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 L'ÊTRE DU FINI DANS L'INFINI SELON L' « ÉTHIQUE » DE SPINOZA Author(s): Bernard Rousset Reviewed work(s): Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 176, No. 2, DESCARTES SPINOZA (AVRIL-JUIN 1986), pp. 223-247 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41094033  . Accessed: 29/11/2011 22:59 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at  . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to  Revue Philosophique de la France et de l'Étranger. http://www.jstor.org

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L'ÊTRE DU FINI DANS L'INFINI SELON L' « ÉTHIQUE » DE SPINOZA

Author(s): Bernard RoussetReviewed work(s):Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 176, No. 2, DESCARTES SPINOZA(AVRIL-JUIN 1986), pp. 223-247Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41094033 .

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L'ÊTRE DU FINI DANS L'INFINISELON V « ÉTHIQUE » DE SPINOZA

Depuis près de vingt-cinq ns, le renouveau des études spi-nozistesnous a le plus souventpermisde mieux comprendre a

philosophieexposée dans l'Ethique,d'en mieux saisir le sens etl'originalité,d'en mieux apprécier la cohérence et la justesse,notamment ans les domaines de l'anthropologie, e la morale etde la politique, qui nous touchent de plus près : après le tempsdes anathèmes,moins lointain qu'il ne semble, 'âge des réfuta-tions faciles, invoquant d'innombrablescontradictions nternes,s'éloigne pour ouvrirpeu à peu le champ de la véritable ecture,avec néanmoinsdes pointsd'interrogationencorefaut-il n effetsavoir comment ireYEthique, e quel pointde vue ou avec quelleclé la déchiffrer,i on veut se donnerdes chances, sinon d'être

spinoziste,du moins de comprendree spinozismedans ce qu'ila voulu dire : il est probable que cette question nous concernetous, pas seulementpour notre savoir de l'histoire de la philo-sophie,mais pour notre sciencephilosophique t finalement ournotrevie, qui est plus essentielle ourun philosophe ue l'histoirede la philosophie. es insuffisanceses étudespassées s'expliquentpar l'adoptionde deuxméthodes xtrinsèques 'analysedes textes,ces deux démarchespouvant d'ailleurs se trouver réunies dansun même effort xégétique tantôt l'historien bordait YEthiqueavec les questions, es conceptset les évidences du cartésianisme

(quand ce n'étaitpas ceux du hégélianisme), ourrefusere contenuet dénoncer 'obscuritédu spinozisme, antôt l cherchait l'expli-quer, pour l'y ramener, ar ses sources dans les thèmesreligieuxtraditionnels, ont la quête philosophiquede Spinoza est certesRevuephilosophique,° 2/1986

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224 BernardRoussel

l'héritière, aisdont e systèmepinoziste 'estpeut-êtreas lareprise,'ilest vraiqu'il s'agitd'unrationalismeont a moderniténe peutnouséchapper,t surtouti l'on en croit e que Spinozadit ui-mêmeil estévident ue la méthodentrinsèque'analysedes textes es plus élaborés 'impose,mais laquelleet commentest-elle ccessible Les progrèséalisés ans es études pinozistessont-ils éellementuffisants cet égard Telle est la questionfondamentaleue nouspose à juste titre ur un pointessentielGenevièveRodis-Lewis,ue je remercie e m'avoir nvité ce

dialogue, echercheommune e la vérité u spinozismet peut-être echerchearallèle e la vérité hilosophique.Nous savonsdésormaisue l'ontologiepinoziste, traversa

doctrineu conatus,onde es analyses nthropologiques,sycho-logiques t sociales, t des conclusionsratiques,morales t poli-tiques,qui peuventfaire 'objetde discussionsu susciter esobjections,maisdont a clarté t la cohérencenternes e fontplus difficulténous sommesmêmeautorisés penserque laréponse pinozisteu problème u salut,avec la doctrine e laliberté t de la béatitude, e faitpas exception e ce

pointde

vue, dès qu'on la perçoit, ès qu'on acceptede la comprendrecomme neréponse riginale unerechercheraditionnellet dèsqu'on veut bien en reconnaîtree sens proprementpinoziste.Mais a questionemble ubsistere ce qui permet e comprendrevéritablementt pleinement,irectement,ettedoctrineu salut,dontonne peutnierqu'ellesoit 'essentielu spinozisme,e quisituemétaphysiquementt ce qui doitéclairer hilosophiquementtout ce qui la précède,même i l'on doitavouerque toutes esanalyses ntérieuresnt leurconsistance ropre t leurvéritéincontestableen

effet,ans la

cinquième artiede

l'Ethique àla différenceeut-êtreu Court raité,mais e laisse ci de côtécettequestion pineuse),e passagede la déductiononstruisantla liberté la déduction éfinissanta béatitude e faitpar ladoubledéduction e l'éternité e l'esprit ini t de l'amour ntel-lectuelde Dieu,doubledéductionui repose ur 'affirmationel'insertionenotre sprit ans 'idée nfiniee Dieu,puisdenotreamour ntellectuelini ourDieu dans l'amourntellectuelnfinide Dieu, c'est-à-diren définitiveurl'affirmatione l'insertiondenotre ntendementini ans 'entendementnfiniu,au niveaude

l'entendement,u fini ans 'infini or

cette ffirmation,i elleest bien une conséquenceogiquedes démonstrationse la pre-mière artie ce dont l nousfaudra oujours oussouvenir), elaissepas d'apparaîtrebscure,urtout eut-êtreansla mesure

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L'êtredu finidans l'infini 225

où elleestprésentéeomme ne donnée enotre xpérience«sen-timusxperimurqueenV,23 Se. à propos e l'éternité), ais outsimplementarce ue,d'unemanièreénérale,propos e 'éternitéet de l'amour ntellectuel,omme éjà dans la premièreartie,la naturede cette nsertion,a relation xacte entre e fini tl'infiniou entre 'infini t le fini, e que nousverrons evenirau même,maisfait ncoreciproblème)e semble as réellementexplicitée.

Ainsi,equidevait onstituerepoint evueou a clénécessaire

pouruneméthode 'analysentrinsèquet éclairer ar là rétro-spectivementout e systèmet toutes es thèses, pparaîtpara-doxalementrivé e cette umièreropre,ont pinozafait epen-dant a caractéristiqueu vrai « De même ue la lumière évoileelle-mêmet les ténèbres,e même a vérité st la norme 'elle-même tdufaux , I, 43Se.) : nousnepouvons onc uereprendrela métaphoreu « point veugle proposée arGeneviève odis-Lewis, uitte la corrigernprécisantue sur a rétinee pointaveugle stce qui permet tout 'œil devoir ansvoir ui-même,alors

quedans e

spinozismea relationntree fini t l'infinist

ce qui rendtoutvisible anspeut-êtretrevisible ui-même.tcettemétaphoreu « point veugle ,si elle ocalise iennosdiffi-cultés,n'estpeut-êtreas pertinenteeulement proposde larelationntre 'entendementini t l'entendementnfini étantdonné u'elleconcerne'undesaspectsde la relationntree finietl'infini,a métaphorestvalablepour a relationntreesmodesfinist lesmodesnfinisngénéral t aussipour oute a relationentre e fini t l'infini,'est-à-direa substance t ses attributs,doncd'unemanière n ne peutplusuniverselleans le système

pour a relationubstance-attributs-modesnfinist finis, bjet,on le sait,au moinsdepuisHegel,de longuesméditationst derudescommentaires,ui ontnécessairementisen cause touteYEthique ès sa premièreigne.

