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1 INTEGRATION DE LA FEMME ALGERIENNE DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT NOTE DE SYNTHESE 14 JUIN 2002 Imane HAYEF 39336 Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized Public Disclosure Authorized

INTEGRATION DE LA FEMME ALGERIENNE DANS … · Pou caricaturer, ceci conduit à la situation extrême suivante : une femme algérienne peut jouir de droits égaux à ceux des hommes

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INTEGRATION DE LA FEMME ALGERIENNE

DANS

LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT

NOTE DE SYNTHESE 14 JUIN 2002 Imane HAYEF

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1. APERÇU GENERAL DU CONTEXTE LEGISLATIF A l’instar de plusieurs pays de la région arabe, les discriminations à l’égard des femmes dans le dispositif des lois, en Algérie, ne sont clairement énoncées que dans la loi régissant les relations familiales (le code de la famille). Dans le reste du dispositif, le principe de non-discrimination et même d’égalité y est consacré. Pou caricaturer, ceci conduit à la situation extrême suivante : une femme algérienne peut jouir de droits égaux à ceux des hommes dans la vie publique ( participation politique, travail, santé, éducation) mais ne peut jouir de cette égalité devant la loi dans son couple ou dans sa famille. Ce qui a pour conséquence de réduire ou de compromettre la jouissance effective de tous ses droits dans la sphère publique. Nous allons dans ce qui suit donner un aperçu suc ceint sur le dispositif des lois qui touchent aux principaux domaines ayant un impact direct sur l’amélioration du statut et de la condition des femmes algériennes. Le passage d’un système monolithique et à économie centralisée à un système pluraliste et libéral va quelque peu modifié la conception des droits des citoyens ( en 1989 un référendum consacre ce passage).La notion de droits collectifs cède peu à peu la place à celle de droits individuels (N.Ait-Zai, 1999). La Constitution de 1996 le montre bien, notamment à travers ses articles relatifs aux droits politiques, à la liberté d’expression, d’association etc. Le principe d’égalité entre sexes y est reconduit dans son article 29. Et l’Islam demeure religion d’Etat. En 1996, l’Algérie ratifie la convention sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes, mais avec des réserves qui réduisent la portée de cette ratification. Les droits politiques Le droit de voter et d’être élue est garanti à la femme par la constitution et le Code électoral dans les mêmes conditions que l’homme. Toutefois, le droit de vote jusqu’en 1991 pouvait être délégué à l’époux ou à tout homme de la famille qui pouvait en toute quiétude voter pour la ou les femmes de sa famille, en présentant simplement leur carte d’électrice (ou leur seule carte d’identité) . Cette délégation d’un droit individuel n’allait plus être autorisée. Elle sera abrogée par un arrêt du 28 octobre 1991 par le Conseil Constitutionnel. Les femmes devaient désormais exercer individuellement leur droit de vote, ou établir une procuration en bonne et dû forme auprès de l’institution désignée. La Constitution de 96 dans ses articles et 31 et 32 consacrent et garantissent les droits et libertés individuelles et collectives ( liberté d’expression, d’association, de réunion de culte etc..) Des mécanismes de protection de ces droits ont été mis en place. Seul le Conseil National de la femme, crée en 1998 demeure non opérationnel. L’article 29, consacre, lui l’égalité des citoyens devant la loi. Les droits économiques et sociaux Concernant le droit au travail, l’article 55 de la Constitution consacre à tous les citoyens le droit au travail. La législation algérienne du travail consacre une égalité de traitement et de rémunération entre une femme et un homme qui travaille. Ainsi, la loi 90-11 du 21 avril 1990 (toujours en vigueur), dans ses articles 6 et 17 et 84 : Les travailleurs ont droit « au respect de leur intégrité physique et morale et de leur dig,nité » et « à une protection contre toute

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discrimination pour occuper un poste autre que celle fondée sur leur aptitude et leur mérite ». Article 17 « toute disposition prévue au titre d’une convention ou d’un accord collectif ou d’un contrat de travail de nature à asseoir une discrimination quelconque entre travailleurs en matière d’emploi, de rémunération ou de condition de travail, fondée sur l’âge, le sexe, la situation sociale ou matrimoniale, les liens familiaux, les convictions politiques, l’affiliation ou non à un syndicat, est nulle et de nul effet ». Article 84 : « Tout employeur est tenu d’assurer pour un travail de valeur égale l’égalité de rémunération entre les travailleurs sans aucune discrimination ». Par ailleurs, la loi assure également une bonne protection sociale des femmes travailleuses (congés de maternité, droit à des heures d’allaitement, interdiction faite aux employeurs d’employer les femmes à des travaux pénibles ou insalubres, régimes de retraite avantageuse etc.…). Concernant le droit à l’éducation, l’article 53 de la Constitution garantit un égal accès des deux sexes à l’enseignement gratuit et obligatoire jusqu’à l’âge de 14 ans. Les droits civils Le droit civil et le droit pénal ne contiennent aucune disposition légale que l’on puisse soupçonner de discriminatoire à l’égard des femmes. La femme jouit comme l’homme d’une capacité juridique entière. Le code de la famille est le seul texte de loi qui, en Algérie, relève du droit musulman. Par ailleurs, il est le seul texte qui ne soit pas conforme à l’article 29 de la Constitution qui consacre l’égalité des citoyens devant la loi. L’ensemble de ce texte consacre l’inégalité et la discrimination et de façon tranchée dans les chapitres relatifs au mariage (et ses conditions) et au divorce. La femme ne peut se marier seule et pour ce faire, elle a besoin d’un tuteur matrimonial (article 11 du code de la famille). Le devoir d’obéissance à son époux et à sa belle-famille est consacré par l’article 39. L’homme possède un droit de divorce unilatéral (article 48). L’épouse ne peut divorcer que dans des cas restreints ou racheter sa liberté. Une femme divorcée, même si elle a la garde de ses enfants ne peut exercer la tutelle de ses enfants qui est dévolue au père (article 87). La polygamie demeure permise (article 8) etc.…. Sous des prétextes religieux, de conservatisme et de volonté de maintien de la domination masculine, la politique officielle de l’Etat (depuis l’indépendance) n’a jamais voulu mener une politique ouvertement émancipatrice à l’égard de la femme. Dans une situation extrême, illustrée par les viols massifs de femmes par des terroristes dans les années 1990, la loi (décrets du 10/04/1994 publiés en février 1997) qui organisait l’indemnisation des « victimes du terrorisme » ne prévoyait rien de spécifique pour ces femmes violées, alors qu’elles étaient utilisées au plan médiatique à des fins politiques par le pouvoir. Cette position a hypothéqué de larges progrès qu’aurait pu réaliser la société algérienne au plan de son épanouissement humain, en particulier celui de la femme. Elle a aussi freiné des progrès économiques au plan de la participation de la femme à la vie active. Les changements au plan culturel qui se sont produits, sont surtout le long produit de facteurs économiques (en l’occurrence le développement de l’éducation, de la santé …) et des retombées du développement de la communication et des échanges à l’échelle internationale.

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2. LES FEMMES ET L’EDUCATION 2.1 Données générales Les efforts déployés par l’Etat depuis l’indépendance dans le secteur de l’éducation ont été importants et se sont traduits par des résultats relativement satisfaisants au regard du rythme élevé d’accroissement démographique que la population algérienne a connu au cours des décennies 1960, 1970 et 1980 et de la situation de départ, en termes de niveau de scolarisation de la population et surtout des femmes à l’indépendance. Ainsi, la part des dépenses globales affectées à ce secteur s’élève à 4,6% du PIB en 1974, passant à 9,9% du PIB en 1990. Elle baissera sensiblement au milieu des années 90 (7,5% du PIB en 1994) avec une part de 5,4% en 2000. La part des dépenses d’équipement et de fonctionnement (y compris les dépenses relatives aux bourses, présalaires et subventions aux cantines scolaires) de ce secteur dans le budget de l’Etat atteint le pic de 24% en 1971, passant à 22,6 en 1994 et à 19,8 en 2000. Cet effort doit être mesuré également à la contrainte démographique qui accroissent fortement chaque année les effectifs d’élèves à scolariser. Rappelons que le taux d’accroissement démographique a dépassé 3% au cours de la décennie 60 et 70. Les effectifs des enfants scolarisés en 1ère année du primaire était de 143 446 en 1963/1964, ils passeront à 726 553 en 1988/89 et à 817 895 en 1999/2000 (rétrospective statistique 1962-2000, ministère de l’éducation nationale). Les résultats de ces efforts se sont traduits donc par un accroissement progressif du taux de scolarisation des enfants. Dans l’ensemble, et pour les enfants de 6 à 15 ans, ce taux est passé de 80,5% en 1987/88 à 90% en 1999/2000. Il était de 32% en 1965/66 (pour les enfants de 6 à 13 ans.) Toutefois, cette forte amélioration résiste encore à un écart – relativement peu important au regard des contraintes et de la situation de la scolarisation des filles à l’indépendance- entre le milieu rural et urbain. Selon le dernier recensement (1998), le taux de scolarisation des filles de 6 à 14 ans dans l’aggloméré chef lieu était de 87,4% contre 60,5% en zone éparse et de 81% dans l’aggloméré secondaire. Les écarts liés à l’appartenance sociale seraient de plus en plus apparents. Dans le cycle secondaire et supérieur, la part des enfants et en l’occurrence celles des filles appartenant aux catégories sociales les plus élevées (cadres supérieurs, indépendants) augmenterait au détriment de celle de catégories sociales moins élevées ( ouvriers, agriculteurs, inactifs…). Mais il faudra quand même souligner que la part des enfants de la CSP « employés » occupe une bonne place. 2.2 La population féminine et l’accès à l’éducation De façon générale, au sein des générations post- indépendance, filles et garçons ont été scolarisées environ au même rythme, mais avec cependant quelques disparités entre le milieu rural et urbain, notamment dans les zones enclavées pauvres où les écoles se trouvent éloignées des lieux d’habitation. A la fin de la décennie 1990, on atteint quand même, au niveau national, un taux de scolarisation des filles de 87% (1999/2000). Elles deviendront progressivement presque aussi nombreuses, sinon plus, que les garçons dans le cycle secondaire (enseignement général- lycée) et dans le cycle du supérieur en raison de leur

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meilleur taux de réussite dans les études et d’un taux de redoublement et d’abandon scolaire moins élevé que chez les garçons (29% de taux d’abandon scolaire pour les filles à la fin de la terminale, par exemple, contre 34% pour les garçons pour l’année 1998/1999). Ainsi, le taux de scolarisation des filles de 6 à 15 ans passe de 71% en 1987/88 à 87% en 1999/2000. Il était de 32% en 1965/1966 (pour les filles de 6 à 13 ans). Par ailleurs, dans l’enseignement secondaire général et technologique, la part des filles (en 1999/2000) atteint 61%. Mais, elles ne représentent encore qu’un tiers dans l’enseignement secondaire technique (mécanique, électronique, BTP, chimie, comptabilité … Ministère de l’éducation, données statistiques, 1999/2000.) Y compris dans le secteur de la formation professionnelle, les filles constituent la moitié (52%) des effectifs de ses établissements. Enfin, à l’université, sur le total des étudiants inscrits pour l’année 2000/2001, les filles représentent une part de 53%. (B.Ben Moussa, 2002.) Au niveau de l’effectif de diplômés par an de l’enseignement supérieur (relevant des universités et instituts du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique/ MESRS,) la part des diplômés de sexe féminin représente (toutes filières confondues) 55,5% du total des diplômés, soit 29 318 femmes diplômées du supérieur. (2001.) L’analphabétisme, malgré sa baisse progressive n’épargne pas les femmes appartenant surtout à la tranche d’âge 40 ans et plus. Selon le dernier recensement, le taux d’analphabétisme des femmes (de 10 ans et plus) était de 40,3% (23,6% pour les hommes), soit 4 492 491 personnes de sexe féminin contre 2 679 800 pour la population de sexe féminin. Ce taux était pour les femmes de près de 57% en 1987. En effet, plus les femmes sont âgées et plus la fréquence de l’analphabétisme demeure élevé et une proportion relativement importante de cette population est encore en âge de procréer. Les données de l’enquête « degré d’adhésion aux valeurs égalitaires dans la population algérienne adulte-18 ans et plus » du Collectif 95 Maghreb -Egalité montrent le taux d’analphabétisme des femmes de 18 ans était de 47% et il grimpe très fortement quand on s’intéresse aux parents de ces enquêtés, mais il baisse aussi en fonction de l’âge. Ainsi, par exemple, le taux d’analphabétisme des mères des enquêtés de moins de 20 ans (entre 18 et 19 ans) se situait autour de 58%, alors qu’il atteint rapidement 97% pour les mères de ceux âgés entre 45-49 ans. Le nombre important de femmes adultes concernées par ce phénomène est d’autant plus préoccupant qu’une bonne partie sont des femmes encore en âge de procréer et que ces femmes adultes constituent une partie importante du corps électoral, soit un peu plus du 1/5 et 47% du corps électoral féminin. Ce dernier élément n’est pas sans importance au regard des plus grands handicaps dont sont plus souvent victimes ce type de femmes lors de consultations électorales. Une enquête menée en 1994 sur « le droit de vote des femmes algériennes et leur choix politique » par I.Hayef, indique qu’une partie non négligeable de femmes avouaient avoir voté « au hasard » (choisissant au hasard un bulletin parmi d’autres) et ces femmes étaient toutes analphabètes. Par ailleurs, 73% des femmes analphabètes ignoraient l’objet même de l’élection pour laquelle elles avaient voté (il s’agissait alors d’élections législatives). Sans compter que c’était parmi les femmes analphabètes votantes, que l’on retrouvait le plus fréquemment des subterfuges pour leur imposer/proposer un choix électoral tierce de l’époux/ frère/ fils (dessin sur la main du logo du parti etc..). Il est clair que l’efficacité et la crédibilité d’un système de représentation démocratique par le recours au scrutin populaire s’accommodent difficilement d’un électorat analphabète.

