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Le Royaume et ses exigences « Nous avons le devoir de vivre ce que le Seigneur nous a demandé de faire sans états d’âme ni regrets, mais avec la conviction que Dieu ne nous égare jamais. » Informations de l’ Assomption A A R e li g ie u x e t l a ï c s u n e m ê m e m i s s i o n EDITORIAL JUILLET 2019 n N O 09

EDITORIAL - assumptio.org · ’ai eu récemment la joie de recevoir la profession définitive de jeunes frères assomptionnistes. C’est un bonheur profond que celui de voir notre

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Le Royaume et ses exigences« Nous avons le devoir de vivre ce que le Seigneur nous a demandé de faire sans états d’âme ni regrets, mais avec la conviction que Dieu ne nous égare jamais. »

Informationsde l’AssomptionAA Religieux et laïcs

une même mission

EDITORIAL

JUILLET 2019 n no 09

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>> Officiel

AgendaConseil général plénier• n° 5 : du 2 au 10 décembre 2019, à Rome.• n° 6 : du 2 au 10 juin 2020, à Worcester

(États-Unis).• n° 7 : du 3 au 11 décembre 2020, à Nîmes

(France).

Conseils généraux ordinaires• n° 15 : du 9 au 24 septembre 2019.• n° 16: du 11 au 15 novembre 2019.• n° 17 : les 11 et 12 décembre 2019.• n° 18 : du 10 au 14 février 2020.

Benoît• 9 – 24 juillet : États-Unis et Québec.• Août : France.

Marcelo• 5 août – 3 septembre : Chili.

Didier• 8 juillet – 5 août : France.• 15 – 31 août : Madagascar.

Thierry• 16 juillet – 5 septembre : RD-Congo.

Miguel• 9 – 22 juillet : États-Unis.• 23 juillet – 2 septembre : Mexique.

En couvertureUn groupe de fillettes en Angola (photo M. Marciel) : une prospection est en cours en vue d’une fondation assomptionniste dans ce pays par les Provinces d’Afrique et du Brésil. Lire le compte rendu de voyage du P. Marcelo, pages 16 et 17.

Une nouvelle éditionde la Règle de VieActualisée après le 33e Chapitre général (2017), après avoir déjà été modifiée par le Chapitre précédent, notre Règle de Vie avait besoin d’une nouvelle édition qui intègre ces changements successifs.

Cette réédition est organisée en deux temps :

- une version « provisoire », à couverture souple, est déjà disponible dans les trois langues à destination des nouveaux religieux ou jeunes profès qui ne l’auraient pas encore (il revient donc aux Provinciaux de signaler au Secrétariat général le nombre d’exemplaires dont ils ont besoin) ;

- prochainement sera réalisée une édition destinée à tous les religieux, à couverture rigide, et toujours dans les trois langues, de manière à ce que chacun dispose du texte désormais en vigueur.

Par ailleurs, un budget a été provisionné pour une réédition des Ecrits spirituels en français, qui va être concrétisée sous peu. L’édition en espagnol devrait suivre, et on attend le texte final en anglais, actuellement en préparation.

Règle de viede la

Congrégationdes Augustins

de l'Assomption

A.A.

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Le Royaume et ses exigences

J’ai eu récemment la joie de recevoir la profession définitive de jeunes frères assomptionnistes. C’est un bonheur

profond que celui de voir notre famille religieuse s’agrandir par l’accueil de nouveaux frères prêts à travailler pour le Royaume de Dieu. A Kinshasa en avril, onze frères de diverses nationalités (Congolais, Malgache, Ougandais, Togolais) s’engageaient jusqu’à la mort. En juin au Vietnam, sept frères du pays prononçaient leurs vœux à leur tour. Je portais en moi une question pendant les deux célébrations : « Ces frères savent-ils à quoi ils s’engagent exactement ? Quel avenir leur est-il promis ? Quelle joie auront-ils, quelles peines éprouveront-ils ? Quelle passion les enflammera ? »Voilà 30 ans que je suis à l’Assomption, ayant débuté mon postulat en 1989, l’année où le mur de Berlin s’effondrait et avec lui tout un pan de l’histoire du monde avec la fin inéluctable du bloc marxiste. Depuis, bien des événements ont secoué le monde et l’Église. L’âge aidant, je pourrais tomber dans la nostalgie des belles années — celle de ma mission à Madagascar, ou encore celles de l’accompagnement des jeunes dans nos maisons vocationnelles —, mais je peux dire que malgré la difficulté de certains jours, je n’ai jamais regretté d’avoir fait le choix du Christ dans la famille assomptionniste.Le monde d’aujourd’hui nous appelle à avoir un surcroît de sagesse. L’effondrement en cours d’une vision et d’une organisation pluri-centenaires de l’Église catholique peut susciter le désarroi et la tristesse, mais l’espérance ne nous fait pas défaut pour autant. L’attitude que je préconise est celle du sage, qui sait que tout est dans les mains de Dieu et qu’il est lui-même témoin de sa grandeur et de son amour sans faille. Il ne s’agit pas de se retirer sur un quelconque Olympe, de prendre de « la hauteur » comme si le monde « d’en-bas » n’était pas assez bon pour nous. Il s’agit plutôt de

grandir dans l’intériorité et de trouver la paix du cœur, en restant présent et vigilant au milieu de ce monde que Dieu ne cesse pas d’aimer malgré tout.Les frères qui se sont engagés dans les vœux perpétuels auront à vivre les exigences du Royaume comme nous-mêmes avons à les vivre en vérité. Mais parlons-nous suffisamment de ces exigences ? Ne préférons-nous pas un relatif mutisme pour ne pas gâcher la fête ? Je relisais dans les jours de Pâques la belle retraite prêchée par le jésuite Yves de Montcheuil, peu avant son exécution par les nazis. Il l’avait intitulée : « Le Royaume et ses exigences ». Le meilleur service que nous puissions rendre à nos jeunes frères est de témoigner de la radicalité de ces exigences et de notre choix de vie. Il ne sert à rien d’édulcorer le message du Christ, car la foi n’est ni un somnifère ni un tranquillisant. Nous avons le devoir de vivre ce que le Seigneur nous a demandé de faire sans états d’âme ni regrets, mais avec la conviction que Dieu ne nous égare jamais.Alors, réécoutons certaines de ses exigences ! « Qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi » (Mt 10, 37). « Quiconque a mis la main à la charrue et regarde en arrière est impropre au Royaume de Dieu » (Lc 9, 62). « Celui qui aura tenu bon jusqu’au bout, celui-là sera sauvé » (Mt 10, 22). Et nous qui sommes missionnaires, comment ne pas nous laisser interpeller par ceci : « Ne vous procurez ni or ni argent, ni monnaie de cuivre à mettre dans vos ceintures, ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton. L’ouvrier, en effet, mérite sa nourriture » (Mt 10, 9-10) ?Le Royaume ne peut advenir en nous et autour de nous que si nous acceptons d’en vivre pleinement les exigences. Avec Emmanuel d’Alzon n’ayons pas peur de proclamer : « Que ton Règne vienne ! »n

P. Benoît GrièreSupérieur Général des Augustins de

l’Assomption

Editorial <<

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■ AGRÉMENT DE FORMATEURLe P. Benoît Grière, Supérieur général, avec le consentement de son Conseil Général Plénier, a donné son agrément pour la nomination du P. Ephrem Kasereka Kapitula comme supérieur du Scolasticat de Bulengera (RD-Congo, Province d’Afrique).

■ OUVERTURES DE MAISONSLe P. Benoît Grière, Supérieur général, avec le consentement de son Conseil Général Plénier, a donné son accord pour l’ouverture :

- d’une communauté apostolique à Lomé (Togo, Prov. d’Europe) ;

- d’une communauté en pastorale paroissiale à Mwanza (Tanzanie, Vice-prov. d’Afrique de l’Est).

>> Officiel

Le Père Benoît Grière, Supérieur Général, avec le consentement de son Conseil, a appelé

■ à la PROFESSION PERPÉTUELLE1) RAKOTOMALALA Herinirina Jean Christien (Madagascar) 29/05/20192) RABENIRINA Simon Pierre(Madagascar) 29/05/20193) RAMANANDRAIBE Rolland (Madagascar) 29/05/20194) RANDRIATAHIANA José Daniel(Madagascar) 29/05/20195) NDRIAMAMONJY Florent Régis(Madagascar) 30/05/2019

■ au DIACONAT6) NÚÑEZ RUBIO Juan Manuel(Prov. Andine) 12/02/20197) VU VAN Huê Charles(Europe) 12/02/20198) GONZALEZ Eddy(Europe) 29/05/20199) RASOLONJATOVO Jean Aimé(Madagascar) 29/05/201910) KAMBALE Benjamin(Madagascar) 29/05/201911) KATEMBO KAMERA Dalmon(Madagascar) 30/05/2019

■ au SACERDOCE12) CAO BA Vinh Pierre(Europe) 30/05/201913) RAKOTOMANGA Pio Soldier(Europe) 30/05/201914) SANTANA VARGAS Cristian(Prov. Andine) 30/05/201915) PALUKU MASIMENGO Vedastus(Prov. Andine) 30/05/201916) RANDRIAMIZAKA Alphonse(Madagascar) 30/05/201917) RADIMILAHY Jean Pierre(Madagascar) 30/05/201918) KAMBALE KANYAMA Jean-Bosco (Amérique du Nord) 18/06/201919) LÓPEZ SOLÍS Marciano (Amérique du Nord) 18/06/201920) CERVANTES Rodel Sapalo (Amérique du Nord) 18/06/2019

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Appels, nominations, agréments...

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Le CGP, à la faveur de ces deux semaines passées au Vietnam, s’est mis à

l’heure locale : chacun l’a fait en avançant ou en retardant assez considérablement sa montre, mais surtout tout le groupe - Curie Gé-néralice et Provinciaux (avec la triste exception des PP. Yves Nzu-va et Henri Kizito, privés de vi-sas) – a vécu une belle immersion dans la culture d’un pays, voire d’un continent, que beaucoup découvraient. Mais peut-on dire pour autant que l’Assomption est désormais devenue asiatique ?

Ce qui est certain pour les participants, c’est qu’ils ne ver-ront plus l’Assomption comme avant. Ensemble, ils ont vécu, dès le début du séjour, la profession perpétuelle de sept frères à Saigon et mesuré le visage très jeune, à la fois réservé et festif (avec des feux d’artifice dans l’église au terme de la célébration… et des ban-quets incroyables !). Ensemble, ils ont prié dans une langue dont ils ne saisissaient pas le premier mot mais pouvaient voir, de façon palpable, combien leurs frères s’y engageaient. Ensemble, ils ont réfléchi aux chemins d’avenir de la congrégation dans cette région qui, après seulement une ou deux décennies de vie, va devenir Vica-riat et recevoir ainsi un vrai degré d’autonomie…

La perspective de cette pro-chaine étape a été évoquée devant le Conseil par les PP. Bernard

Holzer (Philippines), délégué du Supérieur général pour l’Asie, et François-Xavier Nguyen Tien Duong (dit « Fax », du Vietnam), délégué du Provincial d’Europe.

Le premier a fait une relecture de tout le travail de préparation effectué depuis le Chapitre géné-ral de 2011, créant une « Coor-dination inter-asiatique », qui va donc déboucher sur la naissance du Vicariat d’Asie-Océanie. Mais, a-t-il souligné d’emblée, « l’Assomption reste une réalité fragile en Asie. La Congrégation est toujours en état de fondation en Corée (après 27 ans), aux Phi-lippines et au Vietnam (après 14

ans), et ce malgré le dynamisme missionnaire, le nombre des vo-cations et des jeunes en forma-tion, et les premières œuvres qui expriment son charisme ». Et de souligner la grande diversité qui marque ces trois pays, avec leurs spécificités (histoires, langues, cultures, structures de société, systèmes politiques, religions et ecclésiologies, apostolats) : il faudra encore « du temps et de la patience pour bâtir l’unité d’une Assomption asiatique » ! Ces dif-férences n’empêchent cependant pas les religieux de travailler en-semble pour un meilleur service du Règne de Dieu dans ce conti-nent.

