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COMMUNE DE MORTEFONTAINE Parc Naturel Régional Oise-Pays de France ÉTUDE URBAINE Didier Joseph-François, architecte [mandataire] 22, rue Sainte Catherine - 59 000 Lille - t: 03 20 55 56 37 / f: 03 20 55 56 37 / [email protected] Céline Leblanc, paysagiste - Axel Vénacque, architecte 40, rue Lazare Garreau - 59 000 Lille - t: 03 20 95 02 43 / f: 03 20 95 18 90 / [email protected] 21.12.07 DIAGNOSTIC - PHASES I - II COMPRÉHENSION DU PAYSAGE D’INSCRIPTION DU VILLAGE ANALYSE DES ÉVOLUTIONS DU TISSU ET LECTURE DES PAYSAGES BÂTIS 03.09

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COMMUNE DE MORTEFONTAINEParc Naturel Régional Oise-Pays de FranceÉTUDE URBAINE

Didier Joseph-François, architecte [mandataire]22, rue Sainte Catherine - 59 000 Lille - t: 03 20 55 56 37 / f: 03 20 55 56 37 / [email protected]

Céline Leblanc, paysagiste - Axel Vénacque, architecte40, rue Lazare Garreau - 59 000 Lille - t: 03 20 95 02 43 / f: 03 20 95 18 90 / [email protected]

21.12.07

DIAGNOSTIC - PHASES I - II

COMPRÉHENSION DU PAYSAGE D’INSCRIPTION DU VILLAGEANALYSE DES ÉVOLUTIONS DU TISSU ET LECTURE DES PAYSAGES BÂTIS

03.09

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3D. Joseph-François, architecte (mandataire) + C. Leblanc, paysagiste et A. Vénacque, architecte ÉTUDE URBAINE DE MORTEFONTAINE - PHASES I-II - MARS 2009

Parc Naturel Régional Oise Pays de France

I – STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL

I.1 Situation générale dans les paysages de l’OiseI.2 Les caractéristiques paysagères de Mortefontaine au regard des motifs identitaires repérés pour le Plateau du Valois Multien forestier I.3 Principales composantes du territoireI.4 Topographie et hydrographieI.5 Le massif forestier (Domaine des Trois Forêts)I.6 Une diversité de milieux à protéger

II – ÉVOLUTION DU TERRITOIRE

II.2 Les tracés de voiesII.3 La variation des limites communales entre 1789 et 1810II.4 Le plan d’alignement de voirie urbaine 1844II.5 Les transformations historiques du cours de la Thève

III - LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE

le territoire III.1 Les entités paysagèresIII.2 MontmélianIII.3 La ThèveIII.4 Les séquences de la ThèveIII.5 Les formes végétales remarquablesIII.6 Les perspectives et points de vue emblématiquesIIII.7 Un territoire partagé entre de grandes propriétés l’agglomération

III.9 Le village - rues et cheminsIII.10 La fontaineIII.11 Une église dans le paysageIII.12 La pépinière du Petit ParcIII.13 Montaby III.14 L’agglomération et ses limitesIII.15 Des espaces de développement pour l’agglomération

IV – ANNEXES -REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

IV.1 Les grands hommes de MortefontaineIV.2 Les grandes heures de MortefontaineIV.3 Promenade dans le domaine de MortefontaineIV.4 Une étude urbaine des années 1970

SOMMAIRE

Nota bene – Pour écrire cette étude, nous avons eu souvent l’opportunité de nous référer et de citer en totalité ou en partie des textes anciens, principalement du XIXème siècle, pour certains de naturepoétique. Nous avons cru devoir conserver l’orthographe de leur temps et respecter les majuscules

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Parc Naturel Régional Oise Pays de France

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL

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D. Joseph-François, architecte [mandataire] + C. Leblanc, paysagiste et A. Vénacque, architecte

I. DIAGNOSTIC - PHASES I-II - COMPRÉHENSION DU PAYSAGE D’INSCRIPTION DU VILLAGE / ANALYSE DES ÉVOLUTIONS DU TISSU ET LECTURE DES PAYSAGES BÂTIS

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I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL

Entité paysagère du Valois MultienAtlas des paysages de l’Oise, 2006

Sous-entité du plateau forestierAtlas des paysages de l’Oise, 2006

Plateau forestier Vallée de l’Automne

Plateau agricole

Paysage urbain

Paysage de boisements

Paysage de polyculture

Paysage de pâtures dansdes vallées à versants doux

I.1 - Situation générale dans les paysages de l’Oise

0 12 24 km N 0 12 24 km N

Le territoire de Mortefontaine s’inscrit dans l’entitépaysagère du Valois Multien, un vaste plateau bordé par les vallées de l’Oise, de l’Automne et de l’Ourcq. De

une grande diversité de paysages, sans pour autant effacer son identité forestière et agricole. L’ouest du plateau est majoritairement occupé par de grands massifs quadrillés de larges allées, parsemés de villages-clairières. L’est est plusagricole, couvert par des grandes cultures. Les villages y apparaissent dominés par un clocher ou un château d’eau. On trouve un paysage de polycultures accompagné depâtures dans les vallées humides.L’urbanisation, plus dense à l’ouest, reste concentrée le long des grands axes de communication. L’ensemble du Valois Multien subit le rayonnement de la région parisienne.

développement urbain mais aussi dans le développementdu tourisme.

Mortefontaine s’inscrit plus précisément dans la sous-entité du « Valois Multien forestier ». Située à l’extrémité ouest

forestiers scindés par des petites vallées humides. C’est lapartie la plus urbanisée et la plus touristique du plateau,avec un patrimoine naturel et historique très riche.

Source :Source :

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La présence du cheval

Les routes plantées

Un patrimoine historique lié à l’eau

Des forêts historiques et exploitées

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL

I.2 - Les caractéristiques paysagères de Mortefontaineau regard des motifs identitaires repérés pour le Plateau du Valois Multien forestier

motifs identitaires récurrents dont Mortefontaine semble l’illustration parfaite.L’Atlas des paysages de l’Oise fait ainsi état de forêtshistoriques et exploitées, de patrimoine historique lié àl’eau, de routes plantées et de paysages marqués par laprésence du cheval. La forêt d’Ermenonville, le domaine de Vallière et son chapelet d’étangs sur la Thève, les routes bordées d’alignements de poiriers, de noyers oude peupliers, les écuries de Mortefontaine correspondent totalement à cette description.Pourtant, il serait réducteur de s’en remettre à cette seule

qui, situé en limite sud de la sous-entité du Valois Multien, s’appuie sur la forêt et s’ouvre sur un paysage de grandes cultures qui s’étendent entre des petits bois.La cartographie de la sous-entité pourrait ici s’enrichir

son échelle mais marquante à l’échelle du territoire deMortefontaine.

Les grandes cultures agricoles et petits bois

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Cartes IGN 2412 OT et 2413 OT (2002)

I.3 - Principales composantes du territoire

I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL

km2 comprend une enclave dans le territoire de Plailly :la butte de Montmélian, butte boisée au milieu des terres cultivées.

Situé à 37 km de Paris, Mortefontaine est aussi desservi par les sorties 7 et 8 de l’autoroute A1 et le terminus du RER qui arrive à Orry–la-Ville.Ce territoire situé au sud de l’autoroute A1 est donc bien connecté aux grandes voies de communications sans pour autant être coupé par ces axes.

Dans une lecture synthétique, le territoire peut se décomposer, du nord au sud, en trois grandes parties :- un boisement forestier occupé par les activités du Golf

et du C.E.R.A.M. ;- un ensemble de pâturages et de propriétés boisées

constituant l’environnement du domaine de Vallière et

Thève;- un couloir de grandes cultures agricoles limité par des

façades boisées.Ce territoire progresse de la forêt aux grandes cultures suivant une diagonale nord/est - sud/ouest. La lisière est estompée par l’implantation de grandes propriétés closes,essentiellement boisées. Les murs d’enceinte marquent deslimites très nettes parfois soulignées par une route, commela RD 22 à l’entrée est du village. Pourtant l’épaisseur desdomaines brouille la perception des différentes limites.

0 250 500 mN

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I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL

Le village de Mortefontaine s’est structurée en s’installant de part et d’autre d’une vallée sèche, entaillée dans le plateau, dont l’axe correspond aux rues du Val et dePlailly.La rue principale (rue de l’Église et rue Corot), perpendiculaire à cet axe, adopte ainsi naturellement un

RD 922 au sud-est respectivement au point d’intersectionsitué environ 20 mètres plus bas.L’autre ligne déterminante du relief est la crête qui, venant de Plailly, s’avance vers Charlepont et dont l’extrémité nord marque l’étranglement entre l’étang de Vallière etl’étang de la Grange.Le chemin qui relie Plailly et le château de Bertrandfosseau cimetière de Mortefontaine emprunte cette ligne hauteen longeant le grand verger.Entre la rue du Val et cette hauteur, le versant exposé au

était propice à l’urbanisation.Historiquement, il semble que les implantations des châteaux marquent un mouvement d’approches successives

plus de la merveille des plans d’eau et du Grand Parc.Du château de Bertrandfosse installé sur le haut du plateau (± 110 m), en passant par le château de Mortefontaine, sensiblement plus bas (100 m) mais surtout plus prochedu réseau hydrographique et des vallées qui passent de

d’une position en terrasse surplombant l’étang de l’Épine et pratiquement dans l’axe de la large vallée plate de

cessé d’inspirer les entreprises humaines. En plus de cesdéplacements vers l’eau et la beauté naturelle des milieux qui l’accompagnent, l’idéalisation du site a aussi conduit à d’importants travaux de modelage du sol.De fait, le relief et l’hydrographie que nous connaissons aujourd’hui est le résultat, parfois indiscernable, du mélange entre les prédispositions favorables des lieux et les savants travaux paysagers commandés par les grands hommes de Mortefontaine au cours de l’histoire.

I.4 - Topographie et hydrographie

0 250 500 mN

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I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL

Domaine des Trois ForêtsCarte routière et touristique MichelinEnvirons de Paris 1/100 000e, 2006

e

I.5 - Le massif forestier (Domaine des Trois Forêts)

En arrivant par la RD 126, Mortefontaine apparaît dans lacontinuité de la forêt. Le village est rattaché à la forêt par le long mur du domaine de Vallière.Le Domaine des Trois Forêts, structuré par une trame viaireétoilée autour de grands carrefours présente une qualitépaysagère exceptionnelle.Ce massif forestier rassemble une grande variété desubstrats et de reliefs qui se traduit par de nombreuxchangements de la végétation. La forêt de Chantilly est une futaie plantée sur un plateau calcaire, composée de chênes,tilleuls, hêtres et charmes. Le territoire de Mortefontainese rattache essentiellement à la forêt d’Ermenonville, qui regroupe pinèdes et chênaies.

Cette forêt avance peu à peu vers le village. La garenne de Charlepont qui marquait autrefois une grande coupuredéserte entre la forêt et le village se referme.Même si Louis de Peletier plantait déjà des bosquets dePins ou d’autres espèces exotiques pour orner son parc,l’étalement du massif forestier a essentiellement démarré à partir du XXeXX siècle. Le golf aujourd’hui dans les bois, aouvert en 1913 au milieu du désert des bruyères.Le changement de pratiques agricoles au cours du XXeXX

zones humides.

0 2,5 5 kmNN

Carte de la Capitainerie de Halate, septembre 1724

Emprise desboisements en 1724

Emprise desboisements en 2002

source: Cartes IGN2412 OT et 2413 OT (2002)

Des pins ont été plantés, d’autres espèces colonisentnaturellement les espaces inoccupés. Le paysage sereferme aussi lorsque de grandes zones humides setransforment en peupleraie. La baisse de la biodiversité liée à une monoculture est souvent accentuée dans le casde la populiculture, par le drainage des zones humides. Des fossés sont creusés pour rabattre la nappe phréatiqueet assécher le terrain.

La carte topographique de l’IGN 2412 OT désigne le hameau de Charlepont mais note avec l’orthographe Charlemont la prairie et la garenne voisine. Cette variation d’orthographe semble une erreur typographique. En effet, toute la cartographie ancienne et notamment la carte dite de l’Intendance de 1789 utilise le patronyme Charlepontpour désigner l’ensemble de ces lieux-dits du territoire de Mortefontaine.Cette désignation renvoie à l’histoire ancienne d’un pontqui aurait été construit à cet endroit par le roi de France Charles VI (1368-1422), pour la facilité de ses chasses. Lestextes du début du XIXeXX siècle, tel L’indicateur des vues deMortefontaine, parlent de « la grande prairie de Charles-Pont…Le terrain que ces eaux dominent est très bas et trèsmarécageux : aussi Charles VI, qui venait fréquemment

avec un pavillon pour rendez-vous de chasse. On y découvritil y a peu de temps un vase en cuivre doré, sur lequel était écrit, d’un côté : Caroli pontem ; de l’autre : Caroli loco. C’est dans ses chasses aux environs du hameau dit Charles-

qu’il était sûr de reprendre, le fameux collier portant : Hoc mihi Cœsar donavit » (voir la reproduction complète de ce texte page 97).Il conviendrait de proposer à l’IGN de corriger cette erreur dans sa prochaine édition.

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I - STRUCTURE DU TERRITOIRE COMMUNAL

Le site Natura 2000 du massif des Trois ForêtsCarte routière et touristique MichelinEnvirons de Paris 1/100 000e, 2006

0 2,5 5 kmNN

I.6 - Une diversité de milieux à protéger

Mortefontaine présente une incroyable richesse faunistique

naturels. Pour ne pas perdre cette richesse, différentes actions de protection ont été mises en oeuvre.

Mortefontaine est concerné par:Une ZICO (Zone Importante pour la Conservation desOiseaux) « Massif des Trois Forêts et bois du Roi» duenotamment à la présence de l’Engoulevent d’Europe

Un site Natura 2000 : ZSC (Zone Spéciale de Conservationissue de la directive Habitat) «Massif forestier d’Halatte,Chantilly, Ermenonville». Le programme d’un site Natura2000 doit selon le PNR Oise-Pays de France «concilier la préservation d’un site exceptionnel avec la poursuitedes activités humaines traditionnelles et avec le soutien

État et de l’Europe»ÉÉ .

Deux zones d’intérêt écologique répertoriées par le Parc naturel régional Oise - Pays de France : la butte de Montmélian, et la vallée de la Thève amont qui est caractérisée comme étant une unité paysagère d’intervention prioritaire notamment la prairie de Charlepont et la Roche Pauvre, ainsi que les domaines de Vallière et de La Ramée.

Trois ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Floristique et Faunistique) : - deux ZNIEFF de type I

, «Bois de Morrière»et «Massif forestier de Chantilly et Ermenonville» ;- une ZNIEFF de type II

s, le «Bois de St-Laurent».

À cela s’ajoute des démarches plus ponctuelles:- le réseau «Landes» engagé par le PNR Oise-Pays de France,l’ONF et le conservatoire des sites naturels de Picardiepour maintenir, gérer et restaurer des landes, intègre legolf de Mortfontaine, la prairie de Charlepont et la RochePauvre; - l’autres sites comme le C.E.R.A.M. ont une démarche

landes mis en place en partenariat avec le PNR Oise - Pays de France;- une large zone comprise entre la forêt d’Ermenonville et le bois de Nerval, comprenant le hameau de Montaby, est inscrite comme corridor écologique. Ce secteur permetle déplacement de la grande faune et nécessite certainesprécautions.

Malgré ces différentes mesures, on note une perte de qualité des prairies due au changement des activités humaines. Les prairies de fauche diminuent et les bovins qui pâturaient ont été remplacés par des chevaux. Beaucoup de prairies deviennent des parcs où la qualité de l’herbe importemoins car un fourrage complémentaire est apporté. Les

d’un boisement ordinaire.

Site Natura 2000

Zone d’interêt écologique du PNR0 250 500 mN

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II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE

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L’histoire du domaine de Mortefontaine et de la commune sont bien illégalement occupées en première place par les propriétaires successifs du château. Louis Le Peletier de Mortefontaine, Joseph Bonaparte et le comte de Gramont

la renommée de la commune à travers l’exemplarité des

jalonnée de fêtes splendides et de rencontres savantes entre les propriétaires, les philosophes et les artistes de leur temps, a laissé dans l’ombre le travail plus quotidien et opiniâtre des jardiniers. Et c’est sans doute aujourd’hui

de transformation apportées par l’homme que l’on pourrait trouver des éléments pertinents pour construire un projet urbain qui prenne en compte cette épaisseur mémorable

L’ombre de Monsieur de Buffon plane sur la création du Grand Parc : on raconte que Monsieur de Mortefontaine dédia à son ami une tour octogonale érigée sur l’une des îles des étangs de la Grange. On pouvait y lire une glorieuse et savante dédicace au génie de la nature au-dessus de la porte d’entrée : «Naturae genio, Buffoni sacer esto» ( G.E.M.O.B. p. 24). C’est également la dédicace gravée sur un rocher de 10 mètres de long et 4 de haut, issue d’un poème de l’abbé Delille, autre familier du domaine de Mortefontaine : «Sa masse indestructible a fatigué le temps», qui nous invite

de l’ancienne salle de comédie, modernisée par Joseph Bonaparte, dont le fond de scène s’ouvrait à volonté pour laisser découvrir la forêt, qui nous invite à renouer avec ce regard. «L’horizon ne devait rien à l’art de Cicéri : c’était celui de la nature » écrivait en 1803 le Préfet Cambry, premier préfet de l’Oise, dans son tableau administratif du département (cité par le G.E.M.O.B. p. 52).

Le premier jardinier est bien évidemment l’héritage de la nature, héritage constitué à Mortefontaine par le relief accidenté, de fantastiques éboulements rocheux et dessources généreuses. Au XVIIIe siècle, un paysage ouvert degarennes et de bruyères, de champs sur le plateau et de prés conquis sur le marais apparaît dominant, ponctué par quelques massifs boisés. Les alentours de la tour Rochefortpermettent aujourd’hui d’approcher une idée de cet état ancien. Dans leur désir vertueux de parfaire la nature,les jardiniers du XVIIIe siècle vont planter des espèces indigènes puis exotiques, transformer le cours des rivières

II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE

Des pins et un platane dans le Petit Parc

Plan général des jardins et environs de Mortefontaine levé par Le Rouge, IngénieurGéo. du Roi, en Novembre 1776

Parc de Mortefontaine vers 1780BN département des cartes et plansGE C-9606

II.1 - Une histoire de jardiniers

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Mortefontaine est le paradis et ses propriétaires successifs en furent à la fois les créateurs et les serviteurs.

Pour ce faire, il faut planter, entretenir et exploiter lepatrimoine végétal du domaine.

Le plan du Petit Parc établi en 1776 par l’ingénieur du roile Rouge permet de constater qu’un tiers des surfaces dans l’enceinte du domaine est réservé à un massif d’arbres en futaie, une pépinière d’arbres fruitiers et unjardin potager. Ainsi, les méandres du jardin anglo-chinois,ponctués de statues et d’obélisques, se trouvent sertis par le quadrillage régulier d’allées desservant des rangées dejeunes pousses destinées à augmenter ou remplacer lavégétation vieillissante, et approvisionner les cuisines du château. C’est sans doute à l’initiative de Le Peletier que l’on doit également la plantation de poiriers le long des

à tous, et que le jardin d’Eden nourrisse tous les habitantsdu village. La variété plantée devait être particulièrementrustique pour permettre à quelques sujets de résister jusqu’à nos jours, malgré les agressions de la circulation contemporaine. À Mortefontaine, une tradition ancienne de cueillette des poires et de production d’un cidrecommémorerait ce geste bienfaiteur.

Cette importante dimension de l’exploitation du domainese lit également à travers les contrats passés entre Joseph Bonaparte et Antoine-Denis Lefèvre, jardinier au village.« Dès le mois de janvier 1800, Joseph Bonaparte signe un important marché de plantations avec Antoine-DenisLefèvre ( 1775-1858), habitant à Mortefontaine. Ce dernier s’engage à remettre en état le Petit Parc, il va fournir les plants, les semis et ceci pendant trois ans. Il assure deuxbinages annuels, aux époques qu’il jugera convenables,de manière à détruire les herbes nuisibles. Ce projet estprévu pour l’entretien d’environ 120 arpents et il demande115 francs l’arpent pour trois ans, payables chaque année.C’est un début pour parer au plus pressé. En septembrede la même année, un nouveau contrat est établi avecAntoine Lefèvre, mais cette fois il s’engage à «planter

». Il plantera des chênes, des bouleaux, des hêtres, descharmes. Il recevra 140 francs par arpent, et le contratsera renouvelé pour l’année suivante. Chez lui, il possède une «melonnière» avec 150 cloches où il fait pousser des

melons pour les propriétaires du château » (G.E.M.O.B. p.54).

du paysage ouvert des bruyères, des prés et des garennes

animaux qui deviendront aux XIXeXX et XXeXX siècles les principaux ornements et attraits des sous-bois pour lespropriétaires et les locataires du château. L’Eden des parcsde Mortefontaine fut resplendissant le temps d’un demi-siècle, entre les années 1770 et 1820.

