12

L ^p ^ P -1 A UMTS)

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L ^p ^ P -1 A UMTS)
Page 2: L ^p ^ P -1 A UMTS)

L p P A U M T S ) O I T T ^ ^ -1 <—js j_JJ Vi / Hélène Ratyé-Choremi

avec la participation de : IVtarcel B o n n e t

É Q U i N 0 X E

Page 3: L ^p ^ P -1 A UMTS)

Depuis la parution de l'ouvrage de l'abbé Paulet, aucun livre n 'avait été consacré au Paradou.

C 'est pourquoi lorsque ce projet fut évoqué, il me sembla nécessaire d'y souscrire sans réserve, et de participer ainsi à sauvegarder la mémoire collective de notre village. Que tous ceux qui contribuèrent activement à réunir cette documentation si précieuse soient ici remerciés, et particulièrement madame Ratyé-Chorémi et monsieur Marcel Bonnet sans lesquels cette entreprise n 'aurait pu être menée à son terme avec une telle réussite.

Jean-Hilaire Seveyrac Maire de Paradou

@ ÉDITIONS D^£jE JI|it> ; 1990 Mas du Sacré-Cœur,* 30320 Màreuerittes - - ISBN 2-9082DM-7*T

Page 4: L ^p ^ P -1 A UMTS)

Introduction

Renommés ou inconnus, mutilés ou préservés, les villages mieux que les villes racontent, à qui sait les écouter, les activités primordiales et les grands tumultes de la vie des hommes. Il y a des villages guerriers qui guettent leur proie quand d'autres se protègent derrière de vieux remparts. Il y a ceux où s'élève un clocher et ceux où s'étale un pouvoir, où rivalisent des vanités. Il y en a blottis et d'autres super- bes. Il y a des villages-carrefours et des villages-voies de passage. Certains sont animés, bavards, d'autres se taisent ou font la sieste. Il y a ceux qui furent rasés, brûlés, bom- bardés ; reconstruits ou abandonnés. Il y a ceux d'où l'on part et ceux où l'on revient... Au pied de la forteresse des Baux, l'histoire millénaire du Paradou a gravé dans son sol, dans ses pierres, celle d'amour et de nécessité qui unit l'homme à l'eau. Eaux de sources et eaux des gaudres, eaux romaines ou pastorales, eaux des moulins et des paluds, ruisselantes, paisibles ou fié- vreuses, elles ont rythmé au cours des âges Li Cant dôu Terraire et la vie de ce village. Là, au IIe siècle av. J.-C., le formidable génie civil romain installe sur de discrets vestiges protohistoriques un oppi- dum aux fortifications hellénistiques et capte, entre des blocs de pierre magnifiquement taillés, l'eau d'une source claire et abondante. Là, vivent des pasteurs et des paysans, le long d'un ruisseau que l'on appelle ici un gaudre et qui, depuis combien de siècles déjà, fait tourner un mou- lin, rince une lessive, arrose un jardin et danse au fond d'un puits... avant de se vautrer dans les miasmes d'un marécage puis de s'en aller somnoler dans un étang où glissent des anguilles et rêvent des flamants. Là, l'Eglise érige une chapelle qu'un acte de l'an 981 signale sous le nom de S. Martinus de Pelauria et qu'une liste de 1213 appelle S. Martinus de Launa. Plus tard, des textes évoquent un prieuré du Xe siècle dédié à saint Martin, un castrum, Castillon, qui domine étangs et marais et "une population considérable d'agri- culteurs, de paluniers et de bergers". Mais si leur existence est liée dès la fin du XIe siècle à celles des Baux auxquels ils appartiennent, on les désigne comme "hommes de Castillon" et leur paroisse, leur village, se nomme Saint- Martin-de-Castillon. Cependant leur histoire propre s'inscrit presque uniquement entre le privilège accordé de pêcher dans les étangs (1210), des luttes intestines et répétées

Saint Martin. Bas-relief polychrome.