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Notamment lorsque celui ci est jeune et subit encore des logiques de fonctionnement marquées par le système monolithique auquel il vient de succéder et celles de la domination des femmes entérinée par la loi (non seulement celle du statut personnel, mais aussi de la loi électorale qui jusqu’à 1991 autorisait le vote de l’époux, père, frère en lieu et place de l’épouse/fille/sœur ). 2.3 Les disparités Les disparités entre sexes en termes d’accès à l’éducation, si elles sont relativement faibles au niveau national (5 points d’écart au dernier recensement de la population de 1998) et en retenant comme seul indicateur le taux de scolarisation des enfants de 6 à 15 ans, elles se creusent quand on s’éloigne du milieu urbain (14 points d’écart entre zone urbaine et zone éparse selon la même source). Par ailleurs, si ces disparités entre sexes n’étaient pas criantes selon l’appartenance sociale (mesurée à travers la CSP du chef de ménage)- toujours au regard de ce même indicateur – elles tendraient à s’accroître au cours de cette dernière décennie sous l’effet de la baisse générale du pouvoir d’achat et du rétrécissement de l’offre de travail. Ce qui a fait dire à de nombreux observateurs que l’émergence du phénomène de pauvreté aurait eu des incidences sur la scolarisation des enfants en raison de son coût peu supportable pour les ménages les plus vulnérables (plus fréquents en zone rurale). Les petites filles en seraient les premières victimes. Selon le dernier recensement (1998) - le taux de scolarisation des filles âgées entre 6 et 14 ans est de 80,7% contre 85,3% pour

les garçons ; - dans la zone éparse ce taux est de 60,5% pour les filles contre 74, 3% pour les garçons.

Dans les agglomérations secondaires, de 81% contre 86,5% et dans les agglomérations chef lieu, il n’existe pratiquement pas d’écart (87,4% contre 88,7% respectivement.)

- Le taux d’analphabétisme est de 40,3% pour les femmes et de 23,6% pour les hommes ; - En zone éparse le taux d’analphabétisme est de près de 64% pour les femmes contre 40%

pour les hommes. En agglomération chef lieu, le taux diminue et l’écart également : 33% contre 18,6% respectivement.

On peut également citer quelques résultats de l’enquête du CENEAP, réalisée en 1998, sur les effets du programme d’ajustement structurel sur les ménages qui confirment que si le taux d’abandon scolaire est supérieur chez les garçons que chez les filles, il n’en demeure pas moins que la cause la plus fréquente d’abandon scolaire chez les filles – après la cause relative de l’exclusion par l’établissement- relève de la décision parentale (13, 6% contre 4% chez les garçons) alors que chez les garçons, elle relève (après l’exclusion) de sa propre décision (dévalorisation des études, besoin de travailler…) Ce type d’abandon serait dû en grande partie au coût de plus en plus élevé de la scolarité que les catégories les plus défavorisées ne peuvent plus supporter, avec pour conséquence une décision parentale de sacrifier la scolarité de leurs enfants et, dans ce cas, plus « aisément » celle de leurs filles que celle de leurs garçons. La décision parentale pour les filles est une cause plus fréquente dans le rural que dans l’urbain. Concernant les motifs d’interruption des études, la même enquête relève que les motifs regroupés sous la rubrique « considérations socioculturelles » occupent le 3ème rang des 10 rubriques retenues, avec une part de 14%, suivie du « désir de travailler » (12%) et de « la nécessité d’aider aux tâches ménagères » (11%.) Ces trois grands groupes de motifs sont devancés par le seul motif relatif aux difficultés à suivre le programme scolaire (34,5%.)

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Relevons, toutefois, que le motif économique (« les études coûtent trop cher ») arrive au 5ème rang (6%) avec celui de la dévalorisation des études (« les études ne servent à rien »), entendu comme non-garantes d’un emploi ou de gain « suffisant ». Ce qui relativiserait l’assertion selon laquelle des considérations financières (principalement) seraient derrière le phénomène de déscolarisation ou de déperdition scolaire. Les filles comme les garçons disent avoir interrompu leurs études parce qu’ils avaient des difficultés à suivre. C’est la raison la plus fréquente chez les deux sexes. Chez les filles, la raison venant immédiatement après celle-ci relève de « considérations socioculturelles », suivie de l’obligation à faire face aux charges domestiques (« doit aider aux tâches domestiques »). Et ceci plus fréquemment dans le milieu rural que dans l’urbain. 2.4 Les disparités entre sexes constatées au sein de la population scolarisée Celles-ci peuvent se résumer dans la persistance des divisions « classiques » qui épousent les rôles traditionnellement affectés aux hommes et aux femmes dans la société et qui se reflètent dans le choix des filières d’études dans le cycle secondaire comme dans le cycle supérieur ou encore dans le système de formation professionnelle. Ainsi, par exemple, dans l’enseignement secondaire et dés la première année de tronc commun au lycée, 41% des filles se retrouvent dans la filière « Lettres », 52% en « Sciences » et 7% en « Technologie » (contre 26%, 53% et 21% des garçons respectivement pour l’année 1999/2000). Pour les deux dernières années de lycée, la même configuration demeure que ce soit pour l’enseignement général et technologique que pour l’enseignement technique. Dans le secteur de la formation professionnelle, les frontières sont encore plus nettes, où la filière de « l’habillement et confection » concentre 95% de filles, 77% dans celle de « l’artisanat traditionnel » pour baisser à 58% dans la filière « informatique ». Pour ne citer que celles-ci. Dans le cycle supérieur, cette répartition de filières ne se modifie que très légèrement avec toutefois un grand investissement des bachelières de la filière médecine. Cependant, si la répartition entre sexes des filières d’études semble reproduire une représentation traditionnelle du rôle des femmes, avec des choix d'études qui se conforment le plus avec le rôle d’éducatrice, en préparant les filles à des métiers d’enseignement essentiellement, il n’en demeure pas moins que des changements s’opèrent. Nous n’en voulons pour preuve que l’accroissement des parts de filles choisissant des filières technologiques (au niveau du secondaire et du supérieur), même si celles-ci restent encore bien en de ça de celles des garçons. Ceci d’une part. D’autre part, la médecine qui n’est pas un métier qui se conforme au rôle traditionnel féminin, a vu ses effectifs féminins croître au même rythme que celui des garçons, si bien qu’au niveau des métiers de la santé, le taux de féminisation augmente, dépassant les 30%. 2.5 Les contraintes Bien que les progrès dans l’instruction de la population et en particulier celle des filles soient incontestables, notamment au regard de la parité que l’on retrouve à certains cycles de l’enseignement, il n’en demeure pas moins que les filles des zones rurales sont plus pénalisées par les conditions de pauvreté et d’éloignement des infrastructures scolaires des zones d’habitation. C’est, en effet, surtout dans les zones urbaines (aggloméré chef lieu) et celle des agglomérations secondaires que la parité scolaire est atteinte sinon « dépassée ».

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Cette disparité risque de se creuser en raison : - des restrictions budgétaires qui touchent le secteur de l’éducation et qui risquent de

ralentir le développement de nouvelles infrastructures dans les zones rurales et celui du transport scolaire et des cantines (dont la décision et surtout la régularité de scolarisation des filles dépend fortement) ; Durant la dernière décennie, la réduction des dépenses dans l’enseignement fondamental a été de 20%, de 40% dans l’enseignement professionnel et de 30% dans l’enseignement supérieur (calcul en termes réels.)

- de l’accroissement de la pauvreté de populations déjà défavorisées dans les zones rurales

notamment, au regard de la baisse générale du pouvoir d’achat des ménages et de la réduction de l’offre de travail qui caractérisent la décennie 1990 ;

- de la persistance de l’insécurité –suite à l’émergence du terrorisme dans les années 1990.

Insécurité qui frappe surtout les zones éparses. Ces trois facteurs ont et auront probablement des incidences directes sur la scolarisation des filles. Le coût de la scolarisation d’un enfant devenant plus cher aujourd’hui pour les ménages et de surcroît pour les plus pauvres, ce sont souvent les filles, dans ces milieux pauvres de la zone éparse, qui font les frais d’un arbitrage - souvent dur- des parents qui envoient plus fréquemment le garçon que la fille poursuivre des études. A cela, se rajoute l’insécurité des routes (terrorisme mais aussi recrudescence du banditisme) et l’absence de transport scolaire qui obligent les parents à ne plus envoyer leurs filles à l’école (collège ou lycée) ou à les envoyer de temps à autre, au moment des accalmies. Ce qui a pour conséquence de mauvaises performances scolaires, qui aboutissent souvent à des abandons, à des redoublements ou à des renvois. On peut penser, à juste titre, que les disparités en termes de strate d’habitation auraient pu s’atténuer, au regard du nombre des infrastructures scolaires existantes (au moins du 1er cycle) et avec les mêmes contraintes culturelles, si les problèmes graves d’insécurité liée au développement du terrorisme au cours de la décennie 90 n’avaient pas existé. Malheureusement cette insécurité qui touche, en particulier, les zones éparses sont aussi celles où les poches de pauvreté sont les plus nombreuses. Dans certaines wilayate, persistance de l’insécurité et accroissement de la pauvreté (depuis le début des années 1990) coexistent et a des incidences négatives non seulement sur l’instruction des filles, mais aussi sur certaines activités économiques, artisanales ou agricoles de femmes (l’insécurité empêchant les femmes de réaliser des actes, des déplacements nécessaires à la réalisation de leur activité ). 2.6 Les contraintes liées au système éducatif lui-même Celles-ci ne peuvent ne pas être évoquées au regard des débats controversés qu’elles ont suscités et du projet de réforme de l’éducation qui en a découlé (dont certaines propositions entreront en vigueur l’année 2002/2003). Si ce système lui-même n’est pas directement responsable des disparités entre sexes en matière de scolarisation, on lui impute une lourde responsabilité dans l’accroissement des taux de déperdition scolaire qui touche aussi bien les filles que les garçons. Plusieurs études avaient déjà attiré l’attention sur ce phénomène, dont la dernière de l’INRE (institut national de recherche de l’éducation étude sur le rendement interne du système scolaire, séminaire du

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8 et 9 mai 2002, Ghardaïa ) qui avance une conclusion préoccupante : environ 7% seulement d’une cohorte, suivie du cycle primaire, accéderait au cycle supérieur. D’autres recherches affirment que ce taux est encore plus faible. Ces déperditions scolaires lorsqu’elles touchent les filles, les confinent le plus souvent à la maison. Elles ont moins de latitude et de légitimité que les garçons à négocier une formation professionnelle ou autre pour s’insérer plus tard dans l’activité. Sans compter que les centres de formation professionnelle ne sont pas assez nombreux par rapport à la demande, ne serait - ce que celle, potentielle, des victimes de cette déperdition scolaire. En conclusion, nous pouvons dire que - le rythme d’accroissement de l’instruction des filles a été important en Algérie et est à l’origine de plusieurs changements dans plusieurs domaines de la vie économique et sociale. Ainsi, par exemple, la chute de l’accroissement démographique à partir de la fin des années 1980, est pour une bonne partie imputable à l’élévation du niveau d’instruction de la population en général, et surtout des femmes en particulier. Le mouvement de nucléarisation de la famille en est aussi une conséquence, freiné qu’il est par la crise du logement. L’élévation de l’instruction des femmes est également à l’origine de l’augmentation de la demande de travail des femmes dont le rythme dépassera celui des hommes à partir des années 1990. - Sans aller dans de plus amples développements, il est manifeste aussi que cette élévation du niveau d’instruction des filles s’accompagne de disparités. Mais ces disparités entre sexes pour la zone urbaine sont faibles et même inexistantes pour ce qui concerne les taux de scolarisation. Elles se manifestent dans les autres zones, notamment dans l’éparse et un peu moins dans les agglomérations secondaires. Ce qui nous amène à nous interroger sur le poids réel des résistances culturelles, encore avancées actuellement comme raison de ces disparités intra- zone. En fait, il nous semble qu’au niveau de l’instruction des filles, tout au moins jusqu’au secondaire, les résistances culturelles seraient moins fortes que préconisées. Dans les zones hors urbain, c’est plus aujourd’hui le manque de structures d’accompagnement scolaires, comme les cantines et le transport scolaire qui freine la scolarisation des filles que des considérations culturelles proprement dites. Ceci est important, car cela signifie que l’on peut agir sur la réduction de ces disparités dans le moyen terme en multipliant cantines et transport scolaires dans les zones géographiques qui accusent les plus fortes disparités. - L’effet de la baisse du pouvoir d’achat des ménages et de l’accroissement des poches de pauvreté au cours de la dernière décennie sur l’évolution de la scolarisation des filles n’est pas suffisamment bien cerné par les études existantes. Il devrait d’ailleurs faire l’objet d’une investigation plus poussée, pour mesurer le poids réel de ce facteur sur cette évolution (et comment il agit ) et permettre de prendre les mesures appropriées (aides à la scolarisation des filles) pour au moins empêcher que les disparités s’accentuent. - Le phénomène de l’analphabétisme des adultes et notamment de celui des femmes (dont le nombre est plus important que celui des hommes, n’ait bénéficié que peu d’attention de la part des pouvoirs publics que ce soit à travers ses structures ou les aides attribuées aux quelques associations qui s’en occupent. Il est essentiel qu’un renforcement des actions à moyen et long terme (programme) en direction d’une réduction de cet analphabétisme, en particulier des femmes, soit envisagé. Nous avons évoqué précédemment quelques-unes unes des conséquences de ce handicap. Un partenariat gouvernemental avec les ONG serait

