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ARTICLE ORIGINAL Chirurgie d’augmentation pénienne : lipopénosculpture d’épaississement et d’allongement Penile enhancement surgery: Widening and lengthening lipopenisculpture M. Abecassis a, * , S. Berreby b , D. Boccara b a 6, place de la Re ´ publique Dominicaine, 75017 Paris, France b Service de chirurgie plastique et esthe ´tique, ho ˆ pital Rothschild, 33, boulevard de Picpus, 75012 Paris, France Rec¸u le 28 avril 2008 ; accepte´ le 7 fe´vrier 2009 MOTS CLÉS Greffe adipocytaire ; Allongement de verge ; Lipopénosculture Résumé La chirurgie esthétique des organes génitaux masculins répond à une demande sans cesse croissante. Le but de cet article est de décrire notre technique d’augmentation de verge, les bénéfices et les complications pouvant en découler. Patients et me´thodes. Nous avons réalisé près de 2000 interventions depuis 1992. Forts de notre expérience et après avoir réussi à standardiser nos techniques, nous avons réalisé une étude rétrospective sur 103 patients opérés entre 2004 et 2006. Nous détaillerons ainsi les deux volets de notre prise en charge, notre méthode et les résultats obtenus en postopératoire, à trois mois et à un an de la chirurgie. Re´sultats. Dans la plupart des cas, l’association d’une greffe adipocytaire de la verge, d’une section du ligament suspenseur et d’une plastie cutanée adéquate s’avèrent nécessaires à l’obtention d’un gain en termes d’allongement et de circonférence. Un an après, le gain est d’environ 2,7 cm en longueur, soit 28 % de la longueur totale, et de 2,6 cm de circonférence, soit 27 % de la circonférence totale. Les complications (nécrose cutanée, hématome, lymphœdème, dysharmonie...), si elles existent, sont pour la plupart spontanément résolu- tives. Conclusion. L’association d’une greffe adipocytaire de la verge et d’une section du ligament suspenseur permet de répondre dans la grande majorité des cas aux attentes des patients. Cependant, des séances supplémentaires de greffes adipocytaires sont parfois nécessaires pour obtenir un résultat satisfaisant. # 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Adipose tissue Summary The male genitalia cosmetic surgery matches an ever growing need. The aim of this study is to describe our penile lengthening and widening procedures, the benefits and complications that could result from it. Annales de chirurgie plastique esthétique (2010) 55, 135142 * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Abecassis). 0294-1260/$ see front matter # 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.anplas.2009.02.001

Chirurgie d’augmentation pénienne : lipopénosculpture d’épaississement et d’allongement

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ARTICLE ORIGINAL

Chirurgie d’augmentation pénienne :lipopénosculpture d’épaississement et d’allongementPenile enhancement surgery: Widening and lengthening lipopenisculpture

M. Abecassis a,*, S. Berreby b, D. Boccara b

a 6, place de la Republique Dominicaine, 75017 Paris, Franceb Service de chirurgie plastique et esthetique, hopital Rothschild, 33, boulevard de Picpus, 75012 Paris, France

Recu le 28 avril 2008 ; accepte le 7 fevrier 2009

MOTS CLÉSGreffe adipocytaire ;Allongement de verge ;Lipopénosculture

Résumé La chirurgie esthétique des organes génitaux masculins répond à une demande sanscesse croissante. Le but de cet article est de décrire notre technique d’augmentation de verge,les bénéfices et les complications pouvant en découler.Patients et methodes. — Nous avons réalisé près de 2000 interventions depuis 1992. Forts denotre expérience et après avoir réussi à standardiser nos techniques, nous avons réalisé uneétude rétrospective sur 103 patients opérés entre 2004 et 2006. Nous détaillerons ainsi les deuxvolets de notre prise en charge, notre méthode et les résultats obtenus en postopératoire, à troismois et à un an de la chirurgie.Resultats. — Dans la plupart des cas, l’association d’une greffe adipocytaire de la verge, d’unesection du ligament suspenseur et d’une plastie cutanée adéquate s’avèrent nécessaires àl’obtention d’un gain en termes d’allongement et de circonférence. Un an après, le gain estd’environ 2,7 cm en longueur, soit 28 % de la longueur totale, et de 2,6 cm de circonférence,soit 27 % de la circonférence totale. Les complications (nécrose cutanée, hématome,lymphœdème, dysharmonie. . .), si elles existent, sont pour la plupart spontanément résolu-tives.Conclusion. — L’association d’une greffe adipocytaire de la verge et d’une section duligament suspenseur permet de répondre dans la grande majorité des cas aux attentes despatients. Cependant, des séances supplémentaires de greffes adipocytaires sont parfoisnécessaires pour obtenir un résultat satisfaisant.# 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSAdipose tissue

