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[ins%tutanesthesiereanima%on.org]. Document sous License Crea%ve Commons (byncsa). 1 Académie de Paris Année 2014 MEMOIRE Pour l’obtention du DES D’Anesthésie-Réanimation Coordonnateur : Monsieur le Professeur Didier Journois par Anne Laure CHATEAUNEUF Présenté et soutenu le 4 septembre 2014 Evaluation du bon usage des carbapénèmes au cours de la prescription d’une antibiothérapie empirique chez les patients pris en charge en réanimation. Travail effectué sous la direction du Professeur Eric MAURY

Evaluation du bon usage des carbapénèmes au cours de la ...medias.desar.org/Memoires-Theses/Memoires/2014/c_Chateau...une nouvelle compétence hydrolytique pour les céphalosporines

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    Académie de Paris

    Année 2014

    MEMOIRE

    Pour l’obtention du DES

    D’Anesthésie-Réanimation

    Coordonnateur : Monsieur le Professeur Didier Journois

    par

    Anne Laure CHATEAUNEUF

    Présenté et soutenu le 4 septembre 2014

    Evaluation du bon usage des carbapénèmes au cours de la prescription d’une antibiothérapie empirique chez les

    patients pris en charge en réanimation.

    Travail effectué sous la direction du Professeur Eric MAURY

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    TABLE DES MATIERES

    LISTE DES ABREVIATIONS ...................................................................................... 3

    RESUME ..................................................................................................................... 5

    INTRODUCTION ......................................................................................................... 6 1. Epidémiologie des E-BLSE ................................................................................ 6

    2. Maîtrise de la diffusion des E-BLSE ................................................................. 12

    3. Les carbapénémases ....................................................................................... 14

    4. Les carbapénèmes en réanimation .................................................................. 18

    5. Objectifs de l’étude ........................................................................................... 19

    MATERIELS ET METHODES ................................................................................... 20 1. Type d’étude ..................................................................................................... 20

    2. Population de l’étude ........................................................................................ 20

    3. Recueil des données ........................................................................................ 20

    4. Procédures et techniques microbiologiques ..................................................... 22

    5. Critères d’évaluation ......................................................................................... 23

    6. Analyse statistique ........................................................................................... 24

    7. Aspect éthique et réglementaire ....................................................................... 24

    RESULTATS ............................................................................................................. 26 1. Caractéristiques des patients ........................................................................... 26

    2. Caractéristiques de l’infection initiale ............................................................... 28

    3. Antibiothérapie probabiliste comprenant un carbapénème .............................. 30

    4. Résultat principal : antibiothérapie probabiliste appropriée par CBP ............... 35

    5. Infections à E-BLSE ......................................................................................... 38

    DISCUSSION ............................................................................................................ 43

    CONCLUSION .......................................................................................................... 51

    BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................... 52

    ANNEXES ................................................................................................................. 56

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    LISTE DES ABREVIATIONS

    AMC : Amoxicilline- acide clavulanique

    AFSSAPS : Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé

    ANSM : Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé

    AZT : Aztréonam

    BGN : Bactérie Gram négatif

    BGP : Bactérie Gram positif

    BLSE : Bétalactamase à spectre étendu

    BLSE CTX-M : BLSE Céfotaximase-Munich

    BLSE SHV : BLSE Sulfhydryl-Variable

    BLSE TEM : BLSE Temoniera

    BMR : bactérie multi-résistante

    BPCO : broncho-pneumopathie obstructive chronique

    C3G : Céphalosporines de troisième génération

    CA-SFM : Comité de l’Antibiogramme de la Société Française de Microbiologie

    CBP : Carbapénème

    CLSI : Clinical Laboratory Standard Institute

    CMI : Concentration Minimale Inhibitrice

    CNIL : Commission Nationale Informatique et Liberté

    CPP : Comité de Protection des Personnes

    EARS-Net: European Antimicrobial Resistance Surveillance Network (système

    européen de surveillance de la résistance aux antibiotiques)

    E-BLSE : Entérobactérie productrice de bétalactamase à spectre étendu

    EDTA : Acide éthylène diamine tétraacétique

    E.coli : Escherichia coli

    EPC : Entérobactérie productrice de carbapénémase

    EUCAST : European Committee on Antimicrobial Susceptibility Testing

    FOX : Céfoxitine FQ : Fluoroquinolone

    HCSP : Haut Conseil de Santé Publique

    ICAAC : Interscience Conference on Antimicrobial Agents and Chemotherapy

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    IDSA : Infectious Diseases Society of America

    InVS : Institut de Veille Sanitaire

    KP : Klebsiella pneumoniae

    KPC : Klebsiella Pneumoniae Carbapenemase

    MBL : Métallo-bétalactamase

    MH : Mueller-Hinton

    NDM-1 MBL : New Dehli métallo-bétalactamase

    PD : Pharmacodynamie

    PK : Pharmacocinétique

    PLP : Protéines de liaison des pénicillines

    RAISIN : Réseau d'Alerte, d'Investigation et de Surveillance des Infections

    Nosocomiales et associées aux soins

    SARM : Staphylococcus aureus résistant à la méticilline

    VIH : Virus de l’immunodéficience humaine

    VIM : Verona Integron-Encoded Métallo-bétalactamase

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    RESUME

    Introduction : Les bétalactamines sont les antibiotiques les plus utilisés en pratique clinique.

    Parallèlement à leur utilisation exponentielle, de nouveaux défis sont apparus tels que l’émergence

    des entérobactéries productrices de bétalactamases (E-BLSE) à l’hôpital et au sein de la

    communauté, l’augmentation de la multi-résistance associée à ces bactéries et enfin l’émergence de

    la résistance aux carbapénèmes (CBP), qu’il convient aujourd’hui de protéger. L’objectif principal de

    cette étude est d’analyser la place des carbapénèmes dans la prescription d’une antibiothérapie

    empirique chez les patients hospitalisés dans un service de réanimation et de tenter de définir des

    situations où cette prescription est appropriée

    Matériels et méthodes : Etude prospective observationnelle, monocentrique incluant les patients

    consécutifs pour lesquels une prescription probabiliste d'antibiotiques a été débutée dans les 72

    premières heures suivant leur admission en réanimation pour une infection bactérienne présumée.

    Les critères d’évaluation principaux étaient le pourcentage d’antibiothérapie probabiliste comportant

    un CBP, le pourcentage de ces prescriptions appropriées ainsi que l’ensemble des facteurs associés

    à cette prescription probabiliste de CBP appropriée. Les caractéristiques microbiologiques des

    infections correspondant à ces prescriptions étaient également analysées.

    Résultats : De Juin 2012 à Décembre 2012, 97 patients correspondant à 97 prescriptions

    probabilistes d’antibiotiques ont pu être analysées. Vingt trois prescriptions (24%) comprenaient un

    CBP, 7 (30%) d’entre elles étaient appropriées. Cinq prescriptions sur sept concernaient le traitement

    d’une infection à E-BLSE essentiellement de type CTX-M. Le sexe masculin (44% vs 100%,

    p=0 ,011), une séropositivité pour le VIH (0% vs 43%, p=0,005) et l’utilisation de céphalosporines de

    troisième génération (C3G) l’année précédant l’hospitalisation en réanimation (25% vs 71%, p=0,036)

    étaient plus fréquemment associés à une utilisation appropriée de CBP.

    Conclusion : L’utilisation empirique de CBP en réanimation n’est pas rare, mais dans 2/3 des cas est

    inappropriée. L’utilisation récente de C3G semble être pourvoyeur de résistances bactériennes et

    pourrait donc être un bon indicateur d’une prescription probabiliste devant comprendre une CBP. Ces

    résultats sont à confirmer par une étude comportant des effectifs plus importants.

    Mot clefs : E-BLSE, antibiothérapie, carbapénème, probabiliste, prescription appropriée, C3G.

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    INTRODUCTION

    1. Epidémiologie des E-BLSE

    1.1. Historique de l’émergence des résistances aux bétalactamines

    Les bétalactamines (pénicillines, céphalosporines, carbapénèmes et monbactames),

    constituent la famille d’antibiotiques la plus prescrite dans le monde. En 1940, alors

    que la Pénicilline G commence à peine à être utilisée, on note déjà la mise en

    évidence chez "Bacterium coli"’ d’un mécanisme d’inactivation de cet antibiotique par

    production d’une enzyme de type pénicillinase (1). En 1944, la première souche

    résistante à la pénicilline G par production de pénicillinase est isolée à partir d’un

    prélèvement clinique de Staphylococcus aureus (2). Dès lors, s’est engagée une

    course permanente entre la résistance bactérienne aux antibiotiques existant d’une

    part, et le développement de nouvelles molécules contournant les nouveaux

    mécanismes de résistance d’autre part, la mise à disposition des cliniciens d’un

    nouvel antibiotique étant toujours suivie de l’apparition et de la diffusion de souches

    résistantes à cet antibiotique. Dans les années 60, en Grèce, est décrite, pour la

    première fois, dans une hémoculture prélevée chez un patient nommé Temoniera,

    une souche d’Escherichia coli (E.coli), productrice d’une pénicillinase plasmidique qui

    sera nommée TEM-1 (3). Cette enzyme entraînant une résistance à l’amoxicilline est

    aujourd’hui présente chez environ 50% des souches d’E.coli responsables

    d’infections diagnostiquées en ville ou à l’hôpital. La parade pour alors combattre les

    infections liées aux bactéries à Gram négatif productrices de ces pénicillinases, sera

    la mise sur le marché, dans les années 80 des oxymino-céphalosporines et des

    monobactames qui renforcent l’arsenal thérapeutique disponible.