Si le domaine cessa d’être depuis cette date une démonstration et une représentation vivante d’un art desjardins, tous les sujets plantés poursuivirent leur croissance au milieu des vicissitudes de l’histoire. Ce qui permet aux parcs et à leurs abords de présenter de nos jours des arbresséculaires, dont la quantité inhabituelle ferait presqueoublier leur caractère exceptionnel.Il est une autre particularité de la commune : la présencecontinue de lignées de pépiniéristes et de forestiers quiont poursuivi un travail de production et d’exploitation des terres. Cela se remarque dans le paysage par les terres quadrillées des pépinières installées alentour des villages,à Plailly comme à Mortefontaine. La partie sud du PetitParc, au-delà de la clôture et en deçà du Temple, tout comme l’ancien tracé du chemin de fer, furent ainsi exploités puis abandonnés. Il reste un paysage singulier serré par le rythme des plantations et quadrillé par les allées de servitude d’exploitation.

AD60, 1 Fi 1 91 13

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I. DIAGNOSTIC - PHASES I-II - COMPRÉHENSION DU PAYSAGE D’INSCRIPTION DU VILLAGE / ANALYSE DES ÉVOLUTIONS DU TISSU ET LECTURE DES PAYSAGES BÂTIS

ÉTUDE URBAINE DE MORTEFONTAINE - PHASES I-II - MARS 2009Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 16

Nous classerons selon trois rubriques complémentaires et successives les origines des différents tracés de voirie qui se trouvent aujourd’hui sur le territoire de la commune de Mortefontaine. Aucun document ne nous a permis de situer des tracés issus de la période gallo-romaine.

VOIES ROYALES ET CHEMINS RURAUXLes voies royales et les chemins ruraux forment la première ossature du territoire du Valois, à partir de l’ancienne route des Flandres de Paris à Senlis (aujourd’hui route départementale 1017). La carte de Cassini atteste une bifurcation à partir de la commune de Survilliers en direction du massif de la forêt d’Ermenonville et de l’abbaye royale de Chaalis, route déjà dénommée pavé d’Avesnes sur les cartes du XVIIIe siècle (route départementale 126). Ces deux voies anciennes forment l’ossature principale de l’aménagement du territoire, sur laquelle viennent se greffer des chemins ruraux qui reliaient les villages entre eux, sans doute tracés aux origines plus anciennes qui restent aujourd’hui une part essentielle des chemins communaux. À Mortefontaine, il s’agit de la croisée des rues du vieux village, de toutes les rues du hameau de Montaby et des chemins au sud du territoire communal: chemins de Loisy à Mortefontaine (partie de l’actuelle routedépartementale 922 vers Loisy, puis chemin rural bordé dejeunes et anciennes plantations), du chemin du Pont Saint-Louis sur le midi de Plailly, de Saint-Sulpice à l’est, chemin de l’Epinoy conduisant à Plailly, voirie des Rouillers.

Les origines du tracé des voies

Voie royaleChemins ruraux

Carte de Cassini

Chemin rural, entre le calvaire des Uselles et le hameau de Montaby,dans la traversée du petit bois

II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE

II.2 - Les tracés de voies

0 250 500 mN

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ALLÉES ET CHEMINS D’EMBELLISSEMENT

Au nord du territoire communal, les aménagements d’embellissement du château de Mortefontaine vont complètement transformer le paysage et les tracés du domaine, à partir des années 1770, lorsque Louis LePeletier en hérite. Magistrat, conseiller au Parlement, Maître des Requêtes, Intendant de Soissons de 1765 à 1784 puis Prévôt des marchands de Paris de 1784 à 1789, ildispose de la fortune, des relations et du goût nécessairespour entreprendre de grands travaux. Ce furent tout d’abord la réalisation des jardins du Petit Parc, puis letracé d’une allée plantée de quatre rangées d’arbres, nouveau chemin de Loisy à Mortefontaine borné en limite communale par un poteau installé dans la perspectivede la voie, allée d’embellissement bordée également par des arbres (fruitiers ?) plantés en quinconce jusqu’au Boisdu Deffay. Ce tracé ne subsiste que par quelques limites parcellaires. C’est également le tracé de 8 chemins étoiléssur la Garenne de Charlepont, installant un carrefour au centre d’un paysage alors ouvert, aujourd’hui carrefour de Charlepont situé dans un paysage fermé entre le golf et le C.E.R.A.M. D’après la carte I.G.N., ces chemins subsistent

les allées structurantes de ces nouveaux domaines. Seule la route des Grès Sainte-Marguerite rejoint les allées forestières du domaine d’Ermenonville. Le Clos Nerva etGérard de Nerval

La carte de l’Intendance permet de repérer la situation du Clos Nerva, nom de plume choisi par Gérard Labrunie (1808-1855) à partir de 1830 pour présenter ses œuvres littéraires. Il vécut son enfance à Mortefontaine, élevé par son oncle maternel. Le Clos Nerva était une propriété de son grand-père, champ ceinturé de boisements à la limite du territoire de Mortefontaine vers Loisy, en bordure de l’allée cavalière, de la « voirie des Rouillers » et adosséau Bois des Antelles. « Ce clos est la terre où ses parents maternels sont ensevelis » assure Sadafumi Muramatsu, Professeur de l’Université Meijo au Japon. Le « clos » est aujourd’hui complètement absorbé dans les horizonsboisés d’un massif justement dénommé « Bois de Nerval ».

renvoyait aussi à l’image assombrie de l’empereur romain.

Voie royaleChemins ruraux

e

disparus

subsistants

L’évolution du tracé des voies Extraits de la carte de l’intendance de 1789

0 250 500 mN

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ROUTES MODERNES

Le réaménagement du Grand Parc à partir de 1806 puis la dislocation en 1892 du domaine de Mortefontaine en deuxentités, le château et le Petit Parc d’un côté et le domainede Vallière se substituant au Grand Parc de l’autre côté de la route, vont apporter de nouveaux tracés de liaisons,notamment un chemin pour Charlepont et la route vers Neufmoulin et Thiers-sur-Thève. Mais c’est surtout la ligne droite d’une nouvelle allée cavalière à travers la Garennede Charlepont vers les forêts de Pontarmé et de Chantillyqui marquera le paysage du XIXeXX siècle. Ce tracé subsistepar des limites parcellaires dans la prairie de Charlepont, des alignements d’arbres au cœur du C.E.R.A.M. et un tronçon de voie et de chemin le long de la clôture du golf.On notera également la disparition des tracés des chemins de Charlepont à Senlis et de Charlepont à Neufmoulin àtravers les aménagements du golf et du C.E.R.A.M. au cours du XXeXX siècle. On notera toutefois que le cadastreactuel continue de représenter les occupations anciennesdu sol, y compris le tracé d’une Grande Mare aujourd’hui disparue.

- une section nouvelle à la route départementale de Loisy depuis le Pavé d’Avesnes, à partir d’un carrefour à l’orée du bois; - quelques rues et impasses nouvelles de lotissements sur le plateau en haut du village, face à l’église et autour ducimetière, desservant 90 pavillons. Le fait remarquable decette importante extension de la commune, qui a capté lacroissance des années 1970 à 1990, est la réalisation d’une allée verte longeant le mur du cimetière et descendant le coteau jusqu’à la route de Thiers, au droit de l’étang de Vallière. Mais son utilité fonctionnelle semble réduite;- le bouclage de la rue du Val par une voie de statutprivé de la commune de Mortefontaine sur le territoirede la commune de Plailly, voie longeant les pépinières Chantrier avant de rejoindre la départementale au droit du calvaire. Pour terminer ce chapitre, il est intéressant de mentionner une particularité parcellaire à l’extrémité sud du Petit Parc, issue de l’expropriation en 1912 d’une emprise pourle passage d’une voie ferrée d’Aulnay à Rivecourt par laCompagnie des Chemins de Fer du Nord. Les travaux furent abandonnés à la veille de la première guerre mondiale. Mais le parcellaire reste en place, et le terrain fut utilisécomme pépinière. Elle semble aujourd’hui délaissée, mais les arbres poursuivent leur croissance en rangs serrés.

voie royalechemins ruraux

e

disparus

subsistants

routes modernes XIXe et XXe

disparues

subsistantes

tracé abandonné d’une voie ferrée

L’évolution du tracé des voies

Route de Mortefontaine vue depuis Montmelliant - vers 1850

Route de Mortefontaine vue depuis Montmelian - 2007

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La comparaison entre le « Plan du territoire de Mortefontaine, levé en vertu de l’ordonnance de Monseigneur l’Intendant,

procès-verbal du 13 mai 1789 par moi, arpenteur soussigné et signé Delaître » et le cadastre Napoléonien de 1810, documents conservés aux archives départementales dudépartement de l’Oise, permettent d’envisager les raisons qui ont procédé à deux importantes variations. En 1810, on observe d’un côté la butte de Montmélian rattachée au territoire de Mortefontaine alors que le plateau dit « le fond de l’alouette » est soustrait à la commune de Mortefontaine

dans les domaines des châteaux de Mortefontaine et de Bertrandfosse. Louis-Joseph Bonaparte a acquis en plusieurs ventes les 78 hectares du bois et de la butte de Montmélian

Parc ; les terrains du plateau qui se trouvent juste derrière le territoire du village de Mortefontaine appartiennentalors au château de Bertrandfosse, attaché à la communede Plailly. En 1810, Louis-Joseph Bonaparte souhaitait acquérir le domaine de Bertrandfosse pour sa mère. Faute

de Henri-Michel Paulmier, dont les héritiers conservèrent le domaine jusqu’en 1905 (G.E.M.O.B., Les grandes heures du château de Mortefontaine, p. 53-54). Ainsi les châtelainsont vraisemblablement souhaité rattacher leur domaine

nouvellement élus par les lois de la République et del’Empire.

Deux siècles plus tard, cette situation issue de volontésd’anciens grands propriétaires terriens apparaît dommageable pour la gestion des deux communes. D’un côté un territoire propice au développement communal de Mortefontaine géré par Plailly, d’un autre côté, un territoire éloigné de Mortefontaine mais enclavé dans Plailly qui ne présente plus d’intérêt stratégique. Il conviendrait de

territoires respectifs.

Les variations des limites communales entre 1789 et 1810

Limites communales inchangées depuis 1789

transformations du cours de la Thève et des lacsLimites communales en 1789

Territoire soustrait

Territoire additionnel

Extrait de la carte de l’Intendance - 1789

Cadastre Napoléonien - 1810

II - ÉVOLUTION DU TERRITOIREII.3 - La variation des limites communales entre 1789 et1810

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II.4 - Le plan d’alignement de voirie urbaine de 1844

Le carrefour du Village

Détail du croisement entre la rue de l’Église et la rue de Plailly

Détail de la jonction de la rue de l’Église avec la RD 26

II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE

C’est l’article 52 de la loi du 16 septembre 1807 qui ordonna la formation de plans généraux d’alignements pour les

les progrès de la circulation. Il s’agissait, pour l’autorité,de garantir en toutes circonstances sur la voirie urbaine le

véhicules hippomobiles, c’est-à-dire assurer des rayons decourbure et des emprises a minima. Si l’administration impériale promulgua la loi, leur réalisation fut entrepriseprincipalement dans les décennies 1830-1840.

Le « Recueil méthodique et raisonné des lois et règlementssur la voirie, les alignements et la police des constructions »,édité en 1836 par H. J-B Davenne, présente l’état d’esprit qui devait présider, dans cette première moitié du XIXeXXsiècle, à la réalisation des projets d’alignement. Selon son auteur, les 3 raisons principales de l’alignement sont :« 1° de donner aux rues des villes, comme aux routes etchemins publics en général, la largeur nécessaire et ladirection convenable ;2° de faire disparaître les renfoncements qui favorisentmalveillance, et nuisent à la propreté et à la salubrité dans l’intérieur des villes ;3° d’obtenir, autant qu’il est possible, par la régularité deslignes, un moyen d’embellissement favorable aux progrèsdes arts ».

Si cet arrêté a donné satisfaction dans les centres villes descommunes denses aux tracés anciens, son application dans

effet, les voies publiques des villages anciens se trouvaientgénéralement dans des situations généreuses, avec de multiples élargissements et de vastes accotements. Au lieu de conserver ces tracés larges et irréguliers qui faisaient le charme du parcours au gré des implantations des bâtimentsruraux, on entreprit de revendre aux riverains les portionsau-delà d’une stricte emprise requise. Cela se constatepartiellement sur le plan d’alignement de Mortefontaine,

Senlis, vu par le Maire le 4 août et arrêté par le Préfet le 14 septembre 1844, plan semblable à ceux observés dans d’autres communes rurales de l’Oise.En rose ont été pochées les parties de domaine public à céder aux riverains et en jaune les quelques portionsde parcelles frappées d’alignement. Le résultat est un

appauvrissement de la poésie des lieux. Le paysage des rues du village devint plus étroit et linéaire, ce qui a peut-être été ressenti dans la deuxième moitié du XIXeXX siècle comme un progrès de l’esthétique urbaine, mais dont nous garderons quelque nostalgie des tracés anciens. Heureusement pour Mortefontaine, les abords directs duchâteau ne furent pas concernés par ces rétrécissements. De plus, cette offre de vente faite par l’État aux riverains put ne pas être suivie d’effet, comme au hameau de Montaby.

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II.5- Les transformations historiques du cours de la Thève

hève

La Thève en 1789

mée

La Thève en 2002

1

Dommartin-en-Goële même si elle reste temporaire jusqu’à St-Sulpice-la-Ramée.

Les étangs de la Ramée et de L’Épine sont alimentés par laThève, les autres par de nombreuses sources notamment« la fontaine morte » qui donne son nom au village et qui n’apparaît pas à la surface. Ces étangs ont été créés par les moines de l’abbaye de Chaalis au cours du XIIe siècle.À son époque, Louis Le Peletier fait peu de transformationssur les cours d’eaux, il crée cependant quelques canaux pour mieux circuler d’un étang à l’autre. Le paysage« naturel » devient le support du parc ; des fabriquesviennent orner les chapelets d’étangs, des belvédères et points de vue sont travaillés.En 1806, Molton devient une île, à la demande de Joseph Bonaparte. Un canal d’une douzaine de mètres est creusé autour de la butte. Un deuxième canal relie les étangs de Vallière et de l’Épine. Les promenades en bateaux, sur ce circuit d’étangs, y sont tellement appréciées qu’elles nécessitent un « garde de la marine ».

Description du Département de l’Oise par le citoyen Cambry (premier préfet de l’Oise ) ; à Paris de l’imprimerie de P. Didot L’aîné, au Louvre, Galeries, N° 3, An XI MDCCCIII (1803) pages 89-90

1

II - ÉVOLUTION DU TERRITOIRE

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Aquarelle anonyme - photo de M Jean MazelAu premier plan, les bateaux de promenade ammarés sur les bergesdu canal de la Thève sous l’étang de Vallière, entre le pavillon deVallière et l’escalier d’eau.

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Parc Naturel Régional Oise Pays de France

III - LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE

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III.1 - Les entités paysagères

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - LE TERRITOIRE

Forêt

Ripisylve

Marais

Prairie

Landes

Grandes cultures

Pépinière

Vergers

Peupleraie

Parcs et jardins

Bois habité

Légende

La forêtLa forêt peut se décomposer en trois sous-entités suivantl’ancienneté, le type ou de la densité des boisements. La première, que l’on peut rencontrer au niveau du golf et du C.E.R.A.M. est la plus récente. La seconde, le bois de Nerval, est un bois exploité depuisplusieurs siècles.La troisième est sur la butte de Montmélian, forêt résiduelle protégée par sa situation sur un relief.

Le bois habitéLes habitations le long de la RD 607 se sont implantées dans un des rares boisements apparaissant sur les cartes du XIXeXXXXeXX sont venues s’insérer entre de hauts sujets subsistant de ce boisement.

Évidemment parce que la fabrication du paysage a été une ÉÉpréoccupation manifeste des hommes qui ont façonné leterritoire de Mortefontaine, la commune présente pour ses

de formes paysagères.

parties d’agglomérations sont présentes dans cette composition. Dans le détail, certains ensembles du paysagebâti du village ancien, les châteaux ou les longs murs de clôtures constituent à eux seuls des « moments » de paysage et des liens d’une entité à l’autre, quand ils n’en

1

La subtilité des dispositifs paysagers du XVIIIe et XIXeXX siècleoù s’exerçait la « dégradation des perspectives » estaujourd’hui brouillée par les effets d’une désaffection où

de certaines limites entre entités en est de fait, ici plus qu’ailleurs, sujette à caution.

1 René-Louis de Girardin (1735-1808), De la compositiondes paysages 1777, De l’ensemble.

Agglomération

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Les parcs et jardinsLes parcs ceinturés de hauts murs de pierres proviennentessentiellement de l’ancien domaine du château de Mortefontaine.

Les pépinièresLes pépinières Chantrier marquent les deux entrées du village depuis la RD 22. En limite d’agglomération, elles créent une transition douce entre les jardins particuliersclos et l’espace ouvert des grandes cultures.

Les vergersLes grands vergers en limite du village ne sont pas situés sur le territoire de Mortefontaine. Ils assurent, à leur manière, un rôle comparable à celui des pépinières.

Les peupleraiesLes peupleraies sont installées dans une zone humide anciennement bocagère. Cette plantation ferme la vue depuis la butte de la tour Rochefort. Les peupleraies n’étant plus économiquement rentables, cette zone pourrait donc évoluer dans les prochaines décennies vers un espace ouvert, voire une zone humide revalorisée.

Les prairiesLa prairie de Charlepont est historiquement une prairie defauche. Aujourd’hui cet espace est maintenu ouvert par lepâturage des chevaux. Il apparaît comme une large clairièreentre deux reliefs boisés qui limitent l’horizon et créentune forme d’entonnoir vers la ferme de Charlepont.

La rivièreBien qu’elle soit peu présente visuellement pour le public, la Thève détermine une grande partie du paysage communal (sinon la totalité). Les plans d’eaux libres des propriétés privées sont devinés plutôt que vus et, quand on peutl’approcher, la rivière apparaît encaissée dans un fossé, masquée par la ripisylve ou la végétation des marécages.

Les maraisLa grande zone marécageuse repérée au XIXeXX sièclecomme « le marais des Joncs », au pied du château dans la prairie de Charlepont a fortement diminué. D’autres sontapparues autour des étangs de Vallière, certainement du à un manque d’entretien de ce système hydraulique. Les étangs de Vallière, et de Comelles plus en aval, régulent le cours de la Thève et limitent les inondations et zones marécageuses.

Les landesLes landes encore existantes aujourd’hui sont des vestiges de ce qui était, il y a encore un siècle, «le désert des bruyères». Dans cet espace empreint de magie, les bouleauxémergent des callunes pour accompagner les chaos de grès. Ces arbres pionniers colonisent l’espace qui n’est pas entretenu et le referment progressivement.

Les grandes culturesLe sud du territoire communal est essentiellement marqué par des cultures de type intensif où l’on trouve généralement des céréales et du colza. Depuis ces larges espaces ouverts, pointent la silhouette du village de Plailly et la cheminée de la tuilerie.

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III.2 - Montmélian

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - LE TERRITOIRE

La partie de la butte de Montmélian portant le nomd’Enclave de Mortefontaine et correspondant aux terrains acquis par Louis-Joseph Bonaparte couvre, sur 180° environ,ce que l’on peut théoriquement percevoir de cette collinedepuis Mortefontaine et notamment depuis son château.Si l’on comprend les raisons initiales du prince qui voulut, en son temps, maîtriser les perspectives les plus lointaines

des parcs (voir p.16), ces raisons sont aujourd’hui obsolèteset les vues ont disparu avec la désuétude du Petit Parc et le développement important des boisements presquecontinus entre celui-ci et le sommet de la butte.Depuis le versant nord/nord-est, la couverture forestièreactuelle interdit tout point de vue et l’on se trouve vitedésorienté à parcourir les chemins du sous-bois.

