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n°62. zenbakia mars 2019ko martxoa EUSKAL HERRIKO LABORANTXA BIOLOGIKOA ETA IRAUNKORRA LE BULLETIN DE BIHARKO LURRAREN ELKARTEA CIVAM BIO DU PAYS BASQUE BLE Berri

BLE Berri - mukt · 2019. 3. 25. · SAR HITZA - EDITO 2 SAR HITZA/EDITOLe ... 31 EGUTEGIA/AGENDA AURKIBIDEA - SOMMAIRE MARS 2019 Programme Biodversité Cultivée Point budget / tréso

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  • n°62. zenbakia mars 2019ko martxoa

    EUSKAL HERRIKO LABORANTXA BIOLOGIKOA ETA IRAUNKORRALE BULLETIN DE BIHARKO LURRAREN ELKARTEA CIVAM BIO DU PAYS BASQUE

    BLE Berri

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 2 -

    SAR HITZA - EDITO

    2 SAR HITZA/EDITO

    3 AROA/METEO DE BLE

    4 SARREAK GAUR/RESEAUX

    Les insectes pourraient disparaître

    de la planète d’ici 100 ans

    Les porteurs de projet d'installation

    éligibles au financement VIVEA ?

    Contamination croisée des produits

    bios, où en est-on ?

    6 HAZKUNTZA/ELEVAGE

    Biosécurité en élevage porcin

    9 GAI NAGUSIA/LE

    DOSSIER

    Travail du sol ou non travail du

    sol, quelles stratégies en Agri-

    culture Biologique ?

    28 SALTZEKO / COMMERCIALISA-

    TION

    Le SYNABIO appelle les enseignes à

    éviter la guerre des prix

    Devenir paysan·ne en AMAP

    30 ERLEZAINTZA/APICULTURE

    Le cynips du châtaignier : un parasi-

    te présent au Pays Basque

    31 EGUTEGIA/AGENDA

    AURKIBIDEA - SOMMAIRE

    MARS 2019

    Programme Biodversité Cultivée

    Point budget / tréso

    Préparation AG de BLE

    Courrier de réponse de la FRAB.

    Éléments de discussions Act'terres.

    Activités de formation : réorganisa-

    tions à venir dans le cadre de la

    réforme de la formation profession-

    nelle

    Valorisation agneau de lait bio,

    filière viande bovine bio

    Réseau AMAP : point d'information

    sur des tensions existant entre

    producteurs bios

    Asunak 2019

    Diplôme Universitaire transition

    agro-écologique paysanne

    Prochain CA : le 8 avril 2019

    On en a parlé en Conseil d’Administration

    Le pouvoir économique en place a un talent remarquable pour récupérer les mots et

    leur sens. Il a fallu 15ans de bataille à la filière de l’agriculture biologique pour inter-

    dire la fallacieuse dénomination du yaourt Bio bifidus de Danone. En 2005 il était de-

    venu Activia et, depuis peu, il propose une gamme certifiée en Bio. Finalement, des

    parts de marché sont à prendre...

    Autre mot récupéré, l’agroécologie est celui choisi par Mr Le foll, le ministre de l’agri-

    culture de la précédente mandature pour verdir son projet agricole. Chacun met ce

    qu’il veut derrière ce terme porteur de valeurs symboliques fortes mais qui n’encadré

    par aucun cahier des charges ou réglementation. Cela a principalement permis la

    mise en avant de l’agriculture de conservation. Elle est présentée comme un concept

    agronomique révolutionnaire écologique qui rompt avec le mode passéiste (bio ou

    conventionnel) basé sur le labour. Elle sauvera les vers de terre et rééquilibrera le

    bilan carbone de notre planète selon ces promoteurs. Colloques, associations pour sa

    vulgarisation, réseau sociaux , sociétés de conseil privées, etc., la communication

    autour de ce concept est impressionnante ; elle a pourtant un gros défaut ; celui de

    ne pas avoir encore fait ces preuves sans avoir recours au glyphosate. Pour-

    tant, la société civile ne veut plus de ce désherbant systémique nocif dont la présence

    dans nos urines est généralisée. Ce modèle dit ''agroécologique '', sorti du chapeau il

    y a quelques années, est la fausse bonne solution qui cherche à s imposer pour sortir

    d’un modèle conventionnel décrié. quel culot... quel talent...

    Jusqu’à ce jour, seuls les systèmes d’agronomie biologiques basés sur la connaissan-

    ce des sols, les rotations, la complémentarité de la polyculture et de l’élevage sont les

    garants du capital de fertilités des sols et d’une alimentation saine. La recherche et

    l’innovation doivent continuer à faire évoluer, à enrichir et à développer ces acquis.

    C’est le sens du dossier de ce BLEBERRI. Bonne lecture.

    Jon Harlouchet, éleveur et administrateur à B.L.E

    FÉVRIER 2019

    Point budget, tréso, 1ers éléments

    résultats comptables 2018

    Charte com' de BLE (cf groupe pilo-

    te)

    Préparation de l'AG du 29 mars 2019

    Groupe de travail Asunak 2019

    Retours de la réunion FRAB collège 1

    du 31/1

    Bilan de l'AAP de la CAB pour les

    projets liés à BLE

    Retours de la réunion réseautage bio

    de la Chambre

    Rôle des animateurs de BLE

    dans projets avec les lycées agrico-

    les

    Dossier Biodiversité cultivée : re-

    tours de la Commission du 23/1

    Zuzenean zure esku 21/2 soir, ...

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 3 -

    AROA - METEO DE BLE

    CHAMP LIBRE POUR LE GLYPHOSATE !?

    « Une signature discrète

    au Salon (de l'agricultu-

    re). Le Ministre de l'agri-

    culture et 42 partenaires

    -ayant tous intérêt à ce

    que le glyphosate ne disparaisse pas

    trop vite - ont signé un préambule à un

    contrat de solutions » nous transmet

    André Chalopin de Réseau-CIVAM. Cette

    démarche est orchestrée par la FNSEA

    et le contrat ne prévoit aucun objectif

    chiffré pour la diminution puis l’arrêt du

    glyphosate.

    ET PENDANT CE TEMPS… LES INSECTES CONTINUENT DE DISPARAÎTRE

    Cf. article page suivante « les insectes

    pourraient disparaitre de la planète d’ici

    100 ans ».

    VENDREDI 29 MARS C’EST L’AG DE BLE

    R e t r o u v e z - n o u s

    nombreux-ses, à

    partir de 9h30 à la

    salle polyvalente de Lasse, pour le bilan

    de 2018 et les orientations 2019 suivis

    de la présentation du pacte bio Nouvelle

    -Aquitaine et du label « territoire bio

    engagé ». L’après-midi une visite de la

    ferme Xubialdea sera proposée.

    RETROUVEZ L’ACTUALITÉ DE BLE SUR BLE-CIVAMBIO.EUS !

    Et voilà, à l’occasion de l’AG de BLE

    nous officialisons la mise en ligne du

    site internet de BLE. Vous-y trouverez

    toutes nos actualités, offres de forma-

    tion et, pour les adhérants de BLE, tou-

    tes les ressources documentaires.

    LA RELATION ÉLEVEUR - ANIMAL, RETOUR SUR UNE TABLE RONDE QUI FAIT DATE C’était à Asunak l’an dernier, 3 person-

    nes : Anita Duhau, éleveuse en chèvre

    pyrénéenne bio à Lohitzun, Eñaut Haris-

    puru, éleveur bio de vache et brebis à

    Ibarolle, et Elodie Stolear, vétérinaire

    ostéopathe, qui ont eu la gentillesse et

    le cran de venir témoigner de leur quo-

    tidien avec les animaux : de la vie, de la

    mort, de la relation,.... La vidéo est

    accessible sur ce lien : https://

    w w w . y o u t u b e . c o m / w a t c h ?

    v=86jmSBNPQQ4&feature=youtu.be

    COLLECTIF POUR UNE AUTRE PAC

    Ce collectif, dont Réseau-CIVAM fait

    partie, constitue « un espace commun

    de réflexion et d’action, en vue de la

    refonte de la politique agricole commu-

    ne (PAC). [Il] défend une révision com-

    plète de l’actuelle politique agricole

    commune en faveur d’une nouvelle poli-

    tique agricole et alimentaire commune

    (PAAC) mise au service de tou·te·s les

    citoyen·ne·s » Pour en savoir plus :

    https://pouruneautrepac.eu/decouvrez-

    nous-en-videos/

    GAISKI ESANKA ARI DENAK BERETZAKO KALTE—CELUI QUI PARLE MAL SE FAIT PRÉJUDICE

    Que mangeront nos enfants de-main ? La vision du syndicat des Jeunes Agriculteurs

    Le syndicat des Jeunes agriculteurs

    organisait une soirée « Que mange-

    ront nos enfants demain ? » avec,

    comme expert invité, Christophe

    Dequidt, communicant ayant visité

    17 pays lors d’un tour du monde sur

    les moissons du blé. Il a présenté les

    enjeux pour l’agriculture française :

    9 milliards d’êtres humains à nourrir

    en 2050, agriculture la plus perfor-

    mante du monde et un marché en

    pleine expansion à nos « portes » :

    l’Afrique ! Cela nous laisse penser

    que le futur pour l’agriculture fran-

    çaise se trouve dans l’export vers les

    marchés africains (déjà complète-

    ment déstructurés par nos surplus!).

    Malheureusement il n’y avait pas de

    conclusion à son intervention… En

    tous cas selon Mr Dequidt ce n’est

    pas grâce à l’agriculture bio que l’on

    va nourrir le monde car « c’est une

    agriculture de niche qui ne dépassera

    jamais 10 % » d’autant qu’il est cer-

    tain « qu’un grand scandale va bien-

    tôt arriver en agriculture biologi-

    que » : les mycotoxines… Alors que

    mangerons nos enfants demain ? Pas

    de bio, mais des produits locaux

    (ceux que l’on aura pas exporté en

    Afrique) qui viendront de fermes à

    taille humaine ? C’est ce que pourrait

    laisser entendre la conclusion de

    Jérémy Decerle, président des JA : «

    Il vaut mieux des voisins que des

    hectares », finalement les idées évo-

    luent...

    LE BPREA EN BIODYNAMIE S'OUVRE À LA VITICULTURE ET À L'ARBORICULTURE

    Le BPREA en 2 ans adapté à la biodyna-

    mie, profite d’une réforme impulsée par

    le virage agroécologique du gouverne-

    ment pour s’adapter aux demandes des

    nouveaux porteurs de projets agricoles.

