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Du parricide à l'univocité.
Pluralité des sens de l'étant, analogie et
univocité : d'Aristote aux débats scolas<ques
Séminaire M2 a.a. 2013-‐2014
Pasquale Porro
Parménide • DK, B 2 [= Procl., In Tim. I 345, 18-‐27; Simpl., In Phys., 116-‐117, 28-‐1] • Trad. H.-‐A. de Weck [basée sur J.E. Raven]: • « Viens maintenant et je te dirai (et tu dois emporter mes paroles avec toi lorsque tu les
auras entendues) quelles sont les seules voies de la recherche auxquelles il faut penser. La première, celle du [il] est, celui pour qui il est impossible de ne pas être, est la voie de la Persuasion (car elle sert la Vérité) ; l’autre voie, celle du [il] n’est pas, celui pour qui il est nécessaire qu’il ne soit pas, ce^e voie-‐là, je te l’affirme, est inexplorable : car tu ne pourrais connaître ce qui n’est pas – cela ne peut être fait – ni en parler ».
• Trad. B. Cassin: • « Viens que j’énonce – mais toi, charge-‐toi du récit que tu auras entendu –
quelles voies de recherches seules sont à penser : l’une que est et que n’est pas ne pas être, c’est le chemin de la persuasion, car il suit la vérité ; l’autre que n’est pas et qu’est besoin de ne pas être, celle-‐là, je t’indique que c’est un senfer dont on ne peut rien savoir car tu ne saurais connaître ce qui, en tout cas, n’est pas (car on ne peut venir à bout) ni l’exprimer».
Parménide DK, B 6 [= Simpl., In Phys., 86, 27-‐28]
• Trad. H.-‐A. de Weck [basée sur J.E. Raven]: • « Ce qui peut être dit et pensé, doit nécessairement être ; car
cela est pour être, mais ce qui n’est rien, n’est pas »
• Trad. B. Cassin: « Voici ce qu’il est besoin de dire et penser : est en étant, car est être. Mais rien n’est pas […] »
Parménide DK, B 7 [= Plato, Soph. 237 a8-‐9 ; 258 d2-‐3 Simplicius, In Phys., 135, 21-‐22, 143-‐144, 31-‐1, 244, 1-‐2] : • Trad. H.-‐A. de Weck [basée sur J.E. Raven]: • « Car jamais ne pourra être soutenu de force que les
choses qui sont, ne sont pas, mais tu dois détourner ta pensée de ce^e voie de recherche […] ».
Trad. B. Cassin: • « Car jamais ceci ne sera dompté : être des non-‐étants.
Toi, écarte donc ta pensée de ce^e voie de recherche […] ».
Platon, Sophiste
• L’Étranger d’Élée : Maintenant j’ai encore une prière plus pressante à t’adresser.
• Théétète : Laquelle ? • L’Étranger : De ne pas me regarder comme une sorte de
parricide: • Théétète : Qu’est-‐ce à dire ? • L’Étranger : C’est qu’il nous faudra nécessairement, pour
nous défendre, me^re à la quesfon la thèse de notre père Parménide et prouver par la force de nos arguments que le non-‐être est sous certain rapport, et que l’être, de son côté, n’est pas en quelque manière [241 D].
Platon, Sophiste
• L’Étranger d’Élée : C’est que ce^e asserfon implique l’audacieuse supposifon que le non-‐être existe, car, autrement, le faux ne pourrait pas être. Or le grand Parménide, mon enfant, au temps où nous éfons enfants nous-‐mêmes, a toujours, du commencement jusqu’à la fin, protesté contre ce^e supposifon et il a constamment répété en prose comme en vers : Non, jamais on ne prouvera que le non-‐être existe. Ecarte plutôt ta pensée de ceBe roue de recherche [237 A].
Platon, Sophiste
• L’Étranger d’Élée : […] si connaître, c’est agir, par contre, il s’ensuit nécessairement que ce qui est connu pâft. Suivant ce raisonnement, l’être, étant connu par la connaissance, et dans la mesure où il est connu, sera mû dans ce^e mesure, puisqu’il passif, et cela, disons-‐nous, ne peut arriver à ce qui est en repos.
• […] Mais, au nom de Zeus, nous laisserons-‐nous si aisément persuader que le mouvement, la vie, l’âme, la pensée n’ont vraiment pas de place en l’être absolu, qu’il ne vit ni ne pense, et que, vénérable et sacré, dénué d’intelligence, il reste figé et sans mouvement ? [248 E – 249 A].
Platon, Sophiste
• L’Étranger d’Élée : Quand nous énonçons le non-‐être (to mē on legōmen),nous n’énonçons point, ce me semble, quelque chose de contraire à l’être (tou ontos), mais seulement quelque chose d’autre […] Quand donc on prétendra que la négafon signifie le contraire de la chose énoncée, nous ne l’adme^rons pas ; nous adme^rons seulement que c’est une chose différente qu’expriment le “ non ” et le “ ne pas ” placés devant les noms qui suivent, ou plutôt devant les choses désignées par les noms énoncés derrière la négafon. [257 B-‐C].
Platon, Sophiste
• L’Étranger d’Élée : Alors n’est-‐il, comme tu l’as dit, inférieur en être à aucune autre chose, et faut-‐il dès lors affirmer hardiment que le non-‐être a une existence solide et une nature qui lui est propre, et, comme nous avons dit que le grand est grand et le beau beau, et que le non-‐grand est non grand et le non-‐beau non beau, ne dirons-‐nous pas de même que le non-‐être était et est non-‐être au même ftre, et qu’il compte pour un genre dans la mulftude des genres. […] Te rends-‐tu compte à présent que nous avons enfreint la défense de Parménide et que nous nous sommes portés au-‐delà des limites qu’il nous avait prescrites ?
Platon, Sophiste
• Théétète : Comment cela ? • L’Étranger : Nous avons exploré un terrain qu’il nous avait
interdit, et, en poussant de l’avant nos recherches, nous lui avons montré son erreur.
• Théétète : Comment ? • L’Étranger : C’est qu’il nous dit quelque part : Non, jamais
tu ne pourrais forcer des non-‐êtres à être. Ecarte ta pensée de ce^e route de recherche. […] Or nous, nous n’avons pas seulement démontré que les non-‐êtres sont, mais nous avons aussi fait voir en quoi consiste la forme [le genre : eidos] du non-‐être (tou mē ontos)» [258 C-‐D].
Platon, Sophiste
• L’Étranger : Il faut donc compter la nature de l’autre comme cinquième parmi les formes que nous avons choisies […] Et nous dirons qu’elle a pénétré dans toutes les formes ; car chacune en parfculier est autre que les autres, non point par sa propre nature, mais parce qu’elle par<cipe de l’idée de l’autre [255 E].
Aristote, Physique
• I, 2, 185 a 21 ss.: « Le commencement le plus approprié de tous, puisque l’étant se dit de plusieurs façons, est de voir comment le disent ceux qui disent que toutes choses sont une ».
Aristote, Physique
• I, 3, 186 a 22 ss.: « Contre Parménide, on peut ufliser le même type d’arguments, même si certains autres lui sont propres, et la réfutafon se fait d’une part parce qu’il se trompe [de prémisses], d’autre part parce qu’il ne conclut pas : il se trompe en ce qu’il considère que l’étant se dit absolument (haplōs), alors qu’il se dit de plusieurs façons […] ».
Aristote, Métaphysique
• Δ (= V), 7: L’être se dit : i) Par accident ; ii) Par essence [kath’autó] (l’être par essence
reçoit autant d’accepfons qu’il y a de sortes de catégories, car les significafons de l’être sont aussi nombreuses que ces catégories) ;
iii) comme vrai et faux ; iv) comme puissance et acte (entéléchie).
Aristote, Métaphysique
• Δ (= V), 7: L’être se dit : i) Par accident ; ii) Par essence [kath’autó] (l’être par essence
reçoit autant d’accep<ons qu’il y a de sortes de catégories, car les significa<ons de l’être sont aussi nombreuses que ces catégories) ;
iii) comme vrai et faux ; iv) comme puissance et acte (entéléchie).
Aristote, Métaphysique • Δ (= V), 7: L’être par essence reçoit autant d’accepfons qu’il y a de sortes de catégories, car les significafons de l’être sont aussi nombreuses que ces catégories. Or, des prédicats, les uns indiquent la substance, d’autres, la qualité, d’autres, la quanfté, d’autres, la relafon, d’autres, l’acfon ou la passion, d’autres, le lieu, et d’autres, le temps. L’être se prend donc dans le même sens que chacun de ces modes. Il n’y a, en effet, aucune différence entre “ l’homme est bien portant ” et “ l’homme se porte bien ”, ni entre “ l’homme est se promenant ” ou “ coupant ” et “ l’homme se promène ” ou “ coupe ”. Il en est de même pour les autres cas.
Aristote, Métaphysique • Δ (= V), 28, 1024 b 10 ss.: “ Différentes par le genre ” se dit des choses dont le sujet prochain est différent, et qui sont irréducfbles les unes aux autres, ou ne peuvent rentrer dans une même chose : par exemple, la forme et la mafère diffèrent par le genre. Il en est de même de tout ce qui tombe sous des catégories différentes de l’être, car certaines choses qui sont dites “ être ” signifient soit une substance, soit une qualité, soit d’autres catégories précédemment disfnguées. Or ces modes de l’être sont irréducfbles les uns aux autres, et ne peuvent non plus rentrer dans un seul.
Aristote, Métaphysique • Δ (= V), 28, 1024 a 28 ss.: ‘Genre’ exprime:
(i) La générafon confnue des êtres ayant la même forme;
(ii) Ce dont les êtres dérivent, le principe qui les fait passer à l’être;
(iii) Le sujet des différences; (iv) Dans les défini<ons, ce qui est comme le premier
élément cons<tuant, lequel est affirmé de l’essence ; ce dont les qualités sont dites être les différences.
Aristote, Métaphysique • B (= III), 3, 998 b 17-‐27 [sepfème aporie]: • « Si, en effet, ce qui est universel est toujours le plus principe, il
est clair que les genres le plus élevés seront les principes, car ils sont affirmés de la totalité des êtres. Il y aura donc autant de principes des choses que des genres premiers, de sort que l’Être et l’Un seront principes et substances, car ce sont ces nofons qui sont le plus affirmées de la totalité des êtres. Mais il n’est pas possible que l’Un ou l’Être soit un genre des êtres. Il faut nécessairement, en effet, que les différences de chaque genre existent et que chaque différence soit une ; or il est impossible aussi que le genre, pris à part de ses espèces, soit a^ribué à ces différences. Si donc l’Un ou l’Être est un genre, aucune différence ne sera ni être, ni une. D’autre part, si l’Être et l’Un ne sont pas des genres, ils ne seront pas non plus des principes, puisque les genres sont principes ».
Aristote, Topiques
• VI, 6, 144 a 36 – b3: « En effet, si l’on veut que l’animal soit affirmé de chacune de ses différences, l’animal sera alors plusieurs fois affirmé de l’espèce, puisque les différences sont affirmées de l’espèce. J’ajoute que les différences seront toutes soit des espèces, soit des individus, si elles sont des animaux, car chaque animal est soit une espèce, soit un individu ».
Aristote, Topiques • VI, 6, 144 a 36 – b3: Si le genre s’a^ribuait à la différence (et non à l’espèce) :
• Il serait prédiqué plusieurs fois de la même espèce, parce qu’il serait prédiqué de l’espèce et de la différence qui la consftue (‘animal’ se dirait une fois de l' espèce ‘homme’, une fois de la différence ‘raisonnable’);
• Chaque différence serait soit une espèce soit un individu, parce que chaque genre se détermine toujours soit comme espèce soit comme individu (si ‘raisonnable’ était ‘animal’, il serait nécessaire que ‘raisonnable’ soit une espèce d’animaux ou un animal individuel, puisque rien d' autre n’est contenu dans le genre que l’espèce et l' individu).
• Donc : le genre non se prédique pas des différences, mais de l’espèce, de laquelle se prédique aussi la différence.
Aristote, Métaphysique
• B (= III), 4, 1001 a 9-‐12 (onzième aporie) : « Platon et les Pythagoriciens pensent, en effet, que l’Être et l’Un ne sont pas quelque autre chose, mais que cela même est leur nature, leur substance étant précisément l’Un lui-‐même et l’Être lui-‐même ».
Aristote, Métaphysique
• B (= III), 4, 1001 a 27-‐29 (onzième aporie) : « Mais, s’il y a un Un en soi et un Être en soi, il est nécessaire que leur substance soit l’Un et l’Être, car il n’y a rien d’autre qui puisse être a^ribué universellement à tout ce qui est ou est un, à l’excepfon de l’Être et de l’Un mêmes ».
Aristote, Métaphysique
• B (= III), 4, 1001 a 29-‐b 1 (onzième aporie): « Mais si l’Être en soi et l’Un en soi sont des substances, une grande difficulté sera de comprendre comment quelque autre chose existera en dehors de l’Être et de l’Un, je veux dire comment les êtres seront mulfples. En effet l’autre que l’Être, n’est pas, de sorte qu’il en résulte nécessairement ce que soutenait Parménide, savoir que tous les êtres sont un et que cet Un est l’Être ».
Aristote, Métaphysique • N (= XIV), 2, 1088 b 35 – 1089 a 6 : « Un foule de causes expliquent l’égarement des Platoniciens dans le choix de leurs principes. La principale, c’est qu’on s’est embarrassé dans des difficultés archaïques. On a cru que tous les êtres n’en formeraient qu’un seul, savoir l’Être lui-‐même [autò tò ón], si on n’arrivait pas à résoudre et à réfuter l’argument de Parménide “ car jamais on ne fera que ce qui est n’est pas ”. Il était donc, croyait-‐on, nécessaire de prouver que le Non-‐Être est ; à ce^e condifon seulement, les êtres, s’ils sont mulfples, dériveront de l’Être et d’un principe autre que l’Être ».
