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5. Les conducteurs ´ electr iques 5.1. Introduc tion Un conducteur ´ electrique est un milieu dans lequel des charges ´ electriques sont libres de se eplacer . Ces charges sont des ´ electro ns ou des ions. Les etaux, les ´ electro lytes et les plasmas (gaz ionis´ es) sont des milieux conducteurs. 5.1.1. Conducteur dans un champ ´ electrique statique Pla¸ cons un morceau de etal dans un champ ´ electrique statique. A l’int´ erieur du etal, les ´ electrons de conduction, qui sont libres de se d´ eplacer dans tout le volume, sont soumis `a une force qui les met en mouvement. Les ´ electrons sont stoppp´ es ` a leur arriv´ ee sur les parois du m´ etal et s’y accumulent. Leur accumulation cr´ ee un champ ´ electri que qui s’addi tionne au champ ext´ erieur. Apr´ es cette phase transit oire, on atteint un ´ et at d’´ equi li bre. A l’´ equilib re, les ´ electro ns qui sont `a l’int´ erieur du conducteur sont immobiles. Cela signie que le champ ´ electrique auquel ils sont soumis est nul.  Le champ ´ electrique est nul ` a l ’int´ erieur d’un milie u conduc teur ` a l’´ equi li bre.  On d´ edui t imedia te me nt ` a pa rt ir du th´ eor` eme de Gauss que la densit´ e total e de charge est nulle :  la densit´e volumi que de charge est nulle ` a l ’int´ erieur d’un milie u conduc teur.  Dans un etal par exemple , l a densit´e de charge egati ve due aux ´ electro ns comp ense donc exactement la densit´ e de charges positives due aux noyaux. Puisqu’` a l’ext´ erieur du conducteur, le champ ´ electrique n’est pas nul, il y a une dis- continuit´e du champ ´ elec trique `a la surface du conducteur. Une partie des charges s’est acc umul´ee en surf ace . Le champ cr´ e par cette densit´e surf aci que de char ge `a l’int´ eri eur du conduc teur y c ompe nse exactement le champ ´ electri que ext´ erieur. Lorsque l’on change le champ ´ electri que ext´ erieur, les charges se eplace nt de sorte que le champ ´ electrique reste nul `a l’int´ erieur. Si le changement est lent, les courants ´ electri ques s ont des courants surfac iques. 5.1.2. Conducteurs dans un champ ´ electrique variable Lorsq ue le champ ´ elect rique change, la mise `a l’´ equilibre ne peut pas ˆ etre instan- tan´ ee car les charges ´ electri ques doivent se mettre en mouvement. Deux ph´ enom` enes interviennent alors : l’inertie des charges est ` a l’orig ine d’un retar d de la eponse, les collisions des porteurs sont `a l’origine de dissipation. Avant d’´ etudier les conducteurs eel s, on consid` erer a une sit uation mo d` ele o`u ces deux ph´ eno m` ene s sont abs ents. 31

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5. Les conducteurs electriques

5.1. Introduction

Un conducteur electrique est un milieu dans lequel des charges electriques sont libresde se deplacer. Ces charges sont des electrons ou des ions. Les metaux, les electrolyteset les plasmas (gaz ionises) sont des milieux conducteurs.

5.1.1. Conducteur dans un champ electrique statique

Placons un morceau de metal dans un champ electrique statique. A l’interieur dumetal, les electrons de conduction, qui sont libres de se deplacer dans tout le volume,sont soumis a une force qui les met en mouvement. Les electrons sont stopppes a leurarrivee sur les parois du metal et s’y accumulent. Leur accumulation cree un champelectrique qui s’additionne au champ exterieur. Apres cette phase transitoire, on atteintun etat d’equilibre.

A l’equilibre, les electrons qui sont a l’interieur du conducteur sont immobiles. Celasignifie que le champ electrique auquel ils sont soumis est nul.  Le champ electrique est 

nul a l’interieur d’un milieu conducteur a l’equilibre.  On deduit immediatement a partirdu theoreme de Gauss que la densite totale de charge est nulle :   la densite volumique 

de charge est nulle a l’interieur d’un milieu conducteur.  Dans un metal par exemple, ladensite de charge negative due aux electrons compense donc exactement la densite decharges positives due aux noyaux.

