11
S.A.R.T.R.E Dictionnaire Sartre (Champion) François Noudelmann et Gilles Philippe Collège international de Philosophie | Rue Descartes 2005/1 - n° 47 pages 104 à 113 ISSN 1144-0821 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-rue-descartes-2005-1-page-104.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Noudelmann François et Philippe Gilles, « S.A.R.T.R.E » Dictionnaire Sartre (Champion), Rue Descartes, 2005/1 n° 47, p. 104-113. DOI : 10.3917/rdes.047.0104 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Collège international de Philosophie. © Collège international de Philosophie. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. © Collège international de Philosophie Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. © Collège international de Philosophie

Dicitionnaire Sartre

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Entretien sur le dictionnaire Sartre

Citation preview

  • S.A.R.T.R.EDictionnaire Sartre (Champion)Franois Noudelmann et Gilles Philippe

    Collge international de Philosophie | Rue Descartes

    2005/1 - n 47pages 104 113

    ISSN 1144-0821

    Article disponible en ligne l'adresse:--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    http://www.cairn.info/revue-rue-descartes-2005-1-page-104.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Noudelmann Franois et Philippe Gilles, S.A.R.T.R.E Dictionnaire Sartre (Champion), Rue Descartes, 2005/1 n 47, p. 104-113. DOI : 10.3917/rdes.047.0104--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Distribution lectronique Cairn.info pour Collge international de Philosophie. Collge international de Philosophie. Tous droits rservs pour tous pays.

    La reproduction ou reprsentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorise que dans les limites desconditions gnrales d'utilisation du site ou, le cas chant, des conditions gnrales de la licence souscrite par votretablissement. Toute autre reproduction ou reprsentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manire quece soit, est interdite sauf accord pralable et crit de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislation en vigueur enFrance. Il est prcis que son stockage dans une base de donnes est galement interdit.

    1 / 1

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • FRANOIS NOUDELMANN & GILLES PHILIPPE104 |

    Entretien avecFRANOIS NOUDELMANN& GILLES PHILIPPEDictionnaire Sartre (Champion)

    S . A . R . T . R . E

    Lentretien eut lieu la terrasse dun restaurant duQuartier latin. Il fut plusieurs fois interrompu, par le garonde caf, par un accordoniste faisant la manche, par unvendeur de journaux ; et les voix de temps en tempscouvertes par les bruits de la rue, par la musique, par lecamion municipal collectant les ordures. La touche Pause de lappareil enregistreur fut souvent presse.Dans les intervalles ainsi mnags lentretien se fit parfoisdbat ; le fil, quon a tent de retrouver ici, sest quelque-fois perdu. Que lambiance ait t point nommsartrienne, aucun des quatre, sur le moment, ne songeamme le mentionner.

    Bruno Clment : Vous publiez aux ditions Champion unDictionnaire jallais dire un Dictionnaire de plus quiest le Dictionnaire Sartre. Deux questions pralables, sivous voulez bien : pourquoi un dictionnaire ? Pourquoi undictionnaire maintenant ? La mode en effet est aux diction-naires, la collection dans laquelle vous publiez est unecollection de dictionnaires : que rpondrez-vous ceux quivous accusent de cder cette mode sans gard pour votreobjet ? Quant au second volet de la question, il nous amnencessairement parler du centenaire : 2005 sera sansdoute une grande anne Sartre ; un anniversaire, aussiimportant soit-il, aussi spectaculaire, suffit-il lgitimervotre entreprise ? En termes sartriens, la question seraitpeut-tre : est-ce que votre Dictionnaire est en situation ?Ou, plus simplement : est-ce bien le moment de publier unDictionnaire Sartre ?

