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18/07/2016
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FRACTURES DE CONTRAINTE DU
PIED
Isabelle Tavares
Médecine Physique et
Réadaptation
Hôpital Lapeyronie - Montpellier
Les travées osseuses sont alignées selon les principales directions de contrainte
L’os s’adapte en permanence aux variations de cescontraintes (intensité, direction, rythme)
le tissu osseux est vivant
Les fractures de contraintes
(stress fracture):
limites de la faculté
d’adaptation de l’os
D’abord survient une accélération locale du
remodelage osseux asymptomatique
Puis une accumulation de microfractures
Puis une fracture plus ou moins étendue
Les os du pied et de la cheville sont très exposés
aux contraintes
Ex: l’arrière pied supporte 60% du poids du corps
En fonction de l’intensité des contraintes et
des compétences mécaniques de l’os:
Fracture de fatiguefracture par insuffisance
osseuse
Fracture de fatigue Application de contraintes anormales sur un os de
résistance élastique normale
lésion de surmenage
Loi de Wolff: l’application d’une force engendre une déformation de l ’os
jusqu’à un certain point la déformation est dite élastique
limite d’élasticité
Le siège de la fracture est caractéristique d’une activité donnée (ex base du 2e ou 3e métatarsien d’une danseuse de ballet)
Inadaptation de
l’os à l’effort
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Inadaptation de l’os à l’effort: contraintes encompression, traction mais également forcesde torsion et vibration.
5 j après une contrainte excessive, l’activité ostéoclastique est stimulée
Période de fragilité autour du 30e jour après
la mise en contrainte répétée
Épaississement cortical et périosté
Les atteintes du pied sont parmi les
localisations les plus fréquentes de fractures
de fatigue
Les femmes à niveau d’entraînement
comparable sont plus exposées que les
hommes, ainsi que les sujets de race
blanche par rapport aux sujets de race noire
Rôle des muscles
Rôle essentiel, surtout dans
les fractures de fatigue
Les forces les plus importantes qui s’appliquent
sur l’os résultent de la contraction des muscles,
plutôt que de la gravité
L’augmentation de l’activité musculaire chez les sportifs occasionnels ou professionnels augmente à la fois la force musculaire et la force de l’os
Les muscles s’adaptent plus vite
retard de l’adéquation osseuse sur le gain musculaire
Des travaux ont montré que la contraction
des muscles plantaires diminue l’intensité
des contraintes appliqués aux métatarsiens
(notion de fatigue musculaire)
Fracture par insuffisance osseuse
Forces d’intensité normales s’appliquant sur
un os de compétence mécanique diminuée
OSTEOPOROSE : DEFINITION
Maladie diffuse du squelette caractérisée par une diminution de la masse osseuse et par des altérations architecturales du tissu osseux, ayant pour conséquence une augmentation de la fragilité osseuse et du risque fracturaire.
Conférence de consensus Hong Kong, 1993
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L’ostéoporoseDétérioration de la micro-
architecture du tissu osseux
(aspect qualitatif)
Fragilité oss
euse
Augmentation du risque de
fractures
Diminution de la masse
osseuse
(aspect quantitatif)
OSTEOPOROSE : SEUIL DENSITOMETRIQUE
Ostéoporose :
T-Score < - 2.5
Ostéoporose avérée :
T-Score < -2.5 et
fracture(s)
prévalente(s)
20 ans
Entre 30 et 80 ans les femmes perdent en moyenne 40% de leur capital
osseux
FACTEURS DE RISQUE
. Antécédent personnel de fracture par fragilité
. Age supérieur à 60 ans
.Antécédent de corticothérapie systémique (supérieure ou égale à 7.5 mg/j
d'équivalent prednisone pendant plus de 3 mois)
.Antécédent de fracture de l'extrémité supérieure du fémur chez un patient
chez un parent au premier degré
. Masse corporelle < 19 kg/m2
. Ménopause précoce (avant 40 ans)
. Tabagisme
.Alcoolisme
. Baisse de l'acuité visuelle
. Troubles neuromusculaires et orthopédiques
FRACTURES OSTEOPOROTIQUES
FREQUENTES
Type de
fracture
Extrémité
supérieure
du fémur
vertèbres poignet
Age moyen
de survenue
Plus de 81