Summary The male genitalia cosmetic surgery matches an ever growing need. The aim ofthis study is to describe our penile lengthening and widening procedures, the benefits andcomplications that could result from it.

Annales de chirurgie plastique esthétique (2010) 55, 135—142

* Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (M. Abecassis).

0294-1260/$ — see front matter # 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

doi:10.1016/j.anplas.2009.02.001
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transplantation;Penile elongationlipopenisculpture

Patients and methods. — We perform these procedures since 1992 and treated close to2000 patients. Thanks to our expertise and after succeeding in standardizing our techniques,we achieved a retrospective survey on 103 patients operated between 2004 and 2006. Wedescribe here the two processes of our operating technique and we analyse the results obtained1 month, 3 months and 1 year after the surgery.Results. — In most cases, combining a penis adipose tissue grafting, a suspensory ligamentsection and an adequate skin plasty is proven to be necessary in order to obtain both lengtheningand widening increases. One year later, the increase is about 2.7 cm in length, corresponding to28%, and 2.6 cm in circumference, corresponding to 27%. The complications (cutaneous necrosis,haematoma, lymphoedema, disharmonies), whenever they may exist, are most of the timespontaneously resolutive.Conclusion. — Combining a penile fat tissue grafting with a suspensory ligament section allowsus to answer to most of patients’ expectations. However, several liposculpturing sessions mightbe necessary in order to get satisfactory results.# 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

136 M. Abecassis et al.

Introduction

Depuis de nombreuses années, la demande d’augmentationpénienne ne cesse de s’accroître. Pour répondre à cettedemande, il a fallu mettre au point une stratégie globaletenant compte à la fois des désirs des patients et des limitestechniques.

La perception de la taille d’un pénis est souvent trèsdifférente d’un patient à l’autre en fonction de son âge etde son milieu socioéconomique. Néanmoins, la gêne occa-sionnée est parfois si grande qu’elle peut se muer encomplexe puis inhibition jusqu’à devenir un réel obstacledans les rapports sociaux et intimes.

Les dimensions de la verge sont très variables d’un sujet àl’autre. À l’état de flaccidité, elle mesure en moyenne 10 cmde long et 9 cm de circonférence. À l’érection, elle mesureen moyenne 15 cm de long et 12 cm de circonférence [1].

La verge est constituée de quatre structures érectiles etquatre enveloppes.

Les organes érectiles sont : les corps caverneux, aunombre de deux, qui s’étendent des branches ischiopubien-nes jusqu’au gland, le corps spongieux, qui engaine l’urètresur toute sa longueur, et le gland.

Les quatre enveloppes de la verge de la superficie vers laprofondeur sont :

� la peau, fine et très mobile ;� le dartos, couche musculaire sous-cutanée ;� une couche celluleuse porte vaisseaux ;� une enveloppe fibro-élastique, ou fascia, engainant les

corps caverneux et spongieux.

Le ligament suspenseur unit la verge à la paroi abdomi-nale, la symphyse pubienne et au pubis.

Il est constitué de trois lames, une médiane et deuxlatérales.

La chirurgie d’agrandissement du pénis comporte deuxvolets qui peuvent être aisément combinés : l’épaississe-ment et l’allongement.

L’épaississement de la verge a connu pendant des décen-nies l’utilisation de silicone liquide et d’autres substances decomblement (paraffine, collagène, gels de polyacrylamide,acide hyaluronique, etc.) qui se sont révélées inefficaces et

souvent nocives (granulomes de silicone dans le pénis et lescrotum, paraffinomes, migration du produit. . .) [2].