    Gilles Philippe : Vous avez raison sur les deux points :le Dictionnaire, oui ; le centenaire, oui. Nous nesommes en effet que partiellement responsablesde lentreprise. Mais nous essayons de lassumer,puisque nous lavons mise en uvre. Le diction-naire est une faon darticuler le savoir lessavoirs qui semble correspondre notre poque.Pour des raisons qui nous chappent : on na pas lerecul permettant de dire pourquoi les annes1990 auront t celles des dictionnaires. Mais nossuccesseurs nous le diront sans aucun doute.Sur le moment, une chose peut-tre quand mme dire, de lintrieur de lunivers sartrien, cestquil y a eu, sans aucun doute, ces derniers temps,quelque chose comme une prise de relais. A la findes annes 1990, Michel Contat avait fait dans LeMonde un article intitul Les trois gnrations dela critique sartrienne . La premire de ces troisgnrations tait celle des tmoins ; la seconde,celle des commentateurs proches mais quinavaient plus lge de Sartre ; la dernire, apparueil y a une quinzaine dannes, est celle qui aujour-dhui fait lessentiel des travaux. Or, bien des gensde la deuxime gnration se sont fix la date ducentenaire pour passer autre chose et laisser laplace dautres ; certains, parmi les meilleursspcialistes, mont invit envisager le colloquede Cerisy 2005 comme le colloque des adieux. Il ya donc une succession assurer. Et nous essayonsde lassurer, notre faon, par ce Dictionnaire, ensollicitant, bien sr, les trois gnrations ; endisant explicitement quon prend le relais et quecela peut signifier quon va aborder les chosesdiffremment. Et cette forme un petit peu neutreou un peu banale du Dictionnaire est une faon dele dire : nous navons pas le rapport Sartre quonteu les tmoins, ou les successeurs immdiats, oules disciples immdiats.

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • PRIPHRIES | 105

    B. Clment : Vous seriez les hritiers ?

    G. Philippe : Les hritiers, oui : ceux qui appartien-nent la gnration qui na pas connu Sartre.

    Franois Noudelmann : Jajouterai pour ma part, propos de la date, de la situation historique, quece travail rpond effectivement une commandepasse loccasion du centenaire ; et que sonpublic est potentiellement celui de tous leslecteurs de Sartre, quils soient ou non sartriens,hritiers, dshrits ou btards de tous bords.Sartre a occup le champ intellectuel pendanttrs longtemps, en tout cas jusque dans lesannes 1960. Mais il y a eu aprs cela unepriode de repli, voire, aprs la mort de Sartre, unretour lordre. Il tait de bon ton alors de direque Sartre stait engag dans les idologies lesplus dltres. Bref, on sest mis valoriser toutdun coup des figures comme celles dAron, deCamus, pour les opposer, opposer leur sagesse,leur ralisme cette rvolte juvnile de Sartre. Il afallu attendre le vingtime anniversaire de sa mortpour que Sartre retrouve une actualit ditoriale :il sagissait alors de rhabiliter une figure qui avaitconnu un purgatoire dune vingtaine dannes. Ehbien, le centenaire correspond mon avis unnouveau moment : aujourdhui luvre de Sartrepeut tre tudie dans sa plus grande diversit,dans sa pluralit vritable. Il serait inexact de direque la chose est absolument nouvelle : lessartriens travaillent dans ce sens depuis long-temps ; mais le retour luvre de Sartre, sa red-couverte laquelle on assiste prsent, et qui estle fait dtudiants, de lecteurs, de spectateurs de metteurs en scne trs nombreux et trsdiffremment curieux, a lieu indpendamment deces conflits idologiques qui ont suivi les annes

    1980. Sur le Dictionnaire mais on y rpondrapeut-tre aprs.

    Patrick Vauday : Cest prcisment sur ce point que jevoulais poursuivre. Vous avez employ tout lheure, propos de la forme dictionnaire, lexpression de nouvellearticulation du savoir . Et justement je voudrais vousdemander, lun et lautre, dans quelle mesure la formedictionnaire correspond ou ne correspond pas la pensede Sartre. On pourrait penser a priori que la forme diction-naire, dans la mesure o sa combinatoire pulvrise enquelque sorte le mouvement dialectique, va plutt contre lemouvement du projet, de la perptuelle retotalisation qui atoujours anim la philosophie de Sartre. Quen pensez-vous ?

    F. Noudelmann : Cest dabord une question demthode : faut-il tudier Sartre partir des outilsthoriques de Sartre ? Faut-il suivre ce mouve-ment de totalisation et croire en ce quon peutaussi considrer comme une fiction, cest--direcroire en cette reprise, en cette digestion perp-tuelle par Sartre, de ses propres uvres quildpasserait continuellement ? Sartre sans doutela voulu ; faut-il pour cela continuer dadopter sonpoint de vue pour aborder son uvre ? Je suispersuad du contraire. Je crois quon peut aussiaborder Sartre sans avoir de regard sartrien.On est effectivement devant une uvre norme sans gale, je crois. Cest lune des choses quinous ont frapps, et qui nous ont ravis, Gilles etmoi : on a eu un plaisir immense collecter tousces textes, et dcouvrir loccasion du cente-naire, et grce la forme du dictionnaire cetteextraordinaire, cette incroyable diversit. Car ledictionnaire a cela de magnifique quil ne privil-gie aucun des aspects de luvre : ni le philoso-phique, ni le biographique, ni le politique, ni