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souhaitable pour soutenir ces actions d’autant que les besoins en ressources humaines pour la réalisation de cet objectif pourraient être satisfaits par une population diplômée au chômage. - Les fortes déperditions scolaires enregistrées obligent à prêter une plus grande attention aux moyens d’offrir des formations à ces jeunes –dont des filles. Les centres de formation professionnelle existants insuffisants gagneraient à être multiplier, mais dans des créneaux plus pointus et plus en adéquation avec les besoins du marché du travail. Le développement des métiers de l’artisanat dans un pays dans lequel ces derniers se sont effondrés gagnerait à être pris plus sérieux et conçu indépendamment de celui du secteur de la formation professionnelle (à travers ses propres centres et structures de formation régionaux, adaptés à l’artisanat du milieu géographique d’implantation et qui pourraient impulser une dynamique de mouvement coopératif en vue de la distribution des produits des artisans de la commune, wilaya, région. ) 3. LES FEMMES ET LE TRAVAIL A l’indépendance le taux d’activité des femmes était faible. Les femmes étaient essentiellement occupées dans les zones rurales. Un peu moins de 40 ans après, la situation s’est fortement modifiée. Non seulement le taux d’activité augmente fortement mais la structure de cette activité subit aussi des transformations, même s’il est vrai que le taux d’activité demeure encore un peu moins élevé qu’en Tunisie et au Maroc. 3.1 L’activité féminine Entre 1977 et 1996, le taux d’activité féminine a triplé (taux annuel moyen de croissance de 8,7%) et presque quintuplé si l’on inclut les activités marginales. Son accroissement a été plus rapide que celui des hommes. On notera que le chômage féminin a été multiplié par 5 entre 1987 et 1996 (taux annuel moyen de croissance de 21%.) Là aussi, il a cru plus rapidement que celui des hommes. Nous donnerons, en premier lieu, quelques chiffres de la dernière enquête emploi de l’ONS, pour 2001, mais nous nous baserons sur les chiffres d’enquêtes précédentes pour la comparaison et l’examen de l’évolution de l’emploi féminin et sa structure car les chiffres publiés pour l’enquête emploi (2001) n’éclate pas entre les activités formelles et informelles des femmes. En 2001 (résultats du 3ème trimestre) la population active féminine de (16 ans et plus ) est estimée à 1 285 233, soit 15% du total des actifs (y compris les activités marginales ou informelles) ( ONS, 2001). - la population occupée féminine est estimée à 883 549, dont 26% occupées dans le rural - la population féminine au chômage à 404 538, - la population féminine inactive de 15 ans et plus à 9 722 229 3.2 La population féminine occupée Selon la dernière enquête emploi de l’ONS (2001,) le nombre de femmes occupées s’élèveraient à 883 549 dont 81% dans le milieu urbain et 26% dans le milieu rural. Cette estimation prendrait en compte les femmes occupées dans le secteur informel (que ce travail marchand soit réalisé en dehors ou au sein de la sphère domestique). Toutefois, il semble que le poids de l’activité informelle ait été sous-estimé (si l’on s’en tient aux chiffres publiés)

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puisque l’enquête emploi et revenus de 1992, estimait à 195 000 le nombre de femmes « occupées marginales. » Bien que la part des femmes occupées dans l’emploi total demeure très inférieure ( 17,3%) à celle des hommes, il n’en demeure pas moins qu’elle a connu une évolution croissante au cours des trois dernières décennies. Lors du recensement de 1966, l’emploi féminin était évalué à 95 000, il passera, à 365 000 en 1992 (hors Femmes Partiellement Occupées –FPO) et à 626 000 en 1996. Structure de l’emploi féminin Quelques modifications de cette structure sont enregistrées au cours de la décennie 90 : la hausse modérée de la part des femmes âgées de plus de 30 ans et de celle de la participation des femmes mariées au travail rémunéré. Le poids des activités informelles (au sein ou hors du domicile) est apparemment à l’origine de ces accroissements et enfin de l’augmentation de la part de la catégorie des indépendantes et de celle du secteur privé comme employeur des femmes. Ainsi, de façon générale le travail rémunéré de population féminine se caractérise par (chiffres ONS, MOD 2001) - sa concentration dans les milieux urbains : 81% en milieu urbain - sa qualification par rapport à l’emploi masculin

Sans instruction Alphabétisé Primaire Moyen Secondaire Supérieur Femmes 19,3 1,6 10,8 19,6 27,8 20,8 Hommes 14,6 5,8 22,7 28,4 21 7,7

- sa concentration dans les secteurs d’activité suivants : 44% dans l’administration et Services non marchands (en l’occurrence la Santé et l’Education) tout au moins pour ce qui concerne l’emploi formel. La part dans l’industrie et l’agriculture s’élève respectivement à 28% et 12% respectivement (mais ce qui est comptabilisé dans l’industrie englobe aussi les activités informelles de produits manufacturés.) Précisons que dans le secteur de l’Education nationale 37,5% de ses employés sont des femmes ; leur part atteint 38,5% dans l’enseignement supérieur et près de 39% dans le secteur de la santé (chiffres pour l’année 1995.) En 2000, le taux de féminisation dans le système d’enseignement scolaire atteint les 50%.

- La prépondérance des femmes célibataires dans l’emploi. Les chiffres MOD 2001 (ONS)

donnent cependant une part équivalente entre femmes mariées et célibataires (44%) sous l’effet de l’inclusion d’activités marginales qui, on le sait, impliquent davantage les femmes mariées (notamment le travail à domicile.) Selon l’enquête Emploi et Revenus de l’ONS (1997) on estimait à environ 1 femme occupée pour 6 femmes au foyer au sein des célibataires et à 1 femme occupée pour 19 femmes au foyer au sein des mariées. Célibataires Mariées Divorcées/séparées Veuves 1996 51% 34,8 8,3 5,5 2001 44% 44% 6, 2 5,5

- la prépondérance des jeunes. Un peu plus de la moitié (53%) des femmes occupées ont moins de 35 ans et 33% ont entre 20 et 29 ans. Là aussi, par rapport aux résultats

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disponibles (publiés) d’autres enquêtes qui distinguent l’emploi formel de l’informel, l’emploi des femmes s’étire vers des tranches d’âge plus avancées.

- la forte présence de salariées permanentes (48% des femmes occupées) en raison de la

répartition de cet emploi par secteurs d’activité. Catégorie qui bénéficie donc d’une assez bonne couverture sociale. En seconde position vient la catégorie des indépendantes avec une part de 30% (48% des occupées de la zone rurale et 23% de la zone urbaine.)

- la répartition quasi égale des femmes occupées entre secteur public (51%) et secteur privé

(48%), que ce secteur privé soit formel ou informel. Le secteur mixte occupant moins de 1% des femmes occupées.

3.3 L’emploi informel Au cours de ces trois dernières années, on estime que le secteur informel représente un ordre de grandeur d’environ 20% à 25% de l’emploi total (soit environ 1,2 à 1,6 millions de personnes.) Etant entendu que l’informel dans le secteur agricole n’est pas inclus. Dans cet emploi informel la part des femmes tournerait autour d’un cinquième. Déjà en 1992, selon l’enquête MOD menée par l’ONS et qui a été la plus exhaustive des enquêtes (de l’ONS) sur la question du travail informel, on estimait que dans l’emploi informel, près d’une personne sur quatre était une femme. Ainsi, on dénombrait, entre autres, à 159 000 le nombre de femmes travaillant à domicile, à 148 200 les femmes au foyer ayant une activité marginale et 17 800 femmes salariées non assurées. On peut également donner quelques chiffres, à titre indicatif, sur les estimations avancées sur la catégorie des « femmes partiellement occupées » (FPO) lors de précédentes enquêtes ou recensements réalisées par l’ONS. C’est ainsi que le RGPH de 1977 estimera à 42 000 le nombre de FPO qui passera à 62 000 selon le RGPH de 1987, à 141 000 selon l’enquête MOD 1989. Les effectifs de femmes employées dans ces « activités marginales » influent bien évidemment sur le niveau tant des taux d’activité féminine que sur les taux de chômage féminin, qui sont revus alors à la baisse. C’est ainsi, que le taux d’activité féminine (calculé par rapport à la population féminine de 16 ans et plus), selon l’enquête MOD 1996, passerait de 12% à 19 % selon que l'on intègre ou pas « les activités marginales. » Le fait que nous n’ayons pas de séries statistiques suffisamment longues et surtout homogénéisées (soit parce que plusieurs enquêtes ne se sont pas intéressées à la mesure statistique de ce phénomène, soit que les séries statistiques existantes restent non disponibles au public), ne permet pas de se prononcer de façon rigoureuse sur l’intensité de l’accroissement de ces « activités marginales » au sein de la population féminine et encore moins sur l'évolution de ses raisons économiques et/ou sociales. Le tiers de la catégorie de femmes « indépendantes » donné par l’enquête MOD 2001, inclus certainement un bon nombre de femmes travaillant à domicile. Ce travail à domicile concernerait aussi de plus en plus de femmes instruites. Le rétrécissement du marché du travail pourrait être une des causes. Pourtant l’enquête ONS, MOD indique que parmi les raisons de ce choix du travail à domicile, « l’opposition familiale » et l’intérêt financier (« activité mieux rémunérée ») se partagent les premières places suivie par la contrainte de

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« l’éducation des enfants. » La difficulté à trouver un emploi ne sera citée comme raison de ce choix occupera une faible place. A la fin des années 1990, la contrainte du marché du travail semble devenir plus forte obligeant certaines femmes à opter pour ce choix. C’est tout au moins ce qui transparaît à travers la petite enquête du CENEAP sur 320 ménages (soit près de 900 femmes) dans laquelle la raison de l’absence d’opportunités d’emploi à l’extérieur occupe une part de 13% et celle de l’opposition familiale en baisse. Mais ces résultats doivent être pris avec précaution, compte de la taille réduite de l’échantillon et surtout de l’échantillonnage. Il est de plus en plus en clair que toute action en direction des femmes en matière d’aide pour une meilleure insertion dans l’activité économique, passe par une meilleure et plus fine connaissance de la situation de l’emploi féminin (quel que soit son type) et de la demande de travail, notamment dans un contexte où coïncident de lourdes contraintes sur l’offre de travail, une augmentation de la qualification de la force de travail féminine (au moins en termes de niveau d’instruction), une modification des comportements de nuptialité et de fécondité et de ceux à l’égard de l’activité féminine. 3.4 Le chômage des femmes En 2001 (3ème trimestre), le nombre de femmes au chômage s’élève à 404 538 dont 81% se trouve dans le milieu urbain. Le chômage des femmes commence à croître rapidement à partir de la fin des années 1980 et maintient son accroissement tout au long de la décennie suivante. Le taux annuel moyen de croissance du taux de chômage féminin croîtra d’ailleurs plus vite que celui de l’ensemble. Ainsi, entre 1987 et 1996, il sera de 21% contre 7,2 % pour l’ensemble. En 2001 ( partant des résultats du 3ème trimestre) le nombre de femmes au chômage est estimé à 404 538. Le taux de chômage féminin se trouve plus élevé que celui des hommes (31% contre 27%.) Le taux de chômage pour l’ensemble est estimé à 27,3% (soit 2,3 millions de personnes.) Evolution du chômage féminin RGPH 1977 RGPH 1987 MOD 1989 MOD 1992 EER 1996 MOD 2001 23 000 65 000 84 000 134 000 363 000 404 538 Le chômage des femmes possède quasiment les mêmes caractéristiques que l’emploi féminin. Il concerne surtout les jeunes (moins de 25 ans), les célibataires et des primo demandeuses d’emploi. Ce chômage est également un chômage d’assez longue durée : une femme sur 4 et près de deux (1,6) hommes sur 4 recherchent un emploi depuis plus de 24 mois. Même si on enregistre quelques timides modifications dans l’accroissement de la part des chômeuses plus âgées et de celles des non célibataires, c’est notamment la progression du chômage des femmes instruites qui retient l’attention. Si en 1996 (selon l’enquête EER 1996 de l’ONS), le taux de chômage des femmes de niveau moyen, secondaire et supérieur était respectivement de 47%, 37% et 18% (contre 17% pour les femmes sans instruction), en 2001 il passe à 37% tant pour les femmes de niveau supérieur que secondaire (36%). A titre illustratif, celui des hommes chômeurs du supérieur se situe autour de 27%. Il est plus important en milieu urbain qu’en milieu rural. Pour la seule demande qui passe par l’Agence Nationale de l’Emploi et qui se situe (en 1999 et 2000) autour de 20 000 demandes émanant de femmes (soit 1/5 de la demande globale) , plus d’un tiers provenait de la seule région Nord-centre (le sous-total de la

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région Nord représentant une part de 74%.) La part de la région des Hauts-Plateaux baisse à 16% et à 4% pour le Sud (chiffres de l’année 2000.) On explique souvent l’accroissement du chômage féminin par des raisons économiques et plus précisément par la baisse du pouvoir d’achat des ménages qui s’amorce dés la fin des années 1980. Selon l’enquête LSMS de l’ONS, en 1995, le chômage féminin est lié à l’augmentation de la taille du ménage et à la CSP du chef de ménage. Mais l’instruction des femmes est un facteur dont l’effet sur la projection du rôle des femmes dans la société comme actrices du développement ne peut être ignoré. L’instruction fissure le modèle traditionnel de la femme recluse au foyer. Elle devient même un facteur de légitimation du travail des femmes. Des enquêtes montrent, en effet, comment les hommes et les femmes acceptent et admettent plus aisément qu’une femme travaille et qu’elle prétende à ce droit dés lors qu’elle est munie d’un certain capital scolaire. Ainsi, en 1994, l’enquête réalisée sur un échantillon représentatif de la population adulte algérienne sur « le droit de vote des algériennes et leurs sympathies politiques » montrait que 78% de l’opinion était favorable à l’instruction (de niveau supérieur) des femmes (17% y mettaient des conditions). En 2000, l’enquête sur « le degré d’adhésion aux valeurs égalitaires dans la population algérienne adulte » confirme que l’instruction des femmes est un facteur qui augmente nettement la proportion des opinions favorables au travail des femmes. 3.5 Les femmes inactives : le cas des femmes de niveau d’instruction supérieur Il est nécessaire d’attirer l’attention sur le phénomène des femmes instruites inactives, en l’occurrence celui des femmes de niveau d’instruction élevé (supérieur) qui ne sont ni étudiantes ni retraitées, ni chômeuses mais qui sont des femmes au foyer. Ce phénomène mériterait d’être plus amplement cerné pour connaître les véritables raisons de cette inactivité. D’une part, parce que leur nombre semble loin d’être marginal et que d’autre part, la durée de leur cursus scolaire a coût important au regard des ressources restreintes dont dispose le système éducatif au regard de la pression démographique. Par ailleurs, la nécessité de connaître les raisons de la non-insertion dans l’activité économique de ces femmes qualifiées obéit également au souci d’apprécier au moins le poids de la contrainte économique (réduction des opportunités d’emploi ) et celui des résistances sociales (le mariage pouvant constituer le principal obstacle à l’exercice d’une activité) au moment où plusieurs enquêtes indiquent plutôt que les attitudes et les comportements vis à vis du travail des femmes –en particulier vis à vis de celui des femmes dotées d’un niveau scolaire élevé- y sont plus favorables dans la société. L’estimation que nous avons tentée de faire à partir de l’enquête sur le « degré d’adhésion aux valeurs égalitaires », réalisée en 2000 sur un échantillon représentatif de la population de 18 ans et plus, donne près de 115 200 femmes au foyer de niveau supérieur (graduation et post graduation en incluant les techniciens supérieurs) âgées de 18 ans et plus. On peut considérer qu’étant donné que la plupart des autres résultats de cette enquête concernant des indicateurs économiques se rapprochent de ceux donnés par l’ONS, cette estimation peut donner un ordre de grandeur réel du phénomène. Cela ne représenterait pas moins de 45% des effectifs féminins inscrits en graduation et post-graduation de l’année 2000/2001 (relevant des seuls établissements du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique- MESRS ) ! . Avec les statistiques disponibles (officielles), et partant de la population féminine inactive totale (de 15 ans et plus) on aboutit à une estimation très proche de la

