Upload
dinhnhu
View
231
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
4ÈME ANNÉE FSEG GESTION-AQPE
Intégration des Économies Africaines
Dr. Issiaka COULIBALY Professeur Assistant à FSEG
Dr. Ibrahim Bocar BA Chargé des Politiques macroéconomiques et de la Recherche économique à la CEDEAO
Présentation générale du cours
� Déroulement du cours:
¡ Cours durant tout ce semestre ÷ Séances de 3 heures par semaine
¡ Contrôle continu de 3 heures (40% de la note finale) ÷ Questions de cours (éventuellement des QCM) et
Exercices ¡ Examen final (60% de la note finale)
÷ Questions de cours (éventuellement des QCM) et Exercices
Présentation générale du cours
� Ouvrages de référence: ¡ Ouvrage collectif FERDI “Intégration régionale pour le
développement en Zone franc”, Economica, 2013. ¡ Beitone A., Cazorla A., Dollo C. et Drai A.M. “Dictionnaire de
science économique” (3ème édition), Armand Colin, 2010. � Articles et Rapports:
¡ Coulibaly I. “Intégration monétaire et financière en Afrique Subsaharienne : Quels impacts sur la croissance économique”, Rapport CNUCED, 2017.
¡ Coulibaly I. et Gnimassoun B. “Optimality of a monetary union: New evidence from exchange rate misalignments in West Africa”, Economic Modelling, Mai 2013.
¡ Coulibaly I. “Competitiveness and growth within the CFA franc zone: Does the switch to the euro matter?”, International Economics, Octobre 2014.
¡ Rapports CNUCED, Rapports UNECA, etc.
Plan du cours
� Chapitre introductif:
Qu’est ce que l’intégration économique?
� Chapitre 1: Intégration économique en Afrique Vision africaine de l’intégration (de l’OUA à l’UA), les CER,
� Chapitre 2: Intégration commerciale Commerce intra-régional, Effets de l’intégration commerciale,
Négociation APE (UE-CEDEAO),
� Chapitre 3: Régimes de change et Intégration monétaire en ASS Évolution des régimes de change en Afrique, régime et
performances économiques, question du FCFA,
� Chapitre 4: Intégration financière en Afrique Intégration financière intra-régionale, Impacts de l’IF en Afrique,
Qu’est ce que l’intégration économique?
Chapitre introductif
Qu’est ce que l’intégration économique?
Plan I. Introduction
II. Étapes de l’intégration économique
III. Théories de l’intégration économique
I. Introduction
� L’économie mondiale est aujourd’hui caractérisée par le phénomène de « mondialisation » avec l’interconnexion/interdépendance croissante des économies (en matière de commerce et de finance) et la forte mobilité des personnes
� Bien que ancien (1ère mondialisation date du XIXème siècle), ce phénomène a pris de l’ampleur dans les années 90 avec la disparition du communisme. ¡ Adoption du capitalisme libéral par des pays comme la Chine et
l’Inde. � Conséquence: une forte augmentation des flux
commerciaux et financiers encouragée par les politiques de réformes libérales: dérèglementation des marchés financiers, libre circulation des biens, capitaux et personnes par exemple en baissant les tarifs douaniers ou en créant des ZLE, etc.).
I. Introduction
0
0,05
0,1
0,15
0,2
0,25
0,3
0
2000000
4000000
6000000
8000000
10000000
12000000
14000000
16000000
18000000
20000000
1948 1951 1954 1957 1960 1963 1966 1969 1972 1975 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2008 2011 2014
Exportations Mondiales de Biens en Millions US$ et %
Exportation Monde Exportation Monde % du PIB
58614 2050129
3495675
12555778
18995653 16148864
I. Introduction
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
35%
40%
0
3000000
6000000
9000000
12000000
15000000
18000000
21000000
24000000
27000000
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014
Stock IDE Sortant en Millions US$
Stock IDE Entrant (% PIB) IDE Entrant (Stock)
I. Introduction
� La mondialisation est fondée sur une double logique: intégration et exclusion.
� Toutefois, la mondialisation conduit à plusieurs questionnements: ¡ Est-elle bénéfique pour toutes les économies?
÷ Constats: augmentation générale du revenu mais aussi des divergences de revenu entre pays (pas de rattrapage entre PVD et PD: écart réduit avec les pays asiatiques et s’est creusé pour les pays africains); des divergences au sein des pays (ce qui explique la montée du populisme dans certains PD actuellement)
¡ Comment intégrer au mieux le processus de mondialisation, notamment pour les PVD? ÷ Pour certains auteurs: développement de l’intégration
régionale, sous régionale, voir même continentale.
I. Introduction
� Définition: L’intégration économique est un processus qui conduit plusieurs économies distinctes à former un seul espace économique.
� On distingue deux processus d’intégration: ¡ Intégration basée sur la planification (Byé et Destanne De
Bernis, 1977): mise en place d’institutions supranationales. Ils distinguent internationalisation des marchés et intégration. ÷ Exemple: Conseil d’Aide Économique Mutuelle en 1949 entre les pays
de l’Est et l’URSS ¡ Intégration basée sur les mécanismes de marché (Balassa,
1961): à partir de l’internationalisation des marchés ÷ Multilatéralisme: GATT (AGETAC); OMC. ÷ Régionalisme: UE; CEDEAO;
I.1. Multilatéralisme et régionalisme
� On distingue donc: ¡ Multilatéralisme: système de relations internationales qui
privilégie les négociations, les engagements réciproques, les coopérations, les accords entre plus de deux pays, dans le but d’instaurer des règles communes. ÷ Au sens purement commercial: une forme de coopérative
d’organisation des échanges internationaux qui suppose que les pays participant s’astreignent à des règles communes (Bouet).
¡ Intégration régionale (régionalisme): basée sur des accords commerciaux entre pays voisins qui permettent de libéraliser les échanges. Il a deux dimensions inter-liées: ÷ Accès préférentiel des marchés des pays membres. Toutefois,
certains accords préférentiels ne peuvent pas être considérés comme régionaux en raison de l’absence de proximité géographique.
÷ Maintien des tarifs plus élevés pour les pays non membres.
A. Multilatéralisme
� Du GATT (1947) à l’OMC (1994), les accords commerciaux multilatéraux énoncent les principes directeurs de la libéralisation des échanges au niveau international.
� Les articles importants du GATT: ¡ Clause de la nation la plus favorisée (bilatéralisme ->
multilatéralisme) ¡ Clause de réciprocité ¡ Clause du traitement national
� Avec l’OMC, les accords couvrent plus de domaines: ¡ le commerce des services (AGCS en anglais GATS) ¡ la propriété intellectuelle (ADPIC e, anglais TRIPS) ¡ les obstacles non tarifaires: mesures SPS (Sanitaire et
Phytosanitaire), obstacle techniques, etc.
