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Histoire Et Sagesse d'Ahikar l'Assyrien

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s*;iR cJocufnt'it.; Dcl-u ;I'UMQ de en COJIRU.'

POUR L'TUDE DE LA BIBLE DOCUMENTS i'i:nui;s sous LA DIKIXITKI.X FHANOI-DK MARTIN l-ROKKSSEUR I)F. ANGUES L Al.'lNSTIfUT DBPARIS SMITIQUES CATHOLIQUE

HISTOIRE

ET

SAGESSE

D'AHKAR

L'ASSYRIEN NhVKU TOUIIC) DK (i'JLS D'ANAEL,

TRADUCTION

DES VERSIONS

SYRIAQUES

AVECLES PRINCIPALES DIFFRENCES DES VERSIONSARABES ARMNIENNE, GRECQUE, NO-SYRIAQUE, SLAVE ET,ROUMAINE PAR NAU FRANOIS DOCTEUR 1^-KCIF.NCKS LICENV.IK K^-sniYWTl'.S PHYSIQUE^., MATHEMATIQUES, DIPLM DE L'COLEIIAUIT.S-LTUDKS DES (section iiliilologiqut), l'KOKESSEUK AL'INSTITUT DK 'AHIS CATHOLIQUE

PARIS LETOUZEY ET N, DITEURS 76L3,RUBDESSAINTS-PHflS 1909

L K TO l ) Z K Y ETAN K, K n TTF. I ii *s ''i iiL-j, i-.i'i.ni s S.MMS-r:fii:s,'Ai!!'l LE D'HNOGIl TlilUIT SUR M- TlXTK KTI10PIKN AVEC INTRODUCTION ETNOTES Par Franois MARTIN Proff-S'-.'Uilangues de a de smitiques l'Institutcatholique Paiis, Jk'uu vol.in-8 le ct.n-U'iO : pog. - Pii.v. 7 IV.'H> J.'iiiti'inliii-tiii.i... l'.illies d\e|nppe Les nombreux uh1T-'>i.>s ... pi que soulventsa compositionrimitiveet sa teneur actuelle examins t sont e p discuts un soin minutieux. a traduction avec L milite 1*-. mmes ;_ 'I i--. L notesfournissent uttout les implicas que l'introduction. esnombreuses tionsncessaires l'intelligence texte traduit.M.Martin a utiliset du discut recherches esesdevanciers il y a joint sesobservations les d ; personnelles. riologucdistingu, (i relevmaints passagi dans lesil s Ass_\ Prquels se trahit,l'influencede lu littrature assyrio-babylonienne... sentdtwin ensemble u aussi parfait,leLivredlltnochforme'une publicationcommode utilepour lesthologiens. mritede servirde modle et Il de [jourles autresApocryphes la collection. lU'iiii.N's DiVrU(Journalatiati'/uc). Il serait difficile uneditionplus soigne plus complte et d'imaginer d'unancien umenl.Du commencementla fin, les mthodesles meildo leureset les plus rcentes critique de littraireet historiqueont appliques s aux sujetsles plus.varis.Aucun n tmoignage Y. t ignorpur lesavant diteur.Dsormais, tre peut-tredfinitive,'ditiondu Livrerf'/lr'sins l noeft e Fr. Martinest dcidment meilleure d la publie 1 prsent. jusqu' FrancisGIC.OT .YenYorkItevicw). (The Toutesttraitavec soin,rudition, l'diteur miia dj esprit critique,., dit expressment n'u pusprtendupuiserle sujet.Nous n'avons qu'il pas sur ce qu'il auraicpu faire....Ce quil a faitesttrsbienfait... Si le juger est publication un grand service rendu,et un vritable titre d'honneur pourl'Institutcatholique e Paris. d II. P.LAGRA.NGK biblique). [Revue .Nous pplaudissons e tout cceur l'initiativedel'diteur d etde l'uuteu. a et nousconseillons Jalectureduvolume tousceux aiment connatre qui surle vifles caractresdes esprances au messianiques tempsde.!tsu> Christ et dsirentse faire une ide des diversesinfluences octrinales d o s'estmriela premire pensechrtienne. .-.. Tiivistatorico-critica s t/etlcscienza (htdlogiche (Home). Letrava'ldeFr.Martin est, malgrle contenu vari-de compilation si la C'est un tmoignage (de llnoeh),aussi approfondique eomprhensif, clatantdel'lutde la science en critique catholique France. '/hcotogiiche llcvttv. en question de l'criidit catholique Martine~tun L'ouvrage Fianois commencement russi, conformeaux mthodes aux besoinsdu bien et temps... Voi.z(Theolog. Jahrosbiicht). Irnp.Leroy, ruede Vanves. 1S3, LIVRE

Fin d'une sdrie d doeurfienis 2n couleur

v^HISWiRE

ET

SAGESSE

D'AHIKAR

L'ASSYRIEN

DOCUMENTS POUR L'TUDE DE LA BIBLE

APOCRYPHES

DE L'ANCIEN TESTAMENT

Le Livre d'Hnoch, traduit sur le texte thiopien par Franois MARTIN, professeur de langues smitiques l'Institut catholiquede de Paris, et par les membres de la Confrenced'thiopien (1904) l'Institut catholique de Paris. Unvol.in-8de cui-320 pag. 7fr. 50. Histoire et Sagesse d'Ahikar l'assyrien, traductiondes versions syriaques avecles principales diffrencesds versionsarabes, armslave et roumaine, avecintroduction niennesgrecques,no-syriaque, et notes par M. NAU, iplmde l'coledes Hautes-Etudes,profesd seur l'Institut catholiquede Paris. Un vol.de 312 pag. 5fr. L'Ascensiond'Isale, traductionsur le texte thiopien,par Eug. TisSERANT, diplm de langues smitiques de l'Institut catholique de Paris, professeur d'Assyriologie l'Apollinaire(Rome.)Un volume de 240pag. environ.

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INTRODUCTION

CHAPITRE

PREMIER

Analyse du livre. C'est une double collection de sentences ou proverbes insre dans une histoire : Ahikar, scribe de Sennachrib et de Sarhdom, adopte Nadan, le fils de sa soeur, l'lve et lui adresse une premire srie de sages maximes pour complter 6on ducation. Nadan n'en profite pas et, craignant d'tre dshrit par son oncle, il imagine, l'aide do lettres crites en son nom, de le faire passer pour un conspirateur et de le faire condamner mort. Fort heureusement, le bourreau est un ami d'Al.iikar, et il n'excute pas l'ordre donn. Peu aprs, le roi d'Egypte demande au roi d'Assyrie de lui envoyer un homme qui puisse rpondre toutes ses questions et btir un palais dans les airs. Ahikar seul peut suffire a cette tche. 11va en Egypte, rpond aux questions du Pharaon et, h son retour, il demande que Nadan lui soit livr. Il lui fait donner la bastonnade, afin de faire entrer la sagesse par les paules puisqu'elle n'avait pu entrer par les oreilles, et il lui adresse utio seconde srie de maximes. Ces deux sries de maximes (m, 1-95, et xxxm, 96-142) ont autant d'importance que l'histoire relies constituent la Sagesse d'Ahikar, par analogie avec la Sagesse de Salomon et la Sagesse de Jsus, fils de Sirach; aussi certains 1

HISTOIRE SAGESSE AH1KAR ASSYRIEN BT D L

manuscrits les font figurer seules dans leur titre : Les maximes et la sagesse d'Ahikar i. Parfois mme on les a .extraites de l'histoire pour les diter part '', D'autres manuscrits ne mettent dans leur titre que Histoire d'Ahikar3; d'autres enfin : Histoire, c'est--dire sagesse d'Ahikar 4. Nous avons choisi comme seul titre adquat : Histoire et sagesse d'Ahikar. La premire srie (m, 1-95) est toute didactique, par exemple (m, 6) : Mon fils ne dsire pas la beaut du dehors, car la beaut disparat et passe, mais une bonne mmoire et un bon renom demeurent jamais. Elle s'inspire des Proverbes de Salomon et elle est une Ucs sources de l'Ecclsiastique. La seconde a pour but de mettre en relief l'ingratitude de Nadan ; elle ne se compose presque que de comparaisons, que l'on pourrait appeler des similitudes ou des paraboles, par exemple (xxxm, 109) : Mon fils, tu m'as t comme un chaudron auquel on a mis des oreilles d'or sans dbarrasser son fond de sa noirceur ; (xxxm, 113): Mon fils, tu m'as t comme un chien saisi par le froid qui fut se chauffer chez des potiers (ou : chez des boulangers) et qui, lorsqu'il eut chaud, chercha aboyer et h les mordre; ils se mirent le frapper. Il aboya, et eux, craignant d'tre mordus, le turent. Cette seconde partie est apparente aux plus anciens recueils de fables ; ellesert de trait d'union entre les plus anciens apologues par exemple : Juges, ix, 8-15 ; II Samuel, xu, 1-4 et les apologues et paraboles de l'ancienne littrature juive, pour aboutir peut-tre aux paraboles du Nouveau Testament. Ces deux sries do maximes, d'aprs Clment d'Alexandrie reproduit plus tard par Eusbe, ont t apportes de i. Mss.de la version armnienne. 2. Une collectionarabe d'o procde la version thiopienne. 3. Ms. fJ. 4. Ms. C.

ET ENSEIGNEMENTSDOCTRINES Babylonie en Grce par Dmocrite, au ve sicle avant notre re, et ont pu servir de modle : les premires aux penses de Dmocrite et de Mnandre dont il nous reste quelques fragments (infra, III, n), et les dernires quelques fables sopiques, ce qui a conduit plus tard prter sope l'histoire d'Ahikar et a crer, l'aide d'Ahikar et d'Esope, un nouveau sage fabuliste qu'on a nomm Loqman (infra, VI). L'histoire elle-mme comprend deux parties : d'abord le rle d'Ahikar en Babylonie, o il est chancelier des rois Sennachrib et Sarhdom, sa chute cause par Nadan et la punition de celui-ci cette partie seule a t utilise dans la version grecque du livre de Tobie ; ensuite le voyage d'Ahikar en Egypte pour construire un chteau dans les airs et rsoudre les nigmes que lui proposera le Pharaon. Cette dernire partie se rattache aux plus anciennes nigmes, comme Juges, xiv, 12-14 : Du'dvorant est sortie la nourriture et du fort a procd la douceur i ; clic n t largemen' exploite ou mme transcrite dans l'ancienne littrature juive. Ce court rsum, dont les assertions seront justifies dans la suite de l'Introduction, suffit montrer l'intrt de l'Histoire d'Ahikar qui est apparente tant d'ouvrages de la Biblo et de la littrature profane.

CHAPITRE II Enseignements et doctrines de l'Histoire d'Ahikar.

L'importance du livre d'Ahikar dans l'histoire littrairo sera mise en relief lorsque nous tudierons ses relations 1. La reine de Saba vient aussi proposer des nigmes Salonion. I Rois,xf 1 ; II Parai., x, 1.

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BT D L HISTOIRE SAGESSE AI.IIKARASSYRIEN

avec Dmocrite et Mnandre (fntrod., III, n), avec Tobie et l'Ecclsiastique (III, m), avec le Nouveau Testament (III, v), avec les fabulistes (VI). Nous nous bornons rsumer ici les quelques dtails historiques et gographiques que renferme son histoire, les prceptes moraux mis en relief dans ses maximes et les remarques linguistiques que nous fournit l'tude des noms propres. I. Histoire et gographie.

