277
This is a reproduction of a library book that was digitized by Google as part of an ongoing eort to preserve the information in books and make it universally accessible. http://books.google.com

Enseignement_universel_Mathématiques

  • Upload
    pippi

  • View
    216

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 1/276

This is a reproduction of a library book that was digitizedby Google as part of an ongoing effort to preserve the

information in books and make it universally accessible.

http://books.google.com

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 2/276

A propos de ce livre

Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avecprécaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial enligne.

Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression“appartenir au domaine public” signie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés àexpiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sontautant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sonttrop souvent difcilement accessibles au public.

Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce chier, comme un souvenirdu long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour nalement se retrouver entre vos mains.

Consignes d’utilisationGoogle est er de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendreainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris lesdispositions nécessaires an de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant descontraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.

Nous vous demandons également de:

+ Ne pas utiliser les chiers à des ns commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces chiers à des ns personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans unquelconque but commercial.

+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuezdes recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposerd’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation desouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.

+ Ne pas supprimer l’attribution Le ligrane Google contenu dans chaque chier est indispensable pour informer les internautes de notre projetet leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez enaucun cas.

+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des chiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité deveiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dansles autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorierles ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afcher un livre sur GoogleRecherche de Livres signie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vousvous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.

À propos du service Google Recherche de Livres

En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le fran¸ oais, Google souhaitecontribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permetaux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuerdes recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 3/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 4/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 5/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 6/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 7/276

I

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 8/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 9/276

UNIVERSEL̂

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 10/276

Les formalités voulues par la Loi ontété remplies.

Signature de l'éditeur pour le% v Royaume des Pays-Bas.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 11/276

UNIVERSEL,

M THÉM T

PAR 3 . JACOTOT,

CHEVALIERDEL'ORDREROYALDULIONBELGIQUE.

Tout homme peut t o u t apprendres a n sm a î t r ec x p l i c a t e u r.

A L OU VA IN,DE i/lMPRISERJEDE G . CUELENS, RUED J BD X E S X .

1828.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 12/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 13/276

A HH LES OFFICIERS

DE

L'ÉCOLE NORMALE.

MESCHERSD I S C I P L E S .

f l ya d i xans qu'on s a i t f a i r e ,dans l a Belgique»

un citoyen académiqueà peu de f r a i s .C ' é t a i tdéjà un grand bienfait pour l es pau

vres pères de f a m i l l e ;puisque, par toute l a t e r r e ,c ' e s t encore l a mode de croire à l a valeur d 'uncitoyen académique, d'un candidat ou d'undocteur u n i v e r s i t a i r e .

Ces n i a i s e r i e sabrutissantes e t dispendieusesdureront autant que l e monde.

Vous v e r t e z, mes chers d i s c i p l e s, d'appliquernotre méthodeaux math ématiq ues.C ' e s t unsecond b i e n f a i tdont l e s pères de famille v o u , sseront redevables.

Vous avez formédes sous-lieutenaps en quelques mois. I l e s t v r a i .

Mais, s'obstiner à obtenir d ' a u s s ic h é t i f srés u l t a t s que ceux des écoles européennes, tantc i v i l e sque m i l i t a i r e s, c ' e s tgâter l'enseignementuniversel.

I

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 14/276

(«)Que l a s o c i é t ép r o f i t ede vos expériences e t

s ' e n contente , cela me fera p l a i s i r; vous vousrendrez u t i l e sà l ' é ta t .

Cependant,n'oubliez jamais que vous avez vudes r é s u l t a t sd'un ordre-bien supérieur à ceuxque vous avez obtenuse t auxquels vous s e r e zréd u i t s .

Profitez doncde l 'émancipationi n t e l l e c t u e l l epour vous e t pour vos enfans. Aidezl e s pauvres.

Mais bornez-vousà f a i r e, pour votre pays ,des sous-lieutenans e t des citoyensacadémiques.

Vous, n'avez plus besoin de moi, pour continuer à marcherdans c e t t e ornière.

Votre ami.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 15/276

A MM. LES CADETS

ET

SOUS-OFFICIERS

DE

L'ÉCOLE NORMALE.

Je vous f é l i c i t e, mes enfans , d'avoir s a t i s f a i taux questions du vos examinateurs.Vous avez

é t é témoinsde leur étonnementquand vous leuravez d i t : nous avons appris sans e x p l i c a t i o n s .Or, mes enfans, on ne peut pas étonner un

homme sans l ' i r r i t e r. Cemal e s t s e j n sremède e tvous ê t e s perdus, dans son e s p r i t ,dès q u ' i l aprononcé, dans l a discussion, l e fameuxje necomprendspas. Je ne comprendspas e s t un edéclaration de guerre, contreunenouveauté. C ' e s t

- l'ultimatum de l a science du j o u r .Vous a l l e z remplir un é t a t distingué dans l e

monde.I l vous reste un e longuecarrière à parcourir; vous aurez plus d'une occasionde mettre

à p r o f i tma dernière leçon; gravez-la dans vot r e mémoire.* I l y a des hommes de b o n n efo i ; mais i l ssontr a r e s .Deplus, i l s sont presque tous indifférensà l a question. Je ne comprendspas, dans leurbouche,s i g n i f i e :peu m'importe.Vous savez que

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 16/276

(8)l e s précepteurs de Leurs Altesses Royalesm'ontd i t mousne comprenonspas, l o r s q u ' i l ss e sontpré-sentés devantmoi, à l ' é c o l enormale,par ordresupérieur. Vous savez aussi , d'après ce qu'onm'a é c r i to f f i c i e l l e m e n t ,q u ' i l sont pourtant rendu compteau Prince, en disant q u ' i l sm'avaientt r è s bien compris.Or, un des précepteurs, dont

i l s ' a g i t , e s t mathématiciene t l ' a u t re l i t t é r a t eu r .L'arrêt q u ' i l s ont rendu , contre l'enseignementuniversel , a transpiré e t l a g a z e t t evous a apprisque vous preniez, à l ' é c o l enormale, l e s leçonsd'un escroc. La g a z e t t ea c ru b ien f a i r e en vousprévenantde vous t e n i rsur vos gardes. MM. l e s

précepteurs n'ont pas compris,que, pour répondre à l a confianced'un auguste personnage,j edevais dire q u ' i l sn'ont pas l e s dispositions convenablespour l'enseignementuniverselqu'on medemandait.

Voilà , mes enfans , ce que s i g n i f i ece vieux

mot de proscription , ce mot de persécution : j ene comprendspas. Soyezde bonne f o i , vous-mêmes ; n'avez-vouspas d i t , comme tout l e monde :j e n e comprendspas ; e t sans c e t t e patienceinaltérable qui a soutenu mon dévouementjusqu'à l a $n de vos éludes , vous d i r i e zen

core aujourd'hui avec ceux qui vous ont examiné: j e ne comprendsp a s . —Ainsi , mes enfans , soyez tolérans e t apprenez

à pardonnerun e faute que vous avez tous commise, sans en excepter un s e u l .Quand j e vousa i d i t : apprenez quelque chose e t rapportez-y

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 17/276

(9)tout l e r e s t e, d'après ce principe : tous l e s hoin-mes ont un e égale i n t e l l i g e n c e sN'avez-vouspasété étonnés comme vos examinateurs? N'avez-vouspasfa i t l e s mêmes exclamations?N'avez-vouspas souri malignementcomme eux?Et pourtant ,mes enfans, vous é t i e z bien moins excusablesqu'eux. Vous é t i e z ignorans, i l s sont i n s t r u i t s .Quand on nes a i trien , i l n ' e s tpas t r è sméritoirede penser q u ' i l y a peut-être quelque chose àapprendre. Mais, quand on s a i tce qui a é t éd i t ,croire q u ' i lr e s t eencorequelquechoseà d i r e , e s tun e f f o r tau dessus de notre orgueil .

Quand vous avez commencé à voir que toutl e monde peut apprendrequelque chose, vous neCompreniezpas du tout ce que veut dire : y rapporter t o u tl e r e s t e: quand j e vous a i f a i t violencepour f a i r e des compositionsmathématiques, mecompreniez-vous? N ' a - t - i lpas f a l l umon«ouragepour vous forcer à vous montrer mathémat i c i e n s? Aviez-vousalors l ' i d é eque tout hommee s t n é mathématicien? Ne vous refusiez-vouspas d'abord au bienfait de l'émancipation i n t e ll e c t u e l l e?Ne vous croyiez-vouspas , tous , comme l e troupeau qu'on appelle genre humain,destinés à paître, dans l e s sciences , sous l a hou

l e t t e d'un maître explicateur ?Souffrez, mes amis, que j e vous rappelle ces

jours de honte. En vain j ' é l e v a i sma. voix , maparole r e t e n t i s s a i tau milieu d'un morne s i l e n c e ;en vain j e cherchais à réchauffer vos ames engourdies par l e s leçons d'incapacité que vous

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 18/276

(10)aviez reçues dans vos écoles; vous m ' é c o u t i e a s

d'un a i r d i s t r a i tj e t sans m'entendre.Plusieursmême, ne comprenantpas l e français, seraientr e s t é sétrangers à tout cela, s ij e n'avais pas f o rmé , parmi vous, des interprètes , pour l e s introduire dansl'enseignementuniversel.

Cen ' e s tdonc, vous l e savez bien , qu'à force

de rames, que j a ipu vous f a i r eaborder, malgré vous, sur c e t t e terre inhabitée. Ne cher-chiez-vous pointpartout des explications queMM. l es o f f i c i e r svous refusaient sans cesse?Quene devez-vouspoint à leur persévérance à s econder mes e f f o r t s ?I l s f e s a i e n t ,en vous, leur

premier e s s a id'une méthodenouvelle , pour euxcomme pour ceux qui vous ont examiné.N ' e s t -ce pas leur d o c i l i t é ,leur fermeté qui vous adonnél'exemple?

Eh bien, mes chers élèves , s i la f a l l u toutcela i j e ne d i s pas pour vous f a i r e sous-lieute-

nans( c ' e s t trop peu de chose) ;maispour vousrendre capables de tout apprendre e t de toutenseigner,c'est à dire pourvousrelever àla dignitéd 'hommesdont vousé t i e zdéchus; jugez combiensont excusables ceux qui s'obstinent à dirigerl ' i n s t r u c t i o nsans savoir ce quepeut un homme ,

sans connaître eux-mêmestoute l'étendue deleur propre capacité. I l s disent q u ' i lfaut menerl 'hommeà l a l i s i è r e, mais i l s l e pensent; i l scroient q u ' i l sen ont besoinpour eux-mêmes.Cetaveuglementa quelque chose de respectable ;i l y a , dans leurs discours , .une s i n c é r i t équi

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 19/276

(M)impose; e t , s i lé t a i t vrai q u ' i l ssont incapablesd'enseigner ce q u ' i l s ignorent , vous subiriez l amême incapacité , car tous l e s hommes ont l amême i n t e l l i g e n c e .Ecoutez d on c patiemmen ttout ce que vous aurez à entendrede dur , d ' i r onique , de grossier même ; f a i t e s comme moi ;j a igardé, près de t r o i smois, l ' i n s u l t e off ic ie l le( l e s o i - d i s a n tenseignementuniversel ) ; j e n ' a irien d i t jusqu'à ce que j ' e u s s ea t t e i n tmon but.Je voulais , avant tout , t e n i r l a promessequej ' a v a i sf a i t e ; mais, après avoir donnédes preuves de ma longanimité, j a ivoulu mettre un

' terme à ces indécences,pour l 'honneurde l ' é c o l enormale, i n s t i t u é epar l e Roi , pour l 'honneurmême de l a confiance accordée.Je me s u i sdonc s a c r i f i éan vain espoir de f a i r e réparerl ' i n s u l t e; l'enseignementuniversel e s t un bienfa i t ; i l n e doit nuire à personne.

Maisi lne vous e s tpas possible, comme à moi,de désigner l'époque ou i l n e vous conviendraitplus de s o u f f r i rl ' i n s u l t ee t l e mépris; dansvotreposition s o c i a l e ,vous deveza l l e rtoujours, e t toujours , sans murmurer ; ne d i t e s point que l aterre tourne,si vous a i g r i s s e zun chef en l e soutenant ; buvez l e c a l i c ejusqu'à l a l i e .Vous nepouvezpas me prendre en cela pour exemple;j e n ' a v a i s, moi, qu'une promesseà tenir, e t j el a itenue. Je n'avais contracté que des obligat i o n s temporaires , e t j e l e s a i exécutées aumilieu des huées off ic ie l les .

Maisvous , mes enfans , contentez-vousde

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 20/276

(12)f a i r e l e bien sans qu'on l e sache; montrez à unpauvre père ignorant , ce q u ' i l faut f a i r e pouri n s t r u i r esa f a m i l l e; apprenez-lui l e bienfait del'émancipation i n t e l l e c t u e l l e ;recommandez-luisurtout d ' y t r a v a i l l e ren cachette ; mille savansviendraient a u s s i t ô tl e troubler e t l u i donnerdes incertitudes , ou même l u i susciter des

obstacles ; maispas un ne s e présentera pourdonner des leçons q u ' i l ne peut pas payer.

Cachezvos b i e n f a i t s, comme on cacheun eaction qui peut nous a t t i r e r quelque réprimande.

L'homme l e plus ignorant peut mettre Télé-maque , par exemple, entre l e s mainsde sonf i l s . Je suppose q u ' i l a i t appris à l i r e avecl u i par notre méthode.

I l peut exiger que son f i l ssachepar cœur,à s i x ans , l e premier l i v r e .

I l peut l e l u i f a i r e r é c i t e r tous l e s j o u r s .

I l peut exiger que son f i l sl u i d i s e ce q u ' i la compris chaquejour ; quelle e s t l a phraseq u ' i l a regardée e t ce q u ' i l en pense.

I l n ' e s t pas nécessaire de f a i r e à l ' é l è v eun equestion plutôt qu'une autre.

I l n ' e s t pas même nécessaire de f a i r e desquestions autres que c e l l e - c i: qu'avez-vous remarqué ?

Enfin i l n ' e s t pas nécessaire que l ' e n f a n ta i tbien vu , ni q u ' i l a i t fa i t une remarquejudic i e u s e .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 21/276

(13)11e s t nécessaire , mais i l suff i t, qu'un père

fasse r é c i t e rl e premier l i v r e, chaque jour âson f i l s .

I l e s t nécessaire , mais i l suff i t , que l e pèref i x e l ' a t t e n t i o nde l ' é l è v e sur ce q u ' i l r é c i t echaque jour , par cette question , à l a portéede tout l e monde : qu'avez-vous remarqué?

Tout père qui aura l a patience de f a i r e ceque j e d i s , r é u s s i r a .

L'élève s ' a u r aparfaitement à huit ans , parexemple, l e premier l i v r e de Télémaque.

Le père continuera à f a i r e réciter ce l i v r e

chaque j o u r , i l f i n i r apar l e savoir lui-mêmesans avoir l ' i n t e n t i o nde l'apprendre, e t iMe-mandera sans cesse : qu'avez-vous remarqué?

Puis on fa i t commencer l a lecture du s econd l i v r e ; e t l ' o n demande : qu'avez-vouslu?Qu'avez-vousremarqué? Y a - t - i l quelque chose

comme cela dans l e premier l i v r e?Voilà t o u t .A i n s i .: r é c i t e z l e premier l i v r e , qu'avez-

vous remarqué?Lisez l e s autres l i v r e s , q u ' av ez -^vous remarqué? Y a - t - i lquelque chosecommecela dans l e premier l i v r e?

Tout père pauvre e t ignorant , qui s e sentassez d ' e s p r i tpour f a i r e ces questions s i simples , e s t sûr de réussir ; mais q u ' i l n'oubliepas de f a i r e r é c i t e r, chaque jour , l e premierl i v r e e t de demander qu'on sache jusqu'auxl e t t r e s de chaque mot.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 22/276

(14)L'enfant a maintenant, j e suppose, neuf

ans. I l s a i t toutes l e s phrases , tous l e s mots,toutes l e s l e t t r e s de chaque mot. Qu'il commence à é c r i r e, s i l ne l ' a pas encore fa i t .

Le père ne doit pa t s permettre q u ' i l y a i tune seule faute d'orthographedans l e peu del i g n e sque l ' e n f a n t copiera chaque j o u r .

L'élève grandit , i l a dix ans ; i l r é c i t e chaquejour l e premier l i v r e , i l en copie un ep e t i t epartie chaque jour , sans faute d'orthographe; e t i l continue à l i r e chaque jourdans l e l i v r e, e t on l u i demande sans cesse :qu'avez-vouslu? Qu'avez-vousremarqué? Qu'enpensez-vous?Y a - t - i l quelque chosecomme celadans l e premier l i v r e? Puis l e père ajoute :eh bien , é c r i s ce que tu penses.

En suivant c e t t e marche s i simple , e t pourlaquelle un père ignorant e t pauvre , maisqui a du cœur , n'a besoin que de patience;l ' e n f a n t saura l i r e , e t é c r i r e au moins sansmaîtres explicateurs c ' e s t - à - d i r esans argent.

Mais j e c r o i sq u ' i l saura bien autre chose;essayez e t vous v e r r e z .

En conservant toujours l e s exercices sur

Télémaque , l ' e n f a n t arrive à onze ans ; l epère l u i mettra un l i v r e d'arithmétique entre .l e s mains ; i l l u i fera apprendrel e chapitre del a numération , par exemple , e t i l l u i demandera : qu' a s - t u vu ? Que s a i s - t u? Qu'as-turemarqué. Et cela toujours en cachette , car

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 23/276

(15) ,s i lvient un savant, i l vous dira ; l e p e t i t n epeut rien voir , rien savoir , rien remarquer,sans mes explications à tant par j o u r .

Cependant l ' e n f a n tsaura e t comprendral'arithmétique à douze ans.

Or un enfant de douze ans qui s a i t cela>n'a plus besoin de personne. Le père l u i

dira de demander à un d i s c i p l ede l ' e n s e i gnement universel ce q u ' i l faut f a i r e pour savoir l e l a t i n e t l e grec , par exemple, à quatorzeans. Et l ' e n f a n tl e saura , s i l e père l e veut.

Le reste n'a pas besoin d ' e x p l i c a t i o n .S i l e père destine son f i l sà l ' i n d u s t r i e; i l l u i

mettra Dupin , par exemple, entre l e s mains.Et i l l u i demandera : qu'en penses-tu? Y a - t - i lquelque chose comme cela dansFénélon?

Quiconque comprend Fénélon, doit comprendreDupin e t réciproquement.

Ainsi , mes chers élèves , vous voyez que l eXIXme s i è c l es e fourvoyecomme l e s autres. Tellee s t l a maniedes maîtres explicateurs de tousl e s tems. Elle change d'objet, mais e l l e restetoujours l a même. Qu'expliquerons-nous? sedemande-t-ongravement.D'abordi l f u t décidé

qu'on expliquerait l e s universaux ; malheuràcelui qui , ce jour-là, eût d i t : i l ne faut pasexpliquer l e s universaux, i l faut donnerl e l i v r eà l ' é l è v e e tl u i demander ce q u ' i l en pense.

Aristote avait d i t : l e s corps tendent vers l ecentre du monde ; or , i l stendentvers l e centre

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 24/276

(16)de l a terre, donc l e centre de l a terre e s t l ecentre du monde.On a expliqué e t réexpliqué cela pendantdes s i è c l e s, s e transmettantd'âge en âgel e syllogismeexpliqué; comme dansl e jeux innocens, on s e d i t l ' u n à l ' a u t r e : l ep e t i t bonhomme v i t encore. J ' a u r a i sf c r i é cej o u r - l à: n'expliquez rien ; d i t e s à l ' é l è v eq u ' i l

vous l'explique lui-même.Cependantl e genrehumain marchaità sa per

fection , comme on di t . L ' e s p r i tl u i e s t venupareeque l e s explicateurs ont expliqué l e cont r a i r e . Erreur grossière prenons un exemple:voilà un homme du monde , un avocat d i stingué ; es t - i l réellementplus é c l a i r éque Patrusur l e systême du monde ? Non sans doute.Patru aurait r é c i t é l e s explications de s e scahiers ; l'avocat d'aujourd'hui répète l ' e x p l ication q u ' i l a lue dans l e s f e u i l l e s; mais nil ' u n ni l ' a u t r e n'en pensent r i e n . I l n'y a pasde mal à cela ; i l s n'ont pas l e tems de s ' e noccuper. Maisi l s en parlent , c ' e s t en cela queconsiste leur supériorité sur l e confrère dansun salon , e t leur dégradation de l a qualitéd'homme , selon nous. Demandez-leurce q u ' i l spensent d'un docteur universitaire tout f r a i s ?Eh bien c ' e s t pourtant leur p o r t r a i t . Qu'ilsjugent p a r - l àdes b e l l e schoses q u ' i l sdébitent ,quand i l s répètent des explications que l amémoiretronque sans qu'on s ' e n doute e t quel a r é f l e x i o nne saurait redresser.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 25/276

(17) .Je d i s , ( sans l e secours d'aucun maître e x -

plicateur ) que j e ne v o i s point l à de perfectionnement.

J ' a j o u t equil faut être presqu'aussi fou quemoi pourchercher à perfectionner un homme.I I n ' e s tque trop vrai que l 'hommeparaît susceptible d'avilissemeut e t de dégradation; maisc ' e s t un e apparence.Même quand i l déraisonne,i l conserve l a faculté de raisonner. Voilà sanature ; e l l e n e peut être n i gâtée , niperfect ionnnée pasplus que l a conscience.Onraisonne souvent mal en parlant , cela e s tvrai ; mais s i j e n e s u i s pas capable de s e n t i r

l a justesse de vos explications , quand vousme reprenez , vos explications ne m'ont pointperfectionné ; e t , s i j ' e n s u i scapable , j ' a v a i sdonc d'avance un raisonnement sain ; vousauriez doncbien f a i t de me demander commej e l e demanderaisà l'avocat : qu'en penses-tu ?

Voilà pourquoi, mes chers élèves , j e vousd i s , à vous qui n ' ê t e s point avocats : vouspouvez comprendreFénélon, mais vous nel e comprenezpas ; n'en parlez doncpoint j u squ'à ce que vous l ' a y e z regardé. Vous n'avezbesoin de personne pour c e l a . Défiez-vous

cependant du préjugé de l ' o r g u e i lmathémat i q u e . I l n ' e s t pas plus a i s é d ' ê t r e Homèreque Newton. I l faut beaucoup d'applicationd ' e s p r i tpour comprendrel ' a r t d 'Homèrea i n s ique l e s a r t i f i c e sdu langage.deNewton.Quandvous m'entendezparler a i n s i, ne répétez point

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 26/276

(18)mes paroles , ne l e s réfutez point avec deslambeauxde préfaces ou de discours académiques; ne f a i t e s point de syllogismes méta-

. physiques à l a mode des explicateurs j maisv é r i f i e zl e f a i t e t d i t e s ce que vous en pens e z ; voilà l a méthodede l'enseignement universel ; ou bien t a i s e z - v o u s .Ne poin t parlerde ce qu'on ignore , dans l a crainte de direun e s o t t i s e, ou même un e v é r i t é, qu'on n'apoint v é r i f i é e, c ' e s t être d i s c i p l e de l ' e nseignement universel.

Ceux qui parlent de tout ce q u ' i l s n'ont pasétudié , e t qui n e savent que Vexplicationsont des d i s c i p l e sdu s i è c l e perfectionné. Lesexplicateurs l e s f l a t t e n t e t i l s ne repoussentpoint c e t t e f l a t t e r i e . Vous apprenez, leur d i t -on, au XlXme s i è c l e; or c ' e s t l e s i è c l e perfectionné , doncvous valez mieux q uel a jeunessed ' a u t r e f o i s .Un philosophe grognard leurd i r a i t: tout va de mal en p i s , jugez à quelterme vous devez ê t r e de c e t t e progressiondécroissante. Moi , j e leur d i s : mes enfans vous ne valez n i plus ni moinsque tout cequi a passé e t qui passera sur l a terre sousl e nom de jeunesse , r é f l é c h i s s e z; qu'en pensez-vous?

Un jeune homme peut dire , en s o c i é t é, quel a terre tourne , i l n'y a pas de mal à cela;c ' e s t un s u j e t de conversation bien innocent.C ' e s t un e nouvelle du pays des sciences ; i l

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 27/276

(19)e s t de fa i t que l e s savans î e disent ; débiterune ou deux de leurs explications à ce s u j e t ;c ' e s t un f a i t que ces explications ont é t é données ; mais s e redresser sur l e s hanches, oulever l a t ê t e e t allonger l e cou , d'un a i r capable , quand on raconte l a millièmepartie dece qu'un autre à d i t , ce n ' e s t pas ê t r e élève

de l'enseignement universel.Peut-être , direz-vous , mes chers élèves ,

qu'à ce compte l'enseignement universel n'apas donnébeaucoupd'échantillons de sa f abrique. Je vous prie d'observer que, sans ypenser , vous répétez , en ce moment , l a s o t i s eque messieurs l e s explicateurs répètent sur l afo i du journal de Paris qui leur a dicté c e t t eg e n t i l l e s s e ,i l y a s i x ans.

Les explicateurs ont un e méthode; j e n'en a ipoint. Les explicateurs expliquent ce q u ' i l fautpenser. Moi j e d i s que j e ne puis pas expliquercomment on f a i t pour penser ; j e c r o i s toutbonnement que l ' é l è v e e s tn é pour cela ; j e l eprie d'avoir l a b on té depenser à ce q u ' i l d i te t l a complaisancede me communiquer s e spensées. Cela ne peut pas nuire à ce q u ' i lmesemble; e t , s i cela n e mène à rien , cela nepeut induire à mal. I l e s t vrai que l e s e x p l icateurs de profession n e peuvent trouver leurcompte dans un e méthodequi n ' e s t pas l améthodedu maître. Que deviendraient l es serruriers du temple des sciences, s i quelqu'un

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 28/276

(20)venait dire aux hommes : n e demandezpasl a c l é de ces messieurs , chacun a l a sienne ;prenez l a vôtre , tournez patiemmentjusqu'àce que vous ayez ouvert e t vous e n t r e r e z .

Voyez, mes chers élèves , s i vous avez parlésans r é f l e x i o n .C ' e s t l a mode , i l e s t vrai ; maisr é f l é c h i s s e zs i l vous convient de suivre c e t t emode-là.

La meilleure preuve , à mon a v i s, que tousl e s hommes ont l a même intelligence , ni plusni moins, l à voici : j a ivu des gens de toules o r t e . J ' a i eu mille occasions de reconnaîtreque tous ces gens-là sont de ma sorte; i l sa r r ivaient , l e s yeux en feu , comme pour medévorer; i l sentassaient raisonnemenssur raison-nemens , objections sur objections , pour escalader mon trône , ou , s i l ' o n veut , mon p i l o r id'enseignementuniversel. Moi , tranquille , dansmon fauteuil , j e répétais tout doucement e t l e sraisonnemense t l e s objections , puis j ' a j o u t a i s:qu'en pensez-vous?Ce peu de mots, qui composent toute l a méthodede l'enseignementun iversel , n'ont jamais manqué leur effe t . C ' e s tuntalisman dont toute l ' é c o l enormalea éprouvél ' e f f i c ac i t é .Envoyez-moivos maîtres explicateurs,vos académiciens, vos savans; qu'en pensez-vousl es réduira tous au s i l e n c e .Essayez.

Que s i vous me demandez pourquoiun coupde baguette , un seul mot de ma bouchel e sp é t r i f i esubitement. Suis-je doncl a t ê l e de Mé

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 29/276

(81) \duse ? Ai-je plus d ' e s p r i tque ces messieurs?

Vous ne l e c r o i r i e zpas, e t , s i j ' a v a i sl a s o t i s ode l e d i r e , -vous f e r i e zbien de me demander :Maître? Qu'enpensës-tu ? Je rentrerais en moi-même e t ma raison me répondrait : t a i s - r to i, carl ' o r g u e i lt'emporte. Or l a raison d i t l a mêmechose à tout l e monde ; donc.

I ly a pourtant un e apparence de perfectionnement que l'opinion publique s ' e f f o r c ed ' i n t r oduire à côté des v i e i l l e s écoles de l a t i n e t dagrec ; j e veux parler des écoles i n d u s t r i e l l e s .

Quelle e s t l a meilleure de ces méthodes?Je réponds: c ' e s t toujours l a méthodeexplica-

t r i c e ; donc e l l e s , n e valent rien n i l'une nil ' a u t r e .Seulementl e manège a é t é placé sur unautre t e r r a i n .Mais, jusqu'à p r é ' s e n t, j e n e voistoujours que des manèges.On tournait dans l el a t i n ; l'écuyer va nous f a i r e tourner dans l e smachines.J ' a j o u t eque , s i l ' o n n'y prend garde,

l'abrutissement va devenir plus grand par iaraison q u ' i lsera moins sensible e t plus f a c i l eà j u s t i f i e r.

Les explicateurs d'industrie ont déjà d i t , e ttout l e monde a déjà répété : voyez l e progrès)de l a c i v i l i s a t i o nl e peuple a besoin des a r t s

e t on nel u i vendait que du l a t i n dont i l n'aque fa i re .I lva dessiner, construire des machines,e t c . Philosophes, vous avez raison , e t j'admirevotre z è l e sous l'empire d'un Grand-Maî t requine vous aide point , étendu mollementsur son

3

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 30/276

(22)trône de langues mortes. J'admire' votre dévouement; votre b ut philanthropiquee s t sansdoute plus u t i l e que c e l u ide l a v ie i l l e . Maisvos moyens ne s o n t - i l spas l e s s i e n s? Votreméthoder i ' e s t - e l l epas l a sienne ?Ne craignez-vous pas qu'on vous accuse , comme e l l e , desoutenir l a suprématiedes maîtres explicateurs ?e l l e a une excuse e t vous n'en avez point ; e l l ep r o f i t ede l'erreur e t vous ê t e s désintéressés.Allons, que craignez-vous? Continuez àdonnerdes explications , puisque vous ne savez pointce qui s e passe dans l a Belgique; mais essayezde vous créer , dans l e s e i nmême des f a m i l l e s,des millions de collaborateurs. Au moinsvousn'aurez rien à vous reprocher.

Écoutez; mais , entre-nous , j e vous en p r i e .Vous savez qu'on ne veut point de Lancastree tvous avez deviné pourquoi.Cependanton af i n ipar vous l a i s s e rf a i r e ' v o t r eLancastrienne.Savez-vouspourquoi?C ' e s tque l a longe e s t toujours-là;on l ' a i m e r a i tmieux en d'autres mains; maisenfin i l ne faut désespérer de rien partout oùi l y a longe. Votre géométrie appl iquéen ' e s tpas du goût de on n onplus ; maispourtant celas'applique dans l e s formes.

Changezc e t t eforme, brisez l a longe, rompez,rompeztout pacte avec l a v ie i l l e .Songezqu'ellen ' e s t pas plus bête que vous. Révez-ye t vousme d i r e zc e que vous en penses.A .b onentendeur,demi-mot.Je vous d i s que l e meilleur l a t i n i s t ae s t c e l u i qui n'a pas eu de maître explicateur ,

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 31/276

(23)

ou qui a fa i t comme s i ln'en avait pas. Je vousd i s que votre meilleur machiniste sera c e l u iqui vous expliquera l e l i v r e de Dupin après yavoir pensétout s e u l .

Or l e l a t i n i s t ede l'enseignementuniversel d'àpas b esoin de maître pour apprendre Dupin.Maisl e contraire n ' e s tpas v r a i . Ce que j e viensde dire vous étonné, mes chers élèves ; car vousê t e s convaincusque vous n'avez plus besoin demaître pour apprendre e t pour enseigner quoique ce s o i t; l es i n d u s t r i e l sn'arriveront jamaisl à , mais ce ne sera pas ma f a u t e . I l s diront :

mais j e s u i s l e guide de ce jeune homme. . . .Partout où j e vois l a guide , j e me d i s : l e »voilà encore qui croient avoir a f f a i r e à uncheval.

Voyez, mes chers élèves , quel bien vouspouvez f a i r e? Vous e n ,ê t e s convaincus.A l ' o u

vrage , mes amis , l e bienfait de l 'émancipation i n t e l l e c t u e l l ee s t dans vos mains

N'avez-vouspas vaincu des d i f f i c u l t é squevous croyiez inextricables ? N'avez-vouspas i nventé l e s démonstrationstoutes l e s fo i sq u ' e l l e smanquaient dans l e l i v r e que l ' o n vous adonné? tous l e s hommes n e s o n t - i l spas capables de f a i r e ce que vous avez f a i t ? Nesavez-vous pas que des enfans, élevés dansl'enseignement universel pur , ont obtenu desr é s u l t a t sau-dessus de vos c on naissan ces ac tue l l e s ,des r é s u l t a t st e l s que tous l e s l i t t é r a t e u r s,i n v i t é sà s e présenter dans l ' a r ê n e, ont s e n t i

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 32/276

(24)

leur insuffisance? Les chefs de l ' i n s t r u c t i o n ,eux-mêmesn e l ' o s e r a i e n tpoint sans s'exposerà un e d é f a i t e certaine.

Tout cela , mes chers élèves , ne prouve nivotre supériorité naturelle sur vos camarades,ni , de l a part de nos enfans, un e i n t e l l i g e n c e

au-dessus de c e l l e de vos anciens maîtres.Vous ê t e s arrivés plutôt que l e s autres , par-ceque notre route e s t moins longue que c e l l esur laquelle on l e s t r a i n e . Nos enfans pensent e t écrivent , dans l a langue q u ' i l s ontétudiée, mieuxque l e s professeurs , parcequ'ils

sont exercés à comprendre e t à imiter l e sgrands écrivains. Vous ne savez pas , s i bienqu'eux , l a languedes mathématiques, parcequevotre temps a é t é absorbé par l e méchanis-me abrutissant d'opérations de commande e tobligées d'après l'examen auquel vous é t i e z

destinés. Celui qui s e propose de devenir c itoyen académiqueou sous-lieutenant , celuiqui doit subir un examenpardevant un e f aculté ou un e commission, doit s e t e n i rprêtà répondre à des questions que nous regardons comme n i a i s e se t abrutissantes. L'enseig

nement universel s e r a i t. inconnu, dans s e svéritables r é s u l t a t s, s i nous n'avions pas eudes élèves hors de c e t t e sphère , s o i t sousl e rapport du sexe, s o i t sous l e rapport desmatières que- l a directrice des i n t e l l i g e n c e sa oublié d'enchainer à son char. Sans ce ha-

zard heureux, qui pourrait croire que nos

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 33/276

(Ï5)p e t i t smusiciens font des chosesque l e s maîtresexplicateurs ne sauraient f a i r e e t que ceuxd'entre vous qui connaissent l e s principesn'oseraient entreprendre.

Cependant, mes chers élèves , vous l e sa

vez bien , ces r é s u l t a t sextraordinaires ne portent point a t t e i n t eà l ' é g a l i t édes i n t e l l i g e n c e s ;c ' e s t par erreur qu'on l e s a attribués à unprétendu génie ; vous pouvez, tout professeur,tout homme de l e t t r e s peut y prétendre sansdoute , e t c ' e s t à t o r t qu'on a imaginé ce f a r

fadet pour expliquer ce phénomène.Vous ne savez point l e calcul intégral ; maisvous pouvez l'apprendre sans explications.Dire que l 'homme ne peut s ' i n s t r u i r esansmaître explicateur , c ' e s t condamner l e genrehumain à l 'ignorance ; c ' e s t fermer l e sanctuaire des sciences. S i , pour y ê t r e admis, ona besoin d'un cicerone on fera bien de renoncer au voyage. Où trouver en e ffe t cetintroducteur nécessaire ? Y en a - t - i l a s s e z,dans un pays , pour tous ceux qui réclameront c e t t e intercession indispensable. I l f u tun tems où l ' o n vous aurait salué, dans l arue , comme des prodiges de science , pouli e s divisions algébriques que vous savez f a i r e ,tant l e s explicateurs étaient rares tant i l savaient soin de c u l t i v e r l e préjugé l u c r a t i fdu peuple , qui d i s a i t a l o r s en ouvrant degrands yeux: c ' e s t de l ' a l g è b r ê .Alors cependant , comme aujourd'hui , vous auriez pu

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 34/276

( se )l'apprendre par l'enseignementuniversel , mai»ce b i e n f a i tn ' é t a i t pas c o n n u, e t s i l e s t r o i sou quatre explicateurs ne s e fussent pas trouvés sous votre, main , vous s e r i e z morts enrépétant avec l e s hébétés : c ' e s t de t a l g è b r e .On a d i t longtems, e t i l me semble encorel ' a v o i r entendu dire: c ' e s t de l'hébreu. SouiLouis XIV l e s Précieuses embrassaient encor»Vadius , en s ' é c r i a n td ' a i s e e t d'admiration:c ' e s t du g r e c . Les Vadius d'aujourd'hui vousdiront sérieusement, c ' e s t du calcul i n t é g r a l .

Or i l faut prendre un parti e t s e montrerhommes un e f o i s , mes chers é l è v e s .

Apprenezl e calcul intégral par notre méthode , ou résignez-vous à l ' i g n o r e r toujours.Au milieu de c e t t e nuée duplicateurs , quivous appellent pour vous vendre l e calculintégral , i l y en a s i peu de capables devous l i v r e r l amarchandise, que vous f e r i e zun marché de dupes. Calculons, puisque vousê t e s mathématiciens. Je suppose q u ' i l y ena i t deux en é t a t de tenir -leur parole , seront-i l s à vos ordres ? mettez en vingt , trente ,quarante , j e s u i s généreux' ( e t j ' e n demandepardon au t r è s p e t i t nombre de vrais savansqui me comprennent) q u ' e s t - c eque cela pourtout un peuple? Pourrez-vous quitter votregarnison pour suivre l e s leçons du maîtrei n s t r u i tqui loge à cent l i e u e s de vous?Quantà l a fourmillière des explicateurs que voustrouverez partout, n'écoutez point leurs pro-

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 35/276

(27)messes emphatiques; ce sont des gens quiauraient besoin duplicateurs pour eux-mômese t qui perdent à débiter ce q u ' i l s savent , l etems q u ' i l s devraient employer à apprendrece q u ' i l s ne savent pas.

S ' i l s entendaient ce que j e vous d i s enconfidence, mes enfans, e t dans votre seuli n t é r ê t, i l s feraient un tapage épouvantable.Dans c e t t e cohue, s i vous aviez un maîtreà choisir , croyez-moi, prenez celui qui écoutetout cela d'un a i r d ' i n d i f f é r e n c e .Voilà unhomme qui sent s e s forces e t qui ne «eretourne pas sottement quand on c r i e : àl'ignorant

Ce que j e viens de dire des sciences a»t - i lquelqu'apparencede r é a l i t é, que penser desexplicateurs en l i t t é r a t u r e? I l s'écoule souventdes s i è c l e s e n t i e r soù l ' o n ne rencontre pasun explicateur digne de notre a t t e n t i o n .Supposons, ce que j e n e c r o i spas , que Longin,Quintilien , Laharpe, Lacroix, soient nécess a i r e s pour comprendre Homère ou Virgileou Newton.Ces interprètes du génie sont s irares , que toute l a terre n e peut p r o f i t e rdirectementde leurs leçons. Qu'a-t-on imaginé?On a supposé que Longiné t a i t sur l e secondéchelon de l a hiérarchie des e s p r i t s, e t l ' o na créé un e foule immense duplicateurs subalternes qu'on a placé sur l e s échelons univ e r s i t a i r e s .Enfinces explicateurs ne pouvantê t r e compris des hommes sans préparateurs

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 36/276

(28)d ' i n t e l l i g e n c e s; ces préparateurs on t é t é i nventés e t quoiqu'il y en a i t beaucoup, i ln'y en a pas encore a s s e zpour tout l e monde.Ajoutez à tout cela l e s volontaires qui ne sontpoint enrégimentése t qui, comme moi, donnentou vendent l ' i n s t r u c t i o n .Puis comptez l e signorans , e t d i t e s s i vous croyez q u ' i l y £ 1assez de marchandssur vos marchésde science,

pour l i v r e r de l a nourriture à tant de gensqui sont affamés. 1

Que s i vous considérez que l e s étaux , donti l s ' ag i t , sont des privilèges ; qu'on donnedespermissions d'expliquer, que ces permissionssont exclusives , vous verrez , dans c e t t e organ i s a t i o nféodale , l a théorie de l a bannalitédes fours e t mille autres r i d i c u l e sdont l e stribunes retentissent en vain dans tous l e spays. Ce qui fa i t r i r e l e s seigneurs explicateurs.

Or, en c e l a ,l e s professeurs ont raison e t l e sorateurs parlent sans r é f l e x i o n, car l e s orateurs

sont tous d ' a v i sde l a nécessité des explications ;peut-être chacun d'eux c r o i t - i l q u ' i l aurait pus ' e n passer pour lui-même; maiss i c e t t eprétent i o nde plusieurs m i l l i e r sd'orateurs é t a i tfondée,ce s e r a i t déjà un e p e t i t e présomption. Maisl ' é g a l i t édes i n t e l l i g e n c e s, c ' e s t - à - d i r e, l ' i n u t i l i t é

des explications ne sera jamais admisepar l e sorateurs, e t l ar a i s o n ,l a v o i c i: l 'hommea besoinde l ' i n é g a l i t é ;quandi l parle d ' é g a l i t é, i l s e mentà lui-mêmee t aux a u t r e s .Cette idée d ' é g a l i t ée s t une idée b i z a r r e 'e t chagrine quivient à l i n

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 37/276

(29)f é r i e u rmalgré l u i ; i l e s t a s s e z s o tpour s ' e n

tourmenter dans l ' o r d r es o c i a l, comme s i lpouv a i tchangerl e s choses.Maisl a preuve c p i enotreo r g u e i lne veut point de l ' é g a l i t édes i n t e l l igences, c ' e s t que personne n ' e s tmécontentdeson e sp r i t . Orateurs , professeurs , médecins,avocats , chansonniers, qu'en pensez-vous ?Avouez don cque c ' e s t de l a supériorité q u ' i lvous faut pour vous s a t i s f a i r e .

Je neprétendspas f a i r e changer,sur ce p o i n t ,n i l e s gouvernemens, n i l e s orateurs, ni l e sprofesseurs , e t c ' e s t en cela que j e d i f f è r edesphilosophes mes prédécesseurs, ou des escrocsmes devanciers , comme disent l e s journauxexplicateurs de l a Belgique.

1 . Je ne prétends point f a i r e changerd ' a v i sl e s professeurs.

I l s pourraient me répondre:— ous d i t e s que vous avez é t é professeur

longtems e t que vos élèves n'ont jamais fa i t ,à l ' a i d ede vos explications , l e s b e l l e schosesque vous obtenez des enfans auxquels vousn'expliquez r i e n . I l e s t possible que vous soyezun f o r t mauvais explicateur , mais cela neprouve, rien contre nos bonnes e x p l i c a t i o n s .D ' a i l l e u r svous s u i v i e z, sans doute , dans votrejeunesse, ce quevous appelez l a v i e i l l eméthode;mais nous avons changétout cela ; l e s explicat i o n sd'aujourd'hui sont des explications perf e c t i o n n é e s .S i vous ne vous tenez pas au courant

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 38/276

(30)des découvertes, ce n ' e s t pas notre f a u t e . S i

vous n e connaissezpas l e s r é s u l t a t smiraculeuxde ce perfectionnement,l e s explicateurs perfectionnés sont prêts à vous l es montrer. Mais,s ivous ê t e sentiché de v o t r e -systême,vous aurezl e front de dire que vous ne voyez r i e n . Celuiqui ne veut pas voir n e verra jamais. Vous

nous appelez , grossièrement, marchands deméthodes,e t vous avez l ' a i r de ne pas savoirque c ' e s t une méthodeperfectionnée que n ousvendons. Parceque vous donnez rien pourrien , vous n e voulez pas que nous donnionsquelquechosepour de l ' a r g e n t .Cela n ' e s t pasj u s t e . Croyez-vous que l e s rhétoriciens d'aujourd'hui sont encore l e s rhétoriciens de votretemps? détrompez-vous.Pensez-vousque nousleur expliquons l e s tropes comme on l e sexpliquait à Racine? P as du t o u t . Est-ce que,par hazard, vousc r o i r i e zqu'on explique aujourd'hui l e carré de l 'hypothénuse comme Barrowl ' e x p l i q u a i tà Newton ? Maispas du t o u t . Oh s i vous saviez comme l e s explications sontperfectionnées depuis quelque tems j e ne veuxpoint i n s u l t e rà l a mémoire d e Despautere t deCleinars ; Dieum'en garde maissoyez sûr quel e s r é s u l t a t sdes explications que donnaientcesgrandshommes , ne sont rien en comparaisondes nôtres. Tenez, voilà un e amplification demon premier ; lisez-moi cela e t vous m'en direzdes nouvelles.Quand on a vu l ' e s s o rqueprenaitl e perfectionnementdes explications ; i l n ' aplus

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 39/276

(81)é t é question que d'appliquer l e fa i t . C ' e s t un

f a i t , a - t - o nd i t en Angleterre ; c ' e s tun f a i t a - t - o nrépété en France. Hâ ton s- nous derépandreceb i e n f a i t des explications perfectionnées. Cemouvement général fa i t honneur à l'espècehumaine abâtardie jusqu'à nos j o u r s . Desécoles s'ouvrent partout ; des commissionsde

perfectionnements e réunissent; on fa i t f commeà l ' o r d i n a i r e, un président e t un secrétairechargés de s'enquérir partout où s e trouvel ' e x p l i c a t i o nl a plus perfectionnée. On proposedes primes. On donnedes p r i x . Tout cela e s tLien vu , c ' e s t à qui mieux mieux.

On ne se contente de rien , on vise à l aperfection e t on y a r r i v e r a . .Vous r i e z . Oui ,monsieur, l e XIXmc s i è c l ey arrivera , c ' e s tmoi qui vous l e d i s ; e t voici comment .Unconfrère n'a pas plutôt f a i t l a millième e x p l ication perfectionnée, que l a revue encyclo

pédique l ' i n v i t eà revoir son perfectionnement,tout en donnantdes éloges au confrère. Voussentez bien que l e véritable moyen d'avoirenfin de bonnes explications des l i v r e s>desgrands hommes , c ' e s t de n ' ê t r e jamais contentdes explications données. Or voilà l e parti

que nous avons p r i s . Je vous d é f i e de mec i t e r une seule explication recommandée,sansr e s t r i c t i o n, par l e comitéde perfectionnement.Le rapporteur a d'avance un t a r i f pour tousl e s cas e t i l l e remplit suivan t l a circons t a n c e .L'auteur a u r a i t pu ; i l s e r a i t à d é s i r e r

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 40/276

(32)que Va u t e u r ,etc . Le rapporteur ne sa i t pas l u i -même ce q u ' i l faudrait f a i r e , autrement i lt i e n d r a i tl a perfection; mais c ' e s t un e manière-de parler que nous avons perfectionnée pouli e perfectionnement du XIX0 s i è c l e . Vousne pourrez pas voir celai vous, c ' e s t dommage. I l e s t tems que l e s explicateurs aientleur tour. Les grands hommes , l es inventeursont b r i l l é sur l a t e r r e . Nous autres jamais.C ' e s t que notre tâche e s t beaucoup plusd i f f i c i l eque c e l l e de ces messieurs. I ls découvrent par-ci par-là un fa i t ; i l s apperçoivent,en regardant un autre f a i t , l e rapport qui

e x i s t e entre ces f a i t s ; e t i l s l e disent v a i l l eque v a i l l e . Belle a f f a i r e e t l e genre humainde s e récrier , parcequ'un homme ^ a vu ceq u ' i l a regardé e t parcequ'il d i t ce q u ' i l avu. Nous aussi , nous pourrions regarder,voir e t d i r e . Mais expliquer , ou , en d'autres

termes , dire ce qui a é t é d i t , voilà l e prob lême que nous nous sommes proposés. Ony arrivera , monsieur, j e vous l e prédis , e tquand on aura encore un peu perfectionnénos explications ; quand \ e tems sera venu dedire que ce que nousdisons aujourd'hui n ' apas

l e sens commun, l a face du monde sera changée.En attendant, on ne nouss a i t pas assezde gré de notre dévouement.Rhéteurs , grammairiens , explicateurs de toute catégorie ,qui vous a jamais appréciés pendant votrevie ? Q ui s a i t votre nom après votre mort?