Au fait,quellelumière ousmanque Nous pourrionsire,avecFerdinand lquié Le rationalismeeSpinoza),que nousneparvenonsas à « comprendreparceque nousn'avonspas,nous

neréussissonsas à avoir1 « expérienceinvoquée arSpinoza.Gelane sauraitnousconvaincre,ar c'estignorer,vec l'essencemêmedu rationalismee Spinoza, a caractéristiquentellectuellede l'expérienceont l fait état : « Nousn'en avonspas moins

RP 8

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226 Bernard Roussel

le sentiment t l'expérience ue nous sommes ternels.Car l'espritne sentpas moins ces chosesqu'il conçoit par un acte de l'enten-dement,que celles qu'il conservedans sa mémoire.En effet,esyeux de l'esprit, grâce auxquels il voit et observe les choses, cesont les démonstrations lles-mêmes (V, 23 Se.) ; « Les chosesinvisibles, ui ne sont objets que du seul esprit,ne peuventêtrevues par d'autresyeuxque par l'intermédiaire e démonstrationsdoncceux qui ne possèdentpas celles-cine voient riendu toutdeces choses» (TTP, XIII, PI. 856) : il s'agit doncincontestablement

d'une autre expérienceque celle que nous voyons ici récusée,etnous aurons précisément nous en expliquer en tout état decause, le simplefaitque je n'aie pas une expériencen'établitnul-lementque quelqu'unne l'ait pas, qu'on ne puisse l'avoir, qu'ellesoit impossible, urtouts'il s'agit bien et s'il ne peut s'agir qued'une expérienceà laquelle on ne pense pas spontanément u àlaquelle on refusespontanément e penser.

Mais, pour déterminerustementquelle expériencenous pou-vons ici légitimementnvoquer (ou récuser), il faut en définirexactement 'objet : c'est, nous le savons, la relationentre e finiet l'infuii, elation dont nous présumons isémentce qu'elle doitêtre à partirde ce à quoi nous faitpenser a lecture de YEthique,notamment e ses dernières ages. Résuméesommairement,'argu-mentation st simple :

A) Selon la démarchedéductivement onstruitedans la cin-quième partiede YEthiqueet préfiguréeans le Traitéde la réformede l'entendement),

a) le salut accomplissant a liberté, vec son éternité t dans sa

béatitude,a

pourlieu et contenuune

connaissance,celle dutroisièmegenre,accompagnée d'un amour, l'intellectuel, uisont la connaissanceet l'amour de l'infinipar et dans le fini,de telle sorteque le salut apparaît être de l'ordre de la com-préhension e l'infini ar le fini t, par conséquent,de la com-préhension ar le fini e sa relation vec l'infini

b) un tel salut trouve e fondement e sa possibilitédans le faitque le fini est ontologiquement ne partie de l'infini,nonseulementparce que le fini peut ainsi en tant que partieconnaître t aimer 'infini n tant que tout,mais aussi et peut-être surtoutselon la

déductionparce que le finien tant queconnaissant t aimantest partiede l'infini n tantque connais-santet aimant,de tellesorte ue le salutapparaîtêtrede l'ordrede la participation u fini l'infini t, par conséquent, ue la

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L'êtredu finidans Vinfini 227

relationdu fini l'infini pparaîtêtreune relationbien connuedans l'histoire e la métaphysique t de la théologie, a relationde participation

c) le salut apparaît donc être finalement e l'ordre de la « com-préhension articipative,notion ontnousdevonsbienadmettrequ'elle n'est, dans notre expérienceou dans nos concepts,ni évidente,ni mêmeclaire,donc trèséclairantepour tout cequi nous préoccupe ci.

BÌ Or,s'il est vrai que « lesyeuxde l'esprit, e sont es démons-trations elles-mêmes , la déduction avancée dans la premièrepartie de l'Ethique (et préfigurée ans le Courttraité)doit nouspermettre 'élucider etteparticipation t la compréhensionu'ellefonde,dans la mesureoù, avec la mise en place des attributs,puis des modes infinis ui en suivent immédiatement u qui ensuiventpar l'intermédiairee ceux qui en suivent mmédiatement,et avec l'introductioneschoses ingulières inies,lleexpose a rela-tionentre 'infini t le fini t définit insi les médiations ssurant e

passagede Dieu aux choses

produitesparDieu : c'est là

quenous

devrions et que nous devronsbien) trouver a lumièrequi nousmanque encore. Mais, pour l'instant, dans l'immédiatetéde la

questionposée, la trouvons-nous,ette lumièrequi serait l'éclair-cissement adical et définitif Nous pouvons encoreen douter :commeon l'a souventrelevé, u moinsdepuisHegel,s'il y a déduc-tion de l'existencenécessaired'attributset de modes infinis, l

n'y a pas déduction onstructive es attributs t des modes nfinis

(immédiatsou non), qui ne sont même pas désignés et encoremoinsdéfinisdans la première artie,et surtout l n'y a aucune

déductiondes choses singulières inies en toute rigueur,nous ne

trouvonspas dans l'ontologiedu débutde l'Ethique es médiationsentre 'infini t le fini ui seraient ndispensables ourcomprendreet expérimenteru moyende démonstrationsa participationdufini l'infini ui nous apparaissaitêtre a clé de sa fin.

Mais devons-nouschercherde telles médiationsdans l'onto-

logie de la premièrepartie de l'Ethiqueet pouvons-nous voir à

l'espritune telle représentationraditionnelle e la participationen lisant a doctrinedu salut de sa dernière artie? Je ne le crois

pas et je pense qu'il suffit, our s'en convaincre,d'être suffisam-

ment attentif u contenude deux propositions ui sont, à mesyeux, es éléments 'unecompréhensionuthentiquedu spinozisme,au moinsen ce qui concernenotreproblème, ui est sans doutetout le problème

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228 Bernard Roussel

1) La propositionV, 42, qui est le point d'aboutissementdeYEthique, a conclusion,à la lumièrede laquelle elle doit toutentière être lue, pose que notrebéatitude se trouve dans notreêtre actif,développement déquat de notre être intrinsèque

2) La proposition ,28, qui abordedirectement otrequestionde l'être du fini,pose que le fini, n tant que tel, ne s'expliqueque par sa détermination ar du finidans l'enchaînement nfinides déterminations u fini.

Quels enseignements irerde ces deux propositions, es plusproprement,es plus originalementpinozistespeut-êtrede touteYEthique

A) En premierieu, la libération,a liberté, e salut, avec leursqualitésimmanentes ue sont a nécessité ternelle t la béatitude,ne sont pas les suites d'une « compréhension articipative del'être,d'une compréhensionui instaurerait ne participationdel'être fini l'être infini ce sont les propriétésnternesde l'êtreactifréalisé dans une partie finiede l'être par sa compréhensionde l'être,qui est l'être infinidont il se sait être une

partiefinie,

compréhension e. l'être qui est la conséquence ntrinsèquede lacompréhensionarl'êtrefini e sonpropre tre. Pour saisir 'impor-tance et l'originalité e cette thèse, l convientde bien percevoirla distinction ntre« participer et « êtrepartiede », distinctionqui détache le spinozismedes philosophiestraditionnelles e laparticipation t qui l'oppose notamment la doctrine ontempo-rainede Geulincx,d'une manière ui acquiertsa nettetédéfinitivedans les dernières ages écritespar Spinoza, ainsi que j'ai essayéde le montrer illeurs plus longuement La perspective inalede

/'Ethiqueet le

problèmee la cohérence u

spinozisme, re partie,chap. 1, § 2 ; 2e partie,chap. 2, § 3 ; Conclusions) pournous enconvaincre, l suffitci de constaterque, dans YEthique, pinozarefuseexpressément e définir 'amour (dont la vraie natureestessentielle ans la définition e la béatitude)comme l l'avait faitauparavant par la volonté ou le désir d'union avec l'objet (III,App. 6) : aimer,ce n'est pas participer, 'est être,principalementlorsqu'il 'agit de cet amourde son êtrequ'est l'amour ntellectuel.

