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Carcinomes canalairesin situ du sein: prise en charge
A-BARKATClin Gyn Obs CHU Cne
9eme CN SAERM 7-8 / 05/11 Alger.
Prolifération épithéliale maligne développée dans la lumière des canaux galactophores
Sans franchissement de la membrane basale Sans envahissement du tissu conjonctif
(synonymes : carcinome intracanalaire, carcinome intraductal).
Définition
Etape intermédiaire entre l’hyperplasie atypique et les cancers infiltrants.
Pratiquement tous les CC infiltrants surviennent à partir de CCIS.
Lumière normale
Prolifération bénigne
Hyperplasie atypique
CCIS Cancer infiltrant
Pathogénie
Processus lésionnel généralement unicentrique, limité à un quadrant.
Mode d’extension: continu ou discontinu.
bien différenciés → multifocaux (70 % des cas) .CCIS
peu différenciés → mode de croissance continu ( 90 % des cas).
Les lésions multicentriques sont plus rares.
Mode de propagation
Bas grade → difficile à distinguer de l’hyperplasie atypique et du carcinome lobulaire in situ.
Grade intermédiaire et haut grade→ reconnaissance aisée (caractéristiques cytologiques de malignité évidentes ).
CCIS étendus → micro-invasion peut être suspectée .
Histologie
CCIS
Avec ou sans nécroseAvec nécroseSans nécrose
Haut gradeGrade intermédiaire
Bas grade
Grade 3Grade 1ou 2Grade 1 ou 2
CCIS: 10 à 20 % de l’ensemble des cancers du sein .
Multiplication des taux d’incidence depuis 20 ans :France → x3 (1985-1994).USA → x4 (1983-1997).
Dépistage par mammographie .
Tranche d’âge moyenne: 49- 54 ans
Epidémiologie
Augmentation de l’incidence dans les tranches d’âge :
1989 - 2000
PEC diagnostique
95 %
Microcalcifications à la mammographie et/ou anomalies architecturales.
Formes infra-cliniques :
•Tumeur palpable.•Ecoulement mamelonnaire sanglant .•Erosion ou ulcération mamelonnaire et/ou aréolaire . •Découverte histologique fortuite :
-analyse d’une pièce de plastie de réduction mammaire.
-analyse d’une lésion bénigne du sein opéré (CCIS associé ).
Formes cliniques :
5 %
Examen de référence pour la détection des CCIS:
73 à 98 % des cas → microcalcifications .Technique conventionnelle - technique numérique plein-
champ :
Équivalence des performances diagnostiques .
Bénéfice diagnostique avec l’utilisation des logiciels d’aide à la détection .
Impact dans le cadre de fonctionnement en
réseau .
Mammographie :
RondesPunctiformes Régulières
Poudreusesamorphes
Polymorphespunctiformesirrégulières
Vermiculairesarborescentes
De Lafontan 1994 10% 19% 28 % 71%
Bertrand 1999 27% 32% 65% 100%
Relation entre le type de microcalcificationset le pourcentage de malignité :
Critères morphologiques
Type 1 : lait calcique
Type 2 : ronde, régulière
Type 4 : irrégulière , poly hydrique
Tous les types
Bas grade
Haut grade
Grade intermédiaire
Type 5 : vermiculaire surtout
Microcalcifications
• Caractère aligné• Topographie segmentaire• Foyer polyédrique
Critères topographiques galactophoriques
Microcalcifications
ACR 2
CAT selon les anomalies radiologiques
Surveillance normale
Surveillance / 6 mois ( 2 ans).Biopsie en cas de doute diagnostique(avis multidisciplinaire ).Deuxième lecture radiographique.
Biopsie pour diagnosticanatomopathologique
ACR 3ACR 4 ou 5
Non systématique pour l’ établissement du diagnostic. l’échographie trouve son utilité en cas de :
- seins denses.- opacité ou distorsion architecturale associée .
Echographie :
• Pas d’aspect spécifique:-plages tissulaires anormales-microcalcifications-dilatation d’un canal galactophorique et
comblement de sa lumière-épaississement pericanalaire
Sensibilité:50 % bas grade90 % haut grade
N’a de valeur que positive:prise de contraste:
- le long d’un trajet galactophorique- segmentaire - diffuse
IRM :
N’affirme pas le caractère in situ de la lésion maligne .Ne doit pas être utilisée pour :
exploration diagnostique des lésions infracliniques du sein évoquant une lésion intracanalaire .
exploration des microcalcifications .
Cytologie :
Anomalie infraclinique classée ACR 4 ou ACR 5.Anomalie classée ACR 3 après avis
pluridisciplinaire, et en fonction du contexte clinique
Microcalcifications → préférer les prélèvements par macrobiopsie que par microbiopsie .