Aristote, Métaphysique
• N (= XIV), 2, 1089 a 7-‐10 : « Mais d’abord, si l’Être se prend en plusieurs accepfons (il y a l’Être qui signifie substance, l’Être selon la qualité, selon la quanfté, et selon chacune des autres catégories), sous quelle catégorie tous les êtres seraient-‐ils donc un, si le Non-‐Être n’était pas ? ».
Aristote, Métaphysique
Toute la polémique anf-‐platonicienne d’Aristote converge sur le ‘slogan’ fondamental du livre Γ (IV): l’être se prend en plusieurs accep<ons… [un ‘slogan’, une solufon ou un problème ?]
• M. Narcy, La Métaphysique. Tradition grecque: Origine et titre, dans R. Goulet (sous la direction de), Dictionnaire des philosophes antiques. Supplément (préparé par R. Goulet avec la collaboration de J.-M. Flamand / M. Aouad), Éditions du CNRS, Paris 2003, p. 224-229.
La ‘ Métaphysique ’ dans les catalogues anciens
• Diogène Laërce (Vitae Philosophorum, V, 22 ss.): aucune ‘ Métaphysique ’ n’apparaît (catalogue fondé sur Hermippe ou Ariston de Céos)
• Vita Menagiana (Anonymus Menagii = Hésichios de Milet ?): Metaphysica en 10 ou 20 livres
• Ptolémée el-‐Garib: une ‘ Métaphysique ’ en 13 livres (liste fondée sur un catalogue composé après le premier siècle)
• La Metaphysica (?) “ hellénisfque ”: A B Γ E Z H Θ I M N (I-‐III-‐IV-‐VI-‐VII-‐VIII-‐IX-‐X-‐XIII-‐XIV)
Α = I α = II B = III Γ = IV Δ = V Ε = VI Ζ = VII
Η = VIII Θ = IX Ι = X Κ = XI Λ = XII Μ = XIII Ν = XIV
A
• prote philosophia (A 10, 993 a 15-‐16): Tricot: La philosophie des premiers temps, jeune encore et à son début, semble, en effet, bégayer sur toutes choses
Ross: For the earliest philosophy is, on all subjects, like one who lisps
Reale: La filosofia primi<va, infa�, sembra che balbe� su tu^e le cose, essendo giovane e ai suoi primi passi.
A Excellence (éminence) du sujet : • « les choses ardues et présentant de grandes difficultés pour la connaissance humaine » (A 2, 982 a 10-‐11); «il est extrêmement difficile pour les hommes d’arriver à ces connaissances» (A 2, 982 a 24)
• « elles sont le plus en dehors de la portée des sens » (A 2, 982 a 24)
• « sciences de principes [tà prôta] » (A 2, 982 a 26) • « des choses divines » (A 2, 983 a 7)
A [ Alpha meizon]
• Universalité du sujet : A 2, 982 a 22: le ‘philosophe’ « possède la science de
l’universel ». A 2, 982 a 8-‐10: « Nous concevons d’abord le philosophe
comme possédant la totalité du savoir, dans la mesure du possible, mais sans avoir la science de chaque objet en parfculier ».
A 2 982 a 24-‐25: la sophia porte sur « ces connaissances le plus universelles ».
A [ Alpha meizon]
Le projet aristotélicien : excellence + universalité
les choses ‘ ardues ’, divines, en dehors de la portée des sens +
les choses le plus universelles Comment ? • hypothèse évolufve (Jaeger) : mais les deux exigences coexistent dès le
début • par contre, les platoniciens disposaient d’une solufon par l’arfculafon
de formes et principes : mais ce^e arfculafon est précisément la solufon écartée par Aristote dans le livre A.
Metaph., A 9, 992 b 18-‐30: « En général, rechercher les éléments des êtres sans disfnguer les différentes accepfons de l’être, c’est se rendre incapable de les trouver, surtout si on recherche de ce^e façon les éléments dont les choses sont consftuées. De quels éléments, en effet, sont composés le ‘faire’, ou le ‘pâfr’, ou le droit ? C’est ce qu’il est certainement impossible de découvrir ; si les éléments peuvent être découverts, ce ne peut être que les éléments des substances ; de sorte que chercher les éléments de tous les êtres, ou penser qu’on les a trouvés, est une méprise.
Metaph., A 9, 992 b 18-‐30:
« Comment d’ailleurs apprendrait-‐on les éléments de toutes choses ? Il est évident qu’il ne faudrait posséder aucune connaissance antérieure. C’est ainsi que celui qui commence d’apprendre la géométrie, bien qu’il puisse posséder d’autres connaissances antérieures, ignore tout de l’objet même de la science en quesfon et des mafères qu’il se propose d’apprendre. Il en est de même dans tous les autres cas [–>]
Metaph., A 9, 992 b 18-‐30:
« Si donc il existe, comme on le prétend, une science de toutes choses, on l’abordera sans connaissance antérieure ».
Le projet anf-‐platonicien d’Aristote :
• An<-‐réduc<onnisme ontologique : c’est impossible de ramener toutes choses à peu de principes
• An<-‐réduc<onnisme épistemologique : chaque science porte sur un genre déterminé (c’est-‐à-‐dire, doit posséder un sujet déterminé), et possède ses principes (An. Post.)
Le projet aristotélicien : défense de la légifmité des sciences parfculières contre la super-‐science platonicienne.
• Mais alors : a. Quel est le genre déterminé (quel est le sujet) de la
nouvelle science aristotélicienne ? [de l’epizetoumene episteme]
b. Comment ce^e nouvelle science peut-‐elle être en même temps ‘ première ’ et ‘ universelle ’ ?
α [ Alpha ela^on]
α 3, 995 a 15-‐19 : « L’exacftude rigoureuse des mathémafques ne doit pas être recherchée en tout, mais seulement dans les objets qui n’ont pas de mafère. C’est pourquoi le mode d’argumentafon <des mathémafques> n’est pas celui de la physique, car sans doute la nature tout enfère confent de la mafère. Voilà pourquoi il faut examiner d’abord ce qu’est la nature, car il sera ainsi mis en évidence de quels objets traite la physique et s’il apparfent à une science ou à plusieurs de considérer les causes et les principes » [trad. M.-‐P. Duminil / A. Jaulin].
Β – Les premières apories (aporíai)
• 1. Revient-‐il à une seule science ou à plusieurs d’étudier tous les genres de causes ?
• 2. S’il revient à une seule science ou à plusieurs de traiter des principes démonstraffs (j’appelle principes démonstraffs les opinions communes [les axiomes] à parfr desquelles tous font les démonstrafons, par exemple que toute chose est nécessairement ou affirmée ou niée, qu’il est impossible d’être et de ne pas être en même temps, et toutes les autres prémisses de ce^e sorte), s’il y a une seule science de ces prémisses et de la substance, ou deux et, si ce n’est pas une seule science, laquelle des deux faut-‐il désigner comme celle qui est recherchée maintenant ?
Β – Les premières apories (aporíai)
• 3 (a) Et, en général, les substances relèvent-‐elles toutes d’une seule science ou de plusieurs ? Si, en fait, ce n’est pas d’une seule science, quelle substance doit-‐on poser comme objet de ce^e science ?
• 3 (b) De plus, l’étude porte-‐t-‐elle seulement sur les substances ou aussi sur leurs coïncidents <par soi> ? […] En effet, donner une explicafon sur ce point est de la plus haute difficulté.
Β – Les premières apories (aporíai)
• 4. De plus, faut-‐il affirmer que les substances sensibles existent seules ou qu’à côté d’elles, il y en a aussi d’autres et que les genres des substances se trouvent être d’une seule sorte ou de plusieurs, comme le font ceux qui parlent des formes et des intermédiaires dont traitent, selon eux, les sciences mathémafques ?
Universalité vs. éminence : une seule science
• C’est à une seule science qu’il revient d’étudier tous les genres de causes
• C’est à une seule science qu’il revient de s’occuper des premiers principes de la substance et aussi des principes des démonstrafons
• C’est à une seule science qu’il revient de s’occuper de toutes les substances
• C’est à une seule science qu’il revient d’enquêter sur les substances et sur leur propriétés (leurs a^ributs, leurs coïncidents <par soi>).
Éminence vs. universalité : plusieurs sciences
• C’est à des sciences différentes qu’il revient d’étudier les différents genres de causes
• C’est à des sciences différentes qu’il revient de s’occuper des premiers principes de la substance et des principes des démonstrafons
• C’est à des sciences différentes qu’il revient de s’occuper des différents genres de substances
• C’est à des sciences différentes qu’il revient de d’enquêter sur les substances et sur leur propriétés (leurs a^ributs, leurs coïncidents <par soi>).
Β comme agenda (plan de travail) d’Aristote
Mise en évidence et mise en quesfon de la polarité, de la tension déjà soulignée en Α : • ou bien il faut replier sur une ‘super’-‐science ou ‘méta-‐’science de type platonicien ; • ou bien, si l’on admet plusieurs sciences, il faut indiquer laquelle parmi elles peut être considérée sophia (sagesse/savoir) au sens propre.
Metaph., B 2, 997 a 11-‐14
• « Mais d’autre part, si la science de la substance est différente de celle de ces principes [à savoir, des axiomes, des principes démonstraPfs], laquelle des deux est par nature la plus souveraine et la première ? En effet, les axiomes sont universels au plus haut point et principes de tout, et si ce n’est pas au philosophe d’en traiter, à qui d’autre reviendra-‐t-‐il d’en étudier la vérité ou la fausseté ? ».
Γ – Le projet d’une science de l’être, en tant qu’être
« Il y a une science qui étudie l’être, en tant qu’être, et les propriétés qui apparfennent à cet être par soi. Ce^e science n’est idenfque à aucune de celles qu’on appelle parfelles, car aucune des autres n’examine en totalité [katholou : en ‘universel’] l’être, en tant qu’être, mais elles en découpent une parfe et étudient à son sujet le coïncident par soi, comme font les sciences mathémafques ».
Deux problèmes fondamentaux soulevés par le nouveau projet de Γ : (i). est-‐ce que l’être est un genre ? [car chaque science doit porter sur un genre déterminé ; voir An. Post., I, 28, 87 a 38-‐39: « Est une la science qui est celle d’un genre un […] »] (ii). que se passe-‐t-‐il de l’autre caractérisfque essenfelle de la science que nous sommes en train de chercher, à savoir de l’éminence ?
An. Post., II, 7, 92 b 14:
• « Or le fait d’être n’est essence de rien, car l’étant n’est pas un genre » [trad. P. Pellegrin].
Solufon à la première quesfon (i) : l’être n’est pas un seul genre, mais se dit relafvement à un seul principe [pròs hén] Γ 2, 1003 b 5-‐19 : « […] l’être se dit en plusieurs sens, mais à chaque fois
rela<vement à un seul principe. En effet, certaines choses sont dites des êtres parce qu’elles sont des substances, d’autres parce qu’elles sont des affecfons d’une substance, d’autres parce qu’elles sont une route vers une substance, ou des corrupfons, ou des privafons, ou des qualités, ou sont productrices ou génératrices d’une substance ou de ce qui se dit relafvement à la substance, ou des négafons de l’une de ces choses ou d’une substance ; c’est pourquoi nous affirmons que même le non-‐être est non-‐être. » [à]
Solufon à la première quesfon (i) : l’être n’est pas un seul genre, mais se dit relafvement à un seul principe [pròs hén] Γ 2, 1003 b 5-‐19 : « Donc, de même que de tout ce qui est sain il y a une seule science, de même en est-‐il aussi des autres cas. En effet, non seulement l’étude de ce qui se dit selon un seul sens relève d’une seule science, mais aussi l’étude de ce qui se dit en rela<on avec une seule nature, car d’une certaine façon cela aussi se dit selon l’un. » [à]
Solufon à la première quesfon (i) : l’être n’est pas un seul genre, mais se dit relafvement à un seul principe [pròs hén] Γ 2, 1003 b 5-‐19 : « Donc, à l’évidence, l’étude des êtres, en tant qu’êtres, relève, elle aussi, d’une seule science. Or, partout la science est proprement science de ce qui est premier, dont dépend tout le reste et par quoi il se dit. Donc, si c’est la substance, il faudra que le philosophe possède les principes et les causes des substances ».
Solufon à la première quesfon (i) : • L’être n’est pas un genre, mais il possède une certaine unité relafve (une unité perspecfve ou ‘ focale ’ : pròs hén ; la substance comme ‘ focal meaning ’ [Owen, 1960] de l’être);
• Ce^e nouvelle science (la science de l’être en tant qu’être, ce que on appellera par la suite ‘ métaphysique ’) est une science universelle, mais toujours relafvement à quelque chose d’un, à un seul genre (la substance) ;
• Ce^e solufon répond à l’aporie 3b et, au moins en parfe, à l’aporie 1 de Β.
• Mais comment se placent les choses qui convergent ‘ vers un ’ (pròs hén), [qui se disent relafvement à ‘ un ’] par rapport à la classificafon qu’Aristote propose au début des Catégories ? S’agit-‐il d’homonymes, de synonymes, de paronymes ou d’un cas à part ?
Homonymes, synonymes et paronymes dans Catégories, 1
• « Sont dites homonymes [équivoques] des choses qui ne possèdent qu'un nom en commun, alors que la formule correspondant à ce nom est différente. Ainsi dit-‐on animal à la fois l'homme et son portrait. Ces choses, en effet, ne possèdent qu'un nom en commun, alors que la formule correspondant à ce nom est différente. Car si l'on veut expliquer, pour chacune des deux, ce que c'est qu'être un animal, on fournira pour chacune une formule propre ».
Homonymes, synonymes et paronymes dans Catégories, 1
• « En revanche, sont dites synonymes [univoques] des choses dont à la fois le nom est commun et la formule correspondant à ce nom idenfque. Ainsi dit-‐on animal à la fois l'homme et le bœuf. L'homme et le bœuf, en effet, ont un nom en commun, l'appellafon animal, et leur formule aussi est idenfque. Car si l'on veut donner la formule de chacun et expliquer, pour chacun des deux, ce que c'est qu’être un animal, on fournira la même formule ».