Page 5: L ^p ^ P -1 A UMTS)

autour de la réglementation des eaux, l'assèchement des marais (1850) et l'irrigation de terres arides avec la création du canal de la vallée des Baux (1912). Ainsi a coulé le temps, comme l'eau, depuis un moulin à blé jusqu'à un pressoir à olives. Et si parfois la grande roue de l'Histoire de France, celle des guerres, des an- nexions, des religions ou des alliances, a troublé les eaux paisibles de ce petit village, la grande Révolution lui a rendu hommage en lui donnant pour nom celui d'un moulin à parer, Lou Paradou. Un ' 'paradou' ' ou moulin à parer est un moulin à foulon. Il est mû par la force hydraulique. L'eau actionne des mar- teaux, ou martinets, qui frappent de façon continue un tissu

de laine assez grossière du nom de "cadis' . Cette opération s'appelle le foulage. ' 'Le foulage sert à resserrer les tissus de laine en les feutrant superficiellement ce qui leur donne plus de corps en même temps qu'un moelleux plus grand et une douceur caractéristique au toucher" dit l'encyclopé- die Larousse. Sous l'Ancien Régime, il y avait à Saint- Martin-de-Castillon vraisemblablement plusieurs tisserands ou personnes possédant un métier avec lequel elles fabri- quaient du cadis qui alimentait un ou plusieurs paradou établis le long du gaudre de l'Arcoule. Après la Révolution, l'usage de ce tissu a peu à peu disparu entraînant du même coup la fermeture du ou des moulins à foulon de la com- mune à laquelle, entre-temps, il avait donné son nom.

Blason du Paradou. Saint-Martin-de-Castzllon, paroisse et territoire des Baux, ne possédait pas d'armes propres. Et ce n 'est pas la Révolution qui aurait donné au Paradou un blason dont le principe même évoquait l'Ancien Régime. Mais puisqu 'en matière d'armoiries tout est permis ; puisqu 'il est reconnu que plus on est républicain plus on est sensible aux attributs et aux symboles de la monarchie, Le Paradou, comme bien d'autres, s'est doté depuis peu de signes héraldiques qui évoquent bien son histoire... d'avant 1789 : deux tours, Castillon et le Castelet placées sous les armes des Baux, l'étoile à seize rais d'argent.

Page 6: L ^p ^ P -1 A UMTS)

Vue générale du village.

D u Paradou, Mistral a écrit qu'il était un galant pichat vilage de la vallée des Baux "dont les maisons ont l'air d'avoir été semées avec la fronde, qui, l'été, à vrai dire, craint un peu la sécheresse, mais qui pourtant verdoie assez, grâce au ruisseau formé par la fontaine de l'Arcoule. C'est dans ce quartier-là, sur le bord de la Crau tout complanté d'oliviers (la coustiero de la Crau, touto cuberto d'oùliveto) que demeurait Mireille, la belle jeune fille dont on a tant parlé" (Annales politiques et littéraires, 16 avril 1911).

Page 7: L ^p ^ P -1 A UMTS)

Vue générale.

ici, les noms parlent... Ils disent que l'homme a construit des fortifications (le Castelet, Castillon) et mis en place des institutions communales (le Défends, terrain dont l'usage est réglementé). L'Eglise a érigé des lieux de cultes ou de prières (Saint-Jean, Saint-Martin, Saint-Roch). Il y a eu une industrie (Paradou, moulin à foulon). Des familles ou des personnes ont laissé leur nom ou leur surnom à des terres (Auvergnasses, Bourjac, Brunelis, Desvignes, Derres, Escanin, Jean). Parfois aussi c'est le nom de l'habitation qui est resté (mas Blanc, mas de l'Aire).

Page 8: L ^p ^ P -1 A UMTS)

Plan napoléonien de la commune.

La toponymie, à elle seule, décrit la com- mune et son histoire. Elle précise quelle est sa topographie, l'occupation des sols et leur mise en valeur. Elle raconte les activités humaines et donne les noms des plus anciennes familles. Il suffit d'observer les cartes de la commune et de lire : un étang de bonne taille (étang du Comte) et un vaste marécage (les Marais) nous informent tout de suite sur l'importance de l'eau. Ce que confir- ment les noms de l'Estagnol (petit étang) et de Notre-Dame-de-l'Insola (petite île) ; les fontaines, comme l'Arcoule (petite arche), ainsi que plusieurs gaudres (Conil, Mérigot, Méjan) et roubines (Fau- breguettes). Le quartier des Serrières (cime den- telée comme une scie) et celui des Coustières (côte), la Penne (colline, crête rocheuse), les Poin- tes et le Touret Rascla (montagne raclée, sans végétation) indiquent bien qu'il s'agit d'un pays de collines, entre lesquelles s'étendent de petites plaines ou des terres plates : les Méjans (terrains entre deux), le Plan, le Bas-Paradou. Le sol est souvent pierreux (les Clapiers), pavé par l'homme (Caladat) ou même brûlé (les Crémades). Il y a cependant des prairies (Pradelles) et des vergers (les Vergers Sournes).

