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Comité économique et social européen Vers une démarche plus dynamique de mise en oeuvre de la stratégie de Lisbonne

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Comité économique et social européen

Vers une démarche plusdynamique de mise en œuvrede la stratégie de Lisbonne

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Vers une démarche plusdynamique de mise en œuvrede la stratégie de Lisbonne

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De nombreuses autres informations sur l'Union européenne sont disponibles sur Internet via leserveur Europa (http://europa.eu.int).

Luxembourg : Office des publications officielles des Communautés européennes, 2004

ISBN 92-830-0383-7

© Communautés européennes, 2004Reproduction autorisée, moyennant mention de la source

Printed in Belgium

IMPRIMÉ SUR PAPIER BLANCHI SANS CHLORE

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1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2. Résolution du Comité économique et social européen “La stratégie de Lisbonne” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9

3. En route pour Lisbonne – séparément, ensemble ou pas du tout ? . . . . . . . . . . . . . . . . .15

1-Résumé en dix phrases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15

2- Evaluer la Stratégie de Lisbonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16• en difficulté• mais pas un échec?

3- Définir la stratégie de Lisbonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .22

4-Assurer son efficacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .23• stimuler la croissance• tout en tenant compte que ces différents objectifs forment un tout

5-Assurer l'équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .27• priorité à l'économie ou au social• priorité à l'économie ou à l'environnement?

6- Lien avec les mesures nationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .32

7- Participation plus large à la stratégie de Lisbonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .35• ateliers et tables rondes

8-Rôle du CESE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .42

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S ommaire

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Le Comité économique et social européen est, par sacomposition diverse et variée, son activité, un élémentessentiel du modèle européen de société. Le Comité favorisele dialogue entre entre tous les intervenants de la société enprenant en compte les préoccupations et les souhaits descitoyens au plus près des réalités pour les formuler, les faireconnaître au travers de ses avis et, de manière plus pratique,par le travail réalisé sur le terrain à tous les niveaux et danstous les pays par le Comité et par ses membres.

C'est pour cela que la Commission a demandé au CESE deprocéder à une évaluation de la stratégie de Lisbonne. Le Comité a été invité àexaminer l'impact global de la stratégie de Lisbonne à ce jour, à rapporter cetimpact à la perspective à long terme et à présenter une appréciation qualitativeet quantitative des progrès réalisés dans les trois dimensions centrales de lastratégie de Lisbonne (l'économique, la sociale et l'environnementale).L'évaluation pouvait aussi identifier les secteurs dans lesquels il faudrait prévoirde nouveaux efforts, voire d'éventuelles nouvelles initiatives politiques.

Suite à cette demande, le CESE a constitué un sous-comité chargé d'effectuer cetravail, après quoi le Comité siégeant en assemblée plénière a adopté larésolution que vous trouverez dans la présente brochure.

L'une des sources auxquelles s'est alimentée cette résolution a été, pour une partimportante, une grande conférence de trois jours organisée en octobre 2003, oùdes représentants de premier plan de la société civile organisée ont débattu de lastratégie de Lisbonne et des mesures à prendre à son sujet. Vous trouverez aussidans la brochure un rapport qui résume les conclusions de cette conférence.

En 2004, le CESE poursuivra son entreprise consistant à faire réussir la stratégiede Lisbonne, en assurant un suivi continu de cette stratégie. Il continuera àproposer des améliorations, en particulier en associant à ses travaux de pluslarges segments de la société civile organisée, et notamment les conseilséconomiques et sociaux nationaux. Il s'agira là d'une part importante de lacontribution du CESE au Conseil de printemps de 2005.

Pour l'heure, la publication vous donne un aperçu des prises de position de la sociétécivile organisée en prévision du Conseil européen de printemps de 2004.

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I ntroduction

Roger Briesch Président du CESE

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Pourquoi la stratégie de Lisbonne a de l'importance :Le CESE est fortement convaincu d'une part, de l'importance de la stratégie deLisbonne décidée d'un commun accord en l'an 2000 par l'Union européenne etd'autre part, du fait que les objectifs de Lisbonne sont toujours d'actualité et sonttoujours nécessaires. L'objectif de l'Union européenne qui consiste à devenirl’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique dumonde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’uneamélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésionsociale, est un objectif que nous partageons tous. Pour le moment, toutefois, cesmots restent des notions abstraites. Le CESE croit très fermement que des effortssont à faire pour reconstruire la confiance chez les citoyens européens et pourcréer un projet positif pour l'avenir, fondé sur la participation des citoyens etvisant à assurer une répartition plus équilibrée de la richesse produite et del'excédent créé par les technologies modernes. Faute de cela, et faute de pouvoirmontrer que l'Europe devient beaucoup plus compétitive, nous ne gagnerons pasle coeur et la raison des citoyens européens. Il faut faire en sorte que la démarchede Lisbonne prenne un sens par rapport à notre vie quotidienne.

La stratégie de Lisbonne, dont font partie les décisions du sommet européen deGöteborg de 2001, marque l'avènement d'une nouvelle démarche en matière deprise de décision politique, démarche en vertu de laquelle il convient d'examinerde façon coordonnée et de faire entrer en ligne de compte dans la prise dedécision les effets économiques, sociaux et environnementaux de toutes lespolitiques. L'intégration du développement durable dans la stratégie de Lisbonneconstitue un défi particulier auquel n'ont encore répondu ni les institutionseuropéennes, ni les États membres.

Pour le CESE, il est plus que jamais important, dans le climat politique etéconomique actuel, que les responsables politiques, et même tous lesintervenants, se fassent entendre plus vigoureusement sur l'importance qu'il y aà progresser dans la poursuite des objectifs de Lisbonne et dans le sens dudéveloppement durable. Nous ne devons pas nous laisser entraîner vers desdémarches différenciées pour une vieille Europe et pour une Europe nouvelle.Nous ne devons pas laisser nos pays se diviser, ni nos citoyens et notre sociétécivile s'aliéner sous l'effet d'une logique de conflit que l'immense majorité del'opinion publique de tous les pays européens ne comprend pas et qu'elle rejette.

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Au contraire, il faut orienter en priorité nos efforts vers une Europe de l'inclusion,en modernisant le modèle social européen et en relevant le défi de lamondialisation. Cela suppose que l'on investisse davantage dans l'évolution versune société "apprenante", dans l'innovation, dans les nouvelles connaissances etdans la création d'emplois.

Ces objectifs se situent au coeur de la stratégie de Lisbonne. Ils sont sous-jacentsaux récentes propositions du gouvernement italien d'investir dans lesinfrastructures et à l'initiative franco-allemande de pacte de croissance. La volontépolitique existe, mais il n'y a pas de concrétisation sur le terrain. Ce qu'il nousfaut, ce sont des efforts comparables à ceux qui ont été déployés pour mettre enplace le marché unique et la monnaie unique. La réalité est qu'il nous faut allerbeaucoup plus loin. Il nous faut fournir des efforts comparables à ceux des États-Unis d'Amérique après la crise de 1929 et à ceux de l'Europe après la secondeguerre mondiale. Il nous faut un nouveau "New Deal".

Les nouveaux États membres vont être confrontés à des défis particuliers. Ils vontautomatiquement se trouver associés à la stratégie de Lisbonne et à la stratégiede développement durable de l'UE, bien que ni l'une, ni l'autre n'aient étéévoquées à propos de l'acquis communautaire dans le cadre des négociationsd'élargissement. Pour le CESE, il est essentiel de faciliter la tâche des nouveauxpays membres dans leurs efforts qui tendent à faire accélérer la mise en œuvrede la stratégie de Lisbonne.

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Par lettre de sa vice-présidente, Mme Loyola DE PALACIO, la Commission a invitéle Comité économique et social européen, conformément à l'article 262 du traitéinstituant la Communauté européenne, à élaborer un avis exploratoire visant à :

"faire ressortir l'impact global que la stratégie de Lisbonne a eu jusqu'àmaintenant, intégrer une perspective de long terme et fournir uneévaluation qualitative et quantitative des progrès accomplis dans la miseen œuvre de la stratégie"

Pour élaborer sa position, le Comité a organisé une conférence de vaste envergurepour recueillir les points de vue de la société civile organisée en Europe sur lesprogrès accomplis jusqu'à présent et sur ce qui reste à accomplir à l'avenir.

Lors de sa 404ème session plénière des 10 et 11 décembre 2003 (séance du10 décembre 2003), le Comité économique et social européen a adopté laprésente résolution par 116 voix pour, 37 voix contre et 7 abstentions.

Résolution

Le Comité souligne que la stratégie de Lisbonne n'atteindra ses objectifs enmatière de compétitivité internationale, de progrès économique, social etenvironnemental et de développement durable que si elle rénove en profondeurla méthode, le système politique institutionnel ainsi que les instruments decoopération adoptés en vue de leur réalisation.

Le CESE reconnaît tout particulièrement que la stratégie de Lisbonne est pluscomplexe, plus pluridimensionnelle et plus diffuse dans les conséquences qu'ellecomporte que toute ambition spécifique antérieure en termes de résultats àobtenir pour l'Union européenne.

Pour remédier à cette situation, le Comité plaide en faveur d’une approche plusdynamique se traduisant, sur le plan institutionnel, dans une coordinationrenforcée qui consiste à assurer une relance de la croissance économiqueeuropéenne en conférant un degré d'importance adéquate aux réalitéséconomiques, sociales et environnementales, dans le cadre d'une interaction

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Résolution du Comitééconomique et social européen"La stratégie de Lisbonne"

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permanente entre ces réalités, c'est-à-dire en se basant sur un développementdurable et sur la compétitivité du système européen.

Le Comité propose :• une politique macroéconomique favorable à la réalisation de cette stratégie

grâce à une coordination renforcée entre les États membres et lesinstitutions communautaires;

• une concertation plus efficace entre institutions de l’Union, États membres,milieux économiques et partenaires sociaux;

• un meilleur partage des responsabilités dans la mise en œuvre desréformes, d’une part entre niveaux européen, national et régional, et d’autrepart entre acteurs publics, privés et associatifs.