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • FRANOIS NOUDELMANN & GILLES PHILIPPE106 |

    lintellectuel. Il fait voir un univers, et il le fait voirdans sa diversit. Alors bien sr, on peut tenterdapprhender cet univers en termes de totalit ce que font lgitimement certains critiques ; maison peut aussi lapprhender de manire complte-ment clate, on peut aussi archipliser Sartre, etconsidrer quil offre une matire dans laquelle onpeut entrer par des voies multiples, indites, sansce besoin de coller au mouvement que Sartre avoulu imprimer, sans ce souci de fidlit scrupu-leuse au rcit que Sartre fait de sa propre pense.Je crois que la forme dictionnaire est intressanteaussi pour cela : elle produit un accs inattendu,qui nest pas laccs dialectique, cest vrai, quiest un accs arbitraire. On parlera peut-tredailleurs du rapport de Sartre la forme alphab-tique. Forme arbitraire sans doute, mais dont onna pas suivre lordre arbitraire, comme leremarque Deleuze dans son Abcdaire ; Deleuzeaussi est pass par l. Et il le dit bien : on peutcommencer par le milieu ; on peut commencernimporte o. On ne va pas, comme lautodidactede La Nause, commencer la lettre A et terminer la lettre Z. On ouvre au hasard. Eh bien, cehasard, il appartient chaque lecteur den faireune ncessit, sa propre ncessit. Cest aulecteur lui-mme dinventer la ncessit de sonparcours et donc de faire que ce hasard, ou cetteconvention quest la suite alphabtique, prennesens et donne un juste accs lunivers de Sartre.

    B. Clment : Est-ce que la position que vous exprimez l,cest une position personnelle ou celle des sartriens engnral ? Autrement dit : est-ce que dans votre entreprisevous avez rencontr des rsistances, ou des rservesvenant du milieu ou des milieux sartriens ? Aucunersistance sur le principe mme du Dictionnaire ? Aucunersistance quant cette diversit dont vous parliez lins-

    tant ? Pas de rsistance non plus sur le principe que vousavez affich, et sur lequel on reviendra, de faire appel descomptences trs diffrentes. Est-ce que tout cela a tbien accept, dans le milieu sartrien ?

    F. Noudelmann : Il faut se dcrisper ; cest un jeuaussi, le Dictionnaire. Sartre lui-mme sestamus avec la forme dictionnaire. Il notait sespremires ides, quand il tait jeune, dans unpetit carnet carnet publicitaire des suppositoiresMidi selon lordre alphabtique. On est loin de latotalisation philosophique quil va inventerensuite

    B. Clment : Vous voulez dire que votre travail est enfantin ?

    F. Noudelmann : Bien sr ! Enfantin et pas infantile !Il faut jouer, il faut tre ludique. Voil ! LeDictionnaire est un ouvrage ludique

    G. Philippe : De vraie rsistance la forme diction-naire, je nai pas le souvenir den avoir rencontr.Personne ne ma signal que lentreprise taitstupide ou quelle tait anti-sartrienne. Elle ltaitde fait dans une certaine mesure. On sait quelordre alphabtique est pour Sartre et tout faitlgitimement lordre de rdaction le plus idiot,lapproche la moins justifie. Mais cest aussicelui qui donne finalement les lectures les plusintelligentes, puisque le choix du parcours estlaiss lapprciation de chacun et quon peutbondir dune notice lautre ou au contraire prf-rer la succession linaire. Cest ainsi qua chancede se reconstituer dans son paisseur la penseSartre, lunivers Sartre, sans risque que soit disso-cies durablement la politique, la littrature, laphilosophie, la vie personnelle ; cest ainsi questvraiment rendue ltoffe dune vie humaine, car

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • PRIPHRIES | 107

    dans une vie humaine, tout est mlang, tout vaen mme temps. Cest le sens que je donnerais ces rencontres, ces chocs parfois trs amusantsauquel donne lieu lordre alphabtique : dans leDictionnaire, la notice Un parterre decapucines (trs beau texte que Sartre consacra lItalie) prcde immdiatement celle de Particommuniste . Tout est ml. Il y a l desconnexions neuves, ou, linverse, des courts-circuits qui brossent de Sartre un portrait intres-sant et indit ; qui donnent lide dun autreSartre.

