Upload
duongdiep
View
218
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
03Extra
Homenaje a Rodrigo de Balbín Behrmann
2015
ARPI 03 Extra
Homenaje a Rodrigo de Balbín Behrmann
Publicación Extra: 2015 ISSN: 2341-2496 Dirección: Primitiva Bueno Ramírez (UAH) Subdirección: Rosa Barroso (UAH) Consejo editorial: Manuel Alcaraz (Universidad de Alcalá); José Mª Barco (Universidad de Alcalá); Cristina de Juana (Universidad de Alcalá); Mª Ángeles Lancharro (Universidad de Alcalá); Estibaliz Polo (Universidad de Alcalá); Antonio Vázquez (Universidad de Alcalá); Piedad Villanueva (Universidad de Alcalá). Comité Asesor: Rodrigo de Balbín (Prehistoria-UAH); Margarita Vallejo (Historia Antigua- UAH); Lauro Olmo (Arqueología- UAH); Leonor Rocha (Arqueología – Universidade de Évora); Enrique Baquedano (MAR); Luc Laporte (Laboratoire d'Anthropologie, Université de Rennes); Laure Salanova (CNRS). Edición: Área de Prehistoria (UAH) Foto portada: Peña Somera (J. A. Gómez Barrera)
SUMARIO Editorial 05-12 Semblanza asturiana seguida de un oprobio de la vejez . Limón Delgado, Antonio 13-19 Hacerse humano. Carbonell Roura, Eudald 20-31 Peuplement de l’intérieur de la Péninsule Ibérique pendant le Paléolithique supérieur: où en est-on? Aubry, Thierry 32-43 Arte rupestre en la frontera hispano-portuguesa: cuenca del río Águeda. Reis, Mario; Vazquez Marcos, Carlos 44-55 Ganando altura. Tránsito, explotación y campamento de cazadores-recolectores en los espacios de monta-ña de la encrucijada vasca. Arrizabalaga, Alvaro; Calvo, Aitor; Domínguez-Ballesteros, Eder; García-Ibaibarriaga, Naroa; Iriarte-Chiapusso, María José 56-72 Los anzuelos de la Cueva de la Canaleja (Romangordo, Cáceres). González Cordero, Antonio; Cerrillo Cuenca, Enrique 73-80 L’art céramique et l’émergence de l’économie agricole. Salanova, Laure 81-95 La nécropole de Barnenez à Plouezoc’h dans le Finistère: le long tumulus nord et son implantation. Cousseau, Florian 96-110 L’intégration de pierres dressées isolées à l’air libre dans les espaces sépulcraux de l’ouest de la France: Le département du Morbihan Gouezin, Philippe 111-118 Les pétroglyphes de la Pierre des Farfadets. Commune du Poiré sur Vie–Vendée (France). Etude d’inter-prétation provisoire. Benéteau, Gérard 119-132 Algunas reflexiones sobre métodos de realce digital de la imagen en pinturas rupestres. Cerrillo Cuenca, Enrique 133-147 El tiempo y los ritos de los antepasados: La Mina y el Alto del Reinoso, novedades sobre el megalitismo en la Cuenca del Duero . Rojo-Guerra, Manuel; Garrido-Pena, Rafael; Tejedor-Rodríguez, Cristina; García-Martínez de Lagrán, Iñigo; Alt, K.W. 148-163 El megalito pseudohipogeico “Monte Deva III” como representación de la plenitud neolítica en el hinter-land de Gijón (Asturias). de Blas Cortina, Miguel Angel 164-179 Ad aeternum. Enterramiento de la Edad del Bronce en Carmona (Sevilla). Belén Deamos, María ; Román Rodríguez, Juan Manuel; Vázquez Paz, Jacobo
180-196 Nuevos datos sobre la secuencia de uso sepulcral de la cueva de Santimamiñe (Kortezubi, Bizkaia). López Quintana, Juan Carlos; Guenaga Lizasu, Amagoia; Etxeberria, Francisco; Herrasti, Lourdes; Martínez de Pancorbo, Marian; Palencia, Leire; Valverde, Laura; Cardoso, Sergio 197-210 Novedades en torno al arte rupestre de Valonsadero (Soria). Gómez-Barrera, Juan A. 211-223 Ces marques qui ne font pas partie du corpus. Hameau, Philippe 224-237 A dos metros bajo tierra. Pensando los yacimientos prehistóricos de hoyos. Márquez-Romero, José Enrique 238-256 The diversity of ideotechnic objects at Perdigões enclosure: a first inventory of items and problems. Valera , Antonio Carlos 257-271 Sobre la cronología de los ídolos-espátula del dolmen de San Martín (Laguardia– Alava). Fernández– Eraso, Javier; Mujika-Alustiza, José Antonio; Fernández– Crespo, Teresa 272-286 La diversidad campaniforme en el mundo funerario. Algunos ejemplos de la cuenca media/alta del Tajo en el interior peninsular. Liesau von Lettow-Vorbeck , Corina; Blasco Bosqued, Concepción 287-305 El Yacimiento romano de la Ermita de San Bartolomé (Atalaya del Cañavate, Cuenca). López, José Polo; Valenciano Prieto, Mª del Carmen 306-319 De un largo “tiempo perdido” en la reconstrucción de la Prehistoria canaria a una rápida construcción de su protohistoria. González-Antón, Rafael; del Arco Aguilar, Carmen 320-333 Manifestaciones rupestres protohistóricas de la isla de Lanzarote en un contexto doméstico: el sitio de Buenavista (Teguise). Atoche Peña, Pablo; Ramírez Rodríguez , Mª Ángeles 334-356 Décorations et représentations symboliques sur les mégalithes du Sénégal et de Gambie. Laporte, Luc; Delvoye, Adrien; Bocoum, Hamady; Cros, Jean‐Paul; Djouad, Sélim;Thiam, Djibi 357-370 Breves notas en torno a unos grabados de armas metálicas de influencia atlásica en las tierras del Tiris, al SE del Sahara Occidental. Sáenz de Buruaga, Andoni 371-387 La figura humana en el arte rupestre en el sur del Valle Calchaquí (Salta, Argentina). Ledesma, Rosanna
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 81
LA NÉCROPOLE DE BARNENEZ À
PLOUEZOC’H DANS LE FINISTÈRE: LE
LONG TUMULUS NORD ET SON IM‐
PLANTATION.
