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Poèmes, contes et nouvelles en français, créole et anglais
Thème : le rêve Lumière sur Cyril Boyer Poète invité Pashupati Chatterji « Poltu »
É D I T I O N n° 13
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S IPAY REVUE LITTÉRAIRE SEYCHELLOISE
N°13 JUIN 2015
Le rêve Avec le soutien de la CNF
Commission Nationale de la Francophonie des Seychelles
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SOMMAIRE 2 ÉDITORIAL Daouda Traoré Catherine Panot 3 POÈTE INVITÉ Pashupati Chatterji “Poltu” 7 LUMIÈRE SUR Cyril Boyer 11 THÊME SUR Georgette Larue 13
POÈMES Gilles Pommeret -‐ J’ai fait un rêve 15
-‐ Le Grand Cerf Blanc Revient Gaëtan Sortet -‐ Radam et Rève 16 Françine Minguez -‐ Dans le gibier mémoire 18 -‐ I had a dream Haris Kasongo -‐ Rêve D 19 José Le Moigne -‐ Je ne veux plus rêver 20 Magie Faure-‐Vidot -‐ I had a dream 21 Thomas Chaline -‐ Passeport Unique de citoyen du monde 22
-‐ Les Collines, les forêts et les hommes -‐ De l’autre côté
Patrick Joquel -‐ Porter l’espoir 24 -‐ Lové de silence
Paolo Pezzaglia -‐ A dream 25 Richard Taillefer -‐ Observe 27
-‐ Nous avons fait semblant -‐ Lampedusa -‐ La horde
Sophie Brassart -‐J’ai rêvé des mots fondus 31 Simon Lanot -‐ J’avais un rêve 33 Tahir Pirbhay -‐ Inion mistik 35 Vénida Marcel -‐ I had a dream 36 Ntoka Hermann -‐ L’Afrique se réveille 37 Ben Eyenga Kamand -‐ Petit Bateau 38 “Ben Le Grand Enfant” -‐ Beau Rêv
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ÉDITORIAL C’est un honneur intimidant pour moi, mais surtout un plaisir unique de vous présenter cette nouvelle édition, avec Monsieur Daouda Traoré, qui au fil de ses riches éditoriaux de Sipay, a toujours eu l’art de vous tenir en haleine, à la découverte des lectures à venir. Pour sa 13ème édition, le thème proposé était « LE RÊVE ». Le rêve, comme le chiffre 13, peut-‐être faste ou néfaste. Annonciateur de vie ou de mort. S’agit-‐il chez Gilles Pommeret de partir à la chasse aux chimères? Sans doute un rêve fou -‐ Enfoui dans l’inconscient -‐ Du Grand Cerf blanc -‐ Qui part, content. Allusion aux mythes médiévaux où apparaissent d’étranges animaux imaginaires et symboliques ? Le Cerf Blanc -‐ symbole récurrent dans la mythologie celtique -‐ incarne souvent le passeur entre le monde des vivants et le monde des morts, le pays divin ou encore le « pays des fées » Tout être humain, quelle que soit sa terre d’origine, quelle que soit l’époque qui l’a vu naître, quelle que soit sa condition, tout homme -‐ toute femme rêve … et c’est bien là un trait qui relie tous les humains. Relier les hommes entre eux, n’est-‐ce pas le rêve généreux de Ben Engaya Kamanda : Je rêve, d’être un pont, liant les horizons. Comme celui d’amour universel de Patrick Joquel : Et les peuples te suivent -‐ Et les peuples se ressemblent. Nos enfants nous rassemblent. Le Poète est un Rêveur éveillé, un Utopiste, à la puissance créatrice, dont les mots font vaciller entre rationnel et irrationnel. J’avais un rêve suspendu au toit de mon esprit : une belle image de Harris Kasongo. Le rêve est souvent celui d’un Monde meilleur. Seul espace porteur de tous les espoirs et de tous les possibles. Où les vertus idéales et pures auraient le pouvoir de vaincre toutes les injustices et corruptions comme l’évoque avec ardeur Cyril Boyer dans : Ce beau rêve qui sera le futur un jour. L’un des recueils de Magie Faure–Vidot Vijay-‐Kumar ne s’intitule-‐t-‐il pas « Rêves créoles » ? Recueil dans lequel toutes les langues ont leur place, sous le soleil des pays créoles. Les langues créoles, ces langues mixtes, nées du contact et de la jonction de langues d’origines diverses. Le rêve d’une langue universelle, comme l’Espéranto. A l’instar de Paolo Pezzaglia qui confie A dream. Le rêve c’est la fraternité Une évocation nous vient naturellement à l’esprit, plusieurs fois citée par les écrivains de ce recueil, c’est le célèbre discours prononcé à Washington, le 28 août 1963 par Martin Luther King Jr. I have a dream … « Qu’un jour, cette nation se lèvera et vivra jusqu'à son credo: Nous tenons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes sont créés égaux. Je fais le rêve que mes quatre petits enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur caractère. J'ai un rêve... » Le rêve c’est l’égalité Aussi, tous les poètes représentés ici ont UN Rêve. Les plus belles utopies humaines, porteuses des plus grands changements sociaux, ne sont-‐elles pas nées, un jour, du rêve d’un individu qui a su le communiquer aux autres? Comme l’écrit Magie Faure –Vidot Vijay-‐Kumar
I HAD A DREAM So nice I played my dice Dreamt of stopping all the wars
And replace them by stars Ou encore Personne ne pourra nous empêcher
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De rêver En couleur
De nous reposer en douceur Sans avoir peur
Et c’est justement le rapprochement de leurs rêves qui porte les fondateurs de SIPAY – Magie Faure-‐Vidot, Paolo Pezzaglia et Fabien Le Dizes, afin de maintenir vivant ce lien littéraire et poétique, concrétisé aux Seychelles -‐ pays rêvé entre tous : In the swaying island, reflected and transparent, in the sea of my dream, still flowers the bougainvillea. Paolo Pezzzaglia Relier entre elles, ces petites îles des poètes en un nouvel archipel, que représente chaque édition de la revue littéraire Seychelloise SIPAY, tisser des liens entre autant de regards originaux et singuliers, qui vont se croiser, faire écho et résonner dans nos esprits, pour éveiller en nos consciences des espaces d’universalité. C’est le sens de l’adresse de Thomas Chaline à MVK Et si nos Vers se croisaient -‐ Le monde est si petit -‐ Qu'ils célèbrent ensemble la paix -‐ Pour la Terre et les tout-‐petits. Ou bien, comme le dit si justement Georgette Larue – poétesse aux trois langues maternelles: a sak enstan e sak moman -‐ ki nou