B. Intégration régionale: Modèles
J.-M. Siroën (2004) différencie trois modèles d’intégration régionale selon leur objectif � Multilatéralisme régional: reproduire au niveau régional
certaines modalités de l’OMC (c.à.d. basé sur le libre-échange). Exemple: ALENA;
� Intégration confédérale: il prévoit un certain nombre de structures politiques et administratives intergouvernementales. Exemple: MERCOSUR où les politiques sont coordonnées dans certains secteurs (automobile et agriculture);
� Intégration fédérative: création d’instances supranationales, existence de politiques communes, monnaie commune, réglementation commune. Exemple: UEMOA, CEMAC, UE.
B. Intégration régionale
� Depuis le début des années 90, les accords régionaux se sont multipliés dans le monde et leur portée étendue. ¡ Les principaux accords (Aujourd’hui) commerciaux régionaux ont été
initiés pendant cette période: ÷ ALENA (1992): États-Unis, Canada, Mexique; ÷ MERCOSUR (1991): Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela; ÷ Traité de Maastricht (1992) => Union Européenne ÷ L’Afrique n’est pas en reste. Ex: Traité d’Abuja (1991), UEMOA (1994)
¡ Depuis la notification de l'ACR entre la Mongolie et le Japon en juin 2016, tous les Membres de l'OMC comptent un ACR en vigueur
� Les accords régionaux sont notifiés à l’OMC et sont disponibles sur (http://rtais.wto.org/UI/PublicAllRTAList.aspx)
C. Régionalisme vs. Multilatéralisme
� Les accords commerciaux régionaux (ACR) sont à priori contraire aux principes du multilatéralisme ¡ Ils dérogent à la clause de la nation la plus favorisée
(premier article du GATT) ¡ Les négociations sont effectuées au des pays de l’ACR et pas
au niveau multilatéral � On peut donc penser que les ACR constituent un
frein au libre échange à l’échelle international. ¡ Viner soutenait que « les regroupements régionaux conduisent
à allocation sous optimale des échanges à l’échelle mondiale ». ⇒ Un plaidoyer en faveur du multilatéralisme et donc contre le
régionalisme.
C. Régionalisme vs. Multilatéralisme
� Toutefois, la formation des ACR est prévue par l’article 24 (XXIV) du GATT ¡ Article XXIV : Application territoriale – Trafic frontalier – Unions
douanières et zones de libre-échange � En plus, face à la lenteur de l’aboutissement des
négociations multilatéraux (Uruguay round initié en 1986, a duré 87 mois) et la préférence des pays pour la création d’espaces régionaux, les deux concepts se rapprochent de plus en plus ¡ En effet, les faits (voir graphique) montrent que la mise en place
d’espaces régionaux fait accroître les échanges intra-régionaux et mondiaux.
¡ Il apparaît donc que la régionalisation et la croissance des échanges internationaux interagissent positivement.
C. Régionalisme vs. Multilatéralisme
Exportations intra-régionales en % des exportations totales
C. Régionalisme vs. Multilatéralisme
0
1000000
2000000
3000000
4000000
5000000
6000000
7000000
8000000
9000000
1958 1962 1966 1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006 2010
Exportations de marchandises en Millions US$
Économies en développement Économies développées
Économies en développement : Afrique Économies en développement : Asie
I.2. Principes de l’intégration économique
L’intégration peut s’appuyer sur la combinaison de certains principes plus ou moins hiérarchisés. � Principe de cohésion: corriger les inégalités entre les
différentes régions de l’union par rapport à la compétitivité, l’emploi, etc. => fonds de développement;
� Principe de différenciation: complément du premier principe, il consiste à adapter la réglementation et les réformes au sein de l’espace intégré selon les différences de niveau de vie;
I.2. Principes de l’intégration économique
� Principe de coopération: il cherche à favoriser les convergences d’intérêts entre les pays dans les secteurs où existent de fortes externalités (via les programmes, fonds d’investissement);
� Principe de stabilisation: il cherche à surmonter les chocs asymétriques entre les pays par des mécanismes de stabilisation;
� Principe de subsidiarité; � Principe de cohérence: il concerne l’articulation des
réglementations régionales avec les règles multilatérales de libre-échange.
II. Étapes de l’intégration économique
Classification traditionnelle, par ordre d’intensité croissante, de Balassa (1962) ① Zone de libre échange (ZLE): abandon des barrières
tarifaires et non-tarifaires à l’échange entre les membres; ② Union douanière: ZLE plus un tarif extérieur commun (TCE); ③ Marché commun: organise en plus la mobilité des facteurs de
production (travail et capitaux); ④ Union économique: complète le marché commun par
l’harmonisation des politiques économiques; ⑤ Union économique et monétaire (UEM): représente
l’intégration complète avec la mise en place d’une monnaie commune.
NB: L’intégration économique peut être une fin en soi ou une étape vers une intégration politique régionale (union politique).
II. Étapes de l’intégration économique
Dans les faits, il existe des accords moins intégrés que la zone de libre échange � Le système des tarifs préférentiels: considérer par
Allais (1972) comme une forme d’intégration, il s’agit d’une zone d’échange préférentielle qui lève les obstacles au commerce inter-régional pour certain produits ¡ En général, les pays n’appartiennent pas à la même zone
géographique et ont des niveaux de vie différents ¡ Exemples: Accord entre UE et les pays ACP; AGOA.
� Accords d’association: visent à instaurer une zone de libre-échange ou union douanière. ¡ Comporte des dérogations pour certains secteurs
II.1. Zone de libre échange
� Mise en place via des accords de libre-échange, les ZLE s’appuient sur: ¡ Élimination des obstacles tarifaires (Droits de douane) et non
tarifaires (restrictions quantitatives, mesures techniques, etc.) entre pays membres
¡ Maintien des obstacles vis-à-vis de pays tiers hors zone conformément à la politique commerciale propre à chaque pays;
¡ La règle et certificat d’origine pour déterminer les conditions d’éligibilité au tarif préférentiel
� Les principales ZLE dans le monde: ¡ ALENA : Etats-Unis ; Canada et Mexique; ¡ ASEAN : Indonésie, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande,
Brunei, Viêt Nam, Laos, Myanmar et Cambodge; ¡ AELE) : Islande, Norvège, Liechtenstein et Suisse.