    P. Vauday : Ce que vous dites serait vrai je crois de nimportequel auteur qui on consacrerait un dictionnaire. Mais cequi me parat intressant, dans le cas spcifique de Sartre,cest que le dictionnaire fait bien apparatre, en dpit ducloisonnement des notices, lunit et la cohrence de lavision du monde, de lunivers selon Sartre, ce que vousappeliez tout lheure la plante Sartre , qui est aussi savision une certaine poque.

    F. Noudelmann : Je crois quon va faire aussi din-croyables dcouvertes en lisant ce Dictionnaire.Nous-mmes, enfin, moi-mme en tout cas, jaidcouvert des aspects des textes, des person-nages vraiment que jignorais et qui rvlent unSartre indit.

    P. Vauday : Oui, cest l sans doute le plus intressant ; cescourts-circuits dont vous parlez sont autant dtincellesintellectuelles.

    G. Philippe : Sartre dailleurs raconte dans Les Motsce que fut pour lui ce plaisir de la lecture dudictionnaire ou de lencyclopdie. Eh bien, notretour nous invitons le lecteur retrouver ce got dujeu dans un parcours qui va de Absence ,

    premire notice, Lena Zonina , lune desmatresses de Sartre qui fut aussi sa traductrice traductrice russe la Madame Z. qui sont ddisLes Mots.

    P. Vauday : La forme dictionnaire a encore pour effet dga-liser absolument toutes les rubriques, tous les articles,toutes les notions. Les notions voisinent avec les concepts,les concepts avec les personnages, les textes de circons-tance avec des textes littraires ou philosophiques. Cettegalisation ne va-t-elle pas lencontre de ce que Sartre aquand mme toujours veill scrupuleusement respecter, savoir le souci de classer ses crits en diffrents genres :les situations, le thtre, la littrature, la philosophie, lestextes politiques ?

    G. Philippe : Lgalisation dont vous parlez, celle desdiffrents aspects (de luvre, de la pense, de lavie de Sartre), est un peu tempre par le fait queles rubriques nont pas la mme longueur.Il y a trois types dentre qui sont : les notes, lesnotices, les articles. Ces trois types correspondenten gros un chelonnement hirarchique :certaines rubriques sont trs brves ; dautres sontmassives ; il y a de vritables synthses inditesdans le Dictionnaire. Rflexions sur la questionjuive occupe une place norme, par exemple :cest quon y synthtise aussi la thmatique delantismitisme, ou la thmatique de la questionjuive en gnral chez Sartre. Husserl et Descartessont devenus des articles nouveaux, trsconstruits, trs crits. ct de a, il y a des notesqui noccupent que quelques lignes, qui nont pasdautre raison dtre que dtablir un point factuel.Je pense donc qu la lecture, ft-elle un simplecoup dil, on se rend bien compte que la hirar-chie nest pas totalement brise, que malgrlordre alphabtique, on a quand mme une diff-

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • FRANOIS NOUDELMANN & GILLES PHILIPPE108 |

    renciation, une mise en perspective qui nest pastotalement crasante.

    F. Noudelmann : Je reviens sur cette classification pargenres dont vous parliez. Elle relve de catgoriesditoriales, il sagit peut-tre mme dune classifi-cation de Sartre lui-mme ; mais on nest pasoblig de la suivre non plus. Notre travail tousles deux a prcisment consist tudier, disons,en termes un peu schmatiques, la part littrairedans le philosophique, ou la part philosophiquedans le littraire, mais en bouleversant complte-ment justement ce quon entend par genre spcu-latif ou genre narratif. Car ce sont des catgoriesquil faut absolument contester je ne dis pas :annuler mme si Sartre les formule sa faon.