    Le BPREA rénové reste bien sur 2 an-

    nées à temps plein, dont 2/3 de stage

    pratique, […] mais les agriculteurs maî-

    tres de stage en biodynamie ainsi que

    l’équipe pédagogique en profite pour

    ouvrir la formation à la viticulture et

    l’arboriculture, en plus des autres pro-

    ductions déjà possibles (élevage, maraî-

    chage, grandes cultures, plantes médici-

    nales). Pour en savoir plus : https://

    www.bio-dynamie.org/formations/

    formation-qualifiante-bprea/le-bprea-en

    -biodynamie-fait-peau-neuve/

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 4 -

    […] Les insectes sont « essentiels » au

    bon fonctionnement de tous les écosys-

    tèmes, expliquent les chercheurs. Ils

    pollinisent les plantes, recyclent les nu-

    triments et servent de nourriture de

    base aux autres animaux. [...] L’un des

    impacts majeurs concerne les nombreux

    oiseaux, reptiles, amphibiens et pois-

    sons qui se nourrissent d’insectes.

    [...] Les abeilles ont également été gra-

    vement touchées, la moitié seulement

    des espèces de bourdons recensées en

    Oklahoma aux Etats-Unis en 1949 étant

    présentes en 2013. Le nombre de colo-

    nies d’abeilles aux Etats-Unis était de

    six millions en 1947, 3,5 millions ont

    disparu depuis. Il existe plus de 350

    000 espèces de coléoptères et on pense

    que beaucoup d’entre elles ont décliné,

    en particulier les dendroctones du fu-

    mier. Si on dispose de beaucoup moins

    d’informations sur les mouches, four-

    mis, pucerons, insectes boucliers et

    criquets, les experts affirment qu’il n’y a

    aucune raison de penser qu’ils s’en sor-

    tent mieux que les espèces étudiées.

    L’AGRICULTURE INTENSIVE POINTÉE DU DOIGT

    « Si nous ne changeons pas nos métho-

    des de production alimentaire, les insec-

    tes dans leur ensemble s’engageront sur

    la voie de l’extinction dans quelques

    décennies », écrivent les chercheurs,

    pour lesquels l’agriculture intensive est

    la cause principale du déclin des popula-

    tions d’insectes, en particulier la forte

    utilisation des pesticides. L’urbanisation

    et le changement climatique sont égale-

    ment des facteurs importants.

    Les insectes pourraient disparaître de la planète d’ici 100 ans

    Le Monde - 11 février 2019

    Les insectes du monde entier sont en voie d’extinction, menaçant d’un « effondre-

    ment catastrophique des écosystèmes naturels », s’est alarmé, fin janvier, la revue

    scientifique mondiale Biological Conservation. Plus de 40 % des espèces d’insectes

    sont en déclin et un tiers sont menacées, selon les chercheurs. Leur taux de mortalité

    est huit fois plus rapide que celui des mammifères, oiseaux et reptiles. Au cours des

    trente dernières années, la masse totale des insectes existant dans le monde a dimi-

    nué de 2,5 % chaque année.

    Selon M. Sanchez-Bayo, la disparition

    des insectes semble avoir commencé à

    l’aube du XXe siècle, puis elle s’est ac-

    célérée dans les années 1950 et 1960 et

    a atteint des « proportions alarmantes »

    au cours des deux dernières décennies.

    Les nouvelles classes d’insecticides in-

    troduites au cours des vingt dernières

    années, y compris les néonicotinoïdes et

    le fipronil, ont été particulièrement

    dommageables car ils sont utilisés régu-

    lièrement et persistent dans l’environ-

    nement. [..]

    ETA IPARRALDEAN ? NOTRE PART DU TRAVAIL

    Nous ne disposons pas d'étude spécifi-

    que en Euskal Herri, mais il n'y a pas

    de raison particulière à ce que nous

    échappions à cela. BLE doit conforter

    plusieurs actions déjà engagées, qui

    ont un impact direct : développement

    d'une agriculture biologique économe

    (qui n'a pas recours aux pesticides de

    synthèse), travail sur la gestion du

    parasitisme sur les ruminants

    (analyses copro, soins alternatifs,..),

    sensibilisation à la problématique des

    traitements insecticides contre cirphis

    (en continuant à montrer que les fer-

    mes bios parviennent à se développer

    malgré la pression cirphis, en adaptant

    les pratiques), accompagner les fermes

    dans la mise en place et la valorisation

    d'infrastructures écologiques favorisant

    les insectes (dont les auxiliaires et les

    pollinisateurs si précieux). Les

    paysan·ne·s sont partant-e-s, et c'est

    maintenant.

    Assemblée Générale de la FNAB

    Dans le cadre de son assemblée généra-

    le annuelle, la FNAB, en partenariat

    avec Bio en Hauts-de-France, organise

    un colloque sur les enjeux liés à l’emploi

    en agriculture biologique le mercredi 10

    avril à 14h30 à Pierrefonds (60)

    AU PROGRAMME :

    Formation des salariés agricoles et des

    futurs producteurs et productrices, at-

    tractivité des métiers, rôle des collecti-

    vités, engagement des acteurs de l’em-

    ploi et de la formation pour l’agriculture

    bio, emplois partagés et nouvelles com-

    pétences managériales, qualité de vie

    au travail : en présence de producteurs,

    de chercheurs, des pouvoirs publics et

    des acteurs de l’emploi et de la forma-

    tion, deux tables-rondes permettront de

    débattre de ces enjeux et construire les

    solutions à mettre en place :

    Comment lever les freins à la création

    d’emplois salariés dans les fermes ?

    Assurer le renouvellement des géné-

    rations : et si ça passait par des

    paysans bien formés et heureux ?

    Détails et inscriptions ici :

    https://www.weezevent.com/colloque-

    10-avril-l-ab-un-reservoir-d-emplois-de-

    qualite-pour-les-territoires

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 5 -

    SARREAK GAUR—ACTUALITE DES RESEAUX

    BLE compte parmi ses adhérents envi-

    ron 10% de personnes en projet d'ins-

    tallation, sur différentes productions

    avec, actuellement, une dominante en

    maraichage, PAM (Plantes Aromatiques

    et Médicinales), arbo et volaille. Jusque

    fin 2018, une attestation d'inscription au

    PAIT (Point accueil installation transmis-

    sion) a permis de les rendre éligible au

    financement de formation VIVEA. Ces

    formations sont très précieuses pour

    cette étape de création d'activités, et

    donc d'acquisition de compétences,

    alors que certains ont un peu de temps

    disponible avant de s'installer.

    Dorénavant, cela ne fonctionnera plus

    ainsi. Seules les personnes qui ont en-

    gagé leur PPP (parcours de profession-

    nalisation personnalisé) seront finança-

    bles au VIVEA pour des formations pré-

    conisées dans leur PPP avant installa-

    tion. Il faut préciser que les formations

    « avant installation » inscrites dans le

    PPP doivent obligatoirement être sui-

    vies, pour finaliser le dossier vers la DJA

    (Dotation Jeune Agriculteur). Un des

    effets de cela est aussi que le porteur

    de projets, s'il veut être financé par le

    VIVEA, devra réaliser son PPP un peu

    plus tôt dans son parcours que ce qui se

    réalise jusqu'à aujourd'hui. Et c'est au

    conseiller projet (4 animateur·rice·s de

    BLE sont agréées pour cela) d'attester

    que les formations proposées ne peu-

    vent être financées par d'autres fonds

    de formation (CPF – pôle emploi, Région

    Nouvelle Aquitaine...), après vérification

    avec le porteur de projets.

    Deux points nous questionnent au ni-

    veau de BLE : faut-il que nous

    « poussions » à faire un PPP plus tôt,

    avec des préconisations « avant instal-

    lation » pour pouvoir faire financer des

    formations par le VIVEA ? Et accueille-t-

    on dans les formations VIVEA les por-

    teurs de projet non finançables ? La

    réponse du CA est claire : oui, la partici-

    pation aux formations reste ouverte aux

    porteurs de projets, quelle que soit leur

    situation. C'est très important. Pour

    permettre cela, il est cependant impor-

    tant que nous « jouions tou·te·s le

    jeu », c'est-à-dire :

    que les porteurs de projet pour qui

    cela correspond au bon moment

    s'engagent dans le PPP

    que les finançables VIVEA fassent

    un effort encore plus marqué pour

    s'inscrire, participer, signer les

    feuilles d'émargement, demander

    les attestations MSA si nécessaire,

    afin d'assurer un financement suffi-

    sant sur la globalité des forma-

    tions .

    A l'échelle de BLE, ceci

    revient symboliquement à or-

    ganiser solidairement l'accueil

    des porteurs de projets d'ins-

    tallation au sein des groupes

    de formation.

    Tous ces éléments sont en évolution

    rapide dans le cadre de la réforme de la

    formation professionnelle, nous nous

    tiendrons au courant de la suite !

    Les porteurs de projet d'installation éligibles au financement VIVEA ?

    Contamination croisée des produits bios, où en

    est-on ?

    La contamination de produits biologi-

    ques par des OGM ou des pesticides

    revient régulièrement dans le débat et

    est parfois utilisée pour critiquer l’agri-

    culture biologique.

    Ces contaminations peuvent subvenir à

    tout moment de la vie du produit : à la

    production (matériel utilisé en commun

    avec des non bio, produits épandus sur

    les parcelles voisines, eau d’irrigation),

    pendant le stockage et le transport

    (matériel utilisé en commun avec non

    bio), à la transformation (utilisation de

    matière première non bio sur le site).

    Le règlement européen de la bio n’im-

    pose pas de seuil minimum de concen-

    tration en produits non-autorisés, com-

    me les pesticides. Néanmoins les pro-

    ducteurs bios doivent mettre en place

    des moyens adéquat pour éviter les

    contaminations. En cas de contamina-

    tion d’un produit, le règlement prévoit

    une gestion au cas par cas par les orga-

    nismes certificateurs : une enquête au-

    près du producteur doit permettre de

    déterminer l’origine de la contamination

    et seuls les cas de contamination fortui-

    te et inévitable permettent de maintenir

    la mention biologique du produit.

    Dans le cadre du nouveau règlement bio

    européen, appliqué à partir de 2021, les

    pays qui ont mis en place des seuils

    (Italie, Belgique) pourront les maintenir

    à condition de ne pas fermer leur mar-

    ché aux produits bios provenant d’au-

    tres pays européens.

    En France, l’INAO travaille avec les or-

    ganismes certificateurs à la mise en

    place d'un système harmonisé de dé-

    classement des produits dans le cas

    d’analyses positives. Nous en saurons

    plus dans quelques mois...

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 6 -

    DE QUOI S'AGIT-IL ?