La ruine du château qui couronne le relief à la cote ±200mN.G.F. (cent mètres de dénivelée par rapport au niveau du parc du château - ±100m N.G.F.), avec la tour detélécommunication voisine, fut peut-être un des points demire du grand projet paysagé du XIXe siècle, au même titreque la tour Rochefort ou la chapelle Sainte-Marguerite. Elle est aujourd’hui dissimulée derrière un épais manteau forestier et n’est plus visible qu’une fois à son pied aprèsl’ascension par la commune de Saint-Witz. De ce côté et àcette altitude, aucune vue n’est possible vers Mortefontaineou Plailly. Si le lieu peut encore être considéré commeexceptionnel c’est par le vaste panorama qu’il propose surun grand secteur sud/ sud-ouest, vers la plaine du nord del’agglomération parisienne. On signalera aussi la présence sur les lieux de la chapelle Notre-Dame de Montmélian dite aussi « chapelle Péguy » à laquelle est toujours associée un replat herbeux entouré d’arbres où se réunissaient lespèlerins.

À quelques mètres du sommet, l’existence d’une mare

fontaines sont signalées. Dans ce secteur, on croise aussiun grand réservoir complètement masqué par la végétationforestière.Le boisement qui couvre la butte et les ambiances quis’en dégagent sont dominées par la présence notable des châtaigniers.

chapelle :« La paix religieuse, retrouvée grâce au Concordat signé le

au grand jour et en toute liberté, sa grange avec les précieux

d’une manière évidente combien cette pieuse générosité

petit cimetière attenant cette chapelle, reposent Louis

Silhouette de Montmélian depuis Mortefontaine

La ruine du château et la tour de télécommunication

Panorama vers la plaine de Roissy

Fougères et châtaigniers. La mare sur la butte de Montmélian

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III.3 - La Thève

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - LE TERRITOIRE

Du fossé en eau seulement par temps de pluie, d’une source séparée de son cours par une ligne T.G.V., la Thève, dans sa traversée de Mortefontaine, se transforme en un chapelet d’étangs au milieu d’un parc prestigieux. Mais ni l’étang de la Ramée, situé au milieu des bois, ni les étangs de Vallière ou de l’Épine, cachés derrière de hauts murs ou distants des chemins publics ne sont perceptibles aucommun des promeneurs.

Après maintes canalisations, cascades et détours forcés par les travaux de l’homme, elle s’écoule de l’étang de l’Épine et réapparaît sous la forme stagnante du maraisdes Joncs avant d’irriguer la prairie de Charlepont. Là, elle traverse les pâtures à chevaux sans distinction notable avec le réseau de fossés qui les parcourt.Plus au sud, au sortir de l’étang de Vallière, elle connaîtun autre avatar marécageux associé à l’étang de la Grangeavant de converger également vers la prairie. Elle apparaîtalors comme un petit ruisseau bordé de phragmitesreprenant parfois vigueur au gré d’une petite chute. Plus loin un alignement de peupliers la souligne avant qu’aux environs de Neufmoulin la ripisylve s’épaississe de quelques boisements spontanés.

fond de vallée des prairies de Charlepont après quoi elle ralentit encore dans les prairies humides du Plat d’eau.

Thève

autre cours d’eau

sens du courant

mare ou étang

marais

réservoir

point d’eau et source

légende :

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La Thève depuis la RD 922

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III.4 - Les séquences de la Thève

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - LE TERRITOIRE

Plat-d’eau

00 250 500 mNN

1

2

3

4

56

7

8

5 Le marais de Joncs

7 La Thève et sa ripisylve

6 La prairie de Charlepont

1 Après St Sulpice de la Ramée

2 L’ étang de la Ramée

3 Après l’étang de la Ramée, le passage de la RD 922

4 L’étang de l’Épine

8 Le plat-d’eau

largeur minimale 2 mlargeur maximale 8 mUne fois la chapelle St Sulpice dépassée, la Thève s’élargit pour former un large bassin. Ce plan d’eau qui ornait lapropriété des soeurs est aujourd’hui entouré d’une petite clôture de bois et sert occasionnellement de réserve d’eau en cas d’incendie. Puis redevenue ruisseau, la Thèves’enfonce sous les arbres et se cache derrière les haies de la propriété.

1 Après St-Sulpice-la-Ramée

largeur minimale 2 mlargeur maximale 240 mUn marais entoure l’étang de la Ramée ; le sol spongieux,imprégné des eaux de la Thève nous laisse parfois accéderau bord de l’étang de la Ramée entre prèles et iris. Les contours tortueux de cet étang et les 2 îles transformentles 4,4 hectares d’eaux en un espace sans limites.

2 L’ étang de la Ramée

3 Après l’étang de la Ramée, le passage de la RD

largeur minimale : 1,5 m largeur maximale : 2,5 mAprès avoir passé l’écluse de l’étang de la Ramée et la RD 126, la Thève serpente doucement et régulièrementjusqu’à l’étang de l’Épine. Elle contourne le relief, d’uncôté le coteau ponctué de chênes centenaires et de chaos de grès, de l’autre une étendue inondable où poussent de jeunes saules.

4 L’étang de l’Épine

largeur minimale : 1,5 m largeur maximale : 400 mEn longeant l’île Molton, la Thève s’élargit jusqu’à près de 400 m de large pour croiser et conforter les étangs du domaine de Vallière.

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5 Le marais de Joncs

7 La Thève et sa ripisylve

6 La prairie de Charlepont

l’étang de la Vallière, et crée un palier surplombant la prairie de Charlepont.Des arbres majestueux aux essences variées, plantés il ya 200 ans pour leur exotisme ou simplement leur allure,

toujours entretenus et la circulation parfois chaotique des eaux laisse des bras morts, stagnants sous une végétationluxuriante.

largeur minimale : 1,5 mlargeur maximale : 3 mLa Thève chute des étangs pour inonder le marais deJoncs. Le coteau boisé ne laisse pas percevoir d’où vient

largeur minimale : 1,5 mlargeur maximale : 3 mLa Thève apparaît pour couper la prairie de Charlepont. Elle est parfois soulignée par une petite ripisylve maisreste, pour la plupart du temps, marquée par une large bande de phragmites, entourée de barrières qui éloignent les chevaux.

largeur minimale : 1,5 m largeur maximale : 3 mLa Thève disparaît au delà de la prairie, sa ripisylve s’étoffe. La Thève se divise, autrefois canalisée pouralimenter Neufmoulin, elle s’égare dans une succession de boisements, de ripisylves et de prés.

Entre l’étang de l’Épine et l’étang de Vallière

L’étang des Islettes et l’étang de Vallière

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III.5 - Les formes végétales remarquables

Alignement de poiriers

Alignement de platanes

Alignement de marronniers

Alignement de peupliers

Autre alignement remarquable

Arbres remarquables

Bouleau

Hêtre

Pin

Platane

Marronnier

Chêne

Les arbres hauts ou isolés ont de tout temps servis de repères. Au Moyen-Âge, ils étaient utilisés pour marquerla limite d’un territoire telles des bornes visibles de loin.Mortefontaine est ponctué d’arbres ou de groupes d’arbres remarquables. Certains ont été plantés pour souligner unmonument, comme les platanes entourant le calvaire. L’extraordinaire hêtre présent sur le terrain de la pépinière Chantrier est un témoin immobile de l’évolution du village, même si on ne connaît pas les raisons de sa plantation. D’autres groupes d’arbres apparaissent naturellement lors d’un changement de substrat ou d’usage du lieu. C’est lecas des bouleaux au pied de la tour Rochefort.

L’une des formes végétales les plus caractéristiques de Mortefontaine est l’alignement de bord de route. Les plantations d’alignements, souvent liées à des structures administratives se sont développées après les défrichements du Moyen-Âge pour prévenir des pénuries de bois. Sully

rendre l’usage des routes plus « facile et plus plaisant». La plantation d’arbres n’était pas pour autant gratuite. Les arbres avaient diverses utilités : leur bois était exploité, les ormes permettaient de fabriquer des affûts de canons de remplacement lors des déplacements militaires ; lesfruitiers étaient un soutien pour les villageois.Les alignements permettent aussi de maintenir un tracé,d’assurer une largeur de voirie qui ne puisse être amputéepar les propriétaires des terrains voisins.

Les alignements ont souvent été repris dans les grandes propriétés pour cadrer des vues ou souligner les grandsaxes. Depuis la RD 922, la plantation de grands poiriers met en scène l’entrée du village. En s’incurvant vers la chaussée, ils couvrent toute la route de leur ombre. Ils soulignent le chemin et rythment le parcours. Si ces vénérables poiriers ont bien, comme on peut le supposer, plus de 150 ans, ils sont néanmoins à terme. Il faut donc les préserver autant que faire se peut, mais aussi penser à leur remplacement par étapes (établir un diagnostic sanitaire).

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - LE TERRITOIRE

0 250 500 mN

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I. DIAGNOSTIC - PHASES I-II - COMPRÉHENSION DU PAYSAGE D’INSCRIPTION DU VILLAGE / ANALYSE DES ÉVOLUTIONS DU TISSU ET LECTURE DES PAYSAGES BÂTIS

ÉTUDE URBAINE DE MORTEFONTAINE - PHASES I-II - MARS 2009Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 31

III.6 - Les perspectives et points de vue emblèmatiques

Point de vue emblématique

Route - point de vue

Perspective emblématique

Cheminée de la tuillerie

Château d’eau

Tour Rochefort

Chapelle Ste Marguerite des Grès

Parc «Astérix»

Chapelle Ste Marguerite desGrès

Tour Rochefort

Le territoire de Mortefontaine a été successivement

un paysage à leur convenance. Ces hommes ont modelé celui-ci pour pouvoir le contempler, depuis des fabriques ou de simples bancs de bois peints de vert.Le domaine de Mortefontaine était jusqu’il y a peu de temps une propriété privée mais ouverte. Les promeneurs

aujourd’hui interdites. Le parc s’ouvrait aussi en intégrant les lointains. L’équilibre entre la campagne environnante et le jardin contribuait à l’harmonie du parc. Aujourd’hui ces vues se sont refermées. Les arbres en se développant ont petit à petit refermé les fenêtres sur le paysage. Le parc n’est plus accessible. Il ne reste de cette époque que les mises en scène liées au relief. Le château de Vallière trône sur un balcon boisé et s’offre à la prairie de Charlepont. Et si certains points de vue ont été masqués d’autres ont été soulignés. Ainsi la prairie de Charlepont est cadrée par deux coteaux boisés qui dirigent le regard vers la ferme de Charlepontau nord.En revanche, la vue fondatrice qui reliait originellement le château de Mortefontaine et la butte de Montmélian s’est perdue.

Cheminée de la tuilerie de Plailly

Château d’eau

Calvaire à l’entrée du village depuis Montaby

Calvaire à l’entrée du village depuis Plailly

Quelques repères

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - LE TERRITOIRE

0 250 500 mN

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4 - Plailly depuis les vergers à la sortie de la rue du Val 4 - Mortefontaine depuis les vergers à la sortie de la rue du Valde Mortefontaine

1 - Le château de Vallière depuis la prairie de Charlepont 2 - Le parc du château de Vallière à travers les grilles 3 - Le château de Vallière depuis la Tour Rochefort

6 - À la sortie de la forêt depuis la RD 22 Mortefontaine

8 - Ouverture sur les grandes cultures depuis le Petit Parc du château de Mortefontaine

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Golf,

C.E.R.A.M., Sté St Marguerite des Grès

Sté St Marguerite des Grès Mme. de Cossé Brissac

Parc de Vallière Al Tajir

M. Rousselet

Pépinières M. Chantrier

Institut St Dominique

M. Norman

M. Mauvernay

Soeurs St Thomas de Villeneuve

M. de Cossé Brissac

III.7 - Un territoire partagé entre de grandes propriétés

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - LE TERRITOIRE

M. Jonnart

Grands domaines

opriétés agricoles

Limite du domaine de Mortefontaine au XIXe

L’histoire de Mortefontaine est liée à l’histoire dudémembrement progressif du grand domaine du château. Un plan issu des archives privées de la famille de Gramont,publié dans le bulletin du G.E.M.O.B., permet de saisir l’étendue de ce territoire qui s’étendait au XIXeXX siècle vers le nord jusqu’à la commune de la Chapelle-en-Serval, était borné au sud-est par la route du Pavé d’Avesnes menant à Ermenonville et possédait au sud la butte et le bois de Montmélian. Ce grand domaine d’un seul tenant est aujourd’hui partagé entre les héritiers de la famille deGramont, les Cossé Brissac, divisé entre diverses entitéstelles le golf ou le centre d’essais routiers, le Grand Parc et le château de Vallières appartenant à l’Emir Al Tajir,

l’ancien château et le Petit Parc partagé entre M. Norman

aujourd’hui qu’une petite poignée de notables propriétaires qui se partagent l’ancien domaine du château. Les terres agricoles et les pépinières se trouvent également principalement rassemblées, pour 80 % de la surfacecultivable du territoire de la commune, entre seulementquatre mains différentes. Parmi eux, on notera la fragilité de l’exploitation des espaces préservés pour les pépinièreset l’intérêt notable de ses éléments dans la physionomie etle paysage du village.Les parcelles privées de l’enclave de Montmélian sont essentiellement des propriétés des héritiers Bouix, également propriétaires de la grosse demeure sur le territoire limitrophe de Saint-Witz, propriété en cours de transformation en un programme de multiples logements.

MontmélianHéritiers Bouix

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III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - L’AGGLOMÉRATION

III.8 -

Malgré une apparente simplicité, il est malaisé de réaliser

construits se trouve restreint. On compte environ 200habitations dans le village proprement dit, la moitié d’entreelles postérieures aux années 1960, une cinquantaine auhameau de Montaby, où seuls subsistent quelques bâtiments agricoles anciens, et une dizaine à Charlepont. A cetteénumération, il faut ajouter la récente transformation des bâtiments de la ferme du village en 34 logements, en cours d’installation. Ce sont donc quelques 300 foyers etenviron 800 habitants qui habitent le village, sans oublier la congrégation des sœurs de Saint Dominique. Le corpus

sélection des objets les plus intéressants, à destination

au prochain Plan Local d’Urbanisme.

LA COMMUNE RURALE ET LE CHÂTEAUMortefontaine n’est pas une commune rurale comme lesautres. Une activité principale pour ses habitants fut leservice du château, puisque le domaine agricole et les

village. Cultiver les terres, planter et entretenir le parc,e siècle jusqu’au

début du XXeXX siècle, une part majeure de l’économie et une raison particulière à la réalisation des constructionsnouvelles. Il est donc raisonnable de considérer cettedistinction comme fondatrice de différences entre les

Cette singularité historique a entraîné d’autres caractéristiques contemporaines.

l’absence traditionnelle de commerces, hormis aujourd’huiun restaurant. Les services publics ne sont présents que par un bureau de poste. Il faut aller à Plailly pour trouver la structure ordinaire et l’armature commerciale d’un village qui ne compte que le double des habitants de Mortefontaine.Comme le soulignait une résidente, la grande effervescence journalière se trouve à l’entrée et à la sortie des écoles,rehaussée par le ballet des autocars du collège. Autrement, c’est aussi mort que la fontaine ! Il faut en effet remarquer,

sur ce point, que l’économie traditionnelle d’un domaine

à travers des cultures maraîchères, vivrières et céréalières et des élevages d’ovins, de bovins et de porcins et une abondante basse-cour. La majeure partie des subsistancesnécessaires à la vie ordinaire du domaine était produite sur place. Cela n’amenait donc pas une économie d’échange, donc l’absence de la nécessité de commerces au village.

ORIGINES DU PARCELLAIRED’un point de vue plus morphologique, il pourrait être utilede réaliser une étude comparative entre les structures des villages accolés à un grand domaine et d’interroger leprincipe de la clôture des domaines et les formes prises par les constructions sur leurs limites. Autant que l’onpuisse le constater sur l’étude de cas de Mortefontaine, on peut distinguer assez clairement un type de parcellaire et des formes de constructions liées à l’enceinte du domaine,globalement des parcelles plus larges et des constructionsde qualité des XVIIIe et XIXeXX siècles, se donnant parfois des allures de maisons de plaisance, alors que le bâti en contrebas de l’église et proche du carrefour du villageprésente un parcellaire plus étroit et des maisons accolées de moindre volumétrie. Dans l’un et l’autre cas, ladisposition du bâti ouvrant sur cour est très présente ; c’est assez heureusement une disposition reprise par l’habitat contemporain.

Sur les bases de ces trois constats liminaires, une

village en 3 catégories de parcelles :- un parcellaire d’origine rurale avec des constructions à

usage d’habitat ou d’exploitation;- un parcellaire en limite du domaine avec des constructions

mieux développées et des accents d’architecture savante;

- un parcellaire pavillonnaire, en maisons isolées ou accolées de la deuxième moitié du XXeXX .

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LE RURAL

e et XIXeXX siècle, installé en contrebas de l’église, aux quatre angles du carrefour et le long de la rue principale. Les bâtiments d’habitation se présentent à rez-de-chaussée + comble ou rez-de-chaussée + étage + comble. Les différences de pentes de toiture permettent de supposer l’âge des diverses constructions. Plus la pente est forte, plus la construction est ancienne, déclinant ainsi d’environ60° à 30° pour les constructions de la première moitié du XIXeXX siècle. Deux types d’implantation se présentent.A l’alignement de la rue pour les constructions les plus modestes, ouvrant directement sur le trottoir : il s’agit alorsvraisemblablement de maisons d’ouvriers agricoles ou de saisonniers ne disposant pas d’autres biens que la force deleur travail. Une deuxième disposition se trouve ordonnéesur cour : il s’agit alors d’une maison d’habitation et de bâtiments d’exploitation qui témoignent de la propriété de quelques lopins de terre ou d’un grand domaine cultivable.La cour est alors lieu de circulation, de vie et de travail pourl’ensemble de la maisonnée. Le système de la cour commelieu fédérateur se retrouve également pour les plus grandes exploitations agricoles, et notamment à Mortefontainela grande ferme qui vient d’être transformée, pour sesprincipaux bâtiments d’habitation et d’exploitation, en logements. L’ensemble de ces bâtiments ruraux est réalisé en maçonnerie de moellons rustiques avec un généreuxenduit de surface. Les toitures sont de tuiles plates, avecdes lucarnes « à la capucine » ou des lucarnes à foin, enprolongement du mur de façade. Si les maisons prises individuellement ou en rangée présentent un intérêt limitéà leur rusticité, il en va différemment pour leur silhouette d’ensemble : l’assemblage multidirectionnel des prismes rouges de leurs toitures assurent une composition qui

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du Valois.LE DOMANIAL

Les parcelles sont plus larges et généreuses, les bâtiments plus profonds, certains se présentent à deux étages avecdes toitures qui peuvent être couvertes d’ardoise, signe extérieur de richesse habituel des bâtiments de la noblesse. Ce type de couverture reste traditionnellement celui deschâteaux français, en référence aux modèles royaux du Valde Loire. Si les bâtiments qui appartiennent au monde ruraltémoignent toujours d’un sens de l’économie dans leur construction et de fonctionnalité dans leur distribution, lesbâtiments qui appartiennent au domaine de l’aristocratie montrent un goût pour l’apparence, l’allusion, la référence,qui conduit les formes architecturales vers une expression d’ordre et de composition.Il faudrait bien évidemment connaître précisément chacune des origines de propriété et établir le lien de leurs propriétaires avec le châtelain et le domaine de

distinction. Ce complément d’étude appartient auxhistoriens qui pourront ainsi établir un jour une radiographie du village de Mortefontaine telle qu’elle aurait pu apparaître autour des années 1800. Selon la cartographie ancienneet les relevés sur place, nous proposerons de considérer selon cette origine la plus grande part des parcelles et des constructions qui jouxtent le Grand Parc et le Petit Parc : en effet, l’origine de propriété semble bien être une division

maisons pour les grands commis du domaine (régisseurs, jardiniers,...) et de quelques bâtiments d’exploitation. Lecadastre de 1810 permet de constater l’importance desdivisions parcellaires réalisées vers cette période le long

de la route de Plailly, à la frange du Petit Parc.LE PAVILLONNAIRE

C’est le parcellaire le plus récent et le plus abondant,entrepris aux débuts des années 60 à travers quelques maisons jumelées le long de la rue de Thiers-sur-Thève. Ce

au-dessus du village à travers une série de lotissement des années 70 aux années 90, dans une version cossue quiconjugue des parcelles généralement supérieures à 500 mètres carrés, une absence complète de mitoyenneté etun retrait sur rue dégageant de belles surfaces jardinées devant la belle façade du pavillon. Une réglementation assez stricte du plan d’occupation des sols et des cahiers des charges de lotissement a permis de maintenir unpaysage extérieur largement dominé par la végétation,celle des propriétés elles-même qui se conjugue aux arbresd’alignements et d’ornements généreusement plantés sur les rues et les chemins publics. La grande homogénéité des constructions, de volumes, de toitures et de couleurdes matériaux, permet l’expression d’un calme et d’uneplénitude dans l’atmosphère de ce quartier neuf du villageentourant le vieux cimetière et dominé par la silhouettedu clocher de l’église.