    B. Clment : Il a thoris quand mme la diffrence entrelcriture littraire et lcriture philosophique

    F. Noudelmann : Il la thorise, mais il la surtoutmise en pratique. Et ce qui est le plus intressant,ce nest pas sa thorie du partage, mais sapratique, beaucoup plus originale. Dans le dbat toujours actuel qui oppose les tenants dunedfinition stricte du genre philosophique, et ceuxqui ont fait sauter compltement la distinctionentre propre et figur, Sartre occupe une positionextrmement singulire quil faut redcouvrir.Et puis, attention ! lgalisation des entres nestpas lgalisation des notions. Certes on peut entrergalement par tous les cts, et cest important ;mais lgalisation est galement contrarie par lasingularit des auteurs. Le Dictionnaire Sartrenest pas un dictionnaire qui prtend donner unestricte dfinition, ou un rsum objectif desuvres : les auteurs certes sont tous sartriens cesont quand mme 65 spcialistes de Sartre venant

    du monde entier mais lhistoire de chacun, lepays do il vient font de chaque approche unevoie diffrente. Quand tel auteur cherche appro-fondir un aspect politique, ou moral, tel autreabordera un aspect peut-tre plus spculatif.Chaque entre tmoigne donc dun investissementde son auteur ; ce serait une erreur de considrer letexte dune note, ou dune notice, comme celuidun texte scientifique qui dirait sur les choses unevrit neutre ou platement positive.

    B. Clment : Gilles Philippe expliquait linstant que lalongueur des notices tait une manire de hirarchie. Voussemblez, vous, dire que lapport de chaque contributeur estspcifique, susceptible de donner telle ou telle partie deluvre un relief inconnu. Vous comptez donc sur leffet Dictionnaire pour induire une hirarchie nouvelle, cest--dire un Sartre nouveau ?

    F. Noudelmann : Sans doute ; mais la nouveaut neviendra pas seulement de la taille des notices, deleur orientation plus ou moins implique. Elleviendra aussi de leur multiplicit : jai t frapp,personnellement, par le nombre incroyable detextes que Sartre a crits, dans lesquels se mani-feste son engagement politique. ces textescorrespondent des notices trs courtes, cest vrai,mais quand on circule travers le RassemblementDmocratique Rvolutionnaire, Vive la Rvolution,Libration, La Cause du Peuple, on voit apparatrenon seulement lpoque mais linvestissementextraordinaire de Sartre. Cest donc aussi par ladmultiplication des notices qua chance dadve-nir cette hirarchie revisite dont nous parlonsdepuis tout lheure.

    P. Vauday : Il nest pas impossible dailleurs que ce dca-lage des rubriques rende assez bien compte de la pratique

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • PRIPHRIES | 109

    de Sartre lui-mme, qui dans la mme journe passait dela philosophie la littrature, dune interview lcrituredun texte politique, puis une runion avec les amis etc.Cest lpaisseur dune vie, finalement, qui est restituedans cette succession apparemment non ordonne ; cestaussi le type dinvestissement philosophique propre Sartre, dont la pense est toujours incarne.

    B. Clment : Autre manire de poser cette question delordre alatoire : vous avez couru, en lassumant, lerisque de la contradiction, puisque par loffice de lordrealphabtique se rencontrent, se touchent presque, destas de choses qui dans luvre sont rsolumentdisjointes. Ce mot de contradiction, je ne le prononcepas par hasard : cest un mot que luvre de Sartresoumet un travail de fond. Diriez-vous que votre entre-prise de dictionnaire accompagne ce mouvement etquil est donc une contribution ce travail sur la notionsartrienne de contradiction ? Ou est-ce que vous avezcherch, au contraire, gommer les contradictions ?

    F. Noudelmann : Contradiction, cest un mot quiappartient la dialectique. Je parlerais plusvolontiers comme tout lheure de court-circuit ou de connexion, que de contradiction. Jene sais pas ce que tu en penses, Gilles ?

    P. Vauday : Jtais en train de vrifier, en vous coutant :eh bien, il ny a pas dentre contradiction dans leDictionnaire

    F. Noudelmann : Ce que Sartre a essay de thoriserdu point de vue de la contradiction, dans Critiquede la raison dialectique, cest justement unemanire de ne pas rfrer systmatiquement lapraxis des contradictions de type conomique.Le renouvellement du marxisme quil a vouluoprer la amen proposer une autre intelligibi-

    lit de laction humaine que celle de la strictecontradiction dans sa logique hgliano-marxiste.Je ne suis pas sr au fond que ce soit un terme surlequel Sartre ait imprim une marque particulire.

    B. Clment : Quand mme Il parlait assez souvent de sonsystme, sans trop de rticences ; en tout cas, quand onprononait le mot devant lui, il ne se rcriait pas. Et il mesemble quil naimait pas trop quon le mette en face dedclarations de lui sur le mme sujet qui pouvaient secontredire.

