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Ministère de l’intérieur, de l’outre mer et des collectivités territoriales Inspection générale de l’administration 15, rue Cambacérès 75800 PARIS Ministère de l’agriculture et de la pêche Conseil Général de l’Agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux 251 rue de Vaugirard – 75732 Paris 15 Cedex Appui technique et financier auprès de la chambre d'agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte Rapport de mission (24 février au 03 mars 2009) Etabli par Yvan BLOT, inspecteur général de l’administration et Roland LAZERGES, ingénieur général du génie rural, des eaux et des forêts Pour le compte du ministre de l'intérieur, de l'outremer et des collectivités locales, du secrétaire d'État chargé de l'outremer et du ministre de l'agriculture et de la pêche Mars 2009 Rapport CGAAER n°1864

CAPAM Rapport VF0309

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 Ministère de l’intérieur, de l’outre mer et des 

collectivités territoriales Inspection générale de l’administration 

15, rue Cambacérès ‐ 75800 PARIS  

 Ministère de l’agriculture et de la pêche Conseil Général de l’Agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux 

251 rue de Vaugirard – 75732 Paris 15 Cedex 

Appui technique et financier auprès de la chambre d'agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte

Rapport de mission (24 février au 03 mars 2009)

Etabli par 

Yvan BLOT, inspecteur général de l’administration et 

Roland LAZERGES, ingénieur général du génie rural, des eaux et des forêts 

Pour le compte  

du ministre de l'intérieur, de l'outre‐mer et des collectivités locales, du secrétaire d'État chargé de l'outre‐mer et du ministre de l'agriculture et de la pêche

Mars 2009

Rapport CGAAER n°1864 

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Résumé  La présente mission a été mandatée pour analyser les difficultés financières évoquées par la chambre  d'agriculture,  de  la  pêche  et  de  l'aquaculture  de  Mayotte  (CAPAM)  et  pour proposer des pistes de sortie de l’impasse actuelle, son budget 2009 n’étant pas approuvé. La mission qui  s'est  rendu  sur place du 24  février au 3 mars 2008 a pu  constater que  les actions  de  développement  agricole  et  rural  à Mayotte,  et  donc  le  bon  exercice  de  ses missions  par  la  CAPAM,  étaient  fondamentaux  pour  accompagner  la  transformation  de l'agriculture mahoraise reposant principalement sur des exploitations pluriactives vivrières.  Les  difficultés  financières  mises  en  évidence  sont  liées  étroitement  aux  capacités budgétaires de  la collectivité départementale de Mayotte  (CDM), principal et quasi unique financeur de la CAPAM, conformément aux textes législatifs. La mission a pu constater la volonté des responsables de la CDM de pérenniser l'action de la chambre, même si les versements de ses subventions sont, et seront encore, décalés dans le temps. Elle a donc suggéré une amélioration de  la coordination et de  la coopération entre les  différentes  institutions  qui  serait  suffisante  dans  l'immédiat,  sauf  si  la  collectivité départementale se  trouvait à  l’avenir dans une situation  financière qui  l'empêche de  tenir ses engagements.  La  stabilisation  de  la  situation  de  la  chambre  à moyen  terme  nécessite  cependant  une réflexion approfondie pour que celle‐ci dépasse la simple poursuite des objectifs passés et se dote d'une stratégie réellement crédible, avec l'accord de tous ses partenaires.   Une telle stratégie, qui lui permette de situer les priorités de son action et de faire face aux éventuelles difficultés, devrait la conduire à proposer un modèle de développement agricole cohérent et adapté à la situation et aux perspectives démographiques de l’île : 

• en  s'intéressant  plus  particulièrement  à  ceux  qui  déjà  portent  l’agriculture  qui  se modernise et s'intègre dans les circuits économiques ; 

• en  favorisant  le développement des  structures professionnelles dans chaque  filière de production, et responsabilisant ces structures pour  le développement  technique des producteurs qui s'y intègrent ; 

• en  accompagnant  ceux  des  exploitants  pluriactifs  traditionnels,  ayant  des productions  de  nature  principalement  vivrières,  qui  peuvent  s'engager  dans  une modernisation progressive. 

Le développement d'une telle stratégie devrait être mieux accompagné par  les services de l'État qui, dans la situation économique locale actuelle, ont le devoir :  

• de  mieux  s'impliquer  dans  l'action  de  développement,  en  particulier  dans  les domaines de l'élevage, de la pêche et l'aquaculture et des équipements ruraux ; 

• de faciliter la mise en place de financements diversifiés pour la chambre. Dans  le cours de  son  rapport,  la mission a  formulé quelques observations  importantes, et s’est permis de les synthétiser en 5 recommandations pour la CAPAM et 3 pour les services de l'État fondamentalement concernés, récapitulées ci‐après. 

3

 Synthèse des recommandations 

Recommandation pour la CAPAM  

1. Etablir au plus  tôt  le  compte  financier 2008 en  tenant  compte des  justifications à rendre sur la réalisation des missions déléguées par la CDM. 

2. Elaborer  un  nouveau  projet  de  budget  2009  en  tenant  compte  des  réalisations ordinaires 2008 et des provisions nécessaires pour la dette antérieure de la chambre professionnelle ; attendre confirmation de cette orientation dans le vote du budget supplémentaire  de  la  CDM  et  restaurer  les  effectifs  nécessaires  pour  assurer  les missions prioritaires. 

3. Redéfinir  la mission de représentation et  le programme économique prévus dans  le budget en  fonction de  la  subvention  forfaitaire  attribuée par  la CDM au  titre des missions statutaires ; présenter annuellement à  la CDM un programme de missions déléguées  techniques  suffisamment  quantifiées  pour  que  des  comptes‐rendus réalistes puissent en être faits. 

4. Elaborer une stratégie précise d'action pour le développement agricole de Mayotte, stratégie  qui  permettra  d’éviter  des  concurrences  avec  d’autres  structures  et  de faire  face,  le  cas  échéant  de  façon  logique,  à  des  évolutions  imprévisibles  de  ses ressources financières. 

5. Coordonner  son  action  et  celles  des  institutions  responsables  du  développement agricole  et  rural dans  le  cadre d'un  groupe de  travail CAPAM/DAF/DARTM qui  se réunirait  régulièrement à  l'initiative du directeur de  l'agriculture et de  la  forêt de Mayotte (voir recommandation n°1 pour les services de l’Etat). 

Recommandations pour les services de l’Etat

1. Prendre  l'initiative  de  réunir  un  groupe  de  travail  CAPAM/DAF/DARTM  qui  se réunirait régulièrement pour coordonner les actions et les financements en matière de développement agricole et rural et réanimer le groupement d'intérêt scientifique mahorais  pour  assurer  une  réelle  coordination  des  travaux  de  recherche‐développement. 

2. Entreprendre des actions de développement dans leur domaine de compétence, en complément des  interventions de  la CAPAM, en particulier pour  la pêche,  l’élevage et l’équipement rural. 

3. Améliorer  la programmation des aides de  l’ODEADOM dans  le cadre de  la stratégie de développement à arrêter et étudier la possibilité de prévoir le financement d’un appui  technique personnalisé pour  les exploitants et  sociétés qui  investissent, par avenant au contrat de projet Etat‐Mayotte 2008‐2014. 

4

Table  

Résumé ....................................................................................................................................... 2 

Synthèse des recommandations ................................................................................................ 3 

Préambule .................................................................................................................................. 5 

1.  Constats initiaux de la mission ....................................................................................... 6 

1.1  Eléments d’approche des exploitations ................................................................. 6 

Réalité administrative .................................................................................................... 7 

Réalité pour le développement ...................................................................................... 8 

1.2  Positionnement de la CAPAM ................................................................................ 9 

1.3  Organisation générale des services de la chambre .............................................. 10 

1.4  Financement de l’établissement .......................................................................... 12 

État du compte financier 2007 approuvé .................................................................... 12 

Exécution du budget 2008 ........................................................................................... 13 

Budget 2009 ................................................................................................................. 14 

Situation de trésorerie ................................................................................................. 15 

1.5  Positionnement actuel des partenaires techniques et financiers ....................... 16 

2  Recherche des voies du progrès .................................................................................. 18 

2.1  Sécuriser les perspectives budgétaires ................................................................ 18 

Mise au net des opérations des exercices antérieurs .................................................. 18 

Proposition d’un budget 2009 crédible ....................................................................... 19 

Définition des bases futures de collaboration avec la CDM ........................................ 19 

2.2  Clarifier la stratégie d’action ................................................................................ 21 

Cas particulier de l’élevage .......................................................................................... 23 

Cas spécifique de la pêche et de l'aquaculture ............................................................ 24 

2.3  Rechercher l’accompagnement de l’Etat ............................................................. 25 

Mise en place d'une coopération approfondie entre institutions ............................... 25 

Mobilisation par l’Etat des ressources locales disponibles .......................................... 27 

ANNEXES : A – Lettre de mission .............................................................................................. 29 

B ‐ Barèmes agricoles ............................................................................................................... 30 

C ‐ Missions confiées à la CAPAM par la CDM en 2008 ........................................................... 31 

D ‐ Etat des structures associatives et coopératives ................................................................ 32 

E ‐ Programme des entretiens de la mission ............................................................................ 33 

5

Préambule  À plusieurs reprises au cours de l'année 2008, Monsieur Dani Salim, président de la chambre d'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture de Mayotte (CAPAM), avait attiré l'attention de l'État  sur  la  situation  financière  difficile  dans  laquelle  se  trouvait  son  établissement dépendant  de  l'attribution  ou  de  la  non  attribution  de  subventions  de  la  part  de  la collectivité départementale de Mayotte (CDM). Par  lettre du 13 novembre 2008, madame  le ministre de  l'intérieur, de  l'outre‐mer et des collectivités  locales,  monsieur  le  secrétaire  d'État  chargé  de  l'outre‐mer  et  monsieur  le ministre  de  l'agriculture  et  de  la  pêche  ont  demandé  au  chef  du  service  de  l'inspection générale  de  l'administration  et  au  vice‐président  du  conseil  général  de  l'agriculture,  de l'alimentation et des espaces ruraux de mandater une mission aux fins de définir  les bases durables du fonctionnement de la CAPAM, et pour cela :

• de mener un examen approfondi des missions qu'elle assure et de leurs modalités de financement par la collectivité départementale de Mayotte ; 

• de proposer une mise en cohérence des missions et des financements, qui permette de garantir l'équilibre financier de l'établissement public. 

Une mission d'expertise  a donc été  conduite  sur place du  24  février  au  3 mars 2008 par messieurs Yvan Blot, inspecteur général de l'administration, désigné par le chef du service de l'inspection générale de l’administration et Roland Lazerges, ingénieur général du génie rural des eaux et des  forêts, désigné par  le vice‐président du conseil général de  l'agriculture, de l'alimentation et des espaces ruraux. Cette mission a eu pour objectifs : 

• de  faire  le  point  en  fonction  des  documents  disponibles  sur  la  situation  de  la chambre ; 

• de rencontrer le président de la chambre, les responsables et agents de ses services présents lors du passage de la mission ; 

• de  recueillir  les  informations disponibles auprès des  services de  l'État  chargé de  la tutelle de cet établissement public ; 

• de  prendre  l'avis  de  partenaires  extérieurs  à  la  chambre  qui  agissent  pour  le développement agricole et rural de Mayotte. 

