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Risque cardiovasculaire feminin : fausse interpretation d'un benefic biologique inne co® de compression, medicaments veinotropes, acbvite physique reguhere (marche, mouvements de gymnastique similaires & ceux recommandes Iors des voyages en avion). Les profes- sions de sante sont parmi les plus touchees, leur pratique supposant souvent la station debout, statique ou non, le port de Iourdes charges etant un facteur aggravant, indique I'en- qu6te, qui note qu'il faut environ 20 ans pour que la maladie vei- neuse s'installe, passant du stade 1 (asymptomahque) au stade 2 avec sympt6mes carac- teristiques. Ces 20 ans laissent en theorie le temps de detecter precocement le retentissement des conditions de travail sur le systeme veineux et de traiter et de prevenir en consequence I'apparition ou I'aggravation de la maladie constituee, que peut comphquer un terrain thrombo- phile dont le depistage biolo- gique semble insuffisamment developpe. J.-M. M. D epuis quelques annees, les ONG qui alertent sur le risque cardiovasculaire et sa prevention ont pris conscience d'une dangereuse desinformation :il existe dans la population feminine une proportion inquietante de femmes croyant que, de la puberte a.la menopause, elles sont protegees des maladies cardiovasculalresgr&ce & leur pro- fil biologique estro-progestatif spe- cifique. Entretenue par certains medias, cette idee fausse explique- rait que certa~nes #valuations,prin- cipalement aux I~tats-Unis, de la prise en charge cardiovascula~re des femmes concluent a son insuf- fisance. En France, ralerte rut don- nee des 1993 avec la campagne nat]onaJe de la Federation fran~ise de cardiologle : ~ Nous sommes protegees, sachons le rester ~. Ge qui signifie que le risque biologique (lipidique, glucidique, hemoblolo- gique) et physiologiquen'est ma~tri- se que dans la me.sureo~ I'est ega- lement le panel des facteurs de risque.., qui ne sont pas exclusffs des hommes. Leur niveau (tel le tabagisme feminin croissant) com- promet le beneficea minima confer6 par les hormones. En fait, etre femme est un facteur favo- rable surtout en debut de vie. Les hommes sont victimes d'accident vasculaire en moyenne dix ans plus tSt que les fem mes, chez lesquelles en revanche la meno- pause correspond une augmenta- tion progressive du risque : 20 & 30 ans plus tard, la femme est autant victlme d'accidents cardiovasculaires que I'homme. Alors, s'il est entre pube,~ ~ ,,,~,,vp.,=uo~, sont relat~vement moins touchees que les hommes, c'est & condition d'observer les mesures de pre- vention, d'att6nuation ou de sup- pression des facteurs de risque. Tel est le message que la federation frangaise de cardiologie entend faire passer cette annee encore avec un dos- sier de sa revue Coeur & Sant6 consacre au nsque cardiovascu- lalre f6mrnin. Des sondages r~v~lateurs ! Les Frangaises ne sont pas les seules & se croire protegees contre le risque cardiovasculalre. Aux E~tats-Unis,secretariat d'E~tat & la Sante, Institut national du coeur, des poumons et du sang (N H LBI), Association americaine de cardiologie (AHA) ont appor- te leur soutien & ces mouve- ments de revolte contre ce futur trop beau et erron& La Fondation Sister to sister : eve- ryone has a heart a par exemple institue une Journee nationale Coeur de femme, qui devrait se derouler desormais tousles trol- siemes vendredis de f6vrier. II s'agit d~une initiative de femmes soucieuses d'informer les autres femmes de la realit6 de leur nsque cardiovasculaire, de les inciter au depistage des facteurs de risque et de les encourager & adopter des mesures d'hygiene de vie de prevention cardiovasculaire. Des voix autorisees mettent meme en garde le corps medical contre le sous-diagnostic des maladies cardiovasculaires chez les femmes pour cause de sympto- matologie differente ! II s'agit de faire prendre conscience aux femmes.., et & leurs medecins qu'elles sont aussi vuln6rables que les hommes. Comme le rappelait & cette occasion le secretaire d'#tat & la Sante Tommy Thompson : ,, Nombre de gens croient encore que les maladies cardiovasculaires sont des maladies de I'homme, alors qu'en r~alit# elles ont co#t~ la vie plus de femmes que d'hommes depuis 1984 ,,. ,, Seules un tiers des Americaines savent que la maladie cardiovasculaire est la cause majeure de mortalit6 des femmes ,,, estime le Pr Claude Lenfant, directeur du NHLBI. ,, II est important pour /es femmes de prendre la maladie cardiovas- culaire au s~rieux (sic), de com- prendre leur risque et d'aglr en consequence ,*. En France, rien d'equivalent. Aux t~tats-Unis, en revanche, le NHLBI, I'AHA et autres socletes savantes ont publie des recom- mandations (guidelines) & I'in- tention des femmes par I'inter- mediaire des professionnels de sante sous forme d'un docu- ment (1) proposant une orienta- tion vers les actes de medecine preventive cardiovasculaire pour les porteuses de facteurs de risque. Ceci est justifie par un constat : en 2003, 46 % des femmes interrogees connais- saient la maladie cardiovasculai- re comme la premiere cause de deces feminins. Progres par rapport & I'enquete en 2000 (34 %), mais encore trop d'ignorance... J.-M. M. (~) Evidence-based guidehnes for cardiovascular disease prevention in women. Circulation 109 (2004.) 672-693. Revue Frangaise des Laboratolres, maJ 2004, N° 363 13

