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ISE EN V.-.._-U DE LA ENINSULE 0 CA AU
La production crevetti redan le- mangroves d la provine d Min Hai (V·êt-nam)
Daniel GUIRAL t rank LHOMME
Rapport de mission
Mission effectuée dans le cadre d'un accord de Coo(lérntion entre rJRDDM(Institut de Recherche pour le Développement du Delta du Mékong),
l'Université d C THOetrORSTOM
(Institut Français d Recherche cientifique pour 1 Dév loppem nt en Coopération)
m i 1995
MISE EN VALEUR DE LA PENINSULE DE CA MAU
La production crevettièredans les mangroves de la province de Minh Hai (Viêt-nam)
Daniel GUfRAL et Frank LHOMME
Rapport de mission
Mission effectuée dans le cadre d'un accord de coopération entre l'IRDDM(Institut de Recherche pour le Développement du Delta du Mékong),
l'Université de CAN THOet l'ORSTOM
(Institut Français de Recherche Scientifique pour le Développement en Coopération)
mai 1995
2
1 Introduction
1.1 Historique de la coopération ORSTOM -IRDDM
Cette mission au Viêt-nam, du 13 au 29 mars 1995, correspond à une première étude
de terrain dans le cadre de la thématique définie conjointement par l'IRDDM et l'ORSTüM, à
l'occasion de la visite de M Nguyen Ngoc Tran à Paris, le 15/07/1994. Celle ci a pour objet
l'étude de l'activité crevettière dans les écosystèmes de mangrove au sud Viêt-nam.
Dans les mangroves de la péninsule de Cà Mau (province de Minh Hai), le recours à
des modes de production de type extensif - le milieu naturel assurant l'approvisionnement en
postlarves et fournissant les ressources alimentaires pour les crevettes en élevage - impose une
double approche relative à la bioécologie des crevettes et à l'organisation fonctionnelle des
bassins d'élevage Cette connaissance synthétique et écologique des modalités de la production
crevettière doit aboutir à la formulation de stratégies de gestion qui assurent une conservation
des milieux de mangrove et de leur mode actuel de valorisation. En outre, il sera possible de
statuer, d'une manière objective, entre les diverses hypothèses formulées pour expliquer les
mortalités qui affectent les élevages depuis 1993.
Les objectifl;) précis de la présente étude ont été définis consécutivement à une première
mission réalisée du 17 juillet au 2 août 1994. Cette expertise, à l'échelle régionale, a consisté
dans •
- la description des diverses stratégies et modes d'exploitation mis en oeuvre par les
éleveurs en fonction de leur savoir, de leurs possibilités d'investissement et des caractéristiques
spécifiques du milieu et, en particulier, de son hydrodynamisme ;
- la rencontre des divers acteurs intervenant dans les processus de production et de
commercialisation des crevettes;
- le recensement et l'évaluation du potentiel humain et matériel des laboratoires
susceptibles de participer et de pérenniser les opérations de recherche menées en collaboration;
- la consultation des travaux déjà réalisés à l'échelle locale en écologie aquatique et,
plus spécifiquement, dans les domaines de la crevetticu1ture, de l'océanographie physique et
biologique côtière, de l'hydrochimie et de l'hydrodynamique des eaux estuariennes. Cette
mission exploratoire a abouti à l'élaboration de ce programme de recherche, à orientation
écosystémique, dont les objectifs ont été présentés dans un document rédigé conjointement par
Lhomme et Guiral en septembre 1994. Ce texte a fait l'objet d'une large diffusion afin
3
d'évaluer son contenu scientifique et, par l'association de divers laboratoires spécialisés,
d'atteindre ses objectifs de multidisciplinarité et d'étude systémique
Le travail de terrain a reposé sur une coopération entre l'IRDDM (ministère vietnamien
des Sciences, de la Technologie et de l'Environnement), la faculté des pêches de l'université de
Can Tho (départements d'aquaculture marine, de la pêche et d'hydrochimie), la province de
Minh Hai (département d'Environnement) et l'ORSTOM (départements Eaux continentales et
Terre-Océan-Atmosphère). Le financement a été assuré conjointement par le ministère français
des Affaires étrangères, J'ORSTOM (DEC) et la province de Minh Hai.
Ces recherches ont pour objet:
- l'étude de la structure des diverses populations de crevettes dans leur milieu naturel et
les bassins d'élevage;
- la définition de la position trophique qu'occupent les diverses espèces de crevettes au
sein des écosystèmes d'élevage;
- la description et l'analyse du contexte écologique de la production crevettière.
La stratégie de recherche adoptée repose sur l'étude comparative de l'organisation
écologique d'un bassin de crevetticulture au cours de deux situations hydroclimatologiques
extrêmes saison sèche - saison de mousson. Lors de ces deux campagnes, le système est
étudié sur deux cycles journaliers ; chaque cycle nycthéméral correspondant respectivement à
une phase de morte-eau et de vive-eau. Ce présent rapport rassemble les résultats
immédiatement disponibles relatifs à la campagne de saison sèche. Sur le plan scientifique, il ne
constitue donc qu'un pré-rapport qui sera ultérieurement enrichi par les analyses actuellement
en cours. L'étude des échantillons biologiques, de l'eau et des sédiments recueillis au cours de
cette mission étant réalisée principalement par l'ORSTOM et l'université de Can Tho, le
rapport final sera rédigé conjointement par les deux équipes de recherche. Une même stratégie
en deux étapes (rapport de mission - rapport scientifique) sera retenue pour la campagne de
saison de mousson. Ultérieurement, un dernier document fera alors la synthèse des
observations réalisées au cours des deux saIsons Cette synthèse, concluant sur des
propositions de gestion et d'aménagement, bénéficiera d'une large diffusion auprès des
organismes intéressés et/ou ayant contribué à la réalisation de cette recherche. En outre, pour
valoriser certaines données originales acquises lors de ce travail, des articles seront rédigés
pour des revues spécialisées conjointement par les divers laboratoires associés à cette
4
recherche (laboratoire de Géodynamique de Thonon-les-Bains, laboratoire de Biologie des
Invertébrés marins et de Malacologie du Muséum d'histoire naturelle de Paris, laboratoire
d'Hydrobiologie marine et continentale de l'université de Montpellier, laboratoire de
Sédimentologie et de Géochimie marines de J'université de Perpignan)
1.2 Présentation de la péninsule de Cà Mau
La péninsule de Cà Mau (latitude· entre 8° 34' et 8° 53' N, longitude. entre 104° 43'
et 105° 16' E), d'une superficie de 250 000 ha, est limitée à l'est par la mer de Chine, à l'ouest
par la baie de Thaïlande et au nord par les rizières de la plaine deltafque du Mékong (Fig. 1).
Les sols potentiellement sulfatés acides sont naturellement colonisés par une végétation
arborée de mangrove relativement diversifiée où prédomine diverses espèces appartenant aux
genres Rhizophora, A vicennia et Bruguieria. Presque exclusivement localisée dans le district
de Ngoc Hien, cette mangrove, d'une superficie estimée à 123 430 ha, est soumise à un climat
tropical humide caractérisé par des températures moyermes mensuelles relativement élevées
(26 à 28 OC), sans variations saisonnières marquées. La pluviométrie moyerme annuelle (de
1957 à 1979) à Nam Can, de 2 265 mm, est très inégalement répartie avec deux saisons très
contrastées.
- la saison des pluies (mai à novembre), avec des précipitations estimées à 90 % du
total armuel et qui correspondent à un volume plus de 4 fois supérieur à celui de l'évaporation
(évaporomètre Piche) ;
- la saison sèche (décembre à avril), où les précipitations ne représentent que 20 % de
l'évaporation.
5
Baiede
THAILANDE
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50 100 km"==========='========1o
BAC LIEU
Merde
CHINE
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HO'CHI MINH-Ville
•CA MAU
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Figure 1 : La péninsule de Cà Mau.
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7
Cet écosystème de mangrove est fragmenté par un réseau très dense de rivières,
chenaux à marée et canaux, en relation plus ou moins directe avec le milieu marin côtier, lui
même très influencé à l'est par les apports fluviaux du Mékong Les influences marines
d'intensité variable dans l'espace et selon des échelles de temps multiples (saisons, cycle
lunaire. alternances morte-eau/vive-eau et haute-merlbasse-mer) conditionnent l'hydrologie et
l'hydrochimie de ces voies d'eau, qui s'organisent essentiellement à partir des rivières Cua Long
et Bo De reliant la baie de Thaûande à la mer de Chine (Fig 2) Les régimes de marée, très
différents sur ces deux côtes (mer de Chine, marée semi-diurne asymétrique avec une forte
amplitude. 3,8 m - baie de Thaïlande, marée diurne asymétrique de faible amplitude: 2,2 m),
présentent des déphasages importants en fonction de la localisation et engendrent un
fonctionnement très complexe de l'hydrodynamisme fluvial. Une première caractérisation
chimique (salinité, turbidité, concentrations en oxygène et en matière organique dissoute) et
biologique (concentrations en pigments chlorophylliens richesse phytoplanctonique) de ces
divers cours d'eau a été réalisée à partir de campagnes effectuées sur l'ensemble de la zone en
diverses périodes de l'année. Ces observations ont mis en évidence une forte individualisation
des eaux qui, paradoxalement, ne sont que peu affectées par les conditions locales, voire
même, mais à un moindre degré, par les conditions climatiques. Ces eaux relativement
homogènes se caractérisent:
- par des variations de salinité relativement faibles (absence d'eau d'origine
exclusivement continentale: minimum de salinité en saison des pluies de l'ordre de 20 mgr l;
absence d'eau de salinité supérieure à l'eau de mer : maximum de salinité en saison sèche de
J'ordre de 33 mgr l) ;
- par des charges en suspension d'origine minérale, toujours très élevées, qui limitent
d'une manière très drastique la diffusion de l'énergie lumineuse. Ces fortes turbidités sont liées
aux importantes charges solides des eaux marines côtières (concentrations comprises entre 50
et 500 mgr l), mais traduisent aussi des processus de décantation et de sédimentation très peu
intenses au sein de la mangrove;
- par des concentrations en phytoplancton très faibles, probablement en relation avec la
très faible importance de la couche euphotique ;
- par une sous-saturation permanente des eaux en oxygène (saturation moyenne de
l'ordre de 50 %), et donc, par une faible incidence de l'activité nycthémérale des producteurs
autotrophes. Compte tenu de la température et de la salinité élevées des eaux, les
concentrations en oxygène dissous sont en général faibles
x
, • J -....r_.~
.z:.", , .,J-,- "..