Cette coordination renforcée, qui ne demande pas une modification des traités,suppose une coopération et une émulation entre les États membres pour ce quiconcerne les objectifs de la stratégie de Lisbonne, un engagement novateurresponsable dans les politiques macroéconomiques, ainsi qu'une approche decoopération pour les différentes politiques de mise en oeuvre des réformesstructurelles.

Par-delà le nécessaire respect du pacte de stabilité, fondé sur la fiabilité des Étatsen termes de défense de la monnaie unique, la mise en place d’une politiqueéconomique européenne de croissance intégrée reste une priorité. Ceci implique,pour la zone euro, un mode d'application du pacte de croissance et de stabilité,qui favorise une meilleure réalisation de la stratégie de Lisbonne. En outre, il fauttendre vers un rapprochement des politiques fiscales dans des conditionscompatibles avec les exigences de compétitivité d’une économie ouverte, tout engarantissant la durabilité sociale.

Cette politique économique intégrée devra s’attacher en priorité à créer lesconditions d’une meilleure relance de l’activité économique en Europe. Le Comitéappuie l’objectif d’une initiative européenne de croissance, qui a fait l’objet deplusieurs propositions récentes, pour favoriser les investissements transeuropéens,notamment d’infrastructures (énergie, transports et TIC), de recherche et deformation, le meilleur fonctionnement du marché du travail ainsi que des régimesde protection sociale dans un cadre de développement durable.

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Le Comité insiste à nouveau sur la nécessaire accélération de l’achèvement dumarché unique, parallèlement à son élargissement. Ceci concerne notamment lesmarchés publics, les différentes catégories de services, et la simplificationlégislative et administrative. Il s’agit de se doter ainsi d’une véritable capacitéautonome de croissance, qui continue aujourd’hui de faire défaut à l’Europe, enutilisant pleinement le potentiel de cette zone économique intégrée, qui est à lafois étendue et technologiquement avancée.

Le rôle de la société civile

Le Comité souligne l’importance centrale du dialogue avec et entre les partenairessociaux, sur les plans européen et national, pour mener à bien les réformesintéressant notamment le renforcement de l’éducation et de la formation, lemeilleur fonctionnement du marché du travail ainsi que les régimes de protectionsociale, en veillant à garantir leur durabilité et leur amélioration.

Dès l’origine, le mandat délivré par le Conseil européen de Lisbonne a mis l’accentsur le rôle prioritaire qui incombe, dans la mise en œuvre de cette stratégiepluriannuelle, aux initiatives du secteur privé et à un nouveau partenariat entrel’État et la société civile. La méthode de coordination ouverte intégrée à cettestratégie doit prévoir la pleine participation de la société civile organisée.

À l’occasion de la préparation du nouveau traité d’intégration européenne, quifera suite à l’élargissement en 2004, le Comité a lui-même fortement appuyé laréférence par la Convention européenne au rôle de la démocratie participative,animée par les acteurs de la société civile, pour compléter – sans s’y substituer -la démocratie représentative.

Il convient aussi d’ajouter à la dimension verticale de la subsidiarité (distinguantdes niveaux de compétences sur les plans européen, national, régional ou local)une dimension horizontale ou fonctionnelle (distinguant d’une part les questionsrelevant principalement de l’autorité des pouvoirs publics et de l’autre cellesrelevant plutôt de l’implication directe, et le cas échéant autonome, de la sociétécivile - secteur privé, partenaires sociaux, milieux socioprofessionnels etassociatifs -).

Au-delà de l’engagement effectif des institutions européennes et des États, laréussite de la stratégie de Lisbonne implique ainsi qu’elle soit :

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• effectivement comprise et acceptée par les opinions publiques, ce quidemande notamment de renforcer sa lisibilité et sa crédibilité;

• relayée par les acteurs socioprofessionnels de la démocratie participative.

Recommandations du Comité

sur le plan européen :• un renforcement de la concertation des institutions européennes avec les

milieux socioprofessionnels et avec les partenaires sociaux, permettant dedévelopper un dialogue européen permanent sur les différentes orientationscommunes et sur les plans d'action de la stratégie de Lisbonne, et assurantnotamment une meilleure prise en compte et conciliation des impératifs decompétitivité économique, de progrès social, et de développement durable;

• une implication active des partenaires sociaux dans la mise en œuvre duprogramme pluriannuel du dialogue social qu’ils ont convenu, les conduisantnotamment à développer les accords européens entre eux dans les domainesintéressant la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne;

• la mise en évidence de ce dialogue socioprofessionnel et de cet apport despartenaires sociaux européens dans le rapport annuel de la Commissioneuropéenne pour le Sommet de Printemps.

sur le plan national, régional et local :• un développement parallèle de la concertation et du dialogue

socioprofessionnel, allant de pair avec le lancement d'une campagned’information de l’opinion publique et de débat concernant l’objet et lesmodalités des réformes engagées dans le cadre de la stratégie de Lisbonne;

• un dialogue et une implication contractuelle des partenaires sociaux dans lesdomaines de leurs compétences, adaptée à la diversité des cultures et descontextes économiques et sociaux pour réaliser des plans d’action nationaux;

• la mise en évidence de ces contributions de la société civile, en particuliercelles des partenaires sociaux, dans les rapports nationaux annuels desÉtats membres pour le Sommet de Printemps, ce qui permettra notammentune plus large diffusion des meilleures pratiques en ces domaines;

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• l'instauration d'un véritable dialogue, à l'échelon régional et local. Ceséchelons constituent en effet le meilleur moyen de s'assurer de laparticipation effective des acteurs économiques et sociaux afin de tirerprofit des potentialités locales en terme de ressources humaines, d'espritd'entreprise, de patrimoine culturel et de ressources naturelles.

Les pouvoirs publics et d'autres organismes officiels peuvent contribuer àrenforcer la compétitivité en intensifiant les politiques et les services qui facilitentl'amélioration de la performance des entreprises et d'autres organisations.

Le CESE marque son accord sur la nécessité d'efforts mieux focalisés dans le sensdes objectifs suivants :

• amélioration de l'offre de jeunes possédant des qualifications en rapportavec les "industries de la connaissance";

• promotion des possibilités de recyclage pour tous les adultes en vue del'acquisition de nouvelles qualifications;

• expansion de la capacité de recherche-développement des établissementsd'enseignement supérieur et des services de recherche des entreprises;

• incitations à réduire le risque lié à l'innovation et renforcement desbénéfices résultant de l'innovation à risque;

• incitations visant à réduire le plus possible les quantités de déchets et àencourager le recyclage;

• incitations visant à réduire les émissions de gaz ou d'autres phénomènespolluants.

Sur le rôle du CESEPour sa part, le Comité entend agir comme un observatoire permanent de l’étatde mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne, et notamment :

• contribuer à développer le dialogue public, associant directement lesreprésentants de la société civile à cette évaluation;

• entretenir une concertation étroite sur cette mise en œuvre avec les Conseilséconomiques et sociaux nationaux et organisations similaires. Lors de leurréunion tenue à Madrid le 28 novembre 2003, les présidents des Conseilséconomiques et sociaux d'États membres de l'Union et du CESE ont décidéd'entamer une réflexion conjointe dans le but d'apporter une contribution

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commune au Conseil européen du printemps qui se tiendra en 2005 sousprésidence luxembourgeoise;

• promouvoir la diffusion des initiatives européennes et nationales desmilieux socioprofessionnels et des partenaires sociaux qui contribuent à laréussite de la stratégie de Lisbonne;

• sur ces bases, poursuivre sa présentation, chaque année, d’un rapportd’évaluation de l’état de mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne en vuedu Sommet de Printemps.

Bruxelles, le 10 décembre 2003.

Le Président Le Secrétaire général

du Comité économique et du Comité économique etsocial européen social européen

Roger Briesch Patrick Venturini

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Résumé en dix phrasesLa stratégie de Lisbonne de l'Union européenne estencore à un stade où chacun peut l'interpréter à samanière. Pour en faire une réussite, il est grandtemps d'associer tous les acteurs à un processuscommun afin que tous partagent la même vision dela stratégie. Faute de quoi, en dépit de tous sesobjectifs ambitieux en matière de développementéconomique et social et de qualité de vie pourl'ensemble des citoyens de l'Union européenne, le processus de Lisbonnerestera marqué par des interprétations, itinéraires et réalisations concrètesdifférentes, si tant est qu'il puisse être mené à bien.

Telle la conclusion inéluctable à laquelle sont arrivés les 250 représentants desréseaux et organisations qui constituent la société civile organisée de l'Europe aucours de la conférence sur le grand projet de l'Union européenne pour 2010,organisée en octobre dernier pendant trois jours par le Comité économique etsocial européen.

Les objectifs "sont, pour le moment des notions abstraites réservées à l'élite",comme l'explique M. Roger BRIESCH, Président du CESE lors de l'ouverture de laconférence.

Tout au long de ces trois jours, la conférence a également largement démontréque, même parmi les "élites", il existait encore d'importantes divergences quantaux réalisations, mécanismes et perspectives de la stratégie.

Une série de tables rondes, ateliers et sessions plénières ont été autantd'occasions pour tout l'éventail des groupes d'intérêt représentés à la conférencedu CESE de formuler des points de vue très engagés. Compte tenu de la largeparticipation à la conférence, bon nombre des positions étaient divergentes,notamment quant au point d'équilibre que doit trouver la stratégie de Lisbonneentre ses dimensions économique, sociale et environnementale.

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1.

E n route pour Lisbonne –séparément, ensemble ou pas du tout?

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Un message essentiel s'est toutefoisclairement dégagé: il ne sera possiblede parvenir au juste équilibre que sil'ensemble de l'opinion de l'Unioneuropéenne participe au débat,notamment par une plus grandeparticipation de la société civile et dupublic en général. Comme M. BRIESCH lesouligne dans son intervention, "une des conditions sine qua non de la réussitede la stratégie de Lisbonne est d'accroître l'association de l'ensemble des acteursconcernés, qui a été insuffisante jusqu'à maintenant … Aujourd'hui, nousespérons donner un nouvel élan au processus".

