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Ingénierie biomédicale Contraintes de radioprotection et d’aménagement d’une unité de tomographie par émission de positons (TEP) PET radioprotection constraints and service unit installation F. Balny a, *, I. Bouhier a , J.-L. Alberini b ,Y. Petegnief c , S. Poignant d a Service des équipements biomédicaux, hôpital Tenon,AP–HP, 4, rue de la Chine, 75970 Paris cedex 20, France b Service de médecine nucléaire, centre René-Huguenin, 35, rue Dailly, 92210 Saint-Cloud, France c Service de médecine nucléaire et centre TEP, hôpital Tenon,AP–HP, 4, rue de la Chine, 75970 Paris cedex 20, France d Service biomédical, hôpital Pitié-Salpétrière, AP–HP, 47, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France Reçu le 5 novembre 2003 ; reçu en forme révisée le 17 novembre 2003 ; accepté le 22 mars 2004 Disponible sur internet le 19 juin 2004 Résumé L’imagerie par tomographie d’émission de positons (TEP) connaît un développement récent en France et nécessite d’adapter les moyens de radioprotection du personnel pratiquant ce type d’examens, d’autant plus que le nouveau décret n o 2003-296 du 31 mars 2003 1 abaisse la limite réglementaire de dose annuelle à 20 mSv par an pour les personnes exposées dans leurs activités professionnelles. L’imagerie TEP fait appel à des noyaux radioactifs b + qui émettent des positons qui s’annihilent en photons c d’énergie de 511 keV.Avec l’utilisation des appareils de dernière génération combinant TEP et TMD, nécessitant l’injection d’une activité supérieure à celle injectée actuellement et permettant de réaliser un plus grand nombre d’examens par jour, Il est nécessaire de disposer d’équipements collectifs et individuels de radioprotection adaptés. Ce constat nous a conduit à étudier d’une part des équipements individuels de radioprotection spécifiques, en particulier le paravent blindé nécessaire pour injecter et déperfuser le patient, d’autre part une organisation des locaux adaptée à l’activité TEP. L’aménagement du travail afin que le manipulateur ne soit pas toujours affecté au poste TEP mais alterne avec des postes de médecine nucléaire conventionnelle, paraît également essentiel. Nous illustrons également la surveillance de l’exposition à l’aide de la dosimétrie opérationnelle qui constitue un outil précieux pour analyser les pratiques et évaluer en temps réel les niveaux d’exposition du personnel. © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Abstract Recent PET imaging installations in France increased the staff radioprotection measures necessity. The 2003-296 order dated March 31st, 2003 reduces the statutory limit down to 20 mSV per year for exposed persons during their professional activity. PET imaging uses b + radioactive nuclei, emitting two annihilation 511 keV opposite c photons. With the last PET and CT scanners generation, higher dose injection than before is needed to realize more patients turnover, and so, it became necessary to install individual and collective adapted radioprotection devices. These observations led us to study, on one hand specific individual equipments such as patient injection and deperfusion screenings and on the other hand PET functional service architecture. It is also of main importance to adapt technician work schedule to alternate PET with conventional nuclear medicine. Finally, exposure monitoring with operational dosimetry became a precious tool for practice analyse and real time exposition staff evaluation. © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Radioprotection ; Dosimétrie opérationnelle ; TEP ; Fluorodesoxyglucose ( 18 F-FDG) Keywords: Radioprotection; Operational dosimetry; PET; Fluorodesoxyglucose ( 18 F-FDG) * Auteur correspondant. 10, avenue du Louvre, 78000 Versailles, France. Adresse e-mail : [email protected] (F. Balny). ITBM-RBM 25 (2004) 185–190 www.elsevier.com/locate/rbmret © 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.rbmret.2004.03.005

Contraintes de radioprotection et d'aménagement d'une unité de tomographie par émission de positons (TEP)

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Page 1: Contraintes de radioprotection et d'aménagement d'une unité de tomographie par émission de positons (TEP)

Ingénierie biomédicale

Contraintes de radioprotection et d’aménagement d’une unitéde tomographie par émission de positons (TEP)

PET radioprotection constraints and service unit installation

F. Balny a,*, I. Bouhier a, J.-L. Alberini b, Y. Petegnief c, S. Poignant d

a Service des équipements biomédicaux, hôpital Tenon, AP–HP, 4, rue de la Chine, 75970 Paris cedex 20, Franceb Service de médecine nucléaire, centre René-Huguenin, 35, rue Dailly, 92210 Saint-Cloud, France

c Service de médecine nucléaire et centre TEP, hôpital Tenon, AP–HP, 4, rue de la Chine, 75970 Paris cedex 20, Franced Service biomédical, hôpital Pitié-Salpétrière, AP–HP, 47, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France