II.2. Union douanière
� Approfondissement des ZLE avec l’adoption par les États membres d’une politique commerciale commune vis-à-vis des États tiers
� Cette politique commerciale commune définit des tarifs extérieurs communs, mais aussi la redistribution des recettes douanières entre États
� Principaux exemples: ¡ Union douanière de l’UE ¡ Unions douanières: UE-Turquie, UE-Andore, UE-Saint Marin ¡ Union douanière d'Afrique australe (Southern African Custom
Union, SACU) ¡ UEMOA (2000); CEDEAO (2015); CEMAC (1999) ¡ Union douanière de la COMESA (créée en 2009); de la EAC (2005)
II.4. Marché commun
� Un marché commun, ou marché intérieur, fait référence au marché économique sur lesquels les agents économiques peuvent acheter et vendre librement des biens et services, sans droits de douane et avec libre circulation et mêmes réglementations. ¡ Les capitaux aussi y circulent librement
� Le marché intérieur devient alors celui de l’ensemble de la zone
� Exemples: Mercosur; COMESA; EAC engagement depuis 2010; Zone tripartite prévu entre (COMESA; EAC et SADC)
II.3. Union économique et monétaire
� Harmonisation des politiques économiques: critères de convergence; surveillance multilatérale; harmonisation des données (Ex: IPC harmonisé de l’UEMOA)
� Création d’une monnaie commune et unique: une banque centrale commune qui gère la monnaie (Ex: UMOA)
� Les UEM dans le monde: ¡ La zone euro, la plus importante ¡ Les deux zones Franc CFA (UEMOA et CEMAC) ¡ L’ECCU (Eastern Caribbean Currency Union)
Pour résumer
Intégration Élimination des tarifs et
quotas
TEC Libre circulation des facteurs de
production
Harmonisation de la politique économique
Unification politique et
institutionnelle
ZLE X UD X X MC X X X UE X X X X UP X X X X X
Renforcem
ent de l’intégration
III. Théories de l’intégration économique
Approche classique et néoclassique � Le libre-échange multilatéral produit des effets positifs
en favorisant l’extension des marchés, la concurrence et la division du travail (la théorie des Avantages absolus et comparatifs) ¡ seul le libre-échange mondial peut conduire à un optimum de Pareto
� Les accords bilatéraux peuvent pénaliser un pays tiers plus performant
� Cependant, comme le montre Mundell (1968): ¡ l’intégration entre pays pauvres peut être favorable à la mobilité
internationale du capital vers ces pays et donc approcher leur dotation en capital et en travail à celui des grandes nations;
¡ l’union douanière entre pays pauvres peut créer les conditions d’une compétitivité internationale ultérieure.
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
� Considérons le marché d’un bien dans une économie en autarcie
Demande domestique
Offre domestique
Quantités
Prix
QE
PE
A
B
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
� Situation d’autarcie: le marché n’est pas ouvert aux entreprises étrangères
� PE correspond au prix d’équilibre du bien � QE correspond à la quantité d’équilibre � Dans cette situation:
¡ (PE, QE) => l’équilibre sur le marché domestique ¡ Le surplus des consommateurs, c’est-à-dire la différence
entre ce qu’ils sont prêts à payer et le prix effectivement payé (PE), est égal à (A).
¡ Le surplus des producteurs, différence entre prix d’offre et PE, correspond au triangle (B).
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
� Supposons maintenant que l’on autorise les firmes étrangères à intervenir sur ce marché, à satisfaire la demande domestique sans droits de douane (libre-échange)
Offre étrangère (mondiale)
PE
O(P*) D(P*)
Demande domestique
Offre domestique
Quantités
Prix
QE
P*
Surplus du consommateur
Surplus du producteur
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
� P*: prix du bien sur le marché mondial (Price taker). ¡ On suppose qu’il est donné, c’est-à-dire les éventuelles changements des
quantités produites n’affectent pas ce prix � Si P*>Prix domestique => le pays va exporter ce bien � Si P*<Prix domestique => le pays va importer ce bien. Comme
conséquences: ¡ Le prix mondial va s’imposer au marché domestique (pression à la baisse
sur le prix domestique) => P* devient le nouveau prix d’équilibre ¡ Les entreprises étrangères vont combler l’écart entre offre domestique et
demande domestique ÷ L’importation dans ce cas est: D(P*) – O(P*)
¡ Donc les entreprises domestiques vendent moins à un prix moins élevé. => leur profit diminue
¡ Par contre, le libre-échange permet aux consommateurs de consommer plus qu’en autarcie et à un prix moins élevé.
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
� Question: le libre-échange est-il préférable à l’autarcie? � Surplus collectif = surplus des consommateur + surplus
des producteurs + (recettes fiscales, satisfaction de l’État) � Le libre échange :
¡ Accroît le surplus des consommateurs et réduit le profit des producteurs
¡ Si la diminution des profits est moins importante que l’augmentation du surplus des consommateurs; alors le surplus collectif augmente. ÷ Dans ce cas, le libre-échange est préférable à l’autarcie ÷ Il faut donc ouvrir les frontières puisque cela permet d’augmenter la
satisfaction (le bien-être) de l’ensemble de agents éco. ÷ En termes de bien-être, l’échange international est profitable ÷ Toutefois, le bien-être est-il le seul facteur à prendre en compte?
¡ Dans le cas contraire, le surplus collectif diminue et le
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
� Comparons maintenant la situation de libre-échange par rapport à la situation de protectionnisme par instauration d’un droit de douane.
� Soit t la taxe (droit de douane) à l’importation, on suppose qu’il s’agit de taxe ad valorem, c’est-à-dire elle représente un certain pourcentage de la valeur déclarée.
� Le prix mondial devient alors: P*(1+t)=P*+tP* � Donc la taxe accroît le niveau du prix mondial � Graphiquement, ça donne …
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
F
B
D Offre mondiale libre-échange
q1 q2
Demande domestique
Offre domestique
Quantités
Prix
QE
PE Offre mondiale protectionnisme P*(1+t)
P*
q3 q4
A
C
G
E
Recettes douanières
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
� En autarcie, le prix est PE et la quantité d’équilibre est QE
� En libre-échange, le prix qui s’impose est P* pour une offre domestique (q1), une demande domestique (q2) et importation (q2-q1)
� En situation de protectionnisme douanier, le prix qui s’impose est plus élevé (P*(1+t)) pour une offre domestique (q3) et une demande domestique (q4).
� Par rapport au libre-échange, dans le protectionnisme: ¡ La consommation (demande) domestique baisse (q4 < q2) ¡ L’offre (production) domestique augmente (q3 > q1) ¡ Les importations diminue (q4-q3) < (q2-q1) et c’est l’objectif
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
� En termes de bien-être, le surplus collectifs correspond à la somme de : surplus des consommateurs, surplus des producteurs et recettes douanières
� En situation de protectionnisme: ¡ Surplus des consommateurs : A + B ¡ Recettes fiscales : E ¡ Surplus collectif: A + B + E + G + C
� En libre-échange: ¡ Surplus des consommateurs : A + B + C + D + E + F ¡ Surplus des producteurs : G ¡ Surplus collectif: A + B + C + D + E + F + G
� La mise en place d’un droit de douane diminue le surplus collectif de (D + F) => Libre-échange est préférable au protectionnisme
III.1. Illustration de l’impact des droits de douane
� Ainsi, le droit de douane amène les entreprises domestiques à produire plus et les consommateurs à une sous-consommation.