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 41/276

(33)

en vain nous expliquons philologiquementàl a jeunesse , comme quoi vous aviez un nom,que vous demeuriez dan st e l endroit , quevous avez é c r i t sur du papyrusou du papier,que vous avez été imprimés en t e l l e année,que l a première édition s e reconnaît à t e l l emarque.Paroles perdues , grandes ombres nosétourdis ne pensent qu'à Homère ou à Virgile;encore o n t - i l s oublié , malgré nos explicationsperfectionnées, quel é t a i t leur père

Mais rien ne peut vaincre ni rebuter l e vér i t a b l e explicateur perfectionné. I l viendra un

lems où c e t t e jeunesse, qui veut s'émanciper,sera parquéedans nos explications intéressant e s . On va f a i r eenfin des examensperfectionnés e t nous verrons. Tout homme , qui ne connaîtra pas l a s i t u a t i o nd'un v i l l a g e ,sera déclaréignoranten géographie. Jes a i squevous appelezces questions n i a i s e s e t abrutissantes - nevous en défendez point ; vous l ' a v e zdi t . Vousappelez cela , j e c r o i s, gâter l'enseignementuniversel. Eh bien j e vous d i s , moi, que c ' e s ttant p i s pour votre méthode. La nôtre donneun e instruction s o l i d e; nos élèves sont i ns t r u i t s à fond , comme vous voyez. De plusi l y a un e belle leçon de morale dansnotremanière. La leçon e s t indirecte , i l e s t vrai ,mais ce sont l e s meilleures. L'élève peutdevenir présomptueux à force de devenirsavant par nos explications perfectionnées ;s i la l l a i t croîre q u ' i l e s t homme comme son

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 42/276

(34)maître où en serions-nous? d'un autre côté ,i l ne faut pas t r o p , l ' a b r u t i r; que f a i r e? nousavons imaginé certaines questions auxquellesnous n e répondrions pas nous-mômes, maisl ' é l è v en'en s a i t r i e n . I l c r o i t que nous connaissons tous l e s v i l l a g e s; e t nous l e tenonsen respect, avec l e s morailles dont nous l u iserrons l e nez. Explications perfectionnées ,puis examens perfectionnés , voilà l e grandsecret de l'éducation publique.

Oh l e s o t maître que c e l u i qui d i t à s e sélèves : mes amis - . . . . l re b ê t i s e .I l ne manquer a i t plus que de dire , mes égaux l r* immoralité.

Maisque penser d'un maître qui ajoute : je s u i splus savant que vous , mais c e l a ne durera paslongtems s i vous v o u l e z .S i je r e s t e en place etque vous marchiezt o u j o u r s, vous m'aurezb i e n t ô tpassé sans explications de ma part. l . ° I l n'y apas de gravité dans ce discours e t ce n ' e s t pasa i n s iqu'on f a i t l a leçon à un bambin .On l u i d i t :regarde-moi,tu me vois bien; eh bien, tu ne mevaudras jamais. 2° S a n sexplications i l e s t c l a i rque ce maî tre- là b at l a compagne e t q u ' i lnepossèdepas l e secret des explications perfectionnées.

—Atout cela j e n ' a iqu'unechoseà répliquer :j e n ' a i jamaispromisque l e s professeurs seraientd ' a v i sde l 'émancipationi n t e l l e c t u e l l e .

I I .Je dispense l e s orateurs de m'écraser desfoudres de leur éloquence. Que pourraient-ils

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 43/276

<»)d i r e?La question n ' e s tpas de leur r e s s o r t .Ni en

France, n i en Angleterre on ne peut pas voterpour ou contre un e opinion philosophique.I lne s o r t que des l o i xde l ' u r n e .Or l e s opinionsne sont pas sous l'empire de l a lo i . E l l e s sontdu domainede l a pensée.

S i vous voulez au surplus v é r i f i e r l e s f a i t s,avant de discuter, pour n e point parler en l ' a i r,comme cela a r r i v a i t a u t r e f o i saux orateursgrecs , a i n s i qu'aux orateurs romains; s i vouscroyezque l a langue doit attendre , pour prononcer, que l e s yeux e t l e s o r e i l l e saient faitunrapport préliminaire , amenezavec vous vosyeux e t vos o r e i l l e s ,j e leur montrerai de p e t i t sdiscours dont i l sseront charmés, j e leur f e r a ientendre de p e t i t e sharangues improvisées enfrançais e t en musiquequi l e s réjouiront , tantsur l e piano que sur l e violon ; mon improvisateur sur l e violon surtout ne va pas mal. Je

commence à ê t r e content de l u i : j e n ' a i jamaisentendud ' a u s s ibon improvisateurà l a chambre,en me comptantou sans me compter.

Mais,mes chers collègues, j e mets un e condition à ma promesse; c ' e s tque vous nous d i r e zaussi quelque p e t i t e chose. Comme j ' y s e r a i,vous ne devez pas craindre de vous compromettre ; d'abord j e s u i s philosophee t vous savezqu'on n e commet point sa dignité en causantfamilièrementavec un philosophe. C ' e s tun p r iv i l è g eque nous nous sommes arrogés de tout

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 44/276

(36)tems , e t puisqu'Alexandrene s ' h u m i l i a i tpas

en parlant à Diogènequi é t a i t un butor; vousavez une excuse de plus en venant me voir ;c ' e s tun ancien collègue que vous aurez v i s i t é .

Orateurs Anglais Orateurs Français j a ié t éorateur comme vous; permettez-moidoncdevousf a i r e un e p e t i t eobservation qui vous échappe.

Que penser de l ' é l u , s i l ' é l e c t e u re s t un imbéc i l e ? Qu'est ce qu'un député, s i c e l u iqui députen'a pas l e sens commun ? Quel choix fera c e têtre qu'on appelle peuple , s i cet ê t r e n'a pasd ' i n t e l l i g e n c e .0 orateurs apprenez que l emot i n t e l l i g e n c evient de l e g è r ei n t e r , c h o i s i r

entre plusieurs , e t rougissez de dire que vousavez é t é c h o i s i s .Ne permettez pas aux l i t t é r ateurs de soutenir q u ' i l e s t plus a i s é de conn a î t r e ,d'apprécier l a valeur d'un député, dansl a foule où i l s e trouve, que l a valeur d'un motdans un l i v r e ; ne s o u f f r e zpas q u' un g éomè tre

prétende q u ' i l e s t plus a i s é de f a i r e un bondéputé qu'un e b o n n e composition; l a i s s e r e z -vous croire au chimiste que . s es méditations,pour neutraliser l ' a c t i o n des corps q u ' i l combine, exigentplus de profondeurq u ' i l n'en fautau peuple pour neutraliser , dansun e chambre ,l e s p a r t i s qui l e tourmentent e t l e rongentégalementquand i l s sont i s o l é s .

I l e s t vrai que quelques p u b l i c ï s t e s, touchéssans doute par ces raisons de savans , ontimaginéd'introduire l e hazard qui n ' a point

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 45/276

(37)d ' i n t e l l i g e n c eà coté du peuple qui n'en a guères.

Voyezce que j a id i t à ce s u j e t dans mon beaudiscours à l a chambre .J'avoue que, s i l e peuplen'a pas d'intelligence , on a t o r t de l ' i n v i t e r àcho i s i re t qu'on f e r a i tbien d'imaginer un moyende tempérerla s o t t i s ei n f a i l l i b l ede son choix ;mais j e ne c r o i spas que l e hazards o i t un bon

remède contre l e s e ff e t sd'une maladie innée.I l n e faut pas choisir l e s députés au hazard ,mais d'après des f a i t s; l e s orateurs , de leur c ô t é ,n e doivent point parler au hazard, mais d'aprèsdes f a i t s ; e t quand l e s savans m'objectentqu'onvoit tous l e s jours de mauvais choix e t qu'on

entend parfois de s o t s discours , j e s u i s obligéde reconnaître l e f a i t , mais j e prétends , pournotre honneur, que l e peuple a l a faculté denous bien choisir e t que nous avons l a facultéde f a i r e des discours raisonnables.

Vous voyez, mes chers collègues, qu'en me

défendant, j e vous défends; quand on meditpour s e moquer de mon axiome: entendez-vouscet orateur qui ne s a i t ce q u ' i ld i t ? Je réponds :croyez-vousavoir plus d'intelligence que l u i ?Laissez-le dire ; i l fa i t un faux raisonnement,mais i l en a besoin. I l conteste une vérité q u ' i l

connaît , maiscela s e r t à l a cause q u ' i l défend;i l vous déplait , mais ce n ' e s tpas à vous q u ' i lal ' i n t e n t i o nde plaire en ce moment. QuandCieéron touchait César q u ' i l voulait émouvoir,i l n ' e s tpas d i t q u ' i lne d é p l a i s a i tpas à quelque

5

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 46/276

(38)vieux Romain qui l u i reprochait tout b as l a

lacheté , l ' h y p o c r i s i ede l ' a r t i f i c e oratoire queCicéron avait c h o i s i entre mille autres d'aprèsl e fa i t de Pharsale. Le peuple applaudissait parl e s mêmes raisons e t avec l a même i n t e l l i g e n c e .Ce n ' e s t jamais d ' i n t e l l i g e n c eque nous manquons ; au moment où on nous accuse de

stupidité, c ' e s t quelquefois l e moment où n ousmontronsl e plus d ' e s p r i t . Plût-à-Dieu quel 'hommene manquât jamais que d ' i n t e l l i g e n c e

Dans une assembléed'orateurs , par exemple^on s ' é g a i eà table , sur l ' é g a l i t édes i n t e l l i g e n c e s .Tout-à-coupentre un disciple ; on l e plaisante,

on l ' i n t e r r o g e ,on cherche, avec intelligence, àl'envelopper, à l ' é c r a s e rsous de grands motsde tribune; génie f a c u l t é puissancemoraleon emploie, avec i n t e l l i g e n c e ,l e ton f a c t i c ede l adignité tribunitienne pour l ' i n t i m i d e r; s i l ed i s c i p l en ' e s t point habitué de regarder en

riant ces phantomesdo logique , s i l a phantas-magorie l u i fa i t peur, quand i l a peur, i l al ' a i r de n'avoir point d ' e s p r i t . On triomphe h a l t e - l à, mes chers collègues cen ' e s t pas demoi quevous avez triomphé. Venezme v o i r ,j e vous donnerai un eleçon en ami, l à , entrenous , e t j a is i bonne opinion de votre i n t e lligence que j e s u i s sûr d'avance que vous aurezl ' i n t e l l i g e n c ede vous taire.Mais celane prouverapoint ma supériorité d ' i n t e l l i g e n c e, ni votrei n f é r i o r i t énonplus ;au contraire l e s i l e n c eentredeuxhommesqui ont d i s c u t é ,comme l e reposentre

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 47/276

(39)deux corps qui s e sont c hoq ués prouvel ' é g a l i t é

des i n t e l l i g e n c e s, ou des quantités de mouvement. J'aurai l ' i n t e l l i g e n c ede vous parler ,vous aurez l ' i n t e l l i g e u c ede s e n t i r q u ' i l fautvous tenir en silence , en repos. Sauf à avoirensuite l ' i n t e l l i g e n c ede redire l e s mêmes chosesquand j e n'y serai plus , à rouler encore toutes

l e s f o i s que l e choc ne sera point à craindre.Vous savez c e l a ,mes chers collègues , l e s corpsn'en savent rien , voilà l a d i f f é r e n c e .I l s sontarrêtés dans leur marche , e t c ' e s t notre i n t e lligence qui nous arrête,en disant à notre volonté:tu f e r a i sbien d'ordonnerà l a languede s e tenir

en-repos.En ' vous attendant , mes chers collègues ,

j e soutiens , unguibuse t r o a t r o, que s i l e fêseuré t a i t sans intelligence , l e s députés q u ' i l f e r a i tseraient curieux à entendre. Quant à moi, j eprétends q u ' i l ne fera jamais plus grandepreuve

d'intelligence que quand i l me f i t .Est-ce que l e s orateurs aussi ne voudraient

pas qu'on essayât de l 'émancipation i n t e ll e c t u e l l e? Quoi professeurs de perfectionnement ? craignez-vous c e l u i - c i? que va-t-onpenser de vous ? Dans quelle caté

gorie vousrangez-vous? entendez-vousl e s é c l a t sde r i r e de ce que vous appelez l e s obscurans?n'y a - t - i ldoncdansc e t t ep e t i t eguerre, de disputeque pour décider jusqu'où i l faut nous borner,e t à quelle espècede maîtres explicateurs i l fautnous l i v r e r?

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 48/276

(40)I I I . Je ne prétends point régler l e s é t a t s ni

f a i r e prévaloir l'enseignement un iversel surune méthode toujours décriée e t toujours régnante. Je me contentede f a i r eremarquercettenouvelle preuve du perfectionement, s o i t qu'ons'obstine à c r i e r , san s raison , contre des é l a -blissemens dont l ' u t i l i t é e s t démontrée, s o i t

que l e s représentations sages e t perpétuelles nepuissent f a i r e renoncer à un abus palpable.Quelperfectionement J'ajoute un e observationdont tous l e s gouvernemenspeuvent profiter ,s i cela leur convient ; l e s savans , qui ont étéforcés de reconnaître l a vérité des r é s u l t a t sde

l'enseignement universel , ont déclaré , à l'unanimité , q u ' i lf a l l a i t des dispositions extraordinaires pour s ' i n s t r u i r e par notre mauvaiseméthode. Ainsi un gouvernementqui s e r a i tembarrassépour t rouver des s u j e t sextraordinaires , s e t i r e r a i t de cet embarras, s i lexigeait

qu'on eut f a i t preuve de génie, c'est-à-dire,qu'on fut élève de l'enseignement universel ,toutes l e s f o i s qu'on demanderait une placeimportante.

Mais l e s savans répliqueront , e t moia u s s i .Somme toute , cela ne f i n i r a i tpoint , e t je me t a i s.

Profite qui voudra, p r o f i t equi pourra vouloir.Je c r o i s devoir déclarer i c i , pour n'induire

aucungouvernementen erreur , que j a isuppliéS a Majesté l e Roi des Pays-Basde renoncer,pour s a t r a n q u i l l i t é ,à l 'espérance de f a i r emieuxque ce qui e x i s t e .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 49/276

(41)

Je vous en gage, vous-mêmes, mes chersélèves, à retenir, à concentrer, en vous-mêmes,l e s élans d'un enthousiasmequi pourrait vousnuire dans l ' é t a t actuel des choses.

Votre ami»

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 50/276

(42)

LECTEUR, SALUT,

Parmi nos antagonistes, l e s uns sont p o l i se t de bon ton ; l e s autres du dernier étage

l i t t é r a i r e . Tout l e monde s ' e n mêle. J ' a i eul ' i d é e de mettre en scène ces derniers pourvous égayer. S i vous ne croyez pas q u ' i l ya i t dans l e monde d ' a u s s is o t t e s gens que l eprofesseur e t sa femme , vous aurez t o r t . Sivous d i t e s que l a scène pouvait être plus r i -

s i b l e encore , vous aurez r a i s o n .S i vous prétendez que c ' e s t une charge, j e vous répondraique l e portrait e s t frappant de ressemblance.S i vous me soutenez q u ' i l y a de s â l e s objetsq u ' i l faut cacher aux yeux; j e vous soutiendraique ce précepte a vie i l l i e t qu'on fa i t maintenant du romantique. Or s i vous n'aimez pasl e romantique, qui peint l a nature t e l l e q u ' e l l ee s t , cela ne peut pas m'empêcherde l e goûter.Voici donc mes scènes romantiques.L i s e z - l e s ,j e l e veux bien. Ne l e s l i s e zpas, j e ne demandepas mieux. Mais j e vous préviens Lecteur , quej e d i r a i partout que vous n ' ê t e s pas perfectionné, puisque vousn'aimezpas l e romantique.'Car,IUean ' e s tbeau que l e v r a i , l e v r a is e u les t a i m a b l e .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 51/276

(43)

I.Eh bonjour mon cousin l ' o f f i c i e r — Mon

cher professeur, bonjour. Je viens de Louva in .— Ah ah ah contez-moiça ; v i t e , v i t e ;l e fou, l ' à v e z - v o u svu? — ui , j e l a ivu. — Combien savez-vous de langues? Le l a t i n , l e turc ,l ' i t a l i e n? Vous savez tout , n'est-ce pas ? Vousne répondez rien ; pauvre malheureux l i e utenant ; ce que c ' e s t que l e service m i l i t a i r e?Je me rappelle que vous f e s i e z t r i s t e figurequand i l f a l l u t partir pour Louvain;mais e n f i n ,camarade, vousavez vu l e fou , e t moi j e nel a ipas vu quelle minea- t - i l quand i l d i t : toute s t dans tout , rien n ' e s t d a n s ,rien ; ça doitêtre drôle ; e t vous é t i e z forcés d'écouter cesbalivernes ? Vous ne l u i avez pas r i au nez ?— ardonnez-moi.— i t e s - l e donc, mais encachette? — on , au n e z .— h c ' e s t charmantI l n'a que ce q u ' i l mérite. Qu'il f a s s e l e charlatan avec s e s bambins, l i b r e à l u i , rien ne l egène; mais avec nos o f f i c i e r se t nos o f f i c i e r sd ' a r t i l l e r i esurtout , i l a du être bien embarr a s s é . Est-ce q u ' i l ne s e déconcerte jamais l efou ?— amais. — Oui , j e l e pense bien , ô ' e s t

un homme qui n'a pas de honte , i l ne sentpas l e prix d'une bonne raison. Idée f i x e idée f i x e maniaquequi n'écoute pas ce qu'onl u i d i t e t qui répondsans qu'on l ' é c o u t eE s t - i lgrand?— on . — On d i t q u ' i l e s t malade.—

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 52/276

(44)Non.— e veux dire infirme ; infirme d ' e s p r i t

e t de corps , ah ah ah mais vous ne m'expliquez r i e n , mon cousin l ' o ff i c ie r?— ais vousparlez toujours , mon cousin l e professeur.— Eh bien , j ' é c o u t ee t j e me t a i s , commencez ;d'abord combiensavez-vousde langues? — Aucune. — e vous avais bien d i t que cela ne s ' a p

pliquait point aux langues ; e t d'un. Qu'avez-vous doncappris ? — 'enseignementuniversel.— 'enseignementuniversel avec quelle emphase , vous venez de prononcerce mot a s -tu remarquéc e l a ,ma femme?Continuez; vous ené t i e z l à: l'enseignementuniversel oh l e beau

mot l'enseignement soi-disant universel quin e s'applique point à l'étude des langues. Combien l ' a v e z - v o u smis de f o i s en colère , en vousmoquant de l u i ? — amais. — Ah j e vois ,vous avez eu p i t i é de l u i e t vous ne l ' a v e zpoint contredit. — rès souvent au contraire.

— Alors i l s'emportait , car i l e s t i r a s c i b l e;' cela se voit dans ce q u ' i l appelle s e s éc r i t s .Que a i r a - t - i l quand i l s e fâche? Est-ce q u ' i la l ' a i r de son portrait ? — l n ' e s tjamais fâché,i l r i t toujours. — ah bah ça n ' e s tpas v r a i .— e vous l ' a s s u r e .— lors i l ne répondaitpas à vos objections. — oujours , mais tranquillement quand i l veut , e t avec vivacitéquand i l l u i p l a i t . I l n ' e s t jamais emporté.— ela n ' e s t pas vrai ; vous ne l e connaissezpas. — Je l ' a i vu pendant onze mois , cinqheures par jour , e t jamais j e ne l a ivu fâché ;

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 53/276

(45)pourtant nous l u i en avons donné s u j e tplus

d'une fo is . — l doit vous en vouloir car i le s t rancuneux.— as du t o u t .I l n'y a pas unde nous q u ' i l n'aime comme s e s enfans. Noussommes jeunes , l u i i l e s t vieux e t r a s s i s; i lnous a d i t souvent que s i leut é t é à notreplace , i l n'aurait pas é t é s i endurant que

nous pour tout ce que sa méthoded o i t avoirde choquant pour un e jeunesse élevée dansl e s vieux principes. — Oui , . o u i , j e s a i s bienq u ' i l e s t grand moraliste ; i l vous aura séduitavec s e s phrases sentimentales , pour vousembabouinerensuite de s e s balivernes. Mais

j e m'apperçois, mon o f f i c i e rque vous divaguez,comme votre cher maître ; j a i l u son volumequi t r a i t e s o i - d i s a n tde l a musique; i l n'y apas plus de musiqueque sur l a main. C ' e s tcomme vous , i l y a un e heure que j e vousdemande .des nouvelles de l ' é c o l e normale e t

des mathématiques, e t voilà que de divagat i o n s en divagations , vous me répondez musique. C ' e s t j u s t e cè q u ' i l fa i t . I l promet musique e t i l parle l i t t é r a t u r e; i l é t a l edes phrasesq u ' i l a copiées par-ci , par-là e t i l a l'audacede l e s attribuer à des en fans dont l ' i n t e l l i g e n c e

ne peut pas en coreêtre a s s e zdéveloppéepourcomprendreces b e l l e s sentences. C ' e s t Pascalou Bossuet qui ont d i t tout cela , comme l ' afa i t voir un bon journal. L'avez-vous l u ?— Oui. — Qu'en dites-vous ? I l a jolimenthabillé votre homme. I l en a vu f a i r e l u i des

6

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 54/276

(46)compositions — Et moi a u s s i . — Eh bien.— I l bien , s i lfaut Pascal ou Bossuet pouré c r i r e l e s compositionsc i t é e s dans l e . volumesur l a musique, c ' e s t un e preuve que par l améthodede l'enseignement universel l e s enfanspensent e t écrivent comme l e s meilleurs é c r ivains f r a n ç a i s .— Je s u i s curieux de voir l a

preuve de ce que vous avancez.— ' e s t quece que l e journaliste admire, j e l a ivu f a i r edevant moi. — Par des enfans ? — Par desenfans.— onglerie , mon cher lieutenant , vouscomprenezbien que cela n ' e s tpas possible. — el a ivu. — Vous avez cru l e voir ; cela ne s e

peut pas ; on vous aura montré un chiffon depapier , on vous aura d i t , voilà l ' e n f a n tquil ' a fa i t e t vous , vous l ' a u r e zcru bonnement .— Non pas , j a idonnémoi-même l e s u j e t del a composition.— Vous avez cru que vousdonniezl e s u j e tde l a composition, vous d i s - j e ;

vous sentez bien , lieutenant , mon ami , que s icela é t a i t possible , i l y a lon gtems qu'on l ef e r a i t dans nos athénées ; or on n e l e fa i tpas , donc cela n ' e s t pas possible. — l e s tvrai qu'on ne l e fa i t pas. — Non sans doute ;eh parbleu , quoique j ' a i e de l ' e s p r i t aujour

d'hui , j e me souviens bien que j ' é t a i s t r è s -bouché en rhétorique , j e n ' é t a i s pas encoredéveloppé ; j e l e s u i s , grâce à Dieu , maintenant ; mais à l'athénée j e n'aurais pas puf a i r e ce que vous d i t e s .— l e s t v r a i .— onccela n ' e s t pas p o s s i b l e .— La c on séq uen c e n e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 55/276

(47)vaut rien , mon professeur. — Comment avez

vous l e projet de m'insulter ? Saèhez que c ' e s tun e i n s u l t eque de dire à un professeur que saconséquencen ' e s t pas j u s t e . Ah ma conséquence n ' e s tpas j u s t e .— Ne vous fâchezpas ,mon cousin l e professeur ; s ivotre conséquencee s t j u s t e ,j e n e puis pas l a rendre fausse; de

même que s i j a ivu ce que j e d i s , vous nepouvez pas f a i r e que j e ne l ' a i e pas vu. S ij a ivu l ' a p p l i c a t i o nde l a méthodeaux mathématiques ...... — A l a bonne heure ,parlons de mathématiques, vous avez biende l a peine à rentrer dans notre s u j e t .Qu' im

porte , en effe t , que ç e t t e méthode s ' a p p l ique à l a l i t t é r a t u r e, à l a musique, e t c . Cesont des fadaises ; e t d ' a i l l e u r s, s i sa méthode ne vaut rien pour l e s mathématiques,e l l e n '^es t pas universelle. Or i l a eu l e frontde l'appeler a i n s i, donc c ' e s t un charlatan.

Qu'en dites-vous de c e t t econséquence-ci?Nonon ne s a i t pas t i r e r un e conséquence vousverrez q u ' i l faudra a l l e r à l ' é c o l enormalepourapprendre à t i r e r un e conséquence. Ecoutezencore c e l l e - c i: or l'enseignement universelne s'applique point aux mathématiques, donc :

charlatanisme charlatanisme sait-on raisonner ? oui ou non ; ne me f l a t t ez pas. — Moncousin l e professeur. ... — Eh bien. — Jepense. — Quoi? expliquez-vous, lieutenant ;en fa i t de raisonnementj e ne crains personne.— Je c r o i s que pour raisonner plus j u s t e, i l

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 56/276

( 48 ) .faudrait dire : or j e ne s a i s pas s i l'enseignementuniversel e s t applicable, doncj e ne s a i spas. . . .— Un moment , un moment. Je vous t i e n s .J ' a i d i t que j e l e s a i s ; en effe t : 1 ° , on me l ' ad i t ; 2°, ce sont des gensde b o n n efo i ; 3°, quin'ont nul i n t é r ê tà l ' a ffa i re ;4°,des gensi n s t r u i t s;5°, e n t r 'autres un ex-directeur de l ' é c o l epolythec-nique. Hein i l s ' y connaît,j ' e s p è r e ,c e l u i - l à6° , l ejournal de Bruxelles 7°, en voulez-vousencore:l e journal de l a Haye ; 8» , e t M. Binôme doncque j ' o u b l i a i s .I l y a tant d e . preuves , qu'onne s a i t par où commencer.Tu t e t a i s maintenant e t gardes l e s i l e n c e .Je vais.t'achever : or

tous ces témoinsrespectables n e peuvent pass'entendre pour me tromper, donc j e s a i s ceque j e d i s .— ais, mon cher professeur, j en 'attaque poin t l e s talens ni l e s vertus de cesmessieurs ; j e d i s ce que j a ivu. — u'avez-vousvu ? Qu'avez- vous pu voir ? — l e s t tard ,

mon cousin l e professeur , ma cousine b â i l l e;demainj e reviendrai vous raconter ce que j a ivu ; bonsoir professeur , bonsoir ma cousine.— Bonsoir lieutenant , bien l e bonsoir. —Lieutenant, à demain.

— Mon ami vous ê t e s vif . — Ma femme ces

choses-làsontau-dessusdevotre portée. — u'entendez-vouspar ce mot ?mon ami — Je veuxdire, ma femme , que vous n'avez pas l ' i n te lligence a s s e zdéveloppéepour me s a i s i r e t mecomprendre.— ais , mon ami, s i j e ne pouvaispas vous comprendre, quand vous me f a i t e s

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 57/276

(49)l ' a m i t i éde m'adresser l a parole , nous nepourrions pas f a i r e un bon ménage, mon chou.— Oui , vous pouvez comprendrecertaineschoses ; par exemple, quand j e vous demandema pipe ; passé c e l a , vous n'y entendez plusr i e n .— l me semblepourtant , sauf respect, quej ' a i compristout ce que vous avez d i t au l i e u t enant. Le voici en d eux mot s: cela n e s e peutpas, donccela n ' e s tpas. — ravo, ma femme,bravo ma bonne ; vous avez presqu'autant d ' i nt e l l i g e n c equ'un homme. — Le lieutenant arépondu: j e l a ivu, donccela s e peut. — aisez-vous. — ais mon ami. — Vous ne savez ceque vousd i t e s .— Mon douxami, j e l a ientendu.— Ainsi vous croyez que vous avez autantd ' e s p r i tque moi qui s u i sprofesseur e t professeurtrès-savant encore mauditcharlatan v o i l à l ' i m -moralité de t a doctrine. — i doncmon ami,que dites-vous l à ? Je hais cet homme comme

vous ; j a i autant d ' e s p r i tqu'un homme à l av é r i t é, mais j e n e c r o i spas à l ' é g a l i t édes i n t e lligences féminines. Ppurtànt, l e lieutenant— Eh bien madame — Je vous comprends,monsieur, vous voulez dire que l a discussionvous a f a t i g u ée t que j e f e r a ides e f f o r t s i n u t i l e s

pour l a renouveler. — Bonne n u i t . — Bonnen u i t .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 58/276

(50)

I I .S i vous l e désirez , j e vais vous raconter ,

de point en point, ce qui s ' e s t passé à l ' é c o l enormale.Figurez-vousdes recrues a s s i ssur desbancs, e t bourdonnanttous à l a f o i s : C a l y p s o ' ,Calypso ne, e t c . etc.; deux mois après, i l s

savaient l i r e , é c r i r e e t compter. — Cela n es e peut pas. — Je l a ivu e t l a commissiona u s s i .— ui , j e me rappelle que j a ientendudire que plusieurs générauxsont a l l é s v é r i f i e rce premier résultat; on a j o u t a i tq u e , l e fondateur ( comme vous l ' a p p e l e z) avait é c r i tpour

s e plaindre de c e t t eincartade. — ela e s t v r a i .— ais , mon cher lieutenant , cela n ' e s t pascroyable. Comment des généraux, dans l ' exercice de leurs fonctions , exclus de l ' é c o l enormale c e t t e conduite n ' e s t pas t o l é r a b l e .— ela ne me regarde pas , mon cher pro

f e s s e u r .— On m'a d i t q u ' i l donnait pour r a ison de s e s lubies , qu'un fondateur n'a riende commun avec des lieutenans généraux. Cesmessieurs , a j o u t a i t - i l, en riant , feraient beaucoup mieux Rapprendrequelque chosee t d ' yrapporter t o u t l e res te . Convenezque ce sontl à de pauvres r a i s o n s .S i

l e fondateuré t a i t

l à au nom du Roi , ces messieurs avaient eul ' o r d r ede s ' y rendre aussi ; qu'en dites-vous ?— ela ne me regarde pas ; j e d i s que nospaysanssavaient l i r e , écrire e t compterau boutde deux mois. — On n ' a pas publié ce résul

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 59/276

(51)t a t . — Cela ne me regarde pas , j e vous d i sce que j a ivu. Pendan tc e t t e éducation p r imaire , nous apprenions,l ' u n l ' a n g l a i s, l ' a u t r el'allemand , c e l u i - c il a f o r t i f i c a t i o n, c e l u i - l àl a chimie, e t c . e t c .— st-ce que l e fondateurs a i t tout cela ? — P as du tout , mais nous l el u i expliquions e t j e vous assure q u ' i l a jo l iment p r o f i t é de l ' é c o l e normale. — ais, j em'y perds ; vous s a v i e zdonc tous l a chimie?— Non , mais nous l'apprenions e t nous l u ifesions l a leçon; voilà l'enseignementuniversel.C ' e s t l e d i s c i p l equi fa i t l e maître. — aissonscela , j e n'y comprendsr i e n . Dites-moi, connaissez-vous l e rapport de M. Kinker? — ui .— s t - i l exact ? — rès exact pour l e s fa i t s .— ourquoi n'a-t-on pas commencé à é t a b l i rl'enseignement universel dans l e c i v i l ? Pourquoi n'a-t-on pas continué? — e fondateurn'a pas voulu. — st-ce q u ' i l a un e volonté ?l e fondateur — Une volonté ferme e t inébranlable , quand i l c r o i t pouvoir f a i r e l e bien ?— ais s i l s e trompe , votre fondateur ; s i ld i t des injures , croyantf a i r e des complimens.— ela ne me regarde pas. J ' a i d i t ce que j a ivu : n os pay san ssavaient l i r e , é c r i r ee t compterau bout de deux mois; i l s l i s a i e n t, écrivaiente t comptaient, tant en français qu'en holland a i s . A demainmon cher cousin. Je v a i svouscommuniquer toutes l e s pièces dont vous m'avezp a r l é . L i s e z - l e se t vous me l e s rendrez. Ademain.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 60/276

' (52)

I I I .

Cousin lieutenant, bonjour.— alut, chèrecousine. — e s u i s bien a i s e de vous voir , l i e utenant. M . l e professeur n ' e s tpas encore revenude s a leçon , i l n e tardera pas ; asseyez-vous.En attendant , dites-moi j e vous prie , s i vous

croyez que j a i autant d ' e s p r i t que monmari. — ela n ' e s tpas douteux , belle cousine.— e vous d i r a i, en confidence, que , dansvosdiscussions , i l me sembleq u ' i l a toujours t o r t .— ' e s t q u ' i l s e fâche. — Oui , mais i l a t o r tde s e fâcher. — ' e s t q u ' i l e s t professeur e t

q u ' i l craint pour l e s minervales; mais i l s etrompe.On a besoin de maîtres dans l ' e n s e i gnement universel pour écouter l ' é l è v e .— Ah s i lfaut écouter san s parler ; cela l u i conviendrait beaucoup; car depuis quelquetems ,j e m'apperçoisq u ' i l s ' u s eà vue d 'oe i l; i l tousse ,

i l tousse , à f a i r e peur e t mais l e v o i c iqui v i e n t .— ous ê t e sbien matinal , mon cher l i e u t e -.

nant ; avez-vous bien passé l a n u i t .— t vous,votre toux? avez-vousl u l e s pièces que j e vousa i prêtées ?— ui , l e s voilà ; mais j e n'y com

prends r i e n . D'abord M . Kinker a vu toutce que vous m'avez d i t ; mais l e journal deLa Haye d i t que cela n ' e s t pas possible , e tme voilà dans un étrange embarras. Tout-à-coup, l e Roi donnel a décoration au fondateur;nouvelle surprise. Les journaux l 'annoncent

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 61/276

(53)en disant que c ' e s t pour r i r e . Je croyais quenon , me v o i l àretombédans l ' i n d é c i s i o n .Savez-vous que c ' e s t un roman que votre enseignement universel , n ' e s t- ce pas ma femme ?— ui, mon ami , c ' e s tdommage q u ' i l n e f i n i s s epoint par un mariage.— aisez-vous, ma bonne;l a i s s e zparler l e s savans. Je d i s a i s donc aulieutenant que j e ne s a i s que d i r e . I l y a dusérieux e t du comiquedans c e t t e a f f a i r e, dugrave e t du burlesque. Mais voici bien -uneautre f ê t e l'administrateur de l a v i e i l l e i nstruction propose au fondateur de l a nouvelleun p e t i t acommodement ; e t puis l e fondateurrépond que l e vieux e t l e nouveaune peuven tpas marcher ensemble.— Je trouve que l efondateur à raison , mon chou. — ilez , f i l ez ,ma femme , e t t a i s e z - v o u s; ces choses-là sontau-dessus de votre portée. Toujours es t - i l quel e fondateur a d i t non , mais un v i l a i n non

bien sec , quand j e l i s tout cela e t que j e vousregarde , j e ne s a i s s i j a il a brelue. E s t - i l bienvrai que vous venez de L ouvain, lieutenant ?-— 'en viens. — ais i l avait d i t non. — ui ,i l avait d i t non. — Je n'y comprendsr i e n .— Ah vous voyez bien , mon chou, que

vous n e comprenezpas avec toute votre i nt e l l i g e n c e .Et moi j e vois ce que c ' e s t ; l e fondateur e s t entêté , comme vous d i t e s que j el e s u i s quelquefois ; i l veut ce q u ' i l veut ,tout ce q u ' i lveut e t rien que ce q u ' i l veut, e tmoi j e trouve q u ' i l a r a i s o n .— i l p z ma femme

7

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 62/276

(54)e t ne coupez pas l e f i l de notre savante d i s

cussion. Avez-vousremarqué,dans l a l e t t r edufondateur, ces mots , entre deux virgules , aprèst o u t c eq u is ' e s tpassé. J ' y a i rêvé toute l a nuit ,n'est-ce pas ma b o n n e? Maisf i lez , ma femme ;j ' y a i rêvé toute l a nuit e t j e c r o i s avoir accroché la solution du problême.Le fondateur

a l'imagination frappée ; i l s e sera créé desphantômes; par exemple que l a régence deLouvain, que l ' u n i v e r s i t é, que l e ministèrede l ' i n s t r u c t i o nconspiraient contre l u i . Lesfondateurs sont tous comme cela , lieutenant.( Je connaismon h i s t o i r e, quoiqueprofesseur

de mathématiques) . Galilée s'imaginait qu'onl u i en voulait ; l'inventeur de l'imprimerie s ' e s tfiguré que l e s copistes l u i en voulaient. Aprèst o u tc equi s ' e s tpassé,di t - i l ;i l c r o i tq u ' i ls ' e s tpasséquelque chose. Ce mot-là m'a ouvert l e s yeuxe t j e me s u i s écrié comme Archimède: j e l a i

trouvé — ui , mon ami , vous m'avezr é v e i l l é een sursaut , e t . . .— ais f i lez doncma femme.— ' e s t bientôt d i t : f i lez, f i lez e t moij e vousprierai de neplus occuperdec e t t ea f f a i r e - l à .Celavous a g i t e ,vous m'éveillez en sursaut e t v o i l à . . .— Ma femme , ces choses-là sont au-dessus de

votre portée. Parlons raison , nous deux,lieutenant. N'êtes - vous pas étonné qu'aprèsc e t t epremière tentative , infructueuse au c i v i l ,on a i t renoué l ' a ffa i re .— e n'en s u i s pas étonné;i l faut de l a persévérance pour f a i r e l e bien.— ais s i on eut essuyé un refus , quelle

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 63/276

(55)humiliation de l a part d'un — Je n e

vois l à rien d'humiliant pour personne, moncher professeur ; j e viens vous prier de medonner des leçons d'enseignement universelà l ' u n i v e r s i t éparceque j e régarde l a chosecomme possible. Vous me refusez parcequevous pensez que l e mélangene peut s e faire ;

vous me d i t e s que vos confrères s e moqueraient de vous , que monsieur l e recteur ,Avec l e s réglemens, trouverait mille moyensde vous contrecarrer. Je goûte vos raisons e tj e n e vous t i e n spas moinspour mon ami dansl ' o c c a s i o n .— ais lieutenant , j e parle de l a

seconde f o i s ; pourquoi n ' a - t - i l pas refusé ?- E s t - c e q u ' i l croyait que tout e s t dans toute t rien n ' e s t dans rien sont mieux vus deslieutenans générauxque de nous autres professeurs ? A- t - i l pensé q u ' i l é t a i t plus a i s é del e s f a i r e marcher que nous autres ? Dans l e

doute , s ' e s t - i l cru obligé de v é r i f i e r l e fa i t ?j e vois b ien son, embarras; nous a u t r e s ,c iv i l s ,qui nous moquons de l u i à l a journée , nousl u i soutenons q u ' i len a menti , quand i l s ' e np l a i n t . Mais l e s m i l i t a i r e sne l u i avaient pasencore r i au nez , e t i l aurait eu mauvaise

grâce de s ' e n plaindre d'avance. J ' y s u i s ; n'admirez-vous pointma sagacité à résoudre l e sproblêmesl e s plus i n e x t r i c a b l e s .Allons, a l l o n s ,j e vois que j e vais résoudre tous l e s autresavec ma formule générale : l e pauvre diableé t a i t f o r t embarrassé.M ais reven on sà l ' é c o l e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 64/276

(56)normale maintenant, e t d'abord que pensez-

vous de sa l e t t r e au s u j e t de l a commission?— ela ne regarde pas un lieutenant , moncher professeur ; n o s , soldats continuaient àapprendre l e hollandais , e t , de notre côté ,nouspoursuivionsnos études.— ais, l a commission a - t - e l l e v é r i f i é l e s résultats? Pourquoi

n e l e s a - t - e l l epas f a i t connaître? cela donnedes soupçons .— ur quoi ? — S ur l a méthode,lieutenant. — ' a i vu tout ce que j e vous d i s .— ais pourquoi . . . . ? — ela ne me regardepas. Je vous en d i r a i d'avantage un e autref o i s . Voici d'autres pièces que vous l i r ez e t

vous me l e s rendrez demain, adieu.—Ça, monsieur,donnez-moices papiers.— ourquoi f a i r e ma bonne ?— our l e s s e r r e r ; j e vousl e s rendrai demainmatin , mon chou. Tenezvoyez comme i l tousse cela veut l i r e jusqu'àminuit ; me voilà bien avancée, quand vous

serez malade, quand vous m'éveillerez en sursaut en criant comme Archimède,j e l a itrouvéj e l a i trouvé maudit fondateur Brouille-ménages — Bonsoir, ma femme.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 65/276

(57)

IV.Cher lieutenant , bonjour , causons nous

deux , car voilà monsieur l e professeur quin ' a pas fermé l ' œ i l de toute l a n u i t .— Bon . . .jour . . . cous. . . i n . — oussez , toussez , monchou, e t laissez-moi discuter avec J e l i e u t enant. J ' a i r é f l é c h ide mon côté , e t quoiquej e ne s o i spas professeur t r è s savant , j e s u i ssûre de ce que j e v a i sdire ; vous ne comprenez,ni l ' u n n i l ' a u t r e, l e fondateur. Moi , j e l ecomprendse t j e l'excuse , jusqu'à un certainpoint cependant. D'abord l e fondateur n ' e s tpas un homme , c ' e s t une femme ; i l e s t f a i b l ee t entêté comme un e femme. Or fesons unecomparaison: notre voisin avait une bonnefemme , mais v i e i l l e, v i e i l l e et s i lente , s ilente que l e voisin s ' i m p a t i e n t a i t .Parut unejeune e t legère étourdie , mais l e s t ee t prompte,fesant mille tours avant que l a v i e i l l e pûtv é r i f i e r l e premier avec s e s l u n e t t e s .Le Voisinf i t venir la jeunè e t l u i d i t : voulez-vous meservir? j e ne demande pas mieuxrépondit-elle ;mais j e prévois bien des obstacles avec l avie i l l e . C ' e s tun e bonne femme , d i t l e voisin ;mais e l l e e s t s i v i e i l l e q u ' e l l e n e peut plust e n i rménage;a l l e z, vivez en bonne i n t e l l i g e n c e .Les voilà donci n s t a l l é e sl'une à côté de l ' a u t r e .La v i e i l l e p â l i t , e t cela f i t r i r e l a jeune ;l a v i e i l l e grognait ; l a jeune répondait desimpertinences. Elle en d i t tant e t tant que

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 66/276

(58)l e voisin f u t obligé de l a mettre à l a p o r t e .

Voilà l e fa i t ; tout l e quartier vous l ' a t t e s t e r aquand vous voudrez , lieutenant. Maintenantqui a t o r t qui a raison dans tout cela ? j ed i s moi quetout l e monde a raison. D'abordl e voisin voulait avec raison être servi un peuplus lestement; l a v i e i l l e avait raison de tour

menterl a jeune pour s ' e n défaire , e t l a jeune,n e pouvant f a i r e mettre l a v i e i l l e à l a porte ,a bien f a i t de s ' e n a l l e r.

Les Roise t l e s Princes sont des pères defamille souvent bien embarrasséspar l e s caractères d i f f é r e n sde leurs enfans . Le fondateur

m'a tout l ' a i r de l a jeune coquette. La v i e i l l ec ' e s t moi; e t j ' a u r a i s bien su vous forcer àrenvoyer l a jeune , mon cher ami. — Comment ma femme ? — Mon ami , vous savez quej e s u i s obéissante ; mais l e s femmes ont deuxmanièresd'obéir e t l e s courtisans a u s s i .Ce sont

des imbéc ilesceux qui veulent que tout cèdeà leurs caprices. . . Le Prince ordonne,l e valetobéit ; mais i l exécute à moitié , ou mal , e tquelquefois i l f a i t l e contraire ; l ' a u t r e s eplaint e t l e valet adroit tâche d'insinuerque l ' a u t r es e plaint du Prince. Voilà , mes

sieurs , ce qui arrive dans tous l e s ménages,dans tous l e s royaumes, dans tous l e s empires , en France comme en Angleterre. LesRois f i n i s s e n tquelquefois par voir c l a i r ; maisi l y a tant de mal de 1fa i t q u ' i l e s t devenuimpossible de l e réparer. C ' e s tl a même chose

dans nos ménages.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 67/276

(59)Je vous parie , messieurs , que cela arrivera

comme j e viens de vous l e dire , j e n e s u i spoint mathématicienne, mais vous verrez.— avez-vous bien , ma femme , que ce quevous venez de dire l à e s t d'un grand sens.Voilà l a meilleure preuve que j ' a i e encoreentendu donner du mystérieux t o u t es t danst o u t .— oussez, toussez, mon ami , e t l a i s s e z -moi dire ; parlons sérieusement: l e ' R o i veutl e bien ; tout l e monde s a i t cela , non seulement dans l e royaume , mais dans toute l'Europe. Le Roi e t l e Prince désirent l ' u n e tl ' a u t r e, avec l a même ardeur , notre bonheur

à t o u s .Mais l a v i e i l l e méthode n e veut pasde l a nouvelle e t l a nouvelle t r a i t e l a v i e i l l eavec trop de mépris pour que cela puissedurer. Vous verrez , messieurs l e s savans , s ice que j e d i s n ' e s tpas v r a i . — alheureusement, ma cousine a raison. L i s e zl a s u i t e ,

mon cher professeur , e t vous reconnaîtrez quec ' e s t ma cousine qui a résolu l e problême.— Vous badinez lieutenant. Cela me f e r a i tpresque croire à l ' é g a l i t édes i n t e l l i g e n c e s .Mais,par grâce , dites-moi donc un mot des mathématiques. — e vous l ' a i di t . Les cadets e t

l e s s o u s - o f f i c i e r s ,l e s . ont apprises sans e x p l ic a t i o n s .— ais lieutenant , . . — Je l a i vu.—Quoi? I l s ont appris, sans e x p l i c a t i o n s ,l ' a r i t hmétique , l ' a l g è b r e, l a géométrie l a trigonométrie. — l s ont appris , sans explications ,l'arithmétique , l ' a l g è b r e, l a géométrie, l a

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 68/276

(60)trigonométrie. — Cette méthodee s t donc applicable aux mathématiques? — La commissionde Delft a v é r i f i él e -fa i t . — On ne l ' a pas d i t .— ela no me regarde pas. — l doit ê tre bienf i e r ? — as du tout ; i l d i t simplement: voilàl e bienfait de l'émancipation i n t e l l e c t u e l l e,en p r o f i t equi voudra. — ais que d i t - i l quand

i l rencontre des obstacles? — l parle toujoursdu Roi e t du Prince avec l e plus profond respect ; i l vénère l e Roi comme nous ; i l l u ie s t dévoué autant que nous ; i l admire l ePrince qui seconde, autant q u ' i l l e peut , l e sbonnes intentions du Roi. — Oui , mais l e s

autres ? que d i t - i l ? que fa i t - i l ? Hein — elan e me regarde pas ; j e d i s ce que j a ivu ; j ed i s ce que j a i entendu. — Encoreun motlieutenant , e t l ' h i s t o i r e? — I l s ont apprisl ' h i s t o i r e sans explications. I l s ont mêmef a i t des compositions en h i s t o i r ecomme en

mathématiques.— u'est-ce c ' e s tqueç a , des compositions ? — Lisez l e s ouvrages du fondateur ; adieu. — t l a géographie? — l s saventl a géographie. — Et l e dessin ? — l s saventl e dessin. — Et l a f o r t i f i c a t i o n .— l s saventl a f o r t i f i c a t i o n .— t l a topographie ? — l s

savent l a topographie.— Et l e front moderne?— l s dessinent l e front moderne.— ans e x p l ications ? — ' e s t l e bienfait de l'émancipationi n t e l l e c t u e l l e .— Et tout cela en quelquesmois? Cela ne s e peut ; car j e soutiens moie tj e soutiendrai q u ' i l faut des explications e t

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 69/276

( 61 )

des explications d ' e x p l i c a t i o n s .Voilà ma tabat i è r e, e t i l y a du tabac dedans; ou bien voilàun l i v r e, e t i l y a des mathématiquesdedans,

-c ' e s t l a même chose. Vous voulez prendre dutabac ou bien vous voulez apprendre l e s ma-thématiques,c'est l a même chose. Je d i sà l ' é l è v e :

^ouvrez l a tabatière , ou bien ouvrez l e l i v r e,c ' e s t l a même chose. Bien mon ami ; ça vabien ; vous, avez des dispositions ; voilà déjàun grand pas de fa i t , voilà déjà l a tabatièreouverte. Allons , continuons. Quand un e f o i son e s t parvenu à ouvrir l a tabatière , où setrouve l e tabac , ou l'arithmétique , ou l agrammaire; peu importe ; voici ce qu'on f a i t :on écarte l e poucede l ' i n d e x, ni trop ni troppeu , mais a s s e ze t de manière à l e s introduiredans l a tabatière comme on s e s e r td'un compasdans l a géométrie: c ' e s t l a même chose. Là ,comme cela , voyez-vous mes doigts à deuxl i g n e sdu tabac : un moment ; reposons-nous.Comprenez-vous?Allons , a l l o n s; i l comprend ,j e f e r a i quelque chose de l u i (je l u i donneunp e t i t s o u f f l e td'amitié e t j e me remets en position dans l a tabatière , puis j ' a j o u t e) : regardezbien ; j'enfonce mesdeux d o i g t sdans l a massen i trop n i trop peu.Quitropembrassemalétreint.