lespri I revey nou -‐ sa paz spesyal se sa -‐ la kot tou ti konmanse -‐ sakenn son tour La face lumineuse et fantaisiste du rêve semble être l’apanage du Poète, capable de rêver éveillé, de vagabonder, divaguer, d’être dans la lune, ou dans les nuages. « Mi imagine pi mon vi san fonkèr -‐ Mi march, -‐ Mi rèv, -‐ Mi plane dann chemin Mi vang ek mon palto l’arc en ciel -‐ Moin lé un poète » Patrice Treuthard Le rêve est aussi l’espace du merveilleux. Lorsque Pshupati Chatterji nous entraîne dans son univers onirique, tel celui d’Alice au Pays des Merveilles, avec des lapins étonnants, qui pullulent, nous interpellent sur des sujets plus graves qu’il n’y paraît, et sont sujets d’analyse psychanalytique, Les rêves, auxquels on s’abandonne passivement, sont des pensées à la puissance créatrice sans limites, échappant à notre contrôle, à notre volonté, consciente. Le Rêve est l’espace de toutes les licences et jeux littéraires. Gaétan Sortet, avec Radam et Reve, nous livre une amusante adaptation parodique du texte de la Genèse, toute en fines allusions contemporaines. Guidés par ses allitérations de R, à l’ère du R, du R du Rêve, « sat li met en lér » ses héros chassés du jardin d’Eden, pour avoir osé goûter à la Promme, le fruit défendu de l’arbre de la connaissance. En effet, que fait d’autre le poète, l’artiste si ce n’est rêver le monde à sa manière et nous le donner connaître ? L’art est le rêve de l’humanité, un rêve de lumière, de liberté, de force sereine, affirme Romain Rolland Le Rêve c’est la Liberté Le rêve a d’ailleurs, souvent été utilisé comme une méthode de création par les écrivains. Le rêve c’est la littérature du sommeil, se plaisait à dire Jean Cocteau.
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Le rêve semble y gagner parfois des pouvoirs presque surnaturels, comme s’il avait la capacité de donner vie à nos phantasmes: c’est ce qu’évoque subtilement Richard Taillefer: Vous qui dans mes rêves vivez encore Réveillez-‐vous ! Jusqu’au bout de la nuit -‐ Nous avons fait semblant. Ntoka Hermann également, passant lui aussi de l’évocation à l’invocation: J'invoque les mots d’immortaliser cette bruine de révolution que mon cœur laisse choir à la surface du globe comme un pacte de délivrance. Le Rêve porte en lui tous les phantasmes et désirs. Le rêve est la réalisation d’un désir, a expliqué Freud. Désirs d’amour, comme le sont les rêveries amoureuses, érotiques, ou chimériques. Fièvre tumultueuse pour Magie Faure –Vidot Vijay-‐Kumar Mon rêve accèdera à son terme, lentement mais sûrement. Grâce à une fièvre -‐ Glaçant mon corps amoureusement. Idéalisation pour Tahir Pirbhay Mo ti ena enn rev -‐ ki lexistans fini pli pre -‐ avek moniman to premye amur -‐ akote apartman, la, lakaz to paran. Comme pour Paul Verlaine Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Ou sensualité excerbée pour Guy de Maupassant Qui de nous, dans ces sommeils troublés, nerveux, haletants, n'a tenu, étreint, pétri, possédé avec une acuité de sensation extraordinaire, celle dont son esprit était occupé Et avez-‐vous remarqué quelles surhumaines délices apportent ces bonnes fortunes du rêve ! Toutefois le “ Beau Rêve “ chargé d’illusions idéales, se brise trop souvent sur de dures désillusions, aux accents d’angoisse désespérée. Comme l’écrit Richard Taillefer : Parfois on souffre -‐ De savoir que la vie se poursuit -‐ Cette angoisse qui vous prend à la gorge -‐ Pouvoir en rire effrontément -‐ On s'évade alors dans des rêves -‐ Que l'on sait impossibles. Même triste constat pour Simon Lanot J’avais un rêve… Et, déjà, j’écrivais cette phrase -‐ Au passé, quand, au premier jour, mes yeux s’ouvraient sur une terre de pierres sèches Mienne et lointaine. Ou avec lucidité, Thomas Chaline dans Passeport unique de citoyen du monde : Traversant les quatre coins du globe -‐ Chaque peuple est un frère -‐ A disparu toute colère -‐ Passeport unique de citoyen de monde -‐ Le rêve était beau, mais il prend fin. Et la souffrance de Simon Lanot : J’en vis, j’en crève: j’avais un rêve.
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Ainsi conclut amèrement José le Moigne : Je ne veux plus rêver. Dans sa face sombre, le rêve confine à la folie, au délire. Il est alors l’espace des cauchemars, des hallucinations, des représentations fantastiques et macabres, de la veine des écrits d’Edgar Allan Poe, Gérard de Nerval, des chants de Maldoror, ou des nouvelles de Maupassant. L’esprit en proie aux hallucinations ne distingue plus l’irréel de la réalité, est happé par la porte du sommeil troublé et sans retour vers la Mort, comme dans le Horla. Richard Taillefer J’ai perdu -‐ Le chemin de mes rêves -‐ Dans les antres profonds -‐ De nouveau jaillissent les monstres Parallèlement, le Rêve possède des vertus cathartiques ou thérapeuthiques de guérison. Ressenti comme un espace d’évasion édénique qui permet de s’extraire d’une réalité douloureuse. Qui ne s'est jamais endormi avec un problème, pour s'apercevoir au matin qu'il avait comme miraculeusement trouvé la solution ? Pshupati Chatterji Mon psychiatre s’intéresse. Vénida Marcel I don’t know my destination -‐ Or the future -‐ At least -‐ I had a dream. Sophie Brassart J’ai rêvé de mots fondus qui glissent sur la chair -‐ du vieux chant guérisseur. Francine Minguez Je suis revenue dans le coeur du corps -‐entrée dans les nuages et la joie jamais perdue -‐ avec des mains lianes et des yeux pour traverser et percer -‐ les mystères, revenue dans le corps du cœur et des décors -‐ juste apprivoiser la lumière. Au gré des vents alizés de tous les espoirs, le Rêve demeure, envers et contre tout, envers et contre tous ,un fabuleux magicien, catalyseur et sublimateur de nos vies. Les vingt-‐cinq fabuleux textes suivants en témoignent. Bonne lecture !
Catherine Panot
La 14e édition de SIPAY portera sur le thème : Unité et Diversité.