De la grippe aviaire à la grippe humaine

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Risque cardiovasculaire feminin : fausse interpretation d'un benefic biologique inne

co® de compression, medicaments veinotropes, acbvite physique reguhere (marche, mouvements de gymnastique similaires & ceux recommandes Iors des voyages en avion). Les profes- sions de sante sont parmi les plus touchees, leur pratique supposant souvent la station debout, statique ou non, le port de Iourdes charges etant un facteur aggravant, indique I'en- qu6te, qui note qu'il faut environ 20 ans pour que la maladie vei- neuse s'installe, passant du stade 1 (asymptomahque) au stade 2 avec sympt6mes carac- teristiques. Ces 20 ans laissent en theorie le temps de detecter precocement le retentissement des conditions de travail sur le systeme veineux et de traiter et de prevenir en consequence I'apparition ou I'aggravation de la maladie constituee, que peut comphquer un terrain thrombo- phile dont le depistage biolo- gique semble insuffisamment developpe.

J.-M. M.

D epuis quelques annees, les ONG qui alertent sur le risque

cardiovasculaire et sa prevention ont pris conscience d'une dangereuse desinformation : i l existe dans la population feminine une proportion inquietante de femmes croyant que, de la puberte a. la menopause, elles sont protegees des maladies cardiovasculalres gr&ce & leur pro- fil biologique estro-progestatif spe- cifique. Entretenue par certains medias, cette idee fausse explique- rait que certa~nes #valuations, prin- cipalement aux I~tats-Unis, de la prise en charge cardiovascula~re des femmes concluent a son insuf- fisance. En France, ralerte rut don- nee des 1993 avec la campagne nat]onaJe de la Federation fran~ise de cardiologle : ~ Nous sommes protegees, sachons le rester ~. Ge qui signifie que le risque biologique (lipidique, glucidique, hemoblolo- gique) et physiologique n'est ma~tri- se que dans la me.sure o~ I'est ega- lement le panel des facteurs de risque.., qui ne sont pas exclusffs des hommes. Leur niveau (tel le tabagisme feminin croissant) com- promet le benefice a minima confer6

par les hormones. En fait, etre femme est un facteur favo- rable surtout en debut de vie. Les hommes sont victimes d'accident vascu la i re en moyenne dix ans plus tSt que les fem mes, chez l esque l l es en revanche la meno- pause correspond

une augmenta- tion progressive du risque : 20 & 30 ans plus tard, la femme est autant victlme d'accidents cardiovasculaires que I'homme.

Alors, s'il est entre pube,~ ~ ,,,~,,vp.,=uo~, sont relat~vement moins touchees que les hommes, c'est & condition d'observer les mesures de pre- vention, d'att6nuation ou de sup- pression des facteurs de risque. Tel est le message que la f e d e r a t i o n f r anga i se de cardiologie entend faire passer cette annee encore avec un dos- sier de sa revue Coeur & Sant6 consacre au nsque cardiovascu- lalre f6mrnin.

Des sondages r~v~lateurs !

Les Frangaises ne sont pas les seules & se croire protegees contre le risque cardiovasculalre. Aux E~tats-Unis, secretariat d'E~tat & la Sante, Institut national du coeur, des poumons et du sang (N H LBI), Association americaine de cardiologie (AHA) ont appor- te leur soutien & ces mouve- ments de revolte contre ce futur trop beau et erron& La Fondation Sister to sister : eve- ryone has a heart a par exemple institue une Journee nationale Coeur de femme, qui devrait se derouler desormais tousles trol- siemes vendredis de f6vrier. II s'agit d~une initiative de femmes soucieuses d'informer les autres femmes de la realit6 de leur nsque cardiovasculaire, de les inciter au depistage des facteurs de risque et de les encourager & adopter des mesures d'hygiene de vie de prevention cardiovasculaire. Des voix autorisees mettent meme en garde le corps medical contre le sous-diagnostic des maladies cardiovasculaires chez les femmes pour cause de sympto- matologie differente ! II s'agit de faire prendre conscience aux femmes.., et & leurs medecins qu'elles sont aussi vuln6rables que les

hommes. Comme le rappelait & cette occasion le secretaire d'#tat & la Sante Tommy Thompson : ,, Nombre de gens croient encore que les maladies cardiovasculaires sont des maladies de I 'homme, alors qu'en r~alit# elles ont co#t~ la vie plus de femmes que d'hommes depuis 1984 ,,. ,, Seules un tiers des Americaines savent que la maladie cardiovasculaire est la cause majeure de mortalit6 des femmes ,,, estime le Pr Claude Lenfant, directeur du NHLBI. ,, II est important pour /es femmes de prendre la maladie cardiovas- culaire au s~rieux (sic), de com- prendre leur risque et d'aglr en consequence ,*. En France, rien d'equivalent. Aux t~tats-Unis, en revanche, le NHLBI, I'AHA et autres socletes savantes ont publie des recom- mandations (guidelines) & I'in- tention des femmes par I'inter- mediaire des professionnels de sante sous forme d'un docu- ment (1) proposant une orienta- tion vers les actes de medecine preventive cardiovasculaire pour les porteuses de facteurs de risque. Ceci est justifie par un constat : en 2003, 46 % des femmes interrogees connais- saient la maladie cardiovasculai- re comme la premiere cause de deces feminins. Progres par rapport & I'enquete en 2000 (34 %), mais encore trop d'ignorance...

J.-M. M.

(~) Evidence-based guidehnes for cardiovascular disease

prevention in women. Circulation 109 (2004.) 672-693.

Revue Frangaise des Laboratolres, maJ 2004, N ° 363 13