂšvent de la directive 2001/95/CE sur la sĂ©curitĂ© gĂ©nĂ©rale des produits et de l’article L. 221-1 du code de la consommation qui prĂ©voit que : « Les produits et services doivent, dans des conditions normales d’utilisation ou dans d’autres conditions raisonnablement prĂ©visibles par le professionnel, prĂ©senter la sĂ©curitĂ© Ă  laquelle on peut lĂ©gitimement s’attendre et ne pas porter atteinte Ă  la santĂ© des personnes. »

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III.3.2. Le port de bagues et d’alliances Le caractĂšre dangereux du port des bagues et des alliances dans certaines situations Ă  risques est parfaitement identifiĂ© et les autoritĂ©s compĂ©tentes ont pris un certain nombre de mesures d’interdiction ou d’information des usagers. Ainsi : - le code du travail pose le principe de la prĂ©vention des accidents du travail par l’employeur (article L. 230-1 et L. 230-2). Dans ce cadre, un certain nombre de rĂšglements intĂ©rieurs dans les Ă©tablissements industriels ou les lycĂ©es d’enseignement professionnel prohibent le port de bagues et d’alliances dans les ateliers, les laboratoires et les aires de jeux ; - en matiĂšre d’éducation, en vertu des pouvoirs d’organisation que leur confĂšrent les dĂ©crets n° 90-788 du 6 septembre 1990 et n° 85-924 du 30 aoĂ»t 1985 modifiĂ©s[20], des chefs d’établissements publics locaux d’enseignement du premier et second degrĂ© ont interdit le port de bijoux, piercing, bagues et anneaux dans le cadre des activitĂ©s scolaires ; - dans le cadre des pratiques sportives encadrĂ©es, certaines fĂ©dĂ©rations interdisent expressĂ©ment le port de bijoux Ă  leurs adhĂ©rents, souvent en conformitĂ© avec les rĂšglements internationaux (fĂ©dĂ©ration française de basket-ball, de football, de judo), d’autres sont moins prĂ©cises et visent l’interdiction du port de tout Ă©quipement susceptible de blesser les joueurs (volley-ball) ou en confient le contrĂŽle aux arbitres et entraĂźneurs (lutte, rugby). D’autres n’y font cependant aucune allusion, la pratique du sport en elle-mĂȘme apparaissant comme incompatible avec le port de bijoux de doigt. IV. La mise en sĂ©curitĂ© des bagues et alliancesIV.1.Bijoux fantaisie et haute joaillerieSuite Ă  l’exposĂ© des arguments sur la sĂ©curitĂ© offerte par les bagues fantaisie prĂ©sentĂ©s par la reprĂ©sentante de la BOCI et en l’absence de tests de traction disponibles sur les bijoux autres qu’en or, le rapporteur du dossier a jugĂ© nĂ©cessaire de faire vĂ©rifier la rĂ©sistance de bagues fantaisie de formes et matĂ©riaux divers par des essais Ă©quivalents Ă  ceux rĂ©alisĂ©s par les DR KUPFER et DUBERT (cf. II-3). Ces tests ont Ă©tĂ© confiĂ©s au laboratoire national de mĂ©trologie et d’essais (LNE). L’achat des produits a, dans un premier temps, permis de constater que si les bagues de crĂ©ateurs ou vendues sous de grandes marques commerciales sont le plus souvent ouvertes parce que diffusĂ©es en trĂšs petit nombre d’exemplaires, il n’en va pas de mĂȘme pour de nombreux autres modĂšles vendus en boutiques, sur les marchĂ©s, en grandes surfaces, ou sur l’Internet, avec ou sans marque commerciale. Une dizaine de modĂšles ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s en alliages divers, en pierre, en plexiglas, en bois, ouverts et fermĂ©s, empierrĂ©s ou non. * Essais de traction Ă  vitesse lente (cf. annexe n° 2-I) L’essai avait pour but de mesurer le seuil de rupture des bagues en leur appliquant une force de traction verticale Ă  une vitesse de 5 mm/min. La rĂ©sistance Ă  la traction dĂ©pendant de la gĂ©omĂ©trie du bijou, les essais ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s sur l’axe de rĂ©sistance maximal de la bague, pouvant causer au doigt les dommages les plus importants. La force maximale nĂ©cessaire Ă  la rupture de l’alliance a Ă©tĂ© enregistrĂ©e jusqu’à une valeur de 999 N, dĂ©jĂ  largement supĂ©rieure Ă  la rĂ©sistance d’un doigt. Trois catĂ©gories de bagues ont pu ĂȘtre distinguĂ©es : les modĂšles ouverts qui garantissent une ouverture de l’anneau en deçà du seuil vulnĂ©rant pour le doigt ; les modĂšles dotĂ©s, de par leur conception d’un ou deux points de faiblesse (le point d’insertion des pierres pour les bagues empierrĂ©es) ou rĂ©alisĂ©es dans des matĂ©riaux peu rĂ©sistants (bois, rĂ©sine), enfin et quel que soit l’alliage utilisĂ©, les bagues fermĂ©es dont le seuil de rupture est trĂšs Ă©levĂ©.

