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Comble-moi (French Edition)ekladata.com/hRno7deEyK9xvNa2MixJuPwB2sA/Stark-Tome-4.pdf · 2015. 10. 30. · Chapitre 2 Je me réveille dans les bras de Damien, la gorge irritée d’avoir

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  • Chapitrepremier

    Dublanc.Jesuisentouréedeblanc.Légerettourbillonnant.Douxetapaisant.Je suis debout aumilieu d’une pièce,même si je ne vois nimurs ni fenêtres. Seulement le flux

    infinidelamatière.Lacaressesensuelledelasoiecontremoncorps,lorsquejebougeàtraverslesrideauxquiremplissentlapiècedanslaquellejemetrouve.Descentaines,peut-êtredesmilliers.Ilssontbeaux.Ilssontparfaits.Etjen’aipaspeur.Aucontraire,jesuisparfaitementcalme.Jemarche,mespiedsnuscaressentlefroiddusoletjeme

    rendscomptequej’avanceversunelumière.Ellebrilleàtraversunfiltrediaphaneettanguesurmonpassage,commesoulevéeparunebrisemarine.Jesaisquej’avanceversquelquechose,versquelqu’un,etjepeuxsentirunevaguedejoiemonter

    enmoi.Ilestlà.Quelquepartderrièrecetteforêtdesensualité.Quelquepartdanslalumière.Damien.Monpasdevientplusrapide,monpoulsbatplusfortaufuretmesurequej’accélère.J’aidésespérémentenviedelevoir.Desentirleboutdesesdoigtsparcourirmapeau,aussidoux

    quelefrôlementdecesrideauxcontremoncorps.Mais,malgrémahâte, ilsemblequejen’arrivenulle part.Lemouvement délicat des rideaux se fait désormais agressif.Comme s’ils venaientmechercherpours’agripperàmoietm’empêcherdebouger.Lapaniquem’envahit,ilfautquej’arrivejusqu’àlui.Ilfautquejelevoie,quejeletouche.Maisen

    dépitdemesefforts,j’ail’impressiondefairedusurplace.Jesuiscoincée,etcequisemblaitêtrelerideauaccueillantde laporteduparadis il y aquelques instants àpeine ressembledésormais àunpiège,unmauvaistour,unhorriblecauchemar.Uncauchemar.Monpoulss’accélèrelorsquejecomprends.Jenesuispasdansunepièce,jesuisdansunlit.Jenecourspas,jedors.C’estunrêve,unsimplerêve,etseulementunrêve.Maisunrêvedontjenesemblepaspouvoirme

    réveiller,bienque jecoureencoreplusvite,m’agrippantàces foutus rideauxpouravancer,parceque, j’en suis sûremaintenant, sûre comme on ne peut l’être que dans lemonde des rêves : si jeparviensàlestraverser,jeserailibre.Jemeréveillerai.EtjeseraiànouveauensécuritédanslesbrasdeDamien.Maisjeneparvienspasàlestraverser.J’aibeaupousser,insisteretfrapperlasoietransparente.J’aibeaucouriretcourirjusqu’àceque

    mespoumonssoientsurlepointd’exploser,jenepeuxpasallerplusloinetjem’évanouis,vaincue,surlesolfroid,majupeétaléeautourdemoicommelespétalesd’unefleur.Jetâtemaladroitementletissu.Jenem’étaispasrenducompteencourantquejeportaisunerobe,

    maisc’estunrêveetjesaisbienqu’ilnefautpass’attacherauxdétailsétrangesdecetteinterprétationduréel.Jepréfèrem’efforceràmeconcentrer.Àrestercalme.Àrespirerprofondément.Jen’avanceplus et c’est une bonne chose, car, depuis que je me suis arrêtée, les rideaux tombent, dérivantdoucementsurlesoljusqu’àdisparaîtrecommeunnuagedansl’eau,jusqu’àcequ’iln’yaitplusquemoidanscettepiècedont lesmursimmaculéssemblentseresserrerautourdemoi,s’approcherunpeuplusàchacunedemesrespirations.

  • J’ailecœurserré.Jeregardeverslebas,jevoisquejetiensdansmonpoingferméunpandelajupe.Ilyadespetitesfleursjaunesetorbrodéessurlasoieblanchedel’ourletetellessontincrustéesdeperlesblanchesmoiréesqui seplantentdansmapaume. Je jetteun regardaucorset ajusté, à laperfectiondelasoie,àlapressiondoucedesarmatures.Jeportemarobedemariéeet,pendantquelquessecondes,cetteidéemecalme.Damien,medis-jeà

    nouveau.Iln’estpasàcôtédemoi,maisjesaisqu’ilestavecmoi.Cethomme,cethommeincroyablequiserabientôtmonmari.Lasimpleévocationdesonnomm’apaiseet jepeuxdésormaisrespirerplusfacilement.Jepeux

    continuer,jepeuxbouger.Jepeuxmeleveretavanceretquittercettepièce.JepeuxmarcherjusquedanslesbrasdeDamien.C’estexactementcequejefais,jebalancemonpoidspourmerelever.C’estàcemoment-làquejevoislatache.Unnuagederosequis’étendsurlasoieblancheetpure

    delajupe.Elleestsiclairequejecroisd’abordqu’ils’agitd’unrefletdelumière.Maislacouleurs’accentue,virantduroseaurougeengrandissant,gâchantlapuretédemabellerobe.Dusang.Paniquée, jerampeversl’avantcommesi jepouvaiséchapperàla tachebienqueje laportesur

    moi.Maisiln’yabienentenduaucuneéchappatoire.Jem’agrippeàlajupe,essayantdelasouleverpourregarderendessous.Jetentedésespérémentdetrouverlasourcedelatache.Je n’y arrivepas.Mesmainsglissent trop.Rouges,mouillées, tachées. Je les essuie sur la jupe,

    j’essaie de les nettoyer. Je suffoque,monpouls bat si fort dansmes oreilles que je n’entends riend’autrequelesangquicourtdansmesveines.Cemêmesangquimerecouvre,m’échappe.Non,non,oh,monDieu,non!J’en suis pourtant convaincue.C’estmon sangqui souille cette jupe.Dansundernier sursaut de

    désespoir,jesoulèveletissu,tiresurlasoie,lesatinetladentelle,jusqu’àcequeletoutsoitremontéautourdemataille.Jeregardemesjambes,nuesetcouvertesdesang.J’entends un bruit, un souffle. Il vient demoi, je frotte le sang, je cherche sa source. Je suis à

    genoux, mes cuisses serrées l’une contre l’autre, mais je les écarte et vois les cicatrices que j’aidepuis tant d’années incrustées dans ma chair délicate. Des blessures que je me suis moi-mêmeinfligées,enappuyantsurlalamequejeserraisfortdansmamain.Je me rappelle la douce intensité de la première coupure. La chaleur glorieuse quand l’acier

    pénètre la chair.Le soulagementqui accompagne ladouleur, comme lecrid’unebouilloirequandellelaisseenfinlavapeurs’échapper.Jemesouviensdeladouleur,maisjen’enaiplusbesoin.C’estcequejemedis.Jen’aiplusbesoin

    desblessures,jeneveuxplusdecettedouleur.Jen’aiplusbesoindemecouper.Je vais mieux désormais. J’ai Damien pour me serrer dans ses bras. Pour me faire garder

    l’équilibre,mefairemesentirensécuritéetépanouie.Mais je ne peux pas ignorer le sang. Et lorsque je regarde la blessure ouverte, la chair crue et

    lacérée, le sangquis’étendautourdemoi,gluantetâcre, je sensmoncœurseserreretmagorges’assécher.Puis,enfin,jem’entendshurler.

  • Chapitre2

    JemeréveilledanslesbrasdeDamien,lagorgeirritéed’avoircriésifort.Monvisageestappuyécontresontorsenu,jepleure,jesuffoqueetj’aidumalàavalermasalive.Sesmainscaressentmesépaules.Songesteestàlafoisfortetapaisant,possessifetprotecteur.Il

    prononcemonnom:«Nikki,Nikki…là,toutvabien,bébé,toutvabien.»Maistoutcequej’entendsc’estquejesuisenfinensécurité.Quejesuisaimée.Quejeluiappartiens.Mes larmesse tarissentet jeprendsunegrande inspiration. Jemeconcentre sur samain.Sur sa

    voix.Sursonodeursisexy,sifamilièreetsiincroyablementmasculine.Jeme concentre sur toutes ces petites choses qui composent cet homme que j’aime. Toutes ces

    chosesquifontdeluicequ’ilest,quiluidonnentlepouvoirdemecalmer.Deregardermesdémonsen faceetde les fairedétaler.Cethommeestunmiracle.Mais leplusgrandmiraclede tous,c’estqu’ilestàmoi.J’ouvre les yeux puis me penche en arrière en relevant la tête. Même tiré par surprise de son

    sommeil,ilestexceptionnel; jeledévoreduregard,jelaisselabeautédecethommeapaisermonâmeaffamée.Magorgemedémangequandjevoissesyeux,cesyeuxbicoloresetmagiquesquimerenvoienttantsapassion,sonintérêtpourmoi,sadétermination.Etpar-dessustout,sonamour.–Damien,dis-jeenmurmurant,etl’ombred’unsouriresurseslèvresvientmerécompenser.–Là,voilà.(Ilcaressedoucementmajoue,écartemescheveuxpourdégagermonvisage.)Tuveux

    meraconter?Jefaisnondelatête,maiscefaisantjem’entendsprononcerceseulmot:–Sang.Jevoisaussitôtl’inquiétudedanssonregard.–C’étaitjusteunrêve,dis-je,sansconviction.–Cen’étaitpasunrêve,corrige-t-il.C’étaituncauchemar.Etcen’estpaslepremier.– Non, j’admets. Quand les cauchemars ont commencé, il ne s’agissait pas de cauchemars

    proprement dits. Juste une vague sensation de malaise quand je me réveillais. Mais ces dernierstemps, ilm’estarrivédeme réveillerensursautaubeaumilieude lanuit, lecœurbattantàcentàl’heureetlescheveuxtrempésdesueur.Enrevanche,c’estlapremièrefoisquejerêvedesang.Je reculeencoreetm’assiedsbiendroite, j’agrippe ledrapquim’entoure,commes’il s’agissait

    d’unboucliercontrelescauchemars.J’enlacemesdoigtsauxsiens.Nosjambessonttoujoursmêlées.Jeneveuxpaspenserauxrêves.Maissij’ysuisobligée,alors,j’aibesoindelamaindeDamienpourmecalmer.–Est-cequetutecoupais?Jesecouelatête.–Non,mais...mais j’avaisdû.Parceque cen’était plusdes cicatrices surmes jambes,maisdes

    plaies.Etellesétaientàvif.Etilyavaitdusangpartoutet…Ilmefaittaired’unbaiser,siprofond,sidéterminé,siaccaparantqu’ilmeforceàoubliermapeur.

    Ilmeremplitàlaplaced’unechaleurbrûlante,siintensequ’elledétruittoutautourd’elle.Tout,saufNikki etDamien, et la passion qui se consume constamment entre nous, près de s’enflammer à la

  • moindre occasion. Près de brûler tout ce qui pourrait menacer cette vie que nous construisonsensemble,qu’ils’agissedesfantômesdupasséoudemespeursfaceàl’avenir.Mespeursfaceàl’avenir?Jerepasselesmotsdansmatêteetcomprendsqu’ilyalàunepartdevérité.Lechocestviolent.Je

    suis déconcertée, parce que je n’ai pas peur de devenirMmeDamien Stark. Bien au contraire, jepensequ’êtrel’épousedeDamienStarkestcequim’effraielemoinsaumonde.C’estcepourquoijesuisnée,c’estcellequejesuissupposéeêtre.Etjen’ensuisjamaisplusconvaincuequequandjemetrouvedanssesbras.Ceseraitdoncça?J’auraissimplementpeurd’entendredansquelquesjourslefameux:«Voulez-

    vousprendrecethommepourépoux?»?Sonpoucecaressedoucementmalèvreinférieureetjepeuxvoiràsonregardqu’ilacompris.–Dis-moi,demande-t-il,d’untonquinelaisseaucuneplaceaurefus.–Cesontpeut-êtredesaugures,jemurmure.Jeveuxdire,lesrêves.Lesmotsmesemblentidiotsenlesprononçant,maisjedoislesdire.Jenepeuxpasgarderlapeur

    àl’intérieur.PasquandjesuiscertainequeDamienpeutmefairechangerd’avis.–Desaugures?Commeunmauvaisprésage?Jefaisouidelatête.–Dequoi?(Sessourcilssehaussent.)Qu’onnedevraitpassemarier?J’entendsletonamusédesavoix.Malgréça,maréponseestaussiviolentequeferme.–MonDieu,non!–Quejevaistefairedumal?–Tunemeferasjamaisdemal,dis-je.Pasdelafaçondonttul’entends.Nouslesavonstouslesdeux,ilyaeudesmomentsoùj’avaisbesoindeladouleur,oùjemeserais

    ànouveauplantéunelamedanslachairsiDamienn’avaitpasétélà.Maisilestlà,etilesttoutcedontj’aibesoindésormais.–Alors, de quoi s’agit-il ? demande-t-il en portant délicatement nos deuxmains enlacées à ses

    lèvres.Ilcouvredoucementdebaiserschacunedemesphalanges,etleplaisirqu’ilmeprocureainsimedistrait.–Jenesaispas…–Moi,jesais,dit-il.(L’assurancedanssavoixmecalme.)Tuessurlepointdetemarier,Nikki.Tu

    es nerveuse. (Il pose un baiser taquin sur le bout de mon nez.) Je crois que c’est commun, riend’anormal.–Non.(Jesecouelatête.)Non,cen’estpas…Maisjenevaispasplusloin.Parceque,àlavérité,ilapeut-êtreraison.Lestressdelamariée?