Evaluer la stratégie de Lisbonne… en difficulté …

Un large accord se dégage pour reconnaître que la stratégie de Lisbonne est endifficulté. André SAPIR, président du groupe de haut niveau "Programme pour uneEurope en expansion" établi à l'initiative de M. Romano PRODI, reconnaît que"dans la pratique, la stratégie de Lisbonne n'a pas encore tenu ses engagements"et qu'elle risque même de devenir "une excuse pour ne pas agir". M. BRIESCHindique clairement que "la mise en œuvre de la stratégie a pris un sérieux retardet que les disparités entre les États membres augmentent".

Comme le déclare M. Giacomo REGALDO, président du Groupe des employeurs duCESE, qui présidait l'une des tables rondes, "les résultats de la stratégie de Lisbonnene sont pas encore satisfaisants". Il ajoute que "tout ne sera qu'une illusion si l'onne peut amorcer un changement et la méthode utilisée jusqu'à présent nefonctionne manifestement pas", notamment parce que "les législateurs mettent dutemps à prendre leurs décisions au niveau communautaire et que la transpositionde ces décisions au niveau national est, elle aussi, lente". Il en résulte que le regainde confiance nécessaire aux entreprises ne se produit simplement pas.

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2.

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D'après M. Mario SEPI, président du Groupe des salariés duCESE et rapporteur de l'avis exploratoire du Comité sur lastratégie de Lisbonne, les potentialités de croissance "nesont pas encore exploitées".

M. Bruno VEVER, rapporteur du CESE sur l'évaluation desréformes structurelles et rapporteur de l'atelier de laconférence sur l'échange de meilleures pratiquesconcernant la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne,fait part de sa "déception" quant au fait que les rapportsannuels de la Commission européenne aux Conseils de printemps ne rendent paspleinement compte des réalisations des douze mois précédents, notamment cellesde la société civile ou des partenaires sociaux afin de faire progresser la stratégie,rendant ainsi plus difficile d'adapter les mesures pour appuyer la stratégie.

M. John MONKS, secrétaire général de la Confédérationeuropéenne des syndicats, est encore plus radical et indiqueque la stratégie de Lisbonne risque de tourner à la farce."C'est une coquille vide!", déclare-t-il. "Considérer les progrèscomme 'décevants' revient tout simplement à utiliser uneuphémisme pour traduire leur "médiocrité", poursuit-il,remettant en cause les progrès accomplis jusqu'à présentqu'il qualifie de "chimère de Lisbonne". La stratégie ne prendpas uniquement du retard. "Elle est hors de portée à moinsd'une action résolue pour y remédier", indique-t-il. Il relève

des lacunes particulières concernant la promotion de l'innovation: "nous ne nouspréoccupons pas assez de la fuite des cerveaux vers l'Ouest et l'Europe n'a que peude réponses à apporter".

Les faiblesses donnent lieu à de nombreux diagnostiques.M. Mario TELO, professeur à l'université libre de Bruxelles,dresse la liste de certaines d'entres elles qu'il considèrecomme les causes du problème: la discontinuité entre lesprésidences successives de l'Union européenne, l'influenceprédominante des ministres de l'économie et des finances,la lourdeur administrative, le suivi inadéquat des résultats,la participation restreinte et le "manque de crédibilité et decontinuité au sein des pouvoirs publics".

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John Monks

Professor Mario Telo

Bruno Vever

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Aux yeux de M. Philippe DE BUCK, secrétaire général de l'Union desconfédérations de l'industrie et des employeurs d'Europe, un sentiment d'urgencefait cruellement défaut. "Il faut agir maintenant, aujourd'hui", insiste-t-il, et celaparce que l'Europe paie dès maintenant le prix de son inaction et perdconstamment du terrain sur les États-Unis. "Sur une longue période, nousaffichons un retard de croissance de 2%", précise-t-il, auquel s'ajoute un effetcumulatif négatif sur les revenus, la rentabilité et l'emploi.

M. Joost VAN IERSEL, membre du CESE, estime également que le processus souffred'un "manque de détermination et de l'absence de calendrier" mais égalementd'une absence de sentiment d'appartenance. La stratégie de Lisbonne couvre eneffet "trop de domaines dépourvus de liens entre eux" et la mise en œuvre auniveau national est réalisée sans une clarté suffisante des objectifs,contrairement, observe-t-il, à ce qui s'est passé pour de grands projetscommunautaires tels que l'euro ou l'achèvement du marché unique, "qui ont étémenés suivant une méthode assortie d'un soutien politique et d'un calendrier". Del'avis de M. Javier DOZ ORRIZ, secrétaire pour les relations internationales descommissions ouvrières espagnoles, la stratégie de Lisbonne est trop ambiguë etles politiques économiques et budgétaires en Europe ne sont pas suffisammentcoordonnées pour que des progrès soient réalisés.

Le manque d'intégration entre les différents volets de la stratégie est l'objet denombreuses critiques. La dimension du développement durable reste vagued'après M. John HONTELEZ, secrétaire général du Bureau européen del'environnement. "Les résultats ne sont pas bien brillants", déclare-t-il, et "à l'heureactuelle, l'intégration de la dimension environnementale n'a pas encore eu lieu",avis que partage M. BRIESCH, qui observe que "l'intégration du développementdurable dans la stratégie de Lisbonne constitue un défi particulier que lesinstitutions européennes ou les États membres n'ont pasencore relevé".

M. John SIMPSON, membre du Groupe des activitésdiverses du CESE et président de la table ronde sur larelation entre la stratégie de Lisbonne et le citoyenordinaire, conclut que "la stratégie "ne fonctionne pas sibien qu'on l'espérait et l'on s'efforce de trouver les moyensd'assurer son efficacité, notamment en ce qui concerne lerôle de la société civile".

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John Simpson

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M. Sintan FARRELL, directeur du Réseau européen des associations de lutte contrela pauvreté et l'exclusion sociale, déplore que "des possibilités aient été manquées".L'incapacité à instaurer une totale cohésion a rendu les personnes plus vulnérableset a plus que jamais mis en évidence le manque d'accès aux droits sociaux.

… mais pas un échec ? …

Tous les participants ne partagent toutefois pas le point de vue qui considère quela stratégie de Lisbonne n'est rien d'autre qu'une liste de carences. "Les retards prispar la stratégie ne signifient pas qu'elle a échoué", affirme M. Dick ROCHE, ministred'État irlandais aux affaires européennes et l'un des orateurs principaux, qui serachargé de faire avancer la stratégie au cours de la présidence irlandaise au premiersemestre de l'année 2004. À ses yeux, la stratégie met l'accent sur "l'objectif centrald'emplois de qualité et d'un niveau élevé de protection sociale pour tous nosconcitoyens, et cela dans le cadre d'une économie européenne dynamique".

Dick Roche:"Les Etats membres qui ont institué de nouveaux pactessociaux comptent parmi ceux qui ont fait preuve dudynamisme économique le plus fort, en particulier entermes de croissance de l'emploi. Ils sont parvenus àpasser du modèle classique de négociations à unenouvelle forme de résolution des problèmes, adaptée auxnouvelles conditions économiques et sociales ".

M. BRIESCH précise également que "le CESE est tout à faitconvaincu que les objectifs de Lisbonne sont nécessaires et toujours d'actualité.Nous approuvons l'objectif visant à faire, de l'Union européenne, l'économie de laconnaissance la plus compétitive et la plus dynamique dumonde, capable d'une croissance économique durable,accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitativede l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale".

M. David O'SULLIVAN, secrétaire général de la Commission,estime que de nombreuses évolutions prévues dans lecadre de la stratégie de Lisbonne ont été réalisées, mêmesi, comme il le reconnaît, les progrès sont parfoisextrêmement lents.

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Dick Roche

David O’Sullivan

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Mme Maria João RODRIGUES, professeur à l'université de Lisbonne, et une desconceptrices de la stratégie de Lisbonne, marque clairement son désaccord avecce qu'elle considère comme "des déclarations simplistes sur le manque deprogrès". Elle affirme que des réalisations concrètes ont été enregistrées dans desdomaines comme l'extension de l'accès à Internet, la mise en place de réseaux derecherche, l'assouplissement de la réglementation pour les jeunes entreprises, lalibéralisation dans les secteurs de l'énergie et des télécommunications, desinitiatives en vue de la création d'un brevet européen, l'amélioration despossibilités d'éducation et les mesures de lutte contre l'exclusion sociale.

Mme Renate HORNUNG-DRAUS, présidente du groupe de travail "Emploi" de l'Uniondes confédérations de l'industrie et des employeurs d'Europe (Unice), estime quela situation est "dangereuse", tout en affirmant que "nous disposons des moyensde nous en sortir". Elle fait part de ses espoirs de parvenir à changer le cap.

M. TELÒ déclare "je ne suis pas du tout pessimiste", et mentionne des progrèsréels que la stratégie a, selon lui, rendus possibles en reconnaissant la nécessitépour l'Union européenne d'agir dans des domaines tels que le dialogue social, ladimension sociale, la recherche et le développement, la santé et l'industrie.

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La stratégie de Lisbonne

QUELS SONT SES OBJECTIFS?

La stratégie de Lisbonne constitue un engagement d'apporter un renouveauéconomique, social et environnemental dans l'UE. En mars 2000, le Conseil européende Lisbonne a présenté une stratégie s'étalant sur 10 ans et visant à faire de l'UEl'économie la plus compétitive et la plus dynamique du monde. Selon cette stratégie,une économie plus forte stimulera la création d'emplois et favorisera des politiquessociales et environnementales assurant développement durable et cohésion sociale.