...... ~.,...,
..... '1.,~ ." '\
Photo 1 mangrove monospécifique de J<!7i:op!Jol'u UplclI/u/a creee par reboisement sur
terrain défriché ou défolié Restes de souches de l'ancienne formation sur la berge
Photo 2 pOl1e de communication en bois pour la gestion des eaux et la pèche des crevettes
dans un bassin implanté en zone de mangrove à NVjJofnlc/lcw}s.
3%
78%
19 %
9
Jusqu'à une époque récente, l'exploitation de la mangrove (bois et pêche) était
relativement restreinte et cet écosystème était encore peu modifié par les activités
anthropiques. Par régénération spontanée ou par des opérations de reboisement
(principalement avec des Rhizophora) , les dégâts liés à l'utilisation massive de défoliant
pendant la guerre du Viêt-nam ne sont pratiquement plus discernables dans le paysage
(photo 1)
1.3 Contexte de la crevetticulture extensive au Viêt-nam et dans la province de
Minh Hai
Dès 1982, a débuté une activité de production de crevettes selon des techniques
extensives qui impliquent des défrichements très intenses et la création de bassins d'élevage par
des excavations et par des constructions de digues équipées de portes pour la maîtrise de l'eau
(photo 2) L'installation de ces fermes s'est intensifiée au cours des années 1985-1989. A partir
de l'interprétation d'une image satellitaire, les surfaces occupées par ces bassins d'élevage
étaient estimées à 47 % de la surface totale explorée (63 560 ha) en mars 1991. Une enquête,
réalisée par l'Université de Can Tho en 1992, estime les surfaces occupées par la
crevetticulture à 200 000 ha dont 160 000 ha correspondent à des méthodes extensives. En
1994, les superficies consacrées à la crevetticulture, dans les 10 provinces du Viêt-nam, sont
estimées à environ 208 000 ha dont.
- culture extensive (sans nourriture)
- culture extensive améliorée (avec nourriture)
- culture semi-intensive (avec nourriture et postlarves d' écloseries)
En 1989, la production annuelle de crevettes (élevage et pêche) de la province de Minh
Hai étaient estimée à plus de 20 000 1. En 1992, les 7 provinces du Viêt-nam du Sud assuraient
89 % de la production nationale avec une production de crevettes de 33 000 t (dont 13 000 t
par le seul district de Ngoc Hien) Cependant, ce succès s'est traduit par une régression
considérable de la mangrove qui, dans le district de Ngoc Hien, représentait une surface de
104 000 ha en 1979, contre 63 000 ha en 1987 et seulement 42 550 ha en 1992. Cette
disparition est liée directement (défrichement lors de la création des fermes) et indirectement
(intensification de l'exploitation du bois comme combustible et matériau de construction et
installation de nouveaux producteurs en fonction de l'accroissement naturel de la population)
au succès de la production crevettière.
10
Depuis 1988, au Sud-Viêt-nam, des essais de reproduction de Penaeus merguiensis et
P. indicus ont été tentés pour lioùter l'exploitation des stocks de juvéniles sauvages En 1993,
18 écloseries étaient fonctionnelles qui produisaient environ 15 % des larves oùses en élevage
La production, de mode extensif, est réalisée par le piégeage des crevettes juvéniles du
oùlieu naturel. Ces peuplements sauvages très diversifiés, comprennent environ 15 espèces
(Metapenaeus lysianassa, M tenuipes, M. affinis, M. ensis, Metapenaeopsis crassissima,
Penaeus indicus, P. merguiensis, P. monodon, P. japonicus, Parapenaeopsis cornuta, P.
sculptilis. P. gracillima, P. hungerfordi), dont 4 espèces à forte valeur commerciale (Penaeus
merguiensis, P. monodon, P. indicus, Metapenaeus ensis) Depuis quelques années, on note
une baisse très sensible de la productivité en crevettes (de 600 kgha-1an·1 au début de
l'exploitation à 200 kgha· l an· 1 en 1993) Cette baisse, liée en partie à des phénomènes de
mortalités massives (dioùnution probable et simultanée de la densité des juvéniles), a fait l'objet
d'un atelier fin 1994, organisé par l'Institut d'Aquaculture N°2 qui a en charge l'ensemble des
activités aquacoles au sud du Viêt-nam. Un résumé des principaux résultats de cet atelier est
donné ci-dessous.
Les mortalités sont apparues début 1993 et ont augmenté considérablement en 1994.
Sur les 9 preoùers mois de 1994, les pertes ont été estimées à 5 220 tonnes de crevettes soit
294 oùlliards de VND (environ 150 oùllions de FF ou 30 oùllions de $). Les mortalités
observées peuvent être attribuées •
- à une forte dioùnution et destruction de la mangrove, le rapport forêt-bassin étant en
moyenne de 1/3 - 2/3 ;
- à un renouvellement trop faible des eaux. Le drainage des bassins est assuré
exclusivement par la marée et il serait insuffisant pour permettre une Iioùtation de
l'eutrophisation des bassins;
- aux travaux annuels ou biannuels de curage et de rehaussement des digues qUi
conduiraient à un lessivage de la matière organique et à une acidification de l'eau;
- à la nourriture parfois apportée sous forme de petits poissons capturés dans le oùlieu
naturel et qui constituerait une source probable de pollution et de contaoùnation.
Lors de l'analyse de l'eau de 38 bassins, 3 se sont révélés pollués, avec de fortes
densités bactériennes. La turbidité, estimée au disque de Secchi, est souvent élevée. De fortes
concentrations d 'hydrocarbures et de pesticides ont aussi été observées. Des zones à faible
salinité et légère acidité ont été identifiées.
Il
Les bassins les plus pollués se trouvent dans le district de Can Gio. Les densités de
bactéries sulfato-réductrices y sont fortes et les concentrations en matière organique comprises
entre 25 et 32 mgr l Sur le fond des bassins, on observe des proliférations de cyanobactéries
(Oscillatoria sp) considérées comme toxiques. En outre, des densités très élevées de bactéries
du genre Vibrio sont dénombrées dans les sédiments.
Les postlarves de P. monodon élevées en bassin sont fournies par la province de Kahn
Hoa (ville de Nha Trang) qui dispose de 450 écloseries sur un total de 520 pour l'ensemble de
Viêt-nam. Lors des mortalités qui ont affecté ces élevages, des bactéries du genre Vibrio ont
été identifiées. Les postlarves sont aussi toutes infestées par des protozoaires et 70 à 100 %
des individus présentent des atteintes hépatopancréatiques.
Un recensement détaillé, par zone, des symptômes observés et des bactéries isolées lors
des mortalités de crevettes dans les bassins d'élevage, a été réalisé. Sans donner le détail par
zone, les symptômes suivants ont été observés.
• corps rouge ou rosé avec des taches noires, blanches ou jaunes;
• rostre noir;
• carapace abîmée avec des bordures noires ;
• foie plus foncé ou rouge;
• présence de taches noires à l'extrémité de l'uropode, péréiopodes et uropodes détruits ou
gonflés par des bulles d'eau;
• destruction des antennules ou antennes cassées;
• carapace colonisée par des épiphytes.
De nombreuses bactéries ont été isolées et partiellement identifiées. Parmi celles-ci, les
vibrionacées sont particulièrement abondantes avec les genres Vibrio (Vibrio
parahaemolyticus, Vibrio vulnificus, Vibrio alginolyticus, Vibrio parahaemolyticus, Vibrio
anguillarium, Vibrio cholerae non 01) et Aeromonas sp .. Des entérobactéries, correspondant
aux genres Proteus et Pseudomonas, ont aussi été isolées
D'une manière synthétique, cet atelier, qui traduit l'inquiétude des pouvOIrs publics
face à une situation de péjoration de la production crevettière, seule réelle richesse de la
région, est peu informatif sur un plan scientifique et pratique. En effet, il est difficile d'estimer
12
la fiabilité des résultats présentés en l'absence d'information sur les méthodologies mises en
oeuvre En particulier, l'observation de niveaux élevés de pollution par des hydrocarbures et
des pesticides, qui nécessite des moyens analytiques lourds, semble, à priori, peu compatible
avec la nature des activités pratiquées et le niveau d'exploitation du milieu De même, la
fréquence très élevée d'isolement de vibrionacées, si elle est en accord avec de nombreuses
données bibliographiques, devrait cependant être confirmée par une énumération des divers
milieux de culture testés.
2 Campagne de saison sèche
2.1 Présentation de la station étudiée
2.1.1 Localisation de la station (Fig. 2)
L'exploitation étudiée se situe à proximité de la côte est de la péninsule de Cà Mau,
côte soumise à une houle importante (0,8 à 1,2 m d'amplitude moyenne avec des maxima
compris entre 1,5 et 3 m) L'action combinée de la houle et des marées semi-diurnes de fortes
amplitudes conduit à une érosion importante et rapide de cette côte.
En saison sèche, le vent est de direction générale nord-est et le courant littoral longe la
côte entraînant, vers le sud, des quantités très importantes de sédiment en suspension issues de
la remobilisation des dépôts littoraux et des apports fluviatiles du Mékong AI'entrée de la
baie de Thailande, le ralentissement des courants conduit à une sédimentation de ces
suspensions minérales et à une progradation rapide de la côte ouest de la péninsule de Cà Mau.