ans
68 ans 55 ans
Nombre/an 50.000 40-65.000 35.000
L’atteinte des os du pied représente 5 à 11% des fractures par
insuffisance osseuse
FRACTURES DU PIED
Cheville :
Durée d’incapacité de 72 jours
Pied :
Durée d’incapacité de 34 jours
Augmentent le risque de fractures plus graves ++
Altération significative de la qualité de vie(HRQOL)
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En pratique
La distinction n’est pas aussi tranchée
Dans les fractures de fatigue, un facteur de
fragilité est souvent présent
On distingue les fractures par compression
ou par distraction
Clinique
Douleur mécanique (aggravée par l’activité,
diminuée par le repos)
Intensité des douleurs est variable
Examen: œdème, douleur exquise à la palpation,
tuméfaction dure selon le stade évolutif
douleur à la percussion
Fracture de fatigue Fracture par
insuffisance osseuse
Localisation
« prévisible »
régions soumises à de fortes
contraintes liées à une
activité spécifique
sites supportant le poids
du corps
Interrogatoire Activité intense répétée,
inhabituelle, changement du
terrain de course, de
chaussures, du rythme, de
l’intensité de l’activité
Existence d’une
ostéoporose ou de facteurs
favorisants
Marche prolongée, chute
peu traumatisante, dans
les jours précédents
Localisations
Le calcanéus et les métatarsiens sont particulièrement touchés
Fractures des métatarsiens: coureurs, danseuses de ballet,gymnastes, jeunes recrues militaires
Diaphyse des 2e, 3e, 4e métatarsiens
Calacanéus: région postéro supérieure
Mais tous les os peuvent être touchés: os naviculaire,cuboïde, cunéiformes, phalanges, sésamoides
Imagerie
Radio: souvent normales au début,
positives moins d’une fois sur deux à une
phase plus tardive
ligne de condensation perpendiculaire aux
travées osseuses ou apposition périostée
Scintigraphie osseuse: l’hyperfixation est
précoce, prolongée et intense
Imagerie IRM: examen très sensible à l’œdème
T1 avec gado: hypersignal de l’œdème, le
trait de fracture reste en hyposignal
Scanner: plus performant que l’IRM pour visualiser le trait de fracture
Echographie: très intéressant au pied
mise en évidence d’une irrégularité de la
corticale, hématome à la surface du périoste
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Les fractures de contrainte. Bousson et coll. Journal de Radiologie (2011) 92, 188-207 Les fractures de contrainte. Bousson et coll. Journal de Radiologie (2011) 92, 188-207 Les fractures de contrainte. Bousson et coll. Journal de Radiologie (2011) 92, 188-207
Les fractures de contrainte. Bousson et coll. Journal de Radiologie (2011) 92, 188-207 Les fractures de contrainte. Bousson et coll. Journal de Radiologie (2011) 92, 188-207
Les fractures de contrainte. Bousson et coll. Journal de Radiologie (2011) 92, 188-207
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Radiologie osseuse: cheville et pied de l’adulte. Wybier et coll. J Radiol (2008) 892,
711-36
Activité sportive et localisation
Fractures de fatigue
Métatarsien
Radio de face ou 3/4
Calcanéum
Radio de profil ou
rétrotibiale
Os naviculaire
Radio de face ou 3/4
Sésamoïdes
Incidence de Walter
Muller
Course à pied, tennis,
judo, danse
Sauts, parachutisme,
judo
Coureur sur piste,
sauteur
Marcheurs, coureurs
de fond, danse
Traitement
Exclusion de l’appui pendant 4 à 6 semaines, puis
reprise très progressive de la marche, puis de
l’entraînement physique
Enchainement cyclique
Risque de pseudarthrose (base du 5e métatarsien,
os naviculaire, os sésamoide médial)
Prévention des fractures de fatigue Paramètres à prendre en compte:
- Niveau antérieur de
condition physique
- Quantité d’entraînement
- Équipement et
nature des sols
- Sexe féminin
- Facteurs mécaniques intrinsèques
(ex la fracture de fatigue métatarsiens est favorisée par une dorsiflexion de la cheville limitée, un pied creux, un premier rayon court)
Entraînement progressif en intensité, en durée,
en fréquence
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4 questions à se poser
après une fracture de la cheville
ou du pied
Faut-il faire une
densitométrie osseuse ?