La stratégie de Lisbonne concerne pratiquement toutes les activités de l'UE dans lesdomaines économique, social et environnemental. Le rapport annuel de printemps dela Commission européenne analyse cette stratégie d'une manière détaillée. Il s'agit duseul document à l'ordre du jour du Conseil européen de printemps, au cours duquel leschefs d'État et de gouvernement européens évaluent l'état d'avancement de la stratégieet fixent les priorités futures afin d'atteindre les objectifs définis à Lisbonne.

OU EN EST-ON AUJOURD'HUI?

"La stratégie de Lisbonne propose une feuille de route pour le renouveau économique,social et environnemental de l'Union européenne à moyen et long terme. Elle comprendune panoplie d'actions de grande envergure, cohérentes et complémentaires, destinéesà transformer les performances de l'Union et garantir un développement durable.

Ces actions peuvent créer les conditions propices à une période continue de croissanceélevée et non inflationniste, améliorer la compétitivité, permettre aux entreprises dejouer un rôle à part entière en tirant parti des nouvelles possibilités et en créant desemplois et de la richesse, améliorer la cohésion sociale et faire en sorte que lesinvestissements dans l'environnement et la croissance soutenue se renforcentmutuellement. Elles témoignent du choix positif de l'Europe en faveur de la qualité de vie.

La stratégie est arrivée aujourd'hui à un moment décisif. Au moment d'entrer dans saquatrième année, en s'appuyant sur les décisions adoptées à Copenhague, elle estconfrontée à un choix clair. L'Union peut maintenir la lenteur actuelle des réformes ouprouver qu'elle est capable d'un changement radical dans la perspective de l'élargissement.

Il s'agit d'un choix entre, d'une part, une croissance modérée, un chômage persistant,une cohésion limitée et des progrès lents dans l'infléchissement des tendances nondurables, et, de l'autre, l'augmentation et le maintien du potentiel de l'Union au coursdes sept prochaines années afin de pouvoir atteindre les objectifs de Lisbonne. Il fautchoisir entre suivre ou mener".

Source: Rapport de la Commission européenne au Conseil européen de printemps surla stratégie de Lisbonne, mars 2003.

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Définir la stratégie de Lisbonne La plupart des diagnostiques concernant les lacunes de la stratégie portent sur ce quebon nombre de participants considèrent comme un grave manque de consensus quantà ce que représente la stratégie de Lisbonne. Elle s'en trouve affaiblie dans la mesureoù chaque groupe d'intérêt met de manière sélective l'accent sur les éléments auxquelsil accorde la priorité, au lieu de promouvoir un vaste engagement de l'ensemble desacteurs en faveur du projet d'ensemble. M. O'SULLIVAN reconnaît qu'il existe "unproblème, les acteurs évaluant la stratégie en fonction de leurs propres orientations.Rares sont ceux qui l'abordent dans son ensemble; ils sélectionnent les aspects qui leurconviennent le mieux". En d'autre termes, comme l'explique M. MONKS, "les documentssont toujours coulants et souples si bien que tout le monde, des syndicalistes auxtenants d'une économie libérale, peut leur faire dire ce qu'il veut".

M. Giampero ALHADEFF, secrétaire général de Solidar,déplore également la tendance de chacun à choisir sapropre interprétation de la Stratégie de Lisbonne. "Elledevrait être considérée dans sa globalité", déclare-t-il, cequi pour lui va au-delà d'un examen de la seulecompétitivité "mais qui intègre également la cohésionsociale voire la dimension hommes-femmes".

M. SEPI insiste lui aussi sur le fait que "se concentrer sur lesaspects économiques n'est pas suffisant". Les trois volets

économique, social et environnemental doivent s'articuler de manière dynamique,affirme-t-il. La stratégie de Lisbonne n'est pas uniquement le fondementéconomique et social de l'Union européenne; elle constitueune "proposition culturelle globale", c'est-à-dire un modèlede développement conçu au niveau de l'Union.

M. SAPIR considère quant à lui que l'expression "stratégiede Lisbonne" est un slogan reprenant trois conceptsdifférents, à savoir l'ensemble des objectifs (il déclare à cetégard que, en dépit de nuances personnelles, il existe unlarge consensus quant aux objectifs économiques, sociauxet environnementaux), une stratégie (qui bénéficie "d'unconsensus relativement large") et enfin une méthode qui,elle, "pose problème".

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3.

André Sapir

Giampero Alhadeff

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M. Erik EHNMARK, membre du CESE, indique que la stratégie de Lisbonne est, pardéfinition, un objectif relatif, "une cible en mouvement". Cela tient au fait que lastratégie ne vise pas un absolu mais s'efforce de rendre l'Europe plus compétitiveque le reste du monde. "Donc si les États-Unis vont vite, nous devons aller encoreplus vite pour atteindre notre objectif". Veiller à une large participation s'est avéréde plus en plus difficile, compte tenu de cette évolution permanente, ajoute-t-il.M. SIMPSON adopte quant à lui une approche différente. Il estime que le principalobjectif de la stratégie de Lisbonne ne consiste pas à battre les États-Unis à leurpropre jeu mais au contraire "à améliorer la qualité de vie des citoyens afin de leuroffrir des emplois, une protection sociale, des possibilités d'apprendre et unenvironnement propre". M. TELÒ considère lui aussi la stratégie comme une cible enmouvement mais cela davantage en raison du déplacement de l'équilibre du pouvoiret de la direction politique au sein des États membres et d'un sommet à l'autre.

M. VEVER maintient son point de vue à savoir que "personne ne sait ce qu'est lastratégie de Lisbonne" et précise qu'"une information fiable est nécessaire pourbien comprendre ce défi majeur du 21ème siècle". M. Henri MALOSSE, président dela section spécialisée "Union économique et monétaire, cohésion économique etsociale" du CESE et rapporteur de l'atelier sur l'amélioration de la coopérationdans le cadre de la stratégie de Lisbonne, souligne "qu'il faut renommer lastratégie afin qu'elle soit mieux comprise et mettre l'accent sur la croissancedurable, l'emploi et la compétitivité".

Assurer son efficacité La conférence adopte une approche originale, voire audacieuse, concernant laquestion essentielle des moyens de re-dynamiser la stratégie de Lisbonne, "l'unedes stratégies les plus importantes du 21ème siècle" comme la qualifieM. O'SULLIVAN ou encore "une stratégie essentielle pour garantir à l'Europe unavenir prospère", selon les termes de M. REGALDO.

La réflexion est amorcée par une remarque de M. BRIESCH qui déclare "la volontépolitique est là mais la mise en œuvre sur le terrain fait défaut". "Il faut encoreque nous joignions l'acte à la parole … Ce dont nous avons besoin, ce sont desefforts comparables à ceux déployés en vue d'instaurer le marché unique et la

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4.

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monnaie unique … Nous avons besoin d'une sorte de New Deal ou de nouveauPlan Marshall !", ajoute-t-il.

M. TELÒ lance un appel en faveur d'"une direction légitime pour les grandespolitiques", comme le Conseil de printemps était censé le prévoir. Il ajoutenéanmoins que cela ne sera possible que si la Commission européenne assure lacontinuité et si la politique macroéconomique est renforcée.

M. O'SULLIVAN reconnaît que la situation économique générale s'est détérioréedepuis l'adoption de la stratégie, ce qui place l'Union européenne devant un choixclair. "Nous devons maintenant décider si nous maintenons les objectifs et prenonsles mesures pour les atteindre", déclare-t-il sans laisser planer le moindre doutequant à son opinion. En dépit de circonstances plus difficiles, les objectifs sontplus actuels que jamais, précisément parce qu'ils sont maintenant plus urgents.

M. SEPI qui parachève son projet de rapport du CESE au vu des conclusions de laconférence, examine attentivement les moyens de passer du diagnostique de lamaladie à la prescription qui permettra de recouvrer la santé. "Nous devons aller del'avant et nous demander pourquoi les progrès sont inexistants", déclare-t-il. "Lesobjectifs sont toujours d'actualité mais qu'en est-il des mécanismes et de la volontépolitique?" La solution qu'il propose pour tirer parti des potentialités de l'Europeconsiste entre autres à "s'engager sur la voie d'une croissance coopérative", ce quipour lui signifie éviter la concurrence entre les États membres, coordonner lesbalances commerciales et relancer progressivement la demande, notamment par lebiais d'investissements publics judicieux. "Il ne devrait y avoir aucune concurrenceentre les États membres pour atteindre les objectifs de Lisbonne. Il appartient àchacun de créer des conditions macro-économiques sans effets négatifs sur lesautres États membres", poursuit-t-il. La politique macroéconomique devrait reposersur une "lecture intelligente" du pacte de stabilité de l'UE, en "l'adaptant à denouvelles circonstances". Ce pacte devrait être souple en matière de dépensespubliques pour ce qui concerne les grandes infrastructures et le développementsocial et de l'éducation, instaurer d'une part un cadre pour les activités européennesde recherche et de développement, pour l'instant fragmentées, et d'autre part unecertaine coordination dans le domaine fiscal et enfin mettre l'accent sur la sociétécivile et la coopération entre les syndicats et les employeurs.

M. MONKS exprime un point de vue similaire sur la nécessité de revoir la priorité."Faute d'une impulsion rapide soutenue par les partenaires sociaux et la sociétécivile assortie d'un engagement en faveur des principes de Lisbonne pour qu'aux

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ambitions correspondent des actions concrètes, ces objectifs continueront des'éloigner". M. MONKS propose notamment de "desserrer les contraintes quipèsent sur la créativité et l'esprit d'innovation", aspect essentiel à ses yeux.

Mme RODRIGUES estime qu'il est temps de passer à la prochaine étape de lastratégie de Lisbonne, à savoir veiller à la mise en œuvre au niveau national etlocal des 300 mesures mises au point au niveau communautaire. Actuellement, "ilmanque quelque chose: il n'existe qu'un lien lâche entre le niveau communautaireet national, tant pour le gouvernement que pour la société civile". Certains desdéfis immédiats sont pragmatiques, notamment l'adoption de mesuressupplémentaires visant à étendre les communications à large bande, à créer unsecteur du contenu numérique, à élargir les services d'administration en ligne, àpoursuivre le développement des services financiers, à créer une sociétécognitive et prêter attentionà l'exclusion que subissentles immigrants. "Nousdevons concilier l'approchedescendante et l'approcheascendante", déclare-t-elle.Elle reconnaît toutefois lanécessité d'aller au-delà :"Nous avons avant toutbesoin de volonté politique".