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précédente, soit près de 140 000 (mais duquel il faudrait retrancher l’ensemble des effectifs féminins de ce niveau ne relevant pas des établissements du MESRS.) Sachant que la dépense par étudiant dans l’enseignement fondamental est 760 dollars par élève (calcul en Parité de Pouvoir d’Achat), le coût total de leur enseignement primaire et moyen-par rapport à la première estimation d’un effectif concerné de 115 200 femmes- s’élèverait à 88 millions de dollars. Coût auquel il faudrait rajouter celui de l’enseignement secondaire dont ces femmes ont bénéficié dans sa totalité également. Nous ignorons quelle part représente les femmes qui ont terminé leur cursus universitaire (ou technicien supérieur) et celles qui ne l’ont pas terminé (ni le nombre d’années réalisées dans ce cycle.) Ce qui aurait permis de calculer le coût total pour l’enseignement supérieur dont elles on bénéficiée, sachant que la dépense par étudiant dans le cycle supérieur est de 7000 dollars. Mais déjà, ces quelques ordres de grandeur interpellent fortement sur ce paradoxe « coûteux » dont les raisons gagneraient à être connues rapidement. 3.6 Les contraintes au développement de l’emploi des femmes - Le rétrécissement de l’offre de travail qui touche l’ensemble des hommes et des femmes, depuis la fin des années 1980. Ce rétrécissement intervient au moment où les femmes deviennent de plus en plus nombreuses à demander un emploi. Cette situation a favorisé le développement d’attitudes hostiles des hommes à l’égard du travail des femmes qui sont ressenties par ces derniers comme des concurrentes « dangereuses » sur le marché de l’emploi, d’autant que la demande d’emploi féminine compte plus de personnes qualifiées (en termes de niveau d’instruction) que celle de la demande masculine (mêmes si les contraintes sont moins fortes pour les hommes.) Ce fait a été corroboré par une l’enquête (2000) du Collectif 95 Maghreb -Egalité. Elle montre que les domaines perçus comme lieux d’inégalités entre hommes et femmes par les interviewés masculins se focalisent souvent sur la question du travail. Les hommes déclarant avec un fort ressentiment que les femmes sont plus favorisées sur le marché du travail que les hommes. Et de la même façon, les femmes évoquent aussi souvent le domaine du travail comme lieu d’inégalités qui s’opèrent en leur défaveur. On a de fortes raisons de penser que dans un contexte plus favorable d’expansion du marché de l’offre de travail, les obstacles et les attitudes hostiles au travail des femmes qu’ils soient d’ordre social ou culturel auraient été moins forts. Des changements découlant (principalement) du développement de l’éducation des filles et de la construction de nouvelles représentations du modèle familial semblent entamer progressivement certains comportements et pratiques relatifs à l’irruption des femmes sur le marché du travail. Les contraintes culturelles commenceraient à être moins pesantes qu’elles ne l’étaient autrefois. Même s’il est vrai que l’emploi féminin est encore dominé par les célibataires, il reflète néanmoins le fait social que le travail des femmes célibataires, quelles que soient ses motivations, est de plus en plus accepté, toléré sinon encouragé par la famille (dans le milieu urbain mais aussi rural.) Ceci constitue une avancée. Il reste que le mariage, par la suite, demeure encore un obstacle au travail des femmes. Les statistiques sont formelles : quel que soit l’âge de la femme mariée, elle travaille moins souvent que la femme célibataire (du même âge.) La responsabilité des tâches domestiques, l’absence d’aide domestique, le nombre d’enfants et l’enfermement dans les représentations traditionnelles de la famille de l’époux ou de l’épouse ou encore des deux conjoints (l’homme actif et la femme au foyer) expliqueraient

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cette faible présence des femmes mariées dans l’emploi. Malheureusement aucune enquête ne nous a fourni les informations nécessaires qui nous permettraient de savoir quel est le poids respectif de ces variables (contraintes) dans le comportement de ces femmes non travailleuses parmi lesquelles nous trouvons des femmes non ou peu instruites mais aussi des femmes très instruites. Mais des indices d’évolution du comportement des gens par rapport au travail des femmes ont été aussi mis à jour par l’enquête sus- citée. Ainsi, 58% des femmes enquêtées disent qu’elles sont d’accord pour le travail des femmes sans conditions. Et cet avis est partagé par un plus d’un tiers des hommes (34%.) Lorsque l’on assujettit le but de ce travail à celui d’un besoin de subvenir aux besoins des enfants, la proportion des avis favorables au travail des femmes s’accroît fortement (72% des femmes.) En revanche, la proportion de femmes irréductibles qui seraient contre le travail des femmes, quelles que soient les circonstances s’élève à 18% et atteint près d’un tiers environ au sein des hommes. Cette même enquête montre qu’au niveau des représentations des indices de changement de perception du rôle des femmes dans la société commencent à apparaître. L’activité est expressément citée comme composante du rôle des femmes, même si dans la majorité des cas cette activité rémunérée doit trouver des justifications : la possession d’un certain niveau d’instruction et /ou le besoin économique quand le mari ou le chef de famille n’est plus en mesure d’assurer seul les dépenses du ménage. Apparemment, l’instruction des femmes, le chômage des hommes et la baisse du pouvoir d’achat pousseraient les individus à « accepter » que la femme travaille et que cela fasse partie aussi de son rôle social qu’elle doit assumer au même titre que le rôle d’éducatrice des enfants et d’exécutante de toutes les tâches domestiques du foyer (selon les propos recueillis.) Il est intéressant de noter que ces résultats ne sont que peu altérés par l’appartenance au milieu rural ou urbain. Cette faible distinction entre milieu rural et urbain en Algérie, a été constaté à l’occasion d’autres enquêtes sur d’autres sujets, lorsqu’il s’agissait de comportements ou d’attitudes. Tout comme le caractère plus fortement discriminatoire de l’appartenance régionale comparé à celle de la strate. Le faible développement de l’équipement ménager ou ses prix encore peu accessibles et la faiblesse de services marchands domestiques fournis aux ménages. En effet, y compris dans les zones urbaines, l’équipement ménager qui allégerait le poids des tâches domestiques et le temps qui y est consacré, n’est pas suffisamment répandu. Ainsi, par exemple, moins d’un tiers des ménages sont équipés en machines à laver. De la même façon la rareté des services tels que les laveries ou encore tout simplement l’aide domestique pénalisent fortement les femmes quant à leur volonté d’insertion dans la vie active, notamment lorsqu’elles ont des enfants à charge ou membres de famille nombreuse. Sans compter que les services éducatifs pour les enfants de moins de 6 ans (centres de loisirs, garderies etc..) sont également peu développés. Le temps consacré par les femmes à ce travail domestique a été approché par une enquête du CENEAP sur 852 femmes de 15 ans et plus. Cependant, celle-ci n’a pas été réalisée sur un échantillon représentatif de la population. Les résultats ont toutefois une valeur indicative. Ils indiquent que le temps moyen quotidien consacré aux travaux domestiques varie entre 5h47mn et 6h 18mn. Il serait supérieur à celui des femmes marocaines qui s’étend sur 5h 17mn (enquête ENBTF 1997/98, Direction statistique, Maroc et citée par le rapport de l’enquête CENEAP.) Il est plus élevé en milieu rural qu’en milieu urbain (soit 1h40mn de

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différence.) Par ailleurs, dés que le nombre d’enfants est supérieur ou égal à deux, ce volume augmente. Enfin, lorsqu’on isole les femmes qui réalisent elles-mêmes les différentes tâches domestiques, on s’aperçoit que le temps consacré au lavage du linge est de 1h40mn ; celui du repas de 2 h 05mn. A cela, il faut rajouter le problème de la disponibilité et du rationnement de l’eau, avec un volume moyen de 700 m3 par habitant et par an (chiffre en 2002), alors que la norme minimale se situe à 1000 m3. Ce problème augmente la charge de travail des femmes auxquelles incombe cette tâche qu’elle partage aussi avec les enfants qui se transforment en porteurs d’eau après ou avant l’école. Situation qui s’aggrave d’autant lorsque les ménages ne sont pas raccordés au réseau d’eau ou dégoût. Rappelons ici que selon le dernier recensement (1998) que près d’un logement sur 3 n’était pas raccordé au réseau d’eau et de même pour le réseau des égouts. Par ailleurs, la part des ménages disposant de toilettes et de salle de bain était de 81% et 45% respectivement. Bien entendu les disparités entre le milieu rural et urbain existent et les conditions moins favorables se retrouvent dans le premier. 3.7 Les programmes de promotion de l’emploi et l’aide aux catégories vulnérables Parmi les dispositifs mis en place à travers ces programmes, aucun ne sera dirigé spécifiquement vers les femmes. Concernant la promotion de l’emploi, proprement dit, on peut citer brièvement en quoi consistent les principaux dispositifs sur lesquels elle s’appuie. - Les ESIL : Emplois Salariés d’Initiative Locale (dispositif géré par le ministère du travail

et de la sécurité sociale. On compte en 2000, 145 481 emplois crées dans ce cadre, dont 39% de bénéficiaires femmes. Mais sur l’effectif global (hommes /femmes), on compte 43% en équivalant permanents.

- Les TUP-HIMO : Travaux d’Utilité Publique à Haute Intensité de Main d’œuvre (géré par l’Agence de Développement Social –ADS.) Les activités concernées sont essentiellement l’hydraulique, l’agriculture/forêts et travaux publics (routes.) En 2000, on compte une création de 11 328 emplois temporaires. Depuis son lancement en 1997 jusqu’à sa clôture en 2000, le total des emplois temporaires générés a été de 140 000 (programme fiancé par la Banque mondiale.) La part des bénéficiaires femmes dans ce programme est quasiment insignifiant.

- Les contrats de pré-emploi (géré par le ministère du travail.) Orienté vers les jeunes diplômés, ce programme a permis de placer, depuis son lancement en 1998 jusqu’à fin décembre 2000, près de 22 000 diplômés dont 8% seulement à titre de permanents (la répartition par sexe ne figure pas dans l’annuaire statistique du ministère du travail. )

- L’encouragement à la création d’activités économiques est soutenu par l’Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes (ANSEJ) et le programme micro-crédits géré par l’ADS.

Concernant l’aide aux catégories vulnérables, nous nous limiterons à mentionner le programme « filet social » qui consiste, de façon brève, à fournir un revenu minimum sous forme d’allocation aux chefs de famille âgées, handicapées et aux personnes isolées sans ressources (Allocation Forfaitaire de Solidarité –AFS) ou d’indemnité en échange d’un travail (Indemnité d’Activité d’Intérêt Général –IAIG) aux chefs de famille et aux personnes vivant seules pouvant travailler, mais qui sont sans emploi. Des critères complémentaires se rajoutent en vue de cibler le mieux possible les catégories les plus démunies.

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En 2000, le nombre de bénéficiaires de l’AFS et de l’IAIG s’élève à 530 500 personnes (401 000 au titre de l’AFS et 129 500 au titre de l’IAIG.) Les femmes bénéficiaires de l’AFS sont aussi nombreuses que les bénéficiaires hommes. Parmi ces femmes, 27% sont des chefs de famille et 23% sont des femmes âgées vivant seules (chiffres du 4éme trimestre 2000.) Concernant les bénéficiaires de l’IAIG, on compte, tant pour 1999 et 2000, environ 40% de femmes bénéficiaires qui se recrute presque également dans les trois tranches d’âge 18-25 ans, 26-30 ans et 31-40 ans. Il semble que le besoin économique pousse ici les femmes âgées de plus de 30 ans (mariées pour la plupart) au travail autant que les plus jeunes. Pour terminer avec ce chapitre, nous donnons ici une estimation de la population algérienne considérée comme très pauvre. Elle est tiré de l’étude sur l’harmonisation des aides sociales de l’Etat, réalisée par Ecotechnics pour le compte de l’ADS. Se basant l’indicateur de seuil de pauvreté calculé selon la méthodologie de Banque Mondiale. Pour l’année 1998, le seuil de pauvreté alimentaire a été estimé à 12 615 DA par personne et par an. Le nombre de ménages vivant alors en de ça de ce seuil de pauvreté alimentaire s’élèverait à 193 682, soit 1,67 millions de personnes ( 5,7% de la population totale.) Cette population réside pour les deux tiers dans les zones rurales. La population vivant en de ça du seuil de pauvreté inférieur (qui prend en compte de certaines dépenses non alimentaires dans le calcul de ce seuil), passe alors à 6 millions de personnes. Une corrélation entre chômage et pauvreté a été relevée. L’extension de la pauvreté a d’ailleurs fait l’objet, pour la première fois, d’une « conférence nationale sur la lutte contre la pauvreté et l ‘exclusion » en octobre 2000, préparée par le ministère de la Solidarité (sous le patronage du président.) Elle a donné lieu à la formulation d’un projet de stratégie et plan d’action 2001-2005 composé de programmes nationaux (par secteur) et de projets pilotes de développement communautaire. La stratégie n°7 consacré au genre se donne comme objectif de « contribuer à un équilibre approprié entre les deux sexes à tous les niveaux de la vie sociale, politique et économique. » Les actions définies pour réaliser cet objectif sont d’ordre très général (décrites sur une seule page) allant de l’alphabétisation des femmes à l’amélioration des services de santé maternelle et infantile jusqu’à la création de centres de formation pour améliorer les compétences des femmes et leurs capacités de gestion. Toutefois, la concrétisation de ces actions (pour l’ensemble de la stratégie) ne semble pas faire l’objet d’un réel suivi. 4. LA SANTE REPRODUCTIVE (DES FEMMES) 4.1. Quelques indicateurs démographiques et de santé La population algérienne est estimée pour 2002 à 31 040 012 habitants. Malgré la baisse du taux d’accroissement démographique amorcé à la fin des années 1980, la population demeure encore une population jeune dont les besoins en matière d’éducation et d’emploi pèseront encore fortement sur l’économie. A cette contrainte, se rajoutera à long terme celle de la nécessaire prise en charge du groupe de population le plus âgé dont la part dans la population globale augmentera progressivement. Selon le dernier rapport du Ministère de la Santé (2002), qui attire l’attention des pouvoirs publics sur ce phénomène au niveau santé, en moins de 40 ans la structure par âge de la population algérienne sera similaire à celle de pays européens. L’offre de santé devant s’y préparer.