* Essais de traction Ă  vitesse rapide (cf. annexe n°2-II) L’essai avait pour but de dĂ©terminer le seuil de rupture des bagues en leur appliquant une force de traction verticale matĂ©rialisĂ©e par le lĂącher d’une masse de 10 kg d’une hauteur de 50 cm. La bague Ă©tait sollicitĂ©e dans l’axe maximal de rĂ©sistance identifiĂ© lors de l’essai prĂ©cĂ©dent. Les diffĂ©rents modĂšles ont Ă©tĂ© classĂ©s, Ă  l’exception de la chevaliĂšre en argent (n° 8), dans la mĂȘme catĂ©gorie de dangerositĂ© que lors des essais Ă  vitesse lente : les bagues ouvertes restent les plus sĂ»res ; les bagues empierrĂ©es, en pierre et bois et en argent se rompent, mais la violence du choc et l’angle de rupture peuvent entraĂźner des dommages que le test n’a pas permis d’évaluer. Enfin, les

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bagues en acier, plaquĂ© or et aluminium fermĂ©es, ne rompent pas lorsqu’elles sont soumises Ă  ces forces de traction et peuvent donc entraĂźner des lĂ©sions digitales graves. A vitesse rapide, la composition de l’alliage de la bague apparaĂźt comme un facteur dĂ©terminant. Si l’on se rĂ©fĂšre aux indices de duretĂ© fournis par le CETEHOR[21] (cf. annexe n° 1-I), les alliages d’indice 1 et 2 (argent, Ă©tain
) seraient bien en dessous du seuil de rupture vulnĂ©rant, mais l’acier et le plaquĂ© or, communĂ©ment utilisĂ©s en bijouterie fantaisie, dĂ©passent le seuil de dangerositĂ© (indices 3 et 4)[22]. Ces rĂ©sultats peuvent cependant ĂȘtre modifiĂ©s en fonction de la forme du bijou et de son ajustement au doigt. Au vu de ces essais, il apparaĂźt que l’ouverture des supports de bagues et des anneaux offre la plus grande garantie de sĂ©curitĂ©, que ce soit en cas de traction lente ou rapide. La pose de pierre ou le choix de matĂ©riaux peu rĂ©sistants limitent les risques de blessures graves. Enfin, Ă  de rares exceptions prĂšs, les anneaux fermĂ©s, tout particuliĂšrement en alliages trĂšs rĂ©sistants, en aluminium ou en acier, sont aussi dangereux que ceux rĂ©alisĂ©s en alliages qualifiĂ©s de prĂ©cieux. IV.2.Propositions des chirurgiens de la main SensibilisĂ©s au risque, un certain nombre de chirurgiens de la main, en collaboration avec des professionnels de la bijouterie, ont proposĂ© diverses solutions de mise en sĂ©curitĂ© des anneaux fermĂ©s (bagues et alliances). A titre d’exemple : - en 1963, les Docteurs Bevin et Chase[23] proposent l’incision complĂšte de l’anneau, mais celle-ci endommage de façon irrĂ©versible le bijou et dans le cas de l’alliance, lui ĂŽte son caractĂšre symbolique ;