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Biographie de l’auteur invité : Pashupati Chatterji « Poltu » INDE Pashupati Chatterji, « Poltu » de son nom de plume, est un romancier, bédéiste et chansonnier. Il a passé son enfance en Afrique, et a vécu plus tard au Rajasthan, en Inde. Il a aussi séjourné quelques années en Allemagne. Il vit maintenant à Bangalore. Avant de devenir écrivain en 2006, il a fait carrière en ingénierie informatique. En plus du l’anglais, il parle le français et l’allemand et quelques langues indiennes. Sur son blog d’humour: il dessine une BD hebdomadaire: Mon Dieu! en français, Good God ! en anglais. http://pen-‐slinger.blogspot.com Cette BD est maintenant disponible en édition papier. Il a aussi écrit plusieurs livres: des romans humoristiques et d’autres non-‐romanesque. Ses romans sont accompagnés de chansons, lesquelles sont accessibles également sur son site web. Toutes ces informations sont disponibles sur son site web: http://www.poltusworld.com. Il a gagné le premier prix de “Chansons Sans Frontières” en 2014, pour sa chanson ‘Le Tracteur Rouge de la Liberté’. Il a également été le Bédéiste en Résidence à l’Alliance Française de Lyon, en Juin 2014. Ses récits humoristiques sont à lire en ligne: http://pen-‐slinger.blogspot.com/2014/05/comment-‐aller-‐en-‐france-‐en-‐tracteur.html http://pen-‐slinger.blogspot.com/2014/06/attention-‐ya-‐un-‐bedeiste-‐dans-‐la-‐maison.html Bibliographie de Poltu Romans (en anglais):
Perl and the Sacred Ashtray Perl and the Exploding Buffalo Perl and the Last of the Neanderthals Perl and the Psychotic Mutant Space Cattle
Non-‐romanesque (en anglais): Going Up the Downturn BD (français et anglais): En recherchant Godot Mon Dieu ! / Good God!
Magie Faure-‐Vidot
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J’AI UN RÊVE J’ai un rêve De lapins De lapins marron De lapins marron et noirs Mangeant de la salade. De la salade verte. Comme des lapins. Et baisant. Les lapins marron et noirs. Dans le parc. Au milieu de la salade verte. Comme des lapins Mon psychiatre s’intéresse J’ai un rêve De lapins De lapins rôtis Non, non. De lapins pochés De lapins rôtis ou pochés sur toast De lapins gallois Attends…ça c’est pas vraiment des lapins… Ou je me trompe? En tout cas, Mon psychiatre s’intéresse J’ai un rêve De lapins De lapins au vin De lapins pas au vin, bourrés De lapins pas bourrés De lapins simplement pompettes De lapins, conduisant en état d’ivresse Mon psychiatre s’intéresse De lapins, se reproduisant comme des lapins De lapins, de lapins, partout Une marée de lapins Une marée noire de lapins Un pétrolier, teuf-‐teufant dans une marée noire de lapins. Le pétrolier ‘Lapin’. Capitaine : Pierre Lapin Ohé ! Lapin en vue ! Mon psychiatre s’intéresse De lapins dans mes cheveux De lapins dans le placard De lapins au milieu des bouteilles de lessive
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Et de shampooing. De lapins faisant la lessive et le shampooing Des lapins. Non, non. Des autres lapins. Les lapins dans mes cheveux Avec mes produits. J’ai un rêve De lapins De lapins propres Mon psychiatre s’intéresse LES MOTS DE MALHEUR Je t’ai trouvé un mot dans le dictionnaire, Séduisante, comme ta beauté pas ordinaire Tu m’en as trouvé un autre, dans le livre des mots Dégoûtant, comme le déchet des animaux J’aimerais saisir ton stupide dictionnaire Et le remplacer par un autre moins sanguinaire Je sais on peut être gai, ravissant et prospère Si seulement je pouvais bricoler ce vache vocabulaire J’ai trouvé deux dans un bon thesaurus Qui te vont bien: délicieusement somptueuse Tu m’en as trouvé cinq dans un ancien lexique: Idiot, imbécile, ridicule, maladroit comique Qui a fait tous ces mots, je voudrais savoir? D’où ils viennent, ces mots de malheur? Pourquoi on a besoin de tous ces mots dans la tête? On peut se battre avec bisous, câlin et couchette LE MOT Le mot est un papillon, bercé dans la brise Le mot se pose sur une petite marguerite Le mot coule du soldat, de la blessure sanglante Le mot prend la mer pour des batailles sans sens L’un avec le mot Il l’a dit il y a éternité Il aura le dernier mot À la dernière journée
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Le mot est un termite évidant de la base Quand d’autres mots sur elle bâtissent un grand édifice Des mots apportent de la paix aux hommes Quand d’autres mots les coupent en petits rubans L’un avec le mot Il les a tous dans sa boîte Il piochera l’un ou l’autre mot Par son momentané caprice Le mot est l’amant chuchotant dans l’oreille Le mot est la mégère et son intarissable raillerie Le mot est la sirène vous alléchant au lit Le mot est le lendemain quand vous êtes engourdi L’un avec le mot Il est l’amant et la mégère De lui viennent tous les mots Qui aiment, tuent et mijotent
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LUMIÈRE SUR CYRIL BOYER FRANCE Cyril BOYER, est né le 18 Mai 1976 à Pertuis (Vaucluse). Il vit à Rouen. Après des études en Sciences humaines et sociales, et un passage à l’IEP d’Aix-‐en-‐Provence, il commence sa collection de « mots rares et précieux » au fil de ses lectures. Marqué par les proses courtes de Pierre-‐Alain Tâche, et les phrases travaillées, souvent averbales, de Nicolas Cendo. Il tisse ses jours de mots. Il considère que la poésie n’est pas morte, et qu’elle trouve encore à s’exprimer dans un siècle rutilant et couvert de strass et de paillettes. Engagé dans le milieu associatif, et plus particulièrement dans la lutte contre la corruption politique et financière, ainsi que la lutte contre les discriminations.
Magie Faure-‐Vidot 1 Le crayon en main et d’un zèle animé, Je gourmandais l’injustice et flattais l’opprimé. Voyant que tous les jours, des ministres infâmes, Livraient le pays aux flammes, Rendaient le peuple esclave… Ramener les trois couleurs, Liberté, Egalité, Fraternité, Sous le sceau d’une même bannière républicaine, Faire triompher la justice et les libertés publiques, Ce feu ne cessait de brûler dans mes veines. 2 La truelle en main, et d’un bras diligent, Je me suis employé tel un laboureur, A couper les ronces et détruire les racines, Sur lesquelles, chaque jour, les mauvais politiques, S’engraissaient des misères publiques, Sans qu’on puisse punir leur cruel attentat. Dans une terre fraîchement remuée, J’ai planté l’écriture d’un germe partagé, Pour que Cérés révèle de ses veines des trésors, Et que la branche verte de l’espoir, De l’adultère des outrages passés, redore de vertu, La divine balance de la céleste Thémis.