Dans cette béatitude, tout est intrinsèque c'est pourquoila doctrinede l'amour intellectuel ait aisément 'économiede la

problématiquede

l'extériorité ui sous-tendait outes les analysesde l'amour en général, usques et y compriscelle de l'amour deDieu déduitdans la premièremoitié de la cinquièmepartie c'estaussi pourquoi cette doctrinede l'amour intellectuel e se heurte

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L'êtredu finidans l'infini 229

pas aux difficultése la réciprocitéans 'amour e Dieu,n'a pasà rejetera possibilité 'une telleréciprocitét n'a doncpas ànousdélivrer es tourmentsésde la recherche,e l'absence ude la non-possessionxclusive 'un tel amourréciproque,maispeut tranquillementffirmer'identitée cet amour ourDieu etde cet amour n Dieu enfin,n comprendu'iln'yaitplusalorsde subordinatione l'êtrefini de l'êtrefini xtrinsèque,e quiest e sens pinozistee l'absence e « relation vec l'existenceucorps (V,40,Se.) ou,selon 'énoncé lus uccincttplushabituel

servant nquelque orte e titre nnonçante quiva être xposé,de l'absence e « relationvecle corps (V,20Se), même 'il estvrai que le développemente cette déterminationntrinsèquequ'est a béatitude st fonction u développementes aptitudesactives ucorpsV,39) : eneffet,ans onexistenceinie,e corpsest l'insertion anifestee l'êtrefinidans l'enchaînementnfinides déterminationsxtrinsèquesII, passim),alors que noussommesci en présence e l'espritdans la connaissanceu'il adeson tre n tant u'être,ommetre ini ansdoute,mais omme

être,trede

l'être,'est-à-diren

présencee « l'idéede

l'esprit,

de « l'idéede l'idée»,de « la forme e l'idée»,« commemodedupenser,ansrelationvec l'objet», ainsiqu'il a déjà été dit (II,21 Se).

B) Principalelé de la doctrinepinozistee la béatitudeavecles conceptionsonjointes e la connaissanceensée omme cti-vité,de l'amourdéfini omme tre,du bienposécommemma-nent t de la vertu ntendueomme gir), etteréductione lamétaphysiqueraditionnelleu « participer à une ontologie

nouvelle e 1' « êtrepartiede»nousamène

ans douteet nousobligepeut-être mieux omprendre,n second ieu, a relationentree fini t l'infini,ellequ'elleestprésenten faitdanstoutela premièreartiede YEthiquet tellequ'elleest expressémentexposéedanssa proposition8 :

a) Dans leurêtrefini,es choses ingulièresmême i ellesserévélerontapablesd'acquérir es déterminationsntrinsèquestd'en jouir) sont les produits elatifs e déterminationsxtrin-sèques,un corps tantpar exempleproduit ar des corps,uneidée par des idées, elon 'enchaînementnfini e leursdétermi-

nations,nitialementxtrinsèquest éventuellementntrinsèquesc'esten cela que ce ne sontque desmodesfinis,mais c'est aussipour ela que ce sontdeseffetse déterminationsnfiniest queleur tre stunepartie e l'être nfiniil convient e relever ès

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230 Bernard Roussel

maintenantue l'êtrefini, n tantque tel,n'estpas le résultatde Tètrenfini, aisde sesdéterminationsnfiniesquitte revenirensuite ur a valeur xacte de cette mage,nous sommes ci auniveau d'unecausalité horizontale, dont nous devonsretenirqu'elle est réelle,mais modaleet non substantielle,uisqu'elleest le contrairee l'aséité.

b) Ces déterminationsnfinies e l'être nfini onstituentesmodes,nfinis t éternels,modauxdansla mesure ù il ne s'agitpas de la substancemême e l'être,maisde sesmanièrese sub-

sister,mmédiats ans la mesuremême ù ce sontsesmodalités(infinies)'existencentérieureslogiquement)toutes esautresmodalités, ans précisémentu'elles puissent tre déduites uconstruitespartir 'autresmodalitéscesont emouvementt ereposdans l'ordre e l'étendue t l'entendementans l'ordre ela penséeou, plus exactement,i l'on écartetoutesubstantiali-sation,es ois dumouvementt durepos noncéesommairementdans a deuxième artie e YEthiquet les loisde l'enchaînementdes dées tdesaffectsxposées lus onguementans a deuxièmeet la troisièmeartie.Notons-le,e ne sontpas là desêtres,maisdes modesde l'être, ui fontdoncpartiede la Naturenaturée,malgré selonnos préjugés)eur nfinité t leuréternité ils nesontpas posésà partir e l'être travers ne ou desmédiations,comme e serait n être ngendréarun autre tre,mais ls sontexposés ans médiation écessaire i mêmepossible omme esmanières'être e l'être ilsse sontpas plusprésentésomme esêtres nfinisngendranttravers ne ou desmédiationses êtresfinis,ar ce ne sontpas à proprementarler eschoses roduisantdes choses,mais,commee précise xcellemmente Traité e la

réformee l'entendement

101)à

proposdes chosesfixes t éter-

nelles,es « lois» (souligné armoi)de la productiones choses,qui nesontbien, ntantque simplesmodesfinis,ue lesconcré-tionsnonsubstantielleses relationsu'ellessont,en tantquesimplesmodes nfinis. es modes nfinismmédiats,n effet, esontpas des chosesservantde médiationntredes choses ouayantbesoinde médiationsour ortir 'unechoseou pourpro-duiredeschoses,maisdes lois deschoses ntantque loisde leurêtre c'est en ce sensque leur nfinitét leuréternitéontbiendistinctes e la finitudet de la duréedes êtres inguliers, aisc'estaussi en ce sens

qu'ellesont nmême

empseurvérité

tqu'il peutdoncy avoiruneéternitée ce qui dureet progresse,comme'équationst a constante'un hangementu,pour evenirà ce qui nous préoccupe,ommenotreconscience ositivede

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L'être du finidans Vinfini 231

notreêtrepositif actifou intrinsèque) eut être a consciencequiprogressede Tètre positifde notre existencedans la durée, cetêtre vrai de notreduréen'ayant pas d'existencehorsde la durée,mais possédant son être vrai indépendammentdes limites denotre durée (cf. La perspective inale de /'Ethique, lre partie,chap. 3).

c) Ces précisionsdevraientsuffire our que soit élucidée larelation ntre e fini t l'infini, ans la mesure ù elle faitproblèmeet trouve a solution u niveau des modesou de la Naturenaturée

mais il n'est sans doute pas inutile d'approfondire sens et laportéede cettepenséede l'être,ne serait-ce ue pourdonnerplusde force ma conclusion, n portantnotre ttention urle rapportentre cette Nature naturée (les modes infinisou les lois et lesmodes finisou les choses singulières) t la Nature naturante lasubstance et ses attributs) ainsi que nous venonsde le constater,les modes infinis avec leurs concrétionsdans les modes finis)ne sontpas introduits t posés dans leursessencespropres partird'une analysede l'essencedes attributspar le biais de médiationsdéductivesou

constructives,t c'est bien en cela

qu'ilssont véri-

tablementmmédiats, ar les lois infinies e l'être nfini n chacunde ses ordresd'existencene sontpas des conséquences ogiquesdela nature de ces ordresd'existence,mais les modalitésde leurêtreet de leurexistence, e leurmanifestationt de leurconcrétisation.En effet, es attributsne sont pas des choses particulières uiseraientdistinctes, 'un côté,de ces chosesque seraient es modes,et, de l'autre côté,de cette chose qui serait a substance ce sontles ordresd'existencede l'être nfini t unique qu'est la substance,avec ces lois éternellesde détermination e son existence nfinie

dans les choses finies ue sont les modes infinis c'estd'ailleurs

bien en ce sens qu'il faut comprendre a comparaisonfaite parSpinoza dans la Lettre X à Simonde Vriesentre a diversitédesattributsde la substanceet la diversité es noms« d'une seule etmême chose », cette diversitéde noms ne devant pas être inter-

prétée dans un sens purementnominaliste,mais indiquant ladiversitéde ses ordresd'existencequi faitpar exempleque celui

qui existe en tant que patriarche Israël) existeaussi et autrementen tant que personne yant saisi le talon de son frèreJacob) siune telle distinction st bien relative à l'entendement, e n'est

pas parce qu'elle serait relative à notre entendement ubjectif,mais parce qu'elle se rapporte ce qui peut et doit êtreentendu(conçu)de l'êtreou de la substance elon a spécificité e ses ordresd'existence.

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232 Bernard Roussel

d) Dès ors,l n'estprobablementasutile 'insisteronguementsur e fait ue,dans e spinozisme,esattributs esontpasmédia-tement éduits u construits partir e la substance,ars'il estonnepeutplus ogique e poser ue l'êtrenfini oitexister ansune nfinité 'ordres 'existence,l ne peutêtrequestion e fairesortir eux-cide celui-là, omme n pourraittretentéde voirdes choses ubstantiellementistinctesortir 'une chose ubstan-tiellementistincte.