Toutes les versions connues jusqu'ici faisaient d'Ahikar le chancelier du seul Sennachrib, et elles crivaient que Sennachrib tait fils de Sar\idom (Asarhaddon) *, ce qni est contraire la vrit historique et aux donnes du 'ivre do Tobie, car Sennachrib (705-681) est le pre d'Asarhaddon (681-668). Cette faille tait exploite, bien entendu, par tous ceux qui ne voulaient voir qu'un simple conte dans l'histoire d'Ahikar. Le manuscrit syriaque B vient par bonheur nous donner la clef de l'nigme. Il porte au commencement : Lorsque je vivais h l'poque de Sennachrib... les devins me dirent: Tu n'auras pas d'enfant, i, 1, et plus loin : AhJkar, scribe et gardien du sceau du roi Sarljdom, v, 6; do Sar^dom Ahikar, vi, 2, etc. Il est donc clair que le commencement de l'histoire (adoption de Nndan) se place sous Sennachrib et la fin de l'histoire (trahison et punition de Nadan) sous Sar^dom. Le manuscrit B est donc en complet accord avec l'histoiro et le livre de Tobie 2. Mais les scribes, aprs avoir lu qu'Ahikar tait chancelier de Sennachrib, n'ont pas song que vingt ans 1. Snrhddomest la transcription do Asur-ah-iddin (Asarhaddon), avecchute de l'aspire initiale. x*l 2. 'Ay/fy 0' ^v * ipx,0,v0X^ ^ T0'3 8*wvMoyal 8IOIXY|T), x xal 81? in\ evvaxr,pel|i xal atbv fx>oYi.} donne Naaa. On trouve de plus, dans les versions latines, Nabal (que l'on peut tirer palographiquement du grecNa6a$ moins que ce ne soit une mauvaise transcription du latin Nabat), puis Nabath et Nabad et, dans les versions syriaques, 'cab ctLaban qu'on peut aussi faire driver de Nadab et Nadan (par mauvaise palographiquement lecture du d crit en estranghlo, le noun devenant a'in ou lomad). Le grec porte Ennos 4. La forme primitive scmblo 1. M.Yolter propose c mon frre est un bijou , analogue a Al.iilioud . n trouve les altrations Ncbouhal, Nabouhal, Nagoubil, dans l'arabe et le slave, Bliar dans l'armnien. 10 AKIS fils de Hamslim 2, (en arabe AI.IIS,fils do I Sah le sage), est rapprocher tVAkis, I Samuel, xxi, 11; xxvn, 2. On ne connat d'ailleurs aucun roi de Perse de ce nom. Halvy pense qu'il faut lire, au lieu de A/a, Akhash, visiblement abrg de l'i4/l(rt5/iive/,osA(Hshayarsha),Xerxs,( des derniers livres de la Bible ; Revue smitique, 1900, p. 57. nom du prisonnier immol la place 11 MANZIFAR, d'AhiUar. Il est plus probable encore que pour Ksagni que ce nom est une altration d'un nom babylonien, qui se terminait probablement parafa/, fils , tel que Marduknasir-apal, ou Munazziz-apal, Il a tabli un fils t>\ cf. NabA-zr-munazziz, Nab a tabli un rejeton , Johns, Assyriait Dceds and Documents, Cambridge, 1901, t. m, p. 5G4. La forme armnienne Senifar suggrerait un rapprochement avec Asnafardo I Esdras, iv, 10, quo certains assyriologues identifient avec Assuibanipal; v. Schradcr, Die Keilinschiifen und das All Testament, 3* dition, Berlin, 1902, p. 351. Ces noms babyloniens et bibliques sont autant de marques personnelles h l'auteur, conserves travers les tra1. Aveccaf. 2. Ce nommanque dans B. Le slave (p. 12)porte c nu roi Nalon> et Nalon,roi de Perse. Le syriaque porle : c au roi de Perse et d'Elam. Nousne pouvonsexpliquerce mot que par une corruption du syriaque L'an initiala 616lu commeun nottnet a don* n c au roi de Perse Nlom> (d'o Nalon).

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IIISTOIltB SAGESSE 'AHIKAR'ASSYRIEN ET D L

/ ductions ; elles nous permettront donc d'avancer que cet I auteur tait un Juif babylonien. Nous n'avons pas mentionn les noms particuliers la version armnienne parce que ce sont probablement des interpolations : Ds le commencement (p. 24), Ahikar prie les dieux Belsim, Simil et Samin. Le premier, le Bilelsanam des Mille et une nuits, est un dieu phnicien : Ba al-S amai m, ou Baal du ciel. Les autres ne se trouvent pas ailleurs, du moins sous cette forme, Samin n'est peut-tre qu'une simple abrviation de Baal-Samam, peut-tre aussi le nom d'une autre divinit phnicienne, Esmoun, qu'on trouve sous la forme Samuna dans le nom propre assyrien Sa-mu-na-aplu-iddin, voir Johns, An Assyrian Doomsday Book^ Leipzig, 1901, p. 75. Enfin Simil cache snns doute une altration que nous ne pouvons dcouvrir pour le moment. L'explication Dieu du ciel n'est gure plausible cause de l'interversion qu'elle suppose. D'un autre ct, il est peu probable que nous ayons ici la divinit babylonienne Simaliya ; voir Zimmern, Beitrge zur Kenntnis der babylonischen Religion, t. i, Leipzig, 1896, p. 8, ligne 139. Plus loin (p. 35) Houday et Baliayn, fils du roi, interrogent Aljiikar qui Jeur rpond : Il y a quatre choses qui rjouissent l'oeil de l'homme, etc. Comme l'a fait remarquer M. Rendel Harris, p. LV,ce passage, propre l'armnien, peut driver de Prov., xxx, o Agur s'adresse Ithiel et Ucal * et leur dit en particulier : (15) a Trois choses sont insatiables et la quatrime ne dit jamais c'est assez, etc. (24). Quatre choses sont minimes sur la terre, etc. 1. Saint Jrme a traduit tous ces noms propres ; ainsi c Paroles d'Agur> est devenudans la Vulgate : tVerba congregantis, etc.

LB pnOBLMBITTRAIHK L CHAPITRE III Le problme littraire. I. Ahikar dans la littrature moderne.

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1. De nombreuses ditions de VHistoire d'Ahikar ont t publies depuis prs de 200 ans et ont pass inaperues. Citons les ditions de la version armnienne publies en 1708, 1731, 1807, 1834, 1850 et 1861 et celles des supplments des Mille et une nuits, par exemple dans le Cabinet des fes, t. xxxix, Genve et Paris, 1788, p. 266-3G1. Le rcit a pour titre : Histoire de Sinkarib etde ses deux visirs, et diffre beaucoup des diverses versions publies Cambridge. En gnral l'dition du Cabinet des fes allonge, imagine des dialogues, amplifie le rle de la femme d'Ahikar ; les proverbes cependant sont moins nombreux que dans les autres ditions et souvent sont nouveaux. On n'a pus signal jusqu'ici de manuscrit arabe correspondant et on ne sait donc jusqu' quel point ces divergences dpendent du manuscrit ou du traducteur. Une nouvelle traduction a t donne dans l'addition ajoute par M. Caussin de Perceval l'dition des Mille et une nuits publie Paris en 1806, t. vin, p. 167-221, d'aprs le ms. 3637 de Paris i. 1. La bibliographiede Ilaqr comme partie des Milleet unenuits se trouve dans Victor Chauvin,Bibliographie des ouvrages arabes eu relatifs aux Arabes publis dans l'Eu.cfe chrtienne de 1810 1885,tome vi, Lige,1902,p. 36-43. Cf. tome m, p. 39-41. D'aprs celtebibliographie,voicila place denotre rcit dansles ditions des Milleet une nuits : Chaviset Carotte (Cabinet des Fes), t. xxxix, p. 266; Hanley, Londres. 1868,p, 143-165 (Caliphs and Sultans); Caussinde Perceval,Paris, 1806, t. vin, p. 167; Gaultier,Paris, 1822, t. vu, p. 313; Habicht,Breslau, 1825, t. xiu, pv 71 ; Pourrat, Paris, 1842,t. iv, p. 61 ; Burlon, Bnars et Londres, 1885, t. xu, p. 1 ; Hcnning,Leipzig,1895(d'aprs Burton).

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1IIST01RB SAGESSE ET I.'ASSYMEN D'AI.IIKAR

2. Une troisime traduction franaise d'un texte arabe fut faite par J. Agoub, n au Caire le 20 mars 1795, venu en France la suite do l'arme d'gypto et mort lo 3 octobre 1832. Cette traduction parut d'abord dans l'dition des Mille et une nuits d'Edouard Gauttier, t. vu, Paris, 1822, p. 313. Cette oeuvre ne pout malheureusement nous donner aucune ide prcise do l'original arabe dont elle dcoule, car l'auteur a plutt vis, semble-t-il, donner une rdaction personnelle qu'une traduction. Il crit dans une note finale : J'ai traduit ce conte sur deux manuscrits arabes quo j'ai corrigs et complts l'un par l'autre. La rdaction d'Agoub est diviso en nuits et forme ainsi les nuits5G1 568. Celte mme rdaction, hors la division en nuits, a t reproduite dans Mlanges de littrature orientale et franaise par J. Agoub, avec uno notice sur l'auteur par M. de Pongerville,de l'Acadmie franaise, Paris, 1835, p. 61-119, sous le titre : Le sage Jfeycar, conte arabe *. Des ditions soignes allaient heureusement tre bientt donnes. 3. Assmani avait dj signal la relation qui existe entre les histoires d'sope et d'Ahikar : De Hicaro eadem fere narranlur qme de Aisopo Phryge [Bibliotheca orientalis% t. m, p. 286 ; cf. t. n, p. 508). Mais G. Hoflmann semble avoir t le premier rapprocher les histoires d'Ahikar et de Tobie, dans Abjiandhi^en fur die Kunde des Morgcnlandes, t. vu, p. 3, Auszige ans Syrischen Aktenpersischer Mdrtyrer, Leipzig, 1880, p. 182-183. Il ne connat de cette histoire que le feuillet syriaque conserv dans le manuscrit de Londres, add. 7200 (publi dans l'dition de Cambridge, p. 33-36) ; il mentionne des manuscrits carchounis signals dans deux catalogues, mais ne dit pas les avoir vus. Il ne semble donc pas connatre le fond du rcit, mais la 1. Cette traductiona aussi paru sous ce titre part, Paris, Didot, 1824,iu-8, 41 pages.

I.B PIlOlll.ftMR I.ITTKn.VIHF.

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version syriaque lui donnant In forme Al.iikar nu lieu de l'arabe Ileykar, lui fait reconnatre dans le hros do cette histoire l"A/sup du livre de Tobie. G. Hoffmann, dans ce passage, se propose de mettre en relief le mlange des noms propres bibliques dans les lgendes monacales et mme dans la gographie de l'Assyrie, il supposo donc qu'un clerc syrien a emprunt le nom d'Ahikar au livre de Tobie pour l'introduire dans un ancien conte. G. Dickell soutient au contraire (Athenoeum, t. n, 1890, p. 170), que lo livre do Tobie est postrieur YHistoire d'A/jikar, car ce dernier ne fait aucune allusion nu premier et se trouve tre en somme un livre assez peu religieux, qu'un clerc syrien n'aurait jamais crit sous cette forme. 4. Dans la Byzanlinische Zeitschri/l, t. i, 1892, p. 10712(3,Y. Iagic public une traduction allemande de l'ancienne version slave faite, dit-il, sur un texte grec, bien quo le fond soit d'origine oi icntalc *. De l'ancien slave drive, selon lui, une version serbe dcouverte en 1886, Moscou, pai E. V. Barsov. Par contre, d'autres rdactions sudslaves et serbes prsentent tant do diffrences avec les prcdentes, surtout dans les sentences, qu'on ne peut les faire driver d'une mn.c source. M, Iagic dit avoir publi ces dernires (texte serbocroatc en particulier) en 18G8 dans le t. ix des Arkiv za povjestnicu jugoslavenshi, M. K. Kuhn, dans un article qui suit immdiatement celui de V. Iagic {Byz. Zeitschri/l, 1892, p. 127-130), lui ajout do nombreux complments bibliographiques. 5. Dans la Zeilschrifl (1erDculschen Morgenl. Gesellschaf, t. xLviii, 1894, p, 171-197, M. Bruno Mcissncr compare d'abord le texte arabe publi par Slhan, Contes arabes, Beyrouth, p. 1-20, la traduction des Mille et une nuits, c'est--dire la traduction Agoub, car la note cite par lui, qui figurerait nu t. xni, p. 294, de l'dition aileI. Cf. infra, IV, vu.

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HISTOIRE TSAGESSE 'AHIKAR'ASSYIUEN U D L

mande des Mille et une nuits, n'est autre que la note finale d'Agoub. Il signale ensuite les divers manuscrits syriaques de l'Histoire d'Ahikar. En particulier il utilise le manuscrit jSflchllH 336 que nous allons traduire. Il croit pouvoir conclure que le grec conserve dans la vie d'Esope est antrieur au syriaque et l'arabe. Du moins les noms propres montrent que l'arabe provient du syriaque. La fin de l'histoire par contre, qui n'a plus de texte grec parallle, semble provenir de sources orientales et serait un crit judaque, antrieur au livre de Tobie. Enfin, M. Mcissner rapproche de l'Histoire d'Ahikar divers passages des Targums hbreux que nous signalerons en note. 6. Cette mme anne, 1894, M. Lidzbarski publiait en aulogrtiphie un texte arabe et, en face, sur la page de gauche, un texte en dialecte no-syriaque (Torani), qu'il donnait comme la traduction du prcdent, d'aprs le manuscrit Sachau 339 (cf. Verzeichniss der syrischen Handschrifen, Berlin, 1899, n. 290, p. 815). Il est certain d'ailleurs que le texte arabe diffre du texte de l'dition de Cambridge et que le texte no-syriaque diffre du texte syriaque du manuscrit 336 que nous allons traduire. L'anne suivante, M. Lidzbarski publia la traduction de cette Histoire d'Ahikar et, dans un troisime volume, un glossaire no-syriaqiu\ Ces trois volumes ont paru dans Semitische Studicn : Erganzungslicfl zun Zeilschrift fiir Assyriologie, Die neuaramischen Handschrifen der kniglichen Bibl. zu Berlin, erster Tcil, Weimar, 1894 ; zweiter Teil (Ahikar, p. 1-41) uncl dritter Teil, Weimar, 1895. La traduction allemande de M. Lidzbarski, parue dans la seconde partie ci-dessus, fut encore reproduite l'anne suivante dans Geschichten und Lieder aus den neu-aramischen Handschrifen der kniglichen Bibliothek zu Berlin, von Mark Lidzbarski, Weimar, 1896. Comme les deux traductions sont identiques et que les pages elles-mmes commencent et finissent au mme mot, nous n'avons donc