    En 1983, en Allemagne, la première bétalactamase à spectre étendu (BLSE),

    d’origine plasmidique, est décrite chez Klebsiella pneumoniae (K.pneumoniae) et

    Serratia marcescens. Cette enzyme hydrolyse les oxymino-céphalosporines et les

    monabactames. Elle est nommée SHV-2 (car elle dérive d’une pénicillinase à spectre

    étroit de type SHV-1) (4). En 1984, une souche de K.pneumoniae productrice de

    BLSE dérivée d’une pénicillinase de type TEM, nommée par analogie TEM-3, est

    caractérisée en France. Puis, en 1985, c’est cette fois une souche de Klebsiella

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    ozaneae productrice de BLSE de type SHV-2 qui est décrite (5).

    Dans les années 90, un nouveau groupe d’enzymes répondant à la définition des

    BLSE, les CTX-M (pour cefotaximase Munich) sont décrites et caractérisées. Ces

    nouvelles enzymes, ne dérivant ni de TEM, ni de SHV, sont essentiellement

    observées chez E.coli et hydrolysent préférentiellement le céfotaxime (6).

    En quelques années, les caractéristiques enzymatiques et épidémiologiques des

    bétalactamases ont évoluées et de nouvelles souches bactériennes présentant des

    profils de résistance de plus en plus complexes se sont développées parallèlement à

    l’utilisation massive des bétalactamines (7). Ainsi, à ce jour, plus de 400

    bétalactamases dont plus de 200 BLSE sont répertoriées (8).

    Depuis 2011, en France, les infections à E-BLSE sont devenues plus fréquentes que

    celles à Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM). De ce fait, en 2012,

    la densité d’incidence des infections à E-BLSE était estimée à 0,53 pour 1000

    journées d’hospitalisation. Dix pour cent d’entre elles étaient des infections invasives,

    essentiellement des bactériémies (Annexe 1). Cette augmentation préoccupante a

    été confirmée par les données du réseau EARS-NET France, estimant la part

    d’infections invasives à K.pneumoniae et E.coli, résistants aux céphalosporines de

    3ième génération à 22% et 10% respectivement. La très grande majorité de ces

    résistances étaient liées à la production de BLSE. (Annexe 2)

    1.2. Classification et dépistage des bétaclamases

    1.2.1. Classification

    Selon la classification d’Ambler, on distingue actuellement 4 classes de

    bétalactamases : A, B, C, D (Annexe 3) (9). Les enzymes des classes A, C et D

    regroupent des bétalactamases avec une molécule de sérine au sein de leur site

    actif alors que les enzymes de classe B possèdent 2 ions Zinc. Les BLSE

    appartiennent le plus souvent à la classe A. Elles sont en réalité des pénicillinases

    « mutées », dérivant de pénicillinases natives comme TEM-1/2 ou SHV-1. Des

    mutations ponctuelles entraînant des substitutions d’acides aminés au niveau du site

    actif de l’enzyme, ont permis un élargissement de leur « poche catalytique » et donc

    une nouvelle compétence hydrolytique pour les céphalosporines de 3ième génération

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    (C3G) (10). Il est classique de considérer que les bétalactamases de la classe A

    (TEM, SHV, CTX-M) hydrolysent l’ensemble des bétalactamines: les pénicillines, les

    oxymino-céphalosporines (C1G, C2G, C3G et C4G – ou céphalosporines à large

    spectre) et les monobactames (aztréonam), à l’exception des céphamycines

    (céfoxitine, cefotetan) des oxycephems (moxalactam) et des carbapénèmes. Elles

    sont partiellement inhibées in vitro par les inhibiteurs de bétalactamases (acide

    clavulanique, tazobactam et sulbactam), ces derniers restaurant plus ou moins bien

    l’activité des C3G. Cette restauration d’activité produit une image en bouchon de

    champagne sur la gélose qui permet un diagnostic visuel facile. Les bétalactamases

    de classe B (NMD-1, VIM), sont constituées de métalloprotéases résistantes aux

    inhibiteurs des bétalactamases. Elles sont inhibées par l’acide éthylène diamine

    tétraacétique, l’EDTA (qui chélate l’ion Zinc indispensable à leur activité) et

    hydrolysent principalement les carbapénèmes. Celles de la classe C (CMY, FOX,

    MOX), regroupent des céphalosporinases AmpC d’origine chromosomique ou

    plasmidique. Elles sont capables d’hydrolyser les céphalosporines y compris les

    céphamycines (céfoxitine) ainsi que les pénicillines, mais pas le céfépime. Elles sont

    résistantes aux inhibiteurs des bétalactamases, mais sont inhibées par la cloxacilline.

    Enfin les bétalactamases de la classe D (OXA), sont des oxacillinases, d’origine

    plasmidique, hydrolysant préférentiellement les pénicillines M: l’oxacilline, la

    cloxacilline et la méticilline. Elles sont peu inhibées par l’acide clavulanique. En

    général, elles hydrolysent plus électivement la céftazidime que le céfotaxime.

    1.2.2. Dépistage des E-BLSE

    La stratégie la plus courante pour la détection des E-BLSE en routine est fondée sur

    les recommandations du Comité de l’Antibiogramme de la Société française de

    microbiologie (CA-SFM) et du « Clinical Laboratory Standard Institute » (CLSI)

    L’observation d’un niveau de sensibilité diminué vis à vis d’une série de

    céphalosporines sentinelles est suivie de la réalisation d’un test de confirmation de la

    présence d’une BLSE. Il s’agit de quantifier la synergie, soit par un antibiogramme

    standard en diffusion (gélose de Mueller-Hinton (MH)) comportant des disques de

    céfotaxime, céftazidime, céfépime et aztréonam et un disque contenant de l’acide

    clavulanique, équidistants de 30mm, soit par la mesure de la concentration minimale

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    inhibitrice (CMI) de ces molécules testées seules et en association à l’acide

    clavulanique (bandelette E-test® sur gélose de MH). Une synergie significative est

    définie comme l’augmentation de la zone d’inhibition entre l’acide clavulanique et les

    C3G (produisant un « bouchon de champagne ») (Annexe 4) ou la diminution d’au

    moins 3 dilutions de CMI en présence d’acide clavulanique (Annexe 5). Cette

    synergie significative témoigne de la présence d’une BLSE, avec une sensibilité de

    80 à 90% pour la diffusion sur gélose et 95% avec les bandelettes E-test®. Une

    synergie non significative n’exclut pas la présence d’une BLSE car il existe des faux

    négatifs. Si l’expression de la BLSE est à bas niveau (Proteus mirabilis), la synergie

    peut être mise en évidence en espaçant les disques de céphalosporine et d’acide

    clavulanique avec une distance centre à centre de 40-45mm. Par ailleurs, l’acide

    clavulanique est un inducteur de céphalosporinase. La détection de l’image de

    synergie peut être rendue difficile, lorsque la souche productrice d’une BLSE exprime

    également une céphalosporinase inductible capable d’hydrolyser les C3G

    (Citrobacter freundii, Morganella morganii). Pour faciliter la détection de cette E-

    BLSE, la distance centre à centre entre les disques doit être réduite à 20mm et le

    test de synergie peut être réalisé avec le céfépime, la céphalosporinase de haut

    niveau n’hydrolysant pas ou peu le céfépime. La détection est réalisée sur une

    gélose MH enrichie en cloxacilline (50-300µg/mL), inhibiteur spécifique in vitro de la

    céphalosporinase.

    1.3. E-BLSE communautaire

    1.3.1. Emérgence d’une « nouvelle » BLSE : CTX-M

    Les gènes de structure des BLSE sont portés par des éléments génétiques mobiles

    (plasmides, intégrons, transposons) portant souvent d’autres gènes de résistance à

    d’autres familles d’antibiotiques. Ce dernier point a deux corollaires: 1) les E-BLSE

    sont généralement des espèces multi-résistantes pour lesquelles les possibilités

    thérapeutiques sont restreintes 2) ces gènes de résistance sont facilement

    transférables entre souches de la même espèce ou entre espèces différentes,

    entraînant une diffusion rapide de ces BLSE.

    Enfin, depuis les années 2000, les entérobactéries productrices de BLSE,

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    traditionnellement responsables d’infections nosocomiales sévères, sont désormais

    observées au sein du milieu communautaire. On assiste notamment à l’émergence

    et à la dissémination de «nouvelles» BLSE, de type CTX-M (dont le chef de file est le

    CTX-M 15), avec un changement radical de leur épidémiologie (Annexes 6 et 7). En

    effet, au fil des années, E.coli, germe le plus fréquemment isolé à la fois en milieu

    hospitalier et communautaire et responsable de la majorité des infections urinaires, a

    connu une augmentation considérable de son niveau de résistance aux antibiotiques

    (11). Elle est ainsi progressivement devenue l’espèce bactérienne la plus concernée

    par l’émergence de ces nouvelles BLSE en milieu hospitalier mais aussi lors

    d’infections communautaires.

    A l’origine, CTX-M est une enzyme codée par un gène chromosomique appartenant

    à une bactérie de l’environnement du genre Kluyvera spp. Un transfert plasmidique

    de ce gène à des espèces adaptées à l’homme (notamment E.coli) a permis la

    diffusion de ces BLSE de type CTX-M divisées en 5 groupes phylogénétiques sur la

    base de leurs séquences d’acides aminés. Elles ont la particularité d’hydrolyser le

    céfotaxime et le céfépime. Il faut noter de surcroît que CTX-M 15 présente une forte

    capacité hydrolytique pour la ceftazidime. Les mécanismes de diffusion des CTX-M

    mettent en jeu non seulement une diffusion clonale de bactéries mais aussi une

    diffusion des enzymes via des plasmides et/ou autres éléments génétiques mobiles.