    L'arrêté ministériel du 16 octobre 2018 vise à limiter le risque

    de contamination d’un élevage vis-à-vis de la Peste Porcine

    Africaine (PPA) et des autres dangers sanitaires tels que la DEP

    et les salmonelles.

    Parmi les mesures définies :

    Empêcher tout contact direct et indirect des porcs avec des

    sangliers.

    Ne pas nourrir les porcs avec des restes de repas.

    Interdire l’introduction de nourriture à base de porc ou de

    sanglier provenant de pays infectés.

    Ne pas introduire d’animaux provenant de périmètres infec-

    tés.

    Toute personne revenant d’un périmètre infecté et ayant

    été en contact avec des porcs ou des sangliers doit respec-

    ter un délai de 2 nuits avant d’accéder à l’élevage.

    Nettoyer et désinfecter tout matériel et véhicule entrant

    dans l’élevage.

    Définir 3 zones dans l’élevage (cf schéma, à adapter à un

    élevage de plein air):

    une publique en dehors de l’enceinte de l’élevage

    (parking, magasin de vente...) ;

    une professionnelle, dans laquelle les véhicules et per-

    sonnes explicitement autorisés peuvent entrer en res-

    pectant les consignes de biosécurité ;

    une d’élevage, avec un accès limité aux personnes, en

    tenue d’élevage et dans laquelle les véhicules ne peu-

    vent pas entrer.

    Biosécurité en élevage porcin Suite à la détection de la peste porcine africaine (PPA) en Belgique, la France a décidé

    de mettre en place des mesures renforcées de biosécurité. Une sorte de copier-coller

    de la règlementation sanitaire mise en place en volailles ces dernières années, vis-à-

    vis de la grippe aviaire, réadaptée aux suidés. Certaines mesures entrent en applica-

    tion dès 2019 pour tous les éleveurs de porcs ou de sangliers.

    Sas d’entrée avec marche en avant stricte, changement de

    tenue et chaussures et lavage des mains.

    Quarantaine vidée, nettoyée et désinfectée entre chaque

    livraison dans laquelle le chauffeur n’entre pas et avec une

    phase d’observation stricte.

    Respecter des règles de biosécurité strictes pour l’embar-

    quement des porcs, en particulier

    impérativement nettoyer et désinfecter systématiquement

    le quai et l’aire de stockage après chaque départ.

    Être particulièrement vigilant sur la gestion de l’enlèvement

    des cadavres : position de l’aire d’équarrissage, circuit d’ac-

    cès du camion et se laver les mains, changer de bottes voi-

    re de tenue ensuite.

    L'arrêté peut être consulté en suivant le lien ci-dessous :

    https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/10/16/

    AGRG1828116A/jo/texte

    ZOOM SUR LA PPA

    La PPA est arrivée début 2014 en Europe. Elle est présente

    dans 11 pays européens dont la Belgique. La maladie n'est pas

    dangereuse pour l'homme mais les suidés atteints meurent

    dans 90% des cas. Elle se transmets entre suidés (porcs et

    sangliers), mais aussi via tout ce qui a été en contact avec un

    animal positif : chiens, matériels de transport, paille...

    --> la maladie aurait parfois progressée de 1000km du fait de

    l'ingestion par des sangliers de restes alimentaires contaminés,

    sangliers ensuite en contact avec des porcs. Les zones à proxi-

    mité des aéroports, surtout en provenance de Chine sont très

    surveillées.

    Conséquences d'un cas positif :

    abattage total de l'élevage

    restriction des mouvements sur le département

    au cas par cas, mais potentiellement, abattage

    sur toute une zone

    arrêt des exports

    chasse : arrêt ou autorisation sous certaines

    conditions

    HAZKUNTZA - ELEVAGE

    https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/10/16/AGRG1828116A/jo/textehttps://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/10/16/AGRG1828116A/jo/texte

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 7 -

    QUI EST CONCERNÉ ?

    « Tous détenteurs» de porcs ou de sangliers ; Dans le cas de

    porcs présents hors d'une activité commerciale, il s'agira d'em-

    pêcher le contact avec la faune sauvage, domestique, avec des

    personnes ou véhicules extérieurs etc… La formation n'est pas

    obligatoire, ni le plan de biosécurité.

    QUELS SONT LES DÉLAIS D'APPLICATION ?

    → L'arrêté prévoit un certain nombre de dispositions d’applica-

    tion immédiate : gestion des flux de véhicules, matériels, per-

    sonnes et animaux (nettoyage-désinfection des camions char-

    geant des animaux, sas sanitaire séparant la zone profession-

    nelle et la zone d’élevage…), contrôle de l'alimentation

    (interdiction des déchets de cuisine), de la litière (stockage de

    la paille à l’abri des suidés sauvages), de la lutte contre les

    nuisibles (dératisation) et de la gestion des cadavres.

    → dès 2019, un référent par ferme devra

    suivre une formation « biosécurité dans les

    élevages de porcs »

    → D’ici au 1er janvier 2020, tout détenteur

    de suidés (porcs et sangliers) devra définir

    un «plan de biosécurité», expliqué en for-

    mation et précisé en annexe de l'arrêté,

    pour l’ensemble de son exploitation,

    «détaillant l’organisation des bâtiments,

    parcs ou enclos où sont élevés et où circu-

    lent les suidés». A la même date, tout site

    d’exploitation de suidés devra être équipé

    d’un quai d’embarquement des animaux et

    d’une aire bétonnée ou stabilisée accessible

    au véhicule d’équarrissage.

    → Au 1er janvier 2021, tout élevage devra

    «disposer d’un système de protection per-

    mettant d’éviter tout contact direct entre les suidés domesti-

    ques détenus dans l’exploitation – quel que soit leur âge et

    leur sexe – et les suidés sauvages» (applicable dès à présent

    dans les zones « sensibles »). Il s'agit pour le moment de clô-

    tures fixes avec grillage à mailles progressives, plus resser-

    rées en bas pour éviter le passage des porcelets ou des mar-

    cassins, et fils électiques internes / externes (cf. annexe 4 de

    la circulaire DPEI/SDEPA/C2005-4073 du 20/12/2005).

    En cas de non application ? Le préfet peut interdire toute en-

    trée ou sortie de porcs sur la ferme.

    LES ACTIONS DU RÉSEAU

    La filière bio est particulièrement concernée, du fait de la spé-

    cificité des élevages plein air. La FNAB, associée à la confédé-

    ration paysanne, « est en lien avec les services du ministère

    pour que les mesures soient à la fois exigeantes et réalistes au

    regard des contraintes du terrain ».

    La DGAL va visiter des fermes du réseau avec des porcs plein

    air, afin de prendre connaissance des limites de cette régle-

    mentation (dans le cas des volailles, certaines mesures

    avaient été adaptées pour être applicables sur les petits éleva-

    ges ; par ex. un seul sas pour plusieurs bâtiments).

    Parmi les points de discussion que la FNAB à fait remonter à la

    DGAL :

    Le type de clôture retenu : un seul modèle ? possibilité

    de clôtures amovibles sur certaines zones ?

    des clôtures fixes (grillage + électricité) pour tous les

    animaux ou seulement les reproducteurs ? ;

    l'obligation de sas fermés, nettoyables et désinfectables

    à chaque entrée de parc :possibilité d'avoir uniquement

    une caisse métallique qui permettrait le changement de

    chaussures et la désinfection des mains à l'entrée de

    Critères à observer pour déceler la PPA (IFIP)

    TABLEAU VIGILANCE CLINIQUE

    SI VOUS CONSTATER sur vos PORCS

    Appétit diminué

    Fièvre (plus de 40°C)

    Augmentation de la consom-

    mation d’eau

    Abattement

    Regroupements inhabituels

    d’animaux

    +/- rougeurs sur la peau

    (oreilles, abdomens…)

    +/- avortements et mortalité

    sous la mère

    OU

    Augmentation de

    la mortalité

    =

    Doublement de la

    mortalité habituelle

    sur 15 jours dans 1

    bande ou 1 salle

    CONTACTEZ votre VETERINAIRE sans délai !

    « Mieux vaut signaler un cas suspect qui s’avèrerait négatif

    plutôt que de ne pas détecter la maladie »

    Suite >

    HAZKUNTZA - ELEVAGE

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 8 -

    Formation « biosécurité en élevage

    de porcs »

    BLE vous propose une formation adaptée aux élevages de

    porcs plein air (vs en bâtiments), le mardi 16 avril à Ostabat,

    avec Christine Meymerit, formatrice pour interface élevage et

    éleveuse de porcs gascons, avec atelier de naissage.

    Au programme :

    Les bases scientifiques de la PPA (reconnaissance de la

    maladie – évaluation des risques – situation épidémiologi-

    que)

    Concevoir et gérer un plan de biosécurité (définition des

    zones & flux – éléments de biosécurité - cas concrets)

    Mettre en oeuvre les bonnes pratiques d’hygiène (plan de

    nettoyage, désinfection, dératisation- examen de docu-

    ments)

    Pour vous inscrire :

    [email protected] / 06 27 13 32 34

    chaque parc (avec un sas sanitaire général au cen-

    tre) ? ;

    une aide financière pour les investissement que cela va

    induire (clôtures, sas...) : néccessité de négocier une

    aide nationale et non régionale qui induirait trop de dis-

    parités.

    Nous vous tiendrons informé de l'évolution de ces échanges.

    Plus d'infos : http://biosecurite.ifip.asso.fr/

    BIBLIOGRAPHIE :

    http://www.action-agricole-picarde.com/actualites/porc-les-

    elevages-devront-definir-un-plan-de-biosecurite-d-ici-a-

    2020:71O68IBL.htm

    IFIP _ http://biosecurite.ifip.asso.fr/_ Fiche Mesures de biosé-

    curité recommandées pour les élevages vis-à-vis du risque de

    Peste Porcine Africaine.

    mailto:[email protected]://biosecurite.ifip.asso.fr/http://www.action-agricole-picarde.com/actualites/porc-les-elevages-devront-definir-un-plan-de-biosecurite-d-ici-a-2020:71O68IBL.htmhttp://www.action-agricole-picarde.com/actualites/porc-les-elevages-devront-definir-un-plan-de-biosecurite-d-ici-a-2020:71O68IBL.htmhttp://www.action-agricole-picarde.com/actualites/porc-les-elevages-devront-definir-un-plan-de-biosecurite-d-ici-a-2020:71O68IBL.htmhttp://biosecurite.ifip.asso.fr/

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 9 -

    PRÉSENTATION D’YVES HERODY :

    Après une formation de géologue, ses

    travaux sur les « conditions d’apparition

    et de développement de la vie sur ter-

    re » le conduisent vers la pédologie

    dynamique. Au début de sa carrière, il

    travaille à la remise en culture des ter-

    res après conflits, et à l’installation défi-

    nitive des personnes déplacées en zones

    rurales. Cette expérience lui fera ren-

    contrer un grand nombre de situations

    dans le monde, et fondera son attache-

    ment au gros bon sens. En 1980, il fon-

    de le BRDA Bureau de Recherches sur le

    Développement Agricole. Il développe

    une approche pragmatique des sols

    cultivés en vue d’une production de

    haute qualité, rentable et autonome. En

    utilisant les plus récentes avancées de

    la géologie (notamment géochimie et

    m i né r a l og i e ) , d e l a b i o l o g i e

    (physiologie, biochimie et microbiologie)

    et de la pédologie, il met en place un

    protocole d’évaluation des sols basé

    avant tout sur l’observation minutieuse

    du terrain, complétée par des mesures

    spécifiques du fonctionnement du sol.