Biopsie :
Indication :
Il est recommandé de privilégier les biopsies percutanées .Intérêts :
Rationaliser la demande des biopsies chirurgicales, en affirmant la bénignité d’une lésion infraclinique .
Optimiser la prise en charge des lésions malignes (absence d’examen extemporané, chirurgie en un temps).
biopsies percutanées :
20 % CCIS sous évalués par la biopsie à l’aiguille fine
Microbiopsies stéréotaxiques
Points positifs :Affirme le diagnosticAnalyse complète des lésions de petite taillePrécise le grade
Points négatifs:sous estimation possible des lésions dans les foyers étendus
Macrobiopsies
Macrobiopsies échoguidées
Macrobiopsie
Radiographies des pièces de macrobiopsies
Exérèse de tout ou d’une partie de la lésion( après repérage préalable pour les lésions infracliniques).
lésions dont la taille radiologique permet d’envisager un geste conservateur → geste diagnostique et thérapeutique en un seul temps opératoire .
lésions de grande taille → tenir compte des traitements ultérieurs.
Biopsies chirurgicales:
Prélèvements à visée diagnostique avec repérage
Biopsie percutanée par micro- ou macrobiopsie
Biopsie chirurgicale
Masse à l’échographie
Microcalcifications
Biopsie écho-guidée
Biopsie stéréotaxique+ radiographie des prélèvement.Macrobiopsie.
Nécrose
Polarisation cellulaire
Grade nucléaire
Architecture
Noyaux de faible grade (grade 1)Noyaux de haut grade (grade 3)Noyaux de grade intermédiaire (grade 2)
ComédonécrosePonctuéeNécrose absente
Reflète l’orientation radiaire de la portion apicaledes cellules tumorales autour d’espaces intercellulaires
ComédocarcinomeCribriformePapillaireMicropapillaireSolide
Paramètres histopathologiques (cartographie lésionnelle):
Haut grade
Bas grade
1,5 – 2 K/ champMonomorphesChromatine fineNucleole peu visibleRares mitoses
2,5 K/champ Chromatine vesiculeuseNucleole proeeminentMitoses fréquentes
Critéres cyto-nucleaires
Présente certains des critères morphologiques du CCIS de bas grade .
Taille de 2 mm = limite pour séparer CCIS et HCA.> 2 mm → CCIS.
Ne s’applique pas aux CCIS de grade intermédiaire et de haut grade qui sont considérés comme des CCIS quelle que soit leur taille.
L’hyperplasie canalaire atypique :
Diagnostic différentiel :
Tumeur composée par un CCIS et comportant des foyers infiltrants clairement identifiés .
Micro-invasion → extension des cellules cancéreuses, au-delà de la membrane basale, sans dépasser 1 mm.
Carcinome canalaire micro-infiltrant :
Informations complémentairespour le diagnostic de proliférations intracanalaires:
Distinguer HCA du CCIS : perte d’expression de cytokératines = lésions néoplasiques.
Analyser l’intégrité de la membrane basale = micro-invasion ou non.
Immuno-histochimie :
La caractérisation biologique détecte les tumeurs qui auraient une forte probabilité de progression vers les formes invasives :
Statut en récepteurs hormonaux (RO, RP) .
Récepteurs de facteurs de croissance (erbB-2) .
Récepteurs du facteur de croissance épidermique (EGFR/erbB-1).
Marqueurs de prolifération (Ki67) ou analyse de l'expression de la protéine p53 .
Aucune place, en pratique, à ce jour, pour la caractérisation biologique.
Biologie :
Bas grade Haut grade
RO positif 70% 35%
SurexpressionHER 2
15 % 75 %
Mutation p53 15 % 50 %
PEC Thérapeutique
Méthodes :
Chirurgie
Chirurgie conservatrice
Mastectomie
Chirurgie conservatrice
Lésion unique ou peu étendue pouvant être enlevée de façon carcinologiquementsatisfaisante .
60 – 70 % des cas
Limites d’exérèse :
Groupe 1berges non envahies et marge > 1mm
Groupe 2berges non envahieset marge < 1mm
Groupe 3berges envahies de façon focalesur une circonférence < 1mm
Groupe 4berges envahies de façon minime sur une circonférence > 1mm e t < 15 mm
Groupe 5berges envahies de façon extensive sur une circonférence > 15 mm
1 mm
Etat des berges d’exérèse.
Marge .
Berge sainemarge ≥3 mm
Berge envahiemarge≤ 1 mm
Berge douteuse1≤ marge ≤
3 mm
Appréciation des limites d’exérèse :
5 mm , Vicini10 mm , Silverstein
Imagerie pré-opératoire .