    Celapourrait-ilêtreaussisimple?–Maistun’asaucuneraisond’êtrenerveuse,dit-il.Ilposesesmainssurmesépaules,faitdoucementglissersespaumeslelongdemesbras,ettomber

    ledrapfin.Je suis nue et je frissonne. Pas à cause du fond de l’air frais, mais du désir dans les yeux de

    Damien.Undésirauqueljemeferaisplusqu’unplaisirdesuccomber.–Qu’est-cequ’ondit,déjà,surlemariage?Quelamariéeetl’épouxnefontplusqu’un?(Ilsuit

    doucementmaclaviculeduboutdesondoigt,puisdescendlentement,d’ungesteaussilégerqu’uneailedepapillon,jusqu’àmesseins.)Cen’estpasvraipournous,bébé.Cen’estpasvraiparceque,toietmoi,nousnefaisonsdéjàqu’un,etcemariagen’estqu’uneformalité.–Oui,dis-je,d’unevoixàpeineplusfortequ’unmurmure.

  • Samainattrapemonseintandisquesonpoucecaressenégligemmentmontétonduretcontracté.Songesteestdélicat,maisilfaitfrissonnermoncorpsentier.Uneffleurementtoutsimpledelachaircontrelachair…maisquin’ariendesimpleparcequ’ilalepouvoirdemedétruire.Demecasserenmillemorceauxetdemerecoller.Je ferme lesyeuxpoursignifierque jem’abandonneetqu’ilest lebienvenu, tandisqueDamien

    m’allongesurlelit.Iltireledrap,melaissantexposée.Jesenslematelastremblerquandilsedéplacepourmechevaucher.Ilestnuetl’acierdurdesonérectionsepressecontremescuisses,chaudetenmanque. Je tends lesmains et saisis sonpetit cul ferme. Il n’est pas encore enmoi – il ne caressemêmepasmonsexe–maisjesuisdéjàinondéeparsaprésence,mesmusclessecontractentdedésirpourlui,meshanchessetortillentd’envie,uneenvieassumée.–Damien…jemurmure.Puisj’ouvrelesyeuxetlevoisau-dessusdemoi.Sonregardestsidouxquandilseposesurmoi.–Non,dit-il.Fermelesyeux.Laisse-moit’offrirça.Laisse-moitemontrercombienjeteconnais.

    Combienjeconnaisintimementtoncorps.Parcequecen’estpasseulementletien,c’estlemienaussi.Et j’ai bien l’intention de temontrer à quel point et avec quelleminutie je prends soin de ce quim’appartient.–Tucroisquejenelesaispasdéjà?Ilnerépondpasavecdesmots,maiseneffleurantdélicatementmeslèvresdessiennes,etc’estla

    seule réponsedont j’ai besoin.Lentement il traceun chemindebaisers le longdemagorge, puisdescendjusqu’àcequesaboucheenrobegoulumentmapoitrine.Montétonestdéjàdur,contractéettellementsensiblequandilcommenceàlemordiller.Jemecambre,depetitesondesdechocparcourentmoncorpset inondentmonentrejambed’un

    liquidechaud.Monsexesecontractededésir.Jeleveuxenmoi,jeleveuxdésespérément.Maisilneme touchemêmepas là. Il neme touchenullepart, à partmapoitrinequ’il tète,mord, savoure ettaquine.Ileffacetout,lespensées,lesinquiétudes,lespeurs,jusqu’àcequ’iln’yaitplusqueceplaisirquisemblem’envahir,quim’éblouitdel’intérieur,quiétincelleetquichante.Jusqu’àcequejesachequejevaisjouirdelasimplesensationdesabouchesurmonsein.Lentement,sidouloureusement lentement, ilabandonnemapoitrineetembrassemapeaujusqu’à

    mataille.Ils’arrêtesurmonnombril,salanguejoueavecmoi,c’estcommeunchatouillismaisendixfoisplussensuel.Ilglissesamaindanslecreuxdemesreins,etjemecambrelorsqu’ilmordillemachair,despetitesmorsures,lamarquedesesdentssurlapeaudoucedemonventre.Ilestaupieddulitetmesjambessontécartées.Ilsetiententreelles,sanstouchermonsexe.Ilne

    caressemêmepasmescuisses.L’unedesesmainsestglisséesousmondos,et l’autreposéesurlematelasàcôtédemahanche,pourgarderl’équilibre.Maisilyacettechaleurquisedégagedelui,etletriangleforméparmescuissesetmonsexesembleenfeu.Jebrûlededésir,debesoin,d’envie.Etpourtant,Damienn’esquisseaucungestepourmesatisfaire.Ilestcontentdejoueravecmoietde

    metourmenter.Lorsquequ’iltracelecontourdemonnombrilduboutdesalangue,jegémisautantdeplaisirquedefrustration.–Tuaimesça?demande-t-il.–Oui,dis-jedansunmurmure.–Moiaussi.(Savoixestdouceetchaleureuse.)Tuessucréecommeunefriandise.–Lesfriandises,c’estmauvaispourcequetuas,dis-jepourplaisanter.–Danscecas,répond-ildansungrognementprofond,j’aimebienêtremauvais.–Moiaussi,dis-jetoutbas,tandisquemeshanchessesoulèventdedésirnondit.Mais,Damien…–Tuenveuxplus,dit-il,enfinissantmaphrase.

  • Ilembrasselehautdemonpubis,puisseslèvrestracentuncheminjusqu’àl’osdemahanche,etdescendentjusqu’àlajointuredemacuisse.–Oui,oh,monDieu,oui!–Etsijen’aipasfinidetegoûter?Sij’aienvied’embrasser,delécheretdejoueravecchaque

    centimètredetoncorps?Sijeveuxavoirmadosedetoiavantdetepénétrerprofondément?Avantqu’onseperdeensemble?Avantquejetelaissejouir?Ilremontelelongdemoncorpspuissepencheau-dessusdemoi,siprèsquejesuiscertainequ’il

    vam’embrasser,siprochequenousrespironslemêmeair.Puisilreculeetposesabouchesurmatempe.Seslèvresfrôlentmapeaupuisilmurmure:– Je tedonnerai toujoursplus,bébé,maisd’abord jeveuxque tu soisprête, jeveuxque tu sois

    brûlante,jeveuxquetusoisdésespérée.–Jelesuis!Lesmotssontsortiscommeenuneexplosion.EtlorsqueDamienrecule,jevoisausourireaucoin

    deseslèvresqu’ilestcontentdelui.–Tul’es,dit-il.Maistuasditquetuenvoulaisplus.Etça,Nikkichérie,c’estunerequêtequeje

    suistoujoursprêtàsatisfaire.Laquestion,c’est…plusdequoi?(Saboucheserefermesurmonseinetjelaisseéchapperuncrilorsqu’ilmordmontéton.)Plusdedouleur?Jesuisincapablederépondre,moncorpsestprisdanslatempêteérotiquequ’ilsusciteenmoi.–Plusdeplaisir?medemande-t-il.Ilglisseplusbaslelongdemoncorpsetenfinjesenssapeaucontrelamienne.Àsoncontact,les

    charbonsardentsquibrûlentenmois’embrasent.Ses lèvresdescendententremesseins,deplusenplusbas,jusqu’àatteindremonclitoris.Ilsouffledoucementsurmonsexeenplaçantfermementsespaumes à l’intérieur de mes cuisses, il m’écarte au maximum. Il relève une main, puis passedoucement son doigt surmon sexe chaud et trempé. Je tremble, je suis si près que je pense qu’ilsuffiraitqu’ilsouffledessuspourquejejouisse.–Plusd’attente?Etsaboucheredescendlelongdemajambe,surlescicatricesàl’intérieurdemacuisse,jusqu’àce

    pointultrasensiblederrièremongenou.Jesuisperdue,jefonds.Jesuisàsamerci,soussesordres,etjenepeuxrienfaired’autrequ’absorberleplaisirdontilmebombarde.Ilcontinue,plusbasencore,jusqu’àmacheville,atteintlaplantedemonpied.Ilfaitglisserlebout

    desondoigtdutalonauxorteils,etmonpiedsecourbe,ainsiquemesreins.Monsexesecontracteavidement,etjesuisstupéfiéeparlaforcedemaréactionàunesimplecaressesurmonpied.Celadit,commentpuis-jeêtreétonnéeparmaréactionàtoutecaressevenantdeDamien?C’estimpossible.Jene peux que m’abandonner, ce qui, bien évidemment, était le but de Damien depuis le début. Dem’enleveràmoi-même,dem’emmenerdanscetendroitquenouspartageons,celuioùiln’yaqueNikkietDamienetleplaisirqu’ilssedonnentmutuellement.Iln’enapasfiniavecmoiettracelentementunelignedebaisersenremontantmajambejusqu’àce

    quejemetortille.Meshanchessetordentàlafoisdeplaisiretd’envie.Jeveuxplus.Et,miracledesmiracles, Damien me donne enfin plus. Sa langue lape doucement mon clitoris. Un tout petitmouvement,maisilm’asiminutieusementpréparéequej’explose,desondesdechocsecouentmesdoigtsetmesorteils,leplaisirs’emparedemoi.Une caresseminuscule, oui,mais ce n’est que le début. Il referme sa bouche surmon sexe,me

    lèche,s’amuse.Iltientmesjambesécartées,afinquejenepuissenimedécalernimêmebouger.Ilnes’arrête pas, ce qui intensifiemon orgasme encore et encore, jusqu’à ce qu’il y ait presque de la

  • souffrancederrièreleplaisir,jusqu’àcequejesoisdéchiréedebesoin,quej’attendedésespérémentqu’ilviennedanscelieuavecmoi,qu’ilmerejoignedanslesétoiles.–Maintenant,Damien,j’aibesoindetoienmoi.Maintenant…Cettefois,grâceàDieu, iln’hésitepas,mais iln’estpasdouxpourautant. Ilestàgenouxetme

    tournesurlecôté.Ils’installeàcalifourchonsurl’unedemesjambes,etvissel’autresursahancheopposée.Ilmemaintientfermement,samainsurl’intérieurdemacuisse.Sonautremainestposéesurmoncul,mais il laglissevers lebaspour joueravec leborddemonanus tandisqu’ilpénètreprofondémentdansmachatte.Nousn’avonsjamaisessayécettepositionauparavant,etlasensationdemesjambesenciseaux,de

    samainetdesaqueuesiintimementprochesdemoi,lafaçondontilestagenouillécontremoi,soncorpsaussitenduquesabitetandisquejesuisallongéefacecontreterrecommeunevestaleofferte.C’est incroyablementsexy.Et tandisqu’ilbougeenmoi, jesensànouveaul’orgasmegrandirdansmonventre.Je ferme les yeux, je laisse les sensations m’envahir, flotter autour de moi. C’est magique, ce

    sentiment.ÊtresiouvertepourDamien.Êtresiliéeàlui.Liée.Parlesexe,parlavie,parlemariage.Un frisson me parcourt, et j’entends Damien gémir tandis que les muscles de mon vagin se

    resserrentautourdelui,l’attirantdeplusenplusprofondenmoi.–C’estça,bébé.Ouvrelesyeux…Jem’exécuteetlevois.Cen’estpasmoiqu’ilregarde,maisl’endroitoùnoscorpsserejoignent.

    Je regarde sonvisage– je regarde lapassiongrandir – et quand son regard croise enfin lemien,l’intensité qui s’en dégagemanqueme tuer. Je respire fort, en synchronisation avec les vagues deplaisirquis’abattentsurmoi.Lemêmeplaisirquejepeuxliresursonvisage,motivéparlamêmechaleurquejevoisbrûlerdanssesyeux.Unechaleurquimefaitfondre.Quimedéchire.Quivanousfaireexplosertouslesdeux,jecrois.L’orgasmem’envahitetjemecambre,maintenue

    enplaceparlecorpsetlamaindeDamientandisquemonsexeseresserretoujoursplusautourdelui,leconduisantluiaussiàsonorgasmefantastique.La réalité revient doucement, commedes étoiles qui apparaîtraient à nouveaudans le ciel d’une

    nuitobscure.Pendant un instant, je me demande si je n’ai pas fondu pour de vrai, mais bientôt vient le

    soulagement…celuinéduplaisirpur.Damienseretireetjegémisàlapertedenotrelien,aumoinsjusqu’àcequ’ilserallongeàcôtéde

    moi,nosbrasetnosjambesentremêlés,nosvisagessiproches.–Merci,dis-jedansunmurmure.–Dequoi?–Dem’avoirdistraitedemoncauchemar.Ilrit.–Jenemesavaispassitransparent.–Seulementpourmoi.Commetul’asdit,onseconnaît.Ilembrasseleboutdemonnez.–Tun’asaucuneraisond’êtrenerveuse.J’acquiesce,mais lavéritéc’estqu’ila tort.Je lecomprendsmaintenant.Jeveuxquecemariage

    soitunmiroirpourlemonde.Unemanifestationextérieuredecequeluietmoisommesensemble.La

  • beautéet lagrâce,quelquechosede spécialetd’unique. Je leveuxpour lui.Pournous.Etpour lefoutumondeentier.Etdonc,oui,jesuisnerveuse.–Jeveuxquenotremariagesoitparfait,jeluiconfesse.– Il le sera, m’assure-t-il. Comment pourrait-il ne pas l’être ? Parce que peu importe ce qui

    arrivera, ce mariage terminé, tu seras mon épouse. Et ça, Nikki chérie, c’est la seule chose quicompte.Jebalaieseslèvresd’unbaiser,parcequ’ilaraison.Biensûr.Jesaisqu’ilaraison.Maisjesaisaussiqu’iloublielegâteau,larobe,legroupe,lephotographe,lestentes,lestables,le

    champagne,etc.Leshommes,medis-je.Puis jemeblottiscontre lui,admettantàcontrecœurque,aumoinspour

    cettenuit,ilaréussiàmedistraire.Aumoinspourcettenuit,toutcequim’importe,c’estl’hommequivabientôtêtremonmarietqui

    estdéjàtoutemavie.