    Par ailleurs, comme pour les plasmides TEM et SHV, ceux portant les gènes

    responsables de l’expression de CTX-M portent souvent d’autres gènes de

    résistance.

    1.3.2. Facteurs de risque d’infection à E-BLSE communautaire

    En 2005, Ben-Ami et al, ont rapporté une colonisation fécale par E-BLSE à

    l’admission chez 11% de 241 patients consécutifs. De même, 14% des 80

    bactériémies communautaires de cette série étaient causées par une E-BLSE,

    essentiellement de type E.coli produisant une CTX-M. La provenance d’un

    établissement de soins de longue durée et le sexe masculin étaient identifiés comme

    facteurs de risque de développer une bactériémie à E-BLSE dans les 48 premières

    heures d’hospitalisation (12).

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    En 2009, le même auteur publiait une méta-analyse portant sur les facteurs de risque

    de survenue d’infections communautaires à E-BLSE. Sur 983 prélèvements,

    essentiellement urinaires et sanguins, pratiqués lors de l’admission à l’hôpital, 339

    était positifs à E-BLSE, et un E.coli producteur de CTX-M était retrouvée dans 65%

    des cas. En analyse multivariée, 5 facteurs étaient associés à une infection

    communautaire à E-BLSE : l’âge supérieur ou égal à 65 ans, le sexe masculin,

    l’hospitalisation récente, la résidence en soins de suite et une antibiothérapie

    récente. Il est à noter que 34% de ces infections communautaires à E-BLSE étaient

    strictement communautaires, elles étaient observées chez des patients n’ayant eu

    aucun contact préalable avec une structure de soins (13).

    1.3.3. Incidence des infections à E-BLSE comunautaires

    La part communautaire stricte des infections communautaires à E-BLSE semble être

    en progression constante au fil des années puisque dès 2006, Rodriguez-Bano et al

    rapportaient un taux de bactériémies communautaires strictes de 19% sur une série

    de 43 bactériémies à E.coli BLSE dont 86% des souches possédaient le plasmide

    CTX-M (14). En 2013, Doi et al rapportaient 291 (55%) bactériémies

    communautaires parmi 523 bactériémies à E.coli BLSE diagnostiqués à l’arrivée ou

    dans les 48 premières heures d’hospitalisation. Parmi ces infections

    communautaires, 107 (37%) étaient communautaires strictes et 91% concernaient

    des E.coli BLSE porteurs du plasmide CTX-M (15).

    En France, une étude réalisée en 2011 rapportait que 6% des sujets consultant en

    centre d’examen présentaient une colonisation fécale à E.coli producteur de BLSE,

    dont 86% étaient de type CTX-M. Bien qu’en comparaison à 2006, ce portage d’E-

    BLSE communautaire ait été multiplié par 10 (0,6%) (16), ces derniers résultats

    restent relativement moins inquiétants, que ceux observés aux Etats-Unis ou en

    Europe. Ils sont confirmés par l’étude DRUTI, menée en 2012 par l’Institut de veille

    sanitaire et le réseau Sentinelles sur un échantillon national de femmes adultes non

    institutionnalisées consultant leur médecin généraliste pour infection urinaire. Cette

    étude rapporte que seulement 1,6% des entérobactéries isolées à partir des

    prélèvements urinaires étaient productrices de BLSE (17). Néanmoins la diffusion

    épidémique de ces souches en Europe et dans le reste du monde doit inciter à la

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    plus grande prudence, au sein du milieu communautaire. L’ensemble de ces études

    amènent à penser que les E-BLSE, notamment les E.coli producteurs de CTX-M,

    responsables de la majorité des infections urinaires, diffusent largement au sein du

    milieu communautaire, chez des patients n’ayant jamais été hospitalisés (18).

    Comme précédemment décrites, ces souches communautaires productrices de

    BLSE sont bien souvent résistantes aux antibiotiques habituellement utilisés en ville

    pour traiter de manière empirique ces infections tels que les fluoroquinolones, le

    cotrimoxazole (12)(13)(14)(15) les céphalosporines (15) ou les aminosides (12)(13)

    Ces données soulèvent la problématique d’une alternative thérapeutique à toutes

    ces molécules, qui pourrait être représentée par les carbapénèmes, bien

    qu’actuellement elles ne soient pas disponibles en dehors de l’hôpital.

    2. Maîtrise de la diffusion des E-BLSE

    2.1. Mécanismes de diffusion des E-BLSE

    Le contrôle de la diffusion des BLSE passe par une bonne compréhension des

    mécanismes de dissémination des résistances. Tout d’abord, la transmission croisée

    peut être définie soit par la diffusion clonale des souches résistantes (diffusion de la

    bactérie elle même) soit par la diffusion uniquement des gènes de résistance portés

    par des éléments génétiques mobiles au sein de la bactérie. Ce qui aboutit en

    pratique au même résultat, à savoir une dissémination des gènes de résistance à la

    fois interhumaine, mais également entre souches de différentes espèces (ex : entre

    E.coli et K.pneumoniae). La transmission croisée de E.coli BLSE, ou des gènes

    BLSE, est favorisée par la taille du réservoir. L’homme héberge dans son tube

    digestif plus de 108E.coli par gramme de selles. Ce réservoir de taille considérable

    est susceptible de disséminer dans l’environnement du patient porteur et de

    contaminer son environnement. Leur diffusion est donc clairement liée au péril fécal.

    Le deuxième point important à comprendre est la pression de sélection exercée par

    les antibiotiques utilisés en médecine humaine et vétérinaire. En effet, la résistance

    bactérienne est le principal effet indésirable des antibiotiques. Après transmission

    interhumaine (ou transmission à l’homme depuis le monde animal ou

    l’environnement), les souches d’E.coli BLSE, ou les supports génétiques de la BLSE,

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    s’implantent dans la flore digestive des « receveurs ». La souche résistante pourra

    alors être « sélectionnée », se multiplier en cas d’antibiothérapie active sur les autres

    microorganismes composant la flore digestive. L’accroissement de l’inoculum de

    cette souche de E.coli BLSE au sein de la flore digestive va accroître le risque

    d’infection à E.coli BLSE chez la personne porteuse, mais également accroître le

    risque de dissémination de E.coli BLSE à l’entourage.

    La mise en évidence d’une colonisation ou d’une infection à E.coli BLSE est

    aujourd’hui le plus souvent faite à l’hôpital. Mais comme décrit précédemment,

    l’émergence en ville de souche d’E.coli productrice de CTX-M, chez des patients

    n’ayant eu au préalable aucun contact direct ou indirect avec une structure de soins,

    est de plus en plus souvent rapportée.

    2.2. Maîtrise de le diffusion des E-BLSE

    L’ensemble des mesures visant à maîtriser la diffusion des E-BLSE, en ville comme

    à l’hôpital, fait l’objet de recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique en

    février 2010, réactualisées en juillet 2013. Premièrement, la diffusion des E-BLSE

    étant liée au péril fécal, des mesures associant les précautions standard (hygiène

    des mains, tenue de protection, port de gants, gestion du matériel et des surfaces

    souillées, circuit du linge, des déchets et des prélèvements biologiques ...), la

    détection précoce des porteurs lors de leur admission à l’hôpital (notamment en cas

    de rapatriement sanitaire) et le renforcement des mesures d’hygiène autour des

    patients porteurs (application des précautions contact : chambre seule et

    signalisation) sont fortement recommandées pour les patients infectés/colonisés par

    des EBLSE. Deuxièmement, afin de réduire la pression de séléction des

    antibiothérapies, qui favorise l’émergence, la pullulation et la diffusion des EBLSE, il

    convient de réduire l’utilisation des antibiotiques chez l’homme et chez l’animal. Il

    faut donc introduire, à côté du concept de « bon usage », le concept de « moindre

    usage ».

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    3. Les carbapénémases

    3.1. L’ « explosion » des prescriptions de carbapénèmes

    Les carbapénèmes, derniers antibiotiques de la classe des bétalactamines, ont un

    très large spectre antibactérien. Comme pour les autres bétalactamines, leur activité

    bactéricide est la résultante d’une cascade de phénomènes complexes dont la

    première étape est l’inhibition de la synthèse de la paroi bactérienne par fixation aux

    protéines de liaison des pénicillines (PLP). Grâce à leur stabilité vis à vis de la

    plupart des bétalactamases naturelles et acquises, les carbapénèmes sont les

    molécules de référence pour l’antibiothérapie des infections nosocomiales liées à

    des E-BLSE et entérobactéries du groupe 3 productrices de céphalosporinases de

    haut niveau. Quatre molécules sont actuellement disponibles sur le marché : l’imipenème

    (Tiénam) disponible depuis 1986, le méropénème (Méronem) disponible depuis

    1997, l’ertapénème (Invanz) disponible depuis 2002, et tout récemment le

    doripénème (Doribax), commercialisé en France en mars 2009, dont l’autorisation

    de mise sur le marché devrait prendre fin en septembre 2014.

    La mise en évidence dans des prélèvements cliniques ou de dépistage de souches

    résistantes aux carbapénèmes n’est plus un phénomène exceptionnel mais une

    réalité à laquelle les cliniciens sont maintenant régulièrement confrontés. Cette

    résistance peut être due à des mécanismes chromosomiques (altération de la porine

    OmprD2 chez Pseudomonas aeruginosa), à l’association de mécanismes de

    résistances (bétalactamase à spectre étendu et/ou céphalosporinase associée à une

    perte de la perméabilité membranaire chez les entérobactéries) ou à la présence

    d’enzymes hydrolysant les carbapénèmes, les carbapénémases. Ce dernier

    mécanisme de résistance est d’autant plus inquiétant que les gènes codant pour ces

    enzymes sont habituellement situés sur des éléments génétiques mobiles

    (plasmides, transposons, intégrons), et donc facilement transmissibles entre souches

    d’espèces bactériennes différentes.