Le Petit Parc en 1810

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1 2

3

45

0 100 m

PLANS les lotissements

L’ensemble ici appelé les lotissements peut être décomposé en cinq opérations d’habitat pavillonnaire survenues surune période assez courte et augmentant considérablement (environ les deux tiers) le nombre antérieur des habitations du village.Par leur situation concentrée sur le relief au nord de la commune, à l’écart des principaux axes de circulation, et bien qu’ils reproduisent des modèles totalement importés, les lotissements de Mortefontaine apparaissent très intégrés du point de vue d’une approche extérieure. Le caractère privatif et exclusif des voies qui les desserventcontribue à les rendre extrêmement discrets dans la perception du paysage communal. Leur relative ancienneté et l’adossement au boisement qui environne le domaine dela Grange les fait aujourd’hui apparaître généreusementplantés.Bien que les parcelles et les constructions qui les composentsoit d’une catégorie plutôt supérieure à la moyenne du

d’un cadre valorisant.Par ailleurs, une structure originale de chemins piétons et

l’arrière du cimetière entre 1 et 2), compensent le principed’indépendance qui les régie à la base.À la différence des autres, l’opération n°1, manifeste une

des dispositions pratiques habituelles (gabarit minimum devoie pour réduire les parties communes). Ici, des plates-bandes engazonnées et plantées d’alignements d’arbres agrémentent les parcours (avenue du Nautonnier). La hiérarchie qui se dégage de l’aménagement nuancé des voies, facilite aussi le repérage (souvent médiocre dans les

traduit dans une composition particulière des alignements d’arbres (même essence deux à deux) qui, là encore,atténue le sentiment de banalité habituellement ressenti dans les opérations de ce type.En résumé, on peut dire que si les opérations delotissements n’ont pas augmenté la valeur patrimoniale de Mortefontaine, elles n’ont pas non plus et ce malgré leur relative étendue, porté atteinte aux paysages exceptionnelsde la commune.

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0 100 m

0 100 m

LOTISSEMENT n°1

surface totale : ............................... 43 500 m2dont voies et chemins : ............... (20%) 8 575 m2

nombre de lots : ........................................ 32

parcelle la plus petite : ......................... 750 m2parcelle la plus grande : ......................1 850 m2surface parcellaire théorique moyenne : ..1 350 m2nombre de logements à l’hectare : .............. 7,35

LOTISSEMENT n°2

surface totale : ............................... 32 300 m2dont voies et chemins : ............... (17%) 5 532 m2

nombre de lots : ................................... 35 + 3

3 lots hors maillage (2 de 3 000 m2, 1 de 5 400m2)

parcelle la plus petite : ......................... 550 m2parcelle la plus grande : ......................1 100 m2surface parcellaire théorique moyenne : .... 922 m2nombre de logements à l’hectare : ............. 10,83

Rue des Vignes

Avenue du Nautonnier

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0 100 m

0 100 m

surface totale : .................................5 220 m2dont voies et chemins : ............... (20%) 1 015 m2

nombre de lots : ........................................ 18

parcelle la plus petite : ......................... 420 m2parcelle la plus grande : ........................ 600 m2surface parcellaire théorique moyenne : .... 650 m2nombre de logements à l’hectare : ................. 15

LOTISSEMENT n°4

surface totale : ............................... 15 200 m2dont voies et chemins : ............... (13%) 2 000 m2

nombre de lots : ................................... 13 + 3

3 lots hors maillage (900 m2, 1 000 m2, 1 100m2)

parcelle la plus petite : ......................... 660 m2parcelle la plus grande : ......................2 000 m2surface parcellaire théorique moyenne : ..1 170 m2nombre de logements à l’hectare : .............. 8,55

Allée de la Fontaine du Curé

Rue du Verger

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0 100 m

0 100 m

LOTISSEMENT n°5

surface totale : .................................4 560 m2dont voies et chemins : ...................... (0%) 0 m2

nombre de lots : ......................................... 7

surface parcellaire : ............................. 650 m2nombre de logements à l’hectare : ................. 15

MONTABY

surface totale : ............................... 79 600 m2dont voies et espaces publics : ..... (20%) 14 816 m2

nombre d’habitations : ................................ 54

parcelle la plus petite : ......................... 300 m2parcelle la plus grande : ......................3 800 m2

nombre de logements à l’hectare : ................ 6,8

Rue du Val

Place de Montaby

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Depuis l’ allée de la TournelleAvenue du Nautonier Le long du cimetière Depuis l’impasse Vallière

Rue du Val

Impasse Watteau

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - L’AGGLOMÉRATION

III.9 - Le village - rues et chemins

Le village de Mortefontaine présente un choix varié de voies aux usages bien différents.La RD 922 qui passe devant le château est une route très fréquentée. Elle est utilisée aussi bien par des poids lourds, les cars de l’institut St Dominique ou par des riverains quihabitent le long de cette rue.La rue Corot, la rue du Val et la rue de l’Église sont les rues originelles du village. Assez étroites, elles sont faiblement circulées et elles le sont essentiellement par les villageois. Les dessertes pavillonnaires sont des voies en impasse qui ne sont empruntées que par des riverains. Ces voies sont doublées par des chemins piétons. Des chemins forestiers ou ruraux ont été conservés lors du dessin du lotissement et permettent de relier le village à l’extérieur et de circuler entre lotissements. Cette forme est devenue uneparticularité de Mortefontaine. Cependant, ces sentiersentre deux arrières de parcelles sont parfois envahis parles thuyas non taillés. Le chemin se ressert et le passagedevient bien moins agréable voire étouffant. Il ne faudrait pas laisser ces sentiers plantés ou seulement enherbésdisparaître sous la végétation voisine. C’est pourquoi il serait intéressant de mettre en valeur le réseaux de sentiersdans son ensemble et non au cas par cas.

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La légende que l’on peut lire sur le plan conservé au archivesdepartementales de l’Oise est ainsi rédigée: «Mortefontaine, plandes travaux à faire an 1845 pour la commune.L’échelle de proportion pour le plan d’élévation est de 10 centimètrespour mètre et le plan de parterre est de 5 centimètres pour mètre. Fait par moi Perpette Godin, entrepreneur à Chantilly 1845»

e sièclegrâce à l’attention de Monsieur Louis Le Peletier, « ami des humbles et réputé pour sa générosité ». Ces travaux

Petit Parc, vers 1775 - 1780. Jusqu’alors, l’eau du village n’était distribuée que par des puits ; elle était de qualitémédiocre. Monsieur de Mortefontaine, entreprenantd’importants travaux d’adduction des eaux depuis la

de canaux couverts une petite rivière serpentant dans le jardin du Petit Parc, avec de petits lacs, une cascade et une cataracte, se préoccupa également d’améliorer les conditions de vie des villageois.

La physionomie de cette fontaine a vraisemblablementbeaucoup évoluée depuis sa création ; le plan de Le

aucun dessin particulier. Le plan d’Intendance de 1789, conservé aux archives départementales, ne reproduit pas non plus la forme remarquable en exèdre ; on remarque également que le chemin n’a pas encore été redressé. Undocument représentant un « plan des travaux à faire an 1845 pour la commune », conservé également aux archives départementales, montre un projet d’un bassin en forme d’auge ou de baignoire, installé au fond d’une niche concave opérée dans la clôture, apparemment de 4 mètres de largepour 1,50 mètre de profondeur. La disposition en plan montre bien que cette fontaine fut réalisée sur le terrain privé dupropriétaire du château de Mortefontaine et offert à la commune. Mais il n’y a aucun trait de ressemblance avec la fontaine que nous connaissons aujourd’hui. Il faut donc considérer que la fontaine actuelle date de la deuxièmemoitié du XIXeXX siècle. Une généreuse réhabilitation en a également transformé l’aspect en éliminant un bossageappuyé, en supprimant les joints verticaux et en ajoutantun fronton cintré, tel que le montre la comparaison avec deux cartes postales du début du XXeXX siècle. On regretteraaussi la perte du bas-relief qui représentait une scène

des dieux de la mer, Neptune et Amphitrite.Mais la transformation principale est de constater que cette fontaine est devenue morte. Un retour à la toponymie, enquelque sorte. Le clapotement des eaux vives est remplacé par les trépidations de l’intense circulation automobile. Seule la plaque apposée évoque encore aux passants sa généreuse origine.

DES BORDS FLEURIS OU J’AIMOIS A REPANDRELE PLUS PUR CRISTAL DE MES EAUX,PASSANT, JE VIENS ICI ME RENDRE

AUX DÉSIRS, AUX BESOINS DE L’HOMME ET DES TROUPEAUX

EN PUISANT LES TRÉSORS DE MON URNE FÉCONDESONGE QUE TU LES DOIS À DES SOINS BIENFAISANTSPUISSAI - JE N’ABBREUVER DU TRIBUT DE MON ONDE

QUE DES MORTELS PAISIBLES ET CONTENS

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - L’AGGLOMÉRATION

III.10 - La fontaine

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Si les gravures et estampes anciennes du Petit Parc et du Grand Parc sont nombreuses, les vues du village ancien semblent plus rares. La gravure réalisée ici par Guérard,

quelques impressions existantes. Mais le dessinateur a inventé la vue qu’il nous propose.En effet, si le premier plan représente bien le carrefour de la rue de l’Église avec la rue de Plailly et de Thiers (onreconnaîtra aisément des bâtiments d’angle), il est tout à fait inconcevable de voir ainsi l’église émerger dans cet axe de vision. L’artiste s’est livré assurément à un montage romantique du paysage du village. Néanmoins, l’atmosphère reste assez proche de ce que l’on peut percevoir aujourd’hui depuis les terrains situés sur le coteau, face à l’église,depuis le territoire de la commune de Plailly descendant en pente douce. Le spectacle conjugue toujours aujourd’hui le cubisme des volumes des constructions coiffées de tuiles rouges et la dentelle échevelée des arbres.Cette intéressante qualité paysagère doit être un élément

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - L’AGGLOMÉRATION

III.11 - Une église dans le paysage

Charles-Jean Guérard (1790-?), publié par GEMOB. Cette vue est vraisemblablement extraite de l’ouvragelithographique « Promenades ou vues de Mortefontaine, d’Ermenonvlle, de Trianon, de Chantilly »Charles-Jean Guérard peignit également en 1823 deux tableaux autrefois propriété du baron Jean-George Schikler, locataire du chateau. « vue prise à l’entrée du Grand Parc de Mortefontaine » et « vue de la maisondes eaux de Mortefontaine »(vendu par Sotheby’s Paris, le 19 juin 2006) reproduit ci-contre

« vue de la maison des eaux de Mortefontaine »

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I. DIAGNOSTIC - PHASES I-II - COMPRÉHENSION DU PAYSAGE D’INSCRIPTION DU VILLAGE / ANALYSE DES ÉVOLUTIONS DU TISSU ET LECTURE DES PAYSAGES BÂTIS

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Zone inscrite sur l’inventaire supplémentaire des monumentshistoriques, en 2003

Evolutions du Petit Parc et motifs récurrents

III.12 - La pépinière du Petit Parc

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - L’AGGLOMÉRATION

Le Petit Parc est aujourd’hui morcelé en différentespropriétés. L’espace central appartenant au château estinscrit sur l’inventaire supplémentaire des monumentshistoriques. L’espace occupé par les sœurs et le lycée ainsi que l’extrémité sud, rajoutée ultérieurement pour prolongerla perspective vers Montmélian, ne sont pas compris dans ce périmètre. Ils sont pourtant encore cernés par le mêmemur d’enceinte. Il reste peu de choses du Petit Parc du XVIIe siècle,l’organisation des chemins et des espaces s’est effacée. La rivière a disparu même s’il reste une marque sur le cadastre. Il reste çà et là de beaux arbres datant du début de ce parc. Le chemin bordé de marronniers qui menait au temple à l’extrémité du Petit Parc est aussi un vestige del’ancien dessin.

GED - 6575, BN

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Une pépinière s’est installée dans la partie sud du Petit Parc, s’affranchissant du dessin général, une nouvelletrame à été importée. Cette pépinière n’est plus réellement entretenue, les arbres n’ont pas été transplantés et poussentmaintenant trop densément. Cependant certains sujets sont devenus intéressants et une étude plus approfondie devra déterminer les sujets à conserver lors de la conversion decette pépinière. Un terrain de tennis est venu s’implanter dans l’espace ouvert qu’il restait. Il est totalement rapporté et déprécie le paysage formé par un grand bouquet de pins au milieu des herbes hautes.

Relevé sommaire des espèces de la pépinière

Dans les allées de la pépinière 1

1

2

2

3

3

4 5 6

45

6

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Allée de la VenerieAllée du Bois

III.13 -

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - L’AGGLOMÉRATION

Montaby est aujourd’hui une forme de hameau moderne pour le village de Mortefontaine. Les tracés originels, repérables sur la cartographie dès le XVIIIe siècle, restentl’essentiel de l’ossature et du maillage de ce quartier ancien devenu principalement moderne depuis les 40 dernières années, à travers la réalisation progressived’une cinquantaine d’habitations, venant s’ajouter aux restes éparpillés d’une petite dizaine d’anciennes maisons

e et du début duXIXeXX siècle. Au maillage ancien, seule une nouvelle desserteen raquette a été créée pour desservir une quinzaine de pavillons. L’unité de la composition du hameau s’est élaborée principalement à travers une volumétrie simple et néo-rurale des maisons nouvelles dotées de toitures à deux pentes à 45°, uniformément couvertes de tuiles plates de couleur rouge. C’est principalement aujourd’hui sur les restes de bâti ancien qu’un effort de la commune devrait

parfois fragile. Mais on peut observer que de récentesmutations de propriété ont permis un investissement dansla restauration de ce petit patrimoine ordinaire.

la petite maison rurale ouvrant ses divers bâtiments d’habitation et d’exploitation sur une cour de ferme et le pavillon installé en retrait de la rue et sans mitoyenneté,avec jardin « de représentation » sur le devant de la façade principale et jardin « de loisirs et d’ornements » à l’arrière de la parcelle. Mais il n’existe pas d’antagonisme entre cesdeux familles, puisque l’unité de l’ensemble est assumée par la similitude de la volumétrie et des matériaux detoitures.

Allée du Bois Extrait de la carte de la capitainerie d’ Halatte 1711

Extrait de la carte topographique des environs de Chantilly 1725 Extrait de la carte de la forêt d’Ermenonville 1743

Extrait du cadastre napoléonien

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Détail de la place de Montaby avec puits

Ce qui reste aujourd’hui le plus plaisant dans le paysage de ce hameau est l’élargissement de l’espace public, permettant de développer de vastes pelouses engazonnées où se sont développés quelques beaux arbres d’essences locales ou d’ornements, manifestant ainsi l’attachement du hameau à l’embellissement de la commune par le travail des jardiniers et des pépiniéristes. On remarquera égalementque la nouvelle voie de desserte en raquette s’achève autour d’un très bel arbre. Le puits localisé sur le plan

abribus pour les cars de ramassage scolaire, au débouchéde la voie nouvelle. Cet aménagement aujourd’hui un peutrop sommaire mériterait peut-être un peu plus d’attentionen cet endroit stratégique du centre du hameau.

Le Plan Général d’Alignement fut établi en 1844 à Mortefontaine par le préfet de l’Oise, bien après queces derniers fussent requis pour les routes de toutes les communes de l’Empire Français. Ce document, conservé aux archives départementales (cote 3Op 12760), présenteen rose les parties du domaine public pouvant être cédéesaux riverains. Vraisemblablement, aucun des propriétairesde Montaby ne souhaita étendre sa propriété de quelques mètres carrés en devanture. Ainsi, l’espace public d’aujourd’hui reste comme il fut aux origines du hameau, offrant un élargissement toujours utile à la respiration et aux usages publics des lieux.

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La forme et les limites du village sont le résultat des extensions successives de l’agglomération au cours de

de la politique de constitution des grands domaines (voir page 19). Le bâti antérieur aux années 60 s’égraine, entre le château et l’église, le long des voies principales et en

s’est développé de façon autonome sur le relief au norden entourant le cimetière. Depuis l’extérieur, cettedernière forme, qui apparaît habituellement découverteà la périphérie des agglomérations, reste ici très discrète dans la perception que l’on a des limites du village. Bienque le caractère propre de chaque propriété soit trèsordinaire, la situation et la faible densité relativementà des plantations et boisements conséquents et parfoisanciens, rendent presque imperceptibles l’impact du plusimportant ensemble d’habitations du village (soit unecentaine de maisons ou les deux tiers du tout) dans le paysage environnant. Par ailleurs les développements dece quartier pavillonnaire semblent aujourd’hui circonscrits et la question de son image à l’avenir ne devrait pas poser de problème. Un projet des années 70 (voir p.102) proposait une extension à l’ouest, vers la crête de Chaout et le Val dela Croix. S’il s’agit, ici, du territoire de Plailly, il est surtoutquestion de l’agglomération du village de Mortefontaine.Un tel développement paraît, aujourd’hui, peu souhaitableà court ou moyen terme, étant donné son avancée vers les

Quant au Val de la Croix, il est indispensable d’en conserverle caractère non-bâti pour des raisons d’hydrographie etde cohérence paysagère.La question la plus intéressante en matière d’évolution deslimites du village reste celle de l’intérêt d’un développementsur les terrains concédés à Plailly au début du XIXeXX siècle.Depuis cette époque, l’extension du village sur les parcellesnaturellement les mieux situées par rapport à la structure

appartenance à la commune voisine qui peut avoir desobjectifs très différents.D’une part, on peut constater que cette situation qui duredepuis deux cents ans a permis de préserver la façade sud-ouest du village en lui conservant une vocation agricole et,jusqu’au plus près du cœur, les aspects attrayants de la pépinière Chantrier. Ainsi, c’est le spectacle des cultures

qui permettent d’aborder l’entrée du village avec unequalité de paysage certaine (bien que le local commercialcontredise en partie cette appréciation, notamment par son implantation frontale quand on vient de Plailly).D’autre part, certains des espaces concernés traduisentla désaffection et un apparent déclin des cultures dontl’image peut s’avérer dégradante à plus ou moins long terme.Aujourd’hui, il semble opportun de reconsidérer le potentielen matière de patrimoine végétal offert par les vestiges de la pépinière (à évaluer) et la capacité du site à accueillirdes constructions nouvelles.

lieu et la structure qu’il nous laisse : limite du chemins’apparentant à une séquence de tour de ville ; organisation du parcellaire et des carrés de la pépinière ; frange plantée ; présence ponctuelle de sujets emblématiques ;ouverture visuelle jusqu’au cœur du village.Dans cette situation, l’organisation des bâtiments de la grande ferme récemment reconvertis en logements

indifférente au devenir du secteur. Sa structure doit apparaître comme un modèle possible ou, au moins, une référence pour les opérations qui pourraient advenir au nord ou au sud.Étant donné l’évolution du rapport de perspective entrele château de Mortefontaine et la butte de Montmélian, un retour aux unités territoriales d’avant le XIXeXX sièclepermettrait, sans aucun doute, le développement plusharmonieux de l’agglomération communale.

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - L’AGGLOMÉRATION

III.14 - L’agglomération et ses limites

limite du village vers Plailly

les pépinières Chantrier

le collège à travers les pépinières Chantrier

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Les terrains disponibles pour de nouvelles constructions sont rares à Mortefontaine. D’une part, l’unité des grandsdomaines et l’emprise d’une composition paysagèreexceptionnelle étendue à la totalité du territoire communalet, d’autre part la position particulière de la limiteintercommunale avec Plailly, réduisent les espaces d’uneurbanisation acceptable en termes de développementharmonieux du paysage.