  • Chapitre3

    Jesuisréveilléeparl’odeurdubaconquicuit.Lelitestvide.Jeroulejusqu’àmontéléphonesurlatabledenuitpuisjetteunœilàl’heure.Iln’estpasencoresixheures.Je grogne et me laisse retomber au milieu des oreillers, mais je ne veux pas vraiment me

    rendormir.Cequejeveux,c’estDamien.Jeglissehorsdulit,attrapeledébardeuretlepantalondeyogaquej’avaislaisséssurunechaiseà

    côté.Jesorspiedsnusdelachambreetlongelecouloirmenantàlacuisinedutroisièmeétage.NoussommesàMalibu,danslamaisondeDamien.Labaievitréequifaitfaceàl’océanestgrande

    ouverte. On a tiré les grands panneaux de verre pour laisser entrer la brise marine. L’odeur del’océansemêleàcelledupetitdéjeuneretjeprendsunegrandeinspiration.Jesensquejevaisbien.Quelsquesoientlesdémonsquisontvenusmevisiterdurantlanuit,Damienlesafaitfuir.Jejetteunregardparlafenêtre,jevoisl’océanencoresombre.L’écumedesvaguesbrilledansla

    lueur pâle de la lune à chaque fois qu’elles viennent se briser sur le rivage.Que c’est beau !Unepartiedemoiveutmarcher jusqu’aubalconetcontempler l’eauquis’agite,écume.Maisl’appeldel’océann’estriencomparéàmondésirdevoirDamien.Jelaissedonccepanoramaderrièremoietmedirigedroitverslacuisine.Elleestplusgrandequecelledel’appartementquejepartageaisavecJamie,mameilleureamie,etcen’estmêmepaslacuisineprincipaledelamaison.Non,celle-làsetrouveaupremierétageetellepourraitfacilementserviràunrestaurantd’unecentainedecouverts.Mais celle-ci, la « petite » cuisine, a été installée pour servir d’annexe au patio utilisé pour lesréceptions.Etcommeellesetrouvejusteauboutducouloirmenantànotrechambre,Damienetmoiavonsprisl’habitudedecuisineretdeprendrenosrepasdanscepetitcoin,plusconfortableetmoinsformel. Dame Miaou-Miaou, le chat blanc hirsute dont j’ai eu la garde quand mon anciennecolocataireJamieaquittél’appartement,sejointlaplupartdutempsànous.JesaisqueJamiemanqueàDameM.,maisjecroisquecelle-ciaimebienavoircettegrandemaisonpournouveauterraindejeu.EtGregory,levalet,majordomeethommeàtoutfairedeslieux,lagâteplusquederaison.Jesuismaintenantadosséeaupandemurquiséparelecouloirdelacuisine.Damien,deboutfaceà

    lagazinière, cuisineuneomelettecommes’iln’étaitqu’unhommeordinaire.Saufqu’iln’ya riend’ordinairechezDamienStark.Sagrâce,sapuissance,sabeauté,sachaleur…Ilestexceptionneletm’acomplètementenvoûtée.Il est torse nu et je ne peux m’empêcher d’avoir le souffle coupé lorsque mon regard glisse

    furtivementlelongdesmusclessibiendessinésdesondosetdesesbrastendus.Avantdeselancerdans les affaires, Damien a construit sa richesse en étant un grand champion de tennis. Mêmeaujourd’hui,desannéesplustard,ilatoujoursl’allureetlapuissanced’unathlèted’élite.Jelaissemonregardadmiratifs’aventurerplusbas.Ilporteunsimplepantalondejogginggrisqui

    tombesurseshanchesétroitesets’accrocheparfaitementauxcourbesdesonculmusclé.Ilestpiedsnus comme moi. Il est jeune, sexy, et incroyablement appétissant. Pourtant, malgré sa tenuedécontractée, jepeuxvoir l’hommed’affaires.Ledirecteurpuissantquicontrôle lemonde,qui l’amodeléselonsonbonvouloiretparlamêmeoccasionaaccumuléunefortunecolossale.Iln’estqueforceetmaîtrise.Etjesuisémuedesavoirquejesuiscequialeplusdevaleuràsesyeux,quejevaispasserlerestedemavieàsescôtés.–Tumemates,dit-il,lesyeuxrivéssurlagazinière.

  • Jefaisunegrimaceamusée,etsesyeuxmescrutentàleurtour,enpartantdemesorteils.–Moiaussi,dit-ilquandsonregardatteintmonvisage.Et il y a tant de chaleur dans savoixquemes jambes faiblissent et quemoncorps frissonnede

    désir.Sabouchesecourbeenunsouriresubtiletsexy,jesuisconvaincuequejevaismeliquéfier.–Tuasgâchémasurprise,dit-il,puisilpointedumentonlatabledupetitdéjeunersurlaquelleest

    poséunplateauavecunvaseenverrecontenantuneseuleroserouge:lepetitdéjeuneraulit.–Etsionpartageaitlepetitdéjeuneràtable?Jemedirigevers luietpassemesbrasautourdesa taille.J’embrassedélicatementsonépauleet

    respireprofondémentsonodeurdepropre,desavon.–Réunionauxaurores?Damienesttoutsaufunfainéant,maisiln’arrivegénéralementpasaubureauavantneufheures.Il

    travaille plutôt depuis la maison, se douche après une petite séance de sport, et descend en ville.Apparemment,ilsembleraitquesonplanningsoitserréaujourd’hui.–Passitôtqueça,dit-il.Maispasvraimentdanslecoinnonplus.J’aiuneréunionàPalmSprings.

    L’hélicoptèrearrivedansvingtminutes.–J’aiuneréunionenSuisse,dis-jed’untondésabuséenguisederéponse,toutenreculantpourle

    laisserterminerlapréparationdupetitdéjeuner.Lejetarrivedansuneheure.Sabouchepalpitelégèrement,amusée.L’omeletteestdéjàsurl’assietteet ilyajoutelebacon.Je

    reculed’unpasetlesuisjusqu’àlatable.Jenoussersdujusd’orangeàtouslesdeux,puisducafé.Jem’assiedsenfacedelui,posemaserviettesurmesgenouxetmerendscomptequejesouriscommeuneidiote.Etlemeilleur,danstoutça,c’estqueDamiensouritaussibêtementquemoi.–J’adoreça,dis-je.Lepetitdéjeunerensemble.Laviedecouple.C’estagréable.Ilboitunegorgéedecafé,sesyeuxnequittentpasmonvisage,etpendantuninstantiln’yarien

    d’autreentrenousquelasimplicitédubonheur.Puisilpenchelatêteetjevoislaquestiondanssonregard.J’auraisdûm’yattendre.Damiennepartiraitpasàuneréunionsansêtreabsolumentcertainquejevaisbien.–Plusdefantômescematin?medemande-t-il.–Non,dis-je en toute sincérité. Jeme sensbien. (Jeprendsunebouchéede l’omelettequenous

    partageons,etm’affaissed’extaseau fonddemachaise. J’aide lachanceà tantdeniveaux,etquemonfiancésachecuisinern’estpaslemoindre.)Commentpourrais-jenepasallerbienavectoiquit’occupessibiendemoi?Mesmots le fontsourire,comme je l’espérais.Mais jepeuxvoir l’inquiétudesursonvisage.Je

    tendslebraspourluiprendrelamain.–Vraiment,dis-jed’unevoixferme.Jevaisbien.C’estcequejet’aidit, jeveuxquecemariage

    soitparfait,cequiest ironiquesionconsidèreque j’aipassémavieentièreà tenterd’échapperauplandemamèredemetransformerenBarbieNikki.Je regrette aussitôt d’avoirmentionnémamère.Après des années passées à jouer le rôle de la

    bonnefilleobéissante,jesuisfinalementenpaixaveclefaitquemamèreestunegarceenragéequidétesteaussimonpetitami.Ellea faitdemonenfanceuncauchemar,etmêmesi jesuis toutà faitprêteàaccepterlaresponsabilitédescoupuresquejemesuisinfligées,aucunpsyaumonden’oseraitdirequ’ElizabethFairchild,avecsesexcentricitésvariéesetsesnombreusesnévroses,n’apasjouéunrôledansl’apparitiondecetraverssiparticulier.–Tun’espastamère,ditDamienfermement.Etiln’yapasunemariéeaumondequineveuille

    pasquesonmariagesoitexactementcommeellel’avaitrêvé.–Etlemarié?

  • –Lemarié seraheureux si lamariée l’est.Et dumomentqu’elle dit « Je le veux».Et quand ilpourral’appeler«madameDamienStark».Etquandnousseronsenlunedemiel…Jerisavantmêmequ’ilterminesaphrase.–Merci.–Degérertonstresspré-mariage?–Pourtout.Ilselèveetmeressertducaféavantdedébarrasserlatable.–Tuasbesoindemonaidepourquoiquecesoitaujourd’hui?–Non.–Onsemariesamedi,dit-il,commesijen’étaispasaucourant,maislesmotsfontquemonstress

    soi-disantinexistantm’envahitdeplusbelle.Situasbesoindel’aidedeSylvia,n’hésitepas,ajoute-t-il,faisantréférenceàsonassistanteôcombienefficace.Jesecouelatêteetluilancemonsourireétincelantspécialphoto.–Merci,maisc’estbon.Toutestenplace.–Tut’esoccupéedebeaucoupdechoses,souligne-t-il.Plusquetun’auraisdû…Je penche la têtemais reste silencieuse.Cette conversation, nous l’avons déjà eue et je n’ai pas

    l’intentiondel’avoirànouveau.Nousavonsvoyagéunmoisàtraversl’Europeaprèssademande,etlà-basilasuggéréquenousle

    fassions tout simplementune foispour toutes.Qu’on semarie enhautd’unemontagneou suruneplagedelaCôted’Azur,pourrentrerauxÉtats-UnisentantqueM.etMmeDamienStark.J’avaisrefusé.Iln’yarienquejedésireplusaumondequedevenirlafemmedeDamien;maislavérité,c’estque

    jeveuxaussiunmariagedecontedefées.Jeveuxêtrelaprincesseenblancquis’avancedansl’égliseavecsabellerobepourleplusbeaujourdesavie.Jenesuispeut-êtrepasd’accordavecmamèresurgrand-chose,maisjemesouviensdetoutel’attentionqu’elleetmasœurAshleyavaientapportéeaumariage de cette dernière. J’ai beaucoup envié ma sœur, je n’avais pas vraiment compris qu’ellecombattaitsespropresdémonselleaussi…Etquandelleestentréedansl’église,marchantaumilieudespétalesderoses,mesyeuxsesontemplisde larmeset jen’aieuqu’unepensée :Unjour…unjour,jetrouverail’hommequim’attendraauboutducheminlesyeuxremplisd’amour.Et ce n’est pas seulement mon désir d’unmariage de rêve qui m’a fait insister pour que nous

    attendions. Que je le veuille ou non, Damien est une figure publique, et je sais que la presse vacouvrir notremariage. Ça n’a pas besoin d’être une réception hyper chic. En réalité, je veux nonseulementunmariageenextérieur,sur laplage,maisaussiunebellecérémonie.Etpuisque jesaisquelespaparazzisserontprêtsàtoutpouravoirdesphotos,jeveuxaussidesportraitsetdesphotosprisessurlevifquenouspourronscontrôler.Desphotosfabuleusesquenousdonneronsàlapresselégitimeetqui,jel’espère,effaceronttoutcequiparaîtradanslapresseàscandale.Surtout,jeveuxque l’article et les photos effacent tout ce qui a été publié il y a quelquesmois à peine, durant leprocèsdeDamienpourmeurtre.Jeveuxvoirleplusbeaujourdenosviesétalésurcespagescommeunpieddeneztriomphantaupiremomentdenotrevie.J’aidittoutcelaàDamien.Etmêmesijesaisqu’iln’estpascomplètementd’accordavectoutesles

    raisonsquimepoussentàvouloircegenredemariage,jesaisaussiqu’illescomprend.Demoncôté,jecomprendssacraintedemevoirenfairetrop.Maisonparledemonmariage,là.

    Lesangoissesn’appartiennentqu’àmescauchemars, ellesne fontpaspartiedema réalité. Jepeuxgérer.Jepeuxtoutgérersilerésultatfinalconsisteàavancerdansl’égliseendirectiondeDamien.