J'enfonce comme cela, j e rapprochel e poucede l ' i n d e xe t l ' i n d e xdu pouce tout à l a fo i s ;i l y a des explicateurs qui disent que l e poucedoit r e s t e r immobilee t que c ' e s t à l ' i n d e xàmarcher; d'autres soutiennent que l ' i n d e xne

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 70/276

(62)

bouge pas. Tout cela ne vaut r i e n . La meilleure manièrede prendre un e prise de tabac ,ou de mathématiques, c ' e s t l a même chose ,c ' e s t d'employer tous l e s moyens que nousavons , sous l a direction d'un bon maitre.Malheureusementi l n'y en a pas beaucoup

comme moi. Maiscontinuons; marchonsl e s t ement. Voilà enfin l a prise p r i s e . Cependantnous sommes encore l o i n du but. Quoiquel aprise s o i t prise , i l n'y a encore rien de f a i ti l faut l a prendre. Le tabac n'a pas été fa i tpour r e s t e r dans l e s doigts ; mon p e t i t . Quandi l e s t p r i s , i l faut l e prendre , c ' e s t - à - d i r e, i lfaut l e s e n t i r ( vous comprendrezcela quandvotre intelligence sera plus développée) . Mafemme f a i t e s l e p e t i t pour que l e lieutenantvoie l a pratique ; a l l o n s, approchezvotre nez ;j e vûus d i s d'approcher votre nez ; pas tant ,trop ; oh comme e l l e e s t gauche ( n'expliquezdonc rien ) l a narine droite r e n i f l e z trop 1tard , ma femme l a narine gauche eh tropt ô t c e t t ef o i s - c i; a l l o n s, l e grand coup toutl e n e z r e n i f l e z bah bah voilà tout l e tabac parterre à présent. Vous n e r e n i f l e zpas quandon vous l e di t . A n ous deux, lieutenant. Vousa l l e z voir , ma femme , recommençons.— e v o u sremercie , mon c o u s i r il ' e x p l i c a t e u r, vousavez peut-être raison , mais , j e d i s ce que j a ivu , j e d i s ce que j a ientendu; c ' e s t l e b i e n f a i tde l'émancipation i n t e l l e c t u e l l e .— t tous cesélèves-là sont en é t a t de f a i r e f a i r e l amêmechose à d'autres ? — ui . — out l e monde

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 71/276

(63) .l e peut. — h tout l e monde l e peut. Voilà

encore un de vos proverbes qui décourage.Je me prends, ma femme e t moi , pour exemp l e . Elle f i le e t moi j e ne s a i s pas f i ler. Vousm'avouerez que vous tuez mon émulation, . s ivous me d i t e s que j e ne puis pas f i l e r mieuxqu'une femme : vous avez beau dire que j epuis f i l e r aussi bien q u ' e l l e; cela me décourage.Nousautres, nouspromettonsmontse t merveillesà chacun, ce qui e s t absurde, puisqu'il n'y en aqu'un qui s o i tn é pourbien, f i l e r ; mais c ' e s tun eruse des explicateurs pour donner de l'émulat i o ne t puis voyez nosf i l e u r s, j e n ' a i que cela àvous dire , l e fa i t e s t là . Maissupposons: s itoutl e monde l e peut , on n'a donc plus besoin dufondateur? — as l e moinsdu monde , c ' e s tl àl e b i e n f a i t .— lors , i l a raison de s ' e n a l l e r ;pas vrai ma femme ? -— Oui , mon ami c ' e s tadmirable combiencet homme-là gagneraitd'argent s i l é t a i t pas s i bête c ' e s t dommageque l e fondateur n ' a i t pas é t é plus soupleavec certains gens ; en aucun pays du monde,i l ne suff i tpas d ' ê t r edévouéà l a famille royale.I l faut encore .... — ela ne me regarde pas.Je d i s ce que j a ivu , j e d i s ce que j a ientendu. — lus qu'un mot lieutenant ? Et l e s

opérations sur l e terrain? — l s ne l e s saventpas f a i r e . — Ah vous voyezb i e n , ,e t pourquoi?pourquoi? pourquoi, monsieur l ' u n i v e r s e l?— ' e s t que .... — l l e z , a l l e z, vous aurezbeau d i r e . — ' e s t que ... — ilence , s i l e n c eVite un a r t i c l e de journal : l'enseignement

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 72/276

(64).universel n ' e s t point applicable à l'arpentage,

à l a géodésie, aux opérations trigonométriques,e t c . e t c . ; lever un plan n ' e s t pas de votrer e s s o r t .Mon cher lieutenant rayez votre motu n i v e r s e l .I l s n'ont pas tout appris , donce t c .donc e t c . — ais , mon professeur , i l s nel ' o n t pas pu e t pendant s i x mois ... — ans

doute , pendant s i x mois, i l s n'ont pas étécapables de l'apprendre. — e n e d i s pas c e l a ..— I l s l ' o n t donc appris. — on . — Eh bienlaissez-moi a l l e z - v o u s . . .— on cousin — onDieu messieurs mon doux ami mon cherlieutenant soyez plus sage que l u i voyez

comme i l tousse — Ne vous e f f r a y e zpoint ,ma cousine. Je respecte l ' â g e de mon cousinl e professeur qui tousse ; j e me contenteraide l u i d i r e ,que, depuis s ixmoison demande desinstrumens e t qu'on l e s attend encore. — l . .fa . . . Hait . . . donc. . . l e di • . . d i . . . r e . — e

parlez pas , mon cousin ; vous me demandriezpourquoi? Et j e vous répondrais que cela neme regarde pas. Je d i s ce que j a ivu. Adieu^

— ous voyezbien, mon doux amice n ' e s tpasl a faute du fondateur. I l a demandé des i nstrumens.— as t e promeneravec ton fondateur; j e t e d i s que l e s professeurs n'en veulent 1pas. Pourquoies t - i l Français? Est-ce que nousavons besoin de ces g e n s - l à Quand même l eRoi ... — alte-là mon ami — Quand mêmel e Prince ... — oulez-vous bien vous t a i r e ,mauvais s u j e t . Oh mon Dieu jusqu'où peutemporter l a s o i fdes minervales

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 73/276

PIÈCES.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 74/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 75/276

(65)

EXTRAITS du rapport sur l a méthodede

M r. Jacotot , présenté au département del ' i n t é r i e u r, l e 8 Septembre 1826 , parMr.J . K.INKER.

« Après avoir examinéavec l ' a t t e n t i o nl a plusscrupuleuse , dans l e s écoles désignées^ a u s s i

bien l e caractère de c e t t e méthode, que l e sr é s u l t a t sque l ' o n a obtenus en l'employant, cecaractère e t ces r é s u l t a t sm'ontparu trop impor-tans , po ur q uej e ne me crusse pas obligé detémoigner,q u ' e l l emérite entièrementl ' a t t e n t i o nque S aMajesté, notre auguste Monarque a bien

voulu f i x e rsur e l l e , e t q u ' e l l ee s t , sous tous l e srapports , digne des recherches ultérieures dessavans, auxquelsleur impartialité e t leurs vuesélevées donnentl e droit de juger un e expériencenouvelle , f a i t e sur l ' e s p r i t humain. Elle m'aparu plus propre-qu'aucuneautre méthode,pour

f a i r e f a i r e aux élèves en un espace de tempsbien plus court, que celui que l ' o n emploieordinairement,dans l a plupart des o b j e t sdesconnaissanceshumâines, des progrès frappanse t qui paraîtraient t e n i r du prodige, s i l anature même de cet enseignementn'expliquait

c e t t e marche rapide » . - .« En voilà assez sur l a nature l a nouveautée t

l a tendancede c e t t e méthode. En elle-même,e t considérée sousl e point de vue , sous lequelj a ijugé l e plus à propos del a présenter , e l l e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 76/276

(66)e s t déjà f o r t recommandable: Maison l a jugeraencoreplus digned'encouragement, s i on j e t t el e s yeux sur l e s progrès f a i t s par l e s nombreuxé l è v e sde l'établissement de Mr. D e s c h u y f f e l e e r ,e t de c e l u ide M l l eMarcelis, ( où 50 à 60 jeunesdemoisellessont i n s t r u i t e sde l a même manière),a i n s ique par plusieurs enfans qui s'appliquentdans l a maisonpaternelle à l'une ou à l ' a u t r ebranche, dans l e court espac e d'un eà deuxannées, e t quelques uns en 8 , 9 e t 10 mois, engrec , en l a t i n, en hollandais , en français , en -mathématiques, en musiquee t en peinture. I l simprovisaient. e t f a i s a i e n tdes compositionssurdes s u j e t s à mon choix ; i l s improvisaient e texécutaient des compositionsmusicales sur descouplets hollandais à mon choix, e t cela avecun e habjleté e t un e j u s t e s s ed'expression , qui ,j o i n t sau court espaced e temps, pendantlequeli l savaient étudié, e t à l ' â g e de 10, 11, 12 ansdes élèves , n e me permettaient pas d'attribuerces progrès rapidés à un eautre cause, qu'à c e t t eespèce d'enseignementpar soi-même»

«De tout ce que j a id i t , jecrois pouvoirconclure qu'aucune branched'études n ' e s t excluede l ' a p p l i c a t i o nde l a méthode; e t pour cesraisons , j e penseq u ' i l e s t d i f f i c i l ede déterminer

à quelles branches d'études l'enseignementuniversel e s t surtout applicable. En e ffe t, par sanature e t par son caractère , i l doit s'appliquerà t o u t e s .I l e s t d'autan t plus embarrassant dedéterminerc e sbranches,quej a iremarquédans

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 77/276

' (87)

plusieurs branches t o u t - à - f a i td i f f é r e n t e s, de»progrès qui s e contrebalancentpresque , non-seulement dans l e s i n s t i t u t i o n squi sont sous l asurveillance de M'- Deschuyffeleer e t de M1^.Marcetis, dirigées toutes deuxspécialementparMr- Jacotot ; mais encoredans d'autres i n s t i t u

t i o n s, où l ' o n s u i tbien l a méthode, mais quir i e sont pas v i s i t é s par Mr.J a c o t o t .Ainsi chezMr. Defàcqs, à Bruxelles , comme chez Mr.Deschuyffeleer, à Louvain, on n'enseigne' passeulementde l a t i n, l e g r e c, l e hollandais , l efrançais , mais encore l e dessin e t l a peinture ,

e t l e s progrès que l e s élèves ont f a i t s dans cedernier a r t , paraissent presque prodigieux, s ion prenden considérationl e peu de tempsq u ' i l sont eu pour s ' e x e r c e r.Jules de Meulenmeester,de Gand , qui savait dessiner , mais qui n ' a v a i tencore jamais tenu l e pinceau, a peint, aprèst r o i s r i io is, ù r i tableau représentant l ' h i v e r,q u i ,pour autant q u ' i l m'est permis d'en juger ,

- porte tous l e s caractères d'un t a l e n tplus qu'ordinaire ; Vermeulené l è v epur de l'enseignement universel , . c ' e s t - à - d i r e, qui a commencéd'après l a méthode, sans avoir appris d'aprèsune autre manière d'enseigner- ) a peint, aprèsneuf mois , un grand paysage, qui , à mona v i s, mérite encore plus d'éloges ; plusieursautres ne s e sont pas moins d i s t i n g u é s .Desjeunes gens, ou plutôt des enfans de 10à 11ans , Liégeoisde naissance, qui , au milieu deplusieurs autres exercices l i t t é r a i r e s, ont étudié

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 78/276

(68)pendantune annéel e hollandais , sous l a direct i o n de Mr- Wiirth , en savaient autant surc e t t elangue, qu'on aurait à pein epu en attendreaprès deux ans d'étude , même s i l ss ' é t a i e n tappliqués exclusivementà l ' é t u d ede l a languehollandaise. C ' e s t d'après l a même méthode,que Mr> l e capitaine Bouhtay, à Namur , yenseignel e hollandais à des s o l d a t swallons e taux élèves de l enseignementmutuel , é t a b l ienc e t t ev i l l e ; e t d'après des donnéesimpartiales,que j e me s u i s procurées relativement à c e tobjet, l e s r é s u l t a t sobtenus l à sur un grandnombre d ' é l è v e s ,ne sont pas moinss a t i s f a i s a n s .

Enfin , Mr- De Sépres, dans son i n s t i t u t i o nàAnvers , où toutes l e s parties ci-dessus mentionnées , mais surtout l e s mathématiquessontenseignéesrigoureusementd'après l e s principesde l'enseignementuniversel, a égalementobtenudes r é s u l t a t sbrillans » . .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 79/276

(69)MINISTERE

de Bruxelles l e 11 Novembre1826.l ' i n t é r i e u r .

tluMtuctioi* p u { > f ï c j u e _ >,Scienceset A r t s .

N.° 33.D'après l e s rapports qui sont parvenus au

départemen t d el ' i n t é r i e u r, relativement à l améthodede l'enseignement universel , vous l ac r o i r i e zt r è s p r o p r . eà répandre davantagel aconnaissancede l a langue nationale dans l e sprovinces Wallonnes,j e désirerais ê t r e é c l a i r c isur un objet qui me paraît digned'une attention

particulière , e t j e me permets par conséquentde m'adresser à vous, monsieur, pour vousdemander q u ' e l l ese ra i t , à votre opinion , l avoie l a plus f a c i l ee t l a moinsdispendieusepourappliquer votre méthode d'enseignement àun e étude plus générale de l a languenationale

dans l e s d i t e s provinces; vous m'obligerez, enme répondant, de m'indiquer, en même temps,de quelle manière vous pourriez coopérer àé t a b l i r l'enseignement dont i l s ' a g i t e t d'end i r i g e rl a marche.

Agréez, j e vous prie , l'assurance de ma con

sidération distinguée.L'Administrateurpour ^instruction publique, l es

Sciencese t l e s A r t s .Signé

Van Ewtck.A MonsieurJacotot, -

Lecteurà l ' U n i v e r s i t éde Louvain. g

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 80/276

(70)

( S i ûïhouiiem f É Ï S i w î i H â t ï a t e u t ;5e f<Ju-

ô t t u c t i o i iputëfique , tfeieuceâ e t © L t t * .

Monsieurl'Administrateur ,

Je m'empressede répondre à l a l e t t r e quevous m'avezf a i t l 'honneur de m'écrire en datedu 11 de ce mois, e t que j e reçois à l ' i n s t a n t .

Vous me f a i t e s l 'honneur de me dire , mon

sieur l'administrateur , que , d ' a p r è sl e s rapportsparvenus au département de Tintérieur , jec r o i r a i sma méthodet r ès propre à répandre l aconnaissance del a langue nationale dans l e sprovincesWallonnes;j a il 'honneur de vousf a i r eobserver que ma méthodes e r a i t également

avantageusepour l'enseignement de l a languenationale dans l e s provinces Hollandaises',a i n s i que pour l'enseignement de quelquepartie que ce s o i t dans l e s Sciencese t l e s Arts ,puisqu'elle e s t u n i v e r s e l l e .

Vous me f a i t e s l 'honneur de me demander

ensuite q u e l l e s e r a i tl a voie l a plus f a c i l ee t l amoinsdispendieusepour appliquer ma méthodeàune étude plus générale de l a langue nationaledans l es provinces Wallonnes et de q u e l l emanièreje pourrais coopérerà é t a b l i rrenseignement dont i l s ' a g i t e t à en d i r i g e rl a marche.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 81/276

(7 1 )

J ' a i l'honneur de répondreà c e t t e demandeq u ' i l faudrait , pour que j e pusse seconder,autant q u ' i l e s t en moi, e t comme l a reconnaissance m'en fa i t l e devoir , l e s intentionsbienfesantes de S a Majesté que j e . fussechargé d'organiser l'enseignement dont i ls ' a g i t d'après ma méthode e t sans aucuneespèce d'in teryention étrangère. MonsieurKinkjbr, commissaire de S a Majesté pourv é r i f i e r l e s r é s u l t a t s de l'enseignement un iversel , a reconnu l a nécessité de c e t t e cond i t i o n, pour assurer l e succès de l a méthode.Cependant j e s u i s tout prêt à f a i r e tout ceq u ' i l plaira à S a Majesté de m'ordonner.

J ' a i l'honneur , e t c .

Louvain l a 16 Novembre1826.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 82/276

(72)

Bruxelles l e 18 Novembre1826.

Par votre l e t t r e du 16 Novembre dernier ,

vous avez bien voulu me répondre, que, pourappliquer votre méthode de l'enseignementuniversel à l ' é t u d e de l a langue nationaledans l e s provinces Wallonnes, i l faudraitque vous f u s s i e zchargé d'organiser l ' e n s e i gnement susdit d'après votre méthodee t sans

aucune espèce d'intervention étrangère , e tque vous é t i e z prêt à f a i r e tout ce q u ' i lplaira à S a Majesté de vous ordonner.

Je vous prie , par conséquent, de me voul o i r indiquer , en entrant dans quelquedéveloppement, de quelle manièrevous dé

s i r e r i e z é t a b l i r l'enseignement dont i l s ' a g i t ,en y ajoutant des renseignemens sur l e ssubsides que , d'après votre opinion, cetétablissement e x i g e r a i tdu gouvernement.

L'Administrateurpour Ti n s t r u c t i o npublique,l es Sciences e t l es A r t s .

Signé.Vas Ewyck.

A. MonsieurJacotot ,Lecteur à l ' u n i v e r s i t éde Louvain .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 83/276

(73)

Él c5?Ï30Mâteu«P€Lbmimbtia te iupoue f i t i

éttuctîow pu€f«]ue, f e ôtfcteuceâ e t l e &É l ï t â .

Monsieurl'Administrateur , <

Je m'empressede répondreà l a secondel e t t r eque vous me f a i t e s l 'honneur de m'écrire endate du 18 Novembre1826.

S i c ' e s t en qualité d'administrateur e t d'amides sciences que vous me f a i t e s l'hpnneur.de

m'écrire , j e vous prie d'observer que j e n ' a ijamais désiré é t a b l i rl'enseignementuniversel ;j e l a idéclaré plus d'une f o i s dans mes é c r i t s .L'enseignementuniversel pur n ' e s t à mes yeuxqu'un bienfait pour l e s pères de famille quisont ruinés par l e s dépensesexorbitantes qu'oc

casionne l a v i e i l l e méthode.J ' a i d i t que l'enseignementuniversel pourrait

ê t r e cependantt r è s u t i l e, même dans l ' o r d r es o c i a l, mais j e n ' o s e r a i sjamais l e proposer àaucun gouvernementeuropéen, tant l a v i e i l l eméthodea j e t é de profondes racines dans l e

vieux monde.. J ' a i donné à entendre que j e n e me refu

s e r a i s cependant jamais à aider de mesc o n s e i l sun e s o c i é t équi l e s réclamerait e tqui voudrait disposer de ma b o n n evolontéà cet égard , avec un e confiance pleine ,

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 84/276

(74)entière, sans réserve é t sans aucune e x p l ication 'préliminaire , même sur l e s subsidesdont vous me parlez , enfin sans autre garantie que c e l l e qu'aurait don née au S ouverain l a connaissance des f a i t s e t de moncaractère.

S i donc , monsieur l'administrateur , c ' e s tpar pur z è l epour l e progrès des sciences quevous me demandezdes renseignemens, j ecrains , d'après tout ce qui s ' e s t passé , e tmême d'après l e s précautions auxquelles votredevoir vous oblige , que vous n'attachiezpoint à l'établissement de l'enseignementuniversel toute l 'importance q u ' i l e s t naturelque j ' y attache moi-même d'après mes pré-ventipns d'inventeuiv

Je pense q u ' i l s e r a i t impossible que nousnous entendissions à ce s u j e t, e t j e me s u i sfa i t un e l o i , comme vous aurez pu l e v o i r ,dans mes é c r i t s , de ne f a i r e aucune tentat i v e à cet égard envers q uelq ue g ouvern ement que ce so i t .

-Mais s i S a Majesté, à qui j e dois tant,désire quelque chose de moi , j e s u i s soussa main ; qu'Elle dispose à son gré ; j e metrouverais trop heureux de renoncer àmespropres opinions pour Lui - p l a i r e . I l suff i t,r u a i s i l e s t nécessaire , que j e sache, de l abouchemême de S a Majesté, que c ' e s t pourElle , e t par Elle que j e dois a g i r.

J ' a i l 'honneur , e t c .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 85/276

(75)

Bruxelles l e 1 Mars 1827.

Monsieur,

Ayant é t é informé par l a commissiond ' i nspection pour l ' i n s t r u c t i o nm i l i t a i r ede vosd i s p o s i t i o n sbienveillantes à l'égard de l a surveillance à exercer sur un e école normale

d'instructeurs , dans l a méthodede l ' e n s e i gnementuniversel , composéed ' o f f i c i e r sde d i f -férens corps de l'armée , à réunir à Louvain,j ' e n a i rendu compteau Roi , en soumettantà S aMajestél e projet de l'établissement d'unep a r e i l l eé c o l e .Le Roi ayant approuvéce pro

j e t , l e sordres ont é t é donnésen conséquence.Les o ff i c i e r sdésignés pour recevoir l ' i n s t r u ct i o n mentionnée, s e rendront sans d é l a i, àLouvain, où i l s seron t sous l e s ordres ducommandant de l a place , lequel s' en tendra' a v e c l a régence de l a v i l l e a f i n de procurer

un l o c a l convenablepour l'enseignement.Monsieurl e capitaine Bouhtay, de l a 12modivision d ' i n f a n t e r i e, ayant déjà mis en pratique l a méthodede l'enseignement universele s t jugé apte à diriger l ' i n s t r u c t i o nde l ' é c o l enormale.Veuillez , monsieur, l ' a s s i s t e r de vos

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 86/276

(76)bons c o n s e i l s, e t l e guider par vos lumières,d ' a n s l a tâche qui l u i sera imposée; j e mef l a t t e que c e t t e coopération nousconduiraauxr é s u l t a t sdésirés , e t j us t i f i e r al ' a t t e n t e dontvos connaissancese t votre l è l e pour l e bienpublic o f f r e n tl e garant.

Le Commissairegénéral de l a g u e r r e .Signé

Frédérik.

A monsieurJacotot , à Louvain;

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 87/276

(77)

Seâ é P a y â - ' 2 / i > c u t ' .

MO» PRINCE,

Votre Altesse Royaledaigne m' in former, parsa l e t t r e du 1 er Mars dernier, de l 'approbationqueS aMajestévient de donnerà l'établissementà Louvain , d'une école normale d ' o f f i c i e r spour y être i n s t r u i t s dans l a méthode del'enseignement universel.

Votre Altesse Royaleme fa i t entendrequ'Ellecompte sur ma coopération e t sur ce qu'Ellea l a bonté d'appeler mes dispositions bienv e i l l a n t e sà l'égard de cet établissement.

J ' a v a i s déjà eu l 'honneur de dire à Mon- sieur l e lieutenant général ***que j ' é t a i sdisposé

à contribuer autant q u ' i l e s t en moiau succèsdes projets de Votre Altesse Royalee t à seconders e s vues bienfesantes pour l ' i n s t r u c t i o ndel'armée.

Aujourd'hui, mon Prince , j e m'empressederépondre à Votre Altesse Royale qu'Elle metrouvera toujours prêt à me conformerà s e sd e s i r s, comme à obéir à s e s ordres. Je n'épargnerai donc rien pour aider monsieur l ecapitaine Bouhtay dans l a tâche honorablequi l u i e s t imposée. S i MM. l e s o f f i c i e r s ^

10

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 88/276

(78)comme j e n'en doute pas , répondentau z è l e

de monsieur Bouhtay, on peut espérer l esuccès d'une entreprise qui fera époquedansl'administration de Votre Altesse Royalee t quimettra l e combleà l a g l o i r ed'un Prince, dontl a nation admire comme e l l e l e d o i t , l'ardeurinfatigable pour l a propagationdes lumières.

Daignez, Mon Prince, agréer l 'hommageduprofondrespect e t du dévouementabsolude. -

Louvainl e 3 Mars1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 89/276

(79)

Ét Sou © L f t e i f t ccK_o^a£ef e Ê P t i t t c ef f t è b è t i c

a d o .

M OUPRIHCE,

Quand monsieurl e commissairede l ' i n s t r u ction c i v i l e m'a demandé de diriger l ' e n s e i gnement universel , j ' a i répondu: que l ' e n s e i gnement universel pourrait ê t r et r è su t i l e , mêmedans l ' o r d r es o c i a l, maisque j e n ' o s e r a i sjamais

l e proposer à aucun gouvernementeuropéentant l a v i e i l l e méthode a j e t é 'de profondesracines dans l e vieux monde

Votre Altesse Royalea eu l a bonté de m'ap-peler ensuite pour l ' a i d e rà renverser l e vieHxc o l o s s e .Alors l e nom des Nassau m'a imposé.

Je connais l e s merveilles q u ' i l s ont accompliespar l a seule puissance de leur inébranlablevolonté.

Votre Altesse Royale s a i t que j e n ' a i pashésité un seul i n s t a n t .Me voilà doncsur l aLrèche.

S ij a ibien comprisl e s intentions de S aMajestéVotre Altesse Royaledésire certainementsavoirs i tout l e monde coopèreà l'exécution franchement e t sans tâtonner. On ne peut réussirqu'en fesant, qu'en é t a b l i s s a n t .Cependantl ' i n t e r v a l l e immense qui e x i s t e entre Votre

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 90/276

(80)Altesse Royalee t moi e s t rempli de gens quie s s a i e n tde vouloir e s s a y e r ,s ij e puis m'exprimera i n s i .

S i j e me s u i strompésur l e s vues de S aMajestérelativement au bienfait de l'enseignementuniversel , j e n e me c r o i spas moins obligé decontinuer à t r a v a i l l e rsans relâche d'après l e sordres e t l e s intentions de Votre Altesse Royale.

Je n e s u i splus responsabledu succès; maisj e s u i stoujours aussi devouée t s i l e bien n e sef a i t pas , j ' a u r a idu moinsl a s a t i s f a c t i o nd'avoirrempli mon devoir.

J ' a i l 'honneur e t c .

Louvainh 28 Avril 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 91/276

(81)

< 9 LSou ©Lfteâae àfLo^aie ( e éPuuceStibètie

M ONPRINCE,

D'après l e s ordres de Votre Altesse Royalel a commissiond'instruction m i l i t a i r ee s t venueà Louvainl e 11 de ce mois. Je n ' a i pas été dansl e cas de l a voir , mais monsieur l e lieutenantgénéral* * * qui m'a rendu v i s i t e m'a appris

que Votre Altesse Royale s e r a i t bien a i s e deconnaître l e s motifs qui ont pu dicter l a l e t t r eque j a ieu l 'honneur d'adresser à Votre AltesseR oy ale endate du 28 Avril dernier.

Je m'empresse en c on séquen ce, de porterà l a connaissancede VotreAltesse Royaleque

j e s u i sprêt à l u i donnertous l e s renseignemonsdont i l s ' a g i t relativement à l'établissement del'enseignement, universel dans l'armée. Maiscomme ces renseignemenssont de nature à nepas être exposés par é c r i t, j e supplie VotreAltesse Royalede me permettre de ne l e s l u i

donner que de vive v o i x . J'attendrai, à cetégard, l e s ordres de Votre Altesse Royale.

J ' a i l 'honneur e t c .

Louvainl e 12 Jfai 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 92/276

(82 >

©Lu c F L o i .

Sire ï

D'après l ' a u t o r i s a t i o nde Votre Majesté, S onAltesse Royale, l e Prince Frédéric a daigné,m'engagerà instruire dans l améthodede l ' e n s e ignement universel des o f f i c i e r sdes divers corpsde l'armée réunis en école normaleà Louvain.J 'a i f a i ttous mes e f f o r t spour remplir l e s intent i o n s de Votre Majesté; j a i eu soin de f a i r econnaître à Son Altesse Royale, l e PrinceFrédéric , que l ' o n s u s c i t e, de toutes parts , desobstacles au succès de cette entreprise queVotre Majesté a cru u t i l e d'ordonner pourl ' i n s t r u c t i o nde l'armée. MalheureusementS onAltesse Royale e s t absente e t l e s obstaclesrenaissent perpétuellement. Je me vois doncobligé , pour remplir un devoir que j e regardecomme sacré , de déclarer respectueusementàVotre Majesté, Elle-même, que, d'après l é smoyens qui sont à ma dispositions , l e s o f f i c i e r sconfiés à mes soins sont suffisammenti n s t r u i t sdans l a méthode,mais que j e regarde commeimpossible l ' a p p l i c a t i o nde l'enseignement universel dans l'armée, d'après l ' é t a t actuel dol'organisation de l ' i n s t r u c t i o nm i l i t a i r e .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 93/276

(83)

J ' a i eu l'honneur d ' é c r i r e à Son AltesseRoyale que j ' é t a i s prêt à l u i communiquer l e sraisons qui me forçaient à penser a i n s i, maisque , comme ces explications sont de nature àne pouvoir pas être exposées par é c r i t, j esuppliais S on Altesse Royalede me permettre

de n e l e s l u i communiquer que de vive voixe t que j ' a t t e n d a i sà cet égard l e s ordres deSon Altesse Royale.

Je n e puis donc, pour l e moment , déposermes inquiétudes que dans l e sein paternelde Votre Majesté. I l s e r a i tpourtant s i f a c i l ede

réussir I l n e faut qu'un seul mot de VotreMajesté e t l'établissement de l'enseignementuniversel , tant dans l e c i v i l que dans l e milit a i r e , sans bouleversemente t sans f r a i s, seraun nouveau miracle aussi extraordinaire, e tpourtant aussi simple , que tous l e s prétendus

miracles de l'enseignement universel.J ' a i l 'honneur e t c .

Louvain l e 2 2 Mai 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 94/276

(84)

Bruxelles l e 2 5 Mai 1827.

Monsieur,

Le Roi a reçu votre l e t t r e du 22 de cemois e t me charge de vous i n v i t e r, en casq u ' i l vous parût moins désirable d'attendre l eretour de S onAltesse Royalel e PrinceFrédéric

des Pays-Bas, pour l u i f a i r e l e s communicat i o n s dontvous f a i t e smention, de l e s adresserimmédiatemente t par é c r i t à S a Majesté, enindiquant sur l ' a d r e s s eque l a l e t t r e vient devotre part.

J ' a i l 'honneur d ' ê t r e, avec un e considération

distinguée ,

Monsieur,

Votre t r è s humble e t t r è s obéissant serviteur ,

SignéHuissekVan Kattesdtk.

A MonsieurJacotot ,

Chevalier de l ' o r d r edu LionBelgique.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 95/276

(85)

©La ô R . o i .Sire

Le b ut principal que j ' a v a i sen vue quandj a ieu l 'honneur d ' é c r i r eà Votre Majesté, é t a i tde me déchargerde toute responsabilité r e l a t i v e

ment aux e s s a i s d'enseignementuniversel , quipourraient être f a i t s , tant dans l e c i v i l quedans l'armée , sous l a direction de l a v i e i l l eméthode. Je n ' a i plus rien à désirer depuisque j e s u i s assuré que mes inquiétudes , à«et égard , sont con nues de VotreMajesté.

Lescommunicat ionse t l e s renseignemens dontj e p a r l a i ssont r e l a t i f sà l ' i n t e n t i o nque pourraitavoir Votre Majesté d ' é t a b l i r l'enseignementuniversel dans l ' i n s t r u c t i o nc i v i l e e t m i l i t a i re .I l ne m'appartientpas , Sire , de sonderl e s dess e i n sde Votre Majesté ni d'oser Lui donnerdes conseils ; mais s ijamaisVotre Majestéprendun e décision à ce s u j e te t qu'Elle daigne m'ac-corder sa confiance, j e La supplie d'avoir l abonté de me désigner l e jour où j e pourraisavoir l 'honneur de Lui exposer de vive voix ,( car i l me s e r a i t impossible de l e f a i r e paré c r i t) l e s moyens d ' é t a b l i r sans bouleverse-mens e t sans f r a i s, l'enseignement universeldans tout l e Royaume.

J ' a i l'honneur e t c .

Louvainl e2 6 Mai 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 96/276

(86)

€L ôVoowÂeut t e CoumiauSaut Se ta pCaco

Monsieurl e Commandant,

Vous savez que j e désire que l e s exercicesde l ' é c o l e normale n e soient pas publics.

Cependantmessieurs l e s membres de l acommissiond'instruction e t d'autres personnesencore ont été introduites dans l ' é c o l e . Celaproduit (entr'autres) l e mauvaise ffe tde suspendre l e c ours des leçons que j e d o n n eà MM.l e s o f f i c i e r s .

Je vous prie , monsieur l e Commandant ,de prendre l e s mesures qui sont à votredisposition , pour que ces inconvéniens n es e renouvellent plus à l ' a v e n i r .

Tax l 'honneur e t c .

Louvain2 9 Mai 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 97/276

(87)

Êl Son Élfteôâe cR.oyaîcf e ^Pttuce ^téûetic

M OHPRIRCE,

fJe m'empresse d'adresser à Votre Altesse

Royalel e s copies de deux l e t t r e s que j a i eul 'honneur d ' é c r i r eà S aMajestépendantl'absence de Votre Altesse Royale.Nos soldats Wallonssavent l i r e , écrire e t compter; i l scommencentà apprendrel a langue nationale. Tout va bieni c i ; Messieurs l e s o ff i c i e r s sont suffisammenti n s t r u i t sdans l a méthode de l'enseignementuniversel , mais j e t r a h i r a i sl a confiance dontVotre Altesse Royale m'honore, s i j e n e répétais sans cesse , que j e regarde l ' é t a b l i s s ement de l'enseignement universel comme impossible sous l a direction de l a v i e i l l eméthode.

J'attends l e s ordres de Votre Altesse Royale.

J ' a i l 'honneur e t c .

Louvain l e 8 Juin 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 98/276

(88)

€L tfo» ©LfteôâecTtoyafe f e ÉPïJuccIftèbèùc

M ONPRINCE,

Monsieur l e capitaine Bouhtay qui aural 'honneur de remettre c e t t e l e t t r e à VotreAltesse Royalea rempli , avec z è l e, l a missionhonorabledont i l a é t é chargé à l ' é c o l enormale. Ce militaire, distingué par s e s talens,a i n s i que par son dévouementau Roi , af a i t tout ce qui é t a i t en son pouvoir poursuivre l e s conseils que j e l u i a i donnésd'aprèsl a recommandat ionde Votre Altesse Royale.

Messieurs, les o ff i c i e r ssont pleins de bonnesdispositions, comme Votre Altesse Royale l everra par l a demande que M. l e capitaine

Bouhtayaura l 'honneur de l u i présenter. Je doisrendre j u s t i c eà leur z è l e; i l mérite d ' ê t r erecompensé; j e l e désire , e t j ' o s e l ' e s p é r e rde l'auguste protecteur de l'enseignementuniversel. Maisl a confiance dont Votre AltesseRoyale m'honore, me f a i t un e l o i de Lui direque Messieurs l e s o f f i c i e r ssont suffisammenti n s t r u i t s dans l a méthode e t que touteprolongation s e r a i t désormais inutilementdispendieuse.

I l e s t vrai que MM. l e s o f f i c i e r sne pourront jamais p r o f i t e r , que pour eux-mêmese tpour leurs f a m i l l e s ,du bienfait de l'enseignement universel. Tout établissement dans l e s

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 99/276

(89)

corps e s t impossib le, sous l a direction de l av i e i l l eméthode, comme j a ieu l 'honneur de l ' a nnoncerà S a Majestée t à Votre Altesse Royale;mais , quelle que s o i t mon opinionà c e t égard ,j e n e s u i s pas moins prêt à ren dre en coretous l e s services qui dépendentde moià d'autres

personnes que Votre Altesse Royale daigner a i t m'indiquer.Outre l a s a t i s f a c t i o nque j'éprouve d ' ê t r e

jugé bon à quelquechose, par un gouvernementà qui j e dois tant de reconnaissance, j e voisavec p l a i s i r que l e b ienfait se répand a i n s i

de plus en plus- dans l e s f a m i l l e s .MM. l e so ff i c i e r s sont aujourd'hui tout à nous sousce rapport. Autantl a v i e i l l eméthode désignerad'élèves, autan t l' enseignement universel enabsorbera. MM. l e s colonels e t l e s lieutenantsgénérauxpourraient jouir du même avantage,

e t j e s u i s disposé à leur rendre l e mêmeservice , pour l e bien de leurs familles , oupour celui du Royaume , s i l spensaient q u ' i le s t de leur i n t é r ê tde m'en p r i e r , ou s i VotreAltesse ftoyale jugeait à propos de l e s réuniren école normale.

Ainsi , mon Prince , l ' é c o l enormaled ' o f f i c i e r se s t terminée e t j e viens , en l 'annonçant ,me mettre de nouveau à l a disposition e tsons l a main de Votre Altesse Royale pourtout ce q u ' i l Lui plaira de m'ordonner.

J ' a i l'honneur e t c .

Louvainl e 14 Juin 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 100/276

(90)

Bruxelles l e 2 6Juin 1827.

J ' a i eu l 'honneur , monsieur,de vous entretenir de l a demande des o ff i c i e r s réunis àLouvain, pour être i n s t r u i t sdans l a méthodede l'enseignement universel , tendante à continuer leurs études, e t à voir l a méthodeprécitée -appliquée à tout ce qui concernel e s études des o ff i c i e r s e t sous - o f f i c i e r s,savoir : l a f o r t i f i c a t i o npassagèree t permanente,l ' h i s t o i r e, l a géographie, l es s c i e n c e sphysiques,l e s langues e t l es mathématiques.

Cette demande , que j a i a c c u e i l l i eavecp l a i s i ra été soumiseau Roi. S a Majestéinclineà s a t i s f a i r eau louable desir y énoncé, e ten conséquencem'a autorisé à prolonger àcet e ffe t l e séjour des o ff i c i e r smentionnésàLouvainpour autant q u ' i lsera nécessaire. Votrez è l e, manifesté en tout ce qui tend à propagerl ' i n s t r u c t i o n publique, me f a i t espérer,

monsieur, que vous voudrez bien continuerà donner vos soins à l ' é c o l e normale dirigéejusqu'à ce j o u r ,sous vos auspices , par M. l ecapitaine Bouhtay, e t guider cet o f f i c i e rparvos lumières e t par vos bons conseils dansl ' i n s t r u c t i o nultérieure qui devra s e régler ,quant aux sciences qui feront l ' o b j e t de

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 101/276

(91)l'enseignement, d'après ce qui e s t prescritdans l e . sa r t i c l e s7 e t 8 du règlementpour l e sétudes des o ff i c i e r s dont, à cet effe t , unexemplaire s e trouve c i - j o i n t .

L'application de l a méthode de l'enseignement universel aux sciences susmentionnéesnécessitera sans doute un nouveau choixd ' é l è v e s .

Veuillez, monsieur, me f a i r e connaître l enombre de cès élèves , a i n s i que l e s qualitése t l e dégré d'instruction préalable , qui eneux seront de rigueur, pour conduire au but.Je m'empresseraide l e s mettre à l a dispositionde l ' é c o l enormale.

Le Commissairegénéral de l a g u e r r e .

Signé

Fbederik.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 102/276

(92)

M ONPRINCE,

J ' a i l 'honneur de ren voy er à Votre AltesseRoyale l e s rapports e t autres pièces qu'Ellea bien voulu m'adresser e t dont j ' a i p r i sconnaissance.

Votre Altesse Royale me f a i t l 'honneur dem'apprendrequ'Elle a a c c u e i l l iavec p l a i s i rl ademande des o f f i c i e r se t que S aMajesté inclineà y s a t i s f a i r e, e t a en conséquence autoriséVotre Altesse Royale à prolonger l e séjourdes o f f i c i e r s à Louvain autant q u ' i l s e r a i t

nécessaire. Je vous prie , mon Pr ince , d'avoirl a bontéde me f a i r e connaître aussi l a décision de S a Majestésur l a proposition que j a ieu l 'honneur de f a i r e à Votre Altesse Royalerelativement à l'établissement de l'enseignement universel , tant dans l e c i v i l que dans

l e m i l i t a i r e .J ' a i continué e t j e continuerai avec ce qui

e s t en attendant l a décision de S a MajestédontVotre Altesse Royale a s e n t i l a nécessitéaussi bien que moi. Alors j e proposerai peut-ê t r e de toutes autres mesures. Dans l ' é t a t de

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 103/276

( 93 )suspension où s e trouvent l es choses, l e seula v i s que j e puisse avoir , tant sur l ' é c o l enormale, que sur l e mémoiree t sur l e s rapports que Votre Altesse Royale m'a communiqués, c ' e s t de rester i n statu quo ,jusqu'à l a manifestation de l a volonté deS a Majestésur l'établissement de l'enseignementuniversel , tant dans l e c i v i l que dans l em i l i t a i r e; lequel établissement n e peut s ef a i r e ni par des tâtonnemens ni par dese s s a i s . 1

Votre Altesse Royale s a i t pourquoi j e neveux répon dred'aucun e s s a i; or , l a commission , dans *son rapport , appelle aveccandeur l ' é c o l e normale un e s s a i q u ' e l l e asous l a main. De proef welke men voor heef t .

Votre Altesse Royale s a i t que j a i déjàrépondu plusieurs f o i s au ministère q u ' i l e s timpossible de donner un a v i s raisonnable,quand on ignore l e b ut auquel on tend. Jene puis donc qu'obéir passivement. VotreAltesse Royale connaît l e s raisons de monimmuableconduite , _et j a i cru voir qu'Ellea v a i t l a bonté de l e s approuver.

J ' a i l'honneur e t c .

Loitvain l e 2 8 Juin 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 104/276

(94)

€L Soti Élftea»e oH.oojafe t e Grince5 i é d e ' t i c

Se* ÊPay6-2&a<Ju

M ONPRINCE,

Dès que j a i c o n n u l ' i n t e n t i o nde VotreAltesse Royale j e me s u i s empressé de m'yconformer. Un de nos o f f i c i e r sétudie l a f o rt i f i c a t i o n, un autre l a chimie, un autre l elever des plans ; plusieurs l'allemand e t l ' a ng l a i s .D'autres s e proposent d 'apprendrel a géographie, l e dessin topographique e t c . Mesconseils ne manquerontau z è l e d'aucun d ' e u x .

Je f e r a i mes e ff o r t s pour s a t i s f a i r eVotFeAltesse Royaleen attendant qu'EUeme f a s s econnaîtrel a décision de S aMajestésur l ' é t a b l i ssementde l'enseignementuniversel , tant dansl e c i v i l que dans l e m i l i t a i r e .

Pour que S aMajestépuisse s e décider en connaissance de cause , j a ipensé q u ' i l s e r a i t bonque j e prisse encore un e f o i s l a l i b e r t é del u i é c r i r e . Voici ma l e t t r e au Roi j o i n t e àc e l l e - c i que j a il 'honneur d'adresser à VotreA l t e s s e .Royale.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 105/276

(95)Vous y verrez , mon Prince, l e résumé de

notre conférence. Faut-il l'envoyer au Roi?J ' a t t e n d r a il a réponsede Votre Altesse Royale;mais , dans tous l e s cas , ce témoignageé c r i tde mes véritables dispositions sera entre l e smains de VotreAltesse Royale e t déposera,dans l ' a v e n i r, de mes sentimens de respect ,

de reconnaissance e t de dévouementpourl 'auguste famille des Nassau.

J ' a i l 'honneur e t c .

Louvain l e 6 J u i l l e t 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 106/276

(96)

(Stu c H - o i .

Sire

J ' a i eu l'honneur d'avoir un e entrevue avecS on Altesse Royale l e Prince Frédéric. Voicil ' a n a l y s ede ce que j a id i t dans c e t t e circonstance solennelle.

1° L'enseignementuniversel e s t un b i e n f a i t .2° I l s e répandra peu à peu e t sans bruit

sur toute l a t e r r e dans l ' i n t é r i e u rdes f a m i l l e s ,3 ° La propagation rapide e t éclatante nepeut ê t r e due qu'à un Roi qui ne redoutepoint l e s lumières.

4° La v i e i l l e méthodee s t un e n i a i s e r i eabrutissante pour l e choix des matières q u ' e l l e

enseigne, comme pour l e s procédés q u ' e l l eemploie.5 Tous l e s grands hommes ont f a i t eux-

mêmes , sans l e savoir , leur éducation parl'enseignement universel.

6° Un Souverain qui doute de ces v é r i t é sne

doitpoint

songerà é t a b l i r l'enseignement

universel.7° Un Souverain qui s e r a i t convaincu de

l ' e f f i cac i t éde l'enseignement universel, peut,sans bouleversemense t sans f r a i s , l ' é t a b l i rdans son Royaume , tant dans l e c i v i l quedans l e m i l i t a i r e .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 107/276

(97)8° Cet établissement ne sera pas durab le,

car l e genre humain appartient à l a v i e i l l eméthode, comme à tout autre préjugé.

9 La g l o i r e de l a publication d'un t e lb i e n f a i t s e r a i t personnelle e t durable pourl e Souverain.

10° S i donc un Souverainétranger croyaitavoir besoin de moi, j e commenceraisparécarter l e s c o n s e i l l e r sde l a v i e i l l e méthode,en demandant,pour eux un e place plus élevéee t mieux rétribuée , ( car ce n ' e s t pas uncrime d ' ê t r e ennemi de l'enseignement un iv e r s e l) .

11° Je n e voudrais point d'autres interméd i a i r e s, entre l a puissance e t moi , que ceuxque j ' i n d i q u e r a i sau Souverain.

12° Je n'aurais n i t i t r e , ni argent pourrécompense,puisque l'enseignement universele s t un b i e n f a i tabsolument gratuit de ma

p a r t .13 ° On f e r a i t ce que j e d i r a i s, tout ce

que j e d i r a i s , rien que ce que j e dirais, e tl a responsabilité pèserait sur moitoute e n t i è r e .Je ne demanderais rien; au contraire l e sintermédiaires me demanderaientee q u ' i l faut

f a i r e e t comment i l faut l e f a i r e, pour proposer l e tout au Souverain. Je s e r a i s considéré, non pas comme un fonctionnaire qu'oge m p l o i e ' ,mais comme un philosophe qu'onc r o i t avoir besoin de consulter. Enfin l ' é t ablissement de l'enseignement universel s e r a i t

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 108/276

(98)considéré, pour un moment, comme l a prin

c i p a l ee t l a première de toutes l e s a f f a i r e sdu Royaume.

14° S i l e Souverain étranger, dans Pincer-t i t u d e, d é s i r a i tf a i r e des e s s a i s , j e l u i cons e i l l e r a i s( dans son i n t é r ê t ) d'essayer avecmes d i s c i p l e s e t de me réserver pour l e

moment d é c i s i f .15° Ce moment venu, j e refuserais toute

coopération s i l ' o n ne se décidait pas à agirpubliquemente t avec l ' é c l a t ordinaire pourl a manifestation de l a volonté suprême.

16° Je d i r a i s à ce Souverain étranger : j e

n ' a i pas besoin d'un établissement passagerde sa nature. Le bienfait e s t à jamais dansl e s f a m i l l e s - ,i l circule déjà de Royaume enRoyaume. S i vous protégez l'enseignementuniversel , i l prospérera; s i vous l e persécutez,i l prospérera davantage: tous l e s hommes

peuvent apprendre par eux-mêmes; l e s salar i é s explicateurs auront beau rugir contrec e t t e émancipation universelle ; quelquesesclaves auront beau préférer l a turpitudede leur esclavage, cela m'est égal , e t j ene veux combattre ni l ' o r g u e i l, des uns ni

l a bassesse des a u t r e s . Ce qui e s t d i t e s t d i t ;j e veux qu'on l e sache, mais peu m'importequ'on l e c r o i e .

17° Mais s i l e Souverain que j e me s u i sc h o i s i voulait m'essayer, j e ne regarderaispoint à ce qu'on e x i g e r a i tde moi, f u t - c e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 109/276

(99)

d ' ê t r e maître d ' é c o l e .I l n'y a rien de b asdans l ' i n s t r u c t i o naux yeux de l a raison,encoré moins aux y eux de l a reconnaissance;mais j e ne s e r a i s responsable de r i e n .

Vous donc , Sire , qui ê t e s l e Souverainde mon choix , vous venez de l i r e au fond

de mon ame : confiance entière e t respons a b i l i t é, ou obéissance passive sans respons a b i l i t é .Que Votre Majesté juge s i j e méritetoute sa confiance. Qu'Elle m'ordonnede l ' a i d e rde mes conseils , ou qu'Elle me trace mes devoirs , j e s u i s prêt à t o u t . Que Votre Majesté

me f a s s esavoir q u ' e l l en'imputera point l e sr é s u l t a t s à l'enseignement universel , celame suff i t .

J ' a i l 'honneur e t c .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 110/276

(100)

Bruxelles l e 10 J u i l l e t 1827.

Monsieur,

Je ne saurais qu'applaudir au projet quevous avez conçu d ' é c r i r ede nouveauau Roi.Je ne doute point que c e t t e démarchen ' i n f l u esur s a décision e t ne l a hâte peut-être. Jevous renvoie doncvotre l e t t r e à S aMajestéa f i nque vous p u i s s i e zl a Lui f a i r e parvenir. Ellee s t effectivement un résumé de notre entre

t i e n ; j a i cru y avoir retrouvé toute votredoctrine à l ' é g a r d de l a nouvelle méthode e tl ' y avoir vue exposéesans f e i n t e, ni réticenceaucune, maisavec un e franchise e t un abandonqui n'ont pu m'échapper. Bien éloigné doncde vous c o n s e i l l e rde n e pas envoyer c e t t e

l e t t r e au Roi , j e c r o i sdevoir vous y engagerbeaucoup, persuadé que j e s u i s q u ' i l e s t ,non seulement u t i l e, mais important, queS a Majestés o i tbien i n s t r u i t e , a f i nque, commevous l e d i t e s , Elle puisse décider avec connaissance de cause.