Reçu le 5 novembre 2003 ; reçu en forme révisée le 17 novembre 2003 ; accepté le 22 mars 2004

Disponible sur internet le 19 juin 2004

Résumé

L’imagerie par tomographie d’émission de positons (TEP) connaît un développement récent en France et nécessite d’adapter les moyens deradioprotection du personnel pratiquant ce type d’examens, d’autant plus que le nouveau décret no 2003-296 du 31 mars 2003 1 abaisse lalimite réglementaire de dose annuelle à 20 mSv par an pour les personnes exposées dans leurs activités professionnelles. L’imagerie TEP faitappel à des noyaux radioactifs b+ qui émettent des positons qui s’annihilent en photons c d’énergie de 511 keV. Avec l’utilisation des appareilsde dernière génération combinant TEP et TMD, nécessitant l’injection d’une activité supérieure à celle injectée actuellement et permettant deréaliser un plus grand nombre d’examens par jour, Il est nécessaire de disposer d’équipements collectifs et individuels de radioprotectionadaptés. Ce constat nous a conduit à étudier d’une part des équipements individuels de radioprotection spécifiques, en particulier le paraventblindé nécessaire pour injecter et déperfuser le patient, d’autre part une organisation des locaux adaptée à l’activité TEP. L’aménagement dutravail afin que le manipulateur ne soit pas toujours affecté au poste TEP mais alterne avec des postes de médecine nucléaire conventionnelle,paraît également essentiel. Nous illustrons également la surveillance de l’exposition à l’aide de la dosimétrie opérationnelle qui constitue unoutil précieux pour analyser les pratiques et évaluer en temps réel les niveaux d’exposition du personnel.© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract

Recent PET imaging installations in France increased the staff radioprotection measures necessity. The 2003-296 order dated March 31st,2003 reduces the statutory limit down to 20 mSV per year for exposed persons during their professional activity. PET imaging uses b+

radioactive nuclei, emitting two annihilation 511 keV opposite c photons. With the last PET and CT scanners generation, higher dose injectionthan before is needed to realize more patients turnover, and so, it became necessary to install individual and collective adapted radioprotectiondevices. These observations led us to study, on one hand specific individual equipments such as patient injection and deperfusion screeningsand on the other hand PET functional service architecture. It is also of main importance to adapt technician work schedule to alternate PETwith conventional nuclear medicine. Finally, exposure monitoring with operational dosimetry became a precious tool for practice analyse andreal time exposition staff evaluation.© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots clés : Radioprotection ; Dosimétrie opérationnelle ; TEP ; Fluorodesoxyglucose (18F-FDG)

Keywords: Radioprotection; Operational dosimetry; PET; Fluorodesoxyglucose (18F-FDG)

* Auteur correspondant. 10, avenue du Louvre, 78000 Versailles, France.Adresse e-mail : [email protected] (F. Balny).

ITBM-RBM 25 (2004) 185–190

www.elsevier.com/locate/rbmret

© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.doi:10.1016/j.rbmret.2004.03.005

Page 2: Contraintes de radioprotection et d'aménagement d'une unité de tomographie par émission de positons (TEP)

1. Introduction

La France connaissait un retard en nombre d’appareilsTEP installés par rapport aux autres pays européens qu’elledevrait combler d’ici 2005 avec des autorisations accordéespour l’implantation de 60 machines TEP. Cette techniqued’imagerie fait appel à l’utilisation d’émetteurs de positons,en particulier du fluorodesoxyglucose (18F-FDG), qui émetdes photons de haute énergie, 511 keV, et à une périodephysique courte de 110 minutes. Ces caractéristiques physi-ques sont différentes de celles des isotopes utilisés en routineen médecine nucléaire et nécessitent une étude des problè-mes liés à l’irradiation externe du personnel (émission dehaute énergie). L’essor de cette technique est contemporainde l’application de nouvelles réglementations précisées dansle décret no 2003-296 du 31 mars 2003 [1]1 fixant les nouvel-les limites de dose autorisées pour les travailleurs de catégo-rie A à 20 mSv par an.