Certains auteurs utilisent la graisse dermohypodermiquecomme greffon. Celle-ci est extraite le plus souvent dans larégion sous-fessière et transférée autour des corps caver-neux [2—4].

Aujourd’hui, la greffe autologue de tissu adipeux,efficace et non nocive, s’avère être la plus fiable et la moinsdangereuse. Cette technique appliquée au pénis a pour nomla lipopénosculpture (LPS) d’épaississement [5—13].

L’allongement de la verge, plus tardif (1980), est lerésultat de la désinsertion des corps caverneux de leursattaches osseuses pubiennes, par section du ligament sus-penseur. Plusieurs techniques ont été décrites, inspiréessouvent de la chirurgie réparatrice urologique (épispadias,micropénis, maladie de La Peyronie, verges rétractées surlésions spinales, etc.) [3,14].

La pratique de ces interventions depuis prés de 17 ans apermis de fiabiliser et de standardiser nos techniques. Cetarticle a pour objectif de décrire la technique de LPS globale,associant LPS d’épaississement et LPS d’allongement, ainsique d’évaluer les bénéfices et complications pouvant endécouler.

Patients et méthodes

Patients

L’examen clinique du patient avant la chirurgie comportequatre aspects fondamentaux :

� l’évaluation du profil psychologique, des motivations etattentes ;� l’examen physique de la verge et des bourses et la recher-

che d’une dysfonction érectile ou organique (cutanée,testicules. . .) ;� les mensurations comprenant la mesure de la longueur, de

la circonférence du sexe au repos, avec prise de photo-graphies. Les mesures se prennent au moyen d’un cen-timètre souple sur un pénis étiré à 908 par rapport àl’abdomen : la longueur est évaluée du sommet de l’angledroit ainsi réalisé jusqu’au bout du gland, la circonférenceest mesurée dans les mêmes conditions. La mesure du

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diamètre par le pied à coulisse proposée par certainsauteurs n’a pas été choisie car la prise de mesure atendance à déformer latéralement la verge et à diminuerle diamètre réel [15]. Dans notre échantillon de patients,les mensurations moyennes de la verge étaient initiale-ment de 9,5 cm de longueur et de 9,3 cm decirconférence ;� l’information du patient doit être complète, précise,

suivie de la signature de son consentement éclairé. Ellecomporte le volet technique de l’intervention, les effetsbénéfiques attendus mais aussi les effets secondairespossibles, les contraintes liées à l’opération et le risqued’absence de résultat.

Un bilan biologique, notamment hormonal, peut êtreprescrit, ainsi qu’un bilan préopératoire standard.

Au total, 103 patients ont été opérés entre 2004 et 2006.L’âge moyen était de 37 ans, les extrêmes étant de 18 ans et76 ans.

La répartition des différentes catégories socioprofes-sionnelles des patients de l’étude est présentée dans leTableau 1.

Méthodes

Techniques chirurgicales utilisées dans l’étudeDepuis 1992, 1780 interventions ont été réalisées pour desallongements et des épaississements de verge. L’expérienceacquise lors de ces interventions a permis de faire évoluer lestechniques pour améliorer les résultats et minimiser aussi lerisque de complications.

La réalisation de la LPS nécessite deux étapes :

� la LPS d’épaississement ;� la LPS d’allongement.

La LPS d’épaississementExtraction des adipocytes. Elle se fait au niveau du pubis, dela région interne, externe des cuisses, de l’abdomen ouparfois des fesses.

En effet, ces sites sont riches en adipocytes à récepteursa2, peu sensibles à la diète et aux variations de poids aucontraire des adipocytes à récepteurs b1 (bras, thorax),permettant un meilleur maintien dans le temps de la greffe[16].

Nous prélevons, sans infiltration préalable, une quantitéde graisse variant entre 40 et 70 cm3, à l’aide d’une canule à

Tableau 1 Répartition des catégories socioprofessionnel-les des patients de l’étude.