    Compte tenu de l’émergence et de la diffusion des E-BLSE ces dernières années,

    l’usage des carbapénèmes est croissant et constitue actuellement une menace

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    majeure en terme de santé publique. L’agence française de sécurité sanitaire des

    produits de santé (AFSSAPS) estimait la progression de la consommation de CBP à

    +133% entre 1999 et 2009. En effet, cette surconsommation de carbapénèmes

    s’accompagne d’une augmentation de la pression de sélection et favorise

    l’émergence de bactéries productrices de carbapénémases, pour lesquelles les

    possibilités thérapeutiques sont restreintes.

    Généralement portés par des plasmides, les gènes codant pour ces enzymes

    transmissibles sont retrouvés chez une grande variété d’espèces bactériennes

    (entérobactéries, P.aeruginosa et Acinetobacter baumannii) et ont une distribution

    géographique mondiale. Cependant certains pays semblent plus spécifiquement

    touchés. En France, l’isolement de telles souches reste un évènement rare,

    survenant essentiellement en milieu hospitalier et correspondant presque toujours à

    une importation. De plus, la plupart des carbapénémases confèrent une résistance à

    de très nombreuses autres bétalactamines et l’association à des gènes de résistance

    aux aminosides et aux fluoroquinolones n’est pas rare.

    3.2. Classification des carbapénémases

    Les carbapénémases constituent un groupe hétérogène d’enzymes dont le point

    commun est d’hydrolyser au moins un des carbapénèmes. Chez les entérobactéries,

    les carbapénémases les plus fréquentes sont les bétalactamases Klebsiella

    Pneumoniae Carbapenemase (KPC) (classe A d’Ambler), les métallo-

    bétalactamases VIM, IMP, NDM (classe B d’Ambler) et les oxacillinases comme

    OXA-48 (classe D d’Ambler) (19)(20).

    3.2.1. Bétalactamase de classe A (sérine-protéase)

    Les carbapénémases de type KPC (1 à 11) sont les plus fréquemment rencontrées.

    La première souche exprimant KPC (KPC-1) a été identifiée en 1996 en Caroline du

    Nord chez une souche de K.pneumoniae (21). Ces enzymes hydrolysent toutes les

    bétalactamines. Les céfamycines et la ceftazidime sont de mauvais substrats

    enzymatiques in vitro et peuvent conduire à une interprétation erronée (fausse

    sensibilité des souches à ces molécules en laboratoire). L’activité hydrolytique de

    KPC est partiellement inhibée par l’acide clavulanique et le tazobactam.

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    Malheureusement, in vivo, le mécanisme de résistance des souches bactériennes

    aux carbapénèmes peut associer la production d’une carbapénémase de type KPC à

    une modification de la perméabilité de la membrane externe expliquant l’absence de

    restauration d’activité par les inhibiteurs des bétalactamases et les hauts niveaux de

    résistance aux carbapénèmes observés. La mortalité associée aux infections par les

    bactéries productrices d’enzyme de type KPC est élevée, très souvent supérieure à 50%

    (22), conduisant à une inquiétude grandissante face à leur diffusion actuelle à travers

    le monde, notamment en Grèce et en Israël où ces souches sont considérées

    comme endémiques (Annexe 8) (23)(24).

    3.2.2. Bétalactamase de classe B (métallo-bétalactamase)

    Les métallo-bétalactamases hydrolysent toutes les bétalactamines, à l’exception de

    l’aztréonam. Leur activité n’est inhibée ni par l’acide clavulanique, ni par le

    tazobactam, mais par l’EDTA, qui chélate les ions Zinc présents au niveau du site

    actif de l’enzyme, indispensables à leur activité. Parmi elles, l’enzyme VIM est la

    seconde carbapénémase la plus fréquente chez les entérobactéries. Son hôte est

    habituellement K.pneumoniae. C’est également en Grèce que l’on retrouve

    principalement des souches multi-résistantes de K.pneumoniae productrices de VIM

    (25)(26). Récemment, une nouvelle métallo-bétalactamase, NDM-1, a été décrite

    dans le sous-continent indien (27). Cette enzyme a été identifiée pour la première

    fois en Suède au sein de deux souches différentes (K.pneumoniae, pathogène

    exclusivement hospitalier et E.coli, germe communautaire fréquent) chez un même

    patient ayant séjourné dans un hôpital en Inde les jours précédents (28). Ces

    observations suggèrent que les modalités de transfert inter-bactérien de ce gène de

    résistance sont déjà multiples. De plus, en 2010, Walsh et al ont rapporté une

    dissémination plasmidique majeure de NMD-1 dans l’eau des robinets publics de

    New-Delhi, notamment au sein de différents pathogènes tels que Vibrio cholerae et

    Shigella boydii. (29). Le sous-continent indien avec 1,4 milliards d’habitants étant

    l’une des régions du monde les plus peuplées, favorisant le transfert inter-individuel

    massif de bactéries entériques, fait craindre un nombre important d’infections

    causées par des souches NDM-1 lié à la fois au péril fécal et à l’utilisation non

    régulée des antibiotiques dans cette région du monde. Il a ainsi été suggéré que

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    NDM-1 pourrait dans un avenir proche devenir la «nouvelle CTX-M-15» (30).

    3.2.3. Bétalactamase de classe D (sérine-protéase type oxacillinase)

    OXA 48 a été identifiée pour la première fois, il y a une dizaine d’années, en Turquie,

    chez des souches de K.pneumoniae et d’E.coli (31). En l’absence d’autres

    mécanismes de résistance, elle hydrolyse les carbapénèmes à un niveau plus faible

    que KPC et hydrolyse incomplètement les céphalosporines de troisième génération.

    Son activité n’est inhibée ni par l’acide clavulanique ni par le tazobactam. OXA 48 est

    par ailleurs quasi-spécifique de l’espèce bactérienne A.baumannii.

    3.3. Emergence des carbapénémases en France

    La première souche d’enzyme productrice de carbapénémase (EPC) a été signalée

    à l’institut de veille sanitaire (InVS) en 2004. A ce jour, 627 épisodes infectieux de ce

    type ont été signalés sur le territoire, dont 231 sur les 8 premiers mois de 2013

    (Annexe 9). Le mécanisme le plus fréquemment responsable d’une diminution de la

    sensibilité aux carbapénèmes était la présence d’OXA 48 (69% des épisodes en

    2013 - données InVS). Les entérobactéries les plus fréquemment mises en cause

    étaient K.pneumoniae (67%) et E.coli (24%) Dans la majorité des épisodes recensés

    à ce jour (345 épisodes), elles étaient isolées chez des patients provenant d’un pays

    étranger, notamment le Maroc, l’Algérie et l’Inde. Même si ce dernier point

    anamnestique est un facteur de risque majeur de portage d’une souche d’EPC, il faut

    cependant noter une nette augmentation des cas de portage ou d’infection survenant

    chez des patients n’ayant a priori aucun lien avec un pays étranger.

    Les données EARS-Net montrent que la circulation des EPC en France, bien qu’en

    augmentation, reste encore limitée comparativement à certains pays d’Europe ou

    encore à l’échelle mondiale. En Grèce ou en Italie, la proportion de souches

    invasives de K.pneumoniae résistantes aux carbapénèmes atteignait respectivement

    60,5% et 28 ,8% en 2012, alors qu’on en dénombrait 0,5% en France Ces chiffres

    sont en augmentation constante, puisqu’en 2010 la proportion d’infections à KPC en

    Europe était de 0,1% en France, en 15,2% Italie et 49,1% en Grèce.

    Cette situation épidémiologique est très préoccupante, car la diffusion massive des

    E-BLSE et l’émergence récente de souches communautaires d’E.coli exprimant une

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    BLSE de type CTX-M, ne peuvent être qu’un facteur favorisant les antibiothérapies

    comportant des carbapénèmes. Le recours trop large à ces molécules induirait la

    sélection de souches résistantes aux carbapénèmes et risquerait de nous exposer à

    des impasses thérapeutiques, réduisant ainsi les chances de survie des patients

    graves, chez qui l’antibiothérapie conditionne le pronostic vital.

    3.4. Perspectives d’avenir

    Depuis 2009, seulement deux antibiotiques, la ceftaroline et telavancine, actifs sur

    les SARM, on été approuvés par l’ « IDSA » (The Infectious Diseases Society of

    America). Presque aucune nouvelle molécule active sur les bacilles à Gram négatif

    (BGN) multi-résistants n’a été validée, alors que de nouvelles résistances sont

    inéluctables.

    Actuellement sept nouveaux antibiotiques sont en cours de phase 2 ou 3 d’essai

    clinique, avec comme objectif pour 2020, de trouver 10 nouveaux antibiotiques actifs

    sur les BGN multi-résistants (32). Le clinicien ne dispose actuellement que de très

    peu de molécules pour répondre à ce vide dans notre arsenal thérapeutique, il

    convient donc d’épargner ces molécules précieuses, que sont les CBP.

    4. Les carbapénèmes en réanimation

    L’antibiothérapie reste à ce jour le seul traitement étiologique des états infectieux

    graves. A ce titre, un traitement anti-infectieux empirique précoce et approprié est

    primordial dans la prise en charge optimale d’un sepsis sévère ou d’un choc

    septique. Les experts de la Surviving Sepsis Campaign 2012, recommandent une

    administration des thérapeutiques anti infectieuses large spectre dans les 3 heures

    suivant le diagnostic (33). Ces recommandations sont la conséquence de diverses

    études ayant montré une forte association entre le délai d’administration des

    antibiotiques et la survie des patients Chaque heure de retard à l’initiation d’une

    antibiothérapie appropriée diminuait le taux de survie du patient de 7,6% pendant les

    six heures suivantes (34).