- en 1969 le docteur BIANCHI et en 1996, le docteur VARELA[24] suggĂšrent l’affaiblissement de la structure de l’anneau par la pratique de deux incisions partielles sur sa face interne. Aucun test biomĂ©canique n’a cependant Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© sur ce procĂ©dĂ©.

- En 2000, le docteur DUBERT a testĂ©, en collaboration avec le laboratoire de biomĂ©canique de l’Ecole Nationale SupĂ©rieure des Arts et MĂ©tiers, deux procĂ©dĂ©s de mise en sĂ©curitĂ© conçus par un grand joaillier parisien : - l’incision de l’anneau puis son Ă©videmment sur une petite surface et sa soudure en pĂ©riphĂ©rie ; - le carottage de l’anneau avec le repositionnement de la partie carottĂ©e dans son logement, soudure laser en deux ou trois points et polissage, la taille du carottage dĂ©pendant de l’alliage, de la largeur et de l’épaisseur de l’anneau, afin d’obtenir un point de rupture de l’anneau Ă  la traction Ă  moins de 350 N. Sur ces deux procĂ©dĂ©s, seul le second s’est avĂ©rĂ© efficace, une fois bien calibrĂ©, pour garantir une ouverture Ă  100 % en deçà du seuil de blessure grave.

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MalgrĂ© une tentative de commercialisation de ce procĂ©dĂ© par un fabricant d’alliance, le produit a Ă©tĂ© retirĂ© de la vente. En effet, pour ĂȘtre efficace, ce procĂ©dĂ© suppose un calibrage du carottage adaptĂ© Ă  chaque modĂšle d’alliance (tests destructifs Ă  la charge du fabricant). Il n’a donc Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© que pour quelques modĂšles de base, ce qui a rendu sa promotion commerciale dĂ©licate par rapport Ă  celles d’autres modĂšles, parfois plus onĂ©reux, mais non « sĂ©curisĂ©s ». Par ailleurs, Ă  l’usage, ces alliances, choisies par des consommateurs particuliĂšrement exposĂ©s aux chocs, pressions, vibrations de toutes sortes ont parfois jouĂ© leur rĂŽle en cĂ©dant Ă  des sollicitations trop violentes. Cette fragilitĂ© est apparue comme une malfaçon pour les clients qui attendaient une prise en charge commerciale de la rĂ©paration, difficile Ă  assumer pour le vendeur dĂ©taillant. IV.3.Avis du CETEHOR Le centre technique de l’horlogerie, auditionnĂ© par la Commission, a apportĂ© quelques prĂ©cisions techniques sur la rĂ©sistance des mĂ©taux prĂ©cieux utilisĂ©s pour la fabrication des bagues et alliances. Ces derniers sont rĂ©alisĂ©s Ă  partir d’alliages dont la teneur en or, argent ou platine pur doit ĂȘtre conforme au titrage lĂ©gal en France (750 milliĂšmes pour l’or et 800 Ă  925 milliĂšmes pour l’argent). Le choix et la proportion des mĂ©taux additionnels (cuivre, iridium, cobalt, rubenium
) nĂ©cessaires Ă  la bonne tenue aux chocs et aux tractions du bijou, sont liĂ©s Ă  l’esthĂ©tique du produit car ils en dĂ©terminent souvent la couleur et la brillance. Mais, dans tous les cas, cette rĂ©sistance est supĂ©rieure Ă  celle du doigt. M. P., directeur technique du CETEHOR, a confirmĂ© qu’il existe, en thĂ©orie, des solutions permettant de mettre en sĂ©curitĂ© des bagues et des alliances sans en altĂ©rer l’esthĂ©tique et le confort : - lors de la fonte des « tubes » servant Ă  la fabrication des alliances, par utilisation d’un alliage Ă  forte proportion de cuivre ou d’étain sur une partie du tube ; - par sciage transversal de l’alliance ou de la bague puis soudure en mĂ©tal tendre, le rĂ©sultat esthĂ©tique