QUESTION 1
Faut-il faire une densitométrie osseuse ?
Oui, s’il s’agit d’une fracture par fragilité.
La densitométrie est remboursée.
Possibilité pour le rhumatologue et le
spécialiste de médecine physique de coter acte
technique et Cs.
Intérêt de la recherche de facteurs de risque
+++
Faut-il faire un bilan
biologique ?
QUESTION 2
Faut-il faire un bilan biologique ?
Oui
Toute fracture de la cheville et du pied peut témoigner d’une autre maladie que l’ostéoporose primitive.
Néoplasie
Autre ostéopathie raréfiante
Ostéoporose secondaire
Quel bilan biologique minimum ?
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Quel bilan biologique minimum ?
Numération formule sanguine, plaquettes
Vitesse de sédimentation
Ionogramme sanguin, créatininémie
Calcémie, phosphorémie
Electrophorèse des protéines
Bilan thyroïdien
Vitamine D plasmatique
Toute fracture de la cheville ou
du pied
Est-elle un facteur de risque d’autres
fractures ?
QUESTION 3
Risque fracturaire à 5 ansaprès du membre inférieur
Antécédent
de fractureHanche
< 70 ans
Hanche
> 70 ans
Rachis
< 70 ans
Rachis
> 70 ans
Cheville 1.81
(1.02 – 3.19)
1.48
(0.96 – 2.28
1.60
(0.97 – 2.63)
1.49
(1.01 – 2.19)
Membre
inférieur
2.86
(1.25 – 6.53)
3.66
(2.13 – 6.33)
0.96
(0.30 – 3.02)
2.93
(1.74 – 4.95)
Gunnes et al. Acta Orthop Scand 1998;69:508
Risque fracturaire
à 10 ans
OUTIL FRAXLes données obtenues sont les probabilités sur 10 ans de fracture de
la hanche ou d'une fracture majeure ostéoporotique (fracture
clinique de la colonne vertébrale, avant-bras, hanche ou de
l'épaule).
OUTIL FRAX
Estimation à 10 ans du risque de fracture chez unpatient donné en fonction de plusieurs critères :
. Age et sexe
. Poids et taille
.Antécédent personnel de fracture
. Fracture de hanche chez un parent
. Tabagisme
. Corticothérapie
. Polyarthrite rhumatoïde
. Ostéoporose secondaire
. Consommation d'alcool
. Densité minérale osseuse du col fémoral
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OUTIL FRAX : EXEMPLE
Femme de 70 ans
IMC de 19
T-score fémoral –2.5
Risque de fracture à 10 ans :
3.7% si pas de fracture prévalente
12% si 1 fracture
OUTIL FRAX : EXEMPLE
Homme de 68 ans
IMC de 18.8
T-score fémoral –3
Consomme alcool et tabac
Fracture de la hanche chez son père
Risque de fracture de hanche à 10 ans :
13% si pas de fracture prévalente
20% si 1 fracture
Faut-il prescrire un traitement
anti-ostéoporotique
Après toute fracture de la cheville ou
du pied ?
QUESTION 4
RESULTATS
DE LA DENSITOMETRIE OSSEUSE
T-score < ou traitement
égal à –2.5
Femme : alendronate,
risédronate,
zolédronate, ranélate
de strontium.
Homme : alendronate,
risédronate
T-score entre
–2.5 et -1
Traitement non
systématique
T-score > -1 Origine de la
fracture à
discuter
Stratégies thérapeutiques dans
l’ostéoporose ménopausique (2012)Fractures du pied par insuffisance
osseuse Peuvent révéler une ostéoporose
précocement
Précèdent des fractures plus graves de
plusieurs années
dont elles augmentent le risque à 10 ans
Toujours faire pratiquer une densitométrie
osseuse
Discuter du traitement au cas par cas