Puisqu’a l’exterieur du conducteur, le champ electrique n’est pas nul, il y a une dis-continuite du champ electrique a la surface du conducteur. Une partie des charges s’estaccumulee en surface. Le champ cree par cette densite surfacique de charge a l’interieurdu conducteur y compense exactement le champ electrique exterieur.

Lorsque l’on change le champ electrique exterieur, les charges se deplacent de sorteque le champ electrique reste nul a l’interieur. Si le changement est lent, les courantselectriques sont des courants surfaciques.

5.1.2. Conducteurs dans un champ electrique variable

Lorsque le champ electrique change, la mise a l’equilibre ne peut pas etre instan-tanee car les charges electriques doivent se mettre en mouvement. Deux phenomenesinterviennent alors : l’inertie des charges est a l’origine d’un retard de la reponse, lescollisions des porteurs sont a l’origine de dissipation. Avant d’etudier les conducteursreels, on considerera une situation modele ou ces deux phenomenes sont absents.

31

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32   5. Les conducteurs electriques 

Dans cette situation idealisee, on considerera qu’il n’y a pas de dissipation et que lareponse est instantanee. On parlera alors de conducteur parfait ou de conducteur ideal.

5.2. Du conducteur parfait aux conducteurs reels

Le conducteur parfait est une idealisation des conducteurs reels. L’etude des conduc-teurs reels permettra de determiner les domaines de parametres dans lesquels on peutles considerer comme ideaux. Les milieux supraconducteurs ou la dissipation est parfai-tement nulle sont aussi un tres bon exemple de ce que peut etre un conducteur ideal(on notera toutefois que seule la dissipation est absente de ces milieux : les electrons yconservent leur inertie).

5.2.1. Le conducteur parfait

Un conducteur parfait se comporte en regime dynamique de la meme maniere qu’unconducteur en regime statique. Pour un conducteur parfait, le champ electrique interieur E intest nul :

 E int (r, t) = 0.   (5.1)

On deduit de l’equation de Maxwell-Gauss que la densite volumique de charge est nulle :

ρint (r, t) = ε0  div    E int = 0.   (5.2)

Par consequent, seule la densite surfacique de charge peut etre differente de zero.

L’equation de Maxwell-Faraday permet de conclure qu’a l’interieur d’un conducteurparfait le champ magnetique ne peut dependre du temps :

∂   B

∂t  = −−→

rot    E  = 0.   (5.3)

Dans un conducteur parfait le champ magnetique est necessairement statique. On no-tera que dans les supraconducteurs, le champ magnetique est nul (effet Meissner : lors-qu’un conducteur passe de l’atet normal a l’etat supraconducteur, les lignes de champmagnetiques sont expulsees de sorte que le champ magnetique devient nul a l’interieurdu supraconducteur).

On deduit alors de l’equation de Maxwell-Ampere que les courants electriques sontnecessairement stationnaires, c’est a dire independants du temps :

  j  =  1

µ0

−→rot    B − ε0

∂   E 

∂t  =

  1

µ0

−→rot    B.   (5.4)

Les seuls courants qui peuvent dependre du temps sont les courants surfaciques.

J-M Courty UPMC - L3 - Physique - PGA Notes de cours version 0.2  

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5.3. Modeles de conducteurs reels    33

5.2.2. Reflexion sur un conducteur parfait

Que se passe-t-il lorsqu’une onde electromagnetique arrive sur un conducteur parfait ?Cette onde met en mouvement les charges en surface du conducteur. A l’interieur duconducteur le champ electrique tout comme le champ magnetique restent nuls. Le champelectromagnetique emis par les charges en mouvement a la surface du conducteur com-pense exactement le champ incident a l’interieur du conducteur : la surface emet uneonde de meme amplitude que le champ incident et en opposition de phase. Si la surfaceest un plan, on deduit par symetrie que le champ emis par ces charges en mouvementvers l’exterieur du conducteur est le symetrique du champ qu’il emet vers l’interieur.On retrouve bien ce que l’on attend d’un miroir, avec en suplement le fait que le champreflechi subit un dephasage de  π  par rapport au champ incident.

5.3. Modeles de conducteurs reels

L’etude des milieux n’est pas une theorie ”a principes” comme peut l’etre l’electro-magnetisme dans le vide. Pour l’electromagnetisme dans le vide, il suffit de prendrecomme postulat les quatre equations de Maxwell, l’expression de la force de Lorentzet la relation fondamentale de la dynamique. Tout le reste se construit a partir de cesequations et s’en deduit par des raisonnements logiques.