Florian Cousseau (1)
Resumé
Le terme Barnenez est associé au cairn fouillé et restauré dans les années 1950-1960 par Pierre-
Roland Giot. Il semble isolé actuellement mais d’autres édifices limitrophes sont connus et spécialement un
second long tumulus au nord du cairn. Ce travail cherche à ramener à la lumière ce monument avec une ac-
tualisation de ses données qui peut aider à la compréhension de l’ensemble de Barnenez.
Mots -clés: Mégalithe, Nord-ouest de la France, Long tumulus, territoire
Abstract
Barnenez’s term is associated to the cairn, excavated and restored during the 50-60’s by Pierre-Roland Giot. It seems isolated now but other adjacent buildings are known and specially a second long tumu-lus next to the cairn at its north. This work wants to bring to light this monuments with an updating of its data which can help to the understanding of the Barnenez group.
Key words: Megalith, North-west France, long tumulus, landscape
(1) Université de Rennes 1 .UMR 6566-Creaah. [email protected]
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 82
1.- INTRODUCTION
Un long tumulus est un édifice néolithique
de très grande longueur renfermant un à plusieurs
dolmens. Leur compréhension dans l’ouest de la
France est l’une des problématiques de recherche
les plus actives depuis une vingtaine d’année pour
l’étude des mégalithes. Les fouilles des sites d’Er-
Grah à Locmariaquer dans le Morbihan, de Péré à
Prissé-la-Charrière dans les Deux-Sèvres et du
Souc’h à Plouhinec dans le Finistère sont à l’origine
de cette dynamique (Laporte et al. 2002; Le Goffic,
2006; Le Roux 2006 ; Scarre et al. 2003). La mor-
phologie de long tumulus est la dernière phase
d’une évolution architecturale qui peut être com-
plexe et longue (Joussaume 1997 ; Joussaume et al.
1998 ; Scarre et al. 2003; Laporte 2010b). Les
phases précédentes sont constituées d’un ou plu-
sieurs monuments qui ont été inclus ou unis dans
le long tumulus par différents types d’aménage-
ments possibles (Joussaume 2003; Laporte 2010b).
Pour les longs tumulus fouillés au Souc’h et Péré,
deux édifices étaient présents lors de la phase pré-
cédente. Pour le premier, ils ont été unifiés par
l’adjonction d’un dolmen entre les deux et par la
modification des façades (Le Goffic 2006; Laporte
2010a). Pour le second, les deux édifices ont été
englobés dans le long tumulus qui a donc été cons-
truit par-dessus venant les cacher (Laporte et al.
2002; Scarre et al. 2003). Les longs tumulus ca-
chent donc une histoire architecturale qui a pris
plusieurs formes et subi différents aménagements,
renfermant un ou plusieurs monuments qui ont été
indépendants à un temps donné. Les longs tumu-
lus sont régulièrement groupés avec d’autres mo-
numents du même type, par exemple le site de
Péré ou du Souc’h compte deux longs tumulus, la
nécropole de Tusson en Charente en possède trois
mais souvent un seul a été sondé ou fouillé nous
empêchant de voir les relations architecturales et
chronologiques entres ces différents longs tumu-
lus. La compréhension du fonctionnement de l’en-
semble est donc biaisée. Des édifices d’autre type
peuvent être rassemblés sur le même lieu comme
la nécropole de Bougon qui possède un long tumu-
lus et quatre autres de forme différente (Mohen et
Scarre 2002). L’emplacement joue donc un rôle
important dans la constitution de ces longs tumu-
lus, les bâtisseurs préférant aménager des monu-
ments préexistants plutôt que de les construire
ailleurs. Les longs tumulus sont souvent situés sur
des zones au fort impact dans le paysage avec de
larges visibilités vers et depuis les édifices
(Joussaume et al. 1998).
Le site de Barnenez à Plouezoc’h dans le
Finistère possède deux longs tumulus nommés
nord et sud. Ces deux édifices connus depuis le
début du XXème siècle ont fait l’objet de destruc-
tion en 1954-1955 pour y extraire la pierre (Giot
1987). Ces travaux ont été interrompus par les ser-
vices de l’état et des fouilles ont été engagées par
Pierre-Roland Giot privilégiant l’édifice sud mieux
conservé. Elles ont été réalisées par intermittence
jusqu’en 1968 et associées à une restauration du
tumulus sud. Pour le nord, les travaux ont surtout
portés sur une reprise des parties qui ont été dé-
truites par l’entreprise et notamment l’emplace-
ment d’un dolmen qui a donné un peu de mobilier.
L’exploration ne s’est pas étendue au reste du tu-
mulus alors que sa partie orientale était restée in-
tacte. Le choix de privilégier le tumulus sud et son
exploitation touristique actuelle a mis le tumulus
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 83
nord dans l’oubli. La monographie du site ne con-
sacre que quelques pages au tumulus nord avec
aucun relevé précis de celui-ci ni photographie. Le
tumulus sud fait actuellement l’objet d’une reprise
d’étude avec de nouvelles méthodologies et per-
met une lecture plus précise de l’architecture mon-
trant une évolution complexe avec notamment
une nécropole qui a été englobée par le long tumu-
lus (Cousseau thèse en cours). Celui-ci est lui-
même réalisé en deux phases comme P.-R Giot
l’avait observé (Giot 1987). Cet article vise à porter
notre attention sur le long tumulus nord de Barne-
nez. Toutes les données accessibles sur celui-ci ont
été inventoriées pour une remise en perspective
avec les connaissances actuelles sur les longs tu-
mulus.
2.- GROUPE DE BARNENEZ
La presqu’île de Barnenez est située dans
la baie de Morlaix au nord-est du Finistère (fig. 1).