    D’où son habitude de sans cesse cher-

    GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO

    TRAVAIL DU SOL - NON TRAVAIL DU SOL.

    Quelles stratégies en Agriculture Biolo-

    gique ?

    La base du travail de BLE depuis sa naissance en 1993 : l’AGRONOMIE APPLIQUEE sur le terrain avec les paysans.

    Le partenaire principal : Yves HERODY (et son réseau, notamment Jacques PETIT, Dominique MASSENOT…).

    Le résultat en 2019 : Près de 8 000Ha de sols cartographiés en Pays-Basque, des milliers d’analyses de roches, des centaines d’a-

    nalyses de sols, des itinéraires techniques construits et validés avec les paysans (viticulteurs, éleveurs, maraichers…), des anima-

    teurs-trices de BLE formés à la méthode HERODY d’analyse de sol, des dizaines de réunions dans les villages avec les paysans et

    partenaires techniques, des rencontres humaines très riches, et surtout, des résultats satisfaisants sur le terrain qui permettent

    une approche réellement autonome et économe des fermes. Chaulage au sable grossier de carrière, utilisation de compost jeune,

    aération des prairies, etc.… Ces conseils sont le fruit d’un travail scientifique de plus de 20 ans, conjugué à la vérification par les

    paysans.

    Aujourd’hui/Demain : à l’heure des concepts et débats tels le labour/non labour, les TCS (techniques culturales simplifiées), le se-

    mis direct sous couvert, l’interdiction ou pas du Roundup, etc., il nous a paru intéressant de revenir sur les fondamentaux agrono-

    miques travaillés à BLE avec l’aide d’Yves HERODY, non pour nous donner raison mais pour tenter de remettre un peu de bon sens

    dans tout ça.

    Yves HERODY un « passeur de savoirs »

    entre la géologie, la pédologie, l’agronomie…

    et les paysans

    L’agronomie de bon sens au coeur des systèmes agricoles autonomes et économes

    cher à « regarder autrement ». Son but

    est de permettre à l’agriculteur de cons-

    truire son propre outil d’évaluation des

    sols. Si la science et la technique sont le

    fondement de ses travaux, le facteur

    humain constitue la base d’une applica-

    tion réussie. Le modèle de connaissance

    des sols, souvent appelée « méthode

    Hérody », a été appliquée dans un

    grand nombre de pays et dans tous les

    systèmes de production. Cela définit son

    efficacité, sa capacité d’adaptation et

    d’évolution, et a surtout apporté une

    dimension d’humilité qui est celle des

    gens de la terre. Il rédige actuellement

    la collection « les fondamentaux de l’a-

    griculture », sous forme de livrets tech-

    niques (« Le chaulage », « La première

    goutte de la première pluie : stockage

    et épandage des fumiers », « l’azote

    dans les moûts »…), qui permettent une

    synthèse de plus de quarante ans d’ob-

    servations détaillées, de vérifications

    méticuleuses et d’essais de longue du-

    rée, conduit dans des pays, des systè-

    mes de cultures et des contraintes éco-

    nomiques les plus variés. Suite >

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 10 -

    CONNAÎTRE UN SOL :

    « …Pour bien utiliser un sol et choisir les bons itinéraires tech-

    niques de mise en valeur, il faut connaître son origine, son

    histoire et son fonctionnement. Pour cela, on doit comprendre

    comment se sont formées les particules minérales provenant

    des roches mères (qui représentent 90 à 98% du sol), com-

    ment elles s’associent aux matières organiques (qui représen-

    tent 2 à 10% du sol) pour créer un milieu nouveau où les flux

    d’énergie et d’éléments peuvent être utilisés par les organis-

    mes vivants (activité biologique et microbienne du sol) et en

    particulier les plantes cultivées au moment où elles en ont be-

    soin… ».

    Et c’est ici toute la contribution des travaux

    de recherches d’Yves HERODY qui a réussi à faire

    des passerelles entre la géologie (roches), la pé-

    dologie (sols), l’agriculture (les pratiques agrico-

    les), la qualité du produit final (conservation, arô-

    mes…). Approche compliquée oui mais ô combien

    passionnante et surtout nécessaire pour sortir des

    « effets de mode » actuels et autre « copier-

    coller ».

    LE TRAVAIL DE CARTOGRAPHIES DES SOLS :

    L’association BLE et Yves HERODY (aidés

    des partenaires financiers) ont réalisé

    deux cartographies majeures en Pays-

    Basque :

    En 2009/2011 : la cartographie des sols

    de l’appellation viticole Irouleguy sur

    2000Ha.

    En 2014/2015 : la cartographie des sols à

    vocation élevage sur 6000Ha portant les

    zones de l’Oztibarre (dont les sols repré-

    sentent 80% des sols cultivés du Pays-

    Basque), de la vallée des Aldudes et de la

    vallée de l’Hergaray.

    A l’heure où le mot « innovation » est

    dans toutes les bouches, nous considé-

    rons que ces travaux de cartographies

    des sols relèvent bien d’une innovation au

    service du territoire car ils ont été traduit

    « en application agricole » pour et par les paysans. Nous

    avons voulu revenir dans ce BLE BERRI spécial agronomie sur

    les principaux résultats de ces cartographies afin de les valori-

    ser notamment auprès de la nouvelle génération de paysans

    locaux.

    AGRICULTURE ET TERROIR : POURQUOI EST-CE SI IMPORTANT ?

    « …Arômes, goût, texture, comportement à la transformation

    et à la conservation d’un produit final (lait, vin…) dépendent

    directement et en grande partie du sol, du terroir (Ex : liens

    entre la qualité d’un lait fromageable et les minéraux prove-

    nant du sol). Toute pratique agricole qui minimise l’action du

    milieu (sol) minimise l’effet terroir du produit fini.

    En agriculture du terroir, on ne cherche pas à corriger le sol,

    on cherche à l’utiliser avec ses caractéristiques issues de son

    héritage (géologie, pédologie). On doit donc le connaître,

    comprendre sa composition et ses dynamiques de fonctionne-

    ment. On doit ensuite y adapter des pratiques agricoles d’opti-

    misation du terroir et non de substitution au terroir... ».

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 11 -

    RAPPEL DES CONDITIONS DE L’ACTIVITÉ MICROBIENNE DANS LE SOL :

    Ainsi la POROSITE du sol est constitué de l’eau, de l’air, des organismes vivants et

    des racines des plantes… et de vides entre tout ça. La porosité peut être héritée

    (type de sol) et construite (par la pratique agricole).

    Concernant les racines, elles ne se développent correctement que si la porosité

    convient à leur taille. Toute racine nécessite en préalable une fissure pour se dévelop-

    per. Une bonne porosité est gage d’une fissuration du sol adaptée aux racines des

    plantes. Il est important de bien observer sur le terrain, le système racinaire en verti-

    cale et en horizontale. Ainsi même pour installer un engrais vert ou une toute autre

    culture, il faut s’assurer d’un minimum de bonne structure en amont.

    La réflexion sur travailler ou pas le sol et à quel niveau retrou-

    ve ici toute sa logique.

    RAPPEL SUR LE MODE D’ÉLABORATION DE LA STRUCTURE DU SOL :

    Structure fragmentaire : issue d’un

    phénomène physique (gel, sec, travail

    du sol), elle ne fera toutefois jamais

    d’agrégation.

    Structure d’agrégation : issue du tra-

    vail des micro-organismes du sol. C’est

    donc toujours le résultat de l’activité

    biologique intense du sol.

    Les micro-organismes sécrètent du

    « mucus » microbien qui sert « de

    colle » à l’agrégation des particules

    minérales fines du sol.

    Il faut donc, en amont, donner de

    la matière aux micro-organismes

    pour qu’ils puissent, en aval, sécré-

    ter du mucus.

    Le mucus microbien est un poly-

    saccharide. Il faut donc que la ma-

    tière donnée en amont permette

    d’amener du polysacarose, « du

    sucre ».

    Deux pratiques agricoles permettent

    d’amener « du sucre » dans le sol :

    L’’engrais vert (détruit jeune avant

    floraison et incorporé en surface).

    Le fumier assaini (ou jeune com-

    post avec couverture en amont du

    fumier).

    LES SOLS DU PAYS BASQUE :

    « …Au Pays Basque, les faciès géologi-

    ques (type de roches et de sédimenta-

    tions) sont innombrables et leur réparti-

    tion très complexe en raison des mou-

    vements qui ont donné naissance aux

    Pyrénées. La détermination des faciès,

    leur gisement puis leur altération qui

    donne les sols actuels est une véritable

    enquête d’identification des terroirs.

    Une grande partie des sols agricoles du

    Pays-Basque (environ 70 à 80%) repose

    sur une formation géologique appelée

    Flysch (vallée de l’Oztibarre, d’Amikuze,

    une partie de la Soule mais aussi une

    partie du littoral…). On retrouve aussi

    d e s s o l s g r è s t r è s a n c i e n s

    (paléozoïques) qui forment la plupart

    des zones de montagne (vallée de Ban-

    Battance Porosité

    Paramètres (par ordre

    de priorité)

    Incidences et actions possibles du producteur

    La T° du sol

    Une certaine T° du sol est nécessaire à la minéralisation des matiè-res organiques par les micro-organismes. Ainsi le sol doit se ré-chauffer pour que l’activité biologique se « remette en marche ».

    Ce paramètre est directement dépendant du climat mais

    aussi de l’aménagement agricole (notamment la gestion

    de l’eau dans la parcelle : fossés…).

    L’air et l’eau (et les vi-des du sol)

    C’est la porosité ou structure du sol nécessaire pour l’activité biologique et pour le système racinaire des cultures.

    Le travail du sol et l’engrais vert participent à la structure du

    sol.