Les  recommandations  du  présent  rapport  devraient  permettre  de  définir  localement  une stratégie d'intervention durable de la chambre d'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture de Mayotte et déterminer les appuis pérennes qu'il faudrait lui apporter.  Les membres de la mission remercient le président, les élus, le directeur et les agents de la chambre  pour  la  qualité  de  l’accueil  qui  leur  a  été  réservé.  Ils  remercient  pour  leur disponibilité  le  vice‐président  du  conseil  général,  le  directeur  général  des  services  et  les cadres de la collectivité départementale. Ils  sont  redevables  à  Patrick  Poyet,  directeur  de  l’agriculture  et  de  la  forêt,  et  à  Anne Laybourne,  chef  du  service  de  l’économie  agricole,  pour  le  travail  effectué  et l’accompagnement permanent qui a permis la bonne réalisation de la mission. 

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1. Constats initiaux de la mission  La mission,  lors  de  sa  visite  sur  place,  a  cherché,  pour  situer  la  stratégie  de  la  chambre d'agriculture, de la pêche et de l’aquaculture de Mayotte (CAPAM), à comprendre la réalité des actions de développement à conduire en tenant compte d’une approche quantifiée des exploitants agricoles et des pêcheurs. Elle a procédé à  l'examen de sa situation  interne sur les plans organisationnels et financiers, puis a recueilli  les points de vue de ses partenaires publics. 1.1 Eléments d’approche des exploitations  Mayotte a une population très jeune et en très forte augmentation. En 2007, date du dernier recensement,  la population recensée était de 186 452 habitants, contre 160 262 habitants en 2002, 2/3 des habitants environ étant âgés de moins de 25 ans. Le service d’information statistique et économique de  la direction de  l'agriculture et de  la forêt (DAF) de Mayotte a été mis en place au début de l'année 2008. Son premier bulletin de conjoncture  (n°0 paru  récemment) a  rappelé qu'on ne disposait pas  à  l'heure  actuelle de données exhaustives sur  l'agriculture à Mayotte permettant de décrire de manière précise les exploitations agricoles. Le premier  recensement de  l'agriculture ne sera effectué qu’en 2010 et seul permettra d'avoir une image fidèle de la réalité agricole. Des estimations sont cependant faites actuellement à partir d'une enquête statistique sur un échantillon d'agriculteurs et de pêcheurs  (ESAP) réalisée en 2003, du recensement général de la population effectuée par l'INSEE en 2007 et des opérations préalables au recensement agricole qui sont en cours. D'après ces différentes enquêtes, il apparaît que les exploitations agricoles, définies comme un ménage dont l'un au moins des membres se livre à une activité agricole ou d'élevage sont nombreuses  :  de  l'ordre  de  16 500,  soit  environ  31 %  du  total  des ménages.  Cependant l'activité  agricole  souvent  secondaire  est  considérée  comme  peu  valorisante  :  seules  582 personnes se sont déclarées agriculteurs au cours du recensement de la population 2007. Comme le montre le graphique suivant issu de l’ESAP, les exploitations mahoraises sont très petites  avec  une  superficie moyenne  cultivée  de  0,8  ha,  la moitié  d'entre  elles  cultivant même moins de 0,5 ha. Les productions sont essentiellement des cultures vivrières souvent associées  sur  la même  parcelle  (notion  de  jardin mahorais  explicitée  en  annexe  B).  Les exploitations sont donc dans  leur quasi‐totalité des exploitations traditionnelles dont  les productions sont destinées à  la consommation familiale ou à des réseaux de distribution très courts. Les importations de produits agricoles demeurent importantes.

7

Source DAF 

Réalité administrative  Pour constituer la liste électorale des exploitants habilités à voter aux élections à la chambre de  l'agriculture,  il  a  été  décidé  en  2004  de mettre  en  place  un  registre  des  agriculteurs, pêcheurs et  aquaculteurs mahorais  (RAPAM)  à partir des déclarations des  intéressés et  à condition que  leur exploitation ait une  taille  leur permettant d'atteindre environ un demi‐SMIC mahorais de l'époque. Les spéculations principales ont été estimées grâce à une cotation par points,  le seuil pour être électeur était de réunir au moins 300 points (ce qui correspondait à une estimation du revenu  annuel de  l'époque de  3100  €  et  ce qui devait permettre  en  fonction des  études statistiques précédentes d'avoir une liste électorale de taille suffisante). Toutes  les  déclarations  ont  à  cette  époque  été  contrôlées  par  la DAF  sur  le  terrain  avec positionnement GPS des exploitations ce qui constitue un travail très important.  Au‐delà des élections,  le RAPAM est  resté  la base de  référence pour  l'enregistrement des exploitations, et, par arrêté préfectoral,  la CAPAM a été chargé de sa mise à jour et de son actualisation.  On  notera  simplement  qu'elle  n'a  pas  les  moyens  de  cette  actualisation puisque  toutes  les  déclarations  doivent  être  renouvelées  tous  les  quatre  ans  et  que  la vérification sur place de chaque déclaration nécessite une  journée de  travail avec un coût estimée à 60 €. De plus, de façon évidente, il est apparu progressivement : 

• que des exploitations en nombre important n'avaient pas fait l'objet de déclarations, les déclarations étant concentré sur certaines parties du territoire dans lesquelles les ménages étaient les plus motivés ; 

• qu'on avait simplement constitué ainsi un échantillon, même non représentatif de la situation globale, qui permettait de procéder à une première élection à la chambre ; 

• que  les données économiques  initiales contrôlées étaient pour une grande part peu fiables ; 

Stratification des exploitations selon leur taille(enquête ESAP 2003, 6 000 exploitations, surfaces non contrôlées,

pas de seuil)

26% 25%

18%

10%

2%

19%

0%

10%

20%

30%

40%

moins de 0,2 ha de 0,2 à moins de0,5 ha

de 0,5 à moins de1 ha

de 1 à moins de 2ha

de 2 à moins de 5ha

5 ha et plus

Moyenne : 1haMédiane : 0,6 ha

8

• que, de plus, le seuil de 300 points qui avait été fixé ne correspondait plus à la réalité économique puisqu’il pourrait correspondre actuellement à seulement un cinquième du  SMIC  et  que,  selon  les  spéculations,  les  équivalences  hectares  étaient  très différentes.

Pour  tenir  compte  de  ces  constats,  l’arrêté  préfectoral  du  24  juillet  2008  établissant  le schéma directeur mahorais des structures agricoles a actualisé  la grille de cotation (annexe B),  les  300  points  restant  la  base  pour  déterminer  administrativement  une  exploitation viable,  mais  a  pris  en  compte  une  autre  grille  de  cotation  pour  déterminer  la  surface minimum d'installation, ce qui rend le RAPAM en fait quasi‐caduc. On peut donc s'interroger sur  la subsistance de ce  registre qui n'est utilisé actuellement que  comme  obligation  administrative  pour  pouvoir  bénéficier  des  indemnités compensatoires annuelles à Mayotte prévues par le décret 2008‐253 du 12 mars 2008.  Au 31 décembre 2008,  il  comprend 4988 déclarations, et 344 nouveaux  inscrits en 2008, mais 1500 enregistrements n'ont pas été vérifiés et  les enregistrements  initiaux ne seront pas actualisés.

Réalité pour le développement  Le  centre  de  formalités  des  entreprises  (CFE)  de  la  CAPAM  a  entrepris  d'enregistrer  les déclarations  des  agriculteurs  et  pêcheurs  qui  souhaitent  être  déclarés  en  tant  que  tels (obtention  de  numéro  SIRET,  déclaration  auprès  des  services  fiscaux  et  de  la  caisse mahoraise de sécurité sociale). Au 31 décembre 2008, 536 exploitants et 20 sociétés avaient été enregistrés à ce titre.  La CAPAM estime que : 

• vers  le milieu de  l'année 2009, 900 à 950 agriculteurs  seront  inscrits pour pouvoir bénéficier de l'indemnisation des dégâts causés par la dépression tropicale FAME en janvier 2008, indemnisation répartie par la chambre d'agriculture à partir de fonds de la collectivité départementale de Mayotte (CDM) ;

• dans trois à quatre ans, 1500 agriculteurs auront fait les déclarations nécessaires.  L'autre moyen d'apprécier  le nombre d'exploitations qui ont été  jugées aptes à  s'intégrer dans  des  circuits  économiques  est  l'attribution  de  l'indemnité  compensatoire  annuelle  à Mayotte (ICAM) versée à partir de 2008 conformément au décret 2008‐253 du 12 mars 2008 (articles D. 115‐1 à D. 115‐7 du code rural). Les exploitants devaient être inscrits au RAPAM, être un jour de leurs obligations sociales et fiscales (ce qui suffit normalement pour être enregistré par le CFE), et respecter les bonnes pratiques agricoles. Pour  la campagne 2008, 1376 exploitants ont bénéficié des  indemnités pour un montant total de 465 000 €.

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1.2 Positionnement de la CAPAM  La volonté de créer une Chambre d’Agriculture à Mayotte date de  la fin des années 90. Le but  recherché  était  de mettre  en  place  une  identité  propre  au monde  agricole  et  de  se séparer de la Chambre Professionnelle de Mayotte. Il a fallu dans les faits six ans pour que la CAPAM puisse voir le jour, en reprenant les activités de la pêche et de l’aquaculture. La  chambre  professionnelle  de  Mayotte  a  ainsi  été  remplacée  par  trois  établissements publics administratifs dénommés : "chambre de l'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture de Mayotte”, "chambre de commerce et d'industrie de Mayotte” et ″chambre de métiers et de  l'artisanat de Mayotte”, chargés de représenter auprès des pouvoirs publics  les  intérêts des secteurs économiques de leur compétence. La CAPAM a été  installée en aout 2006, son statut spécifique étant prévu par  l’ordonnance n° 2005‐43 du 20 janvier 2005 intégrant les articles L. 571‐1 à L.571‐6 au code rural et par le décret n°2006‐379 du 27 mars 2006 intégrant les articles R 571‐1 à R. 571‐25 au même code. Ces textes prévoyaient que  la CAPAM ait  les missions d’une chambre d’agriculture et celles prévues par l’article 2 de la loi n° 91‐411 du 2 mai 1991 relative aux pêches maritimes ce qui de facto lui imposait un service pêche. Corrélativement, la CAPAM reprenait : 

• une partie de la dette en cours de la chambre professionnelle déterminée par l’acte de liquidation ; 

• différentes  missions  et  services  assurés  ou  mis  à  la  charge  de  la  chambre professionnelle  (dont  les  actions  sanitaires  transférées d’office en mai 2005 par  le directeur  du  service  vétérinaire,  sans  encadrement  d’un  docteur  vétérinaire,  sans budget  pour  l’achat  de  médicament  et  avec  une  logistique  déficiente,  dont l’identification de l’élevage transférée sans financement par arrêté préfectoral du 13 janvier 2005) ;

• l’ensemble du personnel du  service de développement agricole de  la direction des services  agricoles,  ainsi  que  le  personnel  du  service  pêche,  tous  ces  agents  au nombre  de  125  étant  du  personnel  de  la  collectivité  départementale  mis  à disposition auprès de l’Etat.

Ces  agents  bénéficiaient  de  peu  de  formation  et  l’encadrement  était  notoirement insuffisant.  Au  fil  des  ans,  très  peu  d’entre  eux  ont  pris  l’option  de  rejoindre  à  terme l’institution. Trois seulement ont fait la demande de devenir agents de la CAPAM. Cinq sont toujours mis à disposition par la Collectivité et, avant la fin de 2010, devront choisir entre la CAPAM et la CDM, conformément au terme de l’ordonnance susmentionnée. La  CAPAM  a  donc  été  placée  dans  la  situation  d’exécuter  des missions  historiquement imposées ou voulues par les services de l’Etat ou de la Collectivité sans financement dédié, et d’être obligée de  recréer des services sans  financement assuré, puisque dès  le départ aucun financement ne  lui était attribué hors celui de  la CDM à négocier annuellement, la part affectée des financements anciens de  la chambre professionnelle étant  insuffisante au vu de l’évolution des charges de personnel et des missions. 