L’Assomption à l’heure du VietnamLa 4e session du Conseil Général plénier (CGP) de ce mandat s’est tenue à Vũng Tàu, au Vietnam, du 9 au 18 juin : l’occasion d’aborder de nombreux dossiers de la Congrégation, bien sûr, mais aussi de découvrir de près le visage jeune et pourtant varié que prend l’Assomption dans ce pays et ce continent.

Conseil Général Plénier <<

Profession perpétuelle de sept frères vietnamiens à Saigon, le 8 juin 2019.

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Il ne faut donc pas s’éton-ner si cette variété se retrouve dans la préparation du Vicariat, faite à plusieurs vitesses et avec des attitudes diverses, note B. Holzer : de l’enthousiasme à la peur devant l’inconnu, voire une opposition chez certains. C’est que les attentes quant au projet et à l’organisation du Vicariat varient également selon les per-sonnes voire les pays. Du coup, observe le délégué du Père Géné-ral, « nous parlons tous d’‘Unité dans la diversité’ pour le Vica-riat, mais nous ne mettons pas les mêmes choses sous les différents termes… »

La réalité continentale elle-même ne fait pas l’unanimité : « Pour certains, l’Asie n’existe pas, elle est une vision occi-dentale. » C’est alors un vrai défi d’élaborer une conception commune, une organisation et des projets apostoliques pour le futur Vicariat. Mais un consen-sus existe, fourni par le thème du dernier Chapitre, ainsi refor-mulé sous ces latitudes : « Être hommes de communion en Asie » par le triple dialogue prôné par les évêques de ce continent : avec les cultures, avec les religions et avec les pauvres.

Quant au P. François-Xavier, il a évoqué les réalités actuelles de l’Assomption vietnamienne, dans son pays mais aussi au-delà : savez-vous que les 73 profès viet-namiens que compte aujourd’hui la Congrégation se répartissent de façon égale entre 37 vivant au Vietnam et 36 en formation ou en mission dans huit autres pays ? Parmi eux, 19 sont prêtres (dont 9 au Vietnam), 16 profès perpétuels non prêtres (4 au Vietnam) et 38 profès temporaires (24 au Viet-nam). A ce nombre s’ajoutent 7 novices, 11 postulants et 13 regar-

gieux sur quatre, dans cette Pro-vince, est aujourd’hui originaire d’Asie : 20% de Vietnamiens (les Français ne sont plus que 29%), 3% de Philippins, 1% de Coréens et 1% d’autres Asiatiques. Un In-donésien vient d’être accepté au noviciat.

Quand on regarde la courbe des âges de la Province d’Europe, le pic de l’Asie du côté des jeunes répond à celui des Européens chez les plus âgés. Selon une projection d’effectifs faite par la Province d’Europe, on pourrait arriver ainsi, dans cinq ans, à un effectif de 104 religieux vivant en Asie, tandis que le continent européen passera de 247 à 183 religieux, l’Afrique de l’Ouest de 39 à 57, etc.

B. Bigard en tire une convic-tion forte : « Nous devons faire confiance à nos jeunes frères d’Asie pour inventer l’Assomp-tion asiatique, tout en les accom-pagnant, et non pas vouloir y implanter la congrégation selon des schémas européens. Com-ment faire place à des manières de faire différentes des nôtres ? Ils ont leur propre savoir-faire, qui ne demande qu’à faire ses preuves. »

Laissons le mot de la fin au P. Benoît Grière, Supérieur général, confirmant les analyses enten-dues : « C’est vrai, nous sommes toujours en fondation, et nous devons nous demander comment parvenir à l’autonomie, à terme, tout en restant lié à l’ensemble du corps assomptionniste. » La mis-sion de l’Assomption ne fait que commencer !

P. Michel KUBLER

Secrétaire général

dants. Un bilan assez impression-nant, même s’il ne doit cacher, lui non plus, certaines fragilités.

L’Assomption compte actuel-lement cinq communautés au Vietnam : un postulat (6 can-didats à Saigon-Tran Van Ky), un scolasticat (27 frères en for-mation à Saigon-Fatima) et une communauté sociale (36 enfants accueillis à l’orphelinat), toujours à Saigon ; un noviciat à Ba Ria (7 novices en ce moment) ; et une paroisse à Vinh, dont la commu-nauté accueille cinq postulants, tout en s’occupant de deux foyers d’étudiants et de l’aumônerie de 12 hôpitaux.

Les orientations apostoliques de la congrégation dans ce pays vont principalement à la pastorale des jeunes (100 étudiants sont accueillis en 5 foyers), la solida-rité (une maison pour 40 ouvriers, soutenue par un réseau de bienfai-teurs), les pèlerinages, les médias et la communication (une filiale de Bayard édite des livres reli-gieux pour enfants, une version locale de Prions en Eglise, ainsi que le Do Cat sur la doctrine so-ciale, un bestseller !)… Sans par-ler de la formation de nos jeunes religieux, en lien avec les congré-gations féminines, qui requiert de grandes énergies et non moins de compétences.

S’agissant des données sta-tistiques, le P. Benoît Bigard, Provincial d’Europe a fourni au Conseil celles qui concernent l’ensemble du futur Vicariat : vivent actuellement en Asie 80 religieux, sur les 389 que la Pro-vince d’Europe compte en tout. Outre13 postulants et 12 novices, ils se répartissent en 32 frères en formation, 5 profès perpétuels non prêtres et 18 prêtres. Un reli-

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Les défis de l’Eglise du Vietnam

C’est une parole claire qu’est venue porter au CGP l’his-

torien et journaliste Augustin Vuong Dinh Chu, invité à pré-senter l’Eglise de son pays. Il a notamment esquissé les défis qu’elle doit aujourd’hui affronter. Ainsi :

- le rôle prophétique de l’Église : l’Église est assez libre au Vietnam, mais dans la société, il y a encore beaucoup de viola-tions des droits de l’homme, d’in-justice, de dégradation morale, de dévastation environnementale… Face à cela, l’Église va-t-elle se taire par souci de sa sécurité, ou élever la voix pour défendre le bien commun, quitte à en payer le prix ?

- l’inculturation: problème à la fois ancien et actuel, qui ap-pelle des orientations concrètes en liturgie, musique et art sacré…

- le rôle des laïcs : le cléricalisme, problème actuel de l’Église universelle, n’est ja-

mais évoqué publiquement dans l’Eglise du Vietnam, même si on le sent partout. Ainsi les laïcs ont un rôle très passif, avec pour seule tâche le devoir d’aller à la messe et d’obéir à Mr le curé.

- la sainteté des pasteurs : dans une société de consomma-tion et de jouissance, avec beau-coup de corruption et de men-songe, cette sainteté paraît ur-gente pour le succès de l’évangé-lisation : on a besoin de témoins plus que de prédicateurs.

Conclusion d’A. Chu : « Pour surmonter ces défis, il nous faut bien la grâce de Dieu, mais aussi nos propres efforts et notre cou-rage. Et je crois fermement que les Augustins de l’Assomption peuvent contribuer efficacement à ce processus, car c’est là aussi votre vocation : au service de la gloire de Dieu et au bonheur de l’être humain. »

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Campagne Solidarité en Assomption 2019

Comme chaque année, le CGP appelle l’ensemble

de la Congrégation à se mon-trer solidaire de manière très concrète avec l’un ou l’autre projet assomptionniste qui a besoin d’être soutenu dans le monde. Cette Campagne de Solidarité en Assomption n’est donc pas encore achevée pour 2019, au bénéfice du pro-jet « Mujeres Emprendedoras » développé par les laïcs assomp-tionnistes de la fondation « Mi Hogar Asuncionista » à Bogota, en Colombie.

Pour 2020, le CGP a déci-dé de proposer à la générosité de toutes les communautés et Provinces un projet présenté par la Province d’Afrique et situé en RD-Congo : il s’agit de construire un pont à Bibwa, pour remplacer une passerelle très fragile et ainsi faciliter et sécuriser le chemin vers l’école que nos frères viennent d’ouvrir là-bas, dans la Région de Kin-shasa. Le devis est de l’ordre de 10 000 USD.

Si la Campagne de solidarité en Assomption 2020 permet de réunir une somme dépassant ce besoin, le surplus ira à un pro-jet venant de la Vice-Province d’Afrique de l’Est et situé en Ouganda : « Public address system for youth ministry », pour la pastorale des jeunes dans notre paroisse de Kyaba-kadde, à Kampala. nLe P. François-Xavier Nguyễn Tiến Dưng, délégué du Provincial d'Europe, intervient

durant le CGP.

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n JUILLET 2019 n no 098

>> Conseil Général Plénier

Des Œuvres qui mobilisentComme il en a l’habitude et le devoir, le CGP a procédé à l’évaluation de plusieurs « œuvres mobilisatrices »: des œuvres que tout le corps doit soutenir, mais aussi qui doivent stimuler l’ensemble de la Congrégation.

Le réseau des écoles de brousse (Madagascar)

Cette œuvre mobilisatrice a été présentée par le P. Etienne Ratalata Rafanambinantsoa, Pro-vincial. Nos écoles malgaches sont au nombre près de 50 et re-groupent environ 4 000 élèves au total : des chiffres qui ne cessent de varier, car certaines ferment et d’autres s’ouvrent. Les évolutions ne cessent jamais : positives, avec de nouveaux bâtiments et surtout des résultats scolaires en bonne progression, mais aussi négatives, avec en particulier des soucis de santé.

On souligne l’impact très po-sitif du congrès « Educare » de Worcester (2016), avec en parti-culier des liens privilégiés entre le collège d’Ejeda et ceux de Bel-gique : pour la première fois, deux religieux malgaches ont pu aller un mois en Belgique, rencon-trant responsables et enseignants, mais aussi élèves et parents : une expérience très enrichissante ! Ils en ont profité pour aller aussi à Nîmes rencontrer le Fr. Jean-Mi-chel Brochec et à Lyon où est ba-sée une association de solidarité avec notre collège.

Des projets : trois nouvelles écoles vont être construites, fi-nancées par des familles belges. Trois autres sont encore « sous l’arbre », en attente de locaux en dur. Au collège d’Ejeda, un nou-veau pavillon va être construit, financé par la Conférence épisco-pale italienne, et un lieu de prière est en projet.

Des progrès : les visites médi-cales plus soutenues entraînent

en partie par les dons (Belgique, association Ejeda-Solidarité), et enfin par le BDS.

Concernant le lien avec l’As-somption : au plan structurel, l’œuvre est dirigée par une équipe de religieux en lien avec le comité de suivi. L’Economat général ap-porte son appui à la recherche de fonds, mais aussi à la prospection pour trouver de nouveaux élèves. Et le soutien de la Congrégation ne se dément jamais, correspon-dant à l’esprit de l’Assomption que notre Province entretient dans cette œuvre. Il faut mentionner également le départ du Fr. Clé-ment Löbel (Province d’Europe) au collège d’Ejeda, pour un an renouvelable.

une nette amélioration de la santé des enfants. Les relations avec les parents d’élèves ne cessent de s’améliorer, tant au plan financier que pour le suivi des élèves.

Des défis : On travaille à sen-sibiliser les parents à la nécessité de payer pour l’éducation de leurs enfants (ils contribuent pour moi-tié aux salaires des enseignants). Le gouvernement ayant réduit le salaire minimum, il faut trou-ver des compléments pour payer les salaires de nos enseignants. Ceux-ci ne sont toujours pas très stables, changeant d’employeur dès qu’ils trouvent mieux ailleurs.

Au plan économique, les bud-gets sont bouclés en partie grâce aux contributions des parents,

Sous les arbres ou en bâtiments durs: les Ecoles de brousse malgaches.

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L’auberge de jeunesse Adveniat (Paris)

C’est toujours le Provincial d’Europe qui présente au CGP les changements intervenus depuis l’an dernier dans ce haut-lieu de l’Assomption à Paris. Le plus important se situe au niveau de la responsabilité même de l’Au-berge, avec un couple dont le mari est à la Fondation Adveniat et l’épouse au conseil d’adminis-tration. Phuc, un jeune frère viet-namien, est devenu responsable de la communication.