Agréez, Monsieur, l'assurance de ma parf a i t e considération.

( S i g n eFrederik.

A MonsieurJacotot ,

Chevalier de l ' o r d r edu Lion Belgique*

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 111/276

(101)

Él Sou, (S l f t e f tôecR-oyafet e Grince 5 é é 3 e ' t i c

M ONPRINCE

Je m'empresse, d'après l ' i n v i t a t i o nde VotreAltesse Royale, d'adresser ma l e t t r e à S aMajesté. Me voilà content ; l e Pr ince Frédéricme connaît. I l n e me manque plus que l ' e s t i m edu Roi. Alors, tant p i s pour ceux qui me

prendront pour un autre , e t qui me mesureront à l a mesure commune. Je tâcherai ,comme j e l a i d i t à S a Majesté, de me passerde l'approbation de ces messieurs.

J ' a i l 'honneur e t c .

Louvain l e 12 J u i l l e t 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 112/276

(103)

©Lu è R . o i .

Sire

Chaque f o i s que S onAltesse Royale e s tobligée de s'absenter j e me vois forcé d'écrire

à Votre Majesté.J'entends parler de changemensdans l ' o r g a

nisation de l ' é c o l e normale e t j e n e cherchepoint à l e s deviner. Y r e s t e r a i s - j e? Monsieurl e capitaine directeur , dont j e n ' a i qu'à melouer , s e r a - t - i ltoujours tenu de suivre exclusi

vement mes conseils ? Même , dans ce cas ,l ' é c o l e normale, organisée, comme e l l e l ' e s t ,d'après l e s principes de l a v i e i l l e méthode ,n e donnerapoint de r é s u l t a t sapplicables dansl e s corps ; j e l a iprédit à Votre Majesté. Maiss i , outre l'organisation vicieuse de l ' é c o l e,

M. l e capitaine Bouhtaye s t forcé d'obéir à d'aut r e s qu'à moi seul , l a tâche deviendrait partrop pénible , e t ma complaisancepourraitêtre considéréecomme un e a f f e c t a t i o nridiculed'un z è l e qui n'aurait ni b ut , ni o b j e t .

J'attendrai , en conséquence, respectueuse

ment , l e s ordres de Votre Majesté pour reprendre à l ' é c o l e normalemes leçons que j a isuspenduesdans ce chaos.

J ' a i l 'honneur e t c .

Lowoain24 J u i l l e t 1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 113/276

(103)

Bruxelles c e 2 7 Aoû t1827.

I l m'a été agréable, monsieur, d'apprendrepar votre l e t t r é du 2 8 juin dernier que vousvoulez bien continuer à donner vos soins àl ' é c o l e normale de l'enseignement u n i v e r s e l ' ,à laquelle , pour s a t i s f a i r eau , désir de l amajeure partie des o f f i c i e r s ,qui s e trouvent

actuellement réunis à Louvain, l e Roi consent q u ' i l s o i t donné une plus grande extension. Mais n'ayant pas trouvé , dans l al e t t r e précitée , l ' i n d i c a t i o ndemandée dunombre des élèves qui devraient être admisà l ' é c o l e normale, ni du dégré d'instruction

préalable de rigueur , e t voulant écarter ,près de vous , toute idée de responsabilité ,par rapport à c e choix, ainsi qu'à l a présente mesure, j a icru , pour mettre un termeà mon incertitude , devoir m'adresser àmonsieur l e lieutenant général Baron de

ConstantRebecque , en l e priant de s'entendreà c e t e ffe tavec monsieur l e capitaine Bouhtay;dans l a persuasion que cet o f f i c i e r n ' a g i r a i tque d'après vos c o n s e i l s .

Cette démarche a en , pour résultat , l e spropositions suivantes :

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 114/276

(104)1 De détacher de chaque régiment d ' i n

f a n t e r i e, un s o u s - o f f i c i e re t un cadet , e tde chaque régiment de cavalerie un sous-o f f i c i e rou un cadet.

i D'établir que l e degré d'instructionpréalable , consistera à savoir l i r e e t écrire

couramment e t de posséder l'arithmétique.3° De diviser l e s o f f i c i e r squi fréquentent

l ' é c o l enormale en deux c l a s s e s, ' s a v o i r:a l e s o f f i c i e r sinstructeurs , e t b ceux à

qui l ' i n s t r u c t i o ndoit être appliquée.Ayant approuvé ces propositions, j a id o n n é

en conséquencel e s ordres nécessaires pourque l e d i t nombre des cadets e t s o u s - o f f i c i e r ss o i t mis à l a disposition de l ' é c o l e normale.

D'après vos dispositions bienveillantes, manifestées dans l e temps, j e me f l a t t e quevous voudrez bien f a i r econnaître à monsieurl e capitaine Bouhtayvos idées relativement àla formation des deux classes ci-dessus mentionnées e t guider c e t o f f i c i e rpar vos lumièresdans l a direction ultérieure de cet enseignement.

Le Commissairegénéral de l a g u e r r e .

s Signé

Frederik.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 115/276

(105)

< £ l Son Êtfteââe oR.ou.afe ( a ÇPtiwcet F t c b ' è i i c

monGrince,

Maintenantque j e s u i s sûr, par l a l e t t r ede Votre Altesse Royale du 27 de ce mois,qu'on n'imputera point l e s r é s u l t a t sde l ' é c o l enormale à l'enseignement universel , i l n e mereste plus qu'à donner à Votre Altesse Royalel a preuve du dévouemeutdont j e l u i a i donnétant de f o i s l'assurance. I l n'a pas tenu àmoi que l e service n e fut complet, mais j ev a i s fa i re , tout ce que j e pourrai pour entrerdans l e s vues de Votre Altesse Royale e tremplir l e s intentions de SaMajesté.Danstous l e scas, quarante e t quelques familles belges vont,de nouveau, p r o f i t e rdu bienfait de l'enseignement universel ; c e t t epensée seule soutiendraitmon z è l e e tencouragerait mes e f f o r t s, s i j ' a v a i sbesoin d'encouragemens, quand i l s ' a g i t def a i r e ce qui p l a î t à Votre -Altesse Royale.

J'aurai soin de rendre compte à VotreAltesse Royale de tous l e s d é t a i l s de c e t t enouvelle entreprise. I l y en a déjà de f o r tcurieux. M . l e Commandant de l a place metbeaucoup de z é l é à remplir s e s devoirs àl'égard du matériel de l ' é c o l e, mais Votre

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 116/276

(106)

Altesse Royalesent comEieni l s e r a i t ridiculeq u ' i l s e mê lâ t del ' i n s t r u c t i o n .I l s e r a i t nécess a i r eque M. l e capitaine Bouhtayf u t affranchide sa t u t e l l e sur tous l e s points qui touchentà l'enseignement. Ce capitaine correspondradonc officiellement e t direc temen t avec l e

ministère toutes l e s f o i s que j e l u i en don nerail ' a v i s ; me réservant de correspondre confidentiellement avec Votre Altesse Royale; carj e n e veux rien avoir de commun avec l av i e i l l e, dont l e s agens, supérieurs e t subalternes, recommencent leurs clabauderies depuis

l a nouvelle organisation.

J ' a i l 'honneur e t c .

Louvain l e 2 8 Août1827.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 117/276

(107)

La Haye , l e 13 Octobre 1827.

Monsieur,

Le Roi a reçu successivement e t p r i s enconsidération vos adresses du 2 6 mai e t 6J u i l l e t derniers.

Dans l a première, vous manifestez l e désird'exposer à S aMajestél e s moyens propres à étab l i r dans toutes l e s écoles du Royaumel'enseignementuniversel d'après votre méthode.

I l s e r a i t d'autant plus agréable au Roi derecevoir , par é c r i t, l e s communicat ionsque

vous désirez Lui f a i r e à cet égard , que l ' i mportance de l a choseexige un examen approfondi e t n e permet pas q u ' i l y s o i t immédiatementstatué , sans un e mûre déliberation.

Quant à l ' é c o l enormalem i l i t a i r ede .Louvain,S aMajestés e f l a t t e , monsieur, que l e s mesuresp r i s e s pour obvier , autant que possible ,à vos g r i e f s , vous auront prouvé l a confiancedu ^gouvernement, e t Elle verra avec p l a i s i rque vous y trouviez un nouveau motif décontinuer à marcherdans l a route que vousvous ê t e s tracée , en coopérantà f a i r e acquérir

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 118/276

(108)aux personnes confiées à vos s o i n s , c e t t econnaissance pratique quipeut f a i r e apprécierà sa j u s t e valeur l a méthodeque vous avezadoptée.

En m'acquittant des ordres du Roi, parc e t t e communicat ion, j e s a i s i s, avec empressement l'occasion de vous off r i r , monsieur,l'assurance de ma considération distinguée ,

Le Sécrétaire d ' é t a t .

Signé

De Mey de Stbeefkerk.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 119/276

(109)

0L Sou Élfteââe eTLou-afeC e ÇPttuce 5te3ettc

~ t > e i iPayâ-'2&a<JU

monprince ,

J ' a i l 'honneur d'adresser à Votre AltesseRoyale un exemplaire du discours que j edois prononcerlundi prochain 22 du courant.

J ' a i l 'honneur e t c .

Louvainl e 17 Octobre1827.

î * . S . Je viens de recevoir un e l e t t r e deS a Majesté ' j ' a u r a i l 'honneur d'en envoyercopie à Votre Altesse Royale.

i4

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 120/276

(110)

DISCOURS prononcépar J . Jacotot, fondateurde f enseignementuniversel , à l ' o c c a s i o ndeVi n s t a l l a t i o nde Vé c o l enormaled'enseignementuniversel pour l ' a r m é e .

Messieurs,

Depuis que l e bienfait de l'enseignementuniversel s ' e s t répandu dans l e s f a m i l l e s,quelques gouvernemens, m'ont f a i t demander des renseignemenssur l e s moyens d'appliquer noire méthode à l ' o r d r e s o c i a l .

J ' a i toujours répondu qu'une pareille tent a t i v e n'aurait aucun succès, s i l ' o n prenaitconseil de ceux qui , par fonction ou paré t a t, dirigent l'ancien systêmeou en p r o f i t e n t .Ces personnes-là, en e ffe t, peuvent ê t r e dupesde leurs préventions , sans l e savoir , e ts a c r i f i e r l a v é r i t é à leurs i n t é r ê t s . L'hommee s t s i f r a g i l e quand i l s ' a g i t des honneursou de l ' a r g e n t.

J ' a i depuis long-tems annoncé, dans mesé c r i t s, que j e n e refuserais point mes conseilsà ceux qui l e s réclameraient , à conditionque ce s e r a i t gratuitement, sans t i t r e , sansplace, sans argent. J ' a i toujours d i t que l ' é t ablissement de notre méthode me paraissaitimpossible, tant dans l e c i v i l que dans l em i l i t a i r e, à moins que l e s ministres ne fus

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 121/276

(111)

sent d i s c i p l e sde l'enseignement universel ,ou que l e s d i s c i p l e sde l'enseignement un iversel n e fussent ministres : i l faudrait quel e s préc epteurs des enfans des Rois fussentt i rés ' de nos écoles e t pénétrés de nos principes.Voilà ce que j a iréponduaux demandes qui

m'ont, é t é f a i t e s de l a part des plus AugustesPersonnages.Or , messieurs , vous jugerez , comme moi,

que ces conditions, qui me paraissent i n d i spensables pour assurer l e succès de l ' e n t r eprise, doivent paraître aux y euxde tous ceux

qui croient à l ' i n é g a l i t é des intelligences ,r i d i c u l e s, absurdes e t presqu'insolentes. Quantà moi, j e c r o i s à l a nécessité de ces préliminaires , e t j e l a id i t .

Cette défiance , peut-être excessive de mapart,. m'a é t é inspirée par un spectacle bizarre

e t qui dure depuis l a fondation de l'enseignement universel dans ce Royaume.

Des savans de tout pays , de toute corporation , de toute arme , e t même de tout âgee t de tout sexe , s'expliquent chaquejour familièrement sur notre méthode.C e l u i - c ien Cont e s t e, ou en critique l e s r é s u l t a t s; c e l l e - l àen désapprouve sérieusement l e s principes.Dans cet é t a t des choses, appellerai-je d'unarrêt rendu à l a presqu'unanimité des s u f f r ages ? entre tant de juges , qui s e croient également é c l a i r é s, comment reconnaître ceux qui

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 122/276

(112)sont de bonne fo i ? comment l e s corrompre,p u i s q u ' i l ssont intègres ? e t , ce qui n ' e s tguèresplus f a c i l e, comment ramener ceux qui sontde mauvaisefo i , s i , par hazard, i l s ' e n trouvequelques-uns ?

Voilà , messieurs , un e partie des raisonsqui ont dicté ma réponse off i c i e l l e: un t e l e s s a ine réussira point.

Cependantun Roi que l e s peuples étrangersenvient à son peuple, un Roi qui n ' e s t jamaiscontent du bien q u ' i l a f a i t l ' o r s q u ' i la l ' e spéranced'en f a i r eencore davantage; un Roi ,ami des lumiè res , n'a poin t reculé devanttant d ' o b s t a c l e s .S a grande ame ne peut croireà l ' i n t r i g u e, ni à l à bassesse ; mes craintesLui paraissent exagérées ; e t I I espère quel ' o b s t i n a t i o ndes préjugés cédera enfin à desexpériences mille f o i s répétées.

Messieurs l e s o f f i c i e r s l ' é c o l e normale del'enseignement universel pour' l'armée a é t éfondée dans ces vues bienfesantes ; e t vousavez é t é envoyésprès de moi pourê t r e i n s t r u i t sdans notre méthode.

Déjà vos premiers e s s a i s, ont été v é r i f i é s,à l'improviste , par des hommes dont l e s talenssont incontestables. Ces chefs , distingués dansl a hiérarchie m i l i t a i r e, n'ont point désapprouvé l e s r é s u l t a t sque vous avez obtenus ;n i a i s ces r é s u l t a t s( pas plus que ceux quel ' o n montre depuis neuf ans ) ne paraissentpas s u f f i s a n spour rassurer sur l ' a v e n i r; e t

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 123/276

(113)l a seconde école normale, que nous i n s t a llons en ce moment , a é t é ordonnéed'aprèsvos p r i è r e s .

J ' a i é t é consulté sur votre demande. J ' a irendu , comme j e l e devais , témoignageàvotre z è l e que j e viens encourager. Quoique

j e n e partàge point votre espérance , voussavez que j e s u i s prêt à vous donner l'exempledu dévouemente t à vous aider de mes c o n s e i l s .

Permettez-moi donc , messieurs , de vousf a i r e un e observation.

Raison ou préjugé , c ' e s t un f a i t que l e s

d i s c i p l e sde l'enseignement universel rencontrent beaucoupd'antagonistes parmi l e s personnes mêmes à qui i l s doivent des égards,du respect e t de l a soumission. Cette animosité,louable ou non , doit ê t r e remarquéee t s e r v i rà diriger votre conduite envers ces jeunes

m i l i t a i r e sque l ' a u t o r i t é suprêmea fa i t chois i r dans toute l'armée pour l e s envoyerà vosleçons. Faites-leur connaître l a dignité del'espèce humaine, d'après notre opinion. Queceux qui s e croiraient sans intelligence s eretirent l ' o r g u e i lqui s e vante d'une prétendue

supériorité naturelle , e t l a paresse qui cherche une excuse dans un e stupidité innée ,n'ont rien à f a i r e dans un e école où l ' o nprend pour règle ce principe :

TOUSL E SHOMMESO . N TUN EEGALEINTELLIGENCE.Dans l e s anciens étab lissemens, on com

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 124/276

( 114)

mence par jauger l'étudiant ; puis on p é t r i tson e s p r i t, on forme son jugement d'aprèsl a mesure de sa capacité individuelle.

I c i , mes chers d i s c i p l e s, on ne s e c r o i tpas assez savant pour déterminer l e s dimensions de c e t t e espèce aussi exactement quel e s philosophes dont j e v e u p cparler.

Dites donc à vos élèves que l a patrie a l edroit de compter également sur chacun des e s enfans. Montrez-leur, dans nos exercices ,que l 'h ommen e f a i t jamais tout ce q u ' i lpeutfaire; e t q u ' i l e s t également impossible, ànos d i s c i p l e scomme à leurs antagonistes, dedonner, par leurs productions, l a mesureexacte de leur capacité. Apprenez-leurà s ' i ns t r u i r e par eux-mêmese t sans maître e x p l i c a -teur. Mais n'oubliez pas de leur dire quenos principes son t repoussés avec fureur parl e s préjugés qui exploitent l e s peuples e t quidisposent des places e t des récompenses.Ayez soin de leur recommander de ne pointé t a l e r, dans l e monde , des maximesdont l amanifestation imprudente a déjà e x c i t é desquerelles , r é f r o i d i l e z è l e d'un protecteur ,e t même causé , plus d'une f o i s , l'animad-version d'un supérieur.

Jeunes m i l i t a i r e s, écoutez mes c o n s e i l s àvotre âge , j e m'en souviens , on se l a i s s efacilement emporter par l'amour du bien. On

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 125/276

( 115 )

s e c r o i r a i tlâche de n e point rendre hautement témoig nage àl a v é r i t é lorsqu'elle e s tattaquée. C ' e s t une bonne intention , sansdoute ; mais n e vous compromettezpoint i nutilement. La vérité ne compteni sur l e s philosophes , qui se disent s e s amis , ni sur l a

protection de l a puissance. En un mot , l av é r i t é n'a pas b esoin des hommes , ce sontl e s hommes qui ont b esoin d e ' l a v é r i t é .

Profitez donc, jeunes m i l i t a i r e s, du bienf a i t de l'enseignement universel. Profitez-enpour vous e t pour vos f a m i l l e s; c ' e s t tout ceq u ' i lf a u t . Messieurs l e s o f f i c i e r svont t r a v a i l l e ravec ardeur , à votre instruction , d'après desplans étrangers à nos principes. Cette i n t e rvention de l a commissionde l 'ancienne méthodene peut , i l e s t v r a i . , qu'entraver l a marchede l'enseignement universel. Mais i l n'y a

pas mauvaise intention de l a part des cons e i l l e r s de l'ancien systême tant c i v i l s quem i l i t a i r e s; c ' e s t pure ignorance de nos maximes , e t l 'ignorance , en pareil cas , n ' e s t - e l l epas excusable ?

Disciples de l'enseignement universel , su

bissez doncsans murmurer l e joug de l'antiquerégulatrice de toutes l e s écoles qui e x i s t e n tsur l e s deux hémisphères. Ne vous e f f r a y e zpoint d'avance des examens, des épreuves e tdes contre-épreuves auxquelles vous serezsoumis perpétuellement. On n'osera peut-être

jamais applaudir, sans r e s t r i c t i o n ,à vos suc

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 126/276

(118)

ces , par ménagement pour l e s préjugés popul a i r e s; mais aussi vous ne devez pas croirequ'on puisse manquer de délicatesse au pointde prononcer clairement e t magistralementdans sa propre cause.

Enfin, s i lvous r e s t a i tquelquec r a i n t e ,sachez

que j a itout prévu , même l ' i m p o s s i b l e .I l ya un juge de tous ces j u g e s .I l e s t encourageant , pour vous , de penser que l e Roin'imputera point à l'enseignement universeldes r é s u l t a t sobtenus sous l ' i n f l u e n c edont j evous parlais t o u t , à l ' h e u r e . I l ne s ' a g i t pas

de savoir ce que peut notre méthode pourl e bien du peuple ; cela e s t jugé. On chercheà v é r i f i e r aujourd'hui ce q u ' i l s e r a i t permisd'attendre du concours de ceux que nos d i sc i p l e sappellent , avec raison , leurs adversaires.

I l e s t vrai que j e ne prévois que dès obs t a c l e s; j e n ' a i annoncéque des revers pourc e t t e c o a l i t i o nmonstrueusee t f o r c é e .Mais j epuis me tromper.

Peut-être ceux qui conseillent sans cessede nouveauxétablissemensd'instruction ( mêmedans l'armée ) , n ' o n t - i l spoint pour b ut defermer peu à peu tout accès à l'enseignementuniversel ?

Cet empressementà mettre chaque jourun e science ou un a r t de plus à l a dispositionde vos antagonistes , n ' e s t - i l pas simplementl a preuve d'un patriotisme impatient de j o u i r,

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 127/276

(117)e t qui n e saurait attendre l 'e ffe t trop t a r d i fd'une s u i t ed'expériences dont on ne v o i t pasl e bout ? pourquoi ce que vous appelez avers i o n, intrigue , bassesse , n e s e r a i t - i l point

• de l ' i m p a r t i a l i t ée t de l a prudence? pouvez-vous donc, plutôt que vos adversaires , êtrejuges dans votre propre cause.

C ' e s t au Roi , au Roi seul q u ' i l appartientde prononcer entr'eux e t vous. Je reste ,moi , tout à f a i t i n d i f f é r e n tà ce grand procès.Quand on m'appelle , j e n e me f a i s pas attendre ; j e n e refuse jamais mes services quand

on l e s réclame; mais personne n e peut l e srefuser , car j e n e l e s o f f r e point.Maisc ' e s t assez parler , mes chers d i s c i p l e s ,

i de ces honteux débats qui vous a f f l i g e n t,qui vous aigrissent quelquefois e t qui devraientvous f a i r e p i t i é . Portez vos regardsplus haut ;

voyez comme toutes l e s p e t i t e s menées dessouteneurs du v i e i l é d i f i c e contribuent àf a i r e connaître l'enseignement universel e t àl e répandredans l e s f a m i l l e s ,qui l'ignoreraientencore sans ce bruyant c l i q u e t i sd'opinions ,qui a t t i r e n tdepuisneufans l ' a t t e n t i o ndu public.

Cette école frappera l e s regards, e t , chaquejour, quelques individus apprendront qu'onpeut s ' i n s t r u i r esans maître explicateur. Cettedoctrine pénétrera enfin chez l e s peuples mêmesou l a politique proscrit l e s lumières.

I l ne dépend plus aujourd'hui du caprice

i5

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 128/276

(118)e t des préjugés de t e n i r toute un e nation dansl es ténèbres. Ce f u t un e spéculation a s s e zadroite que de . f a i r e croire ,aux peuples q u ' i l sne sont pas nés pour s ' i n s t r u i r e s eu l s .Alorson l e s plongeait à - v o l o n t édans l'ignoranceabsolue, ou dans un abrutissement graduéd'après l ' é c h e l l edes convenancesdu moment ;i l s u f f i s a i t ,pour atteindre l ' u n ou l ' a u t r e but,de ne point ouvrir d'écoles , où d'organiserméthodiquementces manèges l i t t é r a i r e s, eny donnan tplus ou moins de longe à l'animalqu'on voulait dresser.

Grâces soient rendues au Roi , mes chersdisciples ; c ' e s t Lui qui annonce, en ce moment , l ' e x i s t e n c ede l'enseignement universeldans son Royaume. Or i l y a un e circonstanceremarquabledans c e t t e publication. Ce sontl e s huées de presque toute l a nation savante,encouragéespar l e s i l e n c edes corps constitués par l e Monarque , pour juger e t f a i r evaloir l e s découvertes u t i l e s .

Mais l e s actions des Rois sont du domainede l ' h i s t o i r e .Elles ont cela d'imposant, q u ' e l l e sa t t i r e n tl e s regards de tous c ô t é s .Les peuples

l e s plus éloignés s'enquièrent de ce que fontl e s R o i s - ,C ' e s t l e s u j e t de tous l e s discours,e t l ' o b j e t de toutes l e s méditations.

Voilà pourquoi, messieurs, j a ivoulu réunir,dans un e séance solennelle , c e t t e école organisée par un Prince dont tout l e monde

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 129/276

(119)

admire l'étendue des connaissances', e t l eï è l e i n f a t i g a b l eaussi bien pour l ' i n s t r u c t i o nque pour l'administration de l'armée.

J ' a i donc f a i t connaître mes intentions àmonsieur l e capitaine-directeur dont vousconnaissez tous l ' e x a c t i t u d ee t l a patiencedans l'accomplissement de s e s devoirs. J ' a idésiré q u ' i l s'entendit avec l ' a u t o r i t ém i l i t a i r ede l a place pour qu'on me fournit l'occasionde vous adresser mes conseils e t de vousexposer l ' é t a t des choses, e n - présence desmagistrats , des fonctionnaires, des savanse t des citoyens de c e t t e v i l l e , depuis lon g-tems l a patrie des sciences e t depuis peu l eberceau de l'enseignement u n i v e r s e l . .

J ' a i pensé que c e t t e pompe s e r v i r a i t, mieuxque mes paroles , à f a i r e connaître auxétrangers , l ' i n t e n t i o n du Roi de propagerun e méthodequi a pour b ut l'émancipationi n t e l l e c t u e l l e .

Ainsi on saura partout que, dans l eRoyaume des Pays-Bas', des hommes e t desenfans s e sont i n s t r u i t s, dans l e s sciencese t dans l e s a r t s, sans maîtres explicateurs ,e t que ce f a i t impossible a é t é v é r i f i éparordre du Roi.

Ainsi l a lumière se g l i s s e r a peu à peudans l e s pays l e s plus éloignés , éclairantinsensiblement l e s ténèbres que l e s v i e i l l e sméthodes y entretiennent plus ou moinsprofondes, conformément aux commandesd i f f é r e n t e sdes i n t é r ê t s d i f f é r o n s .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 130/276

(120)Ainsi , dans un e pauvre famille , i n s t r u i t e

de l a méthode Belge, par l a renommée quifa i t connaître au l o i n l e s actes des Rois, unf i l s studieux parviendra , peut-être quelquejour , à nourrir s e s parens au moyen desconnaissances q u ' i l aura acquises sans explications e t sans maître. Alors , messieurs ,l o s larmes aux yeux , e t avec l ' a c c e n tde l areconnaissance, i l racontera à s e s enfanstout ce que l e s Nassau ont f a i t de grand;e t , dans l'avenir , au r é c i t de ces merveilleuses histoires , peut-être à mille lieuesd ' i c i , peut-être après des s i è c l e s e tsur unautre hémisphère, on fera r e t e n t i r encorel e c r i que nous entendons s i souvent ausein de ces murs où tout e s t plein de s e sb i e n f a i t s: vive ie aoi des pays-bas viveGPIM.AVME *

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 131/276

( 1 2 1 )

MINISTÈREde La Haye l e 4 Janvier 1836.

l ' i n t é r i e u r .

t ï w â t t u c t i o i tputë&que

Sciencese t Arts.

N.° 51.

Le Roi ayant p r i s connaissancedu mémoireprésenté par vous, en date du 19 octobre' 1827,.a ordonnéde vous répondre que S a Majestéa vu avec s a t i s f a c t i o nque vous avez tâché àexpliquer , par é c r i t , l e s moyens propres àétablir l a méthodede l'enseignement universel.S a Majesté vous en f a i t remercier.

J ' a i l 'honneur de m'acquitter , par l a présente , des ordres de S a Majesté.

L'Administrateur de rinstruction publique des Sciences e t des A r t s .

SignéVan Ewyk.

A MonsieurJacotot,Chevalier de l ' o r d r edu LionBelgique.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 132/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 133/276

(123)Ayant donc appris qu'une nouvelle com

mission , é t a b l i eà * * *s e c r o i t capable d'apprécier l'enseignement universel q u ' e l l e n econnaît point , e t voulant ( pour plaire auRoi) me conformerà l ' a v e n i raux intentionsde ces nouveaux juges qui ne voient pasq u ' i l svont prononcerdans leur propre cause,j e viens d'envoyer à * * *monsieur*** poura s s i s t e r à l'examen de nos cadets e t mef a i r e un rapport d é t a i l l é des circonstancesde cet examen.

Je supplie , en conséquence, Votre AltesseRoyaled'avoir l a bonté de donner l e s ordresnécessaires pour que monsieur* * *puisse , sansobstacles, remplir l a missiondont j e l a ichargé.

J ' o u b l i a i sde dire à Votre Altesse Royaleque monsieur* * *membre de l a commissionvient d'écrire que l e s m i l i t a i r e s devaientrapporter l a dynamique de Smith à F abc.Monsieur***ajoute que l a chose e s t f a c i l e ;monsieur* * *a raison. En conséquencej e mes u i s empressé de f a i r e a f f i c h e rcet a v i s àl ' é c o l enormale. Malheureusementnous avonsété prévenus un peu tard du désir de l acommissionà ce s u j e t .

Peut-être monsieur***à qui monsieur * * *s ' e s tadressé, exclusivement,pour avoir des ren-seignemenssur l a dynamiquea - t - i l expliquénotre embarras. En attendant j a i rassurénos élèves , épouvan tés par l ' e x i g e n c edel a commission,en leur disant que monsieur* * *,

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 134/276

(124)dans s a correspondanceavec monsieur* * *, promet qu'on n e jugera pas l e soi-disant enseignement universel d'après l e dire de c e t t ecommission.En e ffe t l e * * *ne peut pas décemment prononcersur l e mérite de l'enseignementuniversel qui a l'audace de proclamer l ' inu t i l i t é e t par conséquentl e danger des e x p l ications qu'on donneà * * * .

Cette é c o l e ,Mon Prince, paraît fâchéecontrenous. Votre Altesse Royale l u i a ordonnédenousenvoyerd i f f é r e n so b j e t s .Monsieur* * *( s ic ' e s t monsieur***)l ' a oublié probablement,carmonsieur* * *n'a pas encore reçu tout ce quenous avons demandé e t l e peu qui a é t éexpédié e s t dans un é t a t à f a i r e p i t i é . C ' e s ttoujours bon pour l ' é c o l enormale.

Quoiqu'il en s o i t , Mon Prince , j ' e s p è r etoujours ( car l'espérance n e meurt jamaisdans l e cœur de l 'homme) q u ' i l en serade * * * de * * * comme de * * * de * * * . Les * * *ont reçu c e t t e année, , t o u t en grognant,douze universels : l'un d'entr'eux , l e jeune * * *de * * *n'a mis que dix mois pour acquérirl e t i t r e glorieux de citoyen académique. Cejeune homme n e s a v a i t que l i r e e t écrire ,encore pas trop bien , quand on l ' a donnéà M. * * * .Or donc, après l ' a v o i r tourné entreeux tous, les*** l ' o n t reçu avec éloge, f e tc e t t e circonstance, s o i t d i t en passant , leurf a i t honneur, car nous n 'avons pas de plust ê t u s antagonistes. Mais l'enseignement uni

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 135/276

( 1 2 3 )versel : a y a n t , voulu f a i r e claquer son fouet ,après c e t t e v i c t o i r e, e t monsieur* * * entendant l e bruit du fouet , e t jugeant , avecraison , que cela devait f a i r e t o r t aux bonsathénées de sept ans, a gourmandé e t f a i tgourmander , dans plus de dix l e t t r e s, l e sd i t s examinateurs; ceux-ci ont p r i s l a mouchee t ont d i t q u ' i l s avaient s u i v i l e règlement.Puisse monsieur***suivre un aussi bel exemple.

Cela ne sera pas s i di ff i c i l e pour l u i , cari l n'a pas de monsieur***sur l e dos.

Mais parlons de l ' a v e n i r. Comme monsieur * * *n ' e s tplus aussi bouillant que dans l eprincipe pour l e succès de l ' é c o l e normale;ce dont j e c r o i s pouvoir juger d'après l e tondes l e t t r e sq u ' i l é c r i tà monsieur* * *( e t qui semb len t calquées sur l e formulaire impertinentde monsieur* * * quand i l me donne a v i sde i l s e r a i t peut-être bon quemonsieur***,que j e regrette de n'avoir pas vu àson passage à Louvain , mais dont l e z è l ene saurait ê t r e douteux quand i l s ' a g i td'entrer dans l e s vues de Votre Altesse Royale,manifestât encore plus ouvertement, s i l e s tpossible , dans sa correspondanceavec mons i e u r * * *tout l ' i n t é r ê t q u ' i l prend personnellement aux r é s u l t a t sd'un e s s a i dont S a Majesté,a i n s i que Votre Altesse Royale, désire ardemment l a r é u s s i t e .Ces p e t i t s moyens d'admin i s t r a t i o nfont bien sur l ' e s p r i t des subalternes.I l s produisent plus d ' e f f e t que des reprochesqui ne feraient q u ' a i g r i r .D'ailleurs on ne

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 136/276

(120)r lo i t reprocher à personne d ' ê t r e antagonistede l'enseignementuniversel ; l e s opinionssontl i b r e s; mais qui veut l a f i n doit vouloirl es moyens.

C ' e s tce qu'a t r è s bien s e n t imonsieur* * *quivient de e t f a i t semblantde croirequ'un élève n e peut pas apprendre ce queson maître ignore. I l s a i t pourtant l e cont r a i r edepuis dix ans, a i n s ique monsieur***;maisl a raison du plus f o r t e s t toujours l a meilleure.

Nos cadets vont bien. Je viens de découv r i r que l e s c o n s e i l l e r sde l a v i e i l l e l e s ontforcés d'étudier un e géométrie sans démons t r a t i o n s .Je leur a i ordonné(autant que mapuissance puisse s'étendre ) de l e s inventer,e t i l l e s inventent.

Je viens d'apprendre, par l e s journaux,l'établissement de l ' é c o l ede Bréda. Cette pro

clamation du triomphe de ce que j ' a p p e l l el a longe ( dans mon discours d ' i n s t a l l a t i o nde l ' é c o l e normale) m'a comblé de j oi e . J ' a iconçu l'espérance de voir bientôt l e termed'une i n s t i t u t i o n éphémère, dont j e n ' a icessé de réc lamer l a dissolution dès l e prin

c i p e . Je supplie Votre Altesse Royale dedire à S a Majesté qu'EUe me trouvera toujours prêt à seconder ( s i l e s circonstancesl e permettent quelque jour ) l e s intentionsdu Roi pour f a i r e j o u i r s e s peuples du bienf a i t de l'émancipation i n t e l l e c t u e l l e .

J ' a i l 'honneur e t c .Loucainl e 14 Février 1828.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 137/276

(127)

©Lu èHou

Sire

LorsqueVotre Majestém'appelapour é t a b l i rl'enseignement universel dans son Royaume1,j e me s u i sannoncécomme un philosopha qu'onc r o i t avoir besoin de c o n s u l t e r .Votre Majestéa daigné me témoigner de l a confiancesousl e t i t r e que j e m'étais d o n n éà moi-même e tdont j ' a v a i s besoin pour l a coopération quim'était demandée..

Cette dignité , de nouvelle espèce r à laquellej e m'élevais sans contestation comme sansapprobation formelle , f u t tout à l a f o i s ,l ' o b j e tde l a r i s é ee t de l a j a l o u s i euniverselle.On m'appelachevalier d'industrie , charlatan ,escroc , e t c . e t c . Votre Majesté s a i t tout c e l a .Las enfin de voir qu'on i n s u l t a i t, même o f f i -c i e l l e m e n t , \ esoi-disant enseignementuniversel ,j a irésolu de f a i r e un coup-d'état dans monp e t i t empired'enseignementuniversel , sachantbien que l ' e x e r c i c ede mon autorité d'opinionn ' a v a i t aucun inconvénient e t ne produiraitque des huées , puisque l ' a u t o r i t ér é e l l e ne

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 138/276

(128)pourrait point l'appuyer. Mais j e voulaisprendre acte de l a conspiration. J ' a i toujoursd i t à Votre Majesté q u ' i l é t a i t impossibled ' é t a b l i r l'enseignement universel dans l ' o r d r es o c i a là cause des préjugés e t des i n t é r ê t sopposés. Je pensais bien q u ' i l é t a i t impossibleque S on Altesse Royale approuvât ma cond u i t e . S on Altesse Royale m'écrit qu'Elle medésapprouve à r e g r e t . J ' a i été sensible àcette parole du Prince , dans une circonstance où S on Altesse Royale( dont j e connaispar moi-même l e s bonnes dispositions ) n epouvait pas approuver ce que j a if a i t , ce quej a icru devoir f a i r e . Pour conserver - auxf a m i l l e sl e bienfait de l'enseignement universel pur , malgrél e s persécutions auxquellesmes d i s c i p l e ssont en butte chaque jour , j eme s u i s vi l réduit à heurter de front l e sconvenancesde l ' o r d r e s o c i a l; j e ne [ d e v a i spas balancer.

Cependantcomme j a iannoncéque , dansl a supposition de l'établissement de l ' e n s e i gnement universel , i lfaudrait f a i r e c equeje d i s ,t o u t c e que je d i s e t rien que c e je d i s , j edois me r e t i r e r e t j e me r e t i r e avec respect.Mais, Sire, l e philosophe r e s t e toujours a u x .ordres de Votre Majesté, s i jamais Elle croitque l e moment e s t venu d'écarter , avant t o u t ,l e s c o n s e i l l e r sde l a v i e i l l e méthode pourf a i r e j o u i r s e s peuples du bienfait de l ' e n

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 139/276

(129)seignement universel. Ce que j e ne proposepoint, ce que j e n ' a i jamais proposé.

Je me f é l i c i t e cependant, Sire , d'avoir puremplir ( malgré tout ) l e s intentions de VotreMajesté. Notre méthoden'étant pas , commel ' a u t r e, un e méthodede communicat ion, l e so f f i c i e r ssont tous capab les depuis long-temsde f a i r ede l'enseignementuniversel dans leursfamilles , pour ce q u ' i l s savent comme pource q u ' i l s ignorant. Et s i (comme j e l e prévois )i l s n e peuvent parvenir à l ' é t a b l i r dans l e scorps , Votre Majesté ne me l'imputera pas ,Elle en connaît l e s raisons. Mais i l importaitde f a i r e connaître ces raisons aux pères defamille de tous l e s pays d'une manièreéclatante e t extraordinaire , pour l a propagationdu b i e n f a i t . Sans cet é c l a t , ceux qui , surtoute l a terre , veulent é t o u f f e rl ' i n s t r u c t i o n,ou l a l i m i t e rau gré de leurs explications,auraient pu dire : l ' e s s a i que Sa Majesté l eRoi des Pays-Sas a voulu t e n t e r n'a pointr é u s s i; mais on leur .répondra : « on n ' a pas« f a i t ce que l e fondateur avait d i t q u ' i l f a l l a i ta f a i r e; à l a v é r i t é on ne pouvait pas l e f a i r e,« dans l ' o r d r e s o c i a l, mais enfin on ne l ' a pas« fa i t , essayons dans notre f a m i l l e» . I l s e s s a i eront e t i l sréussiront.

Cependant,S i r e ,l a puissancedeVotre Majestée s t grande. S i Votre Majesté l e veut f o r t ement , j e ne doute pas qu'avec l e z è l e do

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 140/276

(130)ceux de mes d i s c i p l e squi oseront prendrece t i t r e , sous Votre auguste e t spéciale prot e c t i o n, on ne réussisse a s s e zpour f a i r e ent r e v o i r quels succès doit obtenir un -père def a m i l l equi ne trouve point , dans l e s préjugésde s e s enfans , des obstacles à vaincre pourf a j r e leur bonheur.

J ' a i l'honneur e t c .

Louvain2 9 Février 1828.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 141/276

(131)

VOILA LE FAIT.

Voilà l e f a i t , mes chers d i s c i p l e s .Croirez-vous maintenant à mes paroles ? L'émancipation i n t e l l e c t u e l l en ' e s t point à l'usagede l ' o r d r e s o c i a l .Où trouverez-vous un meilleur Roi? Quel e s t l e peuple plus avided'instruction que l e s Belge?? Dans quelpays l e s i n s t i t u t i o n ss o n t - e l l e splus l i b é r a l e s?Chez quelle nation l a voix de l a philosophies e r a - t - e l l e écoutée plus favorablement? Or ,vous savez que l e s peuples s e ressemblentcomme l e s individus ; même nature , mêmeintelligence e t même prétention à l a supér i o r i t é i n t e l l e c t u e l l e .

Ren on cez don cau projet ridicule de réformer l e genre humain. Par toute l a terrel e préjugé de l ' i n é g a l i t é des i n t e l l i g e n c e saprésidé à l a rédaction des l o i x sur l ' i n s t r u ct i o n . Partout l e préjugé de l a nécessité del a science dans l e maî tre a dicté l e s réglemens.J'ignore l e hollandais , vous savez que mesélèves l'apprennent mieuxe t plus v i t e qu'avecl e s professeurs l e s plus i n s t r u i t sdu Royaume;eh bien , s i j e demandais un diplôme,l e s dépositaires de l ' a u t o r i t éme l e refuser a i e n t . I l s devraient même me l e refuser ;autrement i l s manqueraient à leur devoir ;

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 142/276

(132)

i l s violeraient l e s réglemens. C ' e s t pourobéir à leur devoir que l e s fonctionnairess e sont opposés, avec un e ardeur toujourscroissante , à l a propagation du b i e n f a i t .S aMajesté désire c e t t e propagation. S a Majestéme l ' a d i t ; mais l a lo i , mais l e s préjugés

qui l ' o n t dictée s ' y opposent. S i j ' é t a i s chefde l ' i n s t r u c t i o npublique quelque part e t s ij ' a v a i s l e préjugé des explications , j e poursuivrais , j e- persécuterais , j e tourmenteraisl e s maîtres ignorans , j e l e s forcerais àsubir des examens, sachant bien q u ' i l s en

sont incapables; j ' a g i r a i s enfin au nom del a lo i e t j e l a f e r a i s exécuter jusqu'à ceq u ' e l l e s o i t rapportée.

Telle a é t é , t e l l e devait ê t r e l a conduitedes autorités dans l e Royaume des Pays-Bas. Je combats leurs préjugés , mais j e nedésapprouve pas leur 'conduite que j ' a i dûf a i r e connaître au Roi qui m'interrogeait.

Pour dégagèr ces fonctionnaires de leursdevoirs , dont l'accomplissement nuisait nécessairement à l a propagation désirée , i l eutdonc f a l l u , avant tout , changer l e s l o ix .

D'un autre côté , où trouverez-vous , surtoute l a t e r r e , un Prince assez impruden t pourf a i r e un e l o i de l ' é g a l i t é des intelligences ?Quels clameurs l e s entendez-vous ? Cela e s timpossible e t pourtant cela e s t nécessaire.Jugez s i j ' a v a i sraison de dire : l'établissement

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 143/276

(133)

de l'enseignement universel e s t impossibleavecl e s l o i x e x i s t a n t e s .Donc impossible dansl'ordre s o c i a lqui n e peut point changer cesl o i x . On ne peut que rendre l e s établissemensexistans mille f o i s plus u t i l e s q u ' i l s n e s o n t ,comme j e l a id i t dans mon premier volume.

Croyez-moidonc; l a i s s e zl e s chimèrese t f a i t e sdu bien aux individus.

Dès que votre élève saura Télémaque , parexemple; q u ' i l vous montre( en parlant ) Fa r tde Fénélondans l a compositionde cet ouvrage.

Qu'il y rapporte ( en parlant ) l e s autresproductionsde l ' a r t en l i t t é r a t u r e, par exemplel e s tragédies , e t c . Que l ' é l è v e f a s s e voir ( enparlant ) s i l ' a r t i s t e n ' e s t pas toujours dirigépar l e même e s p r i t, quels que soient sonb ut e t s e s moyens , quels que soient l e s f a i t se t l e s circonstances où i l s e trouve.

L'élève , ayant un e légère idée des l i v r e sdel i t t é r a t u r e, étudiera un l i v r e de sciences ; i lvous montrera que ces l i v r e s , comme l e sautres , sont des ouvrages d ' a r t ; i l fera v o i r ,en parlant e t en écrivant, comment, dansces l i v r e s , i l s ' a g i t toujours ou de raconter

exactement des f a i t s , ou de l e s rapporter l e suns aux autres , ce qu'on appelle expliquer ;l ' é l è v e montrera que c ' e s t l e même a r t quecelui de Fénélon.

Votre élève étudiera donc l e s l i v r e s de s c iences , comme toute autre production de l ' a r t

humain. Vérifiez, direz-vous , s i l e s f a i t s sont

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 144/276

(134)

exactementd é c r i t sdans l a langue de convent i o n du savant. Vérifiez l ' e x p l i c a t i o n; carl ' e x p l i c a t i o ne s t l'ouvrage d'un homme; l e s f a i t sviennent d'une autre main.

S i l e publie n ' e s t pas capable de f a i r e ceque j e d i s ; toutes l e s préfaces de tous l e s

l i v r e s , où l ' o n se soumet modestementaujugement du public, sont des monumens def o l i e ou de bassesse ou d'imposture.

Tel e s t l e b ut de l ' e x e r c i c e t o u tes t dans t ou t .

Les savans disent q u ' i l y a un e grammairegénérale ; toutes l e s langues ont donc despoints de comparaison.

J ' a i été, dans ma jeunesse, nommé professeur de l a méthodedes s c i e n c e s .Le l é g i s l a t e u rcroyait donc, ce jour-là , que toutes l e ssciences se ressemblent; or , l e s l i v r e s desciences sont des produits de l ' i n d u s t r i ehumaine; en un mot : étudiez l'ambitieux oul e menuisier, ou l e pianiste , ou l e géomètre,vous ne verrez qu'un seul e t même a r t dansdes circonstancesd i f f é r e n t e s .Tout es t dans t o u t ,rien n ' e s t dans r i e n .

Quand nousdisions qu'on

peutapprendreà écrire en français aussi bien que l e s meilleurs

écrivains ; avez-vous entendu l e s r a i l l e r i e s?Quand j a i annoncéqu'on peut apprendre

toutes l e s langues, même l e s savantes ( commeon d i t ) sans explication ; avez-vous entendu

l e s i n j u r e s?

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 145/276

(135)Quand j a id i t q u ' i l en é t a i t de même pour

l e dessin, l a musique,l e s mathématiques,e t c .avez-vous entendu l e s rugissemens?

Maintenantque tout cela e s t f a i t ; comprenez-vousce morne silence, ce silence farouche,depuis quelque tems ?

S i j ' a j o u t a i squ'an peut tout par l a volonté,que Démosthèneayant voulu n e pas bégayera cessé d'être bègue; entendez-vousl e s é c l a t sde r i r e ?

Je n e f e r a i s pourtant que copier Haller;mais qui e s t - c equi s a i t l i r e ?

Tout cela s e peut, animasimgerio, d i t Haller;mais i l n ' e s t pas permis de l e répéter.

Entendez-vousl e s clameurs?Je n'oserai donc plus rien dire Logiciens logiciens anglais logiciens fran

çais, e t autres à vous l a parole. Voilà un ebelle thèse pour tous l e s logiciens du Globe j e vous l a recommande ; conducteurs desi n t e l l i g e n c e s ayez en s o i n . Vous en avessoutenu, de tems en tems , d ' a u s s iabsurdes ;e t puisque l e s peuples sont nés pour l a longe,que vous tenez ; p u i s q u ' i l sveulent des e x p l ications que vous donnez; expliquez-leur , j evous en prie , comment i l pourrait s e f a i r e ;dans quel sens, e t jusqu'à quel point, i l s e r a i tpeut-être vrai que c haqueêtre individuel,qu'on appelle homme , n'eut pas b esoin d'unautre homme pour ê t r e homme , c ' e s t - à - d i r e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 146/276

(136)pour penser. Développezce paradoxe, pré»s e n t e z - l esous toutes l e s formes voulues parl e s réglemens d ' A r i s t o t e . Vous devez êtrel a s de r é c i t e rtoujours l e s mêmes v é r i t é squevous savez par cœur à force de répétition.1 1n'y a pas de mérite à vous à soutenir l ' é v idente i n é g a l i t édes i n t e l l i g e n c e s .Un peu desophisme, pour changer; cela réveillera vosendormis; cela dégourdira, cela fera s a u t i l l e rvos entravés. Dites aux peuples que vous avezdécouvert un e v é r i t é nouvelle ; n e parlez pasde moi, ou bien mettez quelques r e s t r i c t i o n sraisonnables à ce que j e d i s . Tempérezme*

exagérationspar quelques uns de ces distinguoque vous savez trouver s i à propos; perfectionnez mon hypothèse; ajoutez un tourbillonde plus, j e m'en rapporte à vous.

La masse a toujours cru tout ce que vousavez expliqué. N'ayez pas peur; s i vous voul ez l u i expliquer q u ' e l l en'a pas besoin de vose x p l i c a t i o n s ,e l l e vous croira tout de même.Cependantceci mérite r é f l e x i o n, vous aurezdoté l e XIXe s i è c l e, d'une théorie philosophique qui l u i fera un nom e t à vous a u s s i .