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La  contrainte de  la  recherche  annuelle de  financement n’a pas permis qu’une  stratégie claire d’action ait pu être  réfléchie et mise en œuvre, au‐delà de  la simple  reproduction des objectifs passés. 1.3 Organisation générale des services de la chambre  Les  services de  la CAPAM  comprenaient, au 1er  janvier 2008, 32 agents,  répartis dans un service général (huit agents) et quatre services techniques correspondants aux programmes d'intervention de la chambre. Le service économique  Les missions du service économique (quatre agents) sont principalement : 

• d'assurer  la gestion du fichier RAPAM et  le fonctionnement du centre de formalités des entreprises ; 

• de  favoriser  la  présentation  des  dossiers  d'aides  et  subventions  pour  la modernisation des exploitations (10 nouveaux dossiers prévus en 2009) ainsi que des dossiers du tourisme rural (sept nouveaux dossiers prévus en 2009) ; 

• de garantir une bonne coordination avec  les partenaires publics et  les organisations professionnelles.

Le service végétal  Les  missions  du  service  végétal  (cinq  agents)  sont  centrées  sur  le  développement  des principales filières : 

• la filière Ylang‐Vanille (2,1 ETP) qui connaît une légère baisse de production (2 tonnes de  vanille et 7  tonnes d'essence d’Ylang en 2008) dont  les  surfaces en production diminuent  du  fait  de  l'abandon  des  parcelles  par  des  producteurs  vieillissants (l'accompagnement technique nécessaire pour ces filières ne paraît plus assuré par la chambre du fait du non‐renouvellement du contrat d'un des techniciens à compter du 1er mars 2009) ; 

• la  filière maraîchage horticulture  (1,1  ETP) qui  comprend  les  cultures  sous  abri  (le développement et la modernisation de cette filière implique nécessairement à l'avenir de  favoriser  les  cultures de  contre  saison  et d'encourager  les  cultures  sous abri  en favorisant l'organisation économique naissante) ; 

• la  filière  banane  verte  aliment  de  base  des mahorais  (1,1  ETP)  avec  des  pénuries récentes  lors  des  mois  de  ramadan  (la  reprise  des  activités  de  l'association  des producteurs GPBAM par la chambre est à la base du maintien de cette filière vivrière importante malgré l'évolution constatée des habitudes alimentaires) ; 

• la  filière  fruitière  (0,30  ETP) qui  concerne  surtout  la  régénération de  la  cocoteraie suivie par le chef de service.

 Par ailleurs ce service organise la promotion des produits (foires locales, salon international de l'agriculture 2009). 

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 Le service pêche‐aquaculture Ce service est composé de deux agents et est surtout mobilisé par le montage des dossiers de demande des  subventions pour  la pêche  (19 dossiers  en  2008)  et par  l'installation de nouveaux aquaculteurs (un projet en cours).  Le service élevage  Le service élevage est le plus important de la chambre d’agriculture. Il comprend un service d'identification  animale  et  de  zootechnie  (un  responsable,  8  identificateurs,  2 zootechniciens)  et  un  service  de  santé  animale  (une  vétérinaire,  trois  vaccinateurs,  un inséminateur) ; une secrétaire est commune à ces deux services. L’identification animale était sous  la responsabilité de  l’Etat  (service vétérinaire) puis de  la CDM  avant  de  tomber  en  désuétude.  Repris  en  2004  au  sein  de  l’ancienne  chambre professionnelle, avec comme principale activité l’identification bovine. Cette mission cadrée par la loi sur l’élevage qui rend obligatoire l’identification des bovins et des petits ruminants a  été  confiée  à  la  CAPAM  sans  financement  spécifique  par  l’arrêté  préfectoral n°20/DAF/2007  du  08 mars  2007  en  remplacement  de  l’arrêté  applicable  à  la  chambre professionnelle.  Le service d'identification animale est donc chargé de  l'identification obligatoire des bovins et petits ruminants. Son action a permis l'identification d’environ 14 000 bovins sur un total estimé  de  20 000  bovins  présents  à Mayotte,  l'objectif  de  l'année  2009  étant  d'arriver  à identifier 17 000 bovins. Aucune  identification n'a pu  commencer  sur  les petits  ruminants (caprins  principalement  à Mayotte  issus  en  très  grande  part  d’importations  clandestines venant  des  Comores).  L'action  est  nécessaire  et  doit  donc  être  prolongée.  La  chambre d'agriculture a cependant stoppé les contrats de quatre identificateurs au cours du mois de février et prévoit d'arrêter un  cinquième  contrat à durée déterminée bientôt à échéance. Cette décision bien entendue rend quasi impossible l'atteinte des objectifs prévus, même en réorganisant et rendant plus efficace le travail sur le terrain. Au  titre  de  la  zootechnie  le  service  a  mené  en  2008  une  opération  exceptionnelle d'importation  de  génisses  montbéliardes  pleines  en  concertation  avec  la  collectivité territoriale de Mayotte et entièrement financée par celle‐ci (10 332 € par vache). Le  service  de  santé  animale  à  une  activité  centrée  sur  la  vaccination  bovine  et  le déparasitage  interne  et  externe  des  ruminants.  Ce  service  mène  ainsi  les  actions  de prophylaxie  et de  soins préventifs  à destination des  éleveurs  familiaux  regroupés dans  la fédération des éleveurs de Mayotte  (FEM),  l'association des éleveurs de Mayotte  (ADEM) regroupant elle  les  gros éleveurs et  faisant  appel  à un  cabinet de  vétérinaires privés. Par ailleurs,  ce  service  mène  une  action  d'insémination  artificielle  avec  environ  500 inséminations par an et un  taux de  réussite de 70 %.  Il est également associé aux  travaux d’épidémiosurveillance en partenariat avec le service vétérinaire de la DAF.    

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1.4 Financement de l’établissement  La  CAPAM  est  bien  structurée  pour  avoir  une  vision  claire  de  sa  situation  financière.  Le service administratif et financier, dirigé par un directeur, comprend un comptable spécialisé. L’agence  comptable  est  tenue  par  une  inspectrice  du  trésor,  pour  l’équivalent  d’une  ½ journée de travail par semaine.  

État du compte financier 2007 approuvé  Le dernier compte financier approuvé de la CAPAM est celui de l'année 2007. Ce compte fait apparaître une section de fonctionnement équilibrée pour un montant total de 1 485 922,56 euros, un excédent de l'exercice de 536 659,51 euros et corrélativement une augmentation du  fonds  de  roulement  de  501 593,90  euros.  Ces  résultats  sont  extrêmement  positifs puisque l'excédent d'exercice est supérieur au tiers des dépenses de fonctionnement grâce à la prise en compte d'une subvention d'exploitation de 1 415 376,48 euros. L'analyse brute de ces résultats doit être pondérée par trois considérations : 

• la  chambre  d'agriculture  n'a  pas  pris  en  compte  la  dette  héritée  de  la  chambre professionnelle  lors  de  la  dissolution  de  celle‐ci  (solde  du  compte  de  la  section agricole d’un montant estimé à 190 000 € et charges liées à la construction du siège,), le montant de cette dette étant contesté par elle, et n'a pas constitué de provisions pour la solder le moment venu ; 

• les subventions d'exploitation attribuées par la CDM sont en fait de deux natures : ° une part concerne une subvention forfaitaire de fonctionnement qui correspond 

à  la  part  de  subvention  « Agriculture  et  pêche »  de  l'ancienne  chambre professionnelle,  subvention  forfaitaire  majorée  annuellement  de  1,5  %,  et exceptionnellement depuis 2007 de 200 000 € (soit 557 421 € en 2007), 

° une  part  concerne  les  subventions  pour  des  actions  spécifiques,  dénommées missions déléguées, que la CDM souhaite cibler et pour laquelle elle souhaite des comptes‐rendus,  cette  part  ne  devrait  être  considérée  comme  acquise  qu’une fois les comptes‐rendus présentés et validés (775 000 € en 2007) ; 

• ces subventions totales de 1 332 421 € de  la CDM, prise en compte dans  le compte  financier 2007, n’ont été versées effectivement en 2007 que pour 538 880 €, et en 2008 (sur le budget 2008 de la CDM entre février et septembre 2008) pour 788 964 €.

Une présentation un peu différente du compte financier aurait pu conduire à constituer des provisions  à  la  fois pour  la dette passée et pour  faire  face  aux  incertitudes de  règlement ultérieur de la CDM. Le résultat d'exercice selon cette présentation plus sincère n'aurait pas été de même nature.

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Exécution du budget 2008  La CAPAM a présenté un budget 2008 en équilibre pour un montant total de 1 986 592 €.  Une décision modificative délibérée au mois de mai 2008 a porté le montant de ce budget à 2 597 374  €,  principalement  pour  tenir  compte  d'une  opération  exceptionnelle d'importation  de  vaches  Montbéliardes  décidée  en  2007  et  imputée  sur  l'année  2008 (certaines  subventions  à  ce  titre  avaient  été  réglées  dès  2007  par  la  CDM  et  donc enregistrées dans le compte financier 2007 comme produits constatés d'avance, ce qui avait équilibré  la  trésorerie  dans  l'attente  des  versements  des  subventions  de  fonctionnement ordinaires). La  subvention  forfaitaire  de  fonctionnement  mandatée  par  la  CDM  pour  un  montant actualisé de  562 782  €  (virements  5895/22 483  et  5908/22 516 du  9  octobre  2008)  a  été encaissée par  la CAPAM au mois d'octobre 2008 pour un montant de 555 396,88 euros  (la mission n'a pas approfondi les raisons de cet écart). La  subvention  forfaitaire  a  donc  été  réglée,  à  l'écart  près,  pendant  l'exercice  de rattachement. La subvention correspondant à des missions déléguées a été conventionnée pour un montant de 800 000 €, 80 % de cette somme, soit 640 000 €, ayant été réglés sur le budget  2009  de  la  CDM  au  mois  de  février.  Le  principe  arrêté  dans  la  convention correspondante (convention n° 27/DARTM/SAP/CG/08) a été que les 20 % restants devaient être réglés sur présentation auprès de la direction de l'agriculture, des ressources terrestres et maritimes (DARTM) : 

• d'un tableau récapitulatif des dépenses engagées ; 

• d'un rapport intermédiaire d'exécution de l'ensemble des missions au plus tard le 31 mars 2009.

Le bon équilibre budgétaire de l'exercice est donc lié à l'établissement d'un bilan des actions de  l'année 2008 qui soit approuvé par  la collectivité départementale. La mission a constaté que la liste des missions conventionnées déborde largement les possibilités de réalisation de la CAPAM et que  la  réalisation de  toutes  les missions détaillées dans  la  convention  (sans détail  des  financements  par  rubrique  ou  sous‐rubrique)  nécessite  un  budget  de  façon évidente beaucoup plus important que la somme de 800 000 € (voir en annexe C la liste des missions mentionnées dans la convention). Aucune  structure ne pourrait  fonctionner en  souscrivant des  contrats analogues à  cette convention.  C'est  donc  bien,  faute  de  réels  dialogues  et  concertations,  l'appréciation globale de l'action de la CAPAM par le service compétent de la collectivité, et par le conseil général lui‐même, qui semble compter, plus qu’un rendu précis des activités réalisées. 

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Budget 2009  Le budget 2009 a été présenté et voté dans les délais pour un montant initial de 1 905 585 €. Monsieur le préfet de Mayotte a demandé au président de la CAPAM de justifier : 

• les  dépenses  qui  lui  apparaissaient  sous‐évaluées  par  rapport  aux  prévisions  2008 notamment  en matière  de  charges  de  personnel,  alors  que  l'embauche  de  deux techniciens était programmée ; 

• les recettes qui lui paraissaient non fondées sur des engagements prouvés ; 

• la  non  prise  en  compte  du  remboursement  de  la  dette  résiduelle  de  la  chambre professionnelle (découvert bancaire constaté à la liquidation).