    En l’absence de situations cliniques caricaturales où le pathogène est fortement

    suspecté (purpura fulminans, gangrène gazeuse), l’antibiothérapie est généralement

    administrée de façon empirique sur la base d’arguments anamnestiques cliniques et

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    épidémiologiques locaux. La sensibilité du germe aux antibiotiques n’étant disponible

    au mieux qu’à partir de la 72ième heure après la réalisation du prélèvement

    microbiologique, une inadéquation aurait pour conséquence une inefficacité

    thérapeutique d’une durée équivalente.

    Les différentes recommandations, et textes de référence, sur la base des données

    cliniques disponibles, donnent comme principales indications d’un traitement par

    CBP, les infections sensibles uniquement à ces molécules (bacilles Gram négatifs

    multi-résistants tels que P.aeruginosa (hors ertapénème) ou E-BLSE ou

    entérobactéries du groupe 3, lorsqu’il n’existe pas d’alternative), mais aussi, des

    notions plus floues comme le traitement probabiliste des patients ayant un

    antécédent de colonisation à BLSE, d'hospitalisation récente ou présentant d’autres

    facteurs de risque d’infections à E-BLSE. Le délai de réponse du laboratoire pour la

    détection de BLSE et le risque accru d’échec thérapeutique en cas d’infection avérée

    à E-BLSE incitent les prescripteurs à utiliser largement les CBP en traitement

    probabiliste d’un sepsis sévère et à fortiori d’un choc septique.

    Il est primordial de réévaluer cette prescription à 48 heures, dans le but d’une

    désescalade pour une molécule de spectre plus étroit afin de réduire la durée de

    traitement probabiliste par CBP(35).

    5. Objectifs de l’étude

    Devant l’augmentation de la consommation de CBP et dans un souci d’amélioration

    de la qualité des soins, nous avons réalisé une étude prospective observationnelle,

    dans le service de réanimation médicale de l’hôpital Saint Antoine à Paris, visant à

    évaluer la prescription de carbapénèmes en probabiliste. L’objectif principal de

    l’étude était d’évaluer la place des carbapénèmes dans la prescription d’une

    antibiothérapie probabiliste en réanimation et de tenter de définir des situations où

    cette prescription était appropriée. Les objectifs secondaires étaient d’évaluer d’une

    part l’incidence et les caractéristiques des infections à E-BLSE, d’autre part d’évaluer

    la part de ces infections pouvant bénéficier d’une alternative à un traitement

    antibiotique par carbapénème.

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    MATERIELS ET METHODES

    1. Type d’étude

    Nous avons réalisé une étude de cohorte, prospective, observationnelle et

    monocentrique, sur une période de 7 mois (Juin 2012 à Décembre 2012) dans un

    service de réanimation médicale à l’hôpital Saint Antoine, structure de 18 lits, situé

    au sein d’un hôpital universitaire de 691 lits. Pendant la période de l’étude, le nombre

    de patients admis dans le service était de 950 par an, essentiellement pour des

    motifs médicaux. Le recrutement du service se répartit en admissions directes

    (SAMU et urgences) et en admissions en provenance de services hospitaliers.

    2. Population de l’étude

    Tous les patients consécutifs pour lesquels une prescription probabiliste

    d'antibiotiques a été débutée dans les 72 heures suivant leur admission en

    réanimation ont été inclus. Au cours d’un même séjour, seule la première

    prescription empirique pouvait être incluse dans l’analyse.

    Le caractère empirique a été défini par l’administration antibiotique, en dehors d’une

    orientation microbiologique, dont :

    -un examen direct d’un crachat ou d’un lavage broncho-alvéolaire montrant une flore

    monomorphe de cocci à Gram positif

    -un examen direct du LCR montrant un diplocoque à Gram positif ou négatif

    -un antigène urinaire de Légionella pneumophila positif (la recherche de l’antigène

    urinaire de Streptococcus pneumoniae n’était pas utilisé dans le service).

    Les patients provenant d’un service de réanimation d’un autre hôpital, et recevant

    déjà une antibiothérapie empirique n’ont pas été inclus.

    3. Recueil des données

    Pour chaque patient, les données ont été recueillies prospectivement, de manière

    standardisée, à l’aide d’une fiche de recueil (Annexe 10). Ce recueil a été effectué

    dans les 72 premières heures suivant la prescription de l’antibiothérapie probabiliste,

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    ce délai correspondant au rendu des données microbiologiques par le laboratoire de

    microbiologie.

    Les données préalables à l’admission en réanimation comportaient les

    caractéristiques démographiques (âge, sexe) ainsi que les comorbidités sous-

    jacentes (immunodépression, diabète, insuffisance rénale chronique définie par une

    créatinine supérieure à 150 micromoles/L, broncho-pneumopathie obstructive

    chronique (BPCO) documentée par une exploration fonctionnelle respiratoire et

    traitée par bêta 2 mimétiques et/ou corticoïdes inhalés et /ou anticholinergiques et/ou

    oxygène à domicile et/ou ventilation non invasive à domicile). Les facteurs

    d’immunodépression suivants ont été recueillis : cancer solide ou hémopathie

    évolutifs ayant bénéficié d’une chimiothérapie ou radiothérapie dans l’année,

    neutropénie définie par un taux de polynucléaires neutrophiles < 500/mm3, cirrhose

    hépatique Child C, infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) avec

    un taux de lymphocytes T4 < 500, transplantation d’organe solide, traitement par

    corticoïdes depuis plus de 3 mois ou supérieur à 0,5 mg/kg/J d’équivalent-prednisone

    pendant plus de 7 jours durant les 3 derniers mois ou traitement par

    immunosuppresseur. Les facteurs de risque de portage ou infection à E-BLSE,

    classiquement décrits dans la littérature ont été également recueillis : voyage à

    l’étranger dans l’année, hospitalisation dans l’année en France ou à l’étranger,

    chirurgie dans les trois ans, stomie ou sonde urinaire à demeure, vie en institution,

    antibiotiques reçus dans l’année (classe) et le portage et/ou infection à E-BLSE dans

    les deux ans. La sévérité des patients à l’admission a été évaluée par l’Indice de

    Gravité Simplifiée (IGS) II et le score de défaillance d’organes, le Sequential Organ

    Failure (SOFA) pendant les 24 premières heures en réanimation.

    Les caractéristiques de l’infection initiale comprenaient le site de l’infection, le ou les

    agent(s) pathogène(s) isolés, l’origine communautaire ou nosocomiale de l’infection

    (définie par une infection survenant 48 heures après le début de l’admission à

    l’hôpital). La recherche de bactéries multi-résistantes, notamment le portage d’une E-

    BLSE, était systématique à l’admission en réanimation. Le diagnostic positif de

    l’infection et son étiologie étaient établis par l’analyse rétrospective des données

    cliniques, radiologiques et microbiologiques (hémoculture et tout autre prélèvement

    bactériologique pertinent).

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    22

    En outre, nous avons recueilli le ou les traitement(s) antibiotique(s) probabiliste(s)

    débuté(s) initialement, conformément aux recommandations locales (formulées par

    un comité des anti-infectieux de l’hôpital Saint Antoine et rédigées dans un

    Antibioguide®, référentiel en vigueur au sein de l’établissement). Lorsqu’un

    traitement par carbapénème était débuté en probabiliste, la classe et la durée de

    traitement étaient recueillies.

    Enfin, la durée d’hospitalisation, ainsi que le statut à J28 de l’admission en

    réanimation ont été évalués.

    4. Procédures et techniques microbiologiques

    La détection des BLSE chez les entérobactéries a été objectivée, selon la technique

    du double disque, par une synergie entre le mélange [amoxicilline+acide

    clavulanique (AMC)] et au moins l’une des C3G suivantes : céftazidime, céfotaxime,

    céfépime ou avec l’aztréonam, réalisant le fameux « bouchon de champagne ».

    Ce test de synergie en milieu solide (diffusion en gélose de Mueller-Hinton) a été

    réalisé en disposant les disques d’AMC et de la céphalosporine choisie (ou

    aztréonam) à 30mm de distance, centre à centre. Lorsque le diamètre du disque était

    supérieur au diamètre critique, l’antibiotique en question était rendu sensible et la

    CMI était calculée à l’aide de bandelettes Etest®.

    La détection des E-BLSE étant plus difficile chez les souches exprimant également

    une céphalosporinase inductible, le test de synergie a été réalisée avec le céfépime

    (la céphalosporinase à haut niveau ne touchant généralement pas le céfépime) ou

    en recherchant la synergie sur un milieu contenant de la cloxacilline (50-300µg/mL),

    inhibiteur de céphalosporinases et en rapprochant les disques (D=20mm). Enfin pour

    les E-BLSE s’exprimant à bas niveau (comme Proteus spp), les disques ont été

    espacés à 40-45mm. Les résultats ont été interprétés selon les recommandations de

    2011 énoncées par la CA-SFM.

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    23

    5. Critères d’évaluation

    Les critères d’évaluation principaux étaient :

    - Le pourcentage d’antibiothérapie probabiliste comprenant un carbapénème,

    - Parmi ces prescriptions probabilistes de CBP, le pourcentage d’antibiothérapie

    appropriée

    - Parmi ces prescriptions probabilistes appropriées de CBP, les caractéristiques

    microbiologiques des infections correspondant à ces prescriptions

    - L’ensemble des critères associés à cette prescription empirique appropriée de CBP.

    Les critères d’évaluation secondaires étaient les facteurs associés à une prescription

    probabiliste de CBP, qu’elle soit appropriée ou non et les facteurs associés à la

    survenue d’une infection à E-BLSE en réanimation.