LB PROBLME LITTERAIRE

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en somme que deux tirages d'une mmo traduction. Elle a pour titre : Geschichte des weisen Chikar. Entre temps, M* M. Lidzbarski avait encore publi un court article dans la Zeitschrifl der Deutschen Morgenlndischen Gesellschafl, t. XLVIII,p. 671-G75, en rponse h[ M. B. Meissner, pour mettre son texte arabe en relief et dire que le livre d'A^ikar, crit avant lo livre de Tobie, l'avait t en hbreu, plus probablement qu'en grec. 7. M. E. J. Dillon publia une traduction faite sur les manuscrits syriaques de Londres et de Cambridge [L et C) en tenant compte cependant de la traduction de M. Lidzbarski laquelle il fit quelques emprunts, cf. Ahikar the wise, An ancient hebrew folkstory, dans The contemporary Review, mars 1898, p. 362-386. D'aprs lui, les Hbreux du second sicle avant notre re lisaient Ahikar comme une histoire vritable, aussi bien qu'Esther et Tobie, et c'est merveille que ce livre n'ait pas t insr dans leur canon. A l'en croire, le livre d'Ahikar est un conte juif compos en hbreu au iue sicle avant noire re et traduit plus tard en aramen. Il ne parait connatre ni le passage de Clment d'Alexandrie ni celui de Strabon et ne semble donc pas souponner que le conte du 111e du ive) sicle (ou avant notre re prsuppose un recueil de maximes et une histoire qui peuvent remonter au vu". Sa traduction, divise en cinq chapitres, a t mise en hbreu par Joseph Massel. Cf. infret, IV, x. 8. Aprs ce travail parut aussitt la belle dition de Cambridge {The Slory of Ahikar front the Syriac, Arabie, Armenian, Ethiopie, Greek and Slavonic versions, by F. C. Conybeare, J. Rendel Harris and Agnes Smith Lewis, Londres et Cambridge, 1898), qui renferme le texte grc.; tire de la vie d'sope 4, le texte et la traduction anglaise des 1. On trouve la traduction franaise de ce texte faite par La Fon: d taine,dans Les grands crivainsde la France, oeuvres eLa Fontaine

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HISTOIRE T SAGESSE 'AHIKAR'ASSYIUKN K D L

versions armnienne, syriaque et arabe et enfin la traduction anglaise des versions slave * et thiopienne avec une par longue introduction (I-LXXXVJII) J. Rcndel Harris. V. Cette dition provoqua de nouvelles tudes. Dans la Revue biblique, t. vin, 1899, p. 50, M. E. Cosquin dveloppa avec brio une ide assez paradoxale. Il ne vit dans Abiikar qu'un vieux conte populaire rpandu mme dans l'Inde, d'origine polythiste, adapt maladroitement au monothisme, et ne renfermant donc aucun lment historique 2 : L'histoire du sage Aliikar est au fond un arrangement, une adaptation littraire de vieux contes orientaux. C'est dire qu'il n'y entre pas une parcelle de vrit historique... Nous croyons qu'une version hbraque de l'histoire du sage Ahikar existait avant que ft rdig le livre de Tobie, et que c'est cette version que le rdacteur de Tobie avait sous les yeux et non pas un texte en langue trangre... Mais nous estimons que ce texte juif n'tait pas le texte dites par Henri Rgnier, Paris, Hachette, 1883,tome i, p. 46-51; d. Parroantier, Paris, 1825, t. i, p. LXXXII-LXXXVILefvre, ; d. Paris, 1838,p. 28-40,etc. 1. Cettetraduction anglaise fut faite sur la traduction allemande de Y. Jagic mentionneplus haut. 2. M. Margarete Plath,qui a repris la thse de M. Cosquinau 3ujet de Tobie (Cf. Zum Buch Tobit, dans les TheologischeStudicn und consacreaussi une longue note Schriften,f jtha, 1901,p. 377-414), Ahikar (p. 394). Il dit qu'il n'y a pas de lien intime entre les deux histoires de Tobie etd'Ahikar. Leurs rapports ne sont donc pas primitifs, mais le rdacteur du livre de Tobie, relativementplusrcent, a voulu s'appuyer sur une relation plus ancienne.On ne peut dire s'il l'a connuepar tradition orale ou par un crit, mais, en toute hypothse, l'histoire d'Ahikar n'est qu'un conte. La thse CosquinPlaMiau sujet de Tobie est expose et rfute par Jos. Siger (cf. Bas BuchTobiasund dus Mrchenvondem dankbaren Todtcn,dans J)er Katholik, 111srie, t. xxix, 1904, p. 367-377),qui consacre aussi une note Ahikar,.p. 377, note 3, maisseulementpour montrer que celui-cine peut porter tort au livrede Tobie.

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primitif et que l'auteur primitif n'a pas pu tre un Juif. Cette version hbraque tait notre avis une version monothiste d'un vieux rcit paen... L'histoire du sage Ahikar a t compose, cadre et pisodes, d'lments emprunts au vieux fonds des contes orientaux ; elle ne contient pas le moindre lment historique, pas mme un grain de vrit, comme l'a dit trs bien M. Dillon. L'auleur se dovait videmment d'appliquer la mme mthode fantaisiste au livre de Tobie. Celui-ci n'tait donc son tour qu'une parabole, un remaniement d'un conte populaire, une variation sur le thme du mort reconnaissant. Le Pre Hagcn dans son Lexicon biblicum {Cursus Scripturoe sacroe, Paris, 1905), au mot Achiacharus, a trs bien fait remarquer que l'article do M. Cosquin est un pur tissu de conjectures et ne peut donc enlever lo caractre historique du livre de Tobie, ni, ajoutons-nous, de Ylfistoire (VAhikar -. 1. Les rapprochementset les dpendances tablis par les folk-loristes entre les contes ou rcits de divers pays nous font assez sou* ventadmirer l'rudition des auteurs, mais nous paraissent toujours, dpourvusde toute force probante. 11existe des gnalogistes qui, clbreet pourune sommedonne,rattachent toutliommeaunefamille mme si l'on y met le prix un hros des croisades.Les folkloristcs sont plus dsintresss lorsqu'ils tablissentla filiation des rcits, mais il faut reconnatre que leur tacheest bien plus facile, puisqu'ils ne sont gns par aucun registre d'tat civil. Nous nous permettons de leur proposer, commeles deuxtermes d'une gnalogie,la pense suivanted'Ahikar: Monfils la chvre qui circule et quimultiplie sespas sera la proie du loup (m, 46 ; arabe, n. 30 ; armnien, n. 43) et le rcit connu d'Alphonse Daudet: c M. Sguin n'avaitjamais eu de bonheur avecses chvres. Il les perdait toutes de la mme faon: un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaientdans la montagne,et l-hautle loup les mangeait...si jamais tu viensen Provence, nos mnagers te parleront souventde la cabro de moussu Seguin,que se battgue touto la nieu emlou loup, e piei loumatin lou loupla mang (Lettresde monmoulin,n. 4). Ils pourront utiliser la comparaison du c. XXXIII 105 d'Ahikar et suivre la

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HISTOIRE SAGESSB 'AIKAR ET L'ASSYRIEN D

10. La thse de M. E. Cosquin fut reprise par M. Th. Reinach {Revue des ludes juives, t. xxxvm, janvier-mars 1899, p. 1-13) sous le titre : Un conte babylonien dans la littrature juive : le roman d'Akhikhar. La lgende babylonienne aurait t connue des Juifs et traduite par eux en leur langue. Le rdacteur du livre de Tobie aurait introduit Ahikar en un sol endroit (greo,xiv, 10) de son livre,comme un exemple clbre destin mettre en relief la justice divine. Les autres mentionsd'Aljikar (greo,i, ll,22;x, 10; la rdaction primitive du xi, 18) n'appartiendraient pas livre de Tobie et seraient des interpolations. La rdaction primitive de l'ouvrage aurait t polythiste, paenne 4 : Alkar a soixante femmes et soixante palais ; dans la version armnienne il adresse ses prires aux dieux BeUim, Simil et Samin ; il consulte les mages, les astrologues et les devins. Plus tard, des rdacteurs monothistes ont introduit des lments monothistes, tout ' en laissant subsister le fond primitif du rcit : L'origine premire de ce conte pourrait bien tre un mythe solaire. Les soixante pouses, les soixante palais d'Akhikhar rappellent trangement les soixante maisons du soleil, la division primitive du cercle cleste en 60 degrs... de l'heure en soixante minutes 2... Les Grecs y virent surcbvre de M. Sguin en Provence,en Grce, en Orient et peut-tre dans l'Inde et en Chine. Il est entendu qu'ils n'auront produire aucun registred'tat civil et pourront ainsi donner libre cours leur ruditionet leur imagination. 1. Ceci n'a rien d'tonnant, puisque, d'aprs Tobie (i, 4), toute la tribu de son pre Nephtali s'tait carte du temple de David et de Jrusalem(cf. m/ra.p. 24) et que le commencement e Y d Histoired'A]}ikarnous montre qu'en effetcelui-ci adorait les idoles. Il en fut puni et revintau vrai Dieu, mais son ducationet sa formationn'en avaientpas moinst paennes, ce qui devait percer encore dans le rcit. 2. L'ouvragea t crit en Babylonie,o prit naissance d'onous et fut transmisela numration sexagsimale,voil tout ce queprouvent

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tout un trsor de maximes morales. Ce quo Dmocrito s'appropria, ce que Thophraste commenta se rduit probablement aux discours parntiques placs dans la bouche du sage Akhikhar. A leur tour les Juifs firent connaissance avec ce livro populaire et peut-tre le traduisirent-ils en leur langue. Dans la plus ancienne forme du livre de Tobie qui parait dater du n sicle avant l'ro chrtienne la seule mention de l'Akhikhar est contenue dans le verset que nous avons cit (xiv, 10-11); l'auteur y voit un conte difiant, un exemple clbre destin illustrer la justice divine, la Nmsis qui fait tomber le crime dans les piges et les abmes qu'il a lui-mme creuss. Ce n'est point la littrature juive, mais c'est une version aramcnne ayant conserv fidlement le caractre polythiste de l'original babylonien, qui introduisit l'ouvrago dans les littratures grecque, armnienne et syriaque. 11. M. J. Ilalvy a combattu les hypothses do M. Tht Reinach. Cf. Revue smitique, 1900, p. 23 : L'hypothso de l'origine babylonienne (paenne) d'Akhiakar ne peut so soutenir d'aucune manire. Al.kar n'tait pas un paen, car un paen qui vient au vrai Dieu est reu bras ouverts et est assur d'une protection particulire de la part de Dieu (cf. I Hois, vin, 4143; Isac, LVI,6-7), tandis qu'Al.iikar, lorsqu'il s'adressoau vrai Dieu aprs s'tre adress aux idoles, est puni. C'tait donc un Isralite qui avait commis un crime en s'adressant aux idoles parce qu'il avait ainsi abandonn son Dieu. Il y ii ces rapprochements.Il faut une tournure d'esprit particulire pour chercherun mythe cette occasion. Notons d'ailleurs qu' notre avis les mythologistesne sont qu'un prolongementdes folk-loristes. Ces derniers tablissent une gnalogieentre les faits analogues qu'ils relventsur l'anciencontinent, et les mythologistesrattachent l'un des anneauxde cette gnalogiea un phnomne naturel. Sur le nombresoixante, cf. Cantique,m, 7 ":LectulumSalomonis sexaginta fortta ambiunt ex fortissimis Isral, et vi, 7 : Sexaginta stint reginse.

