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S134 EPI-CLIN 2014 / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 62S (2014) S133–S164 Méthodes.– Notre travail a reposé sur les participants à la 3 e enquête de popu- lation MONICA (recrutés sur listes électorales de deux départements franc ¸ais (Haute-Garonne et Bas-Rhin) et de la communauté urbaine de Lille) destinée à connaître la prévalence des FDRCV en France en 1995 et sur les sujets adressés consécutivement au CDPA (Centre de prévention de l’athérosclérose) de Haute- Garonne depuis 1995. Le statut vital de ces sujets a été obtenu avec un recul de 10 ans. La probabilité de DCV à 10 ans a été calculée via la formule SCORE (formule recommandée pour les zones européennes à bas risque CV basée sur le cholestérol total) pour chacun des sujets inclus et comparée à la probabilité de DCV à 10 ans observée. Résultats.– La probabilité de DCV à 10 ans via la formule SCORE a été cal- culée pour 6915 participants (n = 3225 issus de MONICA and 3690 du CDPA) âgés de 35 à 64 ans (56 % étaient des hommes). Sur les 10 ans de suivi, 56 DCV ont été observés. Le taux de DCV a été de 0,67 % [IC à 95 % : 0,39–1,13] sur l’échantillon du CDPA et 0,81 % [0,42–1,56], 1,10 % [0,61–1,98] and 2,00 % [1,31–3,05] sur l’échantillon MONICA de Haute-Garonne, du Bas-Rhin et de la communauté urbaine de Lille, respectivement. La probabilité médiane de DCV à 10 ans issue de SCORE a été estimée à 0,97 % et n’était pas signi- ficativement différente de la probabilité observée de DCV à 10 ans (1,05 % [0,81–1,37]). La C-statistique de la formule SCORE sur notre échantillon d’étude était égale à 79 % [73–85]. La probabilité médiane de DCV à 10 ans issue de SCORE a également était calculée dans différentes catégories de risque : selon le sexe, l’âge (35–44 ; 45–54 et 55–64 ans), le tabagisme, la pression arté- rielle systolique (120, [120–140], [140–160], [160–180], > 180 mmHg), le cholestérol total (1,50, [1,50–2,00], [2,00–2,50], [2,50–3,00], > 3,00 g/d) et le niveau de risque issu de SCORE (< 1 %, 1 %, 2 %, 3–4 %, 5–9 %, 10–14 %, 15 %). Celle-ci n’était pas significativement différente de la probabilité obser- vée de DCV à 10 ans dans les mêmes catégories de risque. Lorsqu’on utilise le seuil de 5 % (seuil d’intervention unanimement recommandé pour la prise en charge des FDRCV), on constate que 6440 participants (93 %) étaient cor- rectement classés par la formule SCORE. D’autre part, 439 (6 %) participants avec un SCORE 5 % ne sont pas décédés pendant le suivi de 10 ans (ces sujets étaient significativement plus fréquemment des hommes âgés de 55 ans et plus, fumeurs, avec une pression artérielle systolique(PAS) > 140 mmHg et un choles- térol total > 250 mmol/L que les sujets correctement classés). Enfin, 36 (0,5 %) participants avec un SCORE < 5 % sont décédés pendant le suivi de 10 ans (ces sujets étaient significativement plus fréquemment des hommes âgés de 55 ans et plus, fumeurs, avec une PAS > 140 mmHg que les sujets correctement classés). Conclusion.– En population générale franc ¸aise âgée de 35 à 64 ans, la formule SCORE semble prédire précisément le risque de DCV à 10 ans. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.047 P1-3 Intérêt et limites du Programme de médicalisation des systèmes d’information dans la surveillance des infections de prothèses orthopédiques L. Grammatico-Guillon a , S. Baron b , C. Gaborit b , P. Denier c , P. Rosset d , L. Bernard e , E. Rusch a , P. Astagneau f a Laboratoire de santé publique, CHRU de Tours, université Fran¸ cois-Rabelais, Tours, France b Unité régionale d’épidémiologie hospitalière (UREH), CHRU de Tours, Tours, France c CRIM, CH de Chartres, Chartres, France d Service d’orthopédie, université F.-Rabelais, CHRU de Tours, Tours, France e Service de maladies infectieuses, CHRU de Tours, université F.-Rabelais, Tours, France f CClin Paris Nord, EHESP, UPMC, Paris, France Mots clés : Recherche épidémiologique ; Bases médico-administratives ; PMSI ; Infections de prothèse ostéo-articulaire Contexte.