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Citons quelques chiffres : Structure de la population par âge en 2002

- 32% de cette population sont âgés de 0 à14 ans (dont 30% sont des enfants de moins de 5 ans)

- 23% de jeunes âgés de 15 à 24 ans, - 38% de personnes âgées de 25 à 59 ans - 7% de personnes âgées de 60 ans et plus

Evolution du taux d’accroissement démographique 1977 1987 1993 2000 3,15% 2,76% 2,27% 1,43% Nombre moyen d’enfants par femme (indice synthétique de fécondité) 1985 1992 1998 2000 6,2 4,8 2,6 2,5 Evolution du taux de mortalité générale 1966 1977 1987 1998 2000 16 14,4 6,9 5,8 5,5 Mortalité infanto -juvénile : 48 pour 1000 en 2000 contre 220 pour mille en 1970 Evolution de l’espérance de vie à la naissance 1970 1980 1991 2000 Hommes 52,6 55,9 66,9 70,3 Femmes 52,8 58,8 67,8 72,8 4.2. Quelques données synthétiques sur l’offre de santé De nombreuses enquêtes du Ministère de la santé et de l’INSP qui se sont succédées ces deux dernières décennies sur l’état de santé de la population (et en particulier sur celle de la mère et l’enfant) et sur l’offre de santé, montrent qu’au niveau des grands indicateurs de santé, on enregistre de nettes améliorations. Mais ces études et enquêtes indiquent aussi que cette amélioration globale souffre encore de disparités géographiques, notamment entre la zone rurale et urbaine et plus précisément entre wilayate du Nord et du Sud. C’est ainsi que pour de nombreux indicateurs de santé, les wilayate du Sud et certaines des Hauts Plateaux sont en retrait par rapport aux autres wilayate du pays (à titre d’exemple : Taux de mortalité infantile, mortalité maternelle. Ces mêmes études et enquêtes attirent aussi l’attention sur le fait que l’amélioration de la santé des algériens demeure entachée par les disfonctionnements au niveau du fonctionnement et de la gestion des structures de santé qui s’aggravent avec la croissance et la diversification de la demande en soins. Les comparaisons internationales auxquelles s’est attelé le Ministère de la Santé dans son dernier rapport 2002, indiquent que l’Algérie « se trouve dans la zone intermédiaire pour la plupart des indicateurs de santé (espérance de vie, inégalité en matière de santé, capacités de réponse des systèmes de santé, niveau global du système de santé. En revanche, elle est très

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mal classée pour ce qui concerne les dépenses de santé et les moyens dont il (le système de santé) dispose. La grande partie des structures de santé relèvent du secteur public. Les soins et services sont quasiment gratuits et les patients bénéficient d’une large couverture par le système de sécurité sociale. Le réseau d’infrastructures de santé est assez bien réparti géographiquement. Selon une enquête nationale (EDG 2000) du Ministère de la Santé :

- 68% des femmes se trouvaient à moins de 5 km d’une unité sanitaire publique assurant des prestations de santé maternelle,

- et 72% à moins de 5 km d’une unité assurant des prestations de santé en direction des enfants.

En termes de taux d’encadrement, nous avons : - 1 médecin pour 930 Habitants - 1 dentiste pour 3700 habitants - 1 pharmacien pour 6300 habitants

En termes d’infrastructures de santé, nous avons une répartition par habitant de : - 1 lit d’hospitalisation pour 570 hab - 1 lit de maternité pour 900 femmes en âge de procréer - 1 polyclinique pour 61 000 hab - 1 centre de santé pour 24 000 hab - 1 salle de soins pour 7 700 hab - 1 pharmacie pour 5 500 hab

En termes de prévention des maladies contrôlables par la vaccination, les efforts sont notables, puisqu’en 2000, la part des « enfants correctement vaccinés » atteint 82% pour l’ensemble ( 84% pour les filles et 79% pour les garçons. Les écarts entre strate (rural /urbain pour ces mêmes types de vaccins : BCG, DTC3, VPO3, VAR) sont quasiment nuls, mais ils se manifestent au niveau des régions, avec une meilleure couverture dans la région Centre (87%) que dans le Sud (82%) ou l’Ouest (77%.) L’objet de notre travail n’étant pas de fournir des données exhaustives sur le système de santé algérien, nous aborderons, dans ce qui suit, quelques indicateurs de santé les plus importants concernant les femmes. Nous avons choisi la mortalité maternelle, et l’utilisation et accès à la contraception principalement ainsi que certaines maladies auxquelles seraient plus exposées les femmes. 4.3 La mortalité maternelle Bien que la mortalité maternelle ait continuellement diminué, elle reste encore relativement élevée et touche plus fréquemment les jeunes primipares et les grandes multipares. Toujours, selon l’enquête de l’INSP sur la mortalité maternelle en 1999, celle-ci est estimée à 117 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes (moins de 10 dans les pays développés et plus de 1000 dans certains pays de l’Afrique subsaharienne.) Elle était de 200 pour 100 000 dans les années 1980. Les femmes qui accouchent sont plus ou moins exposées à des complications fatales selon qu’elles résident dans le Nord ou le Sud du pays. Si dans la région centre-nord, le ratio de mortalité se situe à 84 pour 100 000, il grimpe à 210 (pour 100 000) dans la région sud-est. Ce ratio varie entre 17 et 235 pour 100 000 entre les différentes wilayate du pays. Tout comme pour les accouchements, ceux qui se font encore à domicile atteignent une part de 16% dans la

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région Sud (contre 3% et 4% au centre et à l’Est), alors que pour l’ensemble du pays ce taux est de 8%. Ils sont plus fréquents en zone rurale (12%) qu’en zone urbaine. Les causes principales de cette mortalité résultent, selon le ministère de la santé, d’un mauvais suivi des femmes enceintes et de dysfonctionnements dans l’organisation des services de soins. Si 92% des accouchements ont lieu en milieu assisté, 3 maternités sur 4 et la totalité des maternités rurales (430 maternités dans l’ensemble du pays) ne fournissent pas la qualité des soins obstétriques requise selon la classification de l’OMS. Elles ne sont pas en mesure de prévenir les complications dont meurent le plus souvent ces femmes à savoir, une haute tension artérielle, des infections et des hémorragies. Par ailleurs, si les soins et la surveillance au cours de la grossesse donnent un ratio de 4 femmes sur 5 qui ont bénéficié au moins d’une consultation en zone urbaine et 3 femmes sur 4 en zone rurale, la surveillance postnatale est loin d’atteindre un tel ratio. Elle concerne à peine un tiers des femmes (contre 20% en 1992) avec un écart quasiment nul entre zone rurale et zone urbaine (31% et 32% respectivement.) (Source, MDG 2000.) 4.4 La contraception La question de la contraception nous paraît très importante, tant du point de vue santé des femmes, mais aussi du point de vue socio- culturel dans le sens où la maîtrise de la fécondité est un paramètre essentiel dans l’amélioration du statut et de la condition des femmes dans la société. On peut rappeler que dans les pays occidentaux, l’augmentation de l’emploi des femmes a été permise par le développement de la contraception (maîtrise de son corps) et par celui de toute l’industrie des biens d’équipement ménager qui a permis la réduction du temps de travail domestique et plus tard enfin par celui des services éducatifs (crèches, garderies, centre de loisir, etc..). En Algérie, la question de la contraception a été très longtemps ignorée par les pouvoirs publics. Au niveau politique, il y avait même une hostilité à développer une politique démographique. Le slogan dans les années 1960 et 1970 était le suivant : « la meilleure pilule, c’est le développement économique. Alors que dans le pays voisin, Maroc et Tunisie, de telles politiques avaient démarré dés les années 1960. Ce n’est que vers le début des années 1980 que l’Algérie lance son Plan National de Maîtrise de la Croissance démographique (PNMCD, en 1983.) Entre temps, la population algérienne passe de 11 821 000 en 1966 à 16 063 000 en 1977 pour atteindre 22 881 000 en 1987. En 1985, le nombre moyen d’enfants par femme était encore de 6,5 et le taux de croissance démographique de 3,15% ! Toutefois à partir du milieu des années 1980, on va assister à une baisse brutale de la fécondité qui marquera le point de départ d’une nouvelle phase, celle de la transition démographique. En effet, cette baisse ne cessera de se poursuivre et permettra de rejoindre la courbe de fécondité du Maroc et de la Tunisie. De 6,2 enfants par femme en 1985, on passera à 4,8 en 1992 à 2,6 en 1998 et à 2,5 en 2000 (avec un taux d’accroissement démographique de 1,43%.) Mais les différences régionales sont importantes. Si en 1998, cet indice est de moins de 2 enfants par femme (en âge de procréer) dans les villes du nord, il est de 4,5 dans des wilayas du sud (Ilizi, Adrar, El-Oued.) Parmi les facteurs explicatifs (nombreux), on citera d’abord celui dont l’évolution a été la plus spectaculaire, à savoir :

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! l’accroissement rapide de la contraception notamment à partir de la décennie 1980 et qui coïncide avec le lancement du PNMCD (1983).

Indiquons tout d’abord que si en 1966, à peine 24% des femmes en âge de procréer connaissaient au moins une méthode contraceptive moderne, à la fin des années 1980, cette part passe à pas moins de 98% (chiffre de 1992.) Le taux de prévalence contraceptive en zone rurale passera de 4% en 1968 à 49,7% en 1995 (dont 0% puis 49,7% respectivement pour les méthodes de contraception moderne.) En 2000, ce taux pour cette même zone atteindra 62,9% (contre 64,8% en zone urbaine.) Pour cette même année et pour l’ensemble, 64% des femmes en âge de procréer pratiquent une méthode de contraception, dont 50,1% une méthode moderne. Cette méthode moderne est principalement la pilule, l’utilisation des autres méthodes est même marginale, y compris le stérilet. Ce qui, d’ailleurs, pose des problèmes de coût financier (importations) et d’approvisionnement (régularité.) La prévalence contraceptive est quasiment féminine. Celle des hommes est négligeable, plus faible que celle enregistrée en 1970, par exemple, soit un taux de 11%. Selon des spécialistes la singularité de l’évolution de cette prévalence contraceptive réside non seulement dans son accroissement significatif mais aussi (et surtout) dans sa pratique. C’est à dire qu’entre le milieu des années 1980 et jusqu’à la fin des années 1990,

- elle va d’abord s’étendre à toutes les classes d’instruction, avec des écarts modestes. Femmes mariées utilisant une méthode contraceptive au moment de l’enquête, selon le niveau d’instruction (en %), Enquête algérienne sur la Santé de la Mère et de l’Enfant, 1992 Jamais scolarisées Primaire incomplet Primaire Préparatoire Secondaire et plus 44% 59% 60% 62% 56%

- Elle va aussi gagner les femmes jeunes, ayant peu d’enfants. Un peu plus de la moitié

des femmes mariées âgées entre 20-24 ans pratiquait la contraception, alors qu’elles représentaient moins d’un tiers 9 années plus tôt. Par ailleurs près de 40% des femmes mariées ayant un seul enfant pratiquaient la contraception en 1992, alors que ce taux était de 26% en 1986 (de 6% en 1968.)

Evolution du taux de pratique de la contraception selon l’âge de la femme (%) Age 1986 1992 1995 15-19 ans 17,1 26,4 43,5 20-24 26,8 39,6 52,3 25-29 36,5 52,7 62,4 30-34 40,3 56,1 63,8 35-39 44,7 56,4 63,1 40-44 42,2 52,2 53,8 45-46 23,9 38,9 33,5 Total 35,5 50,8 56,9 Source : R.Benkhelil et N.Attout, l’espacement des naissances : facteurs déterminants des pratiques contraceptives, in Population et développement durable, CENEAP, mai 1999. - Enfin elle va « conquérir » les femmes rurales, réduisant alors de façon significative

les écarts entre strate de résidence (urbain/rural.) C’est vers le milieu des années 90 que ce rapprochement entre zone rurale et urbaine s’amorce et se poursuit très rapidement (en termes d’utilisation de méthodes contraceptives modernes.) En 2000, le taux de prévalence en zone urbaine est de 68,4% et de 62,9% en zone rurale.

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! Le recul de l’âge au mariage qui passe, pour les femmes, de 18 ans en 1966 à 26 ans en 1992 pour se situer à 27,6 ans en 2000, et à 24 ans, 30 ans et 31 ans respectivement pour les hommes.

! Le développement de l’éducation des filles. Toutes les enquêtes nationales sur cette

question, montrent le lien étroit existant entre la fécondité et le niveau d’instruction de la femme.