Je s a i s que votre compagnied'assurancesidéales n e peut contracter d'engagementquepour un terme plus ou moins long suivantl ' e s p è c e de l'opinion assurée , laquelle f i n i tpar f a i r e naufrage malgré l'assurance, e t s edépose, t ô t ou t a r d , avec l e s a u t r e s ,dans l afange de l'océan s c i e n t i f i q u e .Je s a i s que s i

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 147/276

( 1 3 7 )vos successeurs en logique veulent expliquerl e contraire, i l ne tiendra qu'à eux. Maiscela ne portera nulle a t t e i n t eà votre g l o i r e .La masse vous aura cru ; l a masse croiravos successeurs e t dira : ce n ' e s t pas l afaute de l a logique , c ' e s t probablement l avérité qui a changé d 'av i s . ' Assurez-moidonc, contre l e genre humain,genre savantj e vous en conjure.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 148/276

(138)

A TOUTES LES NATIONS.

S a Majesté l e Roi des Pays-Bas, d é s i r a i tf a i r e jouir l e s Belges du bienfait de l 'éman

cipation i n t e l l e c t u e l l e, d'après l e rapportde M . Kînker, c h o i s ipar l e Roi lui-même,pour en examiner l e s r é s u l t a t s .

S on Altesse Royale l e Prince Frédéric desPays-Bas secondait de tous s e s e f f o r t s l e sintentions bienfesantes du Roi.

Je savais , moi, que l ' e s sa i ne réussiraitpoint dans l'ordre s o c i a l; mais j ' a v a i s tantd'obligations au Roi , que j e n'aurais pas pu ,sans ingratitude , me refuser au service quim'était demandé.

J ' a i donc s a i s i l e sceptre des maîtres e x -

plicateurs e t j a i essayé de l e briser pourl 'honneur de l ' i n t e l l i g e n c ehumainea v i l i e .

Cependantun nouveau colosse explicateurs ' é l è v e à Bréda sur l e s ruines de l ' e n s e i gnementuniversel.

Belges j e vous prends à témoin d i t e s

aux autres nations s i j e n ' a i pas tout f a i tpour l'émancipation i n t e l l e c t u e l l e .

Je n e devais pas réussir ; mais j e n ' a irien à me reprocher , ma dette e s t payée.

Pères de f a m i l l ede tous l e s pays j e vousindique un s e n t i e rque vous ne connaissiez

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 149/276

(139)p o i n t . Conduisezvous-mêmes vos enfans autravers de c e t t e f o r ê t de barrières s c i e n t if i q u e s q u ' i l faut payer à chaque pas. Apprenez que l'enseignement universel a supprimé cet impôt en faveur des pauvres ;l e s Belges vous diront s i l e s t bien vraiq u ' i l n e t i e n t qu'à vous de profiter de cebienfait de l 'émancipation i n t e l l e c t u e l l e, i l svous raconteront comment l ' é c o l e normaleà é t é un s u j e t de scandale pour l e s savans,un s u j e t d ' e f f r o i pour l e s explicateurs. Uneécole où l e s maîtres ne disen t rien Peuplesétrangers j e vous l e prédis , vous n'y comprendrez rien ; on vous dira que l e f a i t e s tvrai e t vous croirez q u ' i l e s t faux par l araison, sans réplique, que vos savans l'auraientdeviné : notre nation saurait cela , or notrenation n e l e s a i t pas , donc , s i on pouvaitapprendre sans maîtres explicateurs , s i onpouvait enseigner ce qu'on ignore mieux quel e s maîtres explicateurs , i l y a long-temsque,dans notre capitale , nos savans , nos professeurs nous auraient révélé ce s e c r e t .

Vous aurez beau débiter ces savantes réf l e x i o n s; vous répéterez encore long-temscesraisonnemens académiques, l a peste ou l ebienfait s'étendra peu à peu dans l e s f a m i l l e s;l e s Belges diront à leurs voisins ; l e f a i t e s tl à . La contagion gagnede proche en prochedans notre Royaume ; C ' e s tl ' é c o l enormalequi

nous a p e r v e r t i s .Tous ceux qui ont é t é envoyés

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 150/276

(140)à ce foyer de corruption ont é t é séduits , l e suns après l e s autres, comme par enchantement,e t s i l'enseignement universel e s t un e erreur,c e t t e erreur e s t un e s o r c e l l e r i e; quiconques e trouve sous l e charmee s t bientôt transformé. Si ces d i s c i p l e s - l àdisent vrai , i l s

opèrent ce que nous avons appelé des miracles, ce que nous avons déclaré impossible,ce que l e consentementunanime nomme absurde ; en un mot c e t t e transformation detous e s t un f a i t inexplicable s i vous l e voulez ,mais c ' e s t un fa i t . De plus f a i t e s attention àmon dilemne, Peuples s i lvous p l a î t : cettetransformation donc prouve de deux chosesl'une : ou bien l'abrutissement de tous l e sd i s c i p l e sà qui j a i eu l e t a l e n t de fascinerl e s yeux , ou bien l'abrutissement du genrehumain qui s e l a i s s eenfariner par l e s expli-

cateurs dont i l n e se passera jamais. Prenez l eparti que vous voudrez, cela m'est é g a l ;pourvuqu'une famille de chez vous p r o f i t e du f a i tde l ' é c o l e normaleBelge , i l ne m'en faut pasdavantage.

Philosophes philanthropes de toutes l e s

nations vous t o u s ,amis des hommes, qui nespéculez point surl 'ignorance que ceux d'entrevous qui ne connaissentpas l e s f a i t s , s ' e n informent, s i l sne veulent point encourir unjour l e reproched'avoir soutenu,par leur s i l e n c e ,l e s prétentions de l ' a r i s t o c r a t i ei n t e l l e c t u e l l e ;

l e s autres n e méritent point l e nom q u ' i l »usurpent d'amisde l a propagationdes lumières.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 151/276

(141)Maisj a ibien peur qu'on ne p r o f i t ejamais

du b i e n f a i tde l'enseignement universel. Monf i l sainé e s t venu de France, dans l ' i n t e nt i o nde former , dans l a Belgique, un é t a b l i ssement d'enseignementuniversel ; l e préjugédes maîtres explicateurs s ' y oppose; l e préjugéde l a nécessité de l a science du maître ; cepré jugé qui a dicté , dès l e principe, l e s a r t i c l e sdu journal de Paris , de l a quotidienne e tde l a gazette , ce préjugé règne encore dansl a Belgique, malgré toutes l e s expériencesmille f o i s répétées , mille f o i s v é r i f i é e s; l e s

écoles explicatrices de l a Belgique s e peuplentd'élèves auxquels on n'a rien expliqué ; l eKoi , dont toute l'Europe admire l a persévérance , quand i l s ' a g i t de f a i r e l e bien, l eRoi fonde un e école normale où l e s m i l i t a i r e ssont i n s t r u i t ssans explications ; ce grand ex

emple n e convertit personne e t l e s vieuxprincipes de l a gazette de France sont l e srégulateurs de l a Belgique. Les libéraux eux-mêmes sont esclaves de l a gazette en ce cas ;quel perfectionnement l e s hommes de toutecouleur politique , comme de toute couleur

de peau, sont d'accord avec l a gazette ; l e sblancs , l e s noirs , l e s Parisiens , l e s Lon-driens , diront que l e s f a i t s que nous citonsne font pas des fa i t s .

Les Osages même , quand i l s sont venus àLouvain, s e sont prononcés, à l'unanimité,

18

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 152/276

(142)

en faveur des maîtres explicateurs e t contrel ' é g a l i t édes i n t e l l i g e n c e s .Tel f u t l ' a v i s de l acommissionaméricaine ; l a belle Minhangasurtout regarda l e s autres commissaires enriant e t déclara, dans son mauvais langage,qu'en Osagie, comme en Europe, tout l e monde

a plus d ' e s p r i tl ' u n que l ' a u t r e .C ' e s t l e sens commun qui parle par l a

bouche de l a belle Minhanga .Que j ' a i l l e enFrance , l e sens commun me répondra quel ' é c o l e normale m i l i t a i r e Belge n'a jamaise x i s t é . S i j e vais à Londres, l e sens communne daignera pas même me répondre; l e senscommun parle , parle , parle d'un côté , i l set a i t dans un autre pays, mais c ' e s t toujours l emême sens commun qui nous condamneégalement. Cet arrêt e s t sans appel : l e s f a i t sdont l e s Belges déposent ne sont pas des fa i t s .

Quel malheur pour l e s Belges quel coup defoudre pour l e s f a i t s

I r a i - j e en I t a l i e , en Espagne?Ferai-je l etour du monde? Même accueil.de l a part desexaminateursbrevetés pour empêcherun ignorant de s e f a u f i l e rdans l e s rangs des maîtresexplicateurs ; partout on me refusera un numérodans c e t t e hiérarchie ; on ne me permettrapas même de m'asseoir sur l e dernier échelon,pas plus en Afrique, qu'en Asie ; à moinsquej e ne tombeen route , chez quelque peuplebarbare , n on encore perfectionné par ce que

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 153/276

(143)

nous appelons gravement l'organisation del ' i n s t r u c t i o n; i l sn e savent pas , ces i n c i v i l i s é s,que c e t a r t e s t l e premier detous , à ce que d i tl a revue , qui d i t aussi que ce bel a r t e s t encoredans l'enfance à Paris au XIX* s i è c l e .Ces i d i o t s( j e veux dire l e s barbares ) n e connaissentpoint Paris , e t j e ne leur en parlerai pas ;autrement j e s u i s sûr q u ' i l s voteraient aussit ô t un budjet pour un e université e x p l i c a t r i c e .J'aurais beau leur dire que l e s Grecs e t l e sRomains n'avaient point de G ran d- maî tree tque , sans université organisée, cela n ' a l l a i t

pas mal. Les barbares me répliqueraientqu'Anytus e t Mélitus ont signalé dès-lors l anécessité d'une organisation qui règle , l . Q

q u ' i l faut expliquer , 2.° ce qu'on expliquera ,3.° comment on l ' e x p l i q u e r a .Sans ces précautions, ajouteraient mes sauvages, vous voyei

bien 1 . ° quenos cordonnierspourraient mettre,enseignementuniversel , autour de l a botte deleurs enseignes comme cela s e f e s a i t à Romee t à Athènes faute d'une organisation prévoyante , 2.° que l e t a i l l e u r voudra expliquerl e s surfaces développables, sans examenpréa

lable , comme on l ' a vu à Rome , 3.° e n f i n ,que l e s v i e i l l e sexplications s e transmettront ,d'âge en âge, augranddétrimentdes explicationsperfectionnées, comme à Athènes.

Je me garderais bien de dire à ces gens-l à : ingrats j a ientrepris l e tour du monde

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 154/276

(144)

pour votre bien. — ou que tu e s , s o t , imposteur est-ce que l e sens commun ne d i tpas , à tous l e s peuples , que l a terre n'apas de tour ? Va-t-en feseur de tours va-t-en explicateur qui n'explique rien retourneà Paris , tu leur diras que nous nedonnons

pas plus dans t a méthode, dans t a route dessciences , que dans ton tour du monde.— aisMM. l e s barbares l e s Parisiens vous valentbien e t i l s croient déjà au tour du monde ;vous f i n i r e z comme eux par y c r o i r e . —Jamais Les Parisiens n'ont pas l e sens commun. — I n ' e s t donc pas commun , ce senscommun MM. l e s barbares écoutez-moiô respectables barbares j e n ' a i pas l e proj e t de vous i n s u l t e r; vous croyez que vousavez plus de sens commun que l e s Parisiens ;cette opinion n'a rien de répréhensible; c ' e s tvotre idée ; j e viens seulement, en fesant coque j ' a p p e l l e l e tour du monde ( excusezc e t t e façon de parler de nous autres ) , j eviens vous donner des nouvelles do monpays. Les hommes n'y sont peut-être pass i bêtes que vous pensez; j ' e n a i c o n n uqui parlent presqu'aussi bien que ce monsieur que j e vois là-bas e t qui me montresa massue d'un a i r qui m ' e f f r a i e r a i ts i l echef n ' é t a i t pas l à pour me protéger. Ouibarbares tous l e s peuples ont l a même i nt e l l i g e n c e .Ce présent que Dieu leur a fa i tne d o i t pas leur donner des sentimens d ' o r

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 155/276

(145)

g u e i l .Un b i e n f a i tne doit nous inspirer qu'unerespectueuse reconnaissance. Pourquoi nousvanter de ce qui nousa é t édonné?Quelméritey a - t - i l à recevoir ? Quand même vous auriezplus reçu que mes compatriotes ( j e voussupplie de me permettre de n e pas l e croire )

i l n'y aurait pas de quoi vous en vanter.S i mes compatriotes étaient l à , i l s vous d iraient q u ' i l scroient , comme moi, que l a vanitée s t f i l le de l ' e r r e u r, que celui qui s'admire ,même tout bas , en s e comparantà son semblable , f a i t un e s o t t i s e, qui déposerait contre

sa raison e t qui r é t a b l i r a i tl ' é q u i l i b r ei n t e ll e c t u e l à l ' i n s t a n t même , s i l pouvait êtrerompu par nos s o t t i s e s .Nous croyons quel e s discours e t l e s actions des hommes neprouvent rien contre leur i n t e l l i g e n c e .Laraison d i t à tous ce q u ' i l faut f a i r e, voilà

l ' é g a l i t é i n t e l l e c t u e l l e .Quelquefois nous écoutons l a raison ; l e plus souvent nous n'entenons compte; mais e l l e ne change pas pourc e l a . Par exemple, ce grand Mr. barbareque j e vous a i montrétout à l'heure , brandissant sa massue, n e prouvera jamais rien

à coup de massue. Voilà ce qu'on c r o i t partoute l a terre ; voilà l e sens commun. Celane changera point l a mode des massues;mais l a raison dira toujours : un e massuene peut pas tuer un fa i t .

Je vous remercie, peuple barbare, d'avoir

eu l a bonté de m'écouter s i long-tems. Vous

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 156/276

(146)

n'avez pas plus d ' i n t e l l i g e n c equ'un autrepeuple ; mais aucun peuple n'en a plus quevous , puisque vous ne croyez pas aux décisions sans réplique de l a massue. Je pars.

Me voilà p a r t i . Arrivé en Chine, l e sMandar insme rient au nez ; j e pars encoree t j e me d i s en route. Peines perdues sophismesi n u t i l e s tu e s venu trop tard , monami , l e genre humain e s t trop malin de nosjours pour donner dans ces f a i t s - l à . I l f a l l a i tvenir quand i l croyait sur parole. I l e s t tropt a r d . Reste en place e t t a i s - t o i .

Voilà ce qui arriverait s i j e voulais mef a i r e maître d'enseignementuniversel sur l eglobe t e r r e s t r e .— i r commissaire j e voudraisenseigner l e s mathématiques.— avoir-vous l eAnglais? — Non , Monsieurl e commissaire.—C ' e s t égal moi parler français ; savoir-vousmathématiques.— Non, s i r commissaire.—Comment vous pas savoir mathématiquese tvous vouloir enseignermathématiques?— vecvotre permission , s i r commissaire.— e peuxpas permettre , s i vous savoir pas ; j e doisexaminer s i vous maître capable. — ir commissaire j e s u i s capable de f a i r e ce que j a ifa i t . — ous , fou ; pauvre diable mon ami,voilà un guinéepour a l l e r. — ais s i r commiss a i r e ,c ' e s t l'enseignementuniversel. — niverselenseignement — es s i r — Ah Ah Allez A l l e z — f y ou plcase , s i r . . — ohn Que i l

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 157/276

(147)a i l l e toute s u i t e, toute s u i t e .— Out , Out. —Je m'en v a i s Jean , mon ami. — Out , Out. —Je ne peux pas descendre plus v i t e , mon bonami. — ut , Out. — e voilà enfin dans l a rue.J'aime pourtant mieuxout, out, que l a massuedu barbare; mais c ' e s t l e même raisonnement;tous l e s hommes ont un e i n t e l l i g e n c eé g a l e .J ' a i vu partout l e s mêmes prétentions à l asupériorité i n t e l l e c t u e l l e, de peuple à peuple ,de province à province, de v i l l e à v i l l e, decoterie à coterie, d'homme à homme, departie du monde à partie du monde ; l e sfourmillières d ' ê t r e s i n t e l l i g e n ss e disputeraientl a palme du génie, de planète à planète ;ceuxde l a terre s e moqueraientde ceux de l alune s i l spouvaienten ê t r e entendus. Etabliss e z des communicat ionsentre l e s mondesentre l e s systêmesde mondes e t voilà l a guerreallumée par l e mépris réciproque des i n t e lligences.

Chaque globe , cependant, privé de cesoccasions de dispute , roule isolément dansl'espace e t l e s habitans n e peuvent malheureusement b r i l l e r que sur de p e t i t s morceauxde boue que Dieu a j e t é s, par-ci par-là , autour de quelques s o l e i l s qui éclairent l ap e t i t e comédie de ces p e t i t s acteurs qui s emoquent l « s uns des autres. S' i l y a deshommes dans l a lune, j e parie q u ' i l s diraientdes hommes de l a terre : l e s Allemandssontlourds , l e s Français légers , e t c . e t c . , l e s

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 158/276

(148)lunatiques ont plus d'intelligence que l e st e r r e s t r e s .

RAPPORT FAIT, DANS LA LUNE, SURL'INSTRUCTION DE LA TERRE.

Les t e r r e s t r e sn'entendent rien à l ' i n s t r u ction ; i l s sont f o r t s pour l e s organisationsq u ' i l s perfectionnent sans cesse e t q u ' i l fauttoujours perfectionner. Tout l e monde connaît l a meilleure méthode pour i n s t r u i r e e tl a meilleure manière d'organiser l ' i n s t r u c t i o n -

Toutes l e s méthodes terrestres, ajoute l elunatique, se ressemblent; l e s plus jeunes,comme l e s plus surannées, ont égalementpour principe que l 'homme ne peut comprendre que l e s l i v r e s qu'on l u i explique.'Parlant, de l à , l e s explicateurs ont perfectionné l e s explications q u ' i l faudra toujoursperfectionner , car c e t explicateur , étant unterrestre, ne trouvera jamais l a perfectionde l a perfection ; ajoutez à cela q u ' i l y a ,sur l a terre , un e foule de gens qui ne veulent pas du plus p e t i t perfectionnement.Ainsi l e s perfectionneurs s e disputent entr'euxe t l e s autres l e s regardent tous comme desbrouillons. J'en a i entendu parler un quel e s lumineux appellent obscurant. Or donc,l 'obscurant d i s a i tau lumineux, en s'appuyantsur sa canne, ou en tournant sa tabatière ,mais toujours en fermant l e s yeux, commei l convient à un obscurant : MM. l e s lumi-

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 159/276

(149)neux , vous avez tort; car i l faut s e d é f i e rde l ' e s p r i t de systême, cela e s t admis. Ortous f a i t e s des systêmes, donc i l faut s ed é f i e r de vous. I l y a t r o i s systêmes, l epremier de Lancastre, l e second de Pesta-l o z z i, enfin i l y a l e troisième systême. I lfaut s e défier de tous l e s systêmes, voilàmon systême. Newton a f a i t un systême dumonde , Descartes en avait f a i t un ; d é f i e z -vous de tous ces systêmes. Aristote , Platon,Loke, Kant, e t c . j e ne l i s point ces g e n s - l à ;i l s sont tous systématiques; or i l faut se

défier de l ' e s p r i tde systême, cela e s t admis.Pendan t que l 'obscurant p a r l a i t, j e l e regardais , moi lunatique , e t j e me d i s a i s: pourquoi cet homme fa i t - i l tourner sa tabatière?Pourquoi b a i s s e - t - i ll e s paupières ? Pourquoine montre-t-il jamais sa prunelle? Est-ce que

la lumière l e fatigue ? Est-ce que c ' e s t l erôle des obscurans dans l a pièce qu'on jouesur l a terre ? I l joue t r è s bien cet acteur ;j e b a t t i s des mains, i l s e rengorgea, maismodestemente t toujours l e s yeux b a i s s é s .Voilà, d i s a i s - j c ,un homme qui a presqu'autant

d'esprit qu'un lunatique ; cependant l e s lumineux l e t r a i t a i e n tde bête, de s o t e t d ' i d i o t ;l 'obscurant f i t un e faute contre l a grammairelumineuse; ( i l paraît que l e s obscurans n esont pas f o r t s sur l a grammaire) à l ' i n s t a n tdes huées partirent de toutes parts e t l e s

lumineux de s ' é c r i e r: ô l e stupide e t tous19

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 160/276

(150)

l e s journaux lumineux répétèrent : 6 l e stu-pide e t l e s abonnés ( comme qui diraientl e s échos des lumineux) répétèrent de v i l l een \ i l l e : stupide stupide moi lunatique ,toujours dans mon coin , j ' a t t e n d a i sl a f i nde l a pièce. Or i l arriva que l 'obscurant

t r iompha e t qu'on f i t précisément ce q u ' i lavait d i t ; d'où j e conclus que , puisque l e slumineux étaient vaincus par l e s obscurans,ceux-ci n'étaient pas s i bêtes e t ceux-là pas s is p i r i t u e l squ'on l e d i s a i t; e t j'admirai l 'e ffe tprodigieux de ce peu de mots : i l faut se

défier de l ' e s p r i t de systême.Pourtant un lumineuxs e leva et d i t : noussommes tous d'accord q u ' i l faut des explicat i o n s . Voilà l e principe ; l e s bureaux, l erapporteur , l'assemblée, tout l e monde enconvient. C ' e s t donc l a raison humaine qui

a parlé , puisque l e s bureaux, l e rapporteuret l'assemblée l e pensent a i n s i ' ; Mais quellesexplications f a u t - i l? — A l ' o r d r e rentrez dansl a question. — uisqu'il faut des explications,i l ne reste plus qu'à savoir quelles explicationson don nera aupeuple pour l e perfectionner;

on l ' a gâté jusqu'à ce jour par des explicationsimparfaites. I l faut un e organisation. — Al ' o r d r e — ' e s t l ' o r d r eque j e demande, c ' e s tun ordre , c ' e s t - à - d i r eun e organisation quej e vais proposer. — A l ' o r d r e défiez-vousde l ' e s p r i t de systême. — Mais MM. l'ordrequi e x i s t ee s t un systêmea u s s i .— A l ' o r d r e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 161/276

(151)à l ' o r d r e aux voix fermez l à discussion point de systéme

L'assemblée décida q u ' i l n'y aurait pointde systême, e t cela f i t triompher l e systêmeque l e lumineux attaquait, e t l e s journauxchantèrent e t l e s journaux pleurèrent e t l e s

abonnéss e réjouirent e t l e s abonnéss e lamentèrent : à b as l e s 'Systêmes hélas on n eveutpas de notre systême j e n'entendis, pendantune heure, à t r o i s pas à l a ronde, que l e shurlemens de j o i e , que l e s c r i s de douleur.

Moi qui s u i sb on, enma qualité de lunatique ,moi qui m'intéresse aux vaincus , j e m'approchai d'un lumineux ; j e l e t i r a i à l ' é c a r t,loin de ce brouhaha e t j e l u i d i s : i l nieparaît que l e s obscurans ont montré plusd ' e s p r i tque l e s lumineux dans l a discussionsur l ' o r g a n i s a t i o nde l ' i n s t r u c t i o nde l a t e r r e .

Nous n e croyons pas , dans l a lune , un seulmot de ce que vous avez d i t . Vous ê t e s d ' a v i sq u ' i l faut que l 'hommeexplique à l 'hommelaparole de l 'homme; vous ê t e s d ' a v i s q u ' i lfaut s e d é f i e rde l ' e s p r i t systématique; i l n'enfaut pas davantage à votre ennemil'obscurant.I l vous t i e n t par-là ; tout en ferman tl e s yeux,i l y voit c l a i r, vous avez t o r t de l'appelerimbécile. I l faut des e x p l i c a t i o n s ,d i t - i l ; eh bien i l y en a depuis l e commencement dumonde.Des brouillons veulent changerl e s y st ême de c e s e x p l i c a t i o n se t i l s oublient q u ' i l

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 162/276

( 1 5 2 ) .faut s e d é f i e r de l ' e s p r i t de systême. Vous

n 'avez rien à répondre à cela , pauvres lumineux , vous ê t e s p r i s dans c e t t e trappe : desexplications d'un c ô t é,et,de Vautre, point desystèmes.Quand même on vous écouterait , detems en tems, proposer vos systêmes, vousn es e r i e z guères plus avan cés; vousn ' ê t e s pas

d'accord entre vous , ce n ' e s t pas un nouveausystême que vous proposez; chaque lumineuxa l e sien q u ' i l préfère à c e l u i du voisin, et ,quand même l e s obscurans vous l a i s s e r a i e n tf a i r e, vos sy stê mess ' e n t r e- détruiraient tousseuls ; l e s lumineux d'un pays disent d'une

façon , l e s lumineux d'un autre pays disentd'une autre façon. Voulez-vous que j e vousdise notre secret ( l e secret des lunatiques ) ?l e voici : nous n'admettons pas l e principedes e x p l i c a t i o n s .— Cela peut-être bon dansl a lune , mais sur l a terre tout l e monde y

c r o i t , lumineux e t a u t r e s .— aites semblantde n'y pas c r o i r e .— i donc est-ce qu'onf a i t semblantde n e pas croire dans l a lune?Est-ce que j e puis mentir à ma consciencequi me c r i e : â lumineux tu e s n é pourinstruire l e s obscurans; explique sans t e l a s s e r,

e t ces parias, en s e perfectionnant peu à peu,s'élèveront jusqu'à t o i , ou s i ln e leur e s t pasdonné d'atteindre à ce maximum, à ce poin tculminant, puisque l e s i n t e l l i g e n c e ssont inégales évidemment,du moins tu l e s t i r e r a s ,autant que l e permet leur stupidité naturelle,

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 163/276

(153)de l a bassesse ou tu v o i s des ê t r e s qui ontl ' a i r de t e ressembler. — Votre compassionpart dwnhon naturel ; mais, mon cher lumineux,s i c e s parias n'ont pas d ' e s p r i t, vous n e leuren don nerezpas ; e t s i l sen ont un peu vousn o pourrez en augmenterl a dose.— on , maisnous l a développerons.Les e s p r i t s sont comme des plantes , qui poussent dans l e jardinde l a société pour l e parer de leurs couleurs,pour l 'embaumerde leurs parfums; or j e vousprie de me dire s i vous avez , dans l a lune ,des plantes qui s e cultivent elles-mêmes?— Non , lumineux, mais nous n'avons pas dejardiniers pour l e s e s p r i t s, parceque l e s e s p r i t sde l a lune ne sont pas des renoncules; s i len e s tautrementsur l a t e r r e ,vous avez raison d'arroservos parias d'explications abondantes,pourvuquec e t t e rosée i n t e l l e c t u e l l e ,pourvû que c e t t eeauv i v i f i a n t ea i t é t é f i l t r é e au f i l t r e perfectionné;

or ce f i l t r e par excellence , où e s t - i l? tout l emonde en parle , chacun c r o i t posséder l evéritable e t personne n ' e s t d'accord sur cepoint. A moi l a longe d i t l a v i e i l l e méthode,à nous l a longe crient, de toutes p a r t s , l e slumineux; j e croyais d'abord que vous vous

disputiez à qui dresserait un cheval ; j a if i n ipar comprendreque vous p a r l i e zdes hommesde votre t e r r e . Nous avonsun e plus haute idéedes e s p r i t s, dans notre lune; l à i l ss ' i n s t r u i s e n t ,i l s s e perfectionnenttous s e u l s ,en supposan t,pour vous f a i r e p l a i s i r, qu'un e s p r i t puisse

perfectionner l a nature que Dieu l u i a donnée.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 164/276

(154)Au surplus , lumineux, prenez que j e n ' a i e

r i e n di t . Continuez à poser en principe quel e s hommes ont b esoin de vos explicationse t vous verrez où cela vous mènera. Nousdirons , nous , à nos p e t i t s lunatiques : l e sobscurans e t l e s lumineux s e disputent surl a t e r r e *; quel maître explicateur pourraitexpliquer l a vraie manière de démêler toutcela ? e t , s i l ' e x p l i c a t e u rde ces explicateursse trompait par hazard, quelle ressourcet e r e s t e r a i t -i l pour t e déterminer entre tantd'explications perfectionnées? Qui jugera tantde grands hommes ? Toi , t o i s e u l .

FIN DU RAPPORTDU MJNAnaUE.

Laissonsl e s nations , l e s peuples , l e genrehumain en repos. Ces ê t r e s, de notre imagination , n'ont rien de r é e l ; ces p l u r a l i t é sne forment point un individu que l e s senspuissent sa i s i r. C ' e s t un e v i e i l l e habitude des'adresser à ces phantômes, pour étayer nosopinions d'un suffrage imaginaire, ou pourl e s combattre avec l e simulacre d 'une prétendue décision. Les philosophes, qui discutentavec une société , ressemblentaux enfans quijouent à madame ; i l s parlent tous s e u l s;forgent l e s questions, imaginentl e s réponses,inventent l e s répliques e t terminent l e s débatsquand i l convient à leur cause , pour prononcerl ' a r r ê t qui leur e s t toujours favorable.

La v é r i t é e s t qu'une s o c i é t éne peut juger

de r i e n . C ' e s tpar f i c t i o n, par supposition ,

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 165/276

(155)qu'on fa i t parler un peuple ou qu'on l u iadresse l a parole. I l n'y a rien de moraldans un assemblage, dans un nombre d ' i nd i v i d u s .Le mot genre humain n ' e s t l e signen i d'une chose, ni d'une personne, c ' e s t l esigne d'un f a i t que j e considère par l a pensée.Cependant, en prose comme en poésie ,chacun de nous s e complaît à converseravec ce genre humain;ce genrenous entend ,ce genre nous approuve; i l nous sembleque nous entendons s e s a r r ê t s dont l ' i n fa i ll i b l e équité nous dédommage de l a décisionde tout individu qui nous condamne.

Ainsi nous discutons avec l e f a i t que nouscontemplons, comme s i ce f a i t pouvait approuver ou désapprouver l a manière dontnous l e considérons; comme s i ce f a i t pouv a i t nous dire : i l y a réellement , entre l e sobjets que tu regardes , l a relation que tu

viens d'énoncer. L'homme n ' e s tpas un e plante;c ' e s t un être i n t e l l i g e n te t l i b r e ; mais l e s re^l a t i o n sque nous appercevons entre tous l e shommes, pas plus que l e s relations qu'on adécouvertes entre toutes l e s plantes , ne peuvent constituer un ê t r e ; e t lorsque nous con

sidérons ces objets ensemble, cet ensemblee s tpurement i d é a l .

Une fraction d'un ensemble n ' e s t autrechose qu'une collection moindreque l'ensemble ; e l l e en a donc l ' i d é a l i t é .C ' e s t encore unfa i t que l a philosophie peut étudier , en ob

servant l e s rapports qui e x i s t e n tentre quel

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 166/276

(156)

qucs individus considérés sous un certainpoint de vue. Or ce point de vue , c ' e s t mapensée. Ces relations , entre des individusdont j'examine l'arrangement, ne peuven tdonnerl ' e x i s t e n c eà rien de r é e l . Un chimistepeut montrer l e résultat d'une combinaison

q u ' i l a f a i t e ; ce résultat e x i s t e, c ' e s t un nouvel individu auquel l ' e x i s t e n c evient d ' ê t r edonnée. Mais l ' e s p è c edes s e l s , Fespèce desplantes , un e espèce d'hommes , un e réunioni n t e l l e c t u e l l ed ' ê t r e s qu'on appelle hommes,un e s o c i é t éd'hommes , tout cela n ' e x i s t equedans notre pensée.

Les s o c i é t é s , toutes l e s s o c i é t é s , aucunes o c i é t én ' e s t donc juge e t ne peut ê t r e juged'une opinion philosophique.

Au contraire chaquehomme peut l a j u g e r .L'opinion d'un homme, en pareil cas, ned o i tpas être mise , dans l a balance, avec l ' o p inion d'une s o c i é t é , puisque c e t t e s o c i é t énepeut avoir d'opinion.

Mais l e s individus manifestant quelquefoisdes opinions contraires , i l s ont imaginé desoutenir quelque chose avec r i e n . C ' e s tl ' o p inion de l a s o c i é t é ,dont nous sommes membres , que nous invoquons en pareil cas ;l'adversaire , de son côté , c i t e l e s opinionsdes s o c i é t é sauxquelles i l prête son a v i s,e t l e voilà qui c r i c v i c t o i r e l ' a u t r e, sanss'émouvoir , appelle au secours l e genre h umain; ce genre e s t mis en scène, on l e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 167/276

(157)

confronte avec l e s espèces ; on l u i d i c t e unarrêt souverain dont l ' a u t h e n t i c i t ée s t souten ue e t combattue avec un e égale fureur.Deux hommes , qui sont quelque chose e tqui pourraient examiner un e question , - setransforment en championsde quelques riens

pour l 'honneur desquels i l s combattent àoutrance. S 'anéantissant , s'humiliant eux-mêmes devant l e s espèces e t l e s genres quin e sont pas , se dévouant pour ces phan-tômes, i l s renoncent à leur propre raison eti l s appellent cela raisonner. Ce n ' e s t plus

un e discussion entre deux êtres i n t e l l i g e n squi écouten t, qui pèsent leurs paroles r e spectives ; ce sont deux échos qui répètentce q u ' i l s prétendent avoir été dit par quelqu'un qui n e peut pas parler.

Quelquefoisi l arrive , au contraire , que l ' o n

n e c i t e point l e genre humain ; on l ' i n s u l l e ;on récuse l ' a u t o r i t éde ce genre , on montreun profond mépris pour l e s fractions decet ensemble, pour l e s espèces , pour l e ss o c i é t é sgrandes ou p e t i t e s, c ' e s t - à - d i r epourl e s empires pour l e s Royaumes , comme

pour l e s corporations académiques; maisc ' e s t toujours l a même figure de rhétorique.I l n ' y a rien à louer , rien à blâmer, danstout c e l a . Ces ê t r e s prétendus n'existentpoint; i l s ne se réjouissent point de noséloges ; i l s s e soucient f o r t peu de l a peine

que nous prenons de l e s blâmer. 20

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 168/276

(t5S)

Quoiqu'il en s o i t , comme c ' e s tun e maladiede c i t e rau l i e u de raisonner ; i l e s t rare quec e l u i qui f a i t l a s o t t i s e de mépriser l e s soc i é t é s, ne s e hâte pas ( après deuxminutes dediscussion ) de c i t e r un grand homme. Orc e t t e c i t a t i o nn ' e s t pas un e r a i s o n .Ce que l e

grandhomme a d i t e s t peut-être raisonnable,mais son nom ne f a i t rien à l ' a ffa i re e tremarquezbien que c ' e s t l e nom qu'on c i t e ,e t ce nom qu'on f a i t résonner passe pourun raisonnement. Cependantl'antagoniste n ' e s tpas dupe de ce bruit ; i l v o i t clairement l e

défaut du syllogisme qu'on l u i oppose,mais i l en e s t l a dupe quand i l c r o i ten avoirbesoin et q u ' i l l'emploie lui-même.

On a toujours t o r t de c i t e r l ' a v i s d'un autrehomme , pour prouver l ' a v i squ'on a . Le c i t a n ta - t - i l besoin d'un appui? q u ' i l l a i s s e parlerl e c i t é e t q u ' i ls e t a i s e . Deux raisons v a l e n t -e l l e s mieux qu'une ? d i t e s - l e stoutes l e s deux;mais deux noms ne valent pas mieux qu'un.Laissez donc l e s noms.S ' a g i t - i ld'un a v i s s u j e tà controverse? e s t - c e un e probabilité quevous voulez é t a b l i r? i l n'y paraît pas à votreaccent ; vous parlez comme un homme quis e r a i t sûr de son fa i t . De plus, qui jugeradu dégré de probabilité ? e s t - c e l e c i t é oul e c i t a n t? j e ne vois dans tout cela qu'unmélangeabsurded'orgueil e t d'avilissement toutà l a fo i s . I l y a de l ' o r g u e i l; vous voulez triompher, à quelque prix que ce s o i t , en me fesant

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 169/276

(159)voir que votre a v i s e s t celui des plus grands

hommes. I l y a de l ' a v i l i s s e m e n t; vous renoncez à votre raison , vous vous prévalezd'une sentence dont vous n e pouvezpas jugerl e mérite n i moi non p l u s . C ' e s t l e nom dusententieux qui fa i t pencher l a b alance dansvos mains; vous n'osez pas même adopter

c e t t e sentence, n i l a prendre sous votreprotection , parcequ'alors v o u s ,s e r i e zdépouilléde votre seule ressource. Le nom un e f o i se f f a c é, vous r e s t e z nu , face à face , avecmoi; c ' e s t votre a v i s q u ' i l faut défendre.Vous ne pouvez plus disposer, pour combat

t r e , que de votre raison , e t vous y renoncez personneque vous , n e peut savoir s i vous jugezque ce grand homme a raison ou s i vouspensez q u ' i l a t o r t . Quand même vous voustromperiez, encore e s t - i l vrai que vous seulpouvez juger de votre erreur, s o i t que vous

l'apperceviez vous-même,s o i t que votre r a ison, éclairée par l a réflexion d'autrui , prononcesur l a j u s t e s s ede c e t t e r é f l e x i o n .

Que s i vous n'avez point c e t t e capacité dejuger qui , j e l e c r o i s , e s t l a même pour tousl e s hommes ; contentez-vous de raconter ce

que vous avez lu, ce que vous avez entendu;mais ne jugez pas, ne discutez pas, ne d i sputez pas. Et même» dans ce cas, i l e s t vrai dedire que c i t e r n ' e s t pas raisonner.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 170/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 171/276

(161)Mais j ' i ra i s d r o i t au f a i t e t j e v é r i f i e r a i ss i

l ' é l è v en e r e ç o i taucune e x p l i c a t i o n .On me d i t que , dans ce mode , c ' e s t l ' é l è v e

qui d o n n e l e s explications au maître quil ' é c o u t e . Je ne répondrais pas qu'un élèvene peut pas expliquer ce qu'on n e l u i a pasexpliqué , que de tout tems , e t c . e t c . , j e

retomberais dans ma bêtise de t o u t - à - l ' h e u r e ;j e tâcherais de me tenir ferme pour n e pass o r t i r du sens commun qui me d i t : t a i s - t o i,regarde , tu parleras après. Je me t a i r a i sdonc e t j ' é c o u t e r a i sl e s explications de l ' é l è v e .

On me d i t que , d'après ce mode , l ' é l è v e

apprend seul tout ce qu'on enseigne dansl e s écoles e x p l i c a t r i c e s .Je n e d i r a i s pointque ce résultat e s t peu de chose; que depuislong-tems l e s collèges e t l e s universités d 'Europe sont jugés ; que par conséquent s i l enouveausystême ne produit que de pareils

r é s u l t a t s, i l n ' e s t pas digne d ' a t t i r e r mona t t e n t i o n . S i j e parlais a i n s i, j e battrais l acampagne. Je d i r a i s : v é r i f i o n ss i l ' o n f a i tsans explications ce qu'on a f a i t jusqu'à cejour avec des e x p l i c a t i o n s .

On me d i t que l e nouveau mode e s t

beaucoup plus expéditif que l ' a n c i e n .Je n eme j e t e r a i point dans l a rhétorique; j e nef e r a i point de prosopopée, j e n'évoqueraipaj Cleinars , j e ne c r i e r a ipoint à l'escamot e u r; aux s e r r e s chaudes j e parlerais commeun p e t i t nigaud. Mais j e compterais sur mes

d o i g t s e t j e v é r i f i e r a i s s i l e f a i t e x i s t e .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 172/276

(162), On me d i t que l e s élèves ob tien nen t des

r é s u l t a t sinconnus sur l e s bancs des é c o l e se x p l i c a t r i c e s .Je n e d i r a i point que nos c o ll è g e s sont bons, que l e s c o l l è g e sde Parissont meilleurs , que ceux de Londres sontexcellons e t q u ' i l e s t impossible qu'on fassev i t e e t bien e t c . e t c . Je parlerais comme un

homme intéressé e t j e craindrais qu'on n eme répondit en riant : ah monsieur e s t ew-plicateur j e n e discuterais donc point l ap o s s i b i l i t é, mais j ' i r a i s v é r i f i er l ' e x i s t e n c edufa i t .

On me d i t que certains élèves font des

choses que j e s u i s incapable de f a i r e; que desenfans flamandsécrivent , par exemple, mieuxque moi en f r a n ç a i s . Je n e d i r a i point ,d'un ton modestementamer , que cela neprouve rien; j e mentirais âmes prétentions.Je n e d i r a i pas non plus q u ' i l faut ê t r e

Pascal ou Bossuet pour é c r i r e mieux quemoi, e t qu'un enfant ne peut pas écrirecomme Bossuet; j e parlerais comme un f e u i ll e t o n . Je n e me fâcherais pas du c a r t e l e tj e ne f e r a i s pas dire , dans l e s journaux ,qu'on me propose un combat que j e ne puis

accepter sans déroger à ma qualité de l i t t érateur distingué ; j e ne chercherais point àf a i r e croire que c ' e s t mon âge qu'on i n s u l t e ,car on peut être vieux sans savoir é c r i r een f r a n ç a i s .Et, pour apprendre l e françaisou l e violon , i l ne suff i t pas de prondre

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 173/276

( 163)

de l ' â g e; j e n e débiterais pas de p a r e i l l e ssornettes. Mais s i j e savais l e français,f u s s é - j e professeur, inspec teur, directeur,ministre, ou Grand-maître ,j ' i r a i s trouver l ebambin e t j e v é r i f i e r a i ss i l é c r i t mieux,aussi bien ou plus mal que moi ; e t j ' e n

aurais l e cœur net.On me d i t que ce mode e s t universel ,applicable à tous l e s a r t s , à t o i f t e s l e ss c i e n c e s .Je ne parlerai point de panacéeuniverselle , e t c . e t c . ; ce s e r a i t une platitudeen b o n n e logique, quoique l 'argument s o i t

recommandé par tous l e s rhéteurs qui connaissent l e f a i b l e de l 'homme. I l y a euun charlatan , deux charlatans , mille charl a t a n squi ont annoncédes remèdes universe l s . L'expérience a démenti leur prédictione t on a eu raison de dire : c e t t e panacée-

l à n ' e s tpas universelle. Je f e r a i s comme s u i t .Après avoir appliqué l'enseignementuniverselaux a r t s e t aux sciences qui ont é t é enseignés d'après ce mode ; j e l'appliqueraisà autre chose e t j e verrais l 'e ffe t de l apanacée. Mais j e n e d i r a i s pas : i l ne peut

point y avoir de remède universel pour l e smaladies du corps , donc point pour l a mal a d i ede l'ignorance. De même que l e s corps ,e t c ; de même l e s e s p r i t se t c . Je parlerais comme un savant qui c r o i t avoir tout vu. Jev é r i f i e r a i sl e f a i t e t j e d i r a i s au fondateur :

ne vous en déplaise , voilà un cas ou votre

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 174/276

(164)

baume ne guérit pas. Le fondateur s e t a ir a i t a l o r s , ou bien i l s e r a i t aussi bête ques e s antagonistes.

On me d i t que l 'hommeen question prétendq u ' i l c r o i t à l ' é g a l i t édes i n t e l l i g e n c e s; j e n erépondrai pas que s i l a t o r t sur ce point ,

c - e s tun e preuve que l e s élèves n'ont pas app r i s , sans explications , à écrire mieuxque moien français ; j e ne f e r a ipoint comme Diafoirusqui part d'une opinion pour arriver à un fa i t .S i l e s f a i t s sont l à , l'opinion de ce monsieurn'y peut r i e n . S il e s f a i t s n'existent pas , j e n e

s e r a i pas a s s e zbadaud pour apprendre l ' explication de r i e n .On me d i t que l e Philosophe insulte tout

l e monde , q u ' i l n e respecte point l e s autoritése t c . e t c . Je ne répondraipas que tout l e mondel ' i n s u l t e . Une s o t t i s e n e saurait en j u s t i f i e r

un e autre. Je d i r a iq u ' i l e s timpossibled ' i n s u lt e r tout l e monde, puisque tout l e monde e trien c ' e s t l a même chose. Quant aux autorités,c ' e s tun f a i t q u ' i l faut v é r i f i e r; j e n e parleraispoint en l ' a i r comme, quand on a l e projet dedéraisonner. Je demanderais l e nom de l aperson n e, q uiavait de l ' a u t o r i t ésur l'enseignement universel , e t donci l a méprisé l ' a u t o r i t é .Je chercherais à v é r i f i e r s i le s t vrai q u ' i l ses o i td évoué pourobéir au Roi , s i la remplison devoir dans l a circonstance dont on mep a r l e r a i t .Et encore s i lne s ' é t a i t pas conduit ,dans c e l t e circonstance, comme i l l ' e u t f a l l u

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 175/276

(165)pour f a i r e triompher l'enseignement universelde s e s ennemis, j e n'en concluerais rien contrece mode d'enseignement.Je d i r a i sl e fondateure s t fou , s i l n ' e s t pas pénétré de respect e tde reconnaissancepour un Roi que l'Europerévère ; mais cela n 'empêchepas que ce p e t i tf lamand é c r i t mieux que moi en f r a n ç a i s .Quand même i l aurait insulté ceus qui n el ' a v a i e n tpoint i n s u l t é; cela m'est é g a j . I l n'ya pas, sur toute l a terre , un seul père de f amille à qui tous ces hors-d'œuvre n e soientparfaitement i n d i f f é r e n s .Le fondateur e s t - i ldans une hiérarchie sous l e rapport de l ' e nseignementuniversel ? sur quel échelon ? e t c .e t c . Qu'est-ce que tout cela me f a i t à moiquis u i sBavarois,par exemple; j e veux savoir s i l ep e t i t é c r i t mieux que moi; l e reste ne meregarde pas. Ét j e l a i s s e r a i sl e s gobe-mouchesdéraisonner là-dessus à qui mieux mieux.

On me d i t qu'on n e peut pas é t a b l i r l ' e nseignementuniversel avec un individu de ceta c a b i t . Je ne répondrai point que cet acabitn ' e s t pas s i mauvaisque l e s prétendus i n s u l t é svoudraient l e f a i r e croire ; ce s e r a i t un e d i spute à ne plus f in i r. Je d i r a i tout bonnement :l a i s s e zl ' a c a b i tdans son coin ; i l d i t q u ' i l ne demande pas mieux; prenez- l e au mot pourvous venger. Mais l e p e t i té c r i t t o u j o u r smieuxquemoi; v o i l àce qui m'occupe.Les prétentions,l'ambition , l ' i r a s c i b i l i t é de l ' a c a b i t ne meparaissent avoir aucun rapport avec l e p e t i t .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 176/276

( iw )On me d i t que , dans aucun ordre s o c i a l ,

on n e pourra jamais é t a b l i r l'enseignementuniversel même sans l ' i n d i v i d u .Tout s e r a i ttroublé, renversé ,supprimé; l e s explicateurshonnis, l e s inspecteurs , e t c . e t c . Je ne répon drais pas que l'individu prétend que non ;j e verrais bien que c ' e s t une nouvelle manièrede changer l a question e t que l e p a r t i dudéraisonneur e s t p r i s . Je ne répondrais pasq u ' i l d i t précisément ce que l e fondateura annoncé d'avance: - o n ne peut pas é t a b l i rl'enseignementuniversel pur dans l ' o r d r es o c i a l,mais on peut rendre l es é c o l e squi e x i s t e n tmillef o i s plus u t i l e s . Je n'entamerais point c e t t enouvelle discussion c o l l a t é r a l e .Je d i r a i s, l a i ssons l ' a u t o r i t é décider ces questions. Moi j es u i s père de famille e t j e pense toujours aup e t i t qui é c r i t s i bien.

