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L’ESPACE ALPIN - Vendredi 6 mai 2016 9 IRRIGATION Ressource en eau économisée pour agriculture préservée L'irrigation est indispensable. Et l'impact agronomique que pourrait avoir le réchauffement climatique risque de peser lourd sur le monde agricole, qui a par ailleurs à faire face à de nouvelles contraintes réglementaires. Néanmoins, de nombreux outils peuvent permettre, moyennant il est vrai un investissement humain et financier non négligeable, de sécuriser les ressources en eau. Petit tour d'horizon des initiatives individuelles et collectives visant à économiser l'eau sans pour autant sacrifier les productions. Les agriculteurs se retroussent les manches D epuis 2009, les affluents de la Durance ont été classés comme "masses d’eau défi- citaires" dans le SDAGE ; ce classe- ment faisait suite aux 5 années par- ticulièrement sèches 2003-2007. S’est ensuivi la réalisation d’études de volumes prélevables (EVP) qui ont eu pour conséquence, d’une part le classement de certains affluents en ZRE (Largue, Lauzon, Vanson, Sasse amont), mais surtout l’obligation réglementaire de révi- ser les autorisations de prélève- ment pour les rendre compatibles avec l’atteinte du bon état quanti- tatif des cours d’eau (pas de restric- tions plus de 2 années sur 10). De plus, depuis le 1er janvier 2015, le débit réservé à laisser dans les cours d’eau a été multiplié par 4, ce qui limite encore la capacité de prélever en période d’étiage. Il y aurait beaucoup à dire sur la genèse de ces contraintes régle- mentaires mais que ce soit sous le poids de celles-ci ou du change- ment climatique certains acteurs de l’eau agricole ont décidé dès 2010 de se lancer dans d’ambitieux projets d’aménagements hydrau- liques visant à moderniser leur réseau gravitaire en le passant à l’aspersion. En 2015, trois réseaux ont donc été modernisés et recon- vertis du gravitaire à l’aspersion dans les Alpes de Haute Provence. 13 millions d’euros ont été investis (financés à 80 % par l’Agence de l’Eau, la région PACA et le FEADER) et ce pour moderniser un total de 1 068 ha et générer une économie annuelle d’eau de 11,3 millions de m 3 . L’ASA du canal de plaine de Volonne fondée en 1883 alimente depuis 130 ans un périmètre de 180 ha essentiellement agricole mais aussi urbain sur le village de Volonne. Le canal est alimenté par une prise dans le Vanson, prélève- ment complété par un pompage en Durance en été. L’EVP réalisée en 2012 a montré que la seule solution pour préserver la rivière (soit assurer le respect du débit biologique) était d’aller pomper l’eau dans la Durance et de recon- vertir le réseau gravitaire à l’asper- sion. C’est ce que l’ASA a com- mencé à faire en 2015 en réalisant la première tranche de travaux de cette reconversion. Un forage a été installé en bordure de Durance, un bassin tampon construit et un réseau enterré a été réalisé sur la partie amont du périmètre. Ces premiers travaux ont coûté 2,5 mil- lions d’euros HT ; la reconversion complète du réseau et l’abandon définitif de la prise du Vanson per- mettront d’économiser 2 millions de mètre cubes sur le Vanson mais aussi de moderniser le service de l’eau pour les usagers…. Sur les communes de Valernes et Sisteron s’est achevé en 2015 un gros chantier, le plus gros chantier d’aspersion de Paca depuis bien longtemps. L’ASA du canal de Saint Tropez a été créée, elle, en 1784 et dessert un périmètre de 400 hectares environ à partir d’une prise sur le Sasse. Le droit d’eau de l’ASA du canal de Saint Tropez, ges- tionnaire de cet ouvrage, était de 560 l/s (autorisée par le seigneur de Valernes en 1784) mais depuis de nombreuses années la multipli- Dossier réalisé par Noël Piton, Hervé Moynier et Stéphanie Martin Pour faire face aux nouvelles contraintes réglementaires, économiser et conserver un accès à la ressource en eau Cours d'eau en ZRE : moderniser pour sécuriser l'irrigation Installé en arboriculture, Didier Arnaud est le président de l'ASA du canal de plaine de Volonne. "Le projet de modernisation a été lancé en 2007, parce que nous avions des soucis d'approvisionnement en juillet et août, explique t-il. Toute l'irrigation était en gravitaire. Suite au manque d'eau que nous avons subi en 2006-2007, qui a conduit à des restrictions imposées par la préfecture, nous avons décidé de moderniser le réseau afin de sécuriser notre ressource en eau. Parmi tous les projets qui avaient été étudiés, nous avons retenu de mettre tout sous pression. Nous pouvions alors irriguer 180 ha. Aujourd'hui, nous en irriguons 190 et, lorsque les travaux seront achevés, nous pourrons monter à 240, ce qui nous permettra aussi de proposer le service à d'autres d'adhérents de l'ASA. De plus, nous bénéficions d'une pression constante de 14 bars et pouvons ins- taller n'importe quel système d'irrigation. Personnellement, sur les terres où la première tranche de travaux a été réalisée, j'ai installé des systèmes d'aspersion sur et sous fron- daison et du micro-jet. Notre projet a été subventionné à 80% par l'Agence de l'eau et le FEADER, parce que cela permettait d'économiser l'eau du Vanson, classé déficitaire et donc en ZRE (zone de répartition des eaux). La première tranche de travaux a été achevée et nous espérons pouvoir commencer les tranches suivantes d'ici la fin de l'an- née 2016". cation des prélèvements, des sècheresses et des tours d‘eau ont poussé les responsables de l’ASA à reconvertir l’ensemble du périmè- tre à l’aspersion à partir de forages situés sur la commune de Sisteron dans la nappe de la Durance. Ce réseau qui va alimenter une tren- taine d’agriculteurs et de nom- breux jardins du nord de Sisteron va permettre de garantir une équité de l’ensemble des usagers au niveau de l’accès à l’eau et à un tarif plutôt modéré. Ce succès est dû à l’alliance avec une autre ASA, l’ASA du canal de Ventavon ; les deux structures ont même fusionné constituant l’ASA des canaux de Ventavon Saint Tropez. Ce chantier d’un coût total de 7 millions d’euros aura permis d’éco- nomiser 6 millions de mètres cubes par an. 13 km de conduites auront été posées ainsi que plus de 600 postes d’arrosage. Une station de pompage a été construite en bord de Durance (station des Prayaous), une réserve d’eau exis- tante (les Poux) a été agrandie et sécurisée pour simplifier et sécuri- ser la gestion des pompages. Seuls les travaux de desserte sur la com- mune de Valernes (strictement agricole) ne sont pas achevés, ce qui sera fait à l’automne 2016. Le seuil qui assurait l’alimentation du vieux canal sera prochainement détruit permettant ainsi le rétablis- sement de la continuité sédimen- taire et la circulation des poissons. Signalons que l’ensemble du patri- moine des canaux sera conservé, dans le cadre d’une convention avec la commune de Sisteron ; les eaux pluviales continueront donc à être maitrisées sur les zones à enjeux et la biodiversité liée à ces canaux sera préservée. Canal Ventavon Saint-Tropez.