Homonymes, synonymes et paronymes dans Catégories, 1
• « Par ailleurs, sont dites paronymes [dérivées, dénomina<ves] toutes les choses qui se disfnguent d'une autre par l'inflexion et défennent l'appellafon correspondant à son nom. Ainsi, de la science des le^res dérive le le^ré et du courage, le courageux ».
Les homonymes • On a des homonymes quand un terme est prédiqué
d’espèces qui n’apparfennent pas au même genre, et qui, par conséquent, ne peuvent pas avoir la même définifon.
• Par exemple : • Catégories: ‘ animal ’ par rapport à l’homme réel et à son
portrait ; • RéfutaPons sophisPques : aetós [aigle/fronteau] et
surtout ‘ chien ’; • Des parPes des animaux : ‘ homme ’ par rapport au
vivant et au cadavre ; ‘ main ’ par rapport à la main réelle et à une main de bois ou de bronze.
Les règles pour reconnaître les homonymes (Topiques, I, 15)
(i) Que l’on prenne un terme qui ait deux significa<ons ou plus : si l’une des significa<ons possède un contraire, tandis que l’autre n’en a aucun, alors le terme est homonyme (équivoque).
• « il faut examiner si l’un des sens du terme a un contraire, tandis qu’un autre n’en a absolument aucun. Par exemple, le plaisir de boire a pour contraire la souffrance d'avoir soif, tandis que le plaisir de voir que la diagonale est incommensurable avec le côté n'a aucun contraire. Ainsi le plaisir revêt plusieurs significafons. Autre exemple: aimer, au sens spirituel, a un contraire, haïr, mais, pris au sens de l’acte charnel, il n’en a aucun ; c'est donc qu’évidemment aimer est un terme homonyme ».
Les règles pour reconnaître les homonymes (Topiques, I, 15)
(ii) Si les deux significa<ons (ou plus) ont un contraire, on compare les contraires entre eux : si les contraires ont la même significa<on, le terme est synonyme univoque], sinon il est homonyme [équivoque].
• « De même, dans le cas de l' opposifon de contradicfon, on doit examiner si le terme présente plusieurs significafons : s'il a plusieurs sens, son opposé sera pris aussi en plusieurs sens. Par exemple, ne pas voir s'entend de plusieurs façons : l'une, c'est n'avoir pas la faculté de voir, l'autre, ne pas faire acte de vision. Mais si ne pas voir est pris en plusieurs sens, il s’ensuit nécessairement que voir se prend aussi en plusieurs sens, car à chaque sens de ne pas voir il y aura un opposé : par exemple, ne pas avoir la faculté de voir a pour opposé avoir la faculté de voir, et ne pas faire acte de vision, faire acte de vision ».
Les règles pour reconnaître les homonymes (Topiques, I, 15)
(iii) Si les différentes significa<ons peuvent être comparées selon une différence de degré (selon ‘le plus et le moins’), le terme est synonyme (univoque), sinon il est homonyme (équivoque).
• « Il faut voir, en outre, si les termes ne peuvent pas être comparés entre eux selon le plus et le moins ou selon l’égalité de degré, comme dans le cas d'une voix claire et d'un manteau clair, d'un goût aigre et d'une voix aigre. En effet ces choses ne peuvent être dites claires ou aigres, ni au même degré, ni l'une plus que l'autre. Le clair et l'aigre sont donc des termes homonymes : les synonymes, en effet, sont toujours comparables, étant donné qu’on dira toujours d’eux qu’ils sont au même degré ou que l'un est plus que l’autre ».
Les règles pour reconnaître les homonymes (Topiques, I, 15)
(iv) Si les différentes significa<ons tombent dans des genres coordonnés (à savoir, subordonnés l’un à l’autre), le terme est synonyme (univoque), sinon il est homonyme (équivoque).
• « Il faut aussi examiner les genres des choses tombant sous le même nom, et, voir s’ils sont différents sans être subordonnés l’un à l’autre, comme, par exemple, le mot âne qui désigne à la fois l'animal et l’engin [treuil/cabestan], car la définifon qui répond au nom est différente pour l’un et pour l’autre : l’un sera dit un animal d’une certaine espèce, et l’autre un engin d’une certaine espèce. Mais si les genres sont subordonnés l’un à l’autre, il n’y a aucune nécessité pour que les définifons soient différentes. Ainsi, l’animal est le genre du corbeau, et l’oiseau aussi. Quand donc nous disons que le corbeau est un oiseau, nous disons aussi qu’il est une certaine espèce d'animal, de telle sorte que les deux genres sont l’un et l’autre affirmés de lui. De même encore, quand nous disons que le corbeau est un animal ailé-‐bipède, nous disons qu’il est un oiseau ; de ce^e façon donc, dans ce cas aussi, les deux genres sont l’un et l’autre affirmés du corbeau ainsi que leurs définifons. Par contre, pour les genres non-‐subordonnés entre eux, cela ne se produit pas : quand nous appelons une chose un engin nous ne l’appelons pas un animal, ni quand nous l’appelons un animal, un engin ».
Les règles pour reconnaître les homonymes (Topiques, I, 15)
(v) Si un terme peut être prédiqué dans des catégories différentes (c’est-‐à-‐dire, peut être l’objet d’une prédica<on trans-‐catégorielle), alors il est homonyme (équivoque).
« Il faut considérer aussi les genres de catégories auxquels se rapporte le terme, et voir si ce sont les mêmes dans tous les cas. Si ce ne sont pas les mêmes, il est évident que le terme est homonyme. Par exemple, le bien, en fait d’aliments, est l’agent du plaisir, et, en médecine, l’agent de la santé, tandis qu’appliqué à l’âme il signifie être d’une certaine qualité, comme tempérant, courageux ou juste ; et de même encore si on l’applique à l'homme. Quelquefois le bien a pour catégorie le temps : par exemple, le bien qui arrive au moment opportun, car on appelle un bien ce qui vient en temps opportun. Souvent, c’est la catégorie de la quanfté, quand le bien s’applique à la juste mesure, car la juste mesure est aussi appelée un bien. Ainsi le bien est un terme homonyme. Il en est de même du clair qui, appliqué au corps, est une couleur, et, appliqué à la voix, ce qui est aisé à entendre ».
L’homonymie par rapport à un terme premier : Éthique à Eudème, VII, 2, 1236 a 16-‐22
« Il est donc nécessaire qu’il y ait trois espèces d’amifés [selon la vertu, selon l’uPlité, selon le plaisir] et qu’elles ne se disent pas toutes selon un seul sens, ni comme les espèces d’un seul genre (henòs génous), ni d’une manière tout à fait équivoque. En effet elles ne se disent par rapport à une seule d’entre elles qui est première, tout comme dans le cas du médical ; et nous appelons ‘ médical ’ ou une âme ou un corps ou un instrument ou un acte mais, à proprement parler, ce qui est premier. Est premier ce dont la définifon se retrouve en tous : par exemple, l’instrument médical est celui dont le médecin se sert, mais la définifon de l’instrument ne se retrouve pas dans celle du médecin ».
L’homonymie du bien : Éthique à Nicomaque, I, 4, 1096 b 26-‐29
« Mais comment alors s’entend-‐il ? Car il n’a pas l’allure en tout cas de ces réalités dont l’équivocité fent au hasard. Mais ne serait-‐ce pas qu’elles dérivent d’un seul bien ? Ou que toutes contribuent à un seul ? Ou plutôt qu’elles ont un rapport d’analogie ? Comme dans le corps, en effet, c’est la vue, dans l’âme, c’est l’intelligence et donc c’est autre chose dans chaque autre genre ».
L’homonymie du ‘ bien ’ :
homonymes par hasard [par choix] [apò týchēs]
‘ d’un seul ’ ‘ à un seul ’ par analogie [aph’henós] [pròs hén] [katà analogían]
Physique, VII, 4, 249 a 21-‐25
« Et ce raisonnement signifie que le genre n’est pas un, mais que derrière lui se cache une pluralité et que, parmi les homonymies, les unes sont très éloignées, les autres possèdent une certaine similitude, les autres encore sont proches par genre ou par analogie, raison pour laquelle elles ne semblent pas être des homonymies » (trad. Stevens).
L’homonymie: Éthique à Nicomaque + Physique
homonymes par hasard [par choix] [apò týchēs]
par similitude ‘proches’
par genre
‘ d’un seul ’ ‘ à un seul ’ par analogie [aph’henós] [pròs hén] [katà analogían]
Metaph., XI [= Κ], 3, 1060 b 32-‐36 « Par suite, la science du philosophe est la science de l’être, en tant qu’être, pris en totalité et non parfellement, mais l’être se dit en plusieurs sens et non d’une seule façon. Si donc l’être se dit par homonymie, sans rien de commun, il ne dépend pas d’une seule science, car il n’y a pas un genre unique de telles choses ; mais, s’il y a quelque chose de commun, il dépendra d’une seule science ».
Métaphysique
Les différents modes de l’unité IV [Γ], 2, 1005 a 10-‐11: « Pourtant, même si l’un se dit en
plusieurs sens, les autres sens se diront en relafon avec le premier, et leurs contraires également, même si l’être ou l’un n’est pas un universel, c’est-‐à-‐dire le même pour toutes choses ou séparable (comme il n’est probablement pas), mais ils seront les uns en rela<on à une unité [pròs hén], les autres par consécu<on [tộ efexễs] ».
V [Δ], 6, 1016 b 31-‐35: « De plus, certaines choses sont une selon le nombre, d’autres selon l’espèce, d’autres selon le genre, d’autres selon l’analogie : selon le nombre, celles dont la mafère est une ; selon l’espèce, celles dont l’énoncé est un ; selon le genre, celles qui ont la même figure de prédicafon ; selon l’analogie, toutes celles qui sont comme une chose en relafon avec une autre ».
Métaphysique
Les modes de l’unité • Unité selon le nombre • Unité selon l’espèce synonymie • Unité selon le genre • Unité par rapport à ‘un’ [pròs hén] • Unité par consécufon [tộ efexễs] • Unité par analogie
Métaphysique
L’unité par consécufon dans le livre Lambda: XII [Λ] , 1, 1069 a 19-‐22: « Et en effet, si l’univers est comme un tout, la substance en est la parfe première ; et s’il est une succession [une consécufon] même ainsi il y a en premier la substance, puis la qualité, puis la quanfté ».
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., 263, 25-‐33
L’unité par consécufon : « Les consécuffs (tà efexễs) diffèrent des référés à une chose (tà pròs hén), tous deux étant des plurivoques (pollachỗs legómena), parce que les référés à une chose sont ainsi appelés du fait d’être quelque chose de ce^e chose une, tandis que les consécuffs sont seulement plurivoques en ce sens que l’un d’entre eux est premier et l’autre deuxième ; car ce n’est pas du fait d’appartenir à la dyade ou de contribuer à la dyade que le trois, le quatre et les suivants sont des nombres : au contraire, c’est le premier qui contribue à ceux qui le suivent. C’est pourquoi, pour les plurivoques de ce type les postérieurs sont les plus achevés, tandis que pour les référés à une chose, c’est l’un auquel les autres se réfèrent » (trad. fr. A. Stevens).
L’homonymie : Éthique à Nicomaque + Physique + Métaphysique
homonymes par hasard [par choix] [apò týchēs]
par similitude ‘proches’
par proximité de genre par analogie
‘d’un seul’ ‘ à un seul ’ [katà analogían] [aph’henós] [pròs hén] par consécufon
[tộ efexễs]
L’analogie chez Aristote
• Le terme ‘analogie’ ne paraît jamais indiquer chez Aristote quelque chose de semblable à ce qu’on appellera, dans la tradifon scolasfque tardive, l’‘analogie d’a^ribufon’ ; la significafon principale du mot ‘analogie’ chez Aristote reste celle de proporfon, de rapport entre deux séries (rapport entre rapports, proporfonnalité)
• L’analogie est uflisée par Aristote pour indiquer la foncfon des principes dans des domaines différents (mafère, forme, privafon ; les 4 causes ; les principes logiques fondamentaux ; le couple acte-‐puissance).
L’analogie chez Aristote
• La dis<nc<on entre ‘analogie’ et rela<on pròs hén est très claire :
• Métaph. XII, 4, 1070 a 31-‐32: « Les causes et les principes des différentes choses sont différents en un sens, mais en un autre sens, si on parle universellement et par analogie, ils sont les mêmes pour toutes » [trad. Duminil / Jaulin].
• Métaph. XII, 4, 1070 b 16-‐20: « Donc, pour les corps sensibles, les éléments et les principes sont les mêmes, différents dans des corps différents, mais il n’est pas possible de parler ainsi de tous, sauf par analogie, comme si on disait qu’il y a trois principes, la forme, la privafon et la mafère » [trad. Duminil / Jaulin].
• An. Post. I, 10, 76 a 36-‐39: « Des principes dont on se sert dans les sciences démonstrafves les uns sont propres à chaque science, les autres sont communs, mais communs par analogie, puisque, en fait, on s’en sert dans la mesure où ils foncfonnent dans le genre qui tombe sous la science considérée » [trad. Pellegrin].
L’analogie chez Aristote
• La dis<nc<on entre ‘analogie’ et rela<on pròs hén est très claire : • Metaph. IX, 6, 1048 a 35 – b 4: « Dans les cas parfculiers, ce que nous voulons dire est clair par l’inducfon et il ne faut pas chercher une définifon de tout, mais il faut aussi saisir l’analogie : par exemple ce qui bâft est à ce qui est capable de bâfr comme ce qui est éveillé à ce qui dort, ce qui voit à ce qui a les yeux fermés, mais possède la vue, ce qui est séparé de la mafère à la mafère et ce qui est achevé à ce qui est inachevé ». • Metaph. XIV, 6, 1093 b 14-‐21: « […] car les saisons et une certaine sorte de nombres vont ensemble ; et bien sûr, toutes les autres propriétés qu’ils font venir des théorèmes mathémafques ont toutes ce^e valeur. C’est pourquoi elles ressemblent à des rencontres fortuites, car elles sont des coïncidents, mais toutes parentes entre elles, et une par analogie. En effet, dans chaque prédicafon de l’être, il y a le terme analogue : tel le droit dans la longueur, tel est le plan dans la surface et tel également est l’impair dans le nombre, le blanc dans la couleur ».