Elle n’est pas directement sur la côte septentrio-
nale, mais à l’intérieur de la baie sur sa rive droite.
Elle délimite l’anse de Térénez à son est où se jette
la rivière le Corniou formant une vallée d’axe nord-
ouest/sud-est. La presqu’île est séparée du conti-
nent par un isthme nord-ouest/sud-est, large de
310 m où se trouve le village de Kernéléhen (IGN
2007). Sa hauteur générale est entre 0 et 20 m
NGF, mais une colline existe au milieu montant
jusqu’à 34 m. La pointe de la presqu’île est une col-
line de 623 m de large et 820 m de long qui culmine
à 48 m de hauteur. Au sommet se trouve le village
de Barnenez qui a donné la dénomination à la pres-
qu’île. Les deux longs tumulus sont situés sur cette
colline, mais pas à son sommet. Ils sont sur sa
pente sud de façon parallèle avec un axe nord-est/
sud-ouest. Le septentrionale est au sommet de la
pente tandis que le méridional est cent mètres plus
bas au sud. Ils forment une barrière à l’isthme en
ayant un axe presque perpendiculaire à celui-ci. Le
tumulus sud est trapézoïdal de 75 m de long pour
20 à 25 m de large renfermant 11 dolmens (Giot
1987). Comme dit auparavant cet état est la phase
finale d’une longue évolution architecturale. Le
tumulus nord est présenté succinctement dans la
monographie Barnenez, Carn, Guennoc sans docu-
mentation iconographique (Giot 1987). Actuelle-
ment, il est très peu visible, car il est sous la végé-
tation. P.-R. Giot indique que celui-ci devait mesu-
rer 25 à 30 m de long selon un axe est-ouest et une
dizaine de mètres de large, chiffres qu’il faudra
discuter, pour 3 m de hauteur (Giot 1987). Lors de
l’exploitation comme carrière de ce tumulus, les
ouvriers ont mis au jour une chambre recouverte
par une table de couverture. Cette dernière a été
poussée sur le côté et est actuellement encore vi-
sible. D’autres éléments mégalithiques n’étant pas
visibles, P.-R. Giot propose que les parois de ce
dolmen devaient être construites en pierre sèche.
D’après les témoignages oraux des ouvriers qui se
sont introduits dans la chambre avant sa destruc-
tion, elle avait un plan au sol circulaire ou polygo-
nal. L’emplacement de la chambre était toujours
visible au sol après la destruction et a donc pu être
fouillé. La présence ou non d’un couloir n’a pu être
observé (Giot 1987). Cette chambre couverte par
une table de couverture est l’unique élément con-
nu et fouillé pour le tumulus nord de Barnenez.
Aucune photographie ou aucun relevé n’a été pu-
blié sur ce tumulus. Toute cette documentation
inédite est restée dans les archives de fouille et
restauration conservées à l’UMR 6566-Creaah au
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 84
laboratoire Archéosciences de l’université de
Rennes 1.
Tumulus nord de Barnenez
Un travail d’inventaire et de numérisation
a été mené sur ce lot grâce au projet ICARE mené
par Marie-Yvane Daire et Catherine Le Gall. Un
peu plus de 1500 documents ont été répertoriés et
une fiche d’enregistrement a été créée pour cha-
cun. Parmi eux, neuf photos représentent le tumu-
lus nord. Elles datent de 1955 ou 1956 juste après
les destructions sauf deux de 1962. On peut y ob-
server chaque face du tumulus. La vue générale
depuis le tumulus sud montre deux états de con-
servation différents (fig.2). La partie orientale est
sous la forme d’une butte. Elle n’a pas été enta-
mée par les ouvriers, car elle est située sur une
parcelle dont les propriétaires leur avaient refusé
l’extraction. La limite de parcelle est visible avec la
haie qui longe la voie d’accès permettant l’accès
vers le tumulus sud depuis la route en formant une
coupe d’environ 3 m de haut à cet endroit (d’après
Fig. 1.- Localisation de la presqu’île de Barnenez et des différentes structures présentes dessus. Carte littorale SHOM (SHOM,
2014) et photographies aériennes par P.R. Giot en 1965 pour le cliché haut et 1969 pour le bas (Archives UMR6566-Creeah).
Zoom sur la presqu’île de Barnenez de la carte établie par Louis Le Guennec au début du XXe siècle (Le Guennec 1979)
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 85
Giot 1987). À partir de la limite de parcelle, le tumu-
lus semble entièrement détruit jusqu’à une grande
dalle. Cette dernière est la table de couverture dé-
placée par les ouvriers. À l’ouest de celle-ci, une
butte est visible dont il est difficile d’identifier si elle
est composée des déblais inexploitables pour l’en-
trepreneur ou bien si elle est un morceau conservé
du tumulus sur lequel des déblais ont pu être dépo-
sés. D’autres éléments mégalithiques semblent
avoir été posés contre cette butte côté sud-ouest
et un autre passage se dessine à l’ouest de celle-ci.
Si elle n’est pas un tas de déblais elle ne peut être
également l’extrémité ouest du tumulus nord, mais
une zone non exploitable dont il faut faire le tour.
Deux autres buttes sont visibles, la première tout à
l’ouest sous un couvert végétal dont aucun cliché
ne permet de la définir comme tas de déblais ou
partie conservée du tumulus nord. La deuxième est
en arrière-plan de la table de couverture et de la
voie aménagée. Celle-ci se voit plus précisément
sur la vue depuis le nord. La butte se prolonge un
peu vers l’ouest, mais surtout elle est positionnée
en limite de parcelle. Sur ce même cliché, la mor-
phologie de la partie conservée est discernable.
Son extrémité est démarre avec une pente pour
monter à la hauteur de la coupe en limite de par-
celle. On peut estimer cette partie orientale longue
d’un peu moins de 30 m et haute d’environ 3 m de
haut. À l’ouest de la partie orientale, la zone pré-
sente de légers reliefs recouverts par endroit par
des buissons. P.-R. Giot mentionne la présence de
ces monticules dans la monographie (Giot 1987).