    F. Noudelmann : Sartre ne cesse de se contredire,mais cest un pige : parce quil prend en chargelui-mme sa propre contradiction, quil la vole auxautres, et quil en donne lintelligibilit. Et cest lepige dans lequel il ne faut pas tomber.

    G. Philippe : Dune certaine manire, la thoriesartrienne du tourniquet (emblmatise par laformule Qui perd gagne ) rend compte de cetteambigut. Son analyse du mouvement dialec-tique est lucide, il sait que la synthse nest passon aboutissement ncessaire ; que le mouvementdialectique peut trs bien sarrter ou se bloquer dans lantithse, justement. Cest mme une solu-tion de salut qui ses yeux est tout fait lgitime, des moments particuliers dun parcours psycho-logique ou historique. part a, la notion desituation invalide en partie, chez Sartre, lereproche de contradiction, puisque chaque situa-tion implique une raction spcifique et que lessituations diffrent considrablement.Mais je voudrais faire remarquer que leDictionnaire ninduit pas seulement un effet coq lne qui peut faire passer sans transition deNvrose New York effet lui-mme susceptible,cest vrai, de faire apparatre des contradictions. Le

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • FRANOIS NOUDELMANN & GILLES PHILIPPE110 |

    Dictionnaire produit aussi des sries signifiantes.Prenez par exemple la srie des entres Guerre (Guerre de Core, Guerre dEspagne, GuerredIndochine, etc.) Une srie comme celle-l per -met de parcourir dans un ordre non chronologique lalphabet ne se soucie pas du chronologique lasrie des guerres sur lesquelles Sartre a eu prendre position et qui vont, l encore, faire appa-ratre les nuances, plus que les contradictions,dans lattitude de Sartre par rapport au rel, parrapport lui-mme cest--dire aussi par rapport son engagement.

    B. Clment : Il y a des renvois dans le Dictionnaire, dunenotice lautre ?

    G. Philippe : Bien sr. Mais nous avons choisi de nesignaler que les renvois qui nont pas de caractredvidence ; dans les autres cas, nous avons jugque le lecteur pouvait le faire lui-mme.

    P. Vauday : Il y a un autre effet pervers possible dudictionnaire, Gilles Philippe vient dy faire obliquementallusion, cest la question de la chronologie. Le diction-naire ne permet pas facilement de restituer une chrono-logie. Et dans le cas de luvre de Sartre, il semble quece soit quand mme assez dommageable ; cest uneuvre qui sest toujours pense dans le temps, dans lachronologie, dans la continuit, et mme quand il y avaitruptures, elles taient signales par Sartre lui-mme, quiessayait dailleurs de les prendre en compte. Commentvotre entreprise de dictionnaire gre-t-elle cette affairede la chronologie, au sens dune articulation de luvre lvnement et lhistoricit survenante ?

    F. Noudelmann : La chronologie, ce nest quunefaon de reprsenter le temps. Cest sans doutemme la modalit dorganisation du temps la plus

    bte. Le type dunit, de continuit quengendrela stricte succession des vnements est juste-ment celle que Sartre a continuellement dnon-ce. Ce quil a tent cest de penser et de mettreen uvre un rapport quil appelle rgressif-progressif au temps , travaillant mme demanire trs originale aujourdhui cest presquedevenu un poncif sur lanachronisme. Dans leFlaubert, justement, cest trs intressant, lanotion danticipation historique voire de pro -grammation historique lui permet de parler deGustave enfant comme dun auteur qui est djun auteur du Second Empire

    B. Clment : Il lest mme avant sa naissance

    F. Noudelmann : Avant sa naissance, oui Donctravailler la fois sur la projection et sur lantrio-rit, cest en tout cas dans luvre de Sartre une contestation de la chronologie. Suivre datepar date lactivit de Sartre, a me paratrait vrai-ment aussi absurde que procder selon un autresystme qui, comme lalphabet, savoue lui-mmecompltement arbitraire. Maintenant videm-ment, je nvacue pas la question de la tempora-lit dune uvre qui sinscrit en effet dans sonpoque et en situation. Rendre compte de cestemporalits internes et externes de luvre deSartre, cest bien lobjet de notre entreprise. Nousnavons pas la prtention de donner la vrit deSartre ; on ne peut pas donc pas reprocher auDictionnaire de ne pas tre une totalisation histo-rique de son uvre. Je refuse en tout cas lobjec-tion de la chronologie, voire de la biographie :Sartre lui-mme a beaucoup jou avec ces illu-sions, il a beaucoup mis en scne, et de maniretrs parodique, la biographie et le genre biogra-phique et sa fausse objectivit.