L’analogie chez Aristote
• dans le cas de l’être (c’est-‐à-‐dire du rapport entre les catégories), Aristote n’uflise jamais la nofon d’analogie, mais il a recours à une forme d’homonymie rela<ve, c’est-‐à-‐dire au rapport pròs hén.
• Aristote n’uflise pas non plus la nofon d’analogie
pour indiquer le rapport entre le divin et le monde (ou entre la substance immobile et les autres genres de substance) ; dans ce cas-‐là, il fait allusion surtout à l’unité par consécufon (la seule excepfon étant le cas de la pensée).
L’analogie chez Aristote
• On ne trouve chez Aristote ni l’idée d’une ‘dérivafon’ des autres catégories à parfr de la substance, ni l’idée d’une ‘dérivafon’ du monde sensible à parfr du divin. On peut peut-‐être parler de ‘dépendance’ (Berf vs. Aubenque), puisque la substance fait foncfon de cause matérielle pour toutes les autres catégories et que le divin fait foncfon de cause finale/cause du changement pour toutes les autres réalités. Pourtant, dans les deux cas (substance/autres catégories, divin/monde sensible) il n’y a jamais une forme de parfcipafon : les autres catégories ne parfcipent pas de la substance, et les substances mobiles ne parfcipent pas de la substance immobile et divine.
• Aubenque : il n’y a aucune dépendance réelle des autres catégories à la substance
• Ber< : les autres catégories ne dérivent pas de la substance, mais dépendent d’elle (la substance possède donc une priorité logique et ontologique, et exerce une forme spécifique de causalité, de façon matérielle)
• Rujen : Aristote a changé d’avis, entre le IVe et le VIIe livre de la Métaphysique, en passant d’une priorité purement logique de la substance à une priorité ontologique. Ce^e priorité doit, selon Ru^en, être entendue comme une forme de parfcipafon : les autres catégories parfciperaient de la substance comme acte.
L’analogie chez Aristote
• Metaph. VIII, 2, 1043 a 2-‐7 : « Si la substance est la cause de l’être de chaque chose, dans celles-‐ci [c’est-‐à-‐dire dans les différences] il faudra rechercher quelle est la cause de l’être de chacune de ces choses [c’est-‐à-‐dire des étants différents de la substance]. En vérité, la substance n’est aucune de ces différences, même si on les considère en union à la mafère ; elles sont toutefois, en chacune de ces choses, l’équivalent analogique [tò análogon] de la substance. Et de même que dans les définifons de la substance, ce qui se prédique de la mafère est l’acte même, de même, dans les autres définifons, les différences sont ce qui, plus que tout, correspondent à l’acte » [traducfon personnelle].
• Dans les catégories différentes de la substance, les différences (déterminafons formelles) sont l’analogue de la substance, en tant qu’elles sont l’acte des mafères respecfves, de même que, dans la catégorie de la substance, la substance même (c’est-‐à-‐dire la forme substanfelle) est l’acte de sa mafère.
• Ru^en: donc les différences sont l’acte de la substance, qui par soi est acte, et c’est pourquoi elles parfcipent à des degrés divers, proporfonnellement à leur essence, d’un même acte.
• Mais, en réalité, Aristote semble maintenir, ici aussi, une pure analogie de proporfonnalité, sans parfcipafon: les différences sont à la substance ce que la substance est à sa mafère (a : b = b : c). Le terme médian est commun, mais la causalité est différente (la substance est cause matérielle dans le premier cas, formelle dans le second), ce qui s’élève contre la compréhension d’une dépendance réelle comme parfcipafon [Berf].
L’analogie chez Aristote
• P. Aubenque, Le problème de l’être chez Aristote, Presses Universitaires de France, Paris 1962, 19722, 19973.
• P. Aubenque, “ Les origines de la doctrine de l’analogie de l’être ”, Les études philosophiques, 1978, 1, p. 3-‐12.
• C. Ru^en, “ L’analogie chez Aristote ”, Revue de philosophie ancienne, 1 (1983), p. 31-‐48.
• E. Berf, “ L’analogia in Aristotele. Interpretazioni recenf e possibili sviluppi, in E. Berf / G. Lafont / A, Molinaro / E. Nicole�, Origini e sviluppi dell’analogia. Da Parmenide a S. Tommaso, a cura di G. Case^a, Edizioni Vallombrosa, Roma 1987, p. 94-‐115.
L’analogie chez Aristote
• En définifve, il ne semble pas y avoir, chez Aristote, d’analogie de l’étant ni dans un sens horizontal (les autres catégories ne ‘dérivent’ pas de la substance), ni dans un sens ver<cal (les substances mobiles ne ‘dérivent’ pas, par leur être, des substances immobiles).
Aristote : les problèmes ouverts • quel type d’unité caractérise-‐t-‐il l’étant?
l’unité pròs hén est-‐elle un cas d’homonymie relafve (‘faible’) ou un cas intermédiaire entre l’homonymie et la synonymie ?
• le rôle de l’analogie dans la Métaphysique • statut à double tranchant de la substance (l’un des sens de l’être / le
principe en vertu duquel les autres catégories sont, elles aussi, des sens de l’être)
• le cas de la santé (rapport à deux termes: la santé elle-‐même et tout ce qui
se dit ‘sain’) et celui de l’étant (rapport à trois termes: étant, substance, autres catégories) ne sont pas parfaitement superposables
• pròs hén et aph’henós coïncident-‐ils ?
Aristote : les problèmes ouverts Plurivocité et homonymie Deux interpréta<ons alterna<ves : (i) La dichotomie entre synonymes et homonymes est exhaus<ve, donc tous
les termes non synonymes (tous les termes plurivoques) sont homonymes.
synonymes / homonymes
Aristote : les problèmes ouverts Plurivocité et homonymie Deux interpréta<ons alterna<ves : (ii) Il y a plusieurs statuts intermédiaires entre la synonymie et l’homonymie ; la
plurivocité est un ensemble qui inclut l’homonymie, mais qui ne coïncide pas avec elle.
synonymes plurivoques (pollachỗs legómena)
intermédiaires homonymes
‘d’un seul’ ‘ à un seul ’ par analogie [aph’henós] [pròs hén] par consécufon
[tộ efexễs]
Aristote : les problèmes ouverts Plurivocité et homonymie Deux interpréta<ons alterna<ves : (i) Homonymie de tous les termes non synonymes : • L. Robin, La théorie platonicienne des Idées et des Nombres d’après Aristote, Paris 1908, p. 151-‐152. • G.E.L. Owen, “ Logic and Metaphysics in Some Earlier Works of Aristotle ”, in I. Düring / G.E.L. Owen (eds), Aristotle and Plato in the Mid-‐Fourth Century, Göteborg 1960, p. 163-‐190. • P. Aubenque, Le problème de l’être chez Aristote, Paris 1962, p. 189. • W. Leszl, Logic and Metaphysics in Aristotle, Padova 1970, p. 445-‐447 ; Id., Aristotle’s ConcepLon of Ontology, Padova 1975, p. 423. • J. Owens, The Doctrine of Being in the Aristotelian Metaphysics, Toronto 19783, p. 121. • E. Ber<, “ Origine et originalité de la métaphysique aristotélicienne ”, Archiv für Geschichte der Philosophie, 63 (1981), p. 227-‐252, notamment p. 247. • T.H. Irwin, “ Homonymy in Aristotle ”, Review of Metaphysics, 34 (1981), p. 523-‐544.
Aristote : les problèmes ouverts Plurivocité et homonymie Deux interpréta<ons alterna<ves : (ii) Existence d’intermédiaires entre homonymes et synonymes : • W.D. Ross, Aristotle’s Metaphysics. A Revised Text with introducLon and Commentary, 2 vol., Oxford 1924, p. 256. • J. Hin<kka, “ Aristotle and the Ambiguity of Ambiguity ”, Inquiry, 2 (1959), p. 137-‐151. • L. Couloubaritsis, “ Legomenon et kategoroumenon chez Aristote ”, Cahiers de Philosophie Ancienne, nº 5 – Cahiers du Group de Recherche sur la Philosophie et le Langage, nº 6 et nº 7, Bruxelles-‐Grenoble 1986, p. 219-‐238.
Aristote (i) L’étant n’est pas un genre et ne se dit pas de façon univoque (par
synonymie) ; (ii) Malgré tout, l’étant possède une unité en mesure de jusffier une science
qui puisse l’assumer comme sujet (et donc il n’est pas non plus complètement homonyme ou équivoque) ;
(iii) Une telle unité se fonde sur le rapport à un terme unique: pròs hén; (iv) Ce type de rapport n’est jamais entendu par Aristote comme un type
d’analogie : l’analogie indique toujours le rapport entre deux séries, et sert, dans la Métaphysique, à offrir une explicafon purement foncfonnelle des principes ;
(v) S’il est impossible de parler, chez Aristote, d’une analogie de l’étant en sens horizontal (c’est-‐à-‐dire entre les différents sens de l’étant), on ne peut pas plus parler d’une analogie en sens verfcal (c’est-‐à-‐dire entre l’être divin et celui des autres substances) : les substances suprasensibles ont des principes différents de ceux des substances sensibles. En définifve, l’analogie de l’étant est substanfellement étrangère à l’horizon conceptuel aristotélicien.
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV
[communauté / koinōnía] Synonymie “choses qui se disent [selon une de mulfples façons” véritable unité: kath’hén] [pollachṓs legómena]
sous la dépendance d’une unité homonymie et en référence à une unité [par hasard: apò týchēs, [aph’henós et pròs hén] tà kuríōs homṓnyma]
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV
• Idenfficafon du problème de fond de la ‘science philosophique’ : l’être semble homonyme, et à ce qui est homonyme, ne correspond pas une réalité unique ; il est donc impossible d’en avoir une science.
• Reformulafon du cadre aristotélicien : les « choses qui se disent de plusieurs façons » ne sont pas une sous-‐division des homonymes, mais se placent au-‐dessus des homonymes comme sous-‐division des « choses posées sous quelque chose de commun ».
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV [241, 10-‐28]
• « Les choses qui se disent ainsi diffèrent de chacune des deux précédentes, parce que les choses synonymes, à savoir celles qui sont sous un certain genre commun, c’est avec un droit égal et de façon similaire que toutes partagent et parfcipent à l'essence manifestée par le genre qui leur est a^ribué ; et que, en revanche, les choses homonymes ne partagent entre elles, par rapport au nom qui leur est a^ribué en commun, rien d'autre que ce seul nom, s'il est vrai que sont homonymes “ ce dont le nom seul est commun, mais dont l'énoncé de l'essence correspondant au nom est différent ” ».
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV [241, 10-‐28]
• « Or les choses dites à parfr d’une unité et relafvement à une unité ne conservent entre elles ni l’égale condifon par rapport à ce qui leur est a^ribué, propre aux synonymes, ni n’ont, inversement, l’altérité pure et sans mélange propre aux homonymes ; bien plutôt elles partagent une certaine communauté dans le fait d’être ce qu’elles sont dites parce qu’il y a une certaine nature de cet objet qui, en quelque façon, se laisse voir en toutes, et comme elles en proviennent ou qu’elles entre<ennent un certain rapport à cela, pour ce^e raison, elles en viennent aussi à partager le même nom ».
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV [241, 10-‐28]
• « Ce^e sorte de nature, Aristote la plaçait ailleurs plus communément sous les homonymes. Mais en produisant ici une disfncfon plus soignée, il affirme qu’elle diffère des homonymes et dit par quoi elle est différente. De telles choses, en effet, qui ont un tel rapport entre elles, n’en viennent pas à partager le seul nom, comme celles qu'on dit homonymes au sens propre, qui sont les homonymes par hasard ; mais il y a une certaine cause au fait qu’on les nomme de la même manière. Aristote affirme en effet que c’est en vertu d’une nature commune que les choses saines et les choses médicales sont telles ».
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV
• Homonymes : ce qui partage un nom de façon purement hasardeuse • Synonymes : ce qui se trouve sous le même genre, et au même ftre
(sont caractérisées, donc, par une équivalence réciproque : isotomía pròs állēla)
• « Choses qui se disent de plusieurs façons »: représentent un cas intermédiaire (metaxú) : -‐ à la différence des homonymes, elles ont une cause ou un principe de leur dénominafon commune et elles sont liées à une nature commune qui se retrouve en elles ; -‐ à la différence des synonymes, elles ne sont pas parfaitement équivalentes (bien qu’étant commun, le terme s’applique de façon différente, selon un plus et un moins).
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV
• Les étants ne consftuent pas un genre au sens strict, mais un ‘genre plus vaste’ (ou ‘plus commun’ : génos koinóteron) qui peut être l’objet d’une science unique.
• Le genre au sens strict est consftué de synonymes qui partagent la même définifon du genre ; le genre dans un sens ‘plus vaste’ est consftué de choses qui ne partagent pas la même définifon, mais qui confennent une référence à une définifon unique.
• Avec l’idée que l’être est, en quelque sorte, un ‘genre’, est réhabilité le lexique de la parfcipafon (les « choses qui se disent en plusieurs sens » « se disent dans un sens unique, dans la mesure où, dans chacune d’elles, on retrouve, d’une certaine façon, la même nature, sous la dépendance de laquelle et en vertu de laquelle elles sont ainsi nommées, bien qu’elles ne par<cipent pas toutes d’elle selon le même mode et dans la même mesure »).
• L’étant a en commun, en tant qu’étant, une unique nature.