Pour les milieux, on ne dispose pas de systeme d’equations que l’on pourrait considerercomme des postulats. Les theories les plus precises dont on dispose sont extremementcomplexes et font appel a la theorie quantique. Notre but ici est plutot d’etudier desgrandes classes de comportement generiques, en particulier dans des cas limites. Pourcela les materiaux seront decrits d’une part au niveau macroscopique par des ”equations

d’etat” (aussi nommees relations constitutives) c’est a dire des coefficients tels que laconductivite electrique, la permittivite, ... On dispose aussi de modeles microscopiquesque l’on qualifie de phenomenologiques car certains aspects ne sont pas deduits despremiers principes mais a joutes ”a la main” de maniere a ce que le comportement obtenumime au mieux le comportement observe dans les materiaux reels. Outre leur aspectpredictif, ces modeles ont le grand interet de nourrir l’intuition physique. Il faut toutefoisrester vigilant et ne pas les prendre forcement au pied de la lettre. On notera aussi quesi certaines justifications parfois donnees pour ces modeles semblent simplistes, il existetres souvent des raisons tres profondes a leur efficacite.

5.3.1. L’electron amortiDans le modele propose, on considere que les electrons sont responsables de la conduc-

tion du milieu. Un electron libre de masse   me   et de charge electrique   q   = −e  obeit al’equation d’evolution suivante :

medv

dt  =    F L − Γv.   (5.5)

Notes de cours version 0.2 UPMC - L3 - Physique - PGA J-M Courty  

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34   5. Les conducteurs electriques 

Le permier terme,    F L  est la force de Lorentz :

 F L  =  q 

 E  + v ×   B

.   (5.6)

Dans la suite, lorsque le champ electrique et le champ magnetique viennent tout deuxd’une meme onde electromagnetique, on negligera en general le terme du au champmagnetique, inferieur a celui du champ electrique d’un facteur   v

c qui est tres petit tant

que les vitesses ne sont pas relativistes. Attention, lorsque l’on est en presence d’uneonde electromagnetique et d’un champ magnetique statique, seul le champ magnetiqueprovenant de l’onde peut etre neglige, car lui seul est proportionel au champ electrique.Le champ statique peut conduire a une force comparable a celle du champ electrique del’onde meme si les vitesses ne sont pas relativistes.

Le second terme −Γv   est une force de friction visqueuse ajoutee pour des raisonsphenomenologiques. Il rend compte des mecanismes dissipatifs presents dans le milieu.Le coefficient de friction ne peut en general pas etre calcule a partir des premiers principes

(equations de Maxwell, mecanique quantique, ...), on obtient en general sa valeur en lereliant aux parametres macroscopiques du milieu. Dans un plasma, la friction est dueaux collisions des electrons avec les ions et avec les molecules restees neutres. Dans unmetal, il s’agit de l’interaction entre les electrons et les vibrations mecaniques du reseaucristallin.

Dans un champ electrique statique    E 0, l’equation d’evolution de l’electron a poursolution :

v (t) = v0e−

 tτ   +

1 − e−

 tτ 

 q 

Γ E 0.   (5.7)

ou v0 est la vitesse de l’electron a l’instant initial t  = 0. Le temps caracteristique d’amor-tissement est  τ 

τ   = me

Γ  (5.8)

la vitesse initiale est amortie tandis que la vitesse de l’electron tend vers une vitesselimite vl   :

vl  =  q 

Γ E 0.   (5.9)

5.3.2. Conductivite electrique

Lorsque la densite volumique d’electrons est  N e, la densite stationnaire de courant   jest

  j =  qN evl = N ee2

Γ E 0.   (5.10)

Cette densite de courant est proportionelle au champ electrique : on retrouve ainsi uncomportement ohmique

  j =  σ0 E 0   (5.11)

correspondant a une conductivite  σ0   :

σ0 = N ee2

Γ  .   (5.12)

J-M Courty UPMC - L3 - Physique - PGA Notes de cours version 0.2  

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5.4. Propagation dans les conducteurs    35

Pour un milieu donne, on peut donc reexprimer le coefficient de friction phenomenologiqueΓ a l’aide de constantes fondamentales ou de grandeurs macroscopiques mesurees :

Γ =  N ee2

σ0

(5.13)

on en deduit aussi le temps caracterisque d’amortissment :

τ −1 =  N ee2

σ0me(5.14)

Si le champ electrique n’est plus statique mais depend du temps, tant que le tempscaracterique d’evolution du champ electrique est grand devant ce temps d’amortissment,les electrons sont en permanence a leur vitesse limite et le conducteur est ohmique.