n’étant cependant pas toujours garanti ; - par sciage partiel des anneaux sur leur face interne. Deux sciages seraient nĂ©cessaires pour Ă©viter que la sĂ©paration de l’anneau ne cause malgrĂ© tout une blessure (cf. proposition des Dr BIANCHI et VARELA). Cette solution apparaĂźt comme la plus rationnelle et la plus simple Ă  rĂ©aliser, mĂȘme sur des alliances dĂ©jĂ  vendues. Elle supposerait d’étudier au cas par cas l’épaisseur de la section rĂ©siduelle Ă  laisser en fonction de la forme de la bague et de l’alliage utilisĂ© ; - par enlĂšvement de matiĂšre, gravures sur la face interne des anneaux, afin d’en diminuer l’épaisseur de façon invisible ; - par la mise au point de systĂšmes de fermeture et de verrouillage d’anneaux ouverts, Ă©lĂ©ments constituant en eux-mĂȘmes un Ă©lĂ©ment dĂ©coratif de l’ouvrage. La mise en oeuvre de ces solutions sur un plan industriel et commercial semble en revanche plus difficile. Dans tous les cas, ces interventions renchĂ©riraient le prix du bijou et supposeraient une rĂ©flexion marketing approfondie pour que ces derniers soient acceptĂ©s par les distributeurs. V. La prĂ©vention des comportements Ă  risque Compte tenu de la variĂ©tĂ© des situations Ă  risques et de la relative exposition des mains aux accidents de tout type (brĂ»lures, coupures, Ă©crasement, arrachements
), la prĂ©vention des accidents de la main s’avĂšre particuliĂšrement complexe et l’on constate que les quelques actions de prĂ©vention mises en Ɠuvre, accordent une place relativement peu importante au danger potentiel du port de bagues et d’alliances. Les documents les plus explicites sur ce risque concernent les accidents du travail. L’Institut National de Recherche et de SĂ©curitĂ© pour la prĂ©vention des accidents du travail et des maladies professionnelles a ainsi Ă©ditĂ© l’affiche suivante, mais sa diffusion reste restreinte.

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Dans l’enseignement professionnel, la prĂ©vention des accidents est inscrite dans les programmes des CAP, BEP et baccalaurĂ©ats professionnels, mais il n’y existe aucun chapitre spĂ©cifique sur les accidents de la main, et donc, a fortiori, sur le danger potentiel du port des bagues. Contrairement au monde du travail oĂč l’approche individuelle, ciblĂ©e sur un organe particulier est trĂšs souvent mise en avant (« protĂ©gez votre dos, vos oreilles »), les campagnes nationales de prĂ©vention des accidents de la vie courante se dĂ©veloppent en gĂ©nĂ©ral, soit sous l’angle de l’environnement et du public menacĂ© (brĂ»lure de l’enfant, chute de la personne ĂągĂ©e) soit sous celui du risque (noyade, incendie, sport de montagne, sports de glisse
), de ce fait, aucune d’entre elles n’a jamais mis l’accent sur le thĂšme spĂ©cifique de la protection de la main. Sous cet angle, seules des actions ponctuelles, associant des partenaires locaux, publics et privĂ©s, en direction du grand public et des entreprises ont Ă©tĂ© menĂ©es, en 2003 notamment par l’Association bourguignonne de la main (cf. annexe n° 3) et en 2004 par la FESUM[25], qui a publiĂ©, en collaboration avec la FĂ©dĂ©ration française des sociĂ©tĂ©s d’assurance, une plaquette d’information (cf. annexe n° 4). Le danger potentiel reprĂ©sentĂ© par les bagues y est abordĂ© parmi d’autres, l’accent Ă©tant cependant mis sur les activitĂ©s et machines dangereuses :