    La nourri-ture des micro-organismes du sol : « nourrir le sol pour nourrir la plante »

    Pour fonctionner, les micro-organismes du sol nécessitent de l’air, de l’eau mais aussi de l’azote et de l’énergie RAPIDES (leur « bol alimentaire »). Il faut recherche une bonne structure/porosité du sol ET un équili-bre entre l’azote et l’énergie.

    La conduite des engrais vert et le choix de a fertilisa-

    tion organique impactent directement sur ce paramètre.

    Préférez le fumier assaini, le compost jeune, les MO

    faciles à décomposer et éviter donc les MO trop coria-

    ces (déchets verts, digéstats méthanisation…).

    Les bases L’activité biologique du sol entraîne une acidification du mi-lieu. Or l’acidité nuit à l’activité biologique. Il faut dont assurer une base pour (ré)équilibrer le milieu :

    C’est la fonction du chaulage en sol acidifié, non calcaire (en

    sol calcaire on ne chaule pas).

    Si un de ces paramètres ne fonctionne pas correctement, la plante cultivée ne pousse pas bien (problème de rendement et/ou de

    santé des cultures).

    Suite >

    GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 12 -

    ca…). On a aussi hérité de sols encore calcaire (vallée de l’Hergarai…). Entre chacune de ces grandes formations géologiques, on

    peut aussi retrouver des micro-terroirs spécifiques comme les zones d’Ophyte, présente autour du vignoble d’Irouleguy… ».

    LES PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DES SOLS EN PAYS-BASQUE ET ITINÉRAIRES TECHNIQUES D’OPTIMISATION :

    Principales carac-téristiques

    Avantages Inconvénients Pratiques à favoriser

    Sol à dominante minérale de LI-MONS à limon fai-blement argileux

    Sol globale-ment fertile (dépend aussi de l’épaisseur)

    Sensible à la battance en surface et parfois en profondeur. Peu de capacité de fixa-tion. Sensible au sec (selon épaisseur du sol et exposi-tion).

    FISSURATION/AERATION : -Préférez des outils à dents, à ailettes. -Ne pas abuser des outils rotatifs. -Travail de sol de surface 2 à 10cm pour casser « la croûte de battance » (binage, scarification….). -Travail plus en profondeur 20-30cm parfois nécessaire pour fissurer « la semelle de labour » provoqué par le lessivage des fines. -Gérer le sur-pâturage /risque de battance. FRACTIONNEMENT des apports: Apports fractionnés de la fertilisation pour éviter les per-tes, les lessivages.

    Des sols fertiles mais fragiles….Donner leurs de l’air….

    Sol riches en ma-tières organiques

    Réserves or-ganiques im-portantes

    Mais réserves sous forme très stables (parfois trop stables)

    FAVORISER L’ACTIVITE BIOLOGIQUE INTENSE : -Fumier assaini (garder les jus) 10 à 20T/Ha -Jeune compost (idem, épandage 1 à 3 semaines après le compostage), 10 à 20T/Ha -Légumineuses dans la rotation -Engrais vert détruit au stade jeune et incorporé en sur-face -Si engrais organiques du commerce : Farines, fientes, guanos, plumes EVITER D’AUGMENTER LES APPORTS STABLES : -Eviter vieux fumier, vieux compost (sauf certaines PAM) -Enlever les bois de taille -Surtout pas de déchets vert, de digéstats méthanisa-tion….pas adaptés et risque sanitaire élevé.

    Des sols bien pourvus en matières organiques ….Favoriser l’activité biologique intense

    Sol acidifié ou en cours d’acidifica-tion

    Sol pauvre en calcium et assez bien pourvu en magnésium.

    L’acidification nuit à l’acti-vité biologique du sol. Présence d’Aluminium en excès qui bloque des élé-ments.

    CHAULAGE SOUVENT IMPERATIF : -Carbonate de Calcium 500 kgs à 1T/Ha/an -Carbonate de Calcium en sable de carrière : 5T/Ha tous les 5 ans -Si Dolomie 200Kgs/Ha INOCULER LES LEGUMINEUSES

    Privilégier le chaulage au Carbonate de Calcium, à faire AVANT les apports organiques…

    LES OLIGO-ÉLÉMENTS :

    « …Tous les oligo-éléments sont présents dans les roches et

    minéraux pyrénéens et donc dans les alluvions et colluvions.

    Mais aussi d’autres métaux pas forcément désirables (par

    exemple l’Aluminium). Il faut donc connaître les conditions de

    mobilité/immobilité qui dépendent de plusieurs facteurs com-

    plexes.

    Les besoins en oligo-éléments sont couverts dans tous les

    systèmes de production où le sol fonctionne. Toute carence

    en oligo est aussi un indice que le système de production (et

    donc le sol) fonctionne mal. Or un système de production

    défaillant détruit le sol et pollue l’eau mais met aussi en dan-

    ger la santé des animaux…et des hommes.

    L’agriculteur peut sans problème mobiliser les

    oligos en favorisant l’activité biologique intense, l’aé-

    ration et le niveau organique « actif » (= facilement

    minéralisable) mais aussi en luttant contre l’acidifica-

    tion (chaulage adapté) et contre la complexolyse (MO

    non complexantes).

    La solution aux carences en oligos n’est pas l’achat systémati-

    que, mais l’utilisation de techniques qui font fonctionner le sol

    à l’optimum permis par sa génétique. Cela assure générale-

    ment la mobilité des éléments essentiels tout en contrôlant la

    mobilité des éléments nécessaires en très petite quantité… ».

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 13 -

    EN SYNTHÈSE :

    Gestion de l’excès d’eau Gestion du chaulage

    1 : Faire ou refaire des fossés ouverts 2 : Les entretenir

    1 : Choisir du Carbonate de Calcium 500gs à 1T/Ha 2 : Si sous forme de sable grossier de carrière 0-5mm : 5T/Ha tous les 5 ans. 3 : Chauler avant les apports organiques 4 : Jamais de chaux vive

    Gestion du fumier/compostage Gestion du travail du sol ….ou pas

    1 : Couvrir le fumier 2 : Le composter 1 à 3 fois en suivant 3 : L’épandre 2 à 4 semaines après Epandage 2-3 semaines mois avant les semis/plantation

    1 : Observer si fissuration nécessaire 2 : Privilégier outils à dents, à ailettes 3 : Ne pas abuser des outils rotatifs 4 : Attention à ne pas faire de la « terre trop fine » 5 : Ne vendez pas votre charrue !Elle pourrait vous servir de temps en temps

    Gestion des engrais organiques du commerce A éviter :

    1 :Privilégier ceux à base d’ovin/bovin/équin et/ou farines, plumes, fientes, guanos 2 : Epandage 2-3 semaines mois avant les semis/plantation

    1 : Déchets verts (sauf certaines PAM) 2 : Digéstats de méthanisation (consomme azote, augmente la MO stable, provoque présence de bactéries coriaces)

    Valorisation agricole des digestats de méthanisation : attention danger !!!

    Les digestats, sont composés de MO très stables comme la lignine (bois), dont la décomposition et la dégradation par les micro-

    organismes présents dans le digesteur sont très (très) lentes.

    Les sols agricoles basques présentent une accumulation historique de MO stables dû notamment aux précédents « fougère »,

    touyas, ronces, forêt. L’utilisation en agriculture de ces digestats n’aurait pour conséquence qu’une augmentation de ces stocks de

    MO stables dans ces sols. Il est difficilement concevable de demander à des bactéries dans des conditions de sol de faire mieux,

    en matière de dégradation de la MO, que des bactéries placées en conditions optimales de température et d’humidité à l’intérieur

    d’un digesteur.

    Une accumulation de MO stable est aussi problématique qu’un déficit pour le rendement et la qualité sanitaire des plantes. Dans

    notre cas, cela conduirait, à moyen terme, à un disfonctionnement du système d’alimentation sol-plantes :

    Dérive microbienne : déséquilibre champignons/bactéries au sol avec terrain favorable aux maladies cryptogamiques sur la

    plante.

    Problèmes sanitaires : terrain favorable aux nématodes du sol, taupins et autres scutigerelles qui dévorent les cultures en

    place.

    Faim en azote : terrain favorable à une perturbation du cycle de l’azote et retard dans sa libération au moment opportun

    pour la plante.

    De plus, ces digestats sont riches en azote. Cependant, les formes sous lesquelles il se trouve sont très sensibles au lessivage et à

    la volatilisation. Ce qui fait d’eux une menace plus que potentiel vis-à-vis de la qualité des eaux, surtout dans les sols agricoles

    basques où les potentiels de fixation sont faibles (rétention des apports de fertilisants). De même, nous émettons quelques réser-

    ves quant à leur réelle teneur en azote. Une réaction de méthanisation s’accompagne inéluctablement de fuites azotées sous for-

    mes gazeuses.

    GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 14 -

    Travail du sol… ou pas ? Sources : Cartographie des sols du Pays-Basque du BRDA HE-

    RODY, interventions de Dominique MASSENOT et Jacques PE-

    TIT, retours des paysans du réseau.

    LE RAISONNEMENT SUR LE TRAVAIL DU SOL :

    LE TRAVAIL DU SOL : RÈGLES À RESPECTER :

    LES FACTEURS CLÉS DE RÉUSSITE DU TRAVAIL DU SOL :

    AVANTAGES/INCONVÉNIENTS SELON TYPE DE TRAVAIL DU SOL :

    Eléments de raisonnement du travail du sol

    Optimisation du sol = maintien activité biologique intense

    Productivité de la culture = rendement et qualité

    Maitrise des adventices = efficacité et écologie

    Maîtrise de l’érosion = durabilité du système

    Eléments de raisonnement du travail du sol

    Ressuyage = pas de bon outil au mauvais moment

    Objectifs = activité des microbes/racines /gestion culture/adventices

    Profondeur = travail profond souvent inadapté

    Modulation = fragilité structural =combinaison pratiques

    Eléments de raisonnement du travail du sol

    Conditions de travail = respect du ressuyage

    Evaluation porosité = besoin de fissurations

    Pression des adventices =déchaumage impératif

    Selon le type de sol

    LABOUR NON LABOUR

    AVANTAGES

    Fissuration intense

    Contrôle adventices

    «Garantie» de résultat

    (notamment en AB)

    Maintien MO en horizon de surface

    Diminution érosion

    Optimisation créneau d’interven-

    tion

    RISQUES

    Enfouissement MO trop

    profond

    Risque «semelle» de labour

    Augmentation érosion

    Temps et coût élevés

    Baisse réchauffement du sol

    Baisse minéralisation azote

    Augmentation pression adventices

    Augmentation risque mycotoxines

    CHAUX VIVE ET CHAUX ÉTEINTE : PLUTÔT À PROSCRIRE

    « L’utilisation de la chaux vive et de la chaux éteinte est deve-

    nue une habitude en agriculture : or, si l’effet sur le pH est

    rapide et fort (mais aussi fugitif), les conséquences géochimi-

    ques et biologiques sont désastreuses. En effet :

    La chaux soluble est un puissant insolubilisateur des métaux

    entraînant notamment une forte immobilisation des oligo-

    éléments.