En résumé,elon 'ontologiee la premièreartie e YEthique,l'êtrenfininique, ans 'infinitée sesordresnfinis'existence,est, elon esmodalitésnfiniesesdéterminationsesonexistence,dans esmodalités iniese sonêtre uisont esconcrétions,xtrin-sèquement éterminées, ais capablesde déterminationsntrin-sèques, e cesmodalitésnfiniese détermination.ans cetédificeimpressionnant,l n'y a pas de médiation trouver,arcequ'iln'ya pasdemédiation chercheriln'ya pasdemédiation,arceque les rapports es termes e sontpas des rapportsntredesêtres,mais es relations ans 'être ntre 'être, es ordres 'exis-tenceet les modalités e son existence,es lois infiniest leurconcrétionans le fini c'est précisémentela que signifientaposition 'une ubstance neetunique, n même emps u'infinie,la réduction es substances artésiennesétendue t pensée)àl'êtreattributif,a réduction es individualitésubstantiellesl'êtremodal tla promotiones oisdela nature u rangde modeséternelsc'est aussicela qui faitque l'êtredu finidansl'infini,danssonêtre éel, ositift actif, 'estpas un« participer,maisun « êtrepartiede ».

Mais cetteprésentatione l'ontologiee YEthique 'enest-elle

pasune

simplificationbusive, ui ignore otamment'existencede ce que l'usage appelé modenfinimédiat etqui estsimple-ment éfini arSpinoza ommee qui« suitde la naturebsolued'un attribut e Dieu,nonplus« immédiatement, mais« parl'intermédiairemediante) 'unemodificationui suitde sa natureabsolue (I, 23 cf. , 22) ? Ici, espinozismeemble ien 'engagerdansunemétaphysiquee la médiation. n sait les difficultéstles controversesuscitées ar cettedoctrinecf. La perspectivefinalee/'Ethique,5-8), pinoza econtentantedésignerequ'ilentendar àuniquementansuneLettreardiveLXIV à Schuller),

quireprendne

suggestione soncorrespondantLettreXlll deSchuller) aisanttatdela « figureetout 'universparréférenceà la descriptione « toute a nature conçue omme un seulindividudansuntexte eYEthiqueuineparlepas expressément

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L'être du finidans Vinfini 233

d'un tel typede modes II, Lemme7 après Prop. 13) : je croisavoirdémontré,ans 'ouvrageité, uecette aciès totius niversiestbienunmode nfinimédiat t qu'elleest même e mode nfinimédiatuniquede la substance ans tous ses attributs,e l'êtredans tous sesordres 'existence,uiconstituentun seuletmêmeordre u une seuleet même onnexiones causes» (II, 7 Se.) ; ils'agit, nfait, e la constance e tout 'universonstituée toutessesparties ui sontvariables,elon e jeu desloiséternellese laNature.Cela devrait uffireournousamener reconnaîtreuelemode nfinimédiat 'estriend'autre u'unrésultat,tnonuneinstance, ans la déterminatione l'être c'est en ce sensquec'estun mode nfini édiat tseulement édiat,t c'est ansdoutela raisonpour aquelleSpinozan'éprouve as le besoinde s'enexpliquer lus onguementansYEthiqueil est certes ci expres-sément uestionde médiation,mais ce mode nfinimédiat, 'ilesteffectivementmédié (je pried'excusere néologisme),'estnullementmédiant , comme 'est habituellementn infini arrapportu fini ansunemétaphysiqueela médiationet a fonc-tionmédiatriceesmodesnfinismmédiats

ar rapportu mode

infinimédiatn'estelle-mêmeiend'autreque cettefonction esloisparrapport leursrésultats,ue nous es avonsvu remplirparrapportux modes inisla seuledifférencestquecesrésultatsque sont es modesfinis ont des parties ariables, lorsque cerésultatu'est e mode nfinimédiat st eur out onstant.

Parler inside « résultat à proposd'un infini t récuser nconséquence'évocationesmétaphysiquese la médiationt desphilosophiese la participation,'est-cepas risquer e ne voirdans l'êtrespinozistela substance, ieu ou la Nature)qu'une

simple otalité es choses ingulières,u'unesomme e sespartiesfinies Cette uestion énéralest mportante,uisqu'elle oncernetoute a relation u fini vec 'infini,vec une mise n causede laréalité e cet nfinitdu sensde son nterventionans e système,etqu'elle ncluta question articulièree l'être enotre ntende-mentfinidans l'entendementnfini.Mais nous ne devonspashésiter le dire « Dieu estformé e la totalité e tout e quiest»(CT, II, 24, § 3) ; « La puissance e la Nature st la puissancemême e Dieu...La puissance niversellee toute a Naturen'estrien ndehors e la puissance e tous es ndividusris nsemble

(TTP, XVI, PI. 881) nous devons eulementviterd'entendrecette otalité ommea simple ddition 'élémentsuxtaposés,etout tant récisémenta liaison éciproqueespartiesLettreXIIà Oldenburg)t les partiesn'ayantpas de réalité ubstantielle,

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234 Bernard Roussel

« atomique » ou « monadique », propre (cf. LettreLXXX1 àTschirnhaus) ainsi, « notreesprit,en tant qu'il entend,est unmodeéterneldu penserqui estdéterminéar un autremode éterneldu penser,et celui-ci à son tourpar un autre,et ainsi à Vinfini,de telle sorteque tous ensemble onstituent'entendement ternelet infinide Dieu » [Elh., V, 40 Se, soulignépar moi) la totalitén'est pas une simpleaddition,parce que le rapportn'est pas celuide la juxtaposition,mais celui de la détermination,'est-à-dire arelationréelle définiepar les lois qui sont les modes d'existence

de l'être.Pour décrire a relation existant entre les choses singulières

finies,nous avons été spontanément menés à employer 'imaged'unecausalité«horizontale si ce que je viens de direde la totalitéet de ce qui la constituedans son unitéest vrai, e croisqu'il fautoser dire que, dans le spinozisme, 'unité de l'être est aussi uneunité « horizontale ». Pour le distinguerde l'enchaînementdesmodesfinis ntreeux,nous sommes ans doute tentésde présenterle rattachement u fini l'infini ommeune liaison « verticale»,mais c'est là une erreur l'être du finidans l'infini 'est

pas«per-pendiculaire à l'êtredu fini vec le fini, ar ces deux « êtres» (s'il

est permisde parlerainsi) forment ne seule et même chose. Onobjecteraque nous n'avons pu constater ette « horizontalité etcette identitéqu'à propos de la relation entreles modes finis tleursmodes infinis,mais que nous ne sommespas autorisésà lesaffirmeru sujet de leurrelation vec l'être nfini,a substanceetses attributs cette objectionseraitdéjà une concessiond'impor-tance sur l'êtredu finidans l'infini u niveau des modes ou de laNature naturée mais c'est une objection inacceptable, s'il estvrai

quel'être des modes

infinis, uine sont bien

quedes

modes,est l'être même de l'être infini, 'est-à-direde la substanceelle-même,qui, en tant que Naturenaturante,n'est riend'autre quela consistanceontologique la suffisance t la subsistance)de cequi se réalise dans le finiselon des lois infinies une, unique etinfinie, a substance n'est autre chose que l'être de ses partiesfinies t des lois infinies ui les déterminentt en font 'unité, ansque ces partieset ces lois aientd'êtrepropres ndehors 'elle c'esten cela qu'elle est la Naturenaturanteet qu'elles sont la Naturenaturée.On objectera égalementque l'applicationà la substancede cette

magede Y «

horizontalité de l'êtrenéglige outel'épais-seurintroduite ar la doctrinede la pluralité nfinie es attributs,chacun étant spécifique il y a incontestablement ne épaisseursouventinsoupçonnéede l'être dans le monisme pinoziste mais

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L'êtredu finidans Vinfini 235

le « parallélismen'introduitucunedimension e « verticalitédans a substancemême'il estdifficile'éviter'image e a super-position e plusieurs lansquandon veut décriree parallélisme)parce que le spinozismest précisémentn monisme,arce quela substancest bienune,parceque très xactementl n'ya pasd'actionntrees attributsl'épaisseure 'être, uiestsa richesse,est une épaisseur ans distances, 'impliquantucunedétermi-nationperpendiculaireux déterminationsorizontalesc'estuneépaisseurans aucune ranscendance,ans a transcendancee ce

qui serait u-dessus,ansmême a transcendancee ce qui seraiten deçà.

