1

Click here to load reader

Journal du médecin 5 avril

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le séquençage intégral bientôt un test en routine

Citation preview

Page 1: Journal du médecin 5 avril

C réée en 2004 à partir d’unsavoir-faire développé à l’ULB,avec pour mission principale

d’offrir une large gamme de servicesd’analyses génétiques et génomiques,DNAVision est un bon exemple dudynamisme des entrepreneurs wallons.Comme bon nombre de «jeunespousses», elle a commencé par séjour-ner dans un incubateur. Deux annéesplus tard, elle a réussi à faire entrerdes investisseurs dans le capital, ce quilui permis d’élargir le champ de sonactivité et, notamment, de s’installerà Gosselies, au sein du Biopark deCharleroi.

Lauréate en 2006 du Grand PrixWallon d’Entrepreneuriat dans la caté-gorie «entreprise innovante»,DNAVision est ensuite entrée dansune nouvelle phase de développe-ment, avec notamment l’acquisition denouvelles plateformes de séquençageà très haut débit, à l’instar des grandscentres américains et chinois.

6 génomes par semaine«Au point de départ, l’objectif était

de faire de DNAVision un centre deréférence pour les analyses géné-tiques en Europe, explique Jean-PolDetiffe, le fondateur et administra-teur délégué de la biotech belge. C’estchose faite. Pendant quatre à cinqans, nous avons développé des testsà façon pour répondre à la demandedes firmes pharmaceutiques, en fonc-tion de leurs cibles médicamenteuses.

futurs dossiers médicaux. Ensuite,c’est à eux qu’il reviendra de déter-miner quelles informations il convientde communiquer à leurs patients. Il estévident que des questions se posentau niveau éthique et toute la com-munauté médicale est concernée.Quant à nous, notre rôle est de pré-server une barrière par rapport auxpatients. Voilà pourquoi nous nousadressons uniquement à l’industriepharmaceutique, aux instituts de

12 ACTUALITÉ Le Journal du médecin I 2152 IÓ Mardi 5 avril 2011

sité plus de treize ans de travauxdans près d’une quinzaine de centresde recherche aux Etats-Unis, en Europe,en Chine et au Japon pour un coût detrois milliards de dollars, soit un dol-lar par base séquencée», précise Jean-Pol Detiffe.

«Ce montant de 2003 a été ramenéà quelque 300.000 euros en 2008. Apartir de l’année suivante, l’accélérationdes capacités de séquençage, consé-cutive notamment à la compétitionentre les trois acteurs majeurs dusecteur, les Américains AppliedBioSystems et Illumina et le SuisseRoche, s’est traduite par une dimi-nution très rapide des coûts. Si en2009, il était encore question d’unmontant supérieur à 100.000 €, le

véritable tournant s’est produit en2010 quand Illumina, leader du mar-ché, a sorti le séquenceur HiSeq 2000,une machine qui a changé la donnedu marché car elle est capable degénérer 200 milliards de bases par rund’analyse. Sachant qu’un run duresept jours et que le standard actuelpour décrypter un génome humain etavoir la certitude de bien alignertoutes les pièces qui composent lepuzzle est d’en réaliser 30 copies, cetappareil a permis, dès janvier 2010,de séquencer deux génomes humainspar analyse, en 7 jours. A partir du moisd’avril, cette même machine va pas-ser à 600 milliards de bases. Donc, nousallons pouvoir décrypter 6 génomeshumains complets en une semaine.»

E n quelques années, le prix duséquençage intégral du génomehumain a chuté de façon ver-

tigineuse et les progrès sont si rapidesque Jean-Pol Detiffe n’hésite pas à par-ler d’une «révolution à mesure decelle qui s’est produite avec Internet».

Dès à présent, DNAVision proposece séquençage aux acteurs du mondepharmaceutique et de la recherchemédicale à un prix de 7.500 euros. «Il s’agit actuellement de l’offre lamoins chère du marché européen»,assure-t-il.

Le tournant de 2010«Initié en 1990, le premier séquen-

çage des quelque trois milliards debases d’un génome humain a néces-

Le génome pour le prix d’une petite voiture!Depuis que le premier génome humain a été séquencé en 2003, dans le cadre d’un projet qui a coûté près de trois milliards de dollars, son coût n’a cessé de diminuer. La médecine est sur le point de basculer dans un nouveau monde...

recherches, aux centres de génétique,aux hôpitaux et aux praticiens».

Autre gros défi: devenir d’ici la finde l’année le premier laboratoire européen à être accrédité, sous labelsde qualité, pour le séquençage inté-gral du génome humain. «Nous avonsdéjà obtenu les accréditations ISO/CEI17025, une norme propre aux labo-ratoires d’essais et d’analyses, CLIA(Clinical Laboratory ImprovementAmendments) et CAP (College ofAmerican Pathologists) ainsi que lescertifications GLP (Good LaboratoryPractice) et GMP (Good ManufacturingPractices) et nous sommes membred’Eurogentest».