En saison de mousson, le vent est de direction générale sud-ouest et le courant
littoral, après avoir remonté le long de la péninsule malaise, longe la côte est du golfe de
Thailande. Après le cap de la péninsule de Cà Mau, ce courant remonte ensuite vers le nord en
longeant la côte ouest de la mer de Chine.
L'alimentation en eau du bassin se réalise principalement par une rivière d'ordre 3,
affluent du Rach Cai Ngay, lui-même affluent des rivières Bo De et Cua Long mettant en
relation respectivement les côtes est et ouest de la péninsule. Une alimentation secondaire met
l'exploitation en relation avec un canal qui débouche sur le Song Bo De, en amont de la
confluence du Rach Cai Ngay
l3
Compte tenu de la période étudiée (saison sèche avec une direction générale des
courants vers l'ouest en mer de Chine), l 'hydrologie et l'hydrochimie de la rivière Song Bo De
- Song Cua Long sont déterminées par les conditions océanographiques de la mer de Chine En
effet, un courant résiduel entraîne un déplacement des eaux côtières de la mer de Chine (via le
Song Bo De) vers la baie de Thailande (via le Song Cua Long). De ce fait, au cours de cette
période de faible apport atmosphérique, les eaux fluviales et leurs affluents sont caractérisés,
tout comme les eaux côtières de la mer de Chine, par une salinité élevée et par une très forte
turbidité minérale entretenue par des courants de marée importants particulièrement en période
de vive-eau. Ces caractéristiques hydrologiques (prépondérance des cycles de marées semi
diurnes à inégalité diurne) et hydrochimiques s'appliquent aussi aux eaux d'alimentation du
bassin.
2.1.2 Superficie et mode d'organisation
L'unité de production, associant foresterie et crevetticulture, occupe une superficie de
3 ha La mangrove de Rhizophora apicu/ata, âgée de 4 ans, est issue d'une plantation dont la
densité initiale de proplantules était d'environ 20 000 pieds à l'hectare. La gestion de la
production forestière dépend de la ferme d'Etat 184, située à Cai Ngai (province de Minh Hai)
Les bassins sont constitués de canaux en permanence en eau et de terrasses recouvertes d'une
faible lame d'eau à marée haute. Les terrasses, larges, sont colonisées par les Rhizophora. Au
centre des canaux, des terrasses, étroites et relativement hautes (partie sommitale en
permanence exondée), ont été aménagées. Ces îlots, parallèles au canaux, sont en général libres
de toute végétation. Localement, des peuplements spontanés herbacés relativement divers
associés parfois à des espèces arbustives différentes de Rhizophora apicu/ata (Avicennia
officina/is) sont observés.
Cette station a été retenue après la visite de plusieurs exploitations situées dans le
secteur (photos couverture, 2 et 3). Le choix a été déterminé en fonction des dates de
rehaussement des talus et de mise en eau qui, afin de se rapprocher des conditions normales de
production, devaient être les plus anciennes possible (lessivage complet de l'acidification due
au rehaussement des talus et recrutement d'une nouvelle population de crevettes).
l-l
Figure 3 : schéma de l'exploitation étudiée
Photo 3 • vue de l'exploitation amarée basse
Photo 4 vue de l'exploitation amarée hauteTerrasse pal1iellement couverte de végétation, chenaux en permanence en eau et terrassesplantées de Nhizophora immergées à marée haute.
16
La figure 3 présente la station étudiée. Les dimensions approximatives sont les
suivantes:
• largeur du chenal d'alimentation: 8 m ;
• largeur du canal de communication: 1 m ;
• largeur des canaux entre les îlots de mangrove : 5 m pour le canal transverse près de la
porte, 3 m pour les canaux longitudinaux, 1 m pour les petits canaux transverses dans la
mangrove;
• largeur des 2 îlots de mangrove de gauche et de droite: 10 et 35 m ;
• largeur de la terrasse centrale: 3 m ;
• largeur de la digue entre chenal et bassin: 12 m ;
• longueur d'une porte à l'autre: 500 m ;
• profondeur maximale des chenaux: de 70 à 140 cm en fonction des marées.
A partir de ces dimensions, on peut estimer les surfaces suivantes:
SI surface terrestre couverte de mangrove 22 752 m2 (69 %)
S2 surface terrestre nue 2 934 m2 (9 %)
S3 surface en eau (marée haute) 7314 m2 (22 %)
S4 surface totale 33 000 m2 soit 3,3 ha
Répartition des surfaces de l'exploitation
mangrove69%
vase nue9%
17
2.1.3 Historique de la production crevettière
La production de cette exploitation a débuté en 1991 avec un rendement annuel de
400 kgha-] Après 4 années d'exploitation, la production n'est plus actuellement que de
200 kgha-1an- 1 Cette baisse n'est pas liée à des mortalités massives et ne s'est pas
accompagnée d'une modification de l'abondance relative des diverses espèces de valeur
commerciale. Ces espèces sont, par ordre d'abondance décroissant, Metapenaeus ensis,
Penaeus merguiensis, Metapenaeus tenuipes et Penaeus monodon.
2.1.4 Cycle et modalités de production
Les canaux sont entièrement vidangés deux fois par an, en février et juin-juillet. Ces
assèchements permettent le curage et j'entretien des berges. Les sédiments recueillis sont soit
utilisés pour surélever les digues qui isolent les bassins des exploitations voisines ou du chenal,
soit déposés sur les terrasses. Pour ce travail pénible, il est fait appel à une main-d'oeuvre
extérieure alors que l'exploitation, en période de fonctionnement normal, ne nécessite la
présence que d'une seule personne La gestion en eau des bassins en fonction des cycles de
marée et les activités de pêche nocturne en fonction des cycles lunaires impliquent la présence
permanente de l'éleveur sur le site. Son habitation est ainsi située sur la digue de séparation
entre les bassins et le chenal, à proximité immédiate de la porte de communication (Fig. 3).
Après curage (photos 5 et 6), un premier remplissage des bassins est assuré pour limiter
l'acidification des sols liée à la réoxydation des sulfures dans les sédiments exondés Pendant
une vingtaine de jours, les bassins restent en communication permanente avec le chenal. Le
lessivage des bassins s'effectue par le jeu des marées qui évacue J'acidité résultant de
l'oxydation progressive des sédiments nouvellement remblayés.
A la fin de cette période de « rinçage », le bassin est isolé du chenal biquotidiennement.
En phase de flot, et en fonction des hauteurs d'eau relatives du chenal et du bassin, un
complément d'eau est admis pour compenser l'évaporation, assurer un renouvellement partiel
des eaux de surface et permettre la pénétration de nouvelles postlarves de crevettes. Cette
gestion de l'hydrologie du bassin est pratiquée pendant un mois environ. Après cette phase de
stabilisation et de recrutement, des pêches sont réalisées 2 fois par mois en période de vive-eau
à marée descendante. Elles sont pratiquées deux nuits successives et entraînent une vidange
représentant environ 50 % de l'eau du bassin. Un schéma théorique du fonctionnement de
l'exploitation est donné ci-dessous.
18
[:]__S_AI_S_O_N_S_E_C_HE M_O_U_S_S_O_N__---JH SAISON 11 :VC : CP: E P P V! CP: E PPP H ACTION 1
MOIS
Schéma théorique du fonctionnement de l'exploitation sur un cycle annuel
VC vidange et curage
CP communication permanente avec le chenal
E entrée des postlarves de crevettes
P pêche (4 nuits par mois à marée descendante)
Les campagnes organisées les 17 et 21 mars se situent donc au début de la phase de
stabilisation des bassins. De ce fait, les densités de crevettes en élevage et les faunes benthiques
correspondent à des populations jeunes en phase de recolonisation consécutive à
l'assèchement, à l'acidification et au curage du bassin.
1\)
Photo 5 curage du bassin et rehaussement des bergesDans la partie droite de la photo, sol en permanence exondé, acide sursalé et déstructuré
Photo 6 sédiment sec nouvellement déposé sur les terrasses bordant les canaux du bassinFentes de retrait avec cristallisation saline en périphérie des polyèdres Fossilisation de lamatière organique en surface du dépôt
20
2.2 Objets de recherche et méthodologie
2.2.1 Variabilité nycthémérale des paramètres physico-chimiques en relation avec
l'hydrologie du bassin
Deux échelles Iimnigraphiques ont été installées pour suivre les variations de la hauteur
d'eau dans le bassin de crevetticulture et dans le chenal qui l'alimente Des prélèvements
horaires d'eau de surface ont été réalisés simultanément dans ces deux milieux au cours de
deux cycles de 25 h. Sur les échantillons, la température, la conductivité, la salinité et les
concentrations en oxygène dissous ont été déterminées instantanément à l'aide de sondes. Dans
un soucis d'intercaljbration des dosages, des concentrations en oxygène par la méthode de
Winkler ont été effectués parallèlement par les chercheurs de l'université de Can Tho.
Lors du premier cycle, dans le bassin, des filtrations ont été réalisées pour le dosage des
concentrations en chlorophylle (dosages par fluorimétrie qui seront réalisés ultérieurement à
l'université de Montpellier) Sur le filtrat, les concentrations en sels nutritifs (N-NIL, P-P04 et
N-N03) seront déterminées par dosage colorimétrique à l'université de Can Tho. Ces mêmes
sels (plus les silicates) seront dosés au laboratoire de chimie de l'ORSTOM à Bondy. Des
échantillons d'eau brute ont été fixés au formol pour l'étude des communautés
phytoplanctoniques à l'université de Montpellier. Des dosages des concentrations en chlorures
ont été réalisés sur place par l'université de Can Tho (dosage volumétrique, méthode de
Mohr) Six échantillons représentatifs, de la gamme des variations des concentrations en
chlorure, ont été conservés et permettront la détermination des concentrations en ions majeurs
(CI, alcalinité, Na, Ca, Mg, K) par le laboratoire de chimie de l'ORSTOM à Bondy
Lors du second cycle, des suivis in situ des concentrations en oxygène et de la
température en fonction de la profondeur (tous les 25 cm) ont été réalisés à haute fréquence
(toutes le 5 mn) lors des périodes de haute-mer et de mises en relation du bassin avec le chenal.