Ainsi l’enquête EASME (1992) montre que le nombre moyen de naissances vivantes des femmes analphabètes était de 5,7 et décline déjà à 3,1 dés que la femme a un niveau primaire. Lorsqu’elle jouit d’un niveau du secondaire ou plus, ce nombre chute à 1,9. Ce lien est également corroboré par l’enquête 2000 sur le « degré d’adhésion aux valeurs égalitaires », où 59% des enquêtés mariés analphabètes ont plus de 4 enfants, alors que cette taille de la descendance ne se retrouve que chez 22% de ceux de niveau primaire ou moyen, et chez 15% de ceux possédant un niveau d’instruction secondaire et plus. Par ailleurs, se confirme également le rôle du niveau d’instruction de l’époux dans la détermination du niveau de fécondité. Enfin, on constate (selon les statistiques nationales) que les disparités régionales (notamment entre certaines wilayate du nord et du sud) en termes de niveau de fécondité se doublent des mêmes disparités entre le niveau d’éducation des filles et de celui du taux d’analphabétisme des femmes. ! L’extension du salariat, la forte urbanisation, les transformations socio- culturelles

(dont le phénomène du développement de l’éducation des filles et une couverture sanitaire du pays assez large en structures de soins et prévention en direction des enfants et de la mère ) et la crise économique et sociale des années 1990 ont été également autant de facteurs qui ont joué sur la baisse de la fécondité et le recours plus important à la contraception.

De façon suc ceinte, on peut résumer ces phénomènes de la façon suivante : Prés de 60% de la population occupée (en 2001) sont devenus salariée ; près d’un algérien sur 2 est actuellement citadin ; le taux de scolarisation des filles de 6 à 14 ans est passé de 32% en 1965/66 à 87% en 1999/2000 ; la parité entre filles et garçons dans l ‘enseignement fondamental et secondaire est presque atteinte et réelle dans l’enseignement supérieur ; l’emploi des femmes a augmenté de façon absolue depuis les années 1960, même si en termes relatifs il demeure faible (passant de 95 000 en 1966 à 883 550 en 2001) ; la demande d’emploi féminin a fortement augmenté notamment depuis les années 1980, avec un taux de chômage qui va progressivement dépasser celui des hommes ; enfin l’accroissement du niveau de vie et de bien-être matériel (en termes de biens et de services) de la population par rapport au niveau de départ des années 1960-1970. L’ensemble de ces éléments a agi sur les représentations du modèle familial et sur les valeurs qui lui sont liés, dans le sens, au moins, d’un processus de nucléarisation et de réduction de la taille des ménages. Au plan qualitatif, l’effet de ces différents facteurs va aussi se traduire dans une évolution, entre autres, des attitudes à l’égard du principe de la contraception, de la taille idéale du ménage, de l’éducation des filles, du travail des femmes.

Alors que les réticences des pouvoirs politiques dans les années 1960 et 1970 à mettre en place une politique de planning familial ouverte trouvaient, en grande partie, leur origine dans une crainte de réactions religieuses de la part de l’autorité religieuse officielle, mais aussi de celle de la population, des enquêtes indiquent que la raison religieuse pour expliquer la non-

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adhésion des personnes à la pratique contraceptive est faiblement évoquée ou en tout cas ne se compte pas parmi les premières raisons, contrairement à ce qui aurait pu être attendu. En fait, c’est le « désir d’enfants » et la « crainte des effets secondaires » qui sont reviennent le plus fréquemment dans la justification d’une non-adhésion à la contraception (en l’occurrence moderne.) Le motif de « l’interdit religieux » n’a été évoqué au cours de l’enquête MDG 1995, que par 2% seulement des femmes mariées en âge de procréer. Cette part était de 5,4% en 1986 (ENAF.) En revanche, « l’opposition du mari » est plus fréquente. Sa part est de 3% en 1995. Elle atteignait 11,7% en 1986. Même si on suppose que l’opposition maritale peut également procéder d’arguments religieux, il n’en demeure pas moins que, même cumulées, leur part (raison de l’interdit religieux et de l’opposition maritale) ne modifie que peu la hiérarchisation des raisons pour les trois enquêtes et décrit, surtout, une évolution à la baisse. On saisira cette occasion pour déplorer que bien souvent les enquêtes abordant des questions relatives à la fécondité ou à la contraception se focalisent essentiellement sur les pratiques, comportement et attitudes des femmes (ou épouses) et font peu de cas des hommes (ou conjoints.) Alors qu’il s’avère impératif d’approcher les causes du refus de maîtriser sa descendance de la part des hommes, notamment dans une société où la domination masculine dans le ménage est réelle et où des efforts de maîtrise de la croissance démographique sont encore à déployer. Lorsque l’on interroge les gens sur la taille idéale du ménage, la moyenne des réponses se situe entre 3 et 4 enfants (ENAF 1986 et EASME 1992.) Ce qui traduit encore chez l’Algérien un comportement encore nataliste. Toutefois, le nombre idéal d’enfants souhaités diminue en fonction du niveau d’instruction de l’homme ou de la femme. Tel est le résultat que livre l’enquête sur « le degré d’adhésion aux valeurs égalitaires. » (2000) Parmi les personnes âgées de 18 ans et plus (célibataires et mariées ; hommes âgés de moins de 70 ans et femmes en âge de procréer), un peu plus d’un tiers (36%) souhaitaient avoir entre 1 et 2 enfants dont plus de la moitié était de niveau secondaire ou supérieur. Enfin 13% considéraient que cela relevait de la volonté divine et dont la majorité était constituée par des individus célibataires pour lesquels cette préoccupation était encore trop lointaine pour susciter une réponse précise. Dans cette appréciation de la taille idéale de leur descendance, la préférence d’une descendance exclusivement masculine tend à céder la place à celle d’une descendance équilibrée entre filles et garçons. C’est en tout cas ce que révèle l’enquête sus citée où une telle position est exprimée par près des deux tiers des personnes interrogées. Celles qui affichent une préférence pour les seuls garçons représentent une part de 20% et pour les filles seulement, 10%. D’autres enquêtes attestent aussi de cette recherche d’équilibre et révèlent aussi que les couples ayant une descendance exclusivement masculine expriment leur insatisfaction et avouent leur désir d’avoir des filles.

Par ailleurs, les parents tendent de moins en moins à entretenir des discriminations entre leur(s) fille(s) e leur (s) garçon(s) concernant leur instruction. Ainsi l’enquête EASME (1992) révèle que 79% des femmes mariées interrogées désirent que leurs filles poursuivent des études supérieures et 87% souhaitent un même niveau d’éducation entre pour la fille et le garçon. De façon générale, l’attitude tant des femmes que des hommes à l’égard de l’instruction ( y compris élevée) des filles y est largement favorable (voir chiffres dans le chapitre sur l’éducation.) Concernant le travail des femmes, le constat est moins satisfaisant mais les oppositions au principe du travail des femmes tendent à s’amoindrir. C’est ce que montre bien les résultats d’enquête que nous avons regroupés à ce sujet dans le chapitre sur l’emploi des femmes.

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! La crise des années 1990, a également été évoqué comme facteur ayant joué un rôle

dans la baisse de la fécondité et le recul de l’âge au mariage. A la baisse importante du pouvoir d’achat des couches moyennes (en l’occurrence) va se conjuguer un fort accroissement du chômage et une crise de plus en aigu du logement. Le taux d’occupation par logement est élevé : 7,14 en 1998. En 10 ans (1987-1998) le nombre moyen de personnes par logement atteint 6,58 et le nombre moyen de ménages par logement va même augmenter pour se situer à 1,08. Tandis que la population a triplé, le parc logement, lui, n’a que doublé. Sur ce fonds de crise économique, les problèmes politiques s’accentuent. Au moment où le système du parti unique s’effondre pour faire place au pluralisme, les forces politiques islamistes et leur branche armée prennent le relais. La société s’enfoncera dans 10 ans de lutte contre le terrorisme qui se soldera, selon certaines sources, par près de 100 000 morts. 1.5 Les contraintes

En matière de mortalité maternelle, le secteur de la santé avoue lui-même que des efforts importants devront être déployés pour réduire cette mortalité d’ici la fin de la décennie. La réalisation de cet objectif nécessitera des moyens supplémentaires pour équiper les maternités, notamment rurales, en matériel qui puisse leur permettre de faire face à des premières complications. Mais à côté de cela, des actions devront être menées pour améliorer la formation du personnel para-médical (sage-femmes) dans ces maternités. Par ailleurs, les problèmes d’organisation et de gestion qui touchent l’ensemble des structures de santé du secteur publique et qui influent fortement sur la qualité des soins promulgués doivent être solutionnés sous peine d’aggraver les insuffisances déjà constatées. Ce type de problèmes se répercute également sur l’efficacité du programme de maîtrise de la fécondité. Selon les acteurs de ce programme les ruptures d’approvisionnement en contraceptifs les plus utilisés, en l’occurrence la pilule ou encore leur insuffisance dans les structures de santé concernés, ainsi que le mauvais accueil (y compris en termes d’informations) que les femmes reçoivent dans ces structures de planification familiale, entravent sérieusement le succès d’un tel programme. Comme le souligne le vice-président de l’Association Algérienne de Planification Familiale (crée en 1987), le niveau de fécondité atteint actuellement, même s’il a fortement baissé au cours de ces deux dernières décennies, demeure encore à un niveau élevé (surtout au regard des contraintes économiques et sociales qui persisteront à moyen et long terme.) Avec un taux de prévalence de 64%, le niveau de fécondité devrait être plus bas, ce qui révèle qu’il existe vraisemblablement un problème d’efficacité pratique de cette contraception. Par ailleurs, il y aurait encore un problème d’acceptabilité de la contraception qui tiendrait, en grande partie, au fait que la sensibilisation à ce sujet n’ait pas été suffisamment assumée et faite par des canaux officiels (plus du tiers de femmes ne voulant pas avoir d’enfants n’utilisaient pas de contraceptifs -enquête EASME-PAPCHILD, 1992.) Des gains peuvent, néanmoins, être réalisés actuellement dans le sens d’une baisse de la fécondité en améliorant dans l’espace et dans le temps l’offre de contraceptifs ( la demande ne semble pas être satisfaite) et en s’attelant à faire un plaidoyer de proximité notamment dans les wilayate et zones où les taux de fécondité sont les plus élevés et améliorer également au niveau national l’accueil et l’information dans les structures de santé publiques. Un moindre niveau de fécondité peut être atteint sans grandes campagnes nationales si de tels problèmes

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étaient rapidement solutionnés. Car l’adhésion au principe de la contraception progresse et les changements au niveau culturel, au moins par rapport au modèle de famille plus restreinte et ceux induits par l’éducation des filles, laissent à penser qu’un retour vers un niveau de fécondité plus élevé est peu probable. Parallèlement des efforts de diversification dans les méthodes modernes de contraception, en direction de méthodes de longue durée, sont impératifs. Ceci afin de minimiser les coûts et les conséquences plus graves des perturbations fréquentes d’approvisionnement, quand il s’agit de la pilule. Par ailleurs, la contraception masculine devrait aussi faire l’objet d’une attention particulière. Très marginale déjà, les programmes de maîtrise de la fécondité ont continué à faire de la contraception une affaire principalement féminine. Les moyens sont ici à trouver pour impliquer davantage les hommes dans la contraception, au moment où précisément les oppositions semblent s’estomper sous l’effet des changements culturels évoqués plus haut (les bénéfices en termes de coût seront très appréciables.) L’ensemble de ces mesures doit néanmoins être calées sur une connaissance plus fine (à travers des enquêtes) d’une part, de l’offre de contraceptifs et de son fonctionnement et d’autre part sur la manière dont les femmes contraceptantes pratiquent effectivement cette contraception, de la gestion par le couple de sa descendance et enfin sur les comportements, attitudes des femmes ET des hommes à l’égard de la contraception et de la fécondité. Cette connaissance doit être abordée non seulement sous l’angle santé, mais aussi démographique et sociologique. 5. LES ACTEURS DE LA PRISE EN CHARGE DES QUESTIONS DU GENRE 5.1 Les organismes institutionnels en charge de la question féminine Il n’existe pas en Algérie d’institution autonome et spécifique en charge de la promotion du statut et de la condition des femmes. Les politiques nationales (et les différents programmes) entreprises dans différents secteurs ne contiennent pas d’axes orientés spécifiquement vers la population féminine. Seule la politique de santé publique, par son programme de planification familiale et de santé reproductive (à partir des années 1980), va développer des actions en direction de la population féminine dans le cadre de ce programme de maîtrise de la fécondité. Orientation critiquable, selon l’avis de certains acteurs de ce programme, dans le sens où l’efficacité de ce programme particulier requerrait un ciblage concomitant de la population masculine. Cette dilution de la problématique genre dans les différentes politiques nationales, était souvent argumentée (et l’est encore parfois) par la référence au dispositif législatif algérien qui consacrait dans le domaine public une égalité de droits entre hommes et femmes. Pour les décideurs concernés, introduire dans une politique un axe en direction des femmes, c’était et c’est reconnaître implicitement l’existence et la consécration dans la loi d’une inégalité en droits. Des raisons politiques expliquaient (et expliquent parfois) cet aveuglement, mais aussi des raisons liées au maintien de la domination masculine. Les inégalités et les discriminations à l’égard des femmes dans l’espace privé étant vécues comme naturelles et faisant partie du « patrimoine culturel » (valeurs, traditions, religion etc..) soustrait au changement. Le contexte particulier lié à l’émergence du terrorisme à grande échelle et les difficultés économiques (augmentation du chômage, licenciements, baisse du pouvoir d’achat )

