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Imprimé comme manuscrit. Le Bulletin Yougoslave est publié par le Comité Yougoslace de Londres (195, Quecn's Gâte S. W.) sous la direction de MM. Milan Marjanocic et Srgjan Tueio. Il paraît, selon la nécessité, à de courts intervalles, en deux éditions : anglaise à Londres et française à Paris. Le siège de l'administration A Paris est 23, rue Boissonade. Le Bulletin est destiné ù donner des rensei- gnements à la presse, aune liommes politiques et à tous les amis de la cause Yougoslace. Il est distribuegratuitement. On n'a, pour le rveroir régulièrement, qu'à s'adresser à l'Administration. Lettre de M. Emile Haumant, professeur à la Sorbonne. Paris, 26 juillet 1915. Cher Monsieur, Le Comité yougo-slave n'a pas besoin, pour ses publications, d'introducteurs auprès du pub'lic français. Ce public a été longtemps il faut bien le dire assez peu au courant des questions compliquées de Dalmatie, de Bosnie, de Banat. Il n'en est plus de même aujourd'hui : nous savons que les Yougo-Slaves ont lutté et souffert longtemps pour la civilisation menacée par les Turcs ; qu'ils en ont été payés par l'indifférence des uns, l'exploitation des autres ; que, cependant, leur énergie a triomphé d'innombrables obstacles, et que maintenant ils touchent au but de leur effort. Ce sera la joie et l'orgueil de la France que d'avoir contribué à leur succès. Veuillez agréer, cher Monsieur, l'expression de mes sentiments les plus dévoués. E. HAUMANT. Lettre de M. Paul Labbé. Paris, le 7 août 1915. Monsieur, Le Comité yougo-slavepeut absolument compter sur moi, je suis de tout mon coeur dévoué à sa cause. Depuis plusieurs années, j'étudie les questions auxquelles il s'intéresse et je suis persuadé qu'après cette guerre la France trouvera ses,plus sûrs et plus fidèles amis chez les Slaves du Sud ; ce sont nos alliés naturels, ainsi que vos frères de Russie. Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'assurance de ma plus haute considération. PAUL LABBÉ. Lettre de M. Auguste Gauvain. Je félicité chaleureusement le « Comité Yougoslave » d'avoir entrepris la publication d'un Bulletin destiné a faire connaître la véritable situation des malheureuses populations slaves du Sud de la Monarchie austro-hongroise, qui sont actuellement soumises à de si terribles épreuves. Tous les hommes pour qui la justice et la liberté ne sont pas de vains mots, doivent souhaiter ardemment l'affranchissement définitif de popula- tions dont Fempereur-roi,sauvé grâce à elles de la révolution magyare, a reconnu les services on les livrant à la domination magyare. Toujours sacri- fiés et opprimés, les Yougoslaves ont le droit de vivre enfin indépendants, réunis sous un même drapeau. Leur libération doit être l'un des résul- tats de la grandi; guerre d'aujourd'hui et l'une des bases de la nouvelle Europe. AUGUSTK GAUVAIN. Le Comité yougoslave à la Serbie Le Comité yougoslave de Londres a envoyé le 12 octobre au gouvernement serbe la dépêche suivante : « A M. le premier minisire Pasic Mis. i( A l'occasion de la nouvelleoffensive des armées autrichiennes et allemandes, le Comité yougoslave limita vous renouveler l'expression de sa solida- rité coiuplèle et illimitée avec le peuple serbe, en ce moment d'épreuve, avec la conviction que la Serbie, du ns ce Ile lutte imminente,étonnera encore une fois le monde par sa vaillance triomphante. Après la déroule que les forces supérieures de l'empire austro-hongrois oiilsubiedans une Serbie livrée à ses seules forces, voici les puissances cen- trales qui reviennent, réunies, pour dompter et écraser la petite nation. La Providence, qui domine les grands comme les petits, donnera une fois de pins à l'armée serbe la forci; surhumainede renou- veler l'hisloiri; de David el de Goliath. A l'année serbe, nouveau David, vont tous nos sentiments d'espérance et de foi. « En même temps, leComitéyougoslaves'adresse à tous les Croates, Serbes et Slovènes des pays encore soumis à l'Aulriche-Hongrie, et demeurant en Serbie, et les invite à se mettre à la disposition absolue du gouvernement royal de Serbie, en ce moment le plus critique de l'Histoire serbe et yougoslave en général. « Le Président : Dr A. TRUMBIC. » Le Comité a, en même temps, envoyé d'urgents appels à tous les Yougoslavesémigrés a l'étranger, pour les presser d'aider leurs frères par tous les moyens, el d'offrir leurs vies pour le salut du seul pays yougoslave libre, pour l'avenir de la race yougoslave , et pour préserver les Balkans et l'Orient du terrorisme turco-allemand. L'Ecrasement de la Serbie Nous recevons des milieux militaires serbes les précisions suivantes: Ce que nous avions prévu depuis longtemps, et que les milieux compétents serbes avaient signalé à l'attention des Alliés, est arrivé : l'armée serbe, réorganisée avec l'aide des Alliés après les grandes perles de l'an dernier, est condamnée à épuiser ses forces dans une campagne défensive, la qua- trième de celle guerre, au lieu de pouvoir se donner a une offensive efficace; la Serbie, déjà tant éprouvée par les invasions ennemies anté- rieures el les épidémies,subit une nouvelle attaque de la pari des forces austro-allemandes. Celle-ci diffère complètement des offensives an- térieures. La première, en août 1914, s'est effectuée dans le coin nord-ouest de la Serbie. Les forces enne- mies, massées près du confluent de la Drina et do la Save, après avoir franchi les deux fleuves, subirent près do Ces une défaite complète. La deuxième offensive, en septembre, compor- tait la même base d'opérations, mais l'envergure en était bien plus large. Celle fois l'ennemi fran- chit la Drina, non plus en deux ou trois points, mais en quinze endroits. Il s'empara de Banja Koviljaca, Zvornik el Ljubovija; mais son avance