� Toutefois, le protectionnisme douanier reste préférable à l’autarcie en termes de bien-être
� Cette situation de préférence du libre-échange est nuancée dans le cas d’un grand pays (càd qui est suffisamment grand pour que ses imports et exports influence le prix mondial) => P* n’est plus horizontal ¡ Le protectionnisme douanier a un impact contradictoire sur le bien-être
÷ t entraine une augmentation du prix local du bien, ce qui réduit la demande et accroît l’offre local => moins d’importations
÷ En même temps, moins d’importations entraînent une baisse de la demande mondiale qui fait une pression à la baisse sur le prix mondial (P*) en raison de l’offre excédentaire. L’effet dépend de la valeur du droit de douane (t)
÷ Ainsi, si t faible, les gains l’emporte sur les pertes. Sinon, c’est le contraire
III.2. Théorie des unions douanières
Théorie statique � Viner (1950) démontre pour la 1ère fois que les UD ne sont pas
nécessairement bénéfiques pour le commerce international. En s’appuyant sur une analyse en équilibre statique partielle, il montre que l’impact de l’union douanière sur le bien-être n’est pas clair. Deux effets s’opposent … ¡ Détournements de trafic: le TEC conduit au développement d’une
production à coût élevé dans la zone au détriment d’une importation moins coûteuse en provenance de l’extérieur de la zone;
¡ Création de trafic: suite à la suppression des obstacles tarifaires et non tarifaires, les échanges augmentent au sein de l’union douanière et avec le reste du monde.
� Pour qu’une union douanière soit un optimum de second rang, les effets de création de trafic doivent l’emporter sur les détournements d’échange. Suite ...
III.2. Théorie des unions douanières
� L’union douanière est d’autant plus bénéfique que : ① Le niveau initial des droits de douane est élevé (possibilités de création de trafic) ② Le tarif extérieur commun est bas (baisse du risque de détournement de trafic) ③ Les coûts de transport sont faibles (forts gains de l’intégration) ④ La taille de l’union est large (+ de participants => + de création) ⑤ La structure de production des pays est proche (les possibilités de voir de nouvelles spécialisations sont nombreuses) ⑥ Le commerce est déjà plus fort avec les partenaires qu’avec le RM. ⑦ La circulation des facteurs de production est élevée dans l’union (forte concurrence stimulant la croissance).
III.2. Théorie des unions douanières
Exemple � Soit les informations suivantes sur le prix (avec et sans droit de
douane) d’une certaine quantité (1kg) d’un bien (mangue par exemple) dans trois pays: Pays A, marché domestique (le Mali), Pays B (le Burkina) et Pays C (le Ghana).
� Naturellement les tarifs ne s’appliquent pas aux produits maliens � Le Mali pense à former une union douanière avec le Burkina.
Pays Mali Burkina Ghana Prix hors tarif 2200 1800 1600 Prix avec un tarif de 25% 2200 2250 2000 Prix avec un tarif de 50% 2200 2700 2400
III.2. Théorie des unions douanières
� Si le Mali passe d’un régime de 25% à une union douanière avec le Burkina: ¡ Avant l’UD, le Mali importe la mangue du Ghana.
÷ Le kilo de mangue revient à 2000 FCFA au consommateur. La consommation augmente par rapport à l’autarcie où le prix est 2200
÷ L’exportateur Ghanéen gagne 1600 qu’il utilise totalement ou partiellement à l’achat des produits maliens ou encore rapatrie
÷ L’État gagne la différence (2000-1600) sous forme de DD ÷ Les firmes maliennes diminuent leur offre ou encore se
spécialisent dans d’autres domaines où elles sont plus productives.
III.2. Théorie des unions douanières
¡ Après la formation d’une UD entre le Mali et le Burkina.
÷ Le kilo de mangue en provenance du Burkina devient moins cher par rapport au Ghana (1800 contre 2000 FCFA)
÷ Donc le Mali va importer de la mangue du Burkina au prix de 1800.
÷ Le détournement du commerce du Ghana vers le Mali accroît le coût social de la mangue de 200 (1800-1600) comparativement à une UD à trois (au libre-échange).
÷ L’État perd en droit de douane de 400 par rapport au maintien de 25% pour tous
III.2. Théorie des unions douanières
� Si le Mali passe plutôt d’un régime de 50% à une union douanière avec le Burkina: ¡ Avant la formation de l’UD.
÷ Le Mali importe au moins au prix de 2400 (mangue ghanéen). Toutefois, ce prix étant supérieur au prix local (2200); alors le Mali importe pas de mangue et consomme localement.
÷ Le coût dans ce cas pour les consommateurs est de 2200. La consommation est donc moins élevée qu’en libre-échange.
÷ Les entreprises vendent plus
III.2. Théorie des unions douanières
¡ Après la formation de l’UD. ÷ Le kilo de mangue en provenance du Burkina coûte 1800. Alors, le
Mali importe la mangue du Burkina Faso ÷ Le coût de la mangue dans ce cas pour les consommateurs est de 1800
contre 2200 avec un tarif douanier de 50%, soit un gain de 400 FCFA. La consommation globale va donc augmenter.
÷ La création de commerce avec le Burkina, avec qui il n’y avait pas de commerce international avant l’introduction de l’UD, entraîne une baisse du coût de la mangue au Mali.
÷ Les firmes maliennes diminuent leur offre ou encore se spécialisent dans d’autres domaines où elles sont plus productives.
÷ L’État ne perd rien en termes de droits de douane. ¡ Ainsi, plus les tarifs douaniers sont élevés, plus l’UD est bénéfique
(effet création l’emporte sur l’effet détournement de commerce).
III.2. Théorie des unions douanières
Théorie dynamique des unions douanières � L’union douanière est susceptible de modifier les
conditions de la croissance économique à travers: ¡ la diminution des coûts de transaction (baisse des droits de
douane et délais, harmonisation des normes techniques, etc.); ¡ les effets de taille qui permettent la réalisation d’économies
d’échelle (mouvement de concentration des firmes associé à l’augmentation de la taille critique conduit à des gains de productivité et à des diminutions des coûts de production);
¡ l’implantation de filiales de firmes multinationales peut renforcer l’effet concurrence (baisse des prix).
¡ les anticipations plus optimistes des entrepreneurs
III.2. Théorie des unions douanières
Autres approches de l’intégration régionale � Approche politique: l’intégration implique souvent un transfère
de souveraineté (éco, politique) vers les instances régionales. ¡ Exemple: la commission de l’UEMOA est chargé de la politique commerciale de
ses pays membres ¡ Elle permet des interdépendances économiques, le dialogue et la convergence des
intérêts qui réduit les rivalités éco, les risques de conflits, ¡ Pour les PVD, elle permet surtout une modification des rapports de force
dans les négociations internationales. � Rôle des institutions: les institutions supranationales mettent en
place des règles applicables à tous les pays membres, ce qui renforce la crédibilité de la région. Ainsi, l’intégration favorise l’attractivité des capitaux dans l’espace régional (un marché élargi).