SUR LA BASE DE CES DONNEES : ConsidĂ©rant la gravitĂ© des accidents liĂ©s au port de bagues et d’alliances, notamment dans les activitĂ©s de la vie courante ; ConsidĂ©rant l’absence de donnĂ©es synthĂ©tiques sur le nombre d’accidents de la main survenant annuellement en France ; ConsidĂ©rant la diversitĂ© des activitĂ©s dans lesquelles ces accidents peuvent se produire, y compris en dehors des activitĂ©s considĂ©rĂ©es comme dangereuses ; ConsidĂ©rant qu’il n’existe pas de diffĂ©rence de dangerositĂ© avĂ©rĂ©e entre les bijoux de haute joaillerie et les bijoux fantaisie dĂšs lors qu’ils sont constituĂ©s d’un anneau mĂ©tallique fermĂ© ;

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ConsidĂ©rant qu’il existe, mĂȘme s’ils restent Ă  perfectionner, des moyens techniques de mise en sĂ©curitĂ© de ces anneaux sans altĂ©rer outre mesure l’esthĂ©tique et la valeur symbolique de certaines bagues et anneaux ; ConsidĂ©rant la nĂ©cessitĂ© de renforcer la prĂ©vention des risques inhĂ©rents au port des bagues et des alliances sur le lieu de travail, dans les Ă©tablissements scolaires et lors de la pratique des activitĂ©s sportives ou de loisirs ; ConsidĂ©rant que consommateur doit ĂȘtre informĂ© du danger potentiel reprĂ©sentĂ© par le port de bagues et d’alliances dans le cadre des activitĂ©s de la vie courante ; EMET L’AVIS SUIVANT : La Commission de la sĂ©curitĂ© des consommateurs recommande : Aux pouvoirs publics - de mettre en place un recueil national synthĂ©tique des accidents de la main rĂ©pertoriĂ©s par les diffĂ©rentes structures prenant en charge les victimes, sur la base d’indicateurs homogĂšnes permettant de quantifier et de qualifier les diffĂ©rents types d’accidents et leurs circonstances ; - dans le secteur de l’enseignement, de recommander aux chefs d’établissements : - dans le premier et le second degrĂ© de l’enseignement gĂ©nĂ©ral et professionnel, d’inscrire dans le rĂšglement intĂ©rieur de leur Ă©tablissement l’interdiction du port de bijoux de doigt durant l’ensemble des activitĂ©s, scolaires ou pĂ©riscolaires qui s’y dĂ©roulent ; - Ă  tous les niveaux, de sensibiliser les Ă©lĂšves Ă  la prĂ©vention des accidents de la main, et notamment ceux liĂ©s au port de bagues et d’alliances, tant sur leur futur lieu de travail que lors des activitĂ©s de la vie courante ; Aux fĂ©dĂ©rations sportives et Ă  l’ensemble des acteurs publics et privĂ©s proposant des activitĂ©s et manifestations Ă  caractĂšre sportif - d’interdire expressĂ©ment le port de bagues et d’alliances lors de la pratique des activitĂ©s sportives qu’ils ont pour mission d’encadrer et d’organiser ; Aux professionnels du secteur de la bijouterie joaillerie et de la bijouterie fantaisie - de mener une rĂ©flexion visant Ă  intĂ©grer la prĂ©vention du risque inhĂ©rent au port de bagues et d’alliances dans la conception et la fabrication de leurs produits en s’appuyant notamment sur les compĂ©tences du CETEHOR ; - d’informer les consommateurs du danger potentiel du port des bijoux de doigt et de proposer, Ă  l’attention des porteurs de bagues et alliances, des prestations de mise en sĂ©curitĂ© simples et rapides, entrant dans le cadre des interventions communĂ©ment rĂ©alisĂ©es en boutique telles que mise Ă  la taille, la gravure etc.,
 Aux fabricants, distributeurs et loueurs de matĂ©riels de bricolage, de jardinage et d’équipements sportifs - d’informer les consommateurs du danger potentiel du port de bagues et d’alliances dans leurs notices d’utilisation ou leurs contrats de location, par affichage ou mise Ă  disposition de fiches pratiques ; Aux organismes publics et privĂ©s ayant une mission de prĂ©vention des accidents Dans le cadre du travail : - de sensibiliser les chefs d’entreprises et les salariĂ©s, notamment des secteurs industriels du bĂątiment, de la logistique et des transports au danger potentiel du port de bagues et d’alliances non seulement lors de l’usage de machines fixes ou portatives communĂ©ment considĂ©rĂ©es comme dangereuses, mais aussi lors des opĂ©rations de manutention d’objets lourds ;