La CAPAM  est  donc  actuellement  sans  budget  approuvé,  l'agent  comptable  exécutant  un budget théorique en se référant de façon tacite, sans décision particulière de  la tutelle, au budget initial de l'année précédente, selon la règle des 1/12 provisoires. L'élaboration  d'un  budget  2009  approuvable  par  la  tutelle  étant  un  préalable  au développement de  l'activité de  la CAPAM,  la mission a examiné  les possibilités de prise en compte des trois réserves de la tutelle.   En ce qui concerne  les charges de personnel,  le président de  la CAPAM a pris  la décision provisoire de ne pas renouveler  les contrats à durée déterminée qui arrivaient à échéance dans l'année. Cette décision concerne déjà, à compter du 17 février 2009, 4 agents chargés de l'identification animale, et, à compter du 1er mars 2009, un agent du service végétal et un agent du service économique. Elle va concerner dans  le courant du premier semestre cinq autres agents dont la vétérinaire responsable du service de santé animale. Autant dire que le président de  la CAPAM a fait plus que devancer  les réserves de  la tutelle et est en train de mettre ses services dans une situation délicate en particulier en ce qui concerne  le service d'élevage,  les  agents  chargés  de  l'identification  animale  étant  les  plus  frappés  par  cette décision. La confirmation de cette décision, prise sans réflexion stratégique approfondie, rendra  la CAPAM incapable de rendre les services qu'on est en droit attendre d'elle dans le domaine de  l'élevage et également  incapable de  justifier des subventions pour missions déléguées 2009.  Il conviendrait d’y réfléchir rapidement, et que l’Etat s’assure qu’en particulier l’idenfication à caractère régalien puisse perdurer dans des conditions permettant d’atteindre les objectifs initialement fixés. En ce qui concerne les prévisions de recettes, il faut s'attacher à estimer prioritairement les possibilités  de  financement  par  la  collectivité  départementale,  même  si  quelques subventions complémentaires peuvent être obtenues par d'autres voies y compris de la part de  l'État  qui  a  prévu  que  le  compte  d'affectation  spéciale  « développement  agricole  et rural »  (CASDAR)  puisse  prendre  en  compte  en  2009  la  situation  particulière  de Mayotte avec une aide de l'ordre de 70 000 €.

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La  collectivité  départementale  a  prévu  sur  l'article  65738  de  son  budget  primitif  2009, spécifique à  la CAPAM, une  subvention de 1 550 000 €. À  la  fin  février 2009, ont déjà été engagées  sur  cet  article  la  somme de 800 000 €  correspondants  à  la  subvention pour  les missions déléguées à la CAPAM en 2008 (voir ci‐dessus) et une somme de 350 000 € destinée à  permettre  l'indemnisation  par  la  CAPAM  des  exploitants  sinistrés  par  la  dépression tropicale FAME. Restent donc disponible à cette date pour assurer  le fonctionnement 2009 de la chambre 400 000 €.  Cette  somme  est  en  effet  sans  commune mesure  avec  la  subvention  prévue  au  premier projet de budget 2009 de  la  chambre. Cependant,  il  faut  tenir  compte du mécanisme de financement que  la CDM a mis en place pour  les années 2007 et 2008. Ainsi, en 2008,  la subvention de fonctionnement forfaitaire a été payée sur l'exercice 2008, mais la subvention pour missions déléguées a été versée sur le budget 2009. Ce  mécanisme  se  répétant,  sans  possibilité  de  rattrapage  dans  l'immédiat  du  fait  des difficultés  financières affichées de  la CDM,  il aurait été  logique de prévoir,  sauf  indication contraire  de  la  part  de  la  collectivité  départementale  ou  de  la  part  de  sa  tutelle  et  sans accord  préalable  sur  une  augmentation  d’activité,  un montant  de  subvention  total  initial prévisible de 1 380 223 € qui aurait compris : 

• une subvention forfaitaire de 568 223 € (368 223 €, somme actualisée de 1,5 % par rapport  à  l'année  précédente,  augmentée  de  200 000  €,  majoration  antérieure reconduite) ; 

• une subvention pour missions déléguées d'un montant équivalent à celui des années précédentes actualisé également de 1,5 %, soit 812 000 €.

 En  ce  qui  concerne  la  dette  résiduelle  de  la  section  agricole  de  l'ancienne  chambre professionnelle,  les  chiffres  présentés  à  la  mission  montrent  que  la  CAPAM  devrait  au compte  service  commun,  sous  réserve de  confirmation, 189 495 €. Cependant,  il apparaît que le compte bancaire de la section agricole est toujours actif et actuellement bénéficiaire, certaines  sommes dues à  la CAPAM ayant été versées  sur  ce  compte. Sous  réserve d'une consolidation  de  la  dette  et  du  solde  positif  de  ce  compte,  il  resterait  à  régler  à  la  BFC 102 019 €. En première approximation, c'est cette somme de 102 019 € qu'il conviendrait de provisionner dans le nouveau projet de budget 2009.

Situation de trésorerie  La CAPAM a pu fonctionner normalement  jusqu'à  la fin du mois de février 2009, sans avoir été  obligée  d'ouvrir  une  ligne  de  trésorerie  auprès  d'un  établissement  bancaire.  Jusqu'à cette date elle a pu assumer des charges salariales analogues à celles de l'exercice précédent puisque  que  les  premiers  licenciements  ne  sont  devenus  effectifs  que  par  la  non‐reconduction des  contrats de  travail  à durée déterminée  arrivés  à échéance  le 17  février 2009.   La  collectivité  départementale  de Mayotte  a  versé  à  la  CAPAM  au mois  de  février  des sommes importantes mentionnées ci‐dessus : 640 000 € par mandat du 3 février 2009 (80 % 

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de la subvention pour missions déléguées 2008) et 350 000 € par mandat du 25 février 2009 (indemnisations de la dépression tropicale FAME). Ces versements pour un total de 990 000 € devraient permettre  le fonctionnement normal de la chambre pendant une période suffisante. La situation nette de la trésorerie pourra être examinée  plus  en  détail  dès  l'élaboration  du  compte  financier  de  l'année  2008, mais  il n'apparaît pas que dans  l'immédiat  le manque de  trésorerie  soit un  frein à  l'activité de l'établissement, bien que le président de la CAPAM en ait déduit qu’il fallait dès à présent réaliser des compressions de personnel. 1.5 Positionnement actuel des partenaires techniques et financiers  La collectivité départementale de Mayotte est le premier partenaire financier de la CAPAM. Ses représentants ont fait part à la mission des points suivants : 

• sur le problème général du développement agricole : ° l'agriculture  arrivait  à  nourrir  normalement  la  population  avant  le  boum 

démographique  enregistré  à  Mayotte,  et  maintenant  l’île  n'est  plus autosuffisante avec sa propre production, 

° les  actions  de  développement  menées  par  la  CAPAM  et  les  associations  de producteurs n'ont pas suffisamment d'impact ; 

• sur le fonctionnement de la chambre d'agriculture : ° la  collectivité  a  assumé  jusqu'à  présent  le  coût  total  de  fonctionnement  de  la 

CAPAM  lors  même  que  les  textes  existants  ne  mettent  à  sa  charge  que  les missions  statutaires  de  la  chambre  et  que  l'État  s’est  déchargé  sur  celle‐ci  de beaucoup de ses missions, 

° le conseil général n’a  jamais mis en cause  les missions de  la CAPAM, y compris celles qui vont au delà de ses missions  légales mais  il se plaint d’un manque de concertation  et  de  dialogue  avec  celle‐ci  sur  les  missions  déléguées conventionnées, 

° pour tous les financements de missions déléguées par la collectivité, la CAPAM ne rend  pas  suffisamment  de  compte,  ses  comptes‐rendus  sont  insuffisants  ou inexistants,  sa  politique  est  parfois  différente  de  celle  de  la  collectivité  qui  la finance ; 

• sur l'avenir des relations entre la collectivité départementale et la CAPAM : ° il conviendrait que la CAPAM comprenne qu'elle ne peut décider à la place de la 

collectivité  départementale  en  utilisant  les  fonds  que  celle‐ci  lui  délègue,  et qu'elle rende des comptes plus précis sur les actions qu'elle mène, qui semblent pour une part inefficaces, 

° la collectivité départementale soutiendra  la chambre qui est un organisme utile pour  le développement et qui  reste  indispensable vu  les difficultés  rencontrées par  les autres  structures professionnelles  (associatives en particulier)  financées par la CDM, 

° même si  les attributions de subventions peuvent être pendant un certain temps différées pour des  raisons d'équilibre budgétaire,  la CDM  l’accompagnera à un 

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niveau  de  financement  raisonnable  comparable  à  celui  qui  sera  effectivement constaté au titre de 2008. 

 La mission a constaté qu'une opération particulière avait rendu les relations difficiles entre la collectivité départementale et la CAPAM ; il s'agit de l'importation très onéreuse de génisses montbéliardes  entièrement  financée  par  la  collectivité  départementale.  La  CAPAM, responsable  de  l'opération  d'importation  et  de  son  suivi  technique,  a  réparti  les  vaches reproductrices  dans  des  exploitations  qui  n'étaient  pas  celles  prévues  initialement  en concertation avec la collectivité. Le  service  apporté  aux  éleveurs  est  également  un  sujet  d'interrogation  de  la  part  de  la collectivité. L'association des éleveurs mahorais (ADEM) est  la structure d'accueil reconnue pour les vrais professionnels de l'élevage. Cette association (financée par l’ODEADOM) qui a un  vécu  et  des  modalités  de  fonctionnement  spécifiques  considère  que  la  CAPAM  en soutenant la fédération des éleveurs mahorais (FEM) lui a porté tort dans le passé et n'a pas aidé à organiser réellement le soutien de la filière bovin lait (voir ci‐dessous). Les  services  de  l'État  et  en  particulier  la  direction  de  l'agriculture  et  de  la  forêt  (DAF) considèrent  que même  si  le  service  vétérinaire  collabore  avec  le  service  d'élevage  de  la CAPAM, même si celle‐ci participe aux travaux préparatoires aux attributions de subventions d'investissement aux agriculteurs, même si une collaboration intéressante est notée dans le domaine de  la protection des végétaux,  il n'y a pas de réelle collaboration permanente qui serait porteuse d'actions conjointes fortes. A ce titre, la DAF : 

• accepte que le RAPAM, qui a nécessité beaucoup d'efforts de sa part à sa création, ne soit plus réellement mis à jour par les services de la chambre ; 

• mais regrette que le centre de formalités des entreprises que gère la chambre ne soit pas capable en contrepartie de fournir des enregistrements en temps réel.

La mission a constaté cependant que  les services techniques de  l’Etat, en prenant acte des évolutions  réglementaires  et  des  transferts  de  personnel,  se  sont  retirés  des  actions  de développement  et  sont  restés  plutôt  dans  une  attitude  contemplative  vis‐à‐vis  du déroulement de ces actions. Peuvent‐ils vraiment regretter le manque de collaboration avec la  CAPAM  quand  la  coordination  n’existe  pas  réellement  entre  les  différents  services techniques de  l'État  (par exemple entre DAF et service des affaires maritimes, ou même à l'intérieur de  la DAF entre services) ? En témoigne aussi  l'absence de concertation évidente entre le secrétaire général pour les affaires économiques et régionales de la préfecture et le directeur de  l'agriculture et de  la forêt concernant  l'exercice de  la tutelle de  la chambre et l'approbation de son budget.