    La pertinence de la prescription a été analysée en fonction des résultats des

    prélèvements microbiologiques disponibles à 48-72 heures (culture et

    antibiogramme). Les résultats ont été classés en prescription :

    - Appropriée : antibiothérapie probabiliste et définitive identiques,

    - Inappropriée :

    o Antibiothérapie excessive: antibiothérapie probabiliste couvrant le ou

    les germe(s) responsable(s) de l’infection, mais de spectre trop large,

    conduisant à une « désescalade » thérapeutique,

    o Antibiothérapie inadéquate : antibiothérapie probabiliste dont aucune

    des molécules n’est active contre le ou les germe(s) responsable(s) de

    l’infection

    o Antibiothérapie injustifiée : absence d’infection bactérienne (pathologie

    non-infectieuse, infection parasitaire, infection virale)

    En l’absence de résultats microbiologiques positifs, l’antibiothérapie était considérée

    comme appropriée lorsqu’elle était en accord avec les recommandations locales et le

    site infectieux était retenu en fonction des données anamnestiques, cliniques et

    radiologiques du patient.

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    24

    Les infections pouvaient parfois concerner plusieurs sites infectieux à la fois, de ce

    fait il y a plus de sites infectieux que de prescriptions probabilistes.

    Les infections étaient souvent polymicrobiennes, de ce fait il y a plus de germes que

    de prescriptions probabilistes.

    6. Analyse statistique

    Nous avons réalisé une analyse descriptive présentant des médianes (espace

    interquartile) pour décrire les variables continues ainsi que des proportions

    (pourcentage) pour les variables catégorielles. En analyse univariée, nous avons

    cherché à définir les facteurs associés à une prescription probabiliste appropriée ou

    non de carbapénème, ceux associés à une infection à E-BLSE et à une prescription

    appropriée pour ces infections. Les variables continues ont été comparées à l’aide

    de test t de Student en cas d’effectif >30 et de distribution normale et du test U de

    Mann et Whitney pour les distributions non gaussiennes. Les variables catégorielles

    ont été comparées à l’aide du test du Chi-deux et du test exact de Fisher pour les

    effectifs attendus < 5. La significativité était retenu pour une valeur de p≤0.05. Les

    données manquantes n’ont pas été remplacées lors de l’analyse. Elles ont été

    cependant décrites. Elles représentaient moins de 2% pour chaque catégorie, elles

    ont été ignorées pour l’analyse statistique (Annexe 11).Le recueil de données à été

    réalisé à l’aide du logiciel Excel pour MacOS-X (Microsoft® Excel® pour Mac 2011,

    version 14.0.0, ®) et le logiciel R a été utilisé pour les calculs statistiques.

    7. Aspect éthique et réglementaire

    Cette étude s’inscrit dans l’évaluation des pratiques pouvant conduire à une

    amélioration de celles-ci. Elle n’a colligé que des données relevant du traitement

    courant qui donnent lieu à une évaluation, comme cela est explicité dans le livret

    d’accueil remis aux patients ou à leur représentant (Annexe 12). Le Comité de

    Protection des Personnes (CPP) de l’hôpital Saint Antoine n’a pas considéré cette

    étude comme purement observationnelle, mais plutôt comme une étude visant à

    évaluer les soins courants. Elle a donc nécessité un enregistrement auprès de

    l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM)

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    25

    (Annexes 13 et 14). S’agissant d’une étude non-interventionnelle, le consentement

    écrit des patients n’a pas été recueilli. Néanmoins, il a été prévu de ne pas recueillir

    les données dérivant de la prise en charge habituelle en cas de refus exprimé par le

    patient ou par son représentant. Les informations recueillies lors de cette enquête

    étaient strictement anonymes, en aucun cas celles ci n’ont été transmises à des

    personnes physiques autre que l’investigateur principal. Cette enquête a fait l’objet

    d’une déclaration auprès de la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL)

    (Annexe 15).

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    26

    RESULTATS

    1. Caractéristiques des patients

    Quatre-vingt dix sept prescriptions probabilistes d’antibiotiques dans les 72h suivant

    l’admission en réanimation, ont été analysées pendant la période de l’étude. Deux

    patients ont été inclus deux fois dans l’étude, correspondant à deux séjours différents

    en réanimation, par souci de facilité, il a été considéré qu’une prescription

    correspondait à un patient. Deux patients provenant d’une autre réanimation et ayant

    déjà reçu une antibiothérapie probabiliste n’ont pas été inclus dans l’étude.

    Parmi l’ensemble des prescriptions probabilistes administrées, vingt trois

    prescriptions probabilistes (24%) comprenaient un carbapénème.

    Les caractéristiques démographiques des patients de notre cohorte étaient un âge

    médian de 66 [56; 75] ans, avec une nette prédominance masculine (67%). La

    principale comorbidité sous jacente était un cancer chez 32% des patients, sous la

    forme d’une hémopathie évolutive (14%) ou d’un cancer solide évolutif (18%). Le

    diabète et l’insuffisance rénale chronique étaient les principales comorbidités non

    néoplasiques, présentes chez 29 (30%) et 17 (17%) patients. De plus, 11% des

    patients étaient traités au long cours par des corticoïdes ou des

    immunosuppresseurs. Parmi les autres facteurs d’immunodépression, 8 patients

    (8%) étaient neutropéniques à l’admission en réanimation, 7 (7%) avaient une

    cirrhose Child C, 6 (6%) étaient infectés par le VIH et 5 (5%) étaient transplantés

    d’un organe solide. Une hospitalisation dans l’année en France, un séjour à

    l’étranger et une chirurgie récente étaient les principaux antécédents décrits chez 70

    (72%), 37 (39%) et 35 (36%) patients respectivement. patients (4%) étaient

    institutionnalisés dans des structures de long séjour. Seulement 5 patients (5%)

    avaient été hospitalisés récemment à l’étranger et 4 patients (4%) vivaient en

    institution. Près de la moitié des patients (43%) avaient reçu une antibiothérapie dans

    l’année, notamment par C3G (20%) et par amoxicilline-acide clavulanique (23%).

    Sept patients (7%) avaient un antécédent de portage et/ou d’infection à E-BLSE

    dans les deux ans précédents. (tableau 1).

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    Caractéristiques Global N= 97

    Age Sexe Masculin Féminin Comorbidités Diabète Insuffisance rénale chronique BPCO

    Bêta-2-mimétiques Corticoïdes inhalés Anticholinergiques Oxygène/VNI à domicile

    Antécédents d’immunodépression Hémopathie évolutive Cancer solide évolutif Neutropénie Cirrhose Child C Infection par le VIH Transplantation d’organe solide Corticothérapie Traitement immunosuppresseur

    Scores de gravité : IGS II SOFA

    Voyage à l’étranger Hospitalisation dans l’année

    En France A l’étranger

    Chirurgie dans les 3 ans Stomie, n (%) SU à demeure Vie en institution Antibiothérapie reçue dans l’année

    Péniciline Céphalosporine Pipéracilline-tazobactam Amoxicilline-ac.clavulanique Aminoside Macrolide Fluoroquinolone Vancomycine Flagyl Carbapénème

    Portage/infection à EBLSE dans les 2 ans

    66 [56; 75]

    65 (67) 32 (33)

    29 (30) 16 (16) 15 (15)

    7 (7) 6 (6) 5 (5) 1 (1)

    14 (14) 17 (18)

    8 (8) 7 (7) 6 (6) 5 (5)

    11 (11) 11 (11)

    44 [32; 61]

    6 [3; 9] 37 (39)

    70 (72)

    5 (5) 35 (36)

    7 (7) 1 (1) 4 (4)

    42 (43) 15 (15) 20 (21) 19 (18) 23 (24) 10 (10) 10 (10) 15 (15) 13 (13) 14 (14) 14 (14)

    7 (7) L’âge et les scores de gravité (IGS II, SOFA) sont exprimés en médiane [Q1; Q3]

    Les autres variables sont exprimées en nombre (pourcentage)

    Tableau 1 : Caractéristiques initiales des patients

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    28

    2. Caractéristiques de l’infection initiale

    L’infection primaire était liée aux soins dans 56% des cas. Le principal site infectieux

    était le poumon (n=45, 43%), suivi des infections intra-abdominales (péritonite,

    angiocholite, cholécystite, abcès hépatique, colite, ascite) (n=18, 17%), puis des

    infections cutanés (érysipèle, gangrène de Fournier, fasciite nécrosante) et des

    bactériémie primitives (n=8, 8%).

    Sur l’ensemble des prescriptions, nous avons identifié 76 infections bactériennes,

    parmi lesquelles 20 étaient polymicrobiennes. Au total, 72 bactéries Gram négatif

    (BGN) ont été identifiées. Les principales souches isolées étaient : 48

    entérobactéries (11 Klebsiella pneumoniae, 13 Escherichia coli, 9 Enterobacter

    cloacae, et 15 autres types d’entérobactéries); 11 Pseudomonas aeruginosa, 4

    Haemophilus (influenzae, parahaemolyticus), 3 Bacteroides fragilis et 6 autres type

    de BGN (Stenotrophomonas maltophilia…).

    Vingt-cinq cocci Gram positif ont été identifiés dont 12 staphylocoques (10

    Staphylococcus aureus, 2 Staphylococcus epidermidis), 6 entérocoques (5

    Enterococcus faecalis, 1 Enterococcus faecium) et 7 streptocoques.