IRRIGATION Ressource en eau économisée pour agriculture

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Page 1: IRRIGATION Ressource en eau économisée pour agriculture

L’ESPACE ALPIN - Vendredi 6 mai 2016 9

IRRIGATION

Ressource en eau économiséepour agriculture préservée

L'irrigation est indispensable. Et l 'impactagronomique que pourrait avoir le réchauffementclimatique risque de peser lourd sur le mondeagricole, qui a par ailleurs à faire face à de nouvellescontraintes réglementaires. Néanmoins, denombreux outils peuvent permettre, moyennant ilest vrai un investissement humain et financier nonnégligeable, de sécuriser les ressources en eau.Petit tour d'horizon des initiatives individuelles etcollectives visant à économiser l'eau sans pourautant sacrifier les productions.

Les agriculteursse retroussentles manchesD

epuis 2009, les a`uents dela Durance ont été classéscomme "masses d’eau dé*-

citaires" dans le SDAGE ; ce classe-ment faisait suite aux 5 années par-ticulièrement sèches 2003-2007.S’est ensuivi la réalisation d’étudesde volumes prélevables (EVP) quiont eu pour conséquence, d’unepart le classement de certainsa`uents en ZRE (Largue, Lauzon,Vanson, Sasse amont), mais surtoutl’obligation réglementaire de révi-ser les autorisations de prélève-ment pour les rendre compatiblesavec l’atteinte du bon état quanti-tatif des cours d’eau (pas de restric-tions plus de 2 années sur 10). Deplus, depuis le 1er janvier 2015, ledébit réservé à laisser dans lescours d’eau a été multiplié par 4, cequi limite encore la capacité deprélever en période d’étiage. Il yaurait beaucoup à dire sur la

genèse de ces contraintes régle-mentaires mais que ce soit sous lepoids de celles-ci ou du change-ment climatique certains acteursde l’eau agricole ont décidé dès2010 de se lancer dans d’ambitieuxprojets d’aménagements hydrau-liques visant à moderniser leurréseau gravitaire en le passant àl’aspersion. En 2015, trois réseauxont donc été modernisés et recon-vertis du gravitaire à l’aspersiondans les Alpes de Haute Provence.13 millions d’euros ont été investis(*nancés à 80 % par l’Agence del’Eau, la région PACA et le FEADER)et ce pour moderniser un total de1 068 ha et générer une économieannuelle d’eau de 11,3 millions dem3.

L’ASA du canal de plaine deVolonne fondée en 1883 alimentedepuis 130 ans un périmètre de

180 ha essentiellement agricolemais aussi urbain sur le village deVolonne. Le canal est alimenté parune prise dans le Vanson, prélève-ment complété par un pompageen Durance en été. L’EVP réaliséeen 2012 a montré que la seulesolution pour préserver la rivière(soit assurer le respect du débitbiologique) était d’aller pomperl’eau dans la Durance et de recon-vertir le réseau gravitaire à l’asper-sion. C’est ce que l’ASA a com-mencé à faire en 2015 en réalisantla première tranche de travaux decette reconversion. Un forage a étéinstallé en bordure de Durance, unbassin tampon construit et unréseau enterré a été réalisé sur lapartie amont du périmètre. Cespremiers travaux ont coûté 2,5 mil-lions d’euros HT ; la reconversioncomplète du réseau et l’abandondé*nitif de la prise du Vanson per-mettront d’économiser 2 millionsde mètre cubes sur le Vanson maisaussi de moderniser le service del’eau pour les usagers….