La communauté a vu arriver le P. Gica Pauleţ, qui prend en charge l’animation en remplace-ment de Nicolas Potteau, qui par-tira cet été. Le P. Wilson Waweru, Kényan, partira également, rem-placé par le P. Jean-Valère arri-vant du Togo pour des études.

Le taux d’occupation a un peu baissé en 2018, du fait notamment de grèves de trains et, surtout, de mouvements sociaux (« gilets jaunes ») bloquant violemment le quartier. Du coup, il a fallu aug-menter légèrement le prix de nui-tée. La reprise s’annonce cepen-dant pour 2019. Le site Internet a été rendu plus adaptable et se trouve plus fréquenté. On peut estimer à 20 000 le nombre de nuitées par an.

L’animation du lieu repose toujours sur deux activités prin-cipales : des repas dans des

Au final, il convient de rap-peler que cette œuvre est un lieu significatif de vocations et de formation des candidats à la vie assomptionniste. Le grand défi reste toutefois l’autofinancement.

Le Centre Saint Pierre – Saint André (Bucarest)

Le P. Benoît Bigard, Provin-cial d’Europe, présente l’œuvre et son équipe: la communauté était réduite à trois membres de-puis le départ de M. Kubler pour Rome en 2017, mais on a réussi à la renforcer pour la prochaine rentrée : aux PP. Lucian Dîncă et Iulian Dancă viendront s’ajouter un jeune Togolais, Yvon Akpabié, qui suivra des études en théolo-gie orientale, et le P. Iosif Gal, Roumain de retour de mission au Togo. Le P. Jean-Marie Mwamba, lui, est nommé en Belgique.

L’année écoulée a vu des chan-gements à la bibliothèque : Sœur Maria, Oblate en charge du lieu, est passée à mi-temps ; la biblio-thèque, toujours bien fréquentée, a fait l’objet d’un reportage télé-visé à l’occasion de la visite du pape François en Roumanie. Des étudiants en histoire de l’Univer-sité de Bucarest vont y faire un stage de trois mois. Cela va dans le sens d’un meilleur ancrage de la maison dans le milieu intel-lectuel roumain, parallèlement à l’Eglise locale.

Le foyer des étudiants a lui aussi changé de règlement, avec une durée de séjour limitée à une année, renouvelable une fois.

Les conférences du Centre gardent leur rythme, avec un public fidèle (40 personnes en moyenne, soit 1 000 personnes sur l’année). Une nouveauté : le P. Jean-François Petit s’est enga-gé à y organiser des événements annuels de son « Académie catho-lique du Val de Seine ».

L’engagement dans l’Eglise

locale est fidèle : faculté de théo-logie (Lucian), accueil des sans-abri par les Missionnaires de la charité (Jean-Marie), accompa-gnement d’un équipe EDC (En-trepreneurs et dirigeants chrétiens – Iulian), etc.

Au niveau économique, le bâtiment demande toujours un entretien qui requiert l’aide de la Province. Quelques bienfaiteurs viennent en renfort, ainsi que cer-tains groupes accueillis dans la maison.

Au plan de la Mission d’Orient, la maison de Bucarest est impli-quée dans la préparation de la ses-sion de Rome sur le P. Galabert en ce mois de juillet. Le P. Lucian participe à la commission provin-ciale des bibliothèques qui vient d’être reconstituée.

La Province, pour sa part, maintient son intention d’envoyer à Bucarest des jeunes religieux ou novices en stage, pour susciter des vocations à la Mission d’Orient. On compte aussi sur les frères de la maison, à la faveur de l’aug-mentation de leur effectif, pour se rendre à nouveau disponibles en vue d’aller former l’ensemble de la congrégation à l’Orient chré-tien et à l’œcuménisme.

On peut suivre les activités du Centre sur le site : http://www.centrulpetrusiandrei.ro

Fête patronale de la maison de Bucarest (juin 2019).

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>> Conseil Général Plénier

familles, et des visites théma-tiques dans Paris. Des groupes extérieurs viennent régulièrement se réunir à l’auberge. Une dyna-mique est ainsi créée autour du lieu, y compris avec des anima-tions musicales renouvelées.

Le défi est toujours de res-ter présent sur un marché très concurrentiel, où des plates-formes de réservation servent d’intermédiaire en prélevant une forte commission pour des réser-vations courtes engendrant plus de travail…

L’implication des religieux est grande, mais variée : chacun a son secteur d’intervention, y compris auprès des jeunes du foyer.

La capacité d’autofinancement est réelle, malgré les fluctuations de la fréquentation. Mais on n’est jamais à l’abri de l’imprévu, voire d’un attentat...

L’esprit de l’Assomption reste présent, avec la charte qui anime l’Auberge, en particulier comme présence d’Eglise dans un monde qui bouge et une mission pour la communion. Elle constitue à n’en pas douter un lieu de référence

pour notre Province. On aime-rait que les communautés a.a. re-layent davantage son existence et ses propositions. Huit volontaires ont été accueillis l’an dernier, et d’autres s’annoncent sur l’été : le rôle vocationnel joue davantage sur ce plan et celui du foyer que sur les clients de passage. Cela donne même envie de créer des auberges de jeunesse en d’autres lieux assomptionnistes de par le monde !

Pour tous renseignements, voir le site : www.http://adve-niat-paris.org/

L’apprentissage

des langues

Le Conseil Général Plénier, réuni à Vũng Tàu en juin 2019, a pris la décision suivante con-cernant l'apprentissage des lan-gues étrangères au sein de la Congrégation :

Tout religieux assomptionni-ste en formation devra appren-dre au moins une langue inter-nationale de la Congrégation (français, anglais, espagnol) au-tre que celle qui est éventuelle-ment déjà la sienne.

L'objectif visé est que chaque religieux maîtrise l'usage d'au moins deux de ces trois langues.

Dans les pays où aucune de nos trois langues officielles n'est utilisée pour l'éducation, les re-ligieux en formation devront obligatoirement en apprendre au moins une, et seront incités à en apprendre une deuxième.

Les quatre autres « Œuvres mobilisatrices », validées par le Chapitre général de 2011 et confirmées par celui de 2017, sont Accompagner (Belgique), Assumption College (Etats-Unis), Bayard et l’ISEAB (RD-Congo) : le CGP a procédé à leur évaluation annuelle en décembre dernier (lire AA Info n° 7).

Célébration en la chapelle de l'Auberge de jeunesse Adveniat, à Paris.

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Premières nominations apostoliquesLa « première nomination apostolique » de tout religieux au terme de sa formation est fixée dans le cadre du CGP, selon une décision du 32e Chapitre général (2011), et publiée au moment de l’ordination presbytérale (pour les religieux-frères : à la Profession perpétuelle).

Nous publions ici les nominations reçues par les religieux ordonnés prêtres depuis un an (la Province indiquée est celle qui a présenté le frère à l’ordination).

Antoine Duc NGUYEN VAN (Europe) : communauté internationale de Nîmes, pour trois ans, dans la pastorale des jeunes et le monde scolaire.

Hành François NGUYEN DINH (Europe) : Vinh pour trois ans, dans la pastorale de la paroisse, de la famille et de la santé.

Germain KAKULE MASIKINI (Afrique) : paroisse Ste-Monique de Njiru à Nairobi (Kenya), notamment pour la pastorale des jeunes.

Dieudonné KATHEMBO TSONGO (Afrique) : Bayard-East Africa, pour le développement de l’entreprise dans cette région.

Vedastus PALUKU MASIMENGO (Prov. Andine) : animation pastorale des collèges de Lota (Chili).

Rodel Sapalo CERVANTES (Amérique du Nord) : pastorale paroissiale au Mexique.

Marciano LÓPEZ SOLÍS (Amérique du Nord) : paroisse de Tlilapan-Orizaba (Mexique).

Pierre CAO BA Vinh (Europe) : chargé de projets à l’Economat provincial d’Europe.

Heshima KAKULE SIKULISIMWA (Afrique) : ministère paroissial à la fondation de Kayna (RD-Congo), avec une attention particulière à la pastorale des jeunes.

Willy MATADI ASINA (Afrique) : Kinshasa, dans la pastorale des jeunes et des vocations du futur Vicariat.

Erasme KAMBALE MOWAVINGI (Afrique) : à Beni, au complexe scolaire « Prince de la Paix ».

Gerlace KASEREKA SAFARI (Afrique) : Bulengera, pour aider l’économe et prendre place dans l’équipe de formation.

Janvier KAMBALE KULALA (Europe) : mission à Athènes (Grèce).

Fabrice-Marie ADZAKLI (Europe) : à la communauté internationale de Nîmes et de ses objectifs, tout en se formant à la psychologie clinique en vue de la formation des jeunes religieux.

Jean-Claude DIWEDIGA (Europe) : Scolasticat de Ouagadougou (Burkina Faso), comme formateur, avec une collaboration avec Bayard (développement de Living with Christ).

Vivien DOKOUI (Europe) : À Sokodé (Togo) en vue de développer les questions d’autofinancement.

Germain RAKOTOZAFINDRAMOHA (Madagascar) : à Betioky, pour la pastorale en milieu rural et l’autofinancement par des travaux agricoles.

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n JUILLET 2019 n no 0912

>> Conseil Général Plénier

« Une Assomption qui avance sur le chemin de la sainteté »Dans son discours de clôture de cette 4e session du CGP, le 18 juin 2019 à Vùng Tàu, le P. Benoît Grière, Supérieur Général, a insisté sur les exigences de notre vie religieuse. Extraits

« Notre première rencontre en Asie se termine. (…) Nous avons été plongés

immédiatement dans l’ambiance grâce à l’accueil de nos frères de Saigon. Leur gentillesse et leur dévouement nous ont permis une adaptation facile. La célébration de la profession perpétuelle de sept jeunes frères le samedi 8 juin a été aussi un moment fort qui montre que l’Assomption s’enracine solidement en Asie et particulièrement au Viêt-Nam.

Malheureusement, nous étions amputés de la présence de deux de nos membres : le Père Yves Kaghoma et le Père Kizito. N’ayant pu obtenir leur visa, ils sont restés dans leur province en Afrique. Je le regrette sincère-ment – et vous l’avez dit, tous - car notre travail a tout son sens dans la mesure où chacun est présent et participe. (…)

Le CGP avait un program-me copieux et nous avons tra-vaillé courageusement. Dans la présentation de mon rapport j’ai voulu attirer l’attention sur

des questions importantes : les critères de recrutement, l’auda-ce missionnaire, les abus au sein de l’Eglise, la vie économique, les nouvelles fondations, etc. Tout ce que je martèle depuis des années est lié à mon souci, non pas d’avoir une Assomption irréprochable, mais d’avoir une Assomption qui avance sur le chemin de la sainteté. Cette As-somption, c’est nous tous, avec nos frères sans exclusive. Je crois que le Royaume de Dieu a des exigences fortes et que nous ne pouvons pas sacrifier ce que le Christ Jésus nous a demandé de faire pour le suivre jour après jour. (…)

L’Assomption en Asie, c’est la perspective prochaine du vi-cariat en 2020. Nous avons com-pris que là aussi, il y aurait un accompagnement de proximité à réaliser pour faire tomber les préjugés et faire vivre notre am-bition d’unité. Le rapport du P. Bernard Holzer et la présenta-tion du P. François-Xavier nous ont montré un tableau contrasté. Mais nous avons confiance en notre possibilité de nous déve-lopper dans cet immense con-tinent et de relever le défi des trois dialogues : avec les reli-gions, avec les cultures, avec les pauvres.

La conversion, nous le savons, c’est l’affaire de tous et de cha-cun. (…) Le problème des abus — tous les abus — est désormais pris au sérieux dans notre famille religieuse. Longtemps occultés

dans un environnement culturel qui les cachait ou les minorait, nous avons pris la mesure du problème. Des progrès bien sûr sont à réaliser, et nous aurons l’occasion de poursuivre notre sensibilisation.

L’éducation, trois ans après le congrès « Educare » de Wor-cester, nous a aussi occupés sérieusement. Nous ne pouvons pas laisser nos établissements sans animation forte, tant sur le plan humain que religieux. Nous avons besoin d’apôtres dans le monde de l’éducation. Même si l’Assomption est polyvalente dans ses choix apostoliques, elle se doit d’honorer cet aspect de son charisme cher à Emmanuel d’Alzon.