    La chaux soluble est un puissant minéralisateur des matières

    organiques (MO) en commençant par les plus faciles à dé-

    composer : or ces MO assurent une grande partie de l’activité

    biologique intense. Le chaulage répété à l’aide de chaux

    soluble entraîne une chute des MO nécessaires à l’Acti-

    vité Biologique Intense.

    La chaux vive et, moindrement, la chaux éteinte entraînent la

    mort d’une quantité importante de microbes. La minéralisation

    de ces corps microbiens morts fait « un coup d’azote » se tra-

    duisant par le verdissement des prairies chaulées ou une

    croissance rapide des cultures. Cet « effet azote » est

    source de confusion chez l’agriculteur qui estime « que

    l’on voit bien l’effet de la chaux ». Toutefois la chaux vive

    peut être un désinfectant pour des parcelles contaminées par

    certains microbes ou certains parasites, en complément des

    autres traitements appropriés. Dans ce cas, il ne faut jamais

    l’utiliser en continue.

    Les chaux vive ne doivent jamais être utilisées en routi-

    ne agricole. »

    Extrait du cahier technique « Le chaulage : état calcique des

    sols cultivés » 2015, BRDA Herody.

    Chaux soluble et AB : Pour rappel, la chaux vive et éteinte

    est interdite en AB. Son utilisation par les conventionnels en

    « anti chenilles des prairies (cirphis) » s’avère donc peu ap-

    propriée sur le plan agronomique et écologique.

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 15 -

    « L'AB et l'Agriculture de Conservation

    (AC) ont tous les deux des bienfaits sur

    les sols et sur la biodiversité dans les

    sols. En hybridant l'AB et l'AC il est pos-

    sible de se reposer sur les leviers de

    l'AB. A savoir, des rotations longues, la

    couverture des sols mais en essayant de

    réduire les perturbations mécaniques.

    Un vrai challenge car jusqu'à présent, le

    travail du sol, dont le labour, était la clé

    de réussite de tout le système cultivé en

    AB.

    Cela pose de nombreuses nouvelles

    questions techniques ! Comment sans le

    labour ou sans travail du sol peut-on

    gérer mécaniquement des adventices

    avec des résidus en surface du sol ? Il y

    a plusieurs leviers en AB : la rotation,

    l'intégration de prairies temporaires...

    ou encore, la gestion des couverts. Mais

    comment semer dans un couvert que

    l'on ne peut détruire avec un désher-

    bant ? Ce sont de vrais challenges tech-

    niques à relever.

    C'est aussi pourquoi il y a moins d'agri-

    culteurs en AB qui pratiquent le semis

    direct. D'ailleurs il n'y a pas, à ma

    connaissance, d'agriculteurs AB qui pra-

    tiquent le semis direct (sans aucun tra-

    vail du sol) sur toutes les cultures de

    leur rotation. Il peut être pratiqué pour

    l’implantation de certaines cultures de la

    rotation qui s’y prêtent. Il y a en règle

    générale toujours un travail du sol qui

    se fait à un moment stratégique dans la

    rotation. Certains systèmes bien maîtri-

    sés techniquement parviennent à ne

    labourer que tous les 6 ans par exemple

    mais ont quand même recours à des

    travaux du sol superficiels dans la rota-

    tion. D’autres systèmes AB se passent

    de la charrue totalement et développent

    une stratégie TCSL (Technique Culturale

    Sans Labour) avec de nombreux passa-

    GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO

    Suite >

    AVIS D'EXPERT : ENTRETIEN AVEC JEAN-FRANÇOIS VIAN, ENSEIGNANT CHERCHEUR EN AGRONOMIE, SPÉCIALISÉ DANS LES SCIENCES DU SOL À L'ISARA LYON.

    Est-il possible de conduire des parcelles en AB en arrêtant le labour ?

    Echanges autour des conclusions d'une enquête réalisée auprès de 159 agriculteurs

    bios sur toute l’Europe (programme TILMAN.Org) et de 10 années d'expérimentation

    en Rhône-Alpes.

    ges mécaniques plus ou moins superfi-

    ciels sans retournement. Ces travaux du

    sol, et notamment les labours, sont

    positionnés pour maîtriser les adventi-

    ces. Mais le choix se fait parcelle par

    parcelle selon l’état structural et le sa-

    lissement»

    GÉRER DES COMPROMIS DANS LEUR CONTEXTE !

    « L'agriculture est une gestion des com-

    promis au quotidien, on se fixe un ob-

    jectif mais il y a plusieurs voies pour

    atteindre cet objectif : il ne faut pas

    avoir d’œillères. Il y a beaucoup de dis-

    cours sur la charrue actuellement, on se

    demande comment on en est arrivé à

    diaboliser cet outil à ce point là ! Un

    outil utilisé depuis des millénaires, cer-

    tes parfois mal utilisé, mais le message

    important c'est : pas de dogme, être

    pragmatique ! Il y a un équilibre à trou-

    ver, selon sont pédo-climat, son objec-

    tif, et cela pourrait être une combinai-

    son de différentes pratiques : labour,

    réduction de travail du sol et parfois

    semis – direct ! »

    Ex : la réduction de travail du sol est

    particulièrement intéressante là où le

    climat est sec, le mulch permettant de

    maintenir l'humidité des sols ; à contra-

    rio, sur un sol limoneux, en zone de

    forte pluviométrie, réduire le travail du

    sol peut entraîner des tassements en

    profondeur : sortir la bêche pour véri-

    fier !

    Il faut conserver les fondamentaux :

    c’est avant tout le climat et le type de

    sol qui commandent, avant la technique

    proprement dite. Et les effets sur le

    rendements seront toujours une conju-

    gaison de facteurs : envahissement des

    adventices, déficit de minéralisation,

    diminution de la structure du sol...

    LES COUVERTS VÉGÉTAUX COMME CLÉ DE VOÛTE ? L'une des clé de réussite commune : les

    couverts végétaux ! Ils présentent de

    nombreux intérêts :

    protection des sols,

    réduction de la lixiviation de l'azote

    (qui a lieu même en AB),

    amélioration de l'état structural du

    sol en maintenant la porosité, grâce

    aux racines (elles profitent des in-

    fractuosités, mais elles ne vont pas

    « décompacter » un sol en 3 mois...

    con t rô le de l ' e nherbement

    (concurrence pour l'espace, la lu-

    mière, les nutriments...)

    augmentation du stock de carbone

    organique dans le sol

    Il est nécessaire d'approfondir les

    connaissance sur ce sujet pour mieux

    les intégrer dans la rotation (choix des

    espèces, dates et méthode d'implanta-

    tion, date et méthode de destruction...).

    Des essais avec roulage du couvert et

    semis dans le mulch sont testés (ex :

    soja semé directement dans un couvert

    de seigle roulé).

    DES SUJETS QUI NE FONT PAS ENCORE CONSENSUS ! Stockage du carbone

    « Il n'y a jamais eu de consensus scien-

    tifique sur le lien travail du sol et stoc-

    kage de carbone dans les sols ! Il y a eu

    depuis peu une révision à la baisse des

    chiffres présentés depuis quelques an-

    nées sur le stockage additionnel permis

    par le non labour. Ils apparaissent

    moins élevés que prévus et dépendent

    ©ISARA

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 16 -

    avant tout des retours de biomasse au

    sol (quantité de résidus de culture –

    rendement – et biomasses produites en

    intercultures). »

    « Et il est également possible de stocker

    du carbone en pratiquant le labour, s'il y

    a des couverts végétaux, une restitution

    des résidus de culture et / ou des ap-

    ports de matières organiques. A contra-

    rio, en technique culturale simplifiée, où

    le passage d'outils mécaniques peut

    être répétitif, il n'y a pas de différence

    avec la pratique du labour, voir, cela

    peut entraîner du destockage. En semis

    direct il peut y avoir plus de stockage,

    seulement si tout ce qui a été cité en

    amont est respecté ! »

    Vie des sols

    « Le non labour concentre le carbone

    organique en surface, entre 0 et 15cm

    (cf. graphique), et augmente la vie mi-

    crobienne associée. Cependant, en des-

    sous de 15cm, l'activité microbiologique

    apparaît plus réduite qu'en labour. Les

    microorganismes suivent la matière

    organique ! Quand on compare les si-

    tuations non-labour et labour sur 0-30

    cm de profondeur les différences sont

    faibles voir nulles entre ces systèmes.

    La diversité bactérienne est même sti-

    mulée dans les parcelles labourées, ce

    qui est moins vrai en revanche pour les

    champignons. Le labour a en revanche

    plus d’effets sur les macroorganismes et

    notamment les vers de terre, notam-

    ment les anéciques. Mais ce qu’il faut

    retenir c’est que les effets négatifs d’un

    labour sur les vers de terre peuvent être

    atténués selon la période et les condi-

    tions d’application de cette pratique et

    surtout par d’autres leviers agronomi-

    ques à l’échelle de la rotation : insertion

    de couverts et apports de matières or-

    ganiques. Donc arrêtez de culpabiliser si

    vous labourez ! Il faut choisir : des phy-

    tos (plus ou moins…) et pas de travail

    du sol ou du travail du sol (un peu, le

    moins possible si possible...et en bon-

    nes conditions) et pas de phytos ! Bref,

    il n’existe pas de système parfait !

    «Il faut intégrer aussi la dimension so-

    ciale, les besoins et les envies de l'agri-

    culteur, ce qu'il veut, ce qu'il cherche à

    faire. Certains adorent les challenges,

    relever des défis techniques, d'autres

    sont très motivés pour préserver la fer-

    tilité des sols, l'environnement. Ce n'est

    pas blanc ou noir et il n'y a pas de sys-

    tème parfait, en agronomie on gère des

    compromis !»

    En conclusion : se res-

    pecter, observer, échanger et

    s'adapter à son sol, son climat,

    son contexte !

    RÉFÉRENCES / POUR ALLER PLUS LOIN :

    2016_vidéo YouTube_En ABC, réduire

    les perturbations mécaniques_interview

    GABB32

    2016_vidéo YouTube_Jean-François

    Vian : état des lieux de l'ABC en climat

    tempéré et expérience en Rhône-Alpes

    web : Brochure de synthèse du 6ème

    colloque des Bios du Gers à Auch le

    09/12/2016 _ AB+AC=ABC ? Comment

    associer AB et et AC.