P.-R. Giot a aussi photographié la zone
autour de la table de couverture dans son état
après l’arrêt de l’extraction (fig.2). Le bloc était de
biais reposant sur un amas de blocs bousculés lors-
que la table a été poussée vers le sud. Sur les
images, au-dessus de celle-ci, environ un mètre
d’épaisseur du tumulus est conservé composé de
terre dans la partie supérieure et les pierres n’appa-
raissent qu’au contact avec le bloc. Au nord de ce
dernier l’implantation de la chambre est visible et
marquée par un jalon. Seul le « plancher » est en-
core en partie conservé, il n’y a ni trace de trous de
calage pour des blocs ou de base de parois en
pierre sèche. Toutefois, P.-R. Giot estime que la
chambre devait être entièrement en pierre sèche
car aucun élément mégalithique en dehors de la
table n’a été retrouvé aux abords. Il était impos-
sible de reconnaître la longueur et l’orientation du
couloir (Giot 1987). Sur ces clichés de détail, on
peut également observer deux buttes, la première
est celle à proximité de la table et la seconde est
celle en limite de parcelle au nord. Elles sont com-
posées selon P.-R. Giot par les parties du tumulus
détruites déplacées. Il est toutefois étonnant que
ces buttes ne contiennent que des déblais, car elles
sont sur l’emplacement du tumulus avant destruc-
tion. De plus, sur le cliché présentant en arrière-
plan la butte en limite de parcelle, on observe deux
niveaux. Ils semblent être séparés par un couvert
végétal qui pourrait être le sommet du tumulus
conservé sur environ 2 m de hauteur. Sur celui-ci
ont été déposés des déblais sur un mètre de hau-
teur environ. L’amas proche de la table de couver-
ture ne présente pas deux niveaux, mais de par sa
position, il est surprenant que les entrepreneurs
n’aient pas exploité cette partie qui présente
d’après les photos des blocs d’assez grandes di-
mensions. La découverte de la table ou d’autres
éléments mégalithiques présents dans la butte les
ont dissuadés d’attaquer cette zone.
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 86
Fig. 2 .- Haut : Indication des structures du tumulus nord sur les vues aériennes IGN de 1977 (Géoportail). Droite : photos des
différentes faces du tumulus nord . Gauche : images de la zone autour de la table de couverture en bas (Archives UMR6566-
Creaah)
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 87
Aucune des masses visibles sur ces pho-
tos n’a été fouillée ou sondée. Seul l’emplacement
de la chambre a été dégagé pour récolter le mobi-
lier qui restait. Le tumulus nord a donc conservé
cet état par la suite. Un nettoyage généralisé a eu
lieu peu avant mars 1969 pour le remembrement
parcellaire (fig.1). Cet état a été fixé par des clichés
pris lors d’un survol aérien et à basse altitude au-
tour du tumulus sud. Les prises de vue, centrali-
sées sur le tumulus sud, incluent parfois les restes
du tumulus nord qui sont encore en place. Le par-
cellaire divise en trois parties ceux-ci. À l’est se
trouve une structure en U qui ressemblait à la ruine
d’une ferme médiévale de trois bâtiments autour
d’une cour (Le Roux comm. pers.). Les pierres pour
la construction de celle-ci devaient provenir du
tumulus nord. Au centre, nous avons la partie in-
tacte qui semble avoir baissé un peu en hauteur au
niveau de la coupe. La dernière partie est compo-
sée de la table de couverture et de la butte à son
contact. Quelques reliefs sont également visibles
dans l’axe du tumulus et dans sa continuité à
l’ouest. L’état est similaire à celui de 1955 avec une
légère érosion. Seule la butte qui était en limite de
parcelle au nord semble avoir été arasée ou sa
hauteur très largement diminuée. Les éléments
mégalithiques n’ont pas bougé notamment ceux
qui reposent sur la butte centrale au sud-ouest. À
partir de 1977, toute cette zone n’est plus entrete-
nue et se couvre de buissons, ronces et arbres qui
ne nous permettent pas aujourd’hui de faire l’état
précisément du tumulus nord de Barnenez. Seuls
la table de couverture et ses abords sont acces-
sibles actuellement.
Pour avoir un relevé précis de celle-ci, elle
a été nettoyée son sommet n’étant plus recouvert
que par du lierre et quelques pierres (fig.3). Le sol
est plus haut que sur les photos d’archive, la visibi-
lité en dessous de la table est difficile, mais on
peut toujours voir que celle-ci repose sur un amas
de blocs qui continue pour former le début de la
butte visible au contact de la table sur les clichés
anciens. La table mesure trois mètres de côté dans
ses plus grandes dimensions avec une largeur al-
lant de 40 à moins de 10 cm. Le granite est à gros
grain provenant de Saint Samson à quatre kilo-
mètres de distance comme certains du tumulus
sud (Giot et al. 1995). Le bloc présente 6 grandes
faces, une première grande inférieure peu acces-
sible, une seconde supérieure de même taille et les
quatre autres forment les bords de la table. La
première et un des bords sont des faces d’arrache-
ment et les autres d’affleurement comme définies
par Dominique Sellier (Sellier 2013). Ce bloc est
donc de type 1 selon la typologie établie par Em-
manuel Mens avec toutefois une fracture verticale
(Mens 2008). Il s’agit du sommet d’un affleure-
ment qui a été détaché du rocher par une diaclase
horizontale et une cassure verticale. Des encoches
sont encore visibles sur les bords des faces d’arra-
chement. Le bloc ayant juste été poussé, sa posi-
tion actuelle devait être celle au-dessus de la
chambre. La face plane inférieure d’arrachement
était donc celle visible dans la chambre, laissant la
face d’affleurement plus courbe au contact avec la
masse du tumulus. Une numérisation 3D par pho-
togrammétrie a été réalisée des parties accessibles
de la table pour pouvoir découper des sections sur
celle-ci et avoir un volume précis . Le profil du
bloc est en biseau sur une de ses largeurs, le bloc
ne devait donc pas être posé horizontalement au-
dessus de la chambre, mais avec une légère rota-
tion pour conserver la planéité de la face infé-
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 88
Fig. 3.- Haut : relevé de la table de couverture du tumulus nord de Barnenez, typologie d’après Mens 2008. (Modèle 3D dis-
ponible sur le site : https://sketchfab.com/flocou) Bas : blocs de métadolérite autour de la table et pierres dressées du dolmen
J du tumulus sud de Barnenez.