Notre fondateur a commencé l’aventure du 1er noviciat en décembre 1845. 175 ans après, nous voulons nous souvenir de cette histoire parfois chaotique, mais toujours placée sous le re-gard bienveillant de Dieu. L’an prochain, nous aurons notre année jubilaire. Plusieurs événe-ments ponctueront l’anniversai-re : la rencontre de l’Alliance fin juillet, le CGP de décembre – sans parler de celui de juin à Worcester -, etc. Nous vou-lons montrer notre attachement à la figure de notre fondateur, mais aussi l’attachement à notre consécration religieuse. D’Alzon a voulu des religieux pour tra-vailler à l’annonce du Règne de Dieu. Nous ferons mémoire de cela. » n

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Afrique de l’Est : une réalité nouvelle qui ne part pas de zéroLa Vice-Province créée cette année vient de connaître deux grands moments fondateurs, avec une retraite commune, puis le 1er Chapitre vice-provincial

Si la Vice-Province d’Afrique de l’Est, décrétée par le Cha-

pitre Général de 2017, commença bien à exister le premier jour de cette année 2019, nous pouvons dire que les travaux de son premier Chapitre célébré du 20 au 25 mai dernier constituent le premier ef-fort sérieux pour discerner, décrire et promouvoir la volonté de Dieu pour nos communautés au Kenya, en Tanzanie et à l’Ouganda.

Le sujet choisi, “Assomption-nistes : Témoins et agents d’unité dans un monde divisé,” est déjà une reconnaissance de la réalité et une déclaration des intentions de nos frères dans cette partie du monde.

J’ai trouvé très significatif que le Père Kizito, premier Vice-pro-vincial de l’Afrique de l’Est, ait choisi les derniers mots du Père d’Alzon pour initier les réflexions

de son premier Chapitre. Que voudriez-vous, mon Père? Je ne veux que la volonté de

Dieu. Nous allons nous quitter !... Soumission à la volonté de

Dieu ! ... Il est le Maître! (ES, 1461-1462)Nous commençons la vie de

la Vice-Province en reconnaissant que nous ne partons pas de zéro. Nous sommes des héritiers, nous partageons une même espérance, nous avons été appelés à incarner dans le monde le don que Dieu a bien voulu confier à notre fonda-teur et à ses disciples.

Comment nos frères ont-ils voulu exprimer leur désir de faire la volonté de Dieu en Afrique de l’Est ?

En premier lieu, ils ont voulu voir et reconnaître avec honnêteté

et franchise les faiblesses et les dé-fis auxquels ils doivent faire face afin de répondre à leur vocation. Ils ont relevé le défi de l’unité, non seulement en voyant la réalité de nos communautés, mais la mission que nous sommes appelés à réali-ser dans un monde injuste, divisé par l’égoïsme, la peur et le désir de pouvoir.

“Buibui wakijiunga pamo-ja, wanaweza hata kumfunga simba” “Lorsque les araignées s’unissent elles peuvent ligoter un lion ”

Quel est le lion que la Vice-Province essaie de ligoter ? Sans doute le tribalisme et le nationa-lisme qui peuvent nous diviser, mais aussi l’apathie et la recherche du confort. Le lion c’est parfois la peur du changement, de la nou-velle mission…, la pauvreté de ressources que nous vivons.

Les membres du Chapitre fondateur de la vice-Province d'Afrique de l'Est, mai 2019.

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Pendant le Chapitre vice-pro-vincial et la retraite préalable nous étions conscients que sans un enga-gement effectif de chaque religieux avec Jésus-Christ qui nous appelle `à “être Un” en lui, nous ne pourrons pas vivre la communion fraternelle qui unira nos cœurs tournés vers Dieu et vers son Règne. Sans union fraternelle nous ne serons pas des témoins crédibles de l’Évangile.

La diversité et la jeunesse de notre Vice-Province constituent notre richesse et notre opportu-nité pour donner vie aux idéaux de l’Assomption. La pastorale voca-tionnelle et la formation sont prio-ritaires ; et même si nous avons conscience de nos difficultés éco-nomiques et essayons d’obtenir les moyens nécessaires pour accomplir notre mission, notre pauvreté est une occasion d’exprimer que notre vie et notre mission sont un don de Dieu et dépendent de Lui.

Dieu merci, les jeunes qui cherchent à répondre à l’appel du Seigneur continuent à frapper à nos portes : comment les accueillir dans nos installations limitées, comment les former correctement, vers quelle mission les orienter ? Que le Sei-gneur nous donne la force et la clarté pour accompagner nos jeunes.

Finalement, l’ambition mis-sionnaire de la Vice-Province est grande. Nous parlons de nouvelles fondations en Tanzanie, au Kenya et en Ouganda, de nos paroisses, de notre engagement pour l’éducation, de l’avenir de Bayard Africa et de la participation de la Vice-Province à la mission de la Congrégation comme partie de l’unique Corps que nous constituons.

Que le Seigneur répande ses bénédictions sur les laïcs et les religieux de cette partie du monde assomptionniste qui s’engagent à vivre la volonté de Dieu !

P. José Miguel DÍAZ AYLLÓN

Assistant général accompagnateur

de la Vice-Province

P. Kizito : «Agissons pour l’avènement du Règne » Au moment où naît la Vice-province d’Afrique de l’Est, son 1er supérieur nous partage ses convictions et ses questions

Comment s’est passé ce premier semestre de la vie de ta Vice-province ?

P. Kizito : Ce semestre s’est bien passé, avec plus d’événe-ments joyeux que malheureux. Depuis le 1er janvier, nous avons eu les préparatifs et la tenue du Chapitre vice-provincial, dont les travaux ont été conclus le 25 mai. Le grand travail est fait déjà sur les Actes et nous pourrons les sortir au moment opportun.

Certes, pour arriver à conclure un chapitre, il fallait beaucoup travailler. Les préparatifs ont été un moment de frustrations, de découvertes et d’apprentissage. Ne sachant par où commencer, quoi faire pour avancer, à qui recourir pour quel conseil, comment formuler la demande… on a eu parfois des nuits sans sommeil. Les jours avançaient et on semblait n’avoir rien fait. Mais c‘était une joie de découvrir des frères toujours disponibles à rendre ser-vice, d’apprendre à faire ce qu’on ne savait pas,…

En même temps, il fallait penser à la vie quotidienne ordinaire de la Vice-province qui commençait, avec notamment des dos-siers de demandes des vœux perpétuels et des ministères ordon-nés qui ont été approuvés positivement. Ce sont là des motifs de joie et d’encouragement.

De gauche à droite: P. Henri Kizito Vyambwera (Vice-Provincial d'Afrique de l'Est), P. Yves Nzuva Kaghoma (Provincial d'Afrique), P. Miguel Díaz Ayllón (Assistant général)

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Que ressens-tu en tant que son supérieur ?

Je ressens un sentiment d’espérance. Je murmure dans mon cœur une conviction selon laquelle rien n’est simple, mais tout est possible grâce à Dieu. Je vois la réalité de la Vice-province comme telle, puis je me dis que nous devons oser faire quelque chose au service des frères et sœurs, avec la conviction que Dieu est là pour nous. Dieu veut toujours le bien, et si nous vou-lons faire le bien, il ne peut nous abandonner, quelles que soient les difficultés.

Quels sont, d’après toi, les principaux atouts et les princi-paux handicaps de la vice-pro-vince en ce début de son exis-tence ?

Depuis un certain temps, on constate une croissance de voca-tions. Chaque année maintenant, le nombre de novices est passé de 2, 3, 4 à 6 ou 8. Les départs ont di-minué par rapport au passé, spé-cialement à l’étape post noviciat.

Je note aussi l’intérêt des laïcs de l’Alliance pour la vie de la Vice-province et de la Congrégation. Nous avons par ailleurs la chance d’un accès facile à nos trois pays et de transports sans grand pro-blème, malgré la distance sépa-rant les communautés.

Enfin la stabilité politique et financière peut aussi permettre un certain investissement dans la vice-province.

Quant aux handicaps, on manque de rigueur dans le discer-nement pendant le recrutement et l’acceptation aux vœux, des divisions tribales ou ethniques dues au manque de connaissance de nos fondamentaux assomp-tionnistes, un faible sentiment d’appartenance à la congrégation, une carence de formateurs… De plus, le culte du prêtre efface la valeur de la vie religieuse : on entre à l’Assomption pour être prêtre, la consécration religieuse est presque ignorée… Enfin, bien sûr, il y a la crise financière : notre Vice-province naît sans aucune source de revenus.

Quel est ton objectif n° 1 pour les trois ans qui viennent ?

Je n’ai pas d’autre objectif que d’agir pour l’avènement du Règne de Dieu en nous, dans nos com-munautés et dans toute la Vice-province. Notre Chapitre vice-provincial, dans la ligne du Cha-pitre général de 2017, a insisté sur l’unité. Nous voulons pendant ces trois ans travailler à consolider la vie communautaire. Cela vien-dra d’une bonne compréhension de nos valeurs assomptionnistes et du vrai sens d’appartenance à l’Assomption. L’Assomption est l’œuvre de Dieu, disait le P. d’Alzon. Nous ne pouvons rien y faire sans lui. Avec le souci du religieux passionné de Jésus et de son frère, je voudrais accom-pagner mes frères à se sentir responsables de la Vice-province et se soucier d’elle, comme vrais témoins et agents de l’unité à par-tir de nos communautés. C’est un travail de Dieu et c’est lui qui le fera en nous et avec nous. n

L'assemblée capitulaire.

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>> Afrique de l'Est

Angola, un nouveau pas dans l’aventure missionnaire

Dès le premier CGP de décembre 2011, le Père Général a proposé

aux Provinciaux du Brésil et d’Afrique de commencer une collaboration entre provinces en vue d’une fondation en Angola. Le 30 décembre 2013, sont arri-vés au Brésil les premiers reli-gieux congolais, Roger et Jules. En décembre 2015, le Général a réuni les Pères Luiz Gonzaga, Protais Kabila et Marcelo Mar-ciel, Assistant général, pour former un groupe de réflexion et d'exploration sur la fondation en Angola. Notre premier voyage à Luanda, capitale de l'Angola, s'est déroulé du 16 au 27 janvier 2017, en visitant les diocèses de Luanda, Caxito et Viana ; malheureusement, lors de cette première visite, le Provincial d’Afrique n’a pas pu s’y rendre à cause de problèmes de visa.

La visite canonique au Brésil en mars 2019 a relancé le pro-jet angolais en reprenant contact avec Mgr Antonio Jaca, évêque du diocèse de Benguela et admi-nistrateur du diocèse de Caxito où nous avions été accueillis lors de la première visite en Angola.

Ce deuxière voyage en Angola nous l’avons réalisé avec le Père Luiz Gonzaga, Supérieur provin-cial du Brésil et deux sœurs de la Congrégation brésilienne «Irmãs Auxiliares de Nossa Senhora da Piedade», intéressées elles aussi à fonder dans ce pays. Le Père Yves, Provincial d’Afrique, n’a pas pu voyager à cause de pro-blèmes de visa.

Notre premier contact dans la ville de Benguela a été avec une religieuse qui nous a dit que la ville avait beaucoup grandi ces derniers temps et qu’il y avait plusieurs nouveaux quartiers qui

n’ont pas de présence religieuse, ni de paroisses à proximité. Elle nous a dit que si nous voulons rester dans le diocèse les mission-naires sont toujours les bienve-nus. La périphérie de Benguela a besoin des missionnaires et elle bénéficie d’une bonne connexion. Quant aux centres d’études, Ben-guela dispose d’un séminaire de philosophie et de théologie (on y accueille même des étudiants d’autres diocèses); le séminaire de Benguela est le plus grand du pays - 300 séminaristes. Il existe aussi des universités privées.

L’évêque de Benguela, Mgr Antonio Jaca, nous a invités à visiter le diocèse de Benguela qui est très étendu et il nous a dit que nous étions les bienvenus, que des missionnaires étaient néces-saires, qu’ils s’organisaient pour nous faire visiter la périphérie du diocèse et certaines commu-

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nautés rurales. A la fin de notre rencontre, il nous a dit : En visi-tant les différents secteurs du dio-cèse... vous pouvez rester là où votre cœur bat le plus fort.