� Approche sectorielle: développement des projets sectoriels entre pays membres. ¡ Exemple: OMVS qui vise à réduire la vulnérabilité des pays membres face aux
aléas climatiques et chocs externes.
Intégration économique en Afrique
Chapitre I
Chapitre 1: Intégration économique en Afrique
Plan I. Introduction: intégration de l’OUA à l’UA
II. Avantages de l’intégration régionale en Afrique
III. Les Communautés Économiques Régionales CER
IV. État des lieux de l’intégration dans les CER
V. Application: Cas de l’intégration au sein de la CEDEAO
I. Introduction
� Avant les indépendances, les entités territoriales en Afrique étaient assez vastes ¡ L’empire du Ghana s’étendait sur un territoire à cheval entre les
frontières actuelles de la Mauritanie; du Mali; du Sénégal. ¡ L’empire du Mali : actuel Mali; Burkina Faso; Sénégal; Gambie;
Guinée; Guinée-Bissau; Mauritanie et une grande partie de la CID � Les indépendances ont conduit à un morcellement, une
balkanisation économique et monétaire, de l’Afrique ¡ Mise en place des frontières qui n’existaient pas avant ¡ Formation de « petits » États, au pouvoir économique et
démographique insignifiant ÷ Des monnaies non convertibles qui ne s’échange pas entre elles, donc
un frein pour le commerce; ÷ Poids politique insignifiant des États pris individuellement. =>
rapport de force défavorable
I. Introduction
� En termes de population, en 2014: ¡ Un seul pays africain (le Nigéria) dépassait les 100 millions
d’habitants (177 millions). ¡ Seulement quatre pays avaient une population supérieure à 50
millions. ¡ Sur les 54 pays africains, 13 pays ont une population totale inférieure
à 2 millions d’habitants, soit (24%) des pays. ÷ Seychelles, Swaziland, Guinée-Bissau, Équatorial, Gabon, Gambie
� Sur le plan économique, en 2013: ¡ 19 pays africains (35%), avaient un PNB inférieur à 20 milliard US$,
soit 0,12% du PNB des États-Unis et 0,88% de celui de la France ÷ Seychelles, Gambie, Lesotho, Swaziland, Niger, Guinée-Bissau
¡ Les cinq premier pays, qui représentent près de 59% (Afrique du Sud, Égypte, Nigéria, Algérie et Maroc) pèsent moins que la France et 0,125 fois moins que les États-Unis
I. Introduction
� Les premiers dirigeants Africains l’ont compris, le salut de l’Afrique passe par l’intégration, la formation d’un espace économique fort pour mieux s’insérer à la mondialisation. Ainsi, la première tentative de réunification de l’Afrique a été initiée en 1963 avec la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).
Au sommet constitutif de l’OUA, Kwamé NKrumah déclara: «Il n’est pas d’actes sporadiques, il n’est pas d’intentions pieuses qui puissent résoudre nos problèmes actuels. Rien ne pourra nous servir, en dehors d’une action commune exécutée par une Afrique unie. Nous sommes parvenus au stade où nous devons nous unir ou sombrer». Pour Nkrumah, le panafricanisme doit bannir les frontières et limites coloniales voulues par la balkanisation de l’Afrique et les différences s’appuyant sur les particularismes linguistiques et ethniques
I. Introduction
� Ainsi, depuis longtemps, les décideurs africains ont reconnu l’importance de la coopération et de l’intégration économiques régionales
� Comme pour d’autres régions, la priorité en Afrique a été initialement d’assurer un poids et une autorité politiques accrus sur la scène internationale
� Mais, au fur et à mesure que les défis de la mondialisation et de l’interdépendance se sont imposés aux pays de la région, avec le risque de marginalisation du continent, des motivations économiques ont remis en selle l’intégration comme priorité.
� Globalement, l’intégration visent à accélérer et renforcer le développement économique et social ainsi que le renforcement de l’unité politique au niveau panafricain.
I. Introduction
� En effet, via l’intégration, le continent africain devient un espace économique: ¡ Qui représente 6% de la surface terrestre; ¡ De plus de 1,2 milliards d’habitants en 2016 (16% de la population
mondiale) dont essentiellement des jeunes et environ 2,5 milliards en 2050, soit un quart de la population mondiale. ÷ Un vaste marché à conquérir !!!! La population du Nigéria va même
dépasser celle des US en 2050 avec 400 millions d’habitants ¡ Ayant un pouvoir d’achat de 3 milliards US$, soit environ 5% de la
production mondiale ¡ Caractérisé par une certaine unité culturelle. Pour Cheikh A. Diop,
« il suffirait de démontrer l’unité culturelle de l’Afrique noire pour que l’unification politique en découle d’elle même »
A. L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA)
� Le 25 Mai 1963, 32 chefs d’États africains réunis à Addis-Abeba (Éthiopie) ont adopté et signé la Charte de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA)
� Elle avait pour objectifs: ¡ Renforcer l’unité et la solidarité des Etats africains ; ¡ Coordonner et intensifier leur coopération et leurs efforts pour offrir de
meilleures conditions d’existence aux peuples d’Afrique ; ¡ Défendre leur souveraineté, leur intégrité territoriale et leur indépendance ; ¡ Eliminer sous toutes ses formes le colonialisme de l’Afrique ; ¡ Favoriser la coopération internationale, en tenant dûment compte de la Charte
des Nations Unies et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ;
� A ces fins, il a été prévu d’accroître la coordination et l’harmonisation des politiques des États membres, notamment dans les domaines de: politique et diplomatie ; économie, transports et communications ; éducation et culture ; santé, hygiène et nutrition ; science et technique ; défense et sécurité.
A. L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA)
� L’OUA s’est appuyée sur les principes fondamentaux suivants: ¡ Egalité souveraine de tous les Etats membres ; ¡ Non-ingérence dans les affaires intérieure des Etats ; ¡ Respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque
Etat ; ¡ Règlement pacifique des différends, par voie de négociation de
médiation, de conciliation ou d’arbitrage ; ¡ Condamnation sans réserve de l’assassinat ainsi que des activités
subversives exercées par des Etats voisins ou tous autres Etats ; ¡ Dévouement sans réserve à la cause de l’émancipation totale des
territoires africains non encore indépendants ; ¡ Affirmation d’une politique de non-alignement à l’égard de tous les
blocs.
A. L’Organisation de l’Unité Africaine (OUA)
� Depuis la mise en place de l’OUA, des initiatives se sont multipliées et des cadres juridiques élaborés pour accélérer le processus d’intégration.