… stimuler la croissance …

Pour M. REGALDO, la clé de toute la stratégie consiste à inspirer confiance auxentreprises afin de stimuler la croissance, "parce que sans croissance, nous neserons pas en mesure de garantir le modèle durable de cohésion sociale". Pourfaire face aux pressions venant des États-Unis, de l'Extrême-Orient et, comptetenu de l'élargissement imminent et de l'adhésion de pays dont les revenus sontplus faibles, "nous devons changer quelque chose". À cet égard, il évoque "lesréformes des structures de capitaux, l'amélioration de l'efficacité du marchéintérieur et l'investissement dans la société de l'information".

M. SAPIR maintient que la croissance doit être la première priorité de l'Unioneuropéenne. "Le modèle social européen dépend de la reprise de la croissance",déclare-t-il en invitant à une utilisation plus créative du budget communautaire

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Roger Briesch, David O'Sullivan, Professor Maria João Rodrigues

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afin de dynamiser la croissance. M. VEVER fait lui aussi observer que la croissanceest nécessaire au processus si l'on veut qu'il soit couronné de succès. "Réparer lemoteur n'a aucun sens s'il n'a pas d'essence", déclare-t-il. Il invite à créer "unvéritable marché unique européen qui, en encourageant l'investissement, soit unesource de croissance".

Mme HORNUNG-DRAUS souligne la nécessité de placer la compétitivité au centrede la politique et d'achever le marché intérieur. Elle met également en gardecontre "des lourdeurs administratives excessives qui entravent l'action desgouvernements nationaux et de la société civile et limitent l'innovation".

… tout en tenant compte que ces différents objectifsforment un tout …

Selon Mme Christa RANDZIO-PLATH, présidente de lacommission économique et monétaire du Parlementeuropéen, la stratégie devrait poursuivre deux priorités, lacroissance économique et la création d'emplois. M. RobertLINDLEY, professeur à l'université de Warwick, invite àadopter une approche globale accordant la mêmeimportance aux dimensions sociale et économique, oud'après ses termes, à l'équité et à l'efficacité.

Pour M. ALHADEFF, concrétiser le texte de Lisbonne peut bien revenir à libéraliserl'Europe et à la rendre plus compétitive et plus flexible mais il faut égalementveiller à ce que les gouvernements apportent à leurs citoyens les connaissancesleur permettant d'évoluer dans un monde nouveau. Il faut pour ce faire convaincreles ministres des Finances de dégager des fonds. M. Frank ALLEN, membre de laCES, recommande également d'investir dans l'éducation afin de mettre en place unenvironnement favorable à l'innovation et à la créativité, notamment parmi lesmoins favorisés, les personnes marginalisées et celles qui ont quitté l'école jeunes.

Pour atteindre les objectifs de Lisbonne, "nous devons créer 15 millions denouveaux emplois au cours des sept prochaines années", observe M. RainerHOFFMANN, secrétaire général adjoint de la Confédération européenne dessyndicats. "Nous ne pouvons y parvenir que si nous mettons effectivement enœuvre la Stratégie de Lisbonne", affirme-t-il, ce qui passe par des investissementsdans l'éducation, c'est-à-dire dans l'avenir.

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Christa Randzio-Plath

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M. Dirk JARRÉ, du Conseil international de l'action sociale, souligne que lastratégie de Lisbonne combine une stratégie économique et sociale et uneprotection et que des prestations sociales adéquates constituent une partieintégrante du modèle social européen qui suppose solidarité, justice économiqueet sociale et respect de l'environnement. M. Titti DI SALVO, de la Confédérationgénérale italienne du travail, reprend la même idée qu'il formule différemment: "laréussite de la stratégie de Lisbonne sera évaluée en fonction du degré depréservation du modèle social européen".

M. SIMPSON, faisant état des réflexions de l'atelier sur l'association des citoyens,soulève la question d'éventuelles obligations nées des demandes de participation.La mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne dépendant de tant d'acteurs, il estpossible que la société civile doive faire plus que se cantonner simplement à uneparticipation passive, recueillant uniquement des informations. "Elle devraitexprimer des points de vue et influencer le cours des choses, voire prendre elle-même des engagements", indique-t-il. Cela supposerait toutefois d'être disposé àfaire des sacrifices dans l'intérêt de tous. Il précise qu'il sera peut-être nécessaired'accepter des suppressions d'emplois dans des domaines non durables et deconcentrer les ressources sur le passage à une économie de la connaissance afind'offrir à la prochaine génération une meilleure qualité de vie.

Assurer l'équilibre"La force de l'approche de la stratégie de Lisbonne résidedans l'équilibre sur lequel elle se fonde", déclareMme RODRIGUES tout en reconnaissant "qu'il n'est pasfacile de concilier compétitivité, amélioration quantitativeet qualitative de l'emploi, cohésion et protection del'environnement".

Pat Cox:"Les termes du débat sur la stratégie de Lisbonnedoivent changer. Il faut agir et non égrener des platitudes".

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5.

Pat Cox

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M. Pat COX, Président du Parlement européen, établit clairement le lien entresolidarité, croissance et création de richesses durables. "C'est à ceux qui refusentde reconnaître que ces différents aspects vont de pair, qu'il revient d'apporter desexplications. Comment parviendrons-nous à préserver la solidarité socialeeuropéenne?"

Au cours de la conférence du CESE, cet équilibre n'allait toutefois pas toujours desoi. Des questions aussi délicates que les dépenses publiques, la politique enmatière de produits chimiques et le dialogue social ont davantage donné lieu àdes débats animés plutôt que débouché sur un équilibre.

… priorité à l'économie ou au social ? …

De nettes différences sont observées quant à la place qu'il convient de donner àchaque composante de l'équilibre économique et social. Certains établissent unehiérarchie dans laquelle la croissance économique l'emporte sur d'autresconsidérations. Principal représentant de cette approche, M. Rocco BUTTIGLIONE

rappelle que le modèle social européen "repose sur unecroissance compétitive" et que "l'investissement est la clefde la stratégie de Lisbonne et de la compétitivitéparallèlement à la révolution technologique".

Rocco Buttiglione:"Ne croyez pas que des politiques ambitueuses, tellescelle qui consisterait à consacrer 3% du PIB auxinvestissements de recherche et développement sontimpossibles. Nous disposons du plus grand potentielqui soit, mais il nous faut le libérer ".

M. O'SULLIVAN est sur la même ligne. Le modèle social est essentiel maistributaire de certains impératifs. Il faut en outre montrer "comment nouscomptons créer la richesse pour le financer". Renforcer les entreprises est "unpréalable à d'autres objectifs en matière d'emploi, de protection sociale et deprotection de l'environnement", déclare M. DE BUCK affirmant que "rien ne peutêtre considéré comme acquis" et que le volet économique est "essentiel". Il poseen outre la question des modalités de création d'un marché intégré, dans lesdomaines de l'énergie, des télécommunications, des chemins de fer ou desservices postaux, sans recourir à une approche descendante.

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Rocco Buttiglione

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M. REGALDO déclare qu'il faut promouvoir l'espritd'entreprise. Tout en reconnaissant que "nous devonsconcilier à l'européenne les aspects économiques etsociaux de la compétitivité", Mme HORNUNG-DRAUSsouligne néanmoins que "l'accent doit porter sur larationalisation de l'économie". "Nous devons développerl'esprit d'entreprise et nous avons besoin d'une meilleureréglementation et d'innovation", ajoute-t-elle.

L'autre approche réunit ceux qui préconisent d'accorder uneattention identique aux volets social et environnemental de la stratégie de Lisbonne.

M. JARRÉ rejette les demandes, qu'il qualifie de "ridicules", formulées par les milieuxd'affaires qui considèrent que les préoccupations sociales et environnementalesatteignent des niveaux "exorbitants" et "nuisent à la compétitivité". Il affirme que lesinvestissements dans la politique sociale "ne constituent pas un fardeau pour lasociété mais un facteur essentiel pour la production". Bien que "nous devions nousmoderniser et nous adapter, une politique sociale active offrant véritablementprotection, éducation et sécurité sociale est la meilleure garantie pour lacompétitivité et le succès économiques", poursuit-il.

M. MONKS considère que le dialogue social "risque de passer de mode" face à"l'hypothèse que plus que les relations industrielles traditionnelles avec lestravailleurs, une action gouvernementale déterminée et l'esprit d'entreprisefaçonneront une nouvelle Europe".

M. HONTELEZ évoque "la nécessité de contrôler l'outil qu'est la croissance afin demettre l'accent sur la qualité de vie et l'exclusion sociale". M. ALHADEFF déclaresans détour "je m'inquiète quand j'entends certaines personnes affirmer que

l'économie doit être la principale préoccupation : lastratégie de Lisbonne s'articule autour de trois dimensions,ce qui suppose de tenir compte également des voletssocial et environnemental".

M. HOFFMANN rejette les points de vue qui considèrent laréforme structurelle comme une panacée et estime que lapolitique communautaire en matière de marché uniquen'était rien d'autre qu'une stratégie de déréglementationqui n'a pas sa place dans l'agenda de Lisbonne.

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Reiner Hoffmann

Giacomo Regaldo

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Il voit dans le pacte de stabilité "un corset qui fait obstacle à notre développement"et invite à "en faire une utilisation plus intelligente". Il évoque des nuances et uncertain degré de flexibilité afin de tenir compte de l'inflation de chaque pays et dela dette publique et "d'accorder, à certains États membres de la zone euro, unemarge de manœuvre face à la situation économique difficile que nous connaissonsactuellement". Il formule également un certain nombre de recommandationsprécises : accroître le financement public en matière de recherche et dedéveloppement ainsi que dans d'autres domaines "de l'investissement publicproductif", ce que, comme il le précise, le pacte de stabilité ne permet pas sous saforme actuelle, et enfin fournir des services publics adéquats.