– Les systèmes de surveillance des infections nosocomiales ciblent constamment les infections du site opératoires (ISO, 15 à 30 % des infections hospitalières) associées à une importante morbi-mortalité, et qui augmentent les coûts. L’infection sur prothèses ostéo-articulaires (IPOA) est un indicateur clé de ce dispositif de surveillance ; même si rares, l’IPOA est une complication dévastatrice en termes de morbidité et handicap. Les systèmes de surveillance sont incontournables, mais cependant imparfaits (données manquantes ou de qualité variable, absence de suivi à long terme), notamment en chirurgie à faible incidence d’ISO. Le Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) est une base de données exhaustive, médicalisée de tous les séjours hospitaliers en France. Le chaînage des séjours permet de suivre la trajectoire des patients. L’objectif était de valider l’utilisation de l’outil PMSI pour la surveillance des ISO, sur un modèle d’IPOA et d’en tester l’utilisation en routine. Méthodes.– Une cohorte rétrospective régionale de patients avec première arthroplastie de hanche ou de genou a été constituée en utilisant les bases régionales PMSI 2008–11 (code CCAM d’acte de pose de prothèse + dispositif médical implantable), avec surveillance de la survenue d’une IPOA dans l’année suivant la pose (PMSI 2008–12). La définition d’IPOA était basée sur un algo- rithme PMSI utilisant les codes CIM-10 et les actes CCAM. Une étude de sensibilité de la définition d’IPOA était réalisée par une enquête cas-témoin nichée dans la cohorte. L’application de la définition validée par le témoin de 1000 dossiers médicaux dans 23 hôpitaux de la région (Se 97 %, Spe 95 %, VPP 87 %, VPN 98 %) a permis d’estimer l’incidence régionale des IPOA et de mener une analyse de survie pour estimer les facteurs de risque d’IPOA et de décès (régression de Cox). Résultats.– Au total, 32 678 patients ont pu être tracés après pose de PTHG par la présence au moins un séjour, quel que soit son motif dans les 12 mois (12–60 mois) ; 10 patients étaient perdus de vue, non réhospitalisés. La densité d’incidence était à 2,3/100 personne-années [IC 95 % 2,0–2,6], avec une aug- mentation significative entre 2008 et 2012. La médiane de survenue de l’IPOA était 71 jours (1 à 1650 jours), 30 % des IPOA survenait dans le mois suivant la pose mais 29 % survenait plus d’un an après la pose. La létalité était de 11 %. L’analyse de survie identifiait les facteurs de risque d’IPOA : sexe masculin (HR 1,3, IC 95 % 1,1–1,6), présence d’ulcères (HR 2,5), obésité ou dénutrition, mala- dies hépatiques (HR 2,9, notamment liées à l’alcool 2,5) ou maladies rénales chroniques. L’IPOA (HR 1,30, IC 95% 1,02–1,67), sexe masculin (HR 1,2), l’âge > 75 ans ou la présence d’un cancer (HR 4) ou de maladies chroniques étaient des facteurs de risque de décès. Conclusion.– Ce travail démontre le potentiel de l’outil PMSI (fiabilité, facilité d’utilisation, moindre coût) pour la surveillance des ISO, sous conditions d’un algorithme validé de sélection des cas. Le PMSI pourrait permettre la création d’un indicateur de routine de classement des IPOA en France, à moindre coût, en fonction du terrain et des comorbidités du patient (type score de Charlson). http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.048 P 2 – Grandes bases de données/Entrepôts de données : application à la recherche clinique P2-1 Dépistage des symptômes dépressifs par la « Geriatric Depression Scale » au cours d’une première ligne de chimiothérapie dans une cohorte de sujets âgés de 70 ans et plus atteints de cancer, pris en charge en Aquitaine S. Duc a , M. Rainfray a , P. Soubeyran b , V. Brouste c , S. Mathoulin-Pelissier c a Pôle de gérontologie, Clinique CHU Xavier-Arnozan, Pessac, France b Pôle de cancérologie médicale, Institut Bergonié, Bordeaux, France c Unité de recherche épidémiologique et clinique, Institut Bergonié, Inserm CIC1401, Bordeaux, France Mots clés : Symptômes dépressifs ; Geriatric Depression Scale ; Cancer ; Chimiothérapie ; Sujets âgés Introduction.– La dépression est le trouble psychiatrique le plus fréquent à la fois en gériatrie et en cancérologie. Chez les patients âgés atteints de cancers, son retentissement est majeur en termes de qualité de vie et morbi-mortalité.