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2 Recherche des voies du progrès  Afin de définir les bases durables du fonctionnement de la CAPAM, il est indispensable de se pencher  à  la  fois  sur  les  perspectives  budgétaires  de  l'établissement  et  sur  la  mise  en cohérence  des  financements  possibles  et  des missions  à  réaliser.  Il  convient  néanmoins d'examiner également comment l'État pourrait accompagner réellement le fonctionnement de l'établissement. 2.1 Sécuriser les perspectives budgétaires  Sécuriser  les perspectives budgétaires nécessite d'une part de  satisfaire aux demandes de monsieur  le préfet de Mayotte pour pouvoir  fonctionner  avec un budget 2009  approuvé, d'autre  part  de  clarifier,  une  fois  pour  toutes,  avec  la  collectivité  départementale l'affectation de sa subvention forfaitaire pour missions statutaires et celle de sa subvention pour missions déléguées.

Mise au net des opérations des exercices antérieurs  La crédibilité pour  la présentation d'un nouveau projet de budget 2009 peut être obtenue par  référence  aux  résultats de  l'exercice précédent.  Il  est donc  absolument  indispensable d'établir  au  plus  tôt  le  compte  financier  de  l'année  2008  qui  fera  apparaître  la  réalité comptable au 31 décembre 2008.  En  adoptant  le  principe  raisonnable  qui  veuille  que  la  CAPAM  justifie  effectivement  le financement prévu au titre des missions déléguées et, sous  les réserves  indiquées ci‐dessus concernant  l'effectivité  des  clauses  de  la  convention  concernée  (§  1.4,  budget  2008),  le préalable à  l'élaboration du  compte  financier 2008 est  le dépôt auprès des  services de  la collectivité du compte  rendu provisoire de  la convention prévu avant  le 31 mars 2009. Ce compte rendu provisoire doit permettre de savoir si la chambre est en mesure de percevoir effectivement la somme de 800 000 € de la part de la collectivité. Si c'est le cas, il convient de  compter  dans  les  subventions  de  l'année  la  somme  de  640 000  €  et  de  prévoir  une provision de 160 000 € pour  la partie de  la subvention non encore mandatée. Si  le compte rendu  provisoire  ne me  permet  pas  de  justifier  des  dépenses  à  hauteur  de  800 000  €  il conviendrait  de  prévoir  dans  le  compte  financier  une  dette  correspondant  au remboursement des sommes indues. Recommandation  n°1  pour  la  CAPAM  :  établir  au  plus  tôt  le  compte  financier  2008  en tenant  compte des  justifications  à  rendre  sur  la  réalisation des missions déléguées par  la CDM.  

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Proposition d’un budget 2009 crédible  Le directeur général des services de  la collectivité a  indiqué à  la mission que  les décalages d'un  exercice  budgétaire  à  un  autre  (financement  en  2009  d'une  convention  2008)  ne pourraient  être  rattrapé  que  progressivement  et  qu'ainsi,  sans  doute,  une  partie  du conventionnement 2009 serait sans doute encore budgété en 2010.  En  prenant  en  compte  les  dires  des  représentants  de  la  CDM  concernant  la  volonté  de soutien  aux  actions  de  la  CAPAM  à  niveau  égal  et  les  considérations  précédemment développées  concernant  les modalités de  subventions de  la CDM  (§ 1.5, budget 2009),  le budget 2009 doit donc être établi avec en prévision de  recettes de  la CDM des montants analogues à ceux arrêtés dans le compte financier 2008 (hors opérations exceptionnelles). La subvention possible de l'état (CASDAR) de 70 000 € doit également être prévue.  Pour satisfaire à la demande du préfet, il conviendrait également de provisionner la dette de l'ancienne chambre professionnelle à la hauteur de 102 019 € (comme indiqué supra). Le principe proposé de prévoir des montants de recettes à hauteur de celles obtenues en 2008 pour les opérations ordinaires conduits de façon évidente à conserver dans le budget initial  2009  des  charges  salariales  elles  aussi  équivalentes  à  celle  de  2008  et  donc  à conserver un volume d'activité raisonnable. Afin  de  ne  pas  voir  réduit  à  néant  les  efforts  d’identification  de  ces  dernières  années comme signalé ci‐dessus,  il conviendrait prioritairement de restaurer  les effectifs chargés de l’identification. La validation de cette option ne pourra être obtenue dans un premier  temps que  lorsque dans  un  budget  supplémentaire  la  CDM  aura  au  minimum  prévu  dans  ses  inscriptions budgétaires  2009  le  montant  total  de  la  subvention  statutaire  prévisible,  soit  un complément de l'article 65738 de son budget 2009 avec la somme minimum de 168 223 €. Recommandation  n°2  pour  la  CAPAM  :  élaborer  un  nouveau  projet  de  budget  2009  en tenant compte des réalisations ordinaires 2008 et des provisions nécessaires pour  la dette antérieure de  la chambre professionnelle ; attendre confirmation de cette orientation dans le  vote  du  budget  supplémentaire  de  la  CDM  et  restaurer  les  effectifs  nécessaires  pour assurer les missions prioritaires.

Définition des bases futures de collaboration avec la CDM  La  collectivité  départementale  souhaite  que  soit  définies  de manière  claire  les missions statutaires  de  la  CAPAM  qu'elle  considère  devoir  financer  de  façon  obligatoire  par  une subvention forfaitaire et les missions déléguées qu'elle souhaite piloter et pour lesquels elle souhaite des comptes‐rendus précis. 

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La  clarification  demandée  est  à  la  base  d'une  pérennisation  assumée  des  financements globaux  actuellement  accordés  et, même  si  cet  exercice  a  peu  de  base  réglementaire,  il convient donc d'en définir les grandes lignes.  Missions statutaires et missions déléguées La mission de la CAPAM est définie principalement par les articles L. 571‐1 à L. 571‐3 du code rural qui indique principalement qu'elle : 

• constitue auprès des pouvoirs publics l'organe consultatif et professionnel des intérêts de l'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture ; 

• donne aux pouvoirs publics les renseignements qui lui sont demandés ; • émet des avis et  formule des propositions  sur  toute question de  sa  compétence ou 

tendant au développement durable de l'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture ; • contribue à l'aménagement de l'espace rural.

Outre la mission de représentation et de proposition sur les questions de sa compétence, la question  posée  revient  à  analyser  comment  la  chambre  contribue  à  l'aménagement  de l'espace rural. Ces termes doivent être analysés par analogie avec ceux de  l'article L. 511‐3 du  code  rural  concernant  toutes  les  chambres  d'agriculture  qui  précise  que  celles‐ci contribuent à  l'animation et au développement des territoires ruraux, selon  le détail donné par l'article L.511‐4 ainsi : Dans  le  cadre  de  sa  mission  d'animation  et  de  développement  des  territoires  ruraux  la chambre départementale d'agriculture : 1° Elabore et met en œuvre, seule ou conjointement avec d'autres établissements du réseau, des programmes d'intérêt général regroupant  les actions et  les  financements concourant à un même objectif. Les services rendus par la chambre aux entreprises agricoles sont retracés dans ces programmes ; 2°  Crée  et  gère  un  centre  de  formalités  des  entreprises  compétent  pour  les  personnes exerçant à titre principal des activités agricoles et leur apporte tous conseils utiles pour leur développement. Les conditions dans lesquelles la chambre d'agriculture conserve et utilise les informations recueillies dans l'exercice de cette mission sont déterminées par décret ; 3° Peut remplir, par délégation de l'Etat et dans des conditions fixées par décret, des tâches de  collecte,  de  traitement  et  de  conservation  des  données  individuelles  relatives  aux exploitations  agricoles  aux  fins  de  simplifier  les  procédures  administratives  qui  leur  sont applicables.  Cet  article  peut  donc  permettre  par  analogie  de  déterminer  les  missions  statutaires obligatoires de la chambre d'agriculture. Ces missions (représentation, 2° et 3° de l’article L. 511‐4) semblent bien celles couvertes actuellement au sein de la CAPAM : 

• par le service général chargé de la comptabilité, de l'administration des services de la tenue des sessions de la chambre pendant lesquelles des délibérations sont prises et de la participation consultative aux travaux des autres structures publiques ; 

• par  le service économique qui a en charge  l'inscription des agriculteurs  (gestion du RAPAM et centre de  formalités des entreprises), ainsi que  le suivi administratif des dossiers de demande d'aide des entreprises agricoles. 

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En  fonction  de  cette  description  des  missions  réellement  statutaires,  et  sous  réserve d'ajustements  indispensables  à  la marge du découpage  actuel du budget en programmes (réaffectation  de  certaines  parties  d’ETP),  la  partie  statutaire  de  l'activité  de  la  chambre devrait recouvrir en  fait  la « mission de représentation » et  le « programme économique » décrits dans son budget. Parallèlement,  l'élaboration  et  la  mise  en  œuvre  de  programmes  d'intérêt  général regroupant  les actions et  les financements concourant à un objectif (1° de  l’article L. 511‐4) doivent être  considérées  comme  les missions déléguées  ; elles  recouvrent  l'ensemble des actions techniques mises en œuvre par la CAPAM. Il convient cependant de ne pas tomber dans le travers de la convention signée pour l'année 2008, convention qui cite un catalogue d'actions avec parfois des objectifs de résultats, mais soit  irréalistes,  soit  sans  quantification  des moyens  exacts  à mettre  en œuvre  pour  les obtenir.    Recommandation  n°3  pour  la  CAPAM  :  redéfinir  la  mission  de  représentation  et  le programme  économique  prévus  dans  le  budget  en  fonction  de  la  subvention  forfaitaire attribuée par la CDM au titre des missions statutaires ; présenter annuellement à la CDM un programme  de  missions  déléguées  techniques  suffisamment  quantifiées  pour  que  des comptes‐rendus réalistes puissent en être faits. 2.2 Clarifier la stratégie d’action  Le  contexte  démographique  et  économique  de  Mayotte  change,  les  règles  de fonctionnement  de  la  société  se  modifient  actuellement  profondément.  De  nouvelles attentes sont manifestes, non seulement par rapport à la qualité des produits mais aussi par rapport à  la participation de  l’agriculture, de  la pêche et de  l’aquaculture aux politiques de développement économique de Mayotte.  Les  exploitations  locales  doivent  s’inscrire  dans  un  programme  de  développement économique et  social  global dans  lequel des  arbitrages  cohérents doivent être  rendus en matière d’affectation des ressources. La CAPAM, qui constitue auprès des pouvoirs publics l'organe  consultatif  et  professionnel  des  intérêts  de  l'agriculture,  de  la  pêche  et  de l'aquaculture,  doit  dépasser  la  simple  poursuite  des  objectifs  passés  et  se  doter  d'une stratégie crédible avec l'accord de tous ses partenaires. Elle  doit  dans  ce  cadre  contribuer  à  proposer  un  modèle  de  développement  agricole cohérent  et  adapté  à  la  situation  et  aux  perspectives  démographiques  de  l’île.  Sa problématique  serait  tout  naturellement  d'accompagner  le  passage  progressif  d'une agriculture vivrière à une agriculture qui met en marché ses productions, avec une utilisation optimale des moyens financiers disponibles : 

• la mission première de  la chambre d'agriculture de  la pêche et de  l'aquaculture de Mayotte devrait être de  s'intéresser plus particulièrement  à  ceux qui déjà portent l’agriculture qui se modernise et s'intègre dans les circuits économiques, donc à ceux qui investissent et vont se déclarer comme entrepreneurs agricoles (CFE) ;

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• son  souci devrait être parallèlement de  favoriser  le développement des  structures professionnelles dans chaque filière de production, de responsabiliser ces structures pour  le  développement  technique  des  producteurs  qui  s'y  intègrent  afin  de  leur donner de la crédibilité et d'optimiser l'utilisation des fonds publics ;

• sa  responsabilité  serait  également  d'accompagner  ceux  des  exploitants  pluriactifs traditionnels,  ayant  des  préoccupations  de  nature  principalement  vivrière,  une commercialisation  locale  de  circuit  court  par  vente  bord  de  route  ou  échange  de services interfamiliaux, qui peuvent s'engager dans une modernisation progressive. 