� Il s’agit entre autres de: ¡ Le Plan d’Action de Lagos (PAL) et son Acte final en 1980 ¡ Le traité d’Abuja en 1991 ¡ La déclaration de Syrte en 1999 ¡ Création de l’Union Africaine (UA), 2002 et son NEPAD (2001) ¡ La déclaration d’Accra en 2007 sur la gouvernance de l’Union ¡ Le Programme Minimum d’Intégration (2009) visant à rationnaliser
les CER et harmoniser leurs activités et programmes ¡ Agenda 2063 adopté en fin janvier 2015
B. De l’OUA à l’UA
Le PAL � Le plan d’action de Lagos (PAL) pour le développement
économique de l’Afrique 1980-2000 était la réponse apportée par les africains aux promesses non tenues de la stratégie globale de dév au cours des années 60-70 ¡ Son objectif: faire face aux grands problèmes de développement de
l’Afrique aux niveaux continental, régional, sous régional et national
� Il recouvre plusieurs domaines dont l’Agriculture et l’alimentation, l’industrialisation, les ressources naturelles et humaines, transports et communications
B. De l’OUA à l’UA
Le PAL � En particulier, le PAL soutient
¡ La promotion et l’intensification des échanges commerciaux et financiers interafricains
¡ Création de structures (éco et technique) régionales et renforcement de celles existantes en vue de l’établissement ultérieur d’un marché commun africain, prélude à une Communauté économique africaine
¡ Dans l’acte final du PAL, les pays s’engagent de créer d’ici l’an 2000, sur la base d’un traité à conclure, une communauté économique africaine afin d’assurer l’intégration économique, culturelle et sociale
B. De l’OUA à l’UA
� Globalement, une intégration au niveau régional et sous régional constituait le principal mécanisme pour restructurer le continent africain fragmenté et le transformer en entités économiques régionales et sous régionales plus cohérentes et robustes
� Mais durant les 80’s, la politique commerciale et stratégie de développement en général en Afrique ont évolué selon deux tendances contradictoires ¡ collectivement les pays africains se sont engagés dans une stratégie vers
l’intérieur et reposant sur le remplacement des importations et sur des marchés régionaux protégés
¡ individuellement, les pays ont libéralisé leur régime commercial dans le cadre des programmes d’ajustement structurel (PAS) de la Banque mondiale et du FMI => intégration plus étroite de l’Afrique dans l’économie mondiale
¡ les responsables africains se sont plus préoccupés de l’application des PAS qu’à l’intégration régionale
� Néanmoins les pays africains ont continué à considérer que l’approche régionale était la meilleure pour leur développement
B. De l’OUA à l’UA
Le traité d’Abuja � Un nouveau chapitre de l’histoire de l’intégration régionale en
Afrique s’est ouvert le 3 juin 1991 à Abuja (Nigéria) � Le traité instituant la Communauté économique africaine
(CEA) a engagé le continent vers l’intégration régionale et s’appuie surtout sur les Communautés économiques régionales (CER)
� Ce traité prévoit l’établissement d’une communauté économique africaine d’ici à 2027, avec une monnaie commune, une mobilité intégrale des facteurs de production et la libre circulation des biens et des services entre les pays africains
÷ Ce traité définit les modalités de mise en place de la CEA (étapes et les échéances de leurs réalisations)
B. De l’OUA à l’UA
Le traité d’Abuja
B. De l’OUA à l’UA
Le traité d’Abuja � Le traité d’Abuja suit les objectifs suivants:
¡ Promouvoir le développement éco, social et culturel ainsi que l’intégration des économies africaines en vue d’accroître l’autosuffisance éco et favoriser un développement endogène et auto-entretenu
¡ Créer, à l’échelle continentale, un cadre pour le développement, la mobilisation et l’utilisation des ressources humaines et matérielles de l’Afrique en vue d’un développement auto-suffisant
¡ Promouvoir la coopération et le développement dans tous les domaines afin d’instaurer entres autres des relations étroites et pacifiques entre les États membres
¡ Coordonner et harmoniser les politiques entre les communautés éco existantes et futures en vue de la mise en place progressive de la CEA
B. De l’OUA à l’UA
Déclaration de Syrte
� Le 9 sept 1999, les chefs d’États africains ont pris entres autres les résolutions suivantes: ¡ Création de l’Union Africaine (UA) conformément aux objectifs
définitifs de la Charte de l’O.U.A. et des traités de l’association économique africaine
¡ Accélération de l’exécution du traité d’Abuja et notamment : ÷ Réduction des délais d’exécution du traité ÷ Accélération dans la création de toutes les institutions prévues dans le
dit traité, elles sont: (La Banque Africaine Centrale ; L’Union Monétaire ; La Cour de Justice Africaine ; Les Congrès de toute l’Afrique, dans l’an 2000)
¡ Consolidation et renforcement de tous les regroupements économiques régionaux
C. L’Union Africaine (UA)
� En 2001, il y a eu une accélération des discussions sur l’intégration régionale avec l’établissement de l’Union africaine (UA) et le lancement du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD)
� Les objectifs fondamentaux du NEPAD étant de fournir au niveau régional les biens publics essentiels (transports, énergie, eau, technologies de l’information et de la communication, lutte contre les maladies, préservation de l’environnement et développement des capacités de recherche au niveau régional), ainsi que de promouvoir le commerce et les investissements intra-africains.
C. L’Union Africaine (UA)
� Quant à l’UA, l’Acte constitutif élargit les principes de la Charte de l’OUA. Il fixe également des objectifs supplémentaires à ceux de la Charte de l’OUA, dont essentiellement: ¡ accélérer l'intégration politique et socio-économique du continent ¡ promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent ¡ créer les conditions appropriées permettant au continent de jouer le
rôle qui est le sien dans l'économie mondiale et dans les négociations internationales
¡ promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que l'intégration des économies africaines
¡ coordonner et harmoniser les politiques entre les Communautés économiques régionales existantes et futures en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l'Union
C. L’Union Africaine (UA)
� L’acte constitutif prévoit les organes suivants: ¡ La Conférence de l'Union (organe suprême); ¡ Le Conseil exécutif (composés des Ministres des Affaires
Étrangères); ¡ Le Parlement panafricain; ¡ La Cour de justice; ¡ La Commission, composé du président, du ou des vice-présidents,
des commissaires assure le secrétariat de l’Union; ¡ Le Comité des représentants permanents; ¡ Les Comités techniques spécialisés; ¡ Le Conseil économique, social et culturel; ¡ Les institutions financières: La Banque Centrale Africaine;
Le Fonds monétaire africain ; La Banque africaine d 'investissement
C. L’Union Africaine (UA)
De manière générale, l’idée à travers l’UA était de rationaliser le cadre institutionnel en vue d’une intégration économique, à travers des projets communs compatibles avec les programmes de développement intégré aux niveaux national et régional, et d’harmoniser les politiques et les pratiques sur le plan économique et en matière d’investissement. � Vision de l’UA: “construire une Afrique intégrée,
prospère et en paix, une Afrique dirigée et gérée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène internationale”
C. L’Union Africaine (UA)
� Les perspectives de référence pour la réalisation des objectifs de l’intégration économique en Afrique selon l’Agenda 1963: ¡ Zones de libre-échange de l’Afrique (2017) ¡ Union douanière africaine (2019) ¡ Marché commun africain (2025) ¡ Union monétaire africaine (2030)
� Avant 2063, toutes les mesures juridiques nécessaires à la formation d'un gouvernement d'union continentale seront achevées et les États-Unis d'Afrique mis en place avec toutes ses institutions (l’exécutif, le législatif et le judiciaire)
E. Agenda 2063
II. Avantages de l’intégration régionale en Afrique
� Création d’opportunité commerciale ¡ Pour les consommateurs
÷ choix plus vaste de biens et services ; ÷ produits souvent de meilleure qualité; ÷ baisse des prix => hausse du pouvoir d’achat.