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 89
rieure. L’autre largeur est moins visible, mais
semble avoir un profil rectangulaire plus régulier.
Une fissure est présente à l’opposé de la face
d’affleurement verticale. On ne peut dire si elle
résulte de l’érosion, de l’extraction néolithique, des
mouvements du tumulus après construction ou du
déplacement de table en 1954. Des marmites
d’érosion sont présentes sur la face supérieure pri-
vilégiant une extraction sur estran. Le volume don-
né par le modèle 3D est de 2,65 m3 donnant un
poids estimé de sept tonnes. Cette pierre a donc
été extraite à 4 kms de distance sur estran avec un
transport obligeant à emprunter une des pentes de
la colline de Barnenez. Autour de cette table des
blocs épars de métadolérite d’un peu moins d’un
mètre de long rappelant la morphologie d’orthos-
tates du tumulus sud sont présents. L’interpréta-
tion d’un dolmen exclusivement en pierre sèche est
peut être hâtive à la vue de ces blocs qui pourraient
être des pierres dressées plaquées contre les parois
dans le même principe que les orthostates des dol-
mens I et J du tumulus sud (fig. 3).
Le tumulus nord reste en grande partie
inconnu sans de nouveaux travaux. Grâce aux élé-
ments d’archive, certaines données peuvent être
appréhendées. Un plan des différentes structures
autour liées au tumulus nord a pu être réalisé avec
les photos aériennes et permettent de discuter des
dimensions avant sa destruction sous la forme
d’une butte. La structure en U pourrait être les
restes d’une occupation médiévale du site. Les
autres sont à rattacher au tumulus nord et à sa des-
truction. La partie conservée mesure environ 30 m
sur 15 m pour 2 à 3 m de haut. Les limites de la par-
tie occidentale sont par contre mal définies. La
butte tout à l’ouest semble être assez ancienne. On
ne peut dire s’il s’agit de l’extrémité ouest du tu-
mulus qui l’amènerait à une longueur de 70 m ou
un déblai de fouille ancienne ou d’exploitation de la
pierre. Par contre, le tumulus devait être allongé
jusqu’au niveau de la table de couverture et de la
butte à proximité donnant une longueur d’environ
50 m au tumulus. Sa largeur dans cette partie occi-
dentale ne peut pas être estimée. Seule un dolmen
a pu être observé, malheureusement son état ne
permet pas de savoir avec certitude si la chambre
était circulaire et s’il possédait un couloir. La table
de couverture étant toujours accessible, son étude
a montré qu’elle était le sommet d’un affleurement
sur estran d’un gisement utilisé également pour le
tumulus sud. Sa disposition actuelle doit être celle
d’origine privilégiant la face plane d’arrachement
dans la chambre. La présence de blocs en métado-
lérite proche de ceux retrouvés comme pierres
dressés dans certains dolmens du tumulus sud per-
met de discuter de la construction exclusivement
en pierre sèche proposée par P.-R. Giot. Les longs
tumulus étant le fruit d’une évolution architectu-
rale complexe, on peut supposer que cela est éga-
lement le cas pour le tumulus nord. Le dolmen re-
trouvé pourrait donc ne pas associé à la phase de
construction du long tumulus . D’autres dolmens
pourraient être encore conservés dans la partie
intacte du tumulus notamment si l’on compare au
tumulus sud qui possède 11 dolmens. La nécropole
de Barnenez a donc dû prendre de multiples
formes sur une longue durée montrant que l’em-
placement joue un rôle primordiale dans la com-
préhension de cet ensemble.
Les deux longs tumulus sont actuellement
les uniques édifices néolithiques présents sur la
presqu’île mais des indices d’autres édifices exis-
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 90
tent. Au nord-ouest, une chambre ruinée est indi-
quée avec le terme dolmen sur une carte réalisée
par Louis Le Guennec au début du XXe siècle et
publiée dans un recueil de ses manuscrits en 1979
(fig.1, Le Guennec 1979). Cette chambre ruinée
n’est pas attestée, de grands aménagements de la
Seconde Guerre mondiale ont eu lieu au même
emplacement. La construction de casemates et
des changements de topographie ont pu détruire
ces vestiges. À côté de Kernéléhen, la petite colline
située dans l’isthme de la presqu’île devait être
également occupée. Lors de la construction d’une
maison sur cette colline dans les années 1970 des
dalles pouvant provenir d’un édifice mégalithique
(dolmen ou menhir) ont été retrouvées (Giot 1987).
Ces dalles sont perceptibles par des taches
blanches sur les vues aériennes. Certains édifices
ont pu être également détruits au Néolithique
même. C’est le cas de façon certaine pour un bloc
mégalithique présent dans le tumulus sud. Il s’agit
de la première table de couverture du dolmen J.
Elle porte une gravure en écusson dont le dessin
est sur sa face donnant dans le couloir, mais n’est
pas adapté à celui-ci étant notamment perpendicu-
laire à la longueur du couloir (Giot 1987). Ce bloc
serait un remploi sûrement d’une pierre dressée
qui devait se trouver proche de la paire de tumulus,
car elle est du même granite que la plupart des
blocs granitiques du tumulus sud. Cette pierre
dressée était donc un édifice indépendant durant
une phase de l’évolution architecturale de l’en-
semble et un doute subsiste pour les blocs présents
dans la façade occidentale du tumulus sud qui
pourrait être un remploi d’orthostates d’un dolmen
(Laporte et Cousseau, à paraître). L’occupation de
la presqu’île ne devait donc pas être exclusivement
réservée au groupe des longs tumulus. Des édifices
devaient être implantés sur les autres hauteurs
mais dont le fonctionnement n’est pas obligatoire-
ment associé à celui des longs tumulus. L’implan-
tation de ces derniers et ses raisons peuvent égale-
ment être appréhendées grâce à la visibilité qui
leur est accordée.