S'intéresser  plus  particulièrement  aux  exploitants  qui  s'intègrent  dans  les  circuits économiques  ne  signifie  pas  que  la  CAPAM  puisse  se  désintéresser  des  autres,  car  les problèmes  des  uns  et  des  autres  peuvent  être  liés.  Il  en  est  ainsi  en matière  d'élevage domaine dans  lequel on ne peut concevoir de progrès sans que  l'ensemble des  troupeaux soit  identifié,  et  sans  qu'on  maintienne  une  couverture  très  large  en  matière  de  soins prophylactiques  et  d'épidémiosurveillance,  vu  les  risques  sanitaires  émergents  non négligeables entretenus par des flux d’animaux illégaux importés.   Responsabiliser  les  structures professionnelles existantes en matière de développement technique dans  chaque  filière de production ne  signifie pas que  la CAPAM ne puisse pas mener comme actuellement des actions conjointes avec ces structures, ou être à l'initiative d'actions nouvelles, mais signifie que si des difficultés financières se présentent (à court ou moyen  terme) et que  la chambre soit amenée à optimiser son périmètre d'intervention,  il faudra  sans  doute  qu'elle  abandonne  les  actions  dans  le  domaine  où  ces  structures professionnelles les réalisent au mieux.  La  plupart  de  ces  structures  sont  d'ailleurs  aidées  par  la  Collectivité  Départementale  de Mayotte. Elles peuvent  recevoir de  façon  importante des  crédits d'État que met en place l’Office  de  Développement  de  l’Economie  Agricole  des  Départements  d’Outre‐Mer (ODEADOM)  dans  le  cadre  de  programmes  de  développement  conventionnés  dans  les domaines :  de  l’aquaculture  (AQUAMAY),  de  l'aviculture  (ADELVOL),  du  cocotier (AMMEFLHLORC), de l'élevage (ADEM), des fruits et légumes (EFM jusqu’à sa dissolution en 2008), de la transformation des produits (AFICAM), de la vanille et l’Ylang (EYGM).(voir liste des structures existantes en annexe D). Il y a donc en quelque sorte actuellement des concurrences entre la CAPAM et les structures professionnelles (associations, coopératives ou syndicats) pour obtenir des financements et mener  des  actions,  sans  que  cette  concurrence  soit  synonyme  de  bons  résultats  (voir  en particulier le cas de l’élevage). Accompagner les exploitants traditionnels vers une modernisation progressive signifie sans doute  que  la  chambre  trouve  les moyens  de  sélectionner  les  exploitations  qui  peuvent évoluer à terme et de mettre en place un accompagnement spécifique global et progressif de ces exploitations. Seule la CAPAM a vocation à ce type d'intervention. L'élaboration de telles priorités ne peut se faire qu'en concertation étroite avec la CDM et les représentants de  l'État, et en tenant compte des actions et orientations des autres acteurs du développement, en particulier  le CIRAD,  le  l'établissement public  local d'enseignement agricole et le CFPPA de Coconi.

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La  mission  suggère  que  pour  remplacer  les  contacts  informels  qui  ont  lieu,  un  groupe technique  restreint  se  réunisse  pour  élaborer  des  propositions.  Ce  groupe  technique pourrait réunir le directeur des services de la CAPAM, le directeur de l'agriculture et la forêt et le directeur de l’agriculture et des ressources terrestres et maritimes (DARTM) de la CDM. Vu  les difficultés de  compréhensions qui ont été  constatées,  il  serait envisageable que  ce groupe  restreint  puisse  devenir  pérenne  et  élaborer  au  fur  et  à mesure  de  ses  réunions paraît étude des dossiers ou des suggestions les différents partenaires des propositions pour une stratégie de développement agricole conjointe.   Recommandation  n°4  pour  la  CAPAM  :  élaborer  une  stratégie  précise  d'action  pour  le développement agricole de Mayotte, stratégie qui permettra d’éviter des concurrences avec d’autres  structures  et  de  faire  face,  le  cas  échéant  de  façon  logique,  à  des  évolutions imprévisibles de ses ressources financières.

Cas particulier de l’élevage   Le  besoin  d'une  stratégie  de  développement  est  particulièrement  évident  en  matière d'élevage, domaine dans  lequel  sont  réalisées plus de  la moitié des actions de  la CAPAM (voir ci‐dessus § 1.3). Ces actions sont réalisées, sous la direction d'un chef de service et d'un vétérinaire salarié, au bénéfice : 

• de la totalité des élevages pour ce qui concerne l'identification animale ; 

• des adhérents de  la  fédération des éleveurs mahorais portée par  la CAPAM  (FEM, 319 membres  actuellement),  pour  les  actions  de  prophylaxie  générale  et  de  suivi sanitaire ; 

• du  service  vétérinaire  de  la  DAF  pour  l'épidémiosurveillance  ou  l'euthanasie pratiquée sur des animaux saisis par la police des frontières ; 

• des éleveurs  intégrés  au  circuit économique pour  l'amélioration des performances grâce à l'insémination artificielle ; 

• d’éleveurs  soigneusement  triés  par  la  CAPAM  dans  le  cadre  d'une  opération d'importation de génisses Montbéliardes pleines.

Il existe  actuellement une  seule Organisation Professionnelle Agricole  intervenant dans  le secteur de l’élevage de ruminants : l’Association Des Eleveurs Mahorais (ADEM), association loi  1901  créée  en  septembre  2000  pour  appuyer  le  développement  de  l’élevage  de ruminants à Mayotte. Elle regroupe en 2008 une centaine d’éleveurs professionnels ou en voie de professionnalisation avec l’amélioration des conditions d’élevage.  La  CAPAM  réalise  pour  ces  éleveurs  l’identification,  l’insémination  artificielle  et,  pour certains  d’entre  eux,  les  soins  préventifs  inhérents  à  l’accueil  de  génisses montbéliardes. L’ADEM a maintenu parallèlement un programme sanitaire d’élevage pour ses adhérents via des  prestations  d’un  cabinet  vétérinaire  privé  de  Mayotte,  incluant  un  plan  sanitaire d’élevage,  un  suivi  de  fécondité  et  une  formation  des  éleveurs  adhérents  aux  soins vétérinaires préventifs.  

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L’ensemble  des  activités  de  l’ADEM  a  bénéficié  d’un  financement  de  la  Collectivité  de Mayotte et de l’ODEADOM dans le cadre de 2 programmes sectoriels (2001–2004 puis 2005–2007).  On notera que l’exploitation du lycée agricole de Mayotte située à Coconi dans le centre de l’île,  station  d’application  pédagogique  pour  les  étudiants,  est  adhérente  de  l’ADEM  et  a bénéficié de l’introduction de génisses montbéliardes.   La mission  a  relevé  au  cours  de  ses  entretiens  que  cette  organisation  n'apparaissait  pas toujours la plus efficace pour ses interlocuteurs, et en particulier, à titre d’exemple : 

• que  les  actions  intéressantes menées  par  la  CAPAM  au  bénéfice  de  certains  des éleveurs  ne  les  incitaient  pas, malheureusement,  à  rejoindre  la  seule  organisation économique  du  fait  des  différences  de  tarification  des  actes  qui  sont  pratiqués, différences qualifiées par le cabinet vétérinaire privé de concurrence déloyale ;  

• que  les  actions  du  vétérinaire  de  la  CAPAM  et  des  vétérinaires  privés  se chevauchaient  parfois  sur  les  mêmes  animaux  sans  réelle  coordination  (génisses montbéliardes),  ce  qui  est  nuisible  à  l'efficacité  de  l'action  vétérinaire  (le  cabinet vétérinaire  privé  de  plus  contesté  la  légalité  de  l'utilisation  de  médicaments vétérinaires par leur collègue de la CAPAM) ; 

• qu'il existe deux projets de création d'un groupement de défense sanitaire (GDS), l'un par  l'ADEM,  l'autre par  la FEM à  l'initiative de  la CAPAM, sans que  les responsables intéressés ne se soient apparemment concertés.

L'élevage est un secteur prioritaire à Mayotte, et malgré cela, c'est le service de l'élevage de la chambre qui est le premier touché par des restrictions budgétaires (non reconduction de la moitié des identificateurs, licenciement prévu de la vétérinaire salarié).  Il y a à Mayotte six vétérinaires ruraux (2 ISPV dans le service vétérinaire de la DAF, un VAT placé  auprès  du  service  vétérinaire  par  le  CIRAD  pour  mettre  en  place  un  suivi épidémiologique, un vétérinaire salarié à la CAPAM, un cabinet privé avec 2 vétérinaires). Dans  un  secteur  de  production  suivi  par  autant  de  bons  spécialistes,  une  stratégie  claire devrait pouvoir émerger sans que des décisions soient prises qui sont clairement l'inverse de celles qui pourraient porter une vraie stratégie de développement.

Cas spécifique de la pêche et de l'aquaculture  Selon  certains  interlocuteurs  rencontrés,  les  intérêts de  la pêche et de  l'aquaculture  sont considérés comme mineurs par  la CAPAM. Cependant celle‐ci a  fait des efforts particuliers en maintenant en  fonction 2 agents confirmés  (un  ingénieur et un technicien) qui ont une activité non négligeable. Le chef du service des affaires maritimes a cependant proposé depuis trois à quatre mois la création  d'un  comité  régional  des  pêches  qui  deviendrait  l'interlocuteur  des  pouvoirs publics. Cette proposition est en attente au niveau national dans l’attente d’une révision de l’organisation économique de secteur de production.  Il  y  a  lieu  dans  ce  domaine‐là  également  d'arrêter  une  stratégie  commune  à  tous  les partenaires. 

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2.3 Rechercher l’accompagnement de l’Etat  La base des relations entre la CAPAM et l'État est établi par l'article L. 571‐2 du Code rural. « Art. L. 571‐2.  ‐ A Mayotte, une chambre de  l'agriculture, de  la pêche et de  l'aquaculture siégeant au chef‐lieu de la collectivité départementale constitue auprès des pouvoirs publics l'organe  consultatif  et  professionnel  des  intérêts  de  l'agriculture,  de  la  pêche  et  de l'aquaculture. La chambre de l'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture de Mayotte donne aux pouvoirs publics les renseignements qui lui sont demandés. Elle  émet  des  avis  et  formule  des  propositions  sur  toute  question  de  sa  compétence  ou tendant au développement durable de l'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture. » L'application de cette réglementation formelle qui ne présente  les relations que comme un échange d'avis et de renseignements, ne doit pas empêcher que de façon plus informelle les services  de  l'État  et  ceux  de  la  chambre  échangent  de  façon  permanente  dans  l'intérêt commun du développement de l'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture. 

Mise en place d'une coopération approfondie entre institutions  La mission a suggéré  (§ 2.2) que, pour  l'élaboration d'une stratégie de développement, un groupe  technique  restreint  se  réunisse  pour  formuler  des  propositions  et  comprenne  le directeur des services de la CAPAM, le directeur de l'agriculture et la forêt et le directeur de l’agriculture et des ressources terrestres et maritimes (DARTM) de la CDM. Cette stratégie doit éviter, comme relevé ci‐dessus au paragraphe 2.2,  les concurrences et permettre de rationaliser l’attribution des financements publics. Ce  groupe  restreint  devenu  pérenne  pourrait  au‐delà  de  l'aspect  stratégique  des  choses procéder  à  des  échanges  sur  le  point  de  vue  des  partenaires  sur  tous  les  aspects  du fonctionnement  de  la  chambre.  En  effet,  la mise  en œuvre  des  propositions  du  présent rapport suppose que la CAPAM accepte une coopération approfondie avec ses partenaires, à la fois la collectivité départementale et l'État. Aucune crédibilité ne pourrait être assurée pour l'amélioration de la situation 

• si cette coopération ne s'inscrit pas dans la durée ; 

• si  la CAPAM ne rend pas des comptes‐rendus suffisamment crédibles et détaillés de son activité ; 

• si elle ne prend pas en compte les points de vue de ses partenaires.  Le groupe technique de travail dont la création est suggérée est un élément fondamental qui permettra d'accompagner l'amélioration de la crédibilité de cette coopération approfondie. 