De maniere plus generale, on peut analyser la reponse du milieu a un champ electriquesinusoidal. En notation complexe, l’equation du mouvement devient

(−iωme + Γ) ve−iωt = q  E 0e−iωt (5.15)

soit une vitesse

v =  q 

Γ − iωme

 E 0   (5.16)

La densite de courant est alors

  j  =  N ee2

Γ − iωme

 E 0 = N ee2

Γ

1

1 − iωme

Γ

 E 0 =  σ01

1 − iωτ  E 0   (5.17)

On en deduit qu’en regime sinusoidal la conductivite devient complexe et depend de la

frequenceσ [ω] =  σ0

1

1 − iωτ  .   (5.18)

Ce modele propose par le physicien Drude rend tres bien compte de la dependanceen frequence de la conductivite pour de tres nombreux materiaux. On notera toutefoisque si l’on souhaite une description plus precise, il faut aller chercher les valeurs de laconductivite experimentales dans des tables.

5.4. Propagation dans les conducteurs

5.4.1. Les conducteurs ohmiques

Ces conducteurs sont caracterises en volume par l’equation d’etat

ρ   = 0 (5.19)

  j   =   σ  E    (5.20)

avec une conductivite  σ  reelle. Les equations de Maxwell s’ecrivent donc :

Notes de cours version 0.2 UPMC - L3 - Physique - PGA J-M Courty  

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36   5. Les conducteurs electriques 

div    E    = 0 (5.21)

div    B   = 0 (5.22)

−→rot    E    =   −∂   B∂t

  (5.23)

−→rot    B   =   µ0σ  E  + µ0ε0

∂   E 

∂t  (5.24)

De meme qu’en l’absence de charges, on obtient une equation de propagation pour lechamp electrique seul en calculant le double rotationnel du champ electrique

−→rot

−→rot    E 

  =

  −−→grad div    E − ∆  E  = −∆  E    (5.25)

=

  −∂ 

∂tµ0σ  E  + µ0ε0

∂   E 

∂t   (5.26)

soit

∆  E  =  µ0ε0∂ 2  E 

∂t2  + µ0σ

∂   E 

∂t  (5.27)

Un terme supplementaire proportionel a la derivee temporelle du champ electriques’ajoute a l’equation de d’Alembert. Cette equation reste toutefois lineaire. Toute so-lution de cette equation peut donc s’ecrire comme une superposition de solutions mo-nochromatiques (grace a la transformee de Fourier). En notation complexe, l’amplitudecomplexe    E (r, t) d’une solution monochromatique de pulsation  ω  s’ecrit

 E (r, t) =   E (r) e−iωt

.   (5.28)

 E (r) verifie l’equation suivante :

∆ E  = −µ0ε0ω2  E − iωµ0σ  E .   (5.29)

Si on se restreint a une onde plane se propageant selon l’axe  Oz  et polarisee selon  Ox E (r) = E (z) ux

cette equation devient

∂ 2

∂z2E (z) = −µ0ε0ω2E (z) − iωµ0σE (z) .   (5.30)

Les solutions de cette equation s’ecrivent de maniere semblable a celle des ondesprogressives

E (z) = E 1eikz + E 2e−ikz (5.31)

ou la grandeur  k   verifie l’equation

k2 = µ0ε0ω2 + iωµ0σ.   (5.32)

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5.4. Propagation dans les conducteurs    37

Ce ”nombre d’onde”  k  n’est pas reel mais a une partie imaginaire non nulle. On parledonc parfois de pseudo vecteur d’onde ou pseudo nombre d’onde.

Plutot que de decrire le cas general, nous allons discuter les deux situations limitescorrespondant aux situations ou l’un des deux termes du second membre est negligeable

devant l’autre. Ces deux situations sont les suivantes :–   σ  ε0ω  : Il s’agit du cas des mauvais conducteurs electriques aussi appeles milieux

a pertes.–   σ  ε0ω  : il s’agit des tres bons conducteurs.