M. Michel NOLLET, membre du CESE et président honoraire de la Fédérationgénérale du travail de Belgique (FGTB), dénonce vivement les contraintes pesantsur les dépenses publiques. Les questions fondamentales consistent d'après lui àdéterminer comment inciter les consommateurs à la confiance en matièred'emploi, de retraite, de santé et de sécurité sociale. "Tel est ce dont nous avonsbesoin pour dynamiser la croissance et si nous parvenons au juste équilibre, laconfiance concernant le volet social favorisera la consommation".

M. MONKS brosse le tableau d'une Union européenne "enserrée dans unementalité qui considère que des mesures anticycliques sont moralement uneerreur ou vont à l'encontre d'un code". Il récuse l'idée selon laquellel'assouplissement des contraintes pesant sur l'investissement public serait "uneporte ouverte à une extrême prodigalité et à une approche qui, axée sur desdépenses à tout va, conduirait à une catastrophe économique". Il juge absurdeque "dans la première économie mondiale, on attende la croissance des États-Unispour nous sortir des déficits" et qualifie le pacte de stabilité de "stupide".

M. O'SULLIVAN réagit vivement aux critiques à l'encontre du pacte de stabilité. "Ce n'est pas le pacte de stabilité qui fait obstacle à la croissance", déclare-t-il."L'obstacle réside dans les choix économiques faits par le passé. Le débat sur lacroissance n'est pas un débat sur les dépenses publiques", affirme-t-il avant depoursuivre "compter uniquement sur les dépenses publiques ne constitue plusune solution durable. C'est d'un changement structurel dont nous avons besoin".

"Pourquoi sommes-nous toujours derrière les États-Unis?", demandeM. O'SULLIVAN. "Nous devons nous demander si notre politique économique estdurable", précise-t-il. "Nous devons nous efforcer de comprendre les composantesperformantes d'une politique intégrée de développement durable; dans quels

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domaines nos résultats sont-ils satisfaisants et dans quels autres ne le sont-ilspas?", déclare-t-il. "Ce sont ces questions que nous devons nous poser".

M. BUTTIGLIONE ne fait à cet égard aucune concession. Rejetant l'approchekeynésienne, il maintient que "nous ne pouvons envisager de soutien à lademande; nous disposons dans l'Union européenne d'une constitutionéconomique qui interdit toute manipulation d'objectifs anti-inflationnistes.L'approche doit donc porter sur l'offre".

… priorité à l'économie ou à l'environnement ? …

La politique que l'Union européenne commence à mettre en place en matière deproduits chimiques, critiquée par le secteur pour être trop contraignante, figureparmi les questions d'actualité qui donnent lieu à de nettes divergences de vues.Mme HORNUNG-DRAUS déclare qu'une politique "irréaliste"en matière de produits chimiques "mettrait en cause unnombre considérable d'emplois". Comme l'explique M.BUTTIGLIONE, son point de vue quant à l'équilibre entrel'environnement et les préoccupations concernant lacompétitivité dans la politique de l'UE en matière deproduits chimiques repose sur le fait que l'Union doit être enmesure de faire face à "la concurrence chinoise, paysdépourvu de réglementation environnementale, et à celledes États-Unis où les règles sont très peu nombreuses".

M. O'SULLIVAN adopte une approche tout aussi pragmatique. "Nous devonsaccepter les arguments des entreprises quand elles disent qu'il existe dans l'Unioneuropéenne un problème au niveau de la compétitivité ou de l'investissement.Nous devons écouter et prendre ce défi au sérieux. Nous ne pouvons nouspermettre d'avancer sur les autres points de l'agenda tant que cela ne fonctionnepas, même si l'on fait alors des choix en faveur du volet social".

De nombreux appels sont toutefois lancés en faveur d'une approche plusfavorable à l'environnement dans la position de l'Union européenne vis-à-vis desproduits chimiques, comme l'illustrent les points de vue exprimés parM. HONTELEZ. Ce dernier explique qu'il a été "très décevant de voir que laCommission européenne est soumise à des pressions venant de toutes parts pourréduire ses ambitions concernant les produits chimiques". Il accuse le secteur

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Renate Hornung-Draus

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"d'alarmisme et de désinformation" et lui reproche de formuler des demandesexagérées concernant l'incidence des nouveaux contrôles proposés par l'Unioneuropéenne. "L'ensemble des programmes environnementaux au sein de l'UE ontdonné lieu à ce type de craintes infondées", affirme-t-il et de conclure que "seulun changement fondamental d'attitude et de mentalité permettra une véritableprise en compte de l'environnement dans la stratégie de Lisbonne".

M. BRIESCH rejette toute "logique d'antagonismes" et rappelle "il faut que nousnous efforcions plutôt de réaliser une Europe de l'inclusion, moderniser le modèlesocial européen et relever le défi de la mondialisation". Cela signifie à ses yeux"un investissement accru dans le développement d'une société cognitive, dansl'innovation, dans de nouveaux savoirs et dans de nouveaux emplois".

Lien avec les mesures nationalesD'une manière générale les participants à la conférence sont convenus quel'instauration d'un lien plus étroit entre l'action menée au niveau communautaireet national figure parmi les préalables au succès de la stratégie de Lisbonne.Comme l'indique M. TELÒ, "la stratégie de Lisbonne n'est pas un deus exmachina", bon nombre des questions qu'elle aborde relevant essentiellement duniveau national. Le Conseil de l'Union européenne peut se pencher sur cesquestions et élaborer des directives relatives à de meilleures pratiques mais, endéfinitive, les résultats dépendent de l'action des États membres.

M. O'SULLIVAN insiste sur ce point."Le véritable défi ne réside pasdans ce que nous faisons auniveau de l'Union européenne maisdans les choix opérés au niveaunational et là encore nous nesommes pas parvenus à expliquerclairement que l'Union européennene peut que fournir un cadre,accompagner les changements".

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6.

Reiner Hoffmann, Professor Maria João Rodrigues, Philippe de Buck

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D'après les conclusions de l'atelier sur le partenariat organisé dans le cadre de laconférence, "les procédures nationales de négociation doivent être renforcées afinde préparer le terrain à des réformes négociées" et à "un large partenariat en vued'élaborer des plans d'action nationaux relatifs à la stratégie de Lisbonne".

Mme HORNING-DRAUS fait observer que la stratégie de Lisbonne englobeplusieurs domaines d'action qui relèvent davantage de la compétence du niveaunational que communautaire et que, pour achever le marché intérieur, "desréformes douloureuses seront nécessaires au niveau national". Son collègue del'Unice, M. DE BUCK, invite non seulement à une action plus ferme de la part dela Commission européenne contre le non-respect des engagements par les Étatsmembres, mais il expose également clairement sa position aux membres del'Unice qui font face aux défis si fondamentaux de la stratégie de Lisbonne: "je disaux représentants nationaux: n'attendez pas de nous au niveau communautaireque nous résolvions des questions sociales nationales. Nous ne sommes pas làpour résoudre vos problèmes. C'est à vous de le faire, en Belgique ou enAllemagne …".

Mme RODRIGUES se montre également très critique à l'égard des manquementsdes États membres. "Il est essentiel, dit-elle, que les engagements pris par lesministres à Bruxelles soient mis en œuvre dans les États membres". Elle accusecertains États membres de pratiquer un "double langage" en disant une chose lorsdu Conseil et une autre à leur opinion nationale. Il est également nécessaire, dit-elle, que, dans ses contacts avec les États membres, la Commission européenneélabore des méthodes de travail plus efficaces qui s'accompagnent d'uneapproche globale de la stratégie de Lisbonne, ce qui deviendraparticulièrement important compte tenu de l'arrivée en 2004des nouveaux adhérents.

Professor Maria João Rodrigues: "Les citoyens européenns ne parviennent pas à faire le lienentre les décisions européennes et leur vie de tous les jours".

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Professor MariaJoão Rodrigues

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Le Comité économique et social européen,la stratégie de Lisbonne et la conférenceAllocution d'ouverture de Roger Briesch, Président du CESE

Roger Briesch:"I l faut une nouvelle initiative des gouvernements quinous prémunisse contre toute fracture en Europe.Nous ne devons pas nous laisser entraîner sur la voied'approches différentes pour la vieille et la nouvelleEurope".

En début d'année, le Comité économique et social européena répondu avec enthousiasme à la demande de laCommission d'élaborer un avis exploratoire sur la stratégie de Lisbonne… LaCommission avait en effet invité le Comité à "faire ressortir l'impact global que laStratégie de Lisbonne a eu jusqu'à maintenant, intégrer une perspective de longterme et fournir une évaluation qualitative et quantitative des progrès accomplisdans la mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne dans ses trois dimensionscentrales (à savoir l'économique, la sociale et l'environnementale). L'avis pourraitenfin identifier les secteurs dans lesquels il faudrait prévoir de nouveaux efforts,voire d'éventuelles nouvelles initiatives politiques".

Cet avis est maintenant en préparation et le Comité tire parti de l'engagement etde l'expérience de ses membres pour apporter une contribution importante auxefforts déployés en vue de réaliser les objectifs de la stratégie de Lisbonne.

J'ai également approuvé le Président PRODI lorsqu'il a estimé que le Comité et laCommission devraient organiser une conférence et y inviter toute une séried'acteurs de la société civile pour contribuer à la préparation de l'avis. C'est laraison pour laquelle vous êtes ici aujourd'hui.

Votre contribution à notre réflexion collective sera un élément essentiel dans lapréparation du document qu'élabore le Comité. Cela permettra au Comité demettre davantage en lumière les problèmes auxquels l'Union élargie est confrontéedans la réalisation des objectifs de Lisbonne.