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Dans le cadre de la vie courante : - d’étudier la possibilitĂ© d’insĂ©rer dans le plan national de sensibilisation et de prĂ©vention des accidents de la vie courante une information sur les accidents de la main et les risques inhĂ©rents au port de bagues et d’alliances ; - Ă  plus long terme de mettre en place au niveau national une campagne spĂ©cifique d’information et de prĂ©vention sur les accidents de la main dans les activitĂ©s de la vie courante, en insistant sur leur caractĂšre traumatisant, sur les facteurs vulnĂ©rants – notamment le port de bagues et d’alliances – et sur la variĂ©tĂ© des situations dans lesquelles ceux-ci se produisent. Aux consommateurs - d’îter toute bague et alliance Ă  l’occasion des activitĂ©s oĂč le risque de blessure est particuliĂšrement Ă©levĂ© : activitĂ©s de bricolage, de jardinage, de manipulation d’objets lourds et d’activitĂ©s sportives pratiquĂ©es Ă  titre individuel ou collectif ; - de proscrire le port de bijoux aux doigts les plus sollicitĂ©s lors des activitĂ©s de prĂ©hension : pouce, index et majeur ; - d’interdire, en toutes circonstances le port de bagues fermĂ©es aux enfants et adolescents en les informant du danger potentiel encouru ; - de faire ajuster leurs bagues et alliances en fonction de l'Ă©volution de leur morphologie, de façon Ă  pouvoir aisĂ©ment les retirer en cas de nĂ©cessitĂ©.

ADOPTE AU COURS DE LA SEANCE DU 15 DECEMBRE 2005 SUR LE RAPPORT DE MADAME LYDIA LE GALLO

assistĂ©e de Madame Muriel GRISOT, ConseillĂšre Technique de la Commission, conformĂ©ment Ă  l’article R.224-4 du Code de la Consommation.

_________________________ Annexe n° 1

Dureté et résistance des différents alliages et métaux (source CETEHOR)I- dureté

II – RĂ©sistanceLes valeurs de rĂ©sistance des bijoux sont variables en fonction de l’état du produit (recuit ou Ă©croui[26]) et de la nature de l’alliage. Ci-dessous, voici les valeurs de rĂ©sistance Ă  la rupture pour diffĂ©rents mĂ©taux dans leur Ă©tat le plus adouci[27]. Le travail du mĂ©tal peut dans certains cas doubler ces valeurs, qui sont exprimĂ©es en Mpa ou N/mmÂČ[28] :

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Annexe n° 2Résultats des essais de traction à vitesse lente et rapide

I – Vitesse lente

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II – Vitesse rapide

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Annexe n° 3Article ABM

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Annexe n° 4 Dépliant FESUM

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