On me d i t que j e fa i s bien l e ' f i e r avecmes f a i t s e t avec mon p e t i tqui é c r i t s i bien ;q u ' i l y a beaucoup de p e t i t s qui écriventt r è s mal ; que c e t t e méthoden'apprend pasl e s principes ; que l e s bons r é s u l t a t ssontt r è s rares e t q u ' i l s l a i s s e n tbeaucoupà désirere t c . e t c . Je répondrais c e t t e f o i s : vous avezraison ; cela s ' a p p e l l eparler. Le f a i t ne vautrien e t i l ne vous en faut pas ; rien de plusj u s t e . Voy ez c omb iennous avons perdu detems à dire des b ê t i s e s nous sommes tousdeux capables de juger, vous pour vous e tmoi pour moi. Ne f a i t e s pas de l'enseignement

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 177/276

(167)universel, j ' y consens; cela ne me fâcherapas. S i vous voûtiez ê tre assez bon pour mepermettre d'en f a i r e . Vous froncez l e s o u r c i l .— Un maniaque — comment vous avez un eb o n n eraison : l e f a i t e s t faux; tenez-vousen l à >ou bien vous déraisonnerez. Pourquoi vousdonner tant de peines pour dire des s o t t is e s ; voyez comme ce t r a v a i l d ' e s p r i tvouséchauffe ; i l e s t s i f a c i l e d'avoir l e sens commun e t vous suez quiconquesue en discutantdoit craindre de déraisonner. Voilà ce quej e répondrais à ce qu'on d i t . — ais l e sgrandshommes de notre payspensent.— ousa l l e z e i t e r , j e me t a i s . Et j e me t a i r a i s; i ln'y a pas de g l o i r e à vaincre un grandhomme qui discute par l a bouche d'un p e t i thomme. S i Cleinars é t a i t l à , passe encore;mais l e citateur

On me d i t qu'on prétend que des personnes , dignes de fo i , soutiennent qu'unhonnête homme affirme avoir entendu notrehomme assurer ( i l y a dix ans , en 1818ou 1819 à peu près ) qu'un ministre e s t unv e n t r i l o q u e; ce qui s i g n i f i e, à ce qu'on d i t ,que , quand un ministre d i t oui , toute l ac a n a i l l erépète oui e t que, quand un minist r e d i t non, tous l e s ventrus, qui tiennent,ou qui espèrent, des places de ce ministre,répètent non , sans savoir ce dont i l s ' ag i t .On me d i t que c e t t e proposition , absolument erronnée e t d ' a i l l e u r sévidemmentneuve

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 178/276

(168)e t i n s o l i t e, n ' a point é t é , dans l e tems ,

rétractée positivement par l'individu ; ce quiprouve qu'en chaire , en présence de t r o i scents auditeurs , i l s'amusait à persifler l e sautorités qui l e protégeaient e t l u i donnaientdu pain dans son ex i l . A tout c e l a , j e nerépondrai point : 1 ° . Que l 'homme, donts ' ag i t ,

n ' e s t ni e x i l é ni proscrit; car i l n'y a pasde mérite à n ' ê t r e pas p r o s c r i t . La proscription n ' e s t pas toujours un t i t r e de g l o i r e;tout cela dépend de beaucoup de considérations étrangères à l'enseignement universel.Je ne répondrai pas : 2°. Qu'un ministreauquel l ' i n d i v i d ua en e ffe t des obligations,a peut-être cru sur des on d i t , que l ' i n d i v i d uvoulait l ' i n s u l t e rpersonnellement; que c e t t ecroyance é t a i t mal fondée; que l ' i n d i v i d ume l ' a affirmé cent f o i s ; ajoutant qu'au surplus i l n e s ' a b a i s s a i tjamais à s e disculper decalomnieusesimputations. Je ne répondraip a s :3°. Qu'en supposant l e f a i t vrai , c ' e s t - à - d i r eJa fâcherie du ministre d'autrefois, tout l emonde ayant répété , depuis dix ans , quel'enseignement universel é t a i t un e chimère,c e t t e répétition ressemble aux échos, ou, comme on d i t , en d'autres pays, aux ventrus ,par l a bouche ou par l e ven tre desquels( comme on voudra) , parle , ou sembleparler , celui qui donne l e mot à toutes cesbouchesou l a pâtée à tous ces ventres. -E t ,s i l a proposition n ' é t a i t pas démontrée i l y a

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 179/276

(169)dix ans , ce n ' e s t plus un e conjecture aujour

d ' h u i . Ce qui f a i t q u ' i l y a certains pays oùl ' o n pourrait dire : un ministre e s t un vent r i l o q u e .C ' e s t un e manière d'expliquer , parexemple, l e s oui e t l e s n on du même journ a l i s t esur l a même question e t c . e t c . Je ned i r a i point : 4°. Que c ' e s t probablementpour

c e t t eraison-là que l e fondateur ( qui voudraitfonder, l'enseignement universel ) , exige q u ' a - *vant tout un d i s c i p l ede rien n ' e s t dans riens o i t nommé ministre dans l e pays où l ' o nvoudrait é g a l i s e r l e s i n t e l l i g e n c e s .Le bonhomme e s t ( comme nous l e serions tous à

sa place ) entiché de son systême; i l c r o i tque tout s e r a i t f a i t s i l avait un ministredans sa manche ; i l c r o i t que l e s libérauxeux-mêmesprôneraient l ' é g a l i t é i n t e l l e c t u e l l e;i l c r o i t que l a v i e i l l eméthode n e tr iompheque parcequ'elle dispose de l ' a u t o r i t é; i l d i t

que ce n ' e s t ni l a vérité ni l ' e r r e u r quirégnent sur l a terre , mais l a puissance; e ti l se f a i t f o r t de f a i r e crier honneur àl'enseignement universel , dans tous l e s journaux, dans toutes l e s amplifications de rhétorique, danstoutes l e s académies, dans toutes l e s

universités , conservatoires e t c . , partout oul e ministre de l ' i n s t r u c t i o ndira sérieusementque t o u t es t dans tout i l ne prétend pasque quelques e s p r i t s chagrins , voulant un eplace , e t n'en obtenant pas , ne cherchentpeut ê t r e à attaquer l e bienfait de l 'éman-

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 180/276

( 170)cipation i n t e l l e c t u e l l e; peut-être que quelqu'em

ployé dans l e bas , quelque mince l e c t e u r ,dans l'enseignement universel, n e pouvan tmonter en grade par son mérite , cherchera i t - i l à se rehausser par l e scandale;mais , d i t l e fondateur , ces écarts sontrares ; nous ferons dire brouillons , mauvaises

t ê t e s , insubordonnése t c . tous ces gens-là ;nous leur supposerons des intentions , nousnous leur prêterons des propos répréhensibles ;i l s auront peur e t l'enseignement universeltriompherapour l e s mêmes bonnesraisons quiconsolident l a v i e i l l e méthode sur l e s deux

hémisphères.Le ventre e s t l e dominateurdumonde , c ' e s t l e vrai maîtreexplicateur, l e maît r e è s a r t s ; Perse l ' a d i t : magister a r t i s v e n t e r.Je n e d i r a i point : 5°. Qu'il e s t bien étonnantque, malgré tout cela , l e s fariboles de notrevieux entêté occupent depuis s i longtems

tout un Royaume ; qu'on n'a jamais vu unt e l phénomène l i t t é r a i r e ; on me répliqueraitque, j e répondrais que, on dupliquerait que,j e tripliquerais que, e t nous ferions un e bellediscussion d'après l a v i e i l l e méthode. M aisj e répondrais en deux mots : vous n e f a i t e s

pas attention que , tandis que nous répliquons,dupliquons e t tripliquons sur l e s ministres,l e p e t i t f lamand é c r i t peut-être mieux quen ous enf r a n ç a i s .Voilà l e fa i t à v é r i f i e r.S ' i l e s tv r a i , vous n ' y pouvez rien, ni moi non plus,ni l ' a u t o r i t é des hommes n on plus, n i l e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 181/276

(171)

fondateur n on p l u s . C ' e s t de Dieu que viennent l e s f a i t s ; que nous l e s remarquionsounon, que nous l e s expliquions bien ou mal;nos explications sont des aventures qui coex i s t e n tavec l e f a i t dont i l s ' a g i t , mais qui n esauraient l e détruire s i l e x i s t e . Ne c i t e z

donc jamais contre un f a i t , ni un homme,ni un raisonnement, ni même un autref a i t ; c e t t e méthode longue e t tortueusen e peut donner aucun résultat raisonnable.Regardez e t d i t e s ce que vous avez vu; oubien n e regardez pas, vous n e courrez pas

l e risque d'avoir vu e t d ' ê t r e' o b l i g éde mentir.Vous direz : j e n ' a i pas «u l e t e i n s de regarder,e t i l y a de bonnesgens qui n'en penserontpas davantage.

On me d i t que l'inventeur e s t i n i n t e l l i g i b l e .Je n e répondrai pas que j e l e comprends.

Maisj e répondrai:voyons,avant tout , s i l e p e t i té c r i t mieux quenous. Vous comprenezbiencette phrase-là.

On nre d i t q u ' i l vient de f a i r e un quatrième volumerempli de bêtises, d'absurditése t de sophismes; que c ' e s t un e énigme véri

t a b l e . Je répondrai q u ' i l n'y a rien d'énigma-tique dans c e t t ephrase : t o u tmaître explicateure s t i n u t i l e . I l faut v é r i f i e r l e f a i t , sauf às'ennuyer ensuite à l i r e l e quatrième volume,plein de b ê t i s e s , s i on a du tems de r e s t e .

On me d i t que, s i l a découverte e x i s t a i t ,

i l n'y aurait jamais eu de découvertes com

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 182/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 183/276

(173)élèves des leçons d'insubordination. Je nerépondrai pas que l'individu a eu raison;j e n 'examinerai poin t s i l a eu t o r t . Si j ediscutais l e s intentions des uns e t desautres , l e s procédés répréhensibles du susditenvers ceux q u ' i l n e c e s s a i tde signaler auPrince , l e s Irlandais pourraient me dire quej e bats l a campagne, e t q u ' i l s ' a g i t , poureux , de savoir s i l e s élèves ont appris l e smathématiquessans e x p l i c a t i o n s .Je n e répondrai point que l e fondateur e s t un honnête homme qui n'a f a i t que ce q u ' i l a crudevoir f a i r e pour obéir aux ordres du Roi;l e s Wurtemburgeoism'interrompraient pourme dire: apprend-on l ' h i s t o i r e sans e x p l ic a t i o n s . Je ne d i r a i point que l e Royaumedes Pays-Bas e s t plein d'antagonistes del'enseignementuniversel , l e s Portugais me répondraient q u ' i l s sont i n d i f f é r e n t sà ces c r i -a i l l e r i e s; q u ' i l faut voir s i l ' o n apprend l agéographie sans e x p l i c a t i o n s .Je n e c i t e r a ipoint l e s partisans du nouveau systême, j en e l e s mettrai point en parallèle avec l e santagonistes, a f i n de f a i r e prévaloir l e s unsen dépréciant l e s autres ; l e s gens de Tunisme répondraient que l'expérience , dont i ls ' a g i t , intéressant tous l e s hommes en p a r t ic u l i e r , i l faut en dépouiller l e r é c i t de tousl e s comméragesdont on cherche à l'embrouiller. Je répondrai donc simplement: s il'établissement de l'enseignement universel

22

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 184/276

( 174)

tend à bouleverser l ' o r d r es o c i a l, i l faut l ' é c a rt e r avec soin parceque l a société va avanttout; c ' e s t l e premier besoin des peuples ;mais l a décision de c e t t e question appart i e n t exclusivement aux Souverains, c ' e s t àeux à prononcer, c ' e s t à nous à o b é i r . S i ,dans un autre pays, on pense que l a sociéténe repose pas sur l a nécessité des explications ,et s i l ' o n veut é t a b l i rl'enseignementuniversel,i l faut exiger qu'on l e respecte extérieurementcomme toute autre i n s t i t u t i o ns o c i a l e .On necommande point à l a pensée; on n'a pas l edroit d'imposer des opinions. M ais on a l edroit de défendre l ' i n s u l t e, - bien entendu quecette défense ne prouverait rien pour l ' e xcellence de l'enseignement universel ; l a question r e s t e r a i t toute entière pour l a .pensée;e l l e ne s e r a i t décidée que pour l e s a c t i o n s .Que s i l'enseignementuniversel , étant é t a b l i( comme j e viens de l e supposer) dans unpays quelconque, gagnait peu-à-peu e t s ' é t e ndait sur toute l a terre, .comme cela peutarriver même aux plus mauvaisesi n s t i t u t i o n s ;que s i , d i s - j e , on s 'appercevait tout . à coupdu vice de ce nouveaumode d'enseignement,et s i un Souverain consultait , à ce s u j e t,un philosophe ennemide l'enseignementuniversel, c e l u i - c iaurait, par ce seul f a i t , l edroit de dire tout ce q u ' i l pense e t de l émancipation i n t e l l e c t u e l l ee t des émancipa-t e u r s . Envain l e s émancipateurs crieraient

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 185/276

(178)contre ce philosophe explicateur; s i l e phi

losophe f e s a i t son devoir, i l romprait tousl e s obstacles , i l attaquerait de front l e s éman-cipateurs ; i l demanderaitqu'on remplaçâtleurchef a f i n de l e s l a i s s e r sans ressource; ques i l e s émancipateursavaient, à c e t t e époque,acquis assez d'empire sur l e s préjugés pour

q u ' i l fut devenu impossible de suivre l e s conrse i l s du philosophe explicateur, ennemiv i olent e t ac harn é del a prétendue émancipationi n t e l l e c t u e l l e ,l a prudence exigerait que l ' o nconservât l 'émancipation, sans égard pour l odire du réformateur, qui, de son côté, au

r a i t rempli son devoir d 'explicateur , en a t t a -quant, sans ménagemens,l e ventriloquismeémancipateurdont l e ridicule, dont l'absurd i t é l u i s e r a i t démontrée, malgré l ' i n s o l e n c ecoupab le de quelques polissons d'émancipa-teurs qui se permettraient d ' i n s u l t e r à l a

mission du philosophe explicateur.On me d i t que (huit ans déjà passés) un erégence a d i t , en écrivant au fondateur: renseignementque vous t i t r ez d ' u n i v e r s e l .On med i t qu'une université a d i t que l a régenceavait raison ; qu'ainsi l a question e s t jugée

depuis huit ans e t que l e droit de s e moquerde monsieur l e s o i - d i s a n tfondateur e s t acquispar l a prescription. Je répondrai 1 ° q u ' i l fautvoir s i l a régence, l ' u n i v e r s i t éet consortsécrivent a u s s i bien que l e p e t i t; c ' e s t dup e t i t e t n on d'une régence, n i d'un e un iver-

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 186/276

(170)s i t e , n i des consorts, que l e philosophe étran

ger demandera des nouvelles. 2 ° . Je répondrai,pour f i n i r , que j e s u i sl a s d'entendre c i t e r.On me d i t qu'à m'entendre tout l e monde

raisonne mal ; que monsieur l e philosopheémançipateur seul a l e sens commun. Jeréponds que l e fondateur, tout comme un

autre, déraisonnequand i l n e f a i t pas attention à ce q u ' i ld i t ; e t qu'un autre ne d i t pasplus de bêtises que l e fondateur, quand i ln'écoute que sa raison. Enfin j e d i r a i à moninterlocuteur q u ' i l a l e sens commun toutcomme moi e t q u ' i l ne tient qu'à l u i d'en

f a i r e usage sans c i t e r personne.On me d i t que , pour é t a b l i rl'enseignementuniversel, i l faudrait ê t r econvaincue tquetoutesl e s incertitudes fussent l e v é e s .Je répondsq u ' i ln o faut point y songer à de p a r e i l l e sconditions ; qu'en partant dece pr incipe, l'excellence

de l a v i e i l l eméthodee s t démontréepuisqu'ellee s t é t a b l i e: q u ' i l n e faut rien changer à cequi est, puisque ce qui e s t ne s e r a i t pas s il ' e x c e l l e n c en'en eut é t édémontrée.D'un autrecoté i l e s t prouvé, par mille exemples, quece qui est n e vaut rien puisqu'il a remplacé

ce qui é t a i t . Tout ce que j e pourrais direlà-dessus s e r a i tsuperbe; mais j ' o u b l i e r a i squel e p e t i t é c r i r a i t cela encore mieux que moi.Pensonsau p e t i t e t n e c i t o n sni l e passé nil e présent.

Quant au présent, c ' e s t pour r i r e qu'on l ec i t e . On s a i t bien q u ' i l fera défaut ; i l n'y a

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 187/276

(177)point de présent; H ne peut pas dire : me v o i c i .Dè s qu'on l e nomme, i l e s t passé. Nous nepouvonsc i t e r que l e passé, nous n e pouvon sr é f l é c h i rqu'au passé. C ' e s t l a seule base denos raisonnemens, l'unique source de nosconjectures , l e précieux dépôt des expériencesqui ont é t é f a i t e s . Mais ces expériences n eparlent pas, c ' e s t à moi seul à dire ce quej ' e n pense. Le passé s e montreà ma mémoire,mais i l ne décide rien , i l n'explique rien ;c ' e s t moi qui décide , c ' e s t moi qui expliquemes sensations passées en l e s rendantprésentes.Le présent n ' e x i s t eque dans mon ame ; i l n ' e s tque l e souvenir du passé. L'homme n'auraitpas l e tems de savoir q u ' i l v i t , s i l n e s esouvenait pas q u ' i l a vécu ; i l n a î t r a i t perpétuellement pour mourir un e f o i s sans êtrejamais sûr q u ' i l e s t au monde. I l n'y a pointde raisonnementsans l ' i d é e du passé. C'esttoujours l e passé qui s ' o f f r e à nos pensées, l eprésent jamais.

Ne pouvantdonc, sur c e t t e terre, s a i s i r l eprésent, ni l e contempler à notre a i s e , nepouvanty trouver que l'apparence d'un appuiqui manque en effe t , n otre imag in ation rétrograde, effrayée de ce vuide ; e l l e transportel e passé dans l ' av e n i r q u ' e l l esuppose, q u ' e l l ecréé, pour calmer notre eff ro i . Elle inventeun e postérité q u ' e l l ene verra point, à l ' a i d ed'un passé q u ' e l l en e voit p l u s . Chacun denous forme c e t t e postérité comme i l l u i con

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 188/276

(178)vient ; i l h a b i l l e c e t t e poupée à sa mode.

L'un d i t : ce sera l'équitable avenir, car i lsera de mon a v i s; ce jour-là l e s explicateursn'expliqueront plus ; dans ce tems-là on admettra l e principe de l ' é g a l i t édes intelligencesqui toutes pensent au passé e t inventent unavenir. L'autre dit: ce sera l ' é q u i t a b l eavenir ;

on me saura gré do mes e f f o r t s , contre l e sémancipateurs, dans l a guerre que l e s e x p l icateurs ont eu à soutenir. On chantera meslouanges,' d i t l ' u n . On admirera ma vertu , d i tl ' au t r e . - Pauvres citateurs de postérité, vousê t e saussi s o t sl ' u n que l ' a u t r e vos châteauxen

Espagne, que vous appelez postérités , tiennentà s i peu de chose. Un p e t i t grain de sable(que l e passé appelle, j e c r o i s, comètes, ouaërolithes ) n'a qu'à passer un peu trop prèsdo nous, e t voilà tous l e s châteaux de terre ,c ' e s t - à - d i r etoutes l e s postérités de l a terre,

en déroute. C ' e s tun tout autre avenir auquelnous n'avions pas pensé; c e l u i - l àne retentirapeut-être pas des louanges desexplicateurs,ni des émancipateurs;mais i l s Fauront cru;cela fa i t toujours p l a i s i r. I l s auront c i t é unavenir, i l en viendra un a u t r e .La raison l ' a v a i t

prédit, mais l a mode e s t do c i t e r e t nonpas de raisonner.

On me d i t quo lorsqu'un explicateur enc i t e un autre, l e citatcur n'a pas l ' i n t e n t i o nd'appuyer son autorité r é e l l e d'une autoritépostiche. Le c i t a t e u r s a i t bien que l e c i t é e s t

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 189/276

(179)

un pauvre hère , en comparaisonde l u i , d'après,l e principe de l ' i n é g a l i t é; maisl e citateur a pour- b ut de f a i r e voir q u ' i l n'y a pas d'homme,

s i s o t q u ' i l s o i t, qui ne réprouve l 'émancipation i n t e l l e c t u e l l ee t que ce concert d'imbéciles prouve, non pas que l e citateur a del ' e s p r i t ( ce qui e s t évident ) , mais que l esoi-disant émancipateur e s t un e bête, ceq u ' i l f a l l a i t démontrer. Je ne répondrai pasqu'un nombre i n f i n i d'imbéciles ne pèsepas tant que l e citateur s p i r i t u e ltout seuldans l a balance de l a raison. Je ne d i r a ipas que Cicéron n'invoque pas l e consentement unanime des sauvages, des barbares ,des pauvres, des riches, de l a canaille, desmessieurs e t dames de toute l a t e r r e , pourprouver l ' e x i s t e n c ede Dieu. Autant vaudraitdire que Robespierre prouvait l ' e x i s t e n c edeDieu en disant: l e peuple français l e reconn a î t . Cicéron e t Robespierre ont bien de l abonté; i l e s t heureux q u ' i l s aient découvertc e t t e preuve. Le genre humain , l e genrefrançais , un genre quelconque n'a jamaisrien d i t e t n e dira jamais rien , ni sur c e t t equestion, ni sur toute a u t r e . L'ordre e s trenversé dansc e t t emanièrede raisonner ; c ' e s tl a mode des explicateurs qui partent , commei l s disent, d'un principe, c ' e s t - à - d i r ed'ungenre, d'une espèce. On d i r a i t q u ' i l s veulent nous f a i r e peur avec leur principe , nousimposer avec leur genre; i l s nous menacent

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 190/276

(180).d'une espèce qui a t e l ou t e l a v i s; i l snevoient pas que c h aquehomme a l a facultéde voir l e s o l e i l , ou l a mouche; d'entendrel e rossignol e t l e t i g r e ; que c haquehommea l a faculté de s ' e n souvenir e t d'y penser ;que chaque homme qui y pensera seul , ouavec un autre homme , a l a faculté de d i r e :ce n ' e s t pas moi qui f a i s chanter ce r o s s i gnol , ni rugir ce t i g r e qui f a i t frémir mese n t r a i l l e s, donc i l y a un créateur de toutcela e t de moi a u s s i . L'autre homme , entout semblableau premier, dira l a mêmechose e t i l s diront ensemble: partout oùi l y aura des êtres comme nous , f a i t s commenous, i n t e l l i g e n scomme nous, ces ê t r e s - l àdiront comme nous q u ' i l y a un Dieu. Je n ' a ipas b esoin de l ' a v i s des autres ê t r e s pourpenser; i l s n'ont pas besoin de mon a v i spour croire en Dieu. Je crois q u ' i l s sontf a i t s comme moi e t que par c on séquen t l egenre voit l e lever du so l e i l . Je n e doispas admirer l a mouche parceque l e genrel'admire , mais i l e s t impossible que l e genrec ' e s t - à - d i r eque plusieurs moi n e voient pasDieu partout , puisque j e l e vois quand j e

regarde, pourvu quenos i n t e l l i g e n c e ssoienté g a l e s .Je n e répon drais pas tout c e l a . L ' e x -plicateur s e r a i t dans sa sphère métaphysiquede genres , d ' e s p è c e s, d ' i n t e l l i g e n c e sinégales ;j e pourrais me perdre avec l u i dans cesnuages. Je répondrais toujours : voulez-vous

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 191/276

(181)venir voir l e p e t i t à qui on n'a rien e x p l i - que ? Qu'importe eneffe t que l e genre desexplicateurs s o i t d'accord s i l sdéraisonnent;qu'importe l'accord de ce genre , s i l araison ; i l reste toujours à v é r i f i e r s i l araison , q u ' i l s o i t d'accord ou non. C ' e s t u n .f a i t q u ' i l faut regarder , q u ' i l faut apprendre;un f a i t ne juge rien, i l s e montre e t voilàt o u t . Le p e t i t que j e vais vous montrerécrira, mais c ' e s t vous qui prononcerez l ' a rr ê t . I l n'y a que vous qui puissiez l e prononcer pour vous. M ais vousne pouvez pasl e prononcerpour un autre. Les genres, l e sespèces, l e s commissionsqui jugent, c ' e s t del a v i e i l l e méthode. Quand un e commissionprononceun jugement, i l faut, avant tout,connaître l e l i e u où siège ce tribunal l i t t ér a i r e ; i l y a un e question nécessaire e tpréalable que v o i c i: quelle e s t l a longitudee t l a latitude du s i è g e? Je vous d i r a i quelsl i e u x cet astre éclairera de s e s rayons, quandj ' e n connaîtrai l a déclinaison e t l'ascensiond r o i t e . Au-delà de cet horison, c ' e s t l an u i t . On doit obéir à l a voix de c e t t e commission , partout où e l l e parle au nom de -

l ' a u t o r i t é ;tout e s t jugé pour l 'hommes o c i a l .S i lconsulte sa raison pour marcher à contresens , c ' e s t un mauvais citoyen , car l a soc i é t é ne l e protège qu'à condition q u ' i lobéira, môme contre son a v i s . L'enseignementuniversel un e fo i s é t a b l i sur un point du

2 3

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 192/276

( 182 )globe; on entendrait tout à coup toutes l e scommissionsde l'endroit crier aux écolese x p l i c a t r i c e s; halte par l e flanc droit ; àd r o i t e, en avant , pas accéléré , marche e ttous l e s explicateurs seraient obligés, pardevoir , d ' a l l e r en avant , quand même i l scroiraient toujours q u ' i l faut marcher ena r r i è r e . Mais l a raison aurait l e droit dedire tout b as : ces évolutions n e prouventrien, voyons l e s p e t i t s émancipés, e t necitons pas l a commission.

On me d i t que l e s savans ont une t e l l e enviede r i r e quand i l s parlent de l'enseignementuniversel, que l'un d'entr'eux attendant avecimpatience un des volumes, s ' e s t j e t é dessus,chez l e relieur, pour l e dévorer en f e u i l l e s;et qu'un autre, honteux de cet appétit désordonné du savant camarade, avait essayé d'enempocher quelques pag es pour l e s rongerd'avance, à son a i s e , dans l ' a n t r ede l a science,où s e s lionceaux appelaient l a proie par leursrugissemens. Je ne répondrai point que cetempressement f a i t honneur tout à l a f o i s àl ' é c r i v a i n e tà s e s lecteurs affamés; cela f a i thonneur à l ' é c r i v a i ndont l e dernier soupire s t r e c u e i l l i ,avec tant de respect, par deshommes l e t t r é s , par des mandarins intègresdont l e s qualités naturelles contribuent aubonheur de l a société q u ' i l s régentent. Cescitoyens d'une savante corporation son tavantageusementconnus du public qui paye leurs

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 193/276

(183)doctes paroles e t qui doit l e s apprécier, s i l

en comparel à valeur à l a valeur des écus q u ' i lfaut mettre dans l a balance. Mais s i l ' é c r i v a i nd o i t ê t r e f i e r de prendre a i n s i, dans son panneau, ces oiseauxde l a l i t t é r a t u r edontl e gazouillement f a i t retentir l e s a i r s de son éloge ; i le s t encore plus admirabled'entendre l e s chan

sons de cette volée d'étourneaux célébranta i n s i l ' o i s e l e u rqui veut l e s déplumer san&miséricorde; car enfin, s i l é t a i t l e maître,i l leur couperait l e s a i l e s à tous e t l a banden e pourrait plus v o l t i g e r .I l faut avoir un grandempire sur so i -mêmepour s e conduire avec

un e délicatesse s i recherchée en pareil c a s .Je n e répondrais point tout cela , mais j ed i r a i s: vérifions s i l a b a n d e é c r i t aussi bienque l e p e t i t .

On me d i t qu'on d i t tant de c hoses c on trel'enseignementuniversel q u ' i l s e r a i t impossible

de se souvenir de t o u t . Par exemple 1 ° . unorateur, homme d ' e s p r i tde son métier, connude toutes l e s tribunes du monde, par desdiscours pleins de gravité, en différens sens,a demandé s i l e s élèves devenaient j o l i e s parc e l t e méthode. Je ne répondrais point que

l'orateur avait peut-ê tre trop bu e t que l evin e s t excusable; que d ' a i l l e u r scet orateur ,s i l e s t jeune , e s t un étourdi e t que , s i le s tâgé, c ' e s tun vieux s o t . S i j e répondais a i n s i ,l e s Bohémienspourraient dire que ce vieuxs o t ne l e s occupe point , mais q u ' i l s désirent

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 194/276

msavoir s i l e p e t i t, qui é c r i t s i bien , n ' e s tpoint une fable ; que partout on entend despropos dégoûtans dans un e v i e i l l e bouche,mais que l e s p e t i t s grandsécrivains sont r a r e s .2°. Un autre orateur , pour f a i r e oublier l as o t t i s e de son confrère , a demandé s i l e sélèves seraient d ' a u s s ibonnesménagèresquec e l l e s qui . sont i n s t r u i t e sd'après l e s explications perfectionnées. Je n e répondrais pointd'injnres à c e l u i - c i; sa question n'a rien demalhonnêtecomme c e l l e du satyre ; e l l e e s tsetdement n i a i s e e t l e s Hongrois s e soucientf o r t peu de l a n i a i s e r i edes orateurs. E s t - i lvrai que l e p e t i t n ' é c r i r a i tpas de p a r e i l l e sn i a i s e r i e s? voilà l a question. 3°. Un autre ,écoutant un a r t i s t e , a demandé, en s e f r o ttant l e s mains, s i cet a r t i s t e é t a i t un émancipéde Louvain. Je ne l u i répondrais pas quetout a r t i s t e e s t nécessairement émancipé; quetout homme qui n'a pas rompu l a longe e t

qui n e s ' e s t pas formé lui-mêmen ' e s t pasun a r t i s t e . Cette réponse s e r a i t trop profondepour notre orateur. Je l u i l a i s s e r a i sf r o t t e rs e s mains d ' a i s e d'avoir trouvé sa g e n t i l l e s s e,e t i l s e c r o i r a i tun grand homme , ce quie s t égal à l ' I r l a n d a i squi me demande s i mon

p e t i t montre, en écrivant, autant d ' e s p r i tquel e g e n t i l qui s e f r o l l e .

Tout homme qui n ' a pas rompu l a longe,n ' e s t pas un homme. Tant q u ' i l e s t à l al i s i è r e, tant qu'on l e fa i t marcher, i l ne

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 195/276

(185)marchep a s . On a cru long-tems, on c r o i tpeut-être encore que l e s hommes ne saventmarcher s e u l sque pareequ'on l e s a soutenusdans leur enfance. L es j amb esp l i a i e n td ' a b o r d ; ,mais, à force >do l i s i è r e s, on retenait debout l e p e t i t homme qui s e s e r a i t cassé l enez sans l e s guides. Pendan t c e t exercice ,l e corps s e développe peu à peu ; l e s jambesacquièrent de l a vigueur e t voilà enfin unhomme qui marche tout seul , pareequ'il ad'abprd marché avec quelqu'un qui connaiss a i t l a marche. La nourrice ne parle pas,mais e l l e a g i t; s i l e marmot s e courbe enavant , ou trop à droite , e l l e hausse l e s guidesou l e s transporte à gauche; ces explications ,s e n t i e spar l e bambin , l u i font comprendreceq u ' i l doit f a i r e pour marcher. Sans c e t t eméthode,l e s hommes seraient encore g i s s a n s ,dans l a poussière , comme des souches, sanspouvoir se redresser , ou , tout au plus , i l ss e traineraient à quatre p a t t e s . Vestris ,Gardel e t tant d'autres cabrioleurs ont é t éi n s t r u i t s par l a l i s i è r e e t Yoilà pourquoii l s s e tiennent s i d r o i t s , même sur un e seulejambe. Perfectionnons donc l e s l i s i è r e s . Imaginons, d i t l ' a u t r e , des c h a r r i o t s .Ces l i s i è r e s

de nouvelle forme réussirent e t l e s jambesdes bambins. s e perfectionnèrent dans desc h a r r i o t s .Cependantl e s partisans des l i s i è r e sfulminaien t contre l ' e s p r i t systématique quiavoit inventé l es c h a r r i o t s .Un philosophe

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 196/276

(186)s ' a v i s a de dire ( an f o r t de l a dispute ) què

l e s charriots e t l e s l i s i è r e s étaient i n u t i l e s .Aussitôt l e s l i s i è r e s e t l e s c h a r r i o t s ,ennemisdéclarés jusqu'alors, s e réunirent contrel'ennemi commun. Cependant l e s pauvres,qui n'avaient pas d'argent pour acheter l e smachinesà marcher, où pour payer l e s bonsqui l e s font mouvoir, ont l a i s s é leurs enfanss e débattre sur l a t e r r e . 0 miracle voilàque l e s p e t i t s gueux marchèrent aussi droitque l e s jeunes messieurs.

Si j e comptais c e t t e parabole au g e n t i l quis e f r o t t e l e s mains, i l se l e s f r o t t e r a i t de

plus belle , e t me d i r a i t que comparaisonn ' e s t pas raison. Les explications nous rendentévidemmentcapables de nous instruire parnous-mêmes.Les explications n'ont pas forméRacine, mais e l l e s l ' o n t rendu capable d ' ê t r eRacine. Newton n ' é t a i t pas Newton , mais

l e s explications ont rendu Newton capabled ' ê t r e Newton.Tel que vous me voyez, moiqui s u i s orateur , e t qui me f r o t t e l e s mains,j e ne s u i s s i g e n t i le t s i beau parleur queparceque mon maître , qui n ' é t a i t qu'uns o t, ( Dieu l u i pardonne l e s s o t t i s e s q u ' i lnous débitait ) m'a expliqué comment j edevais f a i r e pour m'élever un jour à l ahauteur où vous me voyez e t d'où j e mef r o t t e l e s mains quand j'entends parler dusoi-disant enseignement universel qui n'enseigne r i e n . Je conçois qu'un philosophe a

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 197/276

pu avoir, l ' i d é e de dire à un bambin, enl'étendant sur l e carreau ; i l faut que j et 'apprenne < j u e j e n ' a i rien à t'apprendre ;i l ne t i e n t qu'à t o i de marcher tout seul ,e t sans t a bonne , s i tu l e veux. Mais, pourl e s sciences , pour l e s a r t s , dire à un e s p r i t :tu peux penser tout seul , tout de s u i t e,

sans un explicateur , sans un hon qui t econduise dans l e s l i v r e s; vous sentez bienque cela e s t trop bête pour prendre jamais.Les explications sont e s s e n t i e l l e s, bonnesou mauvaises, peu importe; mais i l en f a u t .La s o c i é t é -ne c h o i s i tpas toujours l e s meilleurs explicateurs ; l e s plus grands hommesen ont eu de f o r t mauvaisquelquefois ; maisi l s en ont eu , e t ce sont l e s mauvaisesexplications qui l e s ont rendus capables ;j e ne veux pas dire que l e s explicationsperfectionnées n e produiron t pas des grands

hommes perfectionnés ; i l ne faut pas combattre l'évidence. Mais, en attendant , toujours es t - i l que puisque ceux qui marchenttous seuls , dans l e s sciences , ont tournéà l a longe dans l e s manèges l i t t é r a i r e s, i le s t c l a i r que c ' e s t l a longe qui leur a ap

p r i s à se passer de longe. Car, comme nousdisons en logique , cum hoc, e r g o propter hoc;ce qui s i g n i f i e: avec l a longe , donc à causede l a longe. Aussi, j e vous l e prédis, ajout e r a i t l'orateur, en s e frottant l e s mains,toutes l e s longes vont s e réunir ; on leur

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 198/276

(188)a fa i t t in appel dans l e s journaux; e t s i l efondateur ne se hâte de s e rétracter , onl u i fera f a i r e quelques tours de longe àlui-mêmepour l e remettre dans l e bon chemin. Je me propose d'en f a i r e l a propositionà l a chambre .I l e s t de l ' i n t é r ê t de l a chamb re que l a chaine des grands hommes nesoient point interrompue sur l a ' t e r r e; chaineélectrique destinée à t i r e r ' l e genre humainde son assoupissementau moyen des explications perfectionnées. L'orateur ajouteraità ces paroles , de longs discours , puis i ls e f r o t t e r a i t l e s mains en disant, vous verrezce ton me f e r a i t peur e t j e n ' o s e r a i s plusparler du p e t i t qui é c r i t mieux quel'orateurqui e s t s i g e n t i lquand i l s e f r o t t e l e s mains.

4° . On me d i t qu'un important de j e nes a i s quel -pays, avait d i t : j ' i r a i s bien voirl e s p e t i t s qui écrivent mieux quemoi, maisl e philosophe a des formes s i séduisantes l e courtisan, l e plus d é l i é , n ' e s tqu'un lourdaudà côté de l u i , en fa i t de f l a t t e r i e; i l mef l a t t e r ae t j e n'aime pas qu'on me f l a t t e ; maparole d'honneur, j e n ' a i r n e pas c e l a . Laf l a t t e r i e basse me dégoûte; j ' e n s u i s s i l a s l a f l a t t e r i e délicate me f a i t horreur.' Commee l l e e s t rare , e l l e e s t t r è s dangereuse. Je nec r o i spas que l e fondateur me prendrait à soutrébuchet ; non , non, cela ne m'est jamaisarrivé , e t l e s paroles mielleuses de c e l u i -c i ne me toucheraien t pas ; ie déteste l es

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 199/276

(189)fadeurs. Ce n ' e s t donc pas que j e craigne l e *enchantemensde c e t t e Circé qui a dit-onmétamorphosétant de bonnes gens ; mais i le s t toujours plus sûr de f u i r l e danger quede l e braver. D'ailleurs on me demanderaitce q u ' i l m'a dit; moi j e n'en saurais rien,puisque l e s autres n e l e saven t pas, e t celan e s e r a i t pas décent de ma part. On medemanderaitce que j e l u i a i répondu, e t moij e n'aurais rien . répondu, puisque personnen e l u i répond rien; e t cela ne me f e r a i t pashonneur. Je n ' i r a i pas , puisque c ' e s t unf l a t t e u r. Que s i ce n ' e s t pas. un f l a t t e u r ,

comme d'autres l e disent ( car on d i t l epour e t l e contre 'quand on parle de cetostrogoth) ; s i c ' e s tau contraire un butor quireçoit , avec un e hauteur impertinente , ceuxqui ont l a b ê t i s e d ' a l l e r l e voir ; c ' e s t encorep i s . Ce n ' e s t pas l à ma place; j e n ' i r a i pas

me compromettreavec l e s p e t i t s qui écriventmieux que moi. I l me donnerait un e plumes i j e l u i f e s a i s un e objection. Merci, j e n eveux pas de plume.

5°. On d i t enfin q u ' i l y a un e i n f i n i t éde choses à dire e t qu'on l e s a oubliées. Je

répondrai q u ' i l f a l l a i tdéb uter parl à . J ' a u r a i sé t é f o r t embarrassé pour répliquer à uneobjection dont on ne s e souvient plus e t qu'onc i t e comme insoluble. Cette fo i s l e citateure s t dans un f o r t imprenable; i l c i t e en preuve,même ce q u ' i l ne peut pas c i t e r ; j e me rends

* 4

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 200/276

(190)

donc. Et, pour résumertous l e smauvaisraison-nemensqui ont é t é f a i t s par l e s savans, l e sorateurs, l e s hommes, l e s femmes,l e s plaisans,l e s t r i s t e s, l e s lumineux, l e s obscurans, l e sé c o l i e r se t l e s professeurs, j e n'ajoute plu*qu'un mot.

La gazette a d i t e t tout l e monde a répété :i l y a eu des grands hommes avec l e systême explicateur , doncpar le moyendu systêmeexplicateur.

L'enseignement universel, en proc laman tl'opinion de l ' é g a l i t édes intelligences, déclare,à l a face du monde , que l a gazette déraisonne, quand e l l e parle a i n s i, e t que tousl e s savans , l e s orateurs , e t c . ( voyez l ak i r i e l l e ci-dessus ) déraisonnent avec l ag a z e t t e .

S i l e raison n emen t d el a gazette, des savans , des orateurs , e t c ., e s t approuvépar l esens commun , l'enseignement universel a t o r t .

S' i l y a un homme sur l a terre qui n e s o i tpas capable de s e n t i r l a fausseté du raisonnement de l a gazette , des savans, des orateurs ,e t c . , l'opinion . de l ' é g a l i t édes i n t e l l i g e n c e se s t démontréef a u s s e .

Nous disons , nous , dans l'enseignementuniversel: apprendreavec des explications neprouve point que l e s explications étaient nécessaires ; mais apprendre sans explications ,démontre l ' i n u t i l i t é des e x p l i c a t i o n s .

I l résulte de l à que l'enseignementuniversel

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 201/276

(181)e s t un bienfait , e t que l e systême explica-teur e s t un impô t h on teuxque l ' o r g u e i lmaint i e n t à l ' a i d e des préjugés sur l a paresse e tl'indolence.

De l à tous ces brevets d'invention qui seheurtent dans l e vuide du systêmeexplicateur ;explications de l e c t u r e ,écriture métamorphosée,langues mises à l a portée , tableaux synoptiques , méthodesperfectionnées , e t c . e t c . e ttant d'autres b e l l e s choses, copiées dans desl i v r e s nouveaux contenant une explicationnouvelle des vieux ; l e tout recommandéaux explicateurs perfectionnés de notre époque,qui tous se moquent ,avec raison , l e s uns desautres , comme l e s augures. Jamais l e s brévetésn'ont é t é plus à plaindre que de nos j o u r s .I l s sont s i nombreux , q u ' i l s peuvent à peinetrouver un écolier qui n ' a i t pas sa p e t i t e explication perfectionnée ; de sorte q u ' i l s serontbientôt réduits à s'expliquer réciproquementleurs explications respectives. Le systêmedel'enseignement universel exclut toutes ces perfections qui l e honnissent de concert. C ' e s tun charivari à ne plus s'entendre ; l a v i e i l l er i t de ces disputes , e l l e l e se x c i t e; e l l e nommedes commissionspour juger; e t , l e s commissions , approuvant tous l e s perfectionnemens,e l l e ne cède son vieux sceptre à aucun. Dividee t impera. La v i e i l l e garde pour e l l e l e scollèges , l e s universités e t l e s conservatoires ;e l l e n e donneaux autres que des brevets ;

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 202/276

(192)

e l l e leur d i t que c ' e s t déjà beascoup e t i l sl e c r o i e n t .

Le systême explicateur , s e nourrit comme l etems , de ses propres enfans q u ' i l dévore àmesureq u ' i ll e s produit; un e explication nouvell e , un perfectionnementnouveaunaît e t meurt

aussitôt pour - f a i r e place à mille a u t r e s . Cevieux tronc pourri t i e n t bon sur s e s profondesracines , mais i l n e pousse que des rameauxavortonsqui tombentchaquejour , l e s unsaprèsl e s autres, sans avoir donnéde f r u i t s ,parcequ'ilst i r e n t tous de l a souche usée un e sève délé

t è r e . Cette jeunesse verdoyante aujourd'huise déssèchera demain.Ainsi se renouvellera l e systêmeexplicateuf ;

ainsi s e maintiendront l e s collèges de l a t i ne t l e s universités de grec. On criera , maisl e s collèges dureront ; on s e moquera , maisl e s doctissimes e t l e s clarissimes continueront à s'entre-saluer , sans r i r e , dans leursvieux habits de cérémonie; l a jeune méthodeindustrielle insultera aux simagrées s c i e n t ifiques de sa grand-mère, e t pourtant l e sindustriels employeront toujours leurs règlese t leurs compas perfectionnés pour construire l e trône d'où l a ^v ie i l l e radoteuserègne sur tous l e s a t e l i e r s . En un mot , l e sindustriels feront des chaires e x p l i c a t r i c e stant q u ' i l y aura du bois sur l a t e r r e .

L'enseignementuniversel lui-mêmeaura sonp e t i tmoment de g l o i r ee t de triomphe. I l suff i t

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 203/276

(193)

pour cela qu'onl e regarde, un jour, comme un eexplication perfectionnée. I l entrera a l o r s dansl a f a m i l l ee x p l i c a t r i c e, i l prendra sa p e t i t epart dans l e patrimoine de l a douairière ; onl u i confieraquelquesi n t e l l i g e n c e sà développer,quelques jugemensà former, quelques e s p r i t s

à redresser. Mais bientôt un perfectionnementplus perfectionné l u i succédera, dans l e sbonnes grâces du public perfectionné, malgrél e s c r i s d'angoisse de l a mère explicatricequi, n'enfantant qu'avec douleur e t réservant toute sa tendresse pour s e s plus

v i e i l l e s portées , voudrait n'avoir que despontes de son âge e t frémit d'avoir donnél e jour , dans son inépuisable fécondité , à l ajeune e t pétulante explicatrice de l a géomét r i e appliquée. Le nouveau pondu déplaît àcette t r i s a ï e u l e pareequ'il s e moque de s e s

v i e i l l e r i e s; mais i l s e corrigera avec l ' â g e( s i lprend de l ' â g e) ; c ' e s t l e sang des explications qui coule dans s e s veines. Q ui v o i tenfant , ne v o i t r i e n .

Cependantl'enseignement unjversel , ennemin é de l a famille explicatrice , n'ayant pas puprouver sa f i l i a t i o n, sera déclaré i l l é g i t i m e;à moins que l e bâtard , craignant l a proscript i o n, n e suborne quelques faux témoins quidéposen t parp i t i é q u ' i l s l ' o n tentendu donnerdes explications aux e s p r i t s pour l e s redresser ,aux jugemenspour l e s former e t aux i n t e lligences pour l e s développer. S i l e bâtard

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 204/276

(194)pouvait , c l a n s son procès, c i t e r Socrate ouquelqu'autre encore plus ancien Malheureusement i l n e peut c i t e r personne qui n ' a i tdonné l e s explications, ou f a i t l e s questionsexploratrices nécessaires pour forger , limer ,étendre ou tourner l e s e s p r i t s . Plus on c i t evieux , plus on a gain de cause, aux yeux dela v i e i l l e ; c ' e s t tout l e contraire aux yeux dupublic qui se perfectionne ; voilà pourquoil e s causes des b révetés sont s i di ff i c i l e s àplaider devant un tribunal qui consulte deuxcodes d i f f é r e n s pour prononcer. Enfin l ebâtard , ne pouvant rien c i t e r , aura l 'honneurde l'unanimité des boules noires , e t l e cyniquee s t capable d'en r i r e . I l faut pourtant c onvenir que , quand même i l ne s e r a i t pascynique, ce vagabondn e peut réellementpas prouver ni d'où i l vient, ni quel i l e s t , e tpar conséquent l a police de l a v i e i l l e doitl u i refuser un passe-port. 1 ° . D'où v i e n t - i l?de r i e n . 2°. Quel es t - i l ? r i e p . E s t - i l univers e l ? i l ne l ' a pas prouvé; i l ne l e prouverajamais. L'universalité e s t un f a i t , or l e s f a i t sne se prouvent pas , i l s se montrent. Mais onne peut montrer que quelques f a i t s , donc i lfaut des explications pour apprendre ceq u ' i l a enseignésans e x p l i c a t i o n s .Voilà pourquoi l a régence d i s a i t: votre enseignementquevous t i t r e s ^universel. La régence aurait puajouter : non seulement vous vous t i t r e z faussement d'universel , mais vous avez t o r t de

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 205/276

(195), v o u s appeler enseignement. Qu'est-ce qu'unenseignement? qu'est-ce que l e mot enseignement? c ' e s t un s u b s t a n t i f .Que veut direla s y l l a b l e ment? q u ' i l s ' a g i t d'une action ;de l ' a c t i o n de celui qui enseigne; de sesopérations sur l ' e s p r i t q u ' i l redresse, sur unp e t i t jugementq u ' i l forme, sur un e intelligenceq u ' i l développe; l'enseignement consiste dansl e s explications que l e s chaires donnent s u t 1des l i v r e s, qui ont é t é imprimés pour êtreexpliqués aux é l è v e s ,dont l ' i n t e l l i g e n c ee s t aveugle , maispas sourde ; i l ss a i s i s s e n tparfaitementl ' e x p l i c a t i o nqui s'envole , mot à mot , mais i l ssont incapables de voir l ' e x p l i c a t i o nineffaçab le d'un l i v r e qui ne s'envole pas.

En un mot , c ' e s t l ' é l è v e qui parle chezvous , donc c ' e s t l u i qui s'enseigne, doncvous n'enseignez rien , donc vous n e pouvezpas dire mon enseignement, donc vousn'aurez point de passe-port, puisque vousne pouvez vous renommer de person ne, enqui ceux qui enseignent aient confiance.Citez-nous quelqu'un qui a i t jamais d i t :voilà ma méthode en pareil cas ? On cherche votre méthodee t on découvre que c ' e s tl a méthodede l ' é l è v e; vous voyez bien quevous ê t e s un f i l o u, un escroc e t que l e sjournaux explicateurs ont eu raison de vousdénoncer à tous vos élèves à qui vousavez volé leur méthode. Allez escroc; t a i s e z -vous , f i l o u; ou bien c i t e z quelqu'un qui a i t

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 206/276

(196)jamais fq i t du soi-disant enseignement s o i -disant universel. Tirez - vous de ce dilemne:

i s i vous , ne c i t e z pas un grand homme , j evous condamne par défaut de c i t e r , car ungrand homme l ' a u r a i td i t ; e t s i vous en c i t e iun , j e d i r a i que l e grand homme avait t o r tce jour-là , puisque son a v i s n'a pas prévalu.Par exemple, vous n ' ê t e spas un grand homme,vous. Cependanti l viendraun temps oùquelqueimbécile déterrant , un de vos volumes, chezquelqu'épicier , e t , croyant q u ' i l a comprisvotre grimoire i n i n t e l l i g i b l e, tâchera de coul e r ces f a r i b o l e sà l a p o s t é r i t é .Ce postèrevous volera pour vous punir d'avoir volévos élèves ; peut-être que l a postérité donnera dans l e panneau , car l e s postères serontaussi b adauds que l e s contemporains; maisl ' immuable v i e i l l enommer a des commissionspostères , qui auront l ' i n f a i l l i b i l i t é e t l'impart i a l i t é des commissionscontemporaines, e ttout , rentrera dans l ' o r d r e comme aujourd ' h u i . Le postère déconcerté c i t e r a son devancier ; a l o r s, comme aujourd'hui, on s e moquera de l u i , mais on respectera l a c i t a t i o n,parcequ'un mort e s t toujours bon à c i t e r.