fut bientôt arrêtée sur.les hauteurs de Jagodinja, Boranja el Gucevo. ainsi que sur la Parasnica, dès que furent arrivées les nouvelles divisions serbes, jusque engagées en Syrmie. La troisièmeoffensive, en novembre, commença dans la même région, l'ennemi détenait encore une partie du territoire serbe. Appuyé par des renforts considérables, il entreprit à fond l'inva- sion ; ayant pris Valjevo et étant, entré dans Bel- grade évacuée, il se dirigea vers le coeur de la Serbie. Ce fut pour y subir une défaite épouvan- table, par la contre-offensive de l'armée serbe, près de Suvobor, Ljiga et la Kolubara. Depuis lors, plus un soldat autrichien n'a souillé de sa présence le territoire serbe. L'année serbe s'est réorganisée. Mais pour la cause commune, ce fut grand dom- mage de n'avoir pu disposer de cent mille hommes de troupes fraiches, car la déroule autrichienne ('lait telle qu'avec ce renfort on eût pu transporter le champ de bataille au loin en territoire ennemi. L'offensive actuelle est, de beaucoup, plus vaste et plus dangereuse que les autres. Auparavant, l'ennemi attaquait sur la Drina, tandis qu'il se contentait de démonstrations sur la Save el sur le Danube. Actuellement, l'ennemi franchit et la Drina, el la Save, et le Danube, en s'emparanl de toute la.frontière ouest et nord de la Serbie. Les Bulgares se sont chargés d'attaquer toute la fron- tière orientale la plus l,.ngue. Seul, un petit front, au sud-oiiesl, dans la direction de la Crna Gora el de la Grèce, est à l'abri; encore n'esl-il pas entièrement assuré Contre les incursions des bandes arnaoïiles. Ceci peut paraître incroyable, mais la Serbie doit se battre ou reiller aitjourd'/iui sur un front qui. n'est pas moins long que le front russe, de Riga à la iîultovino. (En chiffres ronds, 500 kilomètres sur le front serbo-monténégrin de l'ouest (front autrichien) ; 200 kilomètres sur le front du Danube, de Belgrade à Orsova (front allemand); i-ô() kilo- mètres sur h; front bulgare. Au total, 1.150 kilo- mètres, auxquels s'ajoutent les 250 kilomètresde frontière albanaise à surveiller). L'offensiveactuelle diffère aussi des précédentes en ceci que, tandis que les premièresétaient menées exclusivement par des troupes autrichiennes, celle- ci comporte des renforts allemands, et elle est commandée par un étal-major entièrement alle- mand. D'autre part, les Allemands poursuivent à présent l'exécution d'un projet de longue haleine : celui de rejoindre les Turcs en passant par la Bulgarie; el non seulement d'ouvrir la roule du golfe Persique et de Suez, en menaçant l'Egypte et les Indes, mais encore de soulever et organiser deux millions de Musulmansqui, une fois exercés, pourront être dirigés sur le front occidental. Cependant, la Serbie n'a point peur de Macken- sen, el elle pourrait vaincre, ou au moins arrêter l'invasion nouvelle, si la moitié de ses forces n'était retenue sur le front bulgare el si son alliée grecque ne l'avait point abandonnée. Maigri'; tout, la solu- tion heureuse peut encore être atteinte, si le secours des Alliés arrive sans relard, (il si ce secours est assez puissant. La Serbie; défendet défendrachaque pouce de son territoire, surtout dans la vallée de laMorava; mais comme l'armée doit également assurer sa retraite vers la Vieille-Serbie el le Var- dar, la queslion se pose, do savoir si elle pourra conserver l'étroite bande de terrain comprise entre Orsova et le Timok, séparant les Allemands des Bulgares, el qui serait, pour les agresseurs, la porte; de l'Orient. Si la situation diplomatique, aux Balkans, eût été amenée à un point favorable, el si la Serbie avait reçu plus tôt des secours militaires, celle invasion allemande et le péril qui s'ensuit pour tout l'Orient, auraient pu être facilement conjurés par une offensive serbe en territoire autrichien. Dans l'opiniondes milieux'militaires serbes, l'offen- sive à travers la plaine magyare et croate ouvrait la voie la plus directe vers Pest et Vienne, et en même temps, était le plus sûr moyen de provoquer une intervention roumaine. Par cette voie, plus vite que par nulle autre, on eût menacél'Allemagne du Sud en écrasant l'Autriche. Bien que la situation actuelle soit extrêmement grave, il est encore possible d'aborder l'exécution de ce projet. La Serbie, pour la quatrième fois, va prouver qu'elle ne se laisse; pas impressionner par la stra- tégie de Maekcnsen. ni par l'effet do ses canons. On peut espérer qu'elle affaiblira, du moins, l'ar- mée envahissante. Mais si elle reste privée de réserves fraiches el de secours puissants, son sacrifice sera ineffi- cace, cl tous les succès remportés par son héroïsme ne pourront ni sauver son existence, ni arrêter la marche allemande vers l'Orient. Plan autrichien et plan allemand aux Balkans Notre correspondant de Zagreb nous écrit : La nouvelle offensive contre la Serbie est exigée par l'Allemagne, qui espère bouleverser la situa- tion balkanique et orientale par sa victoire. C'est un secret public, que Vienne eût préféré une vigou- reuse offensive sur le front italien. Mais Budapest n'était pas entièrement du même avis : le comte Tisza approuvait les plans allemands, tandis que l'Allemagne profilait de la maladie de François- Joseph pour s emparer des rênes de l'expédition orientale. Pendant ces derniers jours, alors que la presse allemandeinvitait les Serbes à laisser libre passage aux troupes allemandes voulant pénétrer en Bul- garie, et offrait de respecter l'intégrité de la Serbie, la presse autrichienne rendait un autre son. Il est remarquable que les Magyars aient essayé, sur des conseils allemands sans doute, de pousser certaines personnalités croates à s'entremettre au- près de la Serbie. En fin de compte, l'Autriche a dû accepter le plan allemand, mais non sans une