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a plus: lo livre do Tobic nous apprend explicitement dans lu version du Sinailicus et du Vaticanus quo toute la famille de Tobie avait abandonn lo vrai Dieu pour sacrifier au veau que Jroboam avait lev Dan : VATICANUS SINA1TICUS 4.Durant majeunesse, lors5. Tous mes frres et la demeurais dans mon maisondcNephtali, mon pre, que je pays dans la terre d'Isral, sacrifirent au veau que le roi toute lu tribu de Nephtali, Jroboam fit Dan sur toutes mon pre, s'loigna du tem- les frontires de la Galile, et moi seul j'allai souvent. Jple de Jrusalem. rusalem aux jours de fte. Ainsi Anael, frre de Tobie, et son fils Al.iikar devinrent idoltres et continurent pratiquer l'idoltrie en Babylpnie, jusqu'au jour o Dieu punit le dernier en lui refaisant un fils. M. Ilalvy tudie ensuite l'onomastique du Jlivre et essaie de montrer qu'elle est entirement aramenIne^comme celle du livre do Tobic, h l'exception de quel-"" ques noms persans ; ileonclut : Le livre d'Akhiakar forme un nouvel anneau, et des plus intressants, de la chane |des oeuvres jit^rairos juives de l'poque grecque qui ont {prpar la transformation de YAgada hbraque dans ses deux varits principales : rabbiniquo et chrtienne. 12. E. Schfircr avait aussi conclu que la courte allusion de Tobie, xiv, 10, ne peut tre comprise si l'on ne suppose la lgende d'Ahikar dj connue et sans doute dj rdige par crit ; cf. Geschichte d. jtid. Volkes im Zeilalter Jesu Christi, 3* d., 1898, t. m, p. 177 sq. J. Rendel Harris, The story of Ahikar, p. XLVII sq., LXXII sq., avait galement prsent le livre de Tobic et le livre d'Ahikar comme deux frres crils tous deux en hbreu, le livre d'Ahikar tant vraisemblablement le plus ancien des deux. 13. M. Paul Marc dpce Afrikar en deux parties : 1 l'his-

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toire du ministre, qui se suffit a elle seulo ; 2 les proverbes prtes Alkar parce qu'on savait par ailleurs qu'il avait t un sage. L'crit actuel serait donc un crit secondaire rsultant de deux autres, Die Achikar-Sage, ein Versuch zur Gruppirungder Qucllen (dit dans les Studien zur verde M. Koch, t. u, Berlin, gleichenden Litteraturgesch. 1902, p. 393-411). 14. M. J. Daschian a public aussi malheureusement toute en Armnien une longue monographie sur Al.kar et sa sagesse : Kitrze bibliograph. Untersuchungcn und Texte, t. II, 1901, p. 1-152. 15. M. P. Yettcr, dans la Theolog. Quartalschri/i, 1904-1905 *, a traduit en allemand la version armnienne 2 de VHistoire d'Ahikar, puis tudi le livre de Tobio qui aurait t compos de 250 150 avant notre re, non pas en Palestine, mais par des Juifs d'Assyrie ou de Babylonic. Sa langue originale tait l'hbreu, aucune des recensions grecques ne reprsente donc adquatement l'original. L'ouvrage n'est pas historique au sens strict, il n'est pas non plus compltement fictif, mais le rdacteur a vraisemblablement dispos d'une histoire familiale qui reposait sur des faits rels et qui tait conserve dans la tradition populaire ; il l'a rdige dans un but didactique. Enfin M. Vetter a tudi le livre d'Ahikar et l'a compar au livre de Tobie; il aurait t crit en hbreu entre 100 avant notre re et 100 200 aprs notre re. C'est l'oeuvre 'd'un Juif, base sur un livre paen plii9 ancien, originaire de Babylonic, crit peut-tre en aramen. Le livre de Tobie est donc plus ancien que le livre d'Ahikar; il s'est inspir non d'un document crit mais d'une tradition populaire juive, qui avait conserv le souvenir d'un Juif lev a un 1. Bas Buch Tobiasund die Achikar-Sage,190i, p. 321et 512; 1905,p. 321et 497. 2. De l'armniendrive une versiontarlarc encore indile,loc, cit., p. 325, note 1.

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trs haut rang la cour d'Assyrie ; il ne connaissait pas Al.iikar comme un sage et un moraliste, mais plutt comme un homme juste et bon, et c'est ce titre qu'il l'a introduit dans la famille de Tobie. Toutes les rdactions conserves du livre d'l.iikar proviennent d'un original hbreu, sur lequel ont t traduits, indpendamment l'un de l'autre, le syriaque et l'arabe. L'armnien et l'thiopien proviennent de l'arabe, le slave provient d'une version grecque faite peut-tre sur le syriaque. L'original hbreu lui-mme a t compos d'aprs un livre paen crit trs vraisemblablement en aramen et qui provenait de la Babylonie. Le Juif qui a remani cet crit se proposait de faire ainsi do la propagande parmi les Gentils, c'est pour cela qu'il choisissait un sujet paen et qu'il le judasait trs peu pour ne pas choquer les lecteurs *. M. Vetter tablit ces rsultats surtout par une tude interne qui a paru lui dcouvrir un certain nombre d'hbrasmes et de points communs avec les Targnms crits au commencement de notre re 2. Il conclut l'unit de l'ouvrage, qui condense en un seul tout bien logique la jnasal judaque sous ses trois formes : proverbes (premires instructions Nadan) ; devinettes (hikar en Egypte) ; similitudes, allgories ou fables (secondes instructions Nadan). Cette tude de M. Vetter est fort savante et fort bien 1. M. E. Schrcr crit de ces crits judaques sous marque profane: c Ils ont tous celade communqu'ils sont mis sousle nomd'une autorit paennecommela Sybille, ou sous le nom d'hommesclbres dan3l'histoire, commeHcateet Ariste. Le choixdu pseudonymemontre dj que tous ces crits sont ordonnspour les lecteurs paens et doiventfaire de la propagande pour les Juifs parmi les Gentils,a Geschichtodes jd. Volkesim Zeitalter Jesu Christi, 3e d., t. m (1898), . 420. p 2. Cf. infra, Inlrod., V, m.

LB PROBLME MTT8HAIHB

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conduite, mais lo manuscrit B nous montre qu'il a vu des no-hbrasmes o il n'y en avait sans doute pas et que la critique intorne, ici encore, no lui a fourni, comme a bion d'autres, que des rsultats provisoires. 16. Terminons par l'opinion do M. F. Vigouroux *. Le savant et judicieux exgte se propose surtout de dfendre l'historicit de Tobie. Il semble admettre que YHistoire d'Ahikar est un pur conte et que les principaux personnages, Al.kar et Nadan, sont des personnages lgendaires, fictifs et connus comme tels 5. Ou lui objecte donc que le livre de Tobie, en s'appuyant sur des fables, semble ainsi avertir ses lecteurs qu'il a peu souci de l'histoire. Voici le passage du Manuel biblique 3 o M. Vigouroux rsume sa rponse : Une difficult plus grave contre le caractre historique du livre de Tobie provient de la dcouverte d'une sorte de conte ou de roman connu sous le nom 1 Histoire du sage Ahicar... On veut conclure de l que Tobie est un tre fictif comme Ahicar. Mais la question est de savoir si le livre de Tobie a emprunt Ahicar au conte ou si lo conte l'a tir de Tobie? Dans le premier cas, il faudrait admettre, il est vrai, que l'crivain juif, en introduisant dans son livre un personnage imaginaire, a voulu nous faire comprendre que son rcit est une fiction morale, dans le genre de la parabole de Lazare et du mauvais riche ; mais, dans le second cas, si celui qui a invent le conte a pris dans Tobie un personnage historique auquel il attri1. Les Livressaints et la critique rationaliste, 5e dition, Paris, traduitoncet endroitla meilleure 1901,t. iv, p. 551sq. M.Vigouroux partie d'Ahikar. Cf. Revuedu Clergfranais, 1902, t. xxxujp. 51651?; 2. M. Vigouroux aurait dj pu faire remarquerici, comme le fait il la fin, que rien ne prouve qu'Ahikar soit un personnagepurement fictifet que son histoire soit un pur conte. 3. 12dition,Paris, 1906,t. n, p. 173.

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ET D'AHIKAR'ASSYRIEN L HISTOIRE SAGESSE

bu des aventures fabuleuses, comme on en a attribu a Charlemagne, le caractre historique du livre de Tobie n'a rien en souffrir. Or on n'a pas prouv jusqu' prsent que la lgende d'Ahicar est antrieure la composition de Tobie, et tant que cette preuve n'aura pas t faite, on a le droit de maintenir l'historicit de Tobie. Pour nous, les questions Tobie et Aliikar peuvent toujours tre spares : il suffit de faire remarquer qu'Ahikar ne joue pas le mme rle dans les diverses versions de Tobie (il ne figure mme aucunement dans les deux versions hbraques publies par M. Gaster, Proceedings of the Society of biblical archoeology, t. xvm et xix, 1896 et 1897) *. On peut donc le regarder comme une interpolation tardive. Il n'est pas absurde d'admettre par exemple, que la vritable leon a t conserve par la Vulgate et que les cousins de Tobie se nommaient Achior et Nabath. Des traducteurs auraient ensuite cherch une gnalogie ces cousins, les auraient identifies avec Aliikar et Nadan dont ils connaissaient l'histoire par ailleurs et auraient t jusqu' entrelacer cette histoire dans le livre de Tobie et jusqu' en imiter la forme. Aussi la comparaison d'Ahikar et de Tobie que nous allons faire portera sur la version grecque et ses drivs et non sur le texte original de Tobie que nous avouons ne pas connatre. On peut cependant aller plus loin : si l'on veut bien admettre qu'Al.iikar figurait dans le texte original de Tobie, il ne peut videmment s'agir d'un emprunt au conte des Mille et une nuits, ni mme la version syriaque que nous traduisons ici, car tous ces crits sont relativement modernes. Il ne peut donc s'agir que du prototype inconnu de la version syriaque et du conte, et ce prototype, quo Dmocritc aurait utilis au v sicle avant notre re, a toute chance 1. Nousne croyouspas cependantque ces versions aient grande importancecritique.

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do reprsenter un personnage historique. Loin tic nuire l'historicit de Tobie, il vient au contraire la confirmer en nous fournissant la clef historique d'un passage jusqu'ici obscur. 17. Vient de paratre, en supplment la Zeitschrifl fiir die altlestamentliche Wissenschafl, Giesscn, 1908, un petit fascicule qui contient : 1, pages 1-53, BeitrugezurErklirung und Kritik des Bches Tobil, von Johannes Millier ; 2, pages 55-125, Aller und Ilerkunfl des Achikar-Romans und sein Verhiiltniss ztt Aesop, von Rudolf Smend'. La premire partie (Tobie) ne rentre pas dans notre sujet. Rappelons seulement que nous avons trouv Paris un manuscrit fragmentaire (Suppl. grec 609) de la troisime 100 recension, c'est--dire de la famille des manuscrits UU} et J01 de Holmes, et que nous avons dile Tobie, vi, 6, xm, 10, et Judith en entier, d'aprs ce manuscrit, dans La Sainte Bible polyglotte, t. m, Paris, 1902; cf. p. vi. La seconde partie (Achikar) est fort intressante. En un bon nombre de points nous sommes en complet accord avec l'auteur : P. 61. Toutes les versions drivent d'un mme prototype qui esta chercher chez les Syriens. Les textes arabes sont traduits directement du syriaque, mais proviennent de textes syriaques diffrents, de mme l'armnien. Le texte ancienslave, par l'intermdiaire d'un texte grec, se ramne aussi trs vraisemblablement au syriaque. Les manuscrits syriaques connus 3ont rcents et prsentent d'assez grandes diffrences textuelles. Les textes arabes sont les plus importants pour la reconstruction du syriaque. 1. Notre travail tait en cours d'impression,lorsque la Zcit. f. d. ait. Wiss.annnoncl'apparitionprochainedu fasciculeadditionnel qui fait l'objet de ce paragraphe. Nous n'avons pas modifia notre texte, mais nous avons ajout le prsent paragraphe a notre introduction et de nombreuxrenvois dans les notes places sous notre traduction.

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HISTOIRE SAGESSE ET D'AniKAn L'ASSYRIEN

P. 65. La sagesse (les proverbes) d'Ahikar est aussi ancienne que son histoire, car elle lui est intimement lie. Elle fait part'c intgrante du roman et son anciennet est atteste par la littrature grecque, comme l'anciennet de l'histoire est atteste par le livre de Tobie. P. 66. Le mot BoaTToprvo Strabon est changer en de et le texte de Stiabon provient sans doute de Bspsi-ijvs Poscidonios, c'est--dire du milieu du n sicle avant notre re. Les troisime et quatrime parties (p. 76-102) surtout sont intressantes, car M. R. S. rapproche un certain nombre de comparaisons d'Ahikar des fables correspondantes d'Esope et conclut aussi que les secondes proviennent des premires. Il fait remarquer que la vie d'sope dpend certainement de YHistoire d'Ahikar et semble servir de prface aux fables, or le compilateur de cette vie d'Esope, aprs avoir rapport quelques maximes d'Ahikar, se borne dire que celui-ci adressa encore beaucoup d'autres paroles Ennos (Nadan) et ne cite aucune des comparaisons. Ceci s'explique trs bien si le compilateur grec se proposait de mettre les comparaisons parmi les fables qui suivaient la vie ; il ne pouvait, s'il voulait viter les rptitions, les traduire dj dans la vie d'Esope. 11est mme vraisemblable que les comparaisons d'Ahikar avaient t mises en fables grecques, longtemps avant que l'histoire d'Ahikar ne fut introduite dans lu vie d'Esope, car Babrius, qui vivait au commencement ou la fin du nc sicle de notre re, nous apprend dj que la fable est une ancienne invention des Syriens qui vivaient Ninive et Babylone*, et comme d'ailleurs le recueil de Babrius ren1. Ou a au temps (des rois) Nnus et Blus , mai ces inventeurs desfables sont toujours desAssyriens.MCOo; wn*paiiXu; \ih, itiv ita).atv '3pe|j.'v0pwnwv 7TOT' in\ Nfvou o rcpfv ?,/ Evpwv 'AUSivpov, Txal Hr,),ou. 4 ffo? 3-1 35 38, 55 37 38 (?) 39 40 Cf. SI. 30. Cf. 27 Cf.26.