Votre expérience en tant qu'acteurs sur le terrain et vos succès et échecs dans larecherche d'une économie plus compétitive constituent une contributionessentielle de la base citoyenne sur laquelle l'UE pourra se fonder à l'avenir…"

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Roger Briesch

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Participation plus large à la stratégie de LisbonneToutefois, le message qui se dégage avant tout de cette conférence du CESEinsiste sur la nécessité d'instaurer des liens plus clairs non seulement entrel'Union européenne et ses États membres mais également entre la stratégie deLisbonne elle-même et ceux à qui elle s'adresse, c'est-à-dire les citoyenseuropéens et la société civile organisée.

M. BRIESCH, dès le début de la conférence, expose la nécessité d'unecompréhension claire parmi les citoyens européens, "pour, dit-il, créer une visionpositive pour l'avenir basée sur la participation des citoyens, afin de garantir unerépartition plus équilibrée de la richesse et des surplus produits par la technologiemoderne. Sans cela, si l'Europe ne devient pas visiblement plus compétitive, il seradifficile de convaincre les citoyens européens et de gagner leur cœur. L'approchede Lisbonne doit être ramenée au niveau de notre vie quotidienne".

M. ROCHE qualifie la Stratégie de Lisbonne "d'obligation unique pour lesdirigeants" de faire le lien entre les politiques économique, sociale et dedéveloppement durable "en mettant l'accent sur les citoyens, c'est-à-dire lesprincipaux acteurs du projet européen". Il estime que "la stratégie de Lisbonnedoit s'ancrer dans l'attitude quotidienne de nos concitoyens et doit leur parler …La contribution et la coopération des organisations sociales européennes sontessentielles à l'adhésion à l'objectif de Lisbonne".

M. O'SULLIVAN reconnaît les lacunes en la matière. "Si nous sommes honnêtesavec nous-mêmes, nous avons effectivement un problème d'image. Nous n'avonspas suscité l'imagination de l'opinion … Nous n'avons pas expliqué aux citoyensce qu'est la stratégie de Lisbonne et pourquoi nous faisons ces choix", admet-il."Il importe d'amener les citoyens à prendre conscience qu'elle concerne leur viequotidienne", poursuit-il. Il exprime également l'espoir de voir les dirigeants del'Union européenne "s'investir pour montrer l'importance de cette stratégie pourla société européenne". Cela est essentiel, rappelle-t-il "pour sortir le débat deBruxelles, le porter dans les capitales et les régions des États membres et associerles entreprises et la société civile à la discussion".

Mme RODRIGUES insiste sur la nécessité d'établir des liens plus étroits avec lasociété civile et les partenaires sociaux. "Il est fondamental d'atteindre lescitoyens ordinaires et de faire le lien entre leur vie quotidienne et les décisions au

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7.

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niveau de l'Union européenne". À l'instar de bon nombre d'autres participants, elleest favorable à une grande campagne d'information sur le modèle de cellesorganisées pour l'achèvement du marché unique et pour l'euro. "Il est impossiblede rencontrer le succès à ce stade du processus de Lisbonne sans uneparticipation plus active et plus large", déclare-t-elle. "Ensemble, la société civilede l'Union européenne et des États membres constitue le levier le plus puissanten Europe parce qu'elle peut toucher tous les citoyens par l'intermédiaire d'une oude l'autre composante de leur réseau, en fournissant des informations, encontribuant à déterminer les priorités et en assurant le suivi".

… ateliers et tables rondes …

Plusieurs des ateliers et tables organisés au cours de la conférence ont porté surdifférents aspects de ce défi. Présentant les travaux de son atelier, M. VEVERobserve: "tout le monde est d'accord pour dire que le succès dépend de la miseen œuvre sur le terrain et qu'elle doit se faire de manière ascendante. Elle ne peutse faire depuis des bureaux à Bruxelles. Les acteurs de la société civile ont euxaussi un rôle à jouer", déclare-t-il. Il met en garde contre le risque sinon d'une"bulle de Lisbonne", certains à Bruxelles prenant des engagements et convenantd'objectifs mais sans mise en œuvre de la part des États membres ni departicipation de la société civile. Si tel était le cas, prédit-il, "tout s'effondrera".

M. Jan OLSSON, rapporteur de l'atelier sur le fonctionnement de la stratégie deLisbonne via l'implication de la société civile organisée, établit une distinctionentre les acteurs "classiques", organisations d'entreprises et syndicats, déjà bienassociés, et les "nouveaux" acteurs, les utilisateurs finaux, les organisations enmatière sociale, de protection de l'environnement, d'éducation et de protection desconsommateurs, qui sont "moins forts" et dont "la participation est bien moindre".Dans certains pays, de nouveaux acteurs, notamment "dansle cadre des politiques d'intégration sociale et, dans unemoindre mesure, dans la stratégie pour l'emploi" sont plusétroitement associés, explique-t-il. Mais, d'une manièregénérale, la participation doit être améliorée, en particulierau niveau local, et les nouveaux acteurs doivent faire leurspreuves en termes de représentativité, de légitimité et decrédibilité, indique-t-il. "Une approche ascendante estnécessaire afin d'associer l'ensemble des acteurs".

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Kalle Kunnas

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Des participants à cet atelier expriment un certain nombrede demandes claires : pour garantir la participation de lasociété civile, la transparence est nécessaire ainsi que desrelais non seulement pour faire passer des points de vue àun stade précoce mais également pour influencer le fonddes politiques. Comme le dit M. Kalle KUNNAS, présidentdu Réseau européen des sans-emploi, "la société civile doittoujours être consultée à un stade précoce". Pour garantirson succès, la stratégie doit également être mise en œuvrepar toutes les personnes concernées, "sur la based'échanges afin de dégager des solutions fondées sur la confiance, des valeurscommunes et des objectifs communs. Il en résultera un capital social, unecohésion sociale et partant une meilleure compétitivité", précise M. OLSSON.

D'après les conclusions de l'atelier de M. OLSSON les conseils économiques etsociaux au niveau national, dans les pays qui en sont dotés, peuvent être enmesure de jouer un rôle stratégique, dans la mesure où ils regroupent tout unéventail d'acteurs de la société civile et peuvent faire leur approche globale surlaquelle repose la stratégie de Lisbonne dans la recherche de l'intérêt général.Mais les ressources entrent également en ligne de compte, comme le précise MmeEvelyne PICHENOT, membre du CESE. En France, le Conseil économique et socialmanque de liens régionaux pour relayer la stratégie de Lisbonne. Ces réflexionssont partagées par les participants à l'atelier de M. MALOSSE sur l'amélioration dela coopération qui voit dans des conseils économiques et sociaux au niveaurégional et national, ou des institutions similaires, un "cadre naturel".

La consultation de la société civile ne devrait toutefois faire l'objet d'aucunmonopole. Les conseils nationaux doivent s'ouvrir aux points de vue de la sociétécivile qui n'est pas représentée en leur sein et des procédures parallèles deconsultation au niveau régional sont également nécessaires pour associer lesacteurs locaux. Dans les pays qui ne possèdent pas de tel conseil au niveaunational, il convient de mettre en place d'autres méthodes permettant de tenircompte des positions de la société civile. M. Rober TOLLET, président du Conseilcentral de l'économie de Belgique, déclare que, à ses yeux, la société civile estsouvent sous-représentée dans ce type de débats. M. Jim MURRAY, directeur duBureau européen des unions de consommateurs (BEUC) estime que les citoyensdevraient être consultés quant aux changements qui les concernent.

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Jan Olsson

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M. MALOSSE a toutefois exposé une approche encore plus tranchée. Il rappelle saconviction qu'il est fondamental de partir du niveau local, cet échelon constituant lemeilleur moyen de tirer profit de la participation des citoyens. "Il faut absolumentque la stratégie soit partagée par les citoyens, et notamment par les forces de lasociété civile" par le biais d'une interaction entre les niveaux régional, national eteuropéen. La stratégie de Lisbonne ne saurait être une stratégie descendante,imposée du sommet, comme les participants des pays candidats l'ont suggéré,invoquant ironiquement leur propre expérience avec les plans quinquennaux, il n’ya qu'une génération de cela. Au contraire, "il faut renverser l'approche actuelle etpartir d'initiatives au niveau de la base citoyenne". Le niveau régional est en effet lemieux à même de mobiliser les forces économiques et sociales nécessaires et detirer le meilleur profit des potentialités locales en termes de ressources humaines,d'esprit d'entreprise, de patrimoine culturel et de ressources naturelles".

Il invite à exploiter pleinement tout ce qui à l'heure actuelle fonctionnecorrectement, à savoir les partenariats avec les entreprises locales créateursd'emplois et les initiatives européennes, nationales et locales qui ont déjà apportéla preuve de leur efficacité. "Il est inutile de créer de nouvelles structures ou delancer de nouveaux projets superflus", déclare-t-il. Dans le même temps, il a fallurompre avec de mauvaises pratiques qui entravent le développement, notammenten réformant les systèmes de formation obsolètes.

Il faudra à l'avenir instaurer un véritable dialogue, à l'échelon régional et local, axésur les objectifs de croissance et de compétitivité tout en accordant les mêmesdroits aux administrations, aux hommes et femmes politiques, aux acteurséconomiques et sociaux et à la société civile. Personne, au sommet, ne devrait fairepreuve d'arrogance ni ignorer la société civile. Un tel dialogue nécessite uneapproche collective, empreinte de tolérance, d'écoute et de respect mutuel. Il passeégalement par une transparence et une information accrue, tout le monde devantêtre associé si l'on entend que la réforme se fasse dans l'intérêt commun.

Il convient que l'action se fonde sur des politiques d'intégration plutôt qued'exclusion, réunissant l'ensemble des composantes de la société, y compris lespersonnes marginalisées, tous les domaines d'activité économique traditionnelle (ilmentionne l'hôtellerie et la restauration comme exemple de secteur à fortespotentialités en termes de création d'emplois et de croissance) et toutes les régions,notamment les moins favorisées. "L'intégration du principe de cohésion économiqueet sociale dans la politique revient à reconnaître la possibilité pour tous de créer de larichesse en développant leur potentiel humain et leur patrimoine naturel et culturel".