  • –Toutsepasse trèsbien,dis-jepournous rassurer tous lesdeux.J’ai lasituationsouscontrôle.Vraiment.–Tuastrouvéunphotographe?–Turigoles?Biensûr.C’est un mensonge. Et risqué, parce que Damien voit en moi mieux que n’importe qui. Je

    m’efforcedenepas retenirmon souffle et attendsqu’ilmeposedes questions sur les détails – lenom,lestudio,sestravaux.Questionsauxquellesjenepeuxrépondrepuisquejen’aipastrouvédephotographepourremplacerceluiqueDamienarenvoyélasemainedernièreaprèsavoirapprisqu’ilavaitpasséunaccordsecretpourvendreàVoicidesphotosdumariageetdelaréceptionquenousn’aurionspasapprouvées.Etcen’estpasnotreseulproblème.J’aiapprishierquelechanteurdugroupequej’avaisengagé

    avait décidé de tout lâcher et de retourner s’installer chez lui au Canada ; donc, nous n’avonsdésormaisplusaucuneanimationpourlafête.Ilfautquejemebougeetquejetrouvequelqu’unauplusvite.CommeDamienmel’agentiment

    rappelé,lemariageestdansquelquesjours.Mais,hé!C’estpascommesij’étaisstresséeouquoiquecesoitdecegenre.Jefroncelessourcilsencomprenantqu’ilyasansdouteuneexplicationàmescauchemars,après

    tout.–Quesepasse-t-il?medemandeDamien.Etj’aipeurque,malgrétousmeseffortspourlegarder

    dansl’ignorancedetouscespetitscouacsd’organisation,cetteconversationnes’envenime.–Rien,dis-je.Jeréfléchisjusteàl’énormelistedetrucsquej’aiàfaire.Jevoisàsonexpressionqu’iln’encroitpasunmot.Maisjesuislamariéeetlui,commetousles

    autresmariés, sait bien que nous, les femmes, sommes à prendre avec des pincettes à plein tempspendanttouslespréparatifs.–Aucasoùcelat’auraitéchappé,nousavonslesmoyensd’engagerquelqu’unpourt’aider.Donc,

    n’hésitepas…–Quoi?Commeuneorganisatricedemariage?(Jesecouelatête.)Un:detoutefaçon,ladateest

    tropproche.Deux:jet’aiditquejevoulaism’enoccupertouteseule.Jeveuxqueçanousreprésentetoietmoi,pasladernièretendanceàlamodeenmatièredenoces.–Jesaisça,dit-il,maistuasvoulugérerbeaucoupdechoses.–Tuasaidé…dis-je.Ilglousse.–Quandtumel’aspermis.Jehausseuneépaule.–Tuasununiversàdiriger.Etc’esttoutsimplementvrai,j’aiplusdetempsqueDamien.Jejongleavecuneseuleentreprisequi

    emploie une seule personne, moi. Lui dirige Stark International, qui gère à peu près autant depersonnesqu’unpaysenvoiededéveloppementcompted’habitants.Peut-êtreplus.Et,oui, j’ai étéoccupée,maisenpartieparcequeDamienn’avaitpasenviequenosfiançailless’éternisent.Etcommejen’étaispassûredesupporterl’attentemoinonplus,jen’aieuaucunproblèmeàêtred’accordaveclui.Ilm’afaitsademandeilyatroismois,etdepuisdeuxmoisetvingt-neufjoursjesuisplongéedans

    lespréparatifsetl’organisation,essayantdetrouverunéquilibreentremonaffairededéveloppementde logicielsetmon«affaire»demariage.Jesuisfièredeceque j’ai fait jusqu’ici,etencoreplus

  • fière d’en avoir fait lamajeure partie toute seule.Merde, quoi ! Finalement, les classes d’étiquetteauxquellesmamèremeforçaitàallern’ontpasétécomplètementinutiles.Quil’eûtcru?JelanceunsouriretaquinàDamien.–Tuassansdouteraison.C’estvraiquec’estunpeustressantdetoutfaireàtoutevitesse.Maisje

    m’amusetellementàgérerladécorationdelaplage,lemenuavecletraiteurettoutleresteavec…Jemedisqu’onpourraitpeut-être reporter lemariagedequelquesmoispourque j’enprofiteencoreplus,non?LesyeuxdeDamiens’étrécissentdangereusement.–Net’avisemêmepasderiredeça.Saufsituveuxquejetebalancepar-dessusmonépaule,queje

    tejettedansl’avionetqu’onaillesemarierauMexique…cequi,pourtagouverne,resteselonmoilameilleureidéedetoutes.–Vegasseraitplussimple,dis-jeenmemoquant.–Iln’yapasdeplagesàVegas,réplique-t-il,d’untonradouci.Mêmesijetekidnappais,jenete

    priveraispasdesvaguesetducoucherdusoleil.Jesoupireetmeblottisdanssesbras.–As-tulamoindreidéed’àquelpointjet’aime?–Assezpourm’épouser,dit-il.–Etbienplus.Ilpassesonbrasautourdematailleetmeserrecontre lui,puisposeses lèvressur lesmiennes.

    Son baiser commence doucement, léger comme une plume – un avant-goût. Mais impossibled’ignorer la chaleur entre nous, et me voici qui gémis en quelques secondes, la bouche grandeouvertepourlui,seslèvresinsistantescontrelesmiennes,quiprennent,goûtent.Ilmeserreencoreplusfortcontrelui,seslèvresmurmurentmonnom,etlesbraisescouvantconstammententrenousexplosentenflammesbrûlantes.Samainglisselelongdemondos,puissousmondébardeur,àlahauteurdemataille.Lasensation

    de sa peau contre lamienne est délicieuse, je soupire de plaisir puis suffoque de désir quand sesdoigtsagilesseglissentsouslaceinturedemonpantalondeyogaetsaisissentmesfesses.Ilmeserreencoreplus,sonérectionestbrûlanteetdureentrenous,etsesdoigtsmepénètrent.Jenesuisqueduliquidechaudetjen’aiplusqu’undésiraumonde:quenousnousdéshabillionstouslesdeuxetqu’ilmeprenneicimêmesurleparquet.Lapassiontambourineenmoi,etjejurequejepeuxsentirlamaisonvibrerautourdenous.Quelques secondes s’écoulent avant que jeme rende compte que les vibrations ne viennent pas

    seulementdemondésirpourmonfiancé,maisaussidel’arrivéedesonmoyendetransportdumatin.L’hélicoptère arrive par le nord pour atterrir sur l’héliport que Damien a fait installer sur lapropriété.Jefaisunpasenarrière,lesouffletoujourscoupé.–Vousallezêtreenretard,monsieurStark.–Hélas,vousavezraison.Ilm’embrasselecoindelabouche,et lapressiondesalangueàcetendroitsensibleestpresque

    aussiexcitantequelasensationdesonérectiondurecontremoi.– Tu es sûre de ne pas vouloir venir avecmoi aujourd’hui ?me demande-t-il. Je ne crois pas

    t’avoirdéjàbaiséedansunhélicoptère…Jeris.– C’est sur ma liste de choses à faire avant de mourir, j’affirme avec conviction. Mais pas

    aujourd’hui.J’airendez-vousàlapâtisserie.

  • Plutôtquelapiècemontéetraditionnelledepetitschoux,j’aidécidéd’opterpourunepiècemontéefaite de cupcakes ; seul le dernier étage sera un gâteau traditionnel avec un glaçage fondant. Lapâtissière,unechefcélèbredunomdeSallyLove,aimaginéunmodèleexceptionnelpourleglaçagedechaquepetitcupcake,etellevaincorporerdevraiesfleursàlapiècemontée,pourrendreletoutàlafoisélégant,sympathique…etdélicieux,biensûr.Damienetmoisommesallésensemblechoisirleparfum pour le gâteau du dessus, et nous avons aussi sélectionné dix parfums possibles pour lescupcakes.Aujourd’hui,jedoischoisirlescinqfinalistesparmieux.–As-tubesoindemoi?demande-t-il.–Toujours,dis-je.Maispasàlapâtisserie.Tuasfaittonboulot,jevaisjustefinaliserlechoixdu

    parfumdescupcakes.–N’oubliepasmespetitscheesecakes.–Jen’oseraispas.–Jamievientavectoi?–Non,pasaujourd’hui.MameilleureamieetanciennecolocataireestdepuispeuretournéevivredanssonTexasnatal.Il

    étaiturgentqu’ellearrêtesesconneries.ElleestrevenueàL.A.ilyatroisjours,biendéterminéeàêtrelameilleuredemoiselled’honneurdumonde.Hier, j’aidoncdûl’interrompreaprèsuneheureentièred’excuses,oùellem’expliquaitpourquoiellenepourraitsansdoutepasveniravecmoiàlapâtisserieaujourd’hui.–ElleestalléeàOxnardhiersoir,etellenesaitpastropàquelleheureellevarentreraujourd’hui.

    Elleavaitjouéunepiècelà-basilyaquelquesannées,etlemetteurenscèneestunamiquiréalisedespubs,maintenant…Jem’interromps et hausse les épaules,mais je suis sûre queDamien a saisi l’idée. Jamie essaie

    encorededécrocherunrôle.–Etsiellealerôle?s’enquiert-il.Jehausseànouveaulesépaules.Jesuispartagéeentremonenviequ’elledécrocheunrôleetcelle

    de lavoirprendresuffisammentde tempspour remettrede l’ordredanssavie. Jamiememanque,maisHollywoodl’aquasidévoréevivantepuisrecrachée;etbienquemameilleureamieseprétendesuffisamment fortepour le supporter, sous levernisde lapin-upqui semoquede toutbat lecœurd’unefemmefragile.Etcecœur,jen’aimeraispaslevoirbrisé.Damienm’embrasselefront.–Quellequesoitl’issue,ellet’a,toi.Çaluidonnedéjàunelongueurd’avance.Jeluisouris.–Tuseraslà,cesoir?– Tard, répond-il, suivant le contour de mon épaule du bout de son index. Si tu dors, je te

    réveillerai.– J’ai hâte, dis-je en relevant la tête pour un baiser. Vous feriez mieux d’aller vous habiller,

    monsieurStark.Etcedisant,jelepousseendirectiondelachambre.Ilrevientaussivitequ’iladisparu.Ils’avance

    versmoienattachantsesboutonsdemanchette.Puisilmeprendlamainetm’entraîneavecluisurlebalcon.Jelesuisdansl’escalieretsurlecheminmenantàl’héliport.Nousnousarrêtonslà,ilm’embrassedoucementunedernièrefois.–Bientôt,mademoiselleFairchild…dit-il.Maistoutcequej’entendsc’est:«Jet’aime.»

  • Je leregardecouriretsepenchersous leshélices tournantesavantdemonterdans l’hélicoptère.L’enginporteunblasonSIsursonflanc.StarkInternational.JegrimaceenpensantqueSUseraitplusapproprié.StarkUniverse.OuStarkWorld.Damienest,aprèstout,monmondeentieràmoi.Jeprotègemonvisageduventetregardel’hélicoptèredécoller,emportantDamienloindemoi.Je

    saisqu’ilseraderetourcesoir,maisjemesensdéjàvidesanslui.J’envisageunesecondederentrerpourm’habiller,maisfinalementjedécidedesuivrelechemin

    de dalles qui traverse le domaine jusqu’à la plage. Je marche le long de l’océan, j’imagine monmariage.Nousl’avonsprévupourlecoucherdusoleil,avecunefêtejusteaprès.Sil’onconsidèrelestatut social de Damien, la liste des invités est en fait assez réduite. Bien sûr, il y a nos amis encommun,etcertainsemployésclésdeStark International,deStarkAppliedTechnologyetd’autresfilialesdel’entreprise.QuelquesmembreschanceuxdesdiversesorganisationscaritativesauxquellesDamienparticipeseronteuxaussiprésents,ainsiqueplusieursdemesamis.La cérémonie en elle-même sera courte et simple, nous n’aurons que nos témoins respectifs.Et

    commemonpères’estenfuiilyadesannées,jen’aiaucunhommepourmeconduirejusqu’àl’autel.J’avaisenvisagédedemanderàl’undemesmeilleursamis,Ollie;mais,mêmesiDamienetluiontenfinréussiàfairelapaix,jen’aipasvoulurisquerlemoindredramelejourdemonmariage.Et il n’y a pas moyen que ma mère m’y conduise. Comment pourrais-je supporter qu’elle me

    «donne», alorsque j’aipassé toutescesdernièresannéesà la fuir ?Pourêtrehonnête, jene l’aimême pas invitée au mariage. Cela signifie qu’il n’y aura aucun parent pour m’accompagner àl’église. Jemarcherai donc seule jusqu’à l’autel, sur un chemin de pétales de roses, avecDamienStarkaubout,grandetélégant.Nous avons écrit nous-mêmes nos serments. Ils sont concis et touchants.Nous sommes tous les

    deuxd’accordpourdireque l’essentiel, c’estd’êtrevite aucœurde la cérémonie.Prenez-vous cethomme…Prenez-vouscettefemme…Oui.Oui,monDieu,oui!Lafête,c’estuneautrehistoire.Nousvoulonsqu’elledure toute lanuit,voire le lendemain.Dès

    que Damien et moi serons en chemin pour notre lune de miel, après une durée appropriéed’interactionsocialeetdegavagedegâteau,JamieseraenchargedelamaisondeMalibu;et,avecl’aidedel’équipedesécuritédechezStarkInternational,elles’assureraquelesinvitésayantbesoind’unendroitpourdormirenaurontunetqueceuxayantbesoind’êtrereconduitschezeuxleseront.Mêmesinouspasseronslamajeurepartiedecettefêteenlunedemiel,cesontlesdétailsdeson

    organisationquim’ontleplusoccupée.J’aicommandédestentes,unepistededanse,deslanternesetdes chauffages. Il y aura un buffet, trois bars, et une fontaine à chocolat fournie par le témoin deDamien,sonamid’enfanceAlaineBeauchene.Jesuisunpeusidéréeparlecasse-têteques’estrévéléêtrecettehistoiredelamusique,maisjesuistrèsmotivéeetjemedisque,d’icilafindelajournée,j’aurairéglélaquestiondelamusiqueetduphotographe.Onnepourrapasdirequejenesuispasoptimiste.Àpartça, lesseuleschosesimportantesrestantàrégler,cesont lechoixdesgâteaux–cequeje

    vaisfairedansquelquesheures–etledernieressayagedelarobe.UnecréationoriginaledePhillipeFavreau,achetéeàParisaprèsdesheuresdeconversationavecPhillipelui-même.Elleestfollementchèremais,commel’arappeléDamien,àquoibonavoirdesmilliardsdedollarssicen’estpourenprofiterunpeu?Etjesuisvraimenttombéeamoureuseducroquis.Phillipemel’aconfectionnéesurmesure,etnouslafaitenvoyerdepuissonatelierparisien.Ilya

    eudes retards stressants,maisonm’aassuréque tout étaitdésormais rentrédans l’ordre : la robearriveraàlaboutiquedeRodeoDrivedemainmatin.Sonassociée,enquiilauneconfianceabsolue,

  • sechargeradesretouchesfinalesdemainaprès-midi,etlarobeseralivréelematinsuivant,vendredi,puisenferméeàl’abridanslamaisondeMalibu,prêteàfairedemoiunemariéesamedi.Enfindecompte,toutsedérouledefaçonassezfluide,etjenepeuxm’empêcherdesourire.J’ai

    euquelquescauchemars,etalors?Jusqu’ici,j’assuregraveniveauorganisationdemariageetjen’aipasl’intentiondem’arrêterensibonchemin.Jeprendsunegrandeinspiration,satisfaite,puisfrappelavaguedemonpied;l’eauéclabousse.MmeDamienStark.Pourêtrehonnête,j’aivraimenthâte.–MademoiselleFairchild!JerelèvelatêteetvoisTony,l’undesgardesducorpsdeDamien,courirversmoisurlaplage.–Quesepasse-t-il?–Jesuisdésolé,mademoiselleFairchild.J’aiessayédevousjoindresurvotreportable,maisvous

    nerépondiezpas.Effectivement,montéléphoneestrestéàlamaison,prèsdulit.–Quesepasse-t-il?dis-je,alarmée.C’estDamien?–Non, non, rien de ce genre.Mais il y a une femme à la grille, dit-il, en parlant de la grille à

    l’entréedelapropriétéqueDamienafaitinstallerquandlespaparazzissontdevenusfouspendantsonprocèspourmeurtre.D’habitude,jeluidiraissimplementdes’enalleretdeprendreunrendez-vousmais,auvudescirconstances…–Quellescirconstances?–MademoiselleFairchild,reprend-il,ladameditqu’elleestvotremère.