Sur les communes de Valernes etSisteron s’est achevé en 2015 ungros chantier, le plus gros chantierd’aspersion de Paca depuis bienlongtemps. L’ASA du canal deSaint Tropez a été créée, elle, en1784 et dessert un périmètre de400 hectares environ à partir d’uneprise sur le Sasse. Le droit d’eau del’ASA du canal de Saint Tropez, ges-tionnaire de cet ouvrage, était de560 l/s (autorisée par le seigneurde Valernes en 1784) mais depuisde nombreuses années la multipli-

Dossier réalisé par Noël Piton, Hervé Moynier et Stéphanie Martin

Pour faire face aux nouvelles contraintesréglementaires, économiser et conserver unaccès à la ressource en eau

Cours d'eau en ZRE : moderniser poursécuriser l'irrigationInstallé en arboriculture, Didier Arnaud est le président de l'ASA du canal de plainede Volonne. "Le projet de modernisation a été lancé en 2007, parce que nous avionsdes soucis d'approvisionnement en juillet et août, explique t-il. Toute l'irrigation étaiten gravitaire. Suite au manque d'eau que nous avons subi en 2006-2007, qui a conduità des restrictions imposées par la préfecture, nous avons décidé de moderniser le réseauafin de sécuriser notre ressource en eau. Parmi tous les projets qui avaient été étudiés,nous avons retenu de mettre tout sous pression. Nous pouvions alors irriguer 180 ha.Aujourd'hui, nous en irriguons 190 et, lorsque les travaux seront achevés, nous pourronsmonter à 240, ce qui nous permettra aussi de proposer le service à d'autres d'adhérentsde l'ASA. De plus, nous bénéficions d'une pression constante de 14 bars et pouvons ins-taller n'importe quel système d'irrigation. Personnellement, sur les terres où la premièretranche de travaux a été réalisée, j'ai installé des systèmes d'aspersion sur et sous fron-daison et du micro-jet. Notre projet a été subventionné à 80% par l'Agence de l'eau etle FEADER, parce que cela permettait d'économiser l'eau du Vanson, classé déficitaireet donc en ZRE (zone de répartition des eaux). La première tranche de travaux a étéachevée et nous espérons pouvoir commencer les tranches suivantes d'ici la fin de l'an-née 2016".

cation des prélèvements, dessècheresses et des tours d‘eau ontpoussé les responsables de l’ASA àreconvertir l’ensemble du périmè-tre à l’aspersion à partir de foragessitués sur la commune de Sisterondans la nappe de la Durance. Ceréseau qui va alimenter une tren-taine d’agriculteurs et de nom-breux jardins du nord de Sisteronva permettre de garantir uneéquité de l’ensemble des usagersau niveau de l’accès à l’eau et à untarif plutôt modéré. Ce succès estdû à l’alliance avec une autre ASA,l’ASA du canal de Ventavon ; lesdeux structures ont mêmefusionné constituant l’ASA descanaux de Ventavon Saint Tropez.Ce chantier d’un coût total de 7millions d’euros aura permis d’éco-nomiser 6 millions de mètrescubes par an. 13 km de conduitesauront été posées ainsi que plus de

600 postes d’arrosage. Une stationde pompage a été construite enbord de Durance (station desPrayaous), une réserve d’eau exis-tante (les Poux) a été agrandie etsécurisée pour simpli*er et sécuri-ser la gestion des pompages. Seulsles travaux de desserte sur la com-mune de Valernes (strictementagricole) ne sont pas achevés, cequi sera fait à l’automne 2016. Leseuil qui assurait l’alimentation duvieux canal sera prochainementdétruit permettant ainsi le rétablis-sement de la continuité sédimen-taire et la circulation des poissons.Signalons que l’ensemble du patri-moine des canaux sera conservé,dans le cadre d’une conventionavec la commune de Sisteron ; leseaux pluviales continueront donc àêtre maitrisées sur les zones àenjeux et la biodiversité liée à cescanaux sera préservée.

Canal Ventavon Saint-Tropez.

Page 2: IRRIGATION Ressource en eau économisée pour agriculture

Vous pouvez trouver des informations complémentaires sur lesite internet www.agrometeo.frLe CIRAME (Centre d’Information Régional AgroMEtéorologique),gère et anime en région PACA un réseau agroclimatique de 160stations météo autour de 20 partenaires ;27 de ces stations sont implantées dans les départements alpins(04 et 05).Les données climatiques sont quotidiennement collectées, vali-dées et archivées dans une base de données sous forme de don-nées horaires, quotidiennes, décadaires, mensuelles… De nombreuses analyses peuvent être eEectuées par le CIRAME :modélisations dans le cadre de maladies ou ravageurs ; bilanshydriques pour la gestion de l’eau ; bilans climatiques divers ; car-tographies ; caractérisation de millésimes…

Vendredi 6 mai 2016 - L’ESPACE ALPIN10

L’Union des ASA de la Bléone àl’Asse regroupe 4 ASA situées enrive gauche de la Durance entreLes Mées et Oraison. Entre 2014 et2015 l’Union des ASA a engagé sur488 ha, des travaux de modernisa-tion d’une partie de son périmètre,par la création d’un réseau souspression en lieu et place du réseaugravitaire existant. L’atout de ceprojet réside dans la mise souspression sans énergie électriquegrâce à la diPérence d’altitude (70m environ) entre le canal EDF oùsera prélevée l’eau et les parcellesdesservies. A*n de concilier tousles intérêts du projet, l’Union desASA a maintenu des canaux pourassurer une continuité hydrauliqueentre les ravins en amont du canalEDF et la Durance, et notammentrecevoir les eaux pluviales. Plusspéci*quement, deux canaux, réa-limentés par le réseau sous pres-sion, ont été conservés pour leurimportance en tant que corridorsbiologiques. Les travaux réaliséspour 3,7 millions d’euros HT ont

permis d’économiser 3,3 millionsde mètres cubes par an et d’amé-

liorer considérablement le servicepour les agriculteurs.