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3 J’avais un rêve… Dans le vitrail de la pensée, Vaincre les oppresseurs, Laisser la liberté, Foudroyé les traitres et leurs blason J’avais un rêve… Dans l’équerre de l’homme, Façonner le sel de l’homme, Vibrante lumière d’un levier de résurrection, Beau fruit fraternel ouvert sur plus de tolérance. Tout est à tracer, On me chuchote à l’oreille, « Tout est à recommencer »…
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THÈME SUR Georgette Larue SEYCHELLES Georgette Larue Profile né à Bel -‐Air Maé Sesel an 1959, e grandi Mont Buxton. Apre dekouver son nouvo idantite aze 10 an, sa letan i ti pe apran ekrir bann pti poenm par miss Jeanne Hoareau dan son lekol St Claire. Sa dekouver ti boulvers e ranforsi son lentere dan lapoezi lekritir an zeneral, depi sa zour in pran lekritir kanman son pasyon sakre. Georgette i ekrir dan tou letrwa lalang maternel, son tenm I varye baze lo lavi toulezour, nasyonal ou menm enternasyonal. Son poenm in ranport plizyer pri kot serten,in egzibite dan en mize prive an Havelic brod an Czech. In partisip dan plizyer piblikasyon antolozi poem sesel. I osi en manm lardwarz, ‘Mothers Union’ en manm kolekter filatelik enternasyonal. Tou deryenman in fer en tournen a Lonn pou progresyon son travay literatir. I afilye avek plizyer lasosyasyon poet enternasyonal tel ki Lerop, Magie Faure-‐Vidot VALER NOU GRAN KAYE En kaye grander lemonn Dan milye son paz I’n rezerv zis pou nou a sak enstan e sak moman ki nou lespri I revey nou sa paz spesyal se sa la kot tou ti konmanse sakenn son tour dan en kole en sourir an misouk ti en silans nou langaz ler bann kestyon lafoli ti degaze pour penetre nou lide me konbyen obzervater ozordi ki pou sanse debiste ou menm eksplor en sel ti fraz sa zistwar dan milye nou gran kaye
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ILLUSION Time of illusion when you greet your confusion Moral assessment when we want to discover Ignorance is anticipation a flaming jealousy Gossip when no answer is available And so the high social pests Lie on the same defeat When nobody can speak the truth fears perform Otherwise loading a bold physical human heart astray A body load with grace is a blessing And cannot spare dark rooms Nor be a shelter for unidentified shadows Many may try to clean it by rubbing the scar Which lies like a tattoo on an innocent heart Anyone who wants to play the rubber hero Must be a professional nutritionist by example So as to change a diet by influence Surely a mind and a soul Will be responsible for the toxication in a vessel in all this universal confusion an illusion will vanish
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POÈMES Gilles Pommeret FRANCE Gilles n’est plus à présenter. Il appartient à l’avant-‐garde des fidèles animateurs de cette revue.
“J’AI FAIT UN RÊVE” Etonnamment, pour certains, une île n’est que prison sans barreaux. Pour Arthur, c’est, à l’inverse, un lieu privilégié, que l’Océan protège des désordres de la civilisation.
Il en rêvait depuis sa plus tendre enfance: elle est là « son » île. Par une belle soirée de juillet 2010, au milieu de l’Océan indien, elle est là, devant lui, à quelques milles nautiques. Elle grandit à mesure que son voilier s’en rapproche à belle allure, bien calé au « petit largue », toutes voiles dehors.
Bout au vent, Arthur casse l’erre de son voilier, affale la toile et mouille en limite du récif. Le « plouf » de l’ancre résonne dans la crique quand elle plonge dans une eau cristalline à 25° C. Personne sur l’île, hormis quelques colonies de sternes blanches et des couples de paille-‐en-‐queue qui se dérangent à peine quand Arthur débarque sur la plage, des escadrilles de frégates qui tournoient dans les ascendances à la recherche de quelques pitances. Quelques placides tortues géantes y promènent leur ennui. Pour Arthur, c’est l’instant magique, l’aboutissement.
L’île est comme dans son imagination: bordée de sable d’une blancheur immaculée ponctuée de bois flotté argentés, chapeautée de verdure. La plage se prolonge vers le récif et lui donne cette couleur indescriptible que vous n’oublierez jamais si vous avez la chance de séjourner un jour sur cette île. Elle émerge à peine du niveau de la mer, 3 ou 4 mètres tout au plus. En son centre, une végétation de takamakas, cocotiers et autres casuarinas, quasi impénétrable, occupe le terrain.
Arthur se pose sur le sable chaud, pousse un immense soupir: personne pour partager ce moment d’extase … mais pourquoi donc Azalée n’a pas voulu l’accompagner?