  • Chapitre4

    Mamère.Mamère.Putaindemerde,mamère?Mesgenouxtremblentetjemeforceàgardermesbraslelongducorpspournepasm’accrocher

    automatiquementàTony.Iln’yariensurlaplagedontjepuissemeservirpourgarderl’équilibre.Pourtant,là,toutdesuite,j’aivraimentbesoinqu’onm’aideàresterdebout.Alors,jemetiensaussidroitequepossible,ensouriantàTonyetenespérantqu’ilnemeconnaissepasencoresuffisammentpourvoirquejesuistoutbonnementenpleinepanique.–Jen’attendaispasmamère,jeparviensenfinàdire.EllevitauTexas.– Je savais qu’elle vivait dans un autre État. J’ai regardé sa carte d’identité. Elizabeth Regina

    Fairchild,domiciliéeàDallas.Jesupposequ’ellevientpourlemariage.–Biensûr.Je…ellen’étaitjustepassupposéearriveravantvendredi,dis-je,enmentant.(J’arriveà

    lui lancer un de mes sourires étincelants, mais je crains d’avoir trop forcé et de ressembler auméchantd’unfilmd’horreurdesérieB.)Ehbien,trèsbien…Jesupposequevouspouvezluidiredeconduiresavoiturejusqu’àlamaison.SivouspouviezappelerGeorgeetluidemanderdel’installerdanslepetitsalondurez-de-chaussée,jecoursm’habiller.–Biensûr,mademoiselleFairchild.S’ilaremarquémonangoisse,ilestsoitassezgentil,soitassezbienentraînépourneriendire.Jeremontelecheminencourantetgrimpelesmarchesjusqu’aubalcondudeuxièmeétage.Jeveux

    êtresûrequemamèrenemevoiepasavantquejesoishabillée,maquillée,etsuffisammentapprêtéeet jolie pour que peut-être, peut-être, elle attende une heure ou deux avant de commencer à mecritiquer.Aussitôtarrivéedanslachambre,j’attrapemontéléphonepourappelerDamien.Puisjeraccroche

    avantmêmelaconnexion.Jem’assiedsauborddulitetprendsunegrandeinspiration.Moncœurbatsivitequemapoitrine

    me faitmal, et je serre si fortmon téléphonedansmamaindroitequ’il laisseunemarquesurmapaume.Mamaingaucheestrepliéeenpoingetjemeconcentresurlasensationdemesonglesplantésprofondémentdansmapaume. J’imaginemesonglesdéchirer la peau, faire couler le sang. Jemeconcentresurladouleur,puis,dégoûtéeparmoi-même,jelancemonautrebrasversl’arrièreetjettemontéléphoneàtraverslapièce.Ilexplosesurlecoup,uneexplosiondeplastiqueetdeverre:unemultitude demorceaux tranchants scintillent désormais sur le parquet, séduisants et tentants. Jemelèvemaislesignore.Jenelestoucheraipas,pasmêmepourlesbalayer.Ilssonttroptentants,etbienquejesoisdevenue

    plusfortedurantmesmoispassésavecDamien,jenemefaispasconfiance.Pasàcetinstant.PasavecElizabeth Fairchild, deux étages plus bas, qui attend comme une araignée pour m’attirer,m’envelopperetmeviderdetoutesubstancevitale.Merde!Mamère.La femme qui m’a enfermée dans une chambre plongée dans le noir et dépourvue de fenêtres

    quandj’étaispetite,afinquejen’aiepasd’autrechoixquededormirsuffisammentpouravoirl’air

  • reposéelelendemain.Quiacontrôlésiméticuleusementtoutcequej’aimangé,aupointquej’aidûattendred’entreràl’universitépourvoirunféculentpourlapremièrefoisdemavie.Lafemmedontl’imagedelaperfectionféminineaétésiparfaitementimposéedansl’espritdeses

    filles quema sœur s’est suicidée quand sonmari l’a quittée, parce qu’elle avait de toute évidenceéchouéentantqu’épouse.Lafemmequiaditquej’étaisuneidiotederesteravecDamien.Qu’unefoispasséelabarredesdix

    millionsdedollars, tous leshommessevalent…etque j’auraisdûm’en trouverunavecunpassifmoinslourd.Lafemmequiaditquej’avaisàjamaissalilenomdelafamillepouravoirposénue.Lafemmequim’atraitéedeputain.Je ne voulais pas la voir… mais, plus encore, je n’étais pas sûre de pouvoir la voir sans me

    décomposer.J’avaisbesoindeDamien,jevoulaisDamien.Ilétaitmaforce,monancre.Maisilétaitendéplacement,etmamèreaurez-de-chaussée.Etmêmesijesavaisqu’uncoupdefil

    dema part l’aurait fait rentrer dans l’heure, je ne parvenais pas àme résoudre à aller jusqu’à lacuisinepourdécrocherletéléphonefixeetpassercetappel.Jedevaisgérerçatouteseule.Illefallait.EtengardantlavoixdeDamienàl’esprit,jesavaisquejesurvivrais.Enfin,jel’espérais.

    –Ehbien,regarde-toi!Mamèrese lèveducanapé,défroissesa jupeen linavantdes’avancerversmoi lesbras tendus

    pourmeserrerdansuneaccoladequ’elleponctued’unbaiserdanslevide,sasignature.–Jecommençaisàpenserquetuallaismelaissericitouteseule,poursuit-elleElle parle d’un ton léger, mais je peux entendre les accusations dans sesmots. J’ai laissémon

    invitée toute seule et brisé l’une des règles cardinales du guide du savoir-recevoir d’ElizabethFairchild.Je reste silencieuse, jeme tiens juste toute raidedans sesbras.Unmomentpasseet jedécidede

    faireuneffort.Jemetsmaladroitementmesbrasautourd’elleetluidonneunepetiteaccolade.–Maman…dis-je.Puisjemetais.Honnêtement,quepourrais-jeajouter?–Mariée…dit-elle,avec,danslavoix,unecertainenostalgie.Pendant un instant, je me demande pourquoi elle est venue. Est-elle ici parce qu’elle veut

    sincèrement célébrer mon mariage ? Je ne suis pas vraiment convaincue, et pourtant je ne peuxm’empêcherd’avoirenmoicettepetiteflammed’espoir.Ellereculeetmeregardedehautenbas.J’aiprisletempsdemedoucher,demechangeretdeme

    maquiller.Alors,jesaisexactementcequ’ellevoitquandellemeregarde.Mescheveuxblondssonttoujourscoupéscourt,mêmes’ilsontunpeurepoussédepuiscejouroù,justeaprèsl’avoirvuepourla dernière fois, j’ai pris une paire de ciseaux et violemment coupé des morceaux entiers de machevelure.J’aimebiencenouveaustyleauxépaules.Nonseulementc’estagréabledeneplusavoirtoutlepoidsdecettetignasse,maislesbouclesontplusderessortetj’aimebienlafaçondontmescheveuxentourentmonvisage.Jeporteunesimplejupeenlinquiarrivejusteau-dessusdesgenouxetunpullpêchepar-dessus

    unechemiseblanche.J’aiauxpiedsmapairepréféréedesandalesàlanière.Leurshuitcentimètresdetalonlesrendenttoutàfaitimpraticablespourunaprès-midideshoppingprémarital,maisjeportais

  • ces chaussures le soir où j’ai rencontréDamien à la fête d’Evelyn – quime semble désormais siloin…Etdeboutdevantmonplacardilyaquelquesminutes,jemesuisditquesijedevaissurvivreàmamère, j’allaisavoirbesoindupetitplusdeconfiancemagiquequ’ellesmedonnentquandjelesporte.Lavérité,c’estquejesaisquejesuisjolie.Ilestimpossibled’avoirparticipéàtantdeconcoursde

    beauté,etd’avoirgagné,puisdecontinueràfairedesrondsdejambeenprétendantquevousnesavezpasàquoivousressemblez.Objectivement,jesuisjolie.Passublimecommeunestardecinéma–ça,c’est Jamie–mais jolie, voire belle.Et je sais commentme tenir pour être àmon avantage.Dansd’autrescirconstances,jemetiendraisdroite,sansdouteruninstantdepasserhautlamain l’examenduregarddequiconque.Maisnousnesommespasdansdescirconstancesnormales,et jemesenstout à coup commeune ado endimanchée, aux abois pour obtenir l’aval demamère.Et ce que jedétesteleplus?Leregarddouxdesesyeuxilyauninstant.Ellem’acomplètementdéstabilisée,jenesais plus à quoim’attendre désormais.Magarde est baissée, et je suis là à attendre de l’affection,commeunchiotperduquilasuivraitjusquechezelleenattendantuneaumône.Jen’appréciepasparticulièrementcesentiment.–Bien,dit-elleenfin.Jesupposequesituportestescheveuxcourt,onnepourrapasfairemieux

    quecettecoupe.Ma posture rigide se ramollit et je regarde le sol pour qu’elle ne voie pas les larmes qui me

    montent aux yeux. Je suis véritablement ce chiot, et elle vient juste de me filer un coup de piedd’anthologie.Jepeuxsoitmerecroqueviller,soitmontrerlesdentsetmedéfendre.Etfoutumoi,jesuisàdeuxdoigtsdemerecroqueviller.Et puis jeme souviens que je ne suis plus la poupéeBarbie d’ElizabethFairchild. Je suisNikki

    Fairchild,patronnedesapropreentreprisedelogiciels,etplusquecapablededéfendremamauditecoupedecheveux.Jeprendsuneprofondeinspiration,lèvelatête,etregardepresquemamèredanslesyeux.–C’estuncarré,maman.Onnem’apas raséecommeunmarine. Je trouvequeçamevaplutôt

    bien.(Jeluilancemonsourireparfaitdedéfilé.)Damientrouveaussi.Ellerenifle.–Chérie,cen’étaitpasunecritique.Jesuistamère.Jesuisdetoncôté.Jeveuxjustequetusoisau

    mieuxdetonpotentiel.Ce que je veux,moi, c’est lui dire de faire demi-tour et de rentrer chez elle.Mais lesmots ne

    sortentpas.–Jenet’attendaispas,dis-jeseulement.– Pourquoim’aurais-tu attendue ?me demande-t-elle d’un ton léger. Ce n’est pas comme si tu

    m’avaisinvitéeàtonmariage,aprèstout.Hum,allô?Tucroyaisvraimentquej’allaislefaire,aprèstoutesceschosesquetuasdites?Après

    quetuasétéclairesurlefaitdenepasaimerDamien?Denepasmerespecter?Depenserquejenesuisqu’unesalopequines’intéressequ’àsonargent?Voilà ce que je veux dire, mais les mots ne viennent pas. Alors, je hausse les épaules. J’ai

    l’impressiond’avoirdixans,etdissimplement:–Jenepensaispasquetuavaisenviedevenir.Jeregardemamère,ébahie,tandisquesapostureforcéeetdroites’affaisselégèrement.Ellerecule

    lebrasetsaisitl’accoudoirpourserasseoirsurlecanapé.Jel’observe,épatéedevoiruneémotionsursonvisage,uneémotionquejecroisnejamaisyavoirvueauparavant.Mamèrearéellementl’airtriste.