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV [244, 9-‐24]
• « Après avoir posé que des choses dites en plusieurs sens comme celles à parfr d'une unité et relafvement à une unité, il y a une unique science, il montre ensuite que dans les choses qui se comportent ainsi, dans lesquelles il y a d'une part quelque chose qui est premier et est dit éminemment, et d'autre part ce qui en provient (comme il en va dans ce qui se dit à parfr d'une unité et relafvement à une unité), la science qui porte sur ce^e nature, à laquelle contribuent les autres choses, est éminemment et au plus haut point science du premier. Par exemple, la médecine, qui est science de toutes les choses saines, est éminemment et au plus haut point science de la santé, relafvement à laquelle toutes les autres choses <saines> sont dites <saines>. De la même manière, la science des biens porte éminemment et au plus haut point sur le plus parfait des biens ».
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV [244, 9-‐24]
• « Donc aussi pour l'étant dans sa totalité, puisque l'étant est de même nature, il y a une unique science, mais celle-‐ci portera principalement sur l'étant premier et éminent, par lequel tous les autres étants aussi sont <étants>. Un tel étant, on dit que c'est la substance. De celle-‐ci en effet dépend l'être des autres étants, et par elle, ceux-‐ci sont étants. Ce sont donc les principes et les causes des substances que doit chercher le philosophe, lui dont l'étude porte sur l'étant en tant qu'étant. Les principes de la substance, en effet seront aussi les principes de tout étant, s'il est vrai que la substance est à la fois principe et cause de l'être pour le reste des étants ».
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV
• La référence pròs hén, s’associant à aph’henós, indique aussi bien la dépendance à un terme premier, qu’une hiérarchie de sens non équivalents.
• Réunificafon catégorielle (horizontale) de l’étant qui prélude à la réunificafon transcatégorielle (verfcale) et, donc, à ce qui prendra le nom d’ ‘analogie d’a^ribufon’.
Alexandre d’Aphrodise, In Metaph., IV
• Comment s’explique ce^e apparente ‘replatonisafon’ d’Aristote ?
a. Ambiguité présente dans les textes aristotéliciens, et dans le projet même d’une nouvelle science ;
b. Contexte syncréfste médioplatonicien et stoïcien.
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58
«Que notre vocabulaire est pauvre, pour tout dire, indigent ! Jamais je ne l’ai compris comme aujourd’hui. A tout bout de champ, tandis que nous parlions par hasard de Platon, se rencontraient des nuances qui exigeaient chacune un terme approprié et ne le possédaient pas ; dans certains cas, le mot avait existé, mais notre délicatesse l’avait laissé perdre. Faire le délicat dans l’indigence, est-‐ce tolérable ? » [tr. fr. H. Noblot / P. Veyne]
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58
«Oui, tu condamneras plus vivement la pénurie de l’idiome romain quand tu sauras qu’il s’agit d’une syllabe unique, à laquelle je ne puis rien subsftuer. Tu demandes : quelle est-‐elle ? to on ».
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58
« Platon emploie ce terme en six accepfons différentes, disait aujourd’hui notre ami, fort savant homme. Je te les énoncerai quand j’aurai montré qu’il y a ce qu’on appelle le genre, qu’il y a aussi l’espèce. Pour le moment, nous cherchons ce premier genre à qui sont subordonnées toutes les espèces, de qui émane toute division, qui comprend l’universalité des choses ».
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58
« Je reviens à la quesfon que je t’ai promise : comment Platon disfngue six degrés dans la totalité des êtres. Le premier élément, qui a été dénommé ‘ce qui est’, ne peut être saisi ni par la vue, ni par le toucher, ni par aucun sens : il n’est que concevable ».
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58
« Au second degré, dans l’ordre des êtres, Platon place l’être supérieur et dominateur, celui qu’il appelle l’Être par excellence. […] Eh bien ! qui est cet Être ? Évidemment le dieu, plus grand, plus puissant que tous les êtres ensemble ».
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58
« La troisième catégorie est celle des êtres qui possèdent une existence propre. Innombrables, ils sont établis hors du champ de notre regard. Que sont-‐ils ? Tu veux le savoir ? C’est la ba^erie d’ustensiles dont se sert Platon. Il appelle ‘idées’ ce qui est à l’origine de toutes les choses que nous voyons, ce sur quoi tout absolument se façonne. Elles sont immortelles, immuables, inviolables ».
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58 « L’eidos occupera le quatrième degré. Si tu veux savoir ce que c’est que l’eidos, fais bien a^enfon et ne t’en prends pas à moi, mais à Platon de la difficulté présente. Au reste, l’exposifon abstraite ne va jamais sans difficultés. J’employais plus haut la comparaison du peintre. Quand il voulait avec ses couleurs représenter Virgile, il portait les yeux sur lui. L’idée, c’était le visage de Virgile, modèle de l’œuvre future. Ce que l’arfste fre de ce visage, ce qu’il en a fait passer dans son ouvrage, c’est l’eidos ».
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58
« Le cinquième genre comprend les êtres qui existent communément, et ceci commence à nous concerner : tout s’y rencontre, hommes, bêtes, objets inanimés ».
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58
« Dans le sixième genre on classe ce qui n’a qu’une quasi-‐existence, comme le vide, comme le temps ».
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58 La scala enPs (les six degrés de l’être): 1. «Quod est» (cogitabile: purement intelligible) 2. L’être par excellence (per excellenPam esse): Dieu 3. Ce qui existe au sens propre (quae proprie sunt): les
idées 4. L’idos, c’est-‐à-‐dire la forme immanente (in opere)
aristotélicienne (eidos) 5. Ce qui existe au sens commun (quae communiter
sunt): les choses de ce monde 6. Ce qui existe ‘quasi’ (quae quasi sunt): le vide, le
temps
Senèque, Ep. ad Lucilium, 65
Les 5 causes: 1. Id ex quo: cause matérielle 2. Id a quo: cause du changement 3. Id in quo: cause formelle 4. Id ad quod: cause exemplaire (“selon
laquelle”) 5. Id propter quod: cause finale
Seneca, Ep. ad Lucilium, 65 «A ces causes Platon en ajoute une cinquième : le type exemplaire, l’idée, pour parler son langage. C’est le modèle vers lequel l’arfste eut ses regards tournés d’un bout à l’autre de son travail […] Ces exemplaires de toutes choses, le dieu les confent en lui, et son intelligence embrasse les nombres et intervalles de toutes choses à créer ; le dieu est plein de ces formes que Platon nomme idées, immortelles, immuables, infafgables. Ainsi les hommes périssent, mais l’humanité, archétype de l’homme, se perpétue et, tandis que l’individu peine et meurt, n’en ressent nul dommage ».
Senèque, Ep. ad Lucilium, 58
Le quod est comme iniPum rerum (omnia sub illo sunt): …primum illud genus, ex quo ceterae species suspensae sunt, a quo nascitur omnis divisio, quo universa conprensa sunt (« … ce premier genre à qui sont subordonnées toutes les espèces, de qui émane toute division, qui comprend l’universalité des choses »).
Sénèque, Ep. ad Lucilium, 58
L’être est entendu comme genre et, de plus, dans un sens non aristotélicien: dans un sens technique, le genre est pour Aristote quelque chose de semblable à la mafère ou au substrat matériel, qui est informé par les différences, mais qui n’est jamais un principe (arché, iniPum) comme le genre posé par Sénèque.
Sénèque, Ep. ad Lucilium, 58
Pour Aristote, le genre se prédique de ses espèces avec le même nom et le même sens (prédicafon selon la synonymie).
Pour Sénèque, le genre permet de réduire à une unité des natures différentes, par rapport auxquelles ‘être’ n’a pas le même sens.
Théorie de l’unité hiérarchique de provenance [aph’henós] : significafon ‘généalogique’ du genre, qu’Aristote écarte.
Le médioplatonisme
Caractérisfques de fond : • retour à une lecture posifve, ou même systémafque, du platonisme ;
• intérêt porté aux aspects ‘métaphysiques’ du platonisme (plus qu’à ceux gnoséologiques ou éthiques) ;
• choix du Timée comme dialogue-‐clé ; • tendance à faire des formes, ou idées, les pensées mêmes de Dieu ;
• récupérafon de thèmes et de concepts aristotéliciens.
Le médioplatonisme
Combinaison hiérarchique entre la forme intelligible platonicienne et la forme immanente aristotélicienne.
Idée
Eidos [forme immanente aux corps]
Image parfcipée de l’idée séparée
Le médioplatonisme
Le problème n’est pas tant celui de défendre l’existence de formes séparées contre Aristote, mais, en se basant sur Aristote lui-‐même, d’adme^re l’existence de formes parfcipées.
Plofn
• Reconnaissance d’une homonymie plus radicale que celle admise par Aristote: en résulte un hiatus irréducfble entre substance intelligible et substance sensible.
• Refus de la stratégie de la dérivafon généalogique aph’henós comme solufon possible.
• La théorie platonicienne et celle aristotélicienne de la substance sont et restent alternafves.
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[1] « Sur la quesfon du nombre et de la nature des êtres, les penseurs les plus anciens se sont interrogés ; les uns ont dit qu’il y a un seul être, les autres que les êtres sont en nombre déterminé, d’autres en nombre illimité. En outre, parmi ceux qui disent qu’il y a un seul être, les uns prétendent qu’il est telle chose, les autres telle autre ; font de même par ailleurs ceux qui disent que les êtres sont en nombre limité, ou illimité ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[1] « Et comme ces opinions ont fait l’objet d’un examen suffisant par ceux qui sont venus après eux, nous allons les passer sous silence. Mais puisque ces derniers, après avoir traité de toutes ces quesfons, ont placé les caractérisfques des êtres dans des genres déterminés, c’est sur eux qu’il faut porter notre examen. Ces penseurs n’ont pas posé un être unique, puisqu’ils voyaient que même dans l’intelligible il y a plusieurs êtres, et ils n’en ont pas davantage posé un nombre illimité, puisque l’illimité est impossible et qu’il ne pourrait plus y avoir de science , ils ont soutenue que ceux des êtres qui étaient limités en nombre étaient des genres, parce qu’ils considéraient à tort les substrats comme des éléments ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[1] « Ils parlent plutôt de genres : les uns en posent dix, les autres moins, d’autres davantage. Ils différent aussi sur la nature de ces genres : les uns esfment que les genres sont les principes des êtres, tandis que les autres disent que le nombre des genres d’êtres est précisément celui-‐là ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[1] « Eh bien, il faut d’abord prendre en considérafon l’opinion de ceux qui réparfssent les êtres en dix genres pour voir s’il faut esfmer que ces philosophes disent qu’il y a dix genres qui tombent sous un terme commun, celui d’ ‘être’, ou bien dix catégories, car ils disent que le terme ‘être’ n’a pas le même sens dans tous les cas, et ils ont raison de dire cela ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[1] « Mais en premier lieu il faudrait plutôt poser la quesfon de savoir si c’est de manière semblable que les dix genres se trouvent dans les réalités intelligibles et dans les choses sensibles. Faut-‐il plutôt dire que tous sont dans les choses sensibles, tandis que certaines sont dans les réalités intelligibles, et d’autres pas, car bien sûr l’inverse n’est pas possible ? ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[1] « Dans ce cas, il faut se demander quels sont parmi les dix genres ceux qui se trouvent dans l’intelligible, et si ceux qui se trouvent là-‐bas peuvent être regroupés dans un unique genre avec ceux qui se trouvent ici-‐bas, ou plutôt si le terme ‘réalité’ a le même sens là-‐bas et ici-‐bas. Mais s’il en est ainsi, il y plus de dix genres ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[1] « Or si le terme ‘réalité’ a le même sens là-‐bas et ici-‐bas, on aboufra à une absurdité en disant que ‘réalité’ signifie la même chose quand on l’applique aux réalités premières et aux choses qui viennent après elles, car il n’y a pas genre commun là où il y a de l’antérieur et du postérieur. Mais dans leur classificafon, ils ne parlent pas des intelligibles. C’est donc qu’ils ne souhaitent pas faire entrer dans leur classificafon la totalité des êtres, laissant ainsi de côté les êtres les plus éminents ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[2] « Posons donc à notre tour les quesfons suivantes. Peut-‐on considérer qu’il s’agit là de genres ? Et en quel sens peut-‐on dire de la réalité qu’elle est un seul genre ? Quoi qu’il en soit, c’est par elle qu’il faut commencer. Qu’entre la réalité intelligible et la réalité sensible il y ait en commun une chose unique, ce genre qu’est la réalité, cela est impossible comme nous l’avons dit ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[2] « Sinon, il y aura encore autre chose avant la réalité intelligible et la réalité sensible ; et ce^e autre chose, parce qu’elle est a^ribuée à l’intelligible et au sensible, ne saurait être ni un corps ni un incorporel, sans quoi le corps serait incorporel, et l’incorporel serait un corps ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[2] « Cependant, dans les réalités sensibles elles-‐mêmes il faut chercher ce qu’il y a de commun à la mafère, à la forme et au composé des deux, puisqu’ils disent que toutes ces choses apparfennent à la réalité, quand ils disent que la forme est davantage réalité que la mafère, ce en quoi ils ont raison. Toutefois, certains pourraient dire que la mafère l’est davantage ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[2] « Mais que pourraient avoir de commun les réalités qu’ils qualifient de ‘premières’ avec celles qu’ils qualifient de ‘secondes’, étant donné que les secondes fennent des premières le droit d’être qualifiées de ‘réalités’ ? En général, ce qu’est la réalité, il n’est pas possible de le dire, car même si quelqu’un rend compte de ce qui lui est propre, il n’a pas encore saisi le ‘ce que c’est’ de la réalité. D’ailleurs, il est possible que ce propre, à savoir ce qui ‘tout en étant le même et un numériquement, est capable de recevoir les contraires’, ne convienne pas à toutes les réalités ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[3] « Mais alors, ne faut-‐il pas plutôt dire qu’il y une seule catégorie, la réalité, qui s’applique tout à la fois à l’intelligible, à la mafère et au composé des deux ? – Cela reviendrait à dire que la famille des Héraclides consftue une unité, non pas parce qu’il y aurait quelque chose de commun entre eux tous, mais parce qu’ils viendraient d’un unique ancêtre. C’est la réalité intelligible qui vient en premier, et les autres choses viennent en second et sont inférieures ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[3] « Mais qu’est-‐ce qui empêche que toutes les choses forment une seule catégorie, car tout le reste, qui est dit exister, relève de la réalité ? – Toutes ces autres choses dont on dit qu’elles existent relèvent bien de la réalité, mais il vaut mieux dire qu’elles sont des affecfons, et que les réalités se succèdent entre elles d’une autre façon ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[3] « – Adme^ons-‐le, mais, en procédant ainsi, nous ne sommes toujours pas en mesure de parvenir à la réalité, ni même de saisir ce qui en elle est le plus important, pour faire dériver de cela tout le reste des réalités. – Prenons pour acquis que toutes les choses que l’on appelle ‘réalités’ sont du même genre, en ce sens qu’elles ont quelque chose qui les disfngue des autres genres. Mais que peut alors bien être ce ‘ce que c’est’, ce ‘ceci’ et ce ‘substrat’, ce qui n’est pas un a^ribut, ce qui n’est pas en une autre chose comme en un substrat, ce qui n’est pas ce qu’il est parce qu’il apparfent à autre chose, comme le blanc est la qualité d’un corps et comme la quanfté est a^ribuée à une réalité, comme le temps est quelque chose qui est a^ribué à un mouvement, et comme le mouvement s’a^ribue à un mobile ? ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[3] « – Pourtant la réalité seconde est a^ribuée à autre chose ? – Oui, mais c’est en un autre sens que s’entend ce qui est a^ribué à autre chose dans ce cas, au sens où il s’agit d’un genre consftuff, c’est-‐à-‐dire d’un genre qui consftue une parfe de ce^e chose, qui en est le ‘ce que c’est’ ; en revanche, le blanc est a^ribué à autre chose, en ce sens qu’il se trouve en autre chose ».