Boulletin Yougoslave - 02 (1915)

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Boulletin Yougoslave 02 (1915)

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  • Imprim comme manuscrit.

    Le Bulletin Yougoslave est publi par le Comit Yougoslace de Londres(195, Quecn's Gte S. W.) sous la direction de MM. Milan Marjanocic etSrgjan Tueio. Il parat, selon la ncessit, de courts intervalles, en deuxditions : anglaise Londres et franaise Paris. Le sige de l'administration

    A Paris est 23, rue Boissonade. Le Bulletin est destin donner des rensei-gnements la presse, aune liommes politiques et tous les amis de la causeYougoslace. Il est distribuegratuitement.On n'a, pour le rveroir rgulirement,qu' s'adresser l'Administration.

    Lettre de M. Emile Haumant, professeur laSorbonne.

    Paris, 26 juillet 1915.Cher Monsieur,

    Le Comit yougo-slaven'a pas besoin, pour sespublications, d'introducteurs auprs du pub'licfranais. Ce public a t longtemps

    il faut bienle dire

    assez peu au courant des questionscompliques de Dalmatie, de Bosnie, de Banat.Il n'en est plus de mme aujourd'hui : noussavons que les Yougo-Slaves ont lutt et souffertlongtemps pour la civilisation menace par lesTurcs ; qu'ils en ont t pays par l'indiffrencedes uns, l'exploitation des autres ; que, cependant,leur nergie a triomph d'innombrables obstacles,et que maintenant ils touchent au but de leureffort. Ce sera la joie et l'orgueil de la France qued'avoir contribu leur succs.

    Veuillez agrer, cher Monsieur, l'expression demes sentiments les plus dvous.

    E. HAUMANT.

    Lettre de M. Paul Labb.Paris, le 7 aot 1915.

    Monsieur,Le Comit yougo-slavepeut absolumentcompter

    sur moi, je suis de tout mon coeur dvou sacause.

    Depuis plusieurs annes, j'tudie les questionsauxquelles il s'intresseet je suis persuadqu'aprscette guerre la France trouvera ses,plus srs etplus fidles amis chez les Slaves du Sud ; ce sontnos allis naturels, ainsi que vos frres de Russie.

    Je vous prie d'agrer, Monsieur, l'assurancede ma plus haute considration.

    PAUL LABB.

    Lettre de M. Auguste Gauvain.Je flicit chaleureusement le Comit

    Yougoslave d'avoir entrepris la publicationd'unBulletin destin a faire connatre la vritablesituation des malheureuses populations slaves duSud de la Monarchie austro-hongroise, qui sontactuellement soumises de si terribles preuves.Tous les hommes pour qui la justice et la libertne sont pas de vains mots, doivent souhaiterardemment l'affranchissement dfinitif de popula-tions dont Fempereur-roi,sauv grce elles de larvolution magyare, a reconnu les services on leslivrant la domination magyare. Toujours sacri-fis et opprims, les Yougoslaves ont le droit devivre enfin indpendants, runis sous un mmedrapeau. Leur libration doit tre l'un des rsul-tats de la grandi; guerre d'aujourd'huiet l'une desbases de la nouvelle Europe.

    AUGUSTK GAUVAIN.

    Le Comit yougoslave la Serbie

    Le Comit yougoslave de Londres a envoyle 12 octobre au gouvernement serbe la dpchesuivante :

    A M. le premier minisire Pasic

    Mis.i( A l'occasionde la nouvelleoffensive des armes

    autrichiennes et allemandes, le Comit yougoslavelimita vous renouveler l'expression de sa solida-rit coiuplleet illimite avec le peuple serbe, ence moment d'preuve, avec la conviction que laSerbie,duns ceIle lutte imminente,tonnera encoreune fois le monde par sa vaillance triomphante.Aprs la droule que les forces suprieures del'empire austro-hongrois oiilsubiedansune Serbielivre ses seules forces, voici les puissances cen-trales qui reviennent, runies, pour dompter etcraser la petite nation. La Providence, qui domineles grands comme les petits, donnera une fois depins l'arme serbe la forci;surhumainede renou-veler l'hisloiri;de David el de Goliath. A l'anne

    serbe, nouveau David, vont tous nos sentimentsd'esprance et de foi. En mme temps, leComityougoslaves'adresse

    tous les Croates, Serbes et Slovnes des paysencore soumis l'Aulriche-Hongrie, et demeuranten Serbie, et les invite se mettre la dispositionabsolue du gouvernement royal de Serbie, en cemoment le plus critique de l'Histoire serbe etyougoslaveen gnral.

    Le Prsident : Dr A. TRUMBIC. Le Comit a, en mme temps, envoy d'urgents

    appels tous les Yougoslavesmigrsa l'tranger,pour les presser d'aider leurs frres par tous lesmoyens, el d'offrir leurs vies pour le salut du seulpays yougoslave libre, pour l'avenir de la raceyougoslave

    ,

    et pour prserver les Balkans etl'Orient du terrorisme turco-allemand.

    L'Ecrasementde la SerbieNous recevons des milieux militaires serbes les

    prcisions suivantes:Ce que nous avions prvu depuis longtemps, et

    que les milieux comptentsserbes avaient signal l'attention des Allis, est arriv : l'arme serbe,rorganise avec l'aide des Allis aprs les grandesperles de l'an dernier, est condamne puiserses forces dans une campagne dfensive, la qua-trime de celle guerre, au lieu de pouvoir sedonner a une offensive efficace; la Serbie, djtant prouve par les invasions ennemies ant-rieures el les pidmies,subit une nouvelle attaquede la pari des forces austro-allemandes.

    Celle-ci diffre compltement des offensives an-trieures.

    La premire, en aot 1914, s'est effectue dansle coin nord-ouest de la Serbie. Les forces enne-mies, masses prs du confluent de la Drina et dola Save, aprs avoir franchi les deux fleuves,subirent prs do Ces une dfaite complte.

    La deuxime offensive, en septembre, compor-tait la mme base d'oprations, mais l'envergureen tait bien plus large. Celle fois l'ennemi fran-chit la Drina, non plus en deux ou trois points,mais en quinze endroits. Il s'empara de BanjaKoviljaca, Zvornikel Ljubovija; mais son avancefut bientt arrte sur.les hauteursde Jagodinja,Boranja el Gucevo. ainsi que sur la Parasnica,ds que furent arrives les nouvelles divisionsserbes, jusque l engages en Syrmie.

    La troisimeoffensive, en novembre,commenadans la mme rgion, o l'ennemi dtenait encoreune partie du territoire serbe. Appuy par desrenforts considrables, il entreprit fond l'inva-sion ; ayant pris Valjevo et tant, entr dans Bel-grade vacue, il se dirigea vers le coeur de laSerbie. Ce fut pour y subir une dfaite pouvan-table, par la contre-offensive de l'armeserbe, prsde Suvobor, Ljiga et la Kolubara. Depuis lors,plus un soldat autrichien n'a souillde sa prsencele territoire serbe. L'anne serbe s'est rorganise.Mais pour la cause commune, ce fut grand dom-mage de n'avoir pu disposer de cent mille hommesde troupes fraiches, car la droule autrichienne('lait telle qu'avec ce renfort on et pu transporterle champ de bataille au loin en territoire ennemi.

    L'offensive actuelle est, de beaucoup, plus vasteet plus dangereuse que les autres. Auparavant,l'ennemi attaquait sur la Drina, tandis qu'il secontentait de dmonstrations sur la Save el sur leDanube. Actuellement, l'ennemi franchit et laDrina, el la Save, et le Danube, en s'emparanl detoute la.frontire ouest et nord de la Serbie. LesBulgares se sont chargs d'attaquer toute la fron-tire orientale

    la plus l,.ngue. Seul, un petitfront, au sud-oiiesl,dans la direction de la CrnaGora el de la Grce, est l'abri; encore n'esl-ilpas entirement assur Contre les incursions desbandes arnaoiles.