Intérêt et limites du Programme de médicalisation des systèmes d’information dans la surveillance des infections de prothèses orthopédiques

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S134 EPI-CLIN 2014 / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 62S (2014) S133–S164

Méthodes.– Notre travail a reposé sur les participants à la 3e enquête de popu-lation MONICA (recrutés sur listes électorales de deux départements francais(Haute-Garonne et Bas-Rhin) et de la communauté urbaine de Lille) destinée àconnaître la prévalence des FDRCV en France en 1995 et sur les sujets adressésconsécutivement au CDPA (Centre de prévention de l’athérosclérose) de Haute-Garonne depuis 1995. Le statut vital de ces sujets a été obtenu avec un recul de10 ans. La probabilité de DCV à 10 ans a été calculée via la formule SCORE(formule recommandée pour les zones européennes à bas risque CV basée surle cholestérol total) pour chacun des sujets inclus et comparée à la probabilitéde DCV à 10 ans observée.Résultats.– La probabilité de DCV à 10 ans via la formule SCORE a été cal-culée pour 6915 participants (n = 3225 issus de MONICA and 3690 du CDPA)âgés de 35 à 64 ans (56 % étaient des hommes). Sur les 10 ans de suivi, 56 DCVont été observés. Le taux de DCV a été de 0,67 % [IC à 95 % : 0,39–1,13] surl’échantillon du CDPA et 0,81 % [0,42–1,56], 1,10 % [0,61–1,98] and 2,00 %[1,31–3,05] sur l’échantillon MONICA de Haute-Garonne, du Bas-Rhin et dela communauté urbaine de Lille, respectivement. La probabilité médiane deDCV à 10 ans issue de SCORE a été estimée à 0,97 % et n’était pas signi-ficativement différente de la probabilité observée de DCV à 10 ans (1,05 %[0,81–1,37]). La C-statistique de la formule SCORE sur notre échantillond’étude était égale à 79 % [73–85]. La probabilité médiane de DCV à 10 ansissue de SCORE a également était calculée dans différentes catégories de risque :selon le sexe, l’âge (35–44 ; 45–54 et 55–64 ans), le tabagisme, la pression arté-rielle systolique (≤ 120, [120–140], [140–160], [160–180], > 180 mmHg), lecholestérol total (≤ 1,50, [1,50–2,00], [2,00–2,50], [2,50–3,00], > 3,00 g/d) etle niveau de risque issu de SCORE (< 1 %, 1 %, 2 %, 3–4 %, 5–9 %, 10–14 %,≥ 15 %). Celle-ci n’était pas significativement différente de la probabilité obser-vée de DCV à 10 ans dans les mêmes catégories de risque. Lorsqu’on utilisele seuil de 5 % (seuil d’intervention unanimement recommandé pour la priseen charge des FDRCV), on constate que 6440 participants (93 %) étaient cor-rectement classés par la formule SCORE. D’autre part, 439 (6 %) participantsavec un SCORE ≥ 5 % ne sont pas décédés pendant le suivi de 10 ans (ces sujetsétaient significativement plus fréquemment des hommes âgés de 55 ans et plus,fumeurs, avec une pression artérielle systolique(PAS) > 140 mmHg et un choles-térol total > 250 mmol/L que les sujets correctement classés). Enfin, 36 (0,5 %)participants avec un SCORE < 5 % sont décédés pendant le suivi de 10 ans (cessujets étaient significativement plus fréquemment des hommes âgés de 55 ans etplus, fumeurs, avec une PAS > 140 mmHg que les sujets correctement classés).Conclusion.– En population générale francaise âgée de 35 à 64 ans, la formuleSCORE semble prédire précisément le risque de DCV à 10 ans.

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.047

P1-3

Intérêt et limites du Programme demédicalisation des systèmes d’informationdans la surveillance des infections deprothèses orthopédiquesL. Grammatico-Guillon a, S. Baron b, C. Gaborit b,P. Denier c, P. Rosset d, L. Bernard e, E. Rusch a,P. Astagneau f

a Laboratoire de santé publique, CHRU de Tours, universitéFrancois-Rabelais, Tours, Franceb Unité régionale d’épidémiologie hospitalière (UREH), CHRU de Tours,Tours, Francec CRIM, CH de Chartres, Chartres, Franced Service d’orthopédie, université F.-Rabelais, CHRU de Tours, Tours, Francee Service de maladies infectieuses, CHRU de Tours, université F.-Rabelais,Tours, Francef CClin Paris Nord, EHESP, UPMC, Paris, France