III.15 - Des espaces de développement pour l’agglomération

Place de l’église Devant la mairie

III – LA PHYSIONOMIE DE LA COMMUNE - L’AGGLOMÉRATION

En effet, l’incursion du territoire de Plailly au cœur du village de Mortefontaine se traduit, aujourd’hui par l’existence de « poches » où l’agglomération pourrait se développer sans dommage pour la qualité du site. C’estle cas en face du cimetière sur des terrains appartenant aux deux communes et actuellement couverts en partie de sapins, mais aussi en face de la mairie sur les terrainsde la pépinière Chantrier (si la diminution de l’activité de

champs. Dans un cas comme dans l’autre, les opérations deconstruction devraient être assorties d’un projet de façadevégétale vis-à-vis de l’espace agricole.Par ailleurs, et toujours dans ce secteur, le terrain de la partie de la ferme encore en activité présente, par sa situation centrale et la proximité de l’ensemble église - salle polyvalente, un potentiel indéniable en matière de construction et d’espaces publics. L’intérêt d’uneintervention à cet endroit pourrait notamment avoir comme

l’église.

logements dans le périmètre de la pépinière du Petit Parcdu château (à la suite de plusieurs esquisses), n’est pas à exclure systématiquement, même si l’unité du domaine et de l’emprise historique du parc seraient alors perdues. Néanmoins, pour éviter cette transformation irréversible, la recherche d’une solution à l’extérieur du parc, le long du chemin mérite aussi d’être explorée. On peut d’ores et déjà noter qu’étant donné : la présence de sujets anciens (vestiges du parc) ; la structure de la pépinière (le dessin des carrés) ; et l’intérêt de nombreux sujets remarquables; tout projet s’implantant sur le site de la pépinière duchâteau devrait en respecter les composantes actuelles

Quant au hameau de Montaby, sa structure laisse aujourd’hui une forme inachevée et une façade d’ensemblepeu qualitative au regard de l’environnement boisé. Lesouhait de ne pas y accepter de nouvelles constructions laisse pendante la question de son inscription paysagère qui reste à étudier, notamment en vis-à-vis du Bois de Nerval. On pourra s’en tenir ici, et selon la formule choisie par les créateurs de jardins du XVIIIe siècle, à réaliser un « hameau orné ».

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Parc Naturel Régional Oise Pays de France

IV – ANNEXES - REPÈRES DANS L’HISTOIREDU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

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IV.1 - Les grands hommes de Mortefontaine

IV - REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

Trois hommes se partagent le privilège d’avoir embellila demeure et façonné le paysage des jardins et du parcde Mortefontaine. Tout d’abord la famille Le Peletier, propriétaire par succession du domaine de Mortefontaine depuis les débuts du XVIIe siècle. Claude Le Peletier (1631- 1711), puis Louis Le Peletier (1662-1730), Jacques-Louis Le

du nom (1730 - 1799), héritier de cette famille de magistrats parisiens qui entrepris de grands travaux d’embellissement des bâtiments et des jardins à partir de décembre 1770.La tourmente révolutionnaire sonna le glas de ce lignage.Vendu en 1790, le domaine se retrouva, le 20 octobre 1798, à l’audience des criées du tribunal civil de la Seine. Joseph Bonaparte, frère aîné du Premier Consul, s’en porta acquéreur pour 258 000 francs comptants plus de 5 000F de rente viagère. Pendant les années 1808-1814 furent entrepris d’importants travaux d’aménagement, décorsintérieurs et mobiliers du château, avec agrandissement du parc, plantations et constructions nouvelles. Une nouvelle époque de mutation s’ouvrit le 6 janvier 1892 par la cession du Grand Parc de Mortefontaine, pour un montant de 3 millions de francs, à Antoine Agénor, duc de Gramont (1851-1925), époux de Marguerite Alexandrine de Rothschild. Depuis cette date, le domaine est divisé ; Grand Parc et Petit Parc deviennent des propriétés séparées. Un nouveau

1894 dans un goût inspiré des châteaux du Val de Loire,entre silhouette gothique et composition d’ornements Renaissance. Installé sur un tertre culminant le paysageau-dessus des étangs, en face de l’île Molton, il s’ouvre sur un vaste paysage avec en fond de perspective les tours de la cathédrale de Senlis. La vocation du domaine se poursuitalors fastueusement entre fêtes et chasses à courre.

Trois périodes se révèlent essentielles pour la constitution du domaine : 1770-1780 pour le premier château et le Petit Parc, 1808-1814 pour le Grand Parc et 1894-1900 pour lechâteau de Vallière, soit une trentaine d’années à travers trois siècles pour façonner un domaine d’exception ayantporté haut et fort sa vocation à l’invitation aux plaisirs de la nature et de l’esprit, mémoire d’un site renferméaujourd’hui derrière les grilles de propriétés privées.

Louis Le Peletier (1662-1730) Joseph Bonaparte (1768-1844) Antoine Agénor, duc de Gramont (1851-1925)

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IV.1 - Les grands hommes de Mortefontaine

Louis II Le Peletier hérite du domaine en 1770 et décideaussitôt d’y entreprendre de grandes transformations. Charpentiers, menuisiers, sculpteurs, marbriers, peintres, doreurs, serruriers, sculpteurs sur mobilier, etc. transforment les appartements du château. Il y réalise une« salle de comédie », petit théâtre intime doté de quelques banquettes, bancs et pupitres pour les musiciens et unescène adaptée pour accueillir des décors de paysages,de maisons rustiques ou de salons aristocratiques. M. deMortefontaine préférait que l’on y joue des comédies pieuses

avec 48 étagères pour disposer coquillages et minéraux.On installe également un cabinet de fumigation, et la chapelle est garnie de trois grands tableaux représentantdes sujets de dévotion.M. de Mortefontaine a des amis : Mme Vigée-Lebrun et sonfrère, le peintre Hubert Robert, grand spécialiste de l’artdes jardins, l’abbé Delille, l’architecte Brongniart sont parmiles esprits de qualité qui fréquentent le domaine. Cettearistocratie éclairée à la veille de la Révolution discute

découvertes de la science et aux progrès de la philosophie.

Le Peletier entreprit la transformation du Petit Parc pourcréer un grand jardin pittoresque à la mode anglo-chinoise,sur le même modèle que celui emprunté à Ermenonville parson voisin le marquis de Girardin. Naturellement, Louis LePeletier appartient aux loges maçonniques : il est membrede la loge « les neuf sœurs » comme son ami Hubert Robert.On pourra donc lire dans son parc, à travers l’entrelacsdes allées et la profusion des fabriques, des kiosques et des monuments, une suite de références aux lieux et

jardin d’Éden devient une sorte de rébus fonctionnant par allégorie de l’œuvre à l’idée ; les fabriques ne sont quedes étapes qui accompagnent le visiteur sur les chemins dela vérité, dont l’essence se trouve dans la contemplation

a. Les travaux et la vie de château au temps de Louis II Le Peletier de Mortefontaine

de la nature.Les allées du parc, bien que vouées à l’embellissement du domaine, sont également gérées pour être exploitées :« En novembre 1771, la vente de l’ensemble des borduresde deux contre-allées de la futaie dans toute la longueurdu parc, tant en grands arbres que charmilles, rapporte 15 750 livres. En 1774 à la vente des ormes de l’avenue dePlailly à Mortefontaine s’élève à 6000 livres et en 1780, celle des pommes et poires des avenues de Plailly, à 1240 livres » (bulletin du G.E.M.O.B., page 17). Il faut également observer sur les côtés du plan du Petit Parc, la présencede parcelles réservées aux arbres en pépinière, au potager et aux maisons des personnes attachées à l’exploitation dudomaine.Le plan du château et du Petit Parc établi en 1776 parLe Rouge, ingénieur du roi, et le plan sans date conservéaux archives nationales (GE C9606), estimé vers 1780,

jardin anglo-chinois de M. Le Peletier, et de ses premières évolutions. Le château, symétrique pour son corps de logisprincipal, est bien installé au fond d’une cour d’honneurbordée pour partie par les bâtiments des communs de la basse cour et complétée par une double haie d’arbres.Depuis le chemin de Paris à Ermenonville, on accède àla cour par une grille en forme d’hémicycle. Le jardin duPetit Parc est divisé en une vaste pelouse centrale avecune pièce d’eau source d’un ruisseau qui serpente versl’est à travers une prairie vers une « dormeuse cascade ».

lesquels circulent de sinueuses allées. Au-delà de l’écrandes bosquets se maintiennent des parcelles d’exploitationordinaire : le potager, une pépinière de fruitiers, une futaie conservée et un enclos dans lequel est érigé un pavillon au-dessus d’une glacière. La glacière reste aujourd’hui sousun monticule de terres. Le pavillon a disparu (voir p 82). Laperspective du jardin se termine par une nouvelle forme d’hémicycle.

IV - REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

Plan général des jardins et environs de Mortefontaine levé par Le Rouge, IngénieurGéo. du Roi, en Novembre 1776

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Le plan des années 1780 montre quelques améliorations

nouvelle de bâtiments, des plantations complémentaires debosquets pour achever la clôture de la plaine centrale, des

et le serpentin du ruisseau, la transformation de la futaie en une suite de bosquets à l’anglaise, des aménagements nouveaux à l’est pour la petite vallée, à l’ouest autour de la glacière, et au sud des plantations et la constructiond’un pavillon en forme de temple antique à trois travées pour compléter la perspective principale. Tous ces aménagements montrent l’amélioration progressive duprojet.

Mais il est une autre singularité : l’expression de l’échelle du plan selon un module de 6 toises multiplié par 7, soit42 toises (une toise vaut environ 2 mètres). Ces mesures semblent être des éléments déterminant de la composition du château : six toises d’épaisseur pour 30 de long pour le corps de logis principal, 48 toises de largeur pour chacune des 4 bandes qui divisent le parc et 18 toises pour les bosquets, toutes dimensions bien évidemment

de la géométrie du parcellaire.

Les travaux d’aménagement ne se limitent pas au Petit Parc ; le Grand Parc est également l’objet d’une campagne d’embellissement, bien que la nature s’y soit montrée plus généreuse par des amoncellements de rochers, des lacs et des chutes d’eau naturellement créés par le courschaotique de la rivière de la Thève. Quelques fabriques, l’aménagement d’anciennes tours, des canaux pourfaciliter de longues promenades sur des barques en formede gondole peintes en gris et jaune. Mme Vigée-Lebrunreconnaît d’ailleurs préférer « cette partie pittoresque du parc qui n’est pas arrangé à l’anglaise où se trouve un grand lac, de l’avis des artistes elle tient un premier rangdans son genre. À l’époque où je vous parle, monsieur de Mortefontaine l’avait embellie en y creusant des canaux sur lesquels nous nous promenions en bateau. Le lac, quin’avait pas encore une si grande étendue, était entrecoupé

également planter beaucoup d’arbres d’essences nouvellesdans cette région : pins, thuyas, cyprès, mélèzes dont il ne put suivre la maturité de leur croissance, lorsqu’il choisi opportunément de le vendre en 1790 pour sauver safortune et sa tête.

Parc de Mortefontaine vers 1780BN département des cartes et plansBnf Richelieu cote GEC-9606

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Pendant les années révolutionnaires, le château fut laisséà l’abandon après la condamnation à mort en 1794 de son épisodique propriétaire, Joseph Duruey, qui avait acquis lapropriété des terres, des bâtiments et du mobilier en 1790 auprès de Louis Le Peletier. En 1798, sa veuve met aux enchères le château (vide de son mobilier) et les terresde Mortefontaine, soit 274 ha de prés, 295 ha de terres, bois et friches, de deux moulins, un hameau de 8 maisons, plusieurs étangs poissonneux et bien entendus le château avec son Petit Parc et son Grand Parc avec fabriques,potagers, pépinières et dépendances. Le bien est adjugé 250 000 F comptant plus 5 000 F de rente viagère à Joseph Bonaparte.Joseph Bonaparte va y entreprendre de premiers travaux,

les fragiles bâtiments du parc, kiosques et fabriques, de curer les étangs et les cours d’eau, de défricher les sous-bois envahis par les herbes et la futaie, d’effectuer des plantations nouvelles de chênes, de bouleaux, de hêtres, de charmes. La transformation essentielle de cette premièrepériode de travaux fut la réalisation du grand bâtiment del’orangerie, attenante à une aile du château « sans laquellece dernier, de proportion intérieure bourgeoise, n’eutjamais permis au prince de faire face aux nécessités deplace pour ses tableaux, plus encore à l’ampleur demandéepar les réceptions nombreuses » (GEMOB p.52). Du côté de l’orangerie se trouvent la volière, vastes colonnades enhémicycle à pilastres de bois, et le théâtre, ancienne sallede comédie de M. Le Peletier refaite et modernisée, dont le fond de scène s’ouvre entièrement pour laisser entrer laperspective des arbres du parc.

La période principale de grands travaux commence l’année 1808, sous la direction de Jacques Cellerier, architecte renommé sous l’Empire, élève de Blondel, pensionnaire du roi à Rome, puis auteur de nombreux théâtres et hôtels particuliers parisiens et du spectaculaire projet de fontaine de l’éléphant pour la place de la Bastille. Jacques Cellerier engage en 1808 près de 150 000 livres de travaux, mais les revenus du domaine ont rapporté la même année près de 100 000 livres. Au-delà de la poursuite de l’aménagement intérieur du château, parquet en bois de chêne et à pointde Hongrie, salle de bains, aménagement du soubassement

b. Les travaux et la vie de château de Joseph Bonaparte àMortefontaine

IV.1 - Les grands hommes de Mortefontaine

IV - REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

Plan du domaine de Mortefontaine par Vergnaud,1839BNF Richelieu cote GED-6575

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à « usage de cave calorifère », transformation des appartements et aménagements d’une chapelle, c’est principalement sur le dessin et l’aménagement de deuxparcs que Joseph Bonaparte apporta une contributionmajeure, tout en agrandissant le domaine par de nombreux

contrôler la grande perspective du Petit Parc.

Mais cela sera principalement dans les travauxd’aménagement du Grand Parc que Joseph Bonaparte laissesa marque la plus profonde dans l’histoire du paysage de Mortefontaine. Tout d’abord, il fait creuser un souterrain

domaine ; en 1806, il fait creuser un canal d’une douzaine de mètres de large pour créer l’île Molton ; un autre canalfait communiquer le grand lac de l’Épine avec celui de Vallière ; barques et bateaux y naviguent pour le plus grand plaisir des invités ; il ajoute quelques fabriques comme lacabane du pêcheur et le pavillon de Vallière, construit la ferme de La Grange, aménage les bains de Diane. Cette nature apprivoisée et embellie devint une référence pour l’aristocratie européenne : à Mortefontaine, lacs, rochers, arbres d’ornement et essences rustiques se conjuguent avec les éboulements naturels de rochers et les eaux de laThève pour présenter le plus beau tableau paysager. « J’ai vu Mortefontaine lorsque la reine y était, rien ne m’a paru plus beau que ce séjour. À cette époque le revenu entier de la Terre, s’élevant à 200 000 F, restait entier dans le pays; on employait un nombre immense de bras à l’entretiendu parc et à celui des eaux superbes, sur lesquels il était impossible de trouver une mauvaise herbe. Ils ont été

qui régnaient dans ce beau milieu, que l’on attendait les maîtres, après une longue absence. Les étrangers avaient la permission de se promener partout ; des guides polisse chargeaient de les conduire dans les endroits les plus remarquables ; souvent la reine leur envoyait des fruits;

pénétré de tout ce qu’on apprenait de Sa Majesté, et ravide l’aisance qui se voyait dans le village, dont les maisons semblaient habitées par des bourgeois aisés plutôt que parde simples paysans » (mémoire sur l’impératrice Joséphine par Georgette Ducrest, juillet 1855, cité par le GEMOB,pages 60-62).

Gravures de Franscesco Piranesi et gouache de L. Moreau Vue du lac de Mortefontaine

Vue générale

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L’EXTENSION DU PETIT PARC

Dès le mois de janvier 1800, Joseph Bonaparte s’était attaché à faire nettoyer et restaurer les allées, les bosquetset les fabriques du Petit Parc. Un marché fut conclu avec unhabitant du village, Antoine-Denis Lefèvre (dont la tombe

l’entretien ordinaire, réaliser les semis, fournir les plants et cultiver des melons pour l’approvisionnement du château. Mais c’est surtout en ajoutant à son domaine les terres dela butte de Montmélian, soit 78ha, et une parcelle de 2ha contiguë au Petit Parc, que Joseph Bonaparte va apporter

Selon l’image que nous a laissée Vergnaud, dans son traité des jardins de 1820, l’extension a été réalisée dans une grande continuité avec les tracés du paysage hérité : la grande prairie centrale se prolonge, ponctuée de quelques beaux sujets, bordée le long des limites latérales par des bosquets, tandis qu’un temple d’esprit néo-palladien est construit pour ponctuer l’axe de perspective à la limite du domaine, avec une toiture couronnée dans le lointain par l’arrière-plan de la forêt qui s’attache aux pentes de la butte de Montmélian.

État comparatif du Petit Parc entre 1780 et 1834BN département des cartes et planscote GEC-9606

Plan extrait du « traité des jardins » par Vergnaud, 1839BNF cote GED 6575

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Le château et le domaine de Mortefontaine ont traversé leXIXeXX siècle à travers de multiples propriétaires ou locataires successifs. Ils furent tout d’abord prestigieux comme le banquier Nicolas Clary, beau-frère de Joseph Bonaparte,le baron autrichien Jean-Georg Schickler ou le prince deCondé qui se rend propriétaire des lieux en juillet 1827.Fervent amateur de chasse à courre, le château devient le rendez-vous de tous les aristocrates qui se plaisent aux sports équestres et à la poursuite des nombreux sangliers, cerfs et daims présents dans les bois de Mortefontaineet les forêts d’Ermenonville et de Chantilly. La chasse, la forêt et le gibier sont les uniques éléments d’attention pour le prince de Condé, propriétaire du château de Chantilly. Il délaisse le château de Mortefontaine ; leslacs et les étangs s’envasent ; les fabriques du parc se détériorent, hormis le pavillon de Vallière que le princeaffectionne et dans lequel il passe parfois la nuit. Aprèssa mort mystérieuse, le 27 août 1830, le château devient la propriété de sa maîtresse d’origine anglaise, puis deshéritiers qui conservent le domaine dans son intégrité jusqu’au 6 janvier 1892, lorsqu’ils décident de vendre les 1500 ha de terres du Grand Parc au duc Agénor de Gramont

d’y construire leur rêve d’un grand château moderne et confortable derrière l’apparence d’une restitution d’unchâteau dans le goût de la Renaissance française.