Cette étude a donc consisté à déterminer les contraintes deradioprotection et d’aménagement d’un service TEP en s’ap-puyant sur une étude de poste. Les doses équivalentes reçuespar les manipulateurs d’électroradiologie du service de mé-decine nucléaire de l’hôpital Tenon (Paris), lors des différen-tes étapes de réalisation des examens scintigraphiques utili-sant le 18F-FDG, ont été préalablement mesurées au moyende dosimètres opérationnels [2]. La dosimétrie opération-nelle permet de mesurer en temps réel la dose équivalentereçue, avec une sensibilité plus importante que les dosifilms.Cette étude a permis d’analyser l’influence des accessoires,des gestes de radioprotection et de l’organisation des locaux.

2. Caractéristiques du fluor-18

Le Fluor-18 se désintègre en oxygène 18 stable en émet-tant un positon (Tableau 1). Les b+ émis ont une énergiecomprise entre 249,3 keV et 633,5 keV. Après un bref par-cours (de quelques millimètres) dans la matière, le positons’annihile avec un électron pour donner deux photons c émisà 180° l’un par rapport à l’autre, dont énergie est de 511 keV.

La constante ( de débit de dose est exprimée en(mSv.m2/h)/MBq et permet de déduire le débit d’expositionX en mSv/h pour une source assimilable à une source ponc-tuelle d’activité A située à une distance x, selon X = ( A/x2.Pour le fluor-18, ( = 18,79 10-5 (mSv.m2/h)/MBq soit respec-tivement 2,5 et 5,7 fois les valeurs des constantes de l’iode131 et du technétium 99 m, radionucléides courammentemployés en médecine nucléaire.

Les couches de demi-atténuation CDA nécessaires pourles matériaux les plus courants sont : 4 mm pour le plomb,

19 mm pour l’acier et 51 mm pour le béton, (note de l’OPRIno 3520/1re édition 2000). Pour la définition des écrans atté-nuateurs, on peut également se fonder sur les données suivan-tes :

• 0,9 mm de verre ou 1,7 mm de plastique pour uneatténuation totale des rayons b ;

• 1,6 cm de plomb ou 6,4 cm d’acier pour une atténuationd’un facteur 10 des rayons c ;

• le tungstène atténue 1,4 fois plus les photons de 511 keVque le plomb à épaisseur égale.

3. Étude de poste

3.1. Matériels et méthodes

Nous avons effectué des mesures de doses équivalentes auniveau du thorax, à l’aide des dosimètres électroniques EPDMk2® (APVL) [3]. Ces dosimètres mesurent la dose équiva-lente à une profondeur de 10 mm (Hp10 ou dose profonde).Par ailleurs, des mesures au niveau du poignet ont été réali-sées à l’aide d’un dosimètre électronique type « Wristgamma » Polymaster PM 1603A.

L’appareil TEP installé à l’hôpital Tenon est la caméraC-PET (Adac-Philips®) pour des acquisitions TEP 3D. Aveccette caméra, l’activité injectée est de 2 MBq/kg et le tempsd’acquisition est de 60 minutes environ. Sept examens sontréalisés quotidiennement.

Nous avons évalué le niveau d’exposition des manipula-teurs pour chaque étape d’un examen au 18F-FDG, c’est-à-dire :

• la réception des pots de 18F-FDG : l’activité de chaquepot est mesurée dans l’enceinte blindée ;

• la préparation de la seringue de 18F-FDG dans le labo-ratoire chaud ;

• l’injection de la solution de 18F-FDG, dans une perfu-sion de sérum physiologique, incluant le transport de laseringue ;

• la déperfusion réalisée environ 45 minutes après l’injec-tion ;

• l’accompagnement et le positionnement du patient surl’appareil.

1 Art. R. 231-76. - I. - La somme des doses efficaces reçues par expositionexterne et interne ne doit pas dépasser 20 mSv sur 12 mois consécutifs.

I- À compter de la date d’entrée en vigueur du présent décret, pendantune période de deux ans, la somme des doses efficaces reçues par expositionexterne et interne définie au I de l’article R. 231-76 du code du travail estfixée à 35 mSv sur 12 mois consécutifs sans qu’elle puisse dépasser 100 mSvsur cinq années consécutives à partir de cette même date.

Tableau 1Caractéristiques physiques et dosimétriques du fluor 18

Période physique 110 minRadiotoxicité Faible, groupe 4LAI ingestion 2 109 BqLAI inhalation 3 109 BqLDCA 1 106 Bq/m3

Exposition externe(source ponctuelle à 30 cm)

0,12 mSv/h (béta, électron : peau)1,8 10–3 cSv/h (gamma : profondeur)

Exposition interneDose engagée à l’organisme entier

2 10–11 Sv/Bq inhalé

D’après :Radionucléides et Radioprotection, D. Delacroix, JP Guerre, P LeblancCentre D’études de Saclay, CEA.(LAI : limite annuelle d’Incorporation,LDCA : limite dérivée de concentration dans l’air).