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aboutissant à l’appauvrissement croissant de catégories déjà vulnérables, obligent les instances dirigeantes à se pencher sur la mise en place de mécanismes de solidarité pour venir en aide aux couches les plus durement touchées par le rétrécissement des ressources économiques (pauvreté- cf. le point 3. 7) et par le terrorisme (assassinats, viols, rapts, enfants devenus orphelins, destruction d’habitations, d’écoles, d’entreprises, d’infrastructures routières etc.. .) C’est dans cette logique que s’inscrit la création d’un Ministère de la famille et de la Solidarité et de la famille et qui ensuite deviendra le ministère de l’Action sociale et de la solidarité nationale ( la problématique de la famille –voir de la question féminine ayant disparu) et dans lequel on intégrera des préoccupations relatives à la population féminine. En effet, au niveau de son administration centrale est installée une direction de la famille subdivisée en trois sous-directions chargées respectivement de la préservation de la famille, de la promotion de la femme et de la protection de l’enfance. 5.2 Le mouvement associatif La loi sur les associations de 1989 est très souple et permet un fonctionnement autonome de l’association dés lors que les règles et formalités de constitution de l’association (peu contraignantes) sont remplies. Les associations peuvent activer légalement avant même d’obtenir leur agrément, dés lors qu’elles sont enregistrées auprès de la wilaya (préfecture) par la délivrance d’in récépissé. C’est cette souplesse de la loi qui a été un des facteurs de multiplication des associations aux côtés d’un engouement de la population pour l’action associative autonome au lendemain de l’instauration du pluralisme politique en 1989. En effet, avant ce changement de régime toute initiative associative était interdite, sauf si elle était parrainée par le parti unique au pouvoir et ses organisations nationales ou relais locaux. En Algérie, on compte des milliers d’associations (toutes raisons confondues) dont le chiffre avoisine environ 60 000 (45 000 selon d’autres sources) pour les associations locales et un peu plus de 800 pour les associations nationales. Les associations nationales et locales ayant comme secteur d’intervention les femmes, selon la dénomination du Ministère de l’Intérieur, sont respectivement au nombre de 21 (soit 2,4% du total des associations nationales) et de 418 (soit 0, 7% des associations locales.) Leur faiblesse numérique fait que dans de nombreuses wilayate, (y compris du Nord) elles sont inexistantes (B. Ben Moussa, 2002.) 5.2.1 Contraintes et difficultés du mouvement associatif La multiplication rapide des associations après 1989, n’a pas été suivie d’une aide proportionnelle aux besoins de ces associations qui démarraient sans aucune expérience. Les petites subventions accordées par l’Etat à ce mouvement associatif étaient sélectives et d’un faible montant. Dans le meilleur des cas, cette aide prenait la forme d’une cession d’un petit local (aux plus chanceux.) Par ailleurs, au bout de quelques années celles-ci ont cessé totalement, sauf pour un petit nombre d’entre elles (ce sont surtout les nombreux partis politiques qui se sont crées après 1989 qui ont drainé des subventions substantielles.)

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Après la naissance de ce mouvement associatif autonome, celui-ci a été tout de suite confronté au début de la décennie 1990 à l’émergence d’un terrorisme à large échelle et, ce, pendant près de 10 ans. Ceci a eu pour conséquences directes, le ralentissement sinon le gel de ses activités et les difficultés à prétendre à des aides internationales pour renforcer ses capacités en matière de formation de ses ressources humaines et en matière d’équipement. Difficultés renforcées par l’absence de leur présence physique (représentations) en Algérie. Les aides nationales (du secteur privé ou des entreprises publiques) étaient le plus souvent octroyées à des associations dont les actions s’inscrivaient dans le champ de l’aide directe ou indirecte aux populations victimes du terrorisme. Quant aux aides internationales qui parvenaient à être acheminées jusqu’au bénéficiaire, elles concernaient principalement les actions en direction de la lutte pour le respect des droits humains. Ainsi, de façon synthétique on peut dire que la jeunesse du mouvement associatif (depuis 1989 seulement), les faibles (ou l’inexistence dans plusieurs cas) de subventions de l’Etat aux associations, la crise de l’offre dans le domaine de l’immobilier (notamment dans les zones urbaines), la réticence des pouvoirs publics à drainer les aides internationales (depuis l’indépendance jusqu’à la fin des années 1980) et donc la faible représentation locale des organismes d’aide, la grave crise politique, sociale et humaine qui a secoué l’Algérie au cours de la décennie 1990 (terrorisme), ont eu pour conséquences pour le mouvement associatif féminin (s’occupant de questions touchant aux femmes dans différents domaines) et pour le mouvement associatif en général :

• La persistance de faibles capacités d’organisation et de gestion interne, ainsi que de formation de leurs ressources humaines responsables du fonctionnement de l’association. D’où les difficultés et parfois l’absence de savoir-faire pour rechercher des aides, de concevoir un projet viable, et ensuite de le mener à bien tant au point de vue de la réalisation technique que de la gestion financière. Handicaps accentués par l’extrême difficulté de louer un local (avec le minimum de commodités comme une ligne téléphonique) pour mener à bien leurs tâches. Ceci en raison des prix élevés vu la faiblesse de l’offre de l’immobilier (dans les grandes villes) ET du faible nombre de projets réalisés dans lesquels le coût du budget de fonctionnement aurait pu être intégré.

• Un ralentissement sinon un gel de leurs activités (devenues pour certaines dangereuses

pour la vie même de leurs initiateurs) qui ont conduit à une perte importante de leur assise humaine et la réduction de leurs impacts sur les catégories de population ciblées. Nombreuses sont les associations ne fonctionnant qu’avec quelques personnes dans les conditions sus décrites et sans pouvoir mener d’actions pendant plusieurs mois, sinon années. Plusieurs associations de femmes de plaidoyer pour les droits des femmes, par exemple, sont touchées de plein fouet par cette situation. Mais pas seulement celles-ci. Cette situation conduit le plus souvent à un cercle vicieux où l’association faiblement dotée en ressources humaines et matérielles ne peut entreprendre de projets – quand elle parvient à trouver un financement. Projets qui sont pourtant seuls en mesure de la sortir de ces difficultés.

• Le développement d’un « clientélisme » associatif (depuis la fin des années 1990)

auprès des organismes internationaux dispensant des aides, mais aussi auprès d’organismes et entreprises nationales dans la capitale Alger. Proche des centres de décision et d’activités, les associations dont les membres résident à Alger se trouvent fortement privilégiées. Privilège d’autant plus contestable parfois qu’il ne correspond

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pas toujours à un dynamisme et à un impact plus grand des ces associations par rapport à celles activant dans d’autres régions dont les besoins d’assistance sont réels. Une « rente géographique » avec laquelle les organismes dispensant de l’aide sont parfois obligés de composer, en raison de leur connaissance insuffisante du paysage associatif algérien et de leur récente intervention en Algérie (pour les dispensateurs d’aides internationales.) Bien que ce phénomène existe dans plusieurs autres pays similaires, il est à souligner qu’il est d’une plus grande acuité en Algérie en raison des facteurs et contraintes particuliers sus- cités.

• Une difficulté à assurer une relève (puisée dans les générations plus jeunes.) Elle est

très apparente au sein des associations féminines de plaidoyer en faveur des droits des femmes. Si là aussi, ce phénomène se retrouve au sein du mouvement associatif féminin (ou féministe) dans les autres pays du Maghreb, en Algérie il est chargé d’une difficulté supplémentaire, à savoir la charge plus forte que charrie l’appartenance linguistique (arabe/français) de tout discours militant. Plus que dans les deux autres pays du Maghreb, on attribue (faussement ou à juste titre) à une pratique linguistique différente une culture différente entre lesquelles des ponts sont rarement jetés. Ce qui serait un des facteurs explicatifs des difficultés rencontrées par les associations féminines de plaidoyer (en Algérie) à élargir leur assise et leur impact auprès des jeunes femmes.

Cette difficulté est moins forte au sein des associations à caractère social ou économique par l’origine de leur création. Plus récentes et moins traversées par des clivages politiques, elles intègrent dés le départ des jeunes. Toutefois, elles sont plus éphémères en raison de l’extrême faiblesse de leurs moyens humains et matériels, sauf celles qui possèdent de façon non déclarée des appuis d’une administration ou de personnalités influentes.

5.2.2 Le paysage associatif intervenant sur la question du genre

• Les associations féminines de plaidoyer pour l’égalité des droits des femmes

Les associations qui travaillent en direction des femmes ont d’abord été des associations de plaidoyer en faveur de l’égalité des droits entre hommes et femmes. Certaines d’entre elles ont existé clandestinement avant la constitutionnalisation du pluralisme politique en 1989. Leur existence, même clandestine, était liée à celle de partis d’opposition tout aussi clandestins. Cette donnée importante explique encore jusqu’à aujourd’hui les difficultés que ce type d’associations ont à trouver des bases communes de travail. D’autant que pour la plupart d’entre elles, ce sont encore les mêmes militantes qui dirigent ou activent le plus dans ces associations (la relève ayant du mal à s’effectuer.) Toutefois, depuis ces trois dernières des signes de moindre crispation commencent à apparaître à travers quelques actions et /ou projets (encore rares) entrepris en commun entre certaines associations. Leurs objectifs et leurs activités ont été centrées essentiellement autour de la dénonciation de la loi sur la famille (code de la famille), par l’organisation de séminaires, de journées de protestation (notamment à tous les 08 mars) à l’encontre de ce texte de loi et par la publication (parfois artisanale) de bulletins très irréguliers sur la situation des femmes et dont les moyens de diffusion étaient malheureusement restreints. Par ailleurs, à chaque fois que des mesures arbitraires et discriminatoires étaient proposées à l’encontre des femmes, ces

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associations se mobilisaient, en investissant des lieux publics ou en manifestant dans la rue, pour dénoncer et faire pression pour que ces mesures soient retirées. Au cours de la décennie 1990, l’énergie à peine naissante de ces associations a été canalisée vers la lutte contre les violences terroristes et l’intégrisme qui menaçaient lourdement non seulement les dures avancées réalisées par les femmes (éducation, emploi) mais l’intégrité physique même des leaders et militantes de ces associations. Ce n’est que vers la fin des années 1990 que ces associations ont pu retrouver un climat qui leur permettait de relancer leurs activités en les recentrant sur leur objectif premier : les femmes et leur participation pleine et entière à la vie de la société, comme citoyennes. Une relance qui cependant s’engage avec les travers, les handicaps et les contraintes décrites précédemment. Il est important de signaler que la plupart de ces associations n’ont pas investi d’autres domaines que celui du plaidoyer. Les domaines du social, de l’économique et dans une moindre mesure du culturel ont été laissé à d’autres. Cette « division » a été au début un choix du mouvement féministe, mais plus tard quelques associations de ce mouvement sont revenues sur ce choix, en s’investissant par exemple dans le domaine de l’écoute et de l’assistance juridique (et psychologique) des femmes et même dans la création et la gestion de centres d’accueil des femmes victimes de l’arbitraire de la loi sur la famille (divorcées chassées de leur domicile etc..) ou de violences. Ce tournant correspond aussi à une plus grande disponibilité et accessibilité de l’aide internationale (dans le cadre de la promotion de projets régionaux.)

• Les associations s’occupant des conséquences des violences du terrorisme sur la personne des femmes et des enfants

A la suite des horreurs perpétrées sur des populations civiles par les groupes armés de terroristes, quelques associations sont nées pour porter des aides diverses à ces populations. Des aides matérielles, mais aussi des aides juridiques pour faire valoir certains droits d’indemnisation. Enfin des aides au plan médical et surtout psychologique en direction de femmes et d’enfants témoins d’assassinats (égorgements) de leur famille ou de bombes. Concernant les femmes, des associations de plaidoyer et des femmes indépendantes se sont constituées en réseau pour venir en aide aux femmes victimes de viols (par les groupes armés) ou kidnappées vers les maquis. leur sort était dramatique puisque pour certaines elles étaient rejetées par leur famille et pour d’autres enceintes ne pouvaient pas se faire avorter (la loi interdisant l’avortement sauf pour des raisons thérapeutiques.) Une aide doublée d’une forte protestation à l’encontre des pouvoirs publics réticents à aborder le problème. Enfin, des groupes et petits réseaux (avec la collaboration –même timide- de certaines institutions) ont choisi de rompre le silence sur la réalité des violences en Algérie en réfléchissant sur ce phénomène par des études, enquêtes et séminaires.

• Les associations s’occupant de la promotion de l’insertion des femmes dans la vie sociale et économique

De façon générale, ces associations sont surtout présentes en dehors d’Alger. Elles sont plus difficiles à identifier en raison de leur caractère plus éphémère que les autres. Leur objectif étant de mener des projets de terrain, ceci demande certains moyens matériels et des ressources humaines (relativement formées) dont elles ne disposent pas le plus souvent. Après

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la réalisation d’un premier projet de développement, elles disparaissent ou n’existent que formellement. Toutefois il en existe quelques-unes unes d’une certaine importance qui ont pu se développer et travailler de façon relativement efficace. Il s’agit notamment d’associations locales animées par des femmes agronomes en direction des femmes rurales pour promouvoir d’activités. Sans parler de l’association (nationale) Twisa dont l’efficacité d’intervention est de plus avérée, mais ne focalise pas ses actions sur les femmes en particulier ou exclusivement.