    Vincent-Caboud L., Peigné J., Casagran-

    de M., 2017. Semis direct de cultures de

    printemps sous couvert végétal roulé en

    AB. Partie 2 : retours d'expériences et

    de discussions entre agriculteurs et

    chercheurs dans la Drôme. Isara Lyon –

    ITAB.

    Article TCS N°87, mars/avril/mai 2016,

    P18-20 _ AB en AC – le point de vue de

    l'Isara Lyon – vers plus d'intégration de

    couverts végétaux.

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 17 -

    GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO

    Essais sur les techniques culturales simplifiées et semis direct en AB en Dordogne

    Sources : Agrobio Périgord

    En réponse aux nombreux questionnements sur l’intérêt du labour et son impact sur

    l’environnement ainsi que sur l’adaptation possible des TCS en bio, Agrobio Périgord a

    conduit, pendant plusieurs années, des essais in situ sur 7 fermes AB et non AB. Sur

    l’une des fermes AB ils ont mis en place une plateforme d’essais comparatifs labour/

    semis direct/semis simplifié. Voici un extrait des résultats du suivi sur 4 années.

    Labour Semis

    direct

    Semis

    simplifié

    « Pendant 4 ans nous avons observé 3

    modalités labour, semis direct, semis

    simplifié avec à chaque fois les mêmes

    cultures. Au départ du projet un bilan

    de fertilité avec la méthode Hérody a

    été réalisé afin de nous permettre d’é-

    valuer y a eu des évolutions agro-

    pédologiques dans le temps.

    La parcelle étudiée a été divisée en 3

    zones, sur lesquelles ont été affecté 3

    itinéraires culturaux différents :

    1- Labour à 20-

    2- Semis direct sous couvert

    3- Technique simplifiée semis devant un

    travail au rota-labour.

    Le principal apport fut 40 t/ha de com-

    post de fumier en mars 2014. Les resti-

    tutions des résidus de cultures furent

    variables suivant les zones, du fait de la

    forte variation de rendement.

    5 critères ont été observés :

    L épaisseur des horizons

    La couleur

    La texture

    La carbonatation

    La structure

    Sur ces 5 critères 1 a bien évolué l

    épaisseur des horizons.

    L’épaisseur de l’horizon

    humifère est un paramètre dé-

    terminant car il permet de re-

    lativiser la fertilité analytique

    d’un sol : un sol peu pourvu

    mais épais sera toujours plus

    fertile qu’un sol riche et mince.

    RÉSULTATS :

    Labour : peu ou pas de variation

    Présence de résidus de cultures non

    dégradés

    Semis direct : accumulation organi-

    que en surface générant un horizon

    humifère très superficiel.

    Technique simplifiée : création

    d’un horizon humifère sur la zone de

    travail.

    Impact des pratiques sur la gestion des ravageurs

    Pourcentage de pieds de maïs attaqués par la pyrale et la sésamie par modalité

    CONCLUSION

    L’expérimentation a pu mettre en évi-

    dence les avantages et inconvénients de

    chaque itinéraire.

    Concernant les inconvénients sur le sol,

    la différenciation est apparue très claire-

    ment au niveau de l’observation des

    profils avec :

    Pour le labour, la présence de MO

    brutes (résidus de cultures) en lien

    avec les perturbations du retourne-

    ment sur la macrofaune du sol.

    Pour le semis direct, apparition d’un

    horizon très organique de faible

    épaisseur (accumulation superficielle)

    et risque de fermeture du sol à faible

    profondeur.

    Pour la TCS : l’itinéraire permet d’é-

    viter les inconvénients des 2 itinérai-

    res précédents.

    A noter cependant qu’un des paramè-

    tres fondamentaux de différence entre

    les itinéraires concerne la maitrise du

    salissement en AB et que sur ce critère

    seul le labour (sans autres actions com-

    pensatrices) atteint des résultats conve-

    nables.

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 18 -

    TÉMOIGNAGE DE FRANÇOIS GAILLICOU

    EARL GAILLICOU : polyculture Elevage à Saint-Gladie

    En bio depuis 19 ans, François Gaillicou produit du colza, de l'orge/pois, du tournesol,

    du maïs grain et des lentilles à Saint Gladie. Il élève des bovins de race gasconne,

    nourris avec les fourrages et céréales de la ferme, et commercialisés en circuits

    courts.

    Souhait de moderniser la manutention

    et le stockage à la ferme

    Essais de la culture d'haricot lingot pour

    diversifier la vente directe, et augmen-

    tation de la surface de lentille. Puis,

    Production de soja à nouveau?

    POURQUOI L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE ?

    Francois Gaillicou a décidé de passer en

    bio en 2000, par souhait de pratiquer

    une agriculture saine, dans le respect de

    l'environnement. C'est également l'ac-

    complissement d'un travail mené depuis

    de nombreuses années, par son père

    dont il a pris la suite.

    « Mon père utilisait l'homéopathie pour

    soigner les animaux et il utilisait peu

    d'intrants chimiques pour la conduite

    des cultures. Il travaillait sur les techni-

    ques alternatives, naturelles sur la fer-

    me. J'étais donc sensible à ces techni-

    ques à mon installation. Avant de pas-

    ser en bio, je conduisais les cultures

    HISTORIQUE

    - Installation en 1989 sur 22ha, reprise

    de la ferme familiale, avec un assole-

    ment composé de maïs semence et ta-

    bac, et des blondes d'Aquitaine.

    Ensuite, avec le remembrement, mise

    en place de l'irrigation sur 10ha, et des

    légumes pleins champs,

    1994 : reprise de la ferme voisine, arrêt

    des légumes sous contrat. 100ha de

    SAU

    2000 : passage en agriculture biolo-

    gique

    Valorisation des productions en vente

    directe (viande et lentille), et vente des

    céréales à AGRODOC si surplus.

    2019 et projets futurs

    Passage de la ferme en zone défavori-

    sée, et implication dans la MAE Saison

    (passage de 15ha en prairie pour la

    protection de la rivière).

    GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO

    avec le moins d'intrants possibles. Je

    réduisais les doses des intrants pour les

    légumes sous contrat. »

    LA ROTATION :

    Orge/pois

    Colza

    couvert hivernal (féverole/orge)

    Maïs

    Couvert hivernal

    Tournesol

    prairie/sorgho

    ©defermeenferme

    Les concepts d'AB et d'AC

    En Agriculture Biologique (AB), les intrants chimiques de syn-

    thèse sont interdits (désherbants, insecticides, engrais...). Il

    s'agit donc d'activer différents leviers pour une gestion globale

    et préventive (rotation, date de semis, variété...). Le travail du

    sol est également un moyen d'action. Il permet de contrôler

    les adventices, de préparer le sol avant les semis, d'incorporer

    des apports organiques...

    Au niveau mondial, la réduction de la fertilité des sols et les

    coûts de mécanisation ont remis en question certaines prati-

    ques, dont le labour. Ce qui a mené de nombreux agriculteurs

    à l'agriculture de conservation (AC). Quels en sont les princi-

    pes :

    une perturbation minimale du sol (réduction de la pro-

    fondeur de travail du sol, absence de retournement du

    sol, semis direct etc.)

    une couverture permanente des sols (mulch vivant ou

    mort)

    une rotation culturale diversifiée

    On distingue plusieurs TCSL (Technique Culturale Sans La-

    bour) selon la profondeur et la surface de travail de l'outil :

    Source : Semis direct de cultures de printemps sous couvert végé-

    tal roulé en AB, Partie 2_Isara Lyon / ITAB

    AGRICULTURE BIOLOGIQUE ET AGRICULTURE DE CONSERVATION : UNE COMBINAISON POSSIBLE ?

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 19 -

    SAU 101 ha

    15ha regroupés autour de la ferme, puis des

    petites parcelles, un peu plus éloignées

    Main d’œuvre 1 UTH et un apprenti

    Productions Bovins viande :

    35 mères de race Gasconne, 6 génisses, 65

    boeufs Gascon/Limousin Ration : 100% autonomie fourragère et

    concentrés. Foin, paille, enrubanné, céréales

    de la ferme (maïs, orge, pois et féverole).

    Achat de tourteau de lin pour finir l'engrais-

    sement. Grandes cultures :

    10ha de colza

    10ha d'orge/pois

    15 ha de maïs grain

    15 ha de tournesol

    1,5 ha de lentille

    3ha de sorgo

    Environ 50 ha de prairies

    Types de sols Boulbènes principalement, et quelques par-celles avec une texture très limoneuse

    (sensibles à la battance)

    Une parcelle argilo-limoneuse

    Texture plutôt facile à travailler

    Parc matériel Majorité du matériel en propriété Batteuse, broyeur et petits matériels en copro-

    priété (à 2)

    Souhait d'achat d'une herse étrille 9m

    Commerciali-

    sation Veaux, vaches et bœufs : Vente directe en co-lis, AMAP, Restauration collective, cuisines et

    cantines locales

    Label AB depuis 2000

    Cultures Rendements 2018 (qtx/ha) Fortes pluies.

    Rendements moyens (qtx/ha)

    Colza 7 15

    Maïs 33 90

    Tournesol 13 28

    Orge/pois 30 50

    Sorgho 30 43

    LA GESTION DES MALADIES ET DES RAVAGEURS

    François n'utilise aucun traitement contre les maladies et les

    ravageurs. Il observe peu de maladies sur les cultures de prin-

    temps. Par contre, beaucoup de taupins, scutigerelles et sésa-

    mies sont présents dans les parcelles et peuvent notamment

    engendrer de la casse sur maïs et tournesol. Le colza est éga-

    lement sensible à la scutigerelle. En 2017, certaines zones,

    dans quelques parcelles, ont du être re-semées.

    LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR L'ÉLEVEUR...

    Adapter son assolement

    La construction des assolements est liée aux contraintes de la

    récolte et du stockage. Les quantités produites doivent corres-

    pondre :

    aux capacités des camions de livraison (tournesol et

    colza notamment)

    aux capacités de stockage possible à la ferme (maïs,

    orge, pois, féverole par exemple).

    Gestion des plantes indésirables

    Le désherbage est un challenge, car certaines parcelles sont

    plus sales que d'autres. Des faux semis sont pratiqués fin mai,

    puis un passage d'herse étrille est nécessaire avant la levée, à

    Suite >

    DESCRIPTION DU SYSTÈME ITINÉRAIRES CULTURAUX

    Cultures de printemps (Maïs et Tournesol) :

    Le semis des cultures de printemps est réalisé plutôt fin mai,

    en fonction de la lune. Voici l’itinéraire technique suivi :

    Broyage des couverts hivernaux

    Cover crop (pour mélanger)

    Labour

    Outil à dent + herse rotative

    Semis semoir 80

    Herse étrille à l’aveugle après semis

    Binage (3 passages)

    Culture d'hiver (Colza et orge/pois)

    Broyage et cover crop

    Combiné herse rotative

    Semis avec semoir à céréales

    Couverts hivernaux

    Chaque année, sur l'ensemble des parcelles en rotation

    70kg de féverole et 80Kg d'orge en semences fermières

    Passage d'un chisel et semis à la volée.