    Ceci peut paratre incroyable, mais la Serbiedoit se battre ou reiller aitjourd'/iui sur un frontqui. n'est pas moins long que lefront russe, de Riga la iultovino. (En chiffres ronds, 500 kilomtressur le front serbo-montngrin de l'ouest (front

    autrichien) ; 200 kilomtressur le front du Danube,de Belgrade Orsova (front allemand); i-() kilo-mtres sur h; front bulgare. Au total, 1.150 kilo-mtres, auxquels s'ajoutent les 250 kilomtresdefrontire albanaise surveiller).

    L'offensiveactuelle diffre aussi des prcdentesen ceci que, tandis que les premirestaient menesexclusivementpar des troupesautrichiennes, celle-ci comporte des renforts allemands, et elle estcommande par un tal-major entirement alle-mand. D'autre part, les Allemands poursuivent prsent l'excution d'un projet de longue haleine :celui de rejoindre les Turcs en passant par laBulgarie; el non seulement d'ouvrir la roule dugolfe Persique et de Suez, en menaant l'Egypteet les Indes, mais encore de soulever et organiserdeux millionsde Musulmansqui, une fois exercs,pourront tre dirigs sur le front occidental.Cependant, la Serbie n'a point peur de Macken-sen, el elle pourrait vaincre, ou au moins arrterl'invasion nouvelle, si la moiti de ses forces n'taitretenue sur le front bulgare el si son alliegrecquene l'avait point abandonne. Maigri'; tout, la solu-tion heureuse peut encore tre atteinte, si le secoursdes Allis arrive sans relard, (il si ce secours estassez puissant. La Serbie;dfendet dfendrachaquepouce de son territoire, surtout dans la valle delaMorava; mais comme l'arme doit galementassurersa retraite vers la Vieille-Serbieel le Var-dar, la queslion se pose, do savoir si elle pourraconserver l'troite bande de terrain compriseentreOrsova et le Timok, sparant les Allemands desBulgares, el qui serait, pour les agresseurs, laporte; de l'Orient.

    Si la situation diplomatique, aux Balkans, ett amene un point favorable, el si la Serbieavait reu plus tt des secours militaires, celleinvasion allemande et le pril qui s'ensuit pourtout l'Orient, auraientpu tre facilementconjurspar une offensive serbe en territoire autrichien.Dansl'opiniondes milieux'militairesserbes, l'offen-sive travers la plaine magyare et croate ouvraitla voie la plus directe vers Pest et Vienne, et enmme temps, tait le plus sr moyen de provoquerune intervention roumaine. Par cette voie, plusvite que par nulle autre, on et menacl'Allemagnedu Sud en crasant l'Autriche.

    Bien que la situation actuelle soit extrmementgrave, il est encore possibled'aborder l'excutionde ce projet.

    La Serbie, pour la quatrime fois, va prouverqu'elle ne se laisse; pas impressionner par la stra-tgie de Maekcnsen. ni par l'effet do ses canons.On peut esprer qu'elle affaiblira, du moins, l'ar-me envahissante.

    Mais si elle reste prive de rserves fraichesel de secours puissants, son sacrifice sera ineffi-cace, cl tous les succs remportspar son hrosmene pourront ni sauver son existence, ni arrter lamarche allemandevers l'Orient.

    Plan autrichien et plan allemandaux Balkans

    Notre correspondant de Zagreb nous crit :La nouvelle offensive contre la Serbie est exige

    par l'Allemagne, qui espre bouleverser la situa-tion balkanique et orientale par sa victoire. C'estun secret public, que Vienneet prfr une vigou-reuse offensive sur le front italien. Mais Budapestn'tait pas entirement du mme avis : le comteTisza approuvait les plans allemands, tandis quel'Allemagne profilait de la maladie de Franois-Joseph pour s emparer des rnes de l'expditionorientale.

    Pendant ces derniers jours, alors que la presseallemandeinvitait les Serbes laisser libre passageaux troupes allemandes voulant pntrer en Bul-garie, et offraitde respecter l'intgrit de la Serbie,la presse autrichiennerendait un autre son. Il estremarquable que les Magyars aient essay, surdes conseils allemands sans doute, de poussercertaines personnalits croates s'entremettreau-prs de la Serbie. En fin de compte, l'Autriche ad accepter le plan allemand, mais non sans une

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    modification essentielle : auparavant, les Alle-mands ne voulaient envahir la Serbie que par lesseules voies indispensables pour la jonction avecles Bulgares; mais les Autrichiensexigrent'l'at-taque de toutes parts, et l'anantissementdfinitifde la Serbie.

    Cette divergence a t aplanie, puisque lestroupes allemandes se sont charges du front quiva de Belgrade Orsova, avec pour objectif lajonction avec les Bulgares,tandis que le reste dufront, vers la Save et la Drina, a t abandonnaux Autrichiens.

    Le Clerg yougoslaverclame l'union nationale

    Le 24 aot, sur l'initiative du prtre orthodoxeP. Nikola Veliinirovi, eut lieu Chicago unerunion des prtres yougoslaves des Etats-Unis ;catholiques, orthodoxeset uniates. C'tait, aprsune petite pause de quelques sicles (nousempruntons le mot au Rvrend Reli, qui prsi-dait) la premire assemble sacerdotaleentre You-goslaves de confessions diverses. Le but de cetterunion tait de manifester que les diffrencesconfessionnelles ne peuvent diviser ni sparer lepeuple ni le clerg yougoslave.

    Aprs les dbats les plus cordiaux, l'on rsolutde renouvelerle plussouvent possible les runionssemblables, on approuva le programmedu travailintrieur,el l'on vota une rsolution, qui affirmait'que le clerg se solidarisaitavec la volont souventexprime du peuple. Celle rsolution concluait :

    (i Nous aussi, nous rclamons que justice soitfaile la justice, pour qui luttent nos libres frresde Serbie et du Montngro, et pour qui souffrentnos frres opprims d'Autriche Hongrie. Et lajustice Divine, que nous choisissons pour notrejustice, demande : la libration de tous les Slavesd'Europe,arrachs aux chanes dont les chargentl'Allemagne militaristeet sa servante l'Autriche-Hongrie ; la dlivrance de tous les Yougoslavesqui sont un seul peuple par le sang, la langue elles aspirations; et leur runion en Etat indpen-dant. Pas un seul pouce de territoire yougoslavene doit rester hors des frontires de cet Etat, ni enDalmatie, ni en Istrie, ni en pays slovne, ni enBanat,ni en Macdoine.Lesdiffrencesconfession-nelles, qu'on avait exploites comme le plus grandobstacle l'union nationale, ne nous paraissent'nullement, nous, reprsentantsdes deux cultesexistants, devoir empcher, en aucun domainepratique, le dveloppementdu peuple constitu enEtat. La nation yougoslave, dlivre et unie, doitorganiser elle-mme, sans nulle ingrence tran-gre, son Etat, sur une base dmocratiquegaran-tissant la libert politique el religieuse.La Serbieet le Montngro ont donn jusqu'ici un exemplede concorde fraternelleentre orthodoxeset catho-liques vivant dans un mme Etat.