Mots clés : Recherche épidémiologique ; Bases médico-administratives ;PMSI ; Infections de prothèse ostéo-articulaireContexte.– Les systèmes de surveillance des infections nosocomiales ciblentconstamment les infections du site opératoires (ISO, 15 à 30 % des infectionshospitalières) associées à une importante morbi-mortalité, et qui augmentent lescoûts. L’infection sur prothèses ostéo-articulaires (IPOA) est un indicateur clé

de ce dispositif de surveillance ; même si rares, l’IPOA est une complicationdévastatrice en termes de morbidité et handicap. Les systèmes de surveillancesont incontournables, mais cependant imparfaits (données manquantes ou dequalité variable, absence de suivi à long terme), notamment en chirurgie à faibleincidence d’ISO. Le Programme de médicalisation des systèmes d’information(PMSI) est une base de données exhaustive, médicalisée de tous les séjourshospitaliers en France. Le chaînage des séjours permet de suivre la trajectoiredes patients. L’objectif était de valider l’utilisation de l’outil PMSI pour lasurveillance des ISO, sur un modèle d’IPOA et d’en tester l’utilisation en routine.Méthodes.– Une cohorte rétrospective régionale de patients avec premièrearthroplastie de hanche ou de genou a été constituée en utilisant les basesrégionales PMSI 2008–11 (code CCAM d’acte de pose de prothèse + dispositifmédical implantable), avec surveillance de la survenue d’une IPOA dans l’annéesuivant la pose (PMSI 2008–12). La définition d’IPOA était basée sur un algo-rithme PMSI utilisant les codes CIM-10 et les actes CCAM. Une étude desensibilité de la définition d’IPOA était réalisée par une enquête cas-témoinnichée dans la cohorte. L’application de la définition validée par le témoin de1000 dossiers médicaux dans 23 hôpitaux de la région (Se 97 %, Spe 95 %, VPP87 %, VPN 98 %) a permis d’estimer l’incidence régionale des IPOA et de menerune analyse de survie pour estimer les facteurs de risque d’IPOA et de décès(régression de Cox).Résultats.– Au total, 32 678 patients ont pu être tracés après pose de PTHGpar la présence au moins un séjour, quel que soit son motif dans les 12 mois(12–60 mois) ; 10 patients étaient perdus de vue, non réhospitalisés. La densitéd’incidence était à 2,3/100 personne-années [IC 95 % 2,0–2,6], avec une aug-mentation significative entre 2008 et 2012. La médiane de survenue de l’IPOAétait 71 jours (1 à 1650 jours), 30 % des IPOA survenait dans le mois suivant lapose mais 29 % survenait plus d’un an après la pose. La létalité était de 11 %.L’analyse de survie identifiait les facteurs de risque d’IPOA : sexe masculin (HR1,3, IC 95 % 1,1–1,6), présence d’ulcères (HR 2,5), obésité ou dénutrition, mala-dies hépatiques (HR 2,9, notamment liées à l’alcool 2,5) ou maladies rénaleschroniques. L’IPOA (HR 1,30, IC 95 % 1,02–1,67), sexe masculin (HR 1,2),l’âge > 75 ans ou la présence d’un cancer (HR 4) ou de maladies chroniquesétaient des facteurs de risque de décès.Conclusion.– Ce travail démontre le potentiel de l’outil PMSI (fiabilité, facilitéd’utilisation, moindre coût) pour la surveillance des ISO, sous conditions d’unalgorithme validé de sélection des cas. Le PMSI pourrait permettre la créationd’un indicateur de routine de classement des IPOA en France, à moindre coût,en fonction du terrain et des comorbidités du patient (type score de Charlson).

http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2014.05.048

P 2 – Grandes bases de données/Entrepôts de données :application à la recherche clinique

P2-1

Dépistage des symptômes dépressifs par la« Geriatric Depression Scale » au cours d’unepremière ligne de chimiothérapie dans unecohorte de sujets âgés de 70 ans et plusatteints de cancer, pris en charge enAquitaineS. Duc a, M. Rainfray a, P. Soubeyran b, V. Brouste c,S. Mathoulin-Pelissier c

a Pôle de gérontologie, Clinique CHU Xavier-Arnozan, Pessac, Franceb Pôle de cancérologie médicale, Institut Bergonié, Bordeaux, Francec Unité de recherche épidémiologique et clinique, Institut Bergonié, InsermCIC1401, Bordeaux, France

Mots clés : Symptômes dépressifs ; Geriatric Depression Scale ; Cancer ;Chimiothérapie ; Sujets âgésIntroduction.– La dépression est le trouble psychiatrique le plus fréquent à lafois en gériatrie et en cancérologie. Chez les patients âgés atteints de cancers,son retentissement est majeur en termes de qualité de vie et morbi-mortalité.