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Afin d’assurer la radioprotection du personnel, différentsmatériels sont utilisés pour manipuler spécifiquement le 18F-FDG :

• une enceinte blindée utilisée pour l’iode 131, renforcéeau niveau du puit d’activimètre ;

• des caches-seringues en tungstène de 5 mm d’épaisseur ;• un système de transport de seringues sur roulettes, de

2 cm de plomb d’épaisseur ;• un paravent plombé de 2 cm d’épaisseur.

3.2. Protocole de mesure

Les mesures ont été réalisées durant trois semaines, soitune trentaine de mesures pour chaque étape. Sept manipula-teurs ont participé à l’étude. Le manipulateur affecté à la TEPportait deux dosimètres : un durant toute la journée afin deconnaître la dose journalière et un second qui était réinitialiséaprès chaque étape, afin d’effectuer une mesure de dose pourchaque étape.

Pour pouvoir comparer les mesures à chaque étape, nousavons opté pour la dose équivalente normalisée par rapport àl’activité injectée (Hp10/Ai en nSv/MBq).

3.3. Résultats

Les écart-types sont importants par rapport aux mesuresdes doses car ces dernières dépendent des pratiques de cha-que manipulateur. En effet, le nombre de manipulateurs estimportant par rapport au nombre de mesures effectuées(7 manipulateurs pour 30 mesures pour chaque étape envi-ron) (Tableau 2).

L’utilisation du cache-seringue en tungstène lors de lapréparation de la seringue intervient uniquement pour la doseau niveau du poignet puisque le thorax est protégé par l’en-ceinte. La dose au niveau du poignet est atténuée environd’un facteur 1,5 avec le cache-seringue haute énergie.

On constate aussi que l’utilisation d’un paravent lors del’injection et de la déperfusion atténue la dose au niveau duthorax au moins d’un facteur 2. Au niveau du poignet, la dosereçue avec l’utilisation du paravent est un peu supérieure àcelle reçue sans, du fait d’un temps de manipulation un peu

plus long (0,75 minutes avec le paravent et 0,60 minutes sansle paravent).

L’exposition journalière mesurée pour la TEP, pour unmanipulateur utilisant les moyens de radioprotection actuelsest de 13 µSv par jour (pour environ 5 patients et une activitémoyenne de 650 MBq injectée par jour). L’appareil TEPinstallé à l’hôpital Tenon est la caméra C-PET (Adac-Philips®) pour des acquisitions TEP 3D. Avec ce système,l’activité injectée est limitée à 2 MBq/kg. D’autres paramè-tres liés à la rapidité d’exécution des tâches et à l’organisa-tion du travail influencent également les expositions déli-vrées. Cependant, l’utilisation des caméras TEP de nouvellegénération, équipées de cristaux plus rapides (LSO et GSO),nécessite d’injecter une activité plus importante (de 350 à500 MBq par patient) qu’avec l’appareil TEP de Tenon enréalisant les examens dans un temps plus court a fortiori s’ilssont couplés à une TDM. Le manipulateur pourrait alorsprendre en charge plus de dix patients par jour ; le bilandosimétrique journalier pourrait être plus élevé. Une ré-flexion sur la gestion de la radioprotection du personnelmanipulant du 18F-FDG, sur les équipements de protection,et sur l’organisation que nécessite un service équipé d’unecaméra TEP de dernière génération semble donc s’imposer.

D’autres études de radioprotection dans des conditionsdifférentes des nôtres ont été réalisées [4–8], mais il estdifficile de les comparer car les protections et les conditionsd’examen sont différentes. Les mesures obtenues par leséquipes de Rennes, et de Milan ainsi que le résumé de nosmesures sont fournis dans le Tableau 3. Les mesures publiées[8] par l’équipe de Dresde ne sont pas indiquées dans cetableau car elles n’ont pas été normalisées par rapport àl’activité injectée.

