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COMMENT S'ILS VOUS CONVIENDRONT ?
ETES-VOUSPRÊTÀPARTIRENVACANCIes rapaces cherchant plus à entu-
ber les entreprises qu’à y investir.»
«Hyper interventionniste etfait per-
dre un temps énorme aux entre-
prises.» Les commentaires de ces
responsables de start-up ne sont
pas tendre envers les investisseurs.
start-up pour soutenir d’autres projets. Bref, l'union tourne
méchamment au vinaigre, pouvantprécipiterla start-up vers
la faillite. Voilà pourquoi, qu’il s'agisse d’un business angel
ou d’un fonds,il faut absolumentfaire les bons choixplutôt
qu convoler en justes noces avec le premier partenairefi-
nancier venu.
D'abord, «il faut voirsi les investisseurset l'entrepreneur
Laisser entrer
des investisseurs
dansle capital de sa
start-up constitue
une décision
déterminante pour
l'avenir. Mieux vaut
s'assurer de choisir
les bons!
© CHRISTOPHE CHARLOT
Par e-mail, cer-
tains se lâchentsurles fonds et les busi-
ness angels quand on les interroge surla
qualité des uns et des autres. «Les inves-
tisseurs, c'est un peu comme les ban-
quiers : c'est excuse qu'on brandit
quand ca part mal et on dit qu’ils sont
mauvais alors que les promesses n’ont
simplement pas été tenues», rétorque
cet investisseur en vue sur le marché
belge. Il n’aime visiblement pas trop
quand les responsables de jeunes
pousses en échec renvoient aux inves-
tisseurs la patate chaude quand les
choses tournent mal.
ETAPRÈSLA LUNEDE MIEL ?La relation entre les entrepreneurs et
leurs investisseurs ressemble à celle d'un
couple. Pendant la période de drague,
quand on se plaît, on trouve les meilleures
qualités à son futur partenaire, on est sous
le charmeeton peut être aveuglé par de
belles promesses. Unefois l'union scellée,
les premiers moments sont plein d’es-
poirset d’ambition. Puis viennentles pre-
mières tempêtes les échecs,les retards,
les pertesfinancières,etc. C’est à ce mo-
ment, généralement, que le couple «in-
vestisseur — fondateur/CEO»se teste
pour la première fois «dansles conditions
réelles». Et parfois ça passe, parfois ça
casse ! Il arrive, évidemment,que les conflits prennentle
dessuset le CEO estmême parfois poussé versla sortie ou
claquela porte. L’investisseurpeut,lui, décider de lâcher la
&IL FAUTVOIR SI LESINVESTISSEURS ETL'ENTREPRENEURPARTAGENTLES
MÊMES VALEURS,AU NIVEAU DUFONCTIONNEMENTCOMME AU NIVEAUDE LA VISION ET DEL'AMBITION DE LASTART-UP»
CLAIRE MUNCK,CEO DU RESEAU BE ANGELS
partagent les mêmesvaleurs, au niveau
2 du fonctionnement comme au niveau de
la vision et de l'ambition dela start-up,
prévient Claire Munck, CEO du réseau
Be Angels. Cela se voit au fur et à mesure
des échangeset discussions, notamment
durant les réunions de deal making et
durant la mise en place du pacte d’action-
naires qui formalise un certain nombre
de situations et process, au niveau de
l'exit, au niveau dela gouvernance,et qui
permettent de juger de l'alignement».
Le tout, selon Frank Maene, responsable
de Volta Ventures, est «d’avoir eu, avant
mêmedesignerun deal, de vraies discus-
sions, qui sont allées loin,au sujet du bu-
siness, pour s'entendre surla et lesdiffé-
rentes hypothèses du projet. Cela permet
de bien comprendre la vision des unset
des autres. Le clic est absolument essen-
tiel». Il s’agit, en effet, d’une véritable
association entre personnes qui devront
travailler ensemble sur plusieurs années.