Plofn, Traité 42 [VI, 1] (Sur les genres de l’être, I) [trad. L. Brisson]
[3] « Il n’en reste pas moins que l’on pourrait dire que ce sont là des propriétés de la réalité dans son rapport avec les autres choses et que c’est pour ce^e raison que l’on peut les rassembler en une seule et même chose à laquelle on peut en outre donner le nom de ‘réalité’. Mais ce n’est point là définir un seul et même genre ni même faire apparaître la nofon et la nature de la réalité ».
Plofn, Traité 44 [VI, 3] (Sur les genres de l’être, III) [trad. L. Brisson]
[7] « Mais si la forme a plus d’être que la mafère, l’être n’est plus quelque chose de commun aux deux, et la réalité n’est plus un genre qui confent la mafère, la forme et le composé ; la mafère, la forme et le composé auront beaucoup d’autres choses en commun, celles dont nous venons de parler, et pourtant leur être sera différent. Car quand quelque chose qui a plus d’être est rapproché d’une chose qui a moins d’être, l’ensemble prend le premier rang, mais vient après sous le rapport de la réalité. Dès lors, si l’être n’apparfent pas de façon égale à la mafère, à la forme et au composé, la réalité ne sera pas pour eux quelque chose de commun à ftre de genre ».
Plofn, Traité 44 [VI, 3] (Sur les genres de l’être, III) [trad. L. Brisson]
[7] « […] Mais si l’on prend pour mesure de l’être ce qu’il y a d’obscur en l’être, en ne tenant pas compte qu’il y a plus d’être dans les deux autres termes, alors de nouveau il y aura quelque chose de commun en ce groupe, à savoir l’être. – Ce n’est pas certainement pas ainsi qu’il faut procéder. Car chacun de ce trois termes consftue un tout différent, et l’obscurité ne leur est pas quelque chose de commun ; et il en va de même dans le cas de la vie, car il n’y a rien de commun entre la vie nutrifve, la vie sensifve et la vie intellecfve ».
Plofn, Traité 44 [VI, 3] (Sur les genres de l’être, III) [trad. L. Brisson]
[7] « Ici-‐bas aussi, par conséquent, l’être est différent dans la mafère et dans la forme, et pourtant les deux proviennent de l’Un s’écoulant de façon diverse. Car il n’est pas seulement nécessaire qu’une chose de second rang procède d’une chose de premier rang, et qu’une chose de troisième rang procède d’une chose de second rang pour qu’il y ait entre elles une différence du supérieur à inférieur, mais, même dans les cas où deux choses viennent de la même chose, elles peuvent parfciper plus ou moins à ce^e même chose, par exemple l’argile qui devient céramique pour avoir subi davantage l’effet du feu, et qui ne devient pas céramique pour l’avoir subi moins ».
Plofn, Traité 44 [VI, 3] (Sur les genres de l’être, III) [trad. L. Brisson]
[7] « D’ailleurs, il est même possible que la mafère et la forme ne viennent pas de la même chose, puisque parmi les intelligibles aussi, ce sont des choses disfnctes ».
Plofn, Traité 44 [VI, 3] (Sur les genres de l’être, III) [trad. L. Brisson]
Un
Nous Psyché (Âme)
Âme du monde Nature
Formes Mafère
Les commentateurs x [tradifon exégéfque commune] Porphyre Jamblique
Dexippe
Proclus
Boèce Simplicius Philopon Olympiodore
David / Elias Sophonie
Ammonios
Dexippe vs. Plofn: repères bibliographiques
• P. Hadot, L’harmonie des philosophies de PloPn et d’Aristote selon Porphyre dans le commentaire de Dexippe sur les Catégories, in AA.VV., PloPno e il Neoplatonismo in Oriente e in Occidente. A� del Convegno internazionale, Roma, 5-‐9 o^obre 1970, Accademia Nazionale dei Lincei, Roma 1974, pp. 31-‐47; cf. aussi P. Hadot, PloPn, Porphyre. Etudes néoplatoniciennes, Les Belles Le^res, Paris 1999, pp. 355-‐382.
• P. Aubenque, PloPn et Dexippe, exégètes des catégories d’Aristote, in C. Ru^en / A. Mo^e (éds.), Aristotelica. Mélanges offerts à Marcel De Corte, Ousia, Bruxelles-‐Liège 1985, pp. 7-‐40.
• C. Horn, PloPn über Sein, Zahl und Einheit. Eine Studie zu den systemaPschen Grundlagen der Enneaden, Teubner, Stu^gart-‐Leipzig 1995, en part. pp. 44-‐45.
• R. Chiaradonna, Sostanza movimento analogia. PloPno criPco di Aristotele, Bibliopolis, Napoli 2002, en part. c. 3.
Dexippe, In Cat. « Je ne pense pas qu’il faille éluder de ce^e façon un développement de l’argumentafon qui n’est bien adapté qu’au moment présent, mais il me semble opportun de m’inspirer de la philosophie même de Plofn, et de reconduire aussi le développement des argumentafons présentes à sa doctrine enfère. Il pose la substance comme un genre unique dans les réalités intelligibles, en tant que, en commun, elle procure l’être aux formes incorporelles, et accorde l’être à toutes les réalités sensibles et aux formes immanentes à la ma<ère. S’il en est ainsi, le principe même de la substance s’étend lui aussi à travers toutes les choses, assumant un ordre (táxis) de premier, second et deuxième, en accord auquel, à certaines choses il procure l’être de façon primaire, à d’autres d’une autre façon. Aussi, si toutes les choses se réduisent à elle en tant qu’elles dépendent d’elle, la descripfon de la substance peut montrer aussi le premier principe, duquel elle est tombée jusqu’à la dégradafon ulfme » (tr. fr. Stéphanie Vermot).
Dexippe, In Cat. « Puisque, donc, les intelligibles sont indicibles, Aristote a uflisé la dénominafon de substance comme par métaphore, faisant connaître les réalités incompréhensibles à parfr des réalités sensibles comprises par nous. Comme, en effet, la substance sera homonyme par rapport à celle intelligible, puisqu’elle la rend manifeste à travers son analogie, elle sera, de même, synonyme par rapport à la substance physique, puisqu’elle la rend manifeste à la travers la composifon d’elle-‐même » (tr. fr. Stéphanie Vermot).
Dexippe vs. Plofn
Dexippe: la substance intelligible est indicible, et ne peut être conçue qu’à parfr de la substance sensible dont a parlé Aristote. Plo<n: il faut concevoir l’intelligible en soi, dans sa propre nature, sans y transférer les catégories propres au monde sensible. A défaut de connaître d’abord l’intelligible, on a une image erronée et trompeuse de ces mêmes réalités sensibles.
Dexippe vs. Plofn
Homonymie ‘ascendante’ e ‘descendante’ : Dexippe : la substance intelligible est incompréhensible (homonyme), mais elle peut être saisie par le bas seulement à parfr de la reconnaissance d’une telle homonymie Plo<n : la substance intelligible est telle en sens plein, tandis que la substance sensible est homonyme par rapport à elle. Les principes du monde intelligibles doivent être saisis par eux-‐mêmes, sans ufliser ce qu’on peut déduire des réalités dérivées.
Les commentateurs x [tradifon exégéfque commune] Porphyre Jamblique
Dexippe
Proclus
Boèce Ammonios Simplicius Philopon Olympiodore
David / Elias Sophonie
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses
• Le Commentaire aux Catégories d’Aristote par quesPons et réponses prend place dans une entreprise d’explicafon globale d’Aristote.
• Porphyre est l’auteur d’un autre commentaire aux Catégories : In Aristotelis Categorias ad Gedalium.
• Cf. R. Chiaradonna, M. Rashed, and D. Sedley (with N. Tchernetska), “ A Rediscovered Categories Commentary ”, Oxford Studies in Ancient Philosophy, 44 (2013), p. 129-‐194.
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses • Porphyre, Commentaire aux Catégories d’Aristote, édifon
crifque, traducfon française, introducfon et notes par R. Bodéüs, Vrin, Paris 2008.
• La structure du Commentaire : le quesfonneur possède en réalité le profil d’un disciple curieux d’être enseigné et le répondeur le profil d’un maître qui enseigne.
• Beaucoup de ces quesfons servent tout simplement à citer Aristote, de façon li^érale le plus souvent, et à reproduire, morceau après morceau, le texte des Catégories.
• D’autres quesfons portent sur la significafon de différents termes employés par Aristote.
• D’autres quesfons visent encore les thèses défendues par Aristote et leurs arguments.
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 87] « […] ce travail ne peut porter sur des
genres de l’être, ni généralement sur des choses en tant que telles, mais plutôt sur des vocables propres à signifier les choses. Ce n’est pas, en effet, la connexion des choses qui devient affirmafon ; mais la connexion des vocables significaffs qui montrent des choses, elle, produit finalement l’affirmafon. Et Aristote lui-‐même déclare expressément : “ Ce qui se dit sans aucune connexion indique, selon le cas, ou bien une substance, ou bien une quanfté ” et ainsi de suite. En effet, si c’étaient les choses que son propos avait pour objet, il n’aurait pas dit : “ … ou bien indique une substance ”, car les choses ne signifient pas, mais sont signifiées ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 93-‐95] «Q. – Mais si le travail a pour objet les
vocables significaffs, comment se fait-‐il que dans la suite, ce soit sur les choses que se trouve porter tout son argument ? R. – Vu que les vocables, à la manière d’un messager, annoncent les choses, ils frent des choses qu’ils annoncent les différences qui les caractérisent. Or les choses qui rendent leur usage nécessaire, sont nécessairement considérées parce que c’est d’après les différences génériques qu’ils annoncent que les vocables, eux aussi, reçoivent le trait disfncff qui exprime leur genre. Incidemment certes, la recherche se trouve porter sur les différences génériques des êtres, mais principalement, elle porte sur les vocables qui sont significaffs, comme on l’a dit ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 105] «Q. – Mais si l’argument d’Aristote a pour objet les
dix catégories, pour quel moff n’est-‐ce pas par elles qu’il a fait débuter son enseignement, mais par un exposé sur les équivoques, les univoques et les dérivés ? Il a en effet l’allure de quelqu’un qui promet une chose, mais en donne une autre. R. – Mais il n’y a ni démarche superflue, ni oubli de son propos, lorsqu’il consacre à cela en premier son argument. Au contraire, il expose au préalable les éléments nécessaires à la doctrine des catégories, de manière à ne pas abandonner en plein milieu son enseignement, faire des digressions et rompre la confnuité. De même qu’en géométrie, les savants exposent au préalable certaines définifons, axiomes, postulats et divisions qu’il est ufle d’avoir préalablement saisis lorsqu’on apprend, pour la clarificafon des théorèmes, de la même façon Aristote, lui aussi, saisit donc préalablement les données concernant les équivoques, les univoques et les dérivés, ainsi que toutes les données qui suivent, parce qu’elles sont très ufles à la doctrine des catégories ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 107-‐109] « R. – […] Toute chose possède un nom et une définifon
(ou une descripfon). Ainsi, la chose que voici possède un nom, ‘homme’, et on la fait voir par ce moyen, mais elle a aussi sa définifon, car nous disons que l’homme est un animal rafonnel mortel, capable d’intelligence et de science. Chacune des choses en effet s’indique à la fois par le moyen d’un nom et par le moyen d’une formule suscepfble de la définir, c’est-‐à-‐dire d’en fournir l’essence, comme lorsqu’on dit que la parole est le sensible propre de l’audifon. Donc, si toute chose possède à la fois un nom et une formule définifonnelle, il y a place, dans les choses, pour quatre rapports entre les formules de ce genre et les noms. En effet, ou bien les choses partagent à la fois le même nom et la même formule, ou bien elles partagent le nom mais pas la formule, ou bien elles partagent la formule mais pas le nom, ou bien elles ne partagent ni la formule ni le nom. Et chaque fois que les choses partagent le même nom, mais pas du tout la même formule, elles sont appelées équivoques. Quand, en revanche, elles partagent à la fois la formule et le nom, les choses de ce genre sont déclarées univoques, parce que c’est comme en union avec le nom qu’elles possèdent aussi la même formule. Quand d’autre part, elles partagent la même formule, mais pas le nom, elles sont appelées plurivoques, et dès lors qu’elles ne partagent ni le nom ni la formule, elles sont appelées altérivoques ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses
[éd. Bodéüs, p. 109] « R. – Il y a toutefois un cinquième mode : quand certaines choses proviennent d’autres dont elles partagent dans une certaine mesure à la fois le nom et la formule, mais s’en disfnguent par le changement de forme nominale, ce sont des choses qu’on appelle dérivées ».