4. Équipements de radioprotection nécessaires dansune unité TEP

Le 18F-FDG est une source non scellée émettant desrayons c de forte énergie, 511 keV. Il est donc nécessaire derespecter certaines contraintes d’installation :

• ce type d’examen doit être dédié à une salle qui doit êtreventilée en dépression et respecter un taux de renouvel-lement en air de 5 volumes par heure. Les parois de celocal doivent être adaptées à l’énergie des rayons cémis ;

Tableau 2Doses équivalentes par activité injectée au niveau du thorax et du poignet

Hp10 au niveau duthorax (moy ± s)(nSv/MBq)

Dose poignet(moy ± s)(nSv/MBq)

Réception des pots 0,20 ± 0,14 0,82 ± 0,26Préparation dela seringue

Avec le cache 2,56 ± 1,6 25,79 ± 22,34Sans le cache 2,52 ± 1,32 38,68 ± 33,51

Injection Avec paravent 1,69 ± 0,82 10,08 ± 3,11Sans paravent 3,94 ± 1,24 8,01 ± 1,79

Déperfusion Avec paravent 1,24 ± 0,51Sans paravent 3,69 ± 3,60

Accompagnement etPositionnement du patient

5,08 ± 1,90

Total pour unexamen

Avec paravent 10,57 ± 4,83Sans paravent 15,27 ± 8,34

Tableau 3Doses équivalentes corps entier normalisées par l’activité injectée(nSv/MBq), mesurée pour les étapes de préparation, injection et déroule-ment de l’examen

Service demédecinenucléairede Rennes

Division de médecinenucléaire, Institutnational des tumeurs,Milan

Service demédecinenucléairede Tenon

Préparation de laseringue

7,7 ± 4,3 0,6 ± 0,2 2,6 ± 1,6

Injection 16,7 ± 11,3 5,6 ± 3,6 1,7 ± 0,8Déroulementde l’examen

9,3 ± 5,0 3,4 ± 3,0 5,1 ± 1,9

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• les patients injectés doivent attendre dans une salle quileur est dédiée ;

• le laboratoire chaud doit posséder une enceinte ventiléeen dépression. Le débit de dose au contact de cetteenceinte doit respecter les nouvelles contraintes régle-mentaires ;

• les containers de transport et les caches-seringues doi-vent être adaptés à l’énergie élevée du fluor-18.

Les déchets radioactifs sont simples à gérer car avec unepériode physique du fluor 18 de moins de deux heures ilspeuvent être stockés en décroissance une journée.

Pour la totalité des unités TEP fonctionnant en France, le18F-FDG est délivré dans le service une à deux fois par jourdans des flacons en général monodose, parfois multidosespour un fournisseur. En fonction de la date de calibration etdu délai entre la synthèse et l’arrivée des doses dans leservice, l’activité présente dans le flacon peut varier considé-rablement à la réception des flacons.

Notre étude a permis de mettre en lumière l’importance del’utilisation du cache-seringue pour diminuer la dose reçueaux doigts, d’un paravent plombé adapté au fluor-18 pourdiminuer la dose reçue au thorax au moment de l’injection etde la déperfusion.

L’ensemble des équipements de protection que devrait enthéorie posséder un service TEP est donc le suivant :

• enceintes blindées adaptées au fluor-18 pour la prépara-tion de la seringue et la mesure de l’activité, qui sontmaintenant proposées sur le marché par différents four-nisseurs. En effet, lorsque le service de médecine nu-cléaire de l’hôpital Tenon a commencé à utiliser du18F-FDG en 1997, il n’y avait pas d’enceinte spécifiqueau fluor-18 proposée sur le marché ;

• cache-seringue en tungstène, 5 mm minimum d’épais-seur. Pour l’injection, il est recommandé d’utiliser unembout en tungstène afin de protéger le pouce ;

• chariot plombé de transport des seringues adapté àl’énergie du fluor-18 ;

• paravent pour injecter le 18F-FDG et déperfuser le pa-tient ;

• une poubelle plombée est nécessaire à proximité immé-diate de chaque box d’injection afin de pouvoir jeter laseringue immédiatement après l’avoir utilisée ;

• une armoire de stockage blindée dans la radiopharmacieest nécessaire afin d’y stocker les pots de 18F-FDG quin’ont pas encore été utilisés. En revanche, vu le poidsdes pots de 18F-FDG (11 kg), il est nécessaire de placerce container à côté de l’enceinte et à même hauteur pourune question d’ergonomie.

La majorité des sociétés fournissant du matériel de radio-protection pour la médecine nucléaire propose des caches-seringues hautes énergies et des enceintes blindées adaptéesau fluor-18 et, actuellement de plus en plus proposent unparavent pouvant être utilisé pour injecter et déperfuser, et unchariot de transport de seringues de 18F-FDG.