57 (67) 87 (6) 9 (33) 43 33 (34) 44 30 (36) (37, 56) 47, 74-75 (8)H* (8*)116 (39) 49 65 (49b) H U 35" 60

41 42,43, 15 119 45 46 80 6. 6b

171 172 173

4

7, 47 63

12

96

HISTOIRE T SAGESSE 'AI.UKAII E L'ASSYIUBN D ARM. SYR. (48) 62 (51) 68, 69 44 (?) 72 (55) 73', 85, 86 53 (?) (59) 78 25 [40(?)) 50 (41) 51 (43) 54 (44) 55 (',5) 57 (16) 58 61 AR. SI.. KT11. 44 59 49 65 50 67 (?; 4, 54*2-2,0,72 54 3 54" 73 74 75 77 Cf. 11,97. 36 37 49 50 Cf. 15. 40 52,91 112 54* 54" 55 56 58 61 62 68 69 i23 76 84 80 86 63 59 82 14 cf 18(

51 52 53 --=174 54 = 175 55 = 176 56 57 58 = 177 59 = 178 60 = 179 61 = 180 62 = 181 63 = 182 61 65 66 = ie: 67 68 69*=184 69* 69e 70 = 185 71 = 186 72 = 187 73' = 188' 73*= 188" 73' = 188 74 = 189 75 = 190 76 = 191 77 =192 78 =193 79 = 194 80*= 195 80= 195" 81* 81 82 83 84

(i)| 64

46

Cf. grec 9.

56 (64) 82 (61) 79 (65) 83 (66) 84 (68) 88 (62) 80 (74)94 20 62

LA VEHSIOX ARMENIENNE ARM. 85 86 ) J\ 186 h90 pj 200 91 (56) 7'i-75 92 )_J 201 ii 96 \~jh 205 97 - 206 98 )_(, 207 iOOp/A209 SYH. (35) 5 A. 81.. 92 l-'ll.

\J/

Cf. li, 61.

COMPARAISONS ARMENIENNES ARM. SVn. AR. SL. 1 96 (1) 1 2 97'131-132 1,3' 1,12 Cf. 3, 5. (2\ 30-32) 25-28 13 Cf. 2, 5. 'J 133 (33) 29 5 Cf. 2, 3. 6 117 (19) " 138 (37) Cf.26* 8 98 (3) 4 9 99 ('i) 5 2 10 100 (5) 7 3 U 110 (14) 14 12* 126 (2i) 22 12 102' (7) 8, 10 12e 102" (7) 9 13 127 (25) IV 118 (20) 19 li" 120 (20e) 21 l'c 119 (20") 20 15 106 (10) 12 6 16 137'(36') 33 15 17 105 (9) 5 1S 101 (6) 6 4 19 113 (17) 16 . 20 128 (26) 2\\VHo>'\ >. 21 '/ \ 129' (27) .'.%?" 22 m M j > / t.\

98 23 24 25

HISTOIRE SAGESSE 'AHIKAR'ASSYRIEN ET D L ARM. SYR. 137b (36l) (18) 135 (35) AR. SL. 16 34 17 31 9

Les deux-derniers paragraphes armniens (26-27) sont traduits aux variantessous le n. 142. VII. La version slave. La traduction allemande de cette version [Der weise Akyrios) publie par V. lagic dans la Byzantinische Zeitschrift, t. i (1892), p. 107-12G, a t traduite en anglais dans l'dition de Cambridge (p. xxvi et 1-23). M. V. lagic crit que la diffusion de l'histoire d'hikar dans les littratures slave, serbe, roumaine, fait conclure un original grec. Il n'en apporte d'ailleurs aucune preuve directe. La l'orme grecque Aky rios n'est pas un argument en faveur de l'origine grecque du slave, car elle semble due M. lagic, puisqu'il nous avertit que tous les manuscrits slaves portent Akir (le serbe seul porte Akyrie d'o le traducteur a fait Akyrios). Or Akir peut driver directement d'hikar avec suppression de l'aspiration h *. De plus, lorsque le syriaque porte par quatre fois : la plaine des Aigles (Nesrin) (ch. v, vi, vin), le slave porte autant de fois (p. 12, lig. 26; p. 13, lig. 1, 20, 22) : la plaine d'Egypte, ce qui noffre aucun sens puisqu'il s'agit d'une plaine de Babylonie. Nous pensons donc que le traducteur slave a lu mesrin (Egypte) au lieu de nesrin (aigles), ce qui supposerait encore un original smite. De mme la forme slave Nalon du nom du roi de Perse ne nous rat pouvoir s'expliquer que par une mauvaise lecture du syriaque 'Elam (noun pour an). Cf. supra, p. 13, note 2. La version slave a donc toute chance de provenir ati6si i. Ou mmedu Hikararabe.

LAVERSION SLAVE

99

du syriaque. Si elle provient d'un texte grec non retrouv, celui-ci du moins se rattache au syriaque, comme le grec du Synlipas et une partie de la biographie d'Esope *. Comme le slave renferme lui aussi un bon nombre de maximes qui lui sont propres et que nous traduisons plus loin (tipp. III, n. 210-261), nous ajoutons encore la table de concordance des maximes de la version slave avec celles des outres versions et les renvois aux numros de l'appendice o nous traduisons celles qui ne se trouvent pas dans les prcdentes versions. 8YR. AR. ARM. t.tH. SL. 1 1 1 1 (1) 2 1 lb 2 2 (2) 3* 3, 5 V (3) 3 6 3" 1" (4) 4 Cf. 15,72. 9 2 4 (5) 8 5 = 210 G11' 45(8') 11* CfA7 G" H" 45" 4 (8b) 11" 7* 12 4 5 (9) 12 5 (11) 15 8 8 11 (?) 16 6 9 10" [13(?)] 19 1 10 22 17 10* (14) 11 58 11,97 Cf.14. (17) 25 12 18 10" (15) 23 18' 10e 13" 19* 10J (1G) 24 *' Cf. II. 15 Cf.4. 10 211 17 21 12 9 (21) 29 I. M. Iagic nous apprend encore que dans une recension roumaine (Gaslcr,Chvcstomathie roumaine, t. n, p. 133)le roi se nommeSinaK'idcl le vizir Arkiri (cf. infra, ix, une antre recension roumaine). De plus, des sentencestires de Al.iikar.avaient t publies par le professeur Suchomlinovdans le tome iv des Isvestija acadmiques, Saint-Ptersbourg,1855,p. 151-153.

100 8L. 18,19 20 = 212 21 22 23 24, 25 26 = 213 27 28 = 214 29 30 31 32 33 34 35 36 = 215 37 38 39 40 41 42 43 4i = 216 45 46 47 48 = 217 49 50 51 52 53 = 218 54' 54 55 56 57 219 58

HISTOIRE SAGBSSE 'AHIKAR HT D L'ASSYRIEN 8YR. (22,23)32,33 R. ARM. KTII. 23,24 14 10,11 16 4, 54*55 17 26 18,78 27 31' 19 22" 22 3 Cf. 67, 72.

(25) 36 (26) 37 (27) 38 (29) 40' [30(?)] 40 (31) 42' (50)67 (75) 95 (65) 83

31 32 34(?) 24 48 25 26,27 38,55 28 30(?) 31 32 57 36 60 33 15 41 44' 45' 64 (?) 65 15,66 67 69. 69 69' 71 73

Cf. 30.

(67) 87

Cf.43,119. Cf. 42.

(37, 56)47, 74, 75 11' (8*) 11' (M) 50 (41) 51 (42,47)53,59 (43) 54 72 (45) 57 (46) 58 36 37 39 40

Cf. 6

cf< 91>

LA VERSIONLAVB S SL. SYR. (48) 62 AU. ARM. ETII. 44 51 7S" 73e 46 7, 47 50 48 52 49 54(?) 74 (?) 75 45 54" 43 3 42

iOi

59 60 = 220 61 62 (49*) 64 63 (49) 65 64 (50) 66 65 (51) 68, 69 66 = 221 67 44 (?) 68 69 70= 222 71 = 223 72 (53) 63, 71 73 (55) 73%85, 86 74 75 53 (?) 76 77 (59) 78 78 = 224 79 (60) 79* 80 = 195" (61) 79" 81 = 225 82 (62) 80 83 = 226 84 (64) 82 85 = 227 86 (66) 84 87 jl 228 90 \~(h 231 91 ' 92 (35) 45 93 ) ( 232 h95 j f 234 96 (73) 93 97 )_l 235 lllj~( 249 112= 250 (44) 55 113M 251 ft US\~\ 256

Cf. 22, 72. Cf. grec 9.

57 58 59 79 60 80b

Cf. 22, 72.

58* 59 20 83 80* 81* Qf 52 14

85 61' 68

102

i/ASSYRIEN HISTOIRE T SAGESSE 'AIKAR E D $YR. AR, ARM. TH. Cf. 42, 43. 56 77 CCI. SLAVBS COMPARAISONS SL,

SL. 119= 257 120 j_| 258 122J_| 260 123 124= 261

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19

AR. SYR. 97*131-132 (2*30-32) 1,3', 25-28 5 99 (4) 100 (5) 7 6 101 (6) 105 (9) 106 (10) 12 109 135 128 130 (13) (35) (26) (29) 31 23

ARM. 2,3,5 9 fO 18 17 15 25 20 Cf. 1. Cf. 1. Cf. 12, 13.

134 (34) 137' (36*) 137" (36b) 139 (38) 140 (39)

33 34 35 36

22 16 23

La fin du slave (20)esl traduite aux variantessous le n. 140. VIII. La version grecque. Une partie de l'histoire d'Al.iikar et quelques-unes de ses maximes sont rsumes en grec dans la vie d'sope le fabuliste . Il en existe au moins deux recensions. La plus connue

L. VERSION RECQUE G

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est celle qui figure dans la rdaction de la vie d'Esope compose par Maxime Planude, dite dj au xve sicle, sans date ni indication de lieu, par Bonus Accursus Pisanus, rdite souvent, et rcemment encore par A. Eberhard, Fabulse Romanenses groeco conscriptte (d. Teubner, Leipzig, 1372), souvent traduite, en particulier par La Fontaine. Maxime (ou Manuel) Planude, moine de Constantinople, n Nicomdie vers 1260 et mort vers 1310, tait un grand traducteur 4 et un collectionneur de bons mots et d'pigrnnimcs 2. Il semble tre certainement l'auteur de lu recension qui porte son nom, car elle lui est attribue par les manuscrits, et elle n'a pas encore t signale dans des manuscrits antrieurs au xvcsicle. Le manuscrit de Paris, suppl. grec 690, du xiia sicle, renferme- une vie d'Esope, mais elle est l'oeuvre d'Aphtoni'js, auteur du me sicle 3, et ne renferme point le passage emprunt Ahikar. Le manuscrit grec de Paris,. 289h,du xmsicle, contient bien un folio del vie de Planude, mais ce folio reli en tte n'appartient pas ce manuscrit et semble aussi lui tre postrieur de deux sicles. On peut seulement se demander si Planude a utilis directement des sources orientales ou s'il s'est born remanier une vie d'Esope dj compile en grec. La seconde recension grecque de la vie d'Esope, plus dveloppe que celle de Planude, vient donner une assez 1. Il traduisit dulutin eu grec les sentencesde Cnton (De moribus ad fitiuin, cf. Phxdri fabulx, Strasbourg, 1810, p. ovi, 197-216), les mtamorphosesd'Ovide, quelques crits de Bocc etc. Cf. K. Krui.ibaclicr, dans liyzantinischo Littcralur, 2 d., Munich, 1897,p. 53-54G,99-100. 2. AnthologiaPlanudea. Cf. K. Krumbacher, loc.cit., p. 727-728. 3. Cettovie a dt rdite aussi par A. Eberhard, loc. cit., p. 306308.

104

HISTOinE SAGESSE 'AHIKAR'ASSYRIEX ET D L

grande probabilit la seconde hypothse. Cette seconde rdaction a dj t traduite en latin par Rynucius * Thettalus, au xve sicle 2, et a t dite par Ant. Wcstcrniann, Vita JEsopi e.v Vratislaviensi et partim Monacensiel Vindo~ bonensi codicibus, Brunswig et Londres, 1845. Nous la dsignerons par la lettre W. Souvent Planude et W se correspondent phrase par phrase avec des mots diffrents, comme le font deux traductions diffrentes d'un mme texte, d'autres fois Planude abrge et remplace le discours direct par le discours indirect. Par exemple o IF porte : Le roi dit h Esope : Prends cette lettre du roi d'Egypte et lis-la, Planude crit : Le roi donna lire sope la lettre du roi d'Egypte. De mme, IV: J'ai fait venir des chevaux de Grce pour les accoupler avec les chevaux d'ici, mais lorsque les cavales entendent hennir les chevaux de Babylone, elles avortent. Planude : J'ai ici des cavales qui conoivent ds qu'elles entendent hennir les chevaux de Babylone. W : Tu as mal agi, Esope, car (le chat) est l'idole de la desse dcBybaste, que les Egyptiens vnrent sur tout. 1. Ou lUnuciiis (d'o Riraicius),ou Rinucciod'Arezzo. 2. Vita JKsopi abulaloris clarissimi, e grxco latina per Rynucium f PatremDominumAnloniumtituli sancti factdyad Rcverendissiinum Ckrysogoni Preslyterum Cardinalem; et primo ptohoemium. Sdition de cette version latine (xvsicle) est donc antrieure aux plus anciensmanuscritsdes versions slave et armnienne d'Al.iiiar. Rynuciusne prend pas parti pour ou contre les incidentsfabuleuxde l'histoire d'sope. Il prend le lecteur pour juge : In hac vita (/' sopi) duo tempora prxcipue nolanda sunt. Primum tempits est: qu servitutemservivit; alleruni veroest : quo se in libertatem vindicavit. In ulraque qusedam scriltuntur qux fabularum habent effigiem. Vertunenim sive sint ficta sive vera : hoc ego legentium arbilrio relinquo.