C’est à ce moment précis que le réveil sonne, tirant notre rêveur du songe et de son lit douillet. Retour à la dure réalité du quotidien parisien: métro, foule, odeurs de ville, bruit, … Arthur se promet de reprendre son rêve dès la nuit prochaine. LE RÊVE DU GRAND CERF BLANC Le Grand Cerf Blanc revient Et sort des aubépines Sans déranger ses fleurs. Il voit les hommes. Bruit et fureur du monde Disparus pour toujours, Gobés par le trou noir De la Raison
Harmonie fraternelle Règne sur notre terre. Respect, amour, écoute A tout jamais. Sans doute un rêve fou Enfoui dans l’inconscient Du Grand Cerf blanc Qui part, conten
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Gaëtan Sortet BELGIQUE Né le 15 janvier à Namur, Belgique. Artiste pluridisciplinaire dont la base de travail est l’image (photo, vidéo, peinture) et le langage. Entré dans la poésie par le biais d’un haiku japonais Bashô. Vieil étang Une grenouille plonge Bruit de l’eau Au gré de rencontres diverses dans le milieu de la poésie belge (Jacques Izoard, Ben Arès, Dvaid Besschops), il s’est mis à écrire des textes à la manière automatique ainsi que des aphorismes. A publié: Une photo intitulée “Les Cris”, dans la revue “Matières à Poésie”. -‐“55 définitions de la Poésie à lire avant d’avoir vu Naples” dans la Revue poétique Française Népenthès. -‐Différents textes dans la revue L’ART en Loire. “Lettres et le Néant” et “L’Alphabet” dans le numéro 4 (janvier 2014). -‐Deux textes dans la revue “DéZOpILaNT”. “Phrases Lapin” dans le numéro 17 (décembre 2013). Et L’Alphablet” dans le numéro 18 (avril 2014) “AUNom2” dans la revue Léxilir No.8 du mois d’avril 2014. -‐Différents textes et travaux orientés arts-‐plastique dans le magazine “Levure Littéraire” de mai-‐juin. -‐“Lettres à Noah” dans la revue littéraire seychelloise SIPAY (Numéro11). -‐“AuNom2” dans la revue en ligne “Ce Qui Reste.fr”, édition du mois d’août. Travaille au sein du groupe poético-‐musical Tartart. (www.tartart.eu) Regroupe actuellement son travail sous l’appellation et la signature ART. Voir son site personnel : www.gaetansortet-‐art.be
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RADAM ET REVE Radam Lemille est un home mani padme hum. Il aime les pins. Il aime en vain. Et il aime bourrer les seins. Simple et bon, il vaque à l’âme et les jours s’enfilent à coudre. L’aiguille toujours au beau fixe, il ne reste jamais en place du marché sur la lune et l’autre. Rève Lève toi est une femme d’aujourd’hui. Elle aime à rire. Elle aime à boire. Elle aime à chanter comme nous. Simple et bonne, elle prône l’amour et l’humour comme piliers d’existence et le chante haut et fort sur tous les toits et moi. ET IL A Snaki le Rerpent. Lui, il est rusé jusqu’à la corde et malin des Vosges. Ils se sont rencontrés dans un jardin (pas Alexandre). Où il y avait un arbre (pas à came mais Presque). Sur cet arbre (pas à came mais Presque, je répète), il y avait une Promme. LA Promme. The Promme. La Promme des Prommes. The Promme of the Prommes. The Promme to be en quelque sorte. A l’entrée du jardin, il y avait une pancarte où il était écrit: “Interdit de manger la Promme. Signé Drieu” La suite est cronnue. Je ne vous la racronte donc pas. Mais je trerminerai par ceci. Une Promme par jour éloigne le médrecin toujours.
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Francine Minguez CANADA N’est plus à présenter. Elle appartient à l’avant-‐garde des fidèles animateurs de cette revue. DANS LE GIBIER MÉMOIRE I had a dream Je suis revenue dans le coeur du corps entrée dans les nuages et la joie jamais perdue avec des mains lianes et des yeux pour traverser et percer les mystères, revenue dans le corps du cœur et des décors juste apprivoiser la lumière Arpenter la chair des chênes et peaux rugueuses caresser les temps âpres et les mandarines bercer au passage un tout petit garçon en ses langes de novembre cristal et charbon dire la peine, une peine de peine à peine avec des plumes aux pennages flamboyants Les pins aussi et les saules dire de l’âme la démesure en tamisant la farine confectionner des gâteaux pour le petit garçon sa cinquième année dentelée de sourires d’intuitions aussi étourdissantes et déjà sa lassitude Je suis revenue au clair de lune j’étais l’une au jais de l’autre et saluais le salaud comme d’autres saluent la mer ou Trenet, mais là le seul au monde l’innocent le pauvre gosse je lui tenais les mains comme pour qu’il me frappe d’aplomb D’aucuns pourraient le croire ailleurs qu’au cœur et non plus au corps je maintiens que jamais de geste brusque mais sa douleur dort dans les pierres comme mon collier tenu de lui dans les ambres de novembre
J’avais un rêve I had a dream
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Harris Kasongo RÉPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Harris Kasongo est un écrivain Congolais qui habite Kinshasa, la capitale de La RDC. Il est l’initiateur du mouvement littéraire: “les Révoltés de la plume”, avec plusieurs récompenses littéraires à la clé, il a lancé une nouvelle Revue littéraire, « Feuille de Route » tournée vers la promotion des auteurs de son pays et ceux de l’étranger. 1. RÊVE D J’avais un rêve suspendu sur le toit de mon esprit Abandonné dans les prés épineux de ce monde encanaillé Mon humble cœur solitaire sevrait La pleurésie de mes yeux en berne Ma parole porte en son corps le salut de l’humanité Et s’abreuve du miel de l’amour J’ai ce rêve d’aimer et de pardonner Tous ceux qui, hier vivants, m’avaient offensé Aujourd’hui dans les parvis de l’inconnu M’ont laissé des remords mornes Et parfois ruiné mon existence J’ai fait un rêve, celui de serrer l’être aimé Jusqu’à l’infini des temps mais la brume Vient m’ouvrir les portes closes du Paradis Et celles de l’Enfer Enfin je m’écroule devant ces rêves, Qui ne peuvent me relever Ah bientôt nous ne serons plus ensemble Comme la vie s’efface tous les jours On réalise ce qu’on peut. J’ai fait un rêve d’exterminer Ebola Pour qu’on se salue sans crainte désormais Pour qu’on voyage sans inquiétude J’ai fais un rêve: L’Afrique délivrée de ses haillons Pour que personne ne puisse périr Dans les eaux froides et profondes De la Méditerranée