¡ Pour les producteurs ÷ plus de concurrence => plus d’innovation ÷ accès plus grand aux différents marchés (meilleure exploitation
des économies d’échelle) ÷ baisse des coûts de transaction via: la suppression des droits et
barrières non tarifaires; le développement des infrastructures régionales
� En effet, l’Afrique est le continent où les coûts commerciaux sont les plus élevés
II. Avantages de l’intégration régionale en Afrique
II. Avantages de l’intégration régionale en Afrique
� Tremplin pour intégrer l’Afrique à l’économie mondiale (intégration politique, en comblant le retard de compétitivité,..)
� Opportunités d’emplois; � Mobilité des facteurs de production qui peut aider à réduire les
coûts de production (meilleure allocation des ressources qui peut aider à rationaliser les industries et supprimer les protections inefficientes)
� Investir dans des pôles de croissance (développement de politiques sectorielles, etc.);
� Plus d’investissements directs étrangers (vaste marché, implantation de firmes multinationales, etc.);
� Développement du secteur financier (banques et autres institutions financières).
� Coordination des Politique éco (monétaire et budgétaire) Tous cela est favorable à la croissance économique !!!
II. Avantages de l’intégration régionale en Afrique
Les défis � Comme on l’a vu, les coûts commerciaux en Afrique sont
élevés : coûts de transport, à la frontière et à l’intérieur des frontières;
� Infrastructures physiques inexistantes ou de mauvaise qualité (généralement absence d’autres moyens de transport que les routes);
� Développement technologique insuffisant; � Absence d’harmonisation des politiques, économiques
notamment, et manque de convergence; � Constat de l’impact faible du développement de l’intégration
sur le commerce intra-africain; � Trop d’unités régionales d’intégration éco => appartenance à plus
d’une unité (besoin de rationnaliser, de développer la coopération entre CER; absence de mécanismes nationaux pour la coordination) => Programme minimum d’intégration
Trop d’unités d’intégration
Mesures pour renforcer l’intégration (PMI)
Objectifs du programme minimum d’intégration: � identifier les projets régionaux et continentaux au sein de
la CUA et des CER dont la mise en œuvre repose sur le principe de subsidiarité ;
� renforcer les initiatives en cours en matière de coopération économique entre les CER, et identifier les mesures susceptibles d’accélérer l’intégration dans une sélection de secteurs ou domaines prioritaires ;
� identifier les secteurs prioritaires qui exigent une coordination et une harmonisation audacieuses, au sein de chaque CER et entre elles ;
Mesures pour renforcer l’intégration (PMI)
Objectifs du programme minimum d’intégration: � émuler les expériences réussies d’intégration dans
certaines CER et les généraliser aux autres Communautés ;
� aider les CER à identifier et à mettre en œuvre les activités prioritaires en vue de franchir les différentes étapes d’intégration prévues à l’article 6 du Traité d’Abuja ;
� aider les CER à mettre en œuvre le PMI à travers un calendrier clairement défini; et
� développer et mettre en œuvre d’autres mesures d’accompagnement pour faciliter la mise en place d’un marché unique autour des secteurs prioritaires.
Mesures pour renforcer l’intégration (PMI)
III. Les Communautés Économiques Régionales (CER)
� Les CER, piliers de la Communauté économique africaine créée par le Traité d'Abuja, visent à fournir au continent un cadre général pour son intégration économique ⇒ Les CER sont la base de l’intégration économique en Afrique
� Les CER sont des acteurs clés qui travaillent avec l’UA pour garantir la paix et la stabilité dans leurs régions respectives. Ex: la crise gambienne récente
� Elles jouent un rôle central dans divers programmes porteurs de transformation sur le continent, dont le NEPAD, l'Agenda 2063. ¡ Ex: elles assurent l'application efficace, le financement, le suivi ainsi que
l'évaluation de l'Agenda 2063 et de ses programmes-phares. � D’importants progrès ont été réalisés depuis la mise en place
des CER; des ZLE sont devenues Unions douanières et des projets de monnaies régionales sont en cours
III. Les Communautés Économiques Régionales (CER)
Les secteurs prioritaires pour les CER
III. Les Communautés Économiques Régionales (CER)
� Si plusieurs groupements régionaux existent en Afrique (14 selon CNUCED, 2009), l’Union africaine ne retient que 8 comme socle de l’intégration (CER). Il s’agit de: ¡ L’Union du Maghreb arabe (UMA) ¡ La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO) ¡ La Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) ¡ L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) ¡ La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC en
anglais) ¡ Le Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe
(COMESA) ¡ La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ¡ La Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD)
� Certaines CER envisagent de mettre en place une UEM
Les principaux CER que nous présentons ici
A. UMA
� Créée en février 1989, l’Union du Maghreb Arabe est une réalisation géopolitique importante qui peine à avancer pour des raisons politiques.
� Elle n’a pas enregistré beaucoup de progrès depuis sa création. ¡ Type d’intégration: zone de libre échange ¡ Domaines d’intégration et de coopération: biens,
services, investissements et migrations ¡ Objectif spécifié: union économique intégrale.
� Sa population est estimée à plus de 90 millions d’habitants
B. COMESA
� Créée en décembre 1994, la COMESA est un marché commun dont les domaines d’action sont entre autres: ¡ Paix, sécurité, démocratie et gouvernance ; ¡ Harmonisation des politiques pour la consolidation de
l’intégration régionale ; ¡ Développement des infrastructures en vue de promouvoir le
commerce et l’investissement ; ¡ Création des opportunités d’investissement dans la région du
COMESA ; ¡ Négociations commerciales multilatérales.