LAVEnSION GRECQUE

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Planude : Ne sais-tu pas, Esope, que le chat est vnr chez nous comme un dieu ? W : Nectanbo lui envoya par lettre les questions suivantes : Nectanbo, roi des gyptiens, Lycurgue roi des Babyloniens, salut 1Comme je veux btir une tour qui ne touche ni la terre ni le ciel, envoie-moi ceux qui btiront la tour et celui qui rpondra tout ce que je demanderai, et tu recevras, de tout l'empire qui dpend de moi, les tributs de dix ans. Mais, si tu recules, envoie-moi les tributs de dix ans de toute la terre qui dpend de toi. Planude : Nectanbo envoya aussitt une lettre Lycros, lui demandant de lui adresser des architectes pour lui btir une tour qui ne loucherait ni le ciel ni la terre, et quelqu'un pour rpondre ce qu'il lui demanderait ; s'il le faisait, il percevrait des tributs, sinon il les pnicrait. De mme les trente-cinq maximes de W sont rduites h quinze chez Planude. Les deux crits dpendent certainement l'un de l'autre, car, par exemple, toutes les maximes donnes par Planude figurent, dans le mme ordre, chez W. La question est donc de savoir si JFinterpole ou si Planude abrge. La seconde hypothse nous parat la plus vraisemblable. Nous croyons donc que Planude n'a pas compos la vie d'Esope publie sous SQIInom. Il a rsum un texte grec prexistant, peuttre 11'1, qui nous restitue ainsi un tat intermdiaire entre les versions orientales et Planude. Nous traduisons auv variantes la version de Planude (dition Eberhard), qui est la plus rpandue, mais nous t. Il a pu y avoir plusieurs rdactions grecques en plus des deux qui sont dites. M. A. Wcstermann indique dans sa prface des titres de manuscrits grecs aujourd'hui perdus qui semblent corresconserves pondre des rdactionsdiffrentes,et publie les maximes dans un manuscrit de Vienne qui no concordent entirement ni aveccellesqu'il dile plus loinni aveccelles de Planude.

106

HISTOIUET SAGESSE 'AI.IJKAU E D L,'ASSYRIEN

ajoutons en note les maximes propres IF, d'aprs la traduction de Rynucius *. Il resterait montrer comment on a pu assez facilement assimiler Esope Ahikar et attribuer au premier la biographie du second ; nous tcherons de le faire au chapitre : Ahikar et les fabulistes. IX. La version roumaine. Cette version a t popularise et mise en relief par M. Gaster. Dans son histoire de la littrature roumaine populaire (Bucharest, 1883), il avait dj consacr un chaHistoire d'Apitre (p. 104-114) aux versions roumaines do Y hikar et not leur ressemblance avec les versions slaves, le conte des Mille et une nuits et l'histoire d'Esope 2. Dans le Journalofthe RoyalAsiatic Society, 1900, p. 301-319, sous le titre de Contributions lo the History of Ahikar and Nadan, il traduit en anglais un manuscrit roumain 3. En voici le dbut : Histoire d'Arkirie, le trs sage, qui instruisit son neveu Nadan dans la sagesse et la science, pour qu'il et prudence, philosophie et saine connaissance. Dans les jours du roi Sanngriptu, vivait dans le pays de Rodu (Daru), un homme nomm rkirie. Ce grand sage 1. NousavonstranscritRynuciussur l'ditiondj cite do Bonus AccursusPisauus i, ddie Jean-FranoisTorrs. Sur celte dition du grec et de la traduction laliue, voir Kabricius,Bill, grxca, d. Hailes, t. i, p. G3I(cetteditionaurait t donne Milanvers 1489) ; S. . G. Hoffmann,Loxicon bibliographicum,Leipzig, 1832,t. i ; Brtinet, Manueldu libraire. 2. D'aprs M. Iagic (supra, vu), M. Gaster aurait publi le texte de la versionroumainedans Chrestomathie roumaine, t. n, p. 133. 3. Ecrit en 1777,et signalpar lui sous le n 90dans son histoire de la littrature roumaine(Grttndrissder Romanischen Philologie,d. Groeber),t. u, 3, p. 387.

LA.VERSION ROUMAINE

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Arkirie adopta un neveu, le fils de sa soeur, nomm Anadan (parce qu'il n'avait pas d'enfants). Il le nourrit avec du pain blanc, du miel et du bon vin et lui enseigna la philosophie ; et il lui dit. Le roumain porte trente-six maximes, M. Gaster donne les concordances suivantes de douze de ces maximes avec le slave. 2 (= 25) ; 5 (= 33) ; 6 ( = 41) ; 8(= 97) ; 10 (= 119) ; H ( = 119); 14 (=49); 15 ( =53) ; 16 ( = 61 ) ; 17 21 (=74); 31 (=78). (=68); Nous traduirons toutes les autres, pour lesquelles M. Gaster n'indique pas de concordance, dans l'appendice IV, mais nous verrons que presque toutes ont des maximes parallles dans les autres versions et se rattachent donc bien la mme source. Aprs les maximes on lit : Quand il l'eut instruit dans toute la philosophie, la sagesse et la science, Arkirie conduisit son neveu au roi Sanagriptu. En le prsentant la cour, Arkirie dit : Hono rablo roi, je vous prsente mon neveu Anadan pour qu'il serve Votre Majest, car je doviens vieux et ne pourrai plus la servir longtemps. Et le roi Sanagriptu lui rpondit : Je le ferai trs volontiers, Arkirie. Et Arkirie dit au roi : Votre gracieuse volont pourrait-elle tre de faire mon neveu grand Logothle P Et il fut nomm ce poste... 11n'y a plus de noms de rois ni de noms gographiques ; on trouve une seule lettre, crite parNadan : Moi Anadan, au nom de l'illustre roi Sanagriptu, rassemble les troupes et viens en hte. Le roi est tonn, lorsqu'il apprend qu'Ahikar rassemble des troupes. Anadan lui dit que son oncle se rvolte. Il n'est pas question non plus do l'adoption du frre de Nadan. Le roi demande comment il doit punir Ahikar et c'est Nadan qui propose de lui faire couper la tte et do la faire porter cent pieds de son corps i. L'cx1. Il en est de mmedans le slave (p. 14).

108

D L'ASSYRIEN ET HISTOIRE SAGBSSB'HIKAR

cutcur n'est pas nomm, ni l'esclave immol en place d'Al.kar. Arkirie vcut neuf ans cach. Anadan demanda au roi la maison et les proprits qui appartenaient son oncle Arkirie, et le roi les lui donna. Il alla la maison de son oncle et il commena frapper les serviteurs et les esclaves, et il fit de grandes ftes et des danses sur le tombeau de son oncle et beaucoup d'autres choses semblables. Arkirie entendait tout cela et en souffrait. Pharaon crit ensuite au roi d'Assyrie, mais le voyage en Egypte est trs abrog. La version roumaine mentionne seulement la construction du chteau dans les airs (xxx, 610 ) et la confection des cbles de sable (xxx, 22-27), puis Ahikar retourne en Assyrie et demande que Nadan lui soit livr : 1l le frappe et Nadan lui demande de garder ses I pourceaux. Arkirie rpond par la parabole du loup auquel on voulait faire dire A, B, C, D (xxxm, 137). 2 le frappe Il de nouveau et Nadan lui demande tre ptre. Arkirie cite la parabole du loup qui suivait le troupeau et prtendait 11 que la poussire tait bonne ses yeux (xxxm, 137 a). 3 A : 0 mon fils, si tu entends une parole, enferme-la... III. 1. Cf. Ecclsiastique, i, 24 ; xvi, 24-25:Jsus, fils de Sirach, v mon fils,et apprendsla discia le mmebut qu'Ahikar: a Ecoute-moi, pline de l'esprit et mes paroles sois attentif en ton coeur. Et je te dirai avec quit la discipline ; cl je chercherai t'expliquer la sagesse. Item, Tobie, iv, 2. B peut avoir conserv la bonneleon : Ahikar Ternitallusion aux passages parallles des Proverbes: t Monfils, prte attention mes discourset inclineton oreille mes paroles, iv, 20 j cf. i, 8 ; v, 10; vi, 7 ; vu, 1,2. D'ailleursletexte de Cet de L est mauvais en cet endroit: C porte lah corrig par l'diteur en lah et /< porte lehn corrigpar l'diteur en holn, 2. Cf. Prov., xxv,9-10, 22.

III, 2-3

DOCTRINE PROVERBES ET SACESSE, D'AI.HKAR 155

crainte qu'une fournaise de feu ne brle ta langue et que tu ne causes de la douleur ton corps et du mal h ton intelligence, et que tu n'aies honte devant Dieu et (devant) les hommes *. 3. 0 mon fils a, si tu entends 2 une parole ne la rvle personne b et ne dis rien de ce que tu vois 3. 1 Ne les rvle pas autrui. C, L, H portent : Mon fils Nadan, si tu entends une parole, qu'elle meure dans ton coeur, et ne la rvle personne, de crainte qu'elle ne devienne un charbon dans ta bouche et qu'elle ne te brle et que tu n'infliges une souillure ton me, et que tu ne murmures contre Dieu. />, // ajoutent : Et que tu ne sois ha sur la terre. 2 C : a tout ce que tu entends, tu ne le diras pas. Cf. Ecclsiastique, xui, 1. 3 L intervertit : Mon fils, tout ce que tu vois tu ne le diras pas, et tout ce que tu entends, tu ne le rvleras pas . L place ensuite les sentences 4, 48, 84 et 8. a Voici les premiers conseils dans F : Vous allez tre revtu d'une grande puissance ; employez-la toute pour celui qui vous l'abandonne, songez qu'il en est jaloux. loignez, par le respect, la familiarit de votre souverain et, par la rserve, celle de votre infrieur. Vous n'avez plus d'gaux, vous ne sauriez avoir un ami. Ne soyezpoint dupe de la cour qui va vous environner.L'arbre charg de fruits attire les oiseaux, tous viennent sur ses branches jouer et foltrer : est-il dpouill, on l'abandonne, il est le jouet des vents, la poussire le couvre et chacun le fuit. b Mme pense dans A, qui porte un peu plus loin : O mon fils, si tu as entendu quelque cho?e, ne le cache pas. /'', au lieu de 3, porte : Quand vous mditerez une entreprise, fermez vos lvres. Quand vous voudrez vous mettre en chemin pour l'excution, doublez vos babouches avec de la laine. 2-3. Ag : Mon fils ne raconte jamais ce que tu as vu ni ce

156

HISTOIRE SAGBSSE ET D'AHIKAR

JII, 4-7

4. O mon fils, ne dlie pas un noeud cach et ne scelle pas un noeud dli a. 5. O mon fils, dirige ton sentier et ta parole, coute et ne te hte pas de donner uno rponse b. 6. Mon fils, ne dsire pas la beaut du dehors, car la beaut disparat et passe, mais une bonne mmoire c et un bon renom demeurent jamais. 7. d Mon fils, ne prends pas une femme aux paroles querelleuses, car l'amertume suit les paroles, un poison mortel est envelopp dans son filet et tu seras pris dans son pige 1. 1 C}L, II omettent 5, 6, 7. Aprs 4, L, II placent aussitt 48. Cf. infra, 14, 26. que tu as entendu ; si une parole secrte est prononce devant toi, laisse-la mourir dans ton coeuret garde-toi de la divulguer personne, de crainte qu'elle ne devienne un charbon ardent qui brle ta langue etque tu ne sois honni de Dieu et des hommes, p. 68-69. a 4 manque en Salh., se trouve plus loin en^i. F porte : Le secret qui s'chappe brle la langue ; le bruit qui prcde ou qui accompagne le projet le dconcerte. bSalhani: Mon fils, rends tes paroles lgres pour l'auditeur (parle peu), et ne te hte pas de rpondre. c Une bonne mmoire n'est pas dans Salhani. d Ag : < Ne te laisse pas sduire par les discours d'une femme dprave, de crainte qu'elle ne te fasse tomber dans ses filets et que tu ne prisses misrablement, n. 69. Salhani : Mon fils, ne te laisse pas tromper par les paroles d'une mauvaise femme, pour que tu ne meures pas d'une mort 5. Cf. Dmocrite, d. Didot, p. 351, n. 178: c Dmocrite voyant quelqu'unqui parlait beaucoup, mais sans grand discernement: Je no le trouve pas, dit-il, habile parler, mais incapablede se taire. Eccll., iv, 34; xxxn, 9-12. 15-16; cf. infra, 64-65. 6. Eccli., XLI, 7. Cf. infra, 14, 26.