    Nous dclaronsceci, en notre nom et au nomde nos frres asservis d'Autriche-Hongrie,tantconvaincus qu'ils diraient la mme chose, s'ilspouvaient parler.

    Grandesmanifestations yougoslavesdansl'Amriquedu Nord'

    En septembre, Cleveland (Etals-Unis),a sigla Convenlion annuelle de la grande organisationouvrire yougoslave HrvackaNarodnaZajcdnica,qui compte35.000membres.

    Les consuls el agonis austro-hongrois avaienttout mis en oeuvre pour arracher la direction decette organisation des mains des chefs nationauxyougoslaves. Les journaux ont publi le fac-simild'une lettre du consul autrichien Pil.tsburg, t-moignant que les agents autrichiens avaient fonddans cette intentionun journal, et cherch sou-doyer les dlgus de la Convention.

    Les sances furent imposantes par leur calme.Les tentatives autrichiennes furent repousses, ladirection nationale rlue, avec un programmeexplicite d'mancipationdu joug autrichien.

    Pendant l'exposition de San-Francisco, la finde septembre, une grande journe slave eutlieu. Tous les Yougoslaves assembls manifes-trent pour leur dlivrance et pour leur union.

    Le 18 et le 19 septembre;, Cleveland, se droulale congrs de ternies les associations sportivescroates, avec des exercices gymnastiqueset un d-fil de plusieurs milliers de;-gymnastes. A celleoccasion, l'on dcida de runir toutes les socitsde gymnastiquesserbes, croates el slovnes dans

    une organisation unique, devant se maintenir encontact permanentaveclesorganisationstchques,polonaises et russes. Les reprsentants de toutesles associationssportives'yougoslaves,de la grandeorganisation ouvrire Narodna Hrvacka Zajcd-nica, des ligues serbes Sloga et Srbobran, des-*groupements politiques Hrvacki Savez et Slooe-nacka Liga et d'autres, se sont runis en unmeeting refltantl'opinion des150.000 Yougoslavesorganiss de -l'Amriquedu Nord. La rsolutionvoteau nom de toutesces organisationss'exprimeen ces termes*1:

    Nous, Croates, Slovnes el Serbes, une seulenation par le sang, par la langue et par lescommunes aspirations,nous nous sentons lis parl'me cl par le coeur,' au peuple, l'arme, augouvernement de nos frres de Serbie et deCrna Gora. Leur cause; tant la ntre,nous sommespi'ts combattre, ct cte, les ennemiscommuns : Teutons, Magyars et Turcs, afin deconqurirla libert et l'union de tous les Yougo-slaves dans un grand Etat national.Nousespronsque nulle-fraction de notre peuple, nul pouce denoire territoire, e|ue ce soit l'Ouest, l'Est, auNord ou au Sud, ne tombera sous le joug tran-ger. Nous attendonsavec confiance la victoire dela Russie fraternelle et de ses nobles allis, et.loyaux envers la grande patrie, de Washington etde Lincoln, nous saluons la sage politique duprsident Wilsonoppose la conduite inhumaine-des Austro-Allemands.

    Celte rsolution fut transmise au secrtaired'Etal, M.- Lansing, au premier ministre serbeM. Pasic, au ministre montngrin Plaincnac. auComit Yougoslave de Londres, et. aux ambassa-deurs de; Russie, de Grande-Bretagne,de Franceet d'Italie Washington.

    Le; Comit Yougoslave a envoy de; Londres auCongrs-gymnastique la dpche suivante :

    Nous saluons les forces de> combat du-peuple,forces organises, et nous souhaitons que lesdernires grandes manifestations des Croates.Serbes et Slovnes en Amrique soient suivies dela cration d'une phalange discipline, qui mnerala bataille pour l'indpendance. Ne vous dcoura-'gez point, frres, tant que chacun de vous ne serapoint devenu uu combattantet un aptre de notredlivrance, et tant que toute la nation ne serapoint unie dans une Yougoslavie libre el dmocra-tique, de l'Adriatique au Timok, et d'Ohrid Triglav.

    Le 23 septembre, enfin, s'est assemble Cleve-land le Hrvacki Savez, qui a fltri les intriguesaustro-allemandes en Amrique,vol une rsolutionsemblable la prcdente et qui fut transmiseauxreprsentants des puissances amies, et approuve';intgralement l'action du Comit yougoslave de;'Londres, qui il a envoy tout l'appui possible.

    Le Journal officieux serbeet l'Unit yougoslave

    Le journal officieuxserbe Samoouprava, organedu parti de M. Pasic, publie les dclarationssui-vantes :

    L'unit nationaledes Serbes el des Croates est.maintenant chose publiquement proclame et li-brement reconnue. C'est do la volont mme; dupeuple;eiu'(;llenoppositionradicaleavec toutes lesaspirations nationales. Celle combinaison ne sau-rait tre qu'une expression do l'injuste; tendancequi. mme aprs nos luttes elifficile;s et coteuses,cherche empche;!'notreunification dfinitive.Enn'alite';, ceci ne fait que dguiser l'arrire-pensesuivante : permettre aux inlrigue;s trangres dese donner libre cours dans les Balkans, de nou-veau. Un tel dessein, une fois mis la lumire,pourrait-il tre encourag par la Quadruple!-En-tente?

    Quoiqu'il e;n soit, le proje;td'un Etal croate dis-tinct n'esl pas inspir; par une; sympathie; sincre l'gard de;s Croates. Comment une: pe'lite; Croatie,isole';e;, deviendrait-elle une; puissance viable? Cen'est point pour largir ses frontires que le pe;upleserbe rclame l'union avec ses frres croates etSlovnes : c'est la mme voix du' sang qui parlechez ce;s derniers, lorsqu'ilsappellent ele tous leursvoeux l'union avec les Serbes...