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José Le Moigne MARTINIQUE/FRANCE Poète, chanteur-‐compositeur, dessinateur et romancier, José Le Moigne est né en 1944 à Fort-‐de-‐France d’une mère martiniquaise et d’un père Breton. Il passé son enfance et son adolescence à Brest qu’il quitte pour exercer sa profession d’éducateur et de directeur au sein de la Protection judiciaire de la Jeunesse au Ministère de la Justice. JE NE VEUX PLUS RÊVER Je ne veux plus rêver de continents sans chaînes de forêts millénaires et de fleuves bibliques les ailes du sémaphore cherchent à donner du sens à la fatalité Ce que je sais du fracas des collines s’inscrit dans la violence d’une nuit tropicale [email protected] http://www.potomitan.info/lemoigne/index.phposé http://lebretonnoir.over-‐blog.fr http://www..lehman.cuny.edu/faculty/spear/ile.en.ile/paroles/lemoigne.htm
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Magie Faure-‐Vidot SEYCHELLES Directrice de la revue SIPAY, elle a publié quatre recueils de poèmes. Un Grand Coeur Triste, L’Ame Errante, La Flamme Mystique et Rêves Créoles. Elle est lauréate de plusieurs prix de poésie, La Coupe de la Ville de Paris, la Lyre d’honneur, plusieurs médailles de bronze et six médailles d’argent. Elle prépare actuellement un cinquième recueil. Il est possible de découvrir ses oeuvres sur les liens suivants: www.wix.com/faurevidot/magie, www.wix.com/ventsalizes/revue I HAD A DREAM So nice I played my dice Dreamt of stopping all the wars And replace them by stars Time was spent To obtain one but a cent Made my way Towards another bay Came across some surprises Lady rises Pockets not full Had to follow the rule Heart was there I could not bear Loved the snow But moral low Came back to my breadfruit Loved my country The juice was true So lovely
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Thomas Chaline FRANCE Thomas Chaline est un auteur-‐compositeur-‐musicien-‐poète français, né en 1983 dans le Var. Il débute seul sur scène en guitare-‐voix à Paris en 2003 Ses chansons sont diffusées sur plusieurs radios locales et radiowebs à partir de 2009. En 2010, il devient sociétaire de la SACEM en tant qu'auteur-‐compositeur. En 2011, sont édités "Le temps n'efface pas tout", et "A nos larmes dans l'oubli", aux éditions EDILIVRE à PARIS (aujourd'hui épuisés) Depuis 2014, il publie dans diverses revues spécialisées. En cours de publication, un recueil : "A l'abri de l'orage" site-‐blog : http://alabridelorage.wordpress.com/ "PASSEPORT UNIQUE DE CITOYEN DU MONDE ” Une longue route gratuite Desservant chaque station bucolique Passeport pour la liberté Une chaîne de solidarité Traversant les quatre coins du globe Chaque peuple est un frère A disparu toute colère Passeport unique de citoyen de monde Où chaque femme est une perle Où les hommes prennent soin d'elles Les enfants, nos trésors éternels Que l'on protège contre toute étincelle "LES COLLINES, LES FORÊTS ET LES HOMMES..." Les collines souriaient à nouveau Elles éclataient de coloris plus beaux L'Océan brillait de bleu atlantique Ses vagues ondulaient, c'était magnifique Les forêts soufflaient sur les braises Ne laissant les flammes consumer leur malaise Les arbres étaient bien les plus forts
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Contre l'atrocité qui cherche encore Enfin les hommes étaient raisonnables Se souriaient dans chaque métro, aimables Ils partagaient leur religion comme une fête Main dans la main, une place pour chaque être En allumant la télévision Les flammes dévoraient à foison Les hommes s'insultaient au nom de rien Le rêve était beau mais il prend fin DE L’AUTRE CÔTÉ à M-‐V-‐K Voici quelques petits vers De l'autre bout de la terre Ecrits par hasard Dans la langueur du soir J'ai reçu une main ouverte Du côté de l'eau céleste Un coeur, une âme offerte Par une grande poétesse Il suffit d'un mot Pour rendre le sourire Jamais un vers n'est de trop Pour, le coeur, embellir A cette grande dame J'envoie ce rêve innocent Une quiétude intacte Du coin de mon bleu océan Et si nos Vers se croisaient Le monde est si petit Qu'ils célèbrent ensemble la paix Pour la Terre et les tout-‐petits Je rends ce modeste hommage A cette étoile de Mahé Dont je garde pour image L'immense sourire émerveillé
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Patrick Joquel FRANCE Patrick n’est plus à présenter. Il appartient à l’avant-‐garde des fidèles animateurs de la revue SIPAY. PORTER L’ESPOIR Porter l’espoir Comme certains leur regard Charbon de braise noire Sur les sables réfractaires De leurs territoires Traquer l’espoir en ses sources Et jusque dans ses résurgences Le délivrer des argiles pour qu’une femme vienne y puiser un matin Et qu’entre ses mains il soit mis à nu Lumière ruisselante entre ses doigts et sur sa peau Porter l’espoir comme elle Les jarres d’eau quotidiennes Porter l’espoir Avec ta fière ténacité Ton élégance Et ta bonne humeur si fidèle Semer en ton ventre notre espérance L’irriguer de nos voix De nos mains La nourrir de notre joie commune De nos peines futiles De notre vie plénière Et t‘accueillir enfin Petit espoir braillard Témoin vivant de notre amour L’enfant sanglé aux reins Tu vas Et je marche à ton pas de mère Je t’accompagne femme Et les peuples te suivent Et les peuples se ressemblent Les peuples nous ressemblent Nos enfants nous rassemblent Porter l’espoir Enfant fragile sur la hanche Enfant vorace au sein Porter l’espoir deux à deux Pour ne jamais perdre sa trace www.patrick-‐joquel.com
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Paolo Pezzaglia ITALY Paolo Pezzaglia n’est plus à présenter. Il appartient à l’avant-‐garde des fidèles animateurs de la revue SIPAY. A DREAM Perhaps something’s answering my dullest most muted vibration: the magic words are re-‐born, the colours of the flowers are re-‐born. In the swaying island, reflected and transparent, in the sea of my dream, still flowers the bougainvillea. On the last evening, before the inevitable departure against an invincible enemy, the ring desperately flung into the future, to find you, you who now come from the timeless ether, by remembering the colour of your flowers, Eurydice. An appointment by the bougainvillea of your home?