Et puis,l'entrepreneurdoit faire le maxi-
mum pour tout savoir des investisseurs
qu'il est susceptible defaire entrer dans
son entreprise. Il doit réaliser sa due
diligence. «On ne peut que conseiller aux
start-up de chercher un maximum d’in-
formations, de prendre des contacts et
de se renseigner surles investisseurs»,
insiste OussamaAmar, cofondateur de
The Family. Un peu comme dans le cadre d’un entretien
d'embauche: on téléphone ou on rencontre les autres en-
trepreneurseton prend desréférences. «Les entrepreneurs
Ad value not requestedVADEMECOMSource : TRENDS - TENDANCES SUPPLEMENT Date : 06.12.2018
Keyword : EDEBEX Circulation : 62.135
Page(s) : 26-28 Reach : NA
Journalist : CHRISTOPHE CHARLOT Frequency : Periodic
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Am
mco
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sont généralementtrès honnêtessur ces questionset, de
toute manière, on voit vite la tête qu’ils font quand on leur
parle de certains investisseurs, complète Xavier Corman,
fondateur dela start-up Edebex. Ce qu'il
convient de savoir, c’est comment se
comporte l'investisseur quand les choses
ne se passent pas bien. Parce que dans
la vie d’unestart-up,il y a toujours des
périodesplus difficiles.» La pratique est
courante et les échanges d'informations
sont nombreux entre jeunes pousses du
numérique. Savoir commenta réagil’in-
vestisseur quand les objectifs financiers
n’ont pas été atteints, quand une techno-
logie est en retard ou quel’on passe à
côté de gros contrats. A-t-il soutenu
l'équipe dansla recherche de solution
ou l’a-t-il mise sous pression plus que de
raison ? «La manière dont l'investisseur
va réagir et se conduit de manière géné-
rale va changerla manière dontla start-
up va évoluer», insiste OussamaAmmar.
«J'ai eu de très bonnesrelations avec
mesinvestisseurs, détaille Nicolas Van Rymenant qui
avait lancé Menu Next Door, une start-up ayant levé 4,5 mil-
&LA CONFIANCE ESTLA BASE ABSOLUE.»
NICOLAS VAN RYMENANT,EX-CEODE MENU NEXT DOOR
lions d’euros pourtenter de trouver son modèle. C'étaient
des investisseurs avec qui je m’entendaistrèsbien et qui
n’ont jamais mis de pression négative pour arriver à des
résultats.Ils savaient qu’il fallait trouver
un modèleet tester énormément de scé-
narios. Jamaisils ne me disaient «tu as
intérêt à trouver». Au contraire,ils en-
courageaient de manière constructive
et étaient très alignés par rapport à ma
vision. Y compris quand on a décidé d’ar-
rêter : il n’y a pas eu de tension et ce sont
des personnes avec lesquellesje retra-
vaillerais sans hésiter.»
ASSOCIATION |SUR PLUSIEURS ANNÉESMais bien au-delà du feeling humain,
les entrepreneurs peuvent regarder un
certain nombre d'éléments factuels sur
leurs (futurs) partenaires. D'abord, pour
tirer le meilleur parti de ses investis-
seurs, c'est-à-dire obtenir ses conseils
et ’accês à son carnet d’adresses, mieux
vaut «s'assurer qu’il connaisse bien le secteur dans lequel
évolue l’entreprise, précise Martin Mignot, partner >»
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QUE !QUE !
>>> chez Index Ventures. Cela peut d'ores et déjà se
voir s’il a déjà noué desdeals dans ce domaineet s’il peut se
prévaloir d’un certain track record». La
plupart des investisseurs affichent des
spécificités sectorielles voire se spécia-
lisent. Volta Ventures, par exemple, se
spécialise sur le software et le Web tan-
dis que Virtuology de Cédric Donck ne
fait que du «marketing digital». D’autres
fonds, comme le W.IN.G, sont généra-
listes au niveau des thématiques, mais
se spécialisent sur une étape de déve-
loppementde la start-up.