Catégorie socioprofessionnelle Pourcentage (%)

Sportifs professionnels et amateurs 28Cadres, professions libérales,

fonctionnaires34

Ouvriers (qualifiés), artisans(chauffeurs), employés

26

Autres (étudiants, chômeurs,retraités. . .)

12

bout mousse de 2 mm de diamètre montée sur une seringuede 20 cm3, puis nous transférons directement la graisse sansdécantation ni ultracentrifugation, dans une seringue de10 cm3.

Mise en place du greffonNous utilisons une canule de 1,2 mm de diamètre.

La canule est montée sur une seringue de 10 ml, placéedans un dispositif conçu à cet effet, de type pistolet, dont lescrans du canon permettent, avec une pression faible etégale, une distribution harmonieuse, uniforme du greffonet un bon contrôle de ses contours.

Les points d’entrée, au nombre de deux, se situent dans lapartie ventrale et distale du corps du pénis, dans la peaupréputiale ou dans le sillon balanopréputial.

Nous avons choisi les points d’entrée au niveau du sillonbalanopréputial, immédiatement au-dessous du gland, caron est naturellement dans le bon plan anatomique ; de plus lamanœuvre est plus aisée que par un abord péno-pubien.

Le transplant est placé jusqu’à la base du pénis, à sonangle pubien ; il doit être déposé selon des travées parallèlesdans chaque couche histologique, entre la peau et la tuniquealbuginée, en respectant l’intégrité du dartos et du fascia deBuck (Fig. 1).

Le dépôt consiste en un ensemencement d’îlots sous-cutanés, en quantités égales, de 0,5 cm3 en moyenne, placésselon des travées superposées le long d’un pénis flacide, enrespectant l’intégrité de ces enveloppes [17] (Fig. 1).

L’érection artificielle peropératoire est totalement inu-tile à l’obtention d’un résultat harmonieux.

Il est important de ne pas apporter de trop grandesquantités de graisse dans le même temps afin de limiter lasurvenue de cytostéatonécrose qui pourrait avoir un effetdisgracieux et gênant pour le patient. La quantité habituellegreffée est de 50 à 70 cm3 ; les temps suivants, on greffe 70 %du greffon précèdent.

Il est également important de ne pas placer la graisse tropsuperficiellement afin d’éviter tout risque de nécrose.

Contrairement à certains auteurs [10], nous avons cesséde centrifuger les adipocytes depuis plusieurs années, neconstatant aucun bénéfice majeur à l’ajout de ce tempsopératoire, permettant ainsi de raccourcir ce dernier.

Figure 1 Ensemencement de graisse par le sillon balanopré-putial entre la peau et l’albuginée en respectant les fascias.

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La LPS d’allongement. Le geste chirurgical d’allongementconsiste en une section partielle du ligament suspenseur dela verge — dissection et incision des parties superficielles desfaisceaux médians et latéraux du ligament — et en uneplastie cutanée.

Après avoir pris pour repère la largeur du pénis au niveaude sa base, nous traçons à ses deux extrémités deux traitsverticaux d’un centimètre vers le haut, que l’on réunit par untrait horizontal. On incise la peau suivant ces traits, puis onprolonge les incisions, d’un centimètre également, vers lebas de chaque côté. On réalise deux incisions horizontales auniveau des plis naturels péno-pubiens. Une fois la peauincisée, les deux contre-incisions latérales s’ouvrent et per-mettent une première bascule du pénis vers le bas. Ondissèque entre les cordons spermatiques, que l’on veille àrespecter, pour atteindre les faisceaux du ligament suspen-seur que l’on sectionne en restant en contact avec l’ospubien (Fig. 2).

Ayant estimé le détachement maximal dans l’espace ainsicréé, on comble cet espace vide entre l’os et les corpscaverneux en rapprochant la graisse funiculaire, de façonà créer un coussinet qui empêchera un éventuel accolementsecondaire entre l’os et les corps caverneux.

On ferme le plan cutané en suturant les angles latéraux del’incision initiale à l’extrémité externe des contre-incisionslatérales. Cette phase de plastie cutanée est essentielle pourpérenniser la bascule vers le bas de l’incision initiale. Au final,la cicatrice consistera en une branche verticale médiane etdeux branches latérales au niveau du corps du pénis (Fig. 2).