Monismeanstranscendance,e spinozismeepeutpour utantêtrecomprisomme nmatérialisme,ême i nouspouvons tretentés arunetelle nterprétationansla mesure ù le matéria-lismemoderne'est souvent nspiré t s'est parfois éclamédel'Ethique,t surtout arceque la deuxième artiefait ouerunrôledécisif la théorie escorps t du corpshumain ans 'élabo-ration e la doctrinee l'esprit umain tparceque la cinquième

partieelle-même

nalyse'éternitét le salut en se référant

l'essence u corps t au développemente ses aptitudes ce n'estpas unmatérialisme,ar a pensée st unattributpécifique,vecdes loisqui lui sontpropres our a déterminationt l'enchaîne-ment esesmodes inis, 'unepart, t,d'autre art,notre ternitéestcelledenotresprit ans on ntendementt notrealut onsisteen notre onnaissancee nous-mêmest l'amour ui en résultece n'estd'ailleurs as plusun spiritualisme,'étendue tantelle-même nattributpécifique,vecdes oisqui luisontpropresourla déterminationtl'enchaînemente ses modes inis. n fait, ne

interprétationatérialisteénaturea lettremême u

spinozisme,demême u'unecompréhensionpiritualisteu idéalisten ignorel'esprit éritable le matérialisme,e spiritualismeu l'idéalismepeuvent tredesmonismes, aisqui ne saisissent as l'épaisseurde l'êtremise n avantparla doctrinepinoziste es attributstqui restentn réalité risonniers'uneproblématiqueverticalede l'être ue Spinozaprend oinde refuser,uisqu'ils onserventl'oppositionntre ne« infrastructureet une« superstructurelorsqu'ils osent 'uneen facede l'autre,orsqu'ils ffirment'uneen niant 'autre.

N'étantpas,grâce sa reconnaissancee l'épaisseuréelledel'êtrequ'est la doctrine es attributs,n monismeui réduiraitl'être unseulde sesordres 'existencet qui « aplatirait ainsila Nature nne retenantu'une euledesesdimensions,e monisme

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236 BernardRoussel

spinoziste,arson refus onjoint 'unedimensionverticale del'être erpendiculairesesdéterminationshorizontales,dimen-sionverticale ui verrait ortires attributs e la substance,aNature aturée e aNature aturantet eschoses iniese 'infini,n'est nrien némanatismecontrairementcequenoshabitudesd'historiense la philosophieousamènent croire t à dire, en'estplusunnéo-platonismet ce n'est asencore npost-kantismelapreuve ar 'absurden estquetous eux uiont u dansV thiqueune doctrine e l'émanation nt été condamnés présentera

théorie esdéterminationsxtrinsèquesntrees choses inies1, 8)comme n occcasionnalismecf.G. Huan : Le Dieu de Spinoza,122-123),lors uerien ans 'œuvre eSpinozane nousyautorise,mais uetout u contraire'yoppose, uisqu'ilnsisteur a réalitéet l'importancee l'être ctifde la chosefinie, anssesrapportsavec esautres hoses inies,ans a connaissance,ans onamour,danssa vertu, n contradictionxpressevecGeulincx,e pèredel'occasionnalismecf. es conclusionsonvergentese G. DeleuzeSpinoza et le problème e l'expression). ans doute, YEthique (leCourt raité tant ci volontairementaisséde

côté),avec sa

pré-sentationeductive t sonmoded'argumentation,ui impliquentl'usagedu raisonnementyllogistiquet du jugement rédicatif,nous ncite-tlle à estimerue la vérité e l'être ortde sa défi-nition, ue la réalité e ses déterminationsmanede sa substan-tialité, travers nesuitede médiations,ux fins 'expliquerapossibilitét d'assurera réalisatione la participatione la der-nière onséquenceque nous ommes) sonpremierrincipequeDieu est) mais,dansY thique,'ordre esraisons, ui relèvedel'argumentationéfutativeyantpourobjetde nousrappelerla

rigueurogiqueans a constructione

notre hilosophietquiuse doncnécessairemente la méthodeyllogistiquet de la rela-tionpredicativeourdéfinire que nouspouvons,e que nousnepouvons as etcequenousdevons enser e Dieu,denous-mêmesetde tout e quiest,n'estpasunegénéalogiees êtres il est vraique l'ordre es idéesest le même ue l'ordre es choses,mais lest alorsquestionde la correspondancentre es attributsuniveau ntologique,tnonpas d'une dentité u niveaugénétiqueentre a suitedes propositionsu systèmet une sériedes pro-ductions e l'êtrepartant e la substance ouraller aux modesfinis n

passantparles

attributs t lesmodes nfinisrâce unpremier assagede la substanceux attributsarDieu commenouspouvonse constaterlairementans a deuxième artiedeYEthiquet danscelles ui luisuccèdent, aisdéjà implicitement

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L'êtredu finidans l'infini 237

dans a proposition, 28, améthodeeductiveesert asà établirunedoctrine e la médiation,neontologie e la prédicationuune métaphysiquee la participation, ais une science de laloi,de la relation eschosesfiniesntre lles, t unsavoirde cesrelationsnfiniesntre eschoses iniesu seindel'infini,nsavoirde l'être du finidans l'infini l'argumentationredicativeurl'êtren'estpas la base d'unémanatisme, ais 'instrument'uneanalyse ationnellee l'être, ui est la connaissance e sonêtreentièrementelationnel,ullementrédicatif.

Par le biais d'une démonstrationsantdes procédésogiquestelsqu'ils sont alorsconnusde touset menés elon 'ordre éo-métriqueenupourmodèle e clarté t de rigueur,Ethiqueenddoncà établir ue l'être nfini, anstousses ordres 'existenceet selon ses modescorrespondantse déterminationsue sontles lois de la Nature, st 'êtremême eschoses iniesui sont espartiesproduitesn lui selonces lois,et nonpas engendréespartir e luiselonunesérie u une suite ontinue 'êtres roduitsl'un après 'autre dansYEthique,pinozane parleplus,commedans e Court raité

I, 9),du Fils de Dieu, mais,comme ans a

Réformee entendement,es oisdeschoses, uisont es véritableschoses, ternellest infinies.

*

Gelapeut-il oussatisfaire,i nous confrontonsette éponseà la fois nosexigencesogiques tà nosexigencesthiques C'estla question ébattue epuisongtemps, aisreprise arGenevièveRodis-Lewisvecuneprécisiont uneacuitéqui évitent eureu-

sementes condamnationsropgénéralest les accusations

ropsommairesje crois ue, si l'onpoursuitusqu'auboutceteffortindispensablee compréhension,ous pouvonsnous tenirpoursatisfaits.

En effet,e problèmehilosophiqueui est au cœuret à laracine e toutesnosautresnterrogations,elque le poseSpinozaet telquenousdevons robablementous eposer, st eproblèmede l'être dénomméubstancendépendammente toutprésup-posé métaphysiquet avant toutedescriptionyantvaleurdescience) t, conjointement,e problème e notre trepropre or

l'être,nfini,xiste ntous es ordres 'existencetselon esmoda-litésd'existenceans esparties, iniesle problèmehilosophiquede notre tren'estplus alorsceluide notre ppartenance unordre 'existenceu à untel ordre 'existenceu, ce qui revient

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238 Bernard Roussel

ici au même, eluide notre elation vecquelquechosequi seraitextérieur nousd'une manièreuelconque, travers es média-tions t par la voie d'uneparticipationc'estceluide la réalitéde notre trepropre, n tant qu'être positif,xistantdans saconsistancetgrâce sonactivité c'estdoncceluide la constitu-tiond'uneactiviténtrinsèquen face de (en oppositionveceten liaison vec) ce qui estextrinsèqueanscetenchaînementeschoses inies,ui fait uenousne sommesouvent ien u presqueriende manière ropret que nouspouvons ussi devenir ropre-ment uelquechose.C'est évidemmentans cette ctivité ntrin-sèque que notre treest réellementt véritablementmais c'estégalementans une telleactiviténtrinsèqueue l'êtreest réel-lement tvéritablementc'estdonc ussidanscette ctiviténtrin-sèque,qui est notammenta nôtre, ue l'être,dans son infinitémême, st effectivementn l'unede ses parties.