    Enfin on a retrouvé 4 bacilles Gram positif (BGP) : 2 Corynebacterium striatum et 2

    Clostridium difficile. Une documentation microbiologique était obtenue dans 88% des

    cas. Les prescriptions restantes concernaient des infections sans documentation

    43%$

    17%$

    7%$

    7%$

    5%$

    5%$

    4%$3%$

    2%$3%$ 4%$

    Infection initiale: sites infectieux

    Poumon$

    Intra2abdominale$

    Bactériémie$primitive$

    Cutané$

    Os$

    Urinaire$

    Endocardite$$

    Système$nerveux$central$

    Cathéter$

    ORL$

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    29

    bactériologique (n=14), des pathologies non infectieuses (n=3), des infections

    parasitaires (n=2) ou des infections virales (n=2).

    Sur les 97 prescriptions probabilistes d’antibiotiques

    - Trente et une prescriptions (32%) étaient appropriées, incluant 12 prescriptions

    définitives sans documentation bactériologique,

    - Soixante-six prescriptions (66%) étaient inappropriées, parmi lesquelles

    o 40 (41%) étaient excessives, incluant 2 prescriptions définitives non

    documentées sur le plan microbiologique,

    o Dix neuf (20%) étaient inadéquates,

    o Sept (7%) étaient injustifiées, incluant 2 infections parasitaires, 2 infections

    virales et 3 pathologies non-infectieuses.

    La mortalité à J28 en réanimation médicale à Saint Antoine était de 31%.

    63%$

    22%$

    3%$12%$

    Infection initiale: documentation microbiologique

    Bacille$Gram$négatif$

    Cocci$Gram$positif$

    Bacille$Gram$positif$

    Absence$de$documentation$bactériologique$

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    30

    3. Antibiothérapie probabiliste comprenant un carbapénème

    3.1. Caractéristiques des patients recevant une antibiothérapie probabiliste comprenant un carbapénème

    Vingt-trois patients (24%) ont reçu une prescription probabiliste comprenant un CBP

    à leur arrivée en réanimation médicale pour une infection présumée. Les patients

    bénéficiant d’une antibiothérapie probailiste par CBP, avaient reçu une

    antibiothérapie dans l’année précédant l’hospitalisation en réanimation (66% vs 91%,

    p=0.02) par carbapénème (3% vs 52%, p

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    31

    Tableau 2 :

    Caractéristiques des patients recevant une prescription probabiliste comprenant un

    CBP

    Caractéristiques CBP- N= 74

    CBP+ N= 23

    p

    Age,

    Sexe masculin Antécédents

    Voyage à l’étranger

    Hospitalisation dans l’année :

    En France

    A l’étranger

    Chirurgie dans les 3 ans

    Stomie

    Sonde urinaire à demeure

    Vie en institution

    Antibiotiques reçus dans l’année

    Céphalosporine

    Carbapénème

    Pipéracilline-tazobactam

    Amoxicilline-ac.clavulanique

    Fluoroquinolone

    Flagyl

    Pénicilline

    Macrolide

    Aminoside

    Vancomycine

    Portage/infection à E-BLSE dans les 2 ans

    Comorbidités

    Diabète

    Insuffisance rénale chronique

    BPCO

    Antécédents d’immunodépression:

    Hémopathie évolutive

    Cancer solide évolutif

    Neutropénie

    67 [57, 76]

    51 (69)

    29 (40)

    50 (68)

    2 (3)

    23 (31)

    3 (4)

    1 (1)

    2 (3)

    45 (66)

    11 (15)

    2 (3)

    8 (11)

    17 (23)

    10 (14)

    6 (8)

    13 (18)

    7 (10)

    3 (4)

    3 (4)

    2 (3)

    22 (30)

    13 (18)

    14 (19)

    5 (7)

    13 (18)

    2 (3)

    64 [53, 70]

    14 (61)

    8 (35)

    20 (87)

    3 (13)

    11 (48)

    4 (17)

    0 (0)

    2 (9)

    21 (91)

    9 (39)

    12 (52)

    10 (43)

    6 (26)

    5 (22)

    8 (35)

    2 (9)

    3 (13)

    7 (30)

    10 (43)

    5 (22)

    7 (30)

    3 (13)

    1 (4)

    9 (39)

    4 (17)

    6 (26)

    0.20

    0.47

    0.32

    0.67

    0.07

    0.052

    0.14

    0.031

    0.057

    0.21

    0.02

    0.012

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    32

    L’âge et les scores de gravité (IGS II, SOFA) et la durée d’hospitalisation sont exprimés en médiane

    [Q1; Q3]

    Les autres variables sont exprimées en nombre (pourcentage)

    Comorbidités (suite)

    Cirrhose Child C

    Infection par le VIH

    Transplantation d’organe solide

    Corticothérapie

    Traitement immunosuppresseur

    Caractéristiques de l’infection

    Infection communautaire

    Infection nosocomiale

    Scores de gravité à l’admission

    IGS II

    SOFA

    Durée d’hospitalisation,

    Mortalité J28

    6 (8)

    3 (4)

    2 (3)

    7 (9)

    6 (8)

    40 (54)

    34 (46)

    44 [31; 58]

    6 [3; 8]

    11 [5; 20]

    22 (30)

    1 (4)

    3 (13)

    3 (13)

    3 (13)

    5 (22)

    3 (13)

    20 (87)

    49 [32; 72]

    8 [3; 12]

    50 [22 ; 84]

    8 (35)

    0.54

    0.12

    0.05

    0.62

    0.072

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    33

    3.2. Caractéristiques de l’infection initiale traitée en probabiliste par CBP

    Les infections traitées en probabiliste par CBP étaient majoritairement liées aux soins

    (87%, p

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    34

    La molécule la plus utilisée était l’imipénème, elle concernait 19 des prescriptions

    probabilistes de CBP (83%). La durée médiane de traitement par carbapénème était

    de 3 [3 ; 8,5] jours. La durée d’hospitalisation était significativement plus longue,

    lorsque le patient recevait un traitement probabiliste par CBP comparativement à

    ceux qui n’en n’avaient pas (50 [22 ; 84] vs 11 [5; 20], p

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    35

    4. Résultat principal : antibiothérapie probabiliste appropriée par CBP

    Parmi les 97 prescriptions probabilistes, 23 (24%) comprenaient un carbapénème, 7

    (30%) de ces prescriptions étaient appropriées et 16 (70%) ne l’étaient pas,

    conduisant à une « désescalade » thérapeutique ou à un arrêt de l’antibiotique.

    Parmi les 7 prescriptions probabilistes appropriées de carbapénèmes, 5 prescriptions

    concernaient des infections liées à un ou plusieurs germes producteurs de BLSE (3

    infections polymicrobiennes) : Enterobacter cloacae CTX-M 15 (n=4), Klebsiella

    pneumoniae CTX-M (n=3), Escherichia coli CTX-M (n=3), Enterobacter aerogenes

    CTX-M (n=1), Morganella morganii CTX-M (n=1) et 2 prescriptions concernaient des

    infections à Pseudomonas aeruginosa porteur d’une céphalosporinase

    hyperproduite.

    En analyse univariée, le sexe masculin (44% vs 100%, p=0.011), une infection par le

    VIH (0% vs 43%, p=0.005) et un traitement par céphalosporine de 3ième génération

    dans l’année précédant l’hospitalisation en réanimation (25% vs 71%, p=0.036)

    étaient associés de manière significative à une prescription probabiliste appropriée

    de carbapénème (tableau 3).

    Parmi les 16 prescriptions inappropriées de CBP,

    o Onze étaient excessives et ont pu être relayées par un antibiotique de spectre

    moins large,

    o Trois étaient inadéquates en raison d’une infection à KP BLSE imperméable

    aux CBP et de 2 infections à Pseudomonas aeruginosa résistants à

    l’imipénème par perte de la porine D2

    o Une prescription était injustifiée, en l’absence d’infection bactérienne.

  • [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%

    on.org].  Do

    cumen

    t  sou

    s  Licen

    se  Crea%

    ve  Com

    mon

    s  (by-‐nc-‐sa).    

    36

    Tableau 3 :

    Caractéristiques des patients recevant une prescription probabiliste appropriée et

    justifiée par CBP

    Caractéristiques Inappropriée

    N= 16

    Appropriée

    N= 7

    p

    Age

    Sexe masculin

    Antécédents Voyage à l’étranger

    Hospitalisation dans l’année :

    En France

    A l’étranger

    Chirurgie dans les 3 ans

    Stomie

    Sonde urinaire à demeure

    Vie en institution

    Antibiotiques reçus dans l’année

    Céphalosporine

    Carbapénème

    Pipéracilline-tazobactam

    Amoxicilline-ac.clavulanique

    Fluoroquinolone

    Pénicilline

    Macrolide

    Aminoside

    Vancomycine

    Flagyl

    Portage/infection EBLSE dans les 2 ans

    Comorbidités

    Diabète

    Insuffisance rénale chronique

    BPCO

    Antécédents d’immunodépression:

    Hémopathie évolutive

    Cancer solide évolutif

    65 [63; 70]

    7 (44)

    6 (38)

    13 (81)

    2 (12)

    7 (44)

    25 (4)

    0 (0)

    12 (2)

    14 (88)

    4 (25)

    8 (50)

    6 (38)

    4 (25)

    2 (12)

    1 (6)

    1 (6)

    3 (19)

    8 (50)

    5 (31)

    3 (19)

    5 (13)

    3 (19)

    1 (6)

    6 (38)

    2 (12)

    53 [43; 60]

    7 (100)

    2 (29)

    7 (100)

    1 (14)

    4 (57)

    0 (0)

    0 (0)

    0 (0)

    7 (100)

    5 (71)

    4 (57)

    4 (57)

    2 (29)

    3 (43)

    1 (14)

    2 (29)

    4 (57)

    2 (29)

    3 (43)

    2 (29)

    2 (29)

    0 (0)

    0 (0)

    3 (43)

    2 (29)

    0.099

    0.011

    0.68

    0.22

    0.91

    0.55

    0.15

    0.33

    0.33

    0.036

    0.75

    0.38

    0.86

    0.1

    0.53

    0.14

    0.066

    0.34

    0.59

    0.6

    0.9

    0.22

    0.5

    0.81

    0.35

  • [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%

    on.org].  Do

    cumen

    t  sou

    s  Licen

    se  Crea%

    ve  Com

    mon

    s  (by-‐nc-‐sa).    