La LPS globale se pratique sous anesthésie générale enchirurgie ambulatoire, elle dure en moyenne 30 minutes. Lepansement est fait au tulle gras non compressif, sous cou-verture antibiotique. Il est renouvelé quotidiennement pen-dant cinq jours.

Figure 2 Schéma de la plastie cutanée. a : avant ; b : après. D1 (D2avec B2.

Un repos sexuel est préconisé, un mois après la LPSglobale, deux semaines après l’épaississement seul.

Les patients sont revus le lendemain, à une semaine, à unmois, à trois mois et à un an.

Les principaux critères de satisfaction en dehors de l’aug-mentation pénienne globale, sont la conservation d’unaspect naturel, d’une sensibilité identique et d’une absencede gêne lors des rapports sexuels.

Résultats (Fig. 3—7)

Sur un total de 103 patients étudiés, 68 % des patients ontbénéficié d’une LPS d’épaississement seule et 32 % d’une LPSglobale, alliant épaississement et allongement.

Cinquante-quatre pour cent des patients ont eu une seuleséance d’épaississement, 28 % des patients ont eu deuxséances et 18 % des patients ont eu trois séances.

Quatre-vingt pour cent des patients ont été très satisfaitsou satisfaits et 20 % ont été peu satisfaits ou insatisfaits.

Mensurations péniennes

Le Tableau 2 indique les variations des mensurations pénien-nes (circonférence et longueur) avant l’intervention et lesgains moyens obtenus en épaississement et en longueur. Lacirconférence initiale moyenne était de 9,3 cm et les extrê-mes de 6,8 et 13,3 cm. En moyenne, le gain obtenu augmenteen rapport avec le nombre de séances réalisées chez unmême individu : après un temps - 1,5 cm, deux temps -2,1 cm, trois temps - 2,6 cm.

La longueur moyenne était de 9,5 cm et les extrêmes de 3et 11,5 cm. Le gain moyen constaté est de 2,7 cm.

) est suturé avec B’1(B’2), A’1 est suturé avec A’2, B1 est suturé

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Figure 3 Lipopénosculpture d’allongement et d’épaississement (deux séances de 60 cm3) avec trois ans de recul (B).

Figure 4 Lipopénosculpture d’allongement et d’épaississement (une séance de 73 cm3) avec deux ans de recul (B).

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Si, comme constaté chez nos 103 patients suivis, l’aug-mentation de longueur reste stable dans le temps, il n’en vapas de même pour l’épaississement.

Nous avons fait cette évaluation chez les patients quin’ont eu qu’une seule séance de greffe adipocytaire, revus àtrois mois et un an après la chirurgie afin d’évaluer larésorption du greffon adipeux.

Il s’est avéré que si le gain moyen était de 2,6 cm enpostopératoire immédiat, une résorption non négligeablesurvenait. Le gain n’était en effet plus que de 1,9 cm à trois

Figure 5 Lipopénosculpture d’allongement et d’épaississe

mois et de 1,5 cm à un an. Il est là encore essentiel d’infor-mer le patient de cette évolution.

La résorption partielle des greffons explique la nécessitéde renouveler les séances afin d’obtenir un volume suffisant.

Satisfaction du patient

Une fois le traitement achevé, les patients interrogés répon-dent à 80 % qu’ils sont satisfaits. Cependant, seuls 54 %sont satisfaits dès la première séance de greffe adipeuse.

ment (un séance de 65 cm3) avec deux ans de recul (B).

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Figure 7 Lipopénosculpture d’allongement avec 20 mois de recul (B).

Figure 6 Lipopénosculpture d’allongement et d’épaississement (deux séances de 48 puis de 50 cm3) avec 20 mois de recul (B).

140 M. Abecassis et al.

Vingt-huit pour cent ont dû bénéficier de deux séances afind’être satisfaits et 18 % de trois séances.

En effet, le gain circonférentiel moyen augmente avec lenombre de séances de LPS d’élargissement. Il va de 1,8 cmaprès une séance à 2,6 cm après trois séances (Tableau 2).