Ensuite,il peut être intéressant de se
penchersur son profil financier et com- «CE QU'IL CONVIENT
DE SAVOIR, C'ESTCOMMENT SE
COMPORTEL'INVESTISSEUR
QUANDLES
CHOSES NE SEPASSENT PAS BIEN.»
XAVIER CORMAN,
prendrelesintérêts réels de l’investis-
seur. L'une des premières choses à re-
garder n’est autre que le timing del’in-
vestissement. Surtout pour un fonds.
Est-il en fin de période d'investissement
ou pas? Souvent,les fonds se fixent une
certaine durée pour «investir» dans des
projets et promettent également à leurs
investisseurs un retour dans un certain
laps de temps. Ces informations peu-
vent donner une bonneindication sur
les espérancesdesortie dansles start-
up soutenues et donc. la pression po-
tentielle que l'investisseur mettra sur
les épaules des équipes pourla réalisa-
tion des objectifs. «Lorsquela start-up se trouve dans les
derniers investissementsréalisés par un fonds, le danger,
c'est quel'investisseur pense à la sortie alors quela start-
up,quantà elle, mise encore sur le développement, analyse
Cédric Donck.Il faut avoir conscience de ces horizons de
temps potentiellementdifférents. Et savoir qu’un business
angel aura unevision plus long terme de sept ans ou plus
tandis qu’un VC penseraà trois à cinq ans en général. Sans
oublier qu'il faut ajouterla durée du tour de table (environ
FONDATEUR
SIFrSFr
DE LA START-UP EDEBEX
six mois) et celle de la sortie (six à neuf mois), au temps
où l'investisseurest présent au capital.»
; UNE BELLE-MÈREENCOMBRANTE?Le profil «opérationnel» del'investisseur
ne manque pas non plus d'intérêt. «Les
entrepreneurs doivent savoir quelle
pourra être la valeur ajoutée d’un inves-
tisseur qui entre dansla start-up, avance
Frank Maene. Et cela peut dépendre de
son degré de disponibilité : est-il facile-
ment joignable,est-il susceptible de se
libérer, passe-t-il la moitié de son temps
en vacances? » Certains investisseurs,
notamment des business angels, se pré-
sentent comme desinvestisseursactifs
et annoncent qu'ils veulent jouer un rôle
et aider concrètementla start-up. Bonne
nouvelle.Il faut toutefois bien se rensei-
gner sur ce qu’ils entendent réellement
par là. «Certains s’attendent à être
consultés sur toutesles décisions de la
start-up et cela en permanence, observe
Oussama Ammar. Exiger cela ralentit
considérablement l’évolution du projet
et enlève ce quifait la valeur même d’une
start-up. Avoir un investisseur qui se
comporte, aveclesstart-up, comme un
groupe quia 200 millions d’euros dechif-
fre d’affaires n’a pas de sens ! » Dès lors, comprendre
comment fonctionnentles partenairesfinanciers au quo-
tidien est important : demandent-ils des reportings inces-
sants ? S'invitent-ils à tort et à travers dans les décisions
opérationnelles? Il ne faut pas hésiter à se renseigner sur
leur manière de jouer leur rôle d’investisseur. Même dans
les «petits détails».
Enfin,«il faut aussi tenir compte de l’image de marque de
l'investisseur, enchaîne Martin Mignot. Dansl'univers
start-up,il y a, par définition, de nombreuses incertitudes.
La validation sociale est importante et joue un véritable
rôle. Ainsi, avoir un investisseur de renom au sein de son
capital aura inévitablement plus de valeur que delaisser
entrer un inconnu. Choisir un bon investisseurfacilite les
tours d’après. Quelqu'un de bien connecté à l'écosystème
et avec une bonne réputation a beaucoup de valeur pour
accéder à certains investisseurs par la suite.»
Bien sûr, «la confiance est la base absolue, résume Nicolas
Van Rymenant.Il faut avoir le courage de ne pas se préci-
piter sur le premier venu et ne s'engager que si la relation
entre personnes passe bien». Un bon test ? Se demander
si vous êtes prêt à passer une semaine de vacances avec
ces investisseurs...
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