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • PRIPHRIES | 111

    B. Clment : Cette rponse a sa cohrence, mais elle ne meparat pas entirement satisfaisante. Quand Sartre proposede substituer la chronologie successive la mthodeprogressive/rgressive, il substitue un ordre qui ne faitpas sens (la chronologie) un ordre qui fait sens. Or ce nestpas exactement la dmarche quun dictionnaire peut suivre.Vous dites dailleurs vous-mme quil remplace un arbi-traire par un autre arbitraire. Ce nest pas comparable ceque fait Sartre quand il propose sa mthode progressive-rgressive .

    F. Noudelmann : Il aurait donc fallu quon fassequelque chose qui soit de type projet sartrien ?

    B. Clment : Je posais la question au nom des sartriens ; ilsne peuvent pas ne pas se la poser

    F. Noudelmann : La rponse, le Dictionnaire la donnelui-mme. En assumant son caractre arbitraire :le Dictionnaire ne prtend pas tre ou avoir lin-telligence, cest un alatoire qui suit simplementle choix de la premire lettre. Il na pas dautresprtentions que le caractre ais, facile de sonemploi. Et puis, les outils chronologiques exis-tent dj ; on a sur le march Les crits de Sartrede Contat et Rybalka, on a la biographie deCohen Solal, qui restent des outils importants.Notre but nest pas de fournir un outil qui, parrapport ceux qui existent dj, soit redondant.Ce que nous offrons est trs diffrent, et cestaussi pourquoi nous pensons que cest extrme-ment utile. On sest souvent dit en prparant leDictionnaire quon aurait aim avoir notredisposition un tel instrument de travail lorsquenous tions tudiants. Cela reste en effet unoutil, pas une thse. Lintelligence du diction-naire, elle nest pas dans lobjet, mais danslusage de cet objet.

    P. Vauday : Justement, dans quelle mesure cette dchrono-logisation du texte (bruit de moto) permet-elle, selon vous,de dcouvrir de nouveaux aperus ? Y a-t-il des rcur-rences, des rsonances, que le dictionnaire permet dereprer, au-del de la chronologie ? Pourriez-vous donnerun exemple ?

    G. Philippe : Sil y a des rcurrences importantes,elles sont normalement thmatises dans unarticle. Et puisque vous demandez un exemple :on pourrait imaginer que le rapport de Sartre lItalie reste dissmin dans des notices (noticessur les intellectuels italiens, notices sur la rcep-tion de Sartre en Italie, etc.) ; mais comme lenud simposait comme centre dune thmatiqueforte, on a dcid de lui consacrer une entre,quitte videmment suggrer un retour desentres de dtail beaucoup plus prcises. Il y adonc une entre Italie , mais nous navons passupprim pour autant les entres correspondantpar exemple chacune des grandes villes queSartre a frquentes (Rome, Naples, Venise) Cesnotices sont plus ou moins longues mais elles sontpour le lecteur une incitation voyager dans leDictionnaire, selon de libres va-et-vient ; dans lanotice centrale, laquelle il peut toujours se rf-rer, il trouvera des informations plus synthtiques.

    B. Clment : Tout lheure Franois Noudelmann faisaitallusion la diversit des contributeurs, quil dit trepourtant tous sartriens . Votre parti pris affich at celui de la diversit des horizons critiques, mtho-diques, peut-tre mme idologiques. quoi corres-pond ce parti pris ? Et comment le justifiez-vous auxyeux des sartriens de plus longue date, par exemple ?Et puisquon sait bien quil ny a pas de dictionnaireentirement neutre, sans pense de derrire , laquestion quon se posera ncessairement sera celle de

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • FRANOIS NOUDELMANN & GILLES PHILIPPE112 |

    votre principe, ou de votre orientation. Est-ce que vousaviez a priori dans lide un Sartre dont vous vouliezfaire merger limage dans et par le Dictionnaire ? Ouau contraire (musique daccordon) tiez-vous dci-ds reconnatre comme visage de Sartre celui qui sedgagerait de lentreprise ?