Tous ces projets contribuent à lafois à préserver la ressource en eau,

les milieux naturels, sécuriser l’ac-cès à l’eau pour les agriculteursainsi qu’à simpli*er le travail desirrigants. Leur coût est parfois trèsélevé pour les agriculteurs et onpeut d’ailleurs regretter que laredevance de l’Agence de l’Eauaugmente après la reconversion àl’aspersion. D’autres projets serontproposés dans les années à venir :sur la basse vallée de l’Asse, au Sudd’Oraison et pour 2016 dans lahaute vallée de l’Asse à Saint Lionsoù l’ASA va supprimer son canal aupro*t d’un pompage et d’unréseau sous pression moderne. Ilfaudra également réaliser la der-nière tranche sur Volonne et peut-être d’autres modernisations surLes Mées. Ces travaux d’une trèsgrande complexité, autant auniveau technique, réglementairequ’administratif nécessiterontqu’une aide soit apportée aux ges-tionnaires de ces réseaux pour lestravaux bien sûr mais aussi pour lamultitude de dossiers ou de mar-chés publics à gérer…

DOSSIER IRRIGATION

Utiliser la gravité à la place des pompes : une importanteéconomie d'énergie

Producteur de céréales aux Mées, Mi-chel Signoret est l'un des initiateurs destravaux de modernisation engagésentre Oraison et le canal du Trou deLaurent. "L'arrosage, cela représente lamoitié de notre temps. Mais désormais,c'est beaucoup moins contraignant. Plusde problème de surveillance des pompesqui se désamorçaient, de forages enpanne, puisque le dénivelé de 65 m entrele canal et les parcelles nous permet denous dispenser de pompe et d'avoir unepression autour de 6,5 bar. De plus, nousavons installé des canalisations de dia-mètre de 200 mm, ce qui nous permet dene pas avoir de perte de charge entre lasortie des bornes et l'entrée de l'enrou-leur.

Bien sûr, la pression est moins importanteque lorsque nous utilisions les pompes –la gravité n'équivaut pas aux pompes –mais c'est suffisant. D'autant que c'estgratuit ! En fait, les économies d'énergiesont très importantes. Avant, nous utili-sions trois pompes diesel et deux pompes

électriques. Cela nous revenait à environ350 €/ha. A quoi il fallait ajouter l'entre-tien du canal qui impliquait une cotisa-tion à l'hectare. C'est autant que l'on n'aplus à dépenser. Sans parler de l'écono-mie d'eau. Avec le gravitaire, nous utili-sions 30 000 m3/ha en moyenne pour 50à 60 % de terres arrosées – nous n'arro-sions pas toutes les terres. Aujourd'hui,nous utilisons 3 000 m3/ha en moyennepour arroser 90 % de nos terres. En fait,on arrose plus, mais on consomme beau-coup moins, et ce même si cela nouscontraint en contrepartie à réalimenterles nappes phréatiques régulièrement parl"intermédiaire de corridors biologiques,qui viennent s'ajouter aux sources exis-tantes".

Un début de saison particulièrement peu arrosé

Pluviométrie très déficitaire depuis novembre2015 : la sécheresse guette…

La situation pluviométriquede ce début d’année 2016 estpréoccupante pour les zones

non sécurisées par les grands bar-rages de Serre-Ponçon et deSainte-Croix-du-Verdon (lire par ail-leurs). Au printemps 2015, déjà, lesirrigants étaient inquiets et, heu-reusement, le mois de mai avaitpermis de récupérer un dé*citprintanier réel. Mais cette année, ledé*cit est encore plus élevé carl’automne et l’hiver ont été parti-culièrement secs, contrairement àl’année précédente. Si les nappesde profondeur ne montrent pas,pour le moment, de signe de fai-blesse, les eaux de surface parcontre commencent à décliner. Surl’ouest du département des Alpesde Haute-Provence, le Largue et leCalavon en particulier, les agricul-teurs commencent à restreindrefortement leurs usages pourconserver leurs réserves d’eaupleines le plus longtemps possible

et ce pour assurer l’alimentationdes cultures d’été.

Jean-Pierre Goliath a construit surla commune de Reillanne il y aquelques années une belle réservede 17 000 m3 en bordure du ravin

de Garabrun. En 2016, il a décidéde ne pas irriguer ses blés et sescolzas. "Je sais que les rendementsdes cultures d’hiver seront très fai-bles, voire ridicules, s’il ne pleut pasun peu en avril et en mai ; mais je n’aipas le choix. Le printemps 2015 a étésec ; en 2016 c’est pire car on n’a paseu de pluies en automne et en hiver ;les sources débitent moitié moinsque l’année dernière. Vu la faiblessedes écoulements je veux être certaind’avoir mon volume disponible pourles 25 ha de melons au 1er juillet".

Daniel Simondi est lui aussi pro-ducteur de melons sur la communede Céreste. Il est également ges-tionnaire du réseau de l’ASL ducanal de la Viguière. Cette année il aréalisé, à la demande de l’adminis-tration, des travaux sur le seuil ducanal pour garantir un débitréservé minimum. A notre connais-sance, ce canal est le seul canal desi petite taille (débit prélevé de

25 l/s) de toute la région Paca àavoir été contraint de mettre enplace un tel dispositif. Si le systèmeconvient à l’administration, il resteà l’étalonner. Mais ce qui inquièteDaniel Simondi, aujourd’hui, c’estque le débit naturel du Calavon est

déjà très bas. "Si ça continue commeça dans moins d’un mois je n’auraiplus le droit de prendre une goutted’eau dans la rivière ; il faut vraimentque l’administration comprenne quecela n’a pas de sens de laisser dans larivière un débit minimum de 35 l/salors que cette eau s’in%ltre naturelle-ment à l’aval du seuil et qu’il n’y astrictement aucun poisson dans cespériodes d’étiage sur ce secteur. Etd’ailleurs 60 % de l’eau que nous pré-levons par ce canal revient à la rivière800 m plus bas et alimente unesuperbe zone humide. Qu’on nousautorise, comme la loi le permet, delaisser, en période d’arrosage, undébit plus faible dans le cours d’eau ;le reste de l’année on peut largementlaisser davantage. Il en va de la surviede nos exploitations. Si on ne veutplus de nous on refera du blé au secet de la lavande, mais on aura sup-primé au passage l’équivalent de 10emplois annuels à plein temps rienque sur mon exploitation."