Pour l’allongement (qui se fait en une fois, section duligament suspenseur), il est en moyenne de 2,4 cm avec desextrêmes allant de 6 mm à 4 cm.

Pour les 20 % déçus du résultat, l’insatisfaction résulteprincipalement d’un élargissement insuffisant de la verge,malgré un nombre répété de séances et souvent malgré ungain conséquent de circonférence (plus de 2 cm).

Il est néanmoins essentiel d’informer le patient que legain en termes d’allongement est observé en dehors de touteérection.

Tableau 2 Mensurations du pénis en longueur et circonférenceculpture.

Mensurations

Circonférence initiale (C) 6,8 cm � C � 13,

Longueur initiale (L) 3 cm � L � 11,5

Complications

L’ensemble des complications observées est présenté dans leTableau 3.

La complication la plus fréquente est l’apparition d’unlymphoedème, avec gonflements postopératoires de laverge. La résolution de l’œdème est systématique. Il sur-vient principalement lors de la première séance. Cettecomplication est plus fréquente lors des deuxièmes et troi-sièmes séances de greffe adipeuse.

Les dysharmonies morphologiques ont été constatéesseulement lors des LPS d’épaississement, elles sont dues àune inégale distribution ou malposition du greffon dans lesdifférentes couches du fourreau, visible plusieurs mois aprèsl’intervention. Cette répartition finale peut être expliquée

et gains obtenus par une ou plusieurs séances de lipopénos-

Gain moyen

3 cm Après une séance LPS : 1,8 cmAprès deux séances LPS : 2,1 cmAprès trois séances LPS : 2,6 cm

cm 2,7cmExtrêmes : 6 mm à 4,2 cm

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Tableau 3 Complications observées.

Complications Taux (%)

Dysharmonies :après une séance 9après deux séances 3après trois séances ou plus 1

Granulomes (kystes, microcalcifications) 18Lymphœdème :

après une séance 4après deux séances 9après trois séances ou plus 14

Désunion cicatrice 10Nécrose partielle du lambeau cutané 0,4Hématome 0,5Infection 0,1

Chirurgie d’augmentation pénienne : lipopénosculpture d’épaississement et d’allongement 141

par une migration secondaire d’une partie du transplant oubien une résorption partielle de ce dernier. Trois cas ontnécessité une séance supplémentaire de greffe adipocytaireafin de corriger cette gêne purement esthétique.

Des dysharmonies sont constatées dans 9 % des cas aprèsla première séance. C’est une des raisons pour laquelle denouvelles séances sont parfois nécessaires afin de corrigerces irrégularités. La répétition des séances de LPS d’élargis-sement permet de faire chuter la survenue de dysharmoniesdysesthétiques (1 %).

Les nécroses cutanées, hématomes et infections survien-nent dans moins de 0,5 % des cas.

Un patient a présenté une nécrose cutanée localisée,suite à une LPS globale. Dans ce cas, la souffrance cutanéeétait située au tiers proximal de la verge. Des soins locauxseuls ont permis une cicatrisation en 21 jours et la graisseinfectée a été évacuée chirurgicalement.

Trois sepsis ont été répertoriés, deux fois suite à des LPSd’élargissement seul. L’infection est apparue entre 15 et20 jours après le geste chirurgical à chaque fois en regard denodules de cytostéatonécrose.

Deux patients ont bénéficié d’une antibiothérapie intra-veineuse et un seul d’une mise à plat chirurgicale.

Dix-huit pour cent des patients opérés ont présenté desgranulomes dus à la cytostéatonécrose. Dans la majorité descas, ils étaient de petite taille et ne gênaient que trèsrarement les patients.

Discussion

Méthode chirurgicale

La méthode dite en VY ou en Z [3] a été abandonnée car, si lesrésultats en termes d’allongement sont souvent meilleurs, ilsne sont pas satisfaisants sur le plan esthétique. Cetteméthode aboutit en effet à une forme de pénis dite « ensablier », avec conjonction inadéquate de peau pubienne,scrotale et pénienne. Ces techniques réalisent une plastied’avancement mais ne permettent pas d’empêcher la rétrac-tion cicatricielle dans la zone du ligament.