La construction du château démarre rapidement, dès 1894. Son apparence extérieure reste très conventionnelle,dans un registre éclectique qui associe des références devolumétrie gothique et médiévale à un décor de baieset de lucarnes, de cheminées et de toitures issues d’uneimagerie de la première renaissance française du Val deLoire. Par contre ses aménagements intérieurs serontrésolument de la plus grande modernité, pour assurer leconfort et satisfaire les usages de réception auxquels est

l’ordre d’une trentaine de mètres, et également haut à sonfaîtage, surplombé par une forme de toiture en terrassepermettant d’amener la lumière zénithale dans les vasteshalls de réception. Ce volume important permet d’abriterune chapelle, un théâtre et trente chambres pourvues du

IV.1 - Les grands hommes de Mortefontaine

c. Les travaux et la vie de château des ducs de Gramont

confort d’une salle de bains avec WC.Le domaine comprenait également un chenil, une faisanderie, des serres d’orchidées, un haras et desuperbes écuries, puisque les activités essentielles de cette résidence était de permettre la chasse à courre et

Agénor, pratiquait avec assiduité en compagnie de jeunes gens de bonne famille qui avaient quelques moyens etune passion commune pour la petite balle blanche. Sa

circonstances de la création du golf de Mortefontaine, à l’occasion de la manifestation commémorative des 80 ans du club, le samedi 6 octobre 2007 : « En 1896, Armandde Gramont découvre à Dieppe, un nouveau jeu, le golf.Enthousiaste, il fait la même année avec son jardinier un premier parcours de six trous, près du potager du château de Vallière que ses parents venaient de construire. Mais ce n’est qu’après avoir rencontré l’architecte de golf Tom Simpson en Angleterre, alors qu’il achetait des chevaux de polo, qu’il demanda à ses parents Agénor et Marguerite l’autorisation de créer un golf de neuf trous, sur l’ancienterrain de polo : c’est notre parcours de Vallière actuel. Lemercredi 15 octobre 1913, lors de son inauguration, Vallière fut le théâtre d’un grand événement sportif. James Braid, cinq fois vainqueur de l’open britannique y rencontrait Jean Gassiat, la jeune gloire montante du golf français etArnaud Massy, seul joueur français à avoir remporté l’Open britannique en 1907. C’est dire que les ambitions du jeune duc étaient élevées ! »

IV - REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

Le château de Vallière (photo Christophe Montet)

Le château de Vallière (photo Christian Cosson)

Agénor de Gramont portrait par Philip de Laszolo, 1902

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Ingénieur de talent, il avait à 25 ans développé un laboratoirede recherche optique à Levallois, le futur SOPELEM et créél’Institut d’Optique de Paris. Il était également intéressé àl’aérodynamique et à la résistance de l’air qui seront l’objet de sa thèse de doctorat. Il conçut pour s’amuser une ballede golf « idéale » en 1925, dont le diamètre légèrementsupérieur à celui en vogue à l’époque fut bientôt adoptépar les Américains. Son désir contrarié de faire les Beaux-Arts lui avait valu de s’entourer d’artistes comme Boldiniet Laszlo et il entretint une amitié de 20 ans avec Marcel

Recherche du Temps Perdu. C’est alors que la première guerre mondiale avait eu seseffets et que son père, le duc de Gramont venait de mourir que - je cite « le luxe d’un terrain de golf privé me parutexcessif ».

Il fut alors décidé de créer un golf de 18 trous surl’ancienne garenne du domaine de Vallière pour fonder unclub privé acceptant des membres choisis. La construction

« Simpson avait de la conception des terrains de golf desidées originales ; il était paysagiste autant que sportif. Il se servait des accidents du terrain pour rendre le jeuamusant et varié mais il s’arrangeait toujours pour queles obstacles nécessaires au jeu ne soient pas perceptibles aux promeneurs, en sorte que le parcours qu’il organisait

a été causée par l’arrosage qui, étant donné le terrainsablonneux du parcours, devait être abondant. Les puits

forés sur les indications des ingénieurs hydrauliciens ou de sourciers, nous donnèrent une eau de bonne qualité mais

qui apporta l’eau du lac de l’Épine… Nous n’avons pas encore eu les moyens étant donné les dégâts produits parla dernière guerre d’amener à Mortefontaine l’eau de laThève » (extrait du journal d’Armand de Gramont).Le bâtiment du club-house fut réalisé par les soins del’architecte Charles Siclis (1889-1941), qui s’était illustré par la réalisation de nombreuses villas sur la Côte d’Azur,au Pays Basque et des théâtres à Paris. Son écriture architecturale portée vers le régionalisme trouvera dansle programme du club house du golf de Mortefontaine un nouveau terrain pour son épanouissement.

Les pins plantés sur les terres sablonneuses de la garenne de Charlepont par le paysagiste Tom Simpson, dans les années 20, ont aujourd’hui complètement conquis le paysage du

la raison. Seule subsiste l’ancienne allée cavalière, large d’une dizaine de mètres, bordée de part et d’autre d’unrang serré de platanes ; elle fut tracée entre 1711 et 1724par le prince de Condé, pour aller plus commodément vers les terres de chasse à courre des forêts de Pontarmé et de Chantilly.

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j’avais rencontré Adrienne devant le château n’était

me joindre aux chevaliers de l’arc, prenant place dans la

de peupliers et de tilleuls, au milieu de l’un des étangs

le choix avait été déterminé par l’existence d’un

e

millionnaires philosophes se sont inspirés dans leurs

colonnes avaient succombé emportant dans leur chute une partie de l’architrave ; mais on avait déblayél’intérieur de la salle, suspendu des guirlandes entre les

La traversée du lac avait été imaginée peut-être pour

avait pris place sur les bancs, et cette gracieuse théorie

aux rayons du soir avec ses halliers d’épine, sa colonnade

le centre de la table, et chacun prit place, les plus

lueurs du soleil, nous rattrapions au hasard les couronnes

« Embarquement pour Cythère » Jean-Antoine Watteau - 1717

Gérard de Nerval (1808-1855) 1853

IV.2 - Les grandes heures de Mortefontaine

Un paysage de peintres et d’écrivains : Gérard de Nerval dit Gérard Labrunie (1808-1855)

IV - REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

Gérard de Nerval est né Gérard Labrunie le 22 mai 1808 à Paris et a étéélevé par son grand-oncle maternel, Antoine Boucher à Mortefontaine.À partir de 1814, il vit avec son père à Paris, tout en retrouvantMortefontaine l’été, jusqu’à la mort d’Antoine Boucher en 1820. Il adopte le nom de Nerval, en souvenir du clos Nerval, proche de Mortefontaine et possédé depuis longtemps par sa famille.Il cite une seule fois dans « Promenades et Souvenirs » le nom deMortefontaine :

Mais il s’est pourtant nourri des paysages etdes ambiances de Mortefontaine pour écrire. Le voyage à Cythère, dans «Sylvie» s’inspire sûrement de l’île Molton et des souvenirs des fêtesdonnées par Joseph Bonaparte.

Pour Geneviève Mazel, lorsque Gérard de Nerval décrit dans «Aurélia»un de ses rêves dans un « petit parc », il s’agit bien du Petit Parcde Mortefontaine, négligé après le départ aux États Unis de JosephBonaparte :« On y apercevait à peine la trace d’anciennes allées qui l’avaient jadiscoupé en croix. La culture était négligée depuis de longues annéeset des plants épars de clématites, de houblon, de chèvrefeuille, dejasmin, de lierre, d’aristoloches, étendaient entre les arbres d’unecroissance vigoureuse, leurs longues traînées de lianes. Des branchespendaient jusqu’à terre chargée de fruits et parmi les touffes d’herbes

sauvage. »

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« Souvenirs de Mortefontaine » Jean-Baptiste Corot - 1864

« Le Batelier de Mortefontaine » Jean-Baptiste Corot Page extraite du recueil ‘ ’ de Francis Carco, ed Émile-Paul Frères, 1946

Après un voyage en Italie, Jean-Baptiste Camille COROT parcourt les régions pittoresques de France pour y peindreessentiellement des paysages.

les effets de lumière, les arbres. « Souvenir de Mortefontaine » est une composition réalisée en atelier après de nombreuses études en plein air. Le tableau réunit toutes les images qu’il a de ce lieu. Le calme de la nature est évoqué dans une touche légère

personnages cueillant rappellent l’harmonie de l’homme dans la nature, tout comme le batelier embarquant sur l’étang. La poésie brumeuse de ces tableaux limite Mortefontaine à son chapelet d’étangs et l’écrin sauvage des landes qui lesentourent est oublié. C’est la nature mise en beauté du parc qui attire les artistes du XIXeXX . Cette nature harmonieuserésonne encore dans les vers de Francis Carco (1886-1958) un siècle plus tard. Il publie en 1946 un recueil de poèmes intitulé « Mortefontaine ».

Aux lumières voilées des paupières mi-closesLa soie de l’ombre glisse et comme une caresse

Flammes interrompues des pleines transparences Comme brume de cendre au vent de la mémoire

Pour inscrire le rêve au lieu du désespoir

Aux orgues de ma vie tu murmures le temps Irises la lumière et portes mes élansPoème de couleur psaume de paysage

Extrait d’un poème du recueil « Les Orgues de Mortefontaine » édité en 1977 dans la collection « Club des poètes »

IV.2 - Les grandes heures de Mortefontaine

Un paysage de peintres et d’écrivains : Jean-Baptiste Camille Corot (17961 - 1875)

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En 1799, France et États-Unis avaient des intérêts divergents sur la côte est des États-Unis. Une guerre maritime s’y déroulait, fragilisant les avancées de ces deux jeunes

traité de paix et d’amitié avec les ministres plénipotentiaires du président John Adams.D’avril à septembre 1800, les négociations aboutissent à la signature de la conventionde Mortefontaine le 30 Septembre 1800, soit 27 articles qui précisent les conditionsde navigation et les règles amicales qui existeront en mer et dans les ports entre lesmarines des États-Unis et de la France. Pour célébrer ce traité, le Premier Consuldemanda à son frère de donner une grande fête en son domaine de Mortefontaine. Voici quelques extraits du récit que l’on trouve dans les Mémoires du baron de Méneval,qui deviendra par la suite le secrétaire de Napoléon.

« Pour célébrer l’amitié retrouvée, une grande fête fut donnée à Mortefontaine deux jours plus tard. Le Premier Consul Napoléon Bonaparte était là avec sa famille. Le Second et le Troisième Consul, les ministres, les présidents et plusieurs membres, duConseil d’État, du Sénat, de la Chambre des Députés et du Tribunal, ainsi que le Corps Diplomatique, étaient également présents.De nombreuses personnes qui avaient précédemment servi aux États-Unis se rencontrèrent à cette occasion. Monsieur de Lafayette et Monsieur de la Rochefoucauld-Liancourt avaient invité les Américains qui se trouvaient à Paris et ils servaientd’interprètes à ceux d’entre eux qui ne parlaient pas notre langue. Ce sont ces deuxillustres personnages qui suggérèrent de placer en évidence des emblèmes et desdevises rappelant les faits les plus glorieux de la guerre d’indépendance américaine.

deux jeunes sœurs du Premier Consul, Mesdames Leclerc (Pauline – 20 ans) et Murat(Caroline – 18 ans).La fête, extrêmement brillante fut parfaitement réussie. Mortefontaine était déjà àl’époque un des endroits les plus splendides de France et la beauté des lieux contribua

Un concert, dans lequel se produisirent Garat et les plus célèbres artistes de Paris, futdonné le premier jour. Le lendemain se déroula une grande chasse. Le soir il y eut un

était orné d’allégories célébrant l’union des Républiques américaine et française,

l’eau, éclairée par des globes de couleur qui portaient les drapeaux entrelacés desÉtats-Unis et de la France.

Dazincourt, Melles Contat, Devienne et Meseraiy sur une scène aménagée dans le parc. En arrière on apercevait un petit bois éclairé de plusieurs feux qui lui donnaientun aspect féerique grâce à une judicieuse combinaison d’ombres et de lumières. Entreles deux pièces, Garat, mademoiselle Contat et mademoiselle Devienne chantèrentdes couplets faisant allusion au rétablissement des relations cordiales entre les deux États.La fête s’acheva par un grand bal de plus de 1200 invités. Le Premier Consul et Madame

Bonaparte se retirèrent à une heure du matin pour rentrer à Paris. C’est à Mortefontaine que j’ai vu Napoléon pour la première fois. Ce jour-là, rien ne se produisit qui aurait puattirer son attention sur moi mais en le voyant, entouré d’un prestige et d’une grandeur qui inspiraient le plus profondrespect à tous ceux qui l’approchaient, je n’aurais jamaispu imaginer que j’allais, un jour de juin 1802, pénétrer dans le cercle de ses intimes et y demeurer plus de onzeans…»

Mme Geneviève Mazel, dans le bulletin du GEMOB p. 59-60, donne des précisions complémentaires : « quatre joursavant la date prévue pour la signature de cette importante convention, Bonaparte s’adresse à Jean-Étienne Despeaux,le grand organisateur des fêtes. Il le charge d’organiser une réception somptueuse au château de Mortefontainechez son frère Joseph. Il souhaite un grand dîner pourenviron 200 personnes. Il veut un bal, un spectacle, un

Despeaux juge cela parfaitement impossible, le temps quilui est laissé est bien trop court. Il écrit au Premier Consulque l’entreprise est irréalisable ; ce dernier lui répond :« tout doit être prêt comme je l’ai demandé ». Ce qui fut fait, mais quel travail ! Tout d’abord Despeaux s’adresse à

remettre en état le théâtre; en outre il lui demande l’envoi de nombreux ouvriers, son aide aussi pour trouver

le mobilier nécessaire, pour recevoir et coucher toutle monde. Puis il rencontre des acteurs de la Comédie-Française : ils sont priés de venir « dimanche au château de Mortefontaine, vous y dînerez, souperez et donnerezce que vous voudrez ». Il fait de même avec les musiciens

et réussi.Il faut disposer trois grandes tables dans l’Orangerie, dans trois salles contiguës. La première est la « salle del’Union » ou de la réconciliation comme c’est écrit en grandes lettres d’or au-dessus de la porte, la deuxième et la troisième portent les noms de Washington et de Franklin. Les bustes de ces grands hommes y sont placés et leurs noms inscrits sur les écussons soutenus par des drapeaux des deux nations. Celui de Washington est dûà Houdon. Face aux ministres américains, on a disposé un cartouche représentant l’océan ; dans le fond à droitePhiladelphie, à gauche Brest et Le Havre. Au-dessus une

la France vers l’Amérique. Pour orner les murs, on utilise une grande quantité de feuillage. Dans le Petit Parc, près du pont qui enjambe la rivière, on élève un obélisque sur

France et les États-Unis se jurant, sur l’hôtel de la Liberté, Paix et Union. »

IV.2 - Les grandes heures de Mortefontaine

Gravure de Piranesi, EST 1460 (pl6)3 octobre 1800, le traité de Mortefontaine

IV - REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

A CONVENTION DE MORTEFONTAINE, LE 30 SEPTEMBRE 1800

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et de la comtesse, célèbre pour avoir été un modèle de Marcel Proust dans « À la recherche du temps perdu ». Armand de Gramont était lui-même ami de Proust qui le

d’Armand de Gramont son pastiche pour le personnage de Saint Loup dans «La Recherche du temps Perdu» il rappelaitles grâces de ce galant comte de Guiche (ancêtre du duc deGramont), qui avait été si initié dans les débuts du règnede Louis XIV (il faut lire dans cette évocation que ce duc était un libertin, favori de Philippe d’Orléans, frère du Roi et amant de sa femme, Henriette d’Angleterre). Il dominait

et ses admirables découvertes (et Armand de Gramont fut un ingénieur de talent en optique et aérodynamique, fondateur de l’Institut d’Optique et Président de la Sociétéfrançaise de Physique). Il avait des yeux admirables avec un regard qui, bien que personne n’aimât autant que lui à se divertir, semblait percer au travers de sa prunelle, dès que son esprit était tendu à quelque objet sérieux. Marcel

extrêmement malheureux car (laissa-t-il croire), il était le seul à y être venu en habit.

d’un écrivain ; le 10ème duc, Agénor de Gramont (1819-

dans « La Dame aux Camélias », ses véritables aventures sentimentales avec Marie Duplessis.

IV.2 - Les grandes heures de Mortefontaine

Le duc Armand de Gramont

IV - REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

LES FIANÇAILLES DU DUC ARMAND DE GRAMONT,TT LE 14 JUILLET1904 AU CHÂTEAU DE VALLIVV ÈRE

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IV - REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

IV.3 - Promenade dans le domaine de Mortefontaine

Nous reproduisons ci-après le texte de deux ouvrages etun article, conservés dans les abysses de la Bibliothèque

franchir les différentes portes et seuils qui les préserventde la disparition.Le plus concis et plaisant à la lecture contemporaineest paru à Paris en 1828 sous le titre : « Trois jours envoyage, Guide du promeneur à Chantilly, Mortefontaine et Ermenonville », document aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale sous la référence 8 LK7 - 1840. Le plus important par son nombre de pages a été publié à Paris en 1825, « chez les marchands de nouveautés », avec pour titre : « l’indicateur des vues de Mortefontaine », sous la plume d’un certain monsieur Occidem, documentaujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale sous la référence LK7-5267 .Le troisième est un simple tiré à part, extrait du Journaldes Haras et des Chasses du 1er septembre 1853 sous la signature d’un certain Benedict-Henry Revoil, conservé àla Bibliothèque Nationale sous la référence LK 7-5268.Puisqu’il est plus tardif, il permet de se rendre compte dela mutation du domaine de Mortefontaine, qui redevient très vite un territoire de chasse.

Ces documents n’étant pas autrement disponibles, nousavons estimé utile, voir nécessaire, d’en présenter le textedans le cadre de cette étude.Si nous avons conservé l’intégralité du premier et du troisième, nous avons cru devoir ne pas reproduirequelques passages du second, lorsque l’auteur échappe

rhétorique qui furent, sans doute, fort prisées à l’époque mais qui rendent aujourd’hui plus que la lecture malaisée. Pour en convaincre le lecteur contemporain, nous en avons néanmoins gardé l’introduction. Qu’il se rende directement aux chapitres suivants où il trouvera d’autres motifs desatisfaction, même si trop souvent l’auteur se complaît aux réminiscences antiques et aux envolées poétiques.

En tout état de cause, l’intérêt de cette triple lectureapparaît à bien des égards éclairante pour comprendrel’importance de l’attraction exercée par les paysages dudomaine de Mortefontaine dans la première moitié du XIXe

siècle. Avec Chantilly et Ermenonville, Mortefontaine est bien considéré comme une des merveilles de la nature

e etdu début du XIXeXX siècle, un parcours philosophique, une illustration des formes de la contemplation du monde réincarné en un jardin par les disciples des Lumières et de la Liberté. Ces textes fascinent, car ils restent encore aujourd’hui la traduction la plus sensible de la qualité des paysages qui furent progressivement construits par LePeletier et Joseph Bonaparte ; ils permettent également de regarder aujourd’hui le Grand Parc et le Petit Parc de Mortefontaine avec les yeux des promeneurs de ce début du XIXeXX siècle, avec ce qu’il comporte d’aspiration universelle et de romantisme. On y remarquera avec intérêt l’imbrication du texte et de l’image, c’est-à-dire le jeu des citations poétiques qui jalonnent le parcours comme lapensée. Ces textes permettent également de se faire uneidée assez précise de l’état des lieux quelques années aprèsl’apogée qu’ils connurent sous l’Empire. Le désert et les bruyères y sont encore présents et ces étendues permettent d’offrir des points de vues sur les paysages lointains. On yremarquera également l’ouverture des lieux offerte par les propriétaires qui, semble-t-il, perdurera jusqu’aux années1960. Cela va évidemment de pair avec leur intérêt alorsorienté principalement vers la chasse, forme d’activité etmode d’occupation aux origines du site dont le renouveau jusqu’à nos jours délaissera progressivement les paysages et les architectures des fabriques et des pavillons.

Nous avons principalement conservé l’orthographe, la ponctuation et la mise en page des ouvrages originaux,

Bon voyage dans le temps et l’espace.

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MORTEFONTAINE

la nature lui présentait d’obstacles, mieux son génie sut

nouveau, et bientôt après, leur successeur, élu digne

aux artistes, et maintenant si abandonnée, obtenant lui-même un aussi précieux avantage, entrât dans le corps

le nom même de leurs possesseurs !