    C'est pourquoi rien n'est plus pressantque defaire comprendre nosamis el allis que les Croatesont pleine conscience de ce cm'ils font en revendi-quant l'unit; et c'est aussi pourquoi l'on doil.se

    dfier de solutions qui, loin de tenir compte dubien tre des Croateset Slovnes, cachent en ra-lit des fins inavouabies. Enfin nous sommes con-vaincus que les amis de l Serbie, dans l'intrtde cette noble-et sainte cause qu'ils soutiennenteux-mmespar les armes, non seulementsouscri-ront la solution naturelle du problme yougo-slave, mais s'emploierontde toutes leurs forces lafaire triompher.

    Oh veut magyriser la CroatieOn nous crit de Zagreb :La presse croateragit vivement, dans la mesure

    du possible, contre le fait qu'on ouvre un nombrecroissant d'coles magyares en Croatie^ en mmetemps qu'on ferme les coles croato-serbes, dontles instituteurs sont incorpors et les btimentstransforms en hpitaux et magasins militaires.En ces derniers temps, deux lyces magyarsontt inaugurs. Les coles magyares s'lventauchiffre total de 97. L'exasprationne fait qu'aug-menter, cause des garnisons magyaresembus-ques depuis le commencement des hostilits,dansles villes croates, alors que les soldats du pays,aprs deux mois d'exercices peine, sont dirigsvers la ligne de feu. De plus en plus, les officiersallemandset magyars sont chargsde commanderl'exercice des conscrits. Les commissions mili-taires de recrutement ne comprennent que desmdecins hongroisqui incorporent80 90 % desappels ; en mme temps, les mdecins indignes,militaires ou civils, sont envoys sur les frontsrusse et italien. Les employs croates de la posteet des cheminsde fer de l'tat sont congdis etremplacs par des Magyars frachement arrivs.

    Mais l'lment autochtoneest surtout mu parles tournes des agents magyars travers lesvillages, o ils achtent et prennent en gage lesmaisons et les terres des familles pauvres laissessans soutien. La ngligence de l'Etat envers lesindigents est ici intentionnelleet a pour but deles laisser en proie la colonisation germano-magyare. La banque magyare de colonisation,qui a son sige Pesl, a obtenu de la trsoreriemilitaire, pour un demi-milliardde couronnes,lacession de tous les biens appartenantaux Yougo-slaves transfuges en Serbie, fusills, pendus oucondamns pour haute trahison. Ces terres sontgalement rserves la colonisation magyare.L'opinion publique est convaincue que la loi surla confiscation des biens de toute personne' soup-onnede haute trahison n'a t impose au Saborque pour pouvoir dpossder et bannir sansobstacle la population serbo croate. Selon lesordres du comte Tisza, le ban Skerlets a montraux chefs des partis, au Sabor, une liste de1.400personnes, prisesparmi les plus distingues,et qui devraienttre emprisonnes. En cas d'oppo-sition de la part des dpuls, cinquanted'entreelles taientdsignes pour la potence...

    Grce au terrorismegouvernemental,mme lesrestesdes partis austrophilesoumagyarophilespartraditionou par intrtparticulier,se monlrentde-plus en plus ene-lins se ranger au programmed'mancipation et d'union

    .

    nationale, cependant-pie la masse rurale, rclamant haute voix uneaction contre les Magyars, attend l'arrive de laSerbie dmocrate et libratrice.Les conflits entreMagyarset Yougoslaves, soldats et civils, auraientpris un caractre bien plus srieux et tendu, sil'entre en guerre de l'Italie n'avait dplac tout lecontingent militaire yougoslave vers la frontireitalienne, et si l'Autriche n'avait eu ce prtexte exploitercomme elle l'a fait.

    L'Empruntde guerre en Autriche

    On nous crit de Zagreb :Le succs des divers emprunts de guerre effec-

    tue'-s jusqu'iciest loin de satisfaire les milieux diri-geants de la Monarchie, surloulen ce qui concerneles provinces mridionales. Tout en prparant unnouvel emprunt,ces milieux manifestentleur m-eontenteme;ntpar des mesures ouvertes, qui d'ail-leurs manquerontleur but, pour la simple raisonejue; les pays en question, pressurs et ruins, nepourraient plus rien verser, quand bien mme ilsle voudraient.

    Pour les emprunts antrieurs, tous les fonction-naires el employs ont d, par ordre suprieur,s'inscrire pour 15 % de leur solde, qui leur sontretenus chaque mois. Seront-ils capables de nou-veaux sacrifices, tant donn la chert des vivres?Toules les banques ont d contribuer selon leurs

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    capitauxet l'importance de leurs dpts, et il neresteplus qu' confisquer purement et simplementleur avoir...

    Tous les fonds de bienfaisance, d'instructionpubliqueet d'glise ont t saisis depuis longtemps.Toutes les entreprisesprives, commeles banques,ont reu des autorits de Zagreb, Sarajevo, Graz,etc., des ordres rguliers concernant ie montantde la somme qu'elles devaient souscrire.

    Il est difficile de prvoir d'o l'on espre tirer lesressources de l'emprunt nouveau; mais il est en-core plus malais de savoir d'o l'on.pensetirerla compensationdes fonds dj puiss.

    Les enrlements en Bosnie

    On nous crit de Sarajevo :En Bosnie-Herzgovine, ds le dbut des hosti-

    lits, a t institu le Schutzkorps , recrutparmi les pires lments de la populace, surtoutmusulmane. Les soldats de ce corps, pays raison de 3 couronnes par jour et arms d'un fusil,se proposent de (emaintenirl'ordre, ce qui con-siste pour eux provoquer les Serbes, saisir nui-tamment les paysans et les enrler de force dansl'arme. Mme prsent que les maisons serbesont t foui liestantde fois, leshommesdu Schutz-korps y font des irruptions nocturnes, frappantet sabrant les paysans et leur rclamant des armes.Si quelque paysan, pour rsister ce genre de vi-sites, s'est procur un vieux fusil turc, il est aus-sitt traduit, pieds et poings lis, devant le Conseilde guerre, par le soin de ces dfenseurs de l'ordre,et on le condamne tre pendu,pourreceld'armes...

    L'homme du peuple qui, en Bosnie, survit tantcfe dsastres, est tellement dmoralisqu'il prfretre soldat plutt que de rester chez lui: D'autrepart, nombre de ceux qui devaient tre librs descamps de concentration de Hongrie supplient,

    par une ironie plus tragique que celle de Crainque-bille,qu'on les garde en prison, o ils se sententplus en sret...