B. COMESA
� Type d’intégration: ¡ la COMESA a déjà atteint le stade de zone de libre échange ¡ l’union douanière est créée en 2009
� Domaines d’intégration et de coopération: biens, services, investissements et migrations
� Objectif spécifié: Marché commun
C. CEEAC
� Créée en octobre 1983, la CEEAC est une zone de libre échange effective depuis depuis 2004.
� Avec une population estimée à plus de 145 millions d’habitants, elle a pour missions: ¡ Promouvoir et renforcer une coopération harmonieuse dans les
domaines de l’Industrie, de l’Agriculture, des ressources naturelles, des Infrastructures de transport, de l’énergie et des Communications, du Commerce, des Douanes, des Finances et de la Monnaie, de l’Education, de la Santé, de la Culture et du Tourisme;
¡ Promouvoir la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux;
¡ Etablir des politiques sectorielles communes; ¡ Promouvoir la paix et la sécurité dans la région.
C. CEEAC
� Pour relever les défis de l’intégration, les pays de la CEEAC ont adopté en 2007 un plan stratégique d’intégration et une vision à l’horizon 2025.
� Trois priorités jusqu’en 2015 : ¡ la paix, la sécurité et la stabilité ; ¡ les infrastructures, comprenant les Transports, l’énergie, l’eau, les TIC ; ¡ l’environnement ¡ Deux additionnelles : la consolidation de l’union douanière (projet
TEC CEMAC/CEEAC établi en 2007) et la mise en œuvre de la Politique Agricole commune
� A long terme (2016-2025), il a été convenu de se concentrer sur l’élaboration et la mise en place d’une politique d’intégration monétaire, le renforcement des capacités de production et l’interconnexion des réseaux électriques.
D. CEDEAO
� Créée en mai 1975 par le traité d’Abuja (révisé en 1993), la CEDEAO est un espace économique dont l’objectif de « promouvoir la coopération et l’intégration dans la perspective d’une union économique de l’Afrique de l’ouest en vue d’élever le niveau de vie de ses peuples, de maintenir et accroitre la stabilité économique, de renforcer les relations entre les Etats membres et de contribuer au progrès et au développement du continent africain » article 3 du traité révisé. ¡ Type d’intégration: union douanière effective depuis 2015 ¡ Domaines: Agriculture; Environnement et ressources naturelles ;
Industrie ; Transports, Energie ; Commerce, douanes et paiements ; Statistiques ; Monnaie, finances et fiscalité ; Sécurité régionale et immigration ; Santé ; Education ; Sciences et technologie;
¡ Objectif: Monnaie unique de la CEDEAO en 2020
E. SADC
� Créée en août 1992, la SADC est un espace visant la promotion du développement économique en Afrique australe.
� Les objectifs de la SADC, comme indiqué dans l'article 5 du Traité de la SADC (1992) sont les suivants: ¡ réaliser le développement et la croissance économique, réduire la pauvreté,
améliorer le niveau et la qualité de vie des habitants de l'Afrique australe et de soutenir les personnes socialement défavorisées à travers l'intégration régionale ;
¡ Développer des valeurs politiques, des systèmes et des institutions communes; ¡ Promouvoir et défendre la paix et la sécurité; Promouvoir le développement
autonome sur la base de l'autosuffisance collective et l'interdépendance des États membres;
¡ Parvenir à une complémentarité entre les stratégies et programmes nationaux et régionaux;
¡ Promouvoir et maximiser l'emploi productif et l'utilisation des ressources de la région;
¡ Parvenir à une utilisation durable des ressources naturelles et la protection efficace de l'environnement et de renforcer et consolider les affinités historiques, sociales et culturelles et des liens entre les populations de la région.
E. SADC
� Type d’intégration: ¡ La SADC a atteint l’étape de la zone de libre échange; ¡ Elle vise actuellement la création d’une union douanière
� Objectif spécifié: ¡ union économique intégrale ¡ Dans le PMI, l’objectif fixé était 2016: « dans le cadre de
suivi du respect des critères de convergence par ses Etats membres, la SADC élabore un rapport annuel sur l’état de convergence macroéconomique dans la région en vue de la création de l’union monétaire en 2016 ».
F. CAE
� Créée en juillet 2000, la communauté de l’Afrique de l’Est (East African community) est l’une des régions les plus intégrées réellement en Afrique.
� Type d’intégration: ¡ la CAE a créé un union douanière depuis 2005 (la 1ère CER); ¡ En 2010, elle a lancé son propre marché commun des biens, du
travail et des capitaux; ¡ l’objectif était de créer une monnaie commune en 2012 et former
une fédération politique en 2015. � Domaines: Agriculture et sécurité alimentaire;
Industrie; Tourisme et protection de la faune; Environnement et ressources naturelles; Infrastructures; Santé; Education; Développement urbain et logement; Affaires juridiques.
IV. État des lieux de l’intégration en Afrique
� La commission économique pour l’Afrique (UNECA), en collaboration avec la Commission de l’UA (CUA) et la BAD, réalise fréquemment (2 à 3 ans) des rapports sur l’état de l’intégration régionale en Afrique. ¡ De ARIA I en 2004 à ARIA VII en 2016 ¡ Les premiers rapports (ARIA I à V) portent sur le renforcement
de l’intégration aussi bien économique (développement du commerce intra-africain, ZLE continentale); monétaire que financière
¡ ARIA VI: harmonisation les politiques pour transformer l’environnement du commerce
¡ ARIA VII: innovation, compétitivité et intégration régionale � Ces organisations (UNECA, CUA et BAD) ont établi en
2016 l’indice de l’intégration régionale en Afrique
IV.1. ARIA VII (2016)
IV.1. ARIA VII (2016)
IV.1. ARIA VII (2016)
Liberté de mouvement des personnes
IV.1. ARIA VII (2016)
IV.1. ARIA VII (2016)
IV.1. ARIA VII (2016)
IV.1. ARIA VII (2016)
IV.2. Indice de l’intégration régionale en Afrique
� La mesure du niveau d'intégration régionale de l'Afrique permet d'évaluer l'évolution de la situation à travers le continent et s'avère un moyen important de mettre en lumière les lacunes existantes. C'est un moyen dynamique et évolutif de suivre le processus d'intégration, en permettant à tout un chacun d'accéder à des informations vérifiées et qualitatives ouvrant la voie au dialogue et aidant à franchir les étapes suivantes ayant pour objectif d'assurer l'intégration de l'Afrique
IV.2. Indice de l’intégration régionale en Afrique
IV.2. Indice de l’intégration régionale en Afrique
IV.2. Indice de l’intégration régionale en Afrique
IV.2. Indice de l’intégration régionale en Afrique
IV.2. Indice de l’intégration régionale en Afrique
V. Application: Cas de l’intégration au sein de la CEDEAO
Conférence animée par Dr. Ibrahim Bocar BA