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Richard Taillefer FRANCE Richard n’est plus à présenter. Il appartient à l’avant-‐garde des fidèles animateurs de la revue SIPAY. OBSERVE Observe ces lourds nuages noirs Avant que de nouveau l’orage menace Rêve des neiges perdues de ton enfance Refoule les blessures enfouies ou à naître Je ne suis qu’un tas de mots Qui s’affronte à la boue Mes lâchetés sont mes masques de survie J’attends désespérément un vent venu d’ailleurs Les yeux fermés Imagine du bout de tes doigts Cet incendie qui se refuse à toi Nous ne sommes que la matière des astres Égarés dans l’éblouissement des nuits clandestines. Vous qui dans mes rêves vivez encore Réveillez-‐vous! Jusqu’au bout de la nuit Nous avons fait semblant I Nous avons fait semblant D'être vivants Nous nous sommes levés Chaque matin avant l’aube Toujours la même usine Par le même chemin La porte de service Avant qu'elle ne se ferme A peine quelques mots
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Le café a bon goût pour nous donner du jus Parfois on souffre De savoir que la vie se poursuit Cette angoisse qui vous prend à la gorge Pouvoir en rire effrontément II On s'évade alors dans des rêves Que l'on sait impossibles Singapour au petit jour La couleur verte émeraude De l'eau glacée des gorges du Verdon On n'ose le corail des Maldives Ni Zanzibar au soleil en plein mois de juillet Ce soir nous retrouverons Notre pavillon de banlieue et le jardin clos Une parcelle de nous de toi et de moi! En jachère d'horizon et de lumière LAMPEDUSA I Derrière les rideaux Les fleurs tombées jonchent le jardin Tes mains jouent Avec les premiers rayons du soleil Seul un discret refrain des années 60 Passe sur radio nostalgie Qu’on ne m’éveille pas J’ai fait un si beau rêve Je chemine sur la longue route Et mon univers est sans borne Mais j’ignore tout De la grandeur et du déclin de ce monde
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II À Lampedusa Un immigrant laisse couler ses pleurs Des crânes, face contre face Reposent à même le sol Recouverts de drapeaux et de vieux draps déchirés On ne voit plus que les corbeaux Sur l’arête des toits Le soleil tombe sur radio nostalgie Je suis lourd de mes songes La horde I J’ai perdu Le chemin de mes rêves Dans les antres profonds De nouveau jaillissent les monstres Tiré de mon exil à peine de retour et c’est déjà la mort Mais je sais bien Que mort tu n’es pas mort II Toute ta vie Tu n'as jamais baissé le front Mais l’homme de son balcon Se vante de n’avoir rien vu De lourds nuages versent leur encre Sur des matins sombres d’une « aube dorée » Vêtus de noir Portant des gants et armés de gourdins Ils chassent le passant qui ne leur ressemble
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D’autres se lavent les mains Et préparent la soupe III Le lointain exilé N’envoie plus de nouvelles Sur la montagne vide Viendra la pluie et le vent du printemps “WE DO NOT FORGET WE DO NOT FORGIVE”
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Sophie Brassart FRANCE Professeur documentalist dans un collège, elle est chargée de la formation à l’IUFM/ESPE de Paris. Elle tient un blog intitulé “Toile poétique” à l’adresse suivante: http://graindeble.blogspot.fr/ H. Arendt "et, dans ce parler, nous apprenons à être humains" J’AI RÊVÉ DE MOTS FONDUS J’ai rêvé de mots fondus qui glissent sur la chair du vieux chant guérisseur La terreur jouit des silences comme de tous les fusillés A cette heure sur la balançoire ni grandes ni lointaines pendules ni l'écho morcelé Chant de terre incendie chant d'outrage Chant qui mord les jambes au temps des charniers Dansant encore n'ayant de cesse
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offrant à vos yeux qui brillent un ciel ouvert à tous reflets * J'ai sauté par-‐dessus les ombres aujourd'hui comme hier arraché la règle du jeu qui soustrait l'enfance et l'enfant regarde une libellule au bord de la rivière un sourire flotte
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Simon Lanot FRANCE Simon Lanot est né en France, en 1984. Marqué par les voix de l’Océan Indien (Raharimanana, Barlen Pyamootoo, Carl de Souza, Shenaz Patel, Yusuf Kadel) autant que par Wajdi Mouawad ou Jérôme Ferrari, il a publié une nouvelle intitulée L’Olivier dans la revue « L’Atelier d’Écriture », Île Maurice. En 2013, il a publié dans la revue « Sipay » un texte intitulé La Vigne de mon Fils. Il recherche le point de jonction entre la nouvelle et le poème en prose, là où l’incantation lève le voile sur un récit laissé à l’état d’ébauche ou de ruines, ouvert sur ses possibles et l’imaginaire du lecteur. J’AVAIS UN RÊVE J’avais un rêve… Et, déjà, j’écrivais cette phrase Au passé, quand, au premier jour, mes yeux s’ouvraient sur une terre de pierres sèches Mienne et lointaine. Et je la dessinais, Et je la destinais de mes lignes fières Déployées sur d’anciennes frontières, bien au-‐delà de mes fièvres Plus loin encore que leurs premières floraisons Où commence l’ivresse, où s’ouvre la blessure… Qu’avez-‐vous fait du poète et de ses illusions? Rien qu’un jeu d’allusions Et sur les ruines de mondes desséchés Des murs, des barbelés, des points de contrôle se sont dressés Là où l’histoire s’achève Mes yeux se sont fermés: j’avais un rêve. Je rêvais floraison, je rêvais révolution, de tout le sang Répandu de mes veines, vaines paroles, vraies paraboles aux enfants racontées Sans lesquelles je ne peux continuer, j’en vis, j’en rêve: Tout un peuple, sous mes yeux, déchiré Ceux qui souffrent, souffle coupé À court de mots, à court de choix, à qui je voulais donner vie, donner voix Mes frères, inattendus, Se lèvent Ô mes guerres perdues… J’en vis, j’en crève: j’avais un rêve. J’avais un rêve… Et, tandis que baigné dans la lumière d’automne du pays de mon enfance J’écrivais cette phrase au passé, Je jetais mes regrets sur une terre qui ne verra plus rien pousser… J’ai vécu, j’ai passé Le temps de rêver, mes vœux, ma vie. J’ai vieilli, j’ai haï, j’ai aimé Je t’ai rencontrée J’ai tout perdu, j’ai tout jeté, tout regretté Ce que j’avais vécu
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Je n’en ai rien gardé Le nom des lieux longuement murmuré La sève De ce qui ne reviendra plus, (L’éternité est toujours brève) Le goût de ses lèvres Toi que j’aimais et qui ne m’aime plus Toi qui as disparu. J’avais un rêve.