Page 9: L ^p ^ P -1 A UMTS)

Le lion de l'Arcoule, Arles, musée Réatu. Détail.

La découverte, à la fin du XIXe siècle (1897-1898), de dif- férentes sépultures, a confirmé la présence d'une nécropole et de bâtiments préromains à la source de l'Arcoule. Le plus spec- taculaire parmi les objets trouvés est incontestablement la sculp- ture en ronde bosse dite le lion de l'Arcoule, actuellement exposé au musée Réatu (Arles). Il s'agit d'un lion rugissant assis, dont les pattes avant, tendues, devaient s'appuyer sur un

élément complémentaire (corps humain terrassé ?). Les détails anatomiques prouvent un souci de réalisme. Si la datation de cette sculpture en calcaire local reste incertaine (seconde moitié du Ier siècle av. J.-C.), son symbolisme funéraire semble ne plus faire de doute. Des cippes et des objets usuels (poteries) ont également été trouvés.

Page 10: L ^p ^ P -1 A UMTS)

Eaux courantes, eaux stagnantes

Le tracé de l'aqueduc établi par Pierre Véran en 1788, coll. Médiathèque d'Arles.

Les moulins hydrauliques de la célèbre meunerie romaine de Barbegal, sur la commune de Fontvieille, tournaient grâce aux eaux captées, en trois endroits, dans les Alpilles : une source, dans le vallon d'Entreconque, au nord-est de Maussane, une deuxième au sud-est du mas de la Dame et enfin la troisième, celle de l'Arcoule sur la commune du Paradou. L'eau de ce "canal romain venant des Baux" ainsi qu'il est appelé sur cette carte "dressée" en 1788, alimentait la meunerie et se perdait ensuite dans le marais des Baux. Ce canal côtoyait, dans le vallon des Arcs, un autre canal, celui du nord des Alpilles. Ce dernier prenait sa source près de Mollégés, longeait la chaîne en passant par Saint-Rémy et Saint-Gabriel et, à la sortie du vallon des Arcs, continuait en direction d'Arles, franchissant les marais de Barbegal par deux grands ponts aujourd'hui disparus.

Page 11: L ^p ^ P -1 A UMTS)

Renommés ou inconnus, mutilés ou préservés, les villages mieux que les villes racontent, à qui sait les écouter, les activités primordiales et les grands tumultes de la vie des hommes. Il y a des villages guerriers qui guettent leur proie quand d'autres se protègent derrière de vieux remparts. Il y a ceux où s'élève un clocher et ceux où s'étale un pouvoir, où rivalisent des vanités. Il y en a blottis et il y en a de superbes. Il y a des villages-carrefours et des villages-voies de passage. Certains sont animés, bavards, d'autres se taisent ou font la sieste. Il y a ceux qui furent rasés, brûlés,

bombardés, reconstruits ou abandonnés. Il y a ceux d'où l'on part et ceux d'où l'on revient...

Au pied de la forteresse des Baux, l'histoire millénaire du Paradou a gravé dans son sol, dans ses pierres, celle d'amour et de nécessité qui unit l'homme à l'eau. Eaux des sources et eaux des gaudres, eaux romaines ou pastorales, eaux des moulins et des paluds, ruisselantes, paisibles ou fièvreuses, elles ont rythmé au cours des âges Li Cant dou Terraire et la vie de ce village.

ISBN 2.908 209.17,9 ISSN 1 147 3339 É Q U i M • X E 98F.

Page 12: L ^p ^ P -1 A UMTS)

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en accord avec l’éditeur du livre original, qui dispose d’une licence exclusive confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒

dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.