Une réflexion sur l’utilisation du paravent a permis d’endéterminer les caractéristiques techniques afin de combiner

protection et ergonomie de travail puisque le matériel deprotection dédié au fluor-18 est très lourd.

Les caractéristiques techniques du paravent doivent ré-pondre à un certain nombre de critères :

• 2,5 à 3 cm d’épaisseur de plomb ce qui correspond à 6 à7 CDA ;

• 40 à 50 cm de large ou plus étroit au niveau des bras afinde faciliter les gestes des manipulateurs ;

• protéger le manipulateur au minimum de la thyroïdejusqu’aux cuisses ;

• réglable en hauteur pour être adapté à la taille des diffé-rentes personnes amenées à la manipuler ;

• semi-bombé afin de permettre au manipulateur de sepencher sur le patient ;

• posséder une fenêtre en verre plombé est nécessaire pourdes raisons d’ergonomie et de radioprotection au niveaudes yeux et du cou. La fenêtre va permettre de surveillerles étapes d’injection et de déperfusion sans se penchersur le côté du paravent ou au-dessus de celui-ci. L’épais-seur de verre plombé doit être de 5 à 6 cm ;

• être mobile si chaque box ne possède pas un paravent oupour pouvoir positionner sans difficultés ce paravent ;

• posséder un revêtement facile à nettoyer et à décontami-ner si nécessaire.

Six sociétés nous ont proposé un paravent décrit dans leTableau 4. Les prix de ces paravents varient de 1700 à10 000 Euros hors taxe.

Le paravent de Medisystem, du fait de sa largeur, estuniquement dédié à l’injection. Ce paravent protège moinsque les autres mais est plus léger (50 kg) et donc plus facile àutiliser. Le poids des autres paravents avec une fenêtre enverre plombé est de 110 kg minimum, constituant un facteurlimitant pour son déplacement d’un box d’injection à l’autre.Vu les épaisseurs de plomb nécessaires, le matériel de pro-tection pour un service TEP est lourd, c’est pourquoi il estutile de faire un compromis entre la radioprotection et l’ergo-nomie du travail. L’ergonomie est importante car l’exposi-tion du travailleur est également liée au temps passé à mani-puler.

Medisystem propose également en option d’intégrer untiroir en plomb au paravent pour le transport des seringues.Le poids de cet ensemble est plus élevé que le paravent seulmais permettrait de n’avoir qu’un seul système à manipulerd’un box à l’autre à chaque injection.

Les paravents droits puis inclinés au niveau du thorax serévèlent d’utilisation moins aisée que les paravents courbéspour approcher le patient.

Si la radiopharmacie et la salle d’injection ne sont pasadjacentes, alors il est nécessaire d’avoir un système detransport de seringues adapté aux hautes énergies. Les pa-tients sont injectés environ toutes les 30 minutes, il n’estdonc pas nécessaire que ce système transporte plus d’uneseringue à la fois. De plus, les seringues sont préparées audernier moment car la période physique du fluor-18 estcourte et la dose à injecter est fonction du poids du patient.

Les chariots disponibles sur le marché ne s’adaptent pastous au besoin de l’imagerie TEP. D’une part, ils n’ont pas

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tous la protection nécessaire pour le fluor-18, et d’autre part,ceux qui peuvent contenir plusieurs seringues sont encom-brants. Les propositions sont représentées dans le Tableau 5.Les prix de ces systèmes de transport hors taxes varient de1200 Euros à 6000 Euros environ.

Seule la société Parix propose un boîtier de transport depetite taille, pour une ou deux seringues, qui serait adapté àun service TEP. Il s’agit d’une boite en hauteur, sur roulettes,avec une épaisseur de plomb suffisante (30 mm), pour desseringues de 18F-FDG.

D’autres systèmes existent et permettent de combiner letransport de la seringue et l’injection : la seringue est posi-tionnée dans un support de protection pour le transport et n’apas besoin d’être enlevée de ce support pour l’injection.

C’est le cas du porte-seringue dédié aux émetteurs positonsproposé par Aries qui est à positionner sur un chariot, et dudispositif blindé télécontrôlé pour injection de 18F-FDG deLemer Pax. Ce dispositif permet d’éviter au manipulateur detenir la seringue dans la main car elle est positionnée avec soncache-seringue en tungstène dans un coffre ouvrant blindé de30 mm de plomb. Après avoir raccordé le système par cathé-ter au patient, l’opérateur commande manuellement l’injec-tion derrière un écran blindé, ainsi que le rinçage du cathéterau NaCl.