Jean-Pierre Goliath : "cette année, jen'irriguerai pas mes blés, ni mes colzas".

Daniel Simondi, producteur de melons.

Depuis novembre 2015, seulle mois de février (et locale-ment janvier) enregistre

des pluies supérieures aux valeursde saison.Sur ces 6 derniers mois (novembre2015 à avril 2016), il n’est tombéenviron que la moitié de la pluvio-métrie normale, ce qui représente

un dé*cit de l’ordre de 180 mm (sil’on ne tient pas compte du secteurd’Embrun, très peu dé*citaire). Rares sont les années à avoir enre-gistré aussi peu de précipitationssur cette période de l’année : à LaSaulce, Laragne ou Manosque,seule la période de novembre 2001à avril 2002 a été moins pluvieuse.

Sur Forcalquier, Les Mées ou StAuban, un nouveau record de fai-bles pluies est établi.

Avec 166 mm pour ces 6 derniersmois, 2016 représente pratique-ment la moitié de la normale (322mm pour la moyenne 1981-2010)et pulvérise le précédent record defaibles pluies de 192 mm en 2005.Le maximum, assez récent, date de2013, avec 566 mm.Ce manque de précipitations esttrès préjudiciable car il n’a pas per-mis une bonne recharge desnappes phréatiques. Les réserveshydriques, en ce printemps, sontfortement sollicitées par les ventsforts et la végétation en pleinessor. Des apports d’eau par irriga-tion sont parfois nécessaires, plusprécocement que d’habitude.Si des pluies notables ne survien-nent pas dans les prochainessemaines, la sécheresse pourraitêtre sévère cette année.

Gérard Brun, référent eau àla Chambre d'agriculture 04"L'irrigation estune assurance ré-colte. Même dansles endroits où il ya de l'eau, il y a degrosses différencesentre les parcelles

irriguées et les parcelles non irriguées. Ettoutes les cultures ont besoin d'eau. Or,nous sommes confrontés à un climat deplus en plus sec. Sur les blés, noussommes à 100mm depuis début avril.Pour le mener à bien, il faudrait entre 200et 250 mm d'eau au cours du printemps.Une année de pluviométrie normaletourne autour de 650 et 750 mm. Maiscette année, nous risquons de partir surune pluviométrie avoisinant les 500 mm,ce qui peut nous amener à devoir utiliserles réserves utiles plus tôt qu'il ne fau-drait. A cela s'ajoute le fait que dans notre dé-partement, d'une manière générale, les700 mm auxquels nous arrivons généra-

lement sont mal répartis. C'est la raisonpour laquelle on se bat pour créer des ré-serves. Cela peut passer par des retenuescollinaires, mais l'administration bloque.Aujourd'hui, pour faire le moindre amé-nagement, il faut faire des études d'im-pact sur la biodiversité. Or, je pense quela biodiversité est tout à fait à même des'adapter au milieu créé. Il est regrettableque les écologistes ne veuillent pas enten-dre cela. De même pour le plan sécheresse. Si nousdevons appliquer au pied de la lettre lerèglement en fonction des nouveauxseuils, cela va poser problème et risque demettre certaines exploitations en diffi-culté. Car dans un marché mondialisé, sinous avons une baisse de rendements,nous ne pouvons plus compenser en aug-mentant les prix. Au niveau de certainsbassins versants, où il n'est pas dit qu'il yaura encore suffisamment d'eau en casde restrictions, cela suscite des inquié-tudes."

Page 3: IRRIGATION Ressource en eau économisée pour agriculture

L’ESPACE ALPIN - Vendredi 6 mai 2016 11

Un contexte territorial avec desenjeux agricoles importants etdes diHcultés réglementaires…Le bassin versant du Buëch est unterritoire rural de montagne où l’ac-tivité agricole représente l’une despremières activités économiques.Cette agriculture s’est développéeautour de l’usage de l’eau pour l’irri-gation des cultures, si bien que cetusage fait maintenant partie inté-grante de l’appareil de productionagricole. De même, l’aménagementdu territoire est intimement lié àcette activité économique.Aujourd’hui, la réglementation enmatière de prélèvement d’eau est deplus en plus restrictive pour les usa-gers, notamment sur des bassinsversants à in\uence climatique

méditerranéenne, tel que le terri-toire du Buëch.Le SDAGE, puis récemment l’étudede détermination des volumes pré-levables (EVP) ont identi*é et carac-térisé le dé*cit du territoire auniveau de la ressource en eau.Il est demandé aux usagers de limi-ter de 30% leurs prélèvements d’eauà l’horizon 2017 a*n d’obtenir unretour à l’équilibre quantitatif.Pour répondre à ces objectifs, la pro-fession agricole s’organise collecti-vement et travaille à une optimisa-tion de la gestion de l’eau à l’échelledu bassin versant. Dès lors pour l’an-née 2015 et 2016, les irrigants duBuëch se sont engagés vers desbaisses de 15 % de leur prélève-ments d’eau. Pourtant, pour enga-ger des économies supplémen-taires, tout en conservant l’usage del’irrigation, les marges de manœuvresont de plus en plus faibles…Dans ce contexte, une nécessitéabsolue s’est imposée : la poursuitede l’amélioration de l’eUcience desréseaux d’irrigation, mobiliserd’avantage la ressource en eau viades actions de stockage, de moder-nisation, poursuivre les actions desubstitution…

Une réponse : Le schéma de ges-tion et de sécurisation de l’irriga-tion du bassin versant du Buëchet aJuent.La Chambre d’agriculture desHautes-Alpes, accompagnée *nan-cièrement par l’Agence de l’eau RMCet le Conseil régional PACA, aengagé depuis le début de l’annéele schéma de gestion et de sécurisa-tion de l’irrigation sur le bassin ver-sant du Buëch.L’objectif général de cette étude estdouble : sécuriser l’accès à l’eau pourl’agriculture tout en répondant auxobligations réglementairesCette étude con*ée au bureaud’étude Artelia a démarré débutfévrier pour une période de six mois.