DOCTRINE PROVERBES BT D'AHIKAR 157 III, 8-9 SAGESSE, 8. a Mon fils, si tu vois une femme pare de (beaux) habits et parfume d'agrables parfums et que son caractre soit abject, querelleur et impudent, que ton coeur ne la dsire pas. Quand mme tu lui donnerais tout ce que tu as, tu trouverais que cela ne tourne pas h ta gloire, mais tu irriterais Dieu et tu le mettrais en colre contre toi *. 9. b [Mon fils, ne pche pas avec la femme de ton pro1 C, L, 1/ portent : Mon fils, n'lve pas tes yeux pour voir une femmepare et farde. Ne la dsire pas dans ton coeur; car lors mme que tu lui donnerais tout ce que tu as, tu ne trouverais en elle aucun profit et tu commettrais un pch (// : un grand pch) contre Dieu. i> Cf. infra, 92. R. S. rapproche n'lvepas tes yeux du |AeTe Bvuede l'Orient chrtien,1907,p. 402et 411, n. 100. Cf. infra, 85. Cf. supra, n. 7 et 8 ; L'ccll.,ix, 8-9, 11. 27. Deport princier, litt. : e mallressede l'aspect.

SAGESSET DOCTRINE E 165 D'AI.UKAR III, 31-33 31. a Mon fils, reois chez toi celui qui est au-dessous de toi et celui qui est moins riche que toi ; s'il s'en va et ne te rend pas, Dieu te rendra. 32. b Mon fils, ne cesse pas de frapper ton enfant ; le chtiment du fils est comme le fumier dans le jardin, comme le cordon de la bourse, comme le licol de l'animal, et comme la barre (\>.oy\q) la porte i. de 33. Mon fils, arrache ton fils au mal pour te tranquilliser toi-mme dans tavicillessc ; instruis-le et frappe-le tant qu'il est jeune, fuis-le obir tes ordres, afin que peu aprs il ne vocifre pas et ne se rebelle pas contre toi, 1 C : Mon fils, ne soustrais pas Ion enfant aux coups, caries coups sont au jeune homme commele fumier au jardin et comme le lien l'ne ou tout animal, et comme la cordeau pied de l'ne. //porte seulement : Monfils, n'pargne pas les coups ton fils, car les coups sont l'enfant comme le fumier au jardin, comme le frein et les liens l'ne.

a Salhani : Mon fils, si un homme moindre que toi vient audevant de toi, tiens-toi debout en le recevant ; s'il ne te le rend pas, son matre te le rendra pour lui. T> ette maximefigure C aussi dans l'thiopien. b A est conformeZ/et non C; l'thiopien diffre des deux. 31. Dieu te rendra. Cf. Eccli., XJI,2 : c Fais du bien au juste et lu trouverasdes rtributions, sinon de lui, (du moins) du Seigneur, o 32. Draocritc,p. 349, n. 134: c Rien de pire que la mollesse dans l'ducationdes enfants, car c'est d'elle que naissent toutes les volupts d'o proviennent les vices, i Cf. Prov., xxtu, 12, 14 ; Eccli.,xxx, 1,11, 12. 33. Instruis-le et frappe-le, cf. Eccli., vu, 25. Cf. Eccli.. xxx,13.

166

HISTOIRE SAGBSSE 'AHIKAR ET D

IH, 33-36

qu'il ne te fasse pas honte au milieu de tes camarades, qu'il ne (t'oblige pas ) baisser la tte dans les places publiques et les carrefours (TXaTsa), ue tu ne rougisses pas q del mchancet doses oeuvres et que tu ne sois pas avili par son impudence perverse * a. 34. Mon fils, acquiers un boeuf trapu et un Ane au pied (solide) ; n'acquiers pas un boeuf cornu, et ne t'associe pas un homme barbu b. 35. Mon fils, n'acquiers pas un esclave querelleur ni une servante voleuse, car ils perdront tout ce qui sera confi leurs mains 2. 36. Mon fils, les paroles des hommes menteurs (et) insenss ressemblent aux passereaux qui volent dans l'air et sont c gras ; celui qui n'a pas d'intelligence les coute 3. 1 C, If : Mon fils, soumets ton fils tant qu'il est jeune avant qu'il ne devienne plus fort que toi ( // : de crainte qu'il ne lve sa main ), qu'il ne se rvolte et que ses vices ne te couvrent de confusion. 2 (34-35)C : (tMon fils, acquiers un boeuftrapu et un ne qui a bon pied ; mais n'acquiers pas un serviteur fuyard et une servante voleuse, de crainte qu'ils ne te perdent tout ce que tu as acquis. 3 C, If: Mon fils, les paroles du menteur sont commede gras passereaux; celui qui n'a pas de coeur(d'intelligence) les mange. a 33 (fin) Salhani : ... qu'il ne (t'oblige pas) courber la tte dans les rues et dans les assembles, et tu auras honte de ses mauvaises actions. L'thiopien est plus rapproch de C que de B. **34-71 manquent dans Salhani. Au lieu de ((barbu )>, A porte ((mauvais . c 30 manque dans A. 34. Au pied solide, litt. ungulisprxditiis. 36. Cf. Prov., x, 4b.

III, 37-39

SAGESSE DOCTRINE ET D'AUIKAR

167

37. Mon fils, ne rduis pas tes enfants la misre, do crainte qu'ils ne te maudissent et que Dieu ne s'irrite contre eux, car il est crit : Celui qui maudit son pre et sa mre mourra de mort c'est l le pch qui irrite Dieu et : Celui qui honore son pre et sa mre aura une longue vie et des biens en abondance *. 38. Mon fils, ne te mets pas en route sans glaive et no cesse pas de faire mmoire de Dieu dans ton coeur, car tu ne sais pas quand les ennemis mauvais c'est--dire les Satans (et) les hommes mchants le rencontreront. Sois prt dans ta route, parce qu'il y aura de nombreux ennemis 2. 39. Mon fils, tel un arbre opulent sous ses fruits, ses feuilles et ses rameaux, ainsi est l'homme avec une femme excellente, et ses fruits (sont) des enfants et des frres. L'homme qui n'a ni femme, ni enfants, ni frres au monde sera ddaign et mpris de ses ennemis, (comme) un arbre qui est le long du chemin : tous les passants le frappent du pied et mangent de ses fruits, et l'animal sauvage fait tomber et choir ses feuilles 3. 1 C, // : Mon fils, n'attire pas sur toi les maldictions de ton pre et de ta mre, de crainte que tu ne te rjouisses pas dans les biens dotes fils. //,//: de crainte que tu ne pleures du lait de tes fils. a C (n. 27) : Mon fils, ne te mets pas en route sans glaive, car tu ne sais pas quel moment ton ennemi te rencontrera. D paraphrase. 8 C (n. 28) : Mon fils, de mme qu'un arhrc est orn par ses branches et par son fruit, et une montagne touffue par (ses) ar-

37. Exode,xxi, 17. Dcut., v, 16.R. S. renvoie Eccli., ni, 6, 9. 39. Cf. Psaumes,cxxvi,3-4, et cxxvn,3-5.

168

HISTOIRE T SAGESSE 'AHIKAR E D

HI, 40-43

40. a Mon fils, ne dis pas : Mon seigneur est fou et moi je suis sage; mais il faut que tu le regardes comme excellent, quand bien mme il aurait quelque dfaut, (et) tu en seras aime. Ne t'estime pas (lre) du nombre des sages lorsque prs des hommes tu n'appartiens pas ce groupe *. 41. Mon fils, n'allonge pas tes paroles devant ton seigneur, des paroles de sottise et de folie, (et) tu ne seras pas blmable ses yeux 2. 42. Mon fils, ne sois pas de ceux auquels leur matre dit : Va de devant ma face, mais de ceux auxquels il dit : Approche et demeure prs de moi 3. 43. b Mon fils, au jour de ton deuil, de ton mal et de ta soufl'rance, ne dispute pas et ne maudis pas ton seigneur, bres, ainsi l'homme est orn par sa femme et ses enfants. L'homme qui n'a pas de frres, de femme et d'enfants est ddaign et mpris devant ses ennemis ; il ressemble l'arbre qui est le long du chemin, tout passant en prend et tout animal sauvage fait tomber ses feuilles. 1 C (29-30) : Mon fils, ne dis pas : Mon seigneur est fou et je suis sage, mais arrte-le (applaudis-le ?)dans ses vices et tu seras aim. Mon fils, n'estime pas que tu es sage lorsque les autres ne t'estiment pas sage. Cornet 41. 8 C (n. 31-32) : Ne mens pas devant ton matre, de crainte que tu ne sois mpris et qu'il ne te dise : Va de devant mes yeux. Mon fils, que tes paroles soient vraies, afin que ton matre te dise : Viens vivre prs de moi. a 40-41. A : 0 mon fils, ne dis pas : Mon seigneur est fou et je suis sage. Ne rapporte pas des paroles d'ignorance et de t folie, sinon tu seras mpris par lui. D b 43n'est pas dans A 42. Cf. Matth., xxv, 21-23.

III, 43-48

SAGESSET DOCTRINE E D'AHIKAR

169

de crainte qu'il n'entende tes paroles et ne s'irrite contre toi 1. 44. Mon fils, lorsque tu as des serviteurs, n'aime pas l'un et ne hais pas l'autre, car tu ne sais pas lequel d'entre eux tu choisiras la fin 2 a. 45. b Mou fils, le serviteur qui abandonne la maison de ses matres et va chez d'autres n'amliore pas ses affaires 3. 46. Mon fils, la chvre qui circule et qui multiplie ses pas sera la proie du loup. 47. Mon fils, prononce un jugement droit et bon, afin que tu obtiennes et voies une vieillesse honorable et que tu te reposes dans ta vieillesse 4. 48. Mon fils, adoucis ta langue l'aide des paroles de Dieu et rends bonnes les paroles de ta bouche. Parle 1 C(n. 33) : Mon fils, au jour de ton mal ne maudis pas Dieu, de crainte que, t'entendant, il ne s'irrite contre toi. 2 C(n. 34) : a Mon fils, ne fais pas plus de bien l'un de les serviteurs qu' son camarade, car tu ne sais pas duquel d'entr'eux lu auras besoin la fin. 3 C (n. 35) : Mon fils, jette des pierres au chien qui aban donne son matre et qui marche ta suite. 4 C(n. 37) : cvMon fils, juge un jugement droit clans ta jeunesse afin que lu sois honor dans ta vieillesse. // ajoute Ici qu'un jugement injuste irrite Dieu. a A porte en plus (n. 34) : 0 mon fils, n'aie pas peur de ton Seigneur qui t'a cr, sinon il gardera le silence Ion gard. b 45, 47 et 48 ne se trouvent pas dans A. 46. Cf. Inlrod., page 21,note, et infra, c. xxxm, 105. 48. Parle chacunavec bont; Eccli., xi-, 21: Les fltes et le psallcrion fontunedoucemlodie, mais au-dessusde l'un et de Tau-

170

HISTOIRE SAGESSE 'AHIKAR ET D

IH, 48-51

chacun avec bont et lgance, car c'est la queue du chien qui lui donne du pain et sa gueule lui attire des coups et des pierres '. 49. Mon fils, ne laisse pas ton prochain [te marcher sur le piedj, de crainte qu'il ne te marche sur la poitrine; c'est-dire ne permets pas a l'adversaire Satan de te faire commettre un petit pch, de crainte qu'il ne t'en fasse commettre un grand 2. 50. Mon fils, frappe le sage et tu seras comme une fivre dans son coeur, mais frapperais-tu l'insens de nombreux coups de bton qu'il n'apprendrait et ne comprendrait rien de ce qui est bien 3. 51. Mon fils, si tu envoies un homme sage pour faire ton travail, ne lui donne pas de longs conseils ou avertissements, car il fera ton travail comme ton coeurle veut ; mais si tu envoies un homme insens, ne parle pas avec lui devant 1 Cette sentence est la cinquime dans L, II. (7(n. 38): Mon fils, adoucis ta langue et assaisonne l'ouverture de ta bouche, car c'est la queue du chien qui lui donne du pain et sa gueule des coups. 2 C(n. 39) : Mon fils, ne laisse pas ton prochain te marcher sur le pied, de crainte qu'il ne te marche sur la tte. La finest une paraphrase. 3 C (n. 40) : ce Mon fils, frappe l'homme avec une parole sage pour qu'elle soit dans son coeur comme une fivre en t, (//: et elle sera ses oreilles comme un vent frais un jour d't). Si tu frappes l'insens de nombreux coups de bton, il ne comprendra pas. tre est une langue douce. On attribuela mme pense Dmocrite, cf. Meissner, p. 183; H. S., p. 69. 49. La mme pense est attribue par Schalirastani Dcmocrite, R. S., p. 69. 51. Cf. Eccli., xxn, 14-16.