3.LIEU D’IMPLANTATION DES TUMULUS
Une étude sur la visibilité depuis et vers
les longs tumulus de Barnenez été menée par
Pierre Gouletquer (Gouletquer 1991, 1993). Etant
situés sur la pente sud de la colline, ils sont donc
seulement visibles depuis toute la partie sud de la
baie (fig.4). Il indique que dans cette zone pourrait
être située la communauté qui a commandé l’édi-
fice. À l’inverse, depuis le monument lors des jours
de grande visibilité on peut apercevoir les monts
d’Arrée située à plus de 25 km au sud qui sont en-
core un marqueur dans le paysage. Dans le prolon-
gement de cette ligne de crête au nord-est, un en-
semble de menhirs est présent dont leur fonction
pourrait être d’imiter les sommets rocheux
(Gouletquer 1991). L’espace entre les monts d’Ar-
rée et la baie de Morlaix correspond au bassin ver-
sant des rivières donnant dans la baie. Ce territoire
aurait pour limite orientale un ensemble de men-
hirs près de Lanmeur et pour occidentale, la rive
gauche de la baie. Selon Pierre Gouletquer, cette
zone serait un territoire d’échange associé aux
longs tumulus de Barnenez selon la définition de
Leroi-Gourhan « Organisation spatiale des groupes
agricoles. Chaque groupe est fixé, au moins relati-
vement, dans son territoire et entretient avec les
groupes voisins des échanges qui peuvent at-
teindre l’alliance matrimoniale ou se restreindre
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 91
aux échanges matériels. » (Leroi-Gourhan 1964 ;
Gouletquer 1991). Pierre Gouletquer nuance tou-
tefois son propos en indiquant que les données
chronologiques sont trop peu nombreuses pour
assurer que tous les monuments sont de la même
période et fonctionne de concert. Pour préciser,
cette étude une modélisation a été réalisée de la
visibilité accordée au sommet du tumulus nord
actuellement. Le site www.heywhatsthat.com
permet de calculer toutes les zones visibles depuis
un point qu’on lui indique. Les données utilisées
sont celles générées par la February 2000 Space
Shuttle mission de la NASA qui sont accessibles à
tous avec une précision de 100 m. Le produit est
une carte avec un aplat rouge qui indique le terri-
toire visible depuis le point qu’on lui a fourni et
applicable sur les vues aériennes de Google (fig.4).
Elles ne prennent pas en compte le couvert fores-
tier qui pourrait restreindre la visibilité. À grande
échelle, l’aplat nous montre quelle zone est visible
depuis le sommet du tumulus nord, la distance
étant trop importante pour le sens inverse. La li-
mite sud pour tous les points est comme indiqué
par Pierre Gouletquer la ligne de crête des monts
d’Arrée qui marque donc l’horizon pour la vue vers
le sud depuis les tumulus de Barnenez. Pour la vue
vers le nord, celle-ci est très rapidement bloquée
par la colline, les édifices étant installés sur la
pente sud de celle-ci. La visibilité s’ouvre seule-
ment sur le nord-ouest de la baie. À l’échelle de la
partie basse de la baie, l’aplat rouge indique les
zones visibles depuis le monument, mais le sens
inverse également. La visibilité est principalement
orientée sur la partie basse de la baie de Morlaix, la
vallée formée par le Corniou, les points hauts le
long de ces deux et ceux qui sont de l’autre côté de
l’isthme en face de la colline. Les couloirs du tumu-
lus sud sont orientés sud/sud-est donc vers l’anse
de Térénez et la rivière le Corniou. Seule l’anse de
Térénez n’est pas visible pour le tumulus nord, car
ce dernier est occulté par tumulus sud mais sous la
forme de long tumulus. Soit cette occultation est
volontaire soit elle n’est peut-être que la résul-
tante de l’évolution architecturale vers des longs
tumulus. Toutefois l’architecture du tumulus sud a
été ajustée pour assurer le maximum de visibilité.
Un cliché présente la centaine de mètres qui sépa-
rent les deux tumulus en 1955-56. La hauteur con-
servée proche de celle d’origine du tumulus sud
s’arrête au niveau de la base de l’édifice nord. Le
sommet a donc été adapté pour qu’il ne vienne pas
dépasser une horizontale au niveau du pied de la
face sud du tumulus nord. Cela peut engendrer un
effet de perspective pour une personne venant de
l’autre côté de l’isthme à la même hauteur environ.
Elle verrait les deux tumulus se superposer en hau-
teur. Le paysage actuel autour de la presqu’île est
la baie de Morlaix avec un paysage qui évolue
énormément en fonction des marées. La carte
littorale SHOM (fig.4) montre bien la zone exon-
dée à grande marée basse par le coloré vert foncé
(SHOM 2014). Seule la rivière de Morlaix au centre
de la baie reste continuellement en eau. Les tra-
vaux récents de Pierre Stéphan, ont établi le ni-
veau marin au Néolithique aux environs de – cinq
mètres en dessous de l’actuel correspondant à une
altitude de -9, 75 m NGF (Stéphan et al. 2009 ;
Stéphan 2011). La ligne correspondant à ce niveau
sur la carte littorale SHOM est à 3 km au nord de la
presqu’île. Au Néolithique, la colline de Barnenez
surplombait donc une large vallée et notamment
une bande de terre de 2 km de largeur délimitées
par deux rivières maritimes qui sont celle de Mor-
laix à l’ouest et le Corniou à l’est. Elles devaient
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 92
être des éléments marquants dans le paysage avec
un effet de marnage et difficilement franchissables
notamment au niveau du littoral de par leur lar-
geur. Le paysage autour du monument était donc
principalement terrestre. La zone de visibilité sur la
baie depuis et vers le tumulus nord reste sur les
zones exondées au Néolithique. Le caractère mari-
time de l’implantation actuelle n’est donc pas vrai
pour le Néolithique.