Seront appréhendés les solutionstechniques et le chiPrage *nancierdes principaux projets identi*ésavec les irrigants (actions de trans-ferts de la ressource, retenues destockage, modernisation des péri-mètres des ASA…).Ainsi, cette étude portée par laChambre d’agriculture des Hautes-Alpes permettra d’appréhenderjusqu’au stade de l’avant-projet som-maire chaque scénario et solutiontechnique permettant aux irrigantsde préserver l’irrigation. Seront éga-lement analysées les conditions d’or-ganisation a*n de mutualiser leséconomies d’eau ainsi que le por-tage des projets par l’ensemble desirrigants du bassin versant.Cette analyse permettra d’avoir unemeilleure lecture des actions àengager, de leurs coûts, des écono-mies d’eau potentielles, et de l’orga-nisation nécessaire pour engagerdes travaux. La *nalité de cetteétude permettra également de hié-rarchiser et phaser les programmesde travaux a*n de mobiliser les pro-grammes *nanciers actuels !

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270 Route de Gap

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Schéma de gestion et de sécurisation de l’Irrigation pour le bassin versant du Buëch

Un outil essentiel pour sécuriserl’irrigation à moyen terme sur le Buëch !

Le bassin versant du Buëch classéen "Zone de Répartition des Eau"Le 7 décembre dernier, le préfet de laRégion Rhône Alpes, coordonnateur debassin Rhône Méditerranée, a pris l’ar-rêté de classement en Zone de réparti-tion des eaux (ZRE), le bassin versant duBuëch.Cet "outil réglementaire" constitue lareconnaissance d’un déséquilibre avéréentre la ressource en eau et les prélève-ments existants sur un territoire.Pour les gestionnaires de l’eau pour l’ir-rigation, ce classement va impliquercertaines contraintes, mais constitueégalement des avantages. De même,l’existence d’un organisme Unique deGestion Collective sur le territoire per-met de limiter les contraintes telles quel’abaissement des seuils réglementairesde déclaration et d’autorisation, l’im-possibilité des procédures temporairesd’autorisation ou encore le retour à untaux non majoré de la redevance prélè-vement, payée à l’Agence de l’eau.Le classement d’un territoire en ZREpermet également de mobiliser priori-tairement des financements publicspour les projets générant des écono-mies d’eau, la construction de retenuesde stockage d’eau et le transfert d’eaudepuis d’autres bassins versants.A noter également que ce classementn’est pas définitif…

Des perspectives financières dansun calendrier contraint !La réglementation impose une gestionéquilibrée et partagée de la ressourceen eau. Pour les gestionnaires, ces pro-cédures nouvelles se traduisent souventpar une limitation de l’accès à l’eau.Dans ce contexte, afin que les gestion-naires de l’irrigation puissent s’adapter,des programmes financiers existentdans le but d’accompagner les projetsd’hydrauliques agricoles générant deséconomies d’eau. Les principaux parte-naires qui peuvent accompagner lesprojets des irrigants sont l’Agence del’eau, dans le cadre de son Xème pro-gramme d’aide ainsi que l’Europe, viason programme FEADER et ses mesures431 et 432.Ainsi, jusqu’à l’horizon 2018, les pers-pectives sont favorables pour les ges-tionnaires de l’irrigation quisouhaitent engager des projets d’hy-draulique agricole.

"C'est à nous de nous adapter à la ressource en eau"

L'ASA du canal La Subteyte compte 43adhérents pour une surface d'irrigationde 70 ha, répartis sur les communes dela Bâtie-Montsaléon, Chabestan et Oze.Le président de l'association, Stéphane

Francou, co-gère avec son frère Jean-Lucune exploitation en polyculture élevagemaraîchage conduite en agriculture bio-logique, irriguée pour partie par asper-sion, et pour partie au gravitaire. En2008, l'ASA a monté un projet de moder-nisation du système d'irrigation. "La Loisur l'eau oblige à économiser l'eau, ce quiincite évidemment à se moderniser. Parailleurs, j'estime que c'est à nous de nousadapter à la ressource en eau, et non l'in-verse". Après de multiples variantes im-posées par l'Agence de l'eau, le projetdéfinitif a enfin été défini. "Ce type deprojets est très long à mettre en place.Mais cette fois, c'est bon, on va pouvoircommencer. Nous avons décidé de passer

une partie du gravitaire à l'aspersion, en-viron 25 ha – ce qui représente la presquetotalité de ce qui est encore en gravitaire– pour un coût de 577 000 €HT, financé à80 % par l'Agence de l'eau et le Conseil ré-gional. Cela nous laisse 110 000 € en au-tofinancement", souligne StéphaneFrancou. "Le prix a l'hectare, actuellementde 130 € en aspersion, passera dans unefourchette de 150 € à 190 € l'hectare.Pour le gravitaire, on paie 45€, mais pourpas grand chose, parce qu'on n'arrive pasà arroser. Il n'est plus adapté à l'agricul-ture d'aujourd'hui, et consomme beau-coup trop d'eau. Personnellement, je veuxun outil qui fonctionne et laisser à mes en-fants un outil qui fonctionne".