III, 51-54

SAGESSET DOCTRINE E D'AI.IIKAR

171

quelqu'un, mais va-t-en plutt et ne l'envoie pas, car il ne fera pas ton travail selon ta volont, quelque longs conseils que tu lui donnes *. 52. a Mon fils, si l'on t'envoie en chercher un autre (plus fort) que toi, ne blesse pas l'homme puissant, de crainte qu'il ne rsiste et ne (te) cause du mal sans que tu le prvoies 2. 53. b Mon fils, prouve ton fils et ton serviteur avec le pain, (c'est--dire) dans les petites choses d'abord, ensuite confie-lui ce qui t'appartient et tes possessions 3. 54. Mon fils, sors vite des repas de noce et des festins, et n'attends pas pour oindre ta tte d'huile et de parfum, de crainte d'attirer sur ta tte des contusions et des cicatrices 4. 1 C(n. 41) : Mon fils, envoie le sage et ne le commande pas. Mais si tu envoies l'insens, va toi-mme plutt que de l'envoyer. 2 C omet 52. 3 C(n. 42) : a Mon fils, prouve ton fils avec le pain et avec l'eau, aprs cela tu laisseras en ses mains tes possessions et tes richesses. 4 C (n. 43) : b 04. A : cMon (ils, un ami proche l'emporte sur un frre excellent et loign. 61. Cf. Dmocrite, d. Didot, p. 350, n. lG'i a 165: c Beaucoup vitentleurs amis lorsqu'ils tombent de la bonne dans la mauvaise fortune.Dans la prosprit, il est facilede trouver un ami; dans lft mauvaisefortune, c'est l'oeuvrelu plus difficile. 63. Lilt. : c La chute d'unliommede son pied est meilleure que la chute de sa langue. > Sic A. C omet 63. On attribue la mme sentence Solon ou Socratc. Cf. Mcissner,p. 183, et infra, n. 71. Cf. Kccli.,xxvju, 30: c Sois attentif de peur que tu no failles parla langue. 64. Cf. Kcclc.,vu, 2. Cf. liccli., XLI, 5, 16. 1

174

HISTOIRE T SAGESSE E D'HIKAR

HI, 64-68

richesse s'vanouira et se dissipera tandis qu'un bon renom subsiste toujours. 65. Mon fils, la beaut prit, se corrompt et s'vanouit et le monde cesse, s'en va et passe, tandis qu'un bon renom ne passe pas, ne cesse pas et ne se corrompt pas *. 66. Mon fils, pour l'homme qui n'a pas de repos durant sa vie la mort est prfrable la vie a. 67. Mon fils, le bruit des pleurs et des gmissements l'emporte sur le bruit de la joie et des festins, car le bruit et l'aucVion des pleurs font connatre hl'homme son pch et l'expient " . 2 68. b Mon fils, le morceau de pain que tu donnes de ta main un pauvre dans ta pauvret l'emporte sur un talent que tu donnerais dans ta richesse. Une chvre proche 1(64-65), C(n. 49) : Mon fils, un ami proche l'emporte sur, un frre loign; un bon renom l'emporte sur une grande beaut, car un bon renom subsiste toujours tandis que la beaut vieillit et disparat. 2 G (n. 50) : Mon fils, la mort est meilleure que la vie pour l'homme qui n'a pas de repos, et le bruit des lamentations est a SI: Mon fils, une bonne mort vaut mieux pour l'hom me qu'une mauvaise vie. b 68-69. Le commencementde A (n. 49) est conforme C, et la fin B. Puis A ajoute trois maximes (50-52). Cf. p. 175, notes 1,2,3. 65. Cf. Prov., xxvn, 10 et xxn, 1. Dmocrile,d. Didot,p. 348, n. 127&128: a La noblesse des animaux consistedons la force du corps et celledes hommesdansl'excellencede leur conduite. Il faut que les hommestiennent plus de compte ds l'esprit que du corps. Cf. lccle.,vu, 2 ; Eccli., XLI, 5, et supra, 6, 64. 1 66. Hccle.,iv, 2 }vu, 2 ; Eccli., xxx, 17 ; XLI, -4. 3 67. L'expient,litt. : le rendent vain. 68. Cf. Luc, xxi, 2-4.

III, 68-69

SAGESSE T DOCTRINE B D'HIKAK

175

vaut mieux qu'un taureau qui est loin, et un passereau que lu tiens dans ta main l'emporte sur cent qui volent clans l'air. Si lu es indigent et que tes enfants amassent auprs de toi, cela vaut mieux que d'avoir une gramle richesse et des enfants qui dissipenti. Un renard vivant vaut mieux qu'un lion mort 2; c'est--dire un homme faible qui rend service vaut mieux qu'un homme riche qui est avare et mauvais, celui-ci meurt dans le pch 3. 69. Mon (ils, un talent de laine vaut mieux qu'un poids (gal) d'or ou d'argent, car l'or et l'argent se cachent, sont entrins dans les bourses (YXwaruoy.op.ov) sont vus et ne d'aucun tranger, tandis que la laine se sort et se vend dans les rues et les places publiques (zXa-etai) ; elle sert aussi pour les vtements et elle est belle a voir 4. meilleur que le chant et la joie aux oreilles de l'insens. Le n. G7,conserv par B seul, est parallle Eccle., vu, 3. 4. 1Ar porte (50): 0 mon fils, une petite fortune vaut mieux qu'une fortune dissipe. 2 Ar (51) : Mon fils, un chien vivant vaut mieux qu'un pauvre hommemort, 3 Ar porte (52) : 0 mon fils, un homme pauvre qui donne bien vaut mieux qu'un riche qui est mort dans le pch. 4 ( G8-69 ) C(n. 51) : Mon fils, le fromage que lu as en ta main l'emporte sur l'huile qui est dans la jarre (des autres) ; une a G8-G9.Arm. (52-53) donne l'quivalent du fromage (C), du passereau (Z?et C) et de la pauvret qui amasse ((?). SI n'a pas cette dernire maxime, mais porte en plus (comme C) : Mieuxvaut une robe de chanvre que tu as qu'une robe de pourpre que tu n'as pas. 68. Cf. Eccli., ix, 4. Mnandrecrit: Unjour sous c soleill'emporte sur centannes passesdano l'enfer. Land,t. i, p. 1G2, 35. lig. Meurt,lilt. : adescend. Cf. Eccle.,v, 13. 69. Cf. Eccle.,vi, 9.

176

HISTOIRE SAGESSE ET D'AJ.UKU

M, 70-71

70. Mon fils, ensevelis et cache la parole dans ton coeur et ne rvle pas le secret de ton camarade, car, si tu le rvles, tu as repouss (son) amiti loin de toi *. 71.a Mon fils, ne prononce pas de parole qui puisse ensuite affliger ton coeur b. Il te vaut mieux trbucher du pied que de la langue 2. brebis proche l'emporte sur une vache qui est loin ; un passereau que tu tiens l'emporte sur mille qui volent ; la pauvret qui amasse l'emporte sur la richesse qui dissipe ; le vtement de laine que tu portes est prfrable au byssus et la soie des autres. Ce manuscrit n'a pas conserv les passages parallles Ar : 50, 51, 52. 1 C(n. 52) : Mon fils, enferme la parole dans ton coeur et elle te fera du bien ; car lorsque tu as communiqu ta parole, tuas perdu ton ami. 2 C(n 53) : Mon fils, ne laisse pas sortir une parole de ta bouche avant de l'avoir mdite dans ton coeur, car il vaut mieux pour l'homme broncher en son coeur que broncher de sa langue. 9 Ag : L'ignorant heurte un cuoil et tombe ; le sage bronche et ne tombe point ; ou, s'il fait un faux pas, il se relve. Qu'une maladie l'attaque, il sait se gurir lui-mme ; la maladie des ignorants n'a pas de remde. Le vritable sage est continent de trois manires: par la langue, par les mains et par les yeux. Ne laisse pas chapper une parole de ta bouche que tu n'aies auparavant consult ton ctjur, p. 74. b 71 et 72manquent dans A. L'thiopien (n. 13) porte : Mon fils, mieux vaut trbucher du pied que trbucher de la langue. 70 Cf. Prov., xi, 13. Cf. Eccli., xxn, 26-27 ; xxvu, 17, 24; cf. xix, 8-10. 71 Cf. supra, n. 03. D'aprsCornill (p. 43),la fineslaltribucc par ctpar Maxime Socratc :Kpstov a thonTW XmOafviv rcoSl ^xr,y\M // a adopt le sens de A. 1 B omet 87 95. Ces sentences sont tires de C, n. 67 75. // ajoute ensuite,, d'aprs l'arabe : Mon fils, il y a quatre choses... Cf. p. 179, note b. 8 92-95. Au lieu de ces maximes, .4 porte la mme addition que Ag : 0 mon fils, il y a quatre choses... V. supra, p. 179, n. b. Aprs 93, Salhani porte : Mon fils, sois modr dans ta jeunesse, alors tu seras honor dans ta vieillesse ; puis viennent les n. 88 et 38 runis ensemble et enfin l'addition dj signale au n. 78 pour Ag et ci-dessus (92-95) pour A. 02. Cf. Prov., vu, 25-29; Eccli., ix, 8-9 ; cf. supra, 8. 03. Cf. PsaumeCXLI, Eccle.,vu, 6. 5; 04. Prov., xxv, 17. 05. R. S., p. 83, traduit : c s'il ne t'appartient pas (c'est lesensde l'armnien, n. 26) et rapproche ce passage de la fable 410d'sope (Babrius, 188).

IV, 1-2 CHAPITRE IV

i85

Ahilrar arrta ici les sages paroles qu'il adressait Nadan ; ensuite Ahikar montra au roi tout ce qu'avait fait Nadan contre ses possessions et ses biens *. 1. Alors moi, Ahikar, lorsque j'eus enseign cette doctrine n Nadan, fils de ma soeur, je pensais qu'il la conserve* rait dans son coeur et resterait la cour, et je ne savais pas qu'il n'coutait pas mes paroles, mais les jetait pour ainsi dire au vent. 2.a II prenait l'habitude ddire: Ahikar, mon pre,est 1 C, au lieu de ce titre, porte : Voil l'enseignement qu'Ahikar donna Nadan, le fils de sa soeur. a Ag (sic .4) : a S'tant alors drais du soin des affaires publiques, Heykar se retira chez lui et confia Nadan l'administration de ses richesses ; il lui donna un pouvoir illimit sur toute sa maison, sur ses esclaves, sur ses chevaux, sur ses meubles, sur ses troupeaux, enfin sur tout ce qu'il possdait. II l'installa ensuite auprs du roi et remit en ses mains les fonctions de premier ministre d'Assyrie. ceLa puissance engendre l'orgueil : Nadan, matre de tout, n'ayant pour loi que ses penchants, pour frein que sa volont, et disposant son gr des immenses richesses de son oncle, n'eut bientt plus que du mpris pour son bienfaiteur. Joignant l'insolence l'ingratitude, il osait mme le railler publiquement, et il disait qui voulait l'entendre : Mon oncle est dj dans un Titre. Les sages paroles qu'il adressait, lilt. : c les paroles de sa sagesse qu'il enseignait. 1. Resterait la cour, litt. : la porte du roi. C ajouto: c ma place.

186

HISTOIRE SCBSSE KT D'AUIKAH

IV, 2-4

vieux et a perdu l'esprit i. Et Nadan, mon fils, s'adjugea mes troupeaux, dissipa mon bien et n'pargna pas mes meilleurs serviteurs, qu'il frappa devant moi, ni mes botes de somme et mes mules qu'il tua. 3. a Quand je vis ce qu'il faisait, je lui dis : * Mon fils, ne touche pas mes biens, il est dit dans les maximes : Ce que la main n'a pas acquis l'uni, ne Va pas 2 respect, 4. Je lis connatre ton', cela mon seigneur le roi, et le roi ordonna : Que personne n'approche des biens d'Ahjkar, le scribe; aussi, tant qu'Ahikar sera envie, personne n'approchera de ses biens et de sa maison 3b. 1 C : Ahikar, mon pre, est vieux et se trouve la porte du tombeau, son intelligence Ta quitt et son esprit a diminu. 8 Z?ometcette ngation. 3 C : ocEt mon seigneur lui parla de cette manire : Aussi longtemps qu'Ahikar vivra, personne n'aura de pouvoir sur ses biens. ge voisin de l'enfance, et ses discours se ressentent un peu de sa caducit : le pauvre homme ne connat plus rien dans les affaires de la vie. Et il battait ses esclaves, vendait ses proprits et ses chevaux et dissipait follement des biens lentement acquis. a NS : Lorsque moi, Chikr, je vis que Nadan n'pargnait pas mes biens et ma famille, je lui dis : Tiens-toi loin de ce que j'ai acquis, et ne fais pas souffrir mes serviteurs et mes esclaves aussi longtemps que je vivrai. b Dans F, Nadan commence par perdre Ahikar dans l'esprit du roi : La vieillesse, disait-il au roi, rend Hicar ombrageux et timide, il ne voit plus de prs les affaires et voudrait toujours 3. Celtecitationno se trouve pas dans les Proverbes. 4. Le roi, C : Sennachrib.

V, 1-2

A LE DKNADAN AHIKAR DOPTK FUtUlK

187

CHAPITRE V De ce que Ahikar prit le frre de Nadan pour l'lever. 1. Lorsque (Nadan) vit que j'avais pris son jeune frre 1 et que je l'lcvais, il vint devant moi dans ma maison et il en eut dplaisir'. 2. b Nadan l'envia, il avail dans son esprit de mauvaises penses cause de cela et il disait : Ahikar, mon pre, est vieux, sa sagesse a disparu et ses paroles sont mprisables. 1 C : a Nabouzardan. les conduire ; devenu faible et languissant il ne pourrait plus retenir l'autorit, mais il la regrette tous les jours. Son humeur me donne du ch