Ces systèmes sont intéressants, en particulier celui deLemer Pax car le manipulateur est également protégé par unparavent, mais ils nécessitent un accès des deux côtés dupatient.

Tableau 4Propositions de paravents réalisées par différentes entreprises

Fournisseurs Lemer Pax Medisystem Aries DelphInnove Parix ArplayForme Droit et incliné de

45° au niveau duthorax

Protection uniquement auniveau du bras du patient oùle 18F-FDG est injecté

Droit et incliné auniveau du thorax

Semi bombé Semi bombé Semi bombé

Épaisseur de plomb(mm)

30 30 60 25 30 30

Verre au plomb Oui Oui Oui Non Oui en option NonÉpaisseur verre auplomb (mm)

80 80 100 32

Largeur pour injecter(mm)

400 200 420 340 450 425

Dimensions hublot(mm)

300*200 200*200 100*200 300*300 300*150

Taille de la protection(mm)

1060*400 200*250 + 200*200 mmProtection uniquement auniveau du bras d’injection

420*620 + 100*200 340*580 450*1200 355*675

Réglage de la hauteur Non Oui Oui Oui Non NonHauteur totale (mm) 1480 850 → 1050 1400 → 1600 1200 → 1250 1200 1200Encombrement au sol(mm)

580*620 518*460Roues passent sous le lit

440*640 600*750 620*620

Poids 130 kg 50 kg 250 kg > 56 kg > 110 kg > 82 kgOptions Tiroir pour 4 seringues

positionné sur les roues duparaventÉpaisseur de plomb 15 mmDimensions : 165*250Poids total : 75 kg

Hublot Épaisseurverre plombé :32 mm

Tableau 5Propositions réalisées par différentes entreprises de systèmes de transport de seringues de 18F-FDG

Fournisseurs Lemer Pax Medisystem DelphInnove Parix ArplayErgonomie Chariot haut Chariot bas Chariot haut Chariot haut Chariot hautDimensions (mm) L*l*H = 680*500*970 460*518 640*640 250*100 L*l*H = 700*600*800Poids 95 kg 40 kgForme du stockeur deseringues

Diam. 135*150 mmCouvercle coulissant

Diam*H = 150*300 mm Boite à outil :6 logements :101*50*240

Boite sur roulettes250*100*100 mm

4 logettes de dimension80*80*220 Serrure de sécurité

Nombre de seringues 1 pot de Flucis ouseringues

3 à 4 seringues 6 seringues

Épaisseur de plomb (mm) 30 mm 35 mm 2,5 mm 30 mm Logette : 30 mm sur côté,20 mm en dessous et25 mm au-dessus

Mobilité 4 roulettes pivotantesdont 2 avec frein

4 roues 4 roues pivotantes 5 roues 4 roues pivotantes dont2 avec frein

Annexes 1 boite 1 étagère + 1 tiroir

189F. Balny et al. / ITBM-RBM 25 (2004) 185–190

Page 6: Contraintes de radioprotection et d'aménagement d'une unité de tomographie par émission de positons (TEP)

5. Organisation des locaux d’une unité TEP

L’organisation des locaux est également un point impor-tant pour la radioprotection du personnel car elle permet enparticulier de limiter le trajet des sources de fluor-18, que cesoit les pots, les seringues ou les patients. Cependant, ce n’estpas un facteur suffisant de radioprotection, il faut aussi avoirdu matériel adapté et sensibiliser le personnel afin d’optimi-ser leurs gestes.

Le trajet du patient injecté entre la salle d’injection, lestoilettes, la salle d’examen et la salle d’attente chaude doitêtre le plus court possible afin que le personnel soit exposé lemoins de temps possible aux patients injectés.

Une étude sur l’épaisseur de plomb nécessaire entre lesdifférentes pièces a été publiée à l’hôpital Saint-Peter (Al-bany) [9].

On peut résumer quelques conseils d’organisation deslocaux pour optimiser la radioprotection d’une unité TEPavec la liste suivante, sans hiérarchie particulière :

• il ne doit y avoir qu’une seule entrée dans la zonecontrôlée, le personnel entrant par le vestiaire séparé endeux parties : la zone « ville » et la zone « chaude ». Uneentrée unique permet de limiter les entrées et sortiesdans la zone contrôlée, et surtout l’utilisation automati-que et correcte des dosimètres électroniques, la borne delecture étant placée dans les vestiaires ;