Des prélèvements d'eau de surface ont été réalisés lors des variations importantes des
concentrations en oxygène. Sur ces échantillons, des filtrations ont été operées pour la
détermination des charges sestoniques (université de Montpellier) et le dosage des
concentrations en sels nutritifs (N-NIL, P-P04 et N-N03 ; université de Can Tho) L'étude de
la composition des communautés phytoplanctoniques sera réalisée sur ces mêmes prélèvements
fixés au formol (université de Montpellier).
21
2.2.2 [tilde de la méiofaune du bassin de crevetticulture
Des carottages ont été pratiqués en 3 sites du bassin, en phases d'exondation et
d'inondation différentes, pour étudier la variabilité spatiale de la méiofaune (abondance et
nature des peuplements) et l'influence des conditions hydrologiques. A cette fin, les carottes
ont été immédIatement découpées en 3 strates (0-2 cm, 2-5 cm, 5-10 cm) et fixées au formol
En chaque site, 3 carottes ont été prélevées pour intégrer la variabilité liée à la mlcro
hétérogénéité des sédiments et à la nature agrégative des peuplements méiobenthiques
Pour étudier l'impact de la prédation et de la bioturbation de la macrofaune benthique
et pélagique sur les méiobenthos, une expérience a en outre été réalisée. Après un
échantillonnage initial du méiobenthos, une cage d'une surface de 1 m2 a été fIchée dans Je
sédiment. La partie supelilcielle de cette cage était recouverte d'une toile en Nylon, d'un vide
de maille de l mm pour limiter l'accès de la macrotàune à l'interface eau-sédiment (photo 7)
Après 5 jours d'isolement et dans une situation hydrodynamique équivalente à
l'échantillonnage initial (fin de la période de jusanl), de nouveaux prélèvements ont été
pratiqués
Photo 7 cage posee sur le sédiment dans un chenal submergé en permanence pourl'échantillonnage de la méiofaune en absence de prédateur (site A)
22
Au total 5 combinaisons (sites-marées) ont été étudiées correspondant à 13 carottes et45 strates:
• Carottes 1-2-3
Site A au centre d'un chenal toujours en eau (hauteur inférieure au niveau des basses mers de
vives-eaux) et communauté initiale dans l'expérience de l'exclusion de la macrofaune.
• Carottes 4-5-6
Site B sur les terrasses de jour (12 h) à \' ombre des palétuviers
Période de marée montante dans une zone à sec depuis la dernière marée haute (hauteur
inférieure au niveau des hautes mers de mortes eaux)
• Carottes 7-8-9
Site B sur les terrasses de nuit (6h)
Période de marée descendante dans une zone inondée depuis le début de la marée haute.
• Carottes 10-11-12
Site C sur les pentes des terrasses exposées au soleil de jour (11 h).
Période de marée descendante dans une zone fortement colonisée par des cyanobactéries et
immédiatement après le retrait des eaux (hauteur équivalente au niveau moyen)
• Carottes 13-14-15
Site A
En fin d'expérience d'exclusion de la macrofaune.
La faune colonisant ces divers strates sera étudiée au Muséum d'histoire naturelle de
Paris après une extraction densimétrique au Ludox. La nématofaune (groupe zoologique
dominant dans ces types d'environnement) fera l'objet d'une étude plus précise (étude de la
richesse et de la diversité spécifiques et caractérisation des types trophiques).
Dans les cas des sédiments inondés (carottes 1-2-3, 7-8-9, 13-14-15), l'eau au-dessus des
carottes a été siphonnée et fixée au formol pour l'étude des communautés zooplanctoniques
épibenthiques après coloration au rouge bengale (université de Montpellier).
Des prélèvements de sédiment de surface en duplicat ont été réalisés dans les sites A, B
et C pour l'estimation des biomasses phytobenthiques par le dosage des concentrations en
pigments chlorophylliens (université de Montpellier).
Enfin des carottages supplémentaires ont été pratiqués dans les sites A et B pour une
caractérisation physicochirnique des sédiments:
23
- analyse granulométrique (séparation densimétrique des particules et analyse des fractions
inférieures à 5011 au Sédigraph) et minéralogique (identification des argiles par diffractométrie
aux Rayons X)
- estimation des concentrations en carbone et azote organiques et en phosphore et soufre
totaux (laboratoire de l'üRSTüM à Bondy)
Le même protocole que celui mis en oeuvre pour l'étude de la méiofaune a été adopté.
3 carottages par site et sous-échantillonnage par strate Cependant, pour disposer de
suffisamment de matériel, les 3 niveaux de surface d'un même site ont été regroupés en un
échantillon unique Au total, 14 niveaux sédimentaires seront ainsi analysés qui pennettront
une étude comparative de la structure des communautés méiobenthiques et des caractéristiques
physico-chimiques des sédiments.
Photo 8 décollement des sédiments de surface en début de tlo! consécutivement a l'activitéphotosynthétique des communautés algales phytobenülIques en periode de jusant
Photo 9 phytobenthos, débris vegetaux issus des formations de mangrove et sédlInentsflottants en surface du bassin en tin de période de tlot.
25
2.2.3 Caractérisation de l'origine de la matière organique
Des échantillons de R. apiculata (feuilles fraîches, feuilles fanées sur pied, feuilles en
décomposition récoltées sur le sédiment et racines aériennes) ont été récoltés pour caractériser
la composition isotopique (rapport 13C/12C) de la matière organique issue de la production
photosynthétique aérienne
Parallèlement des filtrations d'eau pour une concentration du phytoplancton ont été
pratiquées sur membrane en fibre de verre après une préfiltration sur toile à plancton. La
composition isotopique des algues sera déterminée pour caractériser la matière organique issue
de la production photosynthétique en milieu aquatique.
Divers échantillons biologiques (crevettes de 5 espèces différentes, mollusques
brouteurs d' épistrate, et grand annélide) récoltés dans les bassins seront en outre analysés
Leur composition isotopique sera alors comparée aux deux principales sources autochtones de
matière organique particulaire.
Ces analyses isotopiques seront réalisées au laboratoire de Géodynamique de Thonon
les-Bains. Elles permettront de déterminer si un recours à cette technique est pertinent pour
définir l'importance relative dans l'alimentation des crevettes des chaînes trophiques détritiques
(reposant sur la production primaire arborée) et autotrophe (reposant sur la production
phytoplanctonique et phytobenthique). En effet, la discrimination isotopique ne sera applicable
que si les deux sources de matière organique présentent des rapports isotopiques nettement
différents et relativement stables.
2.2.4 Etude du recrutement des postlarves de crevettes en relation avec les cycles de
marée
Les crevettes adultes vivent en mer sur des fonds vaseux de 20 à 60 mètres. La ponte
produit des oeufs qui se transforment en larves planctoniques puis en postlarves. Celles-ci,
âgées d'environ 3 semaines recherchent des eaux dessalées et pénètrent dans les estuaires en
utilisant les courants de marée.
Les postlarves deviennent des "juvéniles" benthiques qui ont une croissance très rapide
en milieu saumâtre où ils séjourneront de 2 à 3 mois. Ils migrent ensuite vers la mer où ils
rejoignent le stock adulte et sont recrutés dans la pêcherie
26
Dans le type d'aquaculture extensive étudié, les bassins "piègent" les postlarves
apportées par le flot et, après croissance et passage au stade juvénile, les crevettes sont
capturées lors de la vidange nocturne du bassin.
A partir des informations obtenues à l'usine de conditionnement de crevettes de Nam
Can, il est possible de formuler une hypothèse sur les périodes de recrutement des postlarves.
Sachant que les périodes d'activité maximale à l'usine sont juillet - août et octobre - décembre,
et si l'on suppose un séjour en bassin de l'ordre de 3 mois, le recrutement des postlarves serait
centré sur avril - mai et sur juillet - septembre. Ces périodes de recrutement concordent avec
celles que donne Vu Do Qynh (1989) pour P. merguiensis. Bien entendu, il s'agit de pics et,
un recrutement toute l'année, comme fréquemment observé chez les pénéides tropicaux, n'est
pas exclu. Par ailleurs, il peut exister d'importantes différences en fonction des espèces
Ainsi, le but de cette opération est d'étudier et de quantifier les dates d'arrivée des
diverses postlarves de crevettes. D'après de nombreux travaux, elles sont en général capturées
en surface, pendant la marée montante de nuit, particulièrement en périodes de vives-eaux
(pleine et nouvelle lune). L'abondance en surface est généralement maximale au voisinage du
maximum de courant de flot.
Dans le cas d'une forte turbidité, ce qui est le cas ici, le phototropisme négatif des
postlarves joue peu et, les captures peuvent être aussi importantes de jour que de nuit.
La technique d'échantillonnage mise en oeuvre repose sur l'utilisation d'un filet à
plancton classique, avec un collecteur, de diamètre 75 cm à l'ouverture et de vide de maille de
1 DUn.
Le filet est équipé d'un débitmètre, afin de ramener tous les effectifs capturés à un
volume constant. Le filet est fixe juste sous la surface et travaille avec le courant de marée.
Afin de ne pas manquer l'éventuel pic d'abondance, une pêche est effectuée toutes les heures
pendant la durée de la marée montante. Chaque pêche dure environ 10 minutes et les volumes
filtrés, qui dépendent du courant, ont été compris entre 31 et 136 m3
15 pêches ont ainsi été réalisées au cours des 2 cycles, 8 de jour et 7 de nuit. Les
échantillons sont en cours d'analyse.
Des échantillonnages parallèles ont été réalisés par l'université de Can Tho et
permettront une comparaison méthodologique.