C ' e s t un usage adopté par l e s commissairesde tous l e s tems , qui s'imaginent qu'on l e sc i t e r a peut-être aussi quelque j o u r . Cependant l a commissiondira au postère : s i l ' a ncien que vous c i t e z ( c ' e s t - à - d i r el e fondateurde l'enseignement universel ) avait f a i t u n .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 207/276

(197)bon système, nos anciens ( ç'est-à-dîre l u

gazette ) n'auraient Jpas manqué de l'adopter,puisque l e s s i è c l e smarchentà l a perfection.Peut-être que l e s commissairesperfectionnésajouteront , dans leur rapport , q u ' i l e s t justed'encourager l e s meilleure^ méthodes; quel e genre humain n'a pas é t é c r é é pour r e s t e r

stationnaire , ni pour pirouetter , mais pouravancer ( e t i l s citeront l e Globe avec respect ) ; mais que l a revue n'ayant jamaisparlé que de l a perfection des méthodesexplicatrices , i l ne peut pas y avoir l i e u àdélib érer sur un systême qui n'a jamais f a i t

partie du systêmede perfectionnement,adoptépar l e s libéraux , qui n'ont jamais cru qu'unhomme pû t s ' i n s t r u i r eseul e t devenir académicien sans maître explicateuv. S i l e s l i b éraux de 1828 avaient cru ( dira l e savantphilosophe antiquaire rapporteur ) que l e s

paysans peuvent tout apprendre seuls , i l ss e seraient emparés de ce l e v i e r pour exécuter leur projet favori du perfectionnemente t pour f a i r e un e niche à l a g a z e t t e .Maispas du tout ( ajoutera l'antiquaire ) , on nevoit dans l e s journaux de c e t t e v i l l e , qu'on

appelait Paris , que quelques mots sur cesystême; on l e nomme, mais on n'en d i tr i e n . Ni bien , ni mal dans l e s f e u i l l e s l i b ér a l e s; dans l e s autres , un e moquerie, enpassant , e t voilà t o u t . Quelque rechercheque j ' a i e f a i t e , ( dira l'archéoloque ) j e ne puis

2 5

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 208/276

(198)rien c i t e r de p o s i t i flà-dessus , donc cela n eVaut rien ; car l a réputation du Globe e s tvenue jusqu'à nous ; tout l e monde l e conn a î t . Le Suffrage de l a revue me toucheraitmoins; cette rapsodie f u t peut-être , dansl'ancien t e i n s, l a pâture de quelques désœuvrés; mais l e Globeperfectionné a exerc éun e influence plus r é e l l e sur l e s penseurs.Or l é G lob e n ec i t e pas l'enseignementun iv e r s e l .A- t - i le x i s t é? Est-ce un e fable ? Est-ceun e allégorie ? C ' e s t un e question qui préparebien des tortures aux Saumaises f u t u r s . Jevoudrais qu'une académieproposât ce sujetau concours. Ce moyen e s t l e seul i n f a i l l i b l epour résoudre ce problêmeintéressant, puisq u ' i l s ' a g i t d'un systême ancien. S i quel-q u ' i n s t i t u tpromettait, un prix, i l l e donneraite t tous nos doutes seraient é c l a i r c i s ,e t , dumoins à l ' a v e n i r, nos successeurs pourraientc i t e r l e prix donné.

Voilà comment l'enseignement universel aeu un p e t i t moment de vogue; voilà pourquoi i l en aura peut-être encore de tems entems.

Mais comme l e s hommes-seront toujours

paresseux e t orgueilleux ; l e systême explica-teur régnera partout jusqu'à l a f i n des orgueilleux e t des paresseux ; on dira toujoursque l e s grands hommes ont é t é formés parde p e t i t s explicateurs ; nous dirons sans cesseque ce raisonnemente s t mauvais e t on nous

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 209/276

(199)répliquera jusqu'à extinction , avec l a gazettede France: voyez combiende grands hommesont é t é produits par l e s collèges e t l e s un iv e r s i t é s i l s sont grands hommes e t i l s ontfréquenté l e s universités donc.

Je d i s que l a gazette de France nes a i t ceq u ' e l l e d i t . Qu'en pensez-vous? C i t e r e z- voustoujours l a gazette ?

On me d i t que l e désintéressement duphilosophe n'a pas plus de r é a l i t éque tous l e sprétendus f a i t s de l'enseignement universel.Le philosopheavoue, dans son premier volume, qu'un journaliste perfectionné l'accusaen 1818d ' ê t r evendu à l ' o l i g a r c h i e, que l u » ,philosophe, répondit q u ' i l é t a i t prêt à rendre service à l ' o l i g a r c h i eà condition quece s e r a i t pour r i e n . Or i l e s t c l a i r, que ,puisque l e perfectionné connaissait l a vente,comme i l n'y a pas de vente sans prix , i le s t c l a i r , me dit-on , que l e philosophe, s o i -disant désintéressé , a touché l e prix de savente à l ' o l i g a r c h i e, dès l 'année 1818. Etmême , en examinant l e s circonstances dudébut universitaire du désintéressé , l e susd i t philosophe aurait été payé d'avance audétriment des savans du pays qui auraientpu s e vendre aussi bien que l e désintéressée t palper philosophiquementl e s f l o r i n s q u ' i la r e c u e i l l i s; a i n s i l a vénalité un e f o i s démontrée, dans l e passé , e l l e doit s e supposerdans l ' a v e n i r . Voilà pourquoi tout l e monde

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 210/276

(200)

r i t aujourd'hui quand on entend vanter l adésintéressement du vendu à l ' o l i g a r c h i e .Cependant i l n'y a pas de mal à se f a i r epayerpar l e s oligarchies ; e l l e ssont riches , e l l e sont l e moyen de se l a i s s e r duper par uncharlatan sans courir l e risque de s e ruinerpour cela ; que l e philosophe convienne duf a i t avancé par l e journaliste perfectionné,tout sera d i t . Mais l e désin téressé paraî tavoir l'audace du crime; i l touche l e s espècese t i l d i t dans son premier volume: l a sociétén'est pas assez riche pour me payer. Ainsi ,au dire du désintéressé , tous l e s trésors duPérou s e r a i t un e récompense indigne dubienfait de l'émancipationi n t e l l e c t u e l l e voyezquelle inconséquence, i l avoue que ce bienf a i t n'a é t é inventé que pour l e s f a m i l l e s;et i l discute l e prix qu'une société devraitpayer pour un bienfait dont e l l e ne peutpas j o u i r . Le vendeur déclare q u ' i l e s t impossible de l i v r e r l a marchandise à l'acheteur e t , en même tems , i l insulte auxfinances de cet acheteur. Tout cela quandi l e s t constant que l ' o l i g a r c h i ea payé dèsl'époque de 1818 e t q u ' e l l e a bien payéencore.

Je ne répon drais pasque nous n e sommesplus en 1818, que, que, que, e t c . e t c .Mais, j e dirais: j a i lu des éloges du désintéressement; ces éloges étaient é c r i t s pardes p e t i t s qui écrivent mieux que beaucoup

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 211/276

(201)

de tavans qui n e sont pas désintéressés.Voilà l a question.

On me d i t que l e fondateur donnea v i saux autorités , dans l e second ou troisièmevolume, qu'une régence qui d é s i r e r a i t f a i r ejouir s e s administrés du bienfait ( comme l e

philosophe l ' a p p e l l e) pourra s'adresser avecconfiance au bienfaiteur. Or , aueune régence ne s ' e s t souciée du bienfait ; l e susd i t bienfaiteur n'a reçu aucune commande ,relativement au bienfait sus-mentionné; pasune régence n'a voulu f a i r e jouir s e s ad

ministrés de l a jouissance de l 'impayableb i e n f a i t . Eh bien , ajoute-t-on , l e bienfaiteur colporte partout son bienfait gratuit e tpersonnen'en veut pour r i e n . Cela e s t c l a i r ;qu'y a - t - i l à répondre à ce silence ? I l avoueencore , dans un autre volume, que l e s

États-généraux du Royaume n'ont pas d i t unmot du bienfait qui f a i t tant de bien depuisdix ans? Quelle réponse a - t - i l donnée àcette objection écrasante ? I l d i t bêtement:c e l a prouve que l e s Etats-généraux n'en ontpas parlé.

Je ne répondrais pas ce que l e fondateura répondu, mais j e d i r a i s: voyons s i l e sp e t i t s écrivent bien quand i l s parlent dub i e n f a i t .Voilà l a question.

On me d i t , que pour se t i r e r de l'embarrasoù l e j e t t e l e s i l e n c e de tous ceux qui l econnaissent, i l a f a i t f a i r e son éloge par

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 212/276

(202)des j o u r n a l i s t e sétrangers , dans l e s pays oùi l n ' e s t pas connu. A beau mentir qui viêotde l o i n . I l a f a i t rédiger à Paris quelquesnuméros en son honneur; i l a dicté un longa r t i c l ean précurseur deLyon qui appelle notrephilosophe un e f o r t e t ê t e e t qui poudrait voirl a f o r t e t ê t e Grand-maîtrede l ' i n s t r u c t i o nenFrance; mais ces jongleries n'ont pas fa i t f o rtune en Hollande. Nous ne fesons point auxFrançais l ' i n j u r ede croire que l e s f o r t es t ê t esfrançaises soient du calibre de l a mauvaiset ê t e du philosophe, e t s i , par hazard , 1 ?précurseur avait raison , cela prouverait toutau plus que l e s f o r t e s t ê t e s de France sontbien peu de chose.

Je répondrais qu'on changetoujours l a question ; e t q u ' i l faut voir s i l a t ê t e du p e t i tf lamand, qui é c r i t s i bien , e s t du même acab i t que l a f o r t e t ê t e du hollandais qui vientde parler.

On me d i t que ( toujours pour répondreà ce silence qui l e f a i t frissonner) l e fondateur, ne pouvant rien fonder où i l e s t , af a i t circuler , parmil e s i n i t i é s, un p e t i t romanassez g e n t i l dont 1voici l e sommaire^: i l yaurait eu un g ran d ma réc h ald'un prince d'Allemagnequi s e r a i t venu exprès pour voir l efa i t , e t qui l ' a u r a i t v é r i f i é sur s e s enfans.Un autre jour , i l se s e r a i t présenté , chez l efondateur , un personnagechargé, de l a partdu Syndicde Genève de prie» l e philosophe

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 213/276

(203)d'admettre à s e s leçons un G en evois c harg éd'apprendre, ce qu'on appelle sa méthode,pour l a transplanter à Genève , a f i n de vérif i e r s i c e t t e plante , qui s e meurt sur l e s o lnatal , ne pourrait poin t prendre racine surun e terre étrangère. Le roman n'en d i t pasdavantage; e t pour cette f o i s , l e fondateur adonné des preuves de sa f o r t e t ê t e ; l e s badauds croiront que l e Syndica donné s u i t e àc e t t eambassade( car c ' e s t un ambassadeurquia é t é chargé d'entamei*ces négociations i n t e ll e c t u e l l e s) . Eh bien, l e s badaudssont dansl ' e r r e u r.Le Syndics ' e s t trop pressé de demander, i l e s t vrai; i l aurait dû prendre des informations sur l e s lieux ; mais au moins i ln'a pas fa i t l a seconde faute ; i l a planté-lànotre fondateur qui croyait fonder l e s fonde-mens de l'enseignementuniversel sur l e s bordsdu l a c .C ' e s tpourtant dommage labelle positionpour un fondemente t pour un e fondation pauvre fondateur quels c r i s de j o i e aurontr e t e n t i à Genève quand on y aura appris l adéconfiture de l'enseignement universel. Déjàl e s explicateurs Génevoisne montaient plus enchaire qu'en tremblant; l e despotisme e x p l i -

cateur a r e s s a i s il e sceptre qui v a c i l l a i tdanss e s mains. Ces pourparlers , entre l e pouvoire t l 'émancipation i n t e l l e c t u e l l e, avaient j e t él'épouvante dans l'ame des républicains; l al i b e r t é des e s p r i t s avait effarouché l e s c itoyens d'une v i l l e l i b r e . Heureusementl ' e s c l a -

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 214/276

(204)rage de l a pensée leur e s t r e s t é . Et, quand

ces e s p r i t s - l àont besoin d'un maître e x p l i -cateur, quels e s p r i t s désormais oseraientprétendre à l'émancipation qui b ouleversetoutes l e s l o i x i n t e l l e c tu el l e s .Loix éternelles l o i x universelles dont l a sagesse e s t démontrée par leur seule îmmuabilité. Ce caractère

auguste distingue en e ffe t l a l o i des e x p l ications de toutes l e s autres l o i x qui varient,entre l e s peuples , à cause de l a variétédes climats , comme l ' a démontré l a supér i o r i t é d ' i n t e l l i g e n c ede Montesquieu, qu'onf a i t t r è s bien de c i t e r , quoi qu'en dise

l'ennemi des c i t a t i o n s .Je répondrai que ces dit-on m'ont f a i tr i r e de bon cœur , que l e s espérances déçuesdu fondateur m'ont amusé ; j ' a u r a i s voulul e voir partir pour Genève avec un cortèged'émancipateursflamands, destinés à mori

géner l e s explicateurs génevois , puisrevenir à Louvain comme l e renard de LaFontaine (la queue entre l e s jambes). Maisj ' a u r a i s encore été plus curieux de v é r i f i e rs i l e s p e t i t s émancipés flamands écrivent enfrançais aussi bien , ou mieux, ou plus mal

que l es é c o l i e r s qui tournent à l a longedans un gymnase génevois. Car voilà l aquestion ; comment se f a i t - i l que nous ensortion stoujours ?

On me d i t que l e fondateur a deux masques. Le premier masque comme on l ' a d i t

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 215/276

( 205)plus haut , c ' e s t celui du désintéressement;l e second masque , c ' e s t celui de l'ambition ,comme on va l e d i r e . Or i l su ff i t d'un masque pour f a i r e un hypocrite , donc i l s ' a g i ti c i d'une hypocrisie doub le. D'abord uneambition désintéressée, cela répugne dansl e s termes ; e t , puisqu'il e s t démontréquel e double hypocrite n ' e s t pas désintéressé , l a conséquencelogique e s t c e l l e - c i :donc i l e s t ambitieux. D ' a i l l e u r si l n'y a pointd'hommesdésintéressés; c ' e s t un i n t é r ê t caché qui produit l e désintéressementapparent,d i r a i t La Rochefoucault. Ni l e s individus ,ni l e s espèces ne sont désintéressées ; connaissez-vous un e c l a s s e sociale , un genre quis o i t désintéressé dans votre pays ? Non , d i tl ' u n , e t dans l e vôtre ? Ni dans l e mien nonplus. Croyez-vousque l e s fournisseurs en Persesoient désintéressés ? Non. Par conséquent l efournisseur du bienfait gratuit ne l ' e s t pasn on p l u s . I l l e c r o i t peut-être ( s i l e s t foucomme on l e dit); mais l a croyanced'un foune fa i t pas l o i . I ls e fâche quand on l ' a pp e l l e fou , mais on l u i fa i t beaucoup d'honneur , car i l n'y a que l e s fous q u i . nesoient pas intéressés e t ambitieux. Un honnête homme , à l a cour comme à l a v i l l e,d i t tout bonnement : j a i de l ' a m b i t i o n - ,celaveut dire j e demande des t i t r e s e t de l ' a r g e n t ;on l e s a v a i td'avance, sans doute. H y en aq t t i ne disent rien , pareeque c e t t e décla

26

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 216/276

(SOÔ)ration e s t i n u t i l e e t n'apprendrait rien àpersonne. Mais un Aristide français ou a l l emand qui d i r a i t: j e ne veux ni t î t r e ni argent,n'en imposerait point. Cela s i g n i f i emot à mot:j e veux tous l e s t î t r e s e t tout l ' a r g e n t ;tantp i s pour l e s autres , i l s me regarderont avecmes t î t r e s e t mon argent. Les Athéniens eux-mêmes , connus par leur supériorité en int e l l i g e n c ee t en badauderie, n'ont point étédupes de ces prétendus j u s t e s ,de ces prétendus sages , ni de leurs besaces n i des trousde leurs manteaux; e t , dans l e s i è c l edeslumières , on ose se montrer en plein jouravec ces lambeaux usés d'un philosophismedont l e s explications perfectionnées ont expliqué l e ridicule ne s ' i n t é r e s s e - t - i lpoint àses enfans , votre juste ? C ' e s t un père dénaturé. D é s i r e - t - i lpour eux l e paiemen t d el apension qu'on l u i doit en France? Alors i le s t intéressé , i l a l'ambition d ' ê t r e u t i l e àsa f a m i l l e . Quoique c e t t e ambition a i t étédéjouée, c ' e s t toujours de l'ambition. L'ambitieux déçu e s t ambitieux comme celui quir é u s s i t . La v i e i l l e méthode a aussi de l'ambition , mais un e ambition noble e t fondéesur des d r o i t s imprescriptibles. Elle n e d i tpoint, j e ne veux ni t i t r e s ni argent; aucontraire. Elle j o u i t en silence des douceursde sa l é g i t i m i t éi n t e l l e c t u e l l e, ce sommeiltranquille vient du calme de l 'innocence ,de l a paix que donne l a conscience du

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 217/276

(207)bien qu'on a f a i t , e t surtout de l'espérancefondée qu'on en fera toujours davantagepour peu que l e s explications s e perfectionnent.

A ce nouvel on d i t j e répondrai de nouveau : comment l e p e t i t f lamand m e t t r a i t - i len français ces jérémiades? Voilà l a question.

On me d i t que l e s explicateurs s e moquenttous l e s uns des autres e t que chacund'euxse c r o i t l e meilleur , l e véritable bon e x p l i -cateur; ce qui prouve q u ' i l s sont tous ex-c e l l e n s . Je réponds c e t t e f o i s que j e s u i sd'accord. Je pense , en e ff e t, de tous l e sexplicateurs , sans exception, ce que chacund'eux pense de tous l e s autres.

On me d i t que des personnes respectablesfont contre l'enseignementuniversel toutes l e sobjections auxquelles l e fondateur c r o i t avoirrépondu; que même i l y a un e de ces personnes respectables qui a jugé que l e s élèvesémancipés, quant à l a longe, étaient dirigésà coups de c ravacheà l ' é c o l enormale; qu'onl e s t u a i tde t r a v a i le t qu ' i l s - étaient tous p â l e s ,s e c s e t maigresquand i l s se sont présentés àl'examen. Je n e répondrais point que l'opinion

d'une personnerespectable e t l'opinion d'unepersonne non respectable sont deux opinionsqui doivent être discutées par l a raison ; quel e respect qu'on doit à l a personne s o c i a l en ' e s tpoint dû â l'opinion ; que l e parlementde Paris très-respectable par sa qualité de

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 218/276

(208)parlement e t encore plus par l a maréchausséequi empoignaitl e s récalcitrans, a eu des opinions contraires dont i l eut é t é t r è s imprudent*de discuter l e mérite ; qu'en général l a puissance sociale e t l e raisonnement sont deuxchoses d i f f é r e n t e squi peuvent être unies ou séparées suivant l e s circonstances.; que l ' a ut o r i t é ne doit jamais discuter, dans l a craintede f a i r e attribuer à l a raison un e décisionimposée par l a forcé ; que lorsqu'on c i t e l apuissance dans un e discussion philosophique,on e s t i r r é f l é c h iou de mauvaise fo i ; que l eparlement de Paris ne savait peut-être pasce q u ' i l d i s a i t quand i l condamnai tAristote ;que c ' e s t un spectacle honteux d'entendre unparlement qui prononcesur Aristote de sonautorité de parlemen t; que l a question r e s t e

toute entière après l ' a r r ê t favorable ou défavorable. S i j e répondais tout cela, on me

répliquerait que j e perds beaucoupde temsà é t a l e r des propositions n i a i s e s ,d e s ' v é r i t é st r i v i a l e s qui n'ont pas besoin de démonstration ; ce qui n 'empêchera,pas l e s antagonistesde c i t e r l'opinion du puissant quand e l l e serafavorable à leurs thèses , e t de l a r e j e t e r -

dans l e cas contraire. I l n'y a point demauvaise raison que nous n'appelions ànotre secours dans l a dispute e t dont nousn e sentions parfaitement l e ridicule quandon nous l'oppose. Je n e d i r a i s donc pastout cela ; on tâcherait de f a i r e croire au

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 219/276

( 209 )parlement que j ' i n s u l t eà l ' a u t o r i t éparlement a i r e e t j e ne veux pas discuter avec unparlement; mais , j e répondrais à un homme:vous voyez bien que vous battez l a campagneavec votre personne respectable. Je n e voudrais même pas discuter avec un e commissionrespectable ; j e me figure ce parlement philosophique a s s i s grAvemenJ;; on me fa i t entrere t l e président académiqueme permet dem'asseoir sur un e chaise. Ce respectable nediscuterait pas pour s ' i n s t r u i r e; un e commission savante n ' f r r i e nà apprendre; e l l e e s t chargéede juger d'après ce q u ' e l l esa i t .Parlez donc,d i s c i p l ede l'enseignementuniversel expliquez-nous c e l a , me d i r a i t l ' u n; nous n'avons pasl a fo i , d i r a i t l ' a u t r e; mais monsieur va nousl a donner, ajouterait, en ricanant, l e voisinqui s'enfonce dans son fauteuil , pour me f a i r eremarquer sa position s o c i a l e; j e s e n t i r a i sl a superiorité de l a raison des f a u t e u i l ssur l araison des chaises e t j e d i r a i s: Seigneursf a u t e u i l s j ' a v a i s cru jusqu'à présent que l ' e nseignementuniversel é t a i t un e b o n n eméthode,mais j e v o i s à vos cousins e t à vos clousdorés que ma chaise n ' e s t qu'une i d i o t e .Non seulement vous pouvez juger du méritedes r é s u l t a t sque vous voyez, mais de plus( e t cela vient du f a u t e u i l) vous pouvez encoreprononcermagistralementsur l e s r é s u l t a t squevous ne connaissez point e t dont vous n'avezpas même d ' i d é e ;enfin sur l a méthode, c ' e s t - à

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 220/276

(210)dire sur l e s moyens employéspour l e s obtenir,quoique vous ayez sagement( comme l e veutl a dignité des f a u t e u i l s) refusé de vous eni n s t r u i r e .Je s u i s convaincu que vous obtiendrez ces résultats inconnus quand i l vousplaira e t que vous suivrez l a méthodequandvous voudrez, quoique vous n e sachiez pasce que c ' e s t . S oy ez persuadésque l e fondateur lui-même, quoiqu'un peu fou , s e r a i t,comme moi, ébloui de votre splendeur e tque , touché de votre raison, seigneurs f a u t e u i l s ,i l s e rendrait à votre aspect respectable.Faites-le donc venir ; que craignez-vous?

J ' a v a i sd i t , moi , jusqu'à ce jour , qu'unecommissioncomposée de respectables part i s a n s du systême explicateur , ou dedignitaires dans l ' o r d r e explicateur, é t a i t (ôblasphême ) incapable de juger l e s élèvesde l'enseignement universel ; j ' a v a i s d i t quec e t t e incapacité provient de l'ignorance deces soi-disant juges d'un fa i t q u ' i l s n e connaissent point. J ' a i toujours avoué, Doctissimescommissaires que votre science examinatricepeut a l l e r jusqu'à v é r i f i e r s i un élève connaîtl a raison du placement de l a virgule s o i t

dans une phrase, s o i t dans un nombre ; j a itoujours avoué que vous é t i e z tous aptes àmesurer l a science d'un élève ( chacun avecson mètre ) . Mais j a i eu l'audace de soutenir qu'aucun de vous n ' é t a i t capable deprononcersur l e mérite d 'un résultat inconnu

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 221/276

. . (211)jusqu'à ce jour, d'un procédé dont l e s i ns t i t u t s n'ont jamais entendu parler. J ' a i eul ' i n s o l e n c e( respectables commissairesc h o i s i spour dire ce que vous avez vu sans regarder ) ; j a ieu l ' i n s o l e n c ede vous compareràces astrologues qui décident de ce qui s e f a i tdans l a lune. J ' a i eu l a présomptionde direque s i vous é t i e z, comme j a i l 'honneur devous con templer, en ce moment , rangés dans

vos f a u t e u i l sen face de notre maître , e t s i lvous demandait, en riant : messieurs q u ' e s t -ce que l'enseignement universel, que vousa l l e z juger ? J ' a i eu , d i s - j e, l a présomptionde dire à tout l e monde que l e s messieursa i n s i que l e s f a u t e u i l sgarderaient l e plusprofond s i l e n c e .Je l ' a i d i t . La plaisanterien ' e s tpas de bon goût e t j e m'en repens ; j e s u i spersuadéaujourd'hui que vous en savez là-dessus , beaucoupplus que vos f a u t e u i l s .J ' a i encored i t que, pour comprendrel e l i v r ede Lacroixoude Broussais , on n'avait pas b esoin d'un e x -plicateur de ce l i v r e; mais j e reconnais maintenant que t e l d'entre vous explique beauc oup mieuxtout cela que Lacroix e t Brouss a i s lui-même.Je parie que Broussais conviendrait ques e souvragesont besoinde l ' e x p l i c a t i o nd'un vieux professeur de quelque v i e i l l e un iv e r s i t é .

Je c r o i s de plus qn e s i l e s explicationsperfectionnées du t e l , choisi pour expliquermieux, étaient imprimées, i l faudrait nom

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 222/276

( 2 12 )mer, sur l e champ, un autre t e l pourexpliquer c e t t e explication ; jusqu'à ce qu'enf i n on déterre un explicateur qui , récitantreligieusement l a dernière explication , s e r a i tl e dernier terme de c e t t e progression descendanted'explicateurs perfectionnés. Je croisque , plus on prend de termes de c e t t eprogression, plus on approche del a v é r i t écontenue- dans Lacroix ou dans B r o u s s a i s . -Ainsi , dans c e t t e hiérarchie e x p l i c a t r i c ei lne peut y avoir que des premiers e t pointde derniers. Voilà p'ourquoi i l y a des élèvesqui n'apprendrontjamais rien ; i l e s t imposs i b l e en e ff e t de trouver un rapport exactentre toutes l e s i n t e l l i g e n c e sdestinées à écout e r e t tous l e s e s p r i t snommés pour expliquer.Pour un To r i c e l l i ,i l faut un Galilée ; pourun p e t i t génie , i l faut un explicateur terreà t e r r e . Or on nomme des Galilées quand onveut e t l ' o n n'y manque jamais; mais l echoix d'un pauvre explicateur, qui ne disej u s t e que ce qui a é t é d i t , d'un explicateurqui ne l a i s s e rien à expliquer, sans quoil e besoin d'un sous-explicateur s e f e r a i ts e n t i r, l e choix d'un t e l .i d i o t n ' e s t pas f a c i l ee t c ' e s t l à qu'on échoue. Mais, quoiqu'ondoive échouer dans c e t t e organisation e x p l ic a t r i c e , j e reconnais, en ce moment, l anécessité des f a u t e u i l se t des chaises dansnotre s o i - d i s a n trépublique des l e t t r e s . C ' e s tdonc à vous à prononcer commissa irement;

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 223/276

(213)autrement i l n'y aurait plus d'ordre dansl e s l e t t r e s; l e bon goût e t l e mauvais goûts e feraient l a guerre e t l a république s e r a i tdans l'anarchie ; c ' e s t à l a commissionàsauver l a patrie métaphysique de ces d i ssensions . i n t e l l e c t u e l l e s; alors l a républiquedes l e t t r e s vous sera redevable du silence

e t de l a - paix des e s p r i t s qui béniront àjamais l e trône du systême explicateur quevous aurez maintenu par intérêt , c ' e s t - à - d i r epar z è l e pour l e progrès de l ' i n s t r u c t i o n .On continuera à l a distribuer méthodiquement e t avec ordre , malgré l a -motion ré

volutionnaire de l'émancipation i n t e l l e c t u e l l e,qui , proposant l a l o i agraire pour l e s surfaces e t l e s s o l i d e s, pousse toutes l e s i n t e l l igences au désordre en leur promettant l ep i l l a g edes sciences.

Oui f a u t e u i l s, pleins d ' e s p r i t s supérieurs ,j e vous rends l e s armes; l e s séditieux neme compteront plus dans leurs rangs. Demême que l a s o c i é t é repose sur ' l e respectdes propriétés matérielles ; de même l a propriété i n t e l l e c t u e l l ee s t sacrée; cependantl e s éman cipés pren nen tl a science partout

dans l e s l i v r e s sans l ' a u t o r i s a t i o ndes e x p l i -cateurs à qui ces l i v r e s appartiennent puisq u ' i l s l e s ont appris. N'est-ce pas un volmanifeste? I ls veulent forcer l e s é r a i l dessciences , malgré l e s eunuques chargés dal e s conserver e t de l e s présenter, page à

27

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 224/276

(214)page, à l'acheteur d'après sa demande.I ls

prétendent j o u i r d'un magnifique spectaclesans payer l e s acteurs ; sous prétexte q u ' i l saiment mieux l i r e l a pièce pour rien , quede donner de l ' a r g e n tà de mauvais comédiens ; comme s i l n'y en avait pas de bonsdans l e nombre. Mais enfin l a s é d i t i o n e s t

appaisée^ grâ ceà l a pièce que vous .venezde jouer aux émancipés; cet acte-là ne leurfera certainement pas p l a i s i r, même à l alecture.

Quant à , moi, j e s u i s convaincuque vousn 'abuserez point de ' l a v i c t o i r ee t que , pourconcilier tous l e s e s p r i t s, vous ê t e s également capables de diriger l e s émancipésaussibien que l es ' garottés , avec l e même z è l e,l a même impartialité ; vous expliqueriezparfaitement , s i l l e f a l l a i t, à l a méthodeémancipatrice, votre ennemie, ce q u ' e l l e

doit f a i r e pour triompher de vos amis, l e sexplicateurs. En f a i t d'opinion nouvelle, l emeilleur moyen d'en f i n i r a toujours été deconsulter un e commission de l a vie i l l e .Voyez Galilée ; on en aurait é t é dupe sansl a commissionquia d i t : j e ne comprendspas.

Sansvous , commissionsexaminatrices, quelques s o t s auraient peut-être cru , comme moi,( j e l'avoue à ma honte ) , que l 'h ommes o c i a la besoin d'une règle pour S e s actions , maisque l a pensée n'a pas besoin d'une commiss i o n qui l u i donne l ' e x i s t e n c ee t l u i apprenne

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 225/276

(215)

l'usage q u ' e l l een doit f a i r e . Je croyais alorsque, j e pouvais m'instruire dans l e s l i v r e s e tcomprendrel a parole d'un homme sans l ' exp l i c a t i o norale d'un autre homme ;^nais puisquel e s commissionsdisent que non , i l ne m'enfaut pas d'avantage e t j e n'oserai plus désor

mais l i r e , même l a gaiette , sans avoir à mescôtés l ' e x p l i c a t e u rnécessaire pour me f a i r ecomprendrece q u ' e l l edi t . Peut-être que notremaître lui-même, qui a beaucoupde confiance en son intelligence , n'a pas b ien compris ceux qui s e moquent de l u i , s i on ne

l e s l u i a pas expliqués. Au surplus votre déc i s i o n, sublimes commissions, sera certainement comprise de nos neveux encore mieuxque de nos jours , grâces aux explicateurs quine peuvent manquer de s e perfectionner avecl e tems, s i Dieuleur prête vie; ce que tout hom

me raisonnable doit souhaiter en conscience.Quand on me demandait s i un bon maîtreexplicateur n e pouvait pas f a i r e des élèvesaussi f o r t s que ceux de l'enseignement un iv e r s e l . Je répondais, en g og uen ardan t, quel e s bons maîtres son t rares e t que l 'émanci

pation s e passe t r è s bien de c e t t e rareté ;mais j e d i r a i maintenant:monsieurveut r i r e ;puisque l'enseignement universel ne vaut rien ,i l n é s ' a g i t pas de l e comparerà l ' e x c e l l e n t ev ie i l l e .

On me d i t que l a méthode e x p l i c a t r i c ee t l 'émancipation sont , l'une e t l ' a u t r e,

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 226/276

(216)

fondées sur un e opinion. Or un e opinionn ' e s t pas l a vérité; ainsi, l a nouvelle n'ayantpas plus de droit que l'ancienne , i l e s tprudent de s ' e n tenir à ce qui es t . Un ex-plicateur , de beaucoup d ' e s p r i t, d i s a i t 'à cës u j e t : j e s u i s tenu à l a longe i l e s t vrai ;

mes prédécesseurs étaient dégagésde cetteentrave que l a révolution nous a donnée,j ' e n conviens. Mais s i l'émancipation i n t e l l e ct u e l l e é t a i t é t a b l i e, 1 ° . ce s e r a i t une longenouvelle e t j ' y s e r a i s attaché comme à l ' a u t r e .2°. Je perdrais l a longe avec laquelle j e f a i s

tourner mes bambins .Or cela m'amuse; one s t bien a i s e de tenir quand on e s t tenu ,de f a i r e tourner quand on tourne. Ce sontl e s ricochets d'usage. Que l ' o n me lâche e tj e lâcherai; mais , dans l 'émancipation i n t e l l e ct u e l l e , j e me vois pris sans prendrepersonne.

Le grand émancipateur donne l a libertéaux esclaves , mais i l enchaîne l é s colons ;i l m'ordonnera dé f a i r e f a i r e à mes soldatsl ' e x e r c i c e à leur volonté ; or l e s soldatsvoudront n e rien f a i r e e t l ' o n dira que c ' e s tma f a u t e . Longe pour longe , bride pour

bride , j e n e veux point changer; j'aimeautant mon b â t qu'un autre. D'ailleurs j e n epourrais plus rien dire e t j'aime à parler ,outre que j e parle bien. I l se moque desexplications perfectionnées e t i l a raison,mais quand i l r i t des explicateurs , i l a t o r t .

Je ne pensepas que on explique mieux aujour

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 227/276

(217)

d'hui qu'autrefois ; j e ne c r o i s pas que onexpliquera mieux qu'aujourd'hui; j e c r o i squel ' e x p l i c a t i o ne s t un a r t , dans ce sens que t e lhomme explique sa pensé.e mieux que sonv o i s i n .Maiscet art a cela de particulier e t decaractéristique q u ' i ln e peut pas s e perfectionner

d'âge en âge , par l a raison que depuis l ecommencement du monde , l e s hommes onttoujours eu toute l a science q u ' i l faut avoirpour bien expliquer ce q u ' i l s d i s e n t .L'artd'expliquer e s t individuel , i l ne t i e n t ni auxdécouvertes scientifiques , ni aux pays , ni

aux tems. Voilà pourquoi on a t o r t de dire,vaguement, que l e s méthodesexplicatrices s eperfectionnent ; cela e s t absurde. L'enseignement u n i v e r s e l ., qui n'a pas l e sens commun,pourrait ê t r e parfaitement expliqué dans tout e s s e s n i a i s e r i e s; l a meilleure méthode gram

maticale peut être mal exposéeoralementparun s o t explicateur ; l e plus p e t i t calcul peut-être embrouillé par celui qui parle. C ' e s t encela , mais en cela seul , que pèche l e s y st ême explicateur. S i l ' e x p l i c a t e u re s t mauvais,tout e s t perdu, quoique l e s explications soient

dit-on perfectionnées. On peut dire que l e smédecinssont perfectionnés, c ' e s t - à - d i r eplusi n s t r u i t s ,dans l ' a r t de guérir, s i c e t a r t afa i t des progrès, s i on a découvert un remèdenouveaue t c . Mais cela n e s i g n i f i epas que l e smédecinsemploient l e s connaissancesdu jour

avec plus d ' a r t que leurs devanciers. De même

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 228/276

. (218)

l e s explicateurs n'ont pas plus de t a l e n t ,comme explicateurs , que nos anciens. Enfinon ne peut pas s e f l a t t e r de bien choisir unexplicateur pas plus qu'un médecin pourautrui; dans l e s deux cas, l a confiance nepeut-être que personnelle. Ainsi l a désigna

tion off i c i e l l edu bon explicateur comme dubon médecin e s t impossible, cela e s t vrai ;mais i l en faut, t e l l e e s t l a l o i sur toute l at e r r e . La nécessité excuse t o u t .

Je répondrais que l e p e t i t qui é c r i t s i bienne comprend pas l a nécessité du choix desexplications orales , parcequ'il n'en a jamaisentendu.

On me d i t que l e moment n ' e s t pas favorable pour attaquer en Europe l e systêmedes longes qui se perfectionne, de jour enjour , e t auquel l a révolution française a misl a dernière main. Partout autrefois , commeen Chine, l e s l e t t r é s jouissaient d'une considérat ion personnelle,qui semblait due à leurmérite. De p e t i t e scorporations de mandar ins ,disséminées sur l a surface de l'empire ,éclairaient l e s peuples sous l a protection dupouvoir suprêmequi, du reste , l e s l a i s s a n trouler à leur mode dans leurs orbites , l e sabandonnai t à eux-mêmes dans l e vuide.Ces corps marc haien t en semb le ous ' i s o l a i e n tà leur gré ; s entre-choquant quelquefois ,sans danger- pour l a science qui s e perfectionnait au milieu de ces manœuvres ad

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 229/276

(219)

* libitum. Alors au moins l e s - maîtres étaientencore émancipés. Tout, à coup, parut surl a scène , un e autorité nouvelle qui, proclamant l ' indépendancerespective des individus ,é c o l i e r s e t maîtres , l e s appela tous , souspeine de mort , à un e seule e t même dépen

dance, à un e seule e t même opinion. Toutesl e s longes furen t rompues au milieu desilluminations e t des c r i s de j o i e de l a mult i t u d e . I l n'y eut plus, dans l a république,qu'une s e i i l e e t même longe, pour l e s savanscomme pour l e signorans, pour l e s maîtrescomme pour l e s d i s c i p l e s . Même poids ,même mesure, pour l e s pensées commepour l e s denrées; un seul e t même systêmeprohibitif d'opinions sur toute l a surface dupays. Plus' d'universités \

Cette unité de joug f u t nommée é g a l i t é,e t chacun répéta : é g a l i t é é g a l i t é c ' é t a i ten effe t l a même chaîne, un e chaîne égalepour tous ; e t comme l a chaîne é t a i t individuelle e t que chacun s e voyait détachéde son v o i s i n ,, tous voltigeaient , sans pouvoir s'entraver respectivement, autour ducentre où l a chaîne unique e t égale pourtous é t a i t f i x é e, à l a grande s a t i s f a c t i o ndesv o l t i g e u r s .Toutes l e s opinions étaient l i b r e s ,excepté une. On pouvait chansonner toutesl e s chaînes, excepté l a chaîne de l a l i b e r t é .

Cependant, ( on s e l a s s e de tout , mêmede l a liberté) l e s idées s'ennuièrent de tour

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 230/276

(220 )ner autour du point d'attache ; e l l e s demandèrent l a faculté de s'agglomérer d e n ouveau.Alors, profitant de c e t t e insurrection idéale,un bras vigoureux renversa l a républiquee t s'emparade l a chaîne q u ' e l l eavait f o r g é e .On célébra l e rétablissement des groupesexplicateurs e t l a restauration des longes,e t l e s idées furent proclamées, s i non l i b r e s ,du moins l i b é r a l e s .Mais l e bras vigoureuxrattacha, en cachette, toutes l e s longes nouv e l l e s à l a longe républicaine. Un ordrenouveau, un ordre inoui , un ordre inconnudans l ' h i s t o i r e, fut é t a b l i pour l e gouvernement des intelligences ; des p e t i t s maîtrespour l e s p e t i t s e s p r i t s, de moyens maîtrespour l e s e s p r i t s moyens , enfin un grand-maître de tous l e s maîtres. Les explicateurssubordonnésexpliquent l e s l i v r e s aux i n t e lligences écolières ; plus haut , l e grand e x p l i -cateur t i e n t l a longe des maîtres ; i l leurexplique quels sont l e s l i v r e s q u ' i l s doiventexpliquer, e t comment i l s doivent s e d é f i e rde tout e s p r i t de systême qui porteraita t t e i n t eau systême des longes perfectionnées.Centralisation i n t e l l e c t u e l l eadmirable héritage sacré de l a défunte république Voilàcomment, à l'exemple de Sparte , l ' h é r i t i e rde l a défunte , voulan t préven ir l e s excèsde l a gourmandisel i t t é r à i r e , a i n s i que l edanger de s e nourrir à sa mode , décida:que l e s e s p r i t s de tout l e pays savant ne

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 231/276

( 221 )

mangeraientque d'un seul e t même ragoût ;qu'un chef i n t e l l e c t u e l s e r a i t chargé des u r v e i l l e rtous l e s cuisiniers e t de leur pres c r i r e l e s doses pour raccommodage d'uneman iè re un iforme, immuable e t exclusive.

Reconnaissez i c i l'empire de c e t t e raison

universelle qui a recouvré à l a f i n s e s d r o i t simprescriptibles. Tout passe ; l a longe - s e u l ee s t r e s t é e . La république e s t morte; l e brasvigoureux s ' e s t desséché, mais l e s longes n es'useront jamais 5 l e grand explicateur l e st i e n t toutes, e t , du haut de son siège , i l

f a i t rouler ( pour l e perfectionnement dess i è c l e s ) l e char des sciences_ dont l e s cours i e r s écumans foulent aux pieds l 'émancipation i n t e l l e c t u e l l equi n'a vécu que deuxj o u r s .

Je répondrais : croyez-vous, mon cher

amplificateur , que l e grand explicateur pourr a i t écrire , tout en roulant, aussi bien quel e p e t i t émancipé?

Cependant l a manie des c i t a t i o n s, qu'onne guérira jamais , n ' i n f l u e réellement quesur l a formede nos discours , e t , chose étrangee l l e n'a aucune influence r é e l l e sur nos opinions. C ' e s tencoreun e pure apparence.D'abord,i l y a bien peu d'hommes qui aient une opinion. Q ui e s t - c e qui a l e tems d'avoir un e

-opinion ? Chacun , dans l a profession q u ' i lexerce , r é f l é c h i tplus ou moins sur ce q u ' i ls a i t e t peut dire, jusqu'à un certain point:

2 8

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 232/276

( 2 2 2 ) .r o i l à mon opinion ; s i demain j ' e n change,j ' a u r a i un e autre opinion , j e me serai troppressé de juger h i e r . Si cet homme e s t sage ,e t s i lp r o f i t ede cette expérience , i l énonceradésormais s e s opinionsavec modestie. Or cettemanière d ' ê t r e ne s a t i s f a i s a n tpas notre orgueil , nous avons p r i s l e parti de dire quenous avons des opinions sur tous l e s s u j e t s .Le ridicule de nos prétentions, à cet égard,ne nous retient point ; l ' i m p o s s i b i l i t émanifestede ce f a i t n e nous déc on certe pas e t , dequelque chose qu'on parle, nous avons l ' i m

pudence de dire : c ' e s t mon opinion; sanspenser que cela s i g n i f i e: t e l e s t l e f r u i t desréflexions que j e n ' a i pas eu l e tems de f a i r e;t e l e s t l e résultat d'une vérification dont j e n eme s u i s jamais occupé.

P ar exemple, un mathématicien dira quel e s mathématiquesson t plus ou moinsdi ff i c il e s que t e l l e science q u ' i l n'a point apprise.I l su ff i t qu'on sache l i r e e t écrire en mathématiques pour être , par cela seul , au-dessus de ceux qui écrivent dans toute autrelangue. C ' é t a i tl'opinion des mathématiciens,

quand i l n'y en avait guàres , c ' e s t toujoursleur opinion aujourd'hui q u ' i l y en a desm i l l i e r s; ce qui prouve qu'on l e s compterapar millions quand on voudra. Lesmathématiciensn'ont pas l'opinion q u ' i l s nesont pas plus connus e t par conséquentpas

plus estimés que l e s autres a r t i s t e s . Newton,

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 233/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 234/276

(224)demandons pas davantage. Toute autre opinion e s t i r r é f l é c h i ee t ne peut que nuireà notre bonheur; à chaque instant i l fautmodifier ces opinions éphémèresqui n e fontque nous tourmenter.

Voilà mon opinion ; voilà pourquoi j e. «u i s content, quand, d'après cette opinion,j e crois avoir f a i t quelque chose pour l e sf a m i l l e s .Une famille e s t déjà une petitecorporation. Aussi est-ce au père que j em'adresse; c ' e s t à l u i que j e viens d'exposermon opinion. Qu'il y pense, c ' e s t à l u i àjuger pour l u i .

Voici ce dont j e s u i s sûr ( remarquezquece n ' e s t pas un e opinion ) : ou l e f a i t e x i s t e ,ou i l n ' e x i s t epas. Si l e f a i t e x i s t e ,d i t e s q u ' i le x i s t e, e t s i ln ' e x i s t epas , d i t e s q u ' i l n ' e x i s t epas. Tout ce que vous ajouterez n'aura pas l esens commun; j e vous en a v e r t i s obligeamment pour votre gouverne.

Je viens de dire beaucoupde paroles inut i l e s . I l en sera de ce l i v r e comme de toutesl e s explications qui ne' produisent aucune f f e t par elles-mêmes. Le blanc , l e nègre,l e lumineux, l'obscurant, l'orateur , l e logicien , l e vieux professeur , a i n s i que l ' e x p l i -cateur perfec tionné continueront à jouer ,chacun son rôle, e t diront: j e ne comprendspas que j e devrais regarder un fa i t pourl e connaître , e t que j e s u i s un s o t quandj e parle sans avoir vu. Je ne comprendspas que j e s u i s un s o t quand j e plaisante

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 235/276

(225)ou quand j e me fâche avant d'avoir v é r i f i él e fa i t ; j e ne comprends pas que j e s u i sun s o t quand j e me déclare connaisseur enimpossibilités, j e ne comprendspas que j es u i s un sot, quand j e change l a questionpour tromper mon interlocuteur , s i l n ' e s tpas a t t e n t i fà ce tour de gibecière ; j e necomprendspas que j e s u i s un sot, quand j echangede conversation pour éviter un e d i scussion qui ne me f a i t pas honneur.

S ' i l y a , par hazard, un homme , sur l at e r r e , qui comprenne tout cela; e t s i pourtant ce que j e d i s n'a pas de sens , tantmieux. C ' e s t bon signe pour l 'honneur dugenre humain qui se . perfectionne. La revueinsérera dans sa s t a t i s t i q u e, qu'à l a date duxixm° s i è c l e, on ne comptait déjà plus quedeuximbéciles, mon cobête e t moi. S i pourtantl a revue n ' a v a i tpas tout vu, s i mes souhaitsétaient accomplis, s i j e pouvais déterrer unimbécile, rien qu'un , par royaume , ce n ' e s tguères ; mais non , i l n'y faut plus penser.C ' e s tun e ambition désordonnéequi me f l a t t ed'une i l l u s i o n mensongère, l e s explicationssont trop perfectionnées , e t mes prétentionstrop exagérées. I l faut savoir s e contenter.Je d i r a i donc pour me consoler : Diogènechercha long-tems un homme e t i l ne putl e trouver dansl e s ténèbres de l'obscurantisme,moi, j e s u i s plus heureux; j e cherchais,au milieu des lumiè res, un imbécile; e t j el e t i e n s . Diogène e s t vaincu

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 236/276

(220)

AVIS AUX SAVANS.

Pour me débarrasser des o i s i f s qui viennent me Voir par partie de p l a i s i r, j a ip r i sl a résolution suivante :

Un savant qui a , ( comme i l s disent tousOn entrant ) , quelques htwibles objectionsà me proposer, sera interrogé , par moi,sur ce que j ' a i d i t dans mes ouvrages I lfera bien de continuer sa route, s i l nes a i t pas d'avance ce dont i l s ' a g i t ; j e n'aimepoint à instruire un homme de ce q u ' i l e s tcapable d'apprendre par lui-même, sans

maître explicateur.Les autres me feront honneur e t p l a i s i r.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 237/276

( 2 2 7 )

AVIS.

Tout père de famille, pauvre, ignorant,qui n e s e c r o i t pas bête , e t qui ne regardepas son voisin cpmme un e bête , peut s ' adresser à moi , j e l e dirigerai , dans l'éducat i o n de s e s enfans, pourvu q u ' i l s n e fréquentent aucune école explicatrice , de quelquepays que ce s o i t , e t q u ' i l s n e soient pasdestinés à subir l'examen d'aucun examinateur perfectionné. Autrementi l faut façonnerl ' é l è v e à entendre des explications ; cela s epeut , sans doute; mais pour bien rapetisserun homme jusqu'à ce point , i l faudrait parfaitement connaî tre tous l e s cahiers perfectionnés de tous l e s pays , a f i n de gâter nitrop , ni trop peu , l'enseignement universele t seulement comme i l convient selon l ' ex i -geance du c a s . Ce dont j e ne me soucie pasdu t o u t .

I l suff i t d'affranchir l e s l e t t r e s .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 238/276

(228)

NOTE I .

S ur l a l e t t r e , page 89.