Porphyre
Nom formule [logos]
équivoques [homonymes]
Commun Différent
univoques [synonymes]
Commun Commun
plurivoques [polyonymes]
Différent Commun
altérivoques [étéronymes]
Différent Différent
dérivées [paronymes]
En parfe commun, en parfe différent
[changement de forme nominale]
En parfe commun, en parfe différent
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 109] « Q. – Est-‐ce que toutes sont menfonnées par Aristote ? R. – Non pas ! Q. – Lesquelles sont donc menfonnées ? R. – Les équivoques, les univoques, les dérivées. mais il ne fait état ni des plurivoques, ni des altérivoques. Q. – Pourquoi ? R. – parce qu’il n’en avait pas besoin pour la suite et qu’il a fait état de celles dont il avait besoin ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 127-‐129] « Q. – Maintenant que tu as donné la
définifon des équivoques, il faut encore en apporter un exemple ; mais est-‐ce que, du moins, il n’y a qu’une seule sorte d’équivoques, si bien qu’avec l’exemple qui illustre ce^e unique sorte, nous pourrons saisir à suffisance l’enseignement qui en est donné ? Ou bien y a-‐t-‐il plusieurs sortes d’équivoques ? R. – Il en est plusieurs. Q. – Quelles sont-‐elles ? R. – À prendre les choses de très haut, on peut dire qu’il y en deux : l’une d’elles est fortuite, et l’autre, le résultat de la pensée. Mais si l’on subdivise encore celle qui résulte de la pensée pour disfnguer celle où les choses manifestent une similitude, celle qui procède de leur analogie et celle où elles ont la même source et ont le même but, on obfendra toutes les sortes qui existent ».
Porphyre
homonymes [équivoques] par hasard ‘à la suite d’une pensée’
similitude analogie à par<r d’un vers un
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 129-‐131] « Q. – Quelle est donc la sorte qui est
fortuite ? R. – Celle des choses différentes qui, par hasard et sans qu’on sache pourquoi, se trouvent avoir la même dénominafon, comme Alexandre, fils de Priam, et Alexandre, fils de Philippe, qui fut roi des Macédoniens. On dit en effet que ce sont des équivoques fortuits. Les autres sortes, en revanche, peuvent dépendre de la pensée. C’est d’abord le cas du mode d’équivocité consftué en vertu d’une ressemblance, quand, par exemple, je donne l’appellafon ‘homme’ à l’animal rafonnel mortel, ainsi qu’à l’image d’un homme. Quand à la vue de celle-‐ci, je déclare que c’est un homme, ce n’est pas évidemment par hasard que j’appelle également ‘homme’ le dessin figuré ; au contraire, c’est parce qu’il ressemble à l’homme vivant. Donc, c’est à parfr de ce^e pensée que j’appelle ‘homme’ à la fois l’homme vivant et sa statue ou son image ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 129-‐131] « R. – À nouveau, si je me mets à
appeler la monade principe des nombres, le point, principe de la ligne, la source, principe des fleuves et le cœur, principe du vivant, le nom de ‘principe’ sera appliqué à des choses équivoques à la suite d’une pensée : c’est en vertu d’une analogie que j’aurai a^ribué ce nom en commun à toutes les choses en quesfon. En effet, ce qu’est la monade dans le cas des nombres, le point l’est aussi dans le cas des lignes, comme la source dans le cas des fleuves et le cœur dans le cas des animaux. Or, ce genre de rapport qu’on indique est appelé ‘analogique’ dans la langue des géomètres et c’est la raison pour laquelle le terme de ‘principe’ se trouve reçu parmi les équivoques par analogie ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 131-‐133] « [R. –] Quant à la troisième sorte d’équivoques
qui résultent d’une pensée, elle comprend le cas où une appellafon commune à des choses différents dérive d’une seule et même chose. Ainsi, la médecine est la seule et même chose dont nous avons fré l’appellafon ‘médical’ appliquée au traité, à la drogue et au scalpel. Mais le traité est médical, parce qu’il confent la transcripfon de connaissances médicales, le scalpel est médical, parce que c’est un instrument qui sert aux incisions prafquées en médecine, et la drogue est médicale, parce qu’elle est ufle au médecin pour ses thérapies. Par conséquent, le nom est bel et bien commun, mais la formule correspondant à ce nom est différente pour chacun des objets qui reçoivent ce^e appellafon commune. Cependant, c’est d’une seule et même chose, la médecine, qu’est frée l’appellafon ‘médical’, qu’on ne leur confère pas par hasard ; c’est au contraire à parfr d’une pensée que des noms ont été donnés à toutes ces choses par ceux qui les ont qualifiées nommément ainsi ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses [éd. Bodéüs, p. 133] « [R. –] Il y a par ailleurs une quatrième sorte
d’équivoques qui résultent d’une pensée : elle comprend les cas où des choses différentes visent la même fin et reçoivent de ce^e fin une appellafon commune. Par exemple, la santé étant la fin que s’assigne celui qui se soigne, c’est à parfr d’elle que le pain est appelé sain, que la promenade est dite saine et que la lecture est dite saine aussi. Mais il en est qui ont ra^aché ce^e sorte-‐là à celle des dérivés d’une chose unique et ils ont appelé l’ensemble en quesfon celui des choses qui ont la même source et ont le même but. Or il en est d’autres qui ne classaient même pas cet ensemble dans le nombre des équivoques, ni d’ailleurs non plus dans celui des univoques, mais le plaçaient au milieu, entre les équivoques et les univoques, du fait que les choses différentes qu’on appelle en commun ‘médicales’ le sont parce qu’elles parfcipent de la même formule et celles qu’on appelle ‘saines’ reçoivent en commun ce^e appellafon parce qu’elles contribuent à la même chose, la santé ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses Métaphore et analogie :
[éd. Bodéüs, p. 135-‐139] « Q. – Puisqu’il y a une sorte d’équivoques que tu as dite par analogie, est-‐ce que malgré tout il y aurait encore des équivoques par métaphore et seraient-‐ils à classer sous la sorte par analogie ? Ou bien y a-‐t-‐il là deux sortes disfnctes, l’une par métaphore et l’autre par analogie ? autrement dit, je veux savoir si l’on doit inclure dans la sorte par analogie la sorte par métaphore, ou bien considérer en elle-‐même, comme une autre sorte d’équivoques, la sorte par analogie ? R. – Beaucoup de personnes, dont précisément A�cus, ont commis l’erreur de cataloguer en une seule sorte d’équivoques, celle par métaphore et celle par analogie, autrement dit de confondre celle par métaphore avec celle par analogie. […] Eh bien, selon moi, il y a expression métaphorique quand une certaine chose possède un nom qui lui est propre, mais qu’on la désigne autrement, par un autre nom transféré sur elle par extension et que l’on uflise celui-‐ci comme si c’était le sien. Il ne peut être ques<on ici d’une forme d’équivocité. En revanche lorsqu’une chose n’a pas d’autre nom que celui-‐là, c’est alors qu’apparaît l’équivocité. […] Or ce qu’on nomme ‘les pieds’ dans le cas d’un lit et d’une table, ce sont les pièces qui leur ressemblent. Dans le cas d’une montagne ou d’un bateau, en revanche, les noms respecffs de leurs parfes sont ‘pentes’ et ‘gouvernail’, tandis que l’appellafon de ‘pieds’ est une appellafon qui leur a été transférée : ces expressions seront métaphoriques, mais pas équivoques ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses Les plurivoques :
[éd. Bodéüs, p. 143] « R. – Je déclare que sont plurivoques des choses qui ont des noms différents et mulfples, mais dont la formule est une et la même, comme la glaive, l’épée, le sabre et, dans le cas du vêtement, le pardessus et le manteau. La chose en effet est une dans le cas de l’épée et sa définifon, c’est-‐à-‐dire la formule qui correspond à ce nom, est également une (c’est en effet ‘un fer à double tranchant forgé pour supprimer les animaux’), mais son nom varie et diffère selon qu’on dit ‘l’épée’, ‘le glaive’ ou ‘le sabre’ et selon toute apparence, c’est l’opposé des équivoques : c’est comme si on appelait cela des choses de formule ou de définifon semblables, et qu’on disait qu’elles ont leur formule en commun, alors que les noms correspondant à ce^e formule sont différents ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses
Les altérivoques : [éd. Bodéüs, p. 143] « Q.– Définis par ailleurs encore les altérivoques. R. – Sont par ailleurs altérivoques, des choses qui ne partagent ni le nom, ni la formule, comme le feu, l’or, Socrate et le courage ; autrement dit, sont altérivoques, celles dont à la fois le nom et la formule sont différents ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses Les dérivés :
[éd. Bodéüs, p. 143-‐145] « […] R. – Par ailleurs, sont dites dérivées toutes les choses qui se disfnguent d’une autre par l’inflexion et défennent l’appellafon correspondant à son nom. Ainsi de la science des le^res dérive le le^ré et du courage, le courageux. […] Sont dites dérivées, soufent-‐il, toutes les choses qui frent d’un certain nom, avec changement de forme, leur appellafon. Ainsi, le courage se dit d’une certaine vertu ; mais, partant de l’appellafon ‘courage’, moyennant un changement de forme à la fin du nom, on appelle habituellement quelqu’un ‘courageux’ : du même nom, celui-‐ci possède le cas fléchi (savoir celui de ‘courage’), avec un changement de forme à la fin seulement. Et c’est ce changement de forme qu’Aristote appelle habituellement ‘inflexion’ ; ce n’est pas en effet ce que nous appelons nous-‐mêmes les ‘inflexions’ du nom. Il faut aujourd’hui juger qu’il disait : vu que le courageux diffère du courage par l’inflexion, c’est-‐à-‐dire par un changement de forme affectant le même mot de ‘courage’, il se trouve appelé ‘courageux’ par un changement de forme. C’est en effet ce qu’il prétend : le dérivé ‘défent l’appellafon correspondant au nom’, avec seulement une modificafon formelle à la fin ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses Les dérivés :
[éd. Bodéüs, p. 145-‐147] « Q.– De quoi donc a-‐t-‐on besoin pour avoir des dérivés ? R. – Il y a trois condifons. […] Premièrement, il doit y avoir une chose à laquelle ils doivent parfciper ; deuxièmement, il faut le nom auquel ils doivent parfciper ; et troisièmement, il faut une différence par rapport à ce nom, marquée par quelque changement formel. Et si une seule de ces trois condifons a été supprimée, il ne peut plus y avoir des dérivés. Le courageux est en effet un dérivé, parce que le courage est la chose à laquelle il parfcipe ; mais il parfcipe aussi à son nom, puisque le ‘courageux’ dérive du ‘courage’, et cependant il parfcipe encore d’un changement formel, puisque l’inflexion apparaît à la fin du nom ‘courage’ ; ‘courage’ en effet se termine par la syllabe ‘-‐ge’ et ‘courageux’ par la syllabe ‘-‐geux’ ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses Les dérivés :
[éd. Bodéüs, p. 147] « Q.– Montre donc comment il se fait que si l’une de ces condifons fait défaut, il n’y a plus de dérivé. R. – Tout de suite. Il n’y a qu’à prendre une femme qui a part aux connaissances scienffiques, et qu’on appelle une ‘scienffique’. Il y a aussi la chose à laquelle elle a part et même le nom à parfr duquel elle a été appelée ‘scienffique’, mais il n’y a pas eu pour ceci de changement formel, au contraire, et les connaissances qui consftuent son état, ainsi que la femme elle-‐même, se trouvent pareillement appelées ‘scienffiques’. Ce n’est donc pas de façon dérivée que la femme est dite ‘scienffique’, mais de manière équivoque. En revanche, le musicien fre son appellafon par dérivafon de la musique, parce qu’en fait les trois condifons sont présentes dans son cas : parfcipafon à la chose, parfcipafon au nom et changement formel du nom. Nouvel exemple : alors qu’il y a la vertu, celui qui parfcipe de la vertu se trouve appelé ‘sérieux’. Ici, la vertu est bien la chose à laquelle l’homme en quesfon parfcipe, mais dès lors qu’il n’a pas de part à ce nom – le ‘sérieux’ et la ‘vertu’ consftuent en effet des noms différents – il ne peut être quesfon de dérivés ; si bien que l’homme sérieux, quoiqu’il ait part à la vertu, ne sera pas appelé sérieux par dérivafon ».
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses
Les trois condi<ons de la paronymie selon Porphyre : • parfcipafon à la chose ; • parfcipafon au nom ; • changement formel du nom.
Porphyre Commentaire aux Catégories d’Aristote
par quesPons et réponses Porphyre : • Le point de départ n’est pas représenté par ce qui est ‘commun’ (comme chez Alexandre) ou par ‘ce qui se dit de nombreuses façons’, mais par une table complète des rapports possibles entre les formules définifonnelles et les noms ; • pour ce^e raison, Porphyre joint, à la considérafon des équivoques, des univoques et des dérivés (paronymes), celle des plurivoques et des altérivoques ; • Porphyre est parfaitement conscient du fait que la discussion relafve à l’équivocité est cruciale pour la possibilité d’instaurer une science de l’étant en tant qu’étant (la ‘métaphysique’); • Porphyre semble ne pas accepter la fusion entre les équivoques qui dérivent d’une seule et même chose et ceux qui visent la même fin et reçoivent de ce^e fin une appellafon commune ; • surtout, Porphyre mainfent ces deux cas dans le champ des équivoques, et semble rejeter l’idée (d’Alexandre) qu’il puisse s’agir de quelque chose d’intermédiaire entre les univoques et les équivoques; • il disfngue ne^ement l’analogie de la métaphore ; • il fixe tout aussi ne^ement les condifons de la paronymie, et surtout, récupère l’idée de la parfcipafon à une nature commune dans le champ de la paronymie, plus que dans celui des choses qui se disent à parfr d’un et vers un.