Les études de visibilité ne permettent pas
de définir un territoire associé au monument mais
une relation particulière avec le paysage (López-
Romero González de la Aleja 2008 ; Laporte et al.
2014). Ici l’implantation du groupe de Barnenez a
été choisi pour orienter les édifices vers les terres
avec comme point de fuite vers le sud : les monts
d’Arrées. Les tumulus de Barnenez alors qu’ils sont
à 3 kms de la mer au Néolithique sont clairement
terrestres. Cela contraste avec l’étude spatiale me-
née sur la région de Lorient dans le Morbihan où
tous les monuments sur une bande littorale sont
tournés vers la mer (López-Romero González de la
Aleja 2008). Pour Barnenez, la ligne de crête des
monts d’Arrées ne peut être une limite d’un terri-
toire mais comme Pierre Gouletquer le propose,
d’une zone où la communauté ou les communau-
tés utilisant la nécropole jouent un rôle. Dans la
zone où le tumulus est visible se situe l’objet qui
doit être impacté par ces architectures. L’habitat
de la ou les communautés en lien avec l’édifice
peut se retrouver dans cette aire ou bien le chemi-
nement d’accès qui pourrait être proche de l’ac-
tuel. Depuis les hauteurs au sud Les édifices sont
perpendiculaires à celui-ci développant l’idée de
barrière visuelle. Le jeu de perspective entre les
deux longs tumulus avec l’adaptation du sommet
du tumulus sud donnant une superposition des
deux volumes pourrait être un argument supplé-
mentaire. Une autre possibilité est d’impacter des
voies de communication. La zone de visibilité con-
cerne particulièrement les parties sud de la baie de
Morlaix et l’anse de Térénez avec la vallée du Cor-
niou. Ces deux zones étaient exondées au Néoli-
thique formant deux vallées traversées par des
rivières. Celle de Morlaix de par sa largeur devait
être une voie maritime très empruntée. La possibi-
lité de navigation sur le Corniou est au contraire
peu probable. N’importe quelle personne navi-
gante au niveau de l’embouchure de la rivière de
Morlaix voyait les deux tumulus comme c’est éga-
lement le cas actuellement. Par voie terrestre, ces
deux rivières devaient être de vrais obstacles. Les
franchissements possibles pour la rivière de Mor-
laix devaient être dans les terres et pour le Corniou
également, mais à moindre mesure. Pour ce der-
nier, le tombolo présent dans l’anse de Térénez
était l’un des principaux points de passage à marée
basse jusqu’aux années 1960 (Le Gall comm. pers.).
Un cheminement sur le littoral au Néolithique de-
puis l’est remonterait donc haut dans les terres
pour traverser les deux rivières particulièrement
celle de Morlaix obligeant aux utilisateurs à passer
au pied des tumulus de Barnenez et de grimper la
pente en face du tumulus. N’importe quelle per-
sonne empruntant ce chemin serait donc impactée
pour les deux architectures. Le choix de l’objet à
impacter a pu très bien évoluer en même temps
que l’architecture. La zone de visibilité d’un long
tumulus que l’on se trouve à son pied ou sommet
offre une visibilité différente qu’un cairn circulaire
d’une dizaine de mètres de diamètre. C’est pour
cela que la compréhension des évolutions architec-
turales qui ont conduit à un long tumulus est im-
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 93
portante. Si comme à Barnenez les longs tumulus
sont par deux ou plus, le phasage architecturale
doit être appréhendé pour chacun. Seulement
dans ce cas, les relations de visibilité, les orienta-
tions des couloirs, les jeux de perspective entre les
monuments pour chaque phase pourront per-
mettre de mieux voir quel impact vise l’édifice.
Seule l’implantation reste la même lui offrant un
cadre.
Fig. 4 .- Gauche haut : la presqu’île de Barnenez dans son contexte élargi d’après Gouletquer, 1991. Gauche bas : Carte littorale
SHOM de la baie de Morlaix avec indication du niveau marin néolithique proposé en rouge (SHOM, 2014). Droite : Cartes de
visibilité depuis et vers le tumulus nord de Barnenez d’après le site www.heywhatsthat.com. Bas : photo de la pente entre les
deux tumulus en 1955-1956 (Archives UMR6566-Creaah).
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 94
L’étude du long tumulus nord de Barnenez
doit donc se poursuivre par une acquisition nou-
velle de données. Si celui-ci est proche du tumulus
sud alors il est le fruit de nombreux aménagements
architecturaux recouvrant un millénaire laissant
envisager de nombreuses morphologies et rela-
tions pour les édifices de la nécropole de Barnenez
(Giot 1987 ; Giot et al. 1994).
Remerciements
La tenue de ces recherches a été assurée
grâce aux financements de la Région Bretagne, de
la communauté d’agglomération de Morlaix, du
Conseil Général du Finistère, du Centre de Monu-
ments Nationaux, du Ministère de la Culture et de
l’UMR 6566 que l’on tient à remercier. La direction
du programme Barnenez est assurée par Luc La-
porte, directeur de recherches au CNRS avec la
collaboration de Primitiva Bueno Ramirez et Rodri-
go de Balbín Behrmann dans le cadre du projet
HAR2012.37019 : Los colores de la Muerte. Cette
coopération internationale a apporté une vraie
émulation autour du groupe de Barnenez. Pour
finir, ma gratitude revient à François Le Gall pour
son accueil et son aide précieuse sur le terrain.
BIBLIOGRAPHIE
Cousseau F. thèse en cours: Les tumulus néoli
thiques à chambre en encorbellement dans
l’ouest de la France : études du bâti, Université
de Rennes 1
Giot P.-R. 1987: Barnenez, Carn, Guennoc, Travaux
du laboratoire « Anthropologie-Préhistoire-
Protohistoire-Quaternaire Armoricains »,
Rennes
Giot P.-R., Chauris L., Morzadec H. 1995: L’apport
de la pétrographie à l’archéologie préhistorique
sur l’exemple du cairn de Barnenez en Ploue-
zoc’h (Finistère). Revue archéologique de l’ouest,
12, 1: 171-176.