    G. Philippe : Je vais reprendre sur le tout premierpoint. Pour commencer par des nuances : il ny apas dauteurs opposs Sartre dans le Dictionnaire,comme il y en eut et de violents dans les annes1960-1970, voire 1980. Il y a des gens qui naccepteraient pas ltiquette de sartrien , et juste titre : soit parce quils ont peu travaill surSartre, soit tout simplement parce quils ne sesti-ment pas en mesure de revendiquer cette tiquetteou cet hritage. Je pense quelquun commeGisle Sapiro, qui a sign un grand nombre den-tres sur la priode de la collaboration, de laguerre, sur Socialisme et libert, sur les textes deSartre de Situations III, etc., et qui, je crois, ne sedirait pas sartrienne.

    F. Noudelmann : Mais est-ce que je peux vous poserune question mon tour : quest-ce que cest pourvous un sartrien ?

    B. Clment : Cest quelquun qui dit quil est sartrien.

    F. Noudelmann : Je ne suis pas sr alors dtre unsartrien. Jai une immense admiration pourSartre, mais est-ce que je suis sartrien ? Je nesais pas. Ce qui est sr, et cela rpondra peut-tre vos questions, cest que cette discussion a eulieu entre nous ds le dpart. Il y avait deuxoptions. La premire consistait uniformiser leDictionnaire en faisant appel un nombre assezrestreint dauteurs qui auraient eu toute facilit

    pour se concerter, saccorder sur les principesgnraux. Lautre option tait dfendue par Gillesqui pensait prfrable de faire appel une trslarge quipe. Je crois aujourdhui que ctait lameilleure option ; en tout cas les rsultatsmontrent quil a eu parfaitement raison ; parceque justement cest l loriginalit de ceDictionnaire, ce quil montre lvidence luni-vers Sartre est compos aussi de la multiplicitde ses lecteurs, de la diversit de ses rceptions.Cest quand mme un auteur qui nest pas unauteur franais proprement parler : il y a unSartre brsilien, un Sartre cubain, russe, italien,amricain, africain, japonais Eh bien, si leDictionnaire peut donner une ide de tous cesSartre diffrents, cest que les approches sontsingulires, impossibles mettre sur un piedunique. Cest aussi quelles sont capables defaire apparatre des diversions. Il tait importantaussi dintgrer, par ces diffrents auteurs, Sartredans ses diversions. Alors sartriens, nonsartriens, anti-sartriens ? Certes il ny a pas dansle Dictionnaire danti-sartriens (parce quvidem-ment, vous le savez bien, il y a les sartrophiles etles sartrophobes, il y a dailleurs une entre l-dessus). Disons que tous ceux qui ont travaillsur ce Dictionnaire sont des gens qui connaissenttrs bien luvre de Sartre. Alors si cest a, tresartrien, effectivement, lquipe est sartrienne.Mais en revanche, je crois pouvoir dire quil arrive tous ceux qui ont particip davoir de temps entemps un rapport critique Sartre.

    B. Clment : Paradoxalement, on pourrait dire que ledictionnaire qui dhabitude a comme effet de donner de lapersonne une vision autorise, aura presque ici leffetcontraire : il ny aura plus un Sartre autoris, puisque vousavez fait appel des comptences trs diffrentes, mais

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie

  • CORPUS

    des Sartre divers. Et ce qui est autoris, dsormais, cestquil y ait plusieurs Sartre.

    G. Philippe : Absolument. On a voulu rendrecompte, je le disais tout lheure, de lpaisseur,mais aussi de la complexit du personnage. LeDictionnaire Sartre nest pas simplement undictionnaire sur Sartre ; cest aussi effectivementune image de ce que lauteur reprsente dans laconscience de 2005, ce quil est ou non pour la

    France en 2005. Il y aurait donc deux lectures,ou deux usages possibles du Dictionnaire. Lapremire consisterait y voir, traditionnellement,une source dinformations sur Sartre ; laseconde, prendre acte de ce quest aujourdhuiune critique sur lauteur envisag dans sa multi-plicit et dans sa diversit jajouterais : surlensemble de la plante, puisquon a affaire un auteur qui a t lu et travaill lchelle de laplante.

    | 113

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    187

    .106

    .40.

    199

    - 20/

    07/2

    013

    01h0

    0.

    Col

    lge

    inte

    rnat

    iona

    l de

    Philo

    soph

    ie

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 187.106.40.199 - 20/07/2013 01h00. Collge international de Philosophie