27
2.2.5 Etude de l'ichtyoplancton en relation avec les cycles de marée
En même temps que les postlarves de crevettes, des larves de pOIssons ont été
capturées Elles seront dénombrées et déterminées dans la mesure du possible
2.2.6 Etude des populations de crevettes migrantes à la sortie des bassins
Lors des vidanges partielles du bassin effectuées de nuit, la porte est équipée d'un filet
de maille de 1°mm de côté et de dimensions approximatives 1 m x 0,5 m sur une longueur
de 4 m. Ce filet est relevé toutes les heures et présente un colmatage important par de très
nombreux débris végétaux (feuilles de palétuviers, etc). Un échantillonnage des captures
portant à la fois sur les crustacés et sur les poissons a été effectué. Les espèces de crevettes
actuellement recensées comprennent.
• des pénéidés (Metapenaeus tenuipes et Metapenaeus ensis) ;
• des palaemonidés (Macrobrachium aequidens) ;
• des alphéidés (Alpheus sp.).
2.2.7 Etude de la faune associée dans les bassins de crevetticulture
En dehors de la pêche, certaines espèces ont été observées et collectées pour
détermination; leurs noms communs sont donnés ci-dessous
• crustacés: limule, crabes violonistes;
• annélides polychètes néréides;
• poissons. périophtalmes ,
• mollusques gastéropodes;
• mollusques lamellibranches. huîtres plates
28
2.3 Résultats préliminaires
2.3.1 Hauteurs de l'eau dans le chenal et dans le bassin
Comparativement à son chenal d'alimentation, les variations de hauteur d'eau dans le
bassin de crevetticulture sont considérablement amorties avec une limitation des périodes de
jusant (Fig. 4) En effet, la fermeture de la porte, à l'étale de haute mer et, en général, durant
toute la période de jusant, permet son isolement partiel. Les échanges d'eau possibles
uniquement en période de flot ne se réalisent ainsi que dans une seule direction. Ils ne
permettent qu'une compensation des pertes d'eau par évaporation et par fuite au niveau de la
porte et des digues et n'assurent qu'un renouvellement très partiel des eaux du bassin.
L'amplitude des variations de la hauteur d'eau dans le chenal d'alimentation du bassin
de crevetticulture est de l'ordre de 2 ru. Ces fluctuations correspondent à un cycle directement
dépendant des variations de la marée de type semi-diurne en mer de Chine. En outre, l'inégalité
de jusant, observée à la côte, est conservée dans ce chenal avec des hauteurs nettement plus
basses lors de l'étale de basse mer de nuit que lors de l'étale diurne Cette asymétrie jour-nuit
concerne essentiellement les périodes de jusant car les hauteurs maximales atteinte en période
de flot sont sensiblement constantes au cours d'un cycle nycthéméral, voire d'un cycle
synodique. En effet, entre les deux campagnes réalisées respectivement en période de vive-eau
(cycle 1, lors de la pleine lune, Fig. 4a) et en période d'amortissement des amplitudes de marée
(cycle 2, 2 jours avant le dernier quartier, Fig 4b), si les niveaux maximaux des hautes mers
restent relativement constants (de l'ordre de 2 m), on observe des variations sensibles des
niveaux de basse mer (par exemple de jour, la haute basse mer en période de morte-eau se
situe 50 cm en dessus du niveau atteint lors de la période de vive-eau).
De nuit, la remontée des eaux entre la période d'étale de basse basse mer et de haute
mer est caractérisée par des variations très importantes et brutales de niveau. En particulier, en
période de vive-eau, la variation de niveau de l'ordre de 2 m observée entre 1 et 2 h suggère
l'existence d'un phénomène de mascaret (Fig. 4a).
2.3.2 Vitesse du courant dans le chenal
Dans le chenal, les vitesses enregistrées lors du second cycle présentent des valeurs
maximales 1 à 3 heures avant que ne soient atteintes les hauteurs maximales et minimales de
haute mer et de basse mer (Fig 5). Si les vitesses maximales de jusant pour les deux marées
sont sensiblement équivalentes (de l'ordre de 60 cru.s- I), les vitesses lors du flot différent
?l'-~
3 579
............ hauteur chenalj--hauteur bassin
b c y cie 2
200
Ê 1 50~...:::J 100QI...:::Jl'll
.I:. 50
0 ---j-- 1-·
9 1 1 1 3 1 5 17 19 21 23 3 5 7 9
heu re
Figure 4 : hauteurs de l'eau dans le chenal et dans le bassin.
10
o ~ - - - - - - - - - - - - - • - - - - - - - - - - - - - -
-30 .
-60 -9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
heure
210
180
150
120
U41
90 CIl
E~41CIl
60 CIl
!!'5
30
- - - - - - - 0
-30
- .... +--. 1 -602 3 4 5 6 7 8 9
Figure 5 : hauteur de l'eau et vitesse du courant dans le chenal.
31
significativement avec des vitesses maximales de l'ordre de 1 ms- I lors de la haute haute mer et
de 40 cm S-I lors de la basse haute mer. Les périodes d'étiage n'excèdent pas une heure et se
situent en général 1 heure après les hauteurs maximales et minimales de haute mer et de basse
mer.
En l'absence de caractérisation bathymétrique du chenal et de données relatives à la
dispersion latérale des courants, il n'est pas possible d'établir un bilan global de la circulation
des eaux dans le chenal De même, ne disposant pas actuellement des enregistrements
marégraphiques à la côte, il n'est pas possible de déterminer les retards et les amortissements
entre les marées côtières et l'hydrodynamisme estuarien. Néanmoins, les observations
disponibles (fortes variations de niveau, étales brefs, vitesses importantes) confirment la forte
activité hydrodynamique de cette zone. Cette caractéristique physique du milieu; associée à des
sédiments à granulométrie fine à très fine, conduit à l'existence permanente d'une charge
minérale en suspension très importante. Ces particules, maintenues en suspension par des
phénomènes de turbulence, sont principalement issues du remaniement des sédiments de
surface déposés au niveau des berges lors des 4 phases journalières de retrait et de submersion
des eaux
2.3.3 Composition ionique des eaux
Les conductivités et les salinités des eaux de surface sont restées relativement
homogènes au cours des 2 cycles étudiés avec des valeurs et des amplitudes de variation
comparables Lors de cette campagne réalisée en saison sèche et en étiage du Mékong, les
concentrations ioniques sont en permanence élevées. Elles traduisent la prépondérance à cette
période des eaux d'origine marine au sein des eaux côtières et estuariennes.
Cycle l Cycle 2
Conductivité (mS. cm-1)
minimum absolu 38,6 37,6
maximum absOlu 41,9 40,1
.SaliIiité (mgJl)
. valeurs minimales < 30,5 < 29,0
heures et situation de marée 4h à 7h - HHM 18h à 20h -lffiM
valeurs maximales > 31,0 > 30,5
heures et situation de marée 20h à 2h - BBM 14h - HBM
32
D'une manière générale, les salinités sont supérieures au cours des périodes de basses
mers lorsque le bassin est en situation d'isolement par rapport au chenal d'alimentation en eau.
Cet accroissement qui reste faible peut résulter d'une relative stagnation des eaux et d'un
accroissement des concentrations ioniques par évaporation.
2.3.4 Température de l'eau
Les variations de température dans les eaux de surface du bassin dépendent des
conditions climatiques locales et de la gestion hydrologique du bassin. Ce double contrôle
apparaît nettement lors de la comparaison des deux cycles réalisés lors de conditions
d'éclairement très différentes cycle 1, journée très ensoleillée ; cycle 2, forte couverture
nuageuse (Fig. 6).
Au cours de la seconde campagne, l'amplitude thermique est faible (minimum 26,4 oC
à 6h - maximum de 28,3 oC de 13 h à 15 h) Les variations horaires sont essentiellement liées
aux conditions thermiques de l'air et très faiblement influencées par les modalités de gestion
hydraulique du bassin (Fig. 6 a).
AI'opposé, lors du premier cycle, on observe des variations importantes de la
température des eaux de surface (Fig. 6 b) En particulier, en période de jusant (et d'isolement
du bassin), les eaux de surface présentent, de nuit, un refroidissement lent (29,3 oC à 21 h ;
28,2 oC à 2 h) et, de jour, un réchauffement très intense (29,0 oC à 9 h; 35,8 oC à 14 h) Ce
processus de réchauffement est lié à une très forte absorption de l'énergie lumineuse qui, en
raison des fortes charges en suspension, ne concerne qu'une couche d'eau de faible épaisseur.
De ce fait, le confinement, créé par la fermeture de la porte et ]'absence de végétation arborée
au sein des canaux du bassin d'élevage, conduit à un renforcement de ce processus dans le
bassin comparativement au chenal. De jour, l'apport d'eau par le canal entraîne ainsi une baisse
brutales de la température (4,6 oC en 1 h : 35,8 oC à 14 h et 31,2 oC à 15 h). Un processus
inverse, de plus faible importance, est observé de nuit. Le refroidissement, plus rapide pour les
eaux du bassin que pour les eaux du chenal, se solde lors de l'ouverture de la porte par un
sensible réchauffement des eaux du bassin (0,6 oC en 1 h: 28,2 oC à 2 h et 28,8 oC à 3 h).
cycle 1
140 . 37120 -- 35 U
0
E 100 -u 33 ~-"- 80 :::s:::s ...QI 60
31 E... 'QI:::s29 a.ns 40 E.r:27 QI
20 ...0- 25
9 11 13 15 17 19 21 23 1 3 5 7 9--- hauteur bassin 1 heure~temp. bassin
cycle 2
140 37120 -35 u
E 100 ~
u 33 cv- ...... 80 :::s:::s ...cv 31 ns
60 ...... 'cv:::sns 29 a.
J::. 40 - Ecv
20 27 ...0 25
9 11 13 15 17 19 21 23 1 3 5 7 9
heure
Figure 6 : hauteur et température de l'eau dans le bassin.
34
Dans un contexte de relative homothemùe, ces variations thermiques très brutales,
fréquentes Uournalières) et parfois intenses, compte tenu des conditions d'éclairement,
constituent une caractéristique importante de ces bassins. Mais cette spécificité est aussi une
contrainte majeure pour J'utilisation de ces milieux comme sites de production aquacole.