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Le principal message émanant de l'atelier de M. MALOSSE est le suivant: "n'attendezpas 2010 pour agir. Cette date trop éloignée pour les chefs d'entreprises qui tententdès maintenant de re-dynamiser leur société et pour les chômeurs qui, à l'heureactuelle, cherchent un emploi. L'Union européenne doit adopter sans délai unepolitique économique commune et prendre des initiatives en vue de favoriser lacroissance, sur les marchés financiers et dans le cadre de projets communs afin de

relancer l'économie par l'esprit d'entreprise, de nouvellesinfrastructures, la recherche et l'éducation".

Henri Malosse:"C'est pour une quasi-révolution que nous plaidons:

il faut partir d'initiatives au niveau de la basecitoyenne de l'Europe."

M. SIMPSON l'exprime très simplement: "comment amenerl'homme qui attend son train à se rendre compte que l'onparle de lui?". De la même manière, M. ALHADEFF explique

que "nous devrions employer des mots que les citoyens peuvent comprendre etdémocratiser la stratégie de Lisbonne". Il considère cette conférence organisée parle CESE comme un bon départ pour engager le dialogue entre les entreprises, lessyndicats, la société civile et les hommes et les femmes politiques. M. ALLENestime que l'enjeu consiste à amener la société civile à "s'approprier ledéveloppement de la politique sociale en Europe, de la même manière que ledéveloppement économique".

M. JARRÉ insiste lui aussi sur la nécessité "d'obtenir les réactions de l'opinioneuropéenne". "Vous ne pouvez exclure le citoyen, déclare-t-il. Il doit êtrecorrectement informé et se sentir associé afin de bâtir laconfiance et de promouvoir le développement durable. Desefforts doivent donc être déployés afin de fournir desinformations, au travers des médias bien sûr, maiségalement par l'intermédiaire de la société civile, sur unebase réciproque". Tout contrat social passe par la confiance,l'accord et la volonté de participer de l'ensemble des parties."La stratégie de Lisbonne ne peut être imposée. Elle doit êtresoutenue par les citoyens, de même que sa mise en œuvre,et cela à tous les niveaux de la société".

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Dirk Jarré

Henri Malosse

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Les entreprises approuvent-elles aussi cette position? M. DE BUCK reconnaît:"nous devons, tous ensemble, nous y prendre mieux que par le passé". MmeHORNUNG DRAUS estime que "nous devons veiller à ce que le dialogue civil soitmis en œuvre dans les faits et associe les corps concernés de la société civile,notamment les organisations caritatives ou celles qui représentent les chômeursde longue durée ou les demandeurs d'asile".

Table ronde:"La stratégie de Lisbonne,priorité pour une élite?Que peut-elle offrir aucitoyen ordinaire?"

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Contributions du Comité économique et socialeuropéen à la stratégie de LisbonneAvant le Conseil européen de Lisbonne, en mars 2000, le Comité économique etsocial européen a adopté un avis sur le thème "Emploi, réforme économique etcohésion sociale - Vers une Europe de l'innovation et de la connaissance".

Lors d'une conférence organisée au Portugal la semaine précédant le Sommet, leComité a avancé des idées concernant l'inclusion sociale et la lutte contre lechômage, l'achèvement du marché unique et l'exploitation du potentiel del'économie de la connaissance, le défi consistant à concilier de manièreéquitable les différents intérêts en présence et à trouver un nouvel équilibreentre flexibilité et cohésion sociale, ce qui suppose d'améliorer les compétencesde la main d'œuvre dans l'UE.

En 2003, le Comité a adressé une résolution au Conseil de printemps, mettanten exergue la situation difficile de la stratégie de Lisbonne et appelant toutes lesinstitutions de l'UE, les États membres, les régions, les partenaires sociaux et lasociété dans son ensemble à appuyer de tout leur poids le renouveauéconomique, social et environnemental en Europe. Dans cette résolution, leComité invitait également les États membres, mais également les institutionseuropéennes, les régions, les partenaires sociaux et la société civile dans sonensemble à s'engager davantage à œuvrer en faveur des objectifs de Lisbonne,notamment en présentant des rapports détaillés d'avancement des travaux."

Le Comité a également affirmé sa conviction que les citoyens d'Europepossèdent bel et bien la capacité d'innover et d'entreprendre et que nous devonslibérer tout ce potentiel. Le message clé est le suivant: l'Europe dispose de lafaculté d'innover, de la créativité, de la connaissance et de l'esprit d'entreprisenécessaires pour figurer en bonne place dans le nouveau modèle fondé surl'innovation et la connaissance, mais encore faut-il libérer ce potentiel.

Enfin, ce document illustre la contribution apportée au Conseil de printemps 2004sous la forme des délibérations de la Conférence des 8-10 octobre 2003.

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Rôle du CESEL'autre domaine faisant l'objet d'un large consensus est la force motrice queconstitue le Comité économique et social européen pour faire progresser lastratégie de Lisbonne sur tous les fronts, notamment à travers ses liens avec lasociété civile, domaine dans lequel le CESE a joué un rôle de pionnier.

"Le Comité économique et social européen doit continuer d'avoir un rôle pro-actifdans la conception et le suivi de la stratégie de Lisbonne", telle est la conclusion àlaquelle parvient le groupe de travail de M. OLSSON.

L'atelier de M. MALOSSE estime que le CESE pourrait jouer un rôle d'initiateur plusque de simple coordinateur ou facilitateur, notamment en matière d'initiatives

transfrontalières, comme avec les nouveaux adhérents etles pays candidats. "Le CESE pourrait réunir ces aspects enune synthèse européenne", déclare M. MALOSSE.

M. Sepi déclare: "Le Comité économique et social européen estessentiel dans ce processus. Notre rôle consiste ànouer des liens en utilisant nos contacts avec lasociété civile et à en relayer les points de vue dansnotre rapport".

Tous les participants conviennent également de l'opportunité de cette conférence duCESE. Comme le fait observer M. SEPI, même si la stratégie de Lisbonne "manque deméthode et de volonté politique", elle est "véritablement engagée" et donc "lemoment est bien choisi pour procéder à une première évaluation et apporter lesmodifications nécessaires à l'approche, même si les objectifs restent inchangés". M. SEPI estime également que le calendrier est approprié dans la mesure où ilcoïncide avec la conférence intergouvernementale qui élabore le nouveau traité del'Union européenne et offre par conséquent la possibilité de concevoir une nouvelle"méthode coopérative" pour la stratégie de Lisbonne.

La reconnaissance du rôle du CESE vient tant de l'extérieur que de l'intérieur. "Noussommes reconnaissants au Comité économique et social de ses avis, indique M.BUTTIGLIONE. Ils illustrent la coopération concrète au niveau économique et social".Il constate également que la composition du Comité économique et social européentraduit bien le modèle social européen.

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8.

Mario Sepi

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Mme RODRIGUES observe que le CESE, "avec ses contacts auprès des autresinstitutions, peut jouer un rôle essentiel pour les ONG en favorisant ce processusde participation". Elle salue également le lien avec la CIG qui se tient actuellement.Les discussions concernant le nouveau traité peuvent soutenir la stratégie deLisbonne parce qu'elles "contribueront à accorder les approches nationales etcommunautaire". Il est à cet égard opportun que le CESE lance ce signalmaintenant, conclut-elle.

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La conférence du CESE a peut-être apporté un éclairage nouveau sur la stratégie deLisbonne.

Jusqu'à présent, les ambitions de la stratégie de Lisbonne en vue de la créationd'un processus d'intégration sont restées dans une large mesure purementdéclaratoires. Cette conférence tenue à Bruxelles au mois d'octobre a, pour lapremière fois, réuni un échantillon représentatif de toute une série de groupesd'intérêt qui devront être associés à la stratégie de Lisbonne si l'on souhaite sapleine concrétisation.

Des hommes et des femmes politiques européens de premier plan se sont retrouvéset se sont entretenus, attentifs à leurs observations, avec les représentants de certainsgroupes qui, en Europe, ont pour le moment le sentiment d'être laissés à l'écart duprocessus de Lisbonne, a savoir les demandeurs d'emploi, les retraités, les personneshandicapées ou marginalisées. En présence d'un large public, des représentants desemployeurs et des syndicalistes ont échangé leurs points de vue contradictoires quantaux moyens de réconcilier croissance et cohésion sociale, objectif qui sous-tend lastratégie de Lisbonne. Des fonctionnaires, chefs d'industrie et défenseurs del'environnement ont exposé en toute franchise leurs positions concernant l'équilibreentre les objectifs de Lisbonne que sont la croissance et le développement durable.

Il s'agit là d'une réalisation considérable.

Toutefois, éclairer d'un jour nouveau ne signifie pas revisiter. Si la conférence duCESE a offert un aperçu de ce qu'il reste à accomplir pour concrétiser le concept destratégie de Lisbonne pour l'Europe – et pour la société civile de l'Union – desprogrès significatifs doivent être réalisés au-delà de ce nouvel éclairage.

Un certain nombre des idées soulevées au cours de la conférence du CESE méritenteffectivement un examen attentif …

Bon nombre de questions essentielles doivent toutefois encore être résolues …

Des conclusions non pas philosophiques mais plutôt opérationnelles doiventencore être tirées de la conférence du CESE elle-même, notamment concernant lesmodalités permettant aux discussions entre les différents acteurs de déboucher surun authentique échange d'idées plutôt que sur la simple répétition de points de vuedivergents. Tel est le véritable défi d'une "Union plus participative" qui tiennecompte de la société civile organisée.

S'il est possible d'y parvenir, peut-être le nouvel éclairage apporté par la conférencepourra-t-il également ouvrir la voie à un itinéraire commun vers les objectifs deLisbonne.

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VERS UNE DÉMARCHE PLUS DYNAMIQUE DE MISE EN ŒUVRE DE LA STRATÉGIE DE LISBONNE

Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes2004 - 45 p. – 16 x 23 cmISBN 92-830-383-7

Numéro de catalogue : CESE-2004-001-FR