  • Jemedirigeverslefauteuilenfaceetm’assieds;jeregardeetj’attends.–Oh,Nichole,moncanard,jesuisjuste…Elle s’interrompt et fouille dans son sac àmain, en ressort unmouchoirmonogrammé qu’elle

    utilisepour se tapoter lesyeux.Sonaccent texanestplusprononcéqued’habitudeet jeconnaiscesigne,annonciateurdumélodramequivasuivre.Maisiln’yaaucunelarme,aucunecomédie.Elleditsimplement,etdoucement:–Jevoulais justepasserunpeude tempsavec toi.Mapetitefillesemarie.C’estune impression

    douce-amère.Elle tend les bras comme si elle allaitme prendre lamainmais, finalement, les repose sur ses

    cuisses. Elle serre ses mains l’une contre l’autre et redresse le dos, puis elle prend une grandeinspirationcommepourrassemblersoncourage.–Jepenseàtonmariageetjenepeuxm’empêcherdepenseràtasœur.Jeveux…Commeellenefinitpassaphrase,jenesaispascequ’elleveut.Quantàmoi,jenesaispasàquel

    moment,mais jemesuis levée sansm’en rendrecompteetdétournéepourqu’ellenevoiepas lesgrosseslarmesquicoulentdésormaislelongdemesjoues.Jefermelesyeux,biendéterminéeànepaspenseràAshley,etencoreplusànepaspenseraurôle

    quemamèreajouédanssonsuicide.Maiscespensées-làsontdifficilesàeffacer,parcequ’ellesontvécusilongtempsenmoi.Etmaintenant,maintenantjenepeuxm’empêcherdemedemandersic’estlamanièredemamèred’exprimersesremords.Ousijesuissimplementstupided’espérer,sûrementenvain,qu’unecertainepaixs’instaureentreelleetmoi.

  • Chapitre5

    –Descupcakes?Mamèreaparléd’untonneutre,maissonsourireguilleretestfaussementpoli.Ellediscuteavec

    SallyLove,lapropriétairedelapâtisserieBouchéesd’amour,l’unedespâtisserieslesplusenvuedeBeverlyHills.Sallyatravaillépourdesdizainesdegrandsévénements,aeudesarticlesdanstouslesmagazinesdecuisinepossibleset imaginables,etc’estunevieilleamiedeDamien.C’estaussiuneartisteduglaçageetunplaisirdetravailleravecelle.Jesuisterrifiéeàl’idéequemamèrepuisselafroisser.Lesouriredemamères’agranditencoreunpeu.–Quelleidéeabsolumentcharmante!Était-celavôtre?demande-t-elleàSally.– Ma méthode, c’est de travailler avec mes clients pour déterminer ce qu’ils recherchent

    exactementetfaireainsideleursfêtesunévénementnonseulementàpart,maisquileurappartientàeuxseuls,expliqueSally.– En d’autres termes, vous ne vous sentez contrainte ni par la tradition ni par les conventions

    sociales?Lesmotsdemamèresontremplisdevenin,maissontonetsamanièresipolisqu’ilestdifficilede

    savoirsielleestdélibérémentvexanteoudiscuteentoutehonnêteté.Jeconnaislaréponseparcequejeconnaismamère,etj’interviensavecmonsourireguilleretàmoi.–J’adorel’idéedescupcakes.J’aivuçadansunmagazine,etçam’aparuêtrel’allianceparfaite

    entrelatraditionetlafantaisie.(JemeretourneversSally,excluantsciemmentmamère.)Toutestaupointpourledernierétagedugâteau,n’est-cepas?Sallymesourit,avecsesjouesrosesquim’évoquentMmeNoëletdesbiscuitsdeNoël.Elledoit

    avoiràpeinedixansdeplusquemoi,maisilyachezellequelquechosedematerneletd’apaisant.Jecomprends qu’elle fasse autant de gâteauxdemariage.Elle peut calmer unemariée nerveuse d’unsimpleregard.–Toutestprêt,m’assure-t-elle.Maisilfautencorechoisirlesparfumsdescupcakes.L’idée,c’estd’enavoircinqdifférents,unpourchaqueétage,pourquelesinvitéspuissentchoisir

    leurs préférés. Des cupcakes additionnels, si qui que ce soit en veut plus, seront disposésartistiquement sur la table,parmi les fleurs sauvages fraîchementcoupéesque j’ai commandéesaufleuriste.Desmarguerites,destournesolsetdescastillejasquimerappellentl’incroyablebouquetqueDamienm’avaitenvoyélelendemaindenotrerencontre.Sallypointesonmentonverslatabledel’arrière-boutique,élégammentrecouverted’unenappeen

    linblanc.Dessus,unerangéededixminusculesgâteaux.–Jemesuisditqu’ilfallaitterafraîchirlamémoire.Jeris.–Mêmesij’aidéjàfaitmonchoix,tusaisquejevaism’asseoiretygoûter.(Jejetteunregardàma

    mèretoutenmedirigeantverslatable.)Veux-tuygoûteraussi?Ilssonttousdélicieux.Ellehausse son sourcil aumaximumet jemedemandeàquand remonte ladernière foisoùma

    mèreaavaléunecaloriequinevenaitpasd’unesaladeoud’unverredevin.–Non,jenecroispas.Jehausselesépaules.

  • –Commetuveux,dis-je.(Jevoisleslèvresdemamèreseserrerencoretandisquejem’installeàtable.)Çaenferapluspourmoi.Lepremiergâteau,unpetitcheesecake,estlepréférédeDamien,etjemeretiensd’enprendreune

    bouchéeparceque jeveuxdemanderàSallysi jepeux l’emporterà lamaisonpour lui. J’imaginedéjàtouteslesnégociationsquece«cadeau»pourraitengendrer.Je sourisengoûtant legâteausuivant,nonpasque je soisune fanducaramel,mais je fantasme

    encore sur mes négociations potentielles à venir. Le suivant est un gâteau au chocolat intense,absolumentdélicieux,quejesavoureavecungémissementsensuel.Sallyrit.–Ceparfum-làprovoquesouventcetteréaction.–Ilfaitdéfinitivementpartiedesfinalistes,dis-je,avecunsourireexagéré.Tusaisquoi,jevaisen

    prendreunedouzaineetnouslesemporteronsavecnouspournotrelunedemiel.NousrionstouteslesdeuxetSallymeposedesquestionssurlalunedemiel.Jeluidisquec’estun

    secret,mêmepourmoi,unesurprisedeDamienStark.Mamèresedandinealorsversnoussursestalons aiguilles.Elle s’arrêtedevantmoi, interrompant immédiatementmon instantde camaraderieavecSally.–Chocolat,jauneetblanc!lance-t-elle.Unegénoise.Uncheesecake.Situinsistessurlescupcakes,

    tiens-en-toiaumoinsàdesparfumstraditionnels.– Je ne sais pas, dis-je en prenant une deuxième bouchée du cupcake que je tiens. Celui-ci, au

    potiron,estàtomber.–Ilabeaucoupdesuccès,confirmeSally.Maisessaielafraise.Mamèretendlebrasetsaisitbrusquementmafourchette.Pendantuneseconde,jesuisassezidiote

    pourpenserque,enfindansl’ambiance,ellevagoûterlegâteau.Maisellesecontentedepointerlesdentsdelafourchettedansmadirection.–Voyons,Nichole,dit-elled’untonsuggérantsanséquivoquequej’aicommisunhorriblepéché.

    Essaies-tuderuinertonmariage?As-tupenséàtataille?Àteshanches?Sansparlerdetapeau!Elle se retourne vers Sally, qui de toute évidence lutte pour effacer de son visage l’expression

    choquéeetdégoûtéequis’ytrouve.–Bénie soit-elle ! ditmamère, d’une voix dégoulinante demiel,maismaNichole n’est pas de

    cellesquipeuventmangerdugâteauet seglisser ensuitedansquelque chosed’aussi ajustéqu’unerobedemariée.–Nikkiestunejeunefemmeadorable,répliqueSallyd’untonferme.Et jesuissûrequ’ellesera

    resplendissantelejourdesonmariage.–Biensûrqu’ellelesera,confirmemamère.Savoixs’éloignedeplusenplusdemoi,commesijeglissaisenarrièredansuntunnelloind’elle,

    loindeSally,loindetout.–C’estpourçaquejesuislà,ajoutemamèreensecalmant.Mafillesaitqu’ellen’aaucuncontrôle

    surelle-mêmeàproposdeschosesquinesontpasbonnespourelle.Lesgâteaux,lessucreries, leshommes,ajoute-t-elledansunmurmure.J’aitoujoursétélàpourl’aideràsavoircequiestimportant.–Jevois…ditSally.Etj’ail’impressionqu’ellevoitplusquemamèrenelevoudrait.Demoncôté,mêmedesprofondeursdupuitsdanslequeljesuistombée,jemesensfurax.Jeveux

    bondirdemachaiseetdireàmamèrequ’ellenem’ajamaisaidéeenquoiquecesoit,qu’ellem’aseulementmanipulée.Qu’ellenes’intéressepasàceque jeveux,maisseulementàmonapparencephysique,àmafaçondemecomporter…etsijereflèteuneimageàlahauteurdunomdesFairchild

  • –unnomquinevautplusgrand-chosedepuisqu’elleareprislecontrôledel’entreprisedepétroledontelleavaithéritéàlamortdemongrand-père…pourl’anéantir.Jeveuxdiretoutça,maisjenelefaispas.Jemecontentedem’asseoir,monsourireenplastique

    colléauvisage,medétestantdenerienfaire.Denepasluidired’allersefairevoirchezlesTexans.Maisjedétesteencorepluslefaitquejeserreuneautrefourchettedansmamain,souslatable,et

    quejel’appuiefortcontremajambeàtraversletissufindemajupe,lesdentsplantéesdanslachairdemacuisse.Jeneveuxpas,jesaisquejedoisarrêter,meleveretfoutrelecampd’icisinécessaire.Maistoutelaforcequej’avaispuemmagasinercesderniersmoiss’estenvoléecommelesaigrettesd’unpissenlitsousunventféroce.–Nikki…commenceSally.Jenesauraisdiresil’effroidanssavoixvientdudiscoursdemamèreousiellearéussiàlirele

    désarroi sur mon visage. Peu importe, après tout, parce que le carillon électronique de la portel’interrompt.Jelèvelesyeuxetsoupiredesoulagement.Letunneldisparaîtetjerecouvrelavue.Lafourchette

    tombedemamainsurlesol,etjemerendscomptequejesuisdebout.Damiensedirigeàtoutevitesseversmoi.Jecontournelatable,toutlerestem’importepeu.Ils’arrêtedevantmoi.Sonvisageestduretson

    regardchaleureuxmaisinquiet.–Finalement,j’aipucasercettehistoiredegâteauxdansmonemploidutempsdujour.Jem’efforce de ne pas sourire,mais les coins dema bouche palpitent et je sens des larmes de

    soulagementmechatouillerlesyeux.–Jesuiscontente.Iltendlebrasetcaressemajoue.–Cava?–Toutvabien,dis-je.Dumoinsmaintenant.L’inquiétudes’effacedesonregardetjesaisqu’ilmecroit.Ilprendmamainpuisseretournevers

    mamère.–MadameFairchild…Quelleagréablesurprise !dit-il surun tonexagérémentpolietsuggérant

    qu’iln’yaabsolumentriend’agréabledanscettesurprise-là.–MonsieurStark…Damien…Je…Elles’arrêtenet,cequim’amusebeaucoup.Ilestrarequemamèrenetrouverienàdire,maisla

    dernièrefoisqu’elleetDamiensesontvus,il l’avirée,littéralement.Il l’arenvoyéeauTexasdansl’undeses jets.Etencore,c’étaitavantqu’elleneprofère toutesceschosesabjectesqu’elleaditesdepuisànotresujet.Jenepeuxdoncm’empêcherdemedemandersiellen’apaspeurdequitterlaCalifornied’unefaçonnettementmoinsagréablecettefois-ci.Damien,cependant,estlapolitesseetlesavoir-vivreincarnés.–C’étaittellementgentilàvousd’accompagnerNikki,aujourd’hui.Jecroisquenoussavonstous

    lesdeuxcombienvotreavisestimportantpourelle.Les yeux de ma mère s’écarquillent de façon presque imperceptible. Je sais qu’elle veut lui

    répondre, le fustigeravec levenindélicatdemotsquiviendraient leblesseraussiprofondque leslames m’ont blessée moi… mais de toute évidence les mots ne lui viennent pas. Ma mère estredoutable,maisDamienl’estencoreplus.SonexpressionpassedelaconsternationàlasurprisequandJamiesurgitdanslapâtisseriecomme

    unetornade.–Jesuislà!Jesuislà!Unmégabonpointpourlademoiselled’honneur!

  • Pendant quelques secondes, je crois vraiment qu’elle est venue pour la simple raison qu’ellem’avait promis d’essayer d’être là aujourd’hui. Mais quand je vois qu’elle regarde Damien enpremier,jecomprendsqu’ill’aappeléeetqu’ellefait,elleaussi,partiedelacavalerie.Quelquesinstantsplustard,RyanHunter,lechefdelasécuritédeDamien,sepresseàsontourdans

    laboutique;maisils’arrêteenvoyantDamienetretourneseposterprèsdelaporte,lesyeuxrivéssurmamère,commes’ils’agissaitunebombesurlepointd’exploser.Jeretiensunrirenaissantdansma gorge. Ma mère ne m’a jamais procuré le sentiment d’être aimée. Avec Damien, je me sensadorée,protégéeetensécurité.Jecomprendscequ’ils’estpassé,bienévidemment.TonyaappeléDamien.CommeilétaitàPalm

    Springs, il a appelé Jamie et Ryan afin de s’assurer qu’il y aurait quelqu’un avecmoi pour fairetampon. Je lui serre la main, puis articule en silence du bout des lèvres : «Merci. » Le mot estmodeste.L’émotion,elle,estgrande.Ilserremamainàsontour,maissonattentionseconcentresurmamère.Jelaregardemoiaussi.