Le parcours a commencé par la visite d’une communauté religieuse dans la banlieue de Benguela pour découvrir un peu la réalité de l’Église locale et le coût de la vie d’une commu-nauté. Sur le plan ecclésial, il y a un processus de création de nouvelles paroisses dans les nou-veaux quartiers. Dans les quar-tiers, il y a des gens responsables du secteur appelé Sorbas et ce sont eux qui autorisent l’achat de terrains et l’installation sur place. Des projets d’alphabétisation, d’éducation de la petite enfance et d’éducation des adultes sont nécessaires. Il y a aussi beaucoup de sectes qui corrompent les fa-milles en demandant continuel-lement de l’argent. Le nombre moyen d’enfants par famille est de 12. Dans les périphéries il y a beaucoup d’enfants non baptisés.

La participation religieuse est élevée, les messes dominicales, les fêtes patronales et les proces-sions sont très fréquentées. Dans les périphéries, il y a beaucoup de chômage des jeunes, de la drogue et un manque de possibi-lités d’études, ce qui entraîne une augmentation de la violence et de la criminalité.

Après avoir visité diffé-rents lieux du diocèse, à la fin de notre tour nous avons fait un dernier arrêt dans une paroisse des Salettins dans le district de Catumbela, puis dans un nou-veau secteur pastoral aussi des Salettins appelé Luongo où se trouve l'Institut polytechnique catholique de Benguela et où l'évêque envisageait de créer une nouvelle paroisse. L'église est en construction et s'appelle Saint François d'Assise, qui a un grand terrain déjà clôturé et un grand secteur pastoral en expansion. Également dans les environs il ya une chapelle à côté d’un centre de logement pour militaires.

Quelques données

L’Angola compte actuellement environ 29,2 millions d’habitants.

Le christianisme est la religion prédominante : 93,5 % des Angolais sont chrétiens, 4,7 % pratiquent des religions ethniques (autochtones), 0,6 % sont musulmans, 0,9 % agnostiques et 0,2 % non religieux. Parmi les chrétiens, 72% sont catholiques et les 28% restants sont répartis entre baptistes, presbytériens, pentecôtistes, méthodistes, luthériens et quelques petits cultes chrétiens.

Après avoir discerné avec les sœurs les différentes possibili-tés, nous avons décidé de parler avec le Vicaire général, le Père Eduardo, pour lui exprimer notre désir d’une éventuelle insertion pastorale dans la chapelle Saint François d’Assise (Luongo). Au terme de notre visite, l’évêque nous a accueillis dans le diocèse et a insisté sur la nécessité d’habi-ter dans le lieu de la mission.

Don Antonio Jaca est venu à Rome en juin pour la visite ad limina et nous a rendu visite dans notre maison pour rencontrer le Supérieur général et pour expri-mer son désir et sa joie que les Assomptionnistes puissent fon-der en Angola - précisement dans son diocèse - et il nous a mani-festé son désir d’ouvrir de nou-velles possibilités d’apostolat, par exemple dans les médias, dont il existe un grand besoin.

P. Marcelo MARCIEL

Vicaire général

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>> Afrique de l'Est

Les Augustins de l’Assomp-tion sont présents en Afrique, dans des zones touchées par l’insécurité, le fanatisme re-ligieux, ou l’immigration. Quelles actions posent-ils pour aider les populations confron-tées à ces problèmes ?

P. Benoît Grière : Les défis à relever partout dans le monde sont nombreux. L’Assomption, là où elle est présente, essaie de contribuer avec ses modestes moyens à travailler pour la concorde, la paix et la justice. Notre action est souvent dis-crète car il s’agit d’éveiller les consciences et former les per-sonnes pour que chacun trouve sa place dans la société civile pour la transformer selon l’esprit de l’Évangile. En RD-Congo, nous avons fondé, il y a plus de 15 ans, une université dans la région de Butembo. L’Est de la RD-Congo est en proie à une guerre larvée qui ne dit pas son nom mais où régulièrement des hommes, des femmes, des enfants sont mas-sacrés. Nous voulons travailler à la justice et promouvoir la paix. Cela passe par l’éducation de la jeunesse, notamment et par la formation de leaders des commu-nautés chrétiennes. Nous ne vou-lons pas nous résigner à l’état des choses et nous prônons partout le dialogue et l’échange. Devant l’omniprésence de l’islam, nous souhaitons avoir des religieux ca-pables de contribuer au dialogue

avec cette religion pour sortir des préjugés réciproques et favoriser l’entente fraternelle. Actuelle-ment, nous formons deux reli-gieux aux études islamiques et ils apprennent courageusement la langue arabe…

Votre congrégation est propriétaire et actionnaire unique du groupe de presse Bayard avec sa filiale « Bayard Afrique » au Burkina Faso. Quels sont les enjeux de la pré-sence de Bayard en Afrique ?

Le centre de gravité du chris-tianisme se déplace vers le sud de notre planète. L’enjeu pour Bayard est d’accompagner ce mouvement et de répondre aux besoins de l’homme et de la femme africains notamment en matière de formation religieuse, d’éducation et de promotion de la justice. Bayard, en s’installant au Burkina, veut aussi créer les conditions pour faire naître des nouvelles propositions édito-riales qui seront pensées par les Africains et pour les Africains. Cela demande du temps et de la patience. L’Assomption n’a pas pour vocation d’établir une entreprise dont les finalités se-raient uniquement commerciales. La venue de Bayard au Burkina répond à un appel missionnaire : il s’agit de diffuser largement le message que le Christ a donné aux hommes dans son Évangile. La jeunesse africaine qui repré-sente une part considérable de

la population locale a besoin de recevoir un appui pour sa crois-sance humaine et spirituelle. Nous avons l’audace de croire que nous pouvons apporter notre contribution à cette ambi-tion grâce à la présence de notre œuvre de médias. Nous serons aussi attentifs aux besoins des familles et du clergé africain.

Quels sont les autres chan-tiers des assomptionnistes en Afrique ? Dans quels domaines interviennent-ils ?

Il est difficile d’énumérer les divers chantiers où nous sommes engagés. Il y a, comme je le di-sais précédemment, l’éducation sous toutes ses formes : écoles, collèges, université. Il y a les pa-roisses et la formation d’un laïcat responsable dans les communau-tés chrétiennes. Nous sommes aussi engagés dans la première évangélisation, notamment en Tanzanie où nous annonçons l’Évangile dans des contrées où cela n’était pas encore réalisé. Nous travaillons dans le domaine de l’agriculture, par exemple en cherchant des semences résis-tantes aux divers « nuisibles » qui les affectent (virus, parasites, etc.). Nous sommes engagés dans le dialogue œcuménique et inter-religieux. Notre désir profond est de favoriser la communion entre tous les hommes.

Recueilli par

Hortense ATIFUFU

(La Croix Africa)

P. Benoît Grière : « En Afrique, nous voulons travailler à la justice et promouvoir la paix. »À l’occasion d’une visite à Ouagadougou, le Supérieur général a présenté à La Croix Africa sa vision de la congrégation au sein du continent africain.

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Une nouvelle mission au Brésil

« Allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt. 28,19).

Fidèle à ces Paroles de Notre Seigneur Jésus Christ, et animée par l’esprit missionnaire de notre fondateur, le P. Emanuel d’Alzon, la Province assomptionniste du Brésil vient d’ouvrir une nouvelle communauté dans la partie sud du pays. Depuis l’année passée, les Assomptionnistes se sont instal-lés dans le diocèse de Paranaguá, dans une paroisse nommée Nossa Senhora da Guia, située dans la petite citée de Cerro Azul. Cerro Azul est une petite cité de 18 000 habitants, et se trouve à plus ou moins 80 kilomètres de Curitiba, ville capitale de la province de Paraná. La citée est plus connue pour sa production des oranges. La majorité de la population tra-vaille les champs.

Notre nouvelle communau-té de Cerro Azul est formée de trois religieux. Deux brésiliens (Marcos Lucio Bento De Souza, supérieur et curé, Joimar Sella) et un congolais (Justin Kasereka Munga). Ce qui fait d’elle une communauté internationale.

Notre première mission dans cette partie du Brésil est l’évangélisation et l’animation vocationnelle. La paroisse Nossa Senhora da Guia a été créée en 1934. Elle compte 24 petites com-munautés, bien éloignées les unes des autres et situées toutes en zone rurale. Nous faisons l’effort de visiter chaque communauté au moins deux fois le mois.

Jusque-là notre mission se limite à l’animation pastorale : célébrations sacramentelles, la

catéchèse pour enfants et adultes, formation des ministres extraor-dinaires de l’eucharistie et mi-nistres de la Parole, formation des enfants de chœur.

Dans l’avenir, nous souhaitons avoir un groupe des laïcs assomp-tionnistes et varier notre apostolat en créant par exemple une œuvre sociale, selon le besoin du milieu.

La bonne nouvelle est que de-puis la présence de l’Assomption dans cette paroisse, on constate une augmentation du nombre des fidèles et une participation active dans les activités paroissiales. La preuve en est que cette année nous avons eu plus de 180 catéchu-mènes qui ont reçu la confirma-tion et la première communion ; et plus de 60 mariages célébrés. Dieu en soit loué !!!

La paroisse ayant près de 100 ans d’existence, il est normal de voir beaucoup de choses et bâti-ments en délabrement avancé et qui nécessitent une grande ré-forme. C’est dans ce sens que le plus grand projet qu’a la commu-nauté est la rénovation et l’élar-gissement de l’église, qui de plus en plus ne contient plus le nombre de fidèles qui viennent prier les dimanches ; et la maison parois-

siale (presbytère). Nous espé-rons qu’avec la grâce de Dieu et la contribution de tous, ce projet sera réalisé.

Actuellement on constate une prolifération des églises évangé-liques ou protestantes dans la cité de Cerro Azul. Un défi peut être pour nous assomptionnistes, qui sommes appelés à promouvoir l’œcuménisme, (RV 16 et 18). Par ailleurs, Cerro Azul est une cité ouverte à la grande ville de Curitiba et est beaucoup influen-cée tant positivement que néga-tivement par cette dernière. Ce qui fait que ces dernières années, certains jeunes commencent à se donner à la consommation et au commerce de drogue, chose qui était presque impensable dans la contrée dans les dix dernières années, à en croire les anciens habitants. D’où l’urgence d’enca-drer la jeunesse pour lutter contre ce grand fléau qui caractérise les grandes villes brésiliennes. Mais comment ? Voilà tant de défis pastoraux parmi tant d’autres qui se présentent à nous. Mais en dé-pit de tout cela, nous avons l’es-poir qu’avec l’aide du Seigneur, notre mission portera du bon fruit.

P. Justin KASEREKA MUNGA

La fondation de la communauté paroissiale de Cerro Azul, l’année dernière, permet à la Province du Brésil d’élargir ses horizons pastoraux.

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n JUILLET 2019 n no 0920

Le Pape François et les Petites Sœurs de l’Assomption Le 10 mai, recevant l’Union des Supérieures générales, le Pape François a encouragé les religieuses à « être au service... mais pas au service domestique ». Et d’ajouter : « Si tu veux faire la domestique, fais comme faisaient et comme font les soeurs du P. Pernet, de l’Assomption, qui sont infirmières, domestiques dans les maisons des malades : là oui, parce qu’il s’agit d’un service ». A maintes reprises, le pape argentin a fait l’éloge des PSA : voici pourquoi.

>> Famille de l'Assomption

L’histoire de la relation du Pape François avec les Petites

Sœurs de l’Assomption remonte à sa naissance. À plusieurs reprises, il s’y est référé lui-même.

« J’avais moins d’un jour de vie quand une jeune novice des Petites Sœurs de l’Assomption est venue chez nous dans le quar-tier Flores de Buenos Aires et m’a pris dans ses bras... Je suis resté en contact avec elle toute ma vie jusqu’à son départ au ciel il y a quelques années... » (année 2016).