2.3.5 Les concentrations en oxygène
Lors du premier cycle, les concentrations en oxygène dans les eaux de surface, ont été
dosées simultanément par méthodes chimique (méthode de Winkler) et polarographique
(Oxymètre YSI 58). Les suivis horaires des concentrations en oxygène par ces deux techniques
sont représentés figure 7 a, b. D'une manière systématique, les valeurs estimées in situ par
polarographie sont supérieures aux concentrations déterminées par dosage chimique
Cependant, pour le chenal comme pour le bassin, les écarts sont sensiblement constants et les
deux courbes présentent une même évolution En effet, il existe pour l'ensemble des données
(Fig 7 c) une corrélation très significative entre ces deux modalités de dosage (r 2 = 0,80 pour
n = 50)
L'écart constant observé pourrait résulter d'une différence entre les ruveaux
échantillonnés. surface (- -5 cm) lors du dosage réalisé à la sonde et subsurface (~ - 15 cm)
lors du prélèvement pour le dosage par voie chimique.
Au cours des deux journées d'études, les concentrations en oxygène dans le chenal ne
présentaient pas de cycles bien individualisés pouvant traduire une influence des périodicités
liées aux cycles des marées et de l'éclairement (Fig 8). Cependant, au cours des phases de flot
et lors des périodes de courant maximal, on note une baisse importante des concentrations en
oxygène (lors du premier cycle, baisse de 44 % entre 13 et 14 h et de 54 % entre 1 et 2 h,
Fig 8 a) Ces brutales diminutions, qui coïncident avec une augmentation importante des
charges en suspension, peuvent correspondre au passage d'un front turbide. Les sites
d'accumulation de particules minérales et organiques, souvent observés dans les systèmes
estuariens, sont le siège de fortes activités cataboliques consommatrices d'oxygène. Les eaux,
liées à ces bouchons turbides qui se déplacent au sein de l'estuaire en fonction des conditions
marégraphiques et de l'importance des apports continentaux, sont caractérisées par des
concentrations faibles en oxygène (activité respiratoire élevée et faible activité des organismes
autotrophes en raison de la turbidité des eaux)
15
a chenal, cycle 1
7-
- 6·
Cl 5E 4CIl
3c:-CIlCl 2·>.><0 1 -
0
9 11 13 15 17 19 21 23
heure
3 5 7 9
--+- oxymètre 1
- Winkler
b bassin, cycle 1
7- 6
Cl S-E 4·-CIlc: 3
-CIlCl 2·>.>< 10
0-
9 11 13 15 17 19 21 23
heure
3 5 7 9
c oxygène winkler/oxygène sonde(chenal et bassin, cycle 1)
•• ••, .... ,..... :..~~. . ."
~.•
5-r-----------------------------,.. ~...~ 4..:.::c:.~ ~=-3CIl Clc: E2-CIl_Cl>.><o
oo 1 2 3 4 5 6 7
oxygène sonde (mg.r1)
Figure 7 : comparaison des 2 méthodes de dosage de l'oxygène dissous.
16
a cycle 1
357hauteur
~oxygène
b cycle 2
- 82007
"L-E 150 - 6 Cl~ 5 E.... QI~ 100 4 c:~ 3
,QI~ Clro 50 2 >..c: )(
- 1 0
0 - 0
9 11 13 15 17 19 21 23 1 3 5 7 9
heure
Figure 8 : hauteur de l'eau et concentration en oxygène dans le chenal.
La mise en communication du bassin avec le chenal est réalisée en période de flot,
lorsque les niveaux d'eau dans le chenal et le bassin sont proches. De ce fait, cette
communication est réalisée sensiblement à la même période que le passage du front turbide. II
en résulte une entrée très importante de matériel en suspension et d'eau à faible concentration
en oxygène. Ce mode de gestion hydraulique constitue le paramètre explicatif majeur des
variations journalières des concentrations en oxygène dans le bassin (Fig. 9)
De jour et en période de stagnation des eaux, les concentrations en oxygène
augmentent très rapidement en liaison avec l'activité photosynthétique des producteurs
primaires (phytoplancton et phytobenthos). L'entrée massive d'eau par le chenal stoppe ce
processus, entraînant une diminution instantanée et très importante de l'oxygène (de 50 %,
cycle 1, Fig 9 a et de 44 %, cycle 2, Fig. 9 b) Ces variations s'accompagnent de modification
de la température des eaux et, à un moindre degré, de la salinité. De ce fait, les variations sont
encore plus importantes en se référant au pourcentage de saturation en oxygène avec le
passage d'une eau sursaturée à une eau très nettement sous-saturée
Cycle 1
heure température salinité oxygène dissous . Saturation
eC) (mg. r') (mg. r') (%)
14 35,8 30,9 6,96 120
15 31,2 30,5 3,45 55
Cycle 2
heure température salinité oxygène dissous Saturation
eC) (mg. r') (mg. rI) (%)
15 28,3 30,3 7,50 114
16 28,3 30,1 4,19 64
En général et en dehors des périodes de forte production photosynthétique et
d'isolement du bassin, l'oxygène est en forte sous-saturation (valeurs comprises entre 40 % et
70 % pour les deux cycles).
18
a cycle 1
8140 -
7120 6 '-
E 100 Cl~ 5 E.... 80 ~
4::J QIQI
60 1:+" 3 .QI::J ClCIl 40 2 >-.c:: )(
20 10
0 09 11 13 15 17 19 21 23 3 5 7 9
heure
b cycle 2
8140
7 -- 1206 'i..:E 100 Clu 5 g-.... 80::J 4 Q)
Q)60 -
1:+" -3 -Q)::J Clra 40 2 >-.c:: )(
20 10
0- 09 11 13 15 17 19 21 23 1 3 5 7 9
heure -hauteur 1
-+-oxygène
Figure 9 : hauteur et oxygène dans le bassin.
39
De nuit, lors du premier cycle, un bilan de la respiration et des échanges gazeux eau
atmosphère peut être estimé pour la période d'isolement du bassin entre 21 h et 2 h.
La diminution régulière des concentrations en oxygène observée, en condition de sous
saturation, traduit une activité respiratoire supérieure à la cinétique de diffusion moléculaire de
l'oxygène (Fig. 9a). En considérant une température constante de 29 oC, cette diminution
correspond en moyenne à une perte nette horaire estimée à 0,12 mg.r l Dans ces conditions
d'épuisement progressif, l'ouverture de la porte en période de jusant permet une réoxygénation
partielle du bassin. En effet, dans le chenal, en dehors du bouchon turbide, la respiration
n'intervient pratiquement pas dans le bilan d'oxygène. En absence d'une activité biologique
notable, les concentrations en oxygène sont ainsi essentiellement contrôlées par les processus
de diffusion turbulente et moléculaire De ce fait, dans le chenal, les concentrations de nuit sont
supérieures à celles dans le bassin et l'ouverture de la porte se traduit par l'entrée d'une eau
plus riche en oxygène. Un schéma similaire est observé entre 6 h et 7 h lors du second cycle
(Fig. 9 b). Cependant, lors de ce cycle réalisé en période de morte-eau, l'enrichissement en
oxygène est moins marqué compte tenu d'une plus faible pénétration d'eau par le chenal.
Lors du second cycle, les deux périodes de variations importantes d'oxygène
(diminution de jour et augmentation de nuit) dans le bassin ont été suivies à haute fréquence, à
partir d'une embarcation ancrée à proximité de la porte de communication reliant le bassin et le
chenal (Fig 10)
Ce suivi, qui a permis une observation de l'ensemble de la colonne d'eau, confirme la
liaison directe existant entre les variations de la concentration en oxygène et la gestion
hydraulique du bassin. En outre, la rapidité des variations observées (l'essentiel des
modifications se produit au cours des 5 minutes qui suivent l'ouverture de la porte), qui
concernent toute la colonne d'eau, indique un remplacement total des eaux du bassin par les
eaux du chenal. Simultanément, des prélèvements d'eau dans le bassin ont été opérés pour un
suivi des concentrations en matériel particulaire et en sels nutritifs. Leurs dosages permettront
de quantifier ces apports et d'analyser leurs incidences dans le fonctionnement du bassin.
En outre, les récoltes de zooplancton (larves de poissons et postlarves de crevettes)
dans le chenal permettront de déterminer si ces périodes de fortes perturbations de
l'écosystème correspondent à des entrées significatives de larves et postlarves et sont
nécessaires et utiles pour la production crevettière.
800
a flot de jou r
r-::~--=~---------------------------------_ 150
7,50
7,00 .,.--_.~
650
-; 6,00
ECIl 5.50 +---"rc
,CIlCl>. 500><o
4 50 -
~ 00
J 50
niveau (cm)__ 50
----15·25
---fond
125
25
3 00 +------__-------....-------------t---_-----~ O
1500 15'10 1515152015251530153515401545155016001610 16.20
heure
b flot de nuit
l' 00 .--------------------------------------_150
; 0
1257 00
6 50 +- -~
-; 6 00
ECIl 5 50c
·CIlCl>. 5 00><o
4 50
40
350 1.-==--
niveau (cm)
1
· 60·75
50
.-15·25
---fond
100
75
25
E2.
3 00 +--------~------------>-------------~----o0620 0630 0635 0640 0645 0650 0655 0700 0705 07 10
heu re
Figure 10 : évolution des concentrations en oxygène dans le bassin en fonction dela profondeur.
41
2.3.6 Conclusion et importance des facteurs de l'environnement dans la
biologie des crevettes
Ces résultats préliminaires indiquent un forte variabilité des conditions physico
chimiques des eaux dans le bassin d'élevage. L'alimentation en eau est assurée par un chenal,
lui-même relativement instable, compte tenu de la migration probable d'un front turbide et
d'un fonctionnement de type estuarien sous forte influence marine. En période de flot, l'entrée
massive d'eau par le chenal stoppe les activités biologiques de production et/ou de respiration
qui se déroulaient au sein du bassin en période de stagnation des eaux (période de jusant) et
entraîne de très brutales modifications des caractéristiques physico-chimiques du milieu, en
particulier des températures et des concentrations en oxygène.