Contrôle radiologique peropératoire de la pièce d'exérèse.Analyse histologique des berges .
Absence d'anomalies résiduelles sur la mammographie postopératoire.
Exérèse complète
Exérèse au bistouri froid / ciseaux
Résection sur toute l’épaisseur de la glande
Orientation de la pièce
Repérage du lit tumorale
Modelage de la glande restante:
décollement
oncoplastie
Drainage non systématique
Règles communes
Résection glandulaire
Zonectomie
Tumorectomie
Quadrantectomie
P.A.M.ectomie
Pyramidectomie
Lésions non palpables après repérage stéréotaxique ou échographique
Tumeurs retro-areolaires
Ecoulement uniporique
Chirurgie conservatrice
Berges envahies
Etat des berges incertain
Berges saines
Mammographie postopératoire Discussion
pluridisciplinaire
Mastectomie sans curage axillaire +/- reconstructionRadiothérapie + surimpression si refus de mastectomie .
Réexcisionimpossible
Réexcision
Non
Microcalcificationsrésiduelles
Radiothérapie ( dose :50 Gy/25 fractions).
Surimpression si de facteur de risque (âge, grade).
oui
Mastectomie totale simple
Mastectomie avec conservationde l’étui cutané
Mastectomie sous-cutanée
Chirurgie radicale
• Multifocalité• CCIS> 3 cm• Berges envahies après 2 excisions • Volume mammaire insuffisant• ATCD de radiothérapie• CI à la radiothérapie• Grossesse, collagenose
Indications de la mastectomie
Risque d’envahissement ganglionnaire 1,5 % → Pas de curage ganglionnaire.
Ganglion sentinelleCurage axillaire dans
un 2ème temps
Moyens chirurgicaux d’évaluation de l’état ganglionnaire axillaire:
Traitement de l’aisselle:
Place du ganglion sentinelle
A discuter en cas de facteurs prédictifs N+ surtout:
masse palpable ou mammographique
microcalcifications étendues ou multicentriques
CCIS haut grade
suspicion de microinvasion
Diminuer les risques de récidive locale de la maladie après chirurgie conservatrice avec exérèse complète.
Conservation mammaire: dans des conditions permettant d’assurer un taux élevé de contrôle local et un risque de séquelles très faible.
Objectifs :
Radiothérapie:
Début : 6-8 semaines après la chirurgie
Dose minimale recommandée : 50 Gy en 25 fractions sur l’ensemble du sein.
Une surimpression localisée dans le lit tumoral est possible après chirurgie et radiothérapie externe:
dose délivrée : de 15 à 25 Gy
CCIS → pas d’indication d’ irradiation ganglionnaire.
Compétence chirurgicale, oncologique et plastique nécessaire .
Information aussi exhaustive que possible des patientes .
Reconstruction immédiate non obligatoire →un choix pesé et réfléchi de la patiente.
CCIS : indication de choix de la reconstruction immédiate.
La reconstruction
Les techniques de la reconstruction:
Lambeaux musculo-cutanés pédiculés
Prothèses définitivesou d’expansion
TRAMProthèses
Evaluation actuellement en cours.Pas d’utilisation validée en pratique clinique. N’a de place que dans le cadre d’essais prospectifs randomisés.
Hormonothérapie:
Mastectomie → traitement de référence avec un taux de contrôle local de plus de 98 %.
Méta-analyse de 1999 (1574 cas) : 1,4 % de récidives locales .
Irradiation postopératoire non recommandée en cas d’exérèse complète .
Résultats :
Chirurgie conservatrice seule vs chirurgie conservatrice suivie de radiothérapie mammaire:
T* vs T + RT**
Récidives mammaires
RM invasives
RM intracanalaires
Cancers controlatéraux
Survie
NSABP-B-17 ***Résultats à 12 ans (%)
31,7 vs 15,7 p < 5.10-6
16,8 vs 7,7 p = 10-4
14,6 vs 8 p = 0,001
4,5 vs 7,3 p = NS
86 vs 87 p = NS
EORTC****Résultats à 4 ans (%)
16 vs 9 p = 0,005
8 vs 4 p = 0,04
8 vs 5 p = 0,06 Significatif à 6 ans (p = 0,01)
1 vs 3 p = 0,01 Non significatif à 6 ans (p = 0,09)
99 vs 99p = NS
UKDCIS*****Résultats à 5 ans (%)
14 vs 6 p < 0,0001
6 vs 3 p < 0,01
7 vs 3 p < 0,0004
2 vs 2 p = NS
_
* Tumorectomie ** Tumorectomie + Radiothérapie *** n = 403 ; n = 480 **** n = 503 ; n = 507 ***** n = 508-522
Âge < 40
Berges envahiesAbsence de radiothérapieGrade / Différenciation
Nécrose
Taille histologique
+++
+++
+++
+
+
+/‐
Très faible taux de récidive locale après mastectomie (1-3 %) : Facteurs de risque de rechute probable :
- atteinte des berges d’exérèse dans des formes très étendues. - exérèse laissant trop de glande mammaire résiduelle.