Biomarqueurs personnalisés

«A l’heure actuelle, c’est en can-cérologie que l’on trouve les principalesapplications de la génomique. Noussommes capables de retrouver, à labase près, les réarrangements spéci-fiques d’une cellule tumorale qui sontles biomarqueurs personnalisés de latumeur du patient ainsi que de four-nir l’ensemble des mutations soma-tiques qui permettront de choisir le trai-tement anticancéreux. Notre but estde capter une part de ce marché. Etnous sommes aussi intéressés par lesperspectives qu’offre désormais lediagnostic prénatal depuis qu’il s’avèrepossible par un simple prélèvementsanguin, pratiqué dès la 10e semainede grossesse, de séparer l’ADN fœtalde l’ADN maternel. Nous pourrionsdonc réaliser le séquençage completdu génome d’un fœtus, afin d’évaluerses facteurs de risque».

Luc Ruidant

Installée au sein du Biopark de Charleroi, DNAVisionest devenue en quelques années un leader euro-péen en termes de capacité de séquençage et d’obtention des labels de qualité.

Biotechnologies en Wallonie

Le séquençage intégral, bientôt un test de routine

Une ère nouvelleJean-Pol Detiffe souligne également

que la baisse des coûts est supérieureà la loi Moore. Cette loi, qui a été for-mulée par Gordon E. Moore, a joué unrôle important dans l’histoire de l’in-formatique. Fondée sur un constatempirique qui a été vérifié par lasuite, elle postule le doublement tousles 18 mois des performances des cir-cuits intégrés et donc de la diminutiondes coûts.

Dans les années qui viennent, leprocessus devrait se poursuivre. Le capdes 1.000 euros ne tardera pas à êtrefranchi et celui des 100 euros pourraitl’être avant la fin de cette décennie. Duprix d’une voiture, on passera donc àcelui d’une analyse de sang.

Parallèlement à la chute des prix,le nombre de génomes humainsséquencés n’a cessé de croître. «De 8en 2008, ce nombre s’est élevé à unecentaine en 2009, dont le premiercancéro-génome complet, et à 2.700

en 2010, précise-t-il. Pour 2011, lesprévisions sont de 30.000 génomesséquencés par les consortiums publicset 20.000 par les sociétés privées eton estime à 1 million le nombre depersonnes dont le génome aura étéséquencé fin 2012.»

Tous ces chiffres indiquent que la pra-tique du séquençage intégral dugénome humain va se généraliserdans les prochaines années, ce quiexplique les investissements consi-dérables de DNAVision en moyensmatériels et ressources humaines.

«Avec la démocratisation des prix,le séquençage du génome humainva devenir une activité de routine,conclut le patron de DNAVision. Nousentrons dans une nouvelle ère, cellede la santé génomique, d’une méde-cine préventive plus performante, quipermettra des traitements individua-lisés en fonction des caractéristiquesgénétiques de chacun».

L . R .

Ces tests analysaient des portions degènes. Nous recherchions notammenttous les gènes spécifiques liés à cescibles médicamenteuses et nous étu-diions les variants génétiques pou-vant expliquer les réponses diffé-rentes des patients face à un mêmemédicament. Nous avons noué des par-tenariats avec des sociétés médicaleset pharmaceutiques, notammentIpsogen, qui commercialise un testde diagnostic du cancer du sein».

Suivant l’évolution dans le domainedu séquençage, la petite société s’estdotée d’appareils issus de la nouvellegénération, tels que l’HiSeq 2000 (voir ci-contre).

«Nous sommes la première sociétébelge et la deuxième en Europe, aprèsl’allemand GATC Biotech, à acquérircette machine qui vaut 800.000 € etqui est capable de générer 25 milliardsd’acides nucléiques par jour et deséquencer deux génomes humainscomplet par semaine, précise-t-il.L’acquisition de trois HiSeq 2000 ainsique de quatre autres séquenceursfournis par Life Technologies, dontdeux doivent encore être livrés, nouspermet d’être le leader européen deslaboratoires privés en termes de capa-cité de séquençage. Nous avonsdépassé GATC».

Des repères pour les médecins

«Désormais, notre objectif est deréussir le passage vers le séquençage

intégral du génome humain, assurele patron de DNAVision. Un des plusimportants défis sera de fournir auxmédecins des rapports clairs et sim-plifiés mettant en évidence les infor-mations essentielles et de développerdes systèmes experts qui leur per-mettront de se repérer dans le déluged’informations ainsi générées. Lespraticiens auront besoin d’outils intui-tifs pour pouvoir traiter toutes lesdonnées et réaliser l’interface avec les

«Notre objectif est de réussir le passage vers le séquençage intégral dugénome humain», assure Jean-Pol Detiffe, le patron de DNAVision.

© T

h. S

tric

kaer

t

Simpo PDF Merge and Split Unregistered Version - http://www.simpopdf.com