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Recommandation  n°5  pour  la  CAPAM :  coordonner  son  action  et  celles  des  institutions responsables  du  développement  agricole  et  rural  dans  le  cadre  d’un  groupe  de  travail CAPAM/DAF/DARTM qui se réunirait régulièrement à l'initiative du directeur de l'agriculture et de la forêt de Mayotte (voir recommandation n°1 pour les services de l’Etat).   Le  secteur  de  l’élevage  était  depuis  2001  appuyé  ponctuellement  par  une  structure fédératrice, le Groupement d’Intérêt Scientifique Mahorais, créé à  l’initiative de  l’ensemble des  organismes  en  charge  de  l’élevage  à  Mayotte  (DAF,  CAPAM,  ADEM,  Collectivité Départementale  de Mayotte,  EPLA,  CIRAD).  Cette  structure  était  chargée  d’apporter  un appui  et  coordonner  les  actions  de  développement  local,  d’assurer  des  formations  aux éleveurs, aux techniciens et aux élus, de produire des références techniques, économiques et sociales en phase avec la réalité agricole mahoraise et diffuser les résultats de recherche.   Le renouvellement des responsables ou  l'absence de supports financiers pérennes pour  les travaux  conduits  ont  fait  qu'apparemment  ce  groupement  d'intérêt  scientifique  ne fonctionne plus. En matière de recherche‐développement, le seul affichage existant d’efforts spécifiques  pour Mayotte  est  celui  prévu  dans  la mesure  2.4  du  contrat  de  projet  Etat‐Mayotte 2008‐2014. Le CIRAD est à ce titre porteur d'un projet de 5 M€ (hors participation d'agents mis à disposition par la CDM) comprenant cinq actions : 

• Action 1 : Création et animation d’un réseau d’épidémiosurveillance ; • Action 2 : Appui zootechnique à l’élevage mahorais ; • Action 3 : Valorisation et mise en marché des produits ; • Action 4 : Amélioration des systèmes techniques des productions végétales ; • Action 5 : Appui méthodologique à la prospective du milieu rural et agricole. 

Ces actions, à  l'évidence en  fonction des considérations relevées ci‐dessus dans  le présent rapport, recoupent pour une bonne part les interventions d'autres organismes que le CIRAD et, même si des coordinations  informelles sont organisées,  il est  important pour  l'efficacité globale de  la recherche‐développement qui est conduite que  tous puissent être associés à son suivi et à l'utilisation des résultats. Or, la supervision de l'action menée dans le cadre de la mesure 2.4 du contrat de projet ne semble que théorique.  Parallèlement à une coordination  institutionnelle,  il serait donc  important de  réanimer  les travaux  scientifiques  communs  de  l'ensemble  des  structures  responsables  du développement agricole et rural. Recommandation n°1 pour les services de l’Etat : réunir, à l’initiative du DAF, un groupe de travail CAPAM/DAF/DARTM qui se réunirait régulièrement pour coordonner les actions et les financements  en matière  de  développement  agricole  et  rural  et  réanimer  le  groupement d'intérêt  scientifique  mahorais  pour  assurer  une  réelle  coordination  des  travaux  de recherche‐développement.

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À travers cette recommandation, la mission soutient l'idée que les services de l'État, même après  transfert d'attributions et de personnel, ne peuvent  se borner à une  simple gestion administrative  ou  régalienne  des  dossiers,  acceptable  dans  une  situation métropolitaine, mais  inadaptée dans  le contexte de développement de Mayotte.  Le  service de  l'État doit rester un acteur du développement, prendre des initiatives, pallier les insuffisances qu'il a pu constater en agissant lui‐même lorsqu'il en a la possibilité.

Mobilisation par l’Etat des ressources locales disponibles  Pallier  les  insuffisances  avec  les moyens  disponibles  suppose  qu'on mobilise  à  la  fois  les ressources humaines et les ressources financières  Réorientation des moyens des services  Les différents entretiens que mission a pu avoir avec les responsables des services de la DAF et du  service des affaires maritimes montre que  ceux‐ci  souhaitent  réellement  la  réussite des projets concourants au développement économique.  Le service des affaires maritimes est pilote de l'action 2.3 du contrat de projet État‐Mayotte concernant  la  gestion durable des pêches maritimes  et de  l'aquaculture.  Il peut  s'investir plus  dans  l'accompagnement  des  deux  structures  coopératives  existantes  (COPEMAY  et AQUAMAY) et dans  l'animation des comités villageois de pêcheurs réunis dans  la COVIPEC, en  complétant  les efforts du  service pêche de  la CAPAM ou en  s’y  substituant en  cas de carence.  Le service vétérinaire de  la DAF comprend de  façon assez exceptionnelle deux  inspecteurs de  la  santé  publique  vétérinaire  (ISPV),  avec  l’appui  d’un  VAT  vétérinaire  du  CIRAD.  Vu l'importance  de  la  responsabilité  en  matière  d'identification  et  de  suivi  sanitaire  des élevages exercée par la CAPAM, ils devraient avoir la possibilité et la disponibilité au‐delà de la conduite des seules actions régaliennes pour participer à  la réflexion et  l'animation de  la structuration du secteur de l'élevage, qui paraît nécessaire comme indiqué ci‐dessus (§ 2.2). Le  service  d'équipement  rural  de  la  DAF  doit  recentrer  son  activité  conformément  aux instructions ministérielles qui prévoient d'abandonner à court terme l'ingénierie publique du secteur concurrentiel. Parallèlement, la CAPAM ne peut plus exercer son activité de conseil dans  le  domaine  de  l'hydraulique  agricole  pour  permettre  de  trouver  des  solutions  à l'approvisionnement  en  eau  d'irrigation  des  exploitations  et  dans  celui  de  la  voirie  rurale pour  faciliter  l'accès  aux  parcelles  cultivées,  deux  domaines  techniques  que  les  agents pratiquant l'ingénierie publique savent maîtriser.  Recommandation  n°2  pour  les  services  de  l’Etat  :  entreprendre  des  actions  de développement dans leur domaine de compétence, en complément des interventions de la CAPAM, en particulier pour la pêche, l’élevage et l’équipement rural.

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Redéfinition de l'utilisation des ressources budgétaires existantes Une  réelle  difficulté  structurelle  de  la  CAPAM  est  sa  dépendance  évidente  d'un  seul financeur (§ 2.1) qui, malgré sa volonté exprimée de soutien de l'action de développement, peut  éprouver  lui‐même  des  difficultés  pour maintenir  le  niveau  de  son  appui  financier (l’intervention nouvelle du CASDAR restera timide dans l’immédiat). Les  principaux  fonds  d’Etat  proviennent  actuellement  de  l’ODEADOM  et  ne  peuvent bénéficier qu’aux acteurs économiques.   Deux  voies  d’amélioration  de  la  situation  à  terme  doivent  donc  être  explorées :  une meilleure coordination des interventions de l’ODEADOM grâce à un meilleur ciblage sur des actions cohérentes avec celles de la Chambre et non concurrentes (évoquée au niveau de la stratégie), et la recherche de nouvelles sources de financement propres à la Chambre. Sur  le deuxième point, d'autres  sources de  financement peuvent venir à moyen  terme en relais dans le cadre de la départementalisation, mais il existe déjà localement des possibilités d'intervention de la part de l'État. Ainsi, les aides prévues dans le contrat de projet Etat‐Mayotte 2008‐2014 sont actuellement principalement des aides à l'investissement soit des exploitants individuels, soit des sociétés. L'État et la collectivité départementale auraient pu envisager, pour rendre efficace ces aides à  l'investissement, de  les compléter par  le  financement d'un appui  technique personnalisé auprès  de  ceux  qui  investissent,  afin  que  cet  investissement  se  fasse  dans  les meilleures conditions et qu'on ait les meilleures garanties de sa bonne utilisation, ce qui ne semble pas être le cas actuellement au vu de certains exemples portés à la connaissance de la mission.  Un  avenant  au  contrat  de  projet  devrait  être  étudié  pour  formaliser  cette  possibilité d'accompagnement.   Recommandation n°3 pour les services de l’Etat : améliorer la programmation des aides de l’ODEADOM dans le cadre de la stratégie de développement à arrêter et étudier la possibilité de prévoir le financement d’un appui technique personnalisé pour les exploitants et sociétés qui investissent, par avenant au contrat de projet Etat‐Mayotte 2008‐2014.

Yvan BLOT            Roland LAZERGES

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ANNEXES : A – Lettre de mission  Paris, le 13 novembre 2008

 Objet : Mission d'audit auprès de la chambre d'agriculture, 

de la pêche et de l'aquaculture de Mayotte   Prévue par la loi n° 2001‐616 du 11 juillet 2001, la Chambre d'agriculture de  la pêche et de l'aquaculture de Mayotte (CAPAM) a été installée le 1° août 2006.  Les dispositions réglementaires des chambres d'agriculture des départements d'outre‐mer sont applicables à la CAPAM sauf en matière de‐ financement. En effet, faute de cadastre et de  fiscalité  foncière  idoine et du  fait que cette chambre a des compétences étendues,  la transposition du  schéma métropolitain  consistant à allouer à  la  chambre  le produit de  la taxe fiscale additionnelle à  la TFNB n'a pas été possible. Ainsi  les ressources de  la CAPAM proviennent des recettes fiscales instituées par la collectivité de Mayotte en application de l'article R. 371‐22 du code rural. Cependant, bien que le législateur ait prévu le financement de la chambre d'agriculture par le Conseil Général, il n'en a pas fixé le montant.  La  chambre  d'agriculture  de Mayotte  est  confrontée  depuis  sa  création  à  des  difficultés récurrentes  à  la mise  en  place  de  son  financement,  qui  culminent  aujourd'hui  en  une impasse  de  trésorerie  la mettant  dans  l'incapacité  de  remplir  les missions  qui  lui  sont confiées. La chambre envisage ainsi une cessation de tout ou partie de ses activités d'ici le 31 décembre 2008 avec remise à disposition ou licenciement de ses agents. Au vu de ces difficultés et retards persistants,  le président de  la chambre d'agriculture de Mayotte  a  saisi  la  collectivité  territoriale,  l'autorité préfectorale  ainsi que nos ministères respectifs en vue de trouver une solution, qui n'a pu être trouvée localement.  Afin de définir les bases durables du fonctionnement de la CAPAM, il apparaît indispensable de  mener  un  examen  approfondi  des  missions  qu'elle  assure  et  leurs  modalités  de financement par la collectivité de Mayotte. Cette analyse devra conduire à des propositions de  mise  en  cohérence  des  missions  et  des  financements,  qui  permettent  de  garantir l'équilibre financier de l'établissement public.  Nous vous demandons ainsi de diligenter une mission commune à  l'Inspection Générale de l'Administration  et  au  Conseil  Général  de  l'agriculture  de  l'alimentation  et  des  espaces ruraux, mission dont les conclusions nous seront remises pour la fin du mois de janvier 2009.