Quelques uns d'entre messieurs l e s lieu-tenans généraux du Royaume des Pays-Basont regardé, m'a-t-on d i t , c e t t e propositioncomme inconvenante. I l s sont dans l ' e r r e u r.

Je p r o f i t e de c e t t e occasion, pour dire àtous l e s gouvernemensque j e c r o i s q u ' i le s t impossible de f a i r e réellement un e s s a i ,contre l e s préjugés é t a b l i s, en procédantdeb as en haut dans l'ordre s o c i a l .

Si un e école normale é t a i t composéedes

chefs de l'armée dans un pay s q uelc on que:1 ° . Les exercices de c e t t e école ne rencontreraient aucun obstacle.

2 ° . L'opinion de t e l s disciples f e r a i t l o i e tn'éprouverait aucune contradiction dans l e scorps.

3° . Le témoignagedes c h e f s , en pareil c a s ,o ff r i r a i tau Souverain un e garantie s u f f i s a n t e ,e t i l s e r a i t imposantpour l a multitude, quoique moinsdémonstratif, aux yeux de l a raisonque l e témoignagedes subordonnés, qui nepeuvent émettre leur opin ion qu'avec ména

gemente t avec réserve.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 239/276

(229)

Je fa i s ces r é f l e x i o n sdans l ' i n t é r ê t seul desgouvernemens.Elles m'ont é t é suggérées parce qui s e passe en France, en ce moment.Un d i s c i p l ede l'enseignement universel acru b ien f a i r e de s'adresser au gouvernementfrançais, i l a donc s u i v i l a marche de tousl e s méthodistes passés, présens, e t à venir.Le ministre de l ' i n s t r u c t i o n ,de son c ô t é , n'apas manqué d e répon dre, comme c ' e s t l'usage ,qu'une commissioncomposéede membresd i stingués de l ' u n i v e r s i t éé t a i t chargée d'examinerdes procédés q u i ont ( à ce que d i t S on Excellence ) de Vanalogie avecceux de M. Jacolote t de comparer l es r é s u l t a t s avec ceux del'enseignement ordinaire des c o l l è g e s; que Taut o r i t é atten d que l es travaux de l a commissione t l ' e x p é r i e n c el u i permettent de porter unjugement d é f i n i t i fsur un s u j e t s i digne det o u t eson a t t é n t i o n .Ce fa i t m'a donné l ' i d é ede f a i r e connaître aux gouvernemensmona v i s sur l e s commissions, en pareil cas ,comme on l e v o i t dans ce quatrième volume.I l me semble que l e s savans devraient serécuser quand i l s ' a g i t de prononcer surl'émancipation i n t e l l e c t u e l l equi l e s prendà partie e t proçlame leur i n u t i l i t é .I l s n'enferont rien , mais l e s gouvernemenssaurontque* j e l a i di t .

J'aurai fa i t tout ce que j e puis f a i r e , nonpoint pour é t a b l i r , mais pour f a i r e connaîtrel'enseignementuniversel. Ainsi, dans l a crainte

29

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 240/276

( 2 3 0)

q i i e l e s pères de famille ne soient victimesde l a méprise du ministère français, j a ic h o i s iM . l e général Lafayette, mon anciencollègue, pour instruire l a chambredes Députés de c e t t e méprise. Je recommande donc,aux membres qui me connaissent e t à qui

j ' a u r a i s inspiré de l a confiance, d'annoncer,en mon nom, aux pauvres de leurs dépar-temens, l e bienfait de l 'émancipation i n t e ll e c t u e l l e .

C ' e s tun e œuvre de charité que j e confieà leur patriotisme.

Chaque pauvre , qui s ' i n s t r u i r a désormaisen France, sans maître explicateur, sera untémoin de plus e t de l a r é a l i t é du bienfaite t du z è l e philanthropique de ceux qui l el u i auront fa i t connaître.

C ' e s t en leur qualité d'hommes que j e

recommande , à mes anciens collègues ,l 'émancipation i n t e l l e c t u e l l e .Comme citoyens ,i l s examineront, s i l sl e jugent convenable>l e bien q u ' i l en peut résulter pour l a p a t r i e .Comme membres du gouvernement, i l leurappartient de décider ce q u ' i l s doivent f a i r e

pourque

l e ministère , involontairemententrainé par l e s préjugés e t l e s opinions étab l i e s, ne puisse pas nuire à l a propagationdu bienfait , par une décision fondée sur una v i sconnu d'avance.

L'autorité ne peut , sans doute , consulterque ceux q u ' e l l ea sous l a main; e l l e ne peut

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 241/276

(231)prononcer que d'après leur a v i s . Mais oesdécisions ( quand i l s ' a g i t d'une opinion) nefont pas l o i pour l a pensée. L'ordre actuel del' enseignement publ ic ne prononcera jamaiscontre lui-même; e t c ' e s t l ' o r d r e actuel quel'enseignement universel prend à partie , e tq u ' i l n e peut par conséquent reconnaîtrecomme juge. Aussi n'est-ce point un e pétitionque l 'émancipationi n t e l l e c t u e l l eprésente humblement ni aux individus , ni à l ' a u t o r i t é;e l l e se contente de dire: me voilà, décidez-vous , cela vous regarde ; j e ne veux rien ,j e ne demande rien ; j e d i s que tout hommepeut s ' i n s t r u i r e sans maître explicateur. Quevous l e croyez ou non , j e n'y puis r i e n . Faitesce q u ' i l vous plaira , c ' e s t votre a f f a i r e; mondevoir à moi é t a i t de vous prévenir , e t j evous préviens. S i , par hazard , j'apprenaisque l e ministère anglais s'occupe de l a méthode d'Hamilton, e t q u ' i l a d i t , comme l eministère français : procédés analogues à ceuxde M. Jacotot , j e c r o i r a i sdevoir prévenir l eParlementde c e t t enouvelle mépriseministériell e e t j e l e préviendrais ; sauf au Parlementà s edécideren conséquence.Maisj e ne présenteraispoint unerequête au Parlementd'Angleterre.Oné c r i t un e requête pour avoir un e permissionde f a i r e ou pour obtenir quelquefaveur , maisun e opinion ne peut rien f a i r e , e t l e s faveursne prouvent rien en sa faveur. Proscrite oua c c u e i l l i e, sa nature d'opinion ne peut pas

changer, autrement e l l e ne s e r a i t p l u s .

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 242/276

( 2 3 2)

Les faveurs ou l a disgrâce n e servent àreconnaître n i l a v é r i t é, ni l'erreur ; ou bieni l f a u t dire que l a v i e i l l e méthode e t tantd'autres v i e i l l e schosessont l a v é r i t é .Les grands-changemensd'opinion , qui sont consignésdans l ' h i s t o i r e, sont des f a i t s e t non des preuves de l a vérité ou de l ' e r r e u r.Tout cela vientdes circonstances e t des besoins du moment .Ainsi l e s obstacles , qu'ont eu à combattrecesgrands changemensne prouvent rien , n i pourn i con tre. I l y a eu changement; r e s t e à savoirs i l e s t approuvé par l a raison. L'ancien atoujours d i t n on ; l e nouveaua toujours d i toui ; tous l e s explicateurs belges disent non ,tous l e s d i s c i p l e sde l'enseignement universelrépètent o u i . Les antagonistes demandent desexplications du soi-disant enseignementuniver-l e s , l e s d i s c i p l e srépondentque l e s l i v r e s dufondateur sont imprimés; que l'enseignementuniversel comme toute autre chose, peuts'apprendre sans e x p l i c a t i o n s .L'antagonistei n s i s t e e t réclamedes explications , l e d i s c i p l ef i d è l el e s refuse e t donnel e l i v r e; l'antagonistej e t t e l e l i v r e e t l e disciple l e ramasse. Un pèrede f a m i l l ec h o i s i tun maître pour s e s enfans ,i l s ' a p e r ç o i tde 4eurs progrès rapides e t i ls ' e n étonne. I l l u i vient un scrupule e t i lépie l e maître. O fureur c ' e s t un universelà qui sont dus l e s progrès des enfans. Le pèreexplicateur chasse l e . maître qui n'expliquepoint, l e s enfans ne vont plus , mais l 'honneurdu principe e s t conservé. Quelquefois on garde

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 243/276

(233)l e maître en cachette e t l ' o n p r o f i t e , dansl 'ombre , de l 'émancipation que l ' o n mauditen public. Voilà ce qui s e passe dans l eRoyaume des Pays-Bas. Dans l es autresRoyaumes on copie , à qui mieux mieux, quelques uns des procédés de l'enseignementuniversel ; l e précurseur de Lyon dénonceenvain ces copistes maladroits, l a masse desjournaux français cpntinue à préconiser desr é s u l t a t s qui sont dus à l'enseignement un iversel dont i l s n e disent pas un mot, e tdont i l signorent peut-être encore l ' e x i s t e n c e ,

malgré l e bruit e t l e scandale q u ' i l cause,depuis dix ans, à leur porte. Les annalesbelges , l ' i n d u s t r i e lbelge réclament i n u t i l ement, l e s journaux français fon t l a sourdeo r e i l l e e tvont leur t r a i n . Et l ' o n va peutê t r e condamner l'enseignement universel à

Paris, sous un nom déguisé e t sans avoirv é r i f i é l ' i d e n t i t é ,sans savoir en quoi consistee t jusqu'où s'étend c e t t e analogie dontparle l e ministère français; à moins q u ' i ln e vienne à l a pensée d'un des savanscommissaires de prendre des mesures pour

ne pas juger en l ' a i r , comme i l arrivequelquefois aux commissions. Autrement l e sd i s c i p l e sde l'enseignement universel jeterontl e s hauts c r i s et ' l e s savans commissaireséclateront de r i r e , e t moi a u s s i . Alors l arevue , qui v o i t tout e t qui n'a pas vu

l ' a n a l o g i eque l e ministère français a rernar

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 244/276

C234)

quée , rendra son compte encyclopédique,comme à l ' o r d i n a i r e ,e t s e s abonnés serontcontens d ' ê t r e s i bien i n s t r u i t s de tout cequi se passe depuis dix ans. C ' e s t un e p e t i t elacune encyclopédique.

Cependantl e directeur de l a revue e s t venu

chezmoipour me voir , e t i l y a vu messieursde Bériot e t Oury , l e violon sur l'épaule etl ' a r c h e tà l a main, prenant des leçons d'enseignementuniversel; mais comme à Paris, onexplique e t comme j e ne puis pas expliquerl e violon , l e directeur aura cru q u ' i l r ê v a i t .I l n'a pas fa i t attention q u ' i l a eu plus d'unef o i s l'occasion d'admirer monsieur de l î é r i o tà Paris ; i l n'a pas réfléchi que monsieurOury , premier violon de l'opéra de Londres,é t a i t venu à Louvainexprès pour me demanderdes leçons d'enseignementuniversel. Ce f a i textraordinaire, dont i l a é t é témoin, méritaitpeut-être un e place , au moins comme nouveau,, dans un e encyclopédiede nouvelles.

Mais tout cela ne prouverien ; i l s e r a i tfortdi ff i c i l e de reconnaître l a voix de l a raisondans ce tumulte des passions. Au milieu de

ces clameurs , de ces prétentions e t des cesrécriminations , l ' a u t o r i t éne peut que communiquerou r e t i r e rsa puissance à qui i l l u ip l a î t; c ' e s t un e question de politique dontl e s gouvernemenss e u l s sont juges , e t c e t t edécision s e r t de règle aux actions des gouvernés qui doivent s ' y soumettre avec respect.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 245/276

(235)

Mais l ' a u t o r i t é humainen ' e s t pas juge desv é r i t é s, ni des erreurs , ni des opinionshumaines. Quand l ' a u t o r i t éhumaine parle ,j e dois obéir e t j ' o b é i s; c ' e s t un e actionq u ' e l l e commande e t j ' a g i s; c ' e s t une actionq u ' e l l eme défend e t j e m'abstiens. Mais e l l e

n'ordonne point un e pensée e t j e pense àma mode.

Si j ' é t a i s en France , j ' i r a i s écouter l ' ex -plicateur en t î t r e dans l e s écoles de l'univers i t é de France, pareeque l a l o i défendd ' ê t r eavocat ou médecin à ceux qui n'ont pas

écouté pendant t el tems t e l l e s explicatiohsde c e t t e université ; mais j e penserais quej e n'en a i pas besoin pareeque l a l o i nedéfendpas de l e penser e t que le f a i t del ' é c o l enormaleBelge viendrait , malgré moi ,me d i s t r a i r e sur l e s bancs en face de l a

chaire des explicateurs que j e regarderaiscomme i n u t i l e s .En Angleterre, j ' i ra i s écouterd'autres explications pendant un autre tems,mais j e considérerais c e t t e soumission de mapart comme un devoir e t non pas commeun e obligation de croire à l a nécessité r é e l l e

de f a i r e en deux pays de deux façons d i f f érentes pour y bien f a i r e l a même chose.J ' o b é i r a i sà l a l o i française- en France, e tà l a l o i anglaise en Angleterre , a i n s i des u i t e . Je c r o i r a i scependanttoujours à l'émancipation i n t e l l e c t u e l l e .

Je ne demande donc point , à mes anciens

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 246/276

(236)collègues, q u ' i l s jugent l'enseignement universe l , i l s ne l e comprennentpas ; j e ne veuxpas q u ' i l s l e prônent, i l s ne savent pas ceque c ' e s t ; j e ne veux pas même q u ' i l s s ' e ni n s t r u i s e n t , i l s n'en ont pas l e tems. Jeveux seulement l e s i n v i t e r à annoncer l e fa i tcomme un e simple nouvelle, comme un purouï-dire. On s ' i n s t r u i t sans maître e x p l i c a -teur à l ' é c o l enormale m i l i t a i r ei n s t i t u é eparS a Majesté l e Roi des Pays-Bas. Mes ancienscollègues jugeront s i ly a beaucoupd'inconvénient à publier un e p a r e i l l e nouvelle enFrance, comme l ' o n t cru ( à ce q u ' i l paraît )tous l e s journaux du pays. Quant à moi j ene vois pas d'inconvénient à l e s en p r i e r.

Ainsi j e désire que mes anciens collèguese t que tous mes élèves fassent connaître enFrance, en Angleterre, en Allemagne,e t c . l ebienfait de l 'émancipation i n t e l l e c t u e l l e; cesont des individus que j ' a p p e l l e e t que j echarge d'une mission de c h a r i t é . Mais j e nem'adressepoint à l ' a u t o r i t é . Je ne parle pointà l a chambre des Députésconsidérée commeun des corps constitués du Royaume deFrance; par l a même raison , j e n'invoqueraispoint l a puissance du Parlementd'Angleterredans l e cas où j'apprendrais que l e ministèreanglais partage l ' e r r e u rdu ministère françaisrelativement à l'enseignement universel.

Que s i l a chambre des Députés ( commecorps constitué ) me demandaitce q u ' i l faut

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 247/276

( 23 7)f a i r e pour améliorer l'enseignement publicen France; j e répondrais que ces pourparlerssont i n u t i l e s e t que i a . chambre n'a pasl ' a u t o r i t é s u f f i s a n t epour opérer un p a r e i lchangement dans l e Royaume ; que parconséquent ce s e r a i t du temps perdu d'entamer un e semblab le cor respondance.

Que s i l e ministre de France , s ' i n t é r e s -sant aux progrès des sciences, me demandait ce q u ' i l faudrait f a i r e pour é t a b l i rl 'émancipation i n t e l l e c t u e l l e; j e l u i répondraisq u ' i l faut d'abord supprimer l a commissiond'explicateurs q u ' i l a nommée pour examinerl e s procédés qui ont de tanaloqie avec ceuxde M. Jacotot ; q u ' i l faut , avant tout , q u ' i l obtienne , pour lui-même, l ' o r d r e du Roi deFrance de f a i r e tout ce que j e l u i d i r a i ,attendu que l e s ministres de tous l e s pays ,ignorent ce que c ' e s t que l'enseignement

universel ; e t s i , par hazard, i l s ' a p e r ç o i tquej e l e fourvoye, i l cessera d'obéir ; i l reprendra son sceptre explicateur. De moncôté , comme j e ne l u i aurais rien demandé ,j e n e demanderais point q u ' i l continuâtà m'obéir , puisque cela m'est égal ( quand

i l s ' a g i t d'une société ) ; j ' a g i r a i s donc avecce d i s c i p l e comme avec tous l e s autres ;dès q u ' i l s cessent de f a i r e ce que j e d i s ,j e ne l e s en prie pas , mais j e ne d i s ' plusr i e n . L'enseignementuniversel e s t un e fontaine publique , e t intarissable , mais e l l e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 248/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 249/276

. (239)chargé d'essayer un e manœuvre contraire àc e l l e q u ' i l aurait proposée, surtout s i l aconséquencedu succès obtenu devait êtrede placer l'essayeur sous l a direction del ' i n v e n t e u r .Les hommes ne sont point f a i t spour de p a r e i l s tours de f o r c e . I l faut quechacun essaye ce q u ' i l veut f a i r e réussir;c ' e s t déjà trop que s e s ennemis aient l edroit de l e regarder quand i l e s s a i e .

Je d i r a i s donc au P arlemen tq u ' i l fautsupprimer l e Grand-maître, s i t o u t e f o i sc e t t ei n s t i t u t i o n, née de l a révolution française ,s ' e s t insinuée dans l a . grande Bretagne pourperfectionner l e s t r o i s Royaumes.

Tous l e s anglais explicateurs prendraientl e p a r t i de l eu j - chef; mais j e m'y s e r a i s ,attendu e t j ' e n r i r a i s . On débiterait dansl î l e toutes l e s sornettes que j a i entenduessur l e continent. La patrie de Newton i ns u l t é edans l a personne de s e s écoles d f t e suniversités un french-dog vient régenterl e s Grands-Bretons i l veut t o u t e s ,l e s placesanglaises ; i l demande tous l e s b i l l e t s de l abanque anglaise ; i l exige qu'on chasse n otregrand explicateur , qui d i r i g e nos p e t i t s explicateurs ; réunissons-nous, supplions l e P arlement de porter un a l i e n - b i l lcontre c e t t e

, étrangère i n s t r u c t i o n q̂ui vient attaquer l enewtonien enseignement. C ' e s t un ambitieux?C ' e s t un hypocrite des procédés analoguesaux s i e n speuvent mériter l'examen des savans

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 250/276

( 2 40) -

français, mais l e s s i e n s n e valent pas l apeine 1que l e s savans anglais s ' e n occupent.L'enseignement universel a été jugé nugaepar des savans du premier ordre , a i n s i celan ' e s t pas douteux; cependantl ' a n a l o g i ed'unebêtise peut f o r t bien être excellente pour

des français; car nos voisins n e sont pasf o r t s en f a i t d'enseignement.Mais l e s anglaisexplicateurs venir leur donner des leçons c ' e s tpar trop imprudent a l i e n - b i l l a l i e n - b i l lmoi, j e d i r a i s tout b as : tout e s t dans t o u t .Les i n t e l l i g e n c e ssont égales; car ceux-ci

disent précisémentl a même chose que ceux-l à . Je parierais avec quelques uns de ces -anglais que l e s gens d e ' Vienne tiennent l e smêmes propos en Allemag ne; j e gagnerais ,j e m'enrichirais e t au moins j ' a u r a i s t i r équelque chose de mon leurre d'enseignement

universel en Angleterre. S ur l e continent ,i l s n'aiment point l e s paris ; j ' a v a i s spéculésur une espèce nouvelle de g ag eure l a plumeà l a main , cela n e m'a point r é u s s i . P ersonne n'a voulu en t â t e r

S i donc l e Parlement n e . veut pas supprimer son G ran d- maî tre,s i ljuge que l ' o r d r eé t a b l i doit être maintenue t que j ' e x i g etrop ,j e ne parie plus e t j e cesse ma correspondance avec Londres.

Maiscela n 'empêchepas que , s i l e ministère anglais donnait , par hazard , dans l améprise où e s t tombé l e ministère français,j e tâcherais de f a i r e prévenir l e Parlement

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 251/276

(241)

e t j e n e c l o u t epoint que j e ne puisse y trouver ,en p a r e i lcas , un de ces hommes qui pensentpar eux-mêmes, e t qui n'écoutent aucuneautre considération que c e l l e du bien q u ' i l speuvènt f a i r e ; en un mot , un homme aussidévoué, que c e l u i que j a ichoisi pour ê t r e,

auprès de l a chambre des Députésde Fran c e,l ' i n t e r p r è t ede l 'émancipation i n t e l l e c t u e l l e .

NOTE n,

S ur l a page 13 3 , pour l e s Géomètres.

Tout homme qui comprend Fénélon, comprendra Lagrange. La langue des mathématiques , comme l a langue maternelle , e s tcomposéede signes de convention pour exprimer des fa i t s . Compren dre un elangue,c ' e s t voir l e fa i t dont i l s ' ag i t .

Quand on voit l e s f a i t s énoncéspar l ' é c r ivain , a i n s i que l e f a i t des relations q u ' i l exprime , on comprend l e l i v r e , quand mêmeon n'admettrait pas l a v é r i t é des f a i t s pu desr e l a t i o n s .

Premierl i v r e de Télémaque : j e comprendsque s i Calypso a parlé à Télémaque , danst e l l e circonstance supposée, e l l e a pu dire :l ' a v e u g l epassion de retourner dans sa misérablepatrie l u i f i t r e j e t e r t o u s c e s avantages; maisj e dois comprendrepourquoi Fénélon prêtece discours à l a déesse ; j e dois comprendrepourquoi , a i l l e u r s, i l fa i t l e . d é t a i l des c i r

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 252/276

(242)constances du naufrage de Télémaque : e l l eaperçoit l e s d é b r i s, l e s bancsde rameurs, e t c . ;j e dois comprendrepourquoi i l a développél ' e x p r e s s i o nnaufrage; j e dois comprendrepourquoi i l a c h o i s i ce développementplutôt quet e l autre , q u ' i lemploiedans un autre passage,

s i non j e n e comprendspas Fénélon.C ' e s ta i n s i q u ' i l faut f a i r e pour comprendre

un l i v r e de mathématiques.Par exemple, quand Lagrange, parlant de

l a v i t e s s edu son , s'exprime a i n s i:

S X) £x + etc.̂ AD* D.s—

Se<f\D*DjD.z=o

Je dois comprendretous ces signes i s o l é se tréunis e t voir que c e t t e équation e s t l a t r aduction de c e t t e phrase : un e masse de f l u i d eélastique e s t en mouvement.

Quand l e géomètreajoute : -

d. DxDyD z = ; e = hAfJe dois comprendrepourquoi i l répète : l ef l u i d ee s t élastique ; e t pourquoi i l développece mot é l a s t i q u e, e t pourquoi i l c h o i s i t l edéveloppementghA; quand même j e n'adopt e r a i s pas l a synonymiei=ghA, j e puis continuer ma lecture , j e v é r i f i e r a iaprès. Seulement i l faut se souvenir que c ' e s t un e supp o s i t i o n .

Non seujement j e comprendrai, ( s i j e s a i sl a langue de convention) l e développement

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 253/276

(243)de St<hD#DyDs ; mais j e dois comprendrepourquoi on l e développe, comment c e l u i quiconnaît d'avance l a forme des r é s u l t a t squel e calcul doit donner, a é t é conduit , par l aconnaissancede ce f a i t , à opérer comme i lopère , dans l a prévoyanceq u ' i l a r r i v e r a i tàt r o i s nouvelles équations de l a forme

Je dois comprendrecommènt i l a pu savoir,par l'expérience des calculs q u ' i l a f a i t s , qu'onpeut remplacer ces t r o i s équations par t r o i sautres de l à forme

,dp dp dp dp+X\ + ±=0.

Aspourquoid au l i e ude D? pourquoif a i r e— =: p ?, ut

pourquoice développementde ^~ ? e t c . , etc.?

pourquoiresserrer au contraire ~Kdx-\-Ydy-\-Zdasous l a forme simple dV ? e t c . , e t c .

Je dois comprendre comment i l se f a i t-qu'un géomètre peut , par son expérience( c ' e s t - à - d i r epar l a connaissance de ' f a i t santérieurs ) , prévoir , même sans écrire , q u ' i larrivera a i n s i à un e seule équation pour

dire : l ' a i r e s t en mouvement ? Comment i lpeut juger que c disparaîtra , e t c . , e t c .

Je dois comprendrel a marche q u ' i l s u i t ,l o r s q u ' i l veut particulariser l e f a i t de l ' a i ren mouvement e t t e n i r comptede l a cause

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 254/276

(244)qui l e meut , lorsqu'on entend un son ; saufà v é r i f i e rs i l a supposition q u ' i l f a i t e s t véritable ; e t pourquoi ce calcul donneS )15 piedspour l a v i t e s s e du son , tandis que l ' e x p érience donne un autre r é s u l t a t . S i n on j e n ecomprendspas plus Lagrange que Fénélone t c ' e s t ma f a u t e .

Mais j e puis comprendreLagrange, s i j a il a faculté de comprendreFénéldn. Alors j evois l a marche de leur génie ; ce génie ,comme l e d i t Laplace, e s t un i n s t i n c t; maisc ' e s t un i n s t i n c t acquis , c ' e s t - à - d i r e un ef a c i l i t é acquise par l'habitude d ' a g i r e t der é f l é c h i rsur ce qu'on a appris. Ces acquisit i o n s distinguent l e s hommes, mais l a facultéd'acquérir c e t t e faculté par l'habitude , oul ' i r i t e l l ige r icee s t égal« pour tous e t l a mêmedans tous l e s tems ; e l l e ne peut point s eperfectionner, n i par individu, n i par peuple;e l l e e s t ce q u ' e l l ea é t é e t ce q u ' e l l e s e r a .

De plus , on peut rapporter toutes l e s compositions mathématiques, parexempley à c e l l edont j e viens de parler. Alors on verra quec ' e s t partout l e même génie , l e même i ns t i n c t, l a même i n t e l l i g e n c e .Tout e s t dans

t o u t .On peut savoir l e s mathématiques, sans

être mathématicien; on peut même ê t r emathématicien sans avoir remarqué ce quej e viens de dire; mais alors ce géomètre nes e connaît point ; i l e s t émancipé, sans l e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 255/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 256/276

(246)autres, pour trouver l e s unités, l e s dixaines,e t c . de l a somme.Supposezun e autre numérat i o n, c e l l e des Romains , par exemple, i lfaudra un autre procédé.

Dès que votre élève s a i t l a numération,vous pouvez exiger q u ' i l écrive un c h i f f r e

d'une somme d'une d i f f é r e n c e ,d'un produit,d'un quotient e t d'une racine. I l peut mêmes'émanciper jusqu'à vous expliquer combienl e résultat aura de c h i f f r e s ,e t c . , e t c . Toutesl e s mathématiquessont l à . Mais n e l u i expliquez r i e n .

APPRENDREa i I E L a t J ECHOSEET Y RAPPORTER

TOUTLE RESTE;

voilà l a méthode de l 'ènseignement un iversel ; i l n e t i e n t qu'à vous d'expliquerd'après c e t t e méthode. Mais tout hommepeut l a suivre sans maître explicateur , voilàl 'émancipation i n t e l l e c t u e l l e .Je désire qu'onsache que plusieurs f a m i l l e sBelges ont déjàp r o f i t é, de ce bienfait , pour l e s languesvivantes e t mortes , pour l e dessin , l a sculpture , l a peinture , pour l'exécution , l a composition e t l'improvisation musicales; enfinpour l e s mathématiques, l a chimie, e t c . Cecin ' e s t point un e opinion, ce n ' e s t point un ethéorie métaphysique. C ' e s t un fa i t .

Que s i t e l arithméticien , qui connaît l ebinôme , trouve impertinent l e Ion que j e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 257/276

(247)

prends avec nos semblables, l e s grandshommes; j e l e prie, pour f a i r e ma paix ,d'agréer l'assurance qu'en disant grandhomme ce n ' e s t pas à l u i que j e pensais.

Malgré l a gazette de France, qui s ' e s tmoquée de moi a i n s i que l'arithméticien ,

j e persiste dans mon sentiment: l e s grandshommes des tems passés , comme ceux destems à venir, ont é t é e t seront des élèvesde l'enseignement universel, de l'enseignement par soi-même. Us ont rompu e t i l srompront l a longe e x p l i c a t r i c e .

Tout homme p e u t - i l rompre cette longe?j e l e crois; e t j e l e conseille à l a g a z e t t e ,a i n s i qu'à l ' a r i t h m é t i c i e nQ̂u'ils s'émancipent, i l s s ' e n trouveront bien. Alors nousentendrons l'arithméticien crier sottementavec l a gazette : vive l'émancipation i n t e l

l e c t u e l l e à b as l e s explicateurs Comme s i l a chose é t a i t possible ?

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 258/276

(248)

L'ENSEIGNEMENT UNIVERSEL

SOUSLESFOURCHES CAUDlSESOUL'ARRÊTS E

L'ÉMANCIPATION INTELLECTUELLE

Prononcéen face des faisceaux académiquesdel ' u n i v e r s i t éde Louvain. ( AnnalesacademiaeLovaniensis. mdcccxxxv— dcccxxvi) .

SCÈNE DERNIÈRE.

LE RECTEUR ET LE SOLDAT.

Camarade , deux mots. — Trois , s i vousvoulez , monsieur l e recteur. — e s u i s recteurde l ' u n i v e r s i t éde Louvain. — Ce n ' e s t pasde l a p e t i t e bière ; j e s u i s soldat , moi,

monsieur l e recteur. — Je vais déposer l e sfaisceaux. — Je n e vous en enipêche pas >monsieur l e recteur. — Cela t e regarde. —Est-ce que vous voulez me donner vosfaisceaux ? Je f e r a i s l ' e x e r c i c e du faisceauaussi bien que l'exercice du f u s i l Ce n ' e s t

pas cela rateau , mon ami ; voici ce quec ' e s t: j e dois parler quand j e mettrai b as l e sfaisceaux. — Eh bien parlez , monsieur l erecteur , j e m'en rapporte à vous. — Je doisparler l a t i n .— Beau miracle s i vous savezl e l a t i n ; j ' e n s a i s déjà quelques mots, t e l

que vous me voyez: Societas Jesu , page

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 259/276

(249)127; pensionnat perniciosi , page 2 2 3; R e . vdebet v e l l e, page 222 , e t c . ; c ' e s t - à - d i r el as o c i é t éde Jésus , l e s pensionnats pernicieux ,l e Roi d o i t v o u l o i r .Quand on s a i t l e wallon,on s a i t beaucoup de l a t i n de l a republical i t e r a t a; pour dire matérialisme, j e d i s materia-

lismus, page 172, e t c . Hein qu'en pensez-vous,monsieur l e recteur ? Voulez-vousque j e vousdonne un coup de main pour déposer vos faisceaux? J ' a i é t é à l ' é c o l e normale, e t ,comme d i t l ' a u t r e: tout homme a l a facultéde devenir un bon recteur e t dans un e bonne

université encore — Râteau, prête-moiun e o r e i l l e attentive : ton école normale e trien c ' e s t l a même chose en comparaisondel ' u n i v e r s i t éde Louvain. Je v a i s doncproposerde fermer , sous l e s peines l e s plus graves ,toutes l e s écoles d'enseignement universel,

méthodede chien ( caninam, page 2 19) , méthode scélérate (sceleratissimam).— ais quandvous d i t e s méthode de chien , monsieurl erecteur , vous ne savez 'donc pas que c ' e s t l eRoi qui a i n s t i t u él ' é c o l enormale?Ah vous v ' i àp r i s , papa recteur. — ateau j e t e d i s que l e

Roidoit vouloir f a i r e à ma^mode ( debet v e l l e) .— 'entends bien debet v e l l e ; mais , s i l e Roine l e veut pas , i l faudra bien que vous l agobiez; s i l e Roi vous d i s a i t: assez de vosexplications ; n'expliquez plus ou allez-vousen , i l faudrait bien que vous f i l a s s i ez votre

nœud , avec vos faisceaux ; - v o i l à qui e s t sûr

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 260/276

(250)e t certain ; vous l a danseriez avec vos f a i s c e a u x .— ateau, vous ne savez pas l a politique;moi j e -l a s a i s e t j e vous d i s que l e Roi doitvouloir , debet ve l l e . — onsieur l e recteur ,vous ne savez pas l a p o l i t e s s e; moi j e l a s a i se t nous disons , tous , à l ' é c o l e normale, quen ous voudron sce que l e Roivoudra. — OuiRateau; a i n s i, quand l e Roi voudra, i l rijaura plus d'écoles de l a méthodede chien ;or 1 1l e voudra, rateau, puisqu'il doit l e vouloir,debetve l l e ,comme j e l e d i r a i ,dansmon discoursmagnifique, quand j e déposerai. Rateau, j evous veux du bien , j e vous préviens de cequi va vous arriver ; dès que j ' a u r a i fulminécontre l e s chiens ( caninam, page 2 16 ) ,vous n'oserez plus paraître , dans l e s rues ;ma cuisinière , qui vous voit volontiers , nevoudra plus de vous ; on répétera mon d i scours magnifique, par toute l a terre ; on l emettra en chanson, en vaudeville , pour s emoquer de vous. — Ou bien de vous,monsieur l e recteur. — ateau, rateau, rateau,t r o i s fo i s rateau , j e vous en a v e r t i s, vousê t e s un ignorant ; on ne s e moque jamaisd'un recteur. — Tiens pourquoi cela ? —Cela passe votre portée. — Nous ne donnonsplus dans c e t t e bosse-là, mon cher recteur. —Je d i r a i vaeh contre vos é c o l e s .— u'est-ce que cela veut dire ? — C ' e s t un motd'horreur. — 'entends ; c ' e s t l e qui vive d'unc o n s c r i t ,qui s e trouvant posé en s e n t i n e l l e

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 261/276

(251)

perdue , c r o i t avoir vu l'ennemi qui vientl u i prendre s e s faisceaux. Eh bien, moi,recteur, à votre place, j e ne d i r a i s mot,j e déposerais mes faisceaux sans dire vaehe t j ' a t t e n d r a i sl e s ordres du Roi. Savez-vousce qui va arriver? toute l a repuhlica l i t e r a t a

va dire : qu'y a - t - i l donc? Un recteur c r i eaux armes; i l faut que l 'ennemi s'avance enf o r c e .Tous l e s corps de garde de la repu-blica l i t e r a t asortiront pour voir ce que c ' e s t ;i l s sauront q u ' i l y a des écoles de chiens ,dans l a Belgique. A votre place , j e ne d i r a i s

pas vaeh s i votre successeur a l l a i t dire l econtraire ? — ' e s t mon devoir, rateau.Un recteur doit dire vaeh quand i l ne parle pasde l ' u n i v e r s i t éq u ' i lr e c t i f i e ;i l doit dire méthodecanine quand i l ne parle pas de l a méthodeu n i v e r s i t a i r e .Les savans allemandsne connaissent pas l a méthodecanine, j e vais l a leurf a i r e connaître; j e veux qu'à l ' a v e n i r , danstoute l'allemagne , on dise , dans l e s gymnasese t l e s universités : -vaeh pour l a méthodecanine ; j e v a i s proposer un e société académique, i l y aura une distribution de croix, j evous en f e r a i donner un e , rateau , mon ami ;i l suff i t de dire , t r o i s f o i s, sans s e reposer ,vaeh pour l e c h a r l a t a n 1 ,page 215; vaehpour s e s a s s è c l e s, ( asseclae , page 2 2 0 e t c . ) ;vaeh pour l e s écoles universelles — Je nepuis pas dire cela , monsieur l e recteur. —A l l e z vous ne s e r e z pas croisé contre l a

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 262/276

(252)méthodecanine1 — Monsieurl e recteur , j e

vous assure que c ' e s t un b ongarçon. — Vaeh— i vous l u i p a r l i e z, vous l e f e r i e ztant r i r e i l vous donnerait un e prise de tabac , e tvous vous raccomoderiez, dans l a t a b a t i è r e .Je ne l u i a i jamais entendu dire vaeh c ' e s tdommage q u ' i l ne puisse pas a l l e r à votrediscours magnifique. Quand vous d i t e s vost r o i s vaeh vaeh vaeh vous rendez l ' i m -posible. Je s u i s sûr que l e s dames vontfrissonner , dans l a s a l l e, quand vous d i r e zvaeh e l l e s n 'en ten den t pas l e l a t i n , maise l l e s devineront que ce n ' e s t pas pour r i r e

quand un recteur d i t vaeh t r o i s fo i s . Lepremier appelle l ' a t t e n t i o n, l e second l e sremuera e t aù troisième , l e s voilà en syncope.Vite de l ' e a u de cologne cela sera d r ô l e .S i nous pouvons avoir congé à l ' é c o l e del a méthode canine , j ' i ra i vous donner un

coup de main , avec mes camarades, pouraider à emporter l e s évanouies. — Rateau ,vous ê t e s un e bête ; j e vous dénonceraipourêtre mis en prison, page 281. — P as plusbête que t o i tous l e s hommes ont un e i ntelligence égale, entends-tu s a i s - t ubien que

tu n ' e s pas magnifique, quand tu nous cracheston s â l e discours d ' a i l l e u r stu commences àme s c i e r

Alors rateau cracha , dans s e s mains; l erecteur cracha par terre , e t , forieux , i l é c r iv i t deux cent quatre vingt pages de notes

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 263/276

( 253)contre rateau , i l c i t a deux cent sept témoins

-contre ratean, outre Cicéron;e t l e pauvre rateaus e repentit ' d ' a v o i rd i t qu'un soldat n ' e s tpas plusbête qu'un recteur, mais i l n ' é t a i t plus tems.Les t r o i s vaeh avaient é t é prononcés.

Tant de f i e len t r e - t - i l dans l'ame d ' u n r e c t e u r Pauvre rateau

Cette scène grotesque entre un recteur vér i t a b l e e t un soldat imaginaire e s t dans l egoût des dissertations de l a c a n a i l l e .Je crainsbien que tous l e s hommes qui s e respectentn e veuillent pas croire à de p a r e i l l e sturpitudesdébitées ex cathedra. Heureusement, pourl ' o r a t e u runiversitaire , on ne l i t guères l e sannales des u n i v e r s i t é s .S i l e jeune étourdi ,qui a vomi tant d'injures contre mes d i s c i p l e s,m'avait consulté , j e me s e r a i s f a i t un p l a i s i r ,comme confrère , de l u i donner des conseilsdont i l paraît avoir grand besoin. Je l u iaurais d i t : s i vous avez étudié l'enseignementuniversel , vous devez l e connaître , car touthomme peut apprendre. S i vous pensez quenos d i s c i p l e sdoivent être de mauvaissoldatse t que l a patrie n e peut pas compter sureux , au moment du danger, i l faut en prévenir l é Roi. Mais, quand on e s t en grandcostume, i l ne faut poin t parler comme l e spamphlétaires anonymes.L'enseignementun iversel vous apprendrait que vous ne comprenez pas l e l a t i n de Cicéron. Vous employez

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 264/276

( 254)quelques unes de s e s expressions , maisvousne savez pas encore l e s c h o i s i r suivant l e scirconstances; voilà pourquoi vous ne pouvezpas juger , depuis sept ans que vous étudieznos élèves ( dites-vous ) s i l s savent un elangue dont vous n'avez pas d ' i d é e .Venez,jeune savant, venez dans nos écoles; déplusjeunes que vous pourront vous montrer ceq u ' i l faut f a i r e pour ne pas employer desexpressions au hazard , pour bien .écriresuivant l e s circonstances. P ar exemple, quandon e s t recteur , i l ne faùt point parler commef e r a i t l e rapporteur d'une c ommission dec l u -

b i s t e s chargée de juger un a r i s t o c r a t e .N osenfans n e vous apprendront pas de motsl a t i n s; vous connaissez, mieux qu'eux , cani-nus , sceleratissimus , e t c . Mais i l s vous expliqueront que l ' o n peut savoir tous l e s motsd'une langue e t pourtant l e s employer à

t o r t e t à t r a v e r s . I l s vous montreront l e s2 80pages de votre discours , dans Télémaque;vous comprendrezpeut-être a l o r s que toute s t dans t o u t . I l e s t encore tems ; venez meprier de vous t i r e r de l ' o r n i è r e académique e t j e l e f e r a i avec p l a i s i r. A votre âge ,

l e cœur peut ê t r e bon quoique l a t ê t e s o i tmalade. Venez, j e vous tendrai l a mainl e premier. P oin t de mauvaise honte , ' jeunèhomme i l vous r e s t e s i peu à apprendre j e vous d i r a i , en riant , ce que c ' e s t quel a doctrine p e s t i l e n t i e l l e .Je vois bien que

vous ne l a connaissez pas du tout ; i l n'aurait

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 265/276

(255)pas f a l l u en parler , mon ami ; mais, à monâge, on excusel'ardeur d'une jeunesse insensée.

Dans tous l e s cas , vous aurez é t é u t i l e ,en fournissant aux gouvernemens, un moyenf a c i l e de juger enfin une question importante,que l ' o n discute depuis dix ans.

Depuis dix ans ; j e tâche de f a i r e s e n t i raux furieux l e ridicule de leur fureur , e tvoilà que d e s .gladiateurs off i c i e l ss e présententcomme souteneurs des anonymes , des pamp h l é t a i r e s ,e t du journal de Paris , e t de l arevue , e t de l a gazette e t de l a quotidienne . . .

Les débats sont terminés.S i l e discours du jeune recteur e s t bien é c r i t

en l a t i n , l a méthodeuniversitaire e s t b o n n e;e t , nôtre méthodee s t mauvaise, s i nos é l è v e s ,n'écrivent pas mieux que l e jeune recteur ;car c ' e s t l e résultat que j e promets auxd i sc i p l e s de l'enseignement universel. Voilà l eb i e n f a i t .Voilà l 'émancipation i n t e l l e c t u e l l e .

Je s a i s q u ' i l s ' a g i t, i c i , d 'un bouleversement de toutes l e s idées reçues ; i l faut ungrand changement,dans l e s opinionsadoptées,pour comprendre un f a i t inouï, annoncéavec tant d'assurance. Mais enfin c ' e s t un echose extraordinaire qu'un fa i t absurde a i tpu e x i s t e rdepuis dix ans dans l e Royaumedes Pays-Bas j e ne demande point qu'onp r o f i t e de ce fa i t après l ' av o ir v é r i f i é; j e

ne demande pas même qu'on t e v é r i f i e; j ed i s : voilà l e fa i t . Je n'en veux point à ceux

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 266/276

(256)

qui l e nient , car , à leur place , j e l e n i e r a i s ;j e s u i s content de voir q u ' i l e s t u t i l e àplusieurs , malgré tant d ' o b s t a c l e s .Je neveux que cela ; c ' e s t un f a i t extraordinaireaussi ; mais tout e s t extraordinaire dans l ' e nseignement universel. Voilà pourquoi on ne

comprend n i ma méthode , ni moi. .Quant à vous , mes chers d i s c i p l e s, j e

vais voir s i l e s t vrai que vous me comprenez , comme vous me l ' a v e z d i t cent fo i s .S i vous vous i r r i t e z contre l e s injures, vousimiterez ceux qui s 'emportent contre vos opi

nions. Croyez-vous que l e s excès , que l acolère puissent servir à propager up bienf a i t ? Je vous l e répète pour l a dernière f o i s:f a i t e s l ebien e t modérez-vousquand on accuse vos intentions. Souffrez l e mépris; l etems que vous perdez à répondre à des

calomnies ou à réfuter des sophismes, e s tdu tems dérobé à quelque pauvre qui vousattend pour l e d i r i g e r.I l n e faut pas prônerl'enseignement universel ; i l faut en f a i r e .

On d i r a i t , à vous entendre parler d'unantagoniste, que c ' e s t l e premier que vousayez rencontré. Tout en e s t plein , vous l es a v e z . C ' e s tparceque, depuis dix ans , j econnais toutes leurs intrigues , que j ' a v a i sprévu ce qui arrive aujourd'hui. Depuis dixans , l'humiliation , l e s sarcasmes, l ' e s p i o nnage, l a délation , l a calomnie ont é t é marécompense; m'avez-vous jamais entendu m'en

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 267/276

(257)

plaindre. J ' e n a i r i . Tant p i s pour ceuxqui s e déshonorent i l s vous appellent c o -nini , lenones, e t c . Eh bien , quel mal celavous f a i t - i l ? Que dit-on de . v o u squ'on n ' a i tpas d i t de votre maître.

Ce déb ordemen td'injures me f a i t . p l a i s i r

à moi. Le croiriez-vous, mes chers disciples?l e fa i t e s t vrai pourtant. Cette fureur maladroite v é r i f i e mes prédictions. Un homme ,trop peu maîtrede l u i , a divulgué l e secretde ce que j ' a p p e l l e, en riant , l a conspirationi n t e l l e c t u e l l econtre nos opinions bienfesantes ;

j e l e . d i s a i s e t l ' o n n e me croyait point.Aujourd'hui tout e s t é c l a i r c i . I l ne s ' a g i r aplus, j e l'esp$re, de mon esprit chagrin demon caractère trop peu souple en vers mesennemispuissans e t de mes interprétationsf o r c é e s .S i pourtant j l r e s t a i t quelque douteà ce s u j e t, j e m'en consolerais encore ; j es u i s certain de ce que j e d i s .

I l y a long-tems que j e s a i s tout cela e tv o i l à pourquoi j ' a v a i s l 'honneur d'écrire auRoi, enlr'autres choses :

Sire « Des d i s c i p l e sde l'enseignement universel

ont eu recours à Votre Majesté pour obtenirun e autorisation émanée directement du Roi ,a f i n de pouvoir continuer à répandre un eméthodedontVotre Majestédésire ardemmentl a propagation.Je leur a i fa i t connaître,à t o u s ,l e s sentimens de Votre Majesté à ce sujet ,e t , dans c e t t epensée , i l s s e sont présentés ,

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 268/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 269/276

(259)Royaume, i l f a u t, avant tout, que Monsieur* * *a i t une autre place.

Je l a id i t à Votre Majestéparcequ'Elle m'aconsulté. La proposition spontanéeeut é t é r i d ic u l e . En effe t Votre Majesté Elle-mêmenedoit rien comprendreà l'enseignementuniversel ,

e t ce n ' e s t point pour l a convaincre, maispar obéissanceque j e l u i a i d i t mon s e n t iment à ce s u j e t .

Sire puisque l'enseignement universel nepeut pas s ' é t a b l i r, dans votre Royaume e tsous un Nassau, i l ne s ' é t a b l i r a, comme j e

l a id i t dans mes é c r i t s) dans aucun pays e tsous aucun P r i n c e , .Sire j e viens de dire à monsieur* * *q u ' i l

doit s e présenter devant l a commissionpuisqueVotre Majesté l e veut. Je l u i a i conseillé e tj e c o n s e i l l e r a ià tous mes d i s c i p l e sde ne plus

importuner Votre Majesté par des demandesauxquelles Elle voudrait s a t i s f a i r ee t auxquelles pourtantElle ne pourra jamais s a t i s f a i r edans l ' é t a t des choses.

Je prends , Sire , ce conseil pour1moi-même.Cependant, Sire , mon .cœur a besoin que

Votre Majestécomprennebien l e silence quej e m'imposepour l ' a v e n i r. Je s u i s un s u j e tobéissant, mais f i d è l e . Ordonnez , me v o i l à .Mais j e s u i s f i d è l e, c ' e s t - à - d i r etoujours prêtà montrer l a v é r i t é à Votre Majesté. Celam ' a f f l i g ede voir l e s embarras, l e s tracasseries

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 270/276

(260)inextricables où Votre Majesté s'enfonce chaque jour , de plus en plus , en suivant l amarche qu'Elle s ' e s t tracée e t que l a prudence indiquerait à toute autre en p a r e i l l ecirconstance.

La position de Votre Majesté m ' a f f l i g ee tj'avoue que j a il e désir d'y mettre un terme.

Je n ' a i qu'un désir , c ' e s t que Votre Maj e s t é s o i t persuadée que j e n'en a i point , s ice n ' e s t de l a savoir heureuse , tranquille ,délivrée des c r i a i l l e r i e z .

Je désire de n ' ê t r epas l a cause innocentequel ' o n calomniel e s intentions d'un Roi qui e s tsurtout c o n n uen Europe pour s e s bonnesintent i o n s .

I l y a, Sire, contre l'enseignement universel un e obstination invétérée. Je me contente d'en joindre un e preuve , entre milleque j a ientre l e s mains, dans l a pièce dontj a il 'honneur d'envoyer copie à Votre Majesté.

Renoncez, Sire , j e Vous en conjure , renoncez, pour Votre repos , au projet qu'unz è l e que j'admire a conçu, mais dont j eprévois l e s funestes conséquences. Faitesdissoudre , à p e t i t bruit , l ' é c o l e normale.Que toutes l e s plaisanteries e t l e s reprochesne pèsent que sur moi s e u l .Je n ' a i pas besoinde l a confiance de l a multitude , Sire , maisVotre Majesté en a besoin pour f a i r e sonbonheur.

FIN.

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 271/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 272/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 273/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 274/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 275/276

8/16/2019 Enseignement_universel_Mathématiques

http://slidepdf.com/reader/full/enseignementuniverselmathematiques 276/276