Que ce soit à le sensde toute a philosophiepinoziste,'estce que prouvea réponsepportée ans 'Ethique notre uêtedesalut, éponseue je crois atisfaisante.l estcertain ue le salutse trouvedansune conscience,

uiest une conscience

eflexive,la conscience de soi,de Dieuetdes choses (V,42 Se), qui est epropre 'unepartie e notre sprit ossédant'éternité,'entende-ment, onsistantn uneconnaissancet un amour t constituantla béatitude on pourraitomprendre,vec toute une traditionetspécialementvecGeulincx,uelesalut st aprise econsciencede ce qui nous ait, e la substancevecsesattributst ses modesinfinis,ne conversionous faisant lors remonteru premierprincipe ontnous sommesssus et nousfaisant articiper sonéternitét à son nfinité. ais onpeutnoter ue cette onsciencereflexive

stradicalementans sa source onsciencee soietque,dans sa consciencee Dieuet deschoses, lle reste ondamentale-mentdans son contenu onscience e soi il convientussi dereleverue emode initernelst ternel nrestant ini,ansdouteen raison e (à causede et en fonctione ou proportionnellementà) son êtredans l'éterniténfinie,mais sans qu'il soitfaitétatd'uneparticipationqui pourraittre de l'ordre 'une ngestion,d'unetransfusionu d'une résorption) l'infinitéternelleondoit urtoutonstaterue cette onsciencee soi,dans a connais-sancedutroisièmeenre t l'amourntellectuel,stdéfinieomme

activité,omme otre ctivité nce qu'ellea de plus ntrinsèquele salut se trouvedoncbien dans la conscience eflexive, aiscelle-ci 'estpas salutaire arce u'elle erait onsciencee ce quinousfait, e ce qui nous a faits elle 'estparceque la prisede

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L'être du finidans Vinfini 239

conscience st ce que nousfaisons, ui n'est pas ce que Dieu faitde nous,maisce que Dieu faiten nous elle est ce que nous faisonset pouvons fairenous-mêmes, ans une activité ntrinsèquedontnous sommes a cause adéquate, parce qu'elle est notreconsciencede notre tre,notre onsciencede nousdans l'être,notre onsciencede l'être en nous.

Le rapport entre l'entendementfiniet l'entendement nfinin'est donc qu'un cas particulier u rapportgénéralentre e fini tl'infini déjà, l'espritfinin'est riend'autrequ'une partiedu mode

infinide la pensée qu'est l'entendement mais l'entendement ini,qui est la partiefiniede l'espritfini onstituéepar ce que celui-cicomported'activité adéquate, n'est aussi que la partie finiedel'entendementnfini la seule différence,ont nous pressentonsl'importance ournotrepropos, st que l'espritfini omporte ussien lui des idées inadéquates résultantde déterminationsxtrin-sèques liées à sa passivité,alors que l'entendement inin'est fait

que d'idées adéquates résultantdes déterminationsntrinsèquesqui réalisentson activité,ce qui lui assure la même possession

(sousune forme

artielledans ses

contenus,mais avec une valeur

identiquedans sa vérité)de l'adéquation ntrinsèque ui caractérisel'entendement nfini (celui-ci n'ayant que des idées adéquates,car les idées inadéquates contenuesdans ses partiesque sont les

espritsfinis ont adéquates en lui qui est la conceptiondes partiesde l'êtreensemble,dans leursliaisons,non séparément, ans leur

isolement).S'il est doncvraiqu'en raison de son adéquation, 'entendement

fini ouit d'une positionprivilégiée u sein de l'entendementnfini

par rapport l'espritfini vec toute son inadéquation,cela n'im-

plique nullementque l'entendementfini ouisse d'une relation,d'une liaison, d'une participationprivilégiées vec l'entendementinfini il n'en est riend'autrequ'une partie,une partieactive quiacquiertsa propreréalitédans son activitépropre t dans laquellecet entendementnfini cquiertainsi partiede sa réalité. Il n'y adonc pas de médiationparticulière chercher ntre 'entendementfiniet l'entendementnfini, as plus qu'il n'y avait de médiationà chercher ntre e fini t l'infini n général il y a bienun modeinfinimédiat,mais nous avons vu qu'il n'est pas médiateur t quece n'est pas un entendement, t il n'est pas qualifié d'éternel,

alors qu'il devrait l'être s'il devait être un moyen termeentrel'entendement nfiniéternelet l'entendementfiniéternel nousavons égalementdéjà vu que l'entendementnfinin'était que letout des entendements inis,dont l'unité réelle était assurée par

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240 Bernard Roussel

l'enchaînementnfini e leursdéterminationséciproques,haqueentendementini estant, ans sonéternitémême, ini,ansqu'ilsoitquestion 'uneparticipation l'infinité.ouissantn raisonde son activité 'uneposition rivilégiéeans 'entendementnfinipar rapport u restede l'esprit ini, 'entendementinin'a pasavec l'entendementnfini ne relation rivilégiéexigeantunemédiationpécifique,ar l n'enestque la partie.

S'il enestainsi, i l'éternitét la béatitude e certaineshosessingulières,imples arties e l'être,e laissent éfinirtexpliquerpar la seuleactivitémmanente e leurêtrepropre, n peutsedemanderuelest e sensdanscettedoctrine e la référenceunentendementnfini,uelleest l'utilité ourcettephilosophieel'interventionans a déduction'unmodedivin, ternelt nfini,de la pensée, t l'on peut lors e demanderi la relation u finiavec 'infinit erapporte notre sprit Dieunesontpas quelquechoseque nous avonsété amenés négliger sommairementtglobalement,ourquoiDieu dansl'Ethique elleque nous devonsla comprendreIl ne s'agitplus cide discuter ne nterprétationmatérialistee l'unitéde la substance,maisde réfléchirvec unregardritiqueuruneéventuellenalyse finitisteet finalementathéede l'immanenceeschoses ingulièresinies ans eur alutautrementit,pourquoi 'entendementnfini ansVEthiqueelleque nousdevons 'expliquer Nouspouvons épondreuccincte-ment ue noussavonsau moinspar là que noussommes, ansnotre ctivité t avec son immanence,es partiespositives el'être ternel t infini ence sens, ntantqu' « êtrevrai», e suiset e saisimmédiatementtreune« vérité ternelle (cf.Lettreà de Vries), t nousverronsue cela n'estni sans mportance,isans

ntérêt,même i cela

n'a pas encore ci de significationlusprécise mais,par là, noussavonsaussitôt ue l'être ternel tinfini,uenous herchons,ontnous êvonsuquenousmaginons,n'estpas en dehors, u-delà, u-dessus u en dessousde nous,mais u'ilestdanscequenous ommes ansnotre tremmanent:celan'estpasnonplus ans mportanceiintérêt et nous avonssurtout ue, dans nos déterminationsntrinsèquesommedansnosdéterminationsxtrinsèques,aisplusetmieux ans espre-mières ue dans es secondes, oussommes a réalité,e dévelop-pement t l'existence,e devenir rogressift l'accomplissement

proportionnel,es lois modesmmédiats)ternellest infiniesel'être nousn'y trouvonsas seulementotre onsistanceropreen face de toutetranscendancet sans aucunequêtede partici-pation urechercheemédiation, aisnousnousretrouvonsous-

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L'êtredu finidans Vinfini 241

mêmes en notre être et nous retrouvons 'être en nous-mêmesdans l'enchaînementnfinides lois de la Nature,qui apparaissentpourtant a plus désolantedes choses,dans la mesure ù ce ne sontpas des choses à proprement arler,mais des lois, des relations,des déterminations ans lesquelles je pourrais penser mon êtreperdu,mais dans lesquelles e peux découvrirmon être et Tètredont e suis la partie,nonpas retrouvés,mais simplementrouvés.« Je suis », « l'êtreest », « Je suis l'êtreen ses partiesconstituéespar ses lois » : la référence l'infinidans l'analyse spinozistede

l'éternité t de la béatitudedu fini u niveau des modes infinis,exprime le refus salutaire d'une opposition faussement ritiqueentre e « Je suis » et « l'être est » et d'une distinction actice ntrele « ce que je suis » et le « ce que les lois me font tre» ; dans uneontologie ui prend cte de la substitutioncientifiquee la connais-sance des lois éternelles t infinies la description es substancesfinies, n doit faireétat de l'infini, n doit parlerde l'être total,on doit (pour ce qui relève de l'ordre des idées) se référer ansl'analyse du finià l'entendementnfini t éternel, i on ne veut

pasréduireau relatif 'être de la relation,au non-être 'être du

fini, une simpleoccasionnalité 'enchaînement es choses,à unephénoménalité pparente a présencedes êtres,ou encore à uneFable le Mondeet à une Derelictionune Existence : il faut faireétatde l'infini ourdireque le fini st réellementt véritablement,il fautparlerde Dieu pourmontrer ue la Nature,avec ses ordresd'existence, elon ses lois et dans ses parties,existe,notammentavecnous et ennous,au sens e plusfort u verbeexister, tnonpardégradation, râceà une participation t à traversdes médiations.