Sécurisation de la ressourceen eau assurée pour les 20prochaines années

Ancien cadre au Cré-dit Agricole, Chris-tian Decory est l'un

des rares présidents d'ASA qui ne soit pasagriculteur. Cela ne l'empêche pas de tra-vailler avec passion sur un projet de mo-dernisation du réseau d'irrigation portépar l'ASA de Laragne. "Nous avons depuis2005 une pompe qui nous permet de pom-per 200 litres d'eau par seconde au dans lebarrage de Lazer du 1er juillet au 31 août,avec possibilité de prolonger jusqu'au 25septembre environ. Cependant, l'augmen-tation des débits réservés nous oblige à sé-curiser notre alimentation en eau etd'alimenter le périmètre et ceux des ASApartenaires (Lazer, Céans, Buëch-Blaisance,Laragne). Notre projet est donc d'installerdeux pompes, qui permettraient de pom-per séparément ou concomitamment,jusqu'à 350 voire 400 l/s pour irriguer prèsde 2 500 ha". Un projet de 575 000 €HTqui devrait être subventionné au moins à80 % par le Conseil régional (FEADER) et

l'Agence de l'eau. "Nous pensons que notredossier entre dans le cadre de la zone de ré-partition des eaux, ce qui pourrait nouspermettre d'être subventionnés à 90 %",indique Christian Decory. Le projet doitdémarrer en 2017. "Etant donné que ladécision du FEADER n'interviendra qu'enseptembre, ça a différé les travaux de prèsd'un an. D'autant qu'EDF souhaite peaufi-ner le projet au niveau de la sécurité, parceque nous allons toucher à une partie dugénie civil, et vérifier les caractéristiquesdes pompes". Un projet qui est pensé également enprévision des modifications du régimehydrologique des quinze prochaines an-nées. Le coût énergétique reviendra à12000 € supplémentaires par an (contre5000€ actuellement). "Mais réparti entreles ASA, c'est tout à fait absorbable. Et celaévite de perdre des cultures. Je pense quec'est un très bon projet à même de rassurerle monde agricole pour les 20 prochainesannées", conclut Christian Decory.

Page 4: IRRIGATION Ressource en eau économisée pour agriculture

Vendredi 6 mai 2016 - L’ESPACE ALPIN12

Géographie de la parcelle etsensibilité de dérive au ventsont autant de contraintes

sources de gaspillage voire dedélit, avec lesquelles l'agriculteurdoit composer lorsqu'il décide d'ir-riguer une parcelle. Pour lescontrer, des solutions simples surles canons d'enrouleurs, existent.On parle alors de canons "intelli-gents". Ce sont des canons stan-dard sur lesquels on vient grePer,suivant les systèmes, un kit méca-nique ou électronique de façon àréduire la portée du canon. D'aprèsÉric Faure, conseiller en eau à laChambre d'Agriculture de Vendée :"le canon intelligent a pour but d'op-timiser l'eOcience de l'eau dans laparcelle uniquement, en s'assurantd'une répartition homogène."À ce jour, trois systèmes, qui peu-vent être combinés suivant lesmarques, se distinguent. Tous peu-vent être montés a posteriori,quelle que soit la marque de l'en-rouleur. Le système brise-jet, pro-pre au Gun Corner de Di PalmaIrrigation ou Rain Control deBeinlich, permet, comme son noml'indique, de réduire la portée dujet en début de position de façon àlimiter les débordements hors dela parcelle. Une sorte de palette,*xée au-dessus ou en dessous ducanon, vient faire obstacle au \uxdu jet, tout en s'escamotant au fur

et à mesure de l'enroulement dutuyau, soit sur quelques dizainesde mètres. "Apprécié comme solu-tion pour éviter tout débordement,on ne peut pas en dire autant de larépartition de l'eau au sol",remarque Éric Faure.

Respecter les limitesgéographiquesLe système d'inversion du balayageretourne automatiquement le canonen début de position uniquement,

pour assurer un balayage optimal,sans risque de débordement hors dela parcelle irriguée. Il est commercia-lisé par Pommier, avec l'Auto Revers,Labi, avec le Control Jet, Komet, avecle Vector Control, ou encore Irrimec,avec le Top Rain.En*n, le système d'ajustement del'angle de balayage en cours d'en-roulement est le plus polyvalent àce jour. I l est disponible chezKomet, avec le Vector Control, DiPalma Irrigation, avec le Gun

DOSSIER IRRIGATION

Des canons "intelligents" quis'adaptent aux parcelles

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Enrouleur

Suite au rachat de la société Agsense, Valley com-plète son offre en système de pilotage à distancedes équipements d'irrigation avec les solutionsField Commander et Commander VP. Le premier estun outil GPS de surveillance et de contrôle des pi-vots de toute marque, transmettant les informa-tions en temps réel au smartphone et àl'ordinateur qui deviennent une armoire decontrôle virtuelle. Remplaçant du TrackerSP, le Commander VP offre plus de pos-sibilités avec notamment la variation raisonnée de l'irrigation, la commande avec ousans eau, la capacité de contrôler les canons finaux à distance et enfin le contrôle au-tomatisé des pompes. Le Commander VP peut également intégrer les informations is-sues de stations météo et autres capteurs.