Les commentateurs x [tradifon exégéfque commune] Porphyre Jamblique
Dexippe
Proclus
Boèce Ammonios Simplicius Philopon Olympiodore
David / Elias Sophonie
La saison des commentaires: Simplicius
Simplicius aussi crifque Plofn dans la même perspecfve que Dexippe :
• la crifque faite à Aristote est dépourvue de générosité, parce que les Catégories n’ont pas l’intenfon de traiter directement des étants (des régions ontologiques), mais des termes premiers qui se réfèrent aux étants.
• Il est vrai qu’il ne faut pas confondre ou associer substance intelligible et substance sensible, mais il est vrai aussi que se donne entre elles, comme dans l’univers enfer, une confnuité fondamentale (synécheia) : dans ce sens, on ne peut adme^re entre elles ni une pure synonymie ni une homonoymie pure, radicale.
La saison des commentaires: Simplicius
Quelques quesfons de fond du Commentaire de Simplicius : (1) Pourquoi, au lieu de parler immédiatement des termes premiers
qui servent à classer les réalités, Aristote disfngue-‐t-‐il avant tout, dans les Catégories, synonymes, homonymes et paronymes ? [objecfon de Nicostrate]
1.1. Si tout avait un nom unique (et un logos unique), on n’aurait même pas besoin de disfnguer différentes catégories : une seule serait suffisante, et tout rentrerait en elle. La disfncfon sert donc à fonder la diversité des genres suprêmes.
1.2. pour soulever immédiatement la quesfon de savoir si l’être peut être considéré comme un genre, ou s’il se dit de plusieurs façons, selon des genres différents
1.3. pour éliminer tout de suite l’ambiguïté des termes (stratégie dialecfque)
La saison des commentaires: Simplicius
Quelques quesfons de fond du Commentaire de Simplicius :
(2) En plus des synonymes, homonymes, paromymes, n’aurait-‐il pas fallu également parler de polyonymes et hétéronymes ?
Polyonymes : termes qui possèdent le même lógos, mais
des noms différents, comme dans le cas de mérops (‘parlant’) et brotós (‘mortel’) par rapport à ánthropos (‘homme’)
Hétéronymes : termes qui n’ont en commun ni le nom ni le lógos.
La saison des commentaires: Simplicius
Nom Logos
Synonymes Commun Commun
Homonymes Commun Différent
Polyonymes Différent Commun
Hétéronymes Différent Différent
Paronymes En parfe commun, en parfe différent
En parfe commun, en parfe différent
La saison des commentaires: Simplicius
Quelques quesfons de fond du Commentaire de Simplicius :
(2) En plus des synonymes, homonymes, paronymes, n’aurait-‐il pas également fallu parler de polyonymes et hétéronymes ?
2. Polyonymes et hétéronymes concernent le style,
et donc la rhétorique, plus que la logique ou la classificafon des étants à travers les termes premiers.
La saison des commentaires: Simplicius
Quelques quesfons de fond du Commentaire de Simplicius:
(3) Pourquoi Aristote se réfère-‐t-‐il au ‘discours’ ou ‘énoncé’ (lógos) de l’essence, et non à la véritable et propre définifon (horismós)?
3. Parce que, pour évaluer la communauté ou différence
entre les termes, on a besoin de se référer à quelque chose qui vaille aussi pour les genres suprêmes et pour les individus, dont il est impossible, par contre, de donner une définifon.
La saison des commentaires : Simplicius • Simplicius, In Cat., 1, 1 a 4 ss. :
[Enoncé de l’essence ou définiPon de l’essence ?] • « Si Aristote a parlé d’énoncé (lógos) et non de définifon (horismós),
c’était afin d'inclure aussi l’explicafon descripfve qui s’applique aussi bien aux genres les plus élevés qu’aux individus. Les uns et les autres ne peuvent être embrassés par une définifon, parce qu’il n’est possible d’assumer ni un genre des genres les plus élevés, ni des différences consftufves des individus, tandis que la descripfon rend compte de la parfcularité propre de l’essence et parvient donc aussi à a^eindre les genres suprêmes et les individus. C’est pourquoi Aristote n’a pas parlé purement et simplement de l’énoncé correspondant au nom, mais a précisé : “ l’énoncé de l’essence ”. C’est que l’énoncé descripff détermine la parfcularité propre de l’essence, tandis que l’énoncé définifonnel donne la quiddité de chaque réalité, c’est-‐à-‐dire l’essence elle-‐même. L’expression “ l’énoncé de l’essence ” embrasse donc à la fois l’énoncé définifonnel et l’énoncé descripff » (trad. Hoffmann).
La saison des commentaires : Simplicius
• Enoncé ou discours définifonnel (horismós) : définifon au sens strict, relafve à la quiddité ou essence spécifique de la chose (tò p ễn eînai)
• Enoncé descripff : ce qui concerne le caractère parfculier (idiótēs) de l’essence et, pour autant, est applicable aussi aux genres suprêmes et aux individus
• Enoncé ou discours “de l’essence” (lógos tễs ousías): énoncé définifonnel + énoncé descripff.
La saison des commentaires : Simplicius
• Simplicius, In Cat., 1, 1 a 4 ss. : [les différents modes d’homonymie]
« Parvenus à ce point, les commentateurs ont coutume de dénombrer les modes d’homonymie, et ils disent que, du point de vue des modes les plus généraux, les homonymes se disent en deux sens: les uns sont dus au hasard (ainsi Alexandre, c’est aussi bien Pâris que le roi de Macédoine), les autres sont intenfonnels (apò dianoías): après avoir réfléchi (dianoētheís), pour une certaine raison, quelqu’un applique les mêmes noms à des choses différentes. La première classe, celle des homonymes dus au hasard, parce que précisément elle ne relève que du hasard et qu’elle est indéterminée, demeure indivise. L’autre au contraire, celle des homonymes intenfonnels, se divise en quatre groupes » (trad. Hoffmann).
La saison des commentaires : Simplicius
• Simplicius, In Cat., 1, 1 a 4 ss. : [les différents modes d’homonymie]
(1) « Il y a tout d’abord les homonymes par ressemblance : ce sont ceux auxquels précisément Aristote a eu recours dans son exemple desfné à expliquer les homonymes, lorsqu’il dit “ animal, c’est aussi bien l’homme que sa représentafon peinte ” : ces deux réalités (l’homme et sa représentafon peinte) ont en commun ce nom ‘animal’, mais leurs définifons sont différentes, parce que l’homme est un animal compris comme une essence douée d’âme et de sensibilité, tandis que le portrait ou la statue de l’homme est un animal au sens d’un objet ressemblant à une essence douée d’âme et de sensibilité » (trad. Hoffmann).
La saison des commentaires : Simplicius
• Simplicius, In Cat., 1, 1 a 4 ss. : [les différents modes d’homonymie]
(2) « Deuxième mode d’homonymie intenfonnelle: celle qui procède par analogie : ainsi, quand on dit de manière homonymique que l’unité est principe des nombres, le point principe de la ligne, la source principe des fleuves, le cœur principe des vivants. Car ce que l’unité est au nombre, le point l’est à la ligne, et ainsi de suite : ce qui est le propre de l’analogie » (trad. Hoffmann).
La saison des commentaires : Simplicius
• Simplicius, In Cat., 1, 1 a 4 ss. : [les différents modes d’homonymie]
(3) « Troisième mode d’homonymie intenfonnelle : à parfr d’un certain terme, une prédicafon commune s’applique à plusieurs réalités différentes. A parfr de la médecine, par exemple, on parle de livre médical – parce que en lui sont consignées des connaissances médicales –, on parle d’un scalpel médical – parce que c’est l’instrument qui sert à effectuer les incisions que prescrit l’art médical –, et l’on parle aussi d’un remède médical – parce qu’il est ufle à la guérison – : ainsi, toutes ces réalités ont en commun le nom médical, mais à chaque fois la définifon en est différente » (trad. Hoffmann).
La saison des commentaires : Simplicius
• Simplicius, In Cat., 1, 1 a 4 ss. : [les différents modes d’homonymie]
(4) « Quatrième mode : des réalités différentes sont rapportées à une seule et unique fin, et elles fennent leur appellafon de ce^e fin : on parle de nourriture saine, de remède sain, d’exercice sain, et de même pour toutes les réalités dont la dénominafon dérive de la santé, comme du but qu’elles poursuivent » (trad. Hoffmann).
La saison des commentaires : Simplicius homonymes
Par hasard inten<onnels ressemblance analogie à par<r d’un vers un
La saison des commentaires : Simplicius homṓnyma
apò týchēs apò dianoías kath’homoiótēta katà analogían aph’henós pròs hén
Le schéma d’Aristote (Ethique à Nicomaque + Physique)
Homonymes Par hasard [par intenfon?] [apò týchēs]
semblables ‘proches’
par genre
‘à parfr d’un’ ‘vers un’ par analogie [aph’henós] [pròs hén] [katà analoghían]
La saison des commentaires: Simplicius
• Simplicius, In Cat., 1, 1 a 4 ss.: [Opinions divergentes sur le troisième et quatrième mode d’homonymie]
• « Certains rassemblent ces deux derniers modes et, dans leur dénombrement, considèrent qu’il n’y en a qu’un: l’homonymie qui dérive d’un terme unique et converge vers lui. D’autres n’ont rangé ce mode ni dans les homonymes ni dans les synonymes, mais dans une classe intermédiaire entre les homonymes et les synonymes : les termes de ce type – réalités médicales dénommées à parfr de la médecine, réalités saines à parfr de la santé – parfcipent d’une certaine définifon (ils n’ont pas seulement un nom en commun), et, pour ce^e raison, ils ressemblent aux synonymes ; mais dans la mesure où les réalités qui parfcipent de ce^e définifon n’en parfcipent pas de manière égale – le livre qui renferme la science médicale n’est pas médical au même ftre que le scalpel, le remède et la promenade ne sont pas sains au même ftre –, pour ce^e raison ils ne sont donc pas synonymes » (trad. Hoffmann).
La saison des commentaires : Simplicius
Aph’ henós et pròs hén coïncident-‐ils ? • Oui, à ce qu’il paraît, chez Alexandre d’Aphrodise, et beaucoup plus tard chez Sophonie
• Non, chez d’autres commentateurs néoplatoniciens tardifs (Ammonius, Philopon, Olympiodore)
• Non seulement ils divergent entre eux mais ils peuvent subir, à leur tour, une subdivision ultérieure (du moins en ce qui concerne la dépendance aph’ henós; cr. David / Elias : quelque chose dépend ou d’une cause ou d’un ‘paradygme’).
Les commentateurs x [tradifon exégéfque commune] Porphyre Jamblique
Dexippe
Proclus
Boèce Ammonios Simplicius Philoppon Olympiodore
David / Elias Sophonie
La saison des commentaires : Simplicius
Quelle est, en revanche, la solufon de Simplicius ? Il oscille souvent entre l’uflisafon conjuguée (kaì) et dissociée (ḕ). Un passage, dans ce même commentaire aux Catégories (à propos de la qualité et de ses divisions), peut nous donner quelques indicafons.
La saison des commentaires : Simplicius
• Simplicius, In Cat., 8 [“ Choses qui se disent en plusieurs sens ” : homonymes, synonymes et “ choses qui se disent à parPr d’un et vers un ”]
• « Peut-‐être la qualité est-‐elle dite en plusieurs sens parce que ses espèces ne sont
pas égales, mais les unes sont plus en haut, les autres sont plus défectueuses, les unes sont plus parfaites, les autres sont moins parfaites et les unes sont plus en puissance, les autres sont en acte. Elles auraient donc de l’antériorité et de la postériorité de tous ces points de vue, comme si, en dérivant d’un seul principe et en concernant un seul principe, elles se mulfpliaient et se différenciaient les unes des autres à cause d’une diminufon de la puissance première. La qualité peut donc être dite en plusieurs sens de ce point de vue. En effet, habitus, puissance, qualité passive et figure n’occupent pas la même place, mais la division procède en descendant vers les espèces toujours plus faibles de la qualité » (trad. Hoffmann / Luna).
La saison des commentaires : Simplicius
• Simplicius, In Cat., 8 [“ Choses qui se disent en plusieurs sens ” : homonymes, synonymes et “ choses qui se disent à parPr d’un et vers un ”]
• « De ce point de vue, les espèces de la qualité sont semblables aux réalités
aph’henòs kaì pròs hén. Pour ce qui est de l’être dit en plusieurs sens, il ne s’adapte vraiment ni aux homonymes ni aux synonymes, mais, comme le dit clairement Aristote dans la Métaphysique, aux choses qui sont dites aph’henòs ḕ pròs hén (en effet le ‘un’ et ce qui est médical sont dits en plusieurs sens). Toutefois, le terme ‘en plusieurs sens’ s’applique aussi bien aux prédicats homonymes qu’aux prédicats synonymes, même si cela arrive rarement. Ce^e mulfplicité de qualités peut aussi procéder d’un genre unique, afin que la qualité soit prédiquée synonymement d’elles, sans que la division conduise à des espèces opposées et de même niveau, mais à des espèces toujours plus défectueuses et de ce^e manière on gardera le terme ‘en plusieurs sens’ » (trad. Hoffmann / Luna).
La saison des commentaires : Simplicius
Choses qui se disent de plusieurs façons synonymes à par<r d’un homonymes et vers un
inten<onnels par ressemblance par analogie par hasard
Les transforma<ons de la paronymie
• Ammonios [In Cat.] : certains homonymes intenfonnels, bien qu’étant tels entre eux, sont paronymes par rapport à ce dont dérive leur dénominafon à la paronymie s’introduit dans l’homonymie (exemples qu’on retrouve chez Boèce et Simplicius: ‘musique’ et ‘grammaire’)
• Olympiodore [In Cat.] : certains homonymes intenfonnels sont réellement tels, d’autres, bien qu’étant homonymes entre eux, sont paronymes en relafon à ce dont dérive le nom, c’est-‐à-‐dire en relafon à ce qui sert, par rapport à eux, de cause finale (pròs hén).