« Avec des gestes simples, les tâches ménagères et les soins don-nés aux malades, elles parlent de Jésus Christ mieux que beaucoup de sermons... La tendresse et la miséricorde dont le Père Pernet a témoigné toute sa vie, les Petites Sœurs continuent à les rayonner dans de nombreux pays du monde entier. » (2017).

A l’occasion de sa visite aux Etats-Unis, le Pape François a accepté l’invitation des Petites Sœurs de l’Assomption et des laïcs associés à elles à visiter le quartier de Harlem Est. Le Pape a écouté attentivement la population locale (les pauvres, les habitants de la rue, les oubliés de la société) qui lui ont présenté leurs préoccu-pations et leurs besoins et qui ont souhaité être bénis par le Pape.

Le 15 août 2010, en la fête de l’Assomption, le Cardinal Bergo-

glio avait évoqué les PSA dans son homélie :

« Marie s’en alla sans tarder. Marie pressée.... Marie n’a pas per-du de temps, elle savait qu’il y avait un besoin dans la maison de sa cou-sine et elle est partie sans tarder.

Je vous confesse que quand je parle avec la Vierge ou quand il y a quelque chose à résoudre, je lui dis : « Dépêchez-vous, vous qui savez vous dépêcher, dépêchez-vous... ». Marie, la femme pressée.

Cela m’amène à une image que je garde. Un groupe de femmes de la rue Junta 3000 qui, après la messe, sortaient « pressées » pour aller servir et qui ne revenaient qu’à midi. Elles allaient pressées travailler comme domestiques dans les maisons où il y avait une femme à qui on devait aider à net-toyer la maison, à envoyer les en-fants à l’école... des pauvres, des gens qui ne pouvaient pas payer une assistante. « Mucamas », ser-vantes des pauvres. C’était tou-jours impressionnant.

J’ai toujours été impressionné par l’habit qu’elles portaient à l’époque, quand elles sortaient avec ce voile tombant sur l’épaule sous la forme d’un sac qui, quand elles marchaient vite, était rempli par le vent.

Je me souviens en 1959, quand j’étais à Rosario, dans la paroisse des Jésuites, et que je vois une sœur qui passait à vélo, avec cet

habit, imaginez sa mine..., elle allait servir une famille.

Chez moi, on les aimait beau-coup. Ma grand-mère était une des Monica, il y avait beaucoup de familiarité. L’une d’elles m’a tenu dans ses bras deux jours après ma naissance.

Papa, maman nous parlaient d’elles, ils nous racontaient qu’elles avaient la Règle de saint Augustin, que dans les maisons où elles travaillaient comme ser-vantes et infirmières elles ne pou-vaient pas manger, qu’elles ren-traient déjeuner à la maison.

De temps en temps, mon père ou ma mère, mais surtout mon père, nous emmenaient en visite à la rue Junta. Quand il pleuvait, elle était inondée et il fallait tra-verser un pont. Dans le quartier, on les appelait « les petites sœurs du pont », à cause du pont qu’il fallait traverser.

Mais revenons à ceci : Marie pressée..., les femmes pressées de servir..., des femmes qui portaient dans ces foyers la « maternalité » de l’Église, la maternalité de Ma-rie. Rendons grâce à Dieu....

Les gens saisissaient cela, comprenaient que l’Église était mère. Mon père m’a raconté que dans l’usine où il travaillait il y avait plusieurs compagnons de travail venus d’Espagne, des répu-blicains, « bouffe-curés ».

L’un d’eux est tombé malade

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d’une sorte d’herpès purulent. Il était plein de plaies puru-lentes. Sa femme travaillait ; alors mon père est allé parler à Mère Marlene, et il lui a expliqué le cas et lui a dit : « Voyez, Mère, cet homme va vous maltraiter, il ne va pas vous rece-voir ». Mère Marlene dit : « J’y vais ».

La sœur y est allée et le premier jour elle a entendu les pires choses qu’une femme puisse entendre... Elle a patiemment fait ce qu’elle avait à faire. Elle le soigna, elle a envoyé les enfants à l’école et elle est partie... et ainsi de suite pendant environ 2 mois. Cela adoucit peu à peu l'attitude de l'homme et au bout d’une semaine : « Ma sœur, s’il vous plaît... pourquoi êtes -vous devenue religieuse ? »... Les questions ont commencé... Cet homme se sentait soigné avec la tendresse d’une mère.

Puis il est retourné au travail... Un jour, alors qu’ils sor-taient de l’usine, une religieuse passe par là, pas une d’entre elles, une religieuse d’une autre congrégation... À ce moment-là, un compagnon lui a dit une grossièreté et notre homme lui a donné un bon coup, en lui disant : « Aux prêtres et à Dieu, tu diras ce que tu voudras, mais avec la Vierge et les religieuses..., garde-toi de rien dire ».

C’est la « maternalité » de ces femmes, que chaque reli-gieuse possède. L’Église est mère et une femme qui se consacre est témoin de cette maternalité de l’Église. Marie et une femme qui se consacre sont témoins de cette maternalité.

Aujourd’hui, Notre Dame reçoit cette reconnaissance de Jésus le serviteur. Nous nous souvenons qu’elle s’est occupée de lui en servant.

Regardons Marie toujours prête à servir et rendons grâce à Dieu parce qu’en Argentine, ces femmes étaient organisées pour accomplir leur mission et à l’époque on ne parlait pas en-core d’insertion, mais elles étaient insérées des pieds à la tête.

Rendons grâces à Dieu parce que ces femmes ont le cha-risme du Père Etienne et de la Mère Marie de Jésus, et par leur travail simple elles ont pu montrer à notre peuple la réalité que Marie est mère et que l’Église est mère.

À vous, merci..., à vous et à celles qui vous ont précédées, merci. Restez pressées.... Çela vaut la peine....»

(Transcription des Petites Soeurs de Buenos Aires)

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L’Assomption de Bucarest, carrefour d’Orient et d’Occident

Les actes du colloque sur le 80e anniversaire de présence dans la capi-tale roumaine viennent d’être publiés

Une année vient de s’écouler après le colloque organisé à Bucarest sur les 80 ans depuis l’inauguration de l’Ins-titut Français d’Etudes Byzantines (5 mai 2018). Le volume de ces actes vient de paraître en Roumanie, aux Edi-tions Gutenberg sous la coordination de Lucian Dîncă. Plusieurs personnes avaient exprimé le souhait de disposer d’une trace écrite de cet évément.

C’est ainsi qu’est né ce projet de livre où, au-delà de la reprise des in-terventions de ce jour-là, on trouvera quelques documents d’archives inédits concernant les préparatifs et l’instal-lation des Assomptionnistes à Buca-rest en 1934 jusqu’à leur expulsion en 1947.

Sans garder la nostalgie du passé, ce livre s’inscrit également dans la continuité d’une histoire qu’il entend perpétuer dans les années à venir. Pour cette raison on trouvera aussi quelques témoignages de la part des personnes qui partagent avec nous le goût pour la mission actuelle des Assomptionnistes au service de l’unité chrétienne. Il faut les considérer comme une forme de re-connaissance pour un genre de travail qui, s’il n’a plus besoin d’être justifié, reste à consolider et pérenniser.

Ce volume vient de sortir à quelques semaines de la viste en Roumanie du pape François (31 mai - 2 juin). Aussi différents qu’ils puissent être, chacun de ces événements contribue à sa façon à accomplir le voeu le plus cher du Christ : „Que tous soient un... pour que le monde croie”.

P. Lucian Dîncă, Bucarest(article paru dans ATLPE n° 22)

Mgr Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires (Argentine)

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n JUILLET 2019 n no 0922

Les noviciats en Amérique du Sud

Implantation de l’Assomption en Amérique du Sud

Les premiers religieux en-voyés au Chili et en Argentine appartenaient à ce qu’on appelait « La Mission du Chili » (1890–1923). Les dix premiers assomp-tionnistes arrivent au Chili le 29 octobre 1890 et prennent pos-session de leur premier poste de mission à Mendoza (Rengo) le 5 novembre, sous l’autorité du P. Stéphane Chaboud (1857-1921). Le 30 septembre 1910 est consi-déré comme date de fondation de l’Assomption en Argentine, car c’est le jour d’arrivée à Buenos Aires du P. Romain Heitmann (1869-1941).

Au moment de la division de la congrégation en Provinces, les communautés du Chili et de l’Argentine deviennent « Vica-riat provincial » (1923–1953) dépendant de la Province de Bor-deaux. Deux seulement seront les Vicaires durant cette période : le P. Séraphin Protin (1876-1946), de 1923 à 1929 résidant à Bue-nos Aires, et le P. Zénobe Goffart (1880-1963), de 1929 à 1953, résidant à Santiago.

La Province d’Amérique du Sud (ou Province d’Amérique Latine ou Sudamericana), érigée le 15 août 1953, par le P. Wilfrid Dufault, Supérieur général, sous le patronage de Notre-Dame de Lourdes, comprenait les com-munautés du Chili, d’Argentine, d’Uruguay et de Colombie. En 1961 s’ajoute la nouvelle com-munauté du Costa Rica.

Quand le Brésil devient Province en 1999, la Province

d’Amérique du Sud devient Province de Chili-Argentine. En mai 2004, la Région de Colom-bie devient une Région de la Pro-vince Chili-Argentine.

Et à partir de 2013 elle prend le nom de Province Andine, com-prenant les communautés du Chili, de l’Argentine, de la Co-lombie et de l’Équateur (décision du Conseil Général Plénier de décembre 2013).

Le premier noviciat en Amérique du Sud1

Le premier noviciat en Amé-rique du Sud fut constitué le 21 novembre 1926, dans la Commu-nauté de Santos Lugares, Bue-nos Aires, Argentine. Le maître de novices fut le P. Stanislas Piton (1893-1950). Il commença avec deux frères coadjuteurs d’origine

italienne, et les deux premiers assomptionnistes argentins : le P. Agustín Luchía-Puig et le P. Gabriel Kearney. S’ajoutent au cours de l’année deux postulants chiliens, un espagnol et un argen-tin, tous les quatre comme frères coadjuteurs, et un frère de chœur argentin, le futur P. Enrique Tis-cornia. Neuf novices dans l’es-pace d’un an ! Des sept vocations argentines, cinq ont persévéré : les trois prêtres et les Frères José Fornés et Norberto de la Torre ; a persévéré aussi le Fr. Miguel Campos, Chilien. Malheureuse-ment, ce qui semblait une pro-messe de vocations pour l’avenir en Argentine dure peu de temps. Les supérieurs décident de trans-férer le noviciat au Chili, où il y a, semble-t-il, davantage de res-sources en personnel.

>> Pages d'histoire

Nous apportons ici un complément à la grande série du P. Patrick Zago sur l’histoire des noviciats assomptionnistes, avec un éclairage sud-américain dû au P. Julio Navarro.

El Golf, Santiago.

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LES NOVICIATS AU CHILI Nous pouvons parler de trois

étapes bien distinctes :

1ère étape : Noviciat au Golf, à cause de la guerre qui empêche les relations avec la Pro-vince.

Les vocations chiliennes, sorties de l’École Apostolique de Mendoza (Rengo), vont en France faire leur noviciat à Pont-l’Abbé d’Arnoult et ensuite les études de philosophie et de théologie à Layrac. Les premiers à partir en France sont quatre, le 12 avril 1934 ; d’autres suivront. Mais en 1939, la Seconde Guerre Mondiale éclate, ce qui arrête l’envoi des futurs assomptionnistes en France.

Le 17 février 1942, un groupe de cinq novices prend l’habit dans la nouvelle maison de formation à El Golf (Santiago). Le Maître de novices est le P. Isidore Gayraud (1874-1958). En 1943, quatre étudiants chiliens réussissent à quitter la France et s’intègrent à la communauté du Golf. De ces neuf premiers, six sont devenus prêtres assomptionnistes.

En 1945, le P. Jean de Dieu Danset (1878-1967) devient le Maître de novices et le formateur des autres étudiants au Golf. En 1945 ils sont douze novices ; en 1948 ils sont neuf. (À partir de 1947, les jeunes religieux iront de nouveau en France pour leurs études de théologie).