Le plus pur cristal de mes eauxPassants, je viens ici me rendreAux désirs, au besoin de l’homme et des troupeaux

Puissé-je m’abreuver du tribut de mon onde

une pelouse semi-circulaire et son jardin de luxe, appuyés

Trois jours en voyage ou guide du promeneur à Chantilly, Mortefontaine et Ermenonville avec trois plans, Paris, del’imprimerie de A.Belin, rue des Mathurins Saint Jacques N° 14, 1828

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Plan de Mortefontaine tiré de «Trois jours en voyage ou guide du promeneur à Chantilly, Mortefontaine etErmenonville avec trois plans», Paris , de l’imprimerie de A.Belin, rue des Mathurins Saint Jacques N° 14, 1828Les numéros dans le texte ci-après correspondent à la légende de ce plan)

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LE PETIT PARC

surtout la curiosité par une décoration d’un genre tout

un dauphin, chargé de petits amours, annonce la déesse

couvrent de leur ombrage, on voit serpenter, du levant

de ce rocher escarpé est un petit salon de verdure, tout

plus loin, au bord de l’eau, un grand piédestal surmonté

Le théatre

Le théatre, la serre et la volière

Aquarelles anonymes photos de Mr Jean Mazel

Les communs

La serre

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égyptien ; il est surmonté d’une pyramide chargée de

une tablette en marbre laisse lire ces mots : Tempus edax rerum ; et plus bas ses vers :

Au bout de cette lugubre enceinte, un sarcophage porte les vers suivans :Être sensible et malheureux

Cède au plaisir de répandre des larmes

Au sud-ouest de cette grotte s’élève une tour de belle

Cet autel est élevé dans un espace circulaire, au milieu

À l’entrée du Petit Parc

Le tombeau égyptien à droite et le sarcophage à gauche

avec une extrême obligeance, est chargé de leur ouvrir la

L’autel des divinités champêtres

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PREMIERE PARTIE

de cette hauteur, un des spectacles les plus riches et les

très reculé, il est possible de découvrir deux arbres sur un plateau sablonneux ; c’est la butte dite des Gendarmes,

En descendant au bas du coteau d’Ormesson, on se trouve

surtout dans les temps d’orage, s’épancher dans le premier

Près d’elle, au milieu d’un groupe de peupliers, est la

délicat, crut ne pouvoir mieux témoigner sa reconnaissance,

En reprenant notre marche vers les bords des bassins,

si heureusement situé pour la perspective dans le premier

pont de bois couvrant une cascade et dans ce même lieu,

le met entre deux eaux, on trouva des murailles, et même

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des eaux, chargé de conduire dans la promenade sur le

ligne tirée du nord au midi, sépare l’Archipel de tout le

par le passage des voitures, des bêtes de somme, et des

large, et l’on se trouve auprès d’un lavoir public enclos de

en mauvais état, il n’est plus possible aux embarcations

toute verdure s’étend vers la pointe occidentale du lac, et se

Les nombreuses inscriptions dont les murs sont chargés

d’âpres rochers et d’arides coteaux, le tableau d’une nature morte, et, plus loin, sur de rians amphithéâtres, le spectacle animé d’une heureuse végétation !

bateaux ; après avoir traversé ce pont, l’on continue la

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Nous avons réservé pour cette seconde partie des vues du grand parc, la promenade en bateau sur le grand lac

n’est pas possible de s’en dispenser si l’on est curieux de

promenade délicieuse pouvant être de long cours, de

lieues environ, se jeter dans l’Oise, auprès de l’ancienne

mais on a pied sur les bords, et dans la belle saison, on y

Les eaux sont retenues, au couchant, par une digue

et le hameau de Charlepont se terminent au nord et au couchant par des buttes de sable, des rochers, des bruyères

ILE MOLTON ou MORT-TAON- Au nord du grands lac s’élève

Cette énorme butte est d’environ cent arpens, tant en

Au nord de cette position, une vaste étendue de rochers

Ce canton de Morière mérite toute l’attention des

Aquarelles anonymes photos de Mr Jean Mazel

: Mortefontaine, du jardin français au parc anglais par Claude Dubois, Annaleshistoriques compiégnoises, été 1985, numéro 29-30, cité par le GEMOB, page57.

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montre encore aujourd’hui les débris de leur enclos ; il laisse voir aussi, malgré les ronces et les épines, ceux d’un

de ses armées, avec apanage de chasse dans les bois

prieurs de couvens, devenus seigneurs de ces lieux en vertu

Le château de Mort-Taon est connu dans le canton sous

voisins se retirèrent dans le bois de Mort-Taon pour s’y

dans la coupable idée d’un suicide une âme sombre et

de la Providence, au maire de la commune, désignait,

L’étang de l’Épine ou le grand étang et l’île Molton

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L’étang de Vallière

BnF EST EK5 1 275

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L’étang des Islettes

La comparaison entre gravures anciennes et photographiescontemporaines permet de constater le granddéveloppement de la végétation en massifs épais . Celane permet plus aujourd’hui de distinguer la silhouette des sujets remarquables et exotiques dans le paysage duGrand Parc. Cette confusion de la masse végétale annihile toute lecture qualitative et poétique du paysage, ambitionessentielle et existentielle des lieux. Dans le statut actuelde propriété privé sans collaborations établies avec les interlocuteurs publics, État et collectivités territoriales, ilserait utile, dans un cadre ultérieur à cette étude urbaine,de rassembler les points de vues sur l’héritage et les usages

gestion, portant à la fois sur les thèmes de l’eau et desétangs, des arbres et de la forêt, des lieux de mémoire et d’architecture d’un jardin de grande renommée historiquetrop oublié par nos contemporains. Un apport « co-latéral »de cette étude serait d’en apporter le sentiment de la nécessité.

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Au monde en prend mille par les yeux

La Fontaine

et s’importent dans nos galeries les points du globe les plus divers et

mélodie des chantres du bocage ; et, tout au plaisir de mes yeux, ils ne

nous est cher, et plus loin encore le reproche d’une absurde prétention !

la Divinité même, son interprète et sa plus noble image au vestibule, il

au jardin d’Alcine, veulent s’emparer de mes sens, et les merveilles

L’indicateur des vues de Mortefontaine par M. Occidem, Paris, chez les marchands de Nouveautés, 1825

en est deux possédés par la France, aux portes mêmes de sa

ont, par le goût éclairé de leurs modernes possesseurs,

pouvait établir entre eux une consanguinité de rapports ; elle existe, et leurs sites seraient même jumeaux, si l’art

Comme d’heureuses plumes se sont exercées sur les merveilles d’Ermenonville, je m’abstiendrai d’y porter un

retraite d’un stage accueilli par un autre sage, la majesté

cette précaution, sûr d’avoir un supplément au guide

le mode de voir et de sentir est un caméléon perpétuel ; il varie suivant les goûts et les études, suivant même le

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la scène, tout, en ce nouveau site, commande l’intérêt, l’admiration et

les trombes, l’aridité, la pâleur, le trépas le plus absolu, consternent

sépulcrale mélancolie, la perspective, en ces lieux, se prête au génie de tous les climats, ou plutôt elle le subjugue, et le contraint d’adopter

pour la méditation !

goût paru avec un riche amateur ; il leva des plans, tira des lignes, ouvrit des bassins, creusa des canaux, éleva des digues, et la nature

Cette situation appellera les plus doux accords sur la lyre des poètes

MORTEFONTAINE

de sa douleur, ou d’un essaim d’amours, volent-ils au sein de la solitude pour y retrouver les calculs de l’avarice et

excursion vers des beautés plus substantielles ; ils pourront

public s’exprime ainsi sur le marbre :

Le plus pur cristal de mes eaux,Passant, je viens ici me rendre

Puissé-je n’abreuver du tribut de mon onde

Coupe sud-nord du Petit Parc à l’île Molton

Ccoupe dans le désert depuis la chapelle St Marguerite des grès

Extrait du «traité des jardins» par Vergnaud, 1839BN département des cartes et plans

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L’on s’y rend, de la capitale, par la route de Flandre, en

pavée, bordée d’ormes, et dirigée vers une colline appelée

le voyageur descend une montagne rapide, et traversant

une pelouse semi-circulaire, et son jardin de luxe, appuyé

sur le mode dont je traiterai mon sujet ! il est grand, et

ni l’exécution de mes promesses, ni même des rapports

donnant, dans cette même cour, la plus avantageuse idée

Gravures de Franscesco Piranesi et gouache de L. Moreau

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Vue du château de Mortefontaine extraite du plande Vergnaud

Archives départementales

Archives départementales

Le château actuellement

Le château au milieu du XXe siècle

Le château de Mortefontaine

Archives départementales

Edouard Baldus, vers 1825 BNF ESt - VE 1427 8° G70720

AD60, 1Fi 1 91 2 AD60, 1Fi 1 91 3

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site de gauche est une pépinière d’arbres de la création

L’orangerie

La belle saison la voit rangée sur une place au midi de la

Près d’elle est un jumeau d’arbres, essence de hêtres,

En ce même lieu, sur une ligne orientale du château,

préludait au rôle d’une représentation brillante mais

couleurs, ont cessé de l’habiter ; et la regretteront-ils,

amours, annonce la belle Aphrodite sortant du sein de la

La volière

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souvent d’arbrisseaux, une rivière serpentant du levant au

Plus loin, au bord de l’eau, se trouve un piédestal surmonté

Gravure de Franscesco Piranesi et gouache de L. MoreauLa rivière carte postale début XXème

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Les kiosques de Mortefontaine servent de référence pour imaginer ceux des jardins de Pékin

Les kiosques de Mortefontaine

e siècle, pour servir de référence comme exemple-type dans l’album que Le Rouge consacre au jardin. Selon Audot, le kiosque est « une espèce detente pour la conversation... Les kiosques ne sont rien autre chose, chez les peuples de l’Asie, que des pavillons - belvédères, ordinairement consacrés à aller le soir savourerle sorbet, jouir d’une fraîcheur délicieuse et contempler levaste horizon coloré des derniers feux du jour. Chez nouson donne ce nom à de petits monuments légers et élancés,construits pour fournir un point de vue remarquable en plaçant le spectateur à une hauteur déterminée. » Ces constructions sont légères et précaires. Il ne reste que les gravures anciennes pour apprécier leur installation dansle décor de jeunes pousses d’arbres où ils introduisent leur touche complémentaire d’exotisme et de couleurs.Le plan de Le Rouge, de 1776, prend soin de signaler la situation de l’un d’entre eux, au bout du Petit Parc et dans le prolongement des allées qui serpentent dans lebosquet latéral à la grande prairie. Il est probable qu’uneconstruction symétrique fut réalisée, comme semblent l’attester les gravures ci-jointes.

Aquarelle anonyme photo de Mr Jean Mazel

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La glacière

La glacière est devenue, depuis le XVIIIe siècle, une dépendance domestique nécessaire à la vie de château. Il faut conserver les aliments au frais, et servir frais enété. Cette double nécessité a conduit à inventer une cuve de maçonnerie plus ou moins vaste et profonde, surmontée d’un monticule de terre formant isolation, dans laquelle on stocke la glace de l’hiver pour un usage et une consommation d’été. Cette nouvelle construction pour le confort et le plaisir de la vie de château fut toutd’abord enterrée dans un lieu éloigné du jardin d’agrément mais proche du potager. Mais très vite on se préoccupad’intégrer ce monticule disgracieux dans la scénographie

qualité du paysage, comme tout autre fabrique. « Dans une scène champêtre et gaie, on peut surmonter une glacière d’un petit kiosque, élevé sur une butte de terre couverte

le coup d’œil, de donner de l’ombrage, et de maintenir à

scène est d’un caractère rustique, la chaumière conviendra davantage ; mais il faut mettre la porte de la glacière enharmonie avec une habitation d’une architecture élégante,

égyptien produira un effet beaucoup plus convenable »(Audot, traité de la composition et de l’ornement des jardins, Paris, 1859). Selon les textes, au temps de M. Le Peletier, la glacièreavait une forme de pavillon chinois composé de deuxétages : « un rez-de-chaussée et au premier étage un jolisalon garni d’une glace, de quatre fauteuils couverts de drap vert et de rideaux en gaze brodée d’or ». Selon lesgravures, au temps de Joseph Bonaparte, la glacière est un pavillon de facture néoclassique, sur trois niveaux,

avant-corps ceint d’un fronton formant balcon au-dessus des frondaisons des arbres qui entourent la glacière :acacias, peupliers et pins semblent être les différentesessences qui ennoblissent le lieu. Aujourd’hui, la glacière demeure ensevelie sous un monticule de terre.

Aquarelle anonyme photo de Mr Jean Mazel

Au sud-ouest de cette grotte s’élève une tour de belle

glace, dissoute dans le nectar des dieux, garantissait la

la Glacière, pourrait donc s’appeler aussi le temple de la

Extrait du «traité des jardins» par Vergnaud, 1839 BN département des cartes et plans

Plan et coupe d’une glacière selon Audot

Plan général des jardins et environs de Mortefontaine levé par Le Rouge, Ingénieur Géo. du Roi, en

La glacière se trouve en bas à droite du plan, en limite de propriété.

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on lit ses vers :Être sensible et malheureux,

Cède au plaisir de répandre des larmes,

Déploie, en se jouant dans un gras pâturage,

De ce même côté se présente une plantation de chênes

parlante : témoins ces vers inscrits sur l’astragale d’un autel consacré aux divinités champêtres :

En se reportant au nord par la partie voisine de la plaine,

Aquarelles anonymes photo de Mr Jean Mazel

Allée conduisant au Temple

Situation du Temple, d’après la carte de Vergnaud, 1839

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Après avoir parcouru des lieux toujours variés d’une

lithographiée, l’on se retrouve par une marche circulaire

château, dont la demeure est au pavillon de gauche, et

L’entrée du souterrain reliant le Petit Parc au Grand parc a été transformé en autel.

Aquarelle anonyme photo de Mr Jean Mazel

d’une vingtaine de pieds, une Renommée portant sur le chapiteau de sa base cette inscription :

suit le mur de clôture dans toute sa longueur du nord au midi, des religieux trappistes creusaient leur tombe, les

Nous osons partager les regrets des amateurs, et nous

voûtes obscures, cherchait l’abondance dans la privation, le bonheur dans les tourments, et la vie dans l’éternel spectacle de la mort même !

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Le grand parc, scène immense dans ses détails, et raccourcie dans

courre, pour éviter les accidents dont les chasseurs ne seraient plus

L’on recommande aussi de n’introduire de chiens dans le parc

d’empyrée, n’en est pas moins encore sur un gradin très

; des collines hérissées de bruyères et de rochers ; un

verdoyants, et tous voisins de la voûte des cieux ; de vastes

prairies et des sables ; et pour couleurs sur la draperie la plus variée tous les phénomènes de la lumière : telle est

les prend sous tous ses auspices, n’a de concurrent dans les

moins central, mais plus élevé, plus convenable même

cimes pompeuses, l’amateur des plaisirs champêtres la

Sortie du souterrain

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Elle fut réalisée en l’absence du propriétaire, Louis Le Peletier, effectuant un long voyage à l’étranger, vraisemblablement en Italie. Le nom de tour Dubosq donné à ce belvédère serait celui de son secrétaire qui

le dessin. Très dégradée, elle fut réparée par Joseph Bonaparte qui y intégra un logement pour un garde de la propriété. Mais l’œuvre n’a pas su résister une deuxièmefois au temps.

La tour Dubosq, carte postale vers 1900

De ce lieu se découvre, sur les hauteurs de droite, une

Cette demoiselle ne pouvait se lasser d’admirer, dans cette première vue du grand parc, l’une des plus riches et plus

La tour Dubosq en arrière plan L’Hôtel d’Ormesson

Photographie stéréoscopique de Charles Paul Fume entre 1858 et 1861Bnf EST-EK5 1 287

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On n’y voit seuls, et dominant de toutes parts un vaste

Plus loin, un peu sur la droite de cette butte toute

l’encadre, et l’onduleuse cime du platane mollement

Le spectateur est dans ce moment sur un pont nommé par

vue, courant directement au nord par le centre de la

Delille :

sensibilité lui vient des malheurs de Lisbonne, il eût été

avec Enée :

et s’appuie de ses deux bras sur un isthme ombragé par le

de la Chine, l’acacia, le peuplier de la Caroline et des

pourtant la cime des arbres, les banderoles de navire et le sommet des maisons vous procurent le triple plaisir de la

Gravure de Franscesco Piranesi et gouache de L. Moreau

Le rocher aujourd’hui: la gravure du vers de Delille est toujours lisible

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«Le grand rocher» Guérard / Langlavé

L’abbé Delille était un habitué des salons de Mortefontaine. Il publiera en 1782 un poème en quatre chants intitulé « les jardins ou l’art d’embellir le paysage ». Familier des promenades dans les allées du parc, il fut, avec le peintre Hubert Robert, l’un des principaux inspirateurs du projet de Le Peletier. C’est sans doute un hommage qu’il souhaita rendre à son ami en faisant inscrire sur la masse d’unrocher de 10 m de long sur quatre de haut, un vers choisiissu de son oeuvre : « sa masse indestructible a fatigué le temps ». Dans le poème initial, cette citation s’appliquait auxbâtiments de la Rome antique :

« voyez de toutes parts, comment le cours des âgesdispersants, déchirant de précieux lambeaux,

jetant temple sur temple, et tombeaux sur tombeaux,de Rome étale au loin la ruine immortelle ;

garde du peuple-roi les exploits éclatants ;leur masse indestructible a fatigué le temps. »

Selon le modèle constitué par le parc d’Ermenonville, aménagé par le marquis de Girardin à partir de 1765, la pierre gravée était devenue un élément essentiel de la promenade philosophique. À Mortefontaine, on changea simplementd’échelle : le rocher est naturellement immense, présente

avec force le rapport du texte au paysage. Le grand rocher de Mortefontaine servit ensuite également de référence lorsqu’un sculpteur, François-Fréderic Lemot, souhaita reconstruire, de 1805 à 1827, le domaine de La Garenne-Lemot, sur le territoire de la commune de Clisson, dans ledépartement de la Loire-Atlantique, après les épreuves de la guerre de Vendée. Là-bas, il sculpta la même phrase sur un rocher de son domaine idéal.

Le grand rocher

Aquarelle anonyme photo de Jean Mazel

Le grand rocher de La Garenne-Lemot

Situation du grand rocher extrait de la carte Vergnaud, 1839

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d’entrée :

Plus bas, dans le chemin en pente de ce lary, se trouve sous d’énormes

Au pied de ce même lary s’étend une pelouse dont l’éternelle verdure pourrait bien l’emporter au salon sur les verts prés de l’heureux

En continuant au nord par cette partie gauche des bassins, une allée

on se serait immédiatement trouvé dans une prairie couverte d’arbres

auteur :Turr et indé Dubosca

et comme elle règne au séjour de la végétation, les autres

plaint de revenir avec des bottes roussies d’un cratère dont

de ne point redescendre sans avoir, en tirant au nord-est,

beautés semées sur la route, et la course terminée par

du cèdre, le pin maritime et le pin sauvage, bataillons stationnés sur le passage, leur serviront d’escorte sur un terrain jonché de leurs dépouilles, et ces vertes phalanges

alignées ou sinueuses, et plus ou moins ombragées,

leurs sablonneuses plages, on est au sommet dominant sur

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d’Écosse, sur la droite par des plantations de bouleaux, et

isolé le brillant spectacle d’un état-major dans le pompeux

lac, servait l’été d’école de natation, et l’hiver de gare

voyait de plus un catimoran, brûlot lancé contre le port de

du garde des eaux, chargé de conduire les étrangers dans

Pont de bois entre l’étang des Islettes et l’étang de Vallière

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Le chalet de Vallière

Ce pavillon fut érigé par Joseph Bonaparte, dans les dernières années du Consulat, autour des années 1803 – 1804, sur les ruines d’un castel qui datait des temps de Louis Le Gros et de Louis VII. C’est une importante batisse, l’une des plus importantes du Grand Parc, qui reste aujourd’hui dans un état convenable de conservation, malgré son état d’abandon. Dans la tradition de l’ornement des grands jardins aristocratiques, le pavillon est placé en un endroitstratégique du paysage, sur une digue qui ferme l’étangde Vallière avec, en contrebas, le cours de la rivière de la Thève. Ainsi ces deux façades principales se trouvent face à l’eau : au nord-est, les eaux dormantes de l’étang et au sud-ouest les eaux courantes de la rivière. L’architecture du pavillon est une libre interprétation d’éléments deconstruction et de volumétrie du chalet suisse, grande référence exotique et rustique pour des la première moitié du XIXeXX siècle. « Le salon de Vallière, ainsi qu’il est appelé dans l’inventaire établi en 1814, est très joliment meublé.Il est garni d’une cheminée surmontée d’une grande glace. Les tables, chaises, tabourets, trictracs, tous les meubles sont en acajou à l’exception de deux encoignures décorées de nacres et peintures en relief, dans le goût chinois. Un grand divan et ses quatorze oreillers sont couverts detoile de Jouy jaune. Une belle collection de seize gravures coloriées, éditées par Francesco Piranesi, dans les bordures du temps, décorent les murs. Ce sont des vues d’Italie, du Caire, d’Athènes, de Constantinople et bien entendude Mortefontaine. » (GEMOB p. 58). Il semblerait que de belles statues aient complété le paysage autour du chalet :une Vénus de Médicis et une statue de gladiateur auraientété installées près du pavillon de Vallière. La cartographiede Le Rouge mentionne également en 1776 une statuede gladiateur dans le Petit Parc face au château. Elle setrouverait aujourd’hui dans un hangar agricole quelque part aux environs de Mortefontaine.