• la radiopharmacie doit être adjacente à la salle d’injec-tion afin de limiter le trajet de la seringue de 18F-FDG.Même avec un moyen de transport adapté aux seringuesde 18F-FDG, la distance entre la radiopharmacie et lasalle d’injection joue un rôle important dans la radiopro-tection du personnel ;

• la salle d’injection possède trois boxes pour une caméraTEP, puisque les caméras de nouvelle génération per-mettent de réaliser un examen en 20 à 30 minutes etl’attente couchée du patient après injection doit êtred’environ une heure. Les murs des boxes d’injectiondoivent donc être plombés afin de protéger le personneldes rayonnements émis par les patients et ces boxesdoivent être fermés. Les boxes d’injection doivent êtreéquipés d’un lit, du matériel médical nécessaire, et d’unparavent plombé pour protéger le manipulateur au mo-ment de l’injection et de la déperfusion. Ils doivent doncêtre suffisamment larges (minimum 2 mètres) afin depermettre au manipulateur d’accéder facilement au pa-tient et de positionner correctement le paravent. En effet,il ne faut pas oublier que ces paravents sont lourds, ilspèsent au minimum 100 kg, et ne sont donc pas facile-ment maniables ;

• le trajet du patient doit être minimal entre la salle d’in-jection de 18F-FDG, les toilettes et la salle TEP ;

• ce type d’examen doit être dédié à une seule salle d’ima-gerie qui doit être ventilée en dépression et respecter untaux de renouvellement en air de 5 volumes par heure.Les parois de ce local doivent être adaptées à l’énergiedes rayons c émis.

6. Conclusion

L’utilisation du 18F-FDG demande une surveillance parti-culière du personnel en particulier avec les nouvelles camé-ras TEP/TDM qui permettent d’une part, de réaliser un nom-bre d’examen plus élevé en une journée et d’autre part, quinécessitent d’injecter une activité plus importante au patientpar rapport aux appareils plus anciens.

Cette dose pourrait être réduite par l’utilisation desmoyens de radioprotection adaptés au 18F-FDG, notammentle paravent plombé, une organisation des locaux adaptéeainsi qu’un aménagement du poste des manipulateurs. Eneffet, l’affectation en permanence d’un manipulateur auposte de TEP/TDM, incluant la préparation des seringues,l’injection et le positionnement du patient, ne pourrait êtrerecommandée. Les niveaux d’exposition renforcent la néces-sité d’une surveillance par dosimétrie opérationnelle qui per-met de réagir au plus vite en cas de dépassement de dose.

Références

[1] Décret 2003-296 31 mars 2003. Décret relatif à la protection destravailleurs contre les dangers des rayonnements ionisants. NOR :SOCX0200138D. JORF 2 avril 2003..

[2] Biau A, Basset A, Valero M. La dosimétrie opérationnelle en milieumédical : besoin et moyens. OPRI 1999.

[3] Balny F, Farman Ara B, Azli T, Sylvain I, Talbot JN, Petegnief Y.Étude de poste dans le cadre de l’utilisation de 18F-FDG en imageriepar émission de positons, TEP 3D et TEDC 2D. Med Nucl 2003;27(7):347–52.

[4] Laffont S, Devillers A, Garin E, Chaori E, Defain P, Huitorel JM, et al.Contraintes de radioprotection et dosimétrie patient et personneld’une unité de tomographie par émission de positons (TEP). MedNucl 2001;25(7):395–400.

[5] Cronin B, Marsden PK, O’doherty MJ. Are restrictions to behavior ofpatients required following flurorine-18 Fluorodesoxyglucosepositron emission tomographic studies ? Eur J Nucl Med 1999;26(2):121–8.

[6] Benatar NA, Cronin BF, O’doherty MJ. Radiation dose rates frompatients undergoing PET: Implications for technologists and waitingareas. Eur J Nucl Med 2000;27(5):574–82.

[7] Chiesa C, De Sanctis V, Crippa F, Schiavini M, Fraigola CE,Bogni A, et al. Radiation dose to technicians per nuclear medicineprocedure: Comparison between Technetium 99m, Gallium 67 andIodine 131 radiotracers and Fluorine 18 Fluorodeoxyglucose. Eur JNucl Med 1997;24(11):1390–7.

[8] Linemann H, Will E, Beuthien-Baumann B. Investigation of radiationexposure of the medical personnel during F-18-FDG PET studies.Nuklearmedizin 2000;39(3):77–81.

[9] Methe B. Shielding Design for a PET Imaging Suite: A Case Study.Operational Radiation Safety 2003;84(5):S83–8.

190 F. Balny et al. / ITBM-RBM 25 (2004) 185–190