    Fertilisation et chaulage

    15 à 18T/ha de fumier de bovins avant l'orge pois.

    4T/ha de fiente de volaille bio avant le maïs, le tournesol et

    le colza. (au printemps et fin d'été).

    Chaulage : 4 à 5 T/ha de sable de carrière (Bergouey Vielle-

    nave) tous les 4 ans

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 20 -

    l'aveugle (pour maïs et tournesol uniquement).

    Qualité des prairies

    Sur les prairies, les légumineuses disparaissent rapidement.

    Les sols sont peut-être trop acides, et le chaulage peut-être

    peu efficace selon l'éleveur. « J'essaye de semer des mélanges

    les plus diversifiés possible.

    Les aléas climatiques

    En agriculture biologique, le moindre décalage et les aléas cli-

    matiques ont un fort impact. Mon atelier élevage permet de

    soutenir les pertes lors des années difficiles.

    LES POINTS DE VIGILANCE EN AB :

    1. Avoir des bons sols avec une texture facile à travailler et une

    bonne structure, pour obtenir des rendements corrects et valo-

    riser les passages de travail du sol

    2. Améliorer la structure du sol :

    Décompacter des que nécessaire pour faire entre l'eau et

    l'air, car le tassement est un problème pour les sols et le

    nombre de passage en bio est important (binage, herse,

    etc...).

    L'observation de l'éleveur : moins on travaille les sols, plus

    la structure s'améliore

    Les lentilles ont un très bon effet aérateur comme la févero-

    le, avec un système racinaire bien développé

    3. Etre précis et rigoureux dans le travail du sol : ne pas labou-

    rer trop profond, avec des outils bien réglés. Sur des parcelles

    bien travaillés et avec une bonne structure, les impacts des

    adventices et des ravageurs sont moindres.

    4. Pouvoir construire un assolement et une rotation sur plu-

    sieurs années, en alternant cultures d'hiver et cultures de prin-

    temps.

    5. Optimiser ses couverts hivernaux, qui apporteront une cou-

    verture hivernale, de la structure et de la matière organique.

    6. Observer, réagir rapidement et surtout au bon moment :

    faux semis, binage pour la gestion des adventices par exemple.

    Cette observation est essentielle : regarder la structure des

    sols, les ravageurs présents et la flore indésirable.

    « Il faut bien observer son sol et s’y adap-

    ter »

    « J'ai une parcelle assez argileuse, difficile à travailler. Je ne la

    laboure jamais et je fais le minimum en travail. J'obtiens mes

    meilleurs rendements sur cette parcelle. Mais les autres sont

    différentes en texture et structure. Elles supportent mieux un

    travail du sol comme le labour ».

    €/unité

    (T ou Kg)

    Quantité apporté /

    ha €/ha

    Chaulage 16 €/T 4 T/ha 64

    Semences maïs 300

    Semences tnsl 280

    Semences col-za/orge/pois

    0 (fermières)

    Engrais fumier ferme

    Engrais fiente volailles

    80€/T 4T sur 35ha

    425

    Labour 180

    Bineuse 45€/

    passage 3 135

    Carburant (environ)

    12

    Décompactage 300

    Séchage et stockage

    50€/T

    GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO

    QUELQUES CHIFFRES

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 21 -

    TÉMOIGNAGE DE JEAN-MICHEL ETCHEGARAY

    EARL XEMIANIA - polyculture Elevage à Béguios En bio depuis 2009, Jean-Michel produit des céréales pour la fabrication de pâtes et fari-

    ne, ainsi que du maïs et des méteils pour l'alimentation de son troupeau de bovins allai-

    tants. Il commercialise la viande en vente directe et en circuits courts.

    PRÉSENTATION DU SYSTÈME

    SAU 55 ha Main d’œuvre 1UTH et un associé non exploitant

    Productions Bovin viande :

    55 mères actuellement de races blondes d'Aquitaine, Ba-

    zadaises et Black Angus, sur Béguios et Orègue.

    Ration 100% de la ferme : fourrages, maïs, méteil en an-

    née normale.

    Cultures : maïs et blés de pays pour l’alimentation humaine,

    meunerie et transformation en pâte sur la ferme.

    Types de sols Parcelles argilo-limoneuses faciles à travailler (la structure

    s'est améliorée depuis le passage en bio car mise en place de

    rotation et de couverts hivernaux)

    Problème de battance si travail du sol dans conditions trop

    humides.

    Parc matériel Herse étrille en copropriété

    Houe rotative et bineuse en CUMA

    1 bineuse en propriété

    Semoir en CUMA

    Herse rotative en CUMA

    Charrue en copropriété

    Moissonneuse batteuse (entrepreneur ou CUMA)

    Commercialisation Vente directe : 2/3 colis en livraison, AMAP et magasins, 1/3

    en restauration collective via BIOZKARIA

    Label AB depuis 2007

    HISTORIQUE :

    Installation en 2003 sur la ferme

    familiale de 25ha, ovins et bovins

    viande.

    2004 : vente directe de la viande -

    IDOKI et adhésion à BLE.

    Arrêt des brebis et développement

    du troupeau bovin viande. (veaux et

    vaches engraissées).

    2007 : Conversion à l'agriculture

    bio

    2009 : Certification AB de la fer-

    me.

    2017 : reprise des terres familiales

    (30ha) en bio en Avril 2019.

    Création de l'EARL Xemiania

    2019 et projets futurs :

    Diversification végétale : Mise en

    place d'un moulin et d'un atelier de

    transformation de pâtes à base de

    farine de blé et de maïs à la ferme

    en 2019. Souhait de vendre en di-

    rect.

    Souhait de diminuer le nombre de

    vaches allaitantes.

    ASSOLEMENT 2019 :

    Maïs grain : 4.5 ha

    Maïs population : 2 ha (1ha blanc et

    1ha de grand roux basque)

    + (6ha de Méteil )

    Blé tendre Poulard : 4 ha (pâtes)

    Blé population : 1.5 ha

    Petit Epeautre : 0.5 ha

    Orge de brasserie pop : 0.6 ha

    Blé dur : 1 ha

    Essais de différentes variétés de blés

    sur une parcelle : 8m² par bande. Blé de pays Association blé-féverole

    ©Xemania

    Suite >

  • BLE Berri n°62. zenbakia - Mars 2019ko martxoa - 22 -

    GAI NAGUSIA : LURRA—LE DOSSIER AGRO

    Prairie : 41 ha dont 20 ha en prairie temporaire entrant dans la

    rotation

    LA ROTATION

    Rotation de 6 années minimum avec 3 espèces différentes :

    Maïs grain

    Couvert hivernal : féverole restituée au sol (engrais vert)

    ou avoine/vesce enrubanné

    Maïs grain

    Céréales à paille

    Céréales à paille

    Prairie (2 à 6 ans si bien installée).

    ITINÉRAIRES CULTURAUX

    Cultures de printemps (Maïs):

    Broyage du couvert -- labour -- herse rotative -- semis

    avec semoir 80cm inter-rang + passage de l'herse étrille

    à l'aveugle (si conditions le permettent) + houe rotative

    à la levée + 2 passages de bineuses jusqu'au stade 6/8

    feuilles. (dernier passage en accéléré pour butter les rangs).

    Le semis est réalisé plutôt fin mai, le plus tard possible, lorsque

    les terres sont bien ressuyées.

    Céréales à paille (blé, orge, épeautre et méteil (mélange céréa-les et féverole)

    Après la récolte, épandage du fumier en septembre, pas-

    sage d'un décompacteur, puis du chisel. Semis en Octo-

    bre et novembre selon le temps.

    Association mise en place en 2018 : Blé/féverole (140kg +

    60kg), orge/pois (140kg +25kg), blé en pur(150kg/ha).

    Le travail du sol est assez simple car le climat en automne est

    plutôt doux, les terres sont chaudes et souvent assez sèches

    pour bien les travailler.

    Les céréales seront conservées pour la transformation en fari-

    ne/pâte si la récolte est qualitative ou à destination du trou-

    peau bovin.

    Les couverts hivernaux :

    Travail du sol au cover-crop

    Semis des couverts en combiné : herse +semoir.

    Féverole pure semée à 100Kg/ha

    Avoine/vesce à 150Kg/ha.

    Il épand 20 à 25 T/ha de fumier de bovins mélangés avec 8T/

    ha de fiente avec paille de volaille bio avant le maïs, au prin-

    temps. C'est une plante gourmande en azote, et la fiente ren-

    force la qualité du fumier.

    Pour le chaulage : Il épand du carbonate en poudre (400kg/

    ha) habituellement (impasse en 2018). Auparavant, l'éleveur

    épandait du sable de carrière 5T/ha / 4 à 5 ans.

    Les prairies : les prairies sur-pâturées ou qui sont intégrées

    dans la rotation se salissent rapidement, avec du rumex. Les

    rotations des animaux et le chargement peuvent être amélio-

    rés.

    LA GESTION DES MALADIES ET DES RAVAGEURS

    Jean-Michel ne rencontre pas de difficultés avec les ravageurs

    dans ses parcelles, il observe peu d'attaques de taupins ou de

    scutigérelles et n'utilise aucun traitement contre les maladies

    et les ravageurs. En cas de limaces, il peut épandre du sluxx

    (à base de fer), anti- limace homologué en bio.

    Les printemps humides, comme l'année 2018, peuvent entraî-

    ner de fortes maladies sur les céréales à paille, et impacter

    sévèrement le rendement .

    LES DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR L'ÉLEVEUR...

    Le temps humide au printemps : les parcelles ne sont pas

    encore bien ressuyées ni réchauffées. Il est nécessaire de pa-

    tienter et de travailler dans de bonnes conditions pour un tra-

    vail du sol réussi. En 2018 par exemple, le climat très pluvieux

    n'a pas permis de faire une conduite culturale satisfaisante

    (trop humide pour aller biner).

    LES POINTS DE VIGILANCE EN AB :

    La mise en place des rotations et des couverts hiver-

    naux améliorent réellement la structure des sols.

    Travailler le sol dans de bonnes conditions et dans

    le bon timing est primordial. Même si les fenêtres mé-

    téos sont parfois très courtes, il est préférable d'attendre

    le bon moment et d'adapter son travail à cha