Avant de passer a la discussion determinons le champ magnetique. On se sert pour celade l’equation de Maxwell Faraday qui n’est pas modifiee par la presence du conducteur :

−→rot    E  = −∂   B

∂t  (5.33)

Soit, si l’on ne considere que la solution E 1eikz

ik uz ×  E 1 =  iω    B   (5.34)

Soit

 B =  k

ω  uz ×  E 1   (5.35)

Attention k  est complexe. Le champ magnetique est donc dephase par rapport au champelectrique.

5.4.2. Propagation dans un mauvais conducteur

Pour les mauvais conducteurs (  σ   ε0ω  ), le terme supplementaire dans l’equationde propagation peut etre vu comme un terme correctif a la propagation dans le vide. Levecteur d’onde est tres peu different du vecteur d’onde  k0 =

√ µ0ε0ω =   ω

c dans le vide :

k   = 

µ0ε0ω2 + iωµ0σ =  ω√ 

µ0ε0

 1 + i

  σ

ε0ω  (5.36)

  √ µ0ε0ω

1 + i

  σ

2ε0ω

= k0 + i

σ

2

 µ0

ε0.   (5.37)

Il apparait une longueur caracteristique  l p   :

l p  =  2

σ

 ε0µ0

.   (5.38)

On peut donc ecrire

k =  k0 + i 1

l p.   (5.39)

Notes de cours version 0.2 UPMC - L3 - Physique - PGA J-M Courty  

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38   5. Les conducteurs electriques 

Les solutions a l’equation de propagation sont donc dans ce cas :

E (z, t) =   E 1 exp

i

k0 + i

 1

l p

z − ωt

  (5.40)

+E 2 exp

i−k0 + i

 1

l p

z − ωt

  (5.41)

=   e−

  zlp ei(k0z−ωt) + E 2e

zlp ei(−k0z−ωt) (5.42)

Soit en revenant a l’amplitude reelle

E  (z, t) = E 1e−

 zlp cos(k0z − ωt + ϕ1) + E 2e

zlp cos(−k0z − ωt + ϕ2) (5.43)

Le premier terme correspond a une onde qui se propage vers les   z   croissants touten s’attenuant tandisque la seconde correspond a une onde qui se propage vers les   zdecroissants qui s’attenue elle aussi. L’amplitude de l’onde decroit de 1/e  au bout de ladistance l p. On remarquera que cette distance d’absorption ne depend pas de la frequence.

L’energie perdue par l’onde electromagnetique est transformee en chaleur par effet Joule.

5.4.3. Les bons conducteurs : l’effet de peau

pour les bons conducteurs (  ε0ω  σ  ) c’est le second terme qui est dominant :

k2 = iωµ0σ   (5.44)

dont la solution de partie imaginaire positive est

k = 1 + i√ 

2

√ ωµ0σ = (1 + i)

 ωµ0σ

2  (5.45)

k  s’exprime en fonction d’une longueur caracteristique δ 

δ  =

   2

ωµ0σ  (5.46)

Cette longueur caracteristique est tres petite devant la longueur d’onde dans le vide :

2πδ 

λ  = k0δ  =

√ µ0ε0ω ·

   2

ωµ0σ  =

 2ε0ω

σ  1 (5.47)

puisque nous avons fait l’hypothese de bon conducteur  ε0ω  σLa solution de l’equation s’ecrit alors :

E (z, t) =

E 1e−

zδ ei(

zδ −ωt) +

E 2e

zδ ei(−

zδ −ωt) (5.48)

Soit en notation reelle

E  (z, t) = E 1e−

zδ  cos

z

δ  − ωt + ϕ1

+ E 2e

zδ  cos

−z

δ  − ωt + ϕ2

  (5.49)

La decroissance exponentielle fait penser a ce qui se passe dans le cas du mauvais conduc-teur mais il n’en est rien comme nous allons le voir en etudiant la reflexion d’une ondeelectromagnetique sur un conducteur.

J-M Courty UPMC - L3 - Physique - PGA Notes de cours version 0.2  

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5.4. Propagation dans les conducteurs    39

5.4.4. La reflexion d’une onde par un conducteur reel

On considere que le demi espace  z < 0 est vide tandisqu’un conducteur de conductiviteσ   occupe le demi espace  z >  0.  Pour determiner ce qui se passe lorsqu’une onde arrivesur le conducteur, il faut etablir les relations de passage entre les deux milieux.