Mais notre nterrogation oit aller plus loin et se faireencore

plus précise pourquoisituer, ans la doctrineu

salut,cette nser-

tiongénéraledu finidans l'infini u niveau particulier e l'enten-dement, qui apparaît ainsi posséder dans l'ontologie spinozisteune positionexceptionnelle t bénéficier 'un privilège xorbitantpour des raisons éthiques? Il convientd'abord de rappeler leslimitesdes affirmationse YEthiqueconcernant 'entendementd'une part, 'entendementnfinin'est ni la substance,ni un de sesattributs,mais un de ses modesrelevantde la Naturenaturéeetseulement e la Naturenaturée, n tant que loi de l'enchaînementdesmodesde la pensée, ui détermineesmodesfinis tqui constitue

leur unité infinie, ui produit es idées singulières t qui réalisel'idée totalede l'être d'autrepart, 'entendement ini st la partieactive de l'espritfini s'il est réel, le privilègede l'entendementn'est pas non plus substantiel,mais reste modal le spinozisme

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refuse la foisunentendementnfiniui seraitDieu entantque« naturant, et un entendementini ui seraitdotéd'unesub-stantialiténitiale ropre nousdirionsujourd'hui ue l'être nsoin'estpas consciencet que la conscience 'estpas être n soi,son activité eule ui permettante le devenir n elle-mêmetpour lle-même,rogressivement,artiellement,elativement.ais,modalou relatif,e privilègee l'entendemente laisseexpliqueret même omprendrec'est à, dans uneconnaissance,n amour,unebéatitude,ansdes dées tdans desaffects,ue se ouenotre

salut, tSpinoza pris oindepréciseru'iltraiteraseulementeschoses ui peuvent ous onduireomme ar a main la connais-sancede l'esprit umain t de sa béatitudeuprême (Eth., I,premièresignes) en mêmetemps, etteattention articulièreportée l'entendementourdes raisons thiquesne contreditpas 'ontologieans 'Ethique,ui nsisteonstammentur a réalitéde l'êtreconçucomme ctivitémmanente,ussi biendans sasubstantialitynfinieue dans ses modesfinis,usqu'au seinduréseaudes déterminationsxtrinsèquesnotre ntendementiniest bien en nouset

pournousla réalisation 'unetelleactivité

immanente,arallèleet proportionnelleans doute à celle denotre orpsfini,maisplusexplicable t mieux onnuedanssonexistenceropre'affîrmantnfacedu simpleeu descauses xté-rieuresnouspouvons robablementn dire utantde l'entende-mentnfiniui a le privilègentologique'être 'unité nfinieesmodesde la penséede l'être,dans laquelletous ces modes, oinde s'exclure matériellement, s'impliquent logiquement lesuns les autreset dans laquelle,par suite,chaque mode,fût-ill'idée d'un mode inexistant,xiste mplicitementn un mode

quiest

déed'unmode xistantcf. a perspectiveinalee¿'Ethique,78 sq.). S'il est doncquestion e l'entendementans la doctrinespinoziste u salut,c'est parceque et c'est dans la mesure ùcelui-ci,vec l'insertione ce qu'il est en tantque partiefiniedanscequ'ilestentant u'infini,st e lieude la béatitude t cons-titue a réalité e la vie active,mmanenteu adéquate, ui peutseule a définirt dontnous faisons'expérienceansmédiation,en notre trepropre ans l'être, ui est l'infini.

*

Cetteexplicationt cettecompréhensionu spinozisme,uirejettent'idéede participationt qui excluent a rechercheemédiations,euvent araître égligerout ce qui rattache ette

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L'être du finidans Vinfini 243

philosophie une longuetraditioneligieuset théologique,tignorern définitivee qui l'anime,a recherche u salutpar laconnaissancet dans 'amour, t,plus implement,lusgravement,ce qui est expressémentcritdans l'Ethique, orsqueSpinozareprend soncomptee vocabulaireeligieuxe plustraditionnel,notammentans apageoù est voquéeaGloire e Dieu V,36Se).Il estpermiseremarqueruec'est à le seulpassage ansY thique,où areprise'un ermet d'un hèmeudéo-chrétiensoit ncontes-table, t cela dans un scolie, ui estplutôt neprésentationxo-

térique u'uneexplicitationsotérique e la doctrine t qui estprésentéomme 'exégèse 'uneparole trangèrecertes,a doc-trinemême eSpinoza st unephilosophiee l'amouramour ourDieu et amourde Dieu)et de la béatitude,maisYEthique éfinit,expliquetdéduit esmots tceà quoi lscorrespondentutrementqu'onne le faisait vantelle, i bienque nousdevons nconclurequ'elledésignelors utre hose uecequ'onentendaituparavant.Cessimples emarquesuffisentourmettrenpleineumière,urcepoint récis e la religiosité,e vrai ensdeYEthique,'est-à-direson contenu éritablet sonorientationéelle lorsque pinozareprendes termest desthèmes raditionnels,e n'estpas pourrépétert introduireans sa philosophien enseignementeçu,c'estpoury répondrearsa philosophieSpinozanepouvaitpas,personneepeutnégligere souci ncestraltpermanentu salut,il ne pouvaitpas, personne e peutignorera longue uitedescroyancest des systèmesui en ont été les conséquences il adoncvoulu, l a doncdû,comme ous e devons ncore,tablir equi constituea vraie atisfaction'unbesoinnatureltnécessairequi a conduit t qui conduit'homme penser ette atisfaction

sousbiend'autres ormest avecbiend'autresmots il est ainsi

amené évoquer es croyancest à citer es parolesde ceuxquil'ontprécédé t de ceuxqui l'entourentcommel avait apprisle faire vecla méthodexégétique u Traité héoloco-olitique),pourmontreruesa doctrineépond cequ'ilscherchentt donnece qu'ils croientrouver selon e spinozisme,a philosophiestla vérité e la religion,onpas parcequ'elleenserait ndépasse-mentqui en assumeraitt en vérifieraites contenus ourn'ennier uelesformes, ais arce u'elle nest undépassementuienélimineescontenusnsubstituante vraiau faux t enprécisant

que ce vrairemplaceffectivementt entièremente fauxdans aréponse la question osée, ommea lumière hasse esténèbres.La philosophiepinozisterésente,neffet,a réponsedéquate,

logiquementt moralementatisfaisante, la question e notre

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salut,en le faisant onsisterans notre tre actif xistant,ansautremédiation,ommepartiede l'infini, ans notre trefinipropre l'intérieur e l'infini elon ses déterminationsnfiniesdevenueslors ntrinsèqueslà se trouve liminée otre ervitude,qui est évidemment otredépendance ar rapport ux chosesfiniesxtérieures,aisque serait ussi notre ubordinationunequelconque ranscendancelà se trouve éalisée otre iberté,uiest effectivementibération,ossessiont jouissance e soi,vertuet béatitude parler e participationt introduireesmédiations,