En 1954, toujours au Golf, on trouve sept novices, avec le P. Sta-nislas Pytko (1922-1984) comme Maître des novices : quatre ar-gentins et trois chiliens. On est au début de la création de la nou-velle Province d’Amérique du Sud (érigée le 15 août 1953). En 1956, on compte treize novices : neuf chiliens, un argentin, un espagnol mais espagnol d’Argen-tine, le premier assomptionniste

colombien (P. Silvio Herrera) et un novice convers chilien2.

2e étape : un Noviciat pour toute l’Amérique latine

Entre les années 1957 et 1966, c’est une nouvelle étape, très féconde en vocations et signifi-

cative par son internationalité. Le noviciat est transféré à Los Andes et devient le noviciat la-tino-américain, avec des novices chiliens, argentins, brésiliens, colombiens, espagnols et même un mexicain. Le Maître de no-vices est toujours le P. Stanislas

1) Bibliographie : - P. Roberto Favre, A.A., Los Asuncionistas en la Argentina. 1910-2000, Cahiers du Bicente-naire d’Alzon 2010, Nº 8, Buenos Aires 2009, pp. 38-39 et 302. - P. Francisco de Paula Blachère, A.A., Génesis de la Asunción Argentina, Edi-ción a cargo de la Provincia de América del Sur, Buenos Aires y Santiago de Chile, mayo de 1990, pp. 45-49 ; traducción P. Juan Donoso Zavala, a.a. (le manuscrit original en français se trouve aux Archives de la Province; le P. Bla-chère finit son récit en 1927). - Voir aussi : L’Assomption et ses œuvres, Nº 316, novembre 1927, pp. 166-167.2) Dans son Rapport au 1er Cha-pitre provincial de 1958, le P. Ré-gis Escoubas, supérieur Provin-cial, donne les chiffres suivants : « Les effectifs de la Province, un an après son institution, c’est-à-dire, en décembre 1954, sont : 65 prêtres affiliés, plus huit transférés, 6 frères coadju-teurs, 4 étudiants en théologie, soit un total de 83 religieux. À ce jour (avril 1958), elle compte 70 prêtres, 17 étudiants (6 théologiens et 11 philosophes), 4 novices de chœur, 1 novice convers et 9 frères coadjuteurs profès, ce qui donne un total de 110 religieux. Par nationalité, on compte 34 chiliens, 17 argen-tins, 29 français, 17 belges, 6 espagnols, 1 allemand, 1 italien, 1 grec, 1 polonais, 2 brésiliens, 1 colombien. Il n’y a qu’un seul noviciat pour toute la Province, d’abord établi à Notre Dame des Anges (El Golf) et actuellement installé dans notre maison de

Los Andes. Je vous donne les chiffres, d’abord du noviciat du Golf, depuis la fondation de la Province : 21 ont pris l’habit religieux; 18 ont fait la première profession. Les chiffres du novi-ciat de Los Andes, qui en est à sa seconde année d’existence : 8 ont pris l’habit religieux ; 2, dont un frère mexicain, ont fait la pre-mière profession. ».3) Dans son Rapport au Chapitre général de 1964, le P. Joachim Duret, supérieur Provincial, écrit : « De janvier 1958 à mars 1963, ont pris l’habit 44 novices : 33 choristes et 11 coadjuteurs. Au cours du noviciat sont sortis 13 choristes et 5 coadjuteurs. 7 brésiliens de la Province de Bor-deaux ont pris également l’habit à Los Andes. » (Rapport dans les Archives de la Province). 4) Bibliographie pour les deux premières étapes : - Fernando Aliaga Rojas, Reli-giosos Asuncionistas 100 años al servicio de la Iglesia en Chile: 1890-1990, Santiago de Chile, 1990, pp. 105, 108-109, 230-233. - Asunción Chile-Argentina (bulletin de la Province), Nº 44, novembre 1979, pp. 39-40. - Rapport du Supérieur provin-cial, P. Régis Escoubas, pour le Chapitre provincial de 1958, dans les Archives de la Province. - Rapport du Supérieur provin-cial, P. Joachim Duret, au Cha-pitre général de 1964. - Répartition des Missionnaires et Répartition des Religieux sont une source de grande valeur, parce qu’on y trouve même les noms des novices de chaque année.

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n JUILLET 2019 n no 0924

Pytko. Le 4 février 1957 prennent l’habit religieux huit novices : cinq chiliens (un novice convers), deux espagnols provenant de l’Argentine et un mexicain. En 1958 ils seront quatre novices, tous chiliens (deux de chœur et deux convers). En 1959 il y a huit novices : sept chiliens (un coad-juteur) et un espagnol, mais espa-gnol d’Argentine.

En 1960 commencent à venir au Chili pour faire leur noviciat des frères brésiliens, accompa-gnés par le P. Crispinus Krispyn ; ces premiers novices brésiliens seront cinq, parmi lesquels le fu-tur évêque José Geraldo Da Cruz ; il y a aussi onze chiliens (six de chœur et cinq coadjuteurs) et un espagnol. En 1961 il y a un no-vice de chœur et sept coadjuteurs, dont deux brésiliens. En 1962 il y a neuf novices : six chiliens et trois brésiliens. En 1963 et 1964, apparemment il n’y a pas eu des novices3.

Dans les années 1965 et 1966, le noviciat s’est constitué dans la nouvelle propriété de Las Condes (une des communes de Santiago). Des sept novices de cette période, deux religieux seu-lement ont persévéré jusqu’à au-jourd’hui dans l’Assomption, un chilien et un argentin.

Ensuite, ce fut la grande crise des vocations. Et la nouvelle politique de la formation dans la congrégation demande que chaque religieux se forme dans son Église locale et dans son pays4.

3e étape : Reprise après le Concile.

Il n’y a plus de maison érigée spécialement comme noviciat ; on loue de petites maisons dans des quartiers pauvres et on vit parmi les gens de façon simple et austère, insérés au service des

Communautés Ecclésiales de Base.

Les Maîtres des novices ont été les Pères :

Miguel Fuentealba Melo, les années 1977, 1979 et 1982, à Robert Kennedy (Santiago), Lota et Valparaíso ; en tout 7 novices : 5 chiliens, 1 brésilien et 1 colombien.

Jean-Pierre Bouteil, en août 1983 et de 1986 à 1991 (7 ans), dans différentes maisons à Val-paraíso ; en tout 23 novices : 15 chiliens 4 brésiliens, 2 argentins, 1 colombien et 1 mexicain. Et de 1992 à 1995 (4 ans), à Pomaire (petite ville d’artisans de la pote-rie, à 50 km. de Santiago), où il a eu en tout 16 novices : 4 chiliens, 4 brésiliens, 5 mexicains, 2 co-lombiens et 1 argentin.

Julio Navarro Román, de 1996 à 1999 (4 ans), à Pomaire, où il a eu 21 novices : 5 chiliens, 5 brésiliens, 6 colombiens, 3 mexicains, 2 argentins.

Edgardo Muñoz Gutiérrez, de 2000 à 2004 (4 ans et 8 mois), à Pomaire, où il a eu 22 novices : 3 chiliens, 9 brésiliens, 6 colom-biens, 1 argentin, 1 équatorien, 1 mexicain, 1 philippin.

Aldo Gajardo Álvarez, d’août 2004 à 2006, à Pomaire, où il a eu 11 novices : 6 brésiliens, 3 chiliens, 1 colombien et 1 équa-torien.

En janvier 2007 le noviciat est

transféré à Mendoza (Rengo) dans une propriété appartenant au Monastère des moniales béné-dictines. Le Maitre de novices est toujours le P. Aldo Gajardo Ál-varez. Pendant les quatre ans de 2007 à 2010 il a eu 13 novices : 5 brésiliens, 3 colombiens, 2 chiliens, 2 mexicains et 1 équa-torien.

Depuis janvier 2011, il n’y a plus eu des novices au Chili.

UN NOVICIAT EN COLOMBIE « En 1959 et 1960, un noviciat

a été ouvert en Colombie, à Yum-bo, près de Cali, dans une villa solitaire en pleine montagne. Le P. Régis Escoubas en fut le Maître de novices. Plusieurs candidats Frères coadjuteurs se présen-tèrent. L’un d’eux prit l’habit et se retira. Un postulant de chœur prit l’habit et fit profession. Le novi-ciat ferma ses portes faute de can-didats intéressants » (Du rapport du P. Joachim Duret, Supérieur provincial, au Chapitre Général de 1964).

LES NOVICIATS AU BRÉSILLe Fr. Gwénaël Petton, qui

a passé plus de quarante ans au Brésil, était bien placé pour nous donner les détails de cette his-toire.

Noviciat d’Eugenòpolis (État de Minas Gerais), 1956.

Le P. Timothée Labialle (1905-l976) reçoit le titre de Maître des novices pour pouvoir s´occuper des premiers candidats á la Vie religieuse, occupant en même temps, les fonctions de su-périeur, d´économe, de construc-teur du «Seminário Nossa Sen-hora de Lourdes» (alumnat), et d´enseignant. En fait, il y a trois novices frères convers : Fr. Rober-to Paulo da Silva, né á Eugenópo-lis en 1930, première profession en 1957, quitte la Congrégation en 1960 ; Fr. Bráulio da Silva, né á Eugenópolis en 1930, première profession á Los Andes (Chili) en 1961, sorti en 1966 ; Fr. Pedro Simpliciano Barbosa, né en 1942, première profession á Los Andes en 1961, sorti en 1967.

Noviciat «Governador Por-tela» (État de Rio de Janeiro), 1965.

Religieux de la communauté : Pères João (Modeste) Lieffring, curé, Bernardin Le Goff supé-

>> Pages d'histoire

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rieur et Maître des Novices, Fran-çois Marie Le Marec auxiliaire, Michel-Ange Gomes, Benoît Bleunven. Frères Joseph Camus (premier semestre) et Bráulio da Silva. Ouverture du Noviciat et Prise d´habit , le 11 février 1965. Novices : Frères José da Costa Paiva, José Ermelindo da Silva, Carlindo Izidoro Teixeira, Fran-cisco de Assis Ferrarês, João Ru-bem Pessuto, Juarez Vaz de Mei-ra, Sebastião André de Menezes, Tarcisio Braz Veronese, Eraldo Pereira Dias, José Lucas Vianelo, José Rodolfo Lopes. Tous origi-naires de l´État de Minas Gerais et des environs de Eugenópolis. Enfin un novice de Rio de Janei-ro dont on ne se souvient pas du nom. Première profession le 11 ou 12 février 1966. De tous ces novices il semble qu´un seul n´a pas fait ses voeux : José Rodolfo Lopes. Il semble que tous furent transférés á Belo Horizonte (État de Minas Gerais) scolasticat de philosophie sous la houlette du P. Michel Le Ven. Fin 1968, avec les évènements militaires (empri-sonnement des PP. Le Ven, Ber-thou et Croguennec, et du diacre José Geraldo da Cruz), ce fut la grande débandade. Il n´en resta pas un seul.

Noviciat de Pinhal (État de São Paulo) Janvier 1972.

Ce noviciat ne connut qu’un

seul novice : Antônio Lessi, qui a fait profession en janvier 1973. Plus tard, il quitte la Congréga-tion.

Noviciat d’Ibitiura De Mi-nas (État de Minas Gerais), á quelques dizaines de km de Pin-hal, 1976.

Le Maître des novices est le P. Fidelis Nulle. Quatre novices : José Aymard da Silva, Donizeti Aparecido dos Santos, Estevo Fernando Laurindo et Antônio Francisco Pereira. Estevo n´est resté que le premier semestre et est entré dans le diocèse São João da Boa Vista, où il sera ordonné prêtre. Antônio Francisco Perei-ra, José Aymard et Donizeti font les premiers vœux le 12 janvier 1977. Après quelques jours de va-cances, le Fr. Antônio F. Pereira quitte la congrégation. Le Fr. José Aymard quitte à son tour et entre dans le diocèse, où il sera ordon-né prêtre. Le Fr. Donizeti quitte pour le Diocèse de Jalès, où il sera ordonné prêtre.

Noviciat de Jardim Penha, 1978.