Avant de traiter les conditions de passage entre milieux de maniere generale, onconsidere ici le cas ou l’onde arrive perpendiculairement a la surface du conducteur. Iln’y a alors ni charge surfacique, ni courant de surface, de sorte que le champ electriqueet le champ magnetique sont tous deux continus lors de la traversee de l’interface videconducteur (ne ne justifions pas pour l’instant ces deux affirmations cela sera fait lorsquenous nous interesseront plus precisement aux relations de passage).

Dans le demi espace   z <  0 le champ est la superposition d’une onde progressive etd’une onde regressive

 E (r, t) =   E inei(k0z−ω0t)ux + E ref ei(−k0z−ω0t)ux   (5.50)

 B (r, t) =

  k0

ω0E ine

i(k0z−ω0t)

uy − E ref ei(−k0z−ω0t)

uy

  (5.51)

En ce qui concerne le conducteur, c’est a dire pour  z > 0, comme nous considerons quecelui ci s’etend jusqu’a l’infini, seule la solution qui decroit exponentiellement vers ladroite est acceptable

 E (r, t) =   E trei(kz−ω0t)ux   (5.52)

 B (r, t) =  k

ω0E inei(kz−ω0t)uy   (5.53)

La continuite du champ electrique et du champ magnetique en   z   = 0 permet dededuire :

E in + E ref    =   E tr   (5.54)k0

ω0(E in − E ref ) =

  k

ω0E tr   (5.55)

Soit

E ref    =  k0 − k

k + k0E in   (5.56)

E tr   =  2k0

k + k0E in   (5.57)

Reprenons le cas du mauvais conducteur

k =

k0 + i 1l p

.   (5.58)

Ce qui donne

E ref    −i  1

2k0l pE in   (5.59)

E tr   E in   (5.60)

Notes de cours version 0.2 UPMC - L3 - Physique - PGA J-M Courty  

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40   5. Les conducteurs electriques 

Il n’y a quasiment pas de reflexion. Le champ se propage dans le conducteur et il estprogressivement absorbe.

Dans le cas du bon conducteur

k =  1 + i

δ 

  (5.61)

E ref    =  k0δ − (1 + i)

(1 + i) + k0δ E in = −

1 −   δk0(1+i)

1 +   δk0(1+i)

E in   (5.62)

1 −   δk0

(1 + i)

1 −   δk0

(1 + i) +  ...

E in  − (1 − (1 − i) δk0) E in   (5.63)

E tr   =  2k01+iδ

  + k0E in = (1 − i) k0δ E in   (5.64)

Or

δk0 = 2ε0ω

σ   (5.65)

ce qui donne

E ref    =  

1 − (1 − i)

 2ε0ω

σ

E in   (5.66)

E tr   = (1 − i)

 2ε0ω

σ  E in   (5.67)

Remarques sur l’effet de peau

L’epaisseur de peau est inversement proportionelle a la frequence : plus les frequence

sont elevees et moins les ondes penetrent dans les conducteurs. Dans les fils, a partird’une certaine frequence, la conduction se fait en surface.

5.5. Les plasmas

Un plasma est un gaz partiellement ou totalement ionise. C’est donc un milieu glo-balement neutre dans lequel on trouve des electrons, des ions et eventuellement desatomes ou des molecules neutres. Comme les ions sont plus de mille fois plus lourds queles electrons, l’amplitue de leurs mouvement et donc le cournat electrique qui leur estassocie est negligeable devant le courant electronique.

Pour les plasma, l’inertie des electrons est un phenomene important. On s’interessedonc maintenant au cas plus general ou l’inertie compte.soit

  j =  N ee2

Γ − imeω E    (5.68)

On peut distinguer deux regimes : les basses frequences, ou la dissipation est dominanteet les hautes frequences ou les effets d’inertie deviennent dominants. Dans le domaine

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5.5. Les plasmas    41

basse frequence, la prise en compte de l’inertie vient en correction de la dissipation. Celarevient juste a donner une partie imaginaire a la conductivite.

En haute frequence, on rencontre par compte des phenomenes nouveaux. Nous com-mencerons donc a etudier la dynamique d’un plasma libre.

5.5.1. Dynamique d’un plasma libre

L’equation d’evolution de la vitesse ou, ce qui est equivalent celle de la densite volu-mique de courant est :

Γ  j + me∂   j

∂t  = N ee2  E.   (5.69)

Combinons cette equation avec la relation de conservation de la charge electrique (Nousrappelons que la conservation de la charge est incluse dans les equations de Maxwell).