comme n le fait raditionnellement,e serait dmettreesétapesetposerdesobstacles,ui rendraient'issuedouteuset nous ais-seraient,inon ans acrainte'un chec, u moins ans 'inquiétudede 'espoircesalut, ont anature st xplicitéet dont apossibilitéestdémontrée,stdoncbienplusque suffisantncomparaisonetous ceux qui nous sontproposés.l n'est ni dépouillement,iprivation,i compensation,i consolation, aispure ffirmation,et il peut 'êtreprécisémentans a mesure ù l'ontologiedéfinile fini ommepartiede l'infini,hèsequi peut apparaître ortclaire n elle-mêmei on l'examine irectementans sonsimplecontenu.Peut-être este-t-il éanmoins ans YElhiquedes « frangesobscures : qu'enest-il 'aborddesautres ttributsue l'étendueet la pensée, t de leursmodes, insique de la nature pécifiquedesmodes orrespondantventuellementans ces autres ttributsà ceux uenous ommesans 'étendue t apensée,t de arelationparticulièrentreespremierst lesseconds Ensuite, i l'onpeutdistinguerans 'esprit e qui est sonactivité déquatede ce quiestsa passiviténadéquate, u'enest-il, 'unepart,de ce qui estdans 'infini'idée

adéquatede ce

quiestdans sa

partieiniedée

inadéquate, t qu'en est-il,d'autrepart,de l'activité déquatequ'ilconviendraite définiruniveau e la partie inie el'étendueinfinie,u niveaudu corps Et commentrécisera distinction,s'ily en a vraimentne, ntre entendementet« idée», orsqu'ilestquestion e l'entendementivin t de l'idéede Dieucontenanttoutes es idées, es deuxétantégalementdéquats, ans que lechangemente terminologieoitquelquepart ustifié Cesques-tions, t d'autres ombreusesansdoute, oncernentien a rela-tionentre 'infinit le fini t lesrelations l'intérieure l'infini,

objetsde nos

nterrogationson

peutdire

que Spinozahoisit e

nepas lestraiter,ès ors u'ilneveut tudieruecequiconcernel'esprithumain t sa béatitudeEth., I, premièresignes) onpeutdirequ'il n'estpas possible e les aborder,n raisonmême

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L'êtredu finidans Vnfini 245

de notre initude,ont l a fait a théorie luset mieux ansdoutequ'aucunautrephilosopheon peutdonc direqu'onne doitpaschercher y répondre,'il est vraique ce systèmexclutprécisé-ment 'idéed'unedéductionu d'uneconstructionu fini partirde l'infini mais l nousest souvent ifficilee prétendreue cesquestions e se posent bsolumentas. Il nousestpeut-êtregale-mentdifficilee comprendreue la relation u fini vec l'infinidoiveêtreconçue ommea simplensertione la partiedansletout, ar nous stimonse plussouventu'untel nfinimanquede

l'unité ui doitcaractérisere véritablenfinit se réduiraitlorsau simple ndéfinimais cela prouve ue nousignorons ue lesystèmee Spinoza, ans 'ontologieu'il expose t au niveaudel'entendementui en est la conception,'estpas fondé ur uneopposition,ncore héologique,ntre 'infini t l'indéfini,ntre evrai et le faux nfinil'oppositionffirméeans a Lettre II àLouis Meyer e rapportanteulement la distinctionntrecequirelève e 'entendement,eréel, tcequirelève e 'imagination,le numérique)t, si nousvoyons ort ien a différencentre a«jouissance

nfinie e l'exister ou « de l'être (ibid.) qui estlepropre e ce qui existe t estparsoiet la «continuationndéfiniede l'exister (Eth., I, Déf.5) de ce qui n'estpas et n'existe aspar soi,maispar des causesexternes, ousignoronslorstoutautantque cetteactiondes causes extérieuresroductricesesmodesfinis e l'être st définie ar les modesde l'êtrequi sontses modes nfinis nousne voyons as que ce qui définite fini,c'est l'être nfini n ses lois infinies ans chacunde ses ordresd'existence,ansce qui constitue,onun emboîtement,aisunenchaînement,ansfaire raimentttentionu faitque Spinoza

tient préciserue l'infini, ême ansson

étendue,st ndivisible

etunique tquesesparties 'en ontpasdesdivisionsLettre II ;Eth., I, 12 et 13 Go.) nos enumerationst notrenumérationimposent es partitionst impliquent'indéfini, ais la réalitéest la continuitét l'infinité,usque dansl'étendue t au niveaudes choses ingulières.a relation u fini vec l'infinist doncbien 'insertione la partie, ui n'estpas élément,ansun tout,qui n'estpas addition,ar 'infinist,parrapportux choses in-gulièresoutes elatives,eurêtreet l'être vec ses lois le com-prendrexigecertesun effortifficile'intellection, ais nous

n'en sommes as pourautanten faced'une obscurité. e spi-nozisme omportencontestablementes « frangesbscures eténonce ssurémentesvérités difficilesnéanmoins,e nepensepasque l'ontologieui fondea doctrineu salut, vecTanthropo-

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logiquequi l'expliqueet l'éthiquequi l'expose, oit, fautedemédiations,n« point veugle .

La simplensertionu fini ans 'infinist, u contraire,hoseon nepeutplusclaire, ue l'analyse e la libertét de la béatitudenous faitmieuxpercevoir, aisqui rendprécisémentumineusecetteanalyseen comparaisone tous les discours bscurs uenouspouvons ntendre.

Ainsi uenous 'avonsvu, a clépourunemeilleureompréhen-siondu spinozismee trouveansdoutedans e fait ue YEthique,contrairementtout ce qu'on avait ditet à tout ce qu'on avaitpu être entéde dire, itue 'entendementnfini,ternel t divin,au niveaude la Naturenaturée,vec l'ensemble esmodesfinisde la pensée.

♦ ♦

Jesuis, éellement,aisrelativement,onabsolumentje suisfini, xtrinsèquementéterminé, êmedans mes idées,mêmedansmonexistence ommeJe,mais

capableaussi de devenirt

d'être ieu et jeu de déterminationsntrinsèquesle Je que jesuis stunproduitui peut efaire cteur,u milieu etoutesesautres hosesfinies,elon es lois nfiniese la déterminationeschosesfinies ntre lleset en elles ces lois sont es modalitésde l'être nfini, ont e suispartie danscetteconditionui estla mienne,e suis passivité, nserré ouventdans un réseaudeconflits, aisbénéficiantussipourmondéveloppementel'utilitéd'autres hoses inies,t e suisactivité, ans 'affirmatione moi-mêmepouvant ller usqu'à la jouissance e moi-même,a jouis-sancede mon trecomme 'unêtre

réel, omme e l'être éelenl'une de sesparties alors,e ne me senspas privé,e ne suispasprivéde l'êtrequi serait 'êtrevrai je n'ai pas à rechercher,ià pleurern absoluqui serait illeurs je n'aimétaphysiquementrien craindre i à espérer,t e n'ai éthiquementu'à être.

C'est ce que nousenseigne'Ethique c'est aussi ce que nousapprenda conscienceuenouspouvonsvoirdenous-mêmes,vecce que nousfont onnaîtreesdiversesciences e la nature t del'homme le spinozismest la seulemétaphysique ermettantde penserpositivementa déterminatione l'être et des êtresselon

desrelationségales, e penser ositivementa non-substan-tialitédes chosesfinies t la relativitéu Je,de penser ositive-ment 'homme u seinde la nature ans aquelle l se sait mortelet a appris savoir ue l'humanitélle-mêmestmortelleil est

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L'être u finidansVinfini 247

en même emps a seulephilosophieaisant e cette cience, uipourraitccroître otre ouleurcf.Eth., V, 17Se), l'instrumentet le contenumêmede notre éatitudeEth.,V), avec pourseulfondementa simplensertionansmédiationsu fini ans 'infini(Eth., ), grâce une connaissancedéquatedu mode fini u'estchacun 'entre ous Eth., I et III).

Cetteanthropologieestaitpeut-êtrensuffisantet exigeaitsansdoutedes compléments,ontnousavons trouvé epuisdesélémentsermettantrobablementnemeilleureonceptualisationde la négationt de la totalitémais 'ontologiet la sotériologiede YEthique estent lors ntactes.

En effet,uand j'ouvreYEthique,e me retrouvehez moi,dansmonmonde t avecmoitelque je suis dans e monde c'estencelaque ce livre elate ienmon xpérience,ui est 'expérienceque chacund'entre ousfaitde lui-même,orsqu'il e connaît tse comprendu lieude s'imaginert de se rêver c'estdoncmonexpériencentellectuellerienn'estplus simple.

BernardRousset,Universitée Picardie-miens.