    37

    L’âge, les scores de gravité (IGS II et SOFA) et la durée d’hospitalisation sont exprimées en médiane

    [Q1; Q3].

    Les autres variables sont exprimées en nombre (pourcentage).

    Neutropénie 4 (25) 1 (14) 0.9

    Comorbidités (suite)

    Cirrhose Child C

    Infection par le VIH

    Transplantation d’organe solide

    Corticothérapie

    Traitement immunosuppresseur

    Caractéristiques de l’infection

    Infection communautaire

    Infection nosocomiale

    Scores de gravité à l’admission

    IGS II

    SOFA

    Durée d’hospitalisation

    Mortalité J28

    0 (0)

    0 (0)

    1 (6)

    2 (12)

    3 (19)

    3 (19)

    13 (81)

    48 [33; 60]

    8 [4; 13]

    56 [18; 85]

    4 (25)

    1 (14)

    3 (43)

    2 (29)

    0 (0)

    2 (29)

    0 (0)

    7 (100)

    61 [39; 73]

    7 [1; 10]

    46 [26; 67]

    4 (57)

    0.12

    0.005

    0.14

    0.35

    0.6

    0.22

    0.22

    0.40

    0.46

    0.79

    0.14

  • [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%

    on.org].  Do

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    38

    5. Infections à E-BLSE

    5.1. Caractéristiques des patients présentant une infection à E-BLSE

    Parmi les 97 prescriptions probabilistes, 10 concernaient le traitement d’une infection

    à E-BLSE. L’incidence des infections à E-BLSE en réanimation était de 10,3%.

    Dans notre analyse, les facteurs associés à ces infections étaient un antécédent

    d’hospitalisation récente à l’étranger (20% vs 3%, p=0.026), une infection à E-BLSE

    dans les deux ans précédant l’hospitalisation en réanimation (30% vs 5%, p=0.003)

    et une antibiothérapie dans l’année précédant l’hospitalisation en réanimation par

    pipéracilline-tazobactam (60% vs 14%, p

  • [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%

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    39

    Tableau 4 :

    Caractéristiques des patients avec une infection à E-BLSE

    Caractéristiques EBLSE -

    N= 87

    EBLSE +

    N= 10

    p

    Age

    Sexe masculin

    Antécédents Voyage à l’étranger

    Hospitalisation dans l’année :

    En France

    A l’étranger

    Chirurgie dans les 3 ans

    Stomie

    Sonde urinaire à demeure

    Vie en institution

    Antibiotiques reçus dans l’année

    Céphalosporine

    Carbapénème

    Pipéracilline-tazobactam

    Amoxicilline-ac.clavulanique

    Fluoroquinolone

    Flagyl

    Pénicilline

    Macrolide

    Aminoside

    Vancomycine

    Portage E-BLSE dans les 2 ans

    Infection à E-BLSE dans les 2 ans

    66 [57, 76]

    58 (67)

    33 (38)

    61 (70)

    3 (3)

    30 (34)

    7 (8)

    1 (1)

    3 (3)

    57 (70)

    15 (17)

    9 (10)

    12 (14)

    18 (21)

    11 (13)

    11 (13)

    13 (15)

    8 (9)

    5 (6)

    10 (11)

    5 (6)

    4 (5)

    62 [52, 69]

    7 (70)

    4 (40)

    9 (90)

    2 (20)

    4 (40)

    0 (0)

    0 (0)

    1 (10)

    9 (90)

    5 (50)

    5 (50)

    6 (60)

    5 (50)

    4 (40)

    3 (30)

    2 (20)

    2 (20)

    5 (50)

    3 (30)

    2 (20)

    3 (30)

    0.2

    0.83

    0.92

    0.18

    0.026

    0.73

    0.35

    0.73

    0.32

    0.19

    0.015

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    40

    L’âge, les scores de gravité (IGS II et SOFA) et la durée d’hospitalisation sont exprimées en médiane

    [Q1; Q3].

    Les autres variables sont exprimées en nombre (pourcentage).

    Cancer solide évolutif

    Neutropénie

    Cirrhose Child C

    Infection par le VIH

    Transplantation d’organe solide

    Corticothérapie

    Traitement immunosuppresseur

    Caractéristiques de l’infection

    Infection communautaire

    Infection nosocomiale

    Portage E-BLSE à l’admission

    Scores de gravité à l’admission

    IGS II

    SOFA

    Durée d’hospitalisation

    Mortalité J28

    15 (17)

    6 (7)

    6 (7)

    5 (6)

    4 (5)

    9 (10)

    10 (11)

    42 (48)

    45 (52)

    8 (9)

    44 [32; 61]

    6 [4; 9]

    13 [6, 28]

    26 (30)

    2 (20)

    2 (20)

    1 (10)

    1 (10)

    1 (10)

    1 (10)

    1 (10)

    1 (10)

    9 (90)

    7 (70)

    41.5 [24; 56]

    4 [2; 8]

    32 [14, 59]

    4 (40)

    0.83

    0.15

    0.72

    0.6

    0.46

    0.97

    0.89

    0.021

    0.021

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    41

    5.2. Caractéristiques microbiologiques des infections à E-BLSE

    Les infections à E-BLSE étaient dans la majorité des cas nosocomiales (90%,

    p=0.021). Les infections intra-abdominales (angiocholite, colite, infection du liquide

    d’ascite et abcès hépatique) (n=5, 38%) et les infections pulmonaires (n=4, 31%)

    étaient prédominantes. Deux bactériémies primitives à E-BLSE ont été décrites.

    Sur les 10 prescriptions probabilistes concernant une infection à E-BLSE, nous

    avons isolé 6 entérobactéries différentes : 4 Enterobacter cloacae, 5 Klebsiella

    pneumoniae, 5 Escherichia coli, 1 Enterobacter cloacae, 1 Morganella morganii et 1

    Salmonella mineure. Parmi ces infections, 3 étaient polymicrobiennes.

    Le mécanisme de résistance de ces entérobactéries étaient exclusivement la

    production d’une bêtalactamase de classe A, de type CTX-M, on retrouvait

    seulement une E-BLSE de type SHV.

    Un portage d’E-BLSE, diagnostiqué au dépistage d’entrée en réanimation, était

    associé dans 70% des cas à une infection à E-BLSE. Dans seulement 9% des cas le

    portage n’était pas associé à une infection (p

  • [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%

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    42

    5.3. Caractéristiques du traitement initial des infections à E-BLSE

    Parmi les 10 infections à E-BLSE, 6 ont été traitées en probabiliste par un CBP

    (60%), dont 5 étaient appropriées (83%). Une prescription de CBP était inappropriée,

    elle concernait une infection à Klebsiella pneumoniae BLSE, multi-résistante, et

    notamment imperméable aux CBP. Dans ce cas, l’antibiothérapie a été élargie à une

    association de colimycine et d’amikacine. Trois des infections à E-BLSE ont été

    traitées en empirique par pipéracilline-tazobactam. Après identification du germe et

    réception de l’antibiogramme (E-BLSE Tazocilline I ou R), ces prescriptions ont été

    relayées par un CBP. Deux de ces patients étaient décédés à J28, sans que

    l’inadéquation de l’antibiothérapie initiale puisse être incriminée dans cette évolution

    défavorable. Une infection à Salmonelle mineure BLSE (amoxicilline-acide

    clavulanique sensible (S), ticarcilline-acide clavulanique S, pipéracilline-tazobactam

    S, céfotaxime R) responsable d’une diarrhée non invasive, chez un patient non

    immunodéprimé, a été traitée en probabiliste par l’association céfotaxime,

    métronidazole, secondairement interrompu devant l’évolution favorable.

    Au total, sur les 10 infections à E-BLSE, 9 (90%) ont été traités en définitif par un

    carbapénème.

    24%$

    29%$29%$

    6%$

    6%$6%$

    Infections à E-BLSE: documentation microbiologique

    Enterobacter$cloacae$

    Klebsielle$pneumoniae$

    Escherichia$coli$

    Salmonella$mineure$

    Enterobacter$aerogenes$

    Morganella$morganii$

  • [ins%tut-‐anesthesie-‐reanima%

    on.org].  Do

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    ve  Com

    mon

    s  (by-‐nc-‐sa).    

    43

    DISCUSSION

    1. Résultat principal : usage des CBP en probabiliste

    Devant l’augmentation de la consommation des antibiotiques, parallèlement à

    l’émergence de nouvelles résistances bactériennes aux antibiotiques et notamment

    aux carbapénèmes, nous avons conduit en réanimation médicale à l’hôpital Saint

    Antoine, sur une période de 7 mois, une évaluation de 97 prescriptions probabilistes

    d’antibiotiques, pour une infection bactérienne présumée. Afin d’évaluer l’adéquation

    de la prescription de CBP dans une situation infectieuse donnée, nous nous sommes

    particulièrement intéressés aux prescriptions probabilistes de CBP. Une infection sur

    4 était traitée en probabiliste par une antibiothérapie comprenant un CBP, seulement

    un tiers de ces prescriptions étaient appropriées. Le sexe masculin, une infection par

    le VIH et l’utilisation récente de céphalosporines étaient associés à une utilisation

    appropriée de CBP.

    Une fois la documentation microbiologique disponible, la m