Une étude bibliographique met en lumière l'importance de ces deux paramètres dans le
contrôle de la biologie des crevettes pénéides Les infonnations présentées ci-dessous sont
issues d'un travail de synthèse réalisé par DaIl et al., 1990 (The biology of Penaeidae,
Advances in Marine Biology, vol. 27,489 p).
D'une manière générale, la température agit sur la vitesse de croissance et sur le niveau
d'activité des crevettes. Pour P. duorarum. si les températures sont basses, l'activité est faible
et les crevettes restent enfouies dans le substrat, même de nuit EIIes présentent un
comportement opposé lorsque les températures sont élevées et, au-dessus de 33 oC, eIles
demeurent en permanence en dehors du substrat Le préférendum thermique des juvéniles est
de 30 oC, température proche de la limite létale supérieure de l'espèce (35 OC) Dans les zones
tempérées (U.SA), en conditions natureIles, les basses températures apparaissent comme une
cause de mortalité plus importante que les fortes températures (la température létale inférieure
est de 5 OC).
Pour les pénéides juvéniles, les températures létales supérieures se situent entre 34 oC
et 36 oc. Les conditions de salinité peuvent agir sur cette tolérance à la température. Lors de
notre étude, la température maximale observée est de 35,8 oC (cycle 1, 14 h) et correspond
ainsi à cette limite maximale de tolérance
Dans le golfe du Mexique, les crevettes pénéides évitent les eaux hypoxiques
(concentration en oxygène dissous < 2 mgr l) fréquentes dans cette région. De même, en
42
laboratoire, les crevettes P. aztecus et P. setiferus détectent et évitent ces eaux appauvries en
oxygène. Lors d'une baisse des concentrations en oxygène, les crevettes augmentent leur
niveau d'activité et, par des mouvements de nage, tentent de s'éloigner de ces zones Ces
réactions affectent aussi les crevettes enfouies dans le sédiment. Quand les concentrations
d'oxygène sont comprises entre 10 et 20 % de la saturation, P. japonicus, enfouie dans le
sédiment, sort son rostre et souvent son céphalothorax probablement pour une meilleure
irrigation de la chambre branchiale. Quand la concentration est inférieure à 10 % de la
saturation, elle quitte totalement le llÙlieu benthique
Lors de notre étude, la valeur llÙnimale observée a été de 2,48 mg.!"! (cycle 1, 2 h)
correspondant, pour ces eaux salées et chaudes, à un taux de saturation inférieur à 40 %.
Il n'existe pas d'infonnations sur l'effet des changements brusques de température
et/ou de concentration en oxygène Cependant, de fortes instabilités sont toujours considérées
comme des conditions néfastes pour des écosystèmes d'élevage et, cela, particulièrement pour
des espèces qui peuvent de jour se situer à la IillÙte de leur tolérance therllÙque et, de nuit,
dans des eaux à très faible tension d'oxygène.
3 Visites des infrastructures provinciales
3.1 Visite de l'usine de conditionnement de crevettes de Nam Can
La visite de cette usine d'Etat a été effectuée le 20/03/95. Sa production provient à 90
% de l'aquaculture et à 10 % de la pêche réalisée en mer. Elle a augmenté jusqu'en 1994 et
dillÙnue depuis La production annuelle moyenne est de 300 tonnes par mois mais avec des
variations comprises entre 150 et 500 tonnes. On peut donc estimer que le total annuel est
compris entre 3 000 et 4 000 tonnes.
Cette usine traite 30 % de la production du district; la majeure partie de la production
régionale étant traitée à Cà Mau. La province dispose de 16 usines de conditionnement et le
pays d'environ 70.
Les périodes d'activité maximale de l'usine se situent en juillet-août et octobre
décembre.
Photo 10: vue d'ensemble de l'unité de traitement des crevettes de l'usine de Nam Can
Photo 11 tri et décorticage manuel des crevettes.
44
Les principales espèces traitées sont:
• M. ensis;
• M. merguiensis et P. indicus :
• M. monodon.
Ces espèces représentent respectivement en poids : 60, 30 et moins de 10 % de la
production totale de l'usine sans variation significative au cours de l'année.
Au cours de leur conditionnement, les crevettes sont triées en 14 catégories de taille,
soit en nombres d'individus au kilogramme:
4-6,6-8,8-12, 12-16, 16-20,20-30,30-40,40-60,60-90,90-120, 120-150, 150- 200,200
300, 300-500. Une classe supplémentaire correspond aux individus abimés : "broken".
Les "moules" (catégories commerciales) les plus fréquents vont de 70 à 200
individus/kg, soit des poids individuels de 5 à 15 g
Tout le tri et le décorticage sont faits à la main. L'usine emploie des fonctionnaires et
des contractuels saisonniers selon les approvisionnements (photos 1°et Il).
Les déchets sont séchés et entrent dans la composition d'aliments pour arumaux
d'élevage.
Le conditionnement se fait en cartons de 2 kg après congélation. Il s'agit
principalement de crevettes cuites décortiquées, mais aussi de crevettes crues et entières.
L'usine a été choisie pour un projet CE.E. d'amélioration des techniques de
production. En particulier, il est envisagé de moderniser les installations de congélation. Il faut
insister sur les efforts qui ont déjà été réalisés pour augmenter la qualité bactériologique de la
production
Après stockage, la production est exportée par voie maritime à partir du port de Nam
Can vers le Japon, Hong Kong, l'Europe (Belgique) et l'Amérique du Nord. Il existe un projet
de développement du port de Nam Cano
Le jour de la visite, 5 espèces ont été observées (photo 12) :
• Penaeus monodon
• Parapanaeopsis sculptilis
• Penaeus merguiensis
• Metapenaeus ensis
• Metapenaeus tenuipes
Photo 12 crevettes recueillies à l'usine de Nam Can, de gauche à droite Melapenaeus
lenlilpes, Melapellaeus ensis, Penaells merf(ll/ellsis. Parapanaeopsis scu/plilis, Penaeus
mOilOdoll.
Une analyse détaillée des statistiques de l'usine de Nam Can ainsi que des autres usines
de la province pourrait fournir d'intéressantes informations. Par exemple, il serait possible, en
distinguant la provenance des crevettes traitées (pèche en mer, pêche en fleuve, aquaculture),
de
• préciser l'évolution saisonnière des espèces et de leur taille,
• détem,Îner et comparer les rythmes de croissance par espèce;
• estimer les périodes de recrutement des post larves par espèce
46
3.2 Visite du laboratoire d'analyse chimique du département Science et
Technologie de la province de Can Tho
Ce laboratoire, situé à Can Tho, réalise actuellement une estimation de la qualité des
eaux superficielles dans les zones urbaine et périphérique de la ville de Can Tho. L'équipement
du laboratoire, relativement sommaire et ancien (mais disposant d'un espace bien adapté),
permet uniquement le dosage des concentrations en sels nutritifs par colorimétrie, la
détermination de la conductivité des eaux et du pH, les estimations des demandes biologique et
chimique en oxygène.
Une demande de soutien financier et méthodologique pour les estimations des
concentrations en chlorophylle et pour l'évaluation de la qualité bactériologique des eaux
(bactéries témoin de contamination fécale coliformes et streptocoques fécaux) est très
clairement formulée par les techniciens du laboratoire et reprise par les responsables du
département.
Cette visite a été suivie d'une rencontre avec les responsables et les divers chercheurs
travaillant au sein du département. Les compétences de ce département, service technique des
autorités provinciales, couvrent l'ensemble des problèmes liés à l'environnement, et en
particulier, ceux relatifs à la gestion des eaux naturelles et résiduaires. Des recherches sont
ainsi réalisées dans le domaine de l'assainissement rural. En particulier, des essais de
traitements par lagunage des eaux eutrophisées, issues des unités mixtes d'élevage de poissons
et de canards- dont la multiplicité semble poser de réels problèmes écologiques - sont en cours
d'évaluation. Des expérimentations sont aussi envisagées (ou en cours?) par un chercheur,
formé en Chine populaire, pour la réalisation de fermenteurs en vue de la production de bio
gaz à partir de résidus agricoles solides et liquides. Certaines de ces préoccupations et
expérimentations, qui s'inscrivent dans les priorités définies pour la décennie 1980-1990 par les
Nations-Unies (Décennie internationale de l'eau potable et de l'assainissement) et pour cette
fin de siècle par la Banque Mondiale (Low cost urban waste water treatment and re-use),
rejoignent des travaux réalisés par l'ûRSTûM sur le lagunage (CRÛ d'Abidjan) et sur les
fermenteurs (Laboratoire de biotechnologie, programme de traitement anaérobie des eaux
résiduaires au Mexique). Des collaborations, plus ou moins étroites, semblent possibles et
souhaitables, entre les équipes de l'ûRSTûM et ces chercheurs qui souffrent d'un réel
isolement.
47
Une autre demande concerne l'étude écologique du marais de Ngoc Hoang qUi
correspond à une aire de 8 000 ha avec, antérieurement à son drainage, une surface en eau
permanente de 540 ha contre seulement ]00 ha actuellement Cette zone correspond à un
secteur dépressionnaire, situé à proximité du delta du Mékong et colonisé par une forêt à
Melaleuca leucadendron. Elle abrite diverses espèces végétales (riz sauvages) et animales
(poissons, reptiles et amphibiens) endémiques et/ou rares dont certaines sont en voie de
disparition et portées sur la liste des espèces bénéficiant au Viêt-nam d'une protection absolue.