! La création d’une commission nationale des femmes travailleuses de l’UGTA (Union Générale des Travailleurs Algériens- principal syndicat) – le 17 mars 2002

Bien qu’il ne s’agisse pas là d’une association, nous avons tenu à signaler son existence de par le rôle important que cette nouvelle commission, en voie de constitution, peut jouer dans la prise en charge de la question genre dans l’activité syndicale. On signalera qu’au cours de la conférence nationale constitutive de cette commission (17/03/2002), les déléguées des femmes syndicalistes rassemblées à cette occasion insisté dans un papier introductif sur « la place insuffisante des femmes au sein de l’UGTA et se proposent, dans le cadre de cette nouvelle commission, de faire pression sur le syndicat pour que l’égalité entre femmes et hommes garantie par la loi sur le travail soit réellement effective dans la vie active des femmes. C’est ainsi que dans leur programme d’action, encore général à ce stade, y est affirmé dans toutes les actions proposées de réaffirmer la nécessité de veiller à ce que le principe d’égalité soit effectif dans la réalité du monde du travail et à ce que la représentation des femmes syndicalistes à toutes les instances de direction du syndicat et dans les équipes de négociation et délégations soit renforcée. 6. RECOMMANDATIONS GENERALES Nous énoncerons dans ce qui suit des recommandations particulières au mouvement associatif, et plus précisément concernant les ONG impliquées dans la question du genre. Dans un deuxième temps, nous exposerons les recommandations générales allant dans le sens de la promotion de la condition féminine et de la connaissance de cette condition et enfin de l’intégration de la problématique genre dans les politiques sectorielles. 6.1 Recommandations spécifiques au ONG concernées par la question genre Il est évident que toutes actions et programmes de développement de l’approche genre et d’assistance aux femmes pour améliorer (sinon créer) les conditions d’accès au processus de développement économique et à la prise de décision, nécessitent une forte sensibilisation des institutions à cette question mais aussi et de façon concomitante le renforcement nt du dynamisme des ONG. Le travail de proximité que les ONG ont le privilège de réaliser, quand elles sont outillées et plus ou moins autonomes (de l’administration centrale et locale), garantit pour partie l’efficacité des actions ou programmes entrepris. Par ailleurs, le renforcement des ONG dans ce même objectif est d’autant plus justifié que les administrations et structures locales qui sont impliquées dans la mise en œuvre de tel ou tel programme en direction des femmes souffrent souvent de carences au niveau organisationnel

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et de motivations (notamment quand il s’agit de femmes) pour assurer le meilleur ciblage des populations concernées par l’action lancée et opérer les ajustements nécessaires pour se rapprocher de l’impact souhaité. Opérations décisives que la collaboration avec des ONG bien outillées peut contribuer à réaliser, car plus motivées d’abord et parce qu’elles possèdent aussi une connaissance du terrain et enfin échappent davantage aux conflits d’intérêts des administrations locales. Conflits d’intérêts qui peuvent largement compromettre le succès d’un programme. Bien entendu, un programme de renforcement des capacités des ONG travaillant en direction des femmes, doit à son tour obéir à certaines considérations : les domaines jugés prioritaires et la nature et capacités des ONG elles-mêmes. Il s’agit, en premier lieu, de lier le renforcement des capacités des ONG aux domaines jugés prioritaires dans le(s) programmes ou actions d’aide en direction des femmes et/ou la prise en compte de l’approche genre dans les politiques de développement et d’aide. En d’autres termes les ONG candidates à ce programme de renforcement de leurs capacités doivent être des ONG qui travaillent déjà dans ces domaines prioritaires ou qui comptent s’y engager incessamment. ! Ce programme de renforcement des capacités des ONG gagnerait à privilégier les

ONG qui ont déjà à leur actif la réalisation de quelques projets (aussi modestes soient- ils) dans les domaines retenus et qui ne bénéficient pas suffisamment d’aides ou qui n’ont pas les moyens d’accéder à cette aide. Le souci étant d’équilibrer cette aide au renforcement afin qu’elle ne profite pas uniquement à des ONG dont les objectifs peuvent effectivement s’inscrire dans les domaines choisis, mais qui bénéficient déjà d’un appui formalisé ou non d’une administration locale ou centrale.

! Il doit aussi privilégier les ONG des zones géographiques défavorisées ou tout au

moins ne pas se concentrer dans la zone urbaine de la région centre. L’acuité des problèmes rencontrés par les femmes étant plus forte au fur et à mesure que l’on s’éloigne des zones urbaines, amplifiée de surcroît par le phénomène de pauvreté.

! Dans le cas particulier des ONG de plaidoyer pour les droits des femmes (dont la

situation et les problèmes ont été évoqués précédemment), dont les objectifs et la finalité traversent tous les domaines d’intervention en direction des femmes, le programme de renforcement de leurs capacités, devrait être soumis à la construction d’un réel partenariat avec des ONG intervenant dans le domaine de la promotion des femmes dans les domaines social et économique dans des zones défavorisées (entendu les plus pauvres.) Il est, en effet, plus difficile, sinon très incertain, de demander à ce que des ONG de plaidoyer se fédèrent pour augmenter l’efficacité de leur impact et minimiser leur coût de fonctionnement pour engager un partenariat avec les autres, en raison de leurs divergences pas encore dépassées, que d’envisager de façon plus réaliste un partenariat librement choisi par chacune d’elles (pour celles éligibles à ce programme.)

Partenariat dans le sens de mise en place de projets ou d’actions qui contiennent un volet d’information/sensibilisation sur les droits relatifs à tous les domaines de la vie publique, dont le projet FNUAP-Institut National de Vulgarisation Agricole (INVA) constitue un bon exemple, dans le sens où un programme de sensibilisation sur la santé

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reproductive auprès de femmes rurales a été intégré dans un projet de développement agricole les concernant.

6.2 Recommandations générales Pour un certain nombre de recommandations, il serait utile qu’elles soient envisagées davantage pour les régions les plus pauvres du pays (comme celles du Sud ou des Hauts-Plateaux) que pour l’ensemble.

! Axe 1 : renforcement de certaines actions en cours Appuyer éventuellement la proposition du plan d’action (contenu définitif de ce plan en voie d’achèvement) du projet PNUD sur « l’intégration de l’approche genre dans le processus de développement en Algérie» / 20001-2002

! Axe 2 : Amélioration de la connaissance du marché de l’emploi, du chômage féminin et de l’inactivité des femmes

Mener des enquêtes rigoureuses et les plus exhaustives possibles sur ces trois volets. L’objectif étant d’affiner l’information sur (a) la nature de l’emploi féminin actuel en distinguant la part de l’informel (et en le définissant) du formel ; (b) sur les motivations au travail dans le secteur formel et informel ; (c) sur la nature de la demande d’emploi féminine (quel type d’emploi sollicitent les femmes ? pour quelles raisons ? ; à quelles conditions –niveau de rémunération ? Comment recherchent-elles de l’emploi ? Etc.) ; (d) sur les raisons de l’inactivité des femmes, notamment celles ayant un niveau d’instruction élevé.

! Axe 3 : Soutien à l’emploi pour les femmes

PARTIR DES DISPOSITIFS ET DES PROGRAMMES EXISTANTS DE SOUTIEN A L’EMPLOI (en particulier des jeunes), DE CREATION D’ACTIVITES (y compris dans le secteur agricole) et D’AIDE SOCIALE POUR DEVELOPPER EN LEUR SEIN DES PROGRAMMES DISTINCTS EN DIRECTION DES FEMMES POUR LES MEMES OBJECTIFS en favorisant les zones les plus fortement touchées par le chômage et la pauvreté. Concernant les ZONES RURALES : développer en direction des femmes rurales ne possédant ni terre ni capital (et qui de par cette pauvreté ne peuvent remplir les conditions minimales pour accéder aux programmes d’aide existants du ministère de l’agriculture) des actions ou programmes (en collaboration avec les ONG travaillant avec les femmes rurales) orientés vers des activités de type artisanal mieux adapté à leur condition et environnement. Développer L’INFORMATION DE PROXIMITE en direction des femmes sur tous les dispositifs existants sus-cités :

- En renforçant au niveau des moyens et des méthodes les différentes structures existantes (qu’elles soient sous la tutelle du ministère de l’agriculture ou de celui du ministère du travail et de la protection sociale ou du ministère de la solidarité ) qui diffusent (ou devraient diffuser) cette information ; - En utilisant de façon plus organisée les ONG, comme principal –mais pas unique- vecteur de transmission de cette information. Celles-ci peuvent aller vers les femmes et

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non pas compter sur leur déplacement vers un centre ou structure d’information compte tenu des contraintes liées à l’environnement social et culturel. Ce qui nécessite une réelle collaboration entre ces structures et les ONG, basée sur des relations d’intérêts réciproques et des règles pouvant garantir la pérennité de la collaboration.

Développer des services d’aide domestique aux femmes que ce soit dans les zones urbaines ou semi-urbaines (à titre d’exemple, nous pouvons citer l’impact positif qu’auraient des aides incitatives à créer des laveries, notamment pour les affaires vestimentaires de type draps, couvertures, tapis qui demandent beaucoup de temps, d’efforts et d’eau dans une situation de rationnement d’eau dans les ménages.)

! Axe 4 : Soutien à l’activité artisanale des femmes DEVELOPPER UN RESEAU DE COPERATIVES DE VENTE DES PRODUITS ARTISANAUX DES FEMMES AMELIORER LA QUALITE DU SAVOIR-FAIRE ARTISANAL DES FEMMES par la mise en place de centres spécialisés (en collaboration peut-être avec le ministère de l’artisanat) qui formeraient « des formatrices » de haut niveau (en envisageant une coopération avec des partenaires de pays maghrébins plus expérimentés dans le domaine de la préservation et de la transmission des arts traditionnels.) Ces formatrices pouvant elles-mêmes, moyennant des aides, créer leur propre structure de formation ou unité de production.

! Axe 5 : Information, sensibilisation des femmes sur leurs droits Renforcer les actions visant à informer (de façon continue) les femmes de leurs droits quel que soit le domaine (santé reproductive –contraception, éducation, vie civile, travail, code de la famille.. .) Le vecteur principal de cette diffusion serait les ONG quel que soit leur domaine d’intervention en direction des femmes. En outre, les programmes de développement initiés en direction des femmes devraient contenir ce volet à moduler en fonction des caractéristiques de la population ciblée. Renforcer les moyens et les programmes d’alphabétisation des femmes adultes et ceux de sensibilisation et d’information sur la santé reproductive-en particulier la contraception- dans les régions les plus pauvres. Des ONG nationales travaillant dans ce domaine depuis longtemps peuvent être des relais importants (on pourra au moins citer « Iqra » pour le domaine de l’alphabétisation et l’association algérienne pour la planification familiale-AAPF- pour celui de la santé. .

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INDEX ADS : Agence de Développement Social ENSP : Enquête Nationale Statistique de la Population, 1969-1970, portant sur 55 000 ménages et réalisée par le Commissariat national aux recensements et enquêtes statistiques. ENAF : Enquête Nationale sur la Fécondité, 1986, portant sur 5300 ménages et réalisée par le CENEAP pour le compte de ministère de la protection sociale. EASME : Enquête Algérienne sur la Santé de la Mère et de l’Enfant (PAPCHILD), 1992, réalisée par l’ONS. EN PFAE : Enquête sur la Participation de la Femme à la Vie Active, 1994, CENEAP MDG 95 et MDG 2000, Middle Decade Goals. ONS : Office National des Statistiques

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Sources bibliographiques « L’état de santé des Algériennes et Algériens, rapport annuel », Ministère de la Santé et de la population, Alger , 7 Avril 2002. « Eléments pour une sociologie du genre en Algérie », Brahim Ben Moussa, Ateliers sur l’intégration de l’approche genre dans le processus de développement en Algérie, PNUD et ministère de la santé et de la population, Alger, 18-19-20 février 2002. « Activité, emploi et chômage au 3ème trimestre 2001. » Données statistiques n°343, ONS, Alger, février 2002. Statistiques ONS sur l’activité féminine au 3ème trimestre 2001, données spéciales. Entretien avec Iles Djalal, démographe, vice président de l’Association Pour la Planification Familiale, Avril 2002. Entretien avec Mme Keddad, vice-présidente de l’association « femmes et développement rural » et présidente d’une association locale en direction des femmes rurales de la wilaya de Tizi-Ouzou (en voie de création), Avril 2002. Entretien avec Mr Sahli, vice-président de l’association « Touisa » et responsable du volet « développement solidaire et environnement » au sein de l’association. Alger, Mai 2002. « L’école algérienne et la problématique du genre », Brahim Ben Moussa, projet FNUAP, 2001-2002. « Annuaire statistique 1999-2000. » Ministère du travail du et de la sécurité sociale. Direction des études et de la planification, Alger 2001. « Transition démographique et structure familiale », CENEAP/FNUAP, Alger, Mai 2001. « Participation de la femme au développement économique » CENEAP/FNUAP, Alger, Mai 2001. « Degré d’adhésion aux valeurs égalitaires dans la population adulte algérienne », rapport final de l’enquête, Collectif 95 Maghreb-Egalité , sous la coordination de Imane Hayef, Alger, octobre 2001. « Evolution des systèmes de protection sociale, ainsi que les perspectives, conditions et modalités permettant d’assurer leur équilibre financier .» Conseil National Economique et Social, Alger, juillet 2001. « Données statistiques 1999/2000 » n° 38, ministère de l’éducation nationale/direction de la planification, 2001, Alger « Rétrospective statistique 1962-2000, » ministère de l’éducation nationale/direction de la planification, Alger, 2001.

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« Première conférence nationale sur la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. » Palais des Nations Club des Pins, 28-29-30 Octobre 2000, Alger. « Les Algériennes, citoyennes en devenir », IMED, C.M.M éditions, Oran, 2000. « L’éducation nationale en chiffres. Année scolaire 1999-2000 » ministère de l’éducation nationale/direction de la planification, sous-direction des statistiques, Alger, février 2000. Données 1999/2000 et 2001/2002 du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. « L’exclusion des femmes algériennes de la protection juridique internationale effective », Nadia Ait-Zai , Alger, 1999 « Population et développement durable », CENEAP, Alger, Mai 1999. « Eléments de réflexion pour une politique de population », la revue du CENEAP, n°14, 1999. « Emploi, femme et fécondité en Algérie » CENEAP, Alger, Mai 1999. « RGPH 1998, les principaux résultats du sondage au 1/10ème », Collections statistiques n°80, ONS, Alger, 1999. « Population, société et développement » CENEAP, Alger, 1998 « Harmonisation des aides sociales de l’Etat.» Enquête et étude réalisée par Ecotechnics pour le compte de l’Agence de Développement Social, Alger, 1998. « Secteur informel en Algérie : évaluation et caractérisation.» Etude réalisée par Ecotechnics, Alger, 1998. « Activité, emploi et chômage au 3ème trimestre 1997. » Données statistiques n°263, ONS, Alger, mars 1998. « Violations flagrantes des droits et violences à l’égard des femmes au Maghreb » Collectif 95 Maghreb-Egalité, rapport annuel 1996-1997. « Droit de vote des femmes et choix politiques des femmes algériennes. » Enquête et étude réalisée par Imane Hayef , avec le concours de la Ford Foundation, Alger, 1994.