La plastie cutanée telle que nous l’avons décrite danscette étude associée à l’interposition systématique de lagraisse funiculaire a permis d’éviter le risque de rétraction

cicatricielle et de conserver l’aspect global de l’unité ana-tomo-esthétique globale de cette région génitale.

La section partielle du ligament suspenseur n’entraîne pasde modification gênante de l’angle d’érection.

La LPS d’allongement seule est très rare. Il nous apparaîtévident que l’allongement a tout à gagner à être combinéavec un épaississement.

Effectivement, sans majorer les risques, la durée del’intervention ni les complications postopératoires (Tableau3), il y a une augmentation de la circonférence au repos et enérection, et le poids de la graisse ajoutée étire la verge etcontribue simultanément à favoriser l’expansion tissulaire.

Les patients préfèrent souvent une LPS d’épaississementseul, geste moins lourd que la LPS globale (chirurgie ambu-latoire, pas de cicatrice, suites simples, reprise rapide de lavie sociale).

L’hémostase doit être des plus rigoureuses dans cetterégion, d’autant que les petits vaisseaux périostés ontgrande tendance à la rétraction.

L’utilisation de la graisse autologue en tant que produit deremplissage nous a entièrement satisfait. Elle est biocom-patible, souple, stable, durable et d’aspect naturel [18].L’acide hyaluronique serait d’une plus grande facilité d’uti-lisation. Toutefois, outre son coût, il présente l’inconvénientd’une résorption progressive et de la possibilité d’effetssecondaires (nécrose cutanée, allergie) [19].

Gestion des complications

Les œdèmes sont les complications les plus fréquentes(27 %), spontanément résolutifs et sans conséquence.

Le nombre d’œdèmes est majoré avec la multiplicationdes interventions chez le même patient. La topographie de larégion favorise ce type de complication qui, du fait duphénomène de gravité, entraîne un gonflement préputial.Pour les patients non circoncis, ils doivent être informésqu’un possible œdème pourrait les empêcher de décalotteraisément leur verge durant trois à cinq semaines.

Les désunions de cicatrice sont rencontrées dans 10 % descas, elles sont généralement peu importantes et cicatrisenten quelques jours. La cicatrisation dirigée a suffi à elle seuleà résoudre ce problème transitoire et aucune retouche n’aété nécessaire.

Le cas de nécrose cutanée a été traité par soins locaux etantibiothérapie, la greffe cutanée restant une solutiond’exception. Plusieurs facteurs ont probablement favoriséla souffrance cutanée : un pansement trop serré, une greffeadipeuse trop importante et trop superficielle. Elle n’a enrevanche pas été à l’origine de séquelles esthétiques sérieu-ses ni fonctionnelles (brides).

Concernant les infections, tous les patients ont été traitésavec succès et aucun n’a conservé la moindre séquelle.

Plus tardivement, peuvent survenir une fibrose ou descalcifications, les kystes graisseux résultant de la conjonc-tion d’adipocytes nécrosés et d’une couche de macrophages.Elles sont dans l’ensemble très bien tolérées par les patients,même s’il est parfois nécessaire de réaliser une injectionlocale de corticoïdes.

Les seules complications ayant des conséquences défini-tives sont les granulomes dus à la cytostéatonécrose. Mêmes’ils ne gênent que très rarement les patients, il est impor-tant de prévenir les patients de la possible survenue de ce

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type d’évènement indésirable qui sont réversibles dans lagrande majorité des cas.

Conclusion

La chirurgie pénienne d’augmentation à visée esthétique estune demande particulière, mais en augmentation.

La lipopénosculture d’augmentation est une techniqueopératoire simple, fiable et reproductible. Elle comportedeux volets, la greffe adipocytaire et la section partielledu ligament suspenseur de la verge.

Les complications, relativement peu fréquentes, sontpour la plupart rapidement résolutives et peuvent êtrelimitées avec l’expérience du chirurgien. Il est indispensabled’informer le patient des bénéfices qu’il peut attendre decette opération ainsi que des risques auxquels il pourrait êtreconfronté.

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