Le Maître des novices est le P. Fidelis Nulle. Novices : José Aparecido Ignácio, Moacir Berto-lozo. Premières professions le 25 janvier 1979. Le Fr. Moacir quitte au bout de deux ans. En 1980, un autre novice se présente : Luis Carlos Pizzi, qui fera ses premiers

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vœux le 25 janvier 1981. En juillet 81, rentre à Pinhal, dont il est originaire. Pour des pro-blèmes de famille, il quitte lui aussi la Congrégation.

Noviciat « Nossa Sen-hora da América », depuis 2016.

Après un long intervalle, au cours duquel les novices brési-liens vont au Chili, un nouveau noviciat ouvre ses portes à Pin-hal (État de São Paulo), le 24 janvier 2016, sous la respon-sabilité du P. João Gomes da Silva avec trois novices : Jef-ferson de Oliveira Marques et Luciano Magela de Oliveira, Brésiliens, et un Chilien, Jona-than Ruiz Rivera, feront leurs Premiers Vœux le 8 janvier 2017.

L’année suivante, deux jeunes Brésiliens y prennent l´habit : Rafael Antônio Ribei-ro et Johnatan Gabriel Lagoei-ro ; ce dernier quittera le novi-ciat au bout du 1er semestre, et Rafael fera seul ses Premiers Vœux le 6 janvier 2018, avant de quitter l’Assomption à son tour six mois plus tard.

En janvier 2018 arrivent deux novices, Denis Geraldo Martins Ramalho, Brésilien, et Matias Antônio Romero Romero, Chilien ; ils ont pro-noncé leurs Premiers Voeux le 15 janvier 2019.

Enfin, l’année en cours est très internationale, avec deux Brésiliens, Yan Pires Da Silva et Thiago Augusto Da Silva, un Equatorien, Jonnathan Ja-vier Cujiguallpa Tanqueño, et un Colombien, Daniel Magin Sambony, qui ont pris l´habit le 15 février dernier.

P. Julio NAVARRO ROMAN

(note de décembre 2016,

actualisée par

Gwenaël PETTON)

Pomaire (Chili)

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>> Famille de l'Assomption

Notre-Dame de Paris, lieu fondateur pour sainte Marie-Eugénie

Lettre au P. Picard (8 novembre 1862)

Les premiers mouvements de ma vocation me sont venus

sous les voûtes de Notre-Dame pendant les conférences de 1836. Je dis les premiers mouvements, car c’était encore quelque chose de vague, d’indécis, le désir de me consacrer à la cause de Dieu et de l’Église sans savoir ni où, ni comment. La parole du P. La-cordaire réveillait ma foi et me déterminait à me ranger tout en-tière du côté de la vérité. Les lon-gues heures que je passais à l’at-tendre, et l’Église elle- même où tant de générations chrétiennes avaient passé et dont les profon-deurs me semblaient réservées aux pas de ceux dont la vie est toute consacrée à Dieu, agissai-ent aussi profondément sur moi. Dieu avait, je crois, mis une pre-mière touche sur mon âme à la première communion, mais je ne l’avais pas compris. C’est à Notre-Dame que je commençai à entendre sa voix.

À la fin des conférences, je désirai vivement voir le P. Lacordaire. Mon esprit avait passé par des doutes, j’avais aussi des difficultés de position. Il me conseilla beaucoup de lectures sérieuses, il m’indiqua M. de Maistre, M. de Bonald, Bourdaloue, etc., et sans admettre la pensée de vocation dont je lui dis un mot, il me dit sur la vie

religieuse des choses magnifiques que je n’ai jamais oubliées. Il me la représenta comme le don qu’une âme fait de soi à Jésus-Christ pour l’aider dans l’œuvre du rachat de l’humanité, chacun selon son attrait, les uns par la souffrance, les autres par l’apostolat ou les bonnes œuvres. Il prit pour exemple l’Ordre de la Rédemption des captifs, où l’on promet à Jésus-Christ de se faire esclave pour la délivrance de ceux qu’il est venu racheter, for-mam servi accipiens. Il était alors aumônier de Mme de Swetchi-ne, et c’est dans les deux petites chambres qu’elle lui donnait dans son hôtel qu’il me reçut.”

Lettre sur les commencements de la Congrégation (30 avril 1881) Il y aura bientôt cinquante ans que j’ai fait le vœu de me faire religieuse, à la suite d’une retraite prêchée chez les Dominicaines,

par monsieur l’abbé Combalot. En 1836, j’avais entendu les con-férences du père Lacordaire à No-tre-Dame. J’étais alors chez ma-dame Foulon, ma cousine. Grâce à une famille inféodée au Chapitre de l’Église, nous avions pu nous faire assurer trois places près du banc d’œuvre ; mais, comme il y avait beaucoup de monde, nous arrivions pour la grand’messe de dix heures, et nous restions à l’é-glise jusqu’à la conférence, qui commençait à une heure, ce qui nous donnait un temps considéra-ble pour prier. Ce fut pour moi une grande grâce ; je n’ai jamais mieux prié que dans cette église, et c’est là, pour la première fois, que j’eus la pensée de ma voca-tion. Je m’arrangeai pour voir le père Lacordaire, à la fin de ses conférences, sans que personne le sût ; il m’a mise dans l’état le plus violent où l’on puisse mettre quelqu’un.”

(article paru dans ATLPE n° 22)

Alors que l’incendie de la cathédrale de Paris a suscité une émotion universelle, prenons le temps de redécouvrir le rôle capital de Notre-Dame dans la vocation de sainte Marie-Eugénie, fondatrice des Religieuses de l’Assomption. Ces extraits de sa correspondance en témoignent.

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hal. Tous les trois sont inhumés au même endroit.

Chose curieuse, sans doute : cette tombe, située sur les hauteurs du cimetière, sera toujours fleurie. Les fidèles y ont disposé des ex-voto pour marquer leur reconnais-sance pour des grâces obtenues par son intercession. Il n’est pas rare, en effet, de voir les fidèles venir se recueillir au cimetière déposer des fleurs, allumer une bougie pour demander l’intercession du Père et, lorsqu’une grâce est obtenue, ils placent en signe de reconnais-sance un ex-voto sur la tombe. Ces manifestations de gratitude de la part de la population sont l’une des raisons qui ont conduit à l’ouver-ture diocésaine du processus de canonisation.

Aujourd’hui, la Congréga-tion des Augustins de l’Assomp-tion compte trois membres dont l’héroïcité des vertus a été recon-nue par le pape et sont à ce titre déclarés « vénérables » : le P. Emmanuel d’Alzon (1991), le P. Etienne Pernet (1983) et le P. Marie-Clément Staub (2014). Les trois martyrs assomptionnistes de Bulgarie Kamen, Pavel et Josa-phat ont été béatifiés en 2002.

P. Bernard Le Léannec

Postulateur général

Postulation <<

Le P. Matheus Van Herkhuyzen en marche vers la canonisation Pour avoir été un simple religieux missionnaire au service des petits, cet assomptionniste hollandais voit s’ouvrir 46 ans après sa mort son procès de canonisation.

Le 29 avril dernier, la Congré-gation Romaine pour les

Causes des Saints a adressé à l’évêque de São João da Boa Vis-ta au Brésil, Don Antonio Emilio Vilar (SDB), une lettre en réponse à sa demande du 19 février 2019 : il s’agissait d’ouvrir l’instruction de la cause de béatification et de canonisation du Serviteur de Dieu Mattheus van Herkhuizen, assomptionniste hollandais, décédé à Pinhal d’un infarctus le 15 avril 1973, jour de la fête des Rameaux.

Ce document est en effet exigé par les normes à observer par les évêques pour toute enquête rela-tive aux causes des saints (normes du 7 février 1983). C’est en quelque sorte un nihil obstat qui vient corroborer aussi la consul-tation des fidèles dans le diocèse et celle des évêques de la région. Ces trois consultations sont des mesures de prudence que l’Eglise prend à l’ouverture de toute ins-truction de ce type de causes.

Qui est le Père Matheus, cadet de deux autres frères assomption-nistes hollandais ? Son portrait pourrait être celui d’un religieux ordinaire dont le testament se résume à cette simple phrase : « J’ai cherché à porter le Christ en toute sincérité, toujours avec joie. » Piet-Canisius (son prénom de baptême) Van Herkhuyzen est né à Nimègue (Pays-Bas) le 5 juillet 1915. Il fait ses huma-nités à l’alumnat de Boxtel de 1927 à 1933 et entre au noviciat de Taintegnies (Belgique) le 1er

octobre 1933. Il y prononce ses premiers vœux le 2 octobre 1934 et prend le nom de Fr. Matheus. Il prononce ses vœux perpétuels le 2 octobre 1937 à Louvain, après des études de philosophie à Saint Gérard (1934-1937).

Après une année à Louvain, il retrouve les Pays-Bas et achève ses études de théologie en 1942 à Bergeyk, où il est ordonné prêtre le 31 mai. Il suit alors des études en missiologie à Nimègue et part en 1946 pour le Brésil, où il reste jusqu’en 1953. Il travaille ensuite à la mission du Congo, où il retrouve un frère également assomptionniste, coadjuteur qui exerce là ses talents de bâtisseur depuis 1936.

En 1961, tous deux rejoignent le Brésil pour collaborer à la for-mation des séminaristes de Pin-hal. Le P. Matheus s’éteint avant son 58e annniversaire, le jour de la fête des Rameaux 1973. Ses funérailles, présidées par Mgr Tomas Vaquero, sont suivies par une foule nombreuse.

Dans sa mission le P. Matheus a laissé le souvenir d’un religieux « surnaturel, zélé, serviable, res-pectueux des plus petits ». Le corps du Père est enterré dans le cimetière de la Maison Notre-Dame de l’Assomption à Espíri-to Santo do Pinhal, où il vivait près de ses deux frères de sang, le P. Canisius qui avait quitté la congrégation et était incardiné au diocèse brésilien de Saint-André depuis 1954, et le Fr. Stefan qui mourut en 1986, également à Pin-

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Nos Frères défunts

† Le Père Michel STRAUB de la communauté d’Albertville (Province d’Europe), est décédé le 6 avril 2019 à Albertville (France). Ses funérailles ont été célébrées le 9 avril en la chapelle Notre-Dame des Vignes, avant inhumation au cimetière d’Albertville. Il était âgé de 82 ans.

† Le Père Jean-Marie BREGLER de la communauté d’Albertville (Province d’Europe), est décédé le 6 mai 2019 à Albertville (France). Ses funérailles ont été célébrées le 9 mai en la chapelle Notre-Dame des Vignes, avant inhumation au cimetière d’Albertville. Il était âgé de 96 ans.

† Le Père Edmund JEURISSEN, de la communauté de Leuven (Province d’Europe), est décédé le 12 mai 2019 à Leuven (Belgique). Ses funérailles ont été célébrées le 18 mai en l’église St. Geertrui, avant inhumation au cimetière de Leuven. Il était âgé de 86 ans.

† Le Père Joannès DUFAUD de la communauté d’Albertville (Province d’Europe), est décédé le 16 mai 2019 à Albertville (France). Ses funérailles ont été célébrées le 20 mai en la chapelle Notre-Dame des Vignes, avant inhumation au cimetière d’Albertville. Il était âgé de 94 ans.

† Le Père Wim van der VEER de la communauté des Pays-Bas (Province d’Europe), est décédé le 3 juin 2019 à Volendam (Pays-Bas). La cérémonie de funérailles a eu lieu le 7 juin en l’église Sint-Vincentius de Volendam. Il était âgé de 89 ans.

† Le Père Aloysius PONSEN, de la communauté de Leuven (Province d’Europe), est décédé le 8 juin 2019 à Leuven (Belgique). Ses funérailles ont été célébrées le 13 juin dans la chapelle de la communauté, avant inhumation au cimetière de Leuven. Il était âgé de 96 ans.

† Le Père Michiel ZEINSTRA, de la communauté des Pays-Bas (Province d’Europe), est décédé le 10 juin 2019 à Boxtel. La cérémonie de funérailles a eu lieu le 15 juin en l’église H. Plechelmus de Rossum (Pays-Bas), avant inhumation au cimetière de cette paroisse. Il était âgé de 77 ans.

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missionnaire P. Benoît Grière: "En Afrique, nous voulons

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