Corner ou bien encore chez Irrimecavec le Top Rain. "Ce dernier est deloin la solution la plus aboutie,même si ces systèmes pouvaientl'être encore plus", regrette ÉricFaure. Dans le principe, en casd'obstacles, comme une route, unbois, un lotissement… le canondiminue sa portée pour ne pasdépasser les limites géographiquesde la parcelle. L'angle, modulable à100 %, est modi*é en consé-quence, évoluant généralement de210-220° à seulement quelquesdegrés, si besoin. L'enregistrementde ces données reste malheureu-sement laborieux, sous forme d'ai-mant à planter dans le sol ou demémoires de distances à program-mer pour chacune des positions.

"Avec l'arrivée de solutions GPS, onpréférerait que l'angle du canon soitdéterminé automatiquement, enfonction de la cartographie parcel-laire récupérée au préalable", insistele conseiller.Toutefois, avec ce système à plusfort intérêt social, qu'environne-mental ou économique, il estnécessaire de faire un compromisen surdosant ponctuellement pourlimiter le gaspillage. En ePet, pourrespecter la dose en cas de modi*-cation de l'angle d'aspersion, lavitesse d'enroulement devrait êtreaccélérée. Or, à ce jour, aucunconstructeur ne commercialise unetelle solution, même si des solu-tions sont à l'étude.

G. Coisel

Des solutions pour le pilotage des pivots

De plus petitesélectropompes immergéesLa gamme d'électropompes immergées de Rovattis'étoffe par le bas, avec l'arrivée de modèles 6E, de 6pouces après les 8 pouces, d'un débit de 10 à 75 m3 etd'un rendement de 78 %. Toute la partie hydraulique aété redessinée pour augmenter le rendement énergé-tique de la pompe. Le corps de la pompe est en fonte,mais le reste en inox microfusion, c'est-à-dire coulé etnon embouti.Par ailleurs, le constructeur lance une nou-velle génération d'électropompes multicellulaires Mekv-Mekvx80-70 et Mekvx100-100. Là-aussi, la partiehydraulique est en inox microfusion et a été redessinée pour améliorer son rende-ment. Le débit varie alors de 20 à 140 m3/h pour un rendement de l'ordre de 79 %

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Gun Corner : le canon àarroser dans les coins

On l'appelle le"canon intelligent"parce qu'il est conçupour s'adapter auxparcelles. Installé en

grandes cultures au hameau des Par-celles, communes des Mées, où il ex-ploite 106 ha, dont 26 ha conduits enagriculture biologique, et 80 ha enconversion, Florent Signoret a investidans un Gun Corner en 2012. "Ce qui m'adécidé, c'est qu'à chaque fois que j'arro-sais mes parcelles, j'arrosais aussi le jardindu voisin. Pour lui, ce n'était pas trèsagréable, car la pression de l'eau faisaitdes dégâts chez lui. J'ai donc décidé d'in-vestir dans ce canon. Conçu avec un sys-

tème de brise-jet, il me permet de mieuxarroser aux endroits où il est difficile d'ac-céder sans déborder. De plus, un systèmede programmation intégré permet unerépartition de l'eau sur le sol plus homo-gène. On peut le monter sur n'importe quel en-rouleur. Pa rcontre, il est conseillé de lemonter sur des canons de marque Nelson,qui, eux, ont été prévus pour ça. Cela per-met tout à la fois d'optimiser le rende-ment, la portée et la répartition.Au bout du compte, j'en suis vraiment trèscontent, même s'il est vrai qu'il faut s'en-traîner au début pour apprendre à l'utili-ser correctement, et j'ai investi dansquatre enrouleurs…Pour l'instant."

La canal de Gap est à l'origine d'un projetde réserve d'eau écologique à l'étude de-puis 18 mois sur le commune de laRoche-des-Arnauds dans les Hautes-Alpes. Ecologique, parce que l'intégralité du vo-lume d'eau stockée sera transformée envaleur de débit réservé au bénéfice ducours d'eau du Drac et au profit des in-vertébrés aquatiques, de la faune pisci-

cole... Une réserve d'eau d'un million demètres cube que les agriculteurs pour-ront utiliser pendant 75 jours du 1er juil-let au 30 septembre. Soit un débit de 120l/s qui ne sera pas prélevé dans le Drac. "En fait, explique le directeur du canalVincent de Truchis, pour l'agriculture, ils'agit d'une substitution de ressources. Celane représentera pas un volume d'eau sup-plémentaire. En revanche, les agriculteurs

bénéficieront d'un accès à l'eau sécurisé àun moment opportun pour eux et ne de-vront plus mettre en place de tours d'eau".Qui plus est, le débit réservé impose descoupures d'eau régulières que les agricul-teurs subissent avant à des périodes sus-ceptibles de fragiliser leurs exploitations."Avec la Loi sur l'eau, l'augmentation dudébit réservé sur le Drac serait très dom-mageable pour les agriculteurs. D'ailleurs,

précise le directeur, nous avons mandatéla Société du canal de Provence pourconduire une étude économique sur les ex-ploitations agricoles afin d'évaluer lesconséquences pour les agriculteurs selonque le barrage se fait ou pas". Ce projet, qui a amené le canal de Gap àimpliquer vingt bureaux d'étude, concer-nera 90 ha en aval sur la commune de LeRoche-des-Arnauds, et 670 ha répartis

sur les communes de Pelleautier, Neffes,la Freissinouse, Tallard et Sigoyer, pourenviron 350 propriétaires.Reste le coût, estimé à une dizaine demillions d'euros. "Mais comme il s'agitd'un projet écologique, nous espérons bé-néficier de subventions à hauteur de 90%du coût", indique Vincent de Truchis.Le dossier devrait être soumis à enquêtepublique en septembre 2016.

Pour limiter le gaspillage en eau, les constructeurs proposent des canons d'enrouleurs respectant les limitations parcellaires.

Canal de Gap : une réserve d'eau écologique