Edouard BALDUS, 1865

Aquarelle anonyme photo de Mr Jean MazelCarte postale du début du XXe «Les grandes heures de Mortefontaine»

Photographie stéréoscopique de CharlesPaul Fume entre 1858 et 1861

Situation du chalet de Vallière extrait de la carte de Vergnand, 1839

Carte postale, 1900

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Le pont de bois

Le pont de bois depuis le pavillon de VallièreLithographie d’après un dessin de Guérard

L’architecture des parcs et jardins français a toujours hésité entre la réalisation de ponts en bois ou de ponts en pierre.Le maître d’œuvre des jardins de Mortefontaine résolu cedilemme en réalisant à quelques mètres de distance un

boucle de la rivière libérant ses eaux de la digue de l’étangde Vallière.Selon la sixième édition du Traité de la Composition et de l’Ornement des Jardins, publié par Audot en 1859, les ponts en bois développent une apparence rustique qui se marie convenablement aux paysages d’un caractère agreste ou sauvage. « Les ponts rustiques tirent la plus grande partie de leur charme de la manière ingénieuse dont les bûches entrecroisées qui les forment se présentent aux yeux, et du contraste qui existe dans la symétrie géométrique dechacune des parties par rapport à l’ensemble général : pour cette raison, peut-être, plus l’écorce de leur bois est rugueuse et grossière, plus ils plaisent... Les ponts rustiques sont destinés à des scènes champêtres, où la campagneest découverte et dessinée à grands traits ». Ce même traité reproduit, sur sa planche 136, une gravure du pont de bois du domaine de Mortefontaine accompagné de ce commentaire : « rien ne serait d’un aspect plus pittoresquequ’un pont dont le double motif serait le rapprochement de deux collines séparées par une rivière. La nécessitéoù l’on serait d’en construire un plus petit sous le grand produirait un effet aussi singulier qu’agréable. »L’iconographie variée du site permet de montrer l’heureuse conjugaison des éléments qui composent le paysage : le pont franchissant la Thève sur le chemin de Mortefontaine à Thiers, la petite passerelle qui relie les berges en dessous, les troncs d’arbres formant palplanches, et aufond l’escalier d’eau vidant l’étang de Vallière de son trop-plein avec le corps de bâtiment du moulin de Vallière dans l’axe principal de la perspective.Aquarelles anonymes photos de Mr Jean Mazel

Extrait du «traité des jardins» par Vergnaud, 1839 BN département des cartes et plans

Gravure par Audot, 1859

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En parcourant la chaussée du levant au couchant, on arrive

tirée du nord au midi, sépare l’Archipel de tout le reste du

attelées, bêtes de somme, troupeaux allant pâturer sur les landes ; le mugir, le bêler des animaux, l’écho lointain

plus muet, et le battoir avec tous ses poumons a souvent

deux ponts ci-dessus désignés, on découvre un grand corps

rendre la symphonie des animaux sortant de ce lieu pour

elle !

Aquarelle anonyme photo de M. Jean Mazel

Le belvédère ou pavillon de Bellevue

Lithographie d’après un dessin de Guérard

Le pont de pierre aujourd’hui qui a heureusement conservé sa courbure et sa largeur

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« Les belvédères sont destinés à attirer et retenir le promeneur dans un lieu découvert offrant une perspective remarquable. C’est souvent sur le sommet d’une montagneou d’un coteau qu’on les construit, de manière que rarement on a besoin de les élever au-dessus du sol. Cependant s’il arrivait que pour gagner de l’étendue dans le coup d’œil on eût à en exhausser un de quelques pieds,c’est alors que, pour éviter de lui donner la forme d’une

pas qu’un belvédère soit bâti dans une heureuse situation, il faut encore que l’élégance et la grâce aient présidé àsa construction. » (Audot, traité de la composition et de l’ornement des jardins, 1859).

Le belvédère du Grand Parc de Mortefontaine fut érigé sur une éminence au-dessus de l’étang de Vallière et dela ferme de la Grange, dominant le désert de bruyère, les

était entouré de pins d’Écosse. Aujourd’hui ce monumenta entièrement disparu du paysage.

Aquarelle anonyme photo de M. Jean Mazel

Pour jouir en grand de ce nouveau spectacle et de tous les

De ce lieu se découvrent au midi la butte et les moulins

eaux vont battre la base d’une colline de rochers, et dans

1861 Bnf EST-EK5 1 287Lithographie d’après un dessin de Guérard «Les grandes heures de Mortefontaine»

Vue et plan extraits du «traité des jardins» par Vergnaud, 1839BN département des cartes et plans

On apperçoit la silhoette du belvedère se découpant à l’honrizon. Au premier plan à gauche, la tourDuboscq

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tablettes ont a lu distinctement ces vers :

Par la suite aura grand renom ;

ou l’un sur l’autre, entassés comme Pélion sur Ossa, semble gravir aux

des lieux, l’identité peut être admise, et le comte de Tressan cru sur

dernier, l’observant de loin dans un temps d’orage, je pris du sable pour de la neige, et voulu augmenter ma surprise en rougissant de mon

Lanterne de la Roche pauvre

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La tour Rochefort

Aquarelles anonymes photos de Mr Jean Mazel

La tour Rochefort est signalée sur le plan de Vergnaud de1820 avec cette légende : tour en ruines placée sur une hauteur de rochers. Les illustrations du XVIIIe siècle, lescartes postales du début du XIXeXX siècle et les photographies

construite il y a plus de deux siècles, se porte presque convenablement dans un décor d’éboulement de grès et de plantations de jeunes bouleaux, paysage emblématique d’un désert de la nature qui reste très sensiblement semblable à son aspect originel. C’est sans doute le seul endroit duGrand Parc qui reste aussi proche de ses origines.Les paysagistes des XVIIIe et XIXeXX siècles étaient assezpeu enclins à construire de fausses ruines. Il préférait utiliser de vrais bâtiments anciens pour les entourer d’une végétation qui leur conférait une nature plus sombre et romantique. « Les ruines peuvent ajouter beaucoup au caractère d’une scène solitaire, mais il faut qu’elles soient motivées avec une grande vraisemblance, c’est assez ordinairement là qu’ont échoué les architectes de jardin.Sur le sommet d’une roche sauvage escarpée, on aimeravoir les ruines d’un château féodal. Des tours à créneaux pour les pierres sont minées par les ronces et les mousses parasites nous rappellerons ces temps de barbarie où un seigneur châtelain, l’effroi des contrées environnantes, faisait de son manoir une forteresse toujours prête à protéger ces brutales exactions ou sa rébellion. Lorsque la lune éclairera de ses pâles rayons ces remparts écroulés par le temps, ravagé par les révolutions, les pas mesurés de la sentinelle sembleront résonner à vos oreilles, et l’œil étonné cherchera à découvrir dans l’ombre le fantôme mystérieux que les romanciers font apparaître sous les voûtes souterraines. » (Audot, traité de la composition et de l’ornement des jardins, 1859).

Photographies stéréoscopiques de Charles Paul Fumeentre 1858 et 1861Bnf EST-EK5 1 281 et 285

Plan de situation extrait de la carte de Vergnaud 1839La tour Rochefort aujourd’hui. C’est l’un des sites remarquable duGrand Parc le mieux préservé dans son athmoshère d’origine.

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En suivant l’allée des saules, on rencontre un petit pont de planches,

un point de vue bien intéressant, si le rassemblement sous

l’on y admire, sur un des bords de la baignoire, dont la

les dames peuvent s’y croire dans leur cabinet de toilette ;

toujours de l’appétit, servir de restaurant aux personnes

déshabillé ; j’admire dans cette lecture l’attention d’un

La gauche du canal est plantée de saules, et sa lisière tapissée de

l’évergréen croissent au milieu d’elles, et cette végétation un peu grêle

légères et d’une population chantante, et nul rocher n’y vient inspirer

vue sur les prairies de Charlepont

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sur ses bords, et dans la belle saison on y permet les bains de pleine

Les eaux du grand lac sont retenues, au couchant, par une digue élevée,

La prairie et le hameau se terminent au nord et au couchant par des

Au nord des Grands Lacs s’élève du sein des eaux une montagne toute

sanguinaires, y dévorait le cultivateur de vignes plantées sur son dos, on

Le canton de Morière mérite toute l’attention des

des médailles de Faustine ; Monsieur Cuvier le naturaliste

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étonnants par leur âge et leur grosseur ; l’un, entre autres, nouveaux

de grands dignitaires, de ministres et de princes étrangers, lui seul y

sauvage montagne recevait sur l’un des trônes de la nature celui dont les puissantes mains ébranlèrent plus d’un trône ; et l’arbre au dôme superbe, en ombrageant les représentants de cours souveraines, rivalisait

Comme il ne laissait point de postérité, le parc et le domaine de Mort-

Devers cet endroit, au levant des eaux du grand lac est une colline

bruyère,

envoyée de l’hôtel de la Providence au maire de la commune, désignait

mort, a écrit cette épitaphe :

communes étant de deux lieues environ, on n’en aura plus

À la descente du bateau pour atteindre le grand chemin,

vont aboutir au grand lac, sont couverts de ponts rendant

admirera ses coteaux hérissés de rochers, mais surmontés

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Extrait du « Journal des Haras et des Chasses » du 1er septembre 1853

Photographies stéréoscopiques de Charles Paul Fume entre 1858 et 1861Bnf EST-EK5 1 293 et 295

Plailly, le chasseur s’arrête dans une vallée ombreuse, au

ruisseaux aux méandres innombrables, des lacs au centre

abris naturels de myriade de lapins, remise assurée de compagnie de perdreaux, de couples de bécasses et de

Plus loin, de l’autre côté de ces peupliers élancés, après

dorés, argentés, mordorés ; de poules dodues et bonnes

c’est la pêche, et dans cet étang sinueux la carpe, l’anguille, le brochet, la tanche et des myriades de petits poissons se

chasseurs de France et de l’étranger, amateurs de belles et

princière, et c’est le seul endroit aux environs de Paris

d’un chasseur, réalisé pour son plaisir et pour celui de

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Sainte-Marguerite-des-Grès est évoquée dans l’ouvrage deJ-H Volbertal : Mortefontaine - Le Domaine de Vallière,publié en 1924 : «... Et voici, au Nord, derrière l’île Molton,la chapelle de Sainte-Marguerite-de-Grès qui se dresse solitaire au milieu d’une nature sauvage et pittoresque... On se trouve en présence d’un monument de style romanprimitif, en grès bruts. Au fond de la chapelle, une peinture en primitif représentant le Très-Haut tenant d’une main unlivre avec les lettres symboliques Alpha et Omega : la têtedans une auréole portant le mot Rex. Un petit autel depierre blanche soutenu par quatre colonnes simples. Petit clocher, dans le style, avec arc en plein cintre. L’ensembleaccuse la forme trapue qui caractérise les vieilles églises de village de l’époque de ce lourd roman». (Müller, Senlis et ses environs, 1896). Et voici ce qui est écrit dans le bulletin n° 59-60 du GEMOB, concernant la chapelle de Sainte-Marguerite : «La petite chapelle romane de Sainte-Marguerite est située sur

partie appelée « garenne de Charlepont ». En 1146 elle faisait partie du domaine royal puisque le roi de France

Chaalis, la donation qui lui en avait été faite par sa mère la reine Adélaïde. Elle était alors desservie par des moines. Tous les ans, le 20 juillet on y fêtait la Sainte Marguerite. Les pèlerins venaient nombreux et tout se terminait par une joyeuse fête patronale. La Révolution interrompit la tradition mais les femmes enceintes continuaient à venir implorer la sainte, qui aurait, selon la légende, vécue dans une grotte naturelle creusée sur le côté de la colline. Hélas la petite chapelle, saccagée à la Révolution, tombait enruine ! En 1852, Monsieur et Madame Corbin « pour attirer les grâces du ciel sur leur premier enfant » décidèrent de reconstruire l’ancien oratoire.

péristyle en plein cintre, au fond duquel s’ouvre uneporte en fer forgé, surmontée d’une inscription : « Sainte-Marguerite des bruyères », nom de la chapelle du village de Sainte-Marguerite disparue de nos jours. Le 14 août 1853Mgr Gignoux, évêque de Beauvais, vint bénir la nouvellechapelle, au milieu d’une foule nombreuse accourue de tous les villages d’alentour ».

La chapelle Sainte-Marguerite

Photographie stéréoscopique de Charles Paul Fume entre 1858 et 1861Bnf EST-EK5 1 291

La chapelle Sainte-Marguerite existait déjà au XIIe siècle et appartenait alors à l’abbaye de Chaalis. Elle était l’objetd’un pèlerinage très fréquenté - particulièrement par les femmes enceintes - jusqu’à la Révolution et même au-delà. La chapelle actuelle est une construction des années 1852-53, due à la générosité de la famille Corbin,alors propriétaire du domaine de Mortefontaine. Bâtie engrès, matériau dont est constituée la butte sur laquelle elle s’élève, c’est une charmante petite construction néo-romane surmontée d’un clocher-arcade et précédée d’unporche. (d’après Les églises des cantons de Senlis et deChantilly).

La chapelle aujourd’hui ceinturée par une abondante végétation

Situation de la chapelle, extrait de la carte de Vergnaud, 1839

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Aquarelles anonymes photos de Mr Jean Mazellaiterie

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La grange

« La Grange, grand bâtiment de pierre avec des dépendances, est à cette époque une belle ferme avecbasse-cour, qui fournit les cuisines du château. Au premierétage un cabinet renfermant quantité d’objets d’histoire naturelle a été installé. La laiterie est moderne avec sestablettes en pierre de liais, carrelées et recouvertes de plomb. Plusieurs robinets pour le service de la laiterie sont alimentés en eau par une pompe. Il y a aussi « une superbe vacherie ventée » (GEMOB, page 57). Cette description de la Grange et de sa laiterie du temps de Joseph Bonaparte est une évocation qui reste proche de la physionomie actuelle des bâtiments. La laiterie a conservé son mobilier de marbre : une grande table centrale, des bancs faisant le pourtour de la pièce et une baignoire pour laquelleon aime à raconter de voluptueuses baignades dans des laits bienfaisants. L’évolution la plus notable du site fut la transformation récente des pâturages en dessous de la Grange en un parcours de golf par l’actuel propriétaire, embellissant le dessin pittoresque du méandre de la Thève traversant le domaine. Un pont rustique a conservé en ce lieu une note romantique qui aurait pu servir de sujet pour un tableau impressionniste.

Coll. particulière photo de Mr Jean MazelPhotographie stéréoscopique de Charles Paul Fume entre 1858 et 1861Bnf EST-EK5 1 289

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En mars 1970, le Ministère de l’Équipement et du Logement,la région de Picardie, et la Délégation à l’Aménagement duTerritoire représentés par l’Organisme Régional d’Etudes et d’Aménagement de la Vallée Aisne-Oise (OREAV Aisne-

d’Architecture et d’Urbanisme, 3, boulevard Arago, Paris 13e, une « Etude pour la protection du site de Plailly etde Mortefontaine ». Cette étude, conservée aux ArchivesNationales, mais simplement disponible à la lecturepublique et préservée de reproduction pour encore quelques décennies, se trouvait heureusement également disponible au service de documentation du Centre d’ÉtudesTechniques de l’Équipement Nord-Pas-de-Calais Picardie, à Lille, qui nous en a autorisé la reproduction dans le cadre de cette étude urbaine, près de 40 ans plus tard.

L’objet principal de cette étude était de déterminer,à proximité du nouveau site de l’aéroport de Roissy enFrance, les conditions d’extension de ces deux communesremarquables par leur paysage.

la potentialité constructible du site, le maintien de son

dégagerons de l’étude » (page 6).

les « critères esthétiques » peuvent paraître aujourd’huitrès situées dans l’esprit de ces temps-là, - par exemple àla recherche d’un langage - critères de perception et devaleurs - critères objectifs et subjectifs..., il n’en reste pasmoins que l’analyse conclut, page 38 :

des constructions vétustes, une restauration hétérogène et partielle, par un apport de constructions neuves, petites

inscrits dans le site, beaucoup moins sensible cependant

Ainsi donc, l’ensemble village - verger - champ - bois -

40 ans plus tard, cette donnée essentielle de la lecture du paysage reste très présente. C’est bien parce que le

conjonction au bâti du village des pépinières, vergers et parcs d’ornements des grandes propriétés, qu’il s’inscritsur le bord du relief naturel entre champs ouverts et bois « fermés », c’est bien pour toutes ces singularités que nouslui conservons aujourd’hui le même intérêt qu’hier.

Au-delà de l’analyse, l’objet de cette étude est de préparer l’urbanisation de la région, dans une perspective de 25 ans.

C’est un projet de parc d’attractions sur une centaine

montagne, le bruit et surtout la densité de circulation

extrait de l étude urbaine de1970

extrait de l’étude urbaine de1970

IV - REPÈRES DANS L’HISTOIRE DU DOMAINE DE MORTEFONTAINE

IV.4 - Une étude urbaine des années 1970

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ÉTUDE URBAINE DE MORTEFONTAINE - PHASES I-II - MARS 2009Parc Naturel Régional Oise-Pays de France 105

Il est assez remarquable de constater que cette pré-vision des années 70 représente assez exactement l’histoire de ces quatre dernières décennies, jusqu’au détail révélateurde l’interrogation sur la densité de circulation générée par le parc d’attractions, point crucial de discussions qui fut

voie autoroutière.

L’étude se poursuit à travers la simulation des formes de lotissement à construire entre les deux communes. Après le rejet d’une solution A de lotissement continu entre lesdeux villages, il est préféré une autre solution, l’hypothèse B, qui s’attache à maintenir des zones agricoles et lessurfaces de pépinières aux abords des villages, selon les recommandations développées depuis l’analyse. L’études’achève par des propositions à partir de croquis en coupe de la volumétrie des habitations nouvelles, croquis assez inspirés par l’actualité de l’architecture de l’habitatindividuel de moyenne densité, telle que développée au Danemark et en Angleterre depuis le début des années 60.

C’est au contraire constater sa réalité, aider sa croissance en

sont présentes pour orienter les choix et les décisions pour

Extrait de l’étude urbaine de 1970plan de Mortefontaine en 1970

Extrait de l’étude urbaine de 1970inscription des nouvelles constructions dans le site

Extrait de l’étude urbaine de 1970Mortefontaine en 1970

Mortefontaine

Extrait de l’étude urbaine de 1970plan de l’extension de Mortefontaine et des villages avoisinants

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Aquarelles anonymes photos de Mr Jean Mazel« Les grandes heures de Mortefontaine »Groupe d’Étude des Monuments et Œuvres d’art de l’Oise et du Beauvaisis (GEMOB)1993 bulletin n°59-60 réédition 2001 augementée

Plan général des jardins et environs de Mortefontaine levé par Le Rouge, Ingénieur Géo. du Roi, en Novembre 1776

Plan extrait du «traité des jardins» par Vergnaud, 1839 BnF département des cartes et planscote GED-6575

Parc de Mortefontaine vers 1780BnF département des cartes et planscote GEC-9606

Carte de la capitainerie de Halatte, 1711,BnF département des cartes et plans

Cartes de randonnées IGN 2412 OT et 2413 OT, 2002

« Les grandes heures de Mortefontaine » Groupe d’Étude des Monuments et Œuvres d’art de l’Oise et du Beauvaisis(GEMOB), 1993 bulletin n°59-60 réédition 2001 augmentée

Charles Paul Furne – Vues stéréoscopiques entre 1858 et1861 – BNF Richelieu FRBNF 40450962 sous notice 8 cote

Edouard Baldus - Chemin de fer du Nord – Ligne de Parisà Compiègne par Chantilly – petites vues photographiquesvers 1865. Entre Louvres et Orry-la-Ville - BNF Richelieu IFN – 7759061 Notice FRBNF 38643721 sous notice 19 à 23.

« Étude pour la protection du site de Plailly et de ÉÉ», par l’Atelier d’Architecture et d’Urbanisme,

3, boulevard Arago, Paris 13e, mars 1970,Ministère de l’Équipement et du Logement, la région de Picardie, et la Délégation à l’Aménagement du Territoire représentés par l’Organisme Régional d’Etudes etd’Aménagement de la Vallée Aisne-Oisedocument aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale de France Tolbiac sous la référence A LO7 - 216 ou CETENord Picardie.

VincentPomarède et Olivier Bonfait, ed Flammarion , Paris, 1996

»,document aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale sous la référence LK7 - 1840.

, M Occidem, ed chez les marchands de nouveautés, Paris, 1825,document aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale sous la référence LK7 - 5267.

B. H. Revoil,document aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Nationale sous la référence L7K - 5268.

Plans

IllustrationsTextes