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Tahir Pirbhay ILE MAURICE INION MISTIK Defile devan mo lizye enn kantite lavi e sakenn ranpli avek enn trale zistwar Tale dan enn vye fotey osi vye ki apartman'la de-‐trwa kilomet a lwest Jamali-‐Kamali lapli pe kraz lor pano vit 'pe zwe : bann raag Kishori Amonkar Regar fixe lor refle lalimyer loto dan turbiyon apandan lor plafon enn figir aparet, lot jisparet enn lavi retrase par memwar ansien konket Defile devan mo lizye apre plizir ver apre plizir kuple to aparet Grander lanpir 'leker ti batir fyerte benejiksion jivinn ki 'ti zwir enn fasad dan ansien kapital Mughal vinn enn avek bann lezot rwinn Mo ti ena enn rev ki lexistans fini pli pre avek moniman to premye amur akote apartman, la, lakaz to paran mo dernye, mo ti so premye mem dernye, li mo premye ver, depi bien lontan dan mo lame, santi li pe glise
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Vénida Marcel SEYCHELLES Vénida Marcel n’est plus à présenter. Elle appartient à l’avant-‐garde des fidèles animateurs de cette revue. I HAD A DREAM I had a dream To be successful So I can reach my goal It’s not a fantasy But it’s reality I will try my best To be someone to look up to And to be a good role model I had a dream A poem to write To help me through anything Getting out all my feelings Putting them on paper Take a load off my chest Makes me happy And overjoy I don’t know my destination Or the future At least I had a dream
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Ntoka Hermann CAMEROUN Né dans la ville des trois collines, Hermann Ntoka Dibakto est passionné de littérature. Il est délégué de littérature négro-‐africaine à l’université de Douala, secrétaire par intérim à la ronde des Poètes de Douala, chroniqueur et correspondant particulier pour divers journaux et pratique l’écriture au quotidien. L’AFRIQUE SE RÉVEILLE Au chapitre du bonheur ma plume s'arrache deux lignes au premier paragraphe et inscrit sa joie en lettres majuscules. J'invoque les mots d'immortaliser cette bruine de révolution que mon cœur laisse choir à la surface du globe comme un pacte de délivrance. L’Afrique se réveille les pyramides s'ouvrent les fantômes ressurgissent les masques se concertent fusionnent leurs énergies et exhortent les peuples à la magie de l'unisson. Les mulâtres d'Amérique n'en veulent plus aux noirs aux négriers leurs avions de pardon survolent les comptoirs de Gorée et ils se réconcilient avec l'histoire. L'Afrique se réveille la terre tremble les dictatures tombent le ciel s'assombrit au lever du jour la xénophilie émerge épure nos larmes qui ne coulent qu'au coucherdu soleil. Debout le peuple d'orient les enfants de l'Afrique la jeunesse révolutionnaire piston qui fera luire l'avenir sur les ténèbres du passé.
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Ben Eyenga Kamanda RÉPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Ben Le Grand Enfant Ben Eyenga Kamanda, est un artiste héritier d’un art dans lequel il grandira, qu’il admirera, apprendra, jusqu’à en devenir un pratiquant, un défenseur, et un de ses promoteurs. Ben publie ses poèmes dans des revues littéraires internationales, voir Google : Ben Eyenga Kamanda. Il est également Slameur, Parolier, Scénariste, Dessinateur, Monteur vidéo et Photographe. PETIT BATEAU Petit bateau que je suis, Immense est mon bagage. Arriverais-‐je à bout de mon voyage? Avec ce poids qui m’expose ainsi? Ce courant qui m’agite, m’inquiète, M’attaque, me bouscule, m’empiète? Tout le long de la mer je me décharge, Progressivement de mon bagage, Pour échapper à l’estomac sévère, Affamé et béant de la mer. Je perds ma direction, Ne navigue plus vers ma destination, Me laisse aller au grès du vent, Moi si tenace, si intrépide auparavant. Je me décharge, difficulté de flottage, Je me décharge, danger de naufrage. Hélas, j’ai perdu mon cap, Mes buts, mes rêves m’échappent, Je me sens vide et sans importance. Je me sens nul, digne d’inexistence. Tel un messager, sans message, Ou une bibliothèque sans ouvrage. Semblable à un cœur, qui ne bat pas. Ainsi qu’un je t’aime sans amour. Atteindrais-‐je une rive? Peut-‐être pas, Peut-‐être un jour! Avec mes rêves? Sans jour!
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BEAU RÊVE ! Sous terre, inutiles tous potentiels! Les mettrais-‐je à profit de quoi d’autres que ciel? De moi-‐même? Je voulais bien autre fois. Mon choix depuis converti je n’ai plus froid. A présent mon rêve est plus élégant, Plus grand, et me va tel un gant. Me fait battre le cœur, occupe mes pensées, Suscite autant mes peines que mes succès! Arroser les rêves des passifs et déçus, Tendre l’escalier aux médiocres et déchus. Faire sourire, surtout les moins heureux. Semer l’amour, surtout aux cœurs haineux. Déterrer l’espoir, surtout des déprimés. Etre pour des souffrants, surtout un comprimé. Et ce surtout, non pour être primé. Je rêve, de me mouiller pour couvrir les miens, Tel un parapluie qui ne se plaint. Je rêve, de me vider pour faire le plein, De mes semblables, leur faire du bien. Je rêve, d’embarquer les gens tel un train, Sans frein, loin de leurs soucis, leurs pétrins. Je rêve, d’être un pont, liant les horizons. Un vulcanisateur, contre les crevaisons, Des roues, menant mon entourage à la croissance. Cette épaule, ou reposent les têtes attristées, Ce bras, qui épaule, insuffle de la vaillance, Pour lutter, vaincre, au moins résister, Aux âpres assauts qui, amère, rendent l’existence. Je rêve, de ne plus jamais lever l’épée. Traverser la forêt de la vie en paix. De mes actes, laissez les empreintes de pieds, Sur les sols fertiles des souvenirs. Ainsi pour certains être un exemple, Un beau paysage que l’on contemple, Qu’on admire, qui séduit, qui inspire, Honneur et vertus, du rire au soupir.
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Je rêve, d’avoir force et courage du lion. Discrétion et intelligence du corbeau. Maintenir comme le colibri un corps beau. Bûcheur telle une fourmi en tête d’un million. Avec l’endurance d’un jeune taureau, La générosité d’une mère vache, La sagesse d’un aigle en hauteur. La fidélité d’un chien, sans relâche. Et telle une biche, transmettre la douceur. Je rêve, que mes vers, vous enivrent, Que de vos maux, ils vous délivrent. Qu’ils escortent vos vies, Les ravivent et les devinent, Des voies truffées des mines explosives de l’envie. Que vous considériez et gardiez mes avis, Qu’ils colorient et parfument vos vies. C’est mon rôle, mon but, mon rêve, ma vie. Mon Bonheur c’est d’atteindre ce beau rêve. J’oserais bien, même s’il faut que je crève!
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Crédits Directrice de publication Magie Faure-‐Vidot Editeur Daouda Traoré Catherine Panot Comité de lecture Magie Faure Vidot Daouda Traoré Claude Collin Miera Savy Karoly Sandor Pallaï Andréa Mounac Stéphanie Joubert Catherine Panot Mise en page par Catherine Panot La 14e édition portera sur le thème : Unité et Diversité. Poèmes, contes et nouvelles en français, créole ou anglais. Les auteurs ne sont pas rémunérés. Envoyez vos textes à l’adresse suivante : [email protected] ou Sipay BP 4085 Mahé Seychelles Renseignements : 00 248 51 54 59 Magie Faure Vidot (Vijay Kumar) ISSN : 16597168 Reg No : BS N0 . 848136-‐5 Imprimé par YAW ENTERPRISES
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