    JemerendscomptequeSallyadiscrètementdisparu, laissantderrièreelle ledramedelaboutiquepourlecalme,toutrelatif,desacuisine.LavoixdeDamienestfermequandils’adresseàmamère.–EntreJamieetmoi,jepensequenousallonspouvoirnousensortir.Jesuissûrquevousavezvos

    valisesàdéfaire.Pourquoinepaslaissermongardeducorpsvousconduireàl’hôtel?–Nesoyezpasridicule,ditmamère.Jesuisraviederester.(Ellemesouritetjesensmonestomac

    setordre.)Jeveuxpasserdutempsavecmafille.–Génial!ditJamie.Aujourd’hui,c’estl’enterrementdesaviedejeunefille.(Ellejetteunœilàsa

    montre.)D’ailleurs, on est censées retrouver les autres filles auRaven dans à peu près une demi-heure. C’est un club de strip-tease, précise-t-elle dans un murmure savamment étudié. Ça va êtregénial…Çavoustente?Mamèrelaregardeavecdesyeuxronds,etjedoisvraimentfairetousleseffortsdumondepour

    nepasexploserderire.JesaisqueJamieplaisante–jeluiaibienrépétéquejenevoulaispasd’unenterrementdeviedejeunefille–,maisàcetinstantçavaudraitpresquelapeined’enavoirun.– Hum, non… Merci, je... (Ses yeux se posent sur Damien.) Je suppose que je pourrais aller

    m’installer…–J’aiunesuiteauCenturyPlazaHotel,intervientalorsDamien.J’insistepourquevousylogiez.–Ohnon!Jenevoudraispasdéranger.Ilneditpasceque jesaisqu’ilpense–Vousavezdéjàdérangé.À laplace, il lagratifiede son

    sourireleplusformel,celuidel’hommed’affaires.–Iln’yaaucunproblème.D’ailleurs,votrevoitureestdéjàlà-basettouslesdétailsontétéréglés.JelislaconfusionsurlevisagedeJamie,c’estellequilogedanslasuiteduCenturyPlaza.– Oh, je vois… Dans ce cas… (Elle se retourne vers moi.) Je viendrai avec toi demain, pour

    l’essayagedelarobe,dit-elle,etjemesouviensavecremordsquejeluiaidétaillétoutmonemploidutempsdelasemaineennousconduisantdeMalibuàBeverlyHills.–Biensûr,dis-je,mêmesiceque j’aivéritablementenviedecrierc’estqu’avoircette femmeà

    l’espritenessayantmarobedemariéeestladernièrechosedontj’aibesoin.Ceseraitsuper.Damien me regarde d’un air interrogateur. Je me contente de hausser les épaules en guise de

    réponse.Unepartdemoiveutqu’ilintervienneetl’envoiefairesesvalises.Maisc’estmamère,etuneautrepartdemoi,lapartsecrèteetenfouiequejen’aimepastropfaireressortirnianalyser,veutquemamèresoitprésenteàmonmariage,qu’ellemeserredanssesbrasetmedisequ’elleestdésoléepourtoutescesannéesd’horreursetdedrames.

  • Jeleveux,maisjenecomptepasdessus.Pourtant,cetteflammed’espoirbrûleencoreetjelasensvacillerenmoi.–Ryanvavousemmener,ditDamienàmamère.Jejetteuncoupd’œilàRyanetlevoisdétournersonregarddeJamiepourleposersursanouvelle

    mission.JemeretourneversJamie.Sonexpressionsuggèrequ’ellen’apasconsciencedel’attentionqueluiporteRyan,maisunroseinhabituelcoloresesjoueset,tandisqueRyanguidemamèreverslaporte,jenepeuxm’empêcherdemedemanderd’oùilvient.Jamietraverselapiècepourmerejoindreàlatable,attrapelegâteauaucarameletencroqueune

    énormebouchée.–Tucomprendsbienqu’iln’yapasmoyenquejepartageunesuiteavectamère.Jeris.–Aucunedevousdeuxn’ysurvivrait.–J’aidemandéàTonydefairetesvalisesquandilalivrélavoituredeMmeFairchild,intervient

    Damien.TuvaslogeravecnousàMalibu.Jamielèvelepoingau-dessusdesatête.–Victoire!Monsourireestsilargequ’ilmefaitpresquemal.–Mercidemeprotéger,dis-jeàDamien.–Toujours.Ladouceurdesesyeuxs’effaceetsonregardsedurcitunpeu.–TuveuxquejelarenvoieauTexas?J’aifaillidireoui,maisjesecouelatête.–Non.Jememarieetc’estmamère.Jesuisassezfortepourgérer,dis-jeenréponseàsonregard

    dereproche.–Tul’es,confirme-t-ilpourmeréconforter.–Etilyaeuunmoment…Je secoue la tête, en repensant à la façon dont elle avait parlé du mariage d’Ashley et à la

    vulnérabilitéquej’avaisvuedanslesyeuxdemasœuràcemoment-là.–Quoi?medemandeDamienenmeregardantattentivement.–Jepensejusteque,malgrétoutescessottises,unepartied’elleveutvraimentêtrelàpourmoile

    jourdemonmariage.Pendantuninstant,Damienneregardequemoi,sesmainsposéessurmesépaules.Puisilsepenche

    etembrassemabouchedansleplustendredesbaisers.Quandilrecule,jem’attendsàunedispute.Àcequ’ilréciteunelistedétailléedetoutesleschoseshorriblesquemamèrem’afaitsubir,nousafaitsubir.Jem’attendsàcequ’ilévoquesonpèreàlui,dontniluinimoinesouhaitonslaprésenceàcemariage.Merde!jem’attendsàcequ’ilmeremettelesidéesenplace.Maisnon,ilmeditsimplement:–Faisattention.J’avalemasaliveavecdifficultéetj’acquiesceparcequejesaisqu’ilaraison.Unefoisdeplus,lecarillonrésonne;maiscettefoisjeneconnaispasl’hommequipasselaporte.

    Ilestbeauàenmourir,avecdescheveuxbrunsparsemésdeblondetderoux.IlaautantdecharismequeDamienStark,etquandsonregardbalaielapiècejepeuxvoirlafinesseetl’intelligencedesonregard.–OndevraittermineravecSallyetsemettreenroute,dis-jeàDamien.Ellead’autresclientsdont

    elledoits’occuper.

  • –Jen’endoutepas,répond-il.MaisEvann’estpasl’und’entreeux.Ilestavecmoi.–Ehbenmerde!s’exclameJamie.Vousvousdéplacezenbande?Damien fronce les sourcils et jemanqueexploserde rire.Peudepersonnespeuventdéstabiliser

    DamienStark.–Dequoiparles-tu?–Oublie!Jamieagitelamaincommepoureffacersesmots.Maisellesetourneversmoi,etjeluiadresseun

    légersignede tête.J’aiparfaitementcompriscequ’ellevoulaitdire,parcequecemecestsublime.Peut-être pas aussi sublime queDamienStark,me dis-je en fiancée loyale que je suis,mais il faitquandmêmedesétincellescommeilfaut.–EvanBlack,permettez-moidevousprésentermafiancée,NikkiFairchild,etsameilleureamie,

    JamieArcher.Evantraverselapiècejusqu’ànous.IlserremamainpuiscelledeJamie.Jenepeuxm’empêcher

    deremarquerqu’ellelagardeunesecondedeplusquenécessaire.–Félicitations,meditEvan.J’aisulapremièrefoisqueDamienm’aparlédevousquevousdeux

    alliezvousmarier.Jevoussouhaitelemeilleur.–Merci,dis-jesimplement.JeregardeDamien,intriguée.Ilnem’ajamaisparlédecethommeauparavant.–JeconnaisEvandepuisdesannées,expliquealorsDamien. IlvitàChicago.Nousavonsbuun

    verreensemblequandj’ysuisalléilyaquelquesmois,ajoute-t-il.–Nouscherchionstouslesdeuxàacquérirlamêmeentrepriseenfaillite,préciseEvan.–Quil’aeue?jedemande.–Damien,répondEvansansregret.Maisaujourd’huic’estmontour.Jenesaispascequeçaveutdireetceladoitsevoirsurmonvisage.–Evanvaacheter lesgaleries,ditDamien. (Ilparledesgaleriesd’artqueGiselleReynard lui a

    récemmentcédées.)NousétionsàPalmSpringspourvoirquelquesœuvresdanslaréserve,etEvanviendraàMalibudemainpourvisiterlapropriétéprincipale.–J’aiencoredesdétailsàréglerpendantmonséjourici,ditEvan.Maisjesuishonoréd’avoirété

    invitéàvotremariage.Jesuisravipourvousdeux.–Merci,dis-je.Je vois bien que Jamie le regarde toujours avec autant d’intérêt. C’est une situation qu’il faut

    étoufferdansl’œuf.NonseulementJamieestcenséesecalmercôtémecs,maisvuqu’EvanhabiteàChicago,toutçaneseraitriend’autrequ’uncoupd’unsoir.Etc’esttoutsaufcedontmameilleureamieabesoinencemoment.Jamiesortsontéléphoneetgrimacepuismeregarde.–Ilfautqu’onsedépêche,dit-elle.Nousallonsêtreenretard.–Enretard?Pourquoi?Elleroulelesyeux.–Jetel’aidit.OnrejointlesfillesauRaven,ajoute-t-elle,faisantréférenceàlaboîtedestrip-tease

    masculindeHollywood.–LeRaven?interrogeDamienenhaussantunsourcil.–Hum…allô?ditJamie.Enterrementdeviedejeunefille.Alcool.Mecssublimesquasinus.(Elle

    le regardedespiedsà la tête.)Nonpasqu’ellen’enaitpasdéjàundanssavie,maisquandmême.C’estlesoirpourêtrevilaine.–Iln’estmêmepasmidipassé,dis-jestupidement.

  • –Jesais,répondJamie.C’estl’heureoùilyalemoinsdemonde.Plusd’attentionpournous.Oh,monDieu!JelanceunregardàDamien,mais,pourunefois,jesuisincapablededécryptersonexpression.Je

    tournelesyeuxversEvan.Plusfacileàdéchiffrer,iln’essaiemêmepasdecachersonamusement.–Jet’aiditquejenevoulaispasd’enterrementdeviedejeunefille,dis-je.Etj’aideschosesàfaire

    aujourd’hui.Lamusique,lephotographe,dis-je.Aïe!jegrimaceenvoyantlesourcildeDamienserelever.Merde!Monpetitmensongedumatin

    vientd’êtredévoilé.–Etjedoisconfirmerlesfleurs,jem’empressed’ajouter.J’aibesoin…–De te relaxer avec tes amies,mecoupe Jamie.Allez,Nick.Musiqueoupas, photosoupas, tu

    serasmariéesamedisoir.Tunesortirasjamaisplusentantquecélibatairesexy.Alorsonlefait.Jesuistademoiselled’honneuretj’insiste.(EllelanceunregardàDamien.)Désolée,mec.Çafaitpartieducontratdesmeilleuresamies.–Jen’endoutepas.Ilsetourneversmoi,implacable.–Ilfautquejeteparleseulàseule.J’adresseàJamielegenrederegardquipourraitfaireplierunearmée,puisjesuisDamiendans

    uncoinéloignédelapièce.Noussommesdeboutderrièreunepiledeboîtesrempliesdemagnifiquespiècesmontées.Jelesregarde,etjeleregretteaussitôtparcequ’ellesmerappellentàquellevitessecesamedisoirvaarriver.Etmalgrél’arrivéetriomphantedeDamiendanslerôledusauveteur, ilyaquelquesminutesàpeine,lespicotementsdestressetd’angoissemereprennentdésormais.ParcequeJamiearaison.C’estmadernièrechancedemelâcheravecmescopines.MaisjeneveuxpasmettreDamienencolère.Et,mêmesinousn’enavonsjamaisdiscuté,jesuisà

    peuprèssûrequ’ilnevapasgracieusementaccepterl’idéed’unautrehommequisecolleàmoi.Etnoussavons tous lesdeuxque,mêmesinousnousmettonsd’accordsurcertaines limitesànepasfranchir,Jamieferatoutpours’assurerqu’ellessoientdépassées.–Cen’estpasmonidée,dis-je.–Maistuveuxyaller.Savoixestprofonde,sensuelle.Ilmerendnerveuseparcequejenesaispasoùilveutenvenir.–Jenesaismêmepas,dis-je.Il enrouleunemèchedemescheveuxautourde sesdoigts, puis la lâche.Sonpoucecaressema

    pommette,puismalèvreinférieure.Mabouches’entrouvreetjesensmoncorpsfondrededésir.Personneaumonden’asurmoil’effet

    qu’aDamien,etàcetinstantmejeterdanssesbrasetmeperdredanssesbaisersestcedontj’ai leplusenvie.Cen’estcependantpaslesensquesembleprendrecettediscussion.–Vas-y,dit-il.Amuse-toiavectesamies.Jeclignedesyeux.–Vraiment?Ilrit.–Commentpourrais-jetepriverdetoutel’aventure«mariage»?–Je…Biensûr,maisleRaven…Jebafouilleparceque,sérieusement,quepourrais-jebienajouteràproposd’hommesmusclésqui

    dansentenstring?–Hum…oui.Àcesujet…

  • Ils’approchedemoi,sachaleurestsipalpablequejesenslecrépitemententrenous.–Tuyvas.Tut’amuses.Etpuisturentresettumeracontestout.Jemepasselalanguesurleslèvres.–Tout?Ilsepenchedefaçonqueseslèvresfrôlentmonoreille.–Chaquedétail,bébé.Amuse-toiautantquetuveux.Etquandturentrerasàlamaison…ajoute-t-il,

    englissantsamainverslebaspourattrapermesfesses,jedéciderais’ilestnécessairedefesserceculmagnifiqueousituasbesoind’unepunitionpluscomplèteafinquetutesouviennesàquelpointtum’appartiens,complètementetirrévocablement.Ilrecule,sesyeuxplongentdanslesmiens,etledésirquej’ylismefaitpresquejouirsurplace.–Ons’estcompris,toietmoi?Jefaisouidelatête.–Pardon?–Oui,dis-jeensoutenantsonregardpourledéfier.Oui,monsieur.Le coin de ses lèvres tremble légèrement. Ilme prend lamain etm’attire vers lui,m’embrasse

    doucementsurlabouche.– Pour votre gouverne, mademoiselle Fairchild, murmure-t-il, j’ai l’espoir secret que vous

    passerezcetaprès-midiavecvosamiesàêtretrès,trèsvilaine.