Giot P.-R., Marguerie D., Morzadec H. 1994: About
the age ot the oldest passage-graves in western
Brittany. Antiquity, 68: 624-626.
Gouletquer P. 1991: Barnenez-Ar-Zant et ses sym-
boles. La Bretagne linguistique, 7: 103-134.
Gouletquer P. 1993: Essai de synthèse. Penn Ar
Bed, 148/149: 83-92.
Le Guennec L. 1979: Le Finistère monumental Tome
I Morlaix et sa région, Les Amis De Louis Le
Guennec, Quimper
IGN 2007: Morlaix Plestin-les-Grèves - Carantec,
carte topographique 1:25 000
Joussaume R. 1997 : Les longs tumulus du Centre-
Ouest de la France, dans O Neolitico atlantico e
as orixes do megalitismo, Colloque de Saint-
Jacques-de- Compostelle, avril 1996 : 279-297.
Joussaume R. 2003 : Du réaménagement des mo-
numents funéraires néolithiques dans le Centre
-Ouest de la France, Revue archéologique de
Picardie. Numéro spécial, 21, 1 : 157-171.
Joussaume R., Laporte L., Scarre C. 1998 : Longs
tumulus néolithiques et organisation de l’es-
pace dans l’Ouest de la France, in Organisation
néolithique de l’espace en Europe du Nord-ouest.
Actes du 23ème Colloque interrégional sur le
Néolithique (Bruxelles, 24-26 octobre 1997), An-
thropologie et société, Bruxelles, Société royale
belge d’Anthropologie et de Préhistoire: 259-
276.
Laporte L. 2010a: Innate and/or expressed identi-
ties: Their conceptualization through monu-
mentality, funerary practices and grave goods?
Some examples from the megalithic tradition
of western France., Journal of Neolithic Archae-
ology, 0, 0. Consultable à http://www.jna.uni-
kiel.de/index.php/jna/article/view/34.
Laporte L. 2010b : Restauración, reconstrucción y
apropiación : evolución de las arquitecturas
megalíticas en el oeste de Francia, entre pasado
y presente. Restauration, reconstruction, ap-
ARPI. Arqueología y Prehistoria del Interior peninsular 03– 2015 95
propriation ; évolution des architectures méga-
lithiques dans l’Ouest de la France, entre passé
et présent., in Actas del Congreso Internacional
sobre Megalitismo y otras manifestaciones fune-
rarias contemporáneas en su contexto social,
económico y cultural, Munibe : 15-46.
Laporte L., Cousseau F. à paraître: Files de men-
hirs, Dolmens et parois construites en pierre
sèche : l’exemple de la façade occidentale du
monument de Barnenez en Plouézoc’h, in Ses-
sion B27 Uispp: Megalithic Biographies: Cycles
Of Use And Closure,
Laporte L., Joussaume R., Scarre C. 2002/ Le tu-
mulus C de Péré à Prissé-la-Charrière (Deux-
Sèvres), Gallia préhistoire, 44, 1 : 167-214.
Laporte L., López-Romero E., Bernard R. 2014: Les
tumulus allongés du Centre-Ouest de la
France : nécropoles, espaces, paysages, Préhis-
toires Méditerranéennes, Actes de colloque :
Fonctions, utilisations et représentations de
l’espace dans les sépultures monumentales du
Néolithique européen. Consultable à http://
pm.revues.org/1016 [Accédé le 17 mars 2015].
Le Goffic M. 2006 : La nécropole mégalithique du
Souc’h en Plouhinec., in Journée « civilisations
atlantiques et archéosciences »: 24-25.
Le Guennec L. 1979 : Le Finistère monumental
Tome I Morlaix et sa région, Les Amis De Louis
Le Guennec, Quimper
Leroi-Gourhan A. 1964: Le Geste et la Parole, tome
1: Technique et Langage, Albin Michel, Paris
Le Roux C.-T. 2006: Monuments mégalithiques à
Locmariaquer, Morbihan: le long tumulus d’Er
Grah dans son environnement. vol. supplément
XXXVIII Gallia Préhistoire, CNRS, Paris
López-Romero González De La Aleja E. 2008: Mo-
numents néolithiques de la région de Lorient
(Morbihan, Bretagne) : à propos des modes
d’organisation des territoires. L’Anthropologie,
112, 4–5: 572-597.
Mens E. 2008: Refitting megaliths in western
France. Antiquity, 82, 315: 25–36.
Mohen J.-P., Scarre C. 2002: Les tumulus de Bou-
gon, Deux-Sèvres: complexe mégalithique du Ve
au IIIe millénaire, Errance, Paris
Scarre C., Laporte L., Joussaume R. 2003: Long
Mounds and Megalithic Origins in Western
France: Recent Excavations at Prissé-la-
Charrière., Proceedings of the Prehistoric Socie-
ty, 69: 235–251.
Sellier D. 2013: L’analyse géomoprhologique des
mégalithes granitiques : principes méthodolo-
giques et applications. Dans J.-N. Guyodo et E.
Mens dir: Les premières architectures en pierre
en Europe occidentale: du Ve au IIe millénaire
avant J.-C. : actes du colloque international de
Nantes, Musée Thomas Dobrée, 2-4 octobre
2008, Presses universitaires de Rennes, Rennes
SHOM 2014: Baie de Morlaix - De l’île de Batz à la
Pointe de Primel, carte littorale 1:20 000, 7095L
Stéphan P. 2011: Colmatage sédimentaire des ma-
rais maritimes et variations relatives du niveau
marin au cours des 6 000 dernières années en
rade de Brest (finistère). Norois. Environne-
ment, aménagement, société, 220: 9-37.
Stéphan P., Suanez S., Fichaut B. 2009: Variations
holocènes du niveau marin en Bretagne Occi-
dentale. Dans Pailler et Sparfel: Les mégalithes
de l’arrondissement de Brest.:10-11.