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B ­ Barèmes agricoles Arrêté préfectoral 072/DAF/SEA/2008 du 24 juillet 2008

 L’unité  de  référence  déterminant  le  seuil  de  viabilité  d’une  exploitation  est  égale  à  300 points selon le barème des productions ci‐dessous (inscription RAPAM) :

Productions Unité Points BANANIER 500 pieds 140 MANIOC 25 pieds 1 MARAICHAGE 1 are 20 FRUITIERS (verger) 1pied 6 ANANAS 30 pieds 1 MAIS 100 pieds 1 JARDIN MAHORAIS* 1 ha 400 YLANG 100 pieds 50

   PEPINIERE / FLEURS  1 are  50 BOVINS  1 tête 70 OVINS/CAPRINS/PORCINS  1 tête 14 POULES PONDEUSES 100 poules 70 POULET DE CHAIR  100 têtes 30 AUTRES VOLAILLES et LAPINS  100 têtes  60 AQUACULTURE (cage immergée) 150 m3 320 GITE RURAL 1 150

*  Jardin mahorais : « parcelle entièrement couverte de cultures associées comportant de façon permanente des plantes pérennes (cocotiers, manguiers, bananiers, papayers, vanille, etc.)  et des plantes annuelles (manioc, maïs, ambrevade, ananas etc.) ».  

En application de  l’article L. 314‐6 du code  rural,  la surface minimum d’installation est  la suivante : BANANIER  2,2  ha MANIOC 2,5  ha MARAICHAGE 0,5  ha FRUITIERS 0,4  ha ANANAS 0,5  ha MAIS 2,0  ha JARDIN MAHORAIS 2,5  ha YLANG 5  ha BOVINS  14  têtes OVINS/CAPRINS/PORCINS 70  têtes POULES PONDEUSES 870  têtes POULETS CHAIR 830  têtes/bande AUTRES VOLAILLES et LAPINS CHAIR  420  têtes/bande AQUACULTURE (volume cage immergée) 450  m3

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C ­ Missions confiées à la CAPAM par la CDM en 2008 Convention n° 27/DARTM/SAP/CG/08 relative à la réalisation des missions déléguées 

Article 2 : MISSIONS CONFIEES A LA CHAMBRE D'AGRICULTURE  En contre partie de cette subvention, la CAPAM s'engage à réaliser les missions suivantes:   En termes de pêche et d'aquaculture  1. Poser les bases structurelles et une visibilité sur les potentialités du marché local et l'export des 

produits de la mer.  2. Accélérer la professionnalisation et la structuration des 2 filières  3. Installation d'un Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins (CRPMEM)  4. Modernisation de la flottille  5. Atteindre les 400 T de production/an pour répondre à la demande locale  6. Installation de 4 nouveaux aquaculteurs artisanaux  7. Augmenter la part des produits de la mer dans la consommation des ménages   En terme d'élevage  1. Achèvement de l'identification et liaison au fichier national  2. Accélérer la professionnalisation des éleveurs  3. Répondre à la demande en lait frais  4. Valorisation du cheptel local et conservation des caractères de rusticité des zébus  5. Favoriser la production en viande fraîche pour répondre à la demande locale avec plus de garantie 

sanitaire  6. Favoriser l'implantation sur toute l'île de structures de production (œufs et chair), d'abattage et de 

commercialisation  7. Installation d'un Groupe de Défense Sanitaire (GDS)   En terme de production végétale (horticulture, culture vivrière, ylang et vanille, ...)  1. Animation, coordination et promotion des filières végétales  2. Vulgarisation des techniques culturales  3. Appui technique au montage des dossiers de subvention  4. Appui technique à l'utilisation de produits phytosanitaires.  5. Soutien à la fertilisation du sol à partir du∙ recyclage des boues des stations d'épuration  6. Appui à la gestion des déchets (compostage des déchets verts) 7. Mise en place de plans et de programmes de formation  8. Montage de programmes de développement   En terme d'assistance administrative au près des agriculteurs  1. Montage et suivi administratifs des dossiers de demande de subventions  2. Conseil en périmètres de captage, bassins versants et maîtrise de l'irrigation.  3. Appui aux projets hydrauliques agricoles et de voirie rurale (médiation)  4. Gestion du RAPAM (Répertoire des Agriculteurs, des Pêcheurs et des Aquaculteurs) 5. Gestion du CFE et conseil juridique  6. Participation aux réunions sur l'économie agricole et sur les ressources nécessaires à l'agriculture  7. Mise en place de plans et de programmes de formation 8. Mise en place du relais local "Bienvenue à la ferme  9. Mise en place d'un  centre de  suivi et d'analyse des données de production, de  coordination et 

d'évaluation des programmes de développement de toutes les filières  10. Installation d'un centre de gestion pour les exploitations agricoles 

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D ­ Etat des structures associatives et coopératives 

Sigle  Nom  Domaine d'intervention  Création  Fin  

ADELVOL  Association des Eleveurs de Volailles  Volailles       

ADEM  Association des éleveurs de Mayotte  Tout élevage       

ADVA Association de Développement et de Vulgarisation Agricole 

Cultures vivrières principalement 

1997    

AFICAM Association pour la Formation Initiale et Continue Agricole à Mayotte 

        

AMMEFLHORC Association Mahoraise pour la Modernisation de l’Economie Fruitière, Légumière, Horticole et du Cocotier. 

Cocotier, fruitier, légumier, horticole 

2004    

AQUAMAY  Aquaculture ‐ Mayotte  Aquaculture       

EFM  Espace Fraîcheur Mahorais Commercialisation de fruits et légumes, semences, engrais, prdts phyto 

2001   2008 

GECOOPAM Groupement d'Entraide des coopératives de Pêche et d'Agriculture de Mayotte 

   1994    

GPBAM Groupement des producteurs de bananes de Mayotte 

Cultures bananières  2003    

APYM Associations des producteurs d'Ylang de Mayotte 

        

COMEPP Coopérative mahoraise d'éleveurs de poules pondeuses 

   2008    

COOPAM Coopérative des producteurs agricoles de Mayotte 

Capflm (Coop. Agri.des prod de fruits et légumes de 

May.) et Corpel (Coop. Pour la promotion de l'élevage) 

1998  2001 

EYGM  Epices Ylang Guerlain Mayotte Coopérative qui transforme des épices, fruit, ylang,… 

     

Mamas confitures 

Association située à M’tzamboro Une dizaine de femmes 

transforment des produits (oranges principalement) 

     

UVOIMOYA  Coopérative     1998    

ATVAM Association des Transformateurs Agréés de Mayotte 

Transformation et promotion de la Vanille  

     

COVIPEMM Comité Villageois de Pêcheurs et Eleveurs Marins de Mayotte 

Une dizaine de comités sur toute l'île 

     

COPEMAY  Coopérative des Pêcheurs de Mayotte Vente de poissons et matériels de pêche 

     

TROUNDRA LA M'TZAMBORO 

"Orange de M'Tzamboro" en shimaoré Association pour la 

promotion des oranges de l'îlot M'Tzamboro 

     

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E ­ Programme des entretiens de la mission   

Dates  Horaires  Entretiens et séances de travail 

Mardi  

24/02/09 

 13h30   14h15   15h00   16h00   

 Accueil  par  M.  Patrick  POYET,  directeur  de  la  DAF,  et  madame  Anne LAYBOURNE, chef du service d’économie agricole de la DAF  Entretien  préliminaire  avec monsieur  DANI  SALIM,  président  de  la  CAPAM, accompagné de M. Jacques DOMALAIN, directeur des services de la CAPAM  Tour d’horizon avec M. Christophe du PAYRAT, Sous‐préfet, Secrétaire Général pour les Affaires Economiques et Régionales  Séance de travail initiale avec M. Patrick POYET et M. Jacques FAVRE, directeur du service vétérinaire de la DAF  

Mercredi  

25/02/09 

 08h00   10h15    11h00    13h30    14h30   15h30   16h45 

 Séance  de  travail  avec  M.  Jacques  DOMALAIN,  puis  avec  madame  Nailati BOURA M’COLO, chef du service économique de la CAPAM  Réception  par  M.  Mhamadi  ABDOU,  1°  Vice‐président  du  Conseil  Général, conseiller général de Bandraboua, accompagné de M. Ali MOHAMED, directeur général adjoint des services de la CDM  Visite des services de  la CAPAM délocalisés à Kaweni ; entretiens avec M. Luc VANHUFFEL, responsable Maraichage, et M. Said MOHAMED du service pêche et aquaculture  Visite du service vétérinaire de la DAF situé à Kaweni ; entretien avec madame Fabienne  COROLLER,  chef  du  service  santé  et  protection  animale,  et  M. DEFERNEZ  Séance  de  travail  avec M.  Jacques  DOMALAIN  et M.  Jules  PAINIAYE,  sous‐directeur administratif et Financier de la CAPAM  Entretien avec madame Cécile VERNE,  inspecteur du  trésor, agent comptable de la CAPAM  Entretien  avec  M.  Yves‐Marie  GODEFROY,  Trésorier  Payeur  Général  de Mayotte  

Jeudi  

26/02/09 

 08h00    09h00   09h45   

 Visite du Service élevage de la CAPAM à Coconi ; entretien avec M. Adjibou GRIMALDINE, responsable du service et madame Sandrine BEGEIN, vétérinaire sanitaire de la CAPAM  Rencontre avec M. Mohamed BOINAHERY, président de  l’ADEM, accompagné de M. Charles VIGNARD, coordinateur de l’association  Visite de la DARTM de la CDM à Coconi ; entretien avec M. Mounirou AHMED, directeur  de  la  DARTM,  M.  Soilihi  AHAMADA  OUSSENI,  chef  du  service agriculture et pêche, et madame Siti Frahati SAID HACHIM 

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Dates  Horaires  Entretiens et séances de travail 

Jeudi  

26/02/09 

 11h00   15h00  16h15  

 Réunion avec le directeur du CFPPA et madame Florine RASOLOFOARISON chef de l’exploitation agricole de l’EPL de Coconi  Entretien avec M. Lionel DOMEON, vétérinaire libéral  Point d’étape avec M. Patrick POYET  

Vendredi 27/02/09 

 

 08h00    09h15   11h00   14h00  

 Séance de  travail avec M. Abdoul Hussein MAHADALI, directeur des  finances de  la CDM, en présence de M. Ali MASCATI  (rendez vous avec  le préfet pour Yvan BLOT)  Entretien avec M. BAUBET, élu de la CAPAM représentant les salariés agricoles et madame MAD Nadhomati, élue de la chambre, agricultrice  Entrevue accordée par M. Jean‐Claude LOUCHET, DGS de la CDM  Entretiens successifs avec les responsables des services de la DAF : 

• Anne  LAYBOURNE  et  Michel  COSTARD  (service  de  l’économie agricole) ; 

• Benjamin ESPERANCE (service de la protection des végétaux) ; • Gilles CREUZOT (service de l’eau) ; • Séan HEALY (service d’information statistique et économique) ; • Frédéric FLORENT‐GIARD (service des équipements ruraux). 

 

Lundi  02/03/09 

 

 08h00   09h00   12h  15h00  16h00  

 Entretien avec M. DANFLOUS, chercheur CIRAD  Bilan de la situation financière de la CAPAM (M. Jacques DOMALAIN et Jules PAINIAYE, madame Cécile VERNE)  Déjeuner de travail avec le président de la CAPAM  Entretien avec M. Olivier BUSSON, chef du service des Affaires Maritimes  Bilan  des  actions  DAF  avec MM.  Patrick  POYET  et  Jacques  FAVRE, madame Anne LAYBOURNE 

Mardi  03/03/09 

 

 09h00  10h30  

 Réunion de synthèse avec MM. Patrick POYET et Jacques DOMALAIN  Entrevue finale avec le Préfet, en présence de M. Patrick POYET