Après traitement conservateur:
Après mastectomie :
Rechute locale:
Rechute après traitement :
Risque métastatique après traitement : 1 à 3 % à 10 ans (études récentes).
Risque métastatique après récidive locale invasive (chirurgie conservatrice +/- RT) :10 à 20 %.
Rechute métastatique
Surveillance post-thérapeutique
Surveillance post-thérapeutique:
Diagnostic précoce d’une récidive locale.Diagnostic d’un cancer mammaire controlatéral.Évaluation d’éventuelles séquelles thérapeutiques.
Surveillance uniquement locale .
Surveillance des CCIS traités
Mastectomie Traitementconservateur
Un examen clinique semestriel ( 5 ans )puis par an .
Une mammographie bilatérale par an.
Un examen clinique par an.
Une mammographie controlatérale par an.
Pronostic
Bon pronostic, théoriquement curable dans près de 100 % des cas.
Pronostic excellent, après récidive locale non invasive, moins bon après récidive locale invasive.
Taux de récidive locale faible.
Pronostic à long terme lié à la survenue d’une récidive locale infiltrante et à son potentiel métastatique ( 10 et 20 %).
Taux annuel de récidives locales 1 % dont 50 % sous forme invasive
Taux annuel du Kc controlatéral 0,6 – 1%
2,5 fois plus que dans la population générale
Facteurs histologiques +: taille histologique
état des marges d’exérèse
grade
Facteurs cliniques :
âge < 40 ans
mode de découverte: caractère palpable
Absence de radiothérapie en cas de traitement conservateur ( 30 % à 10 ans)
Facteurs de risque de récidive locale
Multifocalité rare pour lésions < 2 cm
Risque de microinvasion 2 % (lésions de petites taille)
29 % ( lésions > 2,5 cm)
Atteinte ganglionnaire risque d’envahissement ganglionnaire théoriquement nul
Siège des rechutes site de la lésion initiale++
Nature des rechutes 50 % in situ
50 % infiltrant
Extension et potentiel évolutif
Cliniques âge ≤ 55 ans
masse palpable
Mammographique
taille importante ( ≥ 4 cm :USA ,≥ 5cm :Europe)
opacité associée ou non à des microcalcifications
microcalcifications milticentriques
Histologiques: suspicion de microinvadion
haut grade nucleaire
Facteurs prédictifs de N+
Traitements des récidives après CCIS traités par traitement conservateur
Récidive in situRécidive invasive
Mastectomie totale + curage axillaire.
Radiothérapie ganglionnaire si atteinte ganglionnaire.
Mastectomie totale.
Pas de curage axillaire.
Reconstruction.
Surveillance des cancers du sein invasifs.
Surveillance des cancers du sein in situ.
Traitement des récidive après CCIS traité par mastectomie
Récidive sur la paroiRécidivesur sein reconstruit
Exérèse au large + curage axillaire + radiothérapie de la paroi et du sein reconstruit.
Si reconstruction par prothèse, ablation de la prothèse.
Pas de curage axillaire si déjà pratiqué antérieurement.
Radiothérapie ganglionnaire si atteinte ganglionnaire.
Exérèse au large + curage axillaire + radiothérapie pariétale.
Pas de curage axillaire si déjà pratiqué antérieurement.
Radiothérapie ganglionnaire si atteinte ganglionnaire.
Surveillance des cancers du sein invasifs
Incidence en augmentation
Prise en charge multi-disciplinaire
Place du ganglion sentinelle
Risque de récidives locales surveillance post-thérapeutique
Conclusion
Références :
De Rocquencourt A et al. Carcinomes in situ. In Espié M et al. Le sein. Eska Eds 2001:1024-32.
SOR 2004 pour la prise en charge des carcinomes canalaires in situ du sein (rapport intégral). http://www. FNCLCC.fr/sor.htm:1-164.
De Mascarel I et al. Breast ductal carcinoma in situ with microinvasion. Cancer 2002 ; 94 : 2134-42.
Burstein HJ et al. Ductal Carcinoma in Situ of the Breast. N Engl J Med 2004 ; 350 : 1430-41
Leonard GD et al. Ductal carcinoma in situ. Complexities and challenges. J Natl Cancer Inst 2004 ; 96 : 906-20.
J P. Brettes et al . Cancer du sein
“Etre expert, c'est tout l'art d'apprendre une science à des vétérans, tout en étant un
débutant.”Jdan Noritiov