Cette equation s’ecrit :

div   j + ∂ ρ

∂t  = 0.   (5.70)

Prenons donc la divergence de l’equation d’evolution de la densite de courant   j

Γdiv   j + me∂ div   j

∂t  =   N ee2div    E    (5.71)

−Γ∂ρ

∂t − me

∂ 2ρ

∂t2  =   N ee2

 ρ

ε0(5.72)

soit

∂ 2ρ∂t2

  + ∂ ρ∂t

  +  N ee2

meε0ρ = 0 (5.73)

On trouve une equation d’evolution locale pour la densite electronique

∂ 2ρ

∂t2  +

  1

τ 0

∂ρ

∂t  + ω2

 pρ = 0 (5.74)

C’est l’equation d’evolution d’un oscillateur harmonique. Le temps   τ 0   =   Γme

est letemps caracteristique d’amortissement de la vitesse.et   ω p   une pulsation appelee pul-sation plasma :

ω2 p  =   N ee2

meε0.   (5.75)

En l’absence de dissipation, un plasma est le siege d’oscillations a cette pulsation. Onremarquera que la densite intervient dans la pulsation plasma : pour les faibles densites,la pulsation plasma est inferieure au temps caracteristique d’amortissement et il n’y apas d’oscillations.

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42   5. Les conducteurs electriques 

5.5.2. Propagation d’ondes dans un plasma

Comme dans un plasma la densite locale de charges peut etre differente de zero, ladivergence du champ electrique n’est pas necessairement nulle. On distingue deux typesd’ondes : les ondes transverses, pour lesquelles la divergence du champ electrique est nul,

ce sont celles que nous considererons dans la suite. Il y a aussi des ondes longitudinales,qui correspondent aux oscillations plasma dans les frequence superieures a la frequenceplasma et aux ondes pseudo-sonores dans le domaine des basses frequences.

Nous nous limitons maintenant aux ondes transverses, c’est a dire les ondes pourlesquelles

div    E  = 0 (5.76)

sans oublier que la divergence du champ magnetique est elle toujours nulle (Maxwell-flux)

div    B  = 0 (5.77)

Nous commencerons en nous limitant aux effets inertiels et nous introduirons la dissi-

pation par la suite. Dans cette situation :

me∂   j

∂t  =   N ee2  E.   (5.78)

  j   =  1

−iω

N ee2

me

 E  =  iω2 p

ω ε0  E    (5.79)

Si l’on considere des ondes dont l’amplitude complexe est :

 E (r, t) = E 0ei( k·r−ωt)u   (5.80)

Maxwell-Faraday et Maxwell Ampere deviennent :

i  k ×  E    =   −−iω  B

  (5.81)

i  k ×   B   =   µ0   j + µ0ε0

−iω  E 

=

i µ0ε0

ω2 p

ω − iωµ0ε0

 E    (5.82)

On en deduit l’equation de dispersion suivante

k2 =  1

c2

ω2 − ω2 p

  (5.83)

La pulsation plasma  ω p  separe deux zones de frequence ou le plasma a des comporte-

ments tres differents.

Domaine des basses frequences :  ω < ω p

Dans ce domaine  k2 est negatif.  k  est donc imaginaire pur :

k = ±i1

c

 ω2 p − ω2 (5.84)

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5.5. Les plasmas    43

Il n’y a aucune propagation dans le plasma. Ce milieu reflechit parfaitement les ondeselectromagnetiques. On citera comme exemple l’ionosphere (partie de l’atmosphere situeea quelques centaines de kilometres d’altitude qui est partiellement ionisee). Celle cireflechit les ondes dont la frequence est inferieure a quelques megahertz.

densite en electrons libres de l’ionosphere : 1010

a 1012

electrons/m3

ce qui corresponda des pulsations plasma de 6×106 a 6×107 rad s-1

Domaine des hautes frequences :  ω > ω p

Dans ce domaine   k2 est positif, le nombre d’onde   k   est donc reel ’si l’on neglige ladissipation). L’onde se propage dans le plasma sans etre attenuee avec un nombre d’onde :

k =  1

c

 ω2 − ω2

 p.   (5.85)

On peut chercher a determiner la vitesse de propagation  vϕ

vϕ  =  ωk

  = c   1 1 −   ω2p

ω2

.   (5.86)

Cette vitesse est superieure a la vitesse de la lumiere dans le vide. Comment cela estil possible sans entrer en conflit avec la relativite ? Pour le savoir, il faut determinera quelle vitesse peut se propager l’energie ou un signal. En ce qui concerne l’energie,comme il y a de la matiere la situation est plus delicate que dans le vide. Le plus simpleest de regarder la propagation d’un signal.