Elle correspondrait aussi à une zone humide écologiquement importante pour les écosystèmes
adjacents en tant que:
- site de reproduction pour de nombreuses espèces d'oiseaux et de poissons,
- aire de repos pour l' avifaune,
- zone de refuge pour de nombreuses espèces de l'ichtyofaune en saison sèche
D'une manière globale, les recherches coordonnées par le Département de Science et
de Technologie visent à préciser le fonctionnement écologique de cet écosystème et à estimer
son importance en tant que réservoir de biodiversité. La finalité ultime de ce travail
d'inventaire et d'analyse bioécologique est d'aboutir à la constitution d'un dossier permettant
le classement et la protection de ce marais soumis à des exploitations forestières de plus en
plus destructrices. A cet effet, des cartographies à une échelle commune au li ] 00 000 du
milieu physique (topographique, géologique et sédimentologique), de la végétation, des
formations forestières et des activités agricoles ont déjà été établies. Après discussion, et
compte tenu de l'ampleur de la demande et des priorités scientifiques affichées par l'ORSTOM
et le DEC, une première hiérarchisation des thèmes scientifiques susceptibles d'être étudiés en
partenariat a été établie.
- ]) connaissance des peuplements ichtyologiques à diverses saisons et caractérisations
physico-chimiques et biologiques des eaux (biomasse phytoplanctonique et peuplement
zooplanctonique) ;
- 2) étude génétique des populations de pOissons considérés comme endémiques et
degré d'indépendance (distance) vis-à-vis des populations allopatriques colonisant les
écosystèmes adjacents. Par leurs importances aquacoles locales et régionales et en fonction de
l'expérience de l'üRSTOM, les siluriformes pourraient être plus particulièrement choisis
comme objet d'étude.
48
Pour ces recherches en ichtyologie, une collaboration est possible avec le département
d'aquaculture de l'Université de Can Tho qui disposerait, sur place, d'un équipement
permettant la réalisation de pêche électrique et qui a constitué, à l'Université, une collection de
référence. En outre, une clé de détermination de l'ichtyofaune des eaux continentales et
estuariennes, couvrant l'ensemble du Viêt-nam, vient d'être publiée (1993) En conclusion de
cette visite, un exemplaire de cet ouvrage nous a été offert .
••••
49
4 Conclusions
Cette première campagne et les résultats préliminaires présentés dans ce rapport
indiquent clairement que les modalités de gestion des bassins de crevetticulture, dans la
province de Minh Hai, engendrent des périodes de stress important et répétitif pour les
crevettes en élevage. Sans pouvoir attribuer d'une manière définitive les mortalités aux
variations brutales des conditions de milieu, il est évident que ces instabilités sont un facteur
d'affaiblissement des populations en élevage Les infections bactériennes, probablement
responsables des mortalités, devraient alors être considérées comme le symptôme d'un
déséquilibre entre les exigences physiologiques et métaboliques des crevettes et un milieu dont
l'instabilité naturelle est accrue par les modalités de gestion hydraulique des bassins
Les analyses en cours permettront de déterminer l'importance de cette variabilité:
• en terme d'apport en matériel détritique. Ces apports peuvent constituer une ressource
alimentaire essentielle pour les élevages, mais correspondent, de par leur association à des
charges minérales élevées, à un facteur de stress supplémentaire pour les crevettes par une
limitation de leur capacité de filtration et de respiration
• sur les concentrations et disponibilités en sels nutritifs. Les sels nutritifs issus des activités
de minéralisation dans les sédiments superficiels et concentrés dans les eaux interstitielles
peuvent, lors des périodes de turbulence, fertiliser les bassins et être mis à disposition des
producteurs primaires phytoplanctoniques à la base d'une nouvelle chaîne alimentaire
consommable par les crevettes.
De même, les prélèvements réalisés (phyto- et zooplanctoniques, phyto- et
méiobenthiques) permettront de déterminer les ressources trophiques disponibles pour
l'alimentation naturelle des crevettes (en absence d'apport alimentaire d'appoint). Ces
ressources, soumises à un contrôle important, compte tenu des biomasses en élevage, peuvent,
en cas de raréfaction, limiter la croissance voire contribuer à une plus grande vulnérabilité des
crevettes. Enfin l'étude des postlarves, en liaison avec l'hydrodynamique, permettra de statuer
sur l'abondance réelle de cette communauté soumise à une pêche serni-industrielle en mer au
stade adulte, à une pêche artisanale en rivière au stade juvénile et à un piègeage en mangrove
par les élevages aquacoles au stade de postlarve. En effet, les effectifs et la composition
spécifique des postlarves influent directement sur les performances et les rendements des
bassins.
50
Limitée dans le temps et l'espace, cette étude sera reconduite dans les bassins de
crevetticulture de la côte ouest (soumise à des conditions marégraphiques différentes. marée
diurne de faible amplitude dans un secteur en accrétion), par les chercheurs de l'IRDDM et de
l'université de Can Tho.
En outre, elle sera reproduite sur le même site au cours du mois de septembre 1995, en
situation hydroclimatologique différente (forts apports continentaux et pluviométriques), par
l'ensemble des intervenants ayant contribué à la première campagne. Compte tenu des
informations recueillies lors de cette mission, la campagne de saison des pluies incluera, en plus
du suivi des paramètres déjà étudiés, une estimation des densités de bactéries sulfatoréductrices
et des comparaisons des activités photosynthétiques (anabolisme) et respiratoires (catabolisme)
en situation de marée et d'éclairement différents. Il semble en outre possible d'obtenir des
informations sur le cycle biologique des espèces, à partir d'une exploitation des statistiques
disponibles auprès des diverses instances qui interviennent dans la filière crevettière au Viêt
nam et, en particulier, auprès des usines de traitement et de conditionnement.
Ultérieurement, l'ensemble de ces informations et les résultats des observations
réalisées sur la biologie des crevettes et sur l'écologie des bassins pourraient faire l'objet d'une
présentation lors d'un atelier dont les diverses communications seraient publiées sous forme
d'un ouvrage de synthèse.
La généralisation des résultats et des conclusions qu'il sera aJors possible de formuler et
les conséquences pratiques qui en découleront résultent d'une réelle coopération scientifique et
technique entre partenaires français et vietnamiens.
Cette mission a été rendue possible grâce au soutien financier et matériel du ministère
de la Coopération et de l'Institut français de recherche scientifique pour le développement en
coopération (ORSTOM) d'une part et des organismes de recherche et des autorités
provinciales du Viêt-nam d'autre part. Nous tenons à leur adresser tous nos remerciements.
51
5 Annexes
5.1 Calendrier
12/3/9513/3/9514/3/9515/3/95
16/3/95
17/3/95
18/3/95
19/3/9520/3/95
21/3/95
22/3/95
23/3/95
24/3/9525/3/9526/3/9527/3/9528/3/9529/3/9530/3/95
11 h départ de Montpellier17 h arrivée Ho Chi Min Villeformalités diverses (banque, billets avion, poste) , I.R.D.D.M.départ pour Can Tho15 h réunion avec chercheurs pour planning de travaildépart pour Bac Lieu9 h réunion à la Direction de l'environnement12 h départ pour Camau14 h Centre d'extension de l'aquaculture et des pêches de la province de MinhHai18 h repérage de la station de travail, nuit à Cai Ngay8 h départ pour la station9 h début du cycle de 25 h9h fin du cycle de 25h13 h départ pour Nam Can,15 h arrivéeanalyses chimiquesexploitation des données et préparation du cycle 2visite de l'usine de crevettes16 h départ pour Cai Ngay8 h départ pour la station9 h début du cycle de 25 h9 h fin du cycle de 25 h, départ pour camp forestier15 h départ pour Cà Mau17 h arrivée Cà Mau, envoi cantine échantillons à Ho Chi MinhVille8 h départ pour Bac Lieu9 h 30 Bac Lieu, Institut d'aquaculture, exposé des résultats14 h Université de Cantho, on laisse du matériel (voir liste)15 h Cantho Science Technology and Environment Department, demande decollaboration française.20 h départ pour Ho Chi Minh Ville23 h 30 arrivée Ho Chi Minh Villerepos et tourismerepos et tourismerencontre avec le Directeur de l'I.R.D.D.M. et exposé des résultatsrepos et tourismerepos et tourisme19h départ de Ho Chi Minh VilleIl h arrivée Marseille14 h arrivée Montpellier
52
5.2 Liste des personnes rencontrées
Bui Dac Tuan13/3/95 au 29/3/95IRDDMOrganisateur de la mission et accompagnateur-traducteur
Dang Buynh Khai23/3/95Département Sciences et Technologie de l'environnement, province de Can Tho
Ba Phuoc Bung15/3/95 au 23/3/95Chef du Département des pêches, université de Can Tho
Khuru Le16/3/95 au 18/3/95, 23/3/95Chef du bureau du département de Sciences Technologies et Environnement de laprovince de Minh HaiSecrétaire du programme provincial de recherche intégrée de la mangrove de Cà Mau
Le Tuyet Minh15/3/95 au 23/3/95Chimiste, faculté des Pêches ,université de Can Tho
Ngo Dung Liem22/3/95Directeur de l'unité de production de crevettes de la ferme d'Etat 184, province deMinh Hai
Ngoc Dung Liem22/3/95AgroforesterieDirecteur de la ferme d'Etat 184
Nguyen Anh Tuan15/3/95AquacultureDirecteur du département de l'aquaculture, université de Can Tho
Nguyen Chinh20/3/95Directeur de l'usine de crevettes de Nam Can
Nguyen Minh Thong23/3/95Chef du département Sciences et Technologie et Environnement, province de Can Tho
53
Nguyen Ngoc Tran26/3/95Directeur de l'IRDDM
Nguyen Van Duyen16/3/95Vice-directeur du Centre d'extension de l'aquaculture et des pêches de la province deMinh Hai
Nguyen Van Thuong15/3/95 au 23/3/95Etude des crustacés, Vice doyen de la faculté des Pêches, Université de Can Tho
Tran Thanh Van16/3/95Vice-directeur du département Sciences et Technologie et Environnement, province deMinh Hai