  • Chapitre6

    Jamielaisseéchapperunriretandisqu’unmecneportantqu’unstringetunchapeaudecow-boysecolleàsonvisage.Jesuisassise justeàcôtéd’elle, lecorps tournévers lagauche, loindutypeenquestion ;maisJamiesedonneà fondetplante joyeusementdesbilletsdeunoucinqdollarssousl’élastique de son string.Élastique qui, au vude son air détendu, peut exploser à n’importe quelleseconde–cequinedérangeraprobablementpasdutoutJamie.Mais,mêmesiletypen’estpasmoche,unseulhommenum’intéresse,Damien.Etcetypen’estpas

    Damien.Jamie sort un billet de cinquante. Je lui fais les gros yeux et me dis que je suis sur le point

    d’assisteràunspectaclededéhanchementd’untoutautreniveau.Etàcemoment-là,Jamiepointeundoigtversmoienfaisantunsignedetêteetenposanttrèsdélibérémentlebilletsurl’entrejambedutype.–Jamie!J’aihurlé,maismevoilàquiris,parcequeJamierit,etqueLisa,EvelynetSylviarientaussi.Jeme

    tortillepourmedégager,maisJamiememaintientenplace,unsouriremalicieuxcolléauvisage.Àcôtédemoi,Evelynsefaitunshotdewhiskypur.–Chérie, tusaisque j’adore tonmec,et jesuisplutôt fandesattributsdemonmecàmoiaussi,

    maisilfautquetuterelaxesetqueturegardestoutçad’unpointdevueartistique.Commepourmedonnerl’exemple,ellesepencheenarrière,prendunautreshot,fixelecow-boy

    etsoupire.EvelynDodgeesteffrontée,bornée,etsouventinsolente.Elleditcequ’ellepenseetnetolèreles

    conneriesdepersonne,elleaconquisHollywoodetunpeuplusencore.Ancienneactrice,devenueagent,puismécène,EvelynconnaîtDamiendepuissesdébutsdetennisman.Elleconnaîtsessecretsdepuispluslongtempsquemoietl’aimeautantquemoi.Damienaperdusamamanquandiln’étaitqu’unpetitgarçon,etj’aitoujoursétéreconnaissantequ’Evelynsoitdanssavie.Aujourd’hui,jeluisuisreconnaissanted’êtredanslamienne.Maiscen’estpaslemomentd’êtresentimentaleetjeluiadresselegenredesourirequirendraitma

    mèrefière.–Evelyn,dis-jedoucement,turacontesvraimentdesconneries.– C’est toutes ces années passées à Hollywood, Texas. (Elle penche sa tête vers Jamie.) Parce

    qu’elleneracontepasquedesconneries,celle-là,peut-être?–Ça, c’estbienvrai, putain ! s’exclame Jamie. (Puis elle agiteunautrebillet enmepointantdu

    doigt.)Allez,JohnWayne,dit-elle.Net’arrêtepasensibonchemin.Le danseur sait de toute évidence qui de nous lui plante les billets dans le slip, parce qu’il fait

    exactementcequeditJamie.Ils’agite,deplusenplusprèsdemoi,etjemetortillecommejepeuxpourluiéchapperenriantsifortquejemanquefairepipidansmaculotte.Et toutçaenportantundiadèmeenfauxdiamantsavecl’inscription«ViergeMariée»enfauxrubis.–Çanesertàrien,annoncefinalementJamieenfaisantsigneaudanseurdes’enaller,nonsanslui

    avoirdonnéunautrebilletdecinquante.Ellen’ad’yeuxquepourDamien.–Peut-onluienvouloir?demandeSylvia.

  • Jemeretourneverselle,lesourcillevé.Sylviaestl’assistantedeDamien,etnousavonspassétantde temps ensemble pour la préparation de cemariage que nous sommes devenues d’assez bonnescopines.–Quoi?dit-elle,lesmainslevéesensigned’innocence.Cen’estpasparcequejetravaillepourlui

    quejesuisaveugle.–CequisepasseauRavennesortpasduRaven,proclameJamieavecsagesse.(Puisellepointeun

    doigt versmoi.)Et ne fais pas semblant d’être jalouse d’elle. Sinon, tu vas être jalouse dumondeentier,parcequetouteslesfemmeshétérospensentqueDamienestl’animalleplusbaisablequisoit.Enplus,tusaistrèsbienqu’iln’ad’yeuxquepourtoi.–Jesais,dis-jegaiement.Àcet instant, je suis trèsheureuse. Il n’est probablementmêmepas cinqheuresde l’après-midi,

    maisjesuisenpleineffethappyhoursdepuisdeuxheuresetj’aiingurgitéplusdeMartiniqu’iln’enfaut,parcequeJamieditqu’uncocktailavecuneolivefourréeesttrèsappropriépourunenterrementdeviedejeunefille,vuquemonoliveàmoiestrégulièrementfourrée.Mameilleureamieaundonpourlesmots.Le serveur arrive avec une autre tournée. Je tends le bras pour m’emparer d’un cocktail

    fraîchementmixé,maisLisaattrapeleverreavantquej’aiepul’atteindre.–Jecroisqu’ilesttempsqu’onteramèneàDamien,dit-elle.Tucommencesàavoirl’œilvitreux.Jelouchedanssadirection.–N’importequoi.Ellerit.–Ilvasemettretellementencolèrecontrenoustoutessionteramènecesoiretquetut’écroules.

    Surtoutqueturentresavecunepochettesurprise.–Ahbon?JecommenceàcroirequeLisaaraisonetquejesuisunpeubourrée.Eneffet,mêmesielleparle

    parmétaphores,jen’aiaucuneidéedecequ’elleentendpar«pochettesurprise».– Plutôt que de t’acheter chacune un cadeau, on s’est mis ensemble pour t’acheter une boîte à

    maliceschezSextoys’R’Us,expliqueJamie,faisantréférenceàunsex-shoplocal.–Vousn’avezpasfaitça!dis-je,sanssavoirsijedevraisêtreamuséeoumortifiée.Qu’est-cequ’il

    yadedans?–Tuvasdevoirattendrepourlesavoir,metaquineJamie,tandisquelesautresaffichenttoutesun

    largesourire.– Je te promets que ça va te plaire, dit Lisa. Il est possible que j’achète lamême pochette pour

    Prestonetmoi.Lisa est une consultante en entreprise avec qui j’ai travaillé et son fiancé, Preston, est l’un des

    cadresprincipauxdeStarkAppliedTechnology.–Tun’espassupposéel’ouvriravanttanuitdenoces,ajouteSylvia.–Maisonnet’envoudrapassi tuypiochescesoir,ditJamie.(Ellefaitunclind’œilàEvelyn.)

    EllevaretrouverDamienàlamaison,aprèstout,commentluienvouloir?

    LalimousinegaréedevantleRavenestunedecesvoituresdélirantesdelongueurquel’entreprisedeDamiengardepourimpressionnerlaconcurrenceetrécompensersesemployés.Commenousnesommespasdanslequartierlepluschicaumonde,unefouledebadaudss’estregroupée.Jecroisquecertainsd’entreeuxbavent.Quelques-unsdoiventmereconnaîtrecar,àquelquesmètresdelavoiture,

  • j’entendsdesgensdiremonnom.Jevoisdestéléphoness’éleverdanslesairs,etuneeffervescencedecrisetdeflashsautourdemoi.J’accélère,entouréedemesamies.JesuissurprisedenepasvoirEdward,lechauffeur,surletrottoir,pourmetenirlaporte;maisça

    n’aaucuneimportance,carJamieetEvelynontpris leschosesenmain:ellesmepoussentdanslalimousine,enmedisantqu’ellesespèrentquej’aipasséunbonmomentavecellesetquej’enauraiunmeilleur encore avecDamien– clind’œil –puis elles claquent la porte, bloquant efficacement lespaparazzisetlestouristesapparemmentdéterminésàm’envahir.Je m’effondre sur le cuir doux du siège arrière et prends une grande inspiration. Gérer les

    paparazzisfaitpartieducontratquandonestsurlepointd’épouserunmultimilliardairequipossèdelamoitiédelaplanète,ça,jelesais.MaisquandlapresseadécouvertqueDamienm’avaitpayéeunmilliondedollarspourposernuepourlui–etqu’ilavaitétéinculpépourmeurtre–,lesjournalistessontdevenusunpeudingues.Cestemps-ci,onpeutdirequec’estunebonnejournéesinoussortonsenpublicsansprovoqueruneémeute.Cequejedétesteleplus,c’estquejesaisqu’ilsserontàbloclejourdumariage.Ilauralieusurla

    plagederrièrelamaisondeMalibu;et,mêmesitouslesgardesducorpsdechezStarkInternationalserontprésentspours’assurerqu’iln’yaurapasd’intrusdanslepérimètre,laplageenelle-mêmeestunlieupublic…Alors,jesuiscertainequ’elleserapeupléedepaparazzisavecleursénormeszoomsetleurstonnesdedétermination.Commejenepeuxpasyfairegrand-chose,àpartrelocaliserlemariageenintérieuroudansun

    toutautrelieu,optionsquinemeséduisentnullement,j’aifaitlapaixavecl’idéededevoirgérerlapresseettouteslesphotosquiparaîtrontaposteriori.Youpi!Voilàl’unedesraisonspourlesquellesnousavonsvirélephotographeengagéaudépart.Jen’avais

    vraimentpasbesoind’uneautrepersonnesournoise,quiessaiedeprendredesclichéspeuflatteursdequelqu’unquis’amuseraitjusteunpeutropautourdelafontainedechampagnependantlafête.Jefroncelessourcils,enmesouvenantquejedoistoujourstrouverunphotographe:noussommes

    déjà jeudi, et le mariage est samedi.Merde ! S’il ne s’agissait pas de mon propre mariage, jeprendrais les photosmoi-même. En réalité, je pourrais emporter mon Leica à la cérémonie… Jebalaiecetteidéeridicule.Detoutefaçon,lasanglenoiredel’appareilnevapasdutoutavecmarobe.Quoi qu’il en soit, je devrais quand même mettre à profit ce moment de liberté pour être

    productive.Peut-être appelerquelques-unsdes typesdema liste initialedephotographespour leurdemanders’ilsontdéjàunengagementcejour-là.Maismatête tourneunpeutropàcausedemonabusdeMartini,etjen’aienviequedem’enfoncerdanslesiège,deprofiterdutrajetetdepenseràDamien,quejevaisretrouverdansquelquesminutes.Maisavoirenvoyémonportablevalseràtraverslapiècecematin,l’avoirbriséenmillemorceaux

    constitueaussiunfreinàmesvelléitésdetravail.FrustréedenepasêtreavecDamien,etirritéeparlecôtéridiculedemoncaractère,jeregardepar

    lafenêtreetfronceànouveaulessourcils.Cen’estpaslecheminhabituelpourrentreràlamaison.Jesuissur lepointd’appuyersur leboutonde l’InterphonepourparleràEdwardquandun téléphonesonne:c’estbizarrepuisqu’iln’yenapasdanslalimousineetquejesais,commejeviensdeledire,quemoniPhoneestfoutu.Lasonneriepersiste.Jemepenche,tournelatêteetcomprendsquelesonvientduminibar.Jemelèveetm’approche

    avecprécaution.Uneautresonnerie…ellevientduseauàglace.Jesoulèvelecouvercle,regardeà

  • l’intérieuretnetrouveriend’autrequ’untéléphone.Jedécroche,souriante.–Allô?–MademoiselleFairchild?demande-t-il,desavoixgraveetenvoûtantequim’enveloppecomme

    duchocolatchaud.–MonsieurStark,dis-je,incapabledecachermonamusement.Ilestcurieuxquevousayezpume

    joindre,vuquejen’aiplusdetéléphone.–Jevousl’aidit,jeprendraitoujourssoindevous,devosbesoins.Jesouris,jemesensbien,comblée.–Oùes-tu?–Jenesuispasavectoi,répond-il.Celaimportepeu,donc.Jesourisdenouveau.–C’estvrai.Maistuastort.Tuesavecmoi.Tuestoujoursavecmoi.Unblancavantqu’ilréponde.–Oui,dit-ilenfin,et jenecroispasavoir jamaisentenduauparavantcemotsisimpleprononcé

    avecautantdesignificationetdenuances.Jesoupiredesatisfaction,puisfermelesyeux.Iln’estpeut-êtrepasàmescôtés,maispendantun

    instantjesuispleinementsatisfaite.– Nous avons déjà fait ça, reprend-il. Toi, seule à l’arrière de ma limousine. Moi, ailleurs, et

    pensantàtoi.T’imaginant.Tedésirant.J’avalemasalive,moncorpssecontractedéjààl’idéedelàoùcetteconversationvanousmener.

    Parcequ’onadéjàfaitçaauparavant,etlacaressedesavoixsurmoicettenuit-làestl’undesmessouvenirslespluschers.–Dis-moicequetuasfait…ditDamien.–Cettenuit-làdanslalimousine?Jeposelaquestion,mêmesijesaisquecen’estpascequ’ilveutdire.–Cetaprès-midi.AuRaven.–J’airegardélesdanseurs.–Qu’est-cequ’ilsontfait?Savoixauncôtédur,etjetrembleunpeuenmerappelantqu’ilapromisdemepunir.– Ils ont dansé, dis-je. (Et puis, me sentant téméraire, j’ajoute :) Ils ont enlevé leurs vêtements

    jusqu’àn’êtreplusqu’enstring.Ilsétaientluisantsd’huile.Ilssesontrapp