Nous allons detailler deux cas : le premier concerne la superposition de deux ondesmonochromatiques planes de pulsation differentes et le second un paquet d’ondes.

Propagation d’un battement entre deux ondes   On considere la superposition de deuxondes se propageant selon 0z  et polarisees selon  Ox.  La premiere a une pulsation  ω1  etun nombre d’onde  k1  tandisque la seconde a une pulsation  ω2  et un nombre d’onde  k2   .Ces deux ondes ont une meme amplitude  E 0

 E  (r, t) =   E 0 cos (k1x − ω1t)   ux + E 0 cos (k2x − ω2t)   ux   (5.87)

=   E 0 cos k1 (x − v1t)   ux + E 0 cos k2 (x − v2t)   ux   (5.88)

les phase de chacune de ces deux ondes se propagent aux vitesses  v1  et v2

v1 = ω1

k1, v2 =

 ω2

k2.   (5.89)

Si les deux ondes ont des pulsations proches : (ω2 − ω1  =  δω   ω1   ) les deux nombresd’onde seront proches (k2 − k1 =  δk k1  ). Les deux vitesses seront proches

On peut reexprimer le champ electrique de cette onde pour mettre en evidence lesbattements :

 E  (r, t) = 2E 0 cos

k1 + k2

2  x −  ω1 + ω2

2  t

cos

k1 − k2

2  x −  ω1 − ω2

2  t

  ux   (5.90)

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44   5. Les conducteurs electriques 

Les oscillations rapides ont une pulsation qui est la moyenne des deux pulsations et unnombre d’onde qui est la moyenne des deux nombres d’onde. Ces oscillations rapides sepropagent a une celerite  vr  peux differente des celerites  v1  et v2

vr  =

 ω1 + ω2

k1 + k2 v1  v2.   (5.91)

L’enveloppe a une pulsation egale a la moitie de la difference des deux pulsations et unnombre d’onde egal a la moitie de difference des nombres d’ondes. Cette enveloppe sepropage donc avec la celerite  vg

vg  = ω2 − ω1

k2 − k1=

 δω

δk  (5.92)

Propagation d’un paquet d’onde   Grace a la transformee de Fourier on peut exprimertoute onde comme superposition d’ondes monochromatiques de pulsation  ω et de vecteurd’onde  k,  ces deux quantites etant reliees par la relation de dispersion propre au milieu

considere. Cette relation permet d’exprimer le vecteur d’onde en fonction de la pulsationou de maniere equivalente la pulsation en fonction du nombre d’onde.

 E  (z, t) =

   dk

2πE (k)exp[i (kz − ωt)]   ux   (5.93)

Supposons que les pulsations qui interviennent dans cette onde sont toutes proches dela pulsation ω0

 E  (r, t) = exp [i (k0z − ω0t)]

   dk

2πE (k0)exp[i ((k − k0) z − (ω (k) − ω (k0)) t)]   ux(5.94)

= exp [i (k0z−

ω0t)]    dk

2π E (k0)exp i (k

−k0)z

− ω (k) − ω (k0)

(k − k0) t   ux(5.95)

= exp [i (k0z − ω0t)] F  (z − vgt)   ux   (5.96)

C’est une onde quasi monochromatique de pulsation  ω0  modulee par une enveloppe  F 

F  (z) =

   dk

2πE (k0)exp[i (k − k0) z] (5.97)

cette enveloppe se propage a la celerite

vg  = dω

dk  =

  d

dk (kvϕ) = vϕ + k

dvϕdk

  (5.98)

Si l’on developpe la pulsation a l’ordre suivant, le terme supplementaire conduit a unetallement du paquet d’onde.Dans notre cas

k = 1

c

 ω2 − ω2

 p.   (5.99)

dk =  1

c

1 ω2 − ω2

 p

ωdω   (5.100)

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5.5. Les plasmas    45

vg  =  dω

dk  = c

 1 − ω2

 p

ω21.   (5.101)

La vitesse de groupe, c’est a dire la vitesse de propagation de l’energie est plus faible

que la vitesse de la lumiere dans le vide. La causalite est sauvee !

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