    Les Arnoutes et les massacresen Bosnie-Herzgovine

    Notre correspondant nous crit de Sarajevo :Au printemps, une multitude d'Afnaoutes a

    envahi la Bosnie, les uns arrivs d'Albanie, lesautres, passs d'abord de Serbie en Turquie etensuite envoys l'Autriche comme "ouvriers".Leur nombre est important Sarajevo et Ban-jaluka seulement, ils sont quatre cents. Lesautorits militaires, aprs les avoir arms etexercs, leur confient la garde de la "sretpublique", les "Schutzkorps" fonds antrieu-rement 'ayant vu leurs effectifs trs rduits. Lapopulation, tant de fois brutalise, humilie oumassacre par ces " Schutzkorps", est prise cettefois d'unevraie panique.

    La Bosnie orientale n'est plus que ruines, etdernirement, pour mettre le comble,on a fait va-cuer les villes de Bilec, Mostar, Sarajevo, Tre-binje et Tuzla, dont la population est disperse enBosnieoccidentaleet en Croatie. A Banjaluka, tousles prparitifs ont t faits en vue du transfert dugouvernement de Sarajevo.

    En Bosnie particulirement, l'lat a confisqutout le froment, et. pendant la moisson, le commis-saire du gouvernement inscrivaitle montant de larcolte el mettait celle-ci en rquisition.Quant la situation en Bosnie, le fait suivantnous renseignera suffisamment :

    Dans un village de la Bosnie orientale, un soldatautrichiende race serbe arrive,pour le temps d'unecourte permission. Il trouve sa maison vide, endsordre.Ayantallum du feu,il s'avised'uneodeurdsagrable. Il cherche autourdu foyer et trouve lecadavre de sa femme, massacre. Il entre alorsdans une pice, prs de la cuisine, et il y trouve,au milieu, son petit e;nfant

    pendu.

    Les poursuites judiciairescontre les mineurs

    en Bosnie-Herzgovine

    Notre; ceirrespondantele Sarajevo nous crit, :L'an pass, vers le dbut ele la gue;rre;,180lves

    des coles de; Sarajevo ont t exclus el. incarcrs.Ce; fut. le commencement des arrestations lanston les lescoles secondairesd(;Bosnie!-IIe;rzgeivino.

    Le pri'inier procs eut lieu le 4 mars Banja-luka ; 35 accuss, professeurs nu (-lves, y compa-

    rurent ; 7 taiemt musulmans, 1 greco-calholiquo,4 catholiques, les autres orthodoxes.L'accusation,pour les lves, portait qu'ils avaient eu l'inten-tion )>de fonder une association nomme Yougo-slavie; et pour les professeurs,qu'ils n'avaient rienfait pour l'empcher; des condamnations de deuxans, un an, ou six mois de prisonfurent prononces.

    Le deuxime procs, intent contre dix lvesde Mostar, eut lieu ie 12 mai:; de's condamnationsde douze et de dix mois d'emprisonnement furentprononces contre des adolescents accuss d'avoirorganis, en Bosnie, des concerts patriotiques auprofit de l'association Prosveta.' Le troisime procs s'est droul le 13 juillet Travnik, intent des lves de Sarajevo et deTrebinje, au nombre de 65, dont la moiti setrouvait sous les drapeaux ou l'tranger. Septd'entre les accuss taient musulmans, septcatholiqueset les autres orthodoxes, et leur crimetait d'avoir fond l'association : La jeunessenationaliste serbo-croate, el d'avoir propag l'ideyougoslave. Les condamnations sont de six mois trois ans de prison.

    Les dbals lu quatrime procs ont commencle 13 septembre, Bihac, contre 41 lves dulyce (gymnase) de Tuzla, el trois professeurs.L'accusation les dnonce comme coupables dehaute trahison, de formation de seicits secrteset d'agissements contre la tranquillit publique.Les peines de pendaison ou de dtention sontproposes.

    Dans tous ces procs, les accuss sont pour laplupart des mineurs dont un grand nombre n'apas atteint l'ge de 15 ans. Tous les districts de;la Bosnie-Herzgovine, sauf deux, y sontreprsents.

    Un procs monstre BanjalukaNous recevons de notre correspondant

    Banjaluka : Banjaluka (ville situe au Nord-Ouest de la

    Bosnie), on fait les prparatifs d'un procs contreune centaine de Serbes bosniaques, pris parmi lesplus considrs ; ils sont tous amens enchans,et pour la plupart, viennent des prisons de Sara-ijevo. Le procureur d' Etat propose la peine demort pour dix d'entreeux.

    Comme accuss figurent les reprsentants dupeuple: Vasilj'Grgji,Savo Ljubibralic, AlanasijeSola, Jovan Simic ; ensuite le secrtaire dumuse provincial Vladimir Goravi, littrateurbien connu ; enfin les professeurs Glusac,Popovic el autres, plusieurs avocats, instituteurs,chefs d'associations gymnastiques et cullurales,fonctionnaires de race sorbe, etc. Il est dfenduaux accuss de recevoir de la nourriture de chezeux, et ils souffrent de la nourriture insuffisanteet mauvaise qu'on leur impose. Dans les milieuxnationaux, ce procs est attendu avec un frissonde froid...

    Les Conseils municipauxdissous en Dalmatie

    En Dalmatie,la plupart des conseils municipauxont t dissous. A la place; de; l'administration luepar le peuple, des commissaires impriaux ont tnomms. Plusieurs maires

    comme lans lesvilles ele; Split, Sibenik, Dubrovnik (Raguse)

    ont t jets en prison eiu mis en accusation.Le seul conseil municipal qui soi t. enceire en

    fonctions, est celui de Zadar (Zara). Or c'est, leseul conseil, en Dalmatie, qui depuis le rveilnational soit rest aux mains des Italiens. Mmeaprs l'intervention de l'Italie, celle municipalit!n'a pas t dissoute. Son maire, M. Ziliotto, chefde la petite fraction politique italienne qui sub-siste en Dalmatie, et le conseil tout entier, ontdclar publiquement leur loyalisme envers laMonarchie; et la Maison d'Autriche. Les Yougo-slaves n'ayant

    .pas fait. la mme chose, le gouver-nement a reconnu l'hommage de la ville fidle enmnageant ses reprsentants.

    Le Martyre des crivains yougoslaves

    On nous crit de Split (Spalalo):Aprs la Bosnie-Herzgovineel la Syrmie!, qui

    viennent en premire ligne! pour les malheursqu'elles ont subis, c'est la Dalmatie el le littoral

    autrichienqui ont t le plus cruellemenlprouvs,et cela ds le>dbut de la guerre;. La plupart desSlaves interns restrent clans leur cachots, mmoaprs l'intervention italienne, parce qu'ils eurent,tous, la fiert de repousser le;s propositions autri-chiennes leur offrant la libi;rl pourvu qu'ils s'em-ployassent prparer des dispositions plus favo-rables dans les masses populaires. Parmi leshommes politiques les plus connus, nous citeronsM. Josip Smodlaka, chef du parti-dmocrate deDalmatie), intern sans interruption bien qu'ilft malade! ; M. Melko Gingrija, qu'on empchedese soigner bien que de's spcialistes allemands luiaient dlivr un certificat de; la gravit de son tal.

    A Marburg se trouve aux arrts, (Mitre autres,l'auteur dramatique Tresic-Pavicic. Le crime defous ces hommes est d'avoir, Vienne o ilstaient membres do la dlgation autrichienne,critiqu la politique do la Monarchie, et prchdes mesures plus humaines l'gard des Yougo-slaves.

    A Sibenik, M. Mato Drinkovic, chef du partiradical croate, emprisonn, garde le lit. Le procsqui lui fut intent cause d'un discours qu'il avaitprononc sur l'unit serbo-croate;, le jour mme del'attentat, n'a pu tre! termin cause; de son tatde sant. Dans la mme ville;, on avait incarcrle plus grand crivain dramatique yougoslave,comte Ivo Vojnovic; mais la suite des torturesqui lui furent infliges, on dut le transporter,presque mourant, l'hpital de Zagreb o ilsubira une opration. Sa vieille mre el sa soeurfurent chasses de Raguse; et les deux noblesfemmes, prives de toute ressource, se virentforces de mendier, e;n Bosnie;, avant d'atteindreZagreb...

    Rcemment, plusieurs des meilleurs littrateursdalmates el istrioles ont t enrls

  • BULLETIN YOUGOSLAVE

    Les poursuitescontre les volontairesyougoslaves

    Le journal officiel du gouvernementcroate, Zagreb, publie un communiqud'aprs lei[uel lesautorits austro-hongroises ont t avises, endcembre dernier, qu'une multitude de Yougo-slaves, sujets austro-hongrois, dans les deuxAmriques et les colonies britanniques, se sontengags comme volontaires, et qu'ils sont partispourcombattre les puissancescentralesen Serbie;,au Montngro et dans les armes britannique elfranaise. D'abord les autorits civiles,enjanvier,ensuite les autorits militaires, en mars, ontintent une procdure contre tous les volontairesdont les noms sont parvenus leur"connaissance ;ces volontaires seront bannis et leurs biensconfisqus. Les ordres de poursuiteont t lancs.

    La Politique autrichienne s'occupedes coiffures

    Le journal officiel du gouvernementhongroisSarajevopublie un ordregouvernementalprohibantaux paysans le port des choubaras,c'est--diredestoques de fourrure noire, car les paysans serbessont coiffs d'une manire analogue.'De grandschlimenlssont infligs ceuxqui osent enfreindrecet ordre, lequel ne tend rien moins qu' abolirle vieux costume national.

    Le journal officiel du gouvernement dalmateporte, de son ct, l'ordre ministriel imposantpour tous les lvesdes coles secondairesde Dal-matie, l'uniforme avec une coiffure spciale quifacilitera le contrle policier...

    Les Yougoslaves orthodoxeset catholiques

    Les diffrences confessionnelles entre les You-goslaves, loin d'tre un obstacle leur union,doivent tre au contraire une forte raison oppo-ser aux divisionset scissions du territoire yougo-slave, o il est impossible de tracer une ligne dedmarcationquitable entre les domaines des unsel des autres.

    Si la Serbie ne devait s'agrandir que de. laBosnie-Herzgovine,de la Dalmatie mridionale,de; la Syrmie et d'une partie; de la Slavonie, plusd'un million de Yougoslaves orthodoxes (Serbes)resleraieuit dans les provinces occidentales non rat-taches au groupe! principal. En Croatie; 437.000,en Dalmatie' septentrionale 76.000, en Hongrieenviron 500.000. Dans une Serbie ainsi comprisen'entreraient que 1.064.000orthodoxesnouveauxavec 1.600.000non orthodoxes (les 279.000 calho-liques ele Dalmatie mridionale,les 385.000 catho-liques et le'S 612.000 musulmansde Bosnie-Herz-govine, les 208.000 catholiquesyougoslaves diversel le>s 110.000 trangersde confessions diverses,de;Syrmie cl de Slavonie').

    Une telle scission ne se'rait approuve, ni parlaSerbie, ni par les Yougoslavesoce-identaux.Kllenepourrait tre agre, ni par le million d'orthodoxesexclu dos nouvelles frontires, ni par les1.450.000 yougoslaves non orthodoxes, donns la Serbie el spars de leurs coreligionnaires,ni par les 4.200.000 yougoslaves catholiques nonrunis ou non dlivrs (Croates et Slovnes).

    Les Yougoslaves ne veulent et ne peuvent pastre diviss ni morcels. La ncessite; leur impose,el leur volont populaire exige d'lre runis, tousaffranchis,et fondus eu une nation unique.

    Une rsolution des journalistesyougoslaves en Amrique

    Les journalistes yougoslaves rsidant, en Am-riquedu Nord, rdacteursaux nombreux journauxnationaux, se sont runis, en aot, et leurassemble a adopt et adresse; M. Pasic el auComit de Londres la rsolutionsuivante :

    (( Les Serbes, l.-s Croatesel les Slovnes, peupleunique; par le; sang, la langue el les communesaspirations, ne pourront considrer la guerrecomme lerniine qu'aprs leur dlivrance; el leurrunion J

    Cette rsolution a t transmise aux reprsen-tants des puissancesde la Triple-Entente,envoyeaux gouvernements serbe et montngrin el auComit yougoslave Londres. Dans toutes les co-lonies yougoslaves de l'Amrique du Sud s'est ma-nifeste publiquement la mme tendance unitaire.

    Les Yougoslaves de l'Amrique du Suds'adressent au tsar russe et au roi serbe

    Suscite par les discussions concernantl'avenirpolitique de's Yougoslaves sur les ctes orientalesde l'Adriatique, une agitation a pris naissancedans les nombreuses colonies yougoslaves desri; publiepies sud-ainrirains. Ce mouvementd'opi-nion a trouv son expression dans les dpchesque les migrs des rgions contestes, suivantl